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l’agressé.
C’était au moment où nous étions en train de transférer les troupeaux d’un pâturage à un autre. Je
choisis ce jour car j’étais à cheval, et ainsi plus rapide que les loups, et qu’ils étaient excités, donc plus
faciles à provoquer.
Nous étions sur les pâturages sud. Le soleil baissait déjà sur l’horizon et bientôt l’herbe prendrait une
teinte bleutée. Les montagnes veillaient, immenses et immuables. Il faisait encore très chaud. Les
troupeaux étaient inquiets. Ils sentaient les loups et, contrairement aux chevaux, en avaient peur.
C’était le but.
Une dizaine de jeunes loups-garous les encadraient, les empêchant de s’emballer (la plus grosse
crainte des conducteurs était que les bêtes deviennent incontrôlables), mordant les récalcitrants au mollet.
Nous avions quasiment terminé le transfert, il ne restait plus que quelques mètres à franchir avant le
nouveau pré, lorsque le troupeau s’arrêta brusquement. Cela arrivait tout le temps. Il suffit que quelque
chose devant elles les inquiète et les stupides vaches ne font pas un pas de plus. Ned et Serafina
grognèrent aux jarrets de la meneuse et elle bougea enfin.
Chuck ne fut pas assez rapide lorsque la masse du troupeau s’ébranla et il dut courir à fond de train
pour rattraper les autres. Les jappements moqueurs des loups le fouettèrent. Mais ce fut ce que je fis qui
le rendit ivre de rage, une fois le troupeau en place.
— Alors mon gros, hurlai-je du haut de mon cheval, on a un peu de mal à suivre ? Attrape-moi donc si
tu peux !
Et de la pointe de mon lasso, je lui fouettai la gueule, puis filai à fond la caisse.
Mon cheval ne se fit pas prier. Si les loups courent vite, les chevaux galopent plus vite encore. Les
loups arrivent à attraper leurs proies parce qu’ils sont plus endurants. Ils courent moins vite, mais plus
longtemps. Je savais que j’avais largement le temps d’arriver devant la maison avant Chuck.
Prudent, je descendis de Bronco, inutile que je me fasse casser les côtes en plus. Chuck arriva
quelques secondes plus tard, se transforma dans la foulée et me sauta dessus, poings brandis.
Il me colla une droite que j’amortis de façon à ne pas me faire décoller la tête.
Une fois à terre, il me laissa tranquille, encore haletant de colère,
L’un dans l’autre, ce fut une magnifique journée. Personne ne comprit pourquoi j’étais aussi joyeux.
Chuck ne fut pas puni, mais moi si. Ce n’était pas important.
Je pris l’habitude de me bagarrer avec lui. D’une certaine façon, cela devint un jeu. Il avait
conscience de sa force et dosait ses coups. J’en évitais certains, pas d’autres. Parce que tout
l’entraînement du monde ne me rendrait jamais plus rapide qu’un loup. C’était comme ça. En revanche,
grâce à mon bon équilibre et à mes reflexes, le jour où je me battrais, je pourrais l’esquiver. Chuck
n’était pas, et de loin, aussi rapide qu’Axel, qui reste à ce jour le semi le plus véloce que j’ai jamais
rencontré. À mains nues, je n’avais aucune chance. Avec ma dague, je pourrais tuer ou blesser un loupgarou
ou un semi cherchant à m’occire. Avec ma dague recouverte de poudre de tue-loup, je pourrais le
tuer. Enfin... avec beaucoup de chance.
Axel me força également à étudier les points faibles de toutes les autres races. Ce qui pouvait