ET MILITAIRES, LIVRE X. mme,&: accouftume par force (à caufc de ...

ET MILITAIRES, LIVRE X.
mme,&: accouftume par force (à caufc de fa felicité ) à obeyr
à vn grand Roy, fe foufmetté iamais à l'autorité d'vn priué
Gentilhomme , femblable à vn nombre infiriy de fes vaffaux
parauanture inférieur en vertu, en dignité ,&: en
fuffifance à la plufpart d'iceux î Nous auons vn exemple
quafi miraculeux,& fort recent en cc Royaume, qui cft fort
à propos pour confirmer mes raifons : Henry le Grand nous Henry ic Grand ayát
fut rauy comme vnéclair,nous laiiTantLouysiXIII .a préïent' fjjnccîucune appaheureufement
regnant, fon legitime fucceifeur, aágé feu- rence de rebellion,
lement d'enuiron neuf ans &: demy, il n'y eut ( par la grace
fpeciale de Dieu , protedeur des legitimes Monarchies )
aucune apparence de rebellion. Du depuis, és années 1614. Ei tioubies des an-
& les fuyuantes,la prinfe dcs-armes.le fouleucment des* neesííi4.&fuyuan-
Tt · ' 1 1 . . . tes. le peuple ne le
Jt'nnces, qui ont desi charges gôuuerncmens particuhers rebellacócre le Roy.
dans ce Royaume, nous donnèrent bien quelque alarme,
mais le peuple ne fe rebella iamais. Certainement il femble
que la caufe de tes troubles, 8c dernieres émotions fiift fort
iufte , & bien legitime, veu qu'au mefme inftant qu'elle a
Gefle,reffeit a ceifé de mefme. Et toutesfois,quoy quecette
càuiè eificiente fuft ainfi; fainde 8c bonne,puifque la fin d'icelle
eftoit d'exterminer la tyrannie d'vn fcelerat Italien,
oppreifeur du peuple François , perfecuteur des Princes,
viurpateur de la liberté publique,& iniatiable eicumeur des
finances de l'Eftatjfi eft-ce qUe îes Chefs de i'entreprife,protedeurs
du bien public, fe treuuerent fort mal accompagnez
, 8c fans l'aide de Dieu, qui fauorifa leur intention, le
14. iour d Auril, ni 17. la iuftice de leur caufe ne les euft pas
fimué, ny garenty de la condamnation, tant le peuple François
aime ies Roiz,& abhorre les eftrangers.
le reuiens d'où ie fuis party,&: veux vn peu eftendre cette
matiere,'par ce qu'elle peut ieruir, non feulement pour les
delids de la multitude,ains encores pour les fautes des perfonnes
fingulieres non fimplement des perfonnes pri- ' j
"ces,mais des Roys, & des Princes mefraes:car il leur arriue
louuent comme à ceux qui habitent les eminentes fommi^
tez des montagnes, lefquels ( à caufe que le Soleil n'a point . j
de heu oppofite d'égale hauteur où faire fa reflexion ) font
^Jcn peu trauaillez de la violence du chaud. Aufli les Roys |
N n n n 3 ' ; j:
- - - " I

DISGOVRS POLITIQVES,
ne reiTeiitent toufiours le feu de ieurs criines, parce qu'il a'a
point defubjed oùil puiife,battre, poiir repercutér eneux.
Celuy fe pourra dire D'où s'cnfuit, que c©îuy fc pourra direihoiTiine prudè'nt,'&
homme prudent, qui bien adùifé j.qui' s'eftudiant de fàiré Cette reflexion par les
fera recoenoiitre aux i o · • · u i r r • J>
Qrands leurs coui- exemples &c inrquitez dautruy , les fera iouuenir deuxpes·
mefiiies;de leurs coulpes, 6e. propres delids
, i . obiÈrùéipàr le Propltete Nathan enuers le Roy Dauid, ôe
V nkftimepâs qu'il s'en
' ; · . Liuresfacrcz, ou ;pE6pharies : Refponds-^
dit-il : Deux hommes eftoyent en yne Gté, l'vn riche, ôe^
l'autre pauure : le riche auoit des brebis , ôe dés bœufs en
• ' i; grand nombrejmais le pauure n'auoit totalement rien,finoa
ï y vue petite brebis qu'il auoit acheptee 5 ôe l'auoit nourrie, ôe
icelle eftoit creuë chez luy, enfemble auec fes enfans, mangeant
de fon :pahi, ôe beuuant en fon gobelet,Se dormant en
fon fein , ôe luy, eftoit comme fille. Mais çomme: aucun
eftranger fut venu au^ riche,cettuy efpargnant de prendre de
fes brebis, ôe defesibœwfs, pour faire vn banquet à ce paf-t
' fant,-qui eftoit.venu à luy, il print au paùtire fa brebis, Se en.
appareilla des viandes, pbùr Fhomme qui luy eftoit venu.
Et Dauid fort coufiroucé par indignation à l'encohtre de
cet homme-là(ne s'eftant encor prins garde que c'eftoit foymefme
) dit à Nathan': Le Seigneur vit, que l'homme qui a
faid cela, eiifils de mort : il rendra la brebi^taU quatrième
double, de. ce qu'il z faidcette parole,Se ne l'a point· efpar-.
lePtophete Nathan gUe. Alors Nathan dit a Dauid : Tu es cet hbmme, qui as
fit recognoiftre au f^ja; cela.Le Seigneur Dieu d'Ifraël dit ccajde t'ay oind en
Roy Damd le péché _ t/- , ^ , i . / , . » V, . , i
qu'il auoit commis, Roy fut Ifraël,ôe t ay deliure de la maift de Saul,6e t ay don-
^ouT'r^refafc"^' ^^^ ^^ maifou de ton Scigneut, Se Ifel fe^imçs de ton Scime.
" " gneur en ton fein , Se t'ay donne la maifôn d'JfraëU Se de
luda. Et fi ces chofes fontpetites, ie t'-^n. âdjoufteray beaucoup
de plus grandes, ^ Pourquoy donc as-tu contémné là
i.Xni.,eh»f.\i. ' parole du Seigneur, pour faire mal en ma prefence ? Tu as
mis à mort par l'efpee Vrie Hetheen,ôe as prins pour femme
f ^ la femme d'iceluy. Et ce qui fuit. Par ces reproches, Dauid
I Le s Roys Chreftiens cognut fa faute. Que fitous les PrincesGhreftiens auoyeiit
Uid eXÎèrentaÎcc! ^^^^^^ ^^^^^^ ^^^^^ crimes, Ôe ploroyent auifi ame-
' rement leurs pechez, comme Dauid plora le fien, iene fçay
fi nous !

ET MiLîTAlRES, LIYRE^^, 577
fi iious;deuffi.9ns.priei-,Die« ^.qy/il^iè. kiflâffefflÇvtjr.^uçherà
GDmiBïffent ifemHbblbs;;{içIii|:§,-à fià d'gft íY.oíj: rei iiir£,.4c ÎÀ
claires lumjeres defaIutairerepe«Eance.;Mííi¡?'APipyO,i^
a homme viuant qui oÉe reprendre awc^iiS; Roys,
veulent pas efcouter,ny fouffrir qu'on les rçmGnftrei.Gom4 ..
me lesxnfans dcbauchez ,,volontairéS;,'^fe
veulentlpbint de maiftre,point de < ^vt·'
leknent vu petit prebepte^mvQu uflt/niî, ' ' ^ ' •
fous Vif)tacite!/& generai CQîifeiTteméftt via te^
des hiitoiresiragiques eft intérdiâè fedefendueparde que
k tragedie dedaignantles aaionk, moeurs, Si déportemens ta tragedie dédaigne
des hommes priuez, ne traître que de celtes des j(oys,-&: ne '«sciions deshora,
vife qifà-la dodrme & enfeignement. de» Prmces., ^ 1 "a'tteT'é feiiS
' ... : 71,.: • ;; I .-..r K t, •-, ·, Roys , pour l'en-
rrr——— ..'i .. —r—; — " reignementdçsPrin-
Qite cefi de Y office, du deuoir, e^ de la fuffifance d\n
Capitarne Je cognotflrefiyne guerre don efirehafieey .
& aduancee,ouretardee-,^n^ee en longueur. - , , L , · , ^
' " _ ' " F' f'-^r.. in 7 A. '' ·· •
. DISCOVRS ^ E sM^j , , f ,
^ ^ ^ i^fudentfe fage Capitaine doit cognoiftre Ce que doit fçauoir
bonne heure, il, la guerre qu'il a fur. les bras vn prudent Capitai-
^ ^ ^ veut^ftre haftee, feaduanèeq auec diligence^: '' ^««refur
^ ^ ^ ^ FOttiptitude,.ous'il la fautifitarderfedilaycE ' '
froidement^ temponfanp,fe la tirant en longueur. Cette
eHe depend partie des moyeris qu'il faut t
hiQ-er, c©htrecafeei3, & empefcher iesdeifeins. dé l'ennemy,.
pédant tòrti le cours des aftairesi , jSuetaniiis Pauîimis ^ait
tónips.dtrquelmiiGun-Capitaine, ivehfuc^ ipifeùx aduifé qiié
pxj:vnbtaudifcours.(aucommencenieiitrdel«.güerre.ci- ' ' " '
^ntre.Oíílwn^MVitellius-.)que IsiM^ííbit^a^^^ l.¿'hafter pe« eftre
«g^&pBofitabîékudiâyiteUiàs'i-jmj Ô6 ?frf
d'Eftat.

DISCOVRS POLITIQVES,

ET MILITAIRES, LIVRE X. èj^
nient. D'où s'appprendj que de deux.Capicaines, ceky fera Vn grand Capîtaînc
tenu pour homme excellent & digne de fa charge, quine iamais ar
• . . j r - \ i t ' 1 / · ftraindrc à la volóté
fera ïamais contraint de faire a la volonté de fon ennemy. de ion ennemy.
Auflî ne fçay-ie comment Philonice penfe prouuer, qu'vn
Capitaine ne peut fuyr & éuiter la bataille, quand fon ennemy
la defire, & la pourfuit en toute façon, veu que fi ainfi
eftoit,ce feroit fuyure le deifein de rennemy,& faire à favo- '
lonté. C'eft pourquoy ie treuue tres-belle & tresrprudente Pi^udéte refpoiïfedes
la refponfe des Ambaifadeurs Romains aux Samnites, inui- ROtans
les Romains au combat, camp contre camp, entre Ca- îûerinuiîÔîTent S
pouë & SueiTe, pour fçauoir lequel des deux peuples feroit
Seigneur de l'Itahe. A quoy fut refpondu,^'^» (¡ià hojtü vecaf
fet yfed quo imperatores [m duxijfcnt, tturos^ ep, Que ce n'eftoit
p^ la couftume des foidats Romains;d'aller au combat là T,iiufjÍH.%. decadu
où les ennemis les conuieroycnt, ouy bien là où leurs Capitaines
les meneroyent : &c ne me femble pas eftre vray-femblable,que
qui veut éuiter de venir au combat, fe doiue neceflàirement
efloigner de douze ou quinze lieuës i ou s'enfermer
dans vne bonne place,ou s'enfuyr tout à fáüá: : car vn
braue Capitaine treuuera bien d'autres remedes > comme
fçeurent bien faire le Diélateur Sulpitius, & Fabius Maximus.
le ne puis mettre en tefte l'vn à l'autre,des plus grands Cefat ne peut îamaiî
fignalez Capitaines, que Cefar & Pompée, neantmoins
Cefar auec toute fa fuifiiknce, toute fon inuention &fon
courage, ne peut iamais contraindre Pompée de venir au
combat, quoy que tous les iours il l'allaft efcarmouchant &
narcellant, fe campant quafi au pied de ibn logement : povir li
cela Pompée ne s'enfuyoit pas, ny ne s'enfermoit pas auifii
dans fon camprmais fe rageant en bataille de fon cofté come
Ceiar, il ne laiflôit faire à ibn ennemy choie qu'il vouluft. |
Vous me direz, Cefar comme donc vaiüquit-il Pompée ? le c,f»rji. j je h guet-
refpondray,qu'il fut vaincu en pleine bataille,parce qu'il fut .
^ntraintdecombattreparfespropresfoldatsfeCapitaines,dc3^^^^^^^^^
Oí non par Ccfar : car fi par fois Popée faifoit quelque chofe Capitaines, & nôpat
plus posément, & aueç plus de confideration que de couf- i
tume, ils murmuroyent qu'il n'y auoit à faire que pour vn
^m ' pîaifoit a commander, & trainer long
des perfonnages de dignité Confulairefe
Oooo

ê86 ©ISGÖVRS POLITIQVES,
Prctór^tiné,comme des valetsîce que Cefar mef^^
' r · làiirer pa:^efcrit cotnme chofe remarquable aux occurren-
Pomnéen'auoit«-cesdetogùerrèvE^^^
fo!u d'aller au côbac eonfidiratiusfäceret^'vmm ejje mgotmm dtei,JediUum dekcfm Imcontre
Cefar: mais ^^coMares, Putûmfàuefim^^ habm numero dicerent:
vaincu Q vtic Yâ-inc / ' > v ' / i · « tvi
fiacteric & iraportu- loî-ut quciqui lirf Appiau Alexandrin,& Flutarque,apprenr
niré, il fut contraint ^^^ ^^^ .potopéé auoit éntíeremeiit & fermement;refalu én
^^J^mîi» fôy-Mefme ,ide'ne point venir au cèinbat ( qui eft vn-rigne
j'en pöüuoit cmpefcher ) mais que fe . voyarit appelle
PrSÄsT:"' Agamemnôn:,&Roy des Roys, il fut contraint malgré foy.
' mefme,vaincu d'vne impudente flatterie & continuelle imjiprtunité
, id'obtempecer au vouloir d'autruy, Sé.-donnei: la
i · - - ba{aiile:j^> ^ . , •
. ·. ' ' .. · Î^r venons à l'exemple allegué par; Philonice i. touchant
Phili|)pus Roy de Maeedone, &c voyons comme il s'accorde
amec le texte de Tite Liue, parce qu'en lifant ces chofes-là,
onîpourra cognoiftre Se difccrner cohinae le fai€t fe paife,
, Apres auoir dit,-que qui ne veut cómbattreVn'a point de re-
' fuge qrfà FVn des trois partis pariuy produits, ou.de fe tenir
loin,ou de s!enfermer en lieu foEt, oude s'enfuir, il fuitauec
ces paroles : ^e ce que ie dû foit. vermble,il fe void manifeftement
far mille exemples, mefmes en la guerre queles Romains ettrenf contre
Philifpm Roy.de Maeedone^peré de.Perfem-,f me que ^ ^
par leí Romainsyßrefilüt de m point venir aux:mains,& pour Je,
der d'y eJÎre contraint, H voulut premièrement faire comme Fabim^
Maximus auoit fai¿íen ltalie -il fe logea àuec fon armée fur lafommtte
d'vnementagne,ou ilfeforiifa brauement, eiiimantqueles Romains
n auroyent pas la hardiejfe de l'attaquer en lieu fi d fficde·. muiiy eitas
allez.,.é' t ayans combattu, ilsledeflogerent, & chafferent hors défi»
fort,aH moyen deqUoyils'enfm auec la.plm grande partie desfiens¡ &
ce.quilefaHuaé'i'ef«ftfib'tdleshem.isen^^
quité du . pays, qui ne permit pat aux Romains de le pouuoir fiyitft·
• I>omqtmPhiiippm voulant éuiter la bataille,
. ; des. Rsmains j, fut contraint de s'enfuyr.: Yoil&je^
îômoe ; mais; poti2:impugner;lauiiri pour
! aUeguées,ilfout dire,-que.Philippusfçaçhant;qve
des Romains deùaiiçoit la, iîenne, ta.m: p|ir le bon ordre, que
; par k difçiphnejSe par la fef on deS -armes, fit ^
' · ' - . camper

JET MXliftMRBS^'LlA^R^
camper· erîî lie uiäduaiitageüx
dföiigias, lògez fiû L-¿iiiinecgdcsroeheps^^
dè'àeilûs quelques
fì)ii af méè^&ég^óit célle-des Röhidiiis,VöiBe ehtelieibrréj' T.Lius,Uu.i.de(iid.^
qüe»ii'feien quand les Maeedôriiens S'auaiiçoyehtdio^^^^
leurs defences,les Romains les furmontoyent de beaucoup,;
tailt en'Vaillance fe'fcience de gi|erre,que:pow mefme.
armes: iî eît-ce que quand les Romains les allóyent a
lèldommage tomboic fur eux. Mais efcowto'ns Tite L'iue furce
paifage, Poßqudm mult à vulmifat^, interfeStß^ recefére:fe re^
inloxa,mtmummento,autmturatuta,n)meratferM
ms,temerei» loca miqua^^mcfmles ad receptum anguBiasprognjfos:
Apres plufieurs bleifez fe tuezi ceux du Roy s'eftans retirez
en lieu, d'aflèuraiice, fortifiez pal·'artoii par nature^ lë^periii
eftoit ducbfté-desRomains,qui s'eitoyentincqnfi'dferémend
aduancez en des lieux mal-ayrez>, feen deS deibroits dcdiiE^^ ^^ ""î''®'·
c^^e.retraicté.;•^..^''•^;•; ' . ^ • '.-r·-;
'Êt ce qui^ fuit jinonftre encdresikiieuxiGombien leparti;
prinsipac Philî^pus,«ftoiàexcfellemmentbmi, jitó^at^^^
îtmmtauindemept^^ -, , . •·;{
maiiretirez~delà',qùeileurtemeriténeieHrèuft/coW •
fans ce que (fe voicy laéâtâibophe dUrjeu)ilârnuaau Gon^
fui Titus Quintius, campé à l'oppofite de Philippus,vn ber^
gereìuio(yédelaparcdeGliaròpiìs,PriricedesBpirottes,qui ï-, i ,
dit, (^ê pailfanribn bëftail{enuironles lipux'^^^
s'eftoirldgé; il· auoit apprin&töus lesdétbursj chemins j fen-« i·«« Romains gagnetiersf,î
feaduenùes dés vallees ; des ^recipices^-desmoma- " ark
gnes,fequefi on luy vouloitidonnér quelques gehs de guer- moyen & conduitte
re ,illes conduiroit feurement: au defiTus de la téftédes ennemis,par
vn pafiàgenon trop rude, &fcheux, nymal)-aysé; . \
que Gharopus l'auoit addrefsé là pour ceftae entreprife, defirant.beaucoup
mieux queles RomainsafuifentSeigneurs dii
heu, que non pas Philippus/Le Goôiïiî tranfporté d'aifefe
d'allegreife,ayat donné à:vn Tribunde foidats, quatre mille
infantaifins d'élite, trois cents cheuaux ; luy ordonna de
fuiure le berger (lequel neatmoins eftoit eh main feure pour .
preuenir toute forte de trahifon fe fecrétte intelligenee) de ·
chemmer nuid fe iour, dc laifer la cauallerie c» quèlque · ^
O o o o a

DISCOVRS POUTIQVES,
plaine, quand elle ne pourroit en aucune forte palfer plus,
auant ; qu'eÎtant paruenu au lieu defire, il donnait le figne
auec de la fumée:mais qu'il ne leuaft aucun cry,que preallablement
il n'euft receu le figne du combat,S¿ que le combat
mefme nc fuft commencé. Quoy pendant, le Conful eftoit
en des grandes inquietudes entre l'efperance & la crainte»
l'audorité de Charopus luy donnoit quelque bonne opinio;
l'attente d'vn heureux fuccés jfeul moyerid'vne glorieufe
triomphante vidQÍre,luy caufoit vne cruelle impatience : la
crainte d'vn malheur, plus certain en apparence que tout le
refte,le trauailloitextremement,confiderant quelle infamie
&; deshonneur il fe feroit acquis trop legerement, s'il venoit
àperdre tant de braues hommes,qu'il enuoyoit à vne fi har?
die & fi perilleufe entreprife, fous la confidence d'vn fimple
berger. Croyez-donc qu'il ne dormoit pas toufiours, m^ais
bien petitement,» & gueres de bon fommeil : ains pour leuer
toute forte de foupçon à rënemy, il faifoit iour & nuid aller
les fiens à l'efcarmouche, iufques à tant que le troifieime
iour fuiuant il reçeut le fignal delà fumée,iuftemêt à l'heure?
Phîiipfasfctrouua que fesefcasriûoucheurs s'eftâns trop auant engagez presdu
enueloppé P«^.^« camp du Roy, eftoyent rcduits àmauuais parti:mais le fignc
brtTinT'^^" " ^ promis eftant donné, le miferable Roy fe trouua inuefti, 62
: U mefme. affailli pat deuaut ÔC pat detrietc.
II eft difficile deuiter i Ileft aysé à iuger par ccfte hiftorique ttarration,que la devne
trahifon. ¿q Philippus ne vint pas d'àuoir mal choifi le lieu,
pcmts'empdxher de venir auxmains,finon auecaduantage:
; ' . mais qu'elle proceda de là trahifon de Charopus, par le
moyen de laquelle (ou d'amre îèmblable) 8c Fabius Maxi-
Auant que dijnner najus,6c Ic Didateur Sulpitius,8ctout autre Capitaine,auroit
biê rcco^oiftre t w- P^u eftrc furptis 8c mis en routte.Que s'il y a auifi de la faute
tes les aduenues,& duRoy den'aT!i©ir.bienxecogireutDuteslesaduenues,i8£ffl
patwu^"""'' bonaae gardepartout', .encoresuJe ínudra-iLpas dire qu'elle
ptocede de ce que Philonice fuppofe, 6c les Romaii^ n^auroyent
pas eu occafionde chanter ie Triomphe, ii lehecger
nefuftacriué. . - ;
Côtraindtel'ennemy - PaààntoutTc^ dyiquecelauêfe doitpas'.appedlerfoccei
e'eft fe'^eci f^é'hnemy,de venir ati combat^qtiandceluyqui d'yJccïntraint,
e e précipiter, peidla batailles car ceUis'apfùïJleîiè p$ecipitor,&xdomicrdo
la tefte

ET MILITAIRES, LIVRE X. éS^
!a tefte contre vn mur, qui ne peut eftre empefchc à nul.
De dire aufli,que quand le Ghef de l'vne des deux armees
ennemies veut le combat, que l'autre n'a que les remedes
fufdids, ie ne fçay comme il fonde cette conclufion, veu
qu'elle eft contradiftoire & repugnante à ce qu'il a di£t
ailleurs.,Que fi Annibal fuft aile pour forcer Fabius, Fabius
Γe^ft vaillamment attcndu,& fuft courageufement veiîu au
combat; auec tuy. Concluons donc, qu'il eft tres^neceflfaire· Vn Prince,ou vn Ca.
qu'vn Capitaine, mais beaucoup mieux vn Prince, fçache fi ^ · 'çauoiI^
vne guerre fe doit accelerer, ou difterer, aduancer, ou reçu- acceiefer!ou diftái^
1er ; &í s'il iuge fainement qu'il la falle dilayer , fe reculer, il ou tecuier!
doit fi bien faire,qu'il ne vieime point à donner, ny receuoir
bataille. I'ay monftré qu'il s'en peut bien em|^fcher,comme
Fabius,fe Sulpitius l'oAt faid, feencores Piiilippus,fe Pompée,
bien qw Pompee,pour s'eftre laiflTé forcer par les ficns^
fe non par l'ennemy : fe Philjppus, eftant trahy par les hommesdupays,
ayent combattu, fe foyent eft:-é défaids.
Donc fi;qiielquç Prince ;„ ou République, ayans diligem-.
ment confideré les conditions, Si la nature d'vne guerre^
défendent aux Généraux de leurs armees de venir au combattus
doiuent obeyr^Si fefeiengarder de combattre. Et ia- En matière d'Eftat»«
mais homme de bien n'enfeignera cette pernicieufe dodri- bien ne
ne en matiere d'Eftat,Qu'vn Capitaine ne peut éuiter la ba- t^^Snc'^:^^
taille, quand en toute façon fon ennemy la veut donner, éaitwvnebataille.
Qye fi vous voulez prouuef, que chacun peut aller hurter
de la tefte contre vn mur {comme i'ay did ) ou fe précipiter
dans la mer, ou fe tuer foy-mefme, vous ne m'apprenez rien
de nouueau. Et fi vous voulez prouuer, qu'vn Capitaine fe
laiflè forcèr fe contraindre, malgré bon gré qu'il en ayc, de
venir auxmains, fe eftre vaincu, vous ne m'enfcignez autre
choi'e,finon vn des moyens par lefquels vn Capitaine ignorât
, eftourdy , temeraire, imprudent fe inconfideré, peut
^re contraint de conduire la guerre au gré de fon ennemy.
^Annibal aye combattu contre Scipion en Afrique , ce Annibal ne fut eon·
neitpas qu'il y fuft contraintjmais ce fut parce que parauan-
^rejcvoyoit41pasgrandaduantageàprolongerlaguerre^
lataire durer. De maniere que de quelque biais que ie le
preme,ieiie puis»eemprendre comme Pliilonice pretend
Oooo 3

6&4 PÒLlfÌQit^ . ^^
î accommodci-iies exemples ènfctòble, iiycoiîimèil fè-mèt |
dHputêTd'-vtfe· maximele fondèméht'dé laqueM'é- eft jeiiê
fviir des autoritez diiredeinent cbritrairés'a fòn i
Que s'il euft did , Q^yn General rie peut fuir ny éuiter là^
bataille, quarid lesToldats refolumerit la veulent donner,· il
aurbit cotte viïe meilleure raifon ;
i iîifc^ttùènieht,quédedire^^C^elé'coi^^^
I - tO Oï HO,:-.!; :": quand Teiinéiny le deiite;Et qu'il foit? vray,iè l'ay vérifie par
i î ' : . î le gi^and Pompee^Sê fe peut confirmeirpariF^biusMaxiniusj
,Tì4i! ·- ' qui à la vérité ne fo laifta pas contraindre pàr les fiens , pour
i .i-Siiivivi· ,r. — ^ ¡¿^ volonté : riaàis eftant forcé au pteitïdiCe des loix
} deH pâMé:, de partager^ l'autorité fôïiiièraîiiCj^
Î!· àfçauoir, la Didatuire aùfec;lëGolone^delà
I Tite Lin* ïiw.x.âe- réuditviTgirândtcfeoignagé dç fivàleur^dcfabonté,5é
M^e 3· fa cliàrité, d'aller au fecours de fon prefomptueux compe-
I titeùr.I'ay did,qu'il auroit cotté vne meilleure ràifoUrparce
f que les foldats voyans que leur G hef va dilayant tant qu'il
i pëut',6è tafché de fon poifible de filirÀSt cìutet 4a bataille,
! cbnçoiUeritviié ëertàiné lio
Ì argument'certaiitl de leur coUardife Sc'làfclaeté fo jeitent
à dés eftranges partis auec léUrS Gapitaines ,· ou ^auecietfrs
Les foldats de Paulus compagnons; Ailïfi que-fit Minurius au'éc Fabius, Se les 'fôi'-
Emiiius i, precipite- d'ats dcs'ConfùlsiVarrô;,SCl:,iPâuIus EmilÎuS^
perdirenr"'^ toui: oUuertehient, Qué fi On ne doniloit lefignede là-Èai
taillé , ils iroyai't èux-iuefmès au conï
Zh mefme.
Aduis que donna Fa- que Fabius auoit bien preUéu, én ayant auparauant donne
bius à Emilius . tou- paduis à Emiliusyluy difant : Vous vous trompez,ô Emilius,
chant icffea de la ^ . ^^ ' • -C, . i i./v , / / i .n
bataille. fi VOUS eftimez d auoir moinS de difiiculte , & de Contralte
: àuec d. Terehtius-Varrò noftré Conful, qu'auec. Annibal
noftre ennemy : né fÇay, iî Annibal'vous fera' plus aduerfaire,que
luy fafcheùX': car vous n'aureYa conibattre contre
• i Annibal qu'en rafé campagne,Sceri bataille rangee :mais
; contre cettuy-cy,vous aurez à contefter Se débattre en tout
j r temps. Se en tout lîeuîvous aurez à fairè téfte à Annibal, i8£ à
i fos efi^uadrons, auec vos gens de pied Se de cheual : mais
î Là me^e. Varrò vous combattra auec vos propres foldats. . A qiioy
ne refpondit autre chofe, finon que tout ceb .eftoit
très •
«

ET; MIXÎTIIRES, LIVRE X. a.s
tres-veiïcable; tnais qu'il; luy^oicÎaipoffi'Wed'y rapporter .'· -
vn boii remede, parce que Varrò'eiloit vil '·' -· • - ~
ditieux Í S¿ de là fucceda la perte/de la bataille de Cabiiési. .r
On m'objedera que cela pèut arriuer, quand ilsfont deux
qui commandent,parce que les foidats,qui brûlent dudeiir
de combattrefe jettent au party du Capitaine' temeràireï&:
hazardeux. Erie refpondray vque Cefar, GapitainéfeuLfen Cefar refttiant de
fon ar&èeiSs encores de plus grande experience & autoride «»f'^^fte cotJtre Pc.
1 r ri-ct r ¡ i · t-./- , rreius , fes loldars
que les lui didsjte treuua bien en Efpagne en des diificùlcea murmurèrent cotitie
non moindresque celles-cy, lors qué faifant la guerre à.Pe^
treius, Affranius ( refufant de combattre pour, boiines
occaiions,a¿prudentesconfidératianá)illuyfutd5a,^ ^
forchûSj

DISCOVRS POLITIQVES,
Harangue de Cefar Mais fî Cette voyc femble eftre trop rude Sc feuerc, il faudra
à fes foldats , pour pj-Qceder pat vnc autre plus courtoife plaifante. A l'exem-
frñrftlppe^t!"^'"^ pie de Cefar, qui difoit doucement à fes foldats :Si ie puis
furmonter 6c vaincre l'ennemy fans coup d'efpee,iie le doisie
pas faire, fans vous en demander aduis ? I'ay efperance de
térrriiner cette guerre fans coup frapper, ayant reduid mes
f . ; aduerfaires en tel poind, qu'ils ne peuuent plus recouurer
des viures. A quel propos donques, encores que ie fuife plus
qu'aifeurc que le combat me deuft reiiifir heureufement,
voudroy-ie perdre vn feul de mes foldatsî Commentpourroy-ie
fouffrir fans aucune neceifité, riy contrainte, de voir
épandre le fang de fi braues 8¿ vaillans hommes, qui Ont fi
» Vn Capitaine a plus bien mérité de moy, 8c aufquels ie fuis tant redeuable i Ny
de gloire di^yaincre pourquoy tehter la fortune,6c hazarder le tout,puifque c'eil
ionfe5TqS.c1a plus dhonneur, plus de reputation, plus de gloire à vh Chef
force des armes. dç guertc, de vaincre fes ennemis par prudent aduis. SE fage
eonfoil,qu'à coups d'efpee,& par laforce des armes?
^ rrminim.\.ch»{.i. Frontin fait vn entier chapitre des exemples qu'il pro*
' duit, pour refrener les demandes importunes des foldats.
I Or fi quelque grand Capitaine, obtempérant aux requeftes
' 6c perfuafions des fîens,eftoit entré au combat,8c y fuft bien
I engagéjil doit prômptement fuyure l'exemple du Didateur
Sulpitius,8c reprocher à fes troupes leurs brauades 6c iadan-
Repriiftendeqnèdoir ces precedentes : OÙ font les cris ( difoit-il ) de ceux qui der?A
mahdoyent la bataille ? Où font les émotions de ceux qui
au* foldats teme- , K , ^ x r . r
raires. demándoyentleuts armes? Ou iont ces bruyans,ces feditieux,
ces tranche-montagnes, ces Rodomonts, qui menaçoyent
d'aller au combat contre la defenfe du Capitaine?
Le voicy le Capitaine, qui va deuant;le voicy, qui les
appelle à haute voix : le voicy, qui marche armé de pied en
cap, à la tefte du premier ' bataillon : Qui l'aimera, qu'il le
iùyue. Où font-ils, pour l'accompagner ? Ceux qui vouloyent
tantoft conduire les autres, ils font brâues, courageux
8c vaillans dans les rampars;mais paoureux,polrrons
lafohés dans les hazards. Par femblables reproches les foldp
furent tellement remphs de vergongne ,^éguillon«ei i
dè courroux,que fans fe foucier d'aucun danger,ils fe jectcrent
entre les arma des eîiaemis,& comme gens fviiieo3Î3 ¡

ET MILITAIRES., LIVRE X. 6%y:
Ics mircnt premièrement en defordre', puis en routte, &: èn T.twMu.-jMcuA.i.
rapportèrent vne glorieufevidoireV >
Q^ynÇàge Captarne ne doit laijfer aucttneplace ennemie
DÏSCOVRS ClNQ^VIESMg, . ; . ; :
V E T O N Ì V s P A V1.1N V S , Confeillaht l'Em- Voar faire la guerre,
pereur Othon de tirer la guerre en loneueur, fV^-
ÌÌ^^KIK® t ·» J. T-v^/- ® t O ', paules toutes lesfot-
^ ^ m ^ comme i ay dit au Difcours preccdentjentre au- ces neceifaires.
très raifons, il allegue celle-cy, Ç^e Vitclliùs ¡"'aMs hi/t.
n'auoit pas aux efpaules toutes les forces neceifaires , «ic '^^^
& fignifiantes.Ce grand perfonnage au faid de la guerre edit
Tacitp) fçauant, experimente bien entendu en toutes les
rufes mihtaires , n'ignorant pas combien il importe d'à,uoir,
ou de n'auoir pas vrie retraitte & place feure derriere foy:
c^eil luy-mefme qui chaftia la rébellion des Anglois aut^^ ^ ;
de Neron, &: s'appreftant de leur donner bàtailie, il choifit vîteiiius voulant Jóvn
lieu qui auoit l'entrée aifez eftroitte : mais qui par le der- "r,· l'I®"* Anriere
eftoit clos d'vne foreft cfpaiife, it tergofilua luT'^uoh V;"„Sc
par ce moyen alTeuré qu'il n'auroit les ennefnis que par dé- a*" ·' ^ '
uant, & quéla campagne rafe luy òftéroit toute occafion de " "
craindre les èmbufches. - '
•< Tacite iiu.14. Jet Arti
(^and Veipafiâri voulut prendre leannes contre Vitel-^ · : ^ ^
lius, & porter la guerre ciuile en Italie, il emioya premiere- P^inct
mentis Am^^eurs aux Roys de Parthe & d'Armenie^
ne verjis ad ciuile helium legtonihus,terga mdàrentur, à fin d'aifeu- • premiere.
rerl^paix, Omettre fí bon ordre en cés païs-là.quequand^l^VlS^Ï
les Legions feroyent occupées à la guerre ciuile,ellesnede-.: fi"''^ |
meüraileñ't defcouüertesauxefpaules. ; ,. . j
^ Ce^atidoritez m'ont faid eftonner,'que Philonice aye osé -
dire,^. quand les places sot fifortes,que nous ne les pou- i
"ons iacïlernent'emporter, nous les deuons laiifér derriere '
noitrearmeé,quoyfaifant,ellesferontinu¿ilesáÍcnnemy,8c
quel^ue€mpeiéh€toéhtgtand.& fort, doitentreraupays. • '
rPppp'-;

M DISCOVRS POUTIQVES,
ennemy/ans faire cas de femblables places & fortercfTes, &
Cefarfe feraou du les laiifer derriere : car Suetonius Paulinus & Vefpafian, ne
pteceptc.de nc laiffer f^^t pas feuls qui tiennent la nüaxime contraire, ains le Caa^cua
ennemi der- des Capitaines,Ccfar/c feruant de ce prccepte,comropos,
d'autant qu'il ne vouloit point laiifer d'ennemy à fa
r$ d,t G»Hi.chaM· iuftement ce que i'ay dit, Qu'vn fage Capitaine ne doit laü
fer aucune place ennemie derrière foy,&: qui lie foit en fa difpofiripn.
En la mefme guerre il arriua à Velaunodunum,
ville des appartenances de Sens,iaquelle il fe refolut d'auoir
Ii« 7 à quelque prix que eefuft,& la print , hoBem relinqueret,
à fin de ne point laiffer d'ennemy à fes efpaules. Et
ïUefautlaifferàfes cnlaguerredAfrique,Hirtius,ouOppius,racotequeGefar
«fpauies les «iicj ayant tamafsé grande quantité de gtains autour de Rulpinc,
«S! ^ ilretourna dans Rufpinemefmeypour ne laiffer à fes efpaules
jî»>fi*< /«i««·» les villes maritimes yuides
0¿ defppurueues. Je repetçray
¿one, que les auàoritez de deux grands Empereurs Capitaines,
Cefar & Vefpaian,8cdcPaulinus,braue Gepers^l &
fagc condufteur d'armée, outré Hirtius, Hiftoriens dignes
. ~ de foy,font des fufíifantes preuues,que la regle par moy propofee
eft bien fondée ^ U que par raifon de guerre elle doit
! auoir lieu parmy les oççurrenceis militaires,comme .ype ma'
xime de plus grand poids qu'il ne femble pas. le n'en chercheray
pas la raifon ailleurs qu'aux fufdits Commentaires
de Cefar, quand il parle de Vclaunodunum (que le fieur de
Vigeneré penfe eftre Chafte-au .Laudon à . quatre lieuës de
Montargis) où aptes aiioir dit, qu'il la voulut prendre, pour
ne point laiifer delieu ennemy a iës efpaules,il adjoufte,
Ceft, u.j.dtuguer- txpeditiore jrumetttath vterem , &:'pour; aupir.des viures plu*
w àttGtMhth»t.x. i:ommodément; Eftant bien veritable s que les villcs,
chafteaux,&
places fortes, ne cheminent pas, ôe ne peuuent em- ^

ET MILITAIRES, LIVRE X.
pefchcr vne grande armée de paffer païs : mais comme ceile rneommodîteî qi»
armée a neceiTaircment befoinde viures, & autres commôditez,
deux cents braues harqu.ebûfîcrs eftans en garniiôn fons des places qu'«*
au derrière, conduits par m prudent, experimenté, vieilant f*®"^®-
& fage Capitainc-fcrGuc àes forties à l'improuiftc, & dc têps
cr. tcïhps harcelleront &: fatigucrôt tellement les viuädiers,
& toute la carauanne du charroy, qu'à la longue ils pourrot
bien incommoder, le gros de l'armee, 8c luy oiler le moyen ^ t « tèié
& l'occààoô de faire des grands progrcz. Hirtius-baillé auiTi 'aw
fa raifon touchant Rufpinc,difant,quc Gefar voulut eftablir Tilles proches de u
garnifon aux villes proches dc la mer, à fin que fon armée
euft dés lieux retraittes d'ai&urance pour aborder. gunrt Jt Afiiq.
Quand le Roy Charles VIIL alla enitalie , pour l'entre- chailes
prife de Naples, il fe garda bien de laiifer aucun lieu ennemi vm. entrant en Uadeririere
foym'ayant iamais peu croire que le Duc de Milan,
quiluy auoit ouuert la porte pour entrer, la luy deuft perfi-,
dement ferrer au retourrmais comme les Venities, le méfmc
Duc de Milan, & les autres confederez fe furent liguez eufemble,
pour la ruine de noftre armée, ils s'oppoferent ^u i" ¿ moiu de
paifage fur le Tarô,d'où s'enfuiuit la bataille de Fornouë,où Naples.
noftre Roy fit des merueilles en cbmbattantîtoutesfois il fut
contraint dé recourir aux remedcs,dont la crainte nous faid
fouuenir en vn dangereux pas : car fe voyant prefque aban- I-e Roy Charles fc
/ ° f VT-k· voyant en extreme
done,il eut recours aux ay des celeftes, &: fit vn Voeu a Dieu, danger à la bataille
implorant l'interceifion de faind Denys,&: de faind Martin,
reputez protedeurs particuliers du Royaume de France. ^
En quoy nous pouuons voir, que le Prince qui pour la con- GuichardmliH.z.ch»t
quefte d'vn païs, entre fur des terres qui ne font pas à luy,, qd veut
doit procurer en toute forte d'aUoir pour amy tout ce qui conquefter vn pays,
Wfonpaflàgc,& demeure derriere fonarmée. , SfL^cl^íul^í-
• uent barrer fon paí·
' ;. ' Pppp

'É^O DISCOVRS POBITIQ^TES,
-..i- ; : 't. ' . ; > - . . . . '
••-.•íití . . . ., ' , ;. '
DISCOVRS SIXIÈÎ*I5R . "
On peut eftre recreu. ^ j ^ ^ ÊS hommcs pcuuent bien eftre reCfeiïs , ÓÜ ÎÀF-
.n>aoU >M IBZ & fatiguez,& n'auoir pas faim: mais ceux qui
• fih nVpeut'eôLn«. ' M ^ ^ ^ font affamez,font toufiours àffez traüaiiíez, fati-
SR^^^É GUÉZ incapables de rendre combatí D'où refulte,que
la regle militaire, qui s'obferue, de ne mener com-
' battre les foldats laffez & recreus,fe doit auffi eftendre pour
Oïl-né doit mener au le refped dè ceux qui ontfaimrmais fans cefte confeqvience,
*E«EUS & AFEM«''' ^^ Y ^^^^ auá:óritezparticulicres,pour preuuer qu'en aucune
: J forte'il rie faut fairebattre les foldats fansauoirrepeu. Ainfi
Scipion gagna laba- Sçipion Voulant faire faid d'armes auec Afdrubal, ordonna
BAI^^ OUT AUOKS ^^ prcccda la bataille, que les hommes & les
; REPAIFTIRIETHOMMES chcüaux cuffént tOUs repcu deuaut iout, le progrés du
, , &ies çWaaux deuât coinbat fit voît que Scipion n'obtint quafi la vidoire pour
'ATDRNBARFUTDEFAITV autre occafionv que par le moyen de ceft ordre : & Afdrubal
parce que^f« foldats ^è fut dcfaid que par la faim, &: par la foif, qui affoiblirent
les corps de fes foldats au miheu du faid d'armes,iuftement
, fur la chaleur du midy . Ce n'eft donc pas fans raifon que
• · Gèdeon demanda du pain À ceux de Soepth & de.Phanuel,
' ' I» ' "H FAIÎTPARFAIRE YOYÂHT fes gens fi laffez,qu'ils-ne pounoyetfuiure l'ennemy.
Mtflim! De QU'IL ,
• ne faut pasfairetrauailler ceux quionrfaim.
nil>peer»te Uu. I. Pout mieux entendre ceft affaire, ilfaut prefuppofer qu
JIPHORIF.I6. LES Romains ne prenoyentiamais leur repas au campjfirion à
. certaines heures déterminées,eftoit neçeffaire que le Ge-.
• Lés'foldats Romains
neral de l'armécien la volonté & difpofition duquel l'heure
"eu« RRJST'Iη W ^ ^^ ^^ ^^ bataille confiftoit ) fift publier le temps qu'il
taines heures deter- failloit ptedre fà rcfedionj ce qui fe faifoit par L'enuoy d'vne
minées pat le Gene, tablette autour du Camp, comme nous apprenons du Con- ^
fui Q^milius Barbula, qui voyant les Tofcans difpofez à la
bataille, ordonna que tout à l'inftant l'on portaft la tefferé,
T.x.iue,tÍH.9.dtenl I. vtprandeat milesfirmattfque cibo viribus arma caftat, à fin qu
foldats prinffent leur repas,& qu'après auoir mâgé, & s'eftre
fortifiez
.. · · . •

' ET MILITAIRES, LIVRE X. «f^i
fortifiez par la víande,íls prinifent les armes. Peu 4e temps^
après, le CorifiilQuintus Fabius command^^^
dats,deprendre leur refeaion,& puis après fe,mettre en , i
armes, fe attendreie fignal du combat. Mais il n'y a point î .
d'Efcriuain,qui traitte plus clairement de cecy,quc le dode
Homere,lequel en vne certaine occafion ou Achilles çpmmandoit,-que
fans autre déky ny remife on prinft les arme?,
u.y remonftrer par le prudent VlyiTey ri^^^
d'aller au combat fans auoir repeu:
7¡m,non ilne famfas,Capitaminmncihle, Hemm liur. 19.dêt
Conduireles foidats en bataille a^amez: lUndn,
Jua faim AUX longs combats eñ tellement mißhle,
^e les flftí vigoureux'font demy defame^.
Il faut donc reßaurer les courages languides -
Tartefaitt:é'levin,quifôufliennentlescorpK
Tom tes membres feront f lutforts^é" flus folidès,
/Et les ejprits flus f romps A tous guerriers efforts,
Celuy dopques. procede mal, qui conduit eii bataille vn H ne faut mener les
foldat à jeun, & par confequent foible& débilité^ de kr '
quelle foibleffe,debiIitation,ou laifitude,la cbnfequencé eft
tellement pernicieufe fe dangereufe (eftant meimesièparee
fe affranchie de la faim, fe confideree à part ) que Suetonius S.Paulinus,& M.Cei-
PauKpus,fe Marius Celius ne voiiïurentpâs
foldaçs, laifez (lu chemin,fe chargez de bagage,dèuant l'ar- my leuf s foidats laf·
mee des ennemis , comp9feè d'hommes 'fràis fegai&^^ fea,& chargez de ba-
,qui n'aiioyent faift qu'vne lieuë & derriy', «¿/7jrVm itmfe fef tacite tiu: X. des hi·
fum,farcincs grauem
Vocula forit blafmez , de ce que malgré leur Capitaine, \ v ;
iflCOmfti/efi^frdiumf^^ LimU. ke¡B¡¡oires,
,rariger en bataille^-fans^^á^^
guez,ils conamencerent le com_batiM.Pópiliüs Lenas jayant Vn Capitaine, ayant
tóSí^né'Iohgüefe periÎlèùfe bataille'Wis en route les Fran- JJi"^';
çois, fe contint de les pourfuyure^ parce qu'il ne vôyloit pas ^^aiís laà", ne íes
que fon armee, ja iaftee d'auoir combattu, entraft en nou- doi-^/aire derechef
«c^trauail. : ^ ' : < Vr ,, rlÎ^enur.-j.de.
Le difcours que Pátilüs Emilius fit-à··fes foidats fur c p
fujea, eft fort memotàble:N'y a-iJ point de diiFerence(leur^^?^^^^
dit-il)de faire prendre les armes à vn foldat, qui ne fera f« i« ff^jcá de ne
s ·
P p p p 3

ÔXSCOVRS POLITIQVÊS,
conibattrceíh«Uf. poiat aut^huy lalTé, ny de la longueur du chemin nf
fez, côtrc des fold.« ¿'autre trauail; ains qui fera gaillard, & bien repote dans
ftais&gaiiiardî. f^j^a^illon, pourfortit en champ de bataille,vigoureuxdc
corps &: de courage, ou de prefenter à vn ennemy frais
difpos, ayant les forces entières ? Prefenter, dy-ie, vn foldat
lâiTé & fatigué d'auoir longuement chcnáine,recreu d'auoir
porté fiïn fardeau, trempé de fùeur, ayant la gorge enfeu
pirlâ iôif, là ¿duche, 6¿ les yeuX pleitis dc pOUafe, K toute
la perfonne roftics de là chaleur du Soleil î De-quelle importance
pcnfez-vous que fut la rufe dc l'ennemy, ayant rangé
fon armee en bataiile a grand loifir, fes gens tous rafrefchis,
&: en bon ordreeÎHmant qûé nous irions à l'eftourdic les
T' ' amfi recreus & debilite^ que nous efl:ions ?.
j Repetitions de Ce(ar Ceiar feit diuérics repetitions CU íes eíctits de cctte laflîfui
la laflitude des tude. En la routè que Curion receut par le Roy îuba, Sc Sa-
- a. de U burre,il dit, (^e fon armee cftoit toute recrue de la longue
ttaitte de cinq, pu fix lieuës faiftes la nuià. Puis après il dit,
(^e lcs çjicuau^
la Caualerie,nyrïhfantérie,ne^ m^
hy d'hardieife, bien qu'ils fuifent outrez de la fatigue precedente.
Tellement qu'il femble que Curion fe perdit par ce
Les François fe per-i napy en,quand il raconte l'aifaut que les Frattç^^^^^
firentluefiraS à Sabinus fon ^eiitçnaht : il monftre la,faute qu'ils firent,
contre Sabinus, pont allans attaquérvn lieu de difficile accès ^ auec tant de hafte
d "" ^ precipitation, que quand ils y furent montez, ils fc
treuuerent hors d'haleine, entre les
cejkr îiur. j. áí >^'eaufçs cfficientcs dc leur défaide, il met la laifitude, i/'^f
'''' tftfime Uci rhpnitêmiitfiitia, aedefktfgatiot^ : il ,?duint ( dit-il >
tant pour , là cprnmodit46i aduánt^^
l'ignorance éc infuiSfance des ennemis , loinïle à ^
laffitude, qu'ils ne fouftirtdrent pas feulement la premiei®
charge^Et Conime ce grand Capitaine fçauOit bien la confe-
' qiii^nce qui fuit là laifitude du pauui^e foldat,fluelque grand
CefSr,ayant miiPto- Courage qu'il ait^lors qu'auec tant de peine il eut ims en
lomcv.s en toute,ne ¿.Q^je le îchiie Rov PtoIOmcuS Olí ^leXàndrie, ayant gag»®
voulue de nouueau , . , -, i a' .J ' J . . / ^ "c^r
expofer fcsfoidats à'ics aducttucs déion Camp né voulut ïamais ( voyant le:^
la guerre. ' · foldats haralfez dc la longue trâitte par eux faide, SC
combat qu'ils aupyent eu à démefler)lcs expofer à nouueau

ET MILITAIRES, LIVRE X. 693
«eautraudl , ny donner feâGs^tde pleine abordes au fo^
du Roy, lajfes itinmi ac fraliai/do mtliteî ad eppugnattda caBr* hMm tn h gutru
frcedere mluit.
Tout ainfi que ceux qui monftrent à nager, fçachans qu'à
la longue îes plus robuftes hommes ,& habiles nageurs fft
pourroyent lafler, ont cette confideration d'enfeigner à réprendre
haleine, & fe repofer. De mefme les grands C^pi- Les grand« Capicaitaines
doiiiént procurer par toute forte d'inuention, que
leurs gens prennent quelque repos, quand ils les voyent
fufmontez de la laifitude, Sc languiifans de la fatigue, Se du 'ont laffez
trauail. Sergius Galba, Lieutenant de Cefar, fceut bien obferuer
ce poind-là : car cilant affailly dans fon propre camp,
¿¿ayant courageufement combattu fix heures durant fans
mtérmiifion î de fotte que non feulement la force, ihais les
armes defafiloyent à tous fes foldats, qui n'en pouuoyent
jJrefque pllB de foibléfiic , il s^apperceut que l'ennemy le
preifoit de plus fort, & commeiiçoit à couper lâ paliifade,&
combler le foifé, il bien que l'afriaire eftoit ^
nierhazard, iuy ayant conful^é auec Sextius Baculus;&G
Vdlufenixs, perfonnàges de gra
fort expetimentez, il deliberà pour vh
ayant autre apparence , hy efperance de falut yde faire vne
furieufe fortie , & charger ^
querçxcçution fe peuft faire auec pliiï grand efrea & vehe^
3ne^ç,il fitprpniptemént adueçtirtous ïes ibl^ les foidatf
lafcher vn peu lé combat, &: r.e faire que parer aux coups combat, ils
àfindepouuuiri^ndreEaîeinerpuisquandon leurfëfm^ S ' ^ ^ d «
ftgne, qu ils fortiifent tout à coup, Se mififent l'entier efpoir baleine,
d'efchaper de ce peril en la force de leurs bras.Ce qui reuifit cfir r,„r.dt U
Il hqureufement, qu'ils mirent eh route plus de trente millç s-'rre d^ GauUs,
hommes. ' ' · «¿»/.i.
Nousn'vfons pas des efcus femblables â ceux des Ro- Commodités que les
mams ; mais c'cft fans doute, qu'outre la commodité que les ff^ÎT
foldats en retiroyent, les mettans fur leurs teftes leurs
veftemcns dedans, quand ils fe defpouilloyeht pour paifer
les nuiijres, ou pour faire la tortue, fous laquelle ils pre- ' ,
. y repQS, outre la defenfe de la peribnne, que
le aeuoy dire la premiere, ils feruoycntfauorablement aux
fol ,

694 DISGOVRS POLITIQVES,
. foidats bleilêï, ou malàdcs, quand aggraucz de travail fe dc
p • ^ t V laificudê, ils s'appuyoyent fur iceux, fe fe repofoyent âucu-
' " ' ' ncment pour retourner combattre l'ennemy. Gomme il
aduinren ce iîiemorable feiperilleux faid d'armes de,Ce
contre les Toi|rnéiiens r que la chance eit^^
faueurdesRoniairis,cieuxqui;eftoyeiitcouchez ^my les
: champs,íi'bleííéz qu'ils n'en potmbyentplus, s'a^
Cefar Sum. de leurs efcus , fe remirent à comhmte y vtm/ñié', qui vuhef
r i è t i s confeñipmubuijfem, fcutü imix^fdiutn reintegraroít, Par-
Ceiu/ qui ne vonára tant, qui ne voudra perdre vne bataille, ou ne donner occa-
•
de ne s'engager au putp à GralTus, qu'il prenne garde de ne fc laifler engager au
^ppiJn preuoyance fe vigilaiice, il mette ordre de n'hazarder pas
au çoîi«^ deffold^, Î^ez,fatiguçz, reçrei;s,fe affamez.
' ' , Des èrois principaux enfeignemens que Paqius Emilius
donne à ies foidats, les deux concernent cette matiere :1c
Le foldat éok auoir premicf eft» d'auoir le corps agile,fort fe leger : & le fécond,
Wr'^Sif Ca hal« lavianíe rieceíÍairepoúr leuE refedionordinaire , fuíí,
¿oit auoir le foin de toufiours prefte .att , cçmmaii'î?"^^"^ Mais,
faire tenir fa refeaió comnic on dit ^qu il lî'y a regle fî geilerale, qui n^ fouifre
tL ^¿iut iiur.4. de- quelqueexception,Quand il arriuera qu'yij^yaïllant fe fage
eid'^^ Capitaiiae aura faid vn grand voyage vne extraordi-
"aire diligence.pôut ajtrapet l'eñnerny , fe le furprendre au
my, il ne doit retar- d'épourueu, il né mettiúpas long delay à executer fon encntrcptife""'"
tr^rifc, fe ciiárger viueïnent : autrèment le m'oindré iñtéruailc
de temps feroit fiiififaiic de reiidre fa peine inutile fe
vainc.'Glaudiüs Nero, ayant ioinde fon armee à celle dé
Liu jus Salinator, par cette miraculeufe diligence que Tite
Liué rapporte, nous fert d'vn fauorable exemple : les aduis·
dé plufieurs eftoyent, qu'il faloit laiiTer repofcr fes foldats,
laflTez fe fatiguez du long chemin, & des longues yciliesjluy
aù Contraire preifoit tant qu'il pOUuoit qu'on donnaft la bataille,
monftrant que le party par luy prins, eftant fuir le
poind d'eftre rendu excellent fe digne de gloire,par fa grande
célérité, haftiueté, &: diligéncé ,"reiiifiroït autrement tc-
TititiM! Uur.-j.de. ^cr^efeiñfTudueitx.; Cettepnidéntc'rcfolutloiríiáirc ci»
3. ' cfFedj'rcndit Afdrubal combattu feVaincu; . - ^
' T - - - ^au» j

ET MILITAIRES, LIVRE X. Í^Í
Q^aux grandes affaires les "VoyeS dû milieu font inutileSi
^ par con-fequent les neutralitez_ dommagea-
bles aux f rinces ^ aux Républiques.
DISCOVRS SEPTIESME.
N T R E les diuerfes penfees qui agitoient l'eiprit
^ ^^^E ^^ Vefpafian, auant qu'il euft prins l'Empire du
^ monde,cefte-cy en eftoit vne ; Qu'en la coduitte A KUI GUI défirent
Sr^^^ des affaires priuées, on fe peut acheminer pas a 'miLu^en"
pas,fe hazardant ainfi qu'on penfe eftre pour le mieux,& s'a- «e'^rémiiKnirhauI I
uançantplus,oUmoins,fclon que l'occafion feprefente:mais tcu^ &ie precipice
que quant à ceux qui défirent l'Empire, qu'il n'y a point de '
milieu entre réminente autheur, S¿ le precipice profond, !
impemm cupienttbm mhtl medium interfamma^autprmfitid^^^t- Tacit Mu.udet hiff,
ce que, ou il fe faut ruiner, 8£ perdre tout à faid fans re- i
miifion,ou fe faire Prince.D'oùrefulte,que ceux qui donner |
des exemples de la libéralité de Cefar, font en vne erreur I
manifefte, puis que Cefar ayant enuie de fe faire Prince, Cefar fe voulant fai- I
comme il fit,ne referua en fon ame aucune chofe movenne, " i
„>A.^J· ·!· • r 1/- nv.·' .'en fon ame aucune (
C eft a dire,aucun milieu,ains fe porta de fon refte à l'vne des chofe moyenne,
deux extremitezfufdites. On void bien quelques Gentils- i
hommes , de riches deuenir pauures ; puis de pauures redeuenir
riches : mais c'eft rarement qu'vn Prince qui eft vne vn Prince qui efl vne
fois tombé, fe puifle releuer ; ie deplore leur condition, me tombé,ceft chorefouuenant
auoir leu aux archiues des Rovs de Naples,que ''
les trois enfans reftez de Mainfroy Roy des deux Siciles,n'auoyent
de Charles premier Roy de Naples, qu'enuiron 45.
fols de prouifion pour viure chafcun iour. C'eft cefte confideration
qui fit dire au tres-prudent Tite Liue,par la bouche
de Scipion l'Africain, Regum maiefiatem diffcilius ab frmmofaji'tgio
ad medmm de trahi, quàm à medtts ad ima prMipitari, que la
î^ajefté Royale fc tire auec plus de difficulté du fommet au
^ilieu,que du milieu au plus bas precipice-.voulanr dire,que Les Roys,à caufe de
les Koys pour leur grande puiifance nc font fi aifez atom- g'fie puiflanber,aue
Ifc • · ce, ne font fi aifez a
, luc les hommes priuez: mais que s'ils commencent vne jomber.queieshomtois
a tresbucher,il n'y a plus de remede.Les Princes auront m" P^utz.

ê^G DISCOVRS POLITIQVES,
donc en memoire ce fage aduis,non de moy,ains de Scipion
rAfricain,qui le donna à Antiochus Roy de Syrie (lors qu'il
auoit guerre auec les Romains ) à fin qu'il prinft garde à fes
affaires.
Mais quittons les Roys, &: retournant aux Hiftoires an-
~ ciennes, examinons icy diuers éuenements : Les Samnites,
fous la conduitte de Cajus Pontius, auoyent reduit les Romains
en tel eftat aux Fourches Caudines, qu'il eftoit en
leur pouuoir,pour l'incommodité du lieu où ils eftoyent, de
les traiârer fans danger à leur volonté : mais defirans auoir
preallablement l'aduis S¿ confeil d'Herennius Pontius, pere
de leur General, &L luy ayant enuoyé des Députez expres
pour ceft cffêt,il leur manda,que tout incontinant,fans faire
aucun outrage ny violence aux Romains,ils les deliuraftent
tous, &: les laiftaflênt aller francs &c libres en leurs maifons:
ce qu'eftant treuué fort mauvxais par toute l'armée des Samnites,
ils enuoyerent derechef au mefme Herennius,qui leur
fit irefpOnfe, Que fans laifl*er efchapper vn feul de l'armée
Romaine,ils les taillaftent tous en pieces.Eux s'émerueillans
' ' de fi contraires & extrauagans confeils,ils mandèrent venir
^ au Camp ce bon vieillard, lequel (à caufe de fon âge) ne fe
mefloit ja plus de la guerre moins des affaires Politiques:
1 mais quoy qu'il fuft abbatu de corps, il auoit l'efprit fort vi-
^ . goureux:il ne fit point lé retif,& vint fur vn chariot: mais ce
ne fut pas pOur changer d'opinion, ny dc confeil, ains feule-
3 ' ment pour dire les raifons fur quOy il s'eftoit fondé, difant,
Qu'auec le premier confeil, qu'il eftimoit le plus excellent
I meilleur, il auoit voulu conipofer vne perpetuelle paix
amitié auec vn peuple tí?cs-püiífanc. Et par le moyen de l'au-
. tre,il auoit voulu reculer la guerre pour vn longtemps,par- .
ce qu'il férôit mal-áysé aux Romains de fe releuer fitoft dc·
Γ.c/«^.'í•« 9. duad.i. laperte de deux armées, tertium confiimn non ejfe, & qu'il n'y
auoit point de troifiefme moyen. Qm font des paroles dignes
d'eftre efcrites en or.
· ' ' Qujan remarque par les paroles de ce grand perfonnagej
d'Eftàt,queleilôît fon premierconieil·, lequel il appelle puis
- apres^ le plus excellent &mei Weur,· faifant voir queOe fien
premier aduis ayant efté refot-é, il auoit efté contraint par
neceífité

ET MILITAIRES, LIVRE X. ^97
neceffité de donner le fecond, auquel il ne donne le titre de
bon, ny de mauuais confeil ; feulement il fe void par là dedans
quelque apparence de raifon d'Eftat.Ce que i'ay voulu
examiner vn peu plus curieufement, à fin de diuertir les
mefchans de jetter de premier faut la main à cette extrémité
de cruauté, blafmee, & reprochee de tous les hommes La eeuauté eft blafd'honneur,&
toutesfois enfeignee en vne certaine façon par
Philonice, quand il dit, Que peu fouuent les hommes fçauent
eftre du totit bons,ou du tout mefchans.
Il ne fe faut pas ébayr, fi cette troifiéme voye, ce genre î
neutre, eft condamné par les hommes fages, puifque Dieu Dieu abhorre les
mefme abhorre les tiedes,fuyuant le texte formel de l'Apo- !
calypfe, ou Reuelation, là où l'Efprit dit : T« )ies ny froid, »y vtr/et lyie. ' |
thaud: a U mienne lolontéque tu fujfes froid, ou chaud5 mais pune
que tu es tiede, é" »'es ny froid, ny chaud, ie commencer ay à te vomir
de ma bouche. Et ailleurs, parlant à foy-mefme par la bouche 1
de Dauid, il dit, felon la ver fi on Latine pfalmt m.
tuacujtodtti nimis.
Tu veux que ton commandement
Soit obferué extrêmement.
Le faind Euangile nous enfeigne literatoircment, que
noftre Sauueur & Redempteur IESVS CHRIST reprouue du lefus reprouue la
tout la neutralité en faid des chofes de la Foy, difant aux
Pharifiens : n'eft point auec moy, il eft contre moy. Qui font s^nñ Matthu» chu.
des tefmoignages irreprochables, qu'on doit prendre party, P'"·'î°·
fans s'ébayr que la tiedeur foit tant defplaifante à noftre
Dieu, puifque c'eft la perte des ames, &£ l'aneantiifement de ia tiedeur eft la perla
Religion : car tout ce qui fe fait par tiedeur,fe fait par for- ^eaurfiremlntÎj 1¡
me d'acquit, &c non pas par vn vray zele, ou ferme foy coo- Religion. i
petante par charité. I
C'eft fans diificulté,que deux chofes font également nui- Deux chofes font !
fîbles,&: preiudiciables aux affaires d'importancerla premie- ^
«.n. 1 t /L · · . > 11 ' , n * . . ciables aux affaires
le eit,la liafte,ou precipitation,laquelle,pour n'eftre capable d'importance. !
de receuoir vn bon confeil, fe doitpluftoft appeller temerite:rautreeft,lapareife,outardiueté,
qui ne mettant iamais ;
en exécution ce dequoy on a confuiré, perd Iafchement le
fruid &: l'vtilité qui fe pouuoit recueillir d'vn bon confeil. j
Mais en toute façon le dilayement eftant périlleux aux I
ftâ^^ ^ i

qu Appius ie fuft porté en l'aftion auec vne animoiite ex-
' . ' eeiruie,iî eft-ce qu'au lieu que Seruihus ne contenta les vns,
! ny les autres, &; fut hay des deux fadions; luy au contraire
Là mefme. fu^ f^j.^ Sénat, Seruilim neutrls j K^ppimpatribm miìì
gratta.
biTq^^'peinr''fc ^"nces, & toutes les Republiques, peuuent
feruir de la neutra- tombet. en femblable erreur, quand fe feruans de la ncupenl
dria ¿tre.'' tralité,' pour cuider éuiter le perü de ia guerre, ils deliberent
en

ET MILITAIRES, LIVRE X. ^99
eu la competance de deuxPnnces. plus puiffans qu'eux, de
demeurer neutres, ne preiugeans^pas que celuy qm demeurera
vainqueur fans leur aiTiftance, iflociatioii,ou faueur, ie
fentant par fa-viaoirepluspuiiTantScfortquauanriceluy,
prêdra fujet pour legere occafionde les opprimer. Guichardin
efcrit, qu'en l'an 15 tz. les Florentins broncherent en ce
paifage, pendant la guerre des plus grands Princes.d'Italie:
car eftans empefchez par leurs difcoHies·;ciuil·es de choilir durafides giicnescile
meilleur party,ils n'eurét pas, l'aduis defermettre du cofte ui!« des Pdnces d ldu
Roy, ny des autres, ôiobferuans de iour en iour la neur. ' g,
tralité auec confeils douteux &c ambigus , fans délibérer ii^ j
mais vnanimement, ny declarer qu'ils la vouloyent obfer- - j
uer,ils ofencerent grandement l'eiprit du Roy,qui du^om- h haine |
mencement fe promettoit beaucoup, d'eux :ils n'appaiiereiit d'Arra- i
pomt la haine du Pape ; fans retirer aucune recompence,. gon du f>u ,d de icur
ils laiiferent iouyr le Roy d'Arragon dufruid deleur neur g®' ichart/itt liu.ltt
tralité,pour laquelle obtenir,il euft trcs-volontiers capitule, i^«/. 2.1 jii. |
&: conuenu auec eux. l'accompagne curiéufemènt le s Hi- i
ftoires anciennes des exemples modernes, quad i'en ay l'oc^ |
cafion à propos, pour monftrer que la vérité des chofes ne
s'eft point changée, ny alterée par la mutation des temps:
car encores que les inftruments militaires, èc la methode de ^«or ^^ i
guerroyer fe changent, ii eft-ce partant, que les raifons ne fe ^ methode de gJcr- ;
changentpas:& quand reiifcignement 5c precy e, ou du ^ ;
Gapitaine, ou du Gonfeiller d'Eftat, ou de 1 Hiitorien, eit g^n,point·
conjoint auec l'exemple, &c que, comme difent les Legiftes, ^Qn^nd l'Hiftoriea
. y. - ^ * . , 1· -1 c J ait conjoint auec i cle
faia eft en fes termes, il n y a que contredire ; il y taut ad- , jj y 1
joufterfby, Se s'y regler entièrement ; quifaid autrement, il ioufter fby.
erre, parce qu'il faiâ: contre l'exemple, contre ccluy qui l'a
confeillé,Sc contre celuy qui l'a efcrit.
Ariftenus, Preteur d'Achaye, eftant député à la diette dc
SicyQne,là où il fetraittoit de laguerre entreprife entre les
Romains, Se le Roy Philippus, treuua fort mauuais que
Cleomedon, Ambafladeur de Maeedone, propofaft la neutralité
aux Achayens. Et pour refiiter fon confeil, il fe print
à dire:Cé que Gleomedon vous confeille la neutralité,com- La voye de neutra- .
me vn chemin tres-aifeuré pour voftre conferuation, ne fe' r-i^fc/"'
doit pas appdler,la voye du milieu: mais la voye perilleufe, ,
Q^qq 3 I

DISCOVRS POLITIQVES,
ÔÙ fans proffit, ea »ok medu^fidprkulofa.unt mlU via efi.La raifon
eft, que vous deuez neceifairement accepter ou refufcr
l'alliance des Romains }& fi cela n'eft, ferons-nous autre
neutre wndla CHnous tenans neutres, finon nous expofer pour eftre
Í îroyedu Tairqucar! ^^ Ç^^Y^ Vainqueur,fans que les Vaincus nous en fçachent
gré, comme gens qui aurons faid voir, que par vne groifiere
preuoyancenous auons attendu l'éuenement de la guerre,
«V Vnt Uur. ». de- j>our accommoder nos confeils à la fortune?En la guerre qui
" ' furuint peu apres entre les Romains d'vne part, & le Roy
Antiochus joint aux Etoliens d'autre, les Ambaifadeurs du
Roy, doutans de ne pouuoir tirer ies Achayens à leur parti,
parce qu'ils eftoyent bien auec les Romains, defquels ils
auoyent receu des grands benefices, raconta premièrement
i des chofes admirablestouchantles forces que le Roy auoit:
¡ mais la fin de fon difcours, fut vne fubtile perfuafion pour
' \ leur faire embrafter la voye du milieu, & demeurer en neu-
» cralité. Cefte propofitiô fut faide en la prefence de L.Quin-
"US, Confuí & Capitaine Romain, qui n'ayant manqué dc
à ·; bien refpondre à tous les poinds de cefte harangue, ne faillir •
Í pas àuflid'efplùcher le chef de la neutralité, proférant des
I paroles vrayement remarquables, 5¿: dignes d'eftre rarnen-
'|( tues en femblables affemblées &confultations. Ceft haran-
I ' gueur(dit-il) vous perfuade la neutralité, & qu'il eft bon que
vous ne vous entremefliez point en cefte guerrede fouftiens
lÎVad^aTaS VOUS rem5ftre,Qu'iI n'y a aucun parti moins
que celuy dc la neu- aduantageux que celuy-la, quippefwe gratia fine dtgnitate pramlite.
parce que fans que vous puiifiezacquérir
l'amitié & bien-vueillance d'aucun des partis,fans que vous
en retiriez ny recompenfe ny honneur, vous ferez infàilli-
În'HHd!*'*''^' ^ P'^oye du Vidorieux, qui aura la vidoire. Quin-
• tius fut fi grand Capitaine, & fi grand homme d'Eftat, fes
paroles font fi claires, fi diftindes,& bien intelligibles furce
propos,que celuy fembleroit manquer de iugemet,qui ne fe
fonderoit entièrement fur fon autorité,fans recercher la foy
dequelqu'autre. le finiray donc ce Difcours là deifus, feulement
l'adjoufteray ce qui s'efcrit du Roy Alphonfe, & des
l î s : f p t ; J r T f ^^«r« certaines guerres
^Wir efté aewres, ^ , furent finalement pillez & faccagez par les foldats
^ de

ET MILITAIRES, LIVRE X. 701
de l'vne Se l'autre fadion. Sur quoy' le Roy Alphonfe dit, furtnt piliez, par les
Qu'il eftoit aduenu aux Sienois, commé à ceux qui ha- ^ .
bitent au fecond eftage d'vn corps de logis, lefquels font;
trauaillez par la fumee de ceux du bas, S¿ incommodez
par l'vrine de ceux d'cn-haut.
Que les deniers font les nerfs de la -
DISCOVRS HVICTIESME.
^ ^ ^ ^ ARMY toutes les fortes de gouuernemens
S Ww^ Monarchiques,Ariftocratiques,Populaires, ou I
^ autres, de quelque forme qu'ilspuiifeiK eftre, - ^ :
l'on tient la propofition , Que les deniers font L-s deniers fonr les |
les nerfs'de la guerre, eftre auifi infaillible & fcrme,.comme
entre les Mathematiciens,Que le tout eft plus grand que la Le tout eft plus grand
partie. G'efl^'pourquoy Murianus, ayant aifemblé des gran-. P®"»®·
des forces, des nauires, d'armeSjôc des foldats, pour ehuahir:
l'Empire pour Vcfpafian,difoit,Que rien ne trauailloit tant
ibn eiprit,que le fond des finances, ôcprouifion d'argent,
ayant toufîours cette fentence en la bouche, Que les de- j
niers font les nerfs des guerres Tacite liHr.í.dti hiquïm
pecuniarum conquijitio, eos effè helli ciuil is neruos di5fitáns. fioirei.chnp. is, ;
Suetonius Paulinus , Gapitaine inférieur en fortune a
Martianus, mais fuperieur de valeur,& de reputation, eftant
au confeil d'Othon,où on tfaittoit des moyens qu'on deuoit
tenir au faid de la guerre, eftoit d'aduis qu'il la faloit dilayer,
differer, & mener en longueur pour plufieurs raiibns,
les principales defquelles eftoyent, qu'ayant de fon cofté le , |
Sénat,8c le peuple Romain, il pouuoit par confequent auoir i
en fa puiflance les richéflès publiques, & particulières,
infinis deniers, lefquels aux difcordes ciuiles eftoyent plus Au* guerres ciuiles,
vtiles que les armes, publicas, priuataf¿ opes, (¡r immenfam pecu- P'"^
mamiMerciuilesdifcordiasferrovdidiorem. '^ï.'" .lî
Antonius Primus de-mefme , ayant prins le party ¿c '''i^'""' • I
Vefpafian,nefeferuit d'aucun plus fort argument,pouf faire
haftercetteguerre,finon que.fi elle eftoit de longue dureey , '
»1 fíe voyoit pas le moyen de recouurerrargent,&: les viures, :
pour I
' · '(

y®?' DISCOVRS. POLITIQVES,
¿ÍÍ pour l;èntretenemènt de r^^
que Vitellius,à qui ils auoyent à fairë,abondoic
de rVn & de rautre,depuis qu'il auoit vaincu OtHon.
Les deniers ne font pas feulement les nerfs des guerres
ciuiles , comme il femble que Mutianus les y aye voulu
reftraindre , pour faire correfpondre la raifon à fon intention,
& fortifier fon confeil ; mais encores de toute autre
guerre ciuile, non ciuile, & eftrangere. Aufli eft-ce vne
creance approuuce,& tenue pour veritable par tous les bons
Autheurs indiflèremment, come ie le preuue par Cicerón,
lequel ( outre fa grande fcience ) fut homme Confulaire,&;
de grande autorité en la Republique de Rome, il dit en
Les deniers fpnt les tcrmcs exptes pour la loy Manilla, Que les deniers font les
«erfs de Ja nerfs de la Republique. Et aux Philippiques, Que les deque,&
de la guerre., ^ r J 1 T- T • î ï ^ 1
cictnnenU 'oy Mii- mcrs iont lesnerts de laguerre. Tite Liue afferme par l
nilu, & «MX ehiiif bouche d'Afdrubal, qu'Annibal allant en Italie, n'auoit pas
Tltl'iiae liar, j.rfe· feulement achepté quelques paifages à beaux deniers con-^
3· tans, mais qu'aufli fans argent il n'auroit peu conduire les
Auxiliaires François , Se fans argent n'auroit peu venir
iufques aux Alpes, encor moins les paifer. Thucidide raconte
de Pericles, que le plus fort argument,fur quoy ü
fonda fa raifon pour porter les Atheniens à la guerre, en
fupporter les inconimoditez,fut qu'ils auoyent moyen de le
faire, parce que les viures prouifions de î'àrmée fe pouuoyent
facüement auoir par l'abondance dé leurs deniers.
Puis, apres auoir grauement difcouru de cette matiere,
il defcend à parler du nombre des gens de guerre. Mais à cc
qu'il ne refte aucune difficulté, que Thucidide n'ait faift
plus d'eftat de l'argent que des hommes ( quoy que ie n'entende
pas de prouuer cecy, me fiiífiíant de monftrer,que les
deniers font les nerfs de la guerre) ie fouftiens qu'il a did
¡ les guerres qui au proëme de fon hiftoire, parlant des guerres qui furent
• diroye^ne durï! celle de Troye, qu'elles ne furent guieres"grandes,
tent guieres, pour la noii tant pour le petit nombre des hommes, que pour la
rareté de rargenr. rareté de l'argent. • Et peu après il renient conclurre, Qne
pour la rareté de rargent,les guerres qui precederent le fiege
de Troye,furent affes debiles. > -
Contre cette fentence fi vniuerfelle, Philonice à formé
• ' oppo

ET m i l i t a i r e s , - L I T M 70.5
oppoiîtion, foit. poufimonilrer fon bel eip'rit &: gran;d iugen
ment, foit parcequ'il aye creu par effpd ce quiil àdit^ôc s^efa ; , ¡r ; t
force de faire voir,Que les deniers lie font pas lésncrfs dè h. ' ' » •
guerre: ildit donc que Quinte Curfe a efté de céfteopinió, . . . -
que les deniers fuflent les nerfs de laguerre, ayant efcrit,
qu'en la guerre d'Aïuipater Macédonien cbntreiAgis Roy
de SparteileRoy fut contrairït deiCombattretpar lemaiiqüe^
ment des deniers, & fut dcjfFai(a: : que s'il euft peu difFeret la
bataille poiir quelques ioùrs,lanouuelle de la mort d'Alexandire
feroit arriuée en Grece, il auroit vaincu fans coup
donner : mais l'argent luy venant à faillir,craignant que
par ce défaut fon ârmée ne l'abandonnaft,il fut contraintí de
tentèr la fortûiîe,&îi venir au Conibat^' -tellement que Quintë
Curfe afFermc;lësdbti.iers eftre les nerfs de la. guerre ^ia^uelk
efmicn (dit Philonice) efi alleguée tous les iours , & fuyuie pàrfMfieurs
Pririces,mritantpmdents quii feroit de befoin: iedk non a^^^
frudents,fareequefefoadansfúrTcelle,ilscreyentqueipoarfei^^
fendre de leurs ennemis îHoitfuffire d'auok deigrmdsÀr>efirs , é'
ne myent pas quefi les deniers, l'argenté' les threfirs, euffent eBez '
haBms pom vaincre Ji.arimmrott vaincu Alexand
Gefte fentence eft de Plutarque,&iibn de Quinte Gurfe, -p/«i^rj«.^ j
l'Hiftoire duquel manque aux principes de la guerre de ^^^^ ^ cUme-
Sparte (bien que cela^h^importœ beaucoup,&: ne foit le principal
poinét de la difpute que ie veux-fouftenir») Le Roy de ' V.
Sparte fut Gleomenes,6¿ non Àgisîle vainqueur.fut Antigo- ^ - i V.
nus. Se non Antripater; la guerre ne fut pas du viuant d'Ale- ' '
Alexandre, au temps duquel labataille d'Agis & d'Antipater
fut donnée : mais trois âges après Gleomenes futcontraint cieomenes fut dçfde
combattre, futdèfaiâr par,fauté dargent ^ & s'enfuit en P®'
Egypte ; au lieu qu'en l'autre bataiile, Agis' (auquel l'argent ' '
nemanquoitpas) .mourut vaiHammehtJes armesàlà'main
deuant la ville de Megalipons, Ainfi Philonice fe trompe mefme,daf.%.
aux noms de's perfonnes ,:au temps des affaires j &:aux cita- 1
tiens des Autheurs. . . ; ; , |
_ Orprcnons aù poîna,G'eft fâns diffiiultéjqde fi vn Prince Le Prince ne doit 1
ne taiioit autte fondement que fur l'areentdl feroit vne d'an- if !
pr^iéfaut^&ibtreûueroitdeçeu.:^quandondiaque ^
les deniers font les tó de la guerre, il fkutpar meline p
Rrrr |
" • ' . 1
. . . . . . .1

yo4 DISGOVRS POLITIQVES,
moyen prefupporer,quc la guerre aye fes autres appartcnan-
Bdi« fimiiitudeentre ces,circonftances & depcndances,toutáinfi que le corps hule
corps humain,& jnain, lequel eft-composé non feulement de nerfs, ains aufli
d^yaUtlns romL's! dèrchair, d'os ôc de fang : Mais comme le bras de l'homme,
bien qu'il foit rempli de chair,d'os ôc de fan g,ne pourroit pas
bien fáiré fon oflìce,s'il auoit quelque nerf coupé,foulé,cm^
pefçhé, ou offenser parce qu'ilne fe pourroitpas bien eftendre,ployer,ny
maxiieir. Ainfî vne grande armée, bien qu'elle
foit compofee de vaillans hommes(qui iont les os)bien fournie
d'armes(qui font la chair) ôc conduitte par vn bon confeil
(qui eil,lefang)ferendroit inutile, eilroupiée & boiteufe, ÔC
nb fe pourroit mouuoir, conduire, ny tranfporter aux occafioris,fîJes
dcniers(qui font les nerfs)luy venoyent à faillir ÔC
tnanqtier;ô£.>c'eit'à.cela en qùoy ceux qui ont premièrement
dit, Que les deniers eftoyent les nerfs de la guerre, ont eu
égard.
Examinant maintenant les raifons de Philonice,qui allegue
en termes généraux 5 qile fî les threfors euifent efté baftans
pour vaincre, Darius auroit furmonté Alexandre, les
Grecs auroyent fubiugué les Romains, le Duc Gharles de
. ' noftre temps auroit defaid les Suiifes, le Pape auec les Florentins
auroyent fort facilement mis en routte le Duc d'Vr-
La trop Mande opu- bin. le dis que cela eft mal argumenté, ôc mal conclu, parce
lence des threfors,ne . t - i i r
faia pas gaigner la Premièrement que la trop grande opulence des threiors, nc
bataiiie,car l'ennemy faid pas quenous puiftions eftre viftotieux en VUC guerre, û
en peut auffi auoir. enncmy en a feulement autant qu'il luy en ftiut pour
la conduitte de fon entreprife. Secondement, il ne faut pas
parler de mener à la guerre vne armée de gens lafches, efteminez,
ou tellement defacouftumez du trauail par vne longue
felicité, qu'ils n'ay ent en eux ny chair, ny Os, contre des
bataillons exercitez de longue main, exp^imentez, enduri
Cis à la peine, aux coruées, à la fatigue > ôc en eflTeâ: foidats
femblables à la rnîlice d'Alexâdre: car ies nombreufes troupes
de Darius, ôc fes grands threfors, ne feruiroyent que de
butin qui confiderera de près quelleeftoit cefte milice
d'Alexandre, il ne s'émerueillera point tat du grand progrés
~nt Perfe.Iifaut doc voir en Quinte Gurfe,queUes
foixante ans. eftoyeut les qualitcz de ces Macédoniens, quels les ordres,
quels

ET MILITAIRES, LIVRE X. ycy
quels les foidats, quelle la difcipline, quels les Capitaines
particuliers,n'y en ayant pas vn,qui n'euft foixante ans.Piiis
à l'oppofite il faut confiderer les delicatefles, les mollefîes,
la bombance, l'inexpertife ,& autres mauuaifes conditions
des Perfans. Quoy faid, on ne difputera iamais des grands
threfors : car cn telle occurrence ( difproportion & inégalité
de coinbattans) ils font plus dommageables, que fecourables
à celuy qui les poflede.
Queles Grecs , comme plus riches, euifent peu vaincre
les Romains : ie ne demeure pas d'accord de cela, & nie la
mineure:Si par les Grecs il n'entend tous les Roys de l'Afie,
qui eftoyent Macédoniens, 8c non Grecs. Et quand cela auroit
efté, il fuffifoit ( comme i'ay did ) que les Romains enflent
eu autant d'argent, qu'il leur en eftoit neceflaire, pOur
la conduitte de leur entreprife. On luy pourroit encores
refpondre, auec la mefme refponfe qu'il veut faire valoir.
Que les deniers ne font pas les nerfs de la guerrexar on luy
fouftient ( puis qu'il a did que le Roy dc Sparte fut défaid
par faute d'argent) que plufieurs autres vidoires ont efté
obtenues pour autres caufes motiues,& diuerfes occafions.
Et que mefines fans la trahifon deDemoteles , le Roy de u vh
Sparte n'euft parauanture pas perdu la bataille. Ainfi vne de ^^^^ ^
ces raifons, fera vne des preuues de mapropofition, pour la
confirmation de laquelle ie diray, que ceux qui n'ont pas Ceux qui n'ont pas
vaincu,n'oiitpas laiflTé de vaincre : parce que la fentence ne pas laifi·
foit veritable, mais parce qu'il leur manquoit d'autres qualitez
neceflTaires pour emporter la viâoire.Ne fe fiant pas du
tout fur ces exemples, ou voulant rendre fes raifons plus
fortes,fl recourtà l'autorité de Solon,5i dit,que Crèfus,Roy
de Lydie, luy ayant monftré vri riche threfor, luy demanda
œ qui hiy fembloit de fa puiflknce. Et que Solon refpondit,
^ e pour cela il ne le iugeoit pas inuincible, ny plus puifiant
dautant que la guerre fe faifoit auec du fer,& non auee
«e l or 5 & qu'il pourroit venir vn conquérant, qui auroit
plus de fer que luy,qui rauirqit tous fes threfors.
lir^ .riï^""? tant veritable, chacun peut
ZAJC^C^ ' rapporte cet aboùchdmenr de Solon i
otacvreius,qu'ane:sYparleaunementnyd'armes,nyde !
Rrrr z
' • . . I

DISCOVRS POLITIQVES,
, fer,a,y 4e vaiécre,ny, d'eftre vaincu, Crefus ayât efté iufques
-aioirs trop, bien fortuné à rapporter des trioimpiiantes vidoi-
,res déies enhemis,non feuiefnent aùec Ibn or,ains auffi auec
fes armes;i Et;l'fixempleiqu'ü adjoufte des François, & du
cRoy deMaeedone, eft eùcores fort diuers, & bien different
tde la finpouirlaquellejilcft allegué;S¿: qui doutera de ce.que
-ie dis^ s!eippeut-eíí;l:aia:cir',.reGourant àluftiri, oùil treuuera
De tout temps les qu'Ántigonus Roy de Maeedone (' celuy.^qui vainquit Ckr
Ftàçoisonc eftez re- ^^enes.) jqeçGuDgratieuTernerit àla table.Royalc, &iS m
doutez a:renon.ez. ^.inbafl:adeurs. Frânçois, uon poUt le's
.cipottueiiter .par 'l'oifentation & grande parade de fes thre-
• fors rmais pourvfer enuers vne nation il renommée d'vne
• ihagnificendé di^ned' v.ioifî gràndPrinee. Et £ bien íes Fran-
, •çoisftentez Si aHecHez partant d'appareils, & par la.veuëde
^ tanrde precieuxmedbles, Scvaiifelled'or &:d'argent, l'allerenbpuis
après aflàïllir, ils fiirentfî bien receus,& traidez de
I telïefaçon, qu'ils euifent bien deiiré n'auoir iamais pensé à
cela. Voicy lesrpropres paroles de Philonice : Telle fut la rei
kbmm'é;(dio-iil). qui courutde la.viâ:oire d'Antigonus ,qu'il
n^oiâtint pas feulement des François telle paix qu'il voulut:
' . nkispiaswndé rat de furieux ¿¿ piiiifans ennemis qu'il auoir,
n'eut la hardieft"e ny le courage de le plus molefter,-t/íví»«-
^»o:pacem huïuiviéorix oftnio nen à Gallü tantum
' afnîtmammferitateptxBiterit.
, . Il dit puis âpres. Que de fon temps les Venitiens ayans
leur threforipabliç plein, S¿: regorgeant par tout d'or &: d'arg6nt,perdirerttt

ET MILITAIRES, LIVRE X. 707
à vn coup fe declarerent contre eux. Et s'il y a des exemples
bien a propos,&: de grande efficace pour preuuer ma propo-i
fîtion , c'eibfans difficulté qué cettuy-cynedoit pas efbre lo
dernier. Mais pour n'empì oyer dauantage du temps à réfuter
fes opinions, ie me contenteray de produire vn exemple
de Tite Liue, que Philonice allégué pour tefmoin digne de
foy de la negatine quii ífoufkient, fe fondant fur ce qu'au
parangon d'Alexandre, Se dés 'Romains, il né fait aucune ^^^ ^ ^^^
mention de rargënt:à quoy ie refpondray plus bas. • . tadi i.
. Voulant donc faire choix d'vn Capitaine, Si d'vne armée
de foidats,braues,vaillans,couragcux, adroits,Si fort prouidens
au faid des viures , Se de l'argent neceifaire a leur en-j
tretenement:ie.n'éftime pas que Philonice mefme en peuft
defîrer vn rtieilleur qu'Annibal, &c les fîens, 5¿ tout delà en
vne faifon non defaiîreufe, infortunée, ny pernicieufe,.ains
au plus haut fefte de leurs vidoireS, bon-heur Si felicité.
le narré tout cecy aucc tant de circonfpedions, parce qu'il
dit eftre impoifible, que lés bons foidats manquent d'ar-r
gent, Se que l'argeiu de foy-mefme va treuuer les bons foL
dats; ayant did,auparavant,.Qu'en la guerre les deniers
eftoyent bien neceffaires en fécond lieu, mais que lés bons
foidats furmontoyent aifémênt cette neceifité. Tite Liue
dit , qu'Annibal ayant vaincu les Romains, Si gagné la memorable
bataille de Cannes, il enuoya l'aduis' à Carthage
par vne expreife ambáffade, qui raconta les grandes chofes
par luy mifes à fin en Italie, toutes vray es. Si non point
fauifes, ny controuuees, Qu'il auoit combattu contre fîx i·« faîas, & geflts
Généraux d'armee, grands S¿;renommez Capitaines, dont
quatre auoyént efté Confuís : des deux autres ,rvn eft®it
Didateur, Si l'autre Gonful. Qu'il auoit combattu fix fois
en bataille rangee contre des armees Confulaires, auoit
táille en pieces plus de deux cents mille hommes des em
nemis, 52 pris prifonniersplus de cinquante mille. Des quatre
Confuls,deux auoyent efté tuez:5¿: des deux autres,rvn
auoit efté bieifé, l'autre ayant totalement perdu fon armee^
^oitèu'prou .peine de fe fauuer auéc ciquante hommes^
Qp le maiftre dé Cauaierie, dont là puiifance eft égale à
celledu GoniUl,auoit efté défed.&mis:enroutei.Q¿il n Í
Rrrr 3 j
I

DISCOVRS POLITIQUES,
ròftoit aux Romains, que le Didateur pour Chef de guerre,
lequel iamais ne s'eftoit voulu prefenter en bataille. Que
ceux de l'Abruifo, de la Poiiillë, auec^artie du pays de Lucanie
, Si des Samnites, s'eftoyent reuoltez, Sc rendus aux
Carthaginois, enfemble la ville de Capouë, qui eftoit non
feulement la capitale de Campanie, mais de toute l'Italie,
&c.Puis pour faire ébayr les Carthaginois,il jetta au milieu
de la cour du Palais vn plein boiifeau d'anneaux d'or.
Et finalement pour plus grande merueille, il fit dire par
tout, qu'à Rome perfonne ne portoit femblables anneaux
que les Cheualiers , & encores les principaux, par priuilege
particulier.
i Que croyez-vous cn fin,quel eftoit le fommaire de cette
ambaifade, fi folennelle, & fi extraordinaire ? A quelle fin
tendoit la harangue de l'Ambaifadeur fi glorieufe,fi magni·^
Tire Ziti· Hur.}. if fique,mais fi certaine & veritable ? CMimnduht igttur (uppl
'' mentum ejfe, mittettdam in fhfendium pecuniam, qu'il faloit enuoyer
du renfort en Itahe à Annibal,qu'il luy faloit enuoyer
de l'argent pour foudoyer fon armee. Annibal demandoit-il
d'argent, puis qu'il eft impoifible, que les deniers
puhfent manquer aux bons foldats ? Les ioldats d'Annibal
n'eftoyent-ils pas foldats î Soldats tres-bons, & excellens
ils eftoyent vrayement, comme chacun m'accordera. Et
{ pourquoy eft-ce donc que l'argent ne leur alloit au deuant,
puis qu'il va de foy-mefme treuuer les bons ibldats ? En
quelle maniere, eft-ce que les bons foldats furmontent
-^'eux-mefmes la neceifité de l'argent, fi les braues foldats
d'Annibal ne peurent vaincre cette necefiité ? Et fi cette bcnite
marchandife ne fe treuue après tant de vidoires, tant
de défaides, tant de conqueftes, &: déconfitures d'hommes,
& de butin, quand eft-ce qu'elle fe pourra treuuer ? Que
: pourra objeder Philonice à ces demandes ì Luy fembkra-il ,
; que la neceffité des deniers foit la feconde, ou la premiere,
& principale, & digne d'eftre mife comme capitale en tefte
de toutes les autres neceifitez de la guerre ? Demades parla
donc bien, & fagement, quand ne fe treuuant pas vn fol,
Iuy eftant commandé par les Athéniens, de faire mettre les
galeres cn mer, & les pouruoir de foldats,& de marimers,il
fie

ET MILITAIRES, LIVRE X. 709
fie refponfe, Que c'eftoit vn préalable de penfer au pain, 8>c
puis on parleroit des galeres. Archidamus parla femblablement
fort prudemment,^: en homme d'Eftat, lors que confiderant
que la guerre eftoit vne deuoratrice ,& vn gouffre La guerre eft vne
glouton,qui engloutit fans poids,&fans mefure,fans ordre, deuoratrieedc&jaafans
raifon, des innumerables fommes de deniers, & des
fonds inepuifables de finances,il fe feruit de là refponfe que
nous difons vulgairement : 11 ne fe faut pas embarquer fans
bifcuit.
Reuenant à mes propos, bien qu'il femblaft eftrange à
Anno,3cfes partifans,aduerfaires d'Aniiibal,qu'apres tant dc
t^aux faidsjif euft continuellement befoin d'argent,come fi
l'argent enfemblement auec les viftoires ( felon l'opinion
de Philonice) deuft neceffairement abonder dans la bourfc
des foidats : fi eft-ce qu'auec vn merueilleux confentement
de tous les Senateurs, il luy fut enuoyee grande fomme de
talens d'argent. Voicy vne raifon toute prompte: Si nous
confiderons les occurrences, & diuers mouuemens de la
milice,nous treuuerons qu'il faut que le foldat chemine,ou Deuoirs d\a way
qu'il defende vne ville alfiegee, ou qu'il aile à l'aifaut dc
quelque fortereife,ou qu'ilrecognoiife l'aifiette de quelque,
place, ou vn camp, ou vne ambufcade, ou qu'il aile au
combat, ou faife la fentinelle, & mille autres deuoirs &
fadions militaires. Et fi au moment de femblables efFeas,&
diuerfes occupations,il eft contraint de penfer à fe pouruoir ^
de viures,ou d'argent, pour les neceifitez de la vie humaine,
en quelle perplexité & inquietude d'efprit fera-il reduid &
conftituéf^and de plus la crainte d'eftre bleffé, & n'auoir
dequoy fé nourrir,& faire medicamenter,fe prefèntcra cn fa
memoireiOubliera-il pas fon deuoiriEt cela l'empefchera-il
point de bien faire ? Que fi le fac,& le pillage font permis en
quelques villes prinfes d'aftaut, & que le foldat y gagne
beaucoup,cela arriue fort peu ibuuent,& fort rarement n «e faut aecoufta- j
Semblables pillages doiuent eftre permis. Et quand ainfi
jeroit y'ils arriueroyent fouuent,ie ne penfe pas que ce foit Ltia«s prlfes?"
xc meilleur, ny que la difcipline militaire ne foit grande- !
ment alteree, d'accouftumcr le foldat au butin ô£ pillage |
- pkccspriibs : car quand on l'en voudra diftraire, ou em- [
pefçher j|
i,
•i

710 DISCOVRS POLITIQVES,
. ' pefcher ( comme il le faut neceifairement, eftant chofe fort
importante en la fomme des affaires ) Dieu fçait ce qui en
! aduiendra, &Ò les difficuitez qu'vn Capitaine aura de tenir
Si ks Capitaines en bride CCS butineurs.il eft donc plus que neceffaire,que le
veulent eftre obeys,& f j j^t ayc fa paVe, fi OU defire le rendre obeïflfant, &: prompt
ferui! des foldats, Ils J r J ^ ·• ^ r
leur doiuent donner aux entreprifes,autrement-ou il ne voudra,ny pourra ieruir,
leur paye. ^ par àinfi ilfaudra defa:rmer,& licentier l'armee ; ou eftant
contraint de combattre comme Cleomenes , on pèrdra la
bataille.
. Encor ne veux-ie pas finir ce Difcours fans vne petite
addition , à fin xjue chacun cognoiife comme Tite Liue
entend l'importance des deniers au fai£t de la guerre : il fait
donc dire à Annibal ces paroles plaintiues quand il fut
rappelle en Afrique : O l ce n'eft plus ( dit-il ) par inuolutions
de remonftrançes,par circuits,par artifice cau-
• . r
telle, ains ouuertement, & tout à defcouuert, que ceux-là j
me rappellent à Carthage,qui ja de long temps empefchaiis 1
qu'on nem'enuoyaft renfort d'hommes,d'argent, me i
retiroyent de ritalie,6

ET MILITAIRES, LIVRE X. 711.
n'imppi-te-.pas bcauççiup,.iîynE , · · ;
lîibal coiifeEé fratîçheiiiGiif j guç par k '·
ila.eftp çptjtpaiat de-quitt$p.Tfealiei'L©s:dèfiicri? font^oncques
les nerfs de k gue^rç ; je dis les nerfs , qiii donne-iit lp ^ ' . •
nlouuement aux armées ife fans :kfquels^elk5 ne péutient
faiçeÎDng voyage,n^igrand:€ffeéij.Par rieQeiTaiji^ confsqiienT ie Prince qui veut
la RefiubUqueiqui.vëullent.mettre:^ig/eldars.(^^^^^^ nécèffaire"'.p6ut"]a
pour defendreîeucs EftatSi Oupour conqucfter le païs ' ^
truy, ayent des bons magafms grande prouifîon de fcmj '
bkbles nerfs. ' - »c r n ' ..¡f.i
QHeceftehofeyaineydepeud'mlité^rnaugraniemnt^ ' ' .
kia.pnalpleyde me^rij'er.fon ennemy,^ je - „.i <
moàquer de luy. ' "
• • 'r · · ^ • Dxsc:0 vlR:S•_^NE:yiFχ•E•S·,ME. / ^ • I
E OECE donnait des inftrudioiis pour leieun^ . i
^ M W ibldat,eicrit, quVndesprenijersôiprinGipaux · • , 1
^ ^ ^ ^ préceptes doit eftre, Qi^àrinftantiqu'îl donnera • · —
vnçoup d'efpée à foiîreiinemy, il-feïfçacheîcpu- ,
tirjrfiàpropos,qu'i:lfepuj|reeiApiefche^ i.", u,,. ' |
de donner. Ceux quife meflent de brocarder ,.iiegauirpr&• ' î
puntilkr,font tout au.contraire deceij: enfeignement,parce
que le plus ibuuet ils ne donnentattainte^qùivaillej&iônf [
beau jeu pour eftre jtoueh€?-:,çaçquisfPudra d'vnçfpni rç^ lesparoies ,degauf-
^se allerdifcourantfureequieft arriué^plufieursenfem- iÏÏuentàrin^uÎf"'
bkblefujetiil treuuera,quek,splus viues4itaintes,lespsiïo^ auTr^uLge'deèÎ v
les les plus picantes & penetrarites, font tournées à l'iniuré, P'®"^"'·
& au defaduantage des prouoquants,&: non des prouoquez;
tellement qu'il arriue à ces gens^à.comme aux cheuaux
J^gneux,.&,quiaymenr:àregimber&ruerj^ , , , , ;
i»^nairementplusdee^psqu'il,rt'end^^^^ - !
ae MaÎeij0nC:,.%mfeÎ6gawireBP^fl»ppUS PhîIîppasRoy ¿e
Megalopolitam, à caufe de k confoianité du nom, l'ap^ Macedone, fe gaufsSt
' ç ^ ' ^ dc Philippas Mcga- i
O S s s
f
•k

-jxi DISCOVRS POLITIQVES,
iopolitaia. k moc- pelkRoy,· & commàndaàfcs gens de le faluer du nom de
quctie luy tobadef- ^^'y. mocqucrie luy tomba deiTus, receut luyïnei
me TafFront tout encièr,au grand mefpris & notable in-
iiirc de la Majefté Royale : cat lé Megalopolitain luy rendit
T.iiut,iM.6.deead.4. fon cWange dc mefme monnoye,&: I'appelk frere.
î "Ce fera donc vn fageaduis parmi la communeconuerfatîônV
que œluy qui faid profeifion ordinaire de gauiTcr &
Ceux qui fe mènent pkifiinteris'en chàftie de foy-imefme,&: s'en abftienne tout à
de o;au(rcr, s en,doi-, , pijis.quê ce tt'eftpâs marchandife dequoy il faille faire
mekes!*^'" ' gtande prouifion, veu que dailleurs ceux qui font fi outreç!uidez
&: indifcrets de pafler par mauuaife couftume des
railleries aux mocqueries &: mefpris, s'expofcntà des périlleux
éuenements , principalement s'ils s'addreflent à des
Les Ccemonois fc hommes^ guemers & courageux. Les malheureux Cfemogauifans
des foWats nois s'én treuùcrent mauuais màrèhands, car comme lé nai
b fin'^^m« & fac- turcl d'vn peupkde ville eft volotiers infolent & babillard,
cagez par leidits fol- jjj auoyeiit piqué d'aigres iniures les fpldats de la troiiîefmc
Legion, laiifez là pour baftir vn Amphiteatre; ce que ks foldats-receurent
auectantde dëfplaifir de defdain, qu'à la
prepiicre occafion ils faccagerent &C mirent à feu &c à fang la
Tacitejlu-{Ides hijf. vilfc de Crêmohê, Mê^'· 'tértiadedmaaos àdtxtrttendum amfhithap.%.
jteMrumfeÎiff/syVt/îtnfp^
Tacite, ;
les gens de guerre -ii LeJfemblâbie artiua à vlie grande troupe du peuple de
rr'&SÎdÎu Rhiie,qWîiOïtis ait deuant de ÎEmpèreur Vitellius, fO mit à
pi^ulafe." " ^ ^ ^auflh^'j^fe m¿«querdes
driefs où ceintures ; demandoit piiis après où eftoyent leurs
|)èndaiits d'èfpéé : mais les gens de guerre non accouftumez
" defouferfelksiriiures,railkrksÎGUtragexS,&indigni
' I . chiiFgéreilt fi gâiilardcmentàGiOû'ps d'efpée
' Téntcnpicce§=vî$feonn;obrei, entréatitrësy^^^^
1 d^vnfôldaÉ,a-ceompàgnàntf6n fils,&: fans cet inconuenient, .
on n'euft pas fi toft'cefsé de tiier. La fentence de Tacitefur |
ëcfte matière eft belle & menVorable , mlit liidibmrn infi' ?
T.,eif.i;u.i.deshift. /i»/ifliz^ft^i/i^ii fe'oÛ
couftuiaé ^eurptfsïfûppoH^
7 • •aucCclcsgêni'd'é^Gè^&poutcaufei.·?.; , m-;^:, v;.·' · •
. . • • ' A u

E T MI LITA I R EÍS, L TV R E X. 713
Au tçmps de nos percs^onii'ébahilToitpourquoy Eabrice
Maramaldo Eipagnol t aùoit poignardé^ contre le drOi£t de
Jaguçrre,leEerruce, brkieCapitaiiicFIoÉentin/íbnpriióñ- |
nier,& diibit-on,qu'il 1 auoit faid,parce iquc ie Ferruce auoit j
auparauant fâid pendre vn trompette, que Maramaldo luy
auoît enuoyé auec certaine depefche : avitres difoyerit, que Guichan/injiu.io.
ïexcremie r'egrccque Maramaldo recèut de la lïioTt-du Prin>
cc d'Oreiige,tûé à la prinfe dû FeriuGé,en;eft®îit la catife, ;ire
pouuant endurer qu'vn . perfonnage tant inférieur à ce magnanime
Prince lúyfuíruefqUeuft, eftant caufe de fa morti
maislaveritéefttelleiqu'eni'aflautde Volterrc,Maràmaldo^^'^»"'®''iopo'g'»rauoit
efté mocqué, gaufsé,^& iniurié par ies foidats du Fer-tfX^
ruce, lefquels faifantallufio du nom-de.Maramaul (caráinfi mocquczdeiuy.
appelloit-on communément le Maramáldo)' auoyent faid
miauler vn chat,le luy monftrant par déifus les murailles.
Les rebelles de Liuron en Daupliiné , firent femblable Liutonefíantaffiegé,
traidà vn Marefchal de France, car s'afiTeurans fur la forte4 l"ift2ïbou?d'yr
reflTe où ils eftoyent enfermez, &: fur les intelligences qii'ils pique'vTchaT, vne
auoyenten rarmée qui les àifiegeoit, ils firent paroiftre fus » ^ «Je
vne tour,au bout d'vne pique,vn.ehat,vné moufîe,^ vnfei d'T M^lcíd'Á Z
de cheual (hieroglyfiquesridicuks & de petiteiriuentibn)
crians à haute voix: Marefchal, ce chatne fe prend pas fans
moufle:mais fi les aftàires fufiient fuccedées du bon biais, ils
euifent bien fenti combien le marteau d'vn bourreau eftoit
pefant, fe fes tenailles rudes fe fortes pour arracher les grif-
fessde leur chatjfans feferuir d'aùtrenionfte, que de lamain
nue de luftice. Le foldat né fe doit point mocquer du foldat Les foidats ne fc doîfon
ennemy, cela eft de mauuaife grace, fe meíTeant à vn "" «"»«^sn»' des aubraue
courage. Là où le fer doit eftre arbitre fe iuge du d i f - "
ferent, les miures, le babil, a¿ lespundilles de la langue ne
doiuent point auoir de lieu.Le foldat iniurieux ne retire aucun
aduantage, aucun proftit vfe moins d'honneur defemblables
iniures; au contraire, il prouoque fon ennemy à plus
d »rc&de courroux,ô£ fert de queux ou pierre affiloirè pour
cguilet le tranchant de fa coleré ril vaudroitmieux eftayer
parprudencc&modeftied'appa^ferLafureur,.&reíl·oidir ,
on courage. Ceux; qui s'elîouyffçntapres auoir debagoulé Us paroies ipmik,
torce paroles,nefontpasgrandfrujdîilsprefententàleut
Ss s s .2.

:
714 DISCOVRS PO LIT I QTES,
ennén-iy^pac leur ibttife indifcretion, ce que par rufe militàirèil
luy faudroit öfter &5.fouftraire (ii faire fe pouuoit) a
tçaboir;rènûie'5eMh^atttaièlk-de .vcnit.atßc. niaias
fctables>ioyri ô¿ xcpouyflanees, quiii ôi^î autre motif, que
d'auôibagaisé Î enufemyi, luy auoir faid mille reproches,
.ii,..·., V ..vu ¿aancisrde'màâkEa»
.c;^, i, >. . âjiiîépohtircil iûDfEjnéam fadx bruiédaiis l'-arriiée d'OthoiT)
v-uer verîtabloifefeheriê, qui reudic l'efprit des foldats; tout
; ^ß. troublév&rlcur .corhhàt beaucoup'plus lafche & moins ré^
foid;aùiapbidirerit4lf labataille;ïJferoit'fflieuxd'im^
ëHl'amôfcicaneîhisfquelquëfôupçbn, opinion
iâeâncEvde;jalèUr& de reiblutionuuagnanime,pout! k
coura^er d'-autaiiary S^ nonpasdllumer dauantâ^ dëf-
, ';„·•, r .-J ' daih, Scieur collerez iîdcles miniftres de la vaillance, ôi
Les Rbmains n'ôVia- l'bardieîfei 1 Ainii lifonsrnous, qiie iamais les Romains n'a-*
Jf^faÄ^Ä- uoy«nrdio^rikucuneguerfeplusiai|)resvplusfurieux, pïfus
jeneîiis V à ' ça#e; dé ctucls ,· ÔC pîus .achatnez au îf ombat q^i'ils furent contte ks
aRrâS&ÎÎi^i! VSè jcntil^^ cftépat«has omragez.Si:;iàiûctessattti
• ^ belkißfeBiorRorma^^^
wfl/fi ijijrfcflrÂ4«iWffi.Et peu apres le fage Hiftoriographe,voulant
monftrer qucicelan'eft pas vne adion digne d'vn foldat,
il dit^ Qußks Vejentins eftoyeiiténneïùïs pkis aiîidus j qüö
vaillanfe redoutez,. 8£ qu'ils- irritoyéhc plus les RomaiïiS
Làm'fme. auecyufsiπiol;cí)qu^a¡ιlecieürs'ärmesiD'oü•refulte,qu^
faufpoiht gaoifer ny pundiikr fön compagnon à
' ' ' ny femoC'qucr du foldiit reuenant de la guerre, ny lof s qu'il
.. .îw eft qiueftioade difpùtcvàlie'Grefpée.Îlne fa«utpoifi^
Vn Prince ne doit gerÎbiïîcOuSrrbiiEC HueclaiàBgôe·,·Sc-nV-à adii®n ny depôrÉe-
Î7ni«es7nXïn «lenc^rtt oormi&m&àit^^ vn PtMeè ,^üed'vfeii Ûtittti'
autre Prince fon en- blafekk· railleries j
Prîacefoticnncmyi { Ç'eft'donG'à tefté rafen, que le fufdit
Roy Philippusteft^Tcpcins par k:pKudent Titë Liuè , de tç
Le Roy Philippus qu'aya'nt.DÛyîcjtKsiPhenaas i^eeut dës '
l^'Âdè liWeâfiotôdeiœpllÂitèj^'e'èîÊiîft^^ aifts
ä^ntvjpëûdoiç loyèBtîmimix.qqeIûyiîiîïÂ|i

ET MILITAIRES, LIVRE X. 71 F
qu'vn aueugle le verroit,Ijrocardant Phcneas,qui auoit mal
aux •^cnx^&'erat dicàcm mtura^qitnm iRegem decet,àiz Tite Liûè.
Or de ia nature il ciloit plus .gauiîèur en propo5,qu'il n'eft
feant àvn Roy, voire tel, qu'en parlant de chofes de confe- r.te tiue Uur. ^.âé^
' ouencc,il ne fe pouüoittcnir de rîrë. Et fi les railler ies, gauf- .
1 ' , r 1 M T^ · s , r Les gaiiilencs eftaus
feries , 6¿ brocards font, prohibez auxPrinces , a plus forte prohibées aux l'nnriîfonleférontlés
èôhuicés>• léâfépirOchéS, lesoutSges,'i|
îBîurés atroces.; S'ils ne Véulétit iniitér détiicPritícés 'iiifa- ks'^iaimesf'^"'^
iméS,vÍcieúx,desbauéhez,diíroülus,8¿ qui firent vne fin feniíblable
à léUr mauuaife vie,Vitellius,& Othmi,^«

7II DISGOVRS POLITIQVES,
Qu'il eB Ion ¿ti jptyer le courage de l'ennemy par legeref
ejcarmouthesypremier que yenir à la bataille.
DISCOVRS DIXIESME.
La memoire des ex, ^^^^^ N nc pcut trop fouueiic faire mention des homceiiens
hommes ne gÇHjgJ mes valeutcuxdans les efcrits,qui doiucnt eftre
doit lamais, perir. blCai^^^ii , , , ~ • .1
^^^^^ la lumiere des gouuernemens cluils : parce que
la memoire des perfonnages excellens ne doit
! iamais perir,&: que lerecit de leurs faids fertd'eguillon aux
grands courages, pour les imiter.Outre ce que l'occurrence
des difcours me contraint de me feruir de ceux que mon
Tacite me produit. Se faillirois lourdement de changer, Se
diuerfîfier les noms. le parleray donc fouuent d'Antonius
: Primus,perfonnage de grand merite,homme vaillant,&Gapitaine
fort renomiaé au party de Vefpaiian. Gy deuant ie
I'ay fouuentesfois cité aux autoritez de mon œuure, ores ic
... diray., que tandis qu'on confultoit de la maniere de donner
la bataille aux Vitelliens, il donna à l'impourueu dans leur
Gorpfdegarde : & ayant eifayé par vne legere efcarmouchc
leur courage, la meflee fut départie fans aucun aduantage,
Tnehftmr.i.ieihi- leni fralto animis ex acjuo difcejfum. Gcrialis fît le
fitirts,ch»f.x. mefme contre Giuilis,telorum iaStu, ayant eifayé de
Jetter quelques coups de traidsrparCe que fon armee nauale
Liur, des hificires, eftoit inégale en nombre à celle de Giuilis ; mais elle eftoit
chuf.y. pjjjj fofte^ mieux garnie de chorme, mieux apprife, compofee
de plus grands nauires, Se fournie de pilotes mieux expérimentez.
Philonice difcourt,Si auant la bataille generale
les petites efcarmouches fe doiuent permettre, Se fî elles
font neceifaires ; demeure en opinion, que le proiit, Se
dommage qu'on en peut attendre, foyent égaux Se fem-
; blables : en ce que, fi noftre armee vient à vaincre, elle en
deuiendra plus refoÎuë& confidente 5 mais auifi venant à
cftrevaincue, elle conceura plus dc peur&d'efpouuantc.
Parquoy il veut que telles efcarmouches ne s'entreprennent
iamais qu'auec vne ferme efperance,& grande apparence de
Vidoire : ne confiderant pas, que celuy qui va eifaycrfe tenter,

ËT MILITAIRES, LIVRE X. 717
tcr,ne fe peut iamais promettre la vidoire tout à faid.Et que Celny qui va efTayer, 1
-fi cela eftoit, il nc faudroit pas s'amufer à des petits & legers ^ y. |
' I « 1 It 1 peut proniertre
combâts,ains faudroit donner la bataille generale.Que cecy la viíioirc tout à ¡
foit vray, nous le voyos par l'exemple du Didateur P o f t h u - .
. rr , J ^ · sr TiJ J. 11 r . Pofthuniuis perœstmms
Tubertus, qm permettoit a les Ioldats d aller louucnt toit à fcs foldats daià
l'efcarmouche, à fin de faire comparaifon de4eurs forces fouuent à lefcatauec
celles de rcnncmy,5¿; conceuoir efperanccde la vidoi- " '
re tôtalc,itf»i4/

DISCOVRS POLITIQVES;
fonder leur coitrage, kii prdits yqmd hoBisvittute fept, & quid mstri auderent
& celuy. de fes foi' cUtahAtuf. Et CQmtien que par fois on perde en ces petits.
^¿TflrJiur. 1. de U combats-, la reputation d'vn braue Chef n'eft pas pourtant
guerre des Gaules , pcrduc ;: Car fl ainfl'eftoit, celuy; qui auroit vuc fois cftc
3· · vaincu, ne deuroit iamais plus vaincre ; au contraire, ce fera
C'eft vn prudent ad- to.ufíours vntres-prudent aduis d'hazarder la partie, pour
uis, d'hazarder^^k coiiferuèr le touf. Etlesremed.es ,femoyens dé ;fe:releuer,
apreseftrecheu ainfi doucement, ne manquentiamajs : car
les hommes de bon fens, experimentez, Sifages, treuuent·
• Vne, legere perte, toufiours aftes d'iexpedienS. .loina que bien fouuent;vne lepeut
eftre l'occafion were perte a efté l'occafion d'vne grande vidoire, comme il
•dVne grande vdor- ^^^l'exemple du mefme Çefar, lequel ayant perdu,
ejfer ayant perdu j^on eii-Vile petite e'fcârmouche, mais vn peu moins qu'vne
I^deFetera Sîôu- bataille ( car en icelle, outrépkifieurs Cheualiers Romains^
«oit emporteti vne furent tuez neufcènts ;foix;aiite foldats, cinquante Tribuns
l«"temt£s!qu'iri militaires , trente Centurions , trentedeux drapeaux perapporta.
dus, &L quatre cents hommes de cheual ) il ne defefpera pas
^ÊlJei^lchti.!'. neantmoins de pouuoir emporter la derniere vidoire. Les
gnerre , . priiit., furent, Que premièrement il exhorta
û^i Í fes foidats pardouces & amiables paroles, de ne s'eftonner,
ny fafcher du dommage receu. Ce qu'il leur perfuada auec
tant de raifons,auec des difcours remplis de tant d'emphâfe, '
de bon feiis,que tous émeus,ils vouloyent à l'inftant
mefme retourner au combat, fans vouloir partir du lieu ou
' ! V - · ils eftoyent,ny s'éloigner dû camp de Pompee^Ce qu'eftant
aduenu felon l'intention de Ceiar, il; pafta au fécond remede,iugeant
eftre neceifaire de mettre quelque inrerualle
entrede-ax pour les rafrefchir, leur donner efpace de-rezkmefme.chapi';.'
cueillitleursefprits,&.reprendtèùouueaucourage^^'í^«^!^
i Quand vne armee eft merponendym ad mmndai ammos-fUPAkaf. Attendu, que quand
V ' de b euT armée eft eftonnee, il la&wtfpremkrement aftrandiir,
a ra )ï e a peur. dc la pcut, puis tecedofe qu-felq«é figne certaifl}
' qu'elle l'aye abandoriné,& quittéî&oelafaid, kmettrede
nouueau à l'hazard du combat. Cela fut Bnfi.prattiqué par
k Confuí Marcus Horarius;,. duquel il eft; éicrit , C^e par
kgeres courfes, Si efcarmouches il aucrit, êxercétiès ibÎ:àîtSj
• . pour les acœùftumer à s'áífeñrer. en leurrpro.pjC)T^^
hardieiTe,pluftoft qu'à fe reifouueâair de l'ignominie receuc
fovts
• i

ET MILITAIRES, LIVRE X. 719
fous la conduitte des Decemuirs. Et pour autant qu'aptes la Tzhtejiu.^. dec^th.
perte fufdite, ilfalloit neceflaircment que Cefar delogeaft, ¿îlllToïeÎaΫ
ii faudra confiderer ie braue ilratageme qu'il obferua en fon vn braue ilracagctce.
'deflogement,6£ fa merueilleufe diligence,qui furpaife toute
humaine créance, à quoy tout General d'armee, qui fera cefar.ii.j.deUgusr,
tombé en femblable infortune,fe pourra regler. ' : recimU.chai.i^.
Quintus Fàbius,Didateur, ayant fai£t quelque perte contre
les Samnites près Lautules, retint quelques iours fes foldats
dâs rènclôs duCamp,reffemblant pluftoil à vn aflîegé,
qu'à vn affiegeant, par le moyen dequoy il leur fit auoir vn I
tel repentir de leur faute, qu'eilans fortis au combat, ils ba- |
taillèrent comme des enragez,ô£: deifirent leurs ennemis. Et TMue,Uu sJeiitd.u |
peu après Tite Liuémonitre, que dans les pleines de Cam^
panie, les vns & les autres s'entretailereiit,/^«¿¿'««/'r^//« , par ià
legers combats petites efcarmouches : mais quelques années
auparauant, les foldats qui auoyent pafsé fous le joug
aux Fourches Gaudines, fans vouloir efcouter les remonitrances
de leurs Gapitaines, âins poilpofant toutes autres
confiderations à l'efcorne par eux receuë , allèrent charger
leurs ennemis, ¿c taillerent en pieces; tout ce qui fe prefenta tà mtfme.
deuant eux.
ie ne fuis pas d'aduis qu'il falle perdre vne fois, pour vaincre
vne autre: mais ie dis que c'eft le fai£t d'vn Capitaine var Vn valeureux Capileureux
& fage,d'effayer de perdre en telle faç5, qu'il puiife
finalement vaincre: mais non pas perdre en telle forte, qu'il puW^'à^ k^fin vamne
puiife iamais plus leuer la tefte. Que fî l'infortuné Dom ,, '
c L n.· T. 1 -r. 1 n. ^ ^ · o 1 J DomSebaftien,Roy
iebaitien Roy de Portugal,cuft eu ces maximes & regies de de Portugal,pour n'éguérre
en recommandation, quand il alla aifaillir le Roy «ndre les maximes
Philippes, il n'auroit pas coduit à la mort quafî toute la No- (juj^ f^utf îa^ Nobleife
de fon Royaume, eftant chofe hors de doute, qu'en blefl'e de fon Royauharceilant,&:
efcarmouchant l'ennemy,on defcouure beaucoup
de eirconftances,d'accidents,Si: de preiuge!z,à quoy on
peut pouruoir,amendant les fautes,eorrigeant les defordres,
& prenant des occafîons qui ne fe peuuent plus faire après
que l'on n'a plus que perdre. Il faut donc qu'vn General Vn General
d armée elfaye par petits combats, de recognoiftre la bonne com^«' de^ rrc"
yolonté & les efforts d'vn nouuel ennemy, auant que venir ^^o'^re ^es efforts
• a la bataille, à l'exemple de S cipion èc d'Afdrubal (que i'ad-
Tttt

DISCOVRS POLITIQVES,
jouílc aux precedents pour confirmer ma propofítion ) afin
de fe gouuerner auec luy cn toutes les occurrences de la
guerre, felon la difpofition où il l'aura treuué à Teifay, & i ugeant
par la laicheté ou mauuaiie milice de íes ibldats, de le
Quand î£ commcnt pouuoir furmonter & vaincre.ll s'haftera de luy donner ba-
' TcrbSciu ntr caille;&: fi au contraire il le recognoit gradguerrier, homme
beiliqueux,& bien obey des fiens,il tafchera de prolonger la
guerre, prendra fon temps ¿C fes occafions. Ce qui eft du
vray office d'vn fage Capitaine, ainfi que i'ay monftré au
quatriefme difcours du prefent liure, qui fut la caufe que
Q^intus Fabius donna confeil à M.Liuius Salinator,»i/»r/wsf,
T.üHt.liH.y.deead.i. quàmgenMhoftium cogmfceretjemeremanum cmfereret,G^\ki\ prin
bien garde d'hazarder temerairement la bataille:mais qu'auparauant
il tafchaft de recognoiftre à quelle forte d'ennemis
il auoit à faire.
S''il ejlyray ¡quiifaille faire pini deBat de i^infantem^
que de la cauallerie.
DISCOVRSONZIESME.
La force des Sarraa- LVSIEVRS pCUplcS font braUCS foldatS à chc-
¡ tes & des Parthes,c5- V ^^^ uaLcommc ciloyeut Ics Sarmatcs, la force deffiftoit
en la cauale- ^«bii^ , rn • i //w eqM'
Tacite,Iiu.-i.deihifi. ^ ^ ^ ^ tum,qtiafila valent offerebant. Et les Parthes , atque
' Lmr.6. des aìtaaies, ^^^^ foU in equite vH, lapuiifancc defquels ne git qu'en leur
chap.i. gendarmerie à cheual. Plufieurs autres font bons foidats a
" les Romains^tiioyc-t pied,comme Ics Suiires,8£ jadis les Romains : mais d'examibons
foidats àpied. net dcfquels il faudra faire plus d'eftat,à fçauoir de la cauallerie,ou
de l'infanterie. l'eftime que ce ne l'era pas vne petite
difpute. Si malay sèment parauenture en pourra faire tirer
Les Parthes eftendi- vne refolutioii Certaine par les exemples , veu que les Par-
S i Caí UrÇ^ies ^^^^ n'eftêdirent pas moins leur Empire aucc leur cauaierie,
Romains le leur auec que les Romains auec l'infanterie ; joint que les Romains fe
1 infanterie. feruoientauffi de caualcric.Il faudra donc venir aux raifons:
mais parce que Philonice difpute fort fur cefte matière,^ fc
fonde en grande partie fur l'audorité des Romains, vouLínt
premier par leur exemple, qu'il faut faire plus de cas dc l'itír
fanterie.

ET MILITAIRES, LIVRE X. 711 i
fariterie^que de la caualleriejîi fera neceiTaire que ie monftre
pourquoy les Romains fe fondèrent pluftoft fur l'infanterie. !
A la vérité cela fut premièrement par neceffitéjparce que Les Romains voudelîrans
quetous les Citoyens fbil^^nthommes de guerre, ^ î
&: ne pouuans tous auoir des cheuaux, ains feulement la de guerre,
moindre partie d'eux ayant moyen d'en auoir,ils furent con- :
traints de compofer leurs forces d'infanterie rear Romulus j
ayantdiuisétoutlepeuplecntrenteTribus, fit feulement TMHi,îiu.uduad.i.
trois centuries de caualerie. Et quand Tullus Hoftilius re- |
ceut les Albans enla bourgeoifie de Rome,ilaccreut bien le Í
nombre des Cheualiers, en ayant creé dix compagnies de |
ceux d'Albe:mais auifi le nombre d'infanterie, pour remplir
les Legions,fut beaucoup plus grandde Roy Tarquinius n'y Là mefme. \
changea rien, feulement il doubla le nombre des anciennes
Centuries,à ce qu'il y eut mille huid cents hommes de cheual
en trois compagnies.Seruius Tullius,qui donna la vraye tà mefme.
forme de viure politiquement à Romc,tant aux chofes de la Tullius,donpaix,que;^de
laguerre iugeant à propos de diuifer&com- vTul'eToüciSíem^íc
partir la-bourgeoifie felon les moyens Sifaeultezdechaf- «chofes de paix u
cun en compofa cinq claifes, qui contenoyent en tout cent '^''S»««·
nonante-trois Centuries, defquelles les quatre vingts, qui
faifoyent la premiere clafi'@,oftoy et du plus grand reuenu,&:
de toutes il n'en y eut que dixhuid de cauallerie, en precoptant
celles ja ordonnées par Romulus auparauant, &; eft
chofe remarquable (pour ce qui faid à noftre propos)qu'encores
que • le nombre de la eaualerie fuft fi petit, au refpeâ:
des gens à pied, neantmoins il les fallut paye* des deniers
publics, aifigner pour leur entretenement les rentes dc
certaines vefues,afl"cs riches, pour fubuenir à cefte defpáce.
it a fin qu'aucun ne doute que la pauureté des Romains ^^ «"f»"·
eftoyent la caufe principale pourquoy on ne crea dauantage
de troupes de caualerie, i'en produiray icy vn tefmoignage
en la perfonne de L.Tarquinius, Patricien de race, qui fut
«ee Maiftre de la caualerie par Lucius Quintius Cincina-
.nu· dit,qu'à caufe de fa pauurcté,il auoit toufiours Liu.% decad.1.
' fuft eftimé le premier guerrier de la
"ccacs Romains, que l'infanterie foit preferable à la ^»'«»ins·
Tttt z ' 1
i
i
• ••-i

DISCOVRS POLITIOVES,
I cauaierie, puis que ie monftre ja clairement, pourquoy ils fe
feruireut pluftoft dè l'infanterie que de la caùalerie.De pro-
Î p o f e r que les guerres fe commencèrent premier à cheual
qu'à pie d: mais que les Généraux des arm'ées ,• &C Capitaines
. particuliers vs'eftantprins garde que l'infanterie eftoit meiL
leure que la cauaierie,ils fondèrent le fort de leurs armées là
deflussiene le croiray pas legerement , &:.defîrerois que cela
Au eaa.me.Dcement ne fuft mottftré,parce :qu'au contraire, il fe peut iuger autreles
horarjKs fe font ^^^^^^ ^^ le fens iiatuirel, eftantvrafT-fémblable-.qu'au com--
Ï^^Îctur"' mencernent les hommes fe font ;pluftoft battus à pied qu'à
cheual ; l'vfage de ce noble animal eftant venu fort tard,
encores après qu'on eut cognoiifance de fa docile nature,de
î fon addirefle, defon courage. Side fa force,, il lè fallut dom-
' pter,le rendrè obèyifant à la bride, fenfibleà l'efperon {ce
i ce Pline attribue au genereux Bellerophon ) puis commen-
' , cer à combattre deifus ; auifi ne vois-ie point de bon fondement
en la raifon qu'il dit,Que l'homme à pied peut aller en
L'homme de cheual beaucoup delicuxoù l'homme à cheualne peutpas aller;
peut aller où vn bô- femblant tout au rebours,que le piéton ne peurpas aller
mc^ de pied ne peut ^^^ j ^^ l'homme dc cheual va : quand on ne peut
pafler à cheual en quelque endroir,il ne faut que mettre pied
à terre, comme T. Quintius ordonna aux trois cents genf-
Liu.z. decttd.^, darmes que le berper,enuoyé de Gharopus,conduifojtpo
gagner la fommité des montagnes, où eftoit campé le Roy
Philippus.- Et comme les Gallogrecs fçeulrènt bien faire en
vne certaine bataille, qui pour ne fe pouuoir feruir des cheuaux
parmi des roches mal v-nies,- enuiron dix mille de leurs
Liu.^Jecud.^.. gens mirent pied à terre, eejumtumquia eqaorummllm interin-^
fiqudes rufes vfmerat^adpedes deduBumJeammiB^^
i: où le foldat qui eft à pied , a befoin d'vn cheual s'il n'ena
point,il manque de cefte commodité: - •
< A laverité c'eft faire vne grande iniurè au ehpual,de dire,
qu'il eft bien diiîicîle de luy faire garder fon rang, &: obferuer
vn otdre,puis que ceux qui ont efcrit les louanges de ce ;
gentil & vaillant animal , racontent tant de-chdfes de
Excellences & vti- dOcilité, de fa facilité, 1 de fon obèfifanee·, • ôi. del'untelleâ:
litex du cheual. quafi raifonnable,qu'il a en la cognoifîMice de la.voionté,^
' • du/conimandement de fon rnaiftre^j bien fouuent au feri'
. , . timenc

ET MIïLITAI;RES,rLi:^RE.X yzi
timent .qu'il a 'duvpedlc, iOjif maiftre· eft:,í6duif , qttìì
femble que la nature l'ayei pEódiuit aiuft .àçiompliy j:^ bieiï
condicioun4pour eftrecompagnQijded'liQm^^^ âeAi.tré Belles remarques,
tant de cbeuauxil·s'en•retìO0äpιí:ce•des kjfcbesii&desiçoit, [""¿^üí I
r a g e u x , & q u e l e m u i a í ) e i i x f e i r é u & e e u . . t t e l e s " i a m b g í ^ ^ ^
ioldat debile&fbiblev&le cheual Jâiçlae;Cbusv» bo^ . . . h v - I
vaillant & belliqueux deJfaçoôiquc paroietîçe .epnficariete fn.·';; yn;·;;, ',' j-ij
difcordançeouvueille ρx'éfu•ppofòr ,q«'jl •Ve^L^^ L^VÎ! -
defordre:>vneimpuiirance,5t'quaa:é-«ô '
pourquoy l'on me dit au contraire:, que cela cft p'KjilöÄv^^ ^
grand aduantage, parce: que-le foldat braue hazardqux, i
ie.tceuuantempefchéd'vit>çhéual lafche& pefíntíLÍiejmaí^^ -
querapas (-eftant defireux
tré pied à tprrè quoy &iikit ; ilntó fí^.tf ¿uueca. ^as-^ p^lß
eftatquell'Mfantaífin.íMais lefoldàt débil-eí,j(2pm
ble, eftant mbnte à l'àduantage fùr;vn-chesd'al Eirieu^^^^
bon, ferá parauanture tranfporté aumilièu deil'ennemy iierù
il pourra^nialgré foy faifcddes fai£bív>aieiíEe0X¿óí)dtga^^
memoire, qu'il ne ferpit pas deifon prépare 0^QιiU'erbìêatàI^)o
. 11 jeft bors de C9rtfiderér,iÍDn .vj&l,ii3aaisipliifîeursexen%>ki
des Romaiiis- , pour faire voir'4,ue\ leur¿Gabalsn^ Les Romains faipied'à
terreni Sû'combattoiiE: âuec lUnfantède elV,plufieurs, ÎXJ^à'îgï't'Sè^
occáfioás:Au:iacUegil·k!,'lç>BiétatsteAιdu;S&oft iiè,pout-'-cômbâttrc
voyant fon .Infánrerie recrup ^icisuiutviia. Caualeríe',3ltíy
commandarnettrepiëdîàterpei'&ieiitreK-^u copbat.^:^ ' •
guerre des Sabins ^ k GoufulVakrivis fitjfnettre pie.d a teîJïe Liur. i'ièeàit i,, ,
à fixcentshoáiriies de deuxLegionsSexcus Tempanius-en
fit autant contre ksVolfques,& fans'cek: tout efbit perdüi
Sous laDidature d'Appius ^
Tttt 3

DISCOVRS POLITIQTES,
contre

ET MILITAIRES; LIVRE X. yz-f
fent allez à cheual, au lieu de les fecourir,^ ils les euffent ter- Tiu Uut lian t • if'
raifez, S¿ foulez aux pieds confufé ment auec leurs aduer- '
faites^ L'on void hien en quelques vnsdes lieux fufdids:, ce '
que i'ay cy deuant allegué, Que l'homme de cheual peut
mettre pied à terre ; mais que le Piéton, n'ayant point de
cheual,ne peut pas monter deifus en cas de neceifité. Au lac i-a Caaaiedc Roi-
Regille , quand la Caualerie Romaine:, ayant mis pied à
terre, ciit mis l'armée ennemie eh defordre, chacun reprint & mie en defordte'
foudain fon cheual,pour donner la chaife aux fuyards, equi- •
tibui admotieqmiVtfrofequihosiemfoJJènt. Ce qui aduint auifi
contre les Sabins,que les Romaius^ayans rompu la corne de
leur bataillon, eques inter ordimsféditum, teéítufe ad eqftos recer u^r.^Mtaie u
les gens de cheuafeftanscouuerts entre les,gen^ de pied, , • •. :
retournerenthabilement vers:leurs cheuaux. Ces exemples . o ; - -·.
. ne tefmoignent donc pâs, . .
liez & gartotez. Ny le party prins par les Romains n'eft iiur^tj^cade.^
point au contraire , premièrement parce que les Confuk
n'auoyent pas commandé à leur Gaualjerie de mettre piedsà
terre ( commciPhilonice propofe ) bien que lé bruit en çour
ruft iufques.à Annibal. Secondement,parce que les Cheualiers
mirent feulement^ pied à terred'autaiat que Paûlus
Emilius, l'vii des Confuís, auoit efté bleifé, & que les forces
Iuy défailloyent pour conduire fon cheual, mißü fq0f:emo
equk,qumConfulem ad regendum jequum vires defidehamil all·^-.
L'autorité d'Annibal derneürahedonc en vigueur, pour
poftpbfér l'Infanterie àda:Caualerie:,&;ceUe des Romains
n'eftant nullement contraire, püis qu'ils n'ont pas prcfcifé
l'Infanterie par eledion , ains par nec-eifité. Il'réfte'quc
»'eftaye de treuuei: quelque autre .chofe cn faUeur de laCàïüalcrie;bicn
que-ce ibjttens doù^^ . ,·{; •
plus d'eftat,quedej'lftfanterie:ce qu'eftant plus que certain, \
Mus ;autresSéndeuoñs faire infinimepit plus d'eftime ,;puii- · ' "
que nous l'auous reduitte à plus grande perfedion. Et pour '
iufti

DISGOVRS POLITIQVES,
i Pieuue comœe -tes íaílifiGrí.alleraùec;la dixième Legion toute feule^ car de
celle-là il' 'lï'eii.-faifair »uMe idotite );Sâ qu'il»fa vouloit auoir
pou}: fa garde. Il' áduikgíb.üda.íntú^res, que Gefar fe voulut
aboucher aùee Aîi'ëuiflittSjfe'fi^iêlfiant pas tout à faid en la
jGêtidarnierlé Françoife ^ il; fit monter à ciieual les foidats de
la dixième Legion ,-àf fin d'âUoir par ce moyen vne Garde
feure, & fidele au befoin. ^ur quoy l'jín-d'entró eux ne ren-
fiftrfenikigS 'ÇonÉta pas mai à propospdifsséj QûbCèfar ^îfoit^plu^qû'il
rcfpea.querinfan- -n'auoitpas ρromis:qu'dl·áüóît4!)iêllidldVC^íl'fÊr^^ de celle
^clfar en la guene des ^^ Gatde btdîhaitejftiàî^qufe d^plusjil-ies· auoit faift
GaHies,iiHr.\.íhap.io, Cheualiers. Ce qui èonfirine du tout ^'que;l'ordre equeftre
auoit
Í

ET MILITAIRES, LIVRE X. jxj
auoic l'aduantage en dignité, ôc^^en toute au;tre chofe fur les
infantaiTins.
Que noftre Caualerie foit meilleure que celle des Rormainsji'eftime
que cela fe pourra fort aysément comprêdre, La milice à cheual
fi nous faifons voir que leur milice à cheual n'eftoit pas re- ^^ en Ta ^erfeaîon'
duitteà fa totale perfection, en quoy la noftre a raduantage; la noftre empórrele
Efpremiercment,que dirons-nous de leurcouftumCjd'ofleir P*^*/"'· ®!'«· „ ,
, / . , 1 . 1 1 · LesRomains oitoyec
la bride aux ciieuaux ? nous nous mocqucrions de cela, puis; la bride à leurs chequ'il
n*y a point d'apparece qu'on puiife tirer plus de feruice "aux, allans au com-
& d'vtihte de monter vn cheual débridé , que d'en monter
vn qui aura vne bonne bride: neantmoins la vérité eft telle,
qu'Aulus Cornehus,Maiftrede;Caualerie;fousleDidatcur
Mamercus,Emilius en la guerre des Fidenates , "commanda
^P®""^·!""?·
aux liens de desbrider leurs cheuaux, & luy-mefme débrida. '
le fien le premier, comme fit auiE Pului us Flaccus, difant j. r»v<
que ce parti auoit fouuentesfois efté dc grand auantage &
vtilité aux Romains, fans alleguer toutesfois autre raifon,
finon qué i'impetuofité: d'vn cheual fans bride eft plus;
ïmr.4,,de-
grande, · .>·'·•
Apres, n'auoir point d'eilriers ^ il femble que cela ofte au Les Cheualiers Ro-
Cheualier bcaucoup de fa force, &: de fon addreife, pour fTf n-auoyérpoint
. \ „ ,n . / 1, t r . deftneis.
manieratoutesmains, &; qu eftant priue d vne chofefi Vtile i
Sc neceifaire,il foit grandement mal à ibnayfe iur vn cheual. î
Ce que ie vérifié , outre plufieurs autres tefmoignages, pat
Aulus Cornélius Coftus,quand ayant combattu S¿ renuersé
Tolumnius Roy des Vejentins, il fut contraint pour l'acheuer
de tuer, de mettre pied à terre, s'appuyant fur fa lance,
!
tonfefiim ¿r ipjè haïta tnmxus, Çe in pedes recipit. Auifi ne treu- ^'«·+· decaJe i.
uons-nous point par les Hiftoires anciennes , Se nc voyons-; ^hafaf ' de^ l'EmpÎpas
en la ftatue du cheual de l'Empereur Adriar^que la felle reur Adrian, n'auoit
d'arme euft des arfons deuant Sc derriere femblables aux ^"dJie'fcô^^^^
noftres; & ne faut pas demander quelle aifance & aduatage, noftres.
ou quel défaut SL incommodité cela peut rapportenc'eft pa-
.
rauenture la caufe pourquoy les Romains ne fe plaifoyent Les Romains ne fe
pas tant encheuaux que nous faifons, n'ayant pas fçeu re^ - P " »
dhirpVo^t-J V I I 1 r r, · i^a^iy^v.» «^ aux cheuaui queno%
x arc ae monter a cheual en la pertection que nous l a- n'ayant fçeu troudet
uons,& pour n'auoir toutes iours l'ennuy, & le mal-ayfe de
porter les pieds pendiilans & branlans Mis fe feruoyent plus
V u u u
de le monter

yiS.· DISCOVRS, POXITIQ^ES,
fouuentik liétíeres quedcrheuauix. De là.vint, q^^
nes vint en la haine des Parthes, parce que fe tenant aux
couftumes de Rome,· oùil auoit efté nourri, il eftoit peu GU-
Titcite,Hu.i. dis A».', rieùx declveuauXjTi^wf^wiwwfiïw.au Contraire il feplaifoi
n»ics. «» "iwwes«- j'gjr^^-g pQj-j^ ej^ marchoit par les villes,
! ^quotici fervrhesincidentyhBicx gefiamm^ Et pour faire voir·
LesRoraams, pout ' aueG>vninuincibleargument,que les Roipains ne fçauoyent
«tSÍ^'fffeSí P^èjeàraànter.àchpual^j occafion dequoyils. fe feruireht
"i uoyent plus d'infan-'· plais d'infantérie qüe dé caualérie,recQuroiis à Cefar, lequel
tene que.de iaaak-iayancbefoin defe Çortifiér de gens de cheual, & ayant envoyé
;éh Allemagne pour en auoir '; puis ayant recogneu
i! quand'üsífurentarñuézj, qu'üs.n'áüoyeiit;pasde.bo^^
uâuK^iprhit ceux desOrribuns des foidats,autres Cheu
i' Cefar,li.i. de laguer- Ité^s Romaius. j • euicmblede ceux qu'on' auoit leué extirao
^^ 4ináirement,fe lesde^^
' ; Parles raifons,exenipres S¿ arguments cy deflus, on peuD
donc conclurre, que l'infanteriea efté plus commune,.&in
plus?grandvQgue.parmiles Romains , quela cauaierie, non
pas pour eftre meilleure : mais , parce qu'il leur eftoit plus-
' î commode: d'en vfèr, ainfi voulant que leur milice fuft com-
^ ' ' " pofee,non feulement des Patriciens &Nobles:mais aufli du
•i " populaire du plebeyens. Il me femble auifi auoir fuftifami'
· ment monftré, que la cauaierie des Romainin'eftoit pas re-
'· duitte à fon entiere perfedion,Comme rinfariterie;quel'ausi
dorited'Aimibaldemeure ferme ¿¿immuable, touchant la
pr.eferenc.eîdes Cheuahers aux Infan6afl[ihs;,&: outre tout

_ ET MILIT AIRES, LITRE'K. 7^9
riture Jerhofnme, doit toiiiraurs cftre pam^ bien que les que les viandes ex-,
pbaifansjles cailles,les perdrix,.Vautres viandes delieares &c ®f
friandes, foyent variées &: diua^fiées. Q^j de .mefme v-n vn Prince doit c&uf*
Prince doit toujours tenir fur pied vn bon ndmbre d'infan- fur pied
^ · .. > s r c r 1 - . 1- . - vn bon nombre d'interie^proportionne
a les'torces, comme rondemec ordmairc;.: fanterie, auec queipuis
iLdoit chercher de luy donner pour alfaifonnement q "es troupes de caquelques
braues troupes dexaualerie legere, &: des vaillans
hommes darmesi à fin de rcridre parfaidefa^milice : car aux
armées ,Jles cheuaux font neceffaires , non feulem.ent pour
faire les coruées, les' defcouuertes, les harcellements ; poui: Vtiiicez de la cauadonner
le gaftau.païs, pour fourrager,pourfuiure l'ennemy ,
qui fuit,pour faire teile,&combAttré la caiialerie contraire: - ^
mais auflî au pafTage des fleuues, rmiereS,v& rapides torrens,
faifant deux puiffantes files à trauers de Féaubien peu diftantes
l'vne de l'autre, à fin que l'infanterie pùiffe paifér par
le milieu d'icelles, fans courre fortuné de fe noyer; le Cours
impetuéux de l'eau eilant arrefté &c empefché par ce moyen^
.Cefar fit ainfi pafl"er la Segre à fon armée en EfpagncJlsfont Cefar.u.i. deUgu»encores
ncceifairespouraccouftUmer quelques infaiatafiiînsj
braues conteurs, à conibattremeflangez parmi eux, ce qui
faia des merueilkux effets. Cefar s'eft grandement
lemèlables combats, le Centurion (\Nauius a efté fort
eftimé d'auoir efté l'inuenteur de ce mefl%e;5i Vegece dit, ^•"«''''«•'η
qu'il eft de tant d'importancé v,que quand la-caualerk ennemie
feroit plus forte que la nQÎ|re,toutesfois venantà fe rencontrer
parmi vn efquadron compoçé de cefte fOrte,elle pert
fon aduantage.Cequi parut au faidrde Nauius,là où les Capouans
furet vaincus par cefte inueiltion,bien· qu'ils eùifent u
touliours eu l'aduantage aùparauant. ; ; . ! : ·
De plus,la caualerie eft necefiTaire,parce qhe par la prom- Neceffitezdu cheptitude,
legerete.& diligence du cheual i l'aduis des vidoi-«!· .
resides routtes, des iieceifitez du fecours, progrès des armees,&;
autres diuers éuenements,peut eftre foudainement
« fiaftiuement porté à ceux qui y ont interefts. Ge qui peut
cauler pour plufieurs refpeds, des grands.aduantages & incroyables
commoditez ; «¿voyons vn; tefinoignage de cefte
ftaitmete aux deux Cheuahets. de Narnia, iqui en fi peu de
tempsarrauerentàRome,eftanspamsdudeftroitd'Vmbrie,
Vuuu z
'y -

73° DISCOVRS POLITIQVES,
. . où l'armée eftoit , fe porccrenc la nouuelle de l incroyable &
tlLiueM,^r.%.h hfi,, miraculeufe vidoire de Claudius Nero, &c Liuius Salinator:
decade}. outre toutes ces confiderations, s'il arriuoit que nos infantaftlns
ne péuifent rompre les infantaiTuis ennemis, la cauaierie
feroit neceftàire. Pour faire ce que les Romains firent
I _ en vne bataille contre les Liguriens, auquel la meflee ayant
duré plus de trois heures, ians que l'efperance de la vidoire
panchaft. plus d'vn cofté que d'autre ,1e Confuí M. Popile
I . oommanda à ia cauaierie de montera cheual, &: ie ruer iur
j les ennemis par trois endroits,auec le plus grand eftbrt qu^il
I ' £«.2. feroit póflrible,ce qui luy donna la vidoire.
I Autres neceiTucz du NeceflTaïre d'abondant, à caufe des bonnes armes que
cheual. l'homme de cheual peut porter par l'ayde de fa montare,par
le moyen dèfquelles , quand il fe rencontre à pied, il rend
I meilleur combat qu'vn infantaflSn : Ce que le Confuí Mar-
^ eus Horatius fçauoit bien remonftrer par forme de reproche
àfoninfanterie enla guerre des Sabins,à laquelle il s'eflfayoit
de donner courage par la honte qu'il luy faifoit , luy difant, i
i que c'eftoit ver go gne, que les gens de cheual fiifent en cefte
i bataille leur deuqir 6¿ fadion , Si d'auantage celle d'autruy,
& que les piétons ne fuiTcnt pas feulement pareils à eux, qui
auoyent mis pied à terre, & combattoyent auec eux, mi-
£«•».}. dtendt I, cundUerateqmtem fito alienoque marte pugnare, peditem ne ad pedes
quidemdigrejfoequitiparem ejfe. Q^i eft-ce que i'ay dit au
commencement,que le Cheualier mettant pied à terrejfaid
l'office de l'infantaflTm , & rend autant & plusde combat;
mais l'infantaifin n'ayant point de cheual, ne peut iamais
faire l'oifice du Cheualier.
eftre mku^"!Qjie cette confideratioH, d'cftremieux armé quc leslnqu^nSínteti""^'
fantaflîns,foit de merueilleufe importance, ie le preuue par
les propos de cé courageux &L· vaillant Dixenier, Sextus
Tempanius,&parrefted qui s'en enfuyuit.Le Confuí Sem- í
- pronius faifoit faid d'armes contre les Volfques, au com- ;
mencement du combat, le cry des Volfques fut vif, &:fre- i
quent;celuy des Romains, difcordaht, inégal, languide, reiteré
à diuerfes fois, auec grande irrefolution ; faifans àft"^^
. cognoiftre que leurs cœurs eftoyent pleins de peur. L'ennemy
erideuintjilus courageux, ÔC donna furcüx,aduaíiçant

ET MILITAIRES, LIVRE X. 731 ,
çant d'vne main la rondelle, & chamaillant furieufement à
grands coups d'efpee. 11 fei^loit au contraire, que les morions
tremblaifent fur les telles des Romains, tournans la
veuë çà, 8¿ là, en doute, en effroy', en terreur , Se prefts à
gagner au pied. Les Enfeignes s'arreftoyent par fois, tantoft
elles eftoyent abandonnées, tantoft elles fe retiroyent entre
les files.La fuite n'eftoit pas encores conclue,auifi la vidoire
n'eftoit pas certaine,ny refoluë. Le Romain trauailloit pluftoft
à fe couurir, qu'à frapper. Le Volfque s'aduançoit, &:
preftbit, defirant voir plus de morts, que de fuyards. la de
toutes parts les Romains commcnçoyent à fe retirer, fans
que le Conful gagnaft rien à les tancer, 8«: encouragencar ny
majefté,ny autorité ne feruoit de rien, fi Sextus Tempanius,
Dixenier de Caualerie,n'euft d'vn courage prompt & refolu
remis fur pied les chofes qui tomboyent tout à plat,ils'efcria ^
à haute voix,Que les gens de cheual, qui defiroyent le falut
de la Republique,milfent pied à terre. Quoy ouy, toutes les
troupes furent émeues,comme s'ils euifent entendu le commandement
du Conful,&: lors Tempanius àiv.Nifihac amata Tic ^»«e /wr.
cohofsJîHat impetum hoîtium,a6ium de Imperio efi,Si cette troupe, ® ' '
fi bien armee, n'arrefte la furie de l'ennemy, l'Eftat de Rome
eft perdu, c'en eft faid. Bref,la chofe alla en telle forte, que
par la force de ces Cheualiers, bien armez, le combat recommença,
& dura tour le iour, auec tant de meurtre , que
les deux armees iè retirans la nuid aux montagnes, s'eftimerentvaincues.Et
fans la bonté des armes de la Caualerie, ,
combattant à pied,la Republique Romaine eftoit renuerfee
pour iamais.
En fomme, qui ne préférera le Cheualier a l'Infantâinn, J ^j!
par confequent. la Caualerie à l'Infanterie, ne préférera taflin.
pas l'homme armé au defatmé ; ny les places fortes. Si inexpugnables
aux foibles, Se dejóles bicoques ; attendu qu'en
adjouftant le cheual à rhomme,on luy redoublé la vigueur,
& la legereté aux jambes, qui courent plus bellement, &
Iafchement que celles du cheual. On adjoufte l'impetuofite
au choc : l'homme de pied, ne pouuant choquer fi furieufement
que l'homme de cheual, on augmente fa force,
pour pouuoir fouftenir pluS-long temps, aller,venir, courre,
Vuuu 3

^ , - - _
DISCOVRS POLITIQVES,
& faire autres chofes de plus grande haleine, auec pkis dç
vehemence que l'homme à f||d,qui eít incontinent furmonté
de laífitude, & qui flxpporte par ià foibleflebien peu
Noílrc Infanterie de trauail. A quoy i'adjoufteray , que noftre Infanterie,
n'e'ft pas difciplinee, ^'eftant pas difciplinec, comme l'a milice des anciens ; &c
comme la milice des r i . n -n i
anciens.& noftre Ca- noitre Caualêrie eitant meilleure^ accompagnee de circon-
"u'rla k'ir""'^^"^^ ftances, & meilleures quahtez q.ue la leur, il fe void trop
que a cur. clairement, qu'à plus forte iraifon noftre Cauaierie. eft preferable
à noftre Infanterie. Or que cecy foit vn argument,de
Marc Antoine.^ayant ce que la Cauakrie peut faire, que Marc Antoine ayant
dfxhuia LtaUie^fut vaincu les Parthes en dixhuid batailles , fur finalement
à la fin proche de fa reduit à deux doigts pres de fa totale défaire, pour n'auoir
déf^te^par fkute de ^^^ Cauaierie de l'ennemy : Parce (dit Plutarque )
viHturque en U vie que tcllcs viftoircs n'eftoyeiit pas de grand profit, d'autant
^^ manquement de Cauaierie empefchoit qu'on peuft
• pourfuyure la vidoircjny ioindre l'ennemy de pres. Et quoy
Remonftrance de que Xenophon, pour encourager fes foidats, qui n'auoyent
ÎoTra^tr fês foîdaK. P®"^*^ de cheuaux, leur remonftra, que dix mille hommes à
cheual n'eftoyent rien plus que dix mille hommes que
Tamais foldat ne iamais foldat ne mourut de morfure, ny de coup de pied de
de" coup^^pTed cheual ; que l'homme de pied alfene plus certainement fcs
de cheual. coups de loing, & frappe pIus Vertement de pres. Il ne s'y
XtnoîhmhHr.^. fa^^ pas tant arrefter, comme aux effets, qui de bien pres
fuyuirent fes paroles : c'eft que quand il luy falut mettre en
prattique ce qu'il leur auoit enfeigné par theorie,ii iè treuua ^
bien deceu, & grandement eftonné, parce que les derniers
de fesToldats eftans chargez par la Cauaierie des Parthes,
fans que les Parthes peuifent eftre oifenfez d'eux,il cogneut
bien qu'en toute façon il eftoit impoifible de paracheucr fon
voyagefanscheuaux. Partantj âyarit faia moyen d'en recouurer
enuiron cinquante, fait monter deifus des vaillans
Infantaifins, armez en hbmi^s de cheual, c'eft fans, doute,
que cela fut le falut de fon armee.
D - •
De

ET MILITAÎKES, LIVRE X. 735
2)el\nlité des Canons,
yelliques des anciens y grandement différentes des
noflresfaifoyent quaJîlesmefmesejfeBs.
DISCOVKS DOVZIESME.
^^^^Hl NTÔNIVS Primus voyant fes foldàts obiii- Gênerai
^p^mii^Sl • V 1 - 1 1. i-r \ /-I d armee veut donner
nez a vouloir donner 1 aiTaut a Cremonne, ne vn aiTaut, il doit er-
^^^^^ laiiTa en arrière argument, raifon, ny remon- ^
ftrance aucune,pour les démouuoir de cette fcmL"
entreprife. Et parce qu'il cogneut, qu'ils ne
vouloyent pas feulement attendre vn iour entier, pour faire
venir l'artillerie, Se autres inftrumens belliques, il leur dit:
Gladitfne, é'plis ferfi'mgere, ac[ubruere murosvlL· manmyojfent? T""·'* '««»··?· des hi.
Ils penfoyent que les hommes peuifent auec la main, auec ^JÎZtZ'f''''' """
leurs eipees S>c iauelines fapper les murailles,ou les penetrer.
Se percer, ou les efcheler, Sc furmonter, &: encrer en cette
maniere dans Cremonne. Comme voulant dire,que les Les cfpces,&autres
efpees, les iauelots autres armes de main, auoyent efté ^^ 3in,onc
^ · , \ . ' , efte inuentees pour
muentees pour combattre corps, a corps: mais que quand combattre corps à
on a à combattre des murailles, il y faut d'autres engins,
d'autres armes,d'autres machines. D'où s'enfuit, que quand
Titus vid, que lerufalem ne pouuoit eftre prinfe à coups de T'^"« ^^ toute
main,ildeliberadefaireceiferlesafl-auts,&repoferfesfoldats,
attendant qu'il euft faid iôuër,non ieulêment tous les
engins, que les anciens auoyent en y fage, pour l'expugnation,S¿:prinfe
des places fortes, ains auifi tout ce que les
nouueaux Ingénieurs auoyent inuenté.CorbuIon n'euft pas î· des hifietrei,
prins en vn iour le Fort de Volandum ( bien qu'il fuft ex- tZhliL 'pΫ en
cellent Capitaine ) s'il n'euft mis en befongne l'artillerie, vn iour le fort de
lançant des dards. Se torches ardentes , comme nous faifons yen ¿e ràrtiiiLil!
auiourd'huy des baies d'arquebufe. La raifon eft, parce que £•«'^.13.'/«
la ou l'on ne peut arriuer auec la main,il faut neceifairement f
auoir recQurs aux engins, Se machines, qui vaillent mieux : ;
que la main. Aulîîie's anciens treuuerent des moyens admi- Les. anciens treuue- '
pour defendre. Cefar en Afrique fe fortifia fi bien auec des & défendre.
' Scqr

734 DISCOVRS POLITIQVES,
Scorpions, Catapultes, autres femblables engins ,
chines de guerre,dont l'on a accouftumé de faire prouifion,
pour fe defendre dans vn camp, ou fortereife, qu'encores
que fon armee fuft foible, Si quaft toute remplie de tyrons,
' -En la guerre d'uifii- OU ieunes foldats, Scipion n'eut iamais I'affeurance de I'a
i que,ch*i>A· faillir. Et qui voudra voir des merueilles, touchant les machines
pour defendre les villes forterefles, qu'il life ce
Archimedes, cent qu'Archimedes fit,cent cinquante ans auant Cefar,pour de-
1 des tn^s f'^ndre les murs de Syracufe fa patrie, contre les Romains:
adinkàbies pour de- ce furent des engins fi admirables, & merueilleux, que M.
fendre la ville de Sy- Marcellus, ayant perdu l'efperance de prendre la ville par
aflaut, changea de deftein entreprint de l'auoir par vn
long fiege. Entre tant de fortes de machines qu'il inucnta,
fon efpouuentable Main de fer fut compofee d'vn eftrange
artiAce:car eftant attachée à vne bafcule au haut de la muraille
, elle eftoit jettee auec grande force contre les vaiffeaux,&:
nauires des Romains,&: les accrochoit par la prouë,
puis fe releuant violentement auec vn gros contrepoids de
plomb, elle fouleuoit èn l'air le nauire accroché, tellement
qvte la poupe demeuroit à fleur de l'eau. Si quand on venoit
à lafcher tout d'vn coup ce merueilleux engin, le nauire
heurtoir fi fort contre l'eau, qu'il en puifoit vne grande
quantité,Sitroubloit grandement le fens aux fol dats,&: ma- |
Tite tiue Uur.i: de- telots qui eftoyent dedans. Les Legionnaires Romains ex
^^ perimentez au faid de la guerre, eftans campez en Alemagne
contre Ciuilis,treuuerent auflî la façon de plufieurs engins
: mais le principal eftonnement qu'eufîent les ennemis,
Taeite liur.4. dis hi- vint d'vn qui eftoit en haut, branlant, Se fufpendu, leque
ficirts,chiif.^. foudainement baiflc,accrochoit auec vne agraiFe,puis enleuoit
par vn pefant contrepoids, vnj ou plufieurs foidats 3 la
barbe de leurs compagnons, &: les renuerfoit dans le Fort. ^
Auflî auoit-on veu plus de cent ans auant Archimedes, des j
ouurages, Se machines pour prendre les villes , qui ne ce- ^
Demetrius inuen- doyerit guieres aux fiennes, de l'inuention defquelIesDe-
"rendre'T'vfiS le nom de Poliorcetes, c'eft à dire, Preneur
dont il fut appellé de villes,& s'en feruit enla guerre de Rhodes.
Pteneut de yiiie». Mais à ce que les hommes de noftre temps ne s'esbayffent
pas ,que l'on aye treuué vne inuention de trempe à |
l'eipreuuc ,

ET- MlLITAIRBS^/'M'y.UE ÎX. 735
refpreuuci de rarquebufe i qui fak que k
prix j qM:'ii Jife lànùcito'on de ra>i;niurief _2
qu'elle jïeif guieres· moiiidre ril fît dieux cuiraccs de fe , ' '
poids de quarante Jiuks chacune i ii force« de borine
trempe, qu'il les abandonna à l'e^reuue, qu'on délachaft
contre icelles de iîx vingts pas de loing yn traid de quelque
engin de batterie., L'eifay fut faid ¿ ô^ vne des cuiraces
attàinte ,:qui lieàntmoins demeura en fon entier, pieine
y fit. le ttaid;vne .petitç rature, qui n'apparoifi^iç cornmc
point, non plus que fi elle; eufi: eilé fa,ide d'vn petit burin, pw^w tn U vit
ou poinçon à efcrire. . de DemttriUi,chap. e.
Entre les inftrumens militaires,/eruans tant pour l'often- Inftrument à jecter
fiue,quc pour la defenfiue, la Balifte à jetter pierres„ô£ renr SritaUkVr'
uerfer murailles, eftoit de telle condition j qu'il ne fe treu- BaHftë·
uoit rien à la loiigue qui hiy peuft refîfter,jettaht des grands
cailloux, lefquels volans rOides comme vn foudre, perçoyent
tout ce qu'ils rencontroyent.Les Bataues ayans aifiege
le vieil fort des Romainsen Alemagnç,faifoyent certains
engins aifemblez de groife^v pieces de bois -, en forme 4c
pont,lefquelles fnifés fur desrouës,eftoyent poùifee^'aua^^
à fin qu'vne partie des leurs peuft combatcfe deifus^^comme,
vn cheualet ; Si l'autre çachee deifoUs, pour fapper la muv^ille
fed excujfa haitfià faxaftrduere infi^ Tacite liur. 4.. kires
& cailloux lâchezdes Dondait^es, & grpifes ArbalefteS, '
abbatireiu cet ouurage malfaçonné. Et tout ainfi que ri^^^^
parons auxypups de Canon,&,drfendp}is nos^.TO^ · ,
auec des faes&: baies de laine , eux auifî rèparoyentlesleurs Les anciens tempaauec
des contres , &; des loudiers ( qui eft quafi la mefme
chofe ) pour empefcher que la foudroyante impetuofité du t"esSSÎdi«s^
cotipine peuft abbattre la muraille, treuuant au deuaiit vn'
«orps compofé de matiere molk.G'eÎÎ l'opinion: de Vegece^^
& parauanture que les Centpnes de Cefar ( que. le^ fieur de-^ dt u
Jigenere traduit,feutres,matelas,&: efclauînés)employez au tiMt.chuf.M.
fiege de Marfeille,eftoyent vne mefme chofe .le renuoye les
phis curieux à ialedure de çepa%e,pourvoir^ncombi
SnofeetJ^p^^^^^
Xxxx

, . „^ /
; 73g DîSeOVRS FOLITIOVES,
^ Antonius Primus, pas fansi ráifoñ, qa'^ntoñius PrimuSiCapitaine fort expen-:
eftant deuant Cre- j^gjit^ • yóuloitpa« qu'on doniiaítl'^^^^ aux muíraiUcs-
; TeceuT deCrctófíé-fàtts:· àitillerie i OU machine, beliique: parce,
sncommodite^z par le qa'^ùtte Ce" que cS n-èiloit pas choie faifable fans grande
IZlÎTolIllS. perted'hommés,ilfaut p^fuppofer,qu'iij:royoitque les enneittis
n'eftoyent pas fans engitts'pur fe détendre. Ce qui te
i ^ treuuajsftfé vray, car il'teceut y n notiable dommage par vne
' , ^ ' Arbalefté,oMBàliftéd?âdmirabie giâiadeur :8£ ,f4it
I ' qtfeUefirWit^èstie?i.g?rôifes pteiftes f^u'í^le-accabloiiltóüt:
f > ce qu'elle réncontroitj& 'eüftfáiá vn.gf and cari^^^
I que deux ibldats s'hazardans de faire vn beau coüp,allerent
I iecrettebént couper les cordes, & bandages, comme qui
Tacite liur. y des fit ' dirbit auiourd'lT;ûy,enclouër le Canon. Sr bien que par
! exemplés alleguez, & plufteürs autres qui fe pourroyent
produire ,-on peut voir, qüe nonobftant la différence qui eft
entre nos Canons &: l'artillerie des anciens, elle faifoit quafi
les mefmes eiieas, touchant l'euerfion des murailles, la
ruine des tours, le maftàcre des hommes, la defenfe des
piacesi.- De fortéqu'il me femble, que de méttre en confe-
' rénce '/Si les Roniains auroyent mis à fin les grandes entreprifes
qu'ils ont faites ( s'ils fe-fuifent treuuez parmy nos
Canons ) cc feroit vne difpute otieufe, &c vaine : car fuppo-
Quand les anciens fons qu'entre les modernes ôc les antiques, il y aye vne noaifiegeoyét
quelques j^j difference^ fiéft-cé qu'en toute façon il refulte par rai-
, grilles, ou places for- / • , . v- „ (v ~ ' y f^i
tes, ils cn venoyent à fou de propOttlôn-i que Ics prinfcs, ôc conquettes qu ils raifôyéilt
en dix iours, ils les pourroyent faire en quelque peu
dauantage. Mais difohs encor mieux, Que tout ainfi que
pour les grandes difficultez qu'ils rencontrerent à l'expugnation
d'aucunes Citez, S¿ places fortes, ils ne refterent
pas d^en veriii: à bout, (|u'iauifi nos Calions n'auro^^^^^
i peu empefchfer léürs vidoires^, veu qué fi leiirs enn^^^
auoyént desCanonS pour fe bien défendré,eux ne
queroyent pas de leur cofte d'en auoir dé mëfmes,pour bien
aífaillir, & faire forté batterie. Auifi voyons-nous par expcrifenGe,q«e
nonobftantk faueur, & lé grand nombre de nos
d"Jiét«°'fu5u's Gaiiohs-,léUTûrcs'He laïffeiit?pâi d^^^
chTeftiens, nonob- quelque place , voire conquefter des proijihèeS j
aanc nos Canons. ROyàmÎttCS t^ÔtiS Cíltiér^. D'ÛÙ ÎC
/.V clurre^·

ET MILITAIRES,: t i 7 ^ 7
clufre,que, les Romains , plus yaillaps;',plus'fagcs,&pltis^
fçauans,l'euiFent peu faire. Philonice, ayant defcouuercque;
l'on alloit diuerfement tournoyant furia refolution de cette !
difpute, prend occafion de fçjçeter fur les confiderations^
examinant quel eftat il faut faire cíes Caho;ns,en nos armees: :
&:fi l'opinion vniuerfelle qu'on ch a, eft veritable'^ certaine
; ôc d'autant qu'il veut; iîiO^ftrer ,«'en doit pas: ' - ^. . r . :
faire grande eftime, il commencer diftw^ ;
de celuy qui eft aifailly,& qui eft fur la defeníiue,&diK^ :
L'aifailly eft ou dans vne yilfe, ou dans vn camp derrière '
des retranchemens. -S'ileftdansyne ville, ou elle eftpetite, '
comme font Ja phifpart des fortereffesi.ou «lie, eft igrande.-
Au premier eas,c'eft fans doutequ^ l'^ÎIaillyL éft, {Jerdu îputi
à faid:, puifque· la tempefte du Canoli ift;:tellemeíít yio«:
, lente , qu'elle ne rencontre muraille quelconque», pour
efpaiire,&; forte qu'elle foit ,:qu'en peu de iours- elle n'abbatte.·;.
r , ^ , , - : , , , .
Auantquepai&r oùtççi&fa'ns vfer ;de c,auillation,ieveu^^^
r^ond^ diray. Qfie comp,eles,&íjterefíé?;ont l« fbrterefii» font '
efte conftruites;pour faire leplus de;refîftance qju'il fèïi^pofr fiiii« pout teCftcr ' '
fible contre l'aifaillant, qu'auffi les^Canons ont efté inuen- f^^c" ' ^ '
tez,& fabriquez pour fàirele plus d'effort quife pourr^ con-' uenter°póut°°fair¡ I
tre l'aifailly;To«t de mefme que les Médecáps ont cfté infti- l'affaiiiy. |
tuez,& éftablis,nc)n pbur bfter la mQrt#$íí>ftre pâture^ ains Sôy Œ ^
pour rapporter ç

h
y^jg DISCOVRS; POLirîQ^ÉS,
qri'aueC'téls obftacleà, amufênieniSj& iournalk
riieils qû'ôn^ùy préfeflte,
flfegèS yW après l'autre,pburfteiiike dtaér-fes place^, â'uant
qu'il -aborde le cœur de la prQUînGé,on le fait deferperér, on
le' dégoufte, raifbiBMti, on luy ofte les occâilons, &c la
commbdiée 4e Venir , à 'bout dç fa principale • ¿ntreprife.
Les TuMS i après a- GoMitté^l'ariiûa aUX-Ta:rcs,lefqùels ayarîs petdu be^^
mes deuanc le cha- me, ayâiîs' ieceU dés' grâtids doiîïmages, &c déconfiture de
fteau de fainA Hei- le Cânottiperdu Dragur,ce tenommé Courfaire,
me,turentionctaiots 'É ~ ff I I I -M C ·'
dc le quitter. & gta^d Capitainej auGC plufieuts dcs plus vailIans bcigneûrS"de'Gettè4iinoiiibrablèîarrnee,He'peû
aieââfe'de 'iddiiae pdéiéde temps i emfioiter la Cité, ny les
aiïtfèsifOftfârfefi&s'de l'Ifte; qffli eftoit le bue, & lafinpoiir la-·
qûelleils^ïuoyent tantiinis degens de guerre eii campagne.
- L'exemple quUl employé de la ville de Brcfce en Italie
( quoy qu'il fe fepare de ce qu'il a mis en faid par fa propofitiou;veû
que Brefceeft vnè grattde place,& non petite )
, w ne fairriullementiau propos du Canon rn'-eftancpas grande
' ^ ' meriieiUe,qu'ayant eftîÉJ^eu auparauantprmfepar lesVe^
' ' nitiens (-qui auoyent ôila ville, la citadelle, oLi fortereifc,
ennemies) elle aye peu eftre reprinfe par les François, qui
eftoyent maiftres de la citadelle. Tout cela eft hors de.pro-
! pOS-i, parce qt4'iln^èftpà!^vrdY', que ies BrefcianseuïTerit tant
' de Galons c^ufe Phifomîîe t'apporte, difaiic, que toutela rue
q\irdefcend de la forterefle dans la ville, en eftoit garnie,'
' " î . braquée en front, cn flanc, & en tous autres lieux oppor-
' ' " tuns,&nGeeflairesv&:quc Gaftoiï doFoix n'en; fit aucun
' n eftae, ams que Warchant à la tefte de'fon eiquadron, il
' ' ^ defcendit àpîcd,&;fiâflant pair le milieu de taiïtdèCanons,
, il ^ri«t la ville. Se n'a iamais efte bruit, qu'il receuft aiicuix
notableidommage duGanon. · -
IeiiHs;contraintdë dïre, qule cela n'eft pas ainfi , par les
paro'Iesque Gaiehardinf^it dire à'monfieur deFoix^parlanï j
à€es ¡ibld'atS',.8d'éS'm

ET'MtLlTMRES, LIVRE X. 739
Forcé des íbldatS^ dés Ganoris,-dés murailles,6¿; dès rampars,
ne venoit tout à l'heure à boutrde cette entreprife,ayans vne; . • -
ff belle'entrée,& point d'autre empefchement,ny defenfiue,: ^ y' ' - -,
finon des hommes feuls. Mais cette repugnance ,& contrariété
de difcours entre Guichardin Si Philonice, fembleroit '
trop eftrange, fi elle n'eftoit modérée par quelque peu de ,, ; . J
piecesdeGanon, qui à la vérité eftoyent braquées fur l'ad- < . '
Uenuë 3 : mais non ja auec tant d'appareil, ny en eftat d'eftre \ / \
mife en jeu, comme il dit. Ge qui feeollige par la fuite dc -, · . .
Guichardin,difant:Monfieur de Foix,ayant prononcé telles ' - Î
parolesifaifantmarcherfoninfanterie deuant les hommes > Î^ ,, ^ . -
d'armés , 'commença à fortir du chafteau, à l'iifue duquel il '
treùua quelques gens dcpied,qüi auec l'artillerie eifayoyent !
del· empefcher de pailer outré r mais les ayant forcé fort aifémentyies
contraignit de fe retirer,8¿: luy defcendit furieu- Guichardin Uur. to.
fement par la cofte fur la place du Palais, &c. 1511.'
•La conciufion dePhiloniçeeft belle : Tellement (dit-,il )
que qui defend vne petite place, quand fes murailles font
abbattues,S£ qu'il y a vne brçfche fuffif^nte,s'il n'avn grand
efpace pour fe retirer , pour fe retrancher , fortifier: en
quelque façon,Sc fe confie fur fbs Ganons, il cft incontinent
perdu. Gomme s'il difoit: Vn homme armé de toutes pieces,
eftanttombé:parterre, qui n'aiu-a:éf|)ace pour fe leuer ,fe
cóiifiantifur laibomédcifes armes à l'éfpreuue,eftperdu
tÔUt'à i^idii -J m; -r; . .-r ' ';: ·.,
Paifonsoutre,r&.voyons ce qu'il dit dés grandes villes,
ou fortereifes: Si vous défendez (dit-il) vue grande-place,
toque vous;ayezcommodité de vous retirer , & recrancheri
le Gano» neantmoins eft íinfinimerit plus vtile Î & aduáh^
ygeuxàl'aiÏÏegeant,qu'àraificgé,c'eftàdire,àceM - " .
dehorst, qu'à celuy qui eft dedans.· Pour aUoif rçfpanfe : à » ^ - k- ^ 1
celayiele renuoye aux Turcs , qui furent à l'entreprife de • <
Famagoufte,defquels il y eut plus de milhers d6morts,que - " i· V .à·,!
centaines desGhreftiens, qui eftoyent dedans: veu-;qu

74° DISCOVRS POLITIQVES,
I aiípos,íans les malades,&bleiïcz,quand ils firent leur'compofition.
Et fî les viures, Si la mnnition n'enflent manqué
à ces valeureux guerriers, belliqueux foidats, ou qu'ils
euifent eu tant foit peu de fecours, Famagoufte feroit encores
en la puiflance des Venitiens.
Ny les raifons qu'il allegue ( outre que rexperience nous
enfeigne le contraire ) ne peuuent efl:re de grande vigueur:
car puifque les Canoiis fe portent en mer fur dcsgaleres,ó¿
bons vaiifeaux, que nonobftant i'iiiftabilité, &c peu folide
fondement des ondes, on les peut accommoder en telle
forte,qu'ils feruent vtilement au befoin : le ne voy pas pourquoy
ils ne pourront eftre braquez , accommodez en
terre, c'eft à dire, logez en lieux hauts, ou bas, áinfi qu'on
voudra, &c que l'occurrence le requerra. Auflî ne puis-ie
coniprendre,en quelle maniere l'aifiegeant, qui fera dehors,
' pourra auoir plus de commodité de fe hauiïer, que celuy
qüi fera aflîegé dedans, qui ne peut manquer de place fuififante.
L'inuention desbouleuars, grands &fpacieux,ayant
efté treuuée autant pour logeri, &L· tourneuirer toute groife
piece de Canon,eomme pour les y conduire,eftans difpofez,
& compofez de telle forte^ue la conduite y foit aifee; & iamais
(comme il propofe) les murailles ne font tant baifes,
ny fi enterrees dans le fbile, que par le moyen de cette extreme
baflTeife, l'aifiegeant puiife toufiours éftre à cheual fur
le dos de l'aflîegé. Outrece que, comme les inuentionsfe
fubtilifent, fc changent, fe diuerfifient, fe renouuellent,
l'aflîegé fçaura bien prendre party, & auoir recours aux re-
^nedes qu'il iugera opportuns fauorables. Et qui lira les
aifauts des villes;,· chafteaux, &fortereifes de noftre aàgc,
outre celuy de Malthe, il verra liteçatoirement, S¿ clai-
I» pettc de^s^affie-rement,queledommá^e,8£laperte desaflîégeansoM
ffté plus grande Tque iours cfté plus grands, fans comparaifon, que des afliegez.
celle des aiBegez. Mais que finalement quand le Canon a eu faid tout ce qni
fe pouuoit, que lesimurailles ont cfté minees, les defenfes
abbattues, qu'il n'eft plus, reft é die lieu où cbiployer rartillcrie,notamment
les groifes: pieces on elï^venu a^ combatti«
db pres,ou auec rarquebufe,&: le mofqúer,ou auec la pique»
& l'efpee, qui eft,comme i'ay did^qoe-nonobihnt le iovn,
diU

ET MILIT AIRES, LIVRE X. 741 , j
diligence ,1a fcience, la prattique, &c ttfUs les remedes du
MGdecin,il faut mourir à-la fin. Auec tout cela,on a veu que
par le moyen des forterefles·, des Canons, les vaillans Les cheualiers de
Gheualiers de la Religion de Malthe ont refifl:é à l'infinie
puiflance du Turc, & font toufiours fur pied, luy donnans du Canon,ont refîité, I
tous les iours mille empefchemens , 5£ déroutes, Si faifans gj^f
des chofes qui feroyent bien difficiles à croire, fi elles fe
treuuoyent efcrites dans des Autheurs anciens., -
Il paife puis après au troifiéme article de ià difl:in£tion,
touchant^ ceux qui penfent fe defendre auec le Canon en '
pleine campagne,dans vn camp,ou logement fortifié, & dit,
Si l'ennemy vous ioint de pres, qu'il aye tant foit peu l'aduantage
du pays, fe logeant cn lieu vn peu plus éleué.que
vous, & que vouS ne vous foyez bien couuert, que vous
n'ayez bien faid vos tranchees, & gabions, il vous délogera
de premier abord.
Et que nous enfeigne-il ? Qui ne fçait, que quand l'ennemy
a trois aduantages fur nous, foit par le moyen de fon
Canon, foit par l'iniquité de l'aifiette du lieu où l'on efl:, ou
autrement,il nous peut forcer,contraindre de faire fa volonté
? Q^and on difpute d'vne chofe, on doit difputer de ~
faids femblables, & toufiours prefuppofer mefme forme, -
mefme matiere,& chofes égales des deux coftez. Tellement
qu'il faut dire,Que celuy qui fera dans fon camp,& dans fes Celuy qui eft dans
tranchees, aura bien préparé fes defenfes, bien logé fes ¿»^
nons , bien difpofé fes Ganonniers i par ainfi il fera touf- préparé fes defenfes,
iours fupericur à celuy qui eft dehors, quoy qu'il aye aufllî
des Canons , parce qu'en toute façon il a cet aduantage ' '
d'eftre dans fon logement.Pour preuue dequoy,nouslifons^ *
que du nombre infiny des batailles des Romains, bien peu De toutes les baont
cité donnees contre les câmps fortifiez des ennemisi Î eat°e"nS i
Que fi finalement lefdids Romains, forcèrent aufli ceS gui ayent efté don!
camps,ôi retranchemens,c'eft,parcequ'ils eftoyent plus 4 S . 'I ]
vaillans, plus adroits, plus expérimentez, Se en effed fupe- mis. '
rieurs à leurs ennemis en maiftrife,& en ftratageme, bien , F i
fouuent en nombre de foldats. loind qu'il arriuoit iouuent,
que l'ennemy ne s'eftoit pas fceu bien camper. D'où refulte,
^uedeineùranc d'accordj que tout ainfi qu'ils furmonterent
les
11

! — ' 74^ DISCOVRS POLITIQVES,
i ; les difficuitez S¿ empefchcmens de leur-fiecle , auiîî au-
Í royent--ils furmonté les Canoiîs de noftre temps; le n'ad-
. -f V > uouë: pas pourtaiw, qu'ils ix'euflTeñt auiourd'huy beaucoup
plus de peine, Si n'employáíTeut plus dc tfemps, ie micout
" trans parmy nos Canons, qu'ils ne faifoyent pas parmy les
a artilleries de ce temps-là. Et ie nie dauaiitage ce que Philo-
1 . nice aíferme^que les Romains feroyent à ptefentleurs;con-,
(I queftes plus prômptement, qu'ils .he faifoyent pas .alors.
' Il ne faut donc pàs faire fi peu d'eftat des Canons,comme
Í il conclud. Que fi bien il eft aduenu, que certaines armees
ont prins quelques places fans Canon, ou font entrez dans
les camps fortifiez des ennemis,6¿ les ont forcez, quoy qu'ils
euifent des Canoiis, comme firent les Suiifes.à Nouarre:
ie ne puis dire autre chofe, finon que cela font des accidens,
& faids d'armes fort finguhers ,&; qui arriueiit tres-rarer
ment: quoy que les foldats du party de Veipafian prinifent.
auifi Cremone fanS Canon, &c vainquirent les Vitelliens.
Màis pour cela il ne faut pas former vn argumcnt,5£ fouftenir
(contre le iugement des Capitaines niefmes) que les
Canons foyent de peu d'importance. Et à ce; que ceux qui
prendront, la peine de lire cecy, tiennent ,pour chofe tresveritable
, que femblables fucces, eifeds admirables SU
merueilleux, font tresrrares. Se fort finguliers ; qu'ils remar-
' quent punduellement ce peu de lignes de Guichardin, par-
Vn¿ S " Sede ^^^^ ^^^^ memorable vidoire des SuiflTes à Nouarre : Lesi^xiaoL^tfilseu!
Suiifes vainqueurs ( dit-il ) retourherent cOrnme triom-
Kutà Mouatre. phans à Nouatre le mefme iour, mais,auec vne telle renommée
par tout le Moiide, que plufieurs ayans bien confidere
la hardieife & magnanimité de l'entreprife,le meitjris
^ tres-éuidenc de la mort , la furie.du çombat,.ÔC la felicite du
fucces, oferént bien preferer ce faid d'arme^s à quafi toutes
; les chofes dignes de gloire,qui:fe lifént auoir efté faides par
lesGrccs,&par lesRomains;
Cela ne fait donc rien en faueur de la negatiue de Philonice,
ioint que la vidoire des Suiifes fiwfacilitee, parce
qu'ils gagnerenrlé Canon : quoy faid,ils tournerentjia bouche
contre les François, les mirent en fuite, tant par le
moyen dudid CaiionCditGuichardin)que deleur vailfëncc.
; Et
i
- 1

ET MILITAIRES^ LIVRE X. 745
Et^quandcekHc ièpoitjfas ,i;eçeyable,,il.^ ^
corifeflér qu'vne feule fleur lie fai£t pas lé Prints |
confequent vn feul exemple arriuç cafuellement en plu- 1
fleurs fiecles,n'efl: pas en grande auàoricétD'ailleurSjCe que
le genereux Metin, Capitaine general en cefl:e fignalée ba- Harangue de Metin, j
taille, dit aux Sùiifes, pour leur donner courage d'aller au je^sdiTes, fnîaba- ^
combat, efl: grandenient fauorable à.ma pçopofltion : Toute taille de Nouatrc. =
la diflîcuIté(dit-il)tout le'peril,toute la peine,fera de gagner i
le canon des François : mais cela ie fera plus facilement, &C.
auec moins d'hazard, parce qu'il n'eft pas logé en lieu fortifié,
quenous l'aflâillirons à l'improuifte, & àla faueur de |
l'obfcuritéjôi des tenebres de la nuid: : l'afiTaillantimpetueu-
fement, nous n'en pourrons eftre oiFenccz ^ qu'vn bien petit i
efpace de temps^, encores le pourrons-nous éuiter par le tu- j
multe, par le defordre,&par la foudaine confuflon. Il s ' e n - |
, fuit donc, que ce Capitaine expérimenté & valeureux, fai- - |
foit beaucoup d'eftat des canons 5 aufli font-ils de telle im-
portance (pour mettre fin à ce difcôurs) que les mefmes Bataille de s.Donat, ¡1
SuiflesTeiprouuerent bien peu apres en la bataille de iaind ^^^ |j
Donat contre les François 5 bataille que Triuulce, Capital-du canoL ^ I
ne vaillant,fage experimeniré, aiièuroit eftre non bataille
d'hommes,mais combat de Geans, &: que dixhuid batailles
ciul s'eftoit trouué, n'eftoyent que jeu d'enfant, à compa- . -
raifon de celle-là.G'eftfans difficulté (adioufte Guichardin) La vaillance n'eft pas
que la vidoire feroit demeurééàux Suiffes 5 fans le cafibri, heureufe.
•r -n . \ n i • r . ^ La mefme, ItHr.il,.
quitit cognoiltre& ruger a ceitevaleufeuie nation, quela «^.n.ipj.
vaillance, ou pour mieux dire, la témérité n'eft pas toui^
iours heureuie j & s'il fàut dire librement, franfchement &c
:fincerement ce que nous.fçauOns, iâmais vn Prmce qui aura
beaucoup à perdre (s'il n'eft contraint & force par vne i
extreme neceifité) ne prendra exemple en femblable cas:i lés Saiffes militent i
d'vne nation ainfi faide ; laquellé tirant l'eritreténénient-die ^ '
Îàvie,militant ores pourvu Prince, ôctantoft pour vri aufreii"'" J
qui n'azarde rien que ia propre perfi^nne, cft neceflaire-; 5
tnentobUgéedefaireparadedciavaleur, de lateiiîioi^ * ;
en toutes occafions,&&ire voir à toutlemqn4© 5 ^eç-q^e^ |j
petitattirail elle a acéouftume de ivuc^onteç Se vaincre'leSf
grandsappareilsdesautres. - - · Î V^:- V .T . , .
Yyyy
I _ Î ; • ' - S

DiSCOVRS
POLITIQVES
ET MILITAIRES
; , 7 : fur C. Corneille
Tacite,
; LIVRE ON Z IES ME.
2)efefomjier/& quelesfifrtéreffes fom^^^
nondommagealles»
^ D i s c o v r s PREMIER^
la fcicte de la guei- L^lC^·

ET MILITAIRES, LIVRE XL 745^ ^
Et parce qu'il y en a de deux fortes, les vnes eftans faiâres foitificatiôs & quclpour
defendre foy-mefme, comme font les villes particulieres,
les camps éc logements 5 ôc que les autres font pour
garder,defendre ôc conferuer toute vne proiiince,il fera vray ;
que ces dernieres feront de plus grande importance que les
premieres, pour autant que par la prinfe d'icelles, l'on peut
conquefter tout vil païs;làoù,par la prinfe des premieres,ron ' i
n'emporte qu'vne ville,oü autre petite fortcreflé;ó¿: celles-là il
le plus fouuent font appeliées places de frontiere, comme ' I
Cremone,laquelle au temps qu'Annibal s'auançoit d'entrer, Cremone fut baft te
en Italie,fut baftie par les Romains,pour feruir de bouleuard if' K^ains íu i
- , T-' - 1 1 · I V Í TA tepsd Annibal, pour
contre les François habitans deçà le Poj ou contre toute au- feruir de bouleuard
tre force qui defcendroit du cofté des Alpes, Cremona frofu- les François.
gnaculum adaerfui Gallos trans Padurn agentes., ^fi qua alia vis fer i
C'eft de là que Dante, homme prudent & bien Peri phrafes des nés ' j
entendu cn toutes chofes, print fujet d'appellerPefquaire&writfw
vn beau ôc puiftànt harnois, pour faire frontiere aux Bref- "eres. ;
cians ôc Bergomathes. Philippus,pere de Perfeus,difoit,que.
la ville ôc le chaftcau de Coriiithe, eftoyent les ceps ôC ma- Plutarq. en Arat.eh,^.,
nôtres de la Grece. Sùtrium, ville alHée des Romains, eftoic I
appellée la porte ôc la clef de Tofcane ^ quxvrbs ficta Romana
velut claufira Btruru erat. Et Nepet de meime, ainfi que Ga- • i
y ette eft la porte du Royaume de Naples, come Gales eftoit ^
Î'cfchelle des Anglois , pour defcendrc en ce Royavime,
commc la Citadelle de Bourg en Breife eftoit la planche du
Duc de Sauoye, pour y pafler de fon cofté. Mourguc,fáuo-- í
rabie port fur la mer Mediterranée, que le Roy d'Efpagne a
vfurpé fur l'heritier du legitime Seigneur, aflfaflîné par fes
iubjets,à fin d'auoir vn facile paiïàge en Piedmont. Toulon, ïortereilis fVontie- i
Maríbille,Narbónne, Bayonne, la Rochelle, Nantes, H o n - ,
fiteur, Quillebœuf; Auxonne,Grey,Motmeillan,8¿:vn nombre
infini d'autres places, chafteaux, &íbrterei3es, qui ont < I
efté bafties,& Olì fly aforte garnifon, comme eftans places I
irontieres, auflTi fiant-elles tellement importantes, & tirent , |
yres elles vne fi grande confequence, qu'il fauteftre gran- 1
dement foigneux & jaloux de la garde & conferuation d'i- , j
celles:Gar par le moyen de femblables afl5ettes,eftans mifes - Vne forterefTe bien
en defence, & brauement fortifiées, on peut quafi aviec vne g^îtuÎervnjr;^
Yyyy 2·

74^ DISCOVRS. POLITIQVES,
d'icelles fauuei· tout· vii pâys. •
' Kiais'pourautant"que-cet article de fortifiervnpays, ou
vrie feule place, n'a pas efté traitté entre les grands perfonnageSiSi.
hommes de iugement,fans quelque controuerfe,&
Aduis de Platon,tou- diuerfité d'opinion ; if faut voir l'aduis de Platon, qui dit
"aTkfirMtînîv" de'la garde d'vn pays) Que ladiligence,le foin,
new'ii &dVne"foI- l'è trauail, & M vigilance de tous foyent tels, que pfemiere-
^«eTe· liient lé' payis fôit defendu contre les forces de l'ennemy,
mroniiur.Uesicx. j^i^^^g ¿e „^us de toûte noftre puiifance, auec tranchées
, foifez', tours, autres appareils, l'ennemy qui nous
; voudra aifaillir. Puis pariant de la Cité, il dit, C^i'elle doit
• eftre tireè en; Cercle, eh lieu haut, à fin qu'elle foit plus forte,
^
/ r tettre^qûi'ily aye quelque repugnance en fon fe
; ; cOntredife-yquand il loue la couftume des Spartiates, qui
- n'en vouloyent point : mais il faut comprendre fon dire en
meilleùr fens : felon mon aduis, il veut pluftoft enfeigner
ce que l'homnie doit fuir & éuiter, eftant à la garde d'vne
; • ville yoUTaUtre plâce i que de blâfïnef les mur
' • 'Comme fîvnprudenép^^^
tant rvfage du Vin) les perils ¿¿inconueniens qui en arriuéiit,
èc faifoit femblant de blafmer le vin en general, confentant
neantmoins qu'on en vfaft, pourueu que cefuft modérément,
auec temperance. Ainfi fait Platon , en ce
qu'ayant auGuheitient-difcouru touchant les xloftures ,
Lss dotiures, & tnu- mùrailléS des Villes , il dit qu'elles peuuent rendre les honv
"^"^afches,pol'trons,6iparelféux,,pour autant qu'ils croimcs
lafches & pcîi- rout eftre en feurté, &c grande afleurance là dedans. Puis il
pourfuitaiiifî : Toutesfois il les'hommes doiuent eftre.de-
.fendus par les murailles , il faut qu'ils baftiifehtrén cette
forte, 8cc. Et dé mefme fil·-, il ordonne vn certain deffein, &
difpofition d'édifices, & maifons, qui au lieu de murailles
pourroyent faire vne fortereife, Si bonne çlofturé'd'elles ^
mefmes. Outré cette interpretation de ropinion de Platon, |
quei'5eftiine 'éftr4.vray.-femblable,ilfautauoir égard,&: conr
fidergf ,;qu'aya«c>reiadh 'le pays fort, par des grands prepa-
' " " ratifsvdéfôWez»,:d®mtrahGheineiis,-deto^u^
: cations femblables·,^difpofela ville en lictthaut, l'on void
éui

ET MILITAIRES, LIVRE XL 747
éuidemment, qu'il a parlé en faueur des forterefles, quand
mefmes il auroit ofté les niurailles des villes &£ Citez (ce
que non) puis qu'en la façon qu'il ordonne, fl a pourueu à
la garde,& fortification de la Cité.
Ariftote parle plus clairement, fe fait mieux entendre,
foit au faid des murailles, &L· cn toute autre cliofe qui les
concerne. Ceuxqui fouftiennentque les muradles ne font;Lss murailles font
neceflTaires aux villes importantes ,.difcoureni: à la vieille •
, , .,/- . d importance.
mode , comme a fe peut vou par experience aux villes qui ^r ñott /»«r. 7. des
faifoyent gloire de n'en point auoir. C'eft bien chofe
teufe,8¿ blafmable, quandl'on n'a pas à faire à plus grand
nombre d'ennemis que foy, de fe défendre à la faueur des
murailles.Mais puis qu'il peut arriuer qüe l'ennemy s'approchera
auec plus deforces,&plus de Valeur jfl eft tres-nèceffaire,
Se fort à propos, dc fe treuuer bien fortifié, fi l'on ne
veut eftre taillé en pieces, mené en triomphe, & conduit en
feruitude par l'ennemy, principalement aux guerres de ce
temps i auquel l'artillerie , & les machines pour la batterie
des places fortes, ont efté tres-fubtilement inuentees.
Q^diroitr-il donc,s'ilferencontroit auiourd'huy parmy: , .
le tonnerre,&: le foudre de ños Canons,& doubles Canons?-
Véritablement il n'y auoit pas alors long temps que l'on
auoit commencé en Grecs à dreifer des fortifications. Platon
ayant did, que rarcenal,le port,S¿ les murailles d'Athe- Le port, & les muñes
auoyent efté faides partie de l'oum-age· de Themifto- eS'faife^^r-rh"!
clcs,&; partie de Pericles, Paufanias ditauifi, que la citadblle niiftoclcs,& Pericles,
fat clofe,&: enuironnee de murailles par Cimon,fils de Mil- ^ çjo'iur^ la
. J ^ , citadelle par Cimon.
CiadCS. , · PUton,é'Pa»f^i'as.
Or voyons ce qu'Ariftote dit encores après , puis que- Confeii d'Aiiftorr, i
( comme il me femble) il eft dii tout de mon cofté : C'eft jlj'^
cliofe femblable (dit-il) de fouftenir que la ville ne doit: «vi es. ,,,
eftre enuironnee, ny clofe de murailles, parce que les Citoyens
, fous la faueur &c appuy d'icelles, deuiendroycnt.
couards,pDltrons,&: ncgligens. Gomme qui diroir,Queron.
doit choifir ion ihabitation envn pays qui ibit aiie &; facile· |i
a eilrc aiïailly.-(^e:ron doit excarper,&explanerkslieuK ||
icabteux&: montueux , Se queles murailles ne doiueiiten-i ij
clorre les maiibns priuees. Si iàut-il içatioif, que ceux qui [
- ' ' Yyyy 3 ,
^ . ^-'k

748 DISCOVRS POLITIQVES,
font couuerts de leurs murailles, peuuent combattre auec
l?aide d'iceHès, & combattre auifi fans l'aide d'icelles : mais
ceux qui n'en ont point, ne peuuent faire faid d'armes, que
fans icelles. Ce qu'eftant airifi,les villes,& Citez ne doiuent
pas eftre fimplement clofes, & enuironnees de murailles,
ains il faut auifi prendre peine de les edifier, Sc conftruire
auec tant d'induiîrie,auec tant de fymmetrie,de proportion,
& autres regles d'architedure, qu'elles foyent autant belles,
que bonnes, Sc fortes, capables de faire vne longue defenfe,
&: refiftance,autant pour les refpeds des batteries,efcalades,
fappes, Se autres expugnations ordinaires, que pour autres
qu'on pourroit inuenter. Parce que comme c'eft l'intention
Se volonté de l'aifaillant, d'efi!ayer, de tenter, de mettre en
prattique toutes fortes de rufes Se de moyens pour vaincre;
il faut femblablement que de fon cofté le Tenant n'oublie
aucune chofe, eftant obligé d'employer à bon efcient tous
les ftratagemes du temps pafiré,ó¿: eninuenter de nouueaux,
pour fe garder,& bien defendreroutre quoy,il s'en retire cet
aduantage, qu'on penfe deux fois ,.Se on ne va pas legeremcn
t attaquer ceux que l'on fçait eftre bien fortifiez. Se préparez
à la defenfiue. Defquelles paroles on peut colliger,
qu'Ariftote preuoyoit en fon diuin entendement, que par
progres Se fucceifion de temps , les machines , & autres
engins de batterie, fe rendroyent meilleurs, Se leurs efforts
plus furieux;que par confequent il faloit fe pouruoir de remedes
, Se à mefme mefure inuenter des nouueaux obftacles,des
nouuelles fortifications,&trauaillcr à rendre-Ia
defenfiue autant gaillarde Se induftrieufe, que l'offenfiue le
pourroit eftre.
«iWeTfS«'' tout ce que deifus, refulte cette vérité. Qu'il eft tresneceifaire,
tres-vtile & profitable, de fe fortifier : mais parce
que fe fortifier , n'eft autre choie que procurer en toute
façon d'auoir des aduantages Se des moyens de nuire à fon
ennemy. Se luy öfter les aduantages, Sc les moyens de venir
chez nous, l'on a treuué inuention de le battre par le flanc,
s'il vient à l'aifaut, & on a planté des groifes tours, des éperons,des
bouleuars,& autres flancs au dehors des murailles,
qui battent au long de la courtine,comme eftoyent compo-
• fees

ET MILITAIRES., LIVRE XL 74?
fees celles de lerufalem : mm duos cûlUs immenfum éditas dm- Defctiption des mudehm
mûri, fer artem oblicjui^aut imrorfus fimati : car la clofture ^^ letuiaiem.
de la Cité erabraifoit deux hautes collines, par des murailles
conftruites auec grand artifice ,• veu qu'elles eftoyent
obliques, tortueufes, recourbces en dedans, &c faifans pance
cnàchots,vtlatera ofpugf)a»tium,adicfinspate/cerent,a.B.i\ que
les flancs des aifaillans fuflent expofez à ia mercy des coups
des defendans. Duquel genre-de fortification (qui n'a pas
cfté fupprimé,parce qu'il n'eft furuenu caufe, ny raifon de le
faire) on a feulement retranché la démefuree hauteur des Les murailles trop
murailles, parcc qu'elle n'apportoit plus aux aflfaillans les fonr'^piut^nuifrbi«
difticultez du temps paifé, au contrau-e elle leur donnoit qu'vtiies, quand ic'
quelque facilité, en ce qu'abbattant à coups de Canon des
muradles fi éminentes, le foflTé venoit à fe combler : ôc tout
autant que la brcfche fe faifoit plus grande, d'autant de
mefmc les ruines rendoyent le chemin pour aller à l'aifaut
plus aifé. Là ou les murailles eftans baifes, & feulement au Les murailles d'vne
niucau du bord du foflTé, ou du pied de la contrefcarpe, ne
n 1 · ^ 1 1 i·/ 1 » ^ SI niueaa ''î
pouuans eftre guieres bien battues du Canon, le fofle de- du bord du foiTé.
meure prefque vuide la montee po\ir aller à raflTaut fort
difficile, & mal-aifcc, outre plufieurs autres confiderations, ~
voire mefmes d'autres aduantages qui s'en retirent au foulagement
des aflfaillis. D'où s'enfuit, que ces merueilleuies i·« .tours de lerufatours
de lerufalem, qui auoyent foixante pieds de haut,&: ¡ciedsTe"hal""'
les autres fix vingts, rapporteroyent auiourd'huy plus de autres cent &Tingt. ' ;
dommage que de profit. ^^ mefme, _ .i
Qmnt à la fcience de fe retrancher, fortifier, foiroyer,&: |
mettre à couuert, ôc de fçauoir prendre les forteteiTcs des ¡
autres nations, les Romains furent tellement fuperieurs a Romains fça- s
tous, que, felon mon iugement, ce fut vne dos principales fe°rLM^her!'fo'rti! ' i
caufes qui les rendit vidorieux par tout le Monde. Et les de prendre les
Barbares, à l'oppofite d'iceux, ont toufiours efté fbrt i g n o - o n t Í
ransS¿:groífiersencefaiá:-lá:carTacite3parlantd'vne cer- efté greffiers & igno- i
taine occafion que les Parthes,conduits par Radamiib,Prin- I l
ce d'Arménie, voulurent prendre le chaftcau de Corneas,
fort dafliette, & bien garny de ibldats Romains, dit : l^hil
tam tgmrumBarbaris,quàm màchinamenta, &ajlus offugmtio' ; .î i
les ..
^ . • -

7TO DISCOVRS POLITIQVES,
les Barbares foyent moins propres , & fe cognoiiTent moins',
qu'aux engins,rufes &C ftratagemes dont on fe fert aux lîeges
&; prinfes des villesjeomme au contraire nous entendons du
TMiie.iiu.ii.desan' tout bien ceftc partie dc la guerrc. Et dit ailleurs, Queles
t)^Us,thap.\o. g ataues entreprindrent vne fois de fe feruir d'engins contre
Îiu.^.deshiHoires, leur couftume : mais qu'ils n'ot pas l'efprit de les gouuern
Auiîî Cefar dit en fes C5mentaires,qu'ayant aiîiegé Noyon,
tous les foldats de la garnifon qui y eftoyent, furent tellement
efpouuantez de la grandeur des ouurages qu'il precefar.Uu.z
de la guer- paroit,6

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 7p
que les Romains euifent de rartillerie,parce que celle qu'ils
auoyent,n'ej|Joit pas faide comme la noftre. Cependant qui Lesehaiieaiis de? anlira
les efcrits de Cefar,& des autres anciens Autheurs,treu- «'^«.eftoyewfoHcuera
que les chafteaux eftoyent des fortéreifesipuis qu'en la
guerre ciuile contre Pompée, Cefar fe voyant forclos du
chemin qu'il auoit entrepris vers Duras,fe deporta de paifer
outre, & fe campa près de la riuiere d'Apfus, fur les confins
de la Valonney à fin que par le moyé des gardes ou garnifons
des chafteaux,les villcs qui luy auoyent foid plaifir,peuftent
eftre en feureté, vt vigilia, casfelltfque bene merita ciuitates tuta Cifiirji.i.de Ugutrj·
tjfeni. Et Tacite voulant loüer Agricola ibn beau pere, dit,
que pas vn des chafteaux qu'il auoit bafty en Angleterre,
n'auoit oncques efté forcé par l'ennemy, ny,rendu par com- E» d'^grieol.
pofition,uy abandonné par fuitte. Puis il faid dire à Galgaeus,
exhortant les Anglois à fecoiier le joug de la ieruitudc
Romaine, ne quicquam vitra formidinîs, vacua caiìella,fenum cohni^i
I'ay allégué ce dernier paifage,pour monftrer qu'outre Romains auoyét
lés Colonies., les Romains auoyent de plus des chafteaux^ les'çoloni«! \
puis que FAhglois difoic,Qu'il n'y.auoit plus caufe ny ràifon mejme.thaf. j. |
dîauoir pèur,.les chafteaux eftans. vuides de garnifon, leS:
Colonies compoiees de gens vieux.. jj
Que tousles peuples du monde, ôd: les Romains meimes, •
ayent vsé de fbrterefiles, qui eft-ce qui en faid plus de fby, Ì
que la fbrtereiîe que les.Romains. eurent au Capitole ? Les
Carthaginois en eurent vne appellee Byrfe; celle de Thebes Lac« lu mMd«/**'
s'appelloit Cadmée,-celle d'ArgoSj LariifejceUe de Megäre,
Niièe ; les Mefleniens ne furent pas ians fbrtereiîe, & Tap- I
pelloyent Tehomatedes Atheniens,outrc le Pirce,qui cftoit i
leiir Arcenal, bon Se fort, auoyent encores le fort de Muniche
5 Corinthe, les Grecs d'Italie, comme les Tarentins ; & i
ceux de Sicile, comme les Syracufains, eurent tous des fbrtereiïes.Et
n'eft pas Îàns raifon, que toutes les nations de l'v- " ^^ J^J^^s
niuers en ont voulu auoir,puis qu'elles font tant neceflàires poL pììkt^i^»^ Ì
pour plufieurs occafions» Premièrement, parce que, comme.
Ariftote a dit cy defîus^ on rie va pas legerement afl&illir celuy
que l'on fçait eftre logé cn lieu fort,& bien remparé; l'oa
©fte doncpac le moyen d^^ne forterclïe, la volonté à vn ennenîy
dé faire la guerre. Secondement j parce que ceux qui
Zzzz I

DISCOVRS POLITIQVES, ' .
ont a fe defendre ,· peiment faire auec vn bien petit nonibrç
, - . > -degens^ ce qu'ils-fefoyent contraints dé faireai^c^
• 1 ' ;coup^lus;grand,icoftirne ditCefar,^»^ mmrtnumm mjlitum.
rsumùamsJefeadi^fôffént^aùhiO^l^^
Cefar.n.yje laguer- ohécs du fiege d'Alexicfe-peuflentdefendre.-En troifiefme
re des Gaul, chap.i^. j·^^ ^ tefuge Certain en cas d'énixinent pe
A la fin de laguerre conime Hirciús dit dePiiia-naGeSjqui attroit eitéprans yif pa
d Alexandrie. le^'RcriiiTaiflSyn'éwft: eíbí falíut preifdre fon pariai^
iwotlfce qp.riîl uy dbnïia tommo^^té de.s^&fuirl Q^atcie&aei
• ; ' • naeiîtj pour fatiguer, trauailler j&laifer i'ennerny,'Comme
Scipion donna la vie Apian Alexandrin raconte'de Scipion, lequel fatigué,
LtîSot quaii accablé de tant de veillés , |folicitudes trauaux, fuD
AppiVn à iafin déL· Contraint de donner la vie à cinquanté mille Gartiiaginois
guerre Libique. " • refugie2^ daus la fortereiTc de ^yrfe. Cinquiefmeraeiîtypo
- ioiiyrdu benefice diitemps, qui pouuataménervne infinité
d'accidents, peut donner fecours. Se remettre,en vigueur v>ï
. alfiegé demy vaincu , comme il aduint aux Romains fur le
.-ii. o.. moment deleurcapitulàtiottauecles François,, que le vail-;
' V · •. ' lant=FüritisCamillüsles vint feCour.ir.Bn fixiefmélíieu,pour,
p'oàuoirtraiârer ca-pituler àuec des plus ^^^
uantageufes conditions, ainfi qué nous en auons plufieurs'
exemples,mtit anciens que modernes.Ermefemble que tèla
doit fúíEré, pour doitruire tous ies foil dements pofeE^pâE
1 » > AU examinérifnpeupluspar^^^
rauray icy cottétóeuPoúilrefl^'H'auoir ii^
reifés foyehtinutiles, pairee qu'à là longue, quaiid i'eimemy
, eftforr,ellesnepeiiuentpasráfiiíer,iiyfubfiíler.Q¿Kis^^^^
cónfitiéíéjqüé lesfsttéíd&rws'fcmje^
foiat imprenable^ tmMíívpaíéfe· elles rdorina^^
i -,, , ..î. ,-,tres, parauelituire tf aarbit-il pas eftefaujllaieur d*vne ^fiabiurdeopinion.'
; ^ î s · .c.'. ^ = o5 ly-^i^i^:-?·,:. ^
^^Venons:.màfMêïiant à fês-^Yaifo^g
fortcrdTes dofíneñt'l'oeéáíiolf ,1^
d'Micragêr S^tyraainitôlr-ieurs'fûfeje't's /partant lhcoftft»Be)áí>
a'en p©torédïfiérvài£iqaeiè-h€îitkrSjfûu$;Géil!eieb^
ne

ÇT m i l i t a i r e s , LIVRE XI. yyj
lié eQmmetçentdçs ?i%s/mef€hans,
peruerjSf6Z,qU'f;lIes: foyent la çaiifem^ ,
dre l'Eftat.· A quoy
ue de fi raiferable natuî:e3&iè met à des e^
cieufesjilfera beaucoup pluseruel & auide de fang,s'il "a vnç
arméeen main j que s'il 4uoit yne forteteffehien munitionnécide
façon que Philonice emeu de charit^^ayantcondâné
lés forterefles, ,;ôi:eonf6ill4;d'a\itoir l'armée > n'a rien faid qui
yaiHc.·, : ; •• •·;,-' ; , .
. ill dit qu'elles fôntinutiles, parce que par la defloyauté de
ceux qui y commandent, le Prince les peutpcrdre, comme
iladmint de celle de Milan^par rùifîgne pçrfidi^^
dé la CortCi, A cek; îe-^e puis dire autre chofç,, finon que " ffi^"'^ u
quand yn traiftrenousyéiii airaifiner,qu'il'iy,abicnpeu de y°a" Werpeu ärrc«
remede î mais ie-demande à Philonicé, de qui'c'eflr que les.
Princes ont efté plus maltraittez j que de leurs propres armees
Capitainesofta l'Empire &c la vie à l'Empereur Piußeurs Empereurs
Galba,finon Othon,àuee.les mefmes foldats de Q^h^^ iltrkîÛk«
en dç^oMk Othon finon l'armée que les mefmés.Empe- foldats. ^
reurs ttnoyent en AUemagne , ,de laquelle ViteîliusTe fit
Chef? Qui fit perdre le mefme Enipire Sc la vie à Vitelhus,
finon l'armée que les Empereurs tenoyent en Leuant, que
Vefpafian amena à Rome?Il y a vn nombre infini defemblables
exemples qui font cogneus Si publiez par tout.
Philonice voulant en toute forte authOrifer fcs raifons par
l'audorité des grands Capitaines,adioufte,que Guido Vbaldö,Duc
d'Vrbin,fils de Federic, qui fut en fon temps eftimé
- braue Capitaine, fut chafsé de fon Eftat par Cefar Borgia,
Cefar Borgia fut fait
Duc de Valentinois ; & y eftant retourné, il fit ruiner toutes har°i«
les fortereifes de la Prouince, les eftimant preiudiciables & Viii en confideratiô
defaduantageufes à fa conferuation: car eftant aymé des duPapeAiexâdreyï,
hommes,pour ce refped il ne vouloit aucunes fortereifes3&
pour le regard de fes ennemis, il ne fe voyoit pas aifés fort '
pour les pouuoir garder contre leur puiffance, veu qu'elles
auoyent befoin d'vne armée qui ftift maiftrejfede la campagne,fi
bien qii'il les fit abbattre & demplir. '
le voudrois, comme i'ay dit ailleursr^que PhÜonicie allaft
plus retenu & plus circonfpeél en fes citations i parce qu'en
Zzzz x

7J4 DISCOVRS POLÏtîO;VÈS,
cefte icy, la premiere afl'crtioii n'eft pas veritable, attendu
LcDac vAin nc fit que le Duc d'Vrbin ne fit pas ruiner toutes les fortereftesj
ruiner toutes lesfor- ^ins confcrua éntleres celles de Saind Leon &: de Majol ; 5£
c«air«de faProuin- ^^^^^^^ ^ft celle qüi importe à noftre matiere)ñ ruina
les forterefles, non au temps de fon retour, &: reconurânce
de fon Eftat, ains au moment qu'il fuft contraint & forcé la
feconde fois {apresTaccord des Vrfins auec Borgia) d'abandonner
fondid Eftat.-Ge qu'il fit pour priuer l'ennemy dé
raduantage,de l'vtilité,& du benefice defdites fortereftes;fe |
preparer à foy-mefme Vtt chemin plus: aysé, 5¿ retrancher les
difticultez, pour rentrer vne autre fois plus facilementen fa
maifoUjfi iamais Dieu luy faifoit la grace de l'y faire retour. ;
ner ; en tefmoignagê dequoy, ie prpduis icy les paroles de
Guichardin fur cefte Occafion,&: font telles: Î-
Le Duc d'Vrbin (bien que le peuple qui luy. promettoit ^
de mourir pour la conferuation de fa perfonne, le fuppliaft
Il y a plus de peril en jg j'çj^ point aller ) cognoiiTant plus de peril en l'hazard
qurre^eu»/;^ d^ de la guerte, que de confidence, ny de feurté aux oftires &
confidence aux pro- promeífes du peuple, s'en retourna a Venife, faifant place
tneiTes du peuple., ^^^ impetueux cftorts de l'ennemy, apres auoir preallablement
faid ruiner toutes les fortereflÎes de fon Eftat excepté
Celles de Saind Leon 6¿: de Majol.
, íepaíTeárautreexemplepar luy alIegué,S¿: à finde ne
! faire croire que i'en vueille retrancher quelque chofe pour
' ' illuder la vérité, ie le veux produire en la mefme forte c^ue
luy-mefme l'a expliqué:Le Pape Iules(dit-fl)ayant chafsé les
Bentiuoles de Boulongne, fit conftruire vne fortereflfe en la
Cité,&:fous la faueur d'icelle^ faifoit aifaflTmcr tyrannifcr
les Gitoyens, par le Gouuerneur qu'il y auoit eftabli, tellement
qu'ils fe rebellerentjS«: en vn moment le Pap*e perdit la
fortereifejainfi elle ne luy feruit de rien, ains au rebours il en
receut autant dédommagé, qu il en euft peu auoir de profit»
fe comportant d'autre façon.
BouiorTie au"B° n* rencontrant auec tant d'auantage,ie nc veux faire autiuoles
pour des iu- cune inueftiue contre Philonice, feulement pour faire voir
ftes raifons. aucc quelle pieté i auec ;quellc vertu & iüfticelc Pape ofta
Boulongne aux Bentiuoles,8¿: de quelle .grande vtilité,proffit,aduantage,ornement
& commodité, la deliurance SJaffran
,
I
!]

V • • t
ET: mCirrArRES, XIVRE XI. 7Sf
fôanchiiTemem d'vne ii.a-uellecyräniefut· aux Boulonnois}
ieveuRproduire. le mefmé difcours que le Prieur du Gou- |
ucrMiement fit au Pape à fOndefpart,pariant au iioni de tous, î
magnifiant la recognoiifance des beneficès receus de fa
Sainaetév& fefoy & dcuotioninfinic qu'ils auoyent à fori
nom: Qu'ils ôognoiifoyent(dit-il) l'heureuxeft^^ |
Gité 4eBoulohgne eiloit, & combien dépuis queles tyrans pifcours qùe le
auoyentefté chaflèz i, leurs richeiTes s'eil'Oyent augmentées^ mén^dÎ Bot7o"g«
ciifembilc'lé iuftré & fplendeur de tôute la Cité-, & 'qu'àu Ér au Pape à fon defiitu
qu'auparauaht ils auoient leurs vies Ôi leurs biens fujets
àiamerc^d'autcuy, maintenant aifeurez d'vn chafcun, ils
viuoyeat paix &:.aifcs , participans du gouuernemient &: !
des reuenus ,& qu'il n'y apoit pas-vn d'entre; eux qui
n'cuÎt particulièrement rcceU deluy beaiicoup de grâces &
hOnneursucqu'ils voyoyent'irehouucllée en leur Cité la dignité
du Cardinalat, & beaucoup de leurs Citoyens pour4 |
üeus de plufieurs Prelatures , Se principaux offices de la i
Gour'de Rome, pour lefqiielles grâces inriumerablcsj&'be- '
neficestres-fmguliers, ils eftoyent difpofez de confommeii ..
tous leurs biens,de mcttreen häfeard l'honneur le falut dé
leurSfemiries v& deleurs.enfans î de perdre leur propre vie
auant que;qùitter fon party celuy du fiege ApOftoliqué,'
qu'il s'en, allaft doiicques ioyeux SC heureux, fans fcrupulc
ny crainte aucune des affaires de Bouloiig'ne, parce qu'il entêdroit
pFufboft dire que tout le canal auroit coiiru plein du
fang du, peuple Böuldnnois, qu'icelle Gité euft réclamé vn GaUhardinjiu.^ch»,
autre nonl,bu obey à vn autre Seigheur,qu'au Pape Iules. ^ 7· ' s "·
S'il faut adjoufter foy à ce Prieur,qui iîe s'arreiîe point fur
lès ternies;generaux,ains fpecifie parciculierementlès bene-rfices
receus du Pape, cela n'eftoit pas afrafllner nytyr.annifér . .
Ic peuple; &.lé priideiit Guichardin, homlnc franc & libre à
dire ce qu'il penfè , après auôir rapporté ce que dit le Prieur^
parlant luy-mefme comme Hiftorien, & non par l'organe
d'autruy, raconte comme les Boulonnois briferent la fta- LesBouionnoisbri- i
tue dehrbnî;c,faia;e en l'honneur du Pape : mais il n'en im- , j
nn^o t r \ r . 1 ' bronze du l ape lulçïo !
pute pas la caufe a fes.. mauuais deportements, ny au perni- I
cicuî^gouuernéméntde.fesofficiérs, ains dit, qucicelapr^^^ s
«cda, ouparce(téiiésfoj^tfes paroles;) queles SatelU
Zzzz 3 i

DISGOVRS" TOLITr?QVES,
Benduoles· én iftirencaiiteurs, ou vràyera'éjîc'parcè:«^
, Le peuple âe fa na- peûplô'èumiyrHss rai!ucsi&imlbeuirrde.la:gucte
pi^e ts Zfefnou- dc'fe lïatuccàbeft :iií^0,í¿£"cupide/.cies cbofei ncBwcfcs,ueiies,
âuoîc cu hameleîtom^lakiemQiYé.deceluy.qm'a;^^
Pourquoy fe perdit . Il 4pperc doiic éuidsinmcritîque
la fofitereíTe de^pu- pasp^uf le::mami^aiá:tiaictemc«c. dßiuksä·:©^^
r ; ; ! pasWífi pourterefpcdd^eHe'iÉeíma^ paü^^^
- ' • < ' ellè^fte^tgkhdement force ï mais
• parce qu'il-yawoícbienpeu de: gensideipied,^^^
quaS point dc munition.· -Er autant en; airiuaroiê^i); à vne armee
v-quand elle f& treuueroit faixs feias^ viares;i.&
iàw^i. eondûiirtcparvnfflauuafsCapitainej ?:p ^ cîj':.:;·,··.^
• On péut bien blafnierîesOifideiKîduPapé^rdauoiif,ainfi
mal pourueu vne placé de telle importanceisfiii^is nan pas fá
Saindeté, de l'auoir faid baftir, puifq^te. ÜJexpericnce nous
Il eft bon de fake cnfeignc, qu'il cft bon dc faite dcs fofctcïejifefi, non pout mal
des fortereffes, non cr^itpei- le· peuplc (commc auflî lePaîpE/ne lô.iît,pai)imais
pour mal traitter le /· i i .. \ r t · n i n i r
peuple,ains pour rc- poUf empeichcr la liccnce des iub|eds,&: leur'öfter lahiar-
^ ; fr.ener les peupi« ¿jeffe ¿g fè föufleuer,5d; faife Ics mutins:eftanc bicH fouucnt
neceftairej qué le Princc fafie auec eux, cbmme le Medecin
fait auec les malades, aufquels il eft befoin de faire prendre
, pour leur falùt les mcdecines, & autres remèdes contre leur
gré,Scpropre yousioir; · ' L- · - i \ • :. • n, . · :
Í Nicolas du Gaftellb ( dit-il puis apres ) perè. dé. Vitelli,
eftant de retour en fa patiie, de laquellé i il auoit efté banny,
fit prom'ptet&nt ruiner deux forterefles, qiic lePapc Sixce
Les fortereffes ne quatrième y âubit faid coftruire, iugeant que ce n'eftoyent
PrTn^r" en ''Teurs P^^ Ics fortêreAfes, aifts la bienvuéillance dupeuple i qui le
Mats , mais c'eft la deuoit maintenir en fon Eftati/ • ' ' Î/ V. : .-·
vltiiTnce du ''peu- " ^^ démaudc à Philonice, quec'eft que Vitplli deuoit faire
pie. autre ,qu'explaner, &:abbattreîesfortereftês:, puis qu'en les
Srte^Islôite- ' rompre, & brifer l'obftacle, & le frein de
îclTes. ies appetitsîQuantà luy,il rte tes pouuoit pas conferuer: car
s'il l'euft faid, il: euft faid: oroire de premier abord V qu'il fe
vouloit rendre Tyran. Et toutau tontrairev c'eft la couftume
de quiconque fc veut-fairé Seigneur de fa patrie, d'eftre
au commencenàent flatteur ; 6c •éíSmpi'áaraiW:^ fairp demo"'
ftratio»

ET MMTAIREVMVRE! XI. 757
ftmtioii S¿!mppii-énce:d«i:aütd autreidlofc ,quc daTptJ-'er à Ceut qui fc veulent
la.tyyamîieïCejqîiiinsdlpMiaià copiefep^iGtff,iíiats de Platon,> pfo'|,ncesUoî
qui-dkiemÉtRe^Jûb^uèftÎ^'.faHw qVlJ?a'«Qettfr:m-'f au commencement
tenciànviàiuë,&«areileaueoriimehcemçottoutle M
fdufric à tons ceux qti'il reneontrç',a ¿ÍT horretiHe nom dé^
'l^yrân,;prometh^ucoupd;ecchjcÎestj paye kS'debte
trüy^di¿ufdii^.áiípart fo ciiamps»heiit^es,& poflfejfiions'jaiv
pàjp% Se L· ce jjx qui foiit à fuitc.!;-i^
mule auec tous,contrefaifant l'humain, le dóux,Jc cóuárttíisj''
&lQgracieulxl Yitelli fit idonç ec qu'il deùoit faire^ Sjîie
m':esbáys:poiBtqu'ihhe;fiíl autrément... . . . ; u :.•·;> ;'oni1l '
' rie VBuxpoiret à} Fautpeiexempia^4^*'^^
iuiqîie&au Kid: Bè feusdes-lahcres; exciBplésîf^
recentf le-.plüs remarqudslc
propqejipiG^rrtéfmpignèr'BiÉotilitéjdç h dèsfortdifpifes/: n-^st
&:lQgcàh4àduaiitageâ^pr0fitqu'il;ya de les deft^r^^ 7 · " !
celuy dc.Genes.lGhacuniçaitq'd'en l'an I J07.1e•,RoyL·ouysí 4
Do.ü¿Íéme;alláceK'.perfonnr.átiec: toutesibsfocdes^ pout; éá'eSáSíSé.fc
repmçidECiG'eneis j l-a>|auaq repiíinfe,',ií fit YnG.-ibrtéreiTciplus y^ .¿t; yne 'fpriet^ife
foütq quB ttausceá les aidtE(ra,'de^uciles on auoit cognpiCanfcè " de "
enyce tcnips-flà : car tant par da nature de fon aifiettei que temEs-l^.,; ' '
pburtoiitesles' airtrescirconftances,elle eftoitiitexpugna» t
ble·; eft^çt Liîcuee Jsnrvné poiratí^; de collindi quiísMduanc^
dans laTOervappeflee-déis éiehúisGoSfa qui commandeííup Guiehurdinr Uur. 7.
toae.iepoh^ Sí T.iac,®artícudQ kíGitéi ^'Orcaduikciiirjeix i'ai® t'f'· '
\i i T- r . * • JL ' f • ' I.R 1·· V L année IJIZ. Genes
i.yiix.vHlesîmia;çcfe^f$yans^:quitc^ ap:áfiítáuGeíá Itatie:)/qiïtô fcreuoitade lobcïf-
QenesfeEebellaj &ifht>redaitéfons)i'oyèïfiraitced^^ ^ouys
Eregofeyqüi eh fq2e.Tnois,fe)renditjna^ift.0tídá la. fartereiíci. fous celle d'Ofta-
GhaOTiKGtayüiCi;§¿'phi{ieurs l33yícanfeflk)^í^dEÍkOTnfer-| «¡ai Fregofe.
«es po"ur.foiitefuge·; ciLt^nt rque'de.befoin'snlaisfiregbfe) Fregofefaitdemoiik
teb^mtevoioraráJdéx h

75« DISCOTRS POLITIQVBS,
que k ruine 3£ demolition de k for-cefeíTe n'a pom^^
de dommage à Fregofev& i'cdificâtiôn· d'icelle. point , de·
proltt au Roy :cat quand fa Majeftéa peu aller en kalie auec
vne armee Vil a recouuré Genes, n'y ayant point de fortcreiTeimais^uand
icelle n'y a'peu paifer auec armee^elle n'a
peu garder-Genes, ayant la fortereife. Ge fut donc au Roy
vne grattdèodéjipenfe^^de la faire grand defpkifîr de la
perdre-ôcà Fregofe grande gloire de l'auoir prife,&griatnde
vtilité de k ruinerJ - t ' : - . :
Quo refpondray-ie à ce grand Se memorable exemple,
finon que fi Philonice euil vefcu quelques années dauantage
,il>euá¡oognu la lourde faute que Fregofe auoit faifte
de ruiner cetée place, eu égard quclà où lés autres Princcs
eftans dans des forterefles, capitulent auec leurènnemy
ïregofe, par faute de auecplus de dignité,8i plùs d'vtilité. Luy jjqui n'auoit point
^"'ini'de Ve^^end« fortereflTe, fut contraint dc s'aller conftituer prifoiinier
ptTfonnier Vus le faus autrc compofition cn k puiflancc du Marquis de Pef-
MarquisdéPefcaite, cairc, cu k maifon duqucl il moutut bicn toft aprcs. To.u«
U. tesfois ne iugeons pas des caufes par les: éuenerhens , mais
thap. difons que Fregofe fit mal de demollir kifortercife ^ pour
d^molUt 'la^'Lte! VUC dcs dcux taifous fuyuantcs , ou pour toutes deux, à fçaleffe
i pour deux rai- uoit,parce qu'il eftimoit parauanture auec fa vertu S¿ bonté,
J ÍÍBBS. iSc pour lé grand amour que le peuple de Genes luy.portoit,
i _ qu'ilne pourroit iamais auoir befoin de fèrtere^e; ou bien
1 . parcequ'iln'eùtpaslefçauôir,oulep9uuoitde"·furmonter
1 . ; ¿¿vaincre l'apprehenfion ¿¿crainte, qu'il deuoit raifonna^
blemcnt auoir i d'eftre tenu & reputé Tyran, s'il euft garde
kfortereflTc.! Lefquelles erreurs,quoiqu'elles tirent leur
principe & origine d'hbnneftcs occafions j font neantiñoiiís
également domrhagcablcsiiè voyant çousles ioiirs par exi;ainour,it
bie·- pcricncé,quc l'amour^ bienvuéillanec.des peuplcs c'cft
'i«"n-eft ÎfeK ^ fctmc , qu'cllc n'ayc^cfoin d'eftre accompagnee
qu'elle u'aye befoin d'vn pcu dc craintc : autrement au beau milieu du danger le ,
é'ta peu de crainte, peuple nous abandonne, S¿ nous tournéle dos, comme les
Génois firent à Fregofe. Guichardin difant eh fui^ de cC
quedefllis ( après auoir rapporté, qiie Fregofe efîoit extrêmement
aimé dans; la Gité ) Qji& le peuple diùifiÉ eii plofieurs
partis, à caufe des diutrfes ferions, cncores qu'il viik
autovtf
. . ' 1

ET MILITAIRES, LIVRE XL 759
autour de foy vne puiifante armée^ compofee de tant de diuerfes
nations & langues différentes,,regardoit oyiiuement,
fans jprendre les armes, ce qui fe paiToît, auec les mefmes
yeux &¿ en la mefme façon, que par le pafséjl auoit accouftumé
de regarder fes autres malheurs éc calamitez. msjme.
I'ay dit au troifiefme difcours de mon premier liure, qu'il
faut poftpofer fa propre reputation au bien public ; ie dis en- Vn homme d'Eftat
cotes la mefme chofe, 6c que tant plus vn homme d'Eftat fe homme^'d" bUn, S
cognoiftra vertueux 8c homrñe de bien, tant mieux fe doit^ doit roidir contre le
il roidir, 8c rendre inuincible contre le mefpris de fa renom- cÎrc ie^m°uT-"
mée,S¿ contre le bruit commun,&: murmure populaire. muré populaire.
L'vtilité doncques qu'Ôdauian Fregofe retira, d'auoir L'vtilité que Fregofe
ruiné la forterefib de Genes, fut (outre fa particulière cala- ÎXteîeirf GÏ
mité ) de Voir le faç âe le pillage de fa patrie., le butin de la- nes, fut de voir le fac
quelle Guichardin afferme auoir efté ineftimable, tant en pillage de fa pavaiifelle
d'argent,de bagues, de pierreries, de deniers, ôc de
meubles riches ôc precieux, la Cité de Genes eftant pleine
derichefles infinies par la faueur de la mer, frequence des
nationséftrangeres,commerc¿enLeuaht,ó¿parle;trafficS£ '
negoce detoutes fortes demarchandifes, i i . . :
Philonice,non encores content de tant d'exeriiples, parle
auifi des fortereifes bafties par les Republiques dans les païs
de conquefte, ôc par l'exemple de ia forterefife faide à Pife
parlesFlorentins,s'efforce de faire croire,qrie les fortereifes
font dommageablesîfa raifon eft,que celle de Pife ayant efté
prinfe par les François,les Florentins eurent beaucoup plus
de difficulté à reprendre Pife. A quoy ic refpondray, Que fi
Pkrrc de Medicis voulut donner au Roy les fortereifes de , '
Pife ôc de Liuourne, comme il en auoit le moyen, que ie ne
puis fçauoir quelle coulpe,ou quel défaut en doit eftre attri-^
bue aux fortereifes.
Finalemcnt,fc referuant à la fin de fori difcours le plus fdrt
Mpmêt,il dit,Quc Paudorité des Romains luy doit fuifircy
lefquels defirans de tenir par force vne ville, ne l'enuiron-
Moyent pas de muraille, au contraire ils la demanteloyent.
Ce que le luy ay monftré cy dcfifus èftnre faux. Puis il fwur.^
iuit,Goncluant par ces mots : Mais quant a édifier des fortercües,pourfe
defendre des ennemis eftr%érs, ie dis qu'elles
I ' Àaaaa

DISCOVRS POLITIQVES,
i ne font neceïTaires aux Royaumes, & aux peuples qui ont
Í des puiiïantes armées, & qu'elles ibnt inutiles à ceux qui
' n'ont point d'armées, parce que les fortes armées font fuffifantes
de fe defendre fans fortereifes les fortereiles ne fe
peuuent defendre fans bonnes armées.
Cecy cft tout pareil à ce qu'il a dit ailleurs,Que les grandes
armées treuuent aifez d'argent, & que les deniers nc
3 nousdcfendent pas feulement,. ains ibnt cauie que nous i
' ibmmes pluftoft butinez &: pillez par l'ennemy. le rfy fbray
Les Romains fe fó^ donc auttc refponfe, que la preuue que i'ay cy deftus faide,
uoicnc dc fottercifçs. que les Romains tres-experts,tres-excellents,& bien entendus
à fe fortiiier,fe feruoyent aufli de fortereflés.
Et parce que le plus fouuent la vérité fe defcouure de foy- i
mefme,iïPliilonice a enfeigné ailleurs, Qu'vn Capitaine |
- ^ doit bien cognoiftre les affiettes d'vn païs &c fituation des
Vn Capitaine doit placcs. Que veut-il dire autre chofe,finon, qu'il doit fçauoir
fçauoir trouuer, co treuuet, coo-noiftre, diftinguer S£ deffeigner les lieux forts
feT;?euffÎ;f¿'vuc ptouince Í Et Ics paroles que luy-mcfme rapporte de
Prouince. Publius Decius,Tribun de foldats,que chantent-elles autre
chofe, que la loüange des forterefles, puis qu'en icelles il eft
faiddiftindement & fpecialement mention de l'aduantage
S¿ vtilité defdites fortereifes, vides ta cacumen tUudfufra hofiem
, (dit-il au Conful Aulus Cornelius Cofrus)4W efiillafiei fidu
I tifij¡ noHr

ET MILITAIRES, LIVRE XL jéx
ii:;urs & diuerfes Principautez?
Encoresâdjoufteray-ieceux, que pour eftre aujourd'Jiuy
tant de fortereffes en Italie (laiflant à part la caufe &: Tocca- L'iraiìe eft difficile i
fion d'icelles) elles ne.peuuent eftre qu'àl'vtilité&grand S^Str^*^'
' aduantage du pays : Car de la refulte, par raifon humaine,
qu'aucune nation, pour nombreufe,beiliquenfe,martiale
guerriere qu'elle foit,la puifte courir & rauager auec tant de
facilité,comme parauenture, par le défaut & rareté dc fem- -
blables fortereifes, furent anciennement les Gots,& autres
peuples, qui de main en main, en diuers temps, inondèrent . Î
cefte noble prouince, ^
Quand ieconiidere de pres,qu'Augufte fut iî hors de foy,
& tranfporté d'vn fî eftrange eftonnemerît, pour la deffaidc ¿ioas, fut trTnfporté
de trois legions,conduites par Varus en Allemagnc,qu'il CÔ-Eors «ie foy.
manda qu'on fift la garde de nuid à Rome,qu'on prologeaft j
les charges. S.: les offices aux Gouuerneurs particuliers des |
prouinccssque l'on fiftdesvœux&desjeuxàIupiter,pour
la profperité de l'Empire Romain (ce qui n'auroit iamais efté
fai£t qu'en la guerre deyHimbtes, & des Marces ) Se que par
plufieurs mois il ne fe pcigna la barbe ni les chcueux,& qu'il
fuft veufraper de latcftecontrelesportes,criant:Quintilius
Varus rends moy les legions ; & que tous les ans de fa vie il i
tint ce iour là pourlugubre & malheureux, le fuis contraint
de croire,que ceft infiny ex:cés de trifteife,ne procedoit d'àu-
. tre caufe, fino que pour eftre excellemment experimeté aux '
affaires de la guerre ; il cognoiiToit du peril en ceft accident, , - '
qui eftoit, qu'ayans les Allemands rompu cefte barriere, & |
ne treuuans en chemin autre empefchement ni fortereife,ils
pouuoyent venir iufques à Rome fans difficulté. Bien que ic Vne armée,pour puii
^ y. ' , , c e -if fante qu elle foit, ne
ne ioys pas cn opmion, qu vne armee,pour rorte Se puiilan- peut enttçr guieres
te qu'elle foit, entre guieres auant dans vn pays ennemy,fans ¿uant dans^vn^ pa^
refped de Cité ni fortereife,comme Philonice did auoir leu tf7nïïort«effe! |
aux anciennes Hiftoires: mais il n'en cite point.
Donc,felon mon iugemêt,les fortereifes font vtiles, prof-
Stables, Se aduantageufes, nonobftant les exemples Se raifons
pwduittes au contraire; & me femble que i'ay fuifiiàmment
difcouru de la commune opinion des hommes touchant
cela, & que de noftre temps nous l'auons veu enl'Iile
Aaaaa x

DISGOVRS POLITIQVES,
de Malthe,que nohs pouuons vrayement appeller,le propugnacule
d'Italie.
Quelle fut la principale caufe de V€mpire des Tíomains,
la fortune, ou la Verm.
. / DISCOVRS DEVXIESME,
r - — — , '' ^ ·"· ^
FFVIT, vt fipe alias fortuna populi Romani. Les \
Les guerres cmiies confuilons,les defotdres, les tumultes,bref les i
vc^aííl': rend.efr î » ¥ | ^ .Vitelhus, & Vefpafian, •
! l'Empire de Rome auoyent teduit l'Empire de Rome fur le bord
^^ , llu.predpiee de faruine. L'Alemagne, & la
Ì Dace, s'eftoyent declarees ennemies, plufieurs Royaumes,
&: prouinces s'eftoyent reuoltees, &c declaré leur rebellion
La Fortune fur fauo- par, armes, quand voicy (dit Tacite) furuenir fauorable-
fur ^"Lcha"« de ^^^^^^
icL ruinl'"' fois auparsuant il eftOit aduenu, c'eft a dire, que la Fortune
'!«'·· î· jviw aider fifà propos les; affaires d^'Empire, contre l'opi-
La Fortune a com- '^^ou communef bicn que défia par le paife elle euft faid
^attu^pour les gens de fèmblables effeds ) qu'elle remit fur pied l'eftat de Rochaf.lj!^'^'
pie^Geu'eftpas en ce paffage feul que Tacite parle de cette
I Portune^car ildit ailleurs,

ET MILÎTAIRES, LIVRE XL 7^5
dçuons pluftoft attribuer les bonsfucces de nos entreprifes, ii, faut amlbaer les
¿¿les heureux éuenemens: de iios, affaires publiques ^P^^i" affaires^Tu^Lm^
ticulieresjà la boiitéySE aÜ finirple vouloir du Tout-puifiant, de Dieu , & not» à
que nonpas à noftrelveiitu. Q^oy que Philoniee fouftienne, v="u.
que la Fortune népeut pas tant que la Vértu, neantmoins il
fait puis apres vn difcours tout contraire,auqu^ il dit (l'em- ; .
pruntant de Tite Liue ) Q^. la Fortune aueugle l'efprit des La Fcirttjae ineugrç
Jbommes y quand' elle; ne veut pas qu'ils s'bppofent à fes l»""»»««·
deireins,nyquHlspreuienrientfes;eifeas,S£quepar-mefrne ·'" ··
raifon elle illumine dónele œefiiae efprit , quand'elleiveut
que les progres jreüfliíferit heureufement : ce qu'il iuftifie
excellemment. Le meime Tite Liue, efcriuant les grandes rite Uut /,·«»•,5.
guerres d'entre les Romaáns,les Eques,&; les V^Ífques,apres '
auoir monilEé en queldeploràble eftat les:? affaires de.Rome
eftoyent reduites v Tvn .des Gbnfuls eftant mprt· i l'autre teïmntl'ame
auec ks dents, plufieurs des printipauXi.la plus
grandcpartie:duSenat.,&quafi tousles hommescapables
de porteries armes, bierumalades. De forfe que non.feulement,
ils in'eftoyent pas fuffifa'ns pour pettré vtifc armee eft
campagne, mais non pas méfme pour feiirélagacde x^mf&ts Tite^Liué attriboe is
omma,Jtmupte,Jïmvmhm,Ùyfufi^^ bon fucces des RO-
Toutes chofes eftoyent abandonnées, la Gité eftoit fans a^frortuL''""'''
Ghef, la Republique fans forces, mais les Dieux tutelaires, ¡'»r. ¡.de-
&:laFortunedelaVaie,|kuucrenttout... : - · : . .
Get autre exemple ;me reçoit non plus de contradidion, - ^ ' ^ -
quand le mefme Tite Liue ayant diftourù j Qu'vn certaih ... ' ,'1,' ' ' , ' 'Î
iour le Gonful Emilius, ny le Roy Perfèus,.iievoialô"yem: eh • ^
aucune façon entrei:au;combat,ildit:Fw»;î4«,^»4i/^/^^ Liur.^j,,^,.
certamen comrax^ de
force qùcksconfeilis humains vnoûîtdapa^^ , ' '
tobataille. Gefar ^ ce magnanime Rctóáini excellent jefcrir c¿íar .en piufieuri
uam,j&tres-grandCapitaÎûé^quis'eftififo.ituem'tr^ fes c^,
lefaid,vamagnifîantàtoufcproposlapuiffancédci-iaFQfiF^^^^^^^^^^ ' "
^^nt xMuitant Èfem m ommhui rèm ,tam in 're militm JFmunâ cefar de u guerre de,
h fe ^ •) ^ Fortune peut bcautoùp cncteutés ^
cnotes, mais prhicipalement és: 6
11 «ait adbars .OœpeuÉTaircombienlaTort^ ., . .
taaj^xtvteguerre,5¿.co(rabÍ6q d^ioadehsj^^andBsimi« ' "'
·' " ' Aaaaa 3

7^4 DISCOVRS POLITIQVES,
' Là mt^e. chap. 7. »H cations elle y apporce.Éc dit encores en vn autre endroit
ammeniement. mefiiies pàtolei que cy dcíTüs : LaForcune pcut beaucoup
. , entoures cliofes,niefmenient au faid de la guerre :rnais par
Littr ^ -deta guene exprés CC n'eif pasà la valeUr de fcs foldats,ce n'eft pas à f
cS:ttú:¡rpluf. courage,ny à fa fage conduite, à fa prudence, à fon expetoft
fes heureux fuc- riencc, ny aÇa vertu, a qui il veut que 1 on içache gre, &C que
^es à la Fortune, qu'à rende graccs de toutes les chofcs qui eftoyent heureukj^aieur
e es fo- ¿¿ pj-^fper^cntfuccedees en Italie, aux^deux ^^^^^^
Làmcfme,ch»p. ij. :ghcs,8£ en tOUtes lés mers,où il s'eftoit rencôntrf auec l'e
nemy, c'eft àla feulç Fortunes Ce qu'il ne faifoit pas fans
raifon,S£ fans iugement,veu que fa flotte s'eftant treuuee en
Í , pleine mer, chargee par l'ennemy, auec grande difproportion
& inégalité de forces;6¿: eftant fur le poind d'eftre mife
en route pàr vniî grand defadnanta'gè , en vn clein d'oeil la
Fortune changea toutes chofes en fa faueur.En quoy (dit41)
on petit voir éuidemment fes foudains changemens , ca;
ceux qui n'aguieres eftoyent en crainte de péricliter, furent
recueillis en Vn port afleuré & fauorable : &c les autres, qui
áuoyent efté fur le poind de vaincire , furent contraints
' %à mefme,ch0}.e^ \ d'auoir peür d'eftre attaquez. Il ne fe faut donc pas esbayr,
' fi voulant paifer d'Apollonie à Brundufium , fans eftre
cognu,voyant que le nocher auoit peur de fe perdre,
I à caufe d'vne forte tempefte, qui renuerfoit les flots de la
i Coutageufes paroles met fandeflfus deifous,luy dit, le prenant par la main : Mon
' ^etiulrk rae^ àmy, aycs bon courage^Sc pouflfe hardiment, fans rien crain-
Fi^arque tn u vie drcîcar tu conduis Ccfat, SifaFottune quant & luy. Et ne
de Cefar,chap.iu dit pas:Tu conduis Cefar,& fa vertu, ou fon autorité.
Les Grecs colloque- Les Greçs eurent vnégrace admirable, vne induftrie extent
dans vn temple cellente, & vnc tres-bellc inucntioii en tous leurs faids, &
t?ne^,Tvn «n tous leurs dids ; aufli^ auoyent-ils f'ame comblee d'vn
à fon ,cofté, & pour- fouueuain fçauoir. Ils cblloqùerent dans vn petit temple en
quoy. - ' Egyne la Fortune^& Cupidonà'fon cofté:ce qu'ils fîrenc(dit
- Paufanias y poiir enfeigner qu'aux practiques amoureufes»
les hommes profitent plus par lémoyen dc laFortune, i
LiHf.7iAtUit. die la beauté. Et adjoufte ^ que Pindare eut yne iolic cofl'
ception,qudnd il dit,Q^e laFortune eftoit vne des Parques,
U'mefme,lim.9:'dts enpuiifartce aux autrcs fœurSi L'inuerition des
" ' Thebainsd&raefmcne fut point laide , nygroifiere;,ayaos
configne

ET MILITAIRES, LIVRE XL
confifné Pluton en la prote&onSifauucgarde d^
tune, çomme entre les^nïàins-d'vne mere, naturelle nourrice,
èc tutrice legitime. Tellement que ie ne'· doute point,
que la Fortune, hon la-vertu, n'ait cfté la cauie eiTentielle Li Fortune, & non la
& principale du grand Empire que les Romains Gentils J^","; ^
conquefterent. · < < il l'Empire des Ro-
Or ii nous voulons vn peu. de près cohiîderer ks ehofes,
nous verroris que. pour là mefm©raiibn.les.Gentils ne La Gentilité a créa
pouuans en i'àueuglcment de leur gentilité penetrer dans p^i
vne plus'faine cognoiiTance ,eurent opinion, voire ferme bauiiiçs,qu'enautres
creance, que les forces dc la Fortune fc faifoyent cognoiftre affairer,
plus manifeftement· aux' b)àtaillés ,• qu'en l'occurrence d'autres
affaires. LesHebreux ,plus fages, &:qui auoyent l'en- Les Hcbreux appeîtierc
cogrioiffancc.du vray Dieu, pour là nlefmc raifon, '^¿'s
dy-ic, l'appelloyent Dieu des exercites, Dieu des batailles, bataMet. ' .
parceprincipalementque fa puiiTancc apparoir plusviiiblc
en la guerre, qu'en aucuneautre occafton. D'où réfulte, que
Dauid proféré tant de belles chofes furxcttc matiere, attribuant
ttoïi à fa valeùr,àins à Dieu ( comme Gefar à la Fortune)
t®ut le bon.fucces l'heureux éueneraent de fes
combats, & dit:.
Le Rof n^tU gardée des CenfdArmeSy pfdme it.
. Ny le fort Géant far fes armes,' Htt Porus.
La forcé abandonne le fort, ^
Le cheual ne fattue aux alarmes:
Car le Seigneur fait tout l'effort. ^
Et ailleurs il dit:
O Bieul de tes hauts fai£fs y fouuent eniios oreilles
Ont fonne les difcours; ^
Et nos f ères fomeht mm ont dici tes merueilles,
Failfes duraitt leur aage,é' mefme auant leurs iours.
TamatnadififélesnatiohsxontraiYes,
Pour au lieu notts flanter:
: Tu les as dechaffeT^^ comblez, de miferes, /
Faifant en leur déclin mBre race à
Carce-^eBfmtleàr glaiue ,àqùi fidoi^
^k^tidenosAjeulsWafimm
' \ " Leut
r ' ; , ' •

DISCQVRS P O C Î T I Q ^ E ^
• C^ft tmdextreyé'tm bras,i¿r ta fa^
S · \ lai f a i t ; jDl·;)!;:
- ' , E» faueur de ce peuple, à cham» redoutable^
^ j . que ton amour alors s'y compUtfoh..^
-f Í OUieultu esmo» Roy,atde à l'accoufiuntu. . -
. • ; . ; . . • Pa^ioydesennemümHsfrjipperonsllartKee^.-' /- : .
Í • JFoulam fom ta faaeur ceux qui vont .j, t ;
. Tfalrne • ' ' • Car mon arene m^ajfeureyé" f»a tranchante éj^ec
• i ^ m'a pas défendu: . ; ;
· l'oy feul des oppreßurs laforce as diftpeci^^^ •••'· '•
' ' ^ ' Et dé Bos 'ennemàle.deffiinconfoùdu.. , :/;.
V ' < : ;; Lasi ne .noui laiffe "pas comme torn en colere,
" , Loing de nous te cachant: ;
Tu nous marques le front d'apparent vitupere^
•; > . Btparmy nos foldats tu nevos plmmarchant.
Ec ailleurs encores: il dit i ; ;
Tfalmi 17, DieUy égale mes pieds aux biches plusßudainesi
Pour agile grauirßrlesrocheshautaines:
Jl addreffe mes mains,& les duit aux combatSy
Il fait qu'vn arc (tairin éft foible entre mes bras.
llmefertdepauoisydegarde,é'defianchife:
Sa dextre me foußientyfa^auettr m'authorifi-.
^ Il m'ouure les chemins,aßure:{deformdUy
Et fait que mes talons ne vacillent iamaà.'
le pourfuy mes haineux,fuyans de place en place,
Zeger ie les atiainsyérne quitte ma chajfe,
^ils ne foyent torn défaiSfs,maJfacre:^ratterfe^
Lesfiappantfans bouger,f6m mes pieds renuerfez.
Tu me ceints de vigueur, aux batailles dttifante:
Tufaüplierfout moy toute force nuifante:
Jls me tournent le dos,fuyans de toutes parts.
Ceux qui me hay foyent ie Jes ay tous eßars,
L'air fiappê de km tris .refonnoit lamentable,
Maüpfrfinne au befom fiapp^^^
Leur clameur iufqu'au ciel deuantDieu répandit,
^ ^ntBHrtml'EterndpôintntknrreJj^onêt,
Mtnif^^

Et MILITAIRES, LIVRE XL 7^7
Mêfius comme pou/ùere,au gré du -vent chajjee,
le les ay tous plez,yCom_me fange amajfee
^Varmy les grands chemins, eu le peuple a paffe·.
ïay foulé dé mes pieds leur orgueil rabbatjfé.
. Tu m'as fauué des fiots du mutin populaire.
Et calmant_ fa reuolte,il fa pieu de me faire
chef fur les nations, Roy ie fuis deuenu
De plufieurs^ qui deuant ne m'auoyent point cognu,
K^u plm fort ennemy l'haleine ejl· defaillie,
La peur dans leurs chajleaux a leur ame ajfaillie:
Viue donc l'Eternel, Dieu de force infiny.
Le Dieu de mon Jalut à iamais foit beny, Tfnimt 17.
En fomme il afferme,que Dieu luy a foufmis fes ennemis.
Et tout ainfi que Cefar d'vn courage inuincible , fous la
confidence de la Fortune, ne s'efpouuanta pasde la tempeiie
de la mer : Dauid Roy & guerrier, non moins vaillant
& courageux que Cefar,monte bien plus haut,car il dit :
Mon Dieu,par ta faueur ie gagne les batailles.
Et pHÏsoutrepaJfer les plus fortes murailles. pfalme ij.
Auifi peut-on bien efchapper vne furieufe bourrafque de
mer, & fe fauuer d'vn naufrage par œuure naturelle ; mais
aucun ne peut outrepaffer vne muraille, fans vn manifefte Peifonne ne peut oumiracledelapuifl'ancedeDieu.
· vn= mu-
„ . t ^ , , raillcjfansvn mamiit
ce qui donne vne conjeaure trcs-certaine,de la ferme fefte miracle de la
foy, grande confiance qu'il auoit en l'Autheur de fa For- pui^ance de Dieu,
tune, il dit, que non feulement il ne s'eftonnera point des
guerres, que l'on luy pourroit fufciter ; mais qu'il croiroit
qu'elles luy aduiendroyent pour fà. gloire, & benefice. Ce
qui eft fignifié par ces paroles:
Si vn" armee aduerfaire . if»lmt x6.
S'éleue pour me défaire,
Mon cœur pourtant ne craindra :
Si la bataille commence,
L'horreur de fa violence
Htfi confident me rendra.
En l'ardeur de cette guerre
••• Jli penfoyent de me mangen „¿af
Bbbbb
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î ' '
768 DISCOVRS POLITIQVES,
Mais ils hronchent tous far terre.
Et i'e» fors fans nul danger.
Quelque epiiogueur nie demandera , que c'eft que ie
Nous acuons auoir veux dire : Si ic refpondray. Nous, qui fommes Chreftiens,
i^'ayaiis autre Fortune que Dieu, deuons par confequent
qu'en noftre ïcrtu. ' auoir plus d'cfpcranceS.: dc confiancc cn luy ,qu'en noftre
vertu &L· generoiité, pour n'eftre moins Religieux que les
Romains Gentils, qui attribuoyent plus du bon-heur de
leurs affaires, à leur Deeffe Fortune, qu'à leur valeur & fage
Apres la confiance èn conduite. Et que par ainfi, nè laiflant de mettre la main à
DKU , ce quii faut brauement de noftre cofté , & procurer de tout
noftre pouuoir d'auoir bon nombre d'hommes , grande
quantité d'armes, & fuffifante fomme de deniers, puis eftablir
vn bon ordre par tout, &c fonder noftre entreprife fut
vne caufe équitable &: iuft e : Croire que tou t ce qui fuccedera
de cet appareil, fera de la pure volonté de Dieu, nous
repofant feurement fur cette fainde &: veritable fentence
Ceux qui ont eu re- Jg Camfllus, bien qu'il fuft Payen :.Que tout bon-hci:r eft
bon" heur 7eur'° ft aducnu, Ics cftèds rcuflîs auec grande profperité à ceux
* aducBu. qui ont eu recours à Dieu;&; tout le rebours à ceux qui l'ont
Tite Liue liur. K. de- - /
cade I. contemne.
Que les- 'Princes ne doiuent faire des eshajs,ft fon
ne leur dit pas la hérité.
DISCOVRS TROISÎESME.
Tibere, auec fa diffi- W^^^ 'iNivsxrcE, & la traiftrefte diflîmulation dc
mulation.rcndoit les ® ', . v— ^ « . i
hommes timides & f ^^^ Tybcrc, CC crucl Tyran, eftoyent-clles pas tro^
cra^ntifs.&s'enmo- M ^^^ grandes & ciccefllues , quand ayant employé
^ ^ ^ ^ toutes fortesde moyens j pour rendre les hottimes
timides, craintifs, bas de cœur, il s'émerueilloit puis
après de voir les viles & abjedes flatteries des Senateurs, SC
s'écrioit en termes Grecs, toutes les fois-qu'il fortoit du
Tacite Uur. 3. des An- Senat,0 homme S prompts & dtjpofez, a la feruitude f
^^^ Plufieurs Princes fe plaignent, qu'on lie leur dit pas la
vérité, mais c'ei^ fans confiderer que quelque bonne vo-
'lontc
h - —

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 7^9 >
lomé, grand defírSí faine intêtion qu'on ave'de la leur faire On n'oie dire la ve—
entendre,ron ne l'ofe toutesfois pas à caufe de leur façon de
faire,& eftrangemanieredeviure.IuliusAgreftis,Centenier de la leur faite cade
Vitellius, foldat vaillant ôc experimenté, exhortoit fon
Prince en la guerre dc Vefpafian, de fe porter vertueufemet
&: coürageuíement,puis qu'il y auoit encores teps & moyen
non feulement de rcfiftet à rennemy,mais de le défaire tout ,
à faiét. Et s'eftant prins garde que Vitellius n'oyoit pas volontiers
les heureux progres de Vefpafian, il alla luy-mefme
voir fur laplace comme le fai£t de Cremonne eftoit pafsé:
mais eftant retouriié , &: rapportant le fuccés Si l'ilTue de la
bataiile, de mot à mot felon la jerité, Vitellius luy reprocha
fierement, qu'il auoit efté pradiqué de la part de Veipafian,
pour rapporter cefte nouuelle finiftre ôi fauifejreproche,qui
toucha fi viuement l'ame genereufe de ce braue Caualier,
qu'il lafeha tout haut les paroles fuiuantes, puis les mit cou-, dfvUeílUrrf¡
xâgeuÇcment en c-xecuùon\Puùqu'ilfautjËmpereur,queparv>i tua deuant l'Empe-
grand tefmoignage ievopísfaffe preuue de lawrité^é" que ma vie ny ^^
ma mort ne vouifontplmneceffaires, ie m'efforcer ay de vom donner uoit^dk! * f
vnfigne que vous croirez.. Cela dit, il s'oiïa de fa prefence, Se fe Taciu,ii«.îMshift.
tua,luy faifant voir la vérité de fon rapport,enfemble fa con- '
ñznceScloyznté ,atque ita digreffm voluntaria morte dicfa fir' -
maait.
Xerxes s'enquitde Demaratus,Si les Grecs auroyent bien x^fesfetnocquas:
,, „ 1 „ 1 • . 1 T^ baftoua DemaratuSj
1 aiieurance de 1 attendre,S¿: de venir aux mains auec Itiy.Et pour luy auoir dit u
Demaratus luy ayant did la vérité, fut mocqué Se baffbiié, '«"té.
bien qu'il euft demandé au Roy, auant que refpondre, s'il
plaifoit à iâ Majefté qu'il dift la vérité ou non, Se qu'il euft
eu non iculement vne fimple licence, mais vn abfolu commandement,
de ne pas, mentir, ains dire véritablement Se
franchement ee qu'il en penfoit.
Qui ofera donc dire librement la vérité aux Princes, fçachant
d'en deuoir receuoir la mort, ou pour le moins quelque
grande honte & notable vergongne ? Nous n'auons-pas *
toufiours vn vaillant Achilles,qui fe rende pleige &: caution ^
de noftre falut, éuidionnaire Se garent de noftre honneur, ^urueYqu'ii dlftTa
•comme il fit quand il promit à Calcas, qu'il le defendroit «rité.
. f n ^ 1. ^ /- . ./- i r Homereatt tomment,
contre qui que ce fuft, pourueu qu il dit fans faintife ny dii- ¡^¡»41.
- Bbbbb z
• - ' • ' . " • v" i

770 DISCOVRS POLITIQVES,
fmiulation quelle eftoit la caufe eftemiellcdelàpeilcqui
aftligeoit l'armée des Grecs.
Mais pour confirmer de plus en plus ce faid icy , ic diray
ce qui eft aduenu en cas femblable à des liQinmes fainds &:
innocents, à fin que les Princcs ayent moins de caufe de fc
fcandaliiér,fi l'on leur did des menteries.
Achab, Roy d'ifraël, vouloit aller à k guerre après auoir
ouy 400. Prophètes, qui luy confeilloyent d'y aller, & luy
j5redifoyent vne vidoire afléurée certaine. Ibfaphat fon
confederé,voulut que Micheas fuft auifi ouy touchât ladite
guerre, à quoy Achab n'ofa contredire, bien qu'il l'hayt,
qu'il le-xogneuft homme veritable Î On l'cnuoya donc appeller
par vn Eunuche,lequel, ou de fon propre mouucmer,
yK^y:, chaf.y.. OU par le commandement du Roy, dit à Micheas : Foicy les
paroles des Prophetes^toHsd'vtje mefme parole preMfer/ihomes chofes
au Roy : ta parole foit donc femblable a leur parole j ^ parle bonnes
chofes. Auquel dit Micheas: Le Seigneur vit,que tout ce que le Seigneur
m'.iura dit, ie le parleray. Et ainfi ejl venu au Roy, & le Roy luy dit:
Micheas deuons-nomaller en Ramoth - Galaadpour batailler, ou cefferi
Auquel cesiny rebondit : Monte, é' 'va en profperité, dr le Seigneur U
baillera en la main du Roy. Mais le Roy luy ditiDerechefé" encores derechef
te t'adiure, que tu ne me die rien fimn ce qui efi veritable, au
nom du Seigneur. A quoy Micheas refpondit en telle forte,
^ qu'il fie entendre au Roy qvi'il y feroit tué.
; . ditàlofaphat:Net'ayiepasdtt,qu'ilnemeprophetifepointdebicn,
mais toufiours mal?
Le Prophète Micheas VoycE-vous commc Micheas, hommedc Dieu,qui fça-
S au RÇlïiab^ ^^^^ ^^
receut vn foufflct par p^t ironie,non CC qui luy deuoit arriuer,ains cc qu'il defiroit
pSÎnÎer/ " fucccdaft. Gonfidcrcz puis apres, que le guerdon Si
recompencc de la vérité qu'il nc peut cacher, fut vn grand
foufïïet,que Sedecias, vn des faux Prophetès,luy donna fus
^ la iouë, &; la prifon où l'on le conftitua,pour y eflre fuftantc
du pain de tribulation, Zl de l'eau d'angoiife, iufques au re^
tour de la bataille.
Aduis aux Princes. Que les Princes aillent maintenant fe plaindre,quànd on
les paift de menfonge & de vaniré^fc qui pis,eft,qu'ils aillent
accufer Dicu(irrité de leurs pechez,de rénormité de leurs
crimes)

ET MILITAIRES, LIVR E XL 771
crimes) dece quHl permet qu'ils foyent trompez Scdeceus, i
comme il fe void en l'Hiftoire fufdite, fur lequel ié ne me - j
veux eftendre d'auantage,puis que mon bue eft, de perfua-; • - i I
der aux Princes les bonnes mœurs & œuures vertuéiiies-pap. - I
des exemples prophanes,&: non pa- ks facrez,a ce que felori
le chemin où ils fe trouuent, ils, ayent moins d'occaiion de
controdire&conteftcr. , , · . ,.1.·, f:
Qùakx hataiïïes ^ grandes routtes des armks i ^
f as. mettre l'ennemy au dejeipoir.
DiscbvRS Q^ÀTRIESME.
^ NT OÎÎ I VS Primus, ayantàiTemblé les Gapi-: . ,
^^^^^ taines du parti de Vefpafîan,learïcmonftra, que,
Vitellius auoit encores des forces qui n'eft#ent " «« faut mefprif«
Sf^K^^Uk V r -r· · Í - / u n * · ov mettre au defef- '
pas a meipnfer, qua la vente elles eftoyent m- poir les foldats,
conftantes peu refolues : mais tres-rudes-ßi hazardeufes iî .. !
on les mettoit en deiefpoir, ambiguas^fidelikrarent'jacresfide- |
JperaJfent. Ce vaillant Capitaine Corbulon, allant à l'entre- qlind Vne armée va.
prife de Tigranocerce, s'y achemina àuec vne armée, qui
. marchoit par païs fans mal faire, Se fans infolence, à fin de faus^aLc^ma^^nyin- î
n'ofter à ce peuple-là l'eiperance du pardon, Celuy qui p r e - Í
mier propofa, qu'il falloir faire vn pont d'orou d'argent à i|
l'ennemy qui fuyoit,n'auoit autre imagination que celle-cy, imaginajion qu'a-
Qu'en coupant le chemin, empefchant fa fuitte, on le w'îio« S ^
mettroit en neceffité ^mourir les armesàlamain , tm&d'argec à l'ennemi. ||
chemin de regaigner ce qu'il auroit perdu.D'ou s'enfuit,que |
le confeil d'Euribiades aux Grecs fut tres-bon, les difluadat Euribiadesconfeilb II
de ne rompre les ponts de l'Elefpont, par où Xerxes deuoit fes"pots"L"'£:
retourner en Perfc,parce que la neceifité de reuenir au com- l«'pont,&: pourquoy. |
bac où Xerxes ieroit, réduit par la rupture des ponts, pourroit
eftre la ruine de la Grece. Herodote le recite ainfi: î
Sextus Iulius Fronrin, produit beaucoup d||emplcs de j
^ands Capitaines, qui enieignent, que l'on doit ouurir le . \
chemin à l'ennemy quifuit,.pour éuiter queie voyant en- v 1
cios,il ne retourne au combat,& allegue ce,memorable dire t
de icipion l'Africain, Qu'il ne fkut pas; fimplement laiiler le
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• • • \ • - • .

' 772- DISCOVRS POLITIQVES,;
i II fMt ouurît le paf- paflàgelibre à l'ennemy qui fuit,ains le luy ouurir S¿ élargir,
à renncmy qui f^ij-g fg peut:máis parce que l'exemple,fans le precepte, eft
ï pcendiafuucc. comme láloy fans le proëme, il eft bon de rapporter en Confirmation'(Je
Cecy,-ce que Tite Liue efcrit de la prinfe d'Anx'iir,
appellé du depuis Terracine, en laquelle les Romains,
i montez fur les murs, combattirent longuement, tuans S¿
maifacrans autant ceux qui fuyoyent, comme, ceux qui ar-»
mez,ou defarmez,faifoyent quelque refiftance : de forte que
les vaincus confiderant qu'en fe rendant,ils ne gaigneroyent
J rien, ferefolurentdeie defendre, iufques à ce que Toil euft
i riii liue Uur. 4. de- faid vn cry public, Q¿on ne tuaft perfonne, finon ceux q
; ende I. feroyent armez, Ou feroyent quelque refiftance : à l'inftant
l tous poferent les armes.Mefnie chofe aduint à Sutrium, où
r le comba:tau!ro it efté recommencé par ies habitans, que le
¿i defefpoir euft^efchauftez.,' filè^ troinpettes iicuíTcntefté enuoy|^
parmllá ville, pour faire mettre les armes bas, ôc efpargner
ceux qui feroyent defarmez, ôc qu'on nc taillaft en
Lm.6.d«cnde 1. piecesfinonceuxquiieroyentarmez,/'m4/'«/rf,c^/'4m/»fy/»i
iup£2nt,KecprMer4r>hatosquemquamvÍ0larL Et quandTiitotôC
f Sabinus empefcherent,qu'on ne maftàcraftles reliques de
l'armée de Vitellius,ils n'alléguèrent autre raifon,finon qu'il
Il faut pardonner le leur falloir pardonner, de peur que leur oftant l'efperance
I fatâe*^ '^^ pardo,ils ne vinifcnt à s'échauftèr d'vn furieux defefpoir.
I qu'elle ne vienne â C'eft vn beau precepte que celuy de TiteLiue, quandil
vn furieujj^efefpoir. parle dc la bataille donnée entre Scipion ÔC Mandonius;
Tacite,m.i^.des hift. ^ . . i • r • n. • --i
thaf.y. Scipionen emporta vne gloríeme vidoire.-mais il y mouri^f,
pu des Romains, ou des alliez, enuiran douze cents, 5¿: bien
. Tite Line Uur. 8. de· trois mille de bleifez, é' »'mis, dit-il, ementa viBoriafuíJfet,ft
^ • p atemore campo, é' adfugam capejfendamfaciliforetpugnatum : la
vidoire auroit cfté moins fanglante, fi on euft combattu en
vne campagne plus ouuerte, plus commode à l'ennemy
pour prendre la fuitte. -
iinefaütmetweré- Ce n'eft donc pas vn bon parti, de mettre l'ennemy en
comLHtr*^^ " ' neceifité d|Pombattre, c'eft mieux faid d'impofer cefte neceifité
à nos foidats, &rofter aux autres; aufiTi doit-il fuifire
Vn Prince fe doit c6- aux Princes & Republiquiftcs, de vaincrc purcmènt & fi^xTCÎ
plement, parce^jue bien fouuent, quand onne fe contente
, pas d'vne modérée vidoire, on fe met en danger de perdre

ET MILITAIRES, lîVRË XL 773
plus qu'on n'a pas gagnée Donc, comme i'ay did au feptiémeDifcours
de mon neufiéme Liure, Qtfil n'eft pas bon
de tenir le peuple en vne frayeur continuelle r auiH ne En vn iour de bafaut-il
pas en vn iour de bataille reduire l'ennemy au ' l'enncnr
defefpoir. Ce que Abner,ce valeureux Hebrieu,fit bien defeipoir"'^'"'^
fentir par eifed en fa défaide , quand s'enfuyant deuant
«/-••l of 1 I I -1 . »"/"y par Afaeijlt
Alael, &; le priant en vain de ne le plus pour! uyure, d re- tua. >
tourna fa lance par derriere, le frappa en l'aineiSi le perçant
tout outre, luy fit perdre la vie fur la place : puis fe voyant
encores pourfuyuy ^ar loab, firere d'Aiaël, il luy tint ces Í
braues paroles : Ton eipee iera-elle fi cruelle, iniques à ce í
que tout foit occis ignoras , quodfericubfa fit defieratio ? z.desRoyf,cbep.i.
Ne fçais-tu point que le defefpoir eft dangereux ? G'eft Le defefpoir ctt danpourquoy
la couftume eftoit entre les Romains en certaines Couftumc des Rodéroutes,
d'aller criant parmy la bataille, Que l'on poiaft certaines
les armes : comme voulans dire, Pofez les armes, 8c nous
~ celTerons de tuer : Fna 'Voxponere arma iuhentiam per totam fer- Um liuK j. deiur
aciem. Ainfi fut-il commandé aux Gitoyens dcNepet, ''
qu'ils miftent les armes bas, puis proclamer qu'on efpar- Maxime de guerre,
gnaft ceux qui eftoyent defarmez. Les Macédoniens, pour ^
auoir ignoré ce prudent precepte, & neceiTaire maxime yde
guerre, s'en treuuerent mauuais marchands: ils donnèrent J
vnc fois fi viuement la chafie aux Romains, ians leur per^ |
mettre en leur fuite de fe retirer dans leurs vaiiTcaux, que |
les fuyards pouiïezde deieipoir, firent ferme, tuerent deux |
cents Macédoniens, prirent autant de prifonniërs ; & dit " !
Tite Liue, qu'aucune autre chofe nc les poufla à cé faid L'extreme neceffiré |
d'armes, que l'extreme neceifité. Pour conclufion, le Pre- ^rdtfefpoirl"""®'' • I
teur Regillus Emilius proceda fagement, de faire fonner la if>t(r.4..4tcad'e s. '·
rctraittcàl'aiÎautdePhocee( voyant le dangei; où eftoyent j
fes gens) pour ne les expofer à là fuire des habitans, forcenez
de rage & de defefpoir : Coadtm ergo periculo militum Liur.7,décade 4.
,receptm eanere iuf it y ne obiiceret incautos furentthus dejle- i
ratione, ne rabie. j
' • • ' ' " ' • ' i • Slli^^ ' ¡
- ·

í • _
774 DISCOVRS POLITIQVES^^
• Qu\n T rince doit olferucr & entretenir t intégrité
' • de fa parole,
DISCOVRS CINQ^IÊSME.
Les Romains ont ^ ^ ^ Ë S anciens Romains ont toufiours efté fort
toufiours cfté inuio- S . .entiers&; inuiolables obferuateurs ;des proit';:om°eSX
I meires,&conuentionsfaiaes auec .leurs enneauec
leurs ennemis. ; j-^is, C'eft de là que Flauius Sabinus, frere de
Vefpafian, efcriuit à Vitellius, fe plaignant:, quod paíía tur-
¿áríwí«/, que lés conuentions entre eux faides, eftoyent cn-
^ · fraintes&violees.Aufli Vitellius nefe feruit d'autre excufe,
ji que de rejetter la coulpe fur fes foidats, allegant que luy-
¡ / t mefnie eftoit reduit en tel terme, qu'il ne pouuoit bonnc-
- ment s'oppofer à levir débauche,&: infolence:8¿: n'ofa fuppofer
autre efcliappatoire, bien que ce fuft en pleine guerre
i ciuile, Si envn fiecle tout çorrompu,&depraué.
î • Cette foy finguliere , &c grande loyauté des Romains,
1 dimilguee par tout le Monde, fut caufe(ie ne dy pas cn
' l'ancienne République, mais au temps dc Tybere ) que le
l ' • Roy Maroboduits,chafle de fon Royaume,& inuité à l'amii
tic de plufieurs nations, comme Prince grandement ver-
Í tueux, Se bien renommé, préféra l'alliance des Romains a
Í toutes autres : Si luy ayant cfté efcrit par Tybere, Que s'il
• ' vouloit dcriieurer en Italie, il y feroit en afleurance, Se ho-
!' norablement traitté que quand bon luy fembleroit, il
s'en pourroit retourner, àuec la mefme liberté, dignité, íí
raeht ¡iur.i.des Aa- faufconduit c[vi'i\ y Ccioitvcnn,habiturmi
: »fl/íí.ífc«/·. 11. yint^ g¿; y vefcut dixhuid ans entiers, durant lefquels, toi't
ce qui luy auoit cfté promis ,fut fbigrieuíement obíerue.
là mefmt. L'on proccdaaucc la mefme Religion,& fidélité cnucrs Ca-
tualda, qui fut traitté à Frejus, comme Maroboduus à Ra-
L'Empereur Clan- uenne. Et l'Empereur Claudius n'auroit pas faid tant de
; Si^Ses^! i^cc difficulté qu'il fit, de receuoir Mithridates, à condition de
qu'il eut la volonté luy fauucr lavie , s'il n'euft eu la volonté d'entretenir de
SÎ^Ht^t^'^'' poina en poinft ce qu'il luy promettroit : mais Mithridates
n'auroit pas eu la hardieiTe de parler, non fi Ubrement, ains
orgucilleu

ET MILITAIRES, LIVRE.XI. 775
orgueilleiifement,comme il fit eftant à Rome,s'il n'euft elle
bien aiTeuré, que l'on ne fauiTeroit iamais la promefife à Iuy
faide. ·
Philonice, qui croid que les promeiTes faides par force,
nc fe doiuent tenir, fait tout de mefme que les amans tranfportezdepaflîons
amoureufes,qui palfans par les bois,&: ,
voyans les pins, 8¿: autres beaux arbres, droids comme yne
lîgne,bien proportionnez,6i agreables à ia veuëjs'imaginent
par vne foudaine legereté d'efprit, de voir leurs amantes.
Ainfi lUy i fait des conclufions en faueur de fa propofition¡,
qui feulement n'ont aucune conuenance, proportion, ny '
reifemblance enfemble, ains luy font diamétralement con-·
traires : car qu'y a-il de plus éloigné, ny de plus repugnant à
la preuue de fon intention, que l'exemple de Spurius Pofthumius
? Et par quel moyen peut-on mieux iuftifier l'obferuation
des promeifes des Romains l'iiuegrité de leur parole,
que par le mefme exemple qu'il allegue, pour preUuer
le contraire ? Cet exemple eft tellement fepareen fubftançe
delà maxime de Philonice ^ que fi ceux qui s'en voudront
feruir,le veulent imiter & fuyure, ou ils tiendront foigneufement
leur parole,a¿: obfei-ueront fans reftridion, ny modification
tout ce qu'ils auroui;promis, ou bien ils feront vn
ade de plus grande vertu. . Mais pour le miéux'entendre, il
faut voir l'hiftoire que ie rapporte icy fort brieuement.
Spurius Pofthumius,ó¿: Titus Veturius, Confuís Si Capitaines
Romains, faifoyent la guerre aux Samnites, auec vnç
forte S¿: puiffânte armee., & s'eftans imprudemment con- i
duits aux Fourches Gaudines, ils furent contraints par y ne i
neceifité inexpugnable,&parvninéuitable peril i, de pii^ ^
totis deïarmez fousle ioug, & receuoir de l'ennertïy toutes f
telles- eoifiditions^^u'il voulut preferiré ; laîpire defquelles ^
fut, qu'ils contraderent: certaine paix entre .les deux peuples,qui
ne reuenoit pas à l'aduantage dela RepubhqucRoïïiame.Cela
fâid,les Confuís retournerentàRome,où ayant .,
eh deliberation le faid dé cette paix von ne.mit pas ' ^ |
^^últél5enti^teriémentdekcap!tulati

f
) DISCOVRS POLITIQVES,
cette paix, ou fi tout le Sénat, &c le peuple y eftoit auftî obligé.
Pofthumius, qui par vn faid" illuftre 6i memorable, vouloit
effacer l'infamie receuc par l'armee mal conduitte, &
repai-er la fauté commife par lapromeife de cette paix,fáiae
line faut s'entremet- fi mal à propos, prcuua, Ô£ iuftifia pat des raifons fort effiti^'^d^s
eft7e"bie¡ ^a^cs, quc Ics Confuls,:qui auoyent contradé, & ftipulé les
áduoüé de ceux qui y articles ( & non le peuple Romain, fans l'autorité &; confen-
" °oLïit"obf-tu« & tement duqxiel ils auoyent capitulé ) eftoyent obligez eux
I mam:êL°ierchÔfes fculs à Tobfctuationdcs chofcspromifes. Que par ainfi le
promifcs. ' peuple, & le Sénat, francs de cette obligation, de toutes
i autres ainfi faides, deuoyent defpoiiiller les Confuís tous
nuds, & les mains lices derriere le dos, lés énuoyer religieui
fement par leurs Feciales, ou Hérauts d'armes, aux Samnites,
à fin qu'ils faoulafsêt leur iufte courroux fur les teftes,&:
fur les corps de ceux qui auoyent promis le faid d'autruy
traitté d'vne chofe qu'ils ne pouuoyent entretenir, ny faire
valoir, attendu que le peuplc ne deuoit confentir à cette
paix.Or que celuy qui nc veut tenir ce qu'il promet,procedc
de cette façon, & fi ie ne me trompe, la faute luy fera par- ;
! donnée.
Les Senateurs furent tous eftonnez, 8¿: rauis dc cette ^
haute merueille,la nouueauté du faid troubla l'efprit de j
|1 tout le pcuple,chacun s'ébayfToit, que tant de vertu fe treu- •
' uaft en vn peribnnage qui fortoit de faire vn fi lafche tour,&
contradervne fi infame Si honteufe paix. Puis à l'inftanr,
émcuz d'vne finguliere pitié,qu'vn tel homme fe deuft foufmettre
à lamort, 6c cruel fuppliçe, que par raifon il deuoit
Arteft des Tribuns attendre dcs Samnites irritez. On fit que les Tribuns popupopuiaitcj.
J^j^ej s'oppoferent à cette deliberatiori : toutesfois il s'enfuyuit
Arreft,par lequel il fut did,Quc les fufdids Confuís,
enfemble tous les Chefs de l'armee mal conduitte, Se qui
auoyent confenty, Se promis cette paix, feroyent conduits
aux Samnites par les Feciales Romains. :
Btaue aduis aux hô- Que Ics hommcs de cc temps confiderent donc cette
To^ftíuez'«S- ancienne vertu, & s'ils ne la veulent imiter, qu'ils l'ayent^«
tci.^ moins en admiration ; Se qu'ils ne s'eiTaycnt- iamais de tir^K
d'vne fource fî claire Se luifantc; de vraye vertqj des fangeu!*
§c fales rutífeaux de vices. Ces Romains Gentils vont pay^t
- · auec

ET MILITAIRES, LIVRE XL 777
âiieô leurs teftes l'entretenement de leur parole. Et ce que II faut préférer |
firent nos Marryrs pour la gloire du Giel, ceux-cy le font
pour la gloire du Monde : fuyuant quoy,eftans conduits à la "
porte des Samnites, les Hérauts d'armes, pour obferuer entièrement
les ceremonies facrees, les firent defpoiiiller, puis
lians à chacun d'eux les mains derriere le dos,celuy qui lioit
Pofthumius,n'auoit pas le courage de ferrer eftraindre les
cordes,pour la majefté reuerence d'vn fi grand perfonnagejmaisilhty
dit par forme dc menace w « /», Grande conftance de
comme il faut, aßn que cette aÛton fe fajfe, ér s'accomflijfe en toute Pofthumius , lors
iuFhce, & fans aucune fraude ?. Finalement, en cette maniéré ils ^"linet l^ï
furent liurez aux Samnites, à ce qu'ils repetaifent fur iceux u«* imr.S' d*'
le debte de l'obligation ftipulee.Et de là Philonice conclud, ''
Que lespromeifes fe peuuent enfraindre, fauifer, ô,: violer;
&: ne prend pas garde, que cet exemple fait contre foy, Si
contre fa propoficion;que fon confcil eft mefchant & perni- . · |
cieux, Si que ce party eft malaifeuré, puis qu'on ne peut On ne peut bonne. !
bonnement fe;fier en aucuns Princes,la foy defquels eft fier en auauCunementfufpefte.
Tacite monftre leidotiunage que les"""" I
Romains receurent par la perfidie de Marc Antoine, qui Perfidie de Marc Anäyant
par belles paroles. Si ibus couleur d'amitiéjfaid venir enuers Artaà
hiy Artauaides Roy d Armenie,le fit lier de chaincs,& peu
après le fit mourir. Tellement que fon fils Artaxias , grandement
irrité & courroucé comte les Romains, pour la memoire
de fon pere,par la faueur des Parthes,entretint ,&
maintint iufques à la mOrt, fa perfonne& fon Royaume en- Tacite Hur.tMi Ah^
nefhis des Romains.A la verité,Marc Antoine cOmmit cette »· 1
mefchanceté contrc la couftume du peuple Romain : car il n „y a eu nation as i
n'y eut iamais nation au Monde,qui obferuaft plus religieu- Monde, qui ait obiement
ik foy que hiy, ainfi qu'il ib .peut teiftjoigner.par ¡^¿.tSt
I exemple fuyuant; > peupk Romaia.
Durant la premiere guerre Puniquejvne grande flotte dc
nauires Garthaginoiiesfut conduitte en Sicile, laquelle par
diueries efoarmouches , fut contrainte de demander paix ' !
aux Romains, &:iut conclu de leur enuoyer Amilcar, Coronnel
delà flotte, pourparlementer.' Mais appréhendant ; ; |
-que Ton ne le traittaft àuift indignement fccruellemen^
quèilcsCanài^inois auQ^ht traitté leGonitt^CorncIius j
Ccccc X
" · - - i

-
r 778 DISCOVRS POLITIQVES,
: ^ , . . . Afín! dans leurs prifons,il refpondit fort bien, qu'il n'y iroit
.i! ·... .. • : pas,Quoy voyant Hanno fon compagnon,qui cognoiiToit la
î ' boiine foy, la rondeur, «¿ grande iiKegrité des Romaim
i . tomba pas en femblable mesfiance, ains fans, auoir crainte
qu'ron luy. fiil aucun lafche tour, il s'en alla, auec grande
1 aiTeuranceparler aux Confuís, Etcomme il propofoit certaiiies-conditions
depaix,vnTribun de guerre luy ayant
did, Q^la-fortune de Cornélius Afma luy pourroit bieii
i .. . , arriuer, les Confuís s'en offenferént,.ô£ firent vn rigoureux
< - · commandement au Tribun de fe taire,puis direnttout haut
! ' v^iey^n Granì ìiur. à Hanno, Que la foy, &: la loyauté du peuple Romain, l'af-
; , p.chap.6, . franchiiToit dece danger,S¿ le deuoit deliurer de cette peur.
J Souhait de l'Auteuc - .j·- lé îfouhaittcroy que nos Princes femiraiTent à ces beaux
i aux Princes. exémpies,&: fercglaifent à cette mefure. Et dauantage, que
! réjettant toute fallacieufe dodrine, ils allâiTent nieditans la
Attilius Regulus s'en, vcrtu memorable d' At'cilius Regulus, lequel pluftoft que
3 tttourna vqiontai^.j^^j^^ ^ à l'cnnemy, s'cn retouma voi
remeht ait liip.puce, f· r. j . ,
piüftoffi qué; de nian- lontairement au fupplice. Cela cft rapporte par Cicerón en
^ r^de M'en^era"^"^^ traitté de ccttb matiere,a-uquelil fait grand eftat de cette
" GicferoB V quoy'^ue obferuatiou de promciTeneantmoins il. n'eftoit pas Chre-
i f'snti^'necroyoiten {jjjgij, |
fes Dièu-x.·: ; • : . . " r TS· 1
Í /¿»M.ài^i croyoit guieres en ies Dieux. |
I offir.es.^ ^ _ ^^ .Vn grand perfonnage dit. Qu'il y a trois caufes motiues,
I motiu^Tqui^^font ^^.i fonf manquer de parole : La premiere, quand en pro-
,1: manquer de parole, mettant, l'on n'a pasla voloiité, liy l'intention de tenir ce
& quelles. . qti'on promet : cela eft vne pure mefchanceté perfidie
toute-cuidente: La feConde,quand l'on fc repent : 6«: cela eft
, vne legereté, &: grande bcfbife. La troifiéme, quand l'on ne
peut, Auquel cas ierefpons. Qu'il faut faire defoy-mefmej
... ; : commePoílhümius: , & imiterdc bon débiteur;,'qui n'ayanf
i pas le moyen de payer, ne fe cache point,ains fe pifeièntant
lilîrementafon créditeur, fc laiiTc conduire en prifon. Il y ^
^^EfTiio^''""'"^ vn prouçrbe en Efpagne J, iqui pourroit eftre fcmence de
es pagiiof. beaucoup d-crrcúrs, mcfmes daiis l'Italie, OU" il y a tattt de
' Vn Prince ne peut fepaices, c'eft,Que lespa^^
faire aucun compii- plimcnt n'obligcntpas. •'Or quetrcompliment peut faire va
ou"lutK fon'S' ^"cc^foaVâifâll,aucfeifonfiiibjéd,iôufo,n feruiteürjOU
neur?"° '''' auee quelque âUtfe; qui luy ditgrandehîeiif iâfa^
' : .•;,,.· : > les

tes complîmcns fe
dur&eft-ce, d'plfi-jfj ou pr^iàiçttfej; a){icçuy,-fpit 11 nc°feMpromettre
foit paí -vanitéj ehofe qu« ïipus,iti('iauons p^s.volont4|de-don;5 n'^voltrntácM
ner Í Et n'entretenant pas ce que nous auons prx3-n:iis,,.córn,-: feauer.
ment-pourroîî^-nous.faïre ^ . ^
nou§ :£bninie#,au fa-UJ^^jes d^; ^p(ilr^igaEole,o,%rn^feha Se
ÎGçferats,pa;iijçpnftan:5»&cypia^ le ' '
n^oinsjplíáíis.de vàçiicé;?
mede,quieft dene rien promettre, qu'on iiexueille tepiç-de
II ne faut ríen- pro- -i
ppin^en oJjfetjii^i.^j^aispëjiii?.^ "cûîe tenir
qui on prpinet quelque ehg^é/fîdpiCifeMi?
Celuy à qui on pro- 1
quelle façon ^ fous quellp cor^ditiíSn^oirduy^romei:..-jQ/tÎ^
fleurs.:a4cufeñtii,PapelL·eκ)lîí;id•e;n'iaüpá: tM^x^gftm^ji^}^ fo°úsqúdl¿¿lífS <
promis^à.fcâniP.aixlsBaittôrn^t-oûtesfois on luypromet.
drede&parpieîsde.Guichardin:,qu'il liiy eui^ promispur¿
ment & iimplengientsvnJibrg í^ufcpnduit.Et fi;|^ nu parole/,: - ,
pnziàîwJtldiieoauièiffi^able dçi^ q^â^mm -
bien befoin d'vne tefte comme la iîennie v^.4uè!p.uiS' ap^ç$
l:'ayanti,entre-fes mai^^ Juy.^?

' • ' -
I . ÇÎ^COVRS POLITIQVES,
i ; : i f¿úxVáüffiéft-cëVne gîande
^ qiie àeiïcin^iec^t ^rècèdèr en telle tee y qu'on ne
:r Í püííTé aùèc riifoii'ëftrè ae^^^^^^ de men-
; V'V ' : " fónge. lie Frîncé fage tódifcm
•-·•!• üáis''paífages3"-r'
Tybere, pour auoir ' Tyberé^^rittant àRhefcûpbrîs,Roy deThraee,hpmme
Rkefcuporis, Roy de fcélHàf Si^ééurtOl-
n'âu^î'ti -peinf faillyjil fè^ôifubi't repófer fur fon itónacenceJ
' " Aptfeé'í^udf, j^ëuf ratioîr'ifilus á
' énïïôyà en Méfié Ponipoáius
0 ->. ^ retint-â là
Tœheiàr ». des A«\ cttbíe,B5MmfeWiíBT^bére fié Itîf ^ifôîÉ fièhiproniis. Afiti
naies.chaf 12'. goftisiidàmaaiiiià â fëif'filsDeinetriiis^de^tenir fé«^^^
pro)Wdê là inort déMiéhridàcesïDéti^êtrnis lé luy proniit,
Demcttrus fauua la 8£ lé luy tint 5 màis pcitir lé refped de là gratidé amitié qu'il
i vie à MiAridates, poj-f^jjc á>Mithridatés, il lé tira^ à part, Jpuis en fa prefence, SC
déuant fesyte, il'èfdrikt;en'téïrédu bout
7 PMdrqHe en Uivie ^¿¿^i'm'CMitMdïltéS^ "'· ' ''
ie ,, ^^ ^^^^^ Éëûfèsrôîs^ées'ehófcs íi^ur' ai^ïendre aiix
' - ' ' meícharis htííkiñés à donner couleur
3 11 faut eftté accort,& rupturc dès prorhcflcs ; inais pour enfeigner lé Lëdéur,qu'il
I citcoofpèa en ce dôit efttë àccortS^ ciréonfpèd en cé qui luy fera did,ou
I • " promu""^^' promis. Quoy qu'il faille bien pardohiieir a Demettitts cette
. \ ; ' ·fálité'^gánjípbíari'áúóírié^^ fOn amy,
' = ' • ' r ! îjùé"i|)bu^àutâkiqué ' c^^^ promeifé faide enrié le
tesRotnains ¿ftoye^ péré Silc-fiÎ^.ÊtîeS'RomaiiiSjirés-feûeres Sô fpéculàtifs aux
I feueres aux chofes chtíf

ET MILITAÍRES, LtVKE^^ X^^^ 7tr . '
les laiíFa tous àllereniibettéjparçç'feljder^^^ "
apparence de vérité, ils prptefter(çnt qùHl?.eiJb(?^
fadeurs à luy enuoyez, par lé^t Repühliqueí^GipiQíi.ayiina^^
mieux eftre «infivericablenientitro'napé.^çifô^^ . .
debaillcr fujet aux; Carthaginois dédirefa^iTcme^tiiqui^^ f'"/«'·' f' Omd liur,^
vain il? aUoyent eu recours a IjaftUe de foy^Ceiar parçilk Geffrfépwrqu'il foft^ I
mentfeprintbien;g^de,,,qu'onIjijy^^i^qi^^^^ deparf^,enifu,f,Brins.vncJai?:^a/
ibn abouchement auec AriouiiÎus : niais,il^ne PTOÎ^«
pourtantque Ton. charg^il l'ennel^y, à -4ift.pas 'ie chàiget i'cnnemy.
qu'il auoit eftç furpris par vne pure circonuentio.h, colorée. \
vne libre conference, m, dtcl·foJlff eûs effef erfidem m aUoqmo eh^f.io.i i» fin,. ;
cfmmeftm. _ -v-r ; ••-.hM--! r - ayzii· l e-· - '--r· ;
Mais pourquoy vous entretiens-ie en.dep oi^pfef fi petite;?,
&c pàily auoit;fi peu àg^igner,rompant,fafpy, &.pianqua%
de parole,à comparaiion de l'exemple fuiuanc?Sq?tus Fomr SettusPompeÌHs,apeyus
aupit dans ia^alere Augufte Marc Antoine^ Menais Í
ibn arranchi s'approcha tput doucement,puis luy dit;^belÎe- lete,¡'fut contì de
mejat rà;l'ereille: Que coupant la gorge feuÎemeiu à ldeux
u /- . ^—-1 . ·. o , - • r, TTï^it II ne faut violer la 1
HpmmesieS ennemis,ille teroit Seigneur de £put;le m^nde:, £oy promife à lamy,
mais Sextus eut en horreur ceft execraba nyàiennemy. ^ |
vouhitpâs entendre,pour ueyioler la foy qu'il letir.^1^^ |
lemnellementpromife. Auífifn,e.fuifTÍchienTO^ ;
ueillé, quand hiant les:pre^iersœmmence^
pire Romain, i'ay treuué que e^eftpit^fiiipfe'cepte ¡:;res'-^anpie,> !
f vne m^ime grauée en leiir^meVpfr.laîf^pr^ ..M P^de Rome au
dencedu fage-Roy Kuma, vtjdçs/^^iu^a^entum'profi^ Îfg^^t ¿ommencéme-t eftoit
des punitions, la Cité futgouuernee parla r^eiierenfe.des; &"''ieruation de la
fcEments,cntrcte^er^entdesp^oi^ |
tiondela;foy.Aucpntrairç.dequoy^i^^^ |
Çôntre. aueç des Gentilshommes j^'nom^ La vrayeNobieffe ·
pie lavmyç.No^leiiç|cîonfii^tf%^
jans açcpmplirny efïecgruerxp ,qu'il^
ficmneiles gens^leurs infctieurs S¿moi^^ î
dirent ajj^p^oles,
d a t i o n , -
tienrfent

I -
: ygi^ ©riSCÔTRS POLITIQVES,
denïiéiiÉiJârGtééfttierkleufs fêmbliibles, ce n'eft ny par loyauté,n'y
pârÎu'icerited'întèmion:nià
i , lièBftoiid'eftre-cliaftioÉ'.radïoufteray C(^y,quêqn^
Le menfonge eft vn dé proffiéfle, # à préfère Vh-nlenfonge éh ' |)rôinettant : le
ji tice feruîiei irieniongé eft vn-vîce feruilei Dônc-ques le Prince qui manqùédéfaparoié,fe
transforme en la nature d'vn ferfvC'^^
! ti'ànsFôrmé eri lâna" raifôh^poiir-laqiïéliéreSagé dit ^'^èkléurè du-t^éKp^gi rt'ap·
i -m v„n. i t ï f Qiltiyiqui ptoittefe qùgl^i'chbfé à vii'àùtiré,buiiPjfifometi
Remarque fur les potiÎT viïbénéïîéëîrecèu J Se he tenant pàs ce qu'il aj^tothis, il
1 ftomeflts. ; • ' éft ihgrà't,ou ilpromét afih dé'récéû comnibdiié prc-
' fente;&: ne rendant pas vn benefice réciproque, c'eft adiré,
.i n'ôbféitiânt-pâs là ptof^^ inîufté,
o'{iil|)romét_pdlir· vn béïté^éé futur ; autjuèl caS il déçoit, il
. ildonnéfa
DeuTco'ttaiV^'ftsitf^ pârblc; Ehcbrés ne'peùt-iiéuiter rvnbdé ces deux condi-
:! céluy' qm 'n%èferù^ tiÔils,d'aduoijer qûé quand il fit la proméife^il eftoit fol; ou
fff éoKfeifér;?il-iae-l'obférue pas, qu'il eft vn'-mefchaiït hominé.
î . ( ,. l·» -1 i (p (r^ ; o-i ç^é iî célùy a^qùi nous' âùoris prornis^ûelqùé chbfe, ^ nou
\ v.v.;.·. AJ's-i'«JJ faià-puîi^àpresrquéïqiSe^^^^ nous
•2 î 4 liiy deuons rehdré FéiFeâ:dé rioftre promeiTevil le fahdrà re-
I cbrnpenfer du benefice-receu'dél^^ qu'il faut ;
I efFeaiier là choie pr6rhife,& puis après tirer raifon, ôiiu j
i iàtisfadion def o/ïenceparluy corurniie. : ' "·
tafoy eft vertue

MILÏTAIRE;S, LIVRE XI. 78.3 ^
;Com'nje:4e gens pëMu« d'honneur de Goi^fçience f à quoy ^ „ ,, ,
diiSpiUement ppurrbnc-ilsiamais^ , ,
JeurprefeîieçlepcvifkA taifèj;enkur^ '
de parlejchafcun eft inibeu de leur mil perucrfîtéi/l n'y
a qu'vne feule voye, traçéc par Spu|-ius, Pp^fthumius,,c'eft yn
moyen tres-excellent,d'éfàcer]itoiires les fautes pal^^
à dire, fe refoudre par vn a^e îj^ettiprable, 4e i^|r€;çha,nger
Popimonvniuerielle.;;;^'. -.-.ro-^j;-;--^i:;;,-a-i j .,·.--
Pourconclufîon,;çeuxhlàfpntdigr^e
mes, qui ne fe conçentâns pas d'eftre inefchants, & mai-vi- &'^r^nÎ-'
uans, tafchent d'abondant de 'rendre les autres hornmes d'auoir de^'icwkafemblables
à eux, enfeign^ris à k natrire huitaine, prqcîiue Wes , fonr dignes de
au mal, & facile au pephedes moyens. ¡Se des arti%es pour i
entrer au labyrinthe d'vne infinité de parnicieufe.S; errçurs,
aux fins dequoy ils attribuent aux pims grandes & énormes
mefchancetez, le nom de prudence, pu de rajfon d'Éfta,t.
Cecy feulement fçay-ie bien,que beaucoup de bons affaires p '
fçjeroyéntcompoiez;entr^e^nos Prince^, fi iWoft^^ fuft p^u foy«« iraaae!
pofier en' l'autre^non pas au fiaid principal de la capituÎat^pii
mutuelle: mais en l'aecompliffement ^ obferuation· ^^ntrei I
tenemenc dès chofes pàpitulées fçay encò^e^qu-^ut^s i
qui ont voulu proceder à la bonne foy , fe font trouuez
trompez. . \\ .T ^ , V. ·»' i'
———— : -— • - -'-ArV'y· · yvy:'.' • · · s
'Dis-covKS • î·..':.:'-· · • • |
^ ^ caufe principale pourqupy Annibal preferoit Pyrrhus a enfeigné le '
J fâ® Pyrrhus à tous les autres grads Gapi6aineSj,Vpr^ rf^^lt Î S " ' 1
^ ^ ^ ^ Alexandre, fut parce que)Pyrri^us eii^^ ' ""
premier àie camper,Sidrefferdesi^^
tifiez, fçachant bien ce grand Annibal, comme Çajjjtaine Aux occurrences de
excellent & experimenté, combien on doit faire grand e i i a t i
a^xoccurrencçs^ekgucrre, d'cftrehienpampé,:^de,lG «r^T |
içauQir;faiEeiveufqùeleçamp,ouiogeiMêtfprtifié,d^ · , . , . i
nomi^la patrie ^propre maiibn,4ui ^pl^ti^le Ueuipescii^ - : ... - j ; / J
uer^ji ion honnejir,eil colloqui Jg^^j^-·)·^^^- I
Ddddd '

V ^ ; DISCOVRS POLrTIQVES,
i tes- 'HomaiM ont
I efté adroits à fe bien ^ tamper,-qüé Phiíippüs Rby dë'Màc:edone,conrid(g-
. râiic d'vn líéu eminent la fordîié'dè lèar èarné, s^émeruèilla
'de voir •éómme tôufèfeïÉ drefséí&^ó^
: ' diôfèseftoyentrengéesléhafGuneenfonfendroit,commek
tentes ¿pauillons éil!oyëiitdreiïez,S£alUgnèz^
ëMhins difptíféz'&'prbp
Tite Liue Uut. i.de- parfaid d'architefture.Vegece dic,Que- parmi les atocicns,le
i 4 catbneiloit vne ¿Ufé pmtal>le,l vfasie de laquelle eftant fi p-
• PacmiLes anciens, . .. ·{, , . r , .t ^ , r· 1 1 • \r c
te' Camp eftoit vnc ptimé de fou temps, il dit, Que les foldats n ayas où le rciu-
-Cite portable. > ^fcr àlélitbefoin,eftoyent taillez cn pieces come des beftcs,
trc¿ece hu t eh»p I ^ ^^ maíTaCíc ne finilfoii point, que l enUcm /1 c n euft p
1 du la volonté par laflitude.Et au parangon quoTité Line fait
d' Alexandre auec les Romains ; la premiere chofe qu il met
I Liu.f.

ET MILITAIRES, LI'V^^^ ySj ^
rare tefmoignage de quelle impórcanceeftDyenE les camps
à l'vfage de cetemps.-là ^ puis que l'armée'qui perdoit, ion " I
camp, eftoittenue pour vaincue, qùpy qu'ielle euft eu la. vj-, ^
doire au combat general: r.- ; ^
CaFiufuatviÛorirecepaculum, vi£f&refttgmm. Ce braue Ca- Vn camp cft la rc
picaine ne veut pas paifer legerement fur les loüanges du ^»i« »iaorieui,
camp : mais les publiant celebrant de plus en plus, il dit
que c'eft la retraidedes viaorieux, & le.rpfuge. des vaincusi " f ,, , .
Et encores ce qui fuit n'eft pas moins beau que vray-iem-t • ' ·
blable. ^
^atnmultiexerckm, quibiismiHuiprojperafugnaformnafi^^^
intra vallum cempulfi tempre fuo, interdurn mom^mpo/^erupiepe ,.
titó^w ¿tfSV/w w;>«/ir»»/?Combien . .. . y J .
eu du bon-heur au combatAI au contraire, ayans efté ÇOUT
«raintes de fe retirer dans l'enclos de leur camp, ont.reprins
haleine, ô

p yU DÎS:Ûb'VRS PÖ
Évjrïéftîieâ plus experts ¿c l'armee, pour preparet Aés 'hgémëfis,
&:dl^ffer le camp. I'ay dift, Centurions, parce qîie
Auparauant Cefar, la îM^&s^ ¿ü^ ïe^ps de Ci^fat, l'on n'aupit pas mtroduit^li
i: grade dc Marefchal gj-^de de Matefchal de camp, l'office particulier duquel fut
^^ de faire faire iefdiàs logemciisrcar Cefar dit,
! > , 1' iiii langue de l^Îfatdes Toumeiieiis,il enuOya ies cOureurS
1 . - ' - âÈûântv-^uëcles^CeMûrions, poiir recbgrfö^
Ceßr liurfifVi^ pjfôpwpoûrâifèôitde camp i Ä^
I guerre det Gaules, ^^¿'^¿j^^pr^f^jftif
i AptJ Cefar, il y a eu apres au temps des Empereurs fuyuans, il y eut vn Prefeft
î; des Marefchaur de ¿¿¿'îlô'géinens, OU Marcfchal dc camp, nouSl'apprenons de
T^l'eUur.i.desAn. Tacite^ parant d'Aufidiénus Rufus, Marefchalde Camp en
I Mies, chaf. 6. chaf.9 jTàïîôêé^'ifoaSgHe i^àtfcôikiaéiicetn^ de l'Empire dcTy-
I bére, ¿-de-Mennius Maréfclial de
magnë.'·""' /
' Qualirez que deuoit • Les qualitez que deuoit auoir la place où l'ondreifoit le
! Ä'it ïu «m ' camp •,eftoyent, prémieirement le bon air, principalement fi
' - fÎc^imr.iXi^'.xl on y vouloit guieres fejourner : fecondement, l'eau : troifie-
I . ihemênt-Vlèb
J • " foüiTägeigi'pafture
quiéme lieu, qu'il n'y euft aucun lieu proche de là plus éminent
Se releué que le'càfnp : en fixiéme, point dc fleuue, qui ;
= ièpéuft inonder par vne foudaine rauine d'eaux, Siabon- |
dâncëdej>lûyes': en fèptiéme, qûerâiriette fuft proportion- ;
ifée à lagrandeur de rarmec,S£ qu'elle nè fuft phi^
i plusèftrôitéqù'iléônUii^liôicjpour^k
Comme Cefar cam. ^ Voila CC que Vegecé à ,obferué & recüeilly, mais Cefar
pa fon armee fur la nous l'enfeigne pat l'experienccjlors qu'il campa fon armee
oAr^ir de U fùt U fiuiere d'Efnë : où il faut remarquer dauantage, qu'il
¿»erre des Gaules. fo'rcifiàPVïi dès flanCs dfe fott Camp dés tiuagCs du fleuue,
i fè lo'gea ii à" propos , & en teile part, que tout CC qui eftoit
> -i- · ; ' dérrierelûy,^poûr ràmàs &:conduite des viures,eftoit à fa
Autre cam'pemerit dc deuotion. Vegecc pàrlânt du campemeùt du mefme Cefar,
! S'sambrc ^^ riuietc de Sambre, dit, qu'outre ce qu'il auoit l'eau,
i & le bois, il s'eftoit campé près d'vhecolline, où n'y auoit
• aucun monticule plus-éÎeûé (q[ûe"iôn-Gamp;:Et l'ennemy f®
. ' éàdlpâ de'iWré cofté'dïi fleuue
CoHiàe.''· ^ vnw. .r.,·; ¡li ; - , ^
; . :• ..·. - r . Et'

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 787' \
Et àu c non dauantage, y pouuoit eftre, ie font
grandement trompez. Comme foent les Anglois, quand de íes François, & le»
la peticefté du campde Ceiar, ils firent argument de conlé- S'uoî^St'.ÎÎ'i¡ ^^ ' ï
quence, qu'il y auoit peu de combattans ; mais ils ne fça-i petiteife du tâmp^dê
uoyent pas que Ccfar y eftoit arriué aucc fes Legions, fans J^j·«· ^^ . ^ ;
Ddddd 3

W ; 788 DISCOVRS POLITIQVES,
I aucun bagage. Les François tombèrent en mefme erreur,
-Comment Cefar fai- quand Cefar, accompagné de deux Legions,&: quatre cents
fowfeiiogemcns. cheuaux,fitfesIogemens fort cílroits,&feuIenient Capables
de iîx oufept mille hommes,reftraignant les rues,les vuides,
& interualles du camp, tant qu'il peut, puis feignant vne
grande frayeur &; eftonnement,hauifant fes rempars,ferrant
les portes du camp auec des iîmples fillades de mpttes, &£,
gazons de terre, ii bien qu'il fembloit qu'ion n'euilpeu fortir
I par là : il amorça ii bien les François j; qu'ils eurent la hardieife
de mettre la main à la paliifade, S£ eflayer de combler
I Cefar Hur. j. de U le foffé. Ce que Voyant Cefar, il fît fortir fes gens auec
guerre des Gaules, 1 1 ® ./i
thap xi.. grande impetuoiite par toutes les portes du câmp,& mit fes
^ ennemis en route. Au c^^
i / dè^Temp" Tont'e^ic s'eilant campé au deftroit du pas de Tempe,dreifafon camp
[ Roy Antiochus. beaucoup plus large qu'il n'eftoit neceifaire,pour le nombre
• ^ des gens de guerre qu'il auoit en fon armee : Si ayant faid
plus de feux qu'il n'en faloit, il fitjfelon fon intention,croire
au Roy Antiochus,que toute l'armee Romaine y eftoit auec
le Roy Philippus. En fuite dequoy, Antiochus partit de La-
Tite Liât liur. 6. de- riife, ÔC s'en retouma à Demetriade, vbi caHrametatus Uiiùs,
, qtàm pro copiis, ^ plures, quàm quodfat is in tfum erant, ignés ctm
- accendijfet,jpeciemy quam qu^fer^t, hoHi fecit, omnem thi Romanum
exercitum cum Rege Philippo effe. Afdrubal, frere d'Annibal,
; cftoit l'vn des plus accorts, rufez expefimentezCapitai-
; nés d'alors, auifi tomba-il en quelque foupçon, que l'armee
de Liuius Salinator, près lequel ileftoitcampé, n'euft receu
AiHtubai fut tué i & vn merueilleux renfort : mais ayant diligemment iàid voir
Í "sV^e'^tSf ^ë ^^ circuit du camp, il demeura trompé, parce que les
drcircuit"'drc^np tranchees d'iceluy n'auoyent point efté aggrandies,bien que
fc de Salinator. Claudius Nero y fuft entrée 5¿ logé auec fon armee, ¿¿le
j V(f"chef"dîrmee lendemain Afdrubal perdit la vie, la bataille,& plus de
( doireftre foigneux,& foixante mille hommes.
Sefd-eftie'trotïpITe . ^^ foigneux, prudcnt, vigilant, & fpeculai
fa propre opinion. tif,pour fe garder d'eftre trompé, Se s'empefcher d'eftre cir-
^ fe^ufnt c«^^enudefapropreopinion,&lcgèrecreancc.
en vn lieu, encor que Quant au bon airde l'affiette du camp, quoy qu'il (oit
í'éi^íté'f&'Lurí PU'"''^et,falubre,& temperé,fi ne faut-il pas toufiours fejour-
' ncr en vn lieu, parce qu infalliblement l'air y deuiendra
jnatt

ET MILITAIRES, LIVRE XL 789
mauuais. Si mfed, à caufe des immondices, charon
ordures, que le grand nombre d'hommes conduic auec foy.
Cell pour cekque le'Confuí Fabius difoit, Qu'il ne treuuoit
pas bonque l'armee fuft arreftee en vne place, attendu ,
qu'en changeant de Iieu,encheminant,8¿; allant çà&: là, elle rite Liue im.to.defe
rendroit plus agile, Se plus faine. D'ailleurs, tant plus ''
eftroitement l'on fera logé, & tant plus aifémênt &; promptement
la corruption de l'air fe feira. Ainfî que Cefar efcrit
de l'armee de Pompee, laquelle pour eftre ferree en lieu Vne arme» ne doit
cftroit&: contraint, Se pour la puanteur, & multitude des
I rt · I 1 ^ 1 • r • ^ ^ contraint,
charongnes, eftoit tombee en des grandes mnrmitez dema- COMME celle de PÔladies
:-de forte qu'il fut contraintde remuer fon camp, a"'randcrbfirmr
Hirtius efcrit, que Cefar ne faifoit point plus de chemin tez..' "
qu'il en-eftoit befoin, pour changer de logis, & pouruoir par ''' ^
ce moyen à la fanté des foidats. Mais il faut toufiours auoir CtürnT¿L·îtρlüs
en memoire ce.qui eft efcrit en la fainde Eferiture, de q"·!
netteté du camp, Habebis locum extra caBra, adquem egredïarUs ch^ler de*^ Togis"^
adrcquifita natura, gerens paxillum in baltheo : curti j.^ federü ,fodies pour la fanté des foirer
circumrn, ér egeHa humo eperies, quo releuatm es : vfjint caBra g ^^
tua nihil in eisappareatfœditatis. guerre dès QmUs,
Paftant outre,ie dy que le Marefchal de camp,ayant treuue
le lieu, Se ordonné I'efpace qu'il iugera neceftàire Se con- Veutereneme 13, n.
uenable, il faut qu'il fafte tout ce qu'il pourra, pour rendre If · ^,
k c ' • 1 r ffl 1 1 . Marefchal d«
terme carree :ie dy, tout fon poflible, parce que bien camp doit rendre
fuuuent l'iniquité de la place contraint de s'accommoder quarreda forme de
commel'onpeùt, 5c non pas comme l'on veut. Bien que ie , ' .
n'ignore pas que les Romains explanoyent, Scabbattoyent i·" Romains e*piatant
de terre qu'ils treuuoyent par leur art, & grand labeur, pour
la quadrature que la natureÎle difpofition du lieu leur dé- rendre la quadrature
; hioit : en quoy ils auoyent vn grand aduantage fur les autres ^
nations, trauaillans en telle façon, que les fituations des
lieux eftoyent contraintes Se forcees, de fe ranger à leur vo- ,
lóté,&; non eux de s'accomnioder à la nature des fituations.
Ayant treuué l 'afliette,S£ tiré le cordeau, on faifoit la for- Comment les ROtification,
non toufiours vne, mais diuerfes felon les téps,& foîï&aSXÎeirs
les lieux, parce que quelques fois il fuflifoit de faire vn bon camps,
foffé. Autres fois il faloit accompagner le fofte d'vn bon
ïemparfcmai» pour autant que la terre qu'on tiroic du foftei '
eftant . ' "

I " ^^^ DISCOVRS POLITIQVES,
I eftant jettee bien à propos,faifoit quaíi de foy-merme le
I rempart.Delàeft venu qu'ils fe feruoyent en deux manieres
I _ - du foifoy'ementrLa premiere,quand le terroir le ccnfëncDit,
1 " ils leuoyent des groifes motesjou gazons entiers,femblables
I , à des grandes briques , lefquelles pofant,& accommodant
f en façon de pierres taillées, autour du circuit du camp, fai-
1 ' foyent vne face de muraille , puis jettant là menue terre
entre les deux filieres defdides motes, ou gazons> ils rem-
! pliifoyentlevuide,ceftàdàre,ledëdans,ourcntredeux,qui
eft le terre-plain, comme font les maçons dans le vuide des
. deux murailles, qui font les deux faces du dedans, S¿ du
dehors de leur ouurage. I'ay di£t qu'ils leuoyent des motes
i & gazons, quand le terroir le confentOit: parce que quáná
jj il n'eftoit pas propre, ils en· alloyent cerchèr là autour. D'ioù
tí íes foláatsRomains l'on apprerid, combien les foldats Rotnains eftoyent mieux
«zirù^iT&i"! exercez au trauail &: à la fatigue, que nous ne fomme« pas.
fatigue, que les no- Aupetilleux aifaut que les Toumefíens donnèrent à Cefar,
i^'«· parmy toutes les difficuitez où il fe treuua tout à la fois,
cette icy en fut vne, qu'il faloit retirer les Legionnaires qui
eftoyent allez aucunement loing cercher des motes &: ga-
Ctptr liur. ». âe U zons,^«i paulo longms aggerispetendi caufa procfJferatJt,arcendi
'Zm. Non contens de ce foifé, & de cet amas de terre,
reueftu, Sc fouftenu de mores Se gazons au dedans, & M]
dehors,comme fus eft did, ils employ oyent encores le plus
fouuent la paliifade de bois portable, & partie faide à la
hafte dans les forefts voifînes, difpofee en telle forte, qu'en
vn inftant ils fe ferroyent auec icelle,&: rendoyent leur
camp iî fort,qu'ils n'auoyent occafion de craindre l'effort de
l'ennemy. C'eft de là que les foldats mutinez en Alemagne,
fe plaignans de leurs fatigues,^ longs tfauaux,homnioycnt
particulièrement les tranchees & rempars qu'ils auoyent
T/uiteliur.iJes Jim- fait,Les amas de fourràge pour Içs cheuaux,de matierc fO
nnU>,th»i.%. lé terre-plain,& de bois pour les paliifades.
Vne feule raifon me met en doute,fi le fofíe fe faifoit premier
que la paliifade, c'eft qu'eftant neceifaire de ficher ¿Í
^ planter les pieux & poutres affes profond en terre, pour ks
mieux faire tenir, & rendre la befongne plus forte, il ne me
femble pas que l'on l'euft peu faire fur la terre mpuuantc, èi
itc

ET MILITAIRES, LIVRE XL 791 j:
frefchement remuée J 6¿ qu'au contraire il les falloic mettre J
dans la terre dure ôc ferme.D'où refulte,que la palliifade de- Les Romains fai- >
uoit eftre faide la premiere, ôc par confequent il falloir faire ffa'"
le fofsé efloigné delà palliflade d'vne mediocre diftance, à"
ce qu'il y demeuraft vne place competantc pour receuoir '
toute la terre du foifoyement. *
Voila le moyen que les Romains auoyent accouftumé de ,
tenir en leurs fortifications du camp, à fçauoir, le fofsé, les
mottes,ou gazons,le terre-plein, ou entredeux, quiremplif- Repetition des fordfoit
le vuide d'entre les deux faftades,& la palliirade}& furet ^
fi grands obferuateurs de cefte clofture, que leur manquant
le teriips ou la matière, ils s'enfermercnt auec les bafts des ,
fommiers liez auec leurs charges, S¿ les amoncelerent tout à T^t'Mf.Ww.í.ífcMA î- \
l'entour iufques à hauteur couenable;& au lieu où il y auoit nu^du Táp^de/R^^^
faute de tels bafts, ils mirent des fardeaux ÔC baies de toutes '"»ins.
fortes ; autresfois, à l'imitation des Barbares,ils fe feruoyeht
des chars & charrettes du camp : mais par deifus tous les
genres de clofture, ceftui-cy fut vnfpedacle cruel, hideux. Horrible,hideufe.st
horrible & épouuentable/. Cefar ayant taillé en pieces plus cuPfde csf de fofs -
de trente mille hommes en Efpagne,6¿; voyant que les reftes morts, faiae par Cède
l'armée ennemie s'eftovenrretirées dans la ville de M u n - h
J r 1 · ^ '· I r \ . ^ Monde en tlpagne. S
de,en refolution d y tenir bon,fe mit a les aifieger, ôc enclor- «·» u guen» '
re tout à l'entour de trenchées ôc grands remparts 5 à quoy il 4·
fit employer les armes &: depoüilles des ennemis morts, gifans
dans le champ de bataille,8¿; les corps mefmes qu'ils ar..
rengerent en lieu de mottes,faifines & gaWis : les pauois &
les jauelots,ils les firent feruir au parapet;& auec les dards & ^
les efpées, ils lierent enfemble jes corps morts, ayans drefsé j
toutes les teftes la face tolurnée vers la ville, pour donner
terreur aux ennemis.
Les Romains recogneurent tant de neceifité ôc d'vtilité
en femblables fortifications de camp, que venans à eftre affailliç
pendant qu'ils faifoyent leurs remparts (en vne heure : -
qu'il fembloit,d'eftre plus neceifaire de combattre que de v 1
fortifier) voulurent toutesfois, que fans difcontinuation on !
trauaillaft à dreifer le camp, comme no us voyons en Popi- £Îîi "'aÎîesÎ a" 1
hus Lena, lequel eftant aifailli par les François, tandis que çois,fàifoTt tranaifiei ; \ j
íes genstrauailloyent aux ramparts, donna ordre que les s
Eecee •
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l!l

I DISCOVRS POLITIQVES,
I de fc tenir prcs pour Triaricns dc i'arriere-garde, continueroyent d'y trauaillet
combattre. inceflammeiit, & que les piquiers & lcs Principaux de I'a-
I uantgarde feroyent ferme, 5¿ fe tiendroyent en bataille tous
I ' en armes,pour les éuenements fortuits; S¿: dit le prudent Tij·
te Liue, pour mieux faire comprendre ce parti prins par le
I * TXiueMu.jÀeciti.i. Con(n\y abRomanünccopmintefmifum, Ics^orxisiin^
il ierent pas de pou rfbiure leur ouurage. Ce qui fera iugé vn
il tres-prudent &:iagc conieil par ceux qui le confidereront
I de près: car ainfi feifant, ils monftroyent qu'ils n'eftoyent
I pas hors d'eiperance d'emporter la vidoire , puis qu'ils
I auoyent foin de fe preparer des logements. Et de tout, autât
I que ccfte raiibn augmentoit le courage aux Romains, dau-
I tant le pouuoit-elle diminuer à l'ennemyjoutfe cela,ils pou-
[1 tes camps fortifiez, uôyent ainfi ratiociner cn eUx-mefmes, 6¿: dife : Nous fouf-
I font pour (eruir de tiendrons la bataille tant qu'il nous iera poifible; & quand il
I Îk^&a^ailS^ aduiendroit que nous ierions mis en routte (noftre camp
I ; eftant fortifié auparauant ) nous aurons vne bonne retraitte
pour nous mettre à couïiert.Et fi nous gaignons la bataille,il
eft bien neceflaire que nous ayons où nous rafrefchir, où
r^ "nous repoier,&: reprendre nos ibrces,debilitez par la fatigue
fi & trauail que nous aurons ibuftenu,&: finalement pour trai-
,! Cefar faifoit trauail- der les malades, &c medicamenter les bleflêz. Cefar eftant
i SëÊS?: d Ariouiftus, tandis qu'il f^ campoit fit de mefiiic
3; Ions foflftenoyent le quePopilius; il voulut que deux bataillons fouftinflent le
combat. combat : mais quoy qu'il en deuft arriuer, il commanda au
troifiefme de trauailler fans intermiifion au paracheuement
1 deftr.Hu.i. de la fuer- de la fortification, nihilferim Cefar,vt ante conHituerat,duas acies
' n n S «flir îes hoftemfropulfare, tertiam epus per f cere tuf it. Afdrubal nc fit pas
fortifications d'vn ainfi,cat eftant chargé par les Romains,il ceffa de mettre fon
urrCrt'ÍJí c^tnpendefence,dontmalh.yenprint. /
opportun. Mais à Ce que ie ne monftre pas fimplement en general,la
T.u>,e.t,

E T MI L I T A IRE S,· LIV R E X L 75,3 |
que les premiers rangs fiiTcnc vne tranchée au frontde l'ennemy,
Se pofaiTent le bagage : cela exec uté, il fit partir les
Triariés de l'arriere-garde^puis les principaux,tandis que les
longs-bois faifoyent ferme à l'auantgarde, pour attendre I
l'ennemy s'il attentoit quelque chofe. Finalement il fit partir
les longs-boisjprenant premièrement du cofté droid peu
à peu les foidats de chafque compagnie : par ce moyen il retira
les gens de pied fans aucun trouble ; Si cependant les
gens de cheual Se les Velites, ou foidats legers, faifoyent T.Uue.liu.i.Jecaii.f.
toufiours tefte à l'ennemy, Se ne partirent point du champ
dc bataille,iufques à ce que le retranchement fuft tout paraehcué.Outre
tous lefquels cnfeigneihens,il faut remarquer,
que les Romains fe logcoyent le plus fouuent en des aifiet- Les Romains fe lotes
hautes& releuées ; c'eft pourquoy Hirtius fc moquoit S'^oy^nt le plus fondes
Frànçois,qui ne faifant point d'eftat des;monticules,qui hameÎ
commaïadoyent tout à l'entour, fe logcoyent dans des lieux François fe lo.
bas,auriuagedesfleunes. Et quand Furius Camillus.parle fLT&auritgedës
de leur milice, il en dit vn peu moins, que s'il depeignbitîa tenues,
noftre dauiourdhuy : l,a nuid les furprenant (dit-il) quand aZuhJ^ir"
ils font remphs de vin & de viaiide, ils fe veautrent par tout
comnie des beftes, ils fe couchent le long des ruiifeaux, fans T.Uue.liu. sMtadet.
aucun retraHchement,6£ ne font garde ny fentinelle. '
Pour venir à lalargeur8¿ profondeur du fofsé,ou trachée,
& pareillemêt touchant l'hauteur du rampart}, ie dis que les
Romains y pirocedoycnt diuerfement : mais toufiours felon Hauteur & largeur
que la neceifité le requeroit. Vegece ne confent pas que le qne doit auoir le foffofsé
faid à la haftc foit moins large que de neuf pieds, ny
qu'il aye moins de fept pieds de profondeur : 8¿: eftant faità # " '
loifir,il veut qu'il aye douze pieds de largeur,ó¿: neuf dc pro-·
fondeur,-L'EmpereurLeon, qui eft venu après, veut qucle sdon rEmperear
fofse foit profond de fept ou huid pieds. Se large de cinq ou ^«o"·
Hx;8¿:veut quela
terre foit jettéc du cofté du rampart. Maisie
ne fuis pas d'aduis que nous preniQS leçon d'autre maiftre
que dc Gefar,Iequel voulant toufiours auoir dc diligence de Pour la hauteur du
refte, lorsqu'il fc campa fur la riuiere d'Efne contreles Bel- ""^¿"¿ff/'^l";
ges, defquels le nombre eftoit grand, Se la valeur aifeS co- fjiure k'Ll'aïime^de
Pf ' ^^ rempartdc fon camp dc douze pieds de haut, " "^f"·,
&lefbí^eaudeuantdedíxhuiddeJarge:&q4ndilvouloit;^:t;:;£r' j;
Eecee i

• • •
I 794 DISCOVRS POLITIQVES,
^ faire femblant d'auoir pcurj comme i'ay dit cy deflus, il faij
foit le rempart plus haut que de couftume.
î te camp auoit qua- Po|.ir le regard des portes du Cabp, tous ceux qui en ont
î ere portes. cfcrit,demeurent d'accord qu'il y cn auoit quatrejtellemenc
que faifant vne croix d'égale proportion au milieu du camp,
t ^ l'onvenoit à rencontrer vne porte à la fin de chafque ligne
ï Les noms que Vege- de la croix. Vegece appelle la porte Pretoriêne^ celle qui rece
doue aufdites por- g^j-^g l'ennemyle plus fouuent c'eft celle qui eft tournée
r à l'Orient celle qui eft visa vis,ii l'appelle la porte Decumanerfi
bien,que fe trouuat deux autres portes, qui ont efté
nommées la porte dextre principale , & la porte fenextre
! principale, il ne femble pas qu'il refte aucun doute qu'elles
i nefufiêntpofeesauxdeuxboutsdel'autrelignedelacroix,
I l'vne àia dextre de la porte Pretorienne,& l'autre à la feivex-
') tre. le n'ignore pas qu'il n'y aye quelque diuerfité d'opiniôs
touchant les noms Sc le nombre des portes, puis que Titc :
Liue faid mention de la porte Queiloire, Se de l'extraordi- j
naire:maisp»ournepasentrerenqueftionsdeGrammairiés, ;
ie me rapporte de cecy au içauant Lipfius,qui en a eicrit de- ^
uantque moy.toutesiois quant au nombre , puis que l'Em- j
i pereur Leon ayant faid compte de quatre grandes & prin- j
cipales, en met encores des petites, la raifon veut que l'on I
I iuy adioufte foy,ayat mefmes égard que ceux qui ont efcrit ]
f des quatre grandes, n'afferment pas qu'il n'en y euft des pe- '
' tites, lefquelles par vn propre vocable font appellées aux
villes murées Pif/fZ/fi, qui eft le diminutif dc porte.
Auant que parler des compartiments du camp 8c loge-
II y auoit vnl|:ande mcnts, puis que ie Ics ay foffoyez 8c fermez, ie dis que par
pour^roTcônfideTr po'^te qué l'oH entraft,l'on trouuoit vne grande plations.
, ce, qui regnoit tout au long de l'enceinte par le dedans, lai
quelle place eftoit vuide &: detrapée de tout embarra^ment,
8£ c'eft pour plufieurs refpeds & bonnes confiderations.
Premièrement, à fin que quelques feux venans à eftre
Scipio brûla les deux jettez dahs le càmp par la main de l'ennemy, ne rencontraf-
' Stuiai.^'^'*" quelque mariere propre, à s'attacher, comme il arriua
T.LiutjiùoMeni.y aux deux camps de Siphax 8c d'Afdrubal,quc Scipion brûla.
Secondement, à fin que venant de. la picorée amenant
force butin de beftail, il y euft vn lieu feparc pour le loger.
Et

ET MILITAIRES^ LIVRE XT.
Et en troifiefme iieu, à fin qu'eftant Ggiîtrw^
furieufe & prompte.fortiç fur l'ennesny,, il y. euif place competante
pour dreifer l'ordre qu'on voudrpit;teiT.ir au combat, I
comme fit Paulus Emilius, qui ran^a en bataille fon armée Paul«« Emilius ran-
^ s , ^ " , ' r J eea en baiaillc fon
aux quatre portes,a ce qu apres auoir receu le ligne dii com- f^jn^g au^ ^juj^^ç
batjtous les foldats peuiTent fortir impecue^fement, & fon camp,
àlaçhargefans defordre Uy cpnfufion, ,
Il femblei^oit que iedeuroisieytraider;4u compartiment Des pauiiions, des |
des pauillons, &des.rues, & en quels lieux les Legions "euSÎ^iSf"
eftoyent logées,cn quelle plaçç les auxiUiaires auoyent leur fanterie dans le camp
quartierien quel endroit du camp la cauallerie fç retiroit, Si
où eftpiteainpée rinfanceriermais pui? que Polybe en a faid
vn difcours ièpâré en Grec, quieft auiourd'huy traduit en
François, chafcun y aura recours comme à la fontaine, &
n'en feray autre mention, principalement parce que l'on y
¡apprendra encores quelque enfeignement, & excellent precepte
pour la moderne milice.
Il refte donc que ie monftre,fi par l'exemple des Romains, si nous deuôs îmiret
nous deuons imiter leur maniéré de camper, puis que ja de derRomainl"'"^"
. leur temps les François (comme dit Gefar) eifayerent de cc
fairercar les Tournaifiens firent vne enceinte autour du cap
des Romains, compofee d'vn rampart de douze pieds de
haut ,&; d'vn fofséde quinze pieds de large, ayans apprins -
cela des mefmes Romains tant parla pradique & conuerfation
des années precedentes^que par rinftrudion de quelques
prifonniers qu'ils auoyent entre leurs mainsrmais cecy Cef»r,îi.u dtUguercft
tres-remarquable, & m'a donné fujet de citer ce paifage, "'^^GMl.chat.xx.
que n'ayans pas les outils iSi ferrements propres à ce meftier,
qui font, la pâlejle hoyau,ou pioche, & la hotte,ou corbeille
polir porter,ils tailloyent les gazOns auec leurs efpées &: dagues,
tiroyent la terre auec les mains, &; la portoy ent dans le
f^nàelemsYMc^ctonSjgladmc^Jpitescircumid^^^ . Ï
fagtdifcjue terrant exhaurir^h^x. de là ie tire cefte conclufion,
Qu'à plus forte raifon nous, qui auons tant d'outils à com- Nous deurions câper
mandement, & qui en faifons charrier vne fi grande quâtité ^ f^s®" ^^
1 \ 1 mams.
après nos canons, deurions donc camper a la façon des Ro- I
mains.Ie n'eftime pas qu'il fc treuue vn foldat bien Içnsé,qui . I
vueille nier, qu'il ne foit bien fait de prendre vn bon loge- |
E e e c e 3 . |
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il
t • i • • ' i

I 79^ DISCOVRS POLITICOES/
î Ment, S^ de le fortifier enteile forte, quW y
' feukéVSi s'ernpêfeher d'aller au combat aù voLil^
[ nemy. QûéMe êft donc la eaüfepour^
des camps fortifiez à la façon des Romains ? Éil-ce que tant
de tràùail &:de diligence ne ibyent pas neceifaires, la ma-
·'" lîierè^e fortifier-éftàntchangee ? Ou fi c'èftp^^^^
' Nijiis fàmrnes. fcpa- que nous eftans feparez du bon ordre des Romaiiïs ,én tout
rczdubon otdreâcs ëéqûicôiiceme k guerre, nous voulons auflî- cette
^ ^''dek^guertc?'^''' inilitairé èôiiftume d'entre nous ? Et fi la façon de fc fortifier
\· eft en grande partie changee, à caufe de nos Canons, plus
l terribles & furieux que les Beliers,Màchîncs,&: Artilleries
\ deïs aiiciens 3 s'enfuit-il pas par neceifité que l'on de
I prendre la peine de rendre plus forts nos campsv& logemeris,
àu lieu de les fupprimer bannir rDc vray il femble
NoOre pareiTe & ne- que noftrc lafchcté, parcifc & uegligcncc, foyciit en cette
drcife ( ainfi qu'en toutes Jes autres de l'art militaire ) la
point de camp. caufc principale, pourquoy l'on ne dtcfiTc point de Camp, ôi
ï ' n o n pàs le peu de neceifité qu'on imagine folement que
Vegece fe pjaignoit noUs enàyos:Defia Vegece,qui viuoit en l'an 370, de noftre
i loger eftoit impar- ficclc dcs Romains, q'uc uous uc fommcS pas, fc plaignok
I que la fcience dc fe bien loger eftoit imparfaite, 8c gran-
I • dement defèdùcufe.Mais en vérité il cft tres-certain,qu'vne |
rnalieicuie Si parelfeufc nègligcnée eft la premiere caiifc de
L? ce mal, & que cette pernicieufe & dommageable negliles
Princes ne payer gencc procedc dc CC qué IcS foldats ne font payez, falariez,
qu'ils font bien fou- nicieux dcfaut atriuc aux Princcs, ou parce qu'ils font pref-
gert.""^""'' ^ """" toufiours iièceifiteux , & fans argent, à caufe des im-
] ' nienies prôdigalitez,&; foies deipenies qu'ils font pour des
i perfoniieSj'Si pout des occafîons qu'ils ne deuroyent pas,
' fe priucnt miferablement sc vitupcrablemcnt eux-mefmes
des moyens de fatisfaire aucc pn|||ence & médiocrité à ce
qu'ils doiuent ; ou parce que par vne pure auarice & chi-
^ chetéjilsneveulentdébourceren certains cas, s'ils n'y font
Pourquoy les foldat» contraints par vne vrgente neceifité. D'où reiulte, que les
coSf&Te'veu- defpitez, & mal contcns du manquement de
- ••ît^·, ^
Jentpioancrla teiie.
leur paye ordiruire ,ôipriuation des recompenfes de leurs
bons

_ . , . Ï;
ET MILITAIRES, LIVRE XL 75,7 ¡
bons feruices, 8¿longue milice, oíFrent bien d'aller au combat,
qui efl: le meftier du foldatjmais ilsrefufent de pionneri
la terre, fous le fpecieux pretexte qu'ils prennent tout expies,
que c'eft le meftier du laboureur, S¿ par confequent ne
veulent mettre la main aux fortifications d'vn camp. Ainii
l'on vient à eftré contraint de laiflfer cet ouurage aux pionniers
, 8¿ les Princes ne pouuans, ou ne voulans en auoir le
nombre qu'il çn faudroit, de main en main, & de degré en ?
degré, l'on cft venu à ce poind, que cette boni|g regle, tant
importante aux Princes, & aux Republiques, il vtiie&: neceflTaire
aux foldats, s'eft effacee de foy-mefme du Liure dc
nos Ordonnances de guerre. Les chofes demeurans donques
en l'eftat qu'elles font, il eft impoifible qu'on puiife
iamais drefler des boris logemejas fortifiez, quand mefmes
les pionniers le deuroyent faire,voicy la raifon:
Les vieux ibldats , &c Capitaines experimentez difent, Propoiîtiô de« rieux
qu'vne armee de trente mille hommes de pied de fix, J^'^'^ómb" 'deffol'
mille cheuaux, a befoin de huidmille pionniers, a fçauoir, dats, & des pionniers
quatre mille pour l'artillerie ( prefuppofant qu'il en y aye;
foixante pieces,tant de batterie,que de campagne) & quatre
mille aux logemens. De maniere qu'vn Prince, qui a fai£f
fon conte de defpenfer cinq cents mille efcus, treuucra;
incontinent qu'il faudra dire fix certts mille:parce que huid
millepionniers emporteront bien peu moins de la fixiéme
partie du tojit ; ce qui eft à la longue de fi grande importance,
que i'en laifle faire le iugement à quelqu'autre,fans ce , %
qu'à mefure que la defpenfe croift, les viures diminuent,; '
outre ce qu'il faut faire le camp beaucoup plus grand Sr'
fpacieux, puis qu'il eft queftion d'y loger trentehuid mille
hommes de pied,outre la caualerie. Et toutesfois pour, la , Ü
defenfe du camp pour la guerre , il n'y aura que trente . ' ' '
mille. Ce qui n'eft pas, pour les raifons-fufdides, vne petite -îé '
confideration : mais en voicy vne feconde,qui merite d'eftre
bien entendue : C'eft que Cefar,des trois gros de fon aritìee, Cefar, de trois gros - 1
en employoit vu pour dreflbr le camp ,& quelques fois de tpÎ^oiT Wço« , . I
quatre parts il en employoittrois.Or fi vn Prince met trente ditffer le camp, ;
mille Infantaifms,fix miUe cheuaux,& huid mille pioiini
( qu'il faut quilogent aufli ) iieYoidronparqu'il y , a quafi la - 5;
moitié ![
. - ?
- - ^ '
^ : - I
- :

i 798 DISCOVRS POLITIQVES,
? moitié moins de pionniers qu'il ne feroit befoin, puis qu'il
! feroit neceifaire par la regie de Cefar,qu'ils iiifcnt le tiers de
I quarantedeux mille hommes , & reuiendroit à quatorze
I mille iîx cents vingtdeux hommes î Que faudra-il donc
OiSces des vrais fol- faire ? Il faut reuenir de neceifité neceiiîtante aux premiers
I principes, &c inftituer vne nouuelle milice, vne fleur d'In-
I fanterie, nourrie, &C éleuee aux bons ordres, aux regies, aux
! majcimes, & à la difcipline militaire, qui d'elle mefme, fans
I l'aide d'autruy, faife toutes les operations que les anciens
foidats Romains fouloyent faire. I'ay vn peu exaggeré cette j
s . preifante neceiïïté , parce que quand vn grand Prince nc i
voudroit efpargner la defpenfe des pionniers, & que tout le ;
I; faid d'iceux, Si gcneralcmenttout cc qui les concerne, ne :
I luy donneroit autre ennuy, encores s'y treuueroit-il tant
I d'autres défauts, manquemens, imperfedions, Si abus, que
i nous ferons touiiours contraints neceifairement de renoui
ueller les ordres de l'ancienne milice, pour fortir vne fois î
pour toutes des confuiions qui fuperabondent par tout en
noftre milice corrompue.
Ce feroit vn grand coup, iî auec la feule defpenfe qui fe
I fait pour huid mille pionniers , il fe pouuoit faire des
i meilleurs eflèds, que nc feroyent pas ( laiflant la Cauaierie I
j à part ) les trente mille Infantaifms. le defireroy donc que |
ibidL Vo& prinft huid mille braties foldats,à'qui on donneroit des
• ce de^pionniMs °fs- s^-ges, qui au bcfoin feroyent comme les anciens Rorwent
des grands mains,roificedepionnier:&lorsqu'ilsauroycntapprinsàfe
bien camper,Si loger, vous verriez quels aduantages,
beaux faids fc rctireroyent d'hommes de guerre ainii diftiplinez,
& inftituez. Les exemples fuyuans feront mieux entendre
cette propofition, fcruiront de tefmoignage de la
vérité 8c certitude d'icelle.
SeruiusGalba, Lieutenant dc Cefar, eftant logé dans fon
> camp auec vne Legion, 8c quelque peu de Cauaierie, ne faifant
pas cn tout huid mille foidats, fut aifailly à l'improuifte
. . d' vne armee de plus de trente mille homnies:ce que voyant,
il fut en volonté pour fc fauuer, d'abandonner le bagage,
fortir furieufement auec fes gens ,,-&.par la force des armes,
fe faire paifage au milieu des cnneinis. Le confeil aiTcmblé,
onne
#
>

ETIjpLITArKES; XI. ' |
| « ¿ a t e ; i i t ^ a i j 3 ; s j q t f i l i l e f f a l 0 i ü r ¿ í i e t á e m i é r e . e x t r e - í i
pouriíoitdans5Íc'xampi&)^aiai>resmuoh^jcétóé ^»fifl^yóitbíb T. ^ - . -
tes fôrtesidèmoyens^i'ônfe rcfôxidœicfœ -- · · .· '
kfoxtiuië feroit naiftre.Sodé£eHdaiisdo:n:ccoü^^
fto p'fT® tti!Dp"s|riïjiis;né)poupans iénjïii^tit uohabrd Beííftep ^ í
dev£graii(ka|fprfeb-;(pari;aquecbntimreiEéme iliim-iUôip
des; fcimèniîs 'ícáisi&difpoi;,iau ikâ^ de^ Mçàïex^ fe despr^s |
Gteuà: de;Galéá;hcopodac¿yeiít·^^^ • '
eftartstouíioursJdstméfmes-combattans. Et'nepéutrn [^¿a'-ii i·,-·,.·.·. •
forte duJhkmderejdéuoiraúcün rafrecliií&mentinyfeeours,: ®
ils íe leíglurEurdle prendreic fpneiniert iparly^ yiradjouftand ^ ,,,., \ . :
feulement cet incident.^;» iîçauoirf qu'ils he kombàttrcr^ .>;.; ,
piui iimscda-prom^ereaifdeiiíí&TíelieiMaiice'jiiiaí póur
rep>endieiîdeme,ôCifeirépbferaiheanemc^ faire vn bon
autaîe'ef&tt, -que de^parer'aux-coupsrdè íi'TEnnemyVpoüp ¿a-, !
defcndrciâe rteipart.:Çè qû'efl^imfaiiikp^r. vn .faicn.petit· içjne,. • ;
^paçedetdmps^lsfoEtiEencapre^^inipeti^Üfement^afitou-^' Brauè fsié ' d'àWèï·
t£slespoí!Uesv,:^comraeítfa:toÍTeritíqu Seruius caiba,
ó¿;várauageantíla')campagnGyils
S¿ en firent yn tel carnage,que le tiers: de l'arraeey tdemetiral
Ceft iuftement ce;que;.Paulus?EmiIius.ádid cy;deuant,'
campagtifejfefpntiretirbes danslenrcampi, cm. ayakisiccprinsi^"''" G«»^«
haleine,'Si noiTuèlFe vigucurielles ibnt reftbrtiesraiiiiarabat,'>
Ô£ vaincu : l'ennemy' ? Cet exemple rfeft pas' vmque en' fon
elpecé., il y èn, a plufieurs autres·: Sabinus: alàiliy dans fon tiur. 4.
Gairipv fi!tw:;br.atié fortie paj?.deux: des pbrtes;diíceiuy2,-&:s¿.„J¿ ^^-aiiiy dans
taîUaenîpieGes granduiombre dè· fes ennemisc^^inEetonfe^ fori camp,fit vne fordcfeádit
yaiUamiftent dans-fon camp,fîx ïétorseiitief s^ ^^-'cefar
t>elesfuiticuxairauts-d'vne:puiflantearmee?deErad^ det &mUs.
demeura vainqueur à fon pànd honneur. Gefar'·, .
íttoyen ' de; fbn •lfauuaideúxLegiÍ0ris:pr!cs deClermorat '»efme,
« aiieniDlei: icy; plus ;gránd nombié -d'exemples, tc«|rcháBtf£¿«r.7. chap. g.
' Fffff ^
• •i i
S

f \
I Boo DISGOVRS POLITrOTES,"
j cetix qul· ejŒaasrreduiîs ea mau/uaisj eftat ; or^;neaiicmoins
I Íurmoníé leuà ehneitms:i;á iáfaaeücdelléürf cam
( Cclujr qui eft bien
j a la volonté dc Ion dc fott ehncmyrcfe qüi ne, fe fait iamais fans grand defadüan-
I caacniy. ^ gtande apparcncé d'ei^c vaincu 5 mais; il combat
'1 quand il luy piaitjc'effiàidirevquand 'itvoid fou; temps^'^
^'il iuge llocca£éj»grandemenr faupraMo jipafil&rooyeiï
I dequoyil manqué peu iouâent d'ei^oiSerlaî^
benfe^^ctm"«*^ toui:;emd¿nt,qiietous-lesbea¡uxfaidsd'atmesdeGcfaren
II « cmpoctT"dc" belles Efpagne^&scettcjncmorable vidoite furíPetreiuSi & Afffa-'
I vidioites. Uius,nc procedGrcntd'autrc chofe, que de ce qu'ilfefçauoit
i ^^^^^ ^^^^^^ bieri ;caitiper,- ^ fcartifiery & pat ce ríioyén ilcoiioraîgnit Terí^
f uiieMr.-1.chaf.17. ncmy>dcferen:drefan's;çoupd'efpee.; • ;
I :¥pyonsmaintomncâr:oppPiïtede cecy,ce'qi«ia>malfuc?
cede à ceux quij n'ont pas fceu fe bien camper,&forti
EaroutcdéRauenne J)© npftrc tcmps là routc deRauennc :ne proceda d'autre
ï proceda dccîaueles . . * , , • t t • i i»· î t
logemens neftoyeut meonuenient,qupidexcique les logemensde Larmee-des
pafachçueî, , . GoiÀdprez ctt'eiteyEntipas xntie
deu^'eatlfottiiïje® àuj M®^
' qvWíCe que· lesRomaiiis faifoyent tous les'foirs ¿quand ils
Í dreifoyent des .noiiueaux logemens, les Gonfederez ne le
Í firent pas cn tout le refte du iour qti'ils fe logèrent, ny en
; -, >tp«te:lamu(afuyuantx:Jf5ecohd6Íhent,auheu queles
' ' ' ^ mains.dreilôyeht leuTicampi auec foifcZyrempars, & portes,·
ne firent autre ;ehofe qu'vnfimple foifé en tefte, fans
. aucun paraper.Troifiérncment,ils ne fe fceurent pas couurir
I • auiftainsaueclaterrede-lcurtranchee,;quifedeuOittoute
• jetter cil dedans, la hauifancy & amoncelant c«quelque for-
' te,pouE coirp^oferla formé d'vn vémpart, qui euft empefché
! : qtt'ilsn'euffenteftétantendomrtiagczduCanondedcliors.
^^ tous lefquels défauts , & notables imariquemint"
ie"caÍ>M?^ ' l'^miee Françoife s'eftant approchee à deux cents
faToï ^^ braifes près de ce camprlà, fit ferme plus de deux heures,
auoir Qtn e, , faiisrioifairci quiefcarmoucher legerèi$ïenc,iâns ofeti"ad>-
. «anccr ; ains attendoit quo l'ennemy fortift-en ráfe ea^^
pagne. D'oùl'pn; peucduger y de quelle importanceieft la
feule opinion qu'on foit fciéndogé, A la fill, le» Confederez
trop

ET MÎLITMRES, LIVRE XI. TÔT 1
trop oj^aafez par IJartiUericFîa ^ í
affiftée^tobra^uéepar le Ddcdé Fertoé, ^
parieHaricvfaatedes'eftreîfccucmniriri^fo^ r;
de fortir, &icombattre aii vouloir des François le iour de
PafqiieSjOnziefmèdAurii, IJ II. & le premier qui forcit fut -
Fabrice Golomie, qucfans licence de Pierre de
Gcneralde 1 We,fe mit aüx champs (Ô-cpmbien^^^^^^ n>etdegrádwfautes.
L·, commettent à la guerre) contraint dohcqttes de fóftirpát tes tMçbis gi^éle
cacnagc que-le:canon faifoit des iiens, éftoyentfuiùidé
tout le refte,il commença la bataille, laquelle, quoy qu'elle r ju! ' ^ '
fuft valeureufement conduitce,fut gagnée par les François. , ,
(^e les Gonfederez deuflentiamais donnerhataille deuantRauenne,ie
le n.ie:car outre la defence tres-exprcïfe du
Roy d'Efpagne, outrequeles viures alloyentmanquans aux
Fmnçois,outrequel'infânterie des Gonfederez eftoit moin- si les Confederez
dre en nombre, & la cauallerie moindre en valeur que celle defca iufn'eV°^iÍÍ
des François, il auoitefté deliberé refolu au confeif des nfeuire^petdàlàba!
Gapitaines he combattroit pas î puis qu'ils eftoyent , ' "
feulement venus=poutfëGourirRaue^ne,SK ñon pou^^^
en bataiile.Ge qui auoit efté bien fagement éñfrépníf,& exécuté,
s'ilsfe fuflent fceu camper brauement, & fortifier à la
façon anciennercar fans rien hazarder,rarmée Françoife,qui
auoit deGampé,&: s'eftoit efloignée dé Rauenne d'vne grade
lieuë, fe fuft peu à peu confomméé dc difette j de liures, S¿ , , .
autres incommoditez; : • i. i : :
Ol fi Gefar,ou quelqueautredeces grands Gapitâinesjdu i
temps pafsé,pouuoit réflûfciter, & qu'il vift les défordreS de
noftre guerre, il s'eftonneroit, voyant pour quelles legeres
occafions vne grande entreprife fe perd , va à neaiitil^
dis î>às qu'vne bataille ne fe puîflTe perdre ,; vèuquëde deux
armée^ui Cont^attent^lfôut qu&l'vnefoit và'iftçuêiqu'ellé
puifl'e eftte la caufe ,· ou valeur, ou fortune, ou autre, qué
l'autre demeure vidorieufe: mais il faut examiner les occafions
pourquoy vné armée a efté vaincue.
^Continuant mon propos, ie demande qui c'eft qui doniia L'armée des François
la hardiefl'é avi« Suiffes i d'aller attaquer ratméè Francoife'à
^^mrtevfinon'qüíikí^áuoyerit^u'eiéd^é^^ |
g^ede demande encbres qui e'eíí^ui fit perdre teñe niemó- : !
F ffff i ji
' - · ' . _ ^ · j

; j/DmCOVFLSiBQOTIQVE^··
' cMarMn liu xi '(dijr.Guí¿tíar{üñ| tantpurk btettitééui'mp.
Il decrdjtdrenißßpmafsf
( fie $'ißoye»fpitsfge'z dans vn camp bien forti-
• zards, 3c cas fortuits de la^guerrê, l'éminciice du prochain
péril eftant à la campagne, exposé aux .coups de l'ehnemyr
les contraint de demeurer açmez,& fç tenir iur la dcfenfiue.
I D.'oùs'enfûttrvquUls'tombent^n dfSfgc^
. fupporter.Et s'ds
. , • ' iâiis
' I
1

eft uîipôifibledie tesbglet^apn»^^^
iïdfoaniagé'doitiifeftt» 4**
iamiiifti/lEiiifíiitedci^oyíppoaífr^^ jcoüt?>oe!líb;^-fan
aduis eft,qu'oh áye des pionniers ponr dreíFer le camp. ; I , I •
De-vray c'eft'f vne miferable opiniaftreté , 'S£: blafmable
nonchalance, ï^e. ne-voulioàriprendrc yiipeu -de peifliei qtif
pe ièBitiplûs ipenie-,ny fati^uqquand l'tím^^^
" me ^-àifin jdeipouuaïDlonguementy.QrimÍDy;& fe^^
féurtéícár pourvue voutoic?trauailkr vhhien peu de ternpsy
l-'onfóuífrepuisau double, quandd'on dort maleinenit,6£ eii:
crainte. vi,:
Parquoy^oPrinceSyquirparl'éxeilïptéHesiancicns Exhortation au*
Gonfcilion dea gtandsíGapitaines j.6¿;pab i'experkhce. iour- r'á^'/s^cap^Taincs'cn
nalierc,c0gnqíiflc'2) que les camps,& logemens fortifiez fonb fa fortification des
neceflaircs,font vtiles,fonc.aduantageux que:tandis que ^^P' » ^ ^"g®·
lesdcfordresdenoftremilice rcgneront,il eft impoifible de
reftabhr l'ordre de là guerre eh fon luftre ,.&: accouftumee
fplendeur, Simoins-rbitiruer en fa fb'hue ht difciphne mili-tairedes.anciensyeftant-infinimentplustnal
aifcide.dcfap-.
prendre, que d'apprendre. Ordonnez au moins.(ifi;vaus ne Les Princes doiuent
pouuez , ou fi vousne voulez mieux) vne Légion de ieunes
foldats j qui fçachenr manier le hoyau, ¿¿ la pale, auifi bien fçachcnt manier le
qucVharq^buib,:&lapiq,|e..Faites:qu'ils%entfournisdeJ°^^^ ^
ces outils-làicomme depiqu6,6¿; de moufquet.Faites parmf fortifier vn camp.
lespreceptes,'&?exercices .militaires; qu'ils fçachWt tirer vii
cordeaiî à droite hgne, conime.font les iardiniers·,
drefter vn foiré,&: s'accommoder· en telle façon^qu'à mefurcî
que l'vn tirera lu terre, l'autrelafçaéhexanger,&::accumuleri
là où fera bef0ih;^u'â mefuïfe quel'vu creuiera ilkutre fça^ tes foldats doiuent
eliedteflcrlèrajRpatèettts^iiàydtttçlkm
s'abbacto..Faices,Jevir!qnteiKke.^ffoœfiï^nt'i fe fçauoit
uriK,ou G'eftqu^iîsdbiucnrpbierfeGmamiiSficommeayans»„""^ o^rt'caion.
efcari'é leurcahipj içeluy clos,S£ fortifié^ fe doiuent .logera " -..
Se ditpafer leurs corpfdegarde, pouf repofer feurement j &D
v^usi^rr>éiz;e« bi»f les. grands benefices qui vous en te
r.Qj}t^Mais:i

$ o4 , DIS C O m S PO L I T ROY ES, •
voftxecaijip,ay'aritehoify,k.plaee:jqu'ity
rendueicacreej foíFoyezvretrái^cheá áuet fon ranaplart!V5¿paT
rapçt^ letomtdi^oféentdieíbcte ,4oe;l'èiront

EU îpirTACKEVOVEEiXL 80 j
quelles· d.ç>dix fenaiïiïs Rises', ic fegfciii^ics)qa
tôrip.CombÊ auffi ihn'ignorera pasiagrandqur du pauilloii - · -
du General dt l'armée, àé ceux dés Maiftres de rcamp, U "
autres.perfonnes principales; Encores faudroit-il que .^palr Tons les p„mo„
Edid inuiolable du Prince, tous les pauillons fuifent d'vne""'P
mefur.e égale & immuable V^à-fin qu'avant vrie ibis fceri
teipacequ'ils doiuent occuper,il «e fâiliepasitous les>iouts
faire-des nouueaux'exàmens. Si ennuyeufes fupputatiòns
fur cela. Pareillement^du heu, où:chaqu&pauilloódbiteftre
plante, felon le rang, la grade, Si-la qualité des perfonnes, i
autrement il y auroit trop à contefteri & débattre.: Dauan^ !
tage auec iamîÉte ïHefiÎre-ildi^oferak |
du charroy,Si munirions de guerre,apres auoir vne fois pour
^tes, remarqué de quelle largeur doiuent eftre les deux
granaes rues du milieu, qui diuifent en croix tous les logemens,
.

Sôë iBISC2©VRS KOLTTiqVESI
gÊaièKSjepfeînbladg^rafiàyuiti^ ceiïidtàméxpili /règne ! totp
aaçwak^iâjfl^niiiiByiBS ^Ke-ignapckai^c. dsas paâi&tiesi.ou
mîftpirsi^iri^KBsàiàa&dEiéxceri piapeida
telle capacité Se largeur qu'il iugera opportïUîiîGeçsyJuffiTâ
pour^ vm ëfÊi^^ pMtfqGd-v^xommériiiay • did i i^iïi peut ia'uoir
par vii) traittéi;.àr p-^tîxxJ^auta'tfoa!
i^cgafeoiiatieréH uo,gnrn àupirb si-Ilioib iup
lic^iiuife feniqfiid pluiîmirs3c|iiriliràmti
artocsy'puifq)ie;ieTti6iArêigiiopeDqu'i%^^
niairrdles-patQksy&riodcrediifcrcmt^
quand ainfî feroit que l'on n'auroit à leur repliqukîiajiffb
Les logemens ne cfeSfel, ilffî'ffiir^dîKTlcsdbdi
ruTrtouterics auîTfcdffJksmioirp^aidqnieûtlîb^^
qualitez lequifes. pijfjc -¿dji:;fuû:e£i,:ny diminuieEapçunEichof^
f iDawesleipar|i£S3S£i qiiaiiiezsijue il'sm-Jj^cpeoii) foiîfaaiàoc îdc
Le camp des Roj
mains eftoit fi par- Gdnfîd£03irie:eamp des.SÎomàiasii ^^
phUippuTs^eni". mttiéfsdefcrîfùtf^^
neilloit. itinéyuU àmiusllà.^'^ npgiff^^^
l'
• ^ ; 'ï;
âHantnDomjiaffanï iauccdês yeujs les ordres de ^^^
/r Es!émerdèilla de;Yoir oomnie tout eftoit bien drclfé,^
^ , :
1- - &;lès)jiob slbup si
-ol >'1070 /rj ji^îVuih
.y
•uhiVJ''

ET MI LIT A IR ES, LIVR E XL S07
Que rarement, nyiamais-yteux ¿^ui comurent contre teur
'Printe,senfemenilt^ ^
DISCOVRS SEPTIESME.
I E C'ESSB eH emm,vtfvemantjcandda:'verumtamen sitma u»uhitu,
i ^ homim illi\feA qmm fcanddum'bemet. Cette '^'V-i«·
i ^^^ ! belle fentence a eñe prononcce par là bouche
facree, qui feule ne mentit iamais : Il eft neccf- I
faire qu'il aduienne des fcandales,mais malheur à l'homme, j
parquiléfcandalearriuera. Ainfipouuons-nousdire,qu'il .. |
y a des Princes mcibhans & ibelerats , &vaudroit mieux, Encor guVn Prince 1
qu'ils n'euifentiamais efté deifus la terre : mais malheur à foit mefchanr, il n'eft 1
ceux qui entreprendront, & auront la hardieil^ dc mettre la ¡ïj^fw!"'" i
main violente fur la perfonne Royale. Tacite dit vne fcmhlzhlechoÇc
t lIatid dubiè intereratVitellm^^
Sans doute c'eíloit le bien de la Republique, que
Vitellius fuft vaincu,mais ceux qui le-trahirent,pour fe ran- ceftvne perfidie de
ger au party de Vefpafian', ayans defia.trahy Galba, ne fe "ahirvn party qu'on
peuuent excufer de perfidie defloyauté. C'eft tres-rare- dr^vû autr?"
ment que l'on attente contre la vie du Souuerain, pour le Tueln^^urX du hi.
feul amour de la liberté : àu moyen dequoy Tacite auoit
raifon de^dire. Qu'à fauflbs enfeignes aucuns fe couuroyent sous le titre de lidu
nom de liberté,qui degeneranis de leurs anceftres,fe ren- > "e fe faut
doyent feditieux parmy le peuple, Si n'auoyent efperance "fyfpÎSiT^"'
que fur les troubles 8c difcordes. Et ailleurs il dit : C'eft vn ,
beau titre que le nom de la liberté, mais iamais aucun n'a ''"M· ' "
trauaillé pour fe faire Tyran, qui n'ait vfurpe ce pretexte
fpccieux.Occafion dequoy Gapito.Coflrutiànus difoit ( mais hmares
a mauuaife fin) que plufieùrs fe couurcnt de hberté pour
abbattre l'Empire, lequel eftant mis fandeffus defiTous, met- , ·
tront au ioug la mefme liberté.
Xenophon raconte en fa Cyropedie, qu'vn Roy d'Arme- sou» le pretexte de
e,qui par droift de guerre cftoit tributaire d'Aftiaees,Rov ROT d'Ar-
^s Medcs,auoit confenty,en capitulant, de le fuyLe à la "e^^aïStVa«
5ucrre,í¿ ne faire aueuncfortcrciTc en fon pays. Peu après il , îi
^ g g g g Cjrofed,i. I
^^ ' · ....iiiSfc
I

8o8 DISGOVRS POLITIOVES,
fe rebella, Cyrus, iieucu d'Aftiages du cofté de Mandané
fa fille, print l'armee de fon oncle, donna bataille à ce Roy
reuoké, le défit, le print.prifonKÙer ,le fit conduire en fon
logis, où il luy demanda, quel fubjcá il auoit eu de fc rebeller^
& qui l'auoit induit à cette perfidie., L'Arménien
refpondit, Z . 4 Q u e le feul & fimple defir dc la liberté
. . . . l'auoit prouoque- à cctterebellion, lùy femblant cftrc chofc
trcs-bclle d'eftre libre , aftranchy-de toute feruitude &: fubjcdion,
& laififer fcs enfans ioüiíTans d'vne felicité fi agrea-
C'eftvn loiiablcdef- ble.Aquo|r Gyrus répliquant, dit : A la vérité c'eft vne glofeiB
, de combattre rieufe eritrcptifc, ÔC vn loliable dcflTcin, de combattirc pour
pour ne tomber lous i /í . . /r- it i i ·
vn plus grand que ñc tombct ious la puulance dvn plus grand que loy; mais
. quand le faid eft arriué, que. l'on a efté vaincu en iufte
- guerre,&: pleine bataillc,ou que par quelque autre accident
ôc moyen l'on cft deuenu ferf Si tributaire, 8c que puis apres
l'on fufcitc desmoyens de priuer le vainqueur du droid de
fa vi£toire,ic ne voy pas que par aucune raifon legitime cela
fc puiife tolérer. Mais dis-rnoy (dit-il à l'Arménien ) celuy
qui procederoit comme ccla,lc iugerois-tu homme dc bien?
Le tiendrois-tu pour homme d'honneur,pour homme iufte?
Ou, recognoiiTant fon iniuftice, fon iniquité, fa perfidie &
L'Atroenien confcflk trahifon ,1e chafticrois-tu pas commc vn larron ? L'Arfa
perfidie, menien nc peut nier, qu'il ne meritaft punition, ayant rauy
à fon Souuerain la_ chofe qu'il poifedoit légitimement,
puifque par raifon de guerre il fe l'eftoit iuftement acquife.
Si cela eft vray, combien fera plus grande &: plus execrable
la dcflóyauté&fccleratcflTc dc ccluyqui nc fc contentant
pas de rauir le bien, cnfraindre les commandemens ,& brauer
l'autorité de fon Princc, pafiTe bien plus outre, Se drclfe
des embufches à fa vie? I
Quelque fcelerat feditieux me dira,Que doy-ic donc |
faire,me trcuuant reduit fous la domination d'vn Prmcc |
peruers Se deteftable? Il faut iuftement faire ce que Ccrialis |
if faut endurer pa- confeilloit aux Trcuiticns, c'eft qu'il faut endurer patiem- |
tierament la pcodi- i j· t· / . „ - i
gîHté, fauarice, & ^ prodigalité, 1 auarice, &: autres exces de nos bouuc- •
autres «ces dei Sou- rains,tout ainfi que nous endurons la fcchcrcifc, la ftcrilite,
TacuTiiur. 4. hi - ^^^ p W^s cxccfliues, les autres intcmpcratures de l'air,
(i*ires,ch»f. 10. infinis maux de la nature, coiiformément à ce que plufieurs
Sena

ET MILITAIRES, LIVRE XL
ScnareursRomains difoyent pour adoucir le courroux de :
M. Liutus Salinator, Que tout ainii que l'on fupporte dou- Tite tiue Uur. 7. rf«. :
cementla rigueur5£ feuerité desperes Sides meres ,qu'au-J· j
tant en faut- il faire des oppreffions, qui nous arriucnt dé la j
patrie. Cc q\ii ne s'éloigne pas beaucoup.du dire de Marcellus
,, Qu'il faut demander aux Dieux par prieres, & par n faut demander à
vœux i des bons Ihrinces : mais tels qu'ils nous font donne?, i
il lesfaut aimer, honorer, reuerer,S£ craindre. L'Empereur ces:& tels qu'ils nous
^ Claudius difoit aux Ambaifadeurs des Parthes, Qu'il faloit ' "
. , , f, 1 T% ^ ^ ^ rautaimer,honoier,
endurer les liumeurs 8£ couitumes des Roys, parce que les & craindre.
frequentesmutations font periiieufes, ne font pas profirtables;
Plufieurs font d'vne nature ii bigearre & extrauagante, Peruerfité des hom-
•qu'aucune forte de gouuernemcm ne leur aggree,'ayans à i i - I
iourd'huy eifayé la Monarchie, ils deiîrent le lendemain ,. . î
r Ariftocratie, deux iours apres ils fe mettent à louer l'Eftat i
populaire, Etainlî iournellement inconftans &irrefblus i ds
fe vont paiCans dc ;Ghimeres,& d'illuiìons, &:fon.t;en>leUr s
jefprit des proje£ts, des complotsdes deliberatious aufficiç |
dicules ^ que les porteurs de marptei Ques'ils mefurbyent v .
leur intention auniuéaudeleiirsforcési & puiffance, iis iè !
riroyent d'eux-mefmes en eux-mefmes, cognoiifans qu'ils . I
embraifent le vent, &; frappent les rochers. Pcrnicieufe ma- ^ ^
ladie ,qui procedepluiioitdcilèurcincoiifi:ance j&ilegereté , '
de cerueau,que des iniuftices,ou des imperfeéHons du Prince
ne fert de rien de dire j que c'eft vne viepî us deiiiablc.
Se plus contente, de viure ibus vn Eftat libre, que Ibus vn
Roy ,par le moyen dequoy on deiire changer la forme du
gouuernement : car nous, voyons que c'eft la pure peruerfité !
des hommes. Tafquin ayant efté chaifé, TEftat Royalchaii- L'Eflat de Tarquin,.
gé enDemocrane, il fe treuua vn tres-grand nombre de ^¿f^ÏJ'S^
Gentilshommes Romains ,,qmi furent faouls en bien peu de tiishômes' Romains
iours de cette.ambitieufe ,'ou pluftoft imaginaire liberté, Sc R^'au'T
ne tint pas à eux de reftàblir la Royauté", & de faiâ: ils pe- tm xLTL·. x.derirent
aù commencement de l'entreprife.
Nyles lu^,ayans fecOucde iougdc Pharapn,& fe voyans luifs^,eftans af- j
affranchis de la fèruitude < d'Eeypte y ne demeurèrent pas tude d'Egypte, ne s'y
long temps fins fe plaindre de leur liberté,&fp!uhaitter,çn pei«nt liiaimcair.
Ggggg ^
^ • i •
^ ^ i
'ii
• il

8ïo DISCOVRS POLITIQVES,
ExeJe chap.is. murmurant tout·haut, de retourner en leur premier' eftat.
(^ant à l'excufe que les Chefs de parti prennent,: que fous
vn tyran le chemin dc paruenir aux honneurs & dignitez,
eft fermé aux gens de bien hommes vertueux , elle if eil
pas reeeuable, commc i'ay fai£t voir au iixiefmc difcours dc
mon quatriefme liure ; aufli ne voyons-nous pas que des
grands perfonnages, bien fenfcz, pleins de vertu, & qui ont
acquis quelque gloire par leurs beaux faids, s'impliquent
iamais cn des iî deteftables dcflTcins & malheureufes entreprifcs;les
fagcs s'en abfticnncnt,commc de certains rochers,
Se perilleux cfcucils, où fort peu de gens viennent heurter
fans faire naufrage: cefte liberté tant chantée dans les Royaumes
efledifs,mais qui cft bannie pour iamais des fucceflifs^n'cft
qu'vne puiifance dc pluiieurs tyras, fî elle n'eft,vfee
Il cft meilleur de^ employée par des hommes excellents & pleins de vertu;
Tiore fous vn Eftat & dc ccux-là Ic nombrc eft fî extrêmement rare cn ce fîccle,
Jers';yTann°eauÎ"· cftinfînimêt meilleur dc viure fous l'Eftat Royal.C^e
u cft enjoint aux s'il y a nation au monde (laiifantces difputes à part) qui aye
Sx Roy^. & i f h o f c rebellcr,&. conjurer contre fou Princc,
norer. c'cft la Chrcftiennc, à laquelle il eft enjoint par les preceptes
diuins, d'obeyr aux Roys, d'honorer les Roy s, endurant paticmment,
non feulement des bons Se modeiles : mais aufli
, des peruers, mefchants, Se difficiles : par le tefmoignage de
s.pierreEfifi.i.ch.t, faind Picrtc la volonté de Dicu cft telle .que cela. Er puis
que les cœurs des Roys font en ià main, & qu'il endure
permet qu'ils régnent , à plus forte raifon le dcuons-nous
ibufirir.
S''ließ meilleur iejlire les MagiBratsfar
'Voix., qu^ de les tir,erfau fort.
DiSCoVi^S . MViçTIES'ME.
^^Aux Confeils où h ANS les Confeils où la vertu refide,&: la faueur
perfoVnfgefoL^" ix ^ B o ^ plus gifands pcrfonttages de l'Eftat,les
enchapitre. É fôW^ ^ft^f^hts, non Ics jblus fauoris', ont voix
'H Jimj!·*^ en chapitre, & pehuent parler- cn toute liberté
'dcsöccurrcüccsqüi eoncerucntle bien public» les chofes
douteu

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 8ri '
doubccufcs font examinees Se difputces problématique met
par rairons,par exemples, & par argumentsschafcun dit fon
aduis fans crainte, fans apptehenfiompuis on choiiit la meilleure
opinion pour régler les affaires qui fe traident. La paf- u paffion penrtpa«^ |
fion peut beaucoup au faid des confeils : mais la prudence j
doit trauailler pour les deciüons,&: refolùtions finales. Iadis « ' do?" trauatn«
à Rome il interuint vne grande difputç en plein Senat,entre refolution«.
Heluidius Prifcus, Se Marcellus Eprius, pour fçauoir fi l'on
deuoit éfîire par pluralité de voix, Sc fuffirages, Ou pluftoft |
tirer au fort les Ambaifadeurs qu'on vouloit enuoyer i Vef^
pafian; Heluidius preferoit l'efledion. Se alleguoit cefte notable
fçntécQ-Jorfe à"' 'vma mores tiof> difcerm, que le fort qu'on
tiioità l'ûduéture du profond d'vne cruche,ne faifoit iamais Le fort «ju'on tite
la diftindion des mœurs, Si de la íuñifknce des Magiftrats, t
comme les voix Se balottes qui ne fc donnent qu'auec pru- des mœurs, & de la
dence,raiibn,iugement,8i cognoillànec de caufe;adjouftant !
que les fuffrages Si balottes n'auoyent iamais efté introduittes
à autre fin, que pour balancer la vie Se la reputation de C'eft l'honneur d'vne
chafcunjque c'eftoit l'honneur de la Republique Se de l'Em- d'cnoyer au de-
1 1 r> · J I U /- /- O" Prince des î
^ , cnuoyer au deuant du Prince des hommes choiiiS, fa-homes choifis, fages !
ges.& vertueux, qui par honneftes raifonnementsabbreu-&v"tucu*. |
uafïèntSiremplilïentiesoreilles. |
Marcellus au contraire difoit,que les anciens ayans infti- j
tué le fort, auoyeiit prouidemnlent.pourueu d'vn bon re- vtilitez du fort,
mede à bcauoQup d'iilconueniçns; que le fort coupoit chc- ,
min aux brigues,à la corruption, à rambidon,aux inimitiez,
à la vénalité de reflcdion ; que du depuis aucune chofe î
ji'eftQÎtfuruenucpour la fupprelfion dcs anciennes couftu- '
mes,Si,ab(|)htiortdu fort ; Siphifieurs autres allegations prO-r««^^
pofees de part Si d'autre, chafcun en faueur de fon opinion.
: Or fi nous nous arrèilons a l'effed qui irevffit de cefte di- [
iputie., c'eft fap;s doute que nous préférerons le fort: mais :fi
lious confiderons quel perfonnage Heluidius cftoit, Se que
fa prudcnceciufinie, faconftance Si fa fageiïe,deuoyent merítoiEei53jejtw:^aller
deuant les piàn^^
Sénat enfemble, nous.donnerons l'honneur .à lV:^dion: 1
maisparéçqurili^utittipût

8ii DISGOVRS POLITIQVES,
efté irréparablement: offensé; la propofition. Quel eft íe
meilleur parti en la creation des Magiftrats, le fort ou refledion
demeurant indecife dans Tacite, nous fera aufli paradoxique
& fujette à des grands contredits.
Toutesfois,fî ie ne me trompe, quoy que l'efledion femble
eftre granderiient preferable, ie feray bien petite differeiîceduforr
Scde refledion refpediuement, &: pourme
faire bien entendre,ie prcndray cefte image:
Figure aei'Autheut le prefuppofe, qu'en la Ville Câpitalè d'vne Republiqueil
fc la creation des y a cent mille habitans, ttois mille defquels feulement participent
au gquuernement de l'Eftat : decestroisinille, il en
faut diftraire les malades j les abfents, les imbeciies d'efprit,
par le moy en dequoy, pour plufieurs autres occafîons,ie
total peut eftre reduit au nombre de deux mille hommes.
De ceux-cy,il s'en pourra bieii retrancher cinq cents,qui par
la minorité de leur âge feront incapables des Magiftratures
& dignitez : D'où refulte, qu'il n'en y aura plus que quinze
cents qui les puiiTcnt obtenir : mais pOur autant que la ville
doit eftre diuifee & feparee par pennonages & quartiers, &
qu'il faut prçceder au faid des charges de la Republ. non
confusément S>c fans diftindion,ains faut que chafque quartier
à fon tour aye ceft honneur en vn temps determiné, par
T t ' confequentlacreati5 dufouuerainMagiftratviendraàeftre
'I: reftrainte pour celle fois au -feul benefice des hommes d'vn
quartier fingulier,& non de tous indiiFerernment.D'oùs'enfuit,que
les quinze cents capables de cefte dignite,eftânsfeparez
en tous les quartiers, c'eft diMcilemerit qu'il y en aye
I pi us de deux cents en chaicun d'iGeuX.Et;par ce moyen l'of»
f ftce prétendu ne pourra eflxe conféré qu?aux deux cents '
; honimesd'vrîquartier:maisilpeut-eftre, què'pârmicelaily
adesfamilles qui fe'font rendues inhabiles àreceubircefte
dignité,quèlqueS autres il'y Sot pas proprekil peut d'ailleurs
interuenir quelque fecrette prohibition,: d'où s'eiifuit,que la
Magiftrature prétendue eft reduitte à vn fi petit nombre de
perfonnes, qu'il-femblé du tout indifferent dC les choifir par
pluralité de voix,ou les tirer au fort. . ;
Dans Lyon la grade Dans la ville de Lyon la grade dë PrGuoft dës Marchands
PKuoa des Mat- (ç conféré à peu de gens, & parauenture ne font-ils iamais
: > dix

ET MILITAIRES, LIVRE XL 815
dix ou douze po\ir yne fois,qui puiifent vray-femblablemet ehands fe conféré i
efperer d'y eftre promeus. Il feroit donc meilleur dp les tirer |
au fort, que de les eflire} quand ie foiiftiendrois le mefme,
de la dignité d'Efcheuin,iç ne pcnferois-pas eftre mal fondé;
ny encores pour les oifices,charges,&; audoritez qui dependent
du Monarque : Car puis que peu de Seigneurs Si Gen- p«« Seigneurs ac
^•t 1- r t i l rt- 1 I W GcntiUhomraes font |
tiisnommes iont capables de poileder des Gouuprnements, capables des charge»
d'aller aux Ambaifades,de commander aux armées,& d'ob-^ 4'g""« d>n Ro·
tenir autresoffices de laCoronne; quand l'oxi auroit faift au ^ ,
Confeille triage,le re)et,la cribleure; quand l'on auroit bien
examiné la prohibition, l'interdid, & toutes autres diftin-'
dions & differences,il importeroit fort peu(ayant efgard à la
petiteiTfe du nombre des poUrfuiuants)de les tirer au fort, ou ^
de les eftire par voix & fuffrages-.Voire, crois-ie,que mettant
en confideration la corruption l'ambition des hommes,
les defteins^es complots,les brigues,les pradiques, les ami- i
tiez, les faueurs, ia puiflance, autres femblables peruerfitez
dii fiecle, il fecommettroit moindre erreur de beau- ' '
coup au fort, qu'en l'eflcdion. Et non feulement Moyfe & Moyfe «clofuc fai- |
• lofué faifoyent le partage,8£ diuifoyent auec le fort les biens ^P^r' P«wge, & |
Il > i>Tr "1 • 1 ' aluiloyent par fott i
; conquis par 1 armee d lirael : mais tout le vieux Teitament les biens conquis. i
eft remply d'exemples du fort. La raifon eft, Que quand vn ^^ !
Ghef a bien faid les tots, portions &c partages, de par confe- I
, quent quant au faid des charges & Magiftratures, on a faid -
bien foigneufement l'examende rejet&le chois des hpmes
de merite,G'eft vn expedient plus vtile, plus prompt & plus ta creation du Ma- |
aifeuré que tous les autres,de remettre au fort la creationde '
l'office duquel eft queftion,parce qu'ainfi faifant,l'on aflôu- feîieaioT '
pit des grands murmures 6¿: mefcontentements ; l'Efleune
J s'en orgueiUitpástant,que s'il auoit efté choifi parles hom- s
• mes,& préféré à íes concurrents: celuy qui eft eiconduit, ne J
•s'en afflige pas tant, & ne conçoit aucune haine ny defir de I
vengeance contre qui que ce foit, voyant que ce n'eft pas le
iugement humain,ains l'éuenement du fort, qui eft caufe de I
racception,ou du rebut.Au moyen dequoy ce n'eft pas mer-r Ufntrondud à Ro- I
ueille, fi contre le confeil d'Heluidius il fut coclud au Sénat 1
aRomc,que les AmbaflTadeurs, qui deuoyentailer à Vefpa- aiierjv1^pa

8I4 DISCOVRS POLITIQVES,
voix , auífi tira-on au, fort les Officiers qui deuoyent faire
rendre les chofes rauies durant la gucrre,reuoir les tables de
cuyure, où eiloycnt granees les loix &: ordonnafíces, tombées
par l'antiquité, Si les faire r'attacher, décharger les
zi mefm*,ehap.i. faftes , gaflez pat la flatterie des temps , Si moderer h
Tacte iiur.4^Jes ^n. ¿efpcnfc publiquc. Ainfi au teinps de Tybere , Valerius
„atu.chaf.iz. - / ^^ ^JJ^J. V Sj^yriie, faire bâftir vn
Saina Thomas d'A- Temple à Àuguftc. Et faind Thomas d'Aquin, difputant
for? au/'ÏStS für bette matiere, ne dit pas qu'il foit prohibé de preceder |
teriiporciles & ciüi-parle miniflerè du fort aux dignitez temporelles ôio^ |
; les. . . . . . . ^ > · . · . - ]
«· ^^ Leuee des foldats.
\ DISCOVRS NEVFIESME.
11 ne fuffit d'auoir ORS qucVitclIiuss'cnvintd'AlemagneàRo-
mai Ü èuc^tf ils ® me, pout Combattre l'Empire contte Othon, il i
foyent expcriraen- M ^^^ cinmena les meilleures troupes des Legions, Si
tez,& Taillans. ÄSE^^ remplit l'armee qu'il laifloit, de gens ramaifez
par les Citez voifines. Partant Tacite dit, que cette armée
auOit bien le' iiom, Si le nombre, mais non pas la force, fa
TacHt liur. 4. des hi- Vaillance, ny la difcipline d'vne armee, nome» magis exercim,
ßnresichaf.%. ^^^^ robtif. Puis il poùtfuit pat des paroles fort propres, &
r» mefme. cOunCnablcs à ce fubjed ,ßg»em mmerum armùenecauerat, il
auoit non pas armé, mais chargé d'armes cette lafche Si pareffeufe
inultitixde: parcc qu'à vne mihce ainfi faiâ:e,lcs
armes ne feruent pas de defenfe, ains font pluflofl comme
vn fardeau pefant,6i vn empefchement nuifible Si fafchcux.
Ainfi que Tite Liuc auoit ja diéi:, qu'en la bataille du Jac
Trafimcne, plufieurs eftoyent bcaucoup plus chargez,
Tite Hue liur. x.dt. empefchcz, que non pascouuerts de Icurs armes,
rent^ quidam onerati magls, quàm tefíi.
Ainfi font faides, ainfi font compofees les armes de cc
les Princes nc doi- tempsrcar nos Princes,nc penfans iamais à auoir des foldats,
«oîr des boas fol- dangerue les talonne, font Contraints de fe fournir à
; dats en leur grande grande hafte de tout CC qui fe prefente, bon, ou mauuais:
»«effilé. fi bien qu'au premier fon du tambour ils font leurs recreiics
.•i.: " «île

ET MILITAIRES, LIVRE XI. gjy
& leuees dans les eftables, dans les cnifíncs, dans les tauer- Defcri^fo,, de h
tics & cabarets,Ô£ ils ont puis apres, non viié armee, mais vn «^i«:» foldats ï
nombre.d'iiommes coiiards, laches, poltrons, gourmands, "
diflblus, efFeminez, inexpeits, vrais inilrumens de fcandale,
corrompus de toutes fortes de vices, & pluftoft chargez ,Sc |
empeichez,quenonpasarmezdelacuiracc,ducorcelet,de I
la pique,dumofquetjOu autres armes. G'eft fur ce paifage de • |
mon Tacite, que i'ày prins occafion d'accompagner mes autres
efcrits, de la leuee des gens de guerre, appellee des Romains,
Dekffu

i 8x6 DISGOVRS POLÎTÎQJÉS,
t à,la fer ce, qu'à la hauteur du corps
[ pourkpl«Sîpartà.ibntdigiiçsd'eftrerem^
! • Si )iiGtnces,c'eft; à^kejieiuies hom
I , àfçauGi.r,laviu.%eitédesyeuxJ^
! large, les;efpaLiies pleines de mufeles -, les doigts forts,, les
feras longsleyentre petit, les çuiilès.au.cunement,maigres,
i^jS jambes,& les pieds fecs^ .
©c queîies piofeffiôs .;,) rKt/i oi\a quelqtje egard.aux meftiers profeiTions, &
& meftiers il fauc q^j^oii foit p'ontfaint de leucr des hommcs faits, il fâut rejet+
! · \ uoir. tiiTottiers, les oUuriers des eftuues, les comediens, &c femi
' ' blablgs artifans de plaifirs 52 deledations,mefmement lafci-
' ues : mais il faut prendre des Marefchaux, des Charpentiers,
des Bouchers, des ehaiTeurs de cerfs Si beftes fauuages, Si
femblablesigenres d'hommes de pareille vacation Si exercice.
Sans forcir de propos, nous voyons que celuy qui fut
principal autheur^du mutinement d'Allernagne, du temps
de Germanicus, Si au commencement de l'Empire dc Ti-
. bere, futvn certainPercennius, qui auoit autresfois efté
comédien. Si maiftire de Theatre ,
tmîuMu.i. âes An- &; mifcerecœtmhiiimmliJl(tdiodoBm, homme affetté en pamiihaf.
J. roles, Si expert par la profeifi,on Theatrale, à émouuoir des
tumultes Si feditions aux aiTemblées.
Les bonnes mœurs
, Que fi les dons dacorps méritent d'eftre prifez Sieftisôcplusrequifesaux
niez aux ieunesfoldatsqui en font dotiez, fans faute les
Ioldats, queles dons t r • r • » 111.
du corps. bonnes mœurs iont mfimment plus recommandabies j ce
que Tacite n'a pas oublié, ains faifant vne particulière diilindion
du foldat choifi, Si du volontaire, c'eft à dire, qui
venoit de foy-mefme fe prefenter Si s'enrooller, Si monftrat
que pour le grand nombre des Veterans, Tibere eftoit contraint
de faire le delete, ou leuée., pour rendre lesXegions ;
complettes, luy fait dire, Qu'il ne fe trouuoit plus que bien
peu de ieunes hommes, qui volontairement VOuluiîent fui-
II ne faut prendre urela guerre, acjifuppeditet, non eadçmznrtute.acmodelîia fgefCpour
foldats des ho- „„¡..^¡^ . ' ^ ... ^ >-1 'or.
mes pauures & vaga- ^ " pierumque wopesac vagi,fiante mtlittam fumant., Et s il s en
^"'i'· i^rouuoit quelques-vns , ils : ii'aupyent garde d'eilre fi ver^
nil. chap.
t. 0Hci,m- i^^^^Xî^y modefte's,paree que le plus fovuiet cexixqui d'eu'f'
mencemcat. Jî^efmies vonc à la;gueiT(i;,;c.ftoyçnt la;plu5-part pautires^^
, • ' . vaga ^

ET MÎLITAÎRES, LIVRE XL S17
vagabonsTellcment qtí'iifáut dbfenxèt,Vil eíi'p

gi8 DISCOVRS POLITIQVE'S,
dm 5 quàm robur, &: aurons vn bon nomb're, de faquins pour
porter ôi..charriér nos armçs , mais point de foldats pour les
employer.
Lepremier de tous Le premier dc tous les exercices dé la guerre,eit marcher
I6s esercSces de la ^u fou du tambour,& en l'cfpacc de Cinq hcutes d'Efté,fairc
fheï auVon du wm- Vingt mille pas :,mais pour-autant que les horloges des Robour.
mains eftoyent reglez de telle forte,qu'ils marquoy«nt dou-
I zeheureUeiour,&:douze heures la nuia;, autant l'Hyuer
! I L. heures le iour, & comme i'Eilé , il faut faire cefte fupputation, que les trois
I se it.keu!f:ia nuift, j^gurgs ¿e leur Efté, en eftoyent quatre des noftres ordinai-
I ' res, ii bien que leurs cinq heures viendroyent à eftre vn
i peu moins-des noftres fept : De,façon,qu!à cefte proportion
nos foldats ièroyent obhgez de faire trois mille pas, toutes
les he ares chenjiuans d'vne mediocre vitefle, &: en l'efpace
! des heures iufdites,ils en deuroyent faire vingtquatre mille;
s'ils en faifoyent dauantage , çc feroit courir ; à quoy on nc
peut point ailîgner de mefure.
L'esercice de courir-, L'exercicc de courir ôi dé fauter, va du pair auec le mari
& de Ciurer, va du. cher, auiïi font-ils grandement neceflàires en plufieurs ocpair
auec le marcher. - ' · ' _ ^
cafions, comme emeigne Vegece au traicte qu il en a raict;
I Exercices militaires enfemble dé nager, de s'ayder de l'efpée, SsC deîcfcu, plus \
: praœïer" l'ordinaire, de s'adextrer à frapper pluftoft de la
i dats. pointe, que du trenchant; & du reuers,que de main droitte;
I combattre armé,lancer le dard,le iauelot,tirer de l'arc, & de '
la fonde, jetter les plombées, fauter à cheual, fans mettre le
pied à l'eifrier, porter des fais pefants. Si autres infinies femblables
operations, qui rendroyent auiourd'huy vn foldat
beaucoup plus excellent,5i plein de gloire, que mille autres
ignorans Si mal adroits ; Si ne fe faut pas émerueiller fi Alc-
Aieiatidreie Grand xandre le Grand, aucc trente mille hommes de pied ainiî
mes d^pTedïiïn ' ^ ^u petit nombre de Cauallerie, entreprint.de conpcrimecez,entreprint
querit le grand Empire de Perfé,ny que les Romains(Répu-
Îre dTperib.' ^ ^^iquiftes, qui n'auoyent qu'vne feule Cité ) fe foyent faids
Seigneurs de tout le monde ; ils s'aflTeuroyent en la vertu de
Les Romains tenoyct leuts foldats; Si pour l'inftitution d'iceux, ils ne fe contentefhes'SSeignêr
^^^^ P^'^ ^^ tenir feulement des maiftres Si excellents peri
ezercice de la mili- fonnages,pour leur enièigner les fufdits exercices, ains auifi
ce aur foldats. ils aifigncrcntpourcefte fin, outrc autresrcfpefts, certaines
Colonies i

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 819
Colonies en diuets lieüx,comme il eft cfcrit dé Camulodufliim,
idquopremptimveniretColonia Camuledumm valida vetetanotum
manu dedmitur in agros captîuos, (ùbfidium aduerfm rebelles,é"
imbaendisfoctü ad officia legum. Où fe void, que la Colo- Pour quelles fins tes
nie ne fut pas enuoyée là, feulement pour tenir garnifon Ro^a'"« «nftituetéc
contre les ennemis rebelles,ains auifi pour enfeigner les de- ¿rgueac?"
uoirs militaires aux aifociez de la Republique.
l'aurois à déduire plufieurs autres preceptes de ce fujet,
comme les foldats fe deuroyent retrancher, à ce qu'ils hc
fuifent contraints ainfi qu'à Nàuarrius,& ailleuris,de remplir
de caillous leurs gabions ; en quels lieux ils fe deuroyent
campcr,comme ils fe deuroyent ferrer,eflargir,&: ranger aux
perils inopinez 8¿ trop foudains ; combien dc fois chafque • .-.
mois ils deuroyent faire l'exercice. Mais pour-autant que " •
ces chofes font du deuoir des Capitaines particuliers, Se !
qu'en faifant vne fi générale defcription, ie me mettrois à i
traider, non d'vne partie, mais de tout l'art de la guerre, ic |
nie contenteray d'auoir monftré quel a efté le foin des Romains
aux chois,eflea:ion,8i leuée de leurs foldats ; Si ferois Í
d'aduis que nous fuiuiifions l'ordre par eux obferué en ce
faid, veu mefmes que la charité Chreftienne nous prefente ;
vne opportunité fort fauorable pour ce regard, Si qui ren- 1
droit nos leuées plus foudaines, plus aifees, Si faciles, que
celles des Romains.
Entoures les villes de la Chreftienté,il y ¿vn grand nom- 11 faudroit iafiituet
bre d'enfans abandonnez, Sifaiisadueu, comme auifi des academic ea
. . . , , ,, ^ I chafque Proumce,
pauures orpiîeluis, notamment dans les Hofpitaux de Paris pour faire difcipiinct
Si de Lyon, Si audid Lyon à prefent on en baftit vn autre
d'vn magnifique artifice près de Bellecourt. Tous lefquels ^uV^f^t "a^ns""îes
Hofpitaux font tant remplis de pauures, qu'il feroit befoin Hofpiraui.
d'en retirer les plus adroits Si plus propres pour les faire enrooller,enfeigner,inftruire,Si
difcipliner en l'art militaire, Si
ce ièroit vn inftitution de tres-grande efperance.Ie voudrois
par exemple, en accoupler cinq cents. Si les mettre à l'exercice
de la courfe,5i comme à refpreuue;i'enaurois tiré deux '
cents cinquante aifes bons'coureurs, les r'acoupler Si par , ^
nouuel eflayentirer cent Sivingtcinqmeilleurs; finalemet, ' ; -
iaifant ainfi pour la troifiefme fois, i'en trierois cinquante
Hhhhh 3

^ PISCOVRS POLITIQVES,
, tres-^boa§,&: excellents :1a mefme
aux. exercices de la, ^^^^^
ce quieJÍfimplement did .par maniere de projet, & premier
, , deflein. · /
, Q^ant à l'âge, quine fçait que qui voudroit attendre le
commencement des dixfept ans, n'auroit pas vn tyron ex-
' " perimenté iufques, à viiTgt-vnani-Et que files fufdits enfans
ciloyeiit mis à l'efcliQle à dix an^ , ôç eftoyent é
gne\ifement,& bien exereeziufques à quinze,ils fçauroyent
;; parfaidement le meftier des armes,S¿ feroyent prefts d'aller
Il aux coups,quand les autres iroyent à l'efcoleXe progres que
I' cefte nouueÎle Academie feroit, eft incroyable quant àpreient:mais
ilieroit émerueillableparfiDn iucces, meiiiiement
; ft auec le corps l'on exerçoit,auifi l'eiprit,,à l'honneur, à la
1: Auec l'ejœmce^ patience, à la conftanceà la fidélité, à la ibbrieté, & autres
cer «iù7 àTl'lc^ùz enfeignements, par le moyen defquels on acquiert les
aux vertus morales, habitudes à la vertu.
le içay bien que plufieurs ignorans, remplis de vent , -&:
¡ vuides de merits, accompagnezde preiomption d'outrei
cuidancespriuez de iuffiiance&iain iugement, oppoieront :
; forceraiibnnementsàmondiicours;Lesvnsdiians,qu'ily i
! va trop de defpence;lesautrcs,qu'elle feroit inutile vaine; <
i les autres,queles Princes ne iont pas pour eftre nourriciers, í
I ou tuteurs de ces enfans;les autres,que ce íeroit choie peril-
I , . , leufe de nourrir dans l'Eftat tant d'ho'mmes .belliqueux ; &
' autres, qui auront le nez S¿ la veuë de mefme mefure,fe
riront de mon inuention,ainfi que font couftumiere-
. ceux qui n'appreuuent aucune ehofe,s'ils n'en font les
/^premiers autheurs. A quoy ie pourrois reipondre par des
; .. meilleurs.raifon:s,& leur faireyoirladefpence eftre petite,le
, ^^oyen d'inftruire cefte ieuneife (qui Naturellement eft ploj;
yable, docile&craintiue) aiîes aisé &iaeile;iaieureté de
B - JEftat bien appuyée,& la gloire du Prince infinie:mais parce
qu'auec telles gens i'ayme mieux me feruir d'audoritez que..
JT • Mrade leur dire, qu'en.cefte maniere, &
S^pouíluokS "^^Pf
iBftruire la ieuneiTe faid Seigneur de toute l'Afie, de bonne partiede l'Afirique,
e.iarcm.ht.ire. & d'vne grande piece de l'EuroperCar bien que là puiifance
ibit

ET MILITAIRESv LTVRE. XL 82Î
foiç, iniuimerabie,.fi;eft-ce..cjue,le:v nerf, toute k fomme
de feîS forees^nç, confluent eh iautres regimens, ou efqua*drpns,qii'cn.
quatorze; .ou .quinze mille laniiîàires; ofle uez Se
nourris en k façon que i'ay dit,ou vn bien peu diucrfementj
6p qui n'en voudra.eroiTeie&hiftoiiresacrclátiorisiouirnalic- •·= • ' • •
res du Leuant, qu'il l'apprenne des efcrits de Mônfeigneur , \ , !
le'Vifcomte de Tauknes^equelleirapporte p'ouf l'auoir veu., ' - '
ou s'en efckiíxiífe auec luy de viùè voix , & auec Moniietil:
de Breues, qui a, demeuré vingtdeux ans AmbaiTadeur à k Monfieur de Breues a
porte des Princes Othomans. Ge font deux tefmoins irre'- Ambaffadeur à
prochables, & dignes.de foy. . ÎdetS^ri^
Ge n'eftoit pas mon intention de me tant eftendre fur
cefte matiere, toutesfois puis que ie fçay que tout le poids On ne peut iouyr de
du gouueriàement ciuil repofe là deifus, attendu quei'on ne paix/ans eftre verpeut
iouyr de la paix, i^ns eftre bien versé au meftier de la
guerre,que l'art militaire ne fe peut fçauoir (non plus que
les autres arts Se fciences, iî en nos plus ieunes ans nous ne ; ;.,.
rapprenons , ie ne plaindray pas encor vn peu depeine pour
ce regard. . . , ,· . :
le diray donò, à.fin qu'on n'eftiihe pas que i'aye apprins
cefte forrtie d'éducation d'enfans, delà feule maxime des - . • ....
Turcs, qu'elle fut jadis praéliquée par les plus anciens Prin- · '
ces Se Roys , auec vn merueilleux accroiifement de lèur ' '
grandeur,5i de leur honneur.G'eftparceftevoye,aurapport ; , ' ·;
de Diodore Sicule, que Sefoftris, Royd'JEgypte , fitde fi Sefóftris efiantnlis,
grads faids d'armes ; Soudain qu'il fut naift, fon^péré leua P"^ ^^ ^
tous les enfans dEgypte,& les fituourrir ^ inftituer auec le fitruriren£s
meime fom,la mefme regle,preceptes,5i enfeignements que d'Egypte.
fondiaiiIs:Phihppus,Roy de Maeedone, pere d'Alexandre; Philippe Roy de Mafut
le premier qui fe feruit des enfans Nobles de fon Royau^ , fut le preme,que
nous appelions auiourd'huy Pâ^esîce qu'il ne fitfat rnfenfNÎbÎesïesÎt
vanite, par oftentation, ou par ambition &: granité qui fuf- & «¡¡«aux,
ibnt en luy,& moins pour le mefpris des peres ny des enfans, S f f
ains feulement pour les exercer, ftiller Se accouftumer de
bonne heure au meftier des armes, hayCantmortellement
les otieux &: faitneants, eftant remarquable qu'il fit bien
foüetter Affronctus, parce que prefsé de k foif,il s'eftoitdepartidel'eiquadron^&eftpitalléboireenvnproehaincaba^
• ret:

; 8zz DISCOVRS POLITIQVES,
Ili retrauiiì fit il mettre à mort Archeciamus,parec que luy ^yât
^ commandédedemeurcr debout les arme s à la main 3 il n'auoit
pas bien obey à fon commandement, ains auoit mis fes
armes bas.
Les Princes doìuepjc Et à fin que chaicun ( principalement les Princes) fàflent
S^et^ttTte eft^t 'ie ^^fte obferuation,qu'ils prennent garde qu'aieunes
Centihhom- yant cfté eftablie par Philippus pere d'Alexandre, elle fiit
toufiours entretenue en Macedone iufques à Perfeus,fils du
" dernier Philippus;&que les Gentilshommes ainfi efleuez &
nourris,furent tellemet accompagnez de vaillance,&: vraye
vertu, que Perfeus vaincu, la Macedone fubjuguée, toute
chofe abifmée en piteux vacarme , &c ruine totale, ce feul
corps de milice n'abandonna iamais fon Roy, iufques à la
^ derniercextremité,ê£ finale defconfiture de Juy,^ de fa ferles
pages eftoyent tune. Voicy comme Tite Liue en parle : Pueri Re^'apud Ma-
Prfncer Trles^u^ cedonoi vocabantur Prïncipum Uberi, ad mimiier'mm eie ¿fi Regis : u
ccàonTenr'" ' (ohors perfecuta, Regemfugientem ne tum quidem abfccdcbat i "{.(tî
Macédoniens appelloieiit pages du Roy,les enfiins des Prini
ces,ou Seigneurs, choifis pour le ieruice de la perfonne Ro-
Ì yaleUa compagnie defijuels ayant fuiui ia Majefté en ia fui^
t T.Litte,ii.$. decade J. tc, ne l'abandonnoit pas meline encor alors. Pendant la vie
^ ^ d'Henry, le Grand, ilflitproposé de fkire efleuer quelques
; ' à efleuer des ieunes cnfaus d'honneur auptes de Monfieur le Dauphin,qui eft Je
M&îe Dauphit ^ ptefent regnant; aucuns de bonne maifon y furent in-
• troduits , & tant de ceux-là, que de ceux de chez le Roy,
pages dela Chàmbre, & autres, ils pouuoyent eftre enuiron
foixante dix, ou quatre vingts : mais la grande defpence cn
dégoutta bien toft les plus ambitieux,car hors ceux qui portoyent
la cafaque , ou liurée, qui eftoyent aux deipens de ià
Majefté, tout le refte fuiuoit la Cour à fes propres frais, qui
, n'eftoyent pas fi petits,que deux ieunes freres, Gentilshommes
iifus d'vne des grandes maifons du Poidou, n'y cmployaflent
annuellement fix mille efcus d'or ; &: lors qu'on
voulut regler le train de celuy que i'auois l'honneur de gouuerner,qui
eftoit leur eoufin,on trouua par iufte fupputatio,
que par aucun mefnage,ny chicheté d'efpargne,U ne fe pouuoit
entretenir à la Cour felon fon rang à moins de fezecets I
efcus d'or par an, ainfi que ie feray voir par eftat certain que '
i'ay

ET MILITAIRES, LIVRE XI. gai?
i'ay en mam:mais,quand-le Roy y voudroit mettre; l^mainà
bon efcient, & empIoycf^les finiiiiGes militaires , dèfquelles
I ay parle en l'onzicrnie difcours de mon premier liure-, &
quelquesautres deniers de fon cfpargne:, 6c aurctrandicment
des vames fuperfluitez & mauuais employ, pourquoy
ne pourroit-on efleuer aux exercices la ieune Nobleife Fraçoife,
& l'entretenir à la Gour:pour beaucoup inoins d'ar^
pnt que r Académique Benjamin &ifant : prqallablemcnt.
{comme Iesbons-œConomes ) vn règlement generai, qui ne
iepurroitoutrepaifer,ny excedet pour le faid des viures,-
Jîabillemens Si autres necciHtez de la vie liumaine,rejettant
toute forte d'exces, Si defpenfe fuperflue? ;
La maxime des laboureurs eil vraye, vn petit territoire
bien laboure,eft touiiours meilleur,plus fertile,Si frudueux'
qu vn grand champ mal cultiué,ai défriché.Ce qui feruiroit
pourfairevoir,que la defpenfe ne feroit pas tant inutile Si
vaine, qu on s'miaginede premiere veuë. Qui croiroit que
les Mammelus n'eftoyent pasplus de cinq mille foldats > Si
qu en 1 armee des Parthes, qui mit cn fuite Marc Antoine,
iny auoit pasplus de hiiid cents hommes de iVanchecon-
Jtion,excrcez,Si difciplinez au faid des armes,tout le reftedelarnieequi
conftoitde cinquante luille hommes,eftant
eompofe de ferft, & d'cfclaues ? Les Spartains ont toujours - -
cftefi.petitnombre,qa'eftantdemàndéàiAgis,combienils. .
eftoyentul refpo eftoyent au- c^nra^Sr'
tantqu il-iuffifoitpour chaflèr les mcfchants. Arifton inter- il»
roge de mefme reipondit: Qu'ils eftoyent autantqu'd
falIoitpourchaiferieursennemis.'Etàcehiyquileurrepro-
^oit, qu lis eftoyent peu de gens de guerre," fut refpondu,
d irein,de conquérir Éotit l'vniuers,iît,à i'imitatibndc Scfo.
ms, inltituer aux exercices de la guerre trente tóilleieun r

8.4 DISCOVRS POLI:TIQVES,
W^i; - Iiefovent enfeiençz Sc. monftrez ? Ec.qu en aucmie dc
S S i , pir grande,^, noble quelle foM .y
I X l c dcBi auiuc dlratt de defendre la pame? N eft-ce
pasvnimprudencedigned'eftonneme€,quevouscn-yloyez
Luslesioursdesgrandesfommesdedeniers, pour lentretenement
dc k garnifon d'vne citadelle, ou forterefl-e, qui
n'eftqù'kièpetitepartied/vnegcandeville, aSYOUs nauez
aucun £ûind'iièituer.v,ne-Acaderoie militaire,par le moyen
de.laquelfe,fanà défpenfcrvnfols,.VOUS pourriez accouibumer
vos fubjets à: garder & defendre les villes entières , &:
tout le pays î Aufti fouftrirezrvous vn iour la peine de voitre
peckévSâ ceferailors (qiteiDieune vueille.) que pour^
E nBurr^VQs:pcdplesenynepaoureufeoyiÍKete,ja{ch(^^tronacrieiSá
crainteferuilcivous n'aurez pas des f,r:ees iuiti-
Í fantès, bien conditionnées, ny .accompagnées des quahtez
req¡uifes;,(pour oppofer à vn puiftànt ennemy, ôc que vous
ï v.crrezk&bpulenges.S¿ richeífes de vos Eftats, ô£ vos Eftats
[ melkœsieduitsampDUUoird'vnqui.aura;efteplusprôuidet
; que yo,us.Ie:vQudrQis,6£ pourrois alléguer vne infinite d'au-
; ttmbellcs chofes , abonnes raifons fur cc propos : mais i'ay
S ' peur qu'elles feruiirent de peu, & ne fiifent grand eft^sa,fça-
I , chant bien que quand l'on nia pas befoin de ces enfeigne-
• . . . , ments,onies'rnêfprifei^S^quandiane^^^^^^ :
. ^ ·• plustcmpsdes'cn^reuaUQir^^^ ;
vn nombic d'hômes ^uoit dcsÎoldats & vtíé bonnc milice,ille trompe. Se raict u
meiincfàutequcfàiibitVitelUus,quiib^oniol^tquclqu^
; fais end'aifedion -Se .bien:^vaeillance=de femblables gens, ob
par les cris du peuple qui demandoitlcs armes i dúmejue -v/t
l· Legions vn populaire
;; ; i inexpertii&qma'auoiteouira^eny.valeiiriinonettp^ole^
• · lulîus.Tutor s'eftant rebellé des R5mains-,confeilloit a ceux
. d£ fon parti de venirfroniptement à la bataille, parce que a
• ^ : puiffance des.Romáinscéoiífoáauecle'temps^^eí'allcgiioi
• · ' G n t r c ' a u t r e s r a i f o n s V q u e les Légions d'Italiéàpprochoyenr,
cbatre lefquelles vtnant aux mains, on iie combattrait P^

ET MILimm'ÊS,· LWRE Xî. j
f^ttm.mÛite^f^d-vmmei(fmhiquéMii)(SèÇi à-dire, i
les n'eftoyent; pas compofees de^fóld^tsf leuez à k ' f
ains de vieux routiers, U bien experimentez au faiâ de Ja !¡
guerre:auin n'ignoroit-il pas(eftánt braue foldat,&: qui auoit ' |
accompli le temps dc fa milice ) quelle difference il y auoit
entre les vieux foldats-Siles iiouueaux , qii^áuec?vn propre
vocable nous deurions appeller,Canailles.Ainii faudroit-il j ;
dy-ie,áppelier cefte racaille,de laquelle dn remplit a prefent ;
les^giments entretenus en France,le Roy páyeles Maiftres Abu, que commcttêt
de Camp, les Sergents Majours, les Capitaines particuliers, P"' c®-
& membres des compagnies,comefî les regiments eftoyent ^"^"^LÌ^^rsf"
complets,&neantmoins il y a telle compagnie où ils lie font
que deux ou trois foldats-, aüíquels· encor on defrobe la !
moitié de la paye , & leur fait-on faire fix femaines pour rie
moisiSi quand il faut battre aux champ s,- on prend la pofte
pour courir aux rccrcuës,& amaffe-on touté la balefaille du |
pays,&: telles gensque iîay ditoy deiIus,janottez d'ihfomie
par Lipfius, au: doUziefmé chap, du cinqtóefaíe toe de íbs • V
Politiques.le ii'&ftime pas que ceux qui pil}énE>¿ deíiobent
parneceífité , foyent mieux deshonorez , n7 plus diiïgnesfdu , . ^
foüet,que ceux qui exercent cebrigáadage priuilegié·au
detriment de léur afnc, Se grand preiudice du féruice dii
Roy,. toutesfois ilsfé^difeat gensidc bien & d'Konneiii· ,. de-T ' ' • .
uinezs'iléft-vray. i.>•':·;,/:•• : ^.q n^r/ni'•''i. r'^·:', I
Q^'^^^rf4m pas retirer aux fonerej]^^^^^ |
gùerre.les.perfomes inutiles. ' , Î, , ,
. : . DISCOVRS DIXIE,SMÎ. -
g ^ ® E V de iours-après laprinfe dè^^illedé'B \
^^M'^u^vngrandtroubled'éípritrqu^mtóafiná ¡LÍl^S'^fo!: j
^ ^ puDûquemenrleiîèur de Bóüáens,

DISCOVRS POLITIOVES,
^ : • daniiaplace. Mcíemblantpour lors que ce fuft vne puré
nialicc, d'attribuer quelque blaíine à celuy, qui, felon mon
il ' o©intori,meritoit au contraire vne grande loiiangc:mais i'ay
i j-eco¿nu du depuis, que ce blaime prononcé par labouche
I d'hommes gucrricrs,eftoit imputé auec grande raÜbn, puii^
' que quand aiiîû ; feroit., qu'.ilji'en arriueroit'autre inconuenient,
il ne fêr oit .que trop .grand,^ pernicieux, quand il feroiotoqfommer.â
desigemsinritiles, les.V;iurës.&
. , - qui deuroyent eftre" foigneulènient coiiiêriiez pour les
hommes.de!feruice,&: gardes du FortCe qui arriue d'autant
pluftoft, que la rareté én eft ¿eiîa grande de foy-mefmes.
C'eft iur vue >femblable ocçafi.oa que Ciuilis, auee fon ar-
rnee rettoltee,print opinion:d'emporter le canap des Romains
, auec va ainegemçnt de peude iours, ayant perdu
l'efpoir.dé leprendre par force ydenec defierata vi vcrtmnt mfdium
ad meras, h::Hdiguari pauarnm du rum inejfe alimenta, é"
il nefaiit tenir Jes 'muUummhellkX^ïZ'CiOX^XiX. pas qu'il n'yauoit des vitires
• .'plicrla dínrvn¿ dedau« qucf ftui He» peu de temps,a¿ qu il y auoit grand
.mee. ' nombrc de bouchés inutiles, c'eft à dire, vne multitude de
gens,qmn'ei4oit?pas:proprepour laguerre. Cetteregleib
ibAp.y peut mieux &c plus claireinent entendre en la prime d Hera-
Hccaciee fut rife clèe, les Etolicns éftoyent refugicz dans la forterelTe, fe
par "es ^Romains, pouuoycnt défendre quelque temps:;mais. ayans apperceu
pour eftre remplie de qu'j^s n'auoyent pas grande prouilion de mangeaillc,ôç que
|creà"ks viw«^^^ par faute de bonne conduite il s'y eftoit tant aifemblédc
fcrnines'^^d'enfans, des^ gens inhabiles à la guerre, £¿ mal
propres pour porter les àraies, qu'à peine pouuoyent-ils demeurer
dedans vh li petit lieu, tant s'en faut qu'il les peuft
, proteger, ny defendre, ils furent contraints de fe rendre.
Titi Une t.€jtcA- -Le langage de Ti'te Liue â pi us d"encrgic,8¿ fait iuftemenc a
moixf vtpûte co»gre0Js f^mims^
turbainarcem^^cpi^pixcapn\^Medum. tueri\multitudtmni ^
/tfj^A (^e faudraTildonc fairç..^ mepourr^^
vousrefufçz én temps ,,d'éminent peril ^^
delles forterçif£^,iiux,pauurçs fcmmes,jaus petits, cnfani»
Si aux vieillards î SerajiL^ie/i-fafd defc ^
l'ennemy í le jeïpondray, pela,, auec y n ;.çxempl^ .¿es
mains, ^ e nccçiÎiûremènt'rû|^uD^^ prcn.nent patien^e^

^ ET MILITAIRES, LIVRE XL $zj
La Gîté de Rome auoit efté· prinfe parles François, ce peu. Les François ayans
de çens de guerre qui eftoyent reftez,s'eftoyent retirez dans P^'"® . »
i • 1 r n- 1 · o . • ,·. reftans fe retirèrent
k Capitolc,ou forterefle, auec les vmres munitions qu ils dans le Capitol«
auoyent peu emporter, deliberation préalablement faide, inuajidesde-
& refolution prinfe du general confentement de tous, até'"'"' *
grands & petits,ieunes &: vieux,Que les inualides.Si vieilles
gens demeureroyent dans la Gité , expofez à la mifericorde
de l'ennemy,à ce que ces corps,qui par leur aage,foiblefll· &
debilité, n'eftoyent plus propres aux afmes , ny en eftat de
defendre la patrie, n'affamaffent ceux qui combattroycnt
pour le falut commun : »e hU corporibui, qutbttt mn arma ferre, rit, tiue Uur. ^
vray, que quelques femmes fuy uirent leurs ieunes efpoux; ^
mais il faut noter ce que Tite Liue en dit,
jiec vacante, que perfonne né le leur défendit, comme auflr
perfonne ne les y appella.
Nous voyons donc par là,que pour inciter la multitude
des plebeyens à fupporecr patiemment la prefente cala- ·· i
mité, tant de vieillards Patriciens, grands perfoñnages , quf "
auoyent exercé les Gonfuláts,&: autres dignitez de la Republique
, qui auoyent obtenu des grandes vidoires en diuer- - f
fcs guerres,&cn fuite de celala gloire du triomphe,nerefu- !
ferent pas de fe deuouër à la mort, pour la charité de la pa- Ì
trie, laquelle ils efperoyentfe pouuoir conferuer auec la vie
des ieunes gens ( comme il aduint. ) Et il quelques femmes |
allerentapres leurs maris, cela leur fut pluftoft permis, que i-.i, ;
volontairement accordé. Que fi la chofe fe pafia ainfi à Ro- Etemplcs aux Gapi-s j
me, où aucun Gapitaine particulier n'eftoit eftably pour la
garde de la forterefle, ains y viuoit-on cn liberté, & chacun d-^ne b°oane "lace! *
y cftoit pour fa part, qu'vn Gapitaine apprenne cc qu'il doit
fiurc, ÒC comment il fi; doit gouuerner en femblable ocçur- Ceft vns, isMé^k-
rcnce, quand il cft eftably par fon Prince à la garde d'vne pif^b e de reé-rk
bonne place : s'il a/implement la commiflîon de la garde,& Îrgerinurïief '
conferuation du-Iieu, tous autres refpeds Si.confidcratioiis
doiuent cftïe poftpofezSi/orclos. Et fi.c'cft vncfauteirrc^ ,v W · · • il^i"
r^-1r.^Ul„ J • v /·' i t-' . ' . • Vn Capitainerie doK 1
parable, de receuoir a refuge dans vn Fort îç. populaire,' ànù.^ retirçr,d,t;s-,f3~fçhe. i
tileôc fuperfiu,(tombera-on pasen plus,grande.&: pcrillenfc rff
¿•rrpni· .j', > t ' ' i ? • guerre pins forts que
circuì ,ûy receuoir des gens de guerre braues Si vaillans, faCamifo^^ i
I i i i i 3 j
^ '

DISCOVRS POLITIQVES,
qui fe treuuans fuperieurs ou en nombre,ou en. vaillance, à
ceux de la Garnifon ordinaire ,fe rendront maiâresde la
place à la premiere occafion, ainfi qu'il aduint au Capitaine
Akïindre vitèlli, du chaftcau de Florence, qui par l'induftrie d'Alexandre
f ^fi'^d" 'hafttau de ditelli en fut ainfi dcfpoüillé,apres la mort du Duc Alexan-
Florence' ^ dre. Dom Cefat Gauanille,Capitaine de la fortcrefle de Limdr.
liur.i. uourne,ne fit pas ainfi : car ayant comrnanderaent du grand
cTpltaine°de"irfor- Ftançois de Medicis, de rendre -toutes fortes d'honterefle
de Liuourr.c, neurs au Viceroy de Naples, qui paÎToit chemin, ayant fceu i
de'Ni^ics^raüTvi^ defiroit viiiter la fortereife ,1e Capitaine y fit fecretûçer.
tement entrer vne bonne troupe d'Infanterie,&: nonobftant
cela, il ne faillit pas d'enuoyer dire modeftement au Viceroy,
Qu'il fupplioit fon Excellence luy faire la faueur dc
venir auec le moins de foule d'embarraifcment, qu'il feroit
poifible: puis eftant dedans, il n'eut pas honte de luy
dire. Qu'il ne s'eftonnaft pasde cc qu'il luy auoit mandé.
Dire des anciens,à vn pourautant qu'il auoit apprins des anciens, Que quand on
Seffi commettoit à la garde d'vne forte place quelque Capitaine,
l'on luy mettoit vne peaud'afne furie dos ; fignifiant qu'il
n'eft pas bon d'vfer de tant de ceremonies, tant d'honneftetez,&£
courtOifies, ains qu'il faut prendre garde à foy, fe fou- ;
uenir de ibn deuoir. Side la charge qu'on a, pour preuenir ;
les accidens inopinez,&: s'empefcher de tomber par mefgarde-
eh quelque irremediable inconuenient. Et à fin que
ce que ie dy foit rnieux imprimé en voftre memoire ¡
les Capitaines d'vne ( Ô Lcdcurs ) fouucncz-vous du confcil dc Pyrfhus,Roy dcs
Î 'coSÏToy Epirotës, lequel remerciant les Atheniens de la confidence
Si bonne foy qu'ils auoyent tefmoigné auoir en fon inte-
• " , • grité&preudhommie,luy ayans fai£tvoir leur fortereife,
dit : Que s'ils eftoyent fages, à raduenir ils n'ouuriroycnc
5IU n.i plus la porte à aucun Rov;
: • ' / En l'annee prefente 1618. au mois d-Auril , monfieur le
: ' Colonnel Domano eftant dans la ville d'Oranches , defira
r r · Cl ¿fP^^l^^^^ Capitaine de la fortereife cnparticulienmais ce
S ^ l GaÇaine hiy iitr^oni^, Qüe s'il auoit à luy dire quelque
d^Oïanchés I chofc-, qu'il le dift tout haut, 5c deuant les principaux de la
moafiçuriywnano. villc, qui aecóitìpagìioyent ledid Seigneur Domano'. Apres
la mort du Priiiced'Oranches, le Comte Maurice manda
• ' audid I

ET MILITAÎRES, LIVRE XI 819 ^ I
audi6bCapicaine,rl©i«7, gai Uer ladiçte place en i
îitéTellement quilfe tient fur fes gardes,cotnînefo^^^ , ' - •
les habitans de la ville, & ont muré des portes.
l'adjoufteray quelques aduertiflemens áir ce propos, non i
en intention de dire chofe nouuelle , mais feulement pour ||
confirmer par les exemples ôi autoritez anciennes, cé que |
nous-mefmes deuons obferuer. Premièrement,le Capitaine Va Capitaine ne fe |
qui a quelque haine^ rancune, ou inimitié auec vne nation, j®'·^ i
ne fe doit pas feruir des foldats d'icelle, parce que les hom-r qu-a a erhabc!"" |
mes aimans naturellement plus ceux de Iciir páy s, que les · i
eftrangers, ce ne fera pas gránd miracle, fi les foldats qui militeront
dans Vne forterefie aflîegee, inueflrie, ou muguetee
par leurs nationnaiires/aixorifent pluftoft les leurs,que ceux
de dedans, Tite Liue dit,Que les Romains auoyent eu prou tíu iwe, decade j: .
peine de prendre Leucade , fi quelques bannis de la iiaition '""'•5· "" commen-
Italienne,demeurans dans la fbrtereiTe, ne leur euifent don- LeTRomains pti'nné
l'entree. drentLcucade.pai lc
Il faut loger dans les fortereifes le nombre des gens de iTXy^ntSns! i
guerre neceifaires, Se non moindre qu'il le faut, pour la gar- faut mettre dans
^ de d'icelles:parce que fi l'ennepjy defcouure qu'il n'y ait pas iombrrdSoidals
' aifes de gens^ il.ira par mefpris tenter la fortune ( ce qu'il neceifaire , pour la
ne feroit pas autrement, fçachant que ce feroit vne trop . .
hazardeufe entreprife ) Si parauanture le fucces luy pour- ' : ; ,
roit eftre fauorable. Ainfi qu'aux Argiens, fous la conduite ; : ' j .r ,»"'V.'
d'Archippus:,qui chaflerent d'vne forcereiTela Gàrhifon dés · JÎ- • ^ -·
hzccàQVcionitns,cûKtemptafmàme€mm,qm tiur.^.deca'de^
fe foucier,ny auoir peut du petit nombre, qui éftoit dedans
Et le Fort de Caruente fe perdit,parce que la plufpart de la n „e faut abandon-
Garnifon eftant fortie pour fourrager le pays, le peu de gens fort, pour
qui demeurerent dedans , ne fut baftant pour la defendi-e i
contre les Romainsjquifeferuansdel'occafioii, la vindreùt''"fon· î
aflaiilir. : . - . - : . ; > ; H îi
Il faut qu'vn Capitaine aye l'oeil au guet,que la vigilance Vn Capicaîne :à'vne
ne luy manque point, qu'il regarde, Si tienne de près tous foi tcieüe 'dèit efte
ceuxquifont daias fa fortereife, c'eft à dire, que pour eftre f¿f ftsfofdS^'"
autant foigneux de fes affaires;, qu'vn prudent Si fage periomuge
le doiteftreril doit prendre garde à tous généralement,,
fans èn excepter vn,.quelque vil, abjea. Si contemptible
I
^ . ^

830 IDISCOVRS POLItîQVES,
temptibîc qu'il puifle iembler ertrc. t^el-r^npcfois ces hmcs
fourdes,ces eaux dormantes,ces fongcs-crcux,bref,certaine
{•Qj-rp A^ 5.-US de qui on ne fe mesfie paspeuuent faire prier.
T - rvomains prin- quc tous Ics autreS,efl:aht bien ccrtain,que les Romains, iafdtent
la ville fez du long flege d'Artene,Cité des Volfques,auoyent cefsé
efcfa^e qTirtrah^^ leur batterie, perdu l'efperance de la pouuoir prendre,
- ayans fçeu qu'il y auoit àiTez de gens pour la defendre,
eftoyent für le poind: de fe retirer, lî vn efclaue ne l'euft
trahie, donnant entrée aux foidats Romains par vn certain
r.iiueyli«.4.à l«/», endroit mal aisé à monter, tadwque recejfum indeforet, vif ferf
a- Romanis arcem prodid>(fet. Il faut bien prendre garde q
Vue fottereflc ne _ f JJ r , ? - Í r
doit auoir aucnn lieu les forterelles n ayentaucun heu proche, plus emmet qu elproche
plus éminent igj fo^f ; ceux' qui ks baftiifent en femblables afliettes,
. " commandées par des monticules voifins, qui ne fe peuuent
explaner,manquent de prudence, de railbn,& de iugemenr.
. La forterefle.d'Heraclee,cy deuant dite,eftoit fituée fur vne
^ colIine:mais à s5 oppofitc,6£ vis à vis d'elle,il en y auoit vne
autre plus haute, feparée feulement d'vn petit vallon,fi bien
, - " que d'icelle on pouuoit commodément tirer des flefches, &c
Ziit.s.decȇe 4. lancer des dards dans le fort, fedadeeprepegiminata cacumina ^
eorummontiumfunt^vtvertice altero ccmicitelaw arcem prJf:Kt.
Vn Capitaine d'vne Quelquesfois ; pour deceuoir le Capitaine d'vne forte
d^tc'atdc dvltre^ place, l'onfe fert du pretexte fpscieux de la mort du Princc
pris par vn faai pre- cftabli, & faignant d'auancer le feruice du fucceííeur
foa'prfnce* deftiné A l'Eftat, on furprend cauteleufement ceux qui ne
, " . , font a,ccorts & bien aduiiez : ainfi on leur peut faire perdre
leur forterefle; Plufieurs ont procédé commc ccla^ pour ef-
' . fayer l'afl^edion intempeftiue qu'on a enuers le fucceflxur.il
;; . n'eft pasbon d'anticiper le temps,& tefmoigner par precipi-
, a ne faut précipiter tationauant l'heure legitime vne fidélité fecrette>Ia legereté
în^nV fideuïîfe- ^^ toufiours vicicufcrmais en cefte occurrence, la promp»- |
«e«e. tude eft perilleufe. On court fortune défaire voir vnmani- |
îo^Ki?'''"^" ^%,r"anquementdeiby au Ieruice d'vn maiftre encorcs vi- |
, uant; il fera donc neceflaire d'y proceder froidement, par
confeil; ôi quand le fucceflieur verra que ce qu'on en aura
fai£t,fera efté à la bonne foy,par deuoir & refped qu'on doit
à celuy duquel on eft la creaturc,&; non pour autre mauuai-'
fe fin,il en fçaura bon gré,& en fera eftat. Le Roy Eumenes ;
.' eut I

ET MILIT.Ài;RES, ;LîV;Il,E-Xri. 8.3 e
cut-'dofec .bien ràifdni^de^fept^tfis^^pxocedéldiAttàtes ¡Atwiosdcmanidae« ' '
ïonfΓei·e,qιü aüoit eflélÍ!haílif(foas^ "¿'¿TÍousvn FLUX
de demander fa:.fériiiiie enrmariag£:j:&pad lé pretexte qu'a' efto'í I
Capitaine de Ja.fortereiTe, comme s'il euft· ja.eílc· h I
tout aíTeüré du Royaume, · . « ^ j. 1
mii Umqmm iÀm hauM duhius ngnïé I
• ' y n G a p i t a i n c . e x j í e r i m e ' m é - S ¿ f a g e ; . q u i f e f á f Q r t i VB FAGE CSPITAÎNE t
- laplaceoù il cofmmnde y ne dx3Ít:pas rfaire: des fréquentés Z^^tht Kmy
forties fur l'ennémy qui'l'aiîîège í^dix de .ceux de dehors quii'affiege.&pour-
tuez, n'égaient pas le dommage delàmortd^vnfeul de de-
dans, parce que les affiegeails ont à toute, heure des gens ' I
fiáis;&les'affiegezfontpriiiezideicmbîaW AnnibaLvoulant
mettre à cóüuei-t lés Tareatóns , & les proteger |
defendre contre les .forties des Roiïiains , qui tenoyent la
Citadelle, fitfairéynbeau ôi grahdj.'^ }
leur empefcher l'entrée de la yHÎe^:efpcrant~Cdit TiteLiue)
que ft ies Roniainsiiouloierit erriijefcher l'ouurage des tran- ' '
#chées,on les pourroit combattre : mais les paroles qui fuiuêt j
foncfort'è0èacffs pour-fouftenir mon pfecepte, i'/yfftfaai
frocurrijfmimagnacxde,iuattenmnpufidtü vim
iffiTgrehtimvrbem'abtktmipopnt^Qnc&\ciK^ On ne doit faire des
noyent furiéufementattaquer ceux de dehors, l'on affoibli- IJ'e'pirce^""^"'^'
roit tellement la garnifon, & diminúeroit-on iî bien les for- z/«. ^-décade j.
ces de laCitadelle, parle nombreiqu'on entueroit, que les
Tàreritins. fcipourroyent bien garder tous, feuls contre eux. ^ }
ïï^e la nature du peuple.
, ,, DISC.OVRS ONZIES.ME.
A T 0:N fai£t comparaifon du peuple à vne gran- pUm liu.e. def» «ede
bgfte „dit ¿„qu'il eft neceifaire de cognoiftre fori
^^^^pi naturel .¿ fes-. couftumes, feá; façons de faire ; à ce
~ qu'ayant tous les iOurs à frequenter Si conuerfer
auec elle, r on fçache comme il la faut regir Si gouuerneriSi
.Gomtne.ils'y;faut Gpmpoiter,à-fin^'^rt mokis de.. . |
M Q t t T a e j t e p a r J q b i e p - f c m t î ç h t & : ç o j ï i t i o » ' i
Telle eft doncques cefte grande befte (dit-iiyqu'encores
Kkkkk :

8J2, DISCOVRS POLITIQUES,
qu'ellefoitacGompagnéc-de farces demefurécs, &¿ cfpoude
Chef, fe lerd ue^tabics,flcft-ccqucflcllecftdcfpomàicuëd'viiChcfqui
Snâ: laconduife,elleeftcoüardG,craintiue,lafche,inconftante,&:
s'en va en ruine de foy-mefme ; teliement que tout ainii
qu'elle fe jette aux entreprifes auec fureur & rage,de mefme
il elle n'a qui la tempere, Se qui la modercielle fe defvnit, fe^
Tacit,hi/f. defordonne ", Se met en fuitte, -vf eji vulgusfwe reSfùre puceps,
chap.^. paui(lHm,foms,· Ce qui eft grandement conforme à ce qu'il a
Il n'y a point de me- dit ailleurs, mhUiii 'uulgo.modîcum terme nifipatieant, vhipéritdiocrité
aux «loune- ^ng^i^t impune contemmyii n'y a point de médiocrité aux m^ju
"""ut UéÎXtlZ', uemets d'vne populace;elle eft terrible,fi elle eft fans crainchap.7.
te,auifi la peut-on mefprifer fans aucun danger, lors qu'elle
vient a eftre faifie de peur. Ce qu'eilât bien cogneu par ceux
qui accompagnoyent Drufus, .pour pacifier les feditions de
: ' l?annonie(c'eft Hongrie)fut caule qu'à la fin il proceda auec
des plus aigres remedes, fe feruant de l'occafion de cefte
peur, parce qu'il vid que la multitude des foldats commençoit
à eftre effroyéc. •
La populace eft mou- La populacc eft volage,mouuante,fans atreftjelle n'a fcr-
' fcTmeté"n ^cofiil;"' conftance aucune, comme ont efprouué tous ceux
crmcte ny con ace. ^^ ^^^^ afteurez fut fa fidélité, Car ils fe font perdus. Elle
s'émeut fe laiife corrompre par les paroles plaufibles, fc «
tourne-vire à toutes voix j à toutes adions, à tous ibupçons;
comme il fe void en Tacite, où ayant premièrement deliberé
de rafer la ville d'Auenches, capitale du païs des Suifles,
elle changea en vn moment aux fimples paroles de Clau-
' dius Coifus, fon extreme cruauté en vne grande mifericor-
Liu.i.deshi[f.ih.ti. éc,vt ef mes vulgo miitahdi tamproutfo in mifericordiain,
• ' La populace eft vue quàm immodicu in feuitia fuerat. La populace eft vne befte fan
befe fans confiderà- confideration, Se qui en fes opinions ne faid aucune diftindion
du vray ny du faUx. Partant, quand elle veut difcourir
des Princes, elle dit que Neron eft plus beau que Galba,
comme fi eftre beau ou laid importoit quelque chofe a
l'Empire.
rifaut tenitenbtide Cefte befte d'oiteft'ré tentteen'bride,parGé qu^iÎ n'y â riefl
qu-SîelfiTe'trÇks ^^^

ET MILITAIRES, LIVRE XL 835
de foy-mefme. Si bien que nous pouuons dire,qu'elle a faid
comme des animaux nuifibles & veneneux, lefquels elle a
produits peu generatifs, là ou les bdtes innocentes & profitables,font
tres-fecoiides. Í ; .
L'on peut faire croire à la populace ce que l'on veut, La populace croid de
mais pour autant que les hommes font plus ' ^
enclins au mal, que non pas au bien. En cette couftume de g^uîlVriÈr"
croire trop legerement, qui de foy-mefme ne feroit du tout
mauuaife ; elle s'arrefte pluftoft au dommage, ¿i à la perte
qu'au profit, &;,3 rvtilité: : ^ '
Ei«^-etoutesfesautresbonnesqualitez,cllepoiredecet.tapopulaceimiceies
te-cy en particuher, a l'imitation des paillardes,que les vices
& peruerfitez, qui font en elle, elle les va reprochant aux
autres. Et s'il arriue par cas fortuit,quelque finiftrc accident
dans I'Eftat,fans eir examiner la caufe,ny difcourir de l'ori- .. .i»..·«,
ginc,elle en impute la çoulpe à celuyqui gouuerne;En fom-^
me,elle incline toufiours dauantage,& fe rend plus prompte
aux pires euenemensxomme auifi elle cft fort defireufe des La populace ertdefî.
plaiin-s publics, Sc de tous fpedacles Sc pafletemps, Se reçoit P'^'^^rf puvne
extreme ioye,fi elle y êft,,inuiree par,le Prince..
^ Cicerón dit, eiï l'oraifon pour Pianicus,qu'i^^^^
de railon cn la populace, point de confeil, point de differen- ' ^^
ce, point de diligence. Mais ce que Tite Liue en dit, eft plus
reimrquable,QueIauaturedeIapopuIaceeftde
iiumbíement,oü de feigncurier trop fuperbement. Et que la humblement, &
libertés,quieftvnè Ghofe.moyGnne,n'eftpar ellemodefte-, ÎXt'
ment m® pnfeê, ny.genGreufemefteGônferuee. Ailleurs, en- rne i«, ^ •
cores par la bouche de Scipion, il dit, Que toute multitude ,
eft femblable a la mer, laquelle de foy-mefme eft immobile pZ Th^ï
& calmee,mais elle eft concitee par les vents,& fe rend tempeftueufe,
& bruyante felon leur cours ; puis à Ja fin fe rend
tranquille,& retourne à la precedente bonace,felon le mou- g ,
. ueinenr des vents, & des orages. - t · « j .
Philonice s'eft voulu oppoi^er à cette fentence,& monftrer '
quelamultttudepopulaire eftoit plus fage, plus, prudente
fl'FiSr' T . ' ^^ Democratic
ai tiitat Koyal. Mais tant de grands perfonnages en ont cy i
deuantefcnc,&:monftié l'erreur de cette opfnion, que ie !
Kkkkk i ~ I
•
• · ' -i
- i

83l . DISCOrRS POLITIQVES^ n
temps qiie ie voudroy employer poiir la refuter, ieroit inu-
De tous les gouuer- tit^toi&ppMiv:iedi«y {"eralement;, que de tous lesgouucrnemens,
le Monar- jj^jj^g^g]» M®Bacëhi«krlefl iCÈtuy.
âccircnt'^ "' quialemoinsd'imperfeaion. D'.ms'enfôitvqm5il·eft•IIi¿m-,
- - feftementifaax^,'que-H République populaire &it plus conii-ante
& fage",.que le Prince : car prefuppoÊint que- lesdeux·
La foue

ET MILITAIRES·, r IVRE XI. «H
lyaucuns ¿ecrets aimiraMeme'i^ grams
¿es ^Bi^mams^" ^ - \
DISCOVRS DOVXIESME. .I
La'Veritié^'ieftja.ÛÎéiÈg^ Romains ent
· • '1 r- 1 >1 '· " ..laguerre , tous les
m-^uisy aux 'eiïoi:es>;d'e \Xr guerré:^ veu ïque pari autres peuples.
eíFed -ik onc fuépaíTé en l'excellaice de
meftier , tous lés autres peuples de deuant euîx. Si ajpreseu^^ '
aucune nation n'a faid. de s. chofes femhlablessnyiapproii ... rochantes
delà.: mais; quíTÍrabién examinant leurs autres
adions ôi déppïtemensjtreutiera qu'ils n'eftoyént pas moins .L^
prudens auXíaJíaires déla^paix, qu'en- l^exercice- militaire. a^iK prudens aai af-
7-., n . · , . . / 1 • r^T _ . tjires ag Ja jpau,
^.^elt ce qui m a incite de rapporter icy quelques-vns dé qu'en lexercice dé
leurs decretsdc merueilleufe grauité, non feulementpour>^^ S erre.
faire cognoiftre coiiibien ÜS eftoyent excellens air faid
gouueriicmenticiuil , ains aufti pour ouurir ^entendement à.
ceux qui ont radminiftrationp,i;ibliqrae 5 comment fuyuan&'
cet exemple,ils fe dcitroyehrcomporter en plufieurs occùt- . .· j
rences. - • ^ •• ^ · • ^ - D ; ·
: Vn Sénateur Romain,plflantidans'la ville de S'ienne>plu-·
Kiftoire remarqua· |
fieursdu.peupîfe., par îe commanderhent du Magifirat s^nateurRo.
firent'd'cfttangesihdignitézv&derifionsiGarnoncontensde^viii^ i
Ikuoiroutra^eufenxentbattu à coups de poings,ils fé'mirenD . |
autour de luf, contrefaifans les pleurs mortuaires, les cere- · •· •
félonies, & lamentations fúnebres, accouftumees auxobfe-i ^ , :
ques & funeraillésfolênelles des Magiftrats, tout de mefmcî - ^ •
que s'il.euft efté moœ.L'infolécefutpubiiee à Rome,ra ven^i Oecrct de-^ Romains
géanceçonuénablé pourJareparation de l'iniure fut f^idei les siennois,
ihr lesimc^ueairs7& vn -decret du Sénat Romain publié M ^"„'¿IlL/^nÎ |
fignifié au peuple de Sienne,par lequel il eftoit àdmonnefté. teurs. I
de;fepiO}rtei\à>ljaduenir plMS;modefteînentà l'elidroi % |[
pàffagefsricitr&itjqitÉdiifiéîcerdec^^^ !
Kkkk'k 3
^ ^ ^ / . .d

83^ DISGOVRS POLITIQVES,
•faifoit vn femblable Ecli£l:,ou Decrct, l'imprudence,folie
de ce temps feroic qu'on s'en riroit,ó¿ moqueroit.
Belle methode des Lès anciens Romains eftoyent en couftume , &c obfer-
LTi«"dîle° enr^d uoyent cette maxime, lors que quelqu'vn eftoit en querelle
eftoyent entre eux. èc malveuillance auec eux, Si qu'ils ne vouloyent plus eftre
leur amy,de terminer le diiFerent,non auec l'eipee, ou autre
combat : mais l'vn d'iceux enuoyant dire à l'autre, qu'il ne
frequentaft plus fa maifon . Si là toute leur difpute finiftbit.
Ge que Tybere efcriuit au Sénat, difant, Qu'en enfuyuant
l'ancienne couftume , il auoit voulu ainii procéder auec
Pomponius Labeo, qui pour le ciiarger de blafme Se de vitupere,
s'eftoit tué foy-mefme, à fin d'enfeuelir fes crimes,&
Vacitt littKe.dssAn- les rendre incognus, morem fmjje jnaioribm, quoties dmmerent
arJes,ch/ip.7. Amuttias ,înmdîcere domo. Augufte aufti proceda de mefme
forte,quand il fit fçauoir à D. Syllanus,qu'il le priuoit de fon
Zs«^ J . a m i t i é . Lefquels deux exemples, d'Augufte, 6¿ de Tybere,
; i'appelle Decrets , parce qu'èftans extraits de l'ancienne
couftume des Romains, c'eftoyent vrais decrets, ja eftablis
par le cours de plufieurs annees : Se s'ils ne l'eftoyent par
efcrit, au moins l'eftoyent-ils tacitement, du confentement
j: _ vniueriel de tout le peuple Romain.
- la ioy Valeria, qnei- Mais fi iamais aucun decret fut merueilleux, & grauc,
f celuy de la loy Valeria doit eftre tenu poiir tel : la loy proni- -
I 1 boit, qu'aucun citoyen Romain fuftbattu auec des verges,
' ny occis auec la hachejSi toutesfois elle n'indiquoit aucune
peine contre les infraéleurs & Violateurs d'icelle, feulement
Quiconque faifoit Y adjoufta, Que quiconque feroit contre la loy, feroit
^ntre ia loy, faiioit mal, nihil vitra,qu Am improbe fafhim adiectt. Ce n'eft donc pas
Titèvtuéiiur.xo.de- f^ns raifon, que Tite Liue dit, QuC la modcftie J & la reuc·
rencedesloix,eftoyenttelles'enéetemps-là,;que cesdéU2£
graues paroles furent efcriiees vn lien afles fort, pour retenir
les Hommes d'artenter contre la loy, laquelle ayant eftÇ
faide l'an 4 5-3. de Rome, fe treuue neantmoins bien conforme
à l'admonition faide au peuple de Sienne, cn l'Empire
de Vefpafian, 3 67. ans apres la Ioy. - Ge que i'ay cotté,
Ao* Cedes eorrom- pour monftrer qu'il eii aufli bon 3ux fieeles cbrrompUSV

ET MILITAIRES, LIVRE XI. 837
ic parleray au 3. difcours du II. liure de L'amneftre, ou lay ~ |
d'oubly,que Giceron propofa iadis à Rome à l'imitation des
Atheniens : mais i'adioufteray icy yn decret, qui eft decret
fans eftre decret,c'eft à dire, vn decret pafsé ibus filence, ou j
pour mieux dire, fondé fur le filence, qui neantmoins n'eft -
pas de moindre importance que tous les autres,6¿ le voicy:
Les Romains,fuiuant les loix de leur Republique,auoiêt
cn vne vrgente ncceifité, requis les trente Golonies, qui
auoyent leurs Ambaifadeurs à Rome, de leur fournir quelque
ayde Si iccours , douze d'icelles s'excuferent cn toute,
façon,82 alleguans leur impuifTance, rcfufcrent tout à fait le
fecours demandé ; les autres offrirent franchement tout cc
qui eftoit de leurVouuoir, pour le feruice &: benefice de la
communepatrie. Le Sénat ôi le peuple ayans remercié aucc
toutes fortes d'honneurs &: de careifcs, les Golonies fauorables
, refolut en plein confeiI,que touchant les douze Colonies
refufantes, l'on n'en feroit aucune mention, qu'on ne
liccncieroit point leurs Ambaifadeurs , qu'on ne les retiendroit
point ; que les Confuís ne leur diroyent rien, & ne les
appclloyent ny exclurroycntd'aucuneaifcmbléc, irf«/^
iuBigatio maxime ex dignitate f of.Romani vifa Î/.CC chaftiment T.Uue,liu.7. deali,
muet fembla bien conuenable à la reputation, grandeurs:
dignité.
Il me femble, que quiconque voudra tirer exemple de
quelqu'vne de ces chofcs,pour les o'ecurrences des diuerfes selon la qualité dee
affaires du monde, en pourra receuoir quelque vtilité & accidents qui fumiéproiïît,
lors que felon la qualité des accidents qui furuien- rvne'yoíre«3ií
nent, il ne recourra pas foudainement aux moyens or dinaités
Ôc communs, que tout le monde fçait : mais prendra vne
voye extraordinaire Si incogneuë à tous. Par exemple, le
Pontife Romainadcux fortes d'armes pour fe venger defes Le Pape a deux fortes
ennemis, à fçauoir les fpirituelles, Si les temporelles.^ Il eft g^^d/fr^lLTs!'
tout éuident que felon ce qui s'offrira, il pourra employer ' j
rvneoul'autredc ces armes, ou toutesdeuxenfemble,fi i
befoin eft : mais venant à naiftre quelque accident où il ne
iugera pas eftre bon de fe feruir, ny de l'vne ny dc l'autre, ny
^toutes fes deux armes, il pourra fuiure le faia d'Augufte
& de Tibere,c'cft à dire,que voulant, dirimere amicitias interdicat

.;8¿S DISjCOTRS POEITIQ^TMILIT.
dic-it dempi eftant rcfolu de rompre i'amitié preGGdeníe,il dc-
,fendra l'entrée-de fa maifon auec ce decrct. Et quand quel-
.ques peuples n'ayans pas obferué les promefles faites à fa
Saindeté, ains contreuenu aux conuentiOns entre eux mutuellement
ftipulées, ou bien ayans préféré I'amitié & cons
fcikj-ationid^b-ommes ícelerats & meÍGhants,á la ftenne; lui-
; •itans-en eela-la málignitédamnable des luifs , qui aymerent
ímie,ux fauiíér:· de la mort Barrabas,que lefus-Chrift, ou ayas
perpetré quelque autre crime ou offence, digne de Gorre-
-dion ou fimple reprehenfion. Le Pape, qui aura le moyen,
' l'occafion le pouuoir de les cliaftier auec vne plus rude Si
feuere' verge , fe;contentera pour celle heure de ne,vouloir
! fpliis eftre leur amy, les priuera de fon amitiéj leur défendra
l'entrée de fa maifon,de fes terres,de fes ports, &c. Si fi l'offence
n'eft pas grande , il y pourra àdjouftèr le décret de
i' /'/^^wfó/dí/aw^ queceluy qui contreuiendraà fonordon-
; uance, Fcu mal^x. lielle eft grande,les admoneftera comme
Il faut oublier vne les Sieiiois 5, & fi Ja fautc· eft digne de pitié &; de compailîon,
pXn.'^"' l'oubheraj le leur dira:: & fi plufieurs ont failly-, nC:les ira
tous rechérchant l'vn après rautre,iufqvi'au dernier,comme
i'ay défia dit au neufiefme difcours de mon fécond liure.
Çar tout cela font des Décrets,c'eft à dire, des partis,ou expedients,touchant
les diuers accidents qui furuiennent, fiir
jéfquels il faut eonfultejr avKc prudence difcreiion.
yn decret niuet¡n'eft í: Q¿iant au dectet muet,G'eft à dire, de ne dire mot à ceux
i . «ewuabiè. qui;ontfailli,il n'eft iamais de mife ny de recepte, finon lors
i qu'on a enuie-de fe venger, comme firent les Romains, qui
(la guerre finie ) ne laiilerent pas impunie,- ams chafticrent
rudeiï^ent & feuerement (bien que ce fui! cuulement) le refus
8£ f'inobeylfance dç leurs Golon^
TiteLiuejau neufiefme hviçç.defà-trQificfmedécade, |
DISCOVRS
• · • ; • \ ' i

üíscov^ks
POLITIQVES
ET M I L I T A I R E S i
í . fui" C.Corneille '' ií . v:; ; .
Tacite,
L I V R E D O V Z I E S M E . - , , · , , . I
— — Í 1 n./v WiiîV'i
Que les difcçrdes domeBíques dcs^hnces\f^^^
perilleufesaeux,^a leursEííais. * . ....... M
Discovrs P R E M 1E R,
^ ^ ^^^ paroles belles,fages,pruden- vray exemplede ñates,
memorables, ó¿ vrayement dignes ^ ^uus.
I^B^^^^^Mlr d'eíire forties: ^^d^
Titus:
'^Mm^w'^Ê^· i'^p^^-^wwmntu:, ejùhfnmtfnerumliberar».
S'eftant apperceirrqttej'Empatetri Vè-
•aefdamiiNndnMjD deDohntian /fpaifíisre puifíié ^ aitófóp.
f lia biendiumblèment ne s'échauffaîle^
rappbrtidoceux qui Blki^oyent Dómitian, ainsqà·^^
aonilraftTans>fa;lifi:on^:Sifkaile às^ddoucür-emíérs fóííífe: vn Prince ayanr nô.
S^« leTdxméérde mer^jírBjiYemfMfífu^ff^^ tfl-^y-efeasi^fon isffat
\ - ·"
^

g4o DISCOVRS POLITIQVES,
les amis auec le (^ qUcliliiesfoU fAf mm^^^
temps fe rendent va- ^^^ ioument Ailkm , ÜU s'éloignmt d(i tôUt : Ik OU au COntuiu It
'ie pïty.^ fmge^i fe feut difiowdre, ny^ feparer, principalement
entre les Prmesfdít hon heur&pr6jperité defquels,les eíírangers
: ptauent bien iouyr, ^ participer. CMais les aàuerfite\touchent feui
lenient tesprcèhh fdré/i's, é' ceux i^ut font coñioints de plus près : que
Tacite Uur. 4.. des hi- ^ Mpourtoyent dcmemr long temps en c^orde&
finrei,chaf.-;. amitié, file f m nèdcttr en rhon^^rottp^^
Í ^-Heur^ut feroient íes. Princes, s'ils grauoy^^
memqire ces ^ntences, cpnçeuës par vne prudence plus
qu'hunkinCp ó¿ proférées par la bouche, lion de moy homme
priué 5 mais par celle d'vn Hes plus grands &: plus vertueux
Prince qüifúíl iamais^ appellé du confentement vni-
^""«deHcerdu ^^^^^^
Monde. Sallufte, Cet eloqueut& noble Hiftorieii des geftcs Romains,au
Liure qu'il a faid de la guerre lugurthine, fait dire
àMicipfa,Roy de Nuinidie,des paroles qui ne font guieres
tes armees, ny les diiTemblables àcclles dc Titus armees,ny les finances ne
dSs d"vn tylu- HMks defenfes d'vn Roy^mme ( dit-il à Adherbal, & Hiemmc
: Si les amis s'ic- pfal, fes eiifans, 5¿ à lugurtha fon neueu ) les amis au contrair
le"deuoTr dei^foy Wquéls vôm ne pouue\cor,tfaindre par armes ,ny gagner par argent,
s'acquièrent en gardant le deuoir & la foy. amy eíi plia grand.
Il ne doit eilre plus que le frere au frere? Suel efiran^ertreuuerez,-votti fidelle & loyal,
grand amy , quele r r/ * - i.. - - '
frere au fccrc. fi ennemis aux voBres?
Ehus Spàrtiainjs efcrit i que l'Empereur Seuerus., tra^
uaillantàJamort, enuoya cette mefme remonftrance à fon
fils aifné, à ce qu'il fe maintinft en paix Se amitié auec fon
cadet. Qtt^i eft vn tefmoignage, que les exemples des grands
Princes, ôi hommes illuftres , rapportez par les Efcriuains,
x)nt beaujspup decreditenuers k.pofterité.Par ainlî,puifque
leRoy-Micipfaj&d'Empicrepir Seiie!rias,tortt donné c6s enfci- i
gnenieto?. àle'ui^enfa^nsi&fucceficurs:,quea^ j
en a donné raduçrdfiement à l'En^iereur foh pere, qiic Tar j
.5:ite,5¿..Sallufte,grandsldiftQriographes,á¿fam:£ux hommes |
Í VflntjrffenwvSiqué ie d'ay lifcpueaty paarTviilité pa«·
ùL^èi^TLiS^. ^^^Wv&henefice.communrl^nez-eh ^uelque fconte,«
plesde rï|us,du Roy .Prii^ces, faitbs;-en: qttçlque eftac,-S£ votis>èi| aidez au befoin:
JAWS%ezles-^usfortsbouieuWlesiplus.gFanas rempars,
^ ' l ^ ^ ¿¿plus
1

ET MILITAIRES, LIVRE XII. 841 j
ai plus imprenables citadelles dans vos j^oyautnes, que iamais
Ingeniaire ait inuenté, fpecialement iî vous vous fou- 1
uenez, qu'il cft toufiours mal pris,& finiftrcment fuccedé à j
ceux qui n'ont obferué cette fage maxime. Que il nous j
voulons vn peu confiderer ce que les Poètes ont voulu dire j
fur ce fubied,nous treuuerons que non fans raifon Polinice
Prince de Tliebes,difoit à locaftefà mere, ainii qu'efcrit Euripide
.
Combien IA haine efi vn /atêi miferàble :
Entre farens,é'fieres ennemis-.
Si^afi iamats ils ne font faiiis amis., il
Tant eft leur haine irreconciliayie. .
Le Royaume de Syrie nc fut conquis & ruiné par autre EÎ Royaume âe Syôccaiîon,nycauiemotiue,queparlcsrcciproqiiesinimifiez
^
desfi:eres;^iniîqucditIuftin,abbreuiateurdeTrôgePom.âî'""^ i
pee. Et de là tout doucement, de maiii en main, ôc pied à il
pied, par la difcorde ôc mauuaife intelligence des Roys, pa- L Orient fut réduit
rcns ôc alliez, l'Orient fut reduit fous la puiftânce des Ro- i» puiifance des
niains. Et au contraire, Antigonus,perc de Demetrius,ayant Se dc's^Roy^. pÎ
eftc baife par fon fils, reuenant de la chafle, en prefence de «"¡»^ ^ii'^z·
certains Ambaflàdeurs,appellalefdias A mbaflàdeuisi qui' '
defia eftoyent deip^ez,& leur dit:
fatllezfasderacoMerà.vosSeigneHrs,lagrandeamitié qui efi entre
^Migonwé" Demctrim:commcvo^^nt monùxcx {AàiQnÇtc·
Plut?rque )quclaGoncordc&bonncintelligencc d'entrclc La bonne inteliigenpere
& le fils, eftoit la forterefle du RoyaUmcy Si vn tefmoi- g? ^ i
gnage de fa grande puiflànce.Mais à l'oppofite de cecy,Phi- dVn Roy^uS^" ' I
lippus, arrierc-heueu dc ce I>emetrius, s'eftant apperccU '»
du peu d'amitié qui eftoit entre Perfeus & Demetrius fcs '·
enUns, leur tint ce propos : Combien de fois ay- ie deteHé en vos RemoHfttance de
frefenceslesdtfenfièmfraternelles, vomfatfantle reàtdèshortibles Ss'''m"fe ^ïo en'
tncomeniens tfm fo^/taduenus entre freres ,p4r le moyen dequoy ils
m rume eux, kur race, leurs mâifens,é' renuerfé leurs Rùyamnes,é
Princifaute^ le vous ay d'autre part mis en auant les bons exemples
de la cevcotd^, qui a eBé entre les Roys des Lacedemoniens, qui ont
*^t»^e»xàdeux:,parpli(lieurs centaines d'anme^^ \
^ '
k mine de Im Cité. Cesideux fages freru^Mu^ :
Lllll 4 j
: • .· i

DISCOVRS POLITIQVES,
cempti^l^Hhm^ent-frffqH-hiMé.dg s'tiffcBerRopifrnt-ils fas
TiteLiueUur.ïo.de- quecf foit^yprautmmoyep,qfufarkttrconcdrdffiatermlle,&ma^.
^^ melle bienvueillmce ? , .
I Aagofte n'ayant au- , ,Augufté,ce boiiEmpereur,SiiagePrincc, iVayaiit aucuti
I «tttt. ««« .parent de fpjaXang,en vQuVut auoir du fang d'autruy^
1 auou- pat a option. ^^^ adoption : 6¿ quoy qu'il fuit terrible, & grandement co-,
lere, fi eft-ce fesvínáinsine^^'to
ibiiillces du fang d'aucun d'iceuxains .au «ontrah^^^
gnit amerement ceux qui moururent de mort naturelle^
Tybere fît mourir la
Tout au rebours, ce fceleratTybere, fon iViccefleur, que la
piufpan .de fes pa- f^^fiinç-aubitrenduriche ertiparèns, fit crueljcment mourir
I Ï^ens qm fut caufe " , _ " , ' ' t • cl- a
que, foh EnVpire .¿k' fe· .pMpSrt dAceuXífios ràiix^n^ny apparence de iuibce;3f ne
guementenjiàfamille,nefuft défia cantonné,
! à ceux de fon fang, durant fa vie, ayant (comme oneroid)
^ Tacite iiuf.i.des An·' tenú;la mafii âuec fa mere, à la mort du braue Germanicus.
' S^jibojj gouuernetnent fut caufe, queDrufus fon fils fut
i .
pur. y des Années, §|:,a4uiteré fâ:feiunie. L
ciap.t.. ^ fusVièsneueuXjtousdeuxénfahsdeGdrm
s«f/í!Mí en U vit de ptcmier en vne lile, diâe anciennement Pontia, &à prefent
: Tj'ie/ijfV. 53. Pongia,qui eftàl'entrecdugoulρhedeGayette,&deMoia,6^
le dprnier dans vn cachot, au bas du Palais, eftant tellement
de/liçué de toiïtes fortes d'alimens, qu'il fut con-
I tiamt de,s'éntretenir d'vne'miferable nourriture, durant
neuf iours,qui ftit la bourre de ibn hdj
j Les Ptiuces-idoiueht . -.Que les'Prinçes prennentdoncbjen gardeauxrapports,
: muÎ^l^rr ^ dií^tíurs,qu^onleurfedeieurs:en&is,de leurs
qu'on leur fait de;
frer^es., de Ic^rs n'çueu76,j,4ç leuis eaufir^, ó¿ autres proches,
leurs parens. parçus : Sá qu'iMexamin^p depres^ks^TOQtifs, Îe&eaufes^lsi
occafions, & fotites les ciceonftancès, du, rapport, à fin de
pouuoir bien difcerner ô£>coglioiike\la vérité, à trau^^
î que tout ainfi que lesç, efptits^^es .îïommss %nt^ftd>tii's Si
, profonds., Si que la>/fin
:: 'JilJ "" ^ailiers,
, - • • ·•• J

ÈT MILITAIRES, LÎVKË XRIÎ. «45 I
diuers, il faut auíSÍ que la vigilence, la diligence, le foin, la Les Princes doiue«.
circonfpeârion, Si la prudence des Princcs foyent itifinies,^^^'® dd^ntóíe? i
pour defcouurir les embufches des iniîdieux,?courtifans, Sii embuches des perfi- !
hommes mefchans, perfides Si defloyaux,Si fe garder d e s :
trompeurs artifices des feditieux, felons Si turbulents. Ge
quife manifeftera mieux par ceft exemple de noftre temps,i
rapporte par Mixïadois, au premier liure de la guerre de·
Perfe.·
Mahamet,Roy de Perfe,aftligé Si perfecuté par les?forcesip^Mahainet^^^
d'Amuraht Empereur des Turcs, àit contraint à llieure g«^„"fon^fiiVaKe-^
qu'il attendoit l'ennemy en fà maifon, de prendre les ar mes toi^^f^ fon^ftac,
contre vn de fes enfans, appelle Abas, à la perfuafion du Vi- concrf luy.^ \
firSalmas,heaupere:duPrinceEmftharnGefonautre;fils;la
caufe futj.qu'On fit enten«^e au Roy qu'Abas vouloit attén-^'
ter des.chofcs nou uelles, Si. que, defia il fe faifoit appeller:
Roy de Pcrfe >. le Roy ayant dbnc mis fur pied viie armée de: ^^^^^^
vingt milk hommes, print la routte d'Hery, o^ eftoit lePa-cioirc^drieger. '
laisSi habitation d Abas, Si paftant chemin, entradans ,
fuar,fit trancher la tefte au Gouueraeur, Se tailler en pieces.
plufieurs autres Gapitaines de la fuitte d'Abas : puis arriué.
en:Hery,fe mit àplaiiterde fiege,: inueftir laplace. Si laferrcr
Si boucler de tous cçftez.Dcquoys'eftonnant èxtremémenè *
le Princc Abas, il voulut fçauoir quel fujet le Roy fon pere. v
auoit, de luy faire la guerre, Si protefta qu'il n'eftoit coulpa-i
ble d'aucun crime, ny iècret deifein qui meritaft vn fi cruel·
Si rjideStaraidemcnt. Gn luy fit promptement entendrc la M^hamerd^^^^^
vcritédu faiâ!; luy de fon cofté fe foiadant fur la feuleihte4;/ij^ gp^^^^
grite de fa confcience , demanda temps pourfe iuftifier ;leï '^««r·
pere le luy accorda. Si en vn inftât on defcouurit qu'il eftoit; ^ ^
innocent ^ que l'attentat qu'on luy imputoit, eftoit faux
calomnieux ; Si vid-onqu'en toute cefte malheureufe Icùée • ' " • ^
debouelier', iln'y aúoitípoint de la faute, ny du pere, nydu
Ôls:mais:quctoutcelaeiloit vne pùre confpiration . Sifrau-i - < 1
dulcuie iubtilité de Salmas, qui aucc ion gendre defiroit di- . ; |
ipoier du Royaume à ia Volonté. La fin de tout cecy fiit^ [
qu"q)n fiï-fouteir. à Salmas le inerité fupplice de fon impo-J !
Si mit-on fin ,à vcegucrrc tres-periîi' ^ 1
leufcjla veille de l'arriuée de Pharat Bafcha,nouueau.(3eâ€- !
^ Lllll 3 I
# j I

«44 DISCOVRS POLITIQVES,
" rai du Grand Turc, pour l'expedidon de Perfe. Philippe fécond
, Roy d'Efpagne, fit mourir fon fils aifnc, parce qu'on
luy fit croire qu'il^ttentoit fur fon Eftar. Ce que i'ay voulu
efcrire bien au long, à fin qu'on cognoiife mieux que ce que
Tacite,Spartian,Iuftin,Plutarque,Suetone,6cTite Liue,ont
laifsé par efcrit de la concorde ou difcorde domeftique,n'eft
que trop veritablede renuoye nos François aux Hiftoires de
i noftre temps, pour voir les fanglantes tragedies qui fe font
! • ioiiées fur le theatre de ce Royaume , à caufe'dcs rancunes,
j îtançois d'Alençon inimitiez , partialitez des Princes du fang 5 toute la vie du
fut enuoyé en Flan- d'Alençon eft compofee des effets de la difcorde, nous
dres auec vne armee, 7 r , . - .
pour le diuettir de en auons des exemples plus recents,qui ne le peuuent taire,
rEibt de fon^L'« ^ P^^^ ^^ Calamité publique les publie fans dire mot : mais
outre tant d'audoritez alléguées, voicy la raiibn pourquoy
les difcordes domeftiques, & les rancunes & inimitiez entre
les cointifans arnbi- parës font fi petilleufes parmi les Princes, c'eft que les couruent*'caufe
dTs X tifans, ambiticux, infatiablcs, & plciiis d'enuie, n'ofeut pas
feordes doœeftiques d'eux-mefmes,ny fous la cÔduitte d'vn Seigneur particulier
îarSsl" ' ^ fedeclarer ennemis dc leur Prince : mais ils ne font aucune
difficulté de fc monftrcr,S£ defcouurir par eiFeâ:,s'ils fc peuuent
jetter au parti du frere, du coufin, ou autre qui foit du
fang & dc la lignée pretedant quclque droid à la Coronne,
fe couurans de cc manteau, po ur illuder la vérité de leur rebellion,ainfi
que nous auons veu ces prochaines années aux
tumultes derniers, ainfi que nos peres ont veu aux guerres
Les Turcs ne prennét duilcs dc la Religion,& commc nous voyons tous-les iours
les armes contre vn —· . . , t-, ,
des Othomans, s'ils ^ urquicrcat lamais les Turcs ne prennent les armes con-
' n'ont vn ciief de la ttc VU du fang dcs Othomans, qu'ils n'ayent pour Ghef de
mefme famille. parti quclqu'vn dc la mcfmc famille.
Concluons-donc, que quand il arriueroit par quelque
' Ceux qui broiiiiient fottc dc malhcur, qu'vn Princc autoit tompu lapaillc aucc
vnfienfrcre,&qu'èftans cn quelque diuorce, il y voudroit
pour faire rebeller le iremedier, qu'il doit prendre le parti qui fut prinscontre Sal-
«ÏÏremtt! "^^^/^ii'ant voir à tous les fubjets du Royaume, que lazizanie
& mauuaife intelligence a cfté femée par dcS efprits de
contradidion, & brottillons d'Eftat, & non par aucune fini-
^ ftre intention, ny peruerfe volonté qu'ils euiïènt l'vn contre
l'autre.

ET MILITAIRES, LIVRE XIL 84;
Qu il eft tres-necejfaire enynEBatnomeaUyquvn "Prmce
procure far effet d'auoir le nomy&* la refutation de
clement, delonnaire,^ doux,
DRSCQVRS DEVXIESME.
Oderuht peccare boni vircutis amore,
Oderunt peccare mali formidine pœ nie.
L'Amour de UvertH: retient les gens d'honneur
De commettre le vice.
Les mefchmts font contraints de l'auoir en horreur
Par crainte du fufplice. . |
ITABLEMENT IcS hommCS ie deUTOVetît I^sl>o«>R>esle

DISCOVRS PÔIÏTÎQVES,
la cicmence cft yne £Îeineîice, eomiTic vne vertu tres-excellente &-peeuliere
«e^X-uTnt'oufioifr's dcs Pripccs, deuft toufîours e%e par cUx prattiqucc cm
praïticjuer, ployee, Tans preiudice de la Iuftice. Ees Hiftoriographes
Ceux qui veulent monftrent davantage, quc ccux qui mettent le pied fnr le
nouùeîk Ptbciplu- í"«cil d'vue nouuelle Principauté, doiuent auec grand foin
té, doiuent ettre de- & extreme diligence, fe procurer, le nom & l'opinion vnitnens.&doux.
uerfelle,d'eftreclemens&doux. Ainfîque faifoyentCiuilis :
& Claiiîcus,. qui par Cruauté naturelle, & infatial>te conuoi- ^
tiie,brulans d'enuie, 6c dextreme deiîr de laccagerda CoIo-;i
nie Agrippienne,qui eft la ville de Cologne,furent toutesfois
empefchez de ce faire, fçachans bien que la reputation
de la cleipençe,e.ftpitvnfâiéip^
i ment importanr à ceui'qui deifeig^^ fôndemens
Tacite Uur. 4-. de$ ht- d'vii nouuel Empire , muuM regutím 'iàthoàmiym iti
j ' memUfcîmA. ·
I la Cappadocefutre- Qu^and la Cappadocc fut réduite en prouince, Tacite
duire en.^piOBincç, ¿χ^ que le tribut queles Cappadociens auoyent accouftumé S
! lots le tribut quils γ ^ * v i o .1 τ
auoyent accouaumé 4e payer auparauant a leur Koy, rut diminue, a fin de fes
de payer,fut dimi^ tenir «U efperance de receuoir vn meilleur & plus doux
i. des ^»„4/„,-traittementdes.Remains^quo mitiits Mmamm imprium fii'
thtt}.iO. à u fia. Ufetur. "
Puis il fait voir le contraire en la perfonne de Mithrida-1
: . : ; / tes, Roy d'Armenie, chàifé de fon Royaume, Si reftably en
;; " ' portant plus rude-
OÍ . Λ - .ment & outrageüfemeht, qu'il ne faloit, en vne Principauté
%tié.\uâisAnnxlest -Rouuellement conquife, atmmemi, quam muongno cenduce
MithrUares, eftant - ^hcït bieU toft les: efteâs du peu de fcience qu'il auoit de
«fESbiy.én sô Rayiiu- -fegner, lors qu'eftant trahy pai: Radamifte,fon gendre,& par
auec fa femm:e:.lqpeuple qu'il auoit traitté iniutraitté
trop .lude- jrieufemeti & tropnldeipBt,íIc voüfoitfrápper à toutc forcb.
^Hr.ll'Xnaies,anneesaupárauaht,Roboam,Roydêsluifs,iítla
^hap.io. mefme faute que Mithridátes,en Ce que S'arreftant au con-
ÎotTuiuCoS;
vn peu de foula^--pinson,de^.vieux Objets dqiíáCorbnuejíí ne VO
S r i t l Î k S S ^ " ^ g e m e M àlfè^^
. mentdejfonrcg'nejdjàik^è^^
& grand, fut rdngnè fiiooïœr^' qu'il ne Juycn -refta/ q»'®®
>ienpetitépartie,auhett qu'áuparávtaiitcíl,· e *
/..i. .. _ tou« i
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