Mer de Cortes entre chaleur et cactus - Yachting Sud
Mer de Cortes entre chaleur et cactus - Yachting Sud
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la lampe <strong>de</strong> mouillage. Quelquefois, le souffle d’un<br />
dauphin nous réveille en sursaut : il est en chasse <strong>et</strong><br />
arpente le mouillage, faisant gicler <strong>de</strong>s gerbes d’eau,<br />
perturbant la quiétu<strong>de</strong> du miroir <strong>de</strong> la baie. Quand un<br />
coyote lance son chant mélancolique <strong>de</strong>puis la plage<br />
proche <strong>et</strong> que ses compagnons poursuivent le dialogue,<br />
nous prenons pleinement conscience que nous<br />
sommes dans un endroit unique, en parfaite symbiose<br />
avec l’environnement.<br />
ETAT DE GRÂCE<br />
« L’air est miraculeux ici <strong>et</strong> la réalité change à tout<br />
moment. Le ciel avale la terre <strong>et</strong> la dégorge. Un rêve<br />
en suspension, une méditation, une sorte d’hallucination<br />
» écrivait John Steinbeck (Log of the sea<br />
of Cortez). C<strong>et</strong>te étroite poche <strong>de</strong> mer flanquée <strong>de</strong><br />
montagnes désertes qui culminent à 1200 mètres en<br />
moyenne, vit à son propre rythme dans un micro système<br />
météorologique. Souvent en été, la mer est un<br />
miroir, un étincelant mirage. Avec la première brise,<br />
elle se transforme très vite <strong>et</strong> prend vie. Ici, pas d’alizé<br />
ni <strong>de</strong> longue houle. La <strong>chaleur</strong> est écrasante <strong>et</strong> ne diminue<br />
pas durant la nuit. Nous luttons pour conserver un<br />
peu d’ombre, couvrant le voilier <strong>de</strong> tauds que nous<br />
r<strong>et</strong>irons scrupuleusement le soir par crainte d’un grain<br />
soudain. L’été se mérite. Nous ne sommes pas plus <strong>de</strong><br />
trente bateaux à remonter vers le nord, où nous éviterons<br />
les cyclones. La majorité <strong>de</strong>s plaisanciers nordaméricains<br />
ne naviguent pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Conception<br />
Bay, préférant <strong>de</strong>scendre vers le <strong>Sud</strong> en hiver <strong>et</strong> rester<br />
à quai l’été, à San Carlos dans le Sonora.<br />
Pourtant c’est en été que nous profitons surtout <strong>de</strong><br />
la mer <strong>de</strong> <strong>Cortes</strong>. Nous<br />
plongeons, explorant<br />
sans répit la vie sousmarine,incroyablement<br />
<strong>de</strong>nse près <strong>de</strong>s<br />
roches. Les poissons<br />
sont peu farouches,<br />
<strong>de</strong>s espèces qui nous<br />
sont inconnues nous<br />
passionnent. La mer<br />
chatoie <strong>de</strong> douzaines<br />
<strong>de</strong> tons, du vert pâle<br />
au ja<strong>de</strong> transparent, du<br />
bleu profond annonçant<br />
les abysses au vert<br />
opaque du plancton.<br />
L’ombre en forme <strong>de</strong><br />
torpille est celle d’une<br />
bonite ou d’un dauphin<br />
annonçant l’arrivée<br />
<strong>de</strong> sa nombreuse<br />
famille qui nous accompagnera<br />
un moment.<br />
Le spectacle <strong>de</strong>s raies<br />
Manta se relaxant en surface ou bondissant hors <strong>de</strong><br />
l’eau est toujours étonnant. Moment intense lorsque<br />
nous entendons le souffle d’une baleine <strong>et</strong> que nous<br />
gu<strong>et</strong>tons son long corps sombre ondulant à la surface<br />
à quelques mètres du bateau, nous donnant <strong>de</strong>s frissons,<br />
à la fois <strong>de</strong> peur <strong>et</strong> d’extase. Un grand orque<br />
s’immergea un jour à <strong>de</strong>ux mètres du bateau, son<br />
long corps noir <strong>et</strong> musclé luisant le long <strong>de</strong> la coque,<br />
sa queue effectuant un salut lent <strong>et</strong> sensuel alors qu’il<br />
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