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La culture kanak, une identité affirmée - Wasapa Art Kanak

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L'espace<br />

L'espace n'est pas appréhendé ici comme intéressant dans sa réalité objective de propriété ou de<br />

moyen de production. Il est donc interdit de l'hypothéquer, le vendre ou le bouleverser par des travaux<br />

qui en modifiant sa physionomie, porteraient atteinte à ses aspects divers en tant qu’incarnation du<br />

mythe. C'est le résultat d'<strong>une</strong> attitude fondamentale vis-à-vis de la nature, contrairement, semble-t-il,<br />

de celle des Occidentaux pour lesquels sa domination et son aménagement font partie de la condition<br />

humaine.<br />

L'espace est connu de chacun, identifié par tous les membres de la tribu, chaque parcelle est<br />

reconnue par tous. Chacun la désigne par son nom et son nom est connu comme faisant partie des<br />

lieux attachés au nom de tel ou tel clan. En Nouvelle-Calédonie, il n'existe pas de terres vierges,<br />

d’espaces vides. Constamment les conversations, les récits des évènements, les légendes, les<br />

chants, les danses et les discours coutumiers qui reviennent dans l'année se réfèrent aux noms des<br />

lieux.<br />

"L'espace de la tribu apparaît comme un théâtre perpétuel où chacun joue son rôle à <strong>une</strong> place<br />

assignée, au moment qu'il faut" (extrait de «<strong>Kanak</strong>é, mélanésien de Nouvelle-Calédonie»).<br />

Un clan qui perd son territoire est un clan qui perd sa personnalité. Il perd ses lieux sacrés, ses points<br />

de référence géographique mais également sociologique. L'espace ainsi conçu n'est pas regardé<br />

comme <strong>une</strong> chose à part ; il est le tissu par lequel s’organise le réseau des relations entre les<br />

hommes. Le <strong>Kanak</strong> ne peut pas prendre de recul pour en avoir <strong>une</strong> vision d'ensemble : il en est<br />

participant de l'intérieur.<br />

L'espace sert d'archive vivante du groupe, il apparaît même comme un des éléments fondamentaux<br />

constituant la personnalité du <strong>Kanak</strong>. L'espace apparaît comme l'un des aspects essentiels du mythe,<br />

support matériel des <strong>Kanak</strong> qui le cultivent.<br />

Les échanges coutumiers<br />

"Faire la coutume", comme disent les <strong>Kanak</strong>, c'est échanger des biens identiques en quantité<br />

équivalente, en ponctuant dons et contre-dons de discours codés mais teintés d’<strong>une</strong> forte affectivité,<br />

voire de violence masquée, selon les circonstances de l’échange. Ce rituel échangiste accompagne<br />

toutes les relations sociales.<br />

Les échanges cérémoniels, poumon de la société<br />

<strong>La</strong> vie sociale <strong>kanak</strong>, comme partout en Océanie, est scandée par des échanges obligés entre clans<br />

apparentés. Pour <strong>une</strong> naissance, un mariage ou un deuil, les parentèles de l'enfant, des époux ou du<br />

défunt s’offrent mutuellement des présents symboliques. Par le jeu des dons et contre-dons, <strong>une</strong><br />

quantité considérable de biens identiques changent de mains. Coquillages enfilés en "monnaie",<br />

longues jupes de fibres, cordons en poil de roussettes (chauve-souris), écorces battues et,<br />

aujourd’hui, tissus européens et billets de banque circulent entre toutes les parties regroupées en<br />

deux camp : celui des invités et celui des maîtres de la cérémonie. Ces grands rassemblements non<br />

commerciaux donnent lieu à des discours prononcés par les chefs coutumiers.<br />

Personnalité <strong>kanak</strong><br />

Pour reprendre un schéma inventé par M. Leenhardt pour expliquer la personne <strong>kanak</strong>, nous dirons<br />

que le Mélanésien est sans cesse défini et déterminé par un double système de relations.<br />

Au niveau du mythe, il est suspendu comme un champ de forces magnétiques entre les institutions le<br />

liant à ses paternels qui lui ont donné un nom et ont fait de lui un fils de la tribu avec ses ancêtres<br />

devenus dieux et l'esprit de leurs totems. Au niveau de l'existence, ce sont ses relations qui font de la<br />

personne ce qu'elle est. Il n'est pire chose que d’être chassé du clan, de perdre ses multiples<br />

connexions reliant chaque individu aux autres de son groupe.

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