Cap sur Tripoli. pdf - Aviation et Pilote
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CARNET DE ROUTE<br />
SOUS LE SOLEIL<br />
DE LA LIBYE<br />
<strong>Pilote</strong>s de<br />
l’impossible<br />
PAR JEAN-MICHEL COLLINEAU<br />
PHOTOGRAPHIES JOËL MORTREAU<br />
C<br />
e voyage vers la Libye<br />
s’est décidé <strong>sur</strong> une<br />
rencontre tout à fait<br />
fortuite avec des<br />
journalistes libyens lors<br />
d’un précédent rallye en Tunisie :<br />
ils invitèrent l’organisation du<br />
Rallye Aéro France à se rendre<br />
dans leur pays. La Libye est trois<br />
fois grande comme la France <strong>et</strong><br />
seulement peuplée de six millions<br />
d’habitants. La plupart des régions<br />
sont désertiques <strong>et</strong> le désert libyen<br />
est connu pour être l’un des plus<br />
beaux au monde. Les organisateurs<br />
54 <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> - 432 - Janvier 2010<br />
décident alors de tenter l’aventure<br />
malgré les a prioris de plusieurs<br />
de ses participants. Le responsable<br />
de la logistique est envoyé <strong>sur</strong><br />
place dans le but de confirmer<br />
– ou d’infirmer – les a prioris<br />
des « timides » <strong>et</strong> des « contre »,<br />
comme demander un certificat de<br />
l’ONU certifiant que ce pays n’est<br />
plus sous embargo. Soulagement,<br />
le pays ne figure plus <strong>sur</strong> la liste<br />
depuis 2003.<br />
Le parcours finit par se m<strong>et</strong>tre<br />
en place. Dans un premier temps, le<br />
circuit ne dépasse pas <strong>Tripoli</strong> mais<br />
les participants convaincus font<br />
pression pour se rendre à Sebha<br />
<strong>et</strong> Ghadamès. Les équipages qui<br />
n’osent pas s’y rendre sont vite<br />
remplacés par de nouveaux venus.<br />
Il y a une forte demande des pilotes<br />
<strong>sur</strong> la destination qui, il faut bien<br />
le dire, n’est pas facile à réaliser.<br />
Elle a nécessité de nombreuses<br />
rencontres, en France comme en<br />
Libye, mais un climat de confiance<br />
a fini par se développer entre<br />
les différentes parties au fil des<br />
semaines <strong>et</strong> des mois de discussion.<br />
Finalement, seize équipages<br />
embarquent pour l’aventure.<br />
13 juin : Carpentras - Propriano :<br />
240 Nm. Les équipages se<br />
rassemblent pour le départ<br />
à Carpentras. La situation<br />
géographique du terrain perm<strong>et</strong><br />
d’éviter les grands aéroports pour<br />
rallier facilement l’Italie, la Corse<br />
<strong>et</strong> l’Afrique du Nord. Le Club,<br />
très sympathique, n’hésite jamais<br />
à apporter sa contribution pour<br />
organiser l’escale, <strong>et</strong> il fait toujours<br />
beau <strong>sur</strong> Carpentras…<br />
Prévenus, les services de la<br />
circulation aérienne facilitent le<br />
transit jusqu’à Propriano <strong>et</strong> font<br />
le relais pour les plans de vol avec<br />
Olbia, en Sardaigne. Un décollage<br />
toutes les trois minutes incorporées<br />
avec le trafic du week-end vers la<br />
Corse <strong>et</strong> <strong>sur</strong> le sud-est perm<strong>et</strong> la<br />
fluidité des vols. L’escale technique<br />
à Propriano est associée à un départ<br />
hors Schengen pour se rendre<br />
directement à Tabarka, en Tunisie,<br />
en transitant au-dessus de la<br />
Le 15 e anniversaire du Rallye Aéro France<br />
s’est déroulé du 13 au 20 juin 2009. Pour<br />
c<strong>et</strong>te nouvelle édition, ses organisateurs ont choisi<br />
le sud, pour l’as<strong>sur</strong>ance du soleil qui brille en c<strong>et</strong>te<br />
période <strong>sur</strong> la Corse, la Tunisie <strong>et</strong>... la Libye. Un<br />
climat chaud mais acceptable pour découvrir une<br />
partie du monde que peu de pilotes privés ont la<br />
chance de pouvoir <strong>sur</strong>voler.<br />
Sardaigne. Le choix de Propriano à<br />
l’écart des grands aérodromes nous<br />
facilite le transit <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’avoir<br />
une autonomie plus importante en<br />
arrivant <strong>sur</strong> la Tunisie.<br />
Propriano – Tabarka : 340 Nm.<br />
Après avoir <strong>sur</strong>volé la Sardaigne<br />
par le centre de l’île, nous arrivons<br />
à Tabarka, situé en bordure de mer<br />
<strong>et</strong> à 7 km de la frontière est de<br />
l’Algérie. L’aéroport fut construit<br />
dans le but de développer la région<br />
qui est très belle : forêts <strong>et</strong> plages<br />
sont au rendez-vous. L’aéroport<br />
vit au ralenti, c’est pourquoi les<br />
autorités tunisiennes accueillent<br />
toutes les activités aéronautiques<br />
pouvant apporter un trafic.<br />
Sur place, nous arborons<br />
notre casqu<strong>et</strong>te humanitaire <strong>et</strong><br />
embarquons une quarantaine<br />
d’enfants handicapés pour des<br />
vols découverte au-dessus de leur<br />
forêt <strong>et</strong> village. Nous aurons même<br />
droit au J.T. de 20h00. Comme<br />
par le passé, c’est l’armée qui<br />
as<strong>sur</strong>e l’avitaillement en Avgas,<br />
soit plus de 2 000 litres. Le tarmac<br />
est submergé par les familles<br />
accompagnant leurs enfants, une<br />
fanfare de major<strong>et</strong>tes défile tout en<br />
jouant un air de fête. Nous lisons<br />
dans les yeux des enfants la joie <strong>et</strong><br />
les pilotes sont tous aussi réjouis par<br />
le côté sacré du vol. La nuit tombe<br />
assez vite, nous interrompons les<br />
vols <strong>et</strong> rejoignons l’hôtel.<br />
Site de l’Eptis<br />
Magna à <strong>Tripoli</strong>,<br />
le site romain le<br />
plus important au<br />
monde.<br />
L’oasis d’Ubwari,<br />
<strong>sur</strong>volée entre<br />
Sebha <strong>et</strong> Ghat.<br />
432 - Janvier 2010 - <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> 55
CARNET DE ROUTE<br />
Le Cessna<br />
piloté par<br />
Sophie <strong>et</strong> Denis<br />
Basselerie,<br />
participants fort<br />
appréciés de<br />
l’organisation.<br />
Bassins en<br />
bordure de Sfax.<br />
Les 52 raiders<br />
pénètrent dans<br />
l’Eptis Magna<br />
par la porte<br />
principale.<br />
Statue<br />
photographiée<br />
au Musée de<br />
<strong>Tripoli</strong>, le plus<br />
grand au monde.<br />
Une merveille<br />
d’autant plus<br />
agréable à visiter<br />
que les touristes<br />
sont peu<br />
nombreux.<br />
14 Juin : Tabarka - <strong>Tripoli</strong> :<br />
340 Nm. Nous volons en direction<br />
de Djerba avant de rejoindre <strong>Tripoli</strong>,<br />
capitale de la Libye. C<strong>et</strong>te étape<br />
nous fait découvrir des régions<br />
différentes de l’Europe : les forêts<br />
d’oliviers sont le seul contraste avec<br />
le sol rouge. Les avions m<strong>et</strong>tent le<br />
cap <strong>sur</strong> le désert <strong>et</strong> la végétation<br />
se fait rare. Au cours du vol, nous<br />
sommes avisés par Tunis que les<br />
Libyens nous attendent bien <strong>et</strong><br />
que nous serons basculés <strong>sur</strong> la<br />
fréquence de <strong>Tripoli</strong> Info avant<br />
même le passage de la FIR. Le<br />
premier contact est agréable. Le<br />
contrôleur connaît l’identité de<br />
chaque équipage par un numéro<br />
56 <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> - 432 - Janvier 2010<br />
communiqué avant notre départ <strong>et</strong><br />
qui est indiqué <strong>sur</strong> les plans de vol.<br />
Il nous donne de nouveaux caps<br />
<strong>et</strong> altitudes. La route IFR basse<br />
altitude de nos plans de vol n’a plus<br />
rien à voir <strong>et</strong> cela devient bien plus<br />
simple, au point que le radar nous<br />
amène directement en finale tout<br />
en intercalant les commerciaux.<br />
L’arrivée en directe nous fait longer<br />
la côte <strong>et</strong> la ville de <strong>Tripoli</strong>.<br />
L’aéroport de Mitiga ancienne,<br />
base américaine des années 1970,<br />
est <strong>sur</strong>tout exploité par les militaires.<br />
Il y a beaucoup de matériels en<br />
état, ou pas, de vol. Un musée à<br />
ciel ouvert. Au sol, les Libyens<br />
ont respecté nos demandes par la<br />
présence de pompiers <strong>sur</strong> le bord<br />
de piste <strong>et</strong> <strong>sur</strong> le parking, un accueil<br />
médical, des boissons fraîches à<br />
volonté, un lunch <strong>et</strong> <strong>sur</strong>tout pas de<br />
fouille par la douane des avions.<br />
Ce dernier point, obtenu après de<br />
longues négociations, était un critère<br />
important de notre voyage, car vider<br />
un avion sous 45° au soleil, comme<br />
à Grenade, n’est pas une partie de<br />
plaisir… Le refuelling débute en<br />
présence d’un camion de pompiers<br />
muni de neige carbonique. Chaque<br />
goutte d’essence répandue <strong>sur</strong> le<br />
sol est immédiatement aspergée de<br />
neige car ici, par 36°, le feu peut<br />
vite se déclencher. Une personne<br />
est chargée de prendre tous les<br />
passeports pour les formalités<br />
d’entrée, documents qui seront<br />
r<strong>et</strong>ournés le soir même, à la<br />
réception de l’hôtel. Les membres<br />
du groupe sont libres de circuler<br />
<strong>et</strong> de prendre des photographies.<br />
Nous rencontrons <strong>sur</strong> le terrain des<br />
équipages français volant <strong>sur</strong> Puma<br />
immatriculés en Fox, travaillant dans<br />
le pays pour le compte de sociétés<br />
étrangères. Ils sont <strong>sur</strong>pris <strong>et</strong><br />
impressionnés de nous voir à <strong>Tripoli</strong>.<br />
Nous quittons ensuite les<br />
parkings avec un bus venu nous<br />
prendre au pied des avions <strong>et</strong> gardé<br />
par des militaires en arme – la<br />
sécurité du groupe a été prise très au<br />
sérieux par les organisateurs qui ont<br />
exigé un certain nombre de me<strong>sur</strong>es<br />
préventives – pour nous rendre à une<br />
réception grandiose offerte par les<br />
officiels libyens. Le déjeuner a lieu<br />
dans un restaurant situé en bordure<br />
de mer. Au menu : poissons frais.<br />
Puis nous gagnons l’hôtel avec la<br />
voie ouverte par la police en escorte<br />
motorisée comme un chef d’état ! Le<br />
soir, le groupe part visiter la ville :<br />
la place verte, le port. Le lieu où<br />
nous logeons est bien <strong>et</strong> la nourriture<br />
comme en Europe mais l’alcool y<br />
est rigoureusement interdit. C’est le<br />
cas dans tout le pays.<br />
15 juin : repos. Nous profitons<br />
de c<strong>et</strong>te journée pour visiter le<br />
musée de <strong>Tripoli</strong>, un des plus grands<br />
au monde. Par contre, il n’est ouvert<br />
que le matin. Sa visite est conseillée<br />
si vous allez à <strong>Tripoli</strong> ainsi que le<br />
Leptis Magna, un des sites romains<br />
les plus importants d’Afrique du<br />
Nord. Nous poursuivons par une<br />
promenade <strong>sur</strong> la grande place verte<br />
<strong>et</strong> dans la ville.<br />
16 juin : <strong>Tripoli</strong> - Sebha : 330 Nm.<br />
Le départ se fait sous plan de<br />
vol ; nous sommes en situation de<br />
vol désertique. Les Libyens nous<br />
fournissent en eau minérale, chacun<br />
embarque ce dont il a besoin. Un kit<br />
désert, remis à chaque équipage lors<br />
du départ de Carpentras, est sorti<br />
des cartons suivi d’un briefing pour<br />
l’utiliser. Il y a 330 Nm de désert <strong>et</strong><br />
pas de villages ou villes le long du<br />
chemin. Depuis notre départ, chaque<br />
participant porte un gil<strong>et</strong> fluo rouge.<br />
Ce vêtement est pratique pour les<br />
passages en aéroport mais aussi<br />
en cas panne dans le désert : placé<br />
au sol, il peut perm<strong>et</strong>tre de se faire<br />
repérer. Les départs de <strong>Tripoli</strong> se<br />
feront par groupe de quatre avions.<br />
Le <strong>sur</strong>vol se fait sous le niveau<br />
FL 75. Au-dessus, le contrôle<br />
considère que nous sommes avec<br />
les IFR ; le FL75 est largement<br />
satisfaisant pour nos avions. Au<br />
cours du vol, nous <strong>sur</strong>volons des<br />
passages du désert aux couleurs<br />
différentes : parfois du vert, du<br />
viol<strong>et</strong>, c’est très étrange.<br />
Sebha est une ville située au<br />
milieu de nulle part, dans la partie<br />
centrale de la Libye <strong>et</strong> au nord<br />
du Tchad. Avant d’y parvenir,<br />
nous passons au-dessus de bases<br />
militaires récemment construites.<br />
Elles se confondent avec la nature <strong>et</strong><br />
le moindre vent entraîne le sable fin<br />
qui recouvre la piste comme la neige<br />
dans les pays nordiques en hiver.<br />
Mais à l’inverse de la neige qui fond,<br />
le sable demeure. Il est même très<br />
agressif lors des tempêtes de sable.<br />
L’aéroport est divisé en deux<br />
parties : l’une civile <strong>et</strong> l’autre<br />
militaire où sont stationnés quantité<br />
de Mig <strong>et</strong> Margu<strong>et</strong>ti. La Libye<br />
entraîne ses pilotes <strong>sur</strong> ces avions à<br />
hélice pour une question de coûts,<br />
nous a-t-on dit. Des travaux sont<br />
en cours avec la création d’une<br />
deuxième piste. Il fait chaud, mais<br />
l’humidité est quasi nulle.<br />
Les pompiers font le plein de nos<br />
appareils pendant que nous nous<br />
rafraîchissons avant de faire route<br />
vers l’hôtel où nous déjeunerons. En<br />
fin d’après-midi, le groupe part en<br />
ville <strong>et</strong> visite son musée. Sebha est<br />
une ville traversée par des caravanes<br />
pour faire du commerce. Des<br />
boutiques vendent des bijoux en or,<br />
basé <strong>sur</strong> le cours mondial. C’est à<br />
peine croyable en plein désert.<br />
17 juin : Sebha – Ghadames :<br />
330 Nm. C<strong>et</strong>te fois, nous modifions<br />
le plan de vol prévu pour <strong>sur</strong>voler<br />
les oasis <strong>et</strong> les lacs à destination<br />
d’Oubari. Survoler le sable<br />
comme une mer déchaînée est très<br />
impressionnant. Le relief est sculpté<br />
par le vent, de longues caravanes<br />
s’acheminent lentement sous nos<br />
yeux, dans c<strong>et</strong> espace réservé aux<br />
initiés.<br />
Ghadamès est situé à proximité<br />
de la frontière algérienne <strong>et</strong><br />
tunisienne qui longe le tour de piste<br />
de l’aéroport. Le soleil est chaud,<br />
le refuelling se fera à l’aide d’une<br />
pompe Japy plongée au fur <strong>et</strong> à<br />
me<strong>sur</strong>e dans des fûts de 200 litres.<br />
Notre commande de 2 000 litres est<br />
Organiser un raid <strong>sur</strong><br />
la Libye : difficile…<br />
Nous ne conseillons pas à un équipage de partir seul<br />
vers la Libye. Il rencontrera des difficultés techniques<br />
longues <strong>et</strong> coûteuses <strong>sur</strong> place comme l’acheminement<br />
de carburant, le transport <strong>et</strong> la pompe ainsi que les fûts<br />
qui sont facturés, sans compter que le carburant restant<br />
n’est pas repris <strong>et</strong> remboursé. Le paiement du carburant<br />
se fait trois mois avant le départ. L’autre difficulté qui n’est<br />
pas négligeable est la langue. Toutes les informations<br />
sont écrites en arabe sans être soulignées en anglais.<br />
Bureau de piste ou Météo, cherchez donc ! Il faut aussi<br />
vérifier le carburant car ce qui est écrit <strong>sur</strong> la citerne<br />
est en arabe.<br />
La Libye exige une agence de voyage pour le séjour, vous<br />
aurez donc un des responsables de l’agence à transporter<br />
d’étape en étape. La sécurité est as<strong>sur</strong>ée pour les biens<br />
<strong>et</strong> les personnes. Contrairement aux idées reçues, il n’y<br />
a aucune crainte à avoir.<br />
L’édition 2009 du Rallye Aéro France a pu être organisée<br />
grâce à l’aide des différents élus, autorités locales,<br />
gestionnaires d’aéroport <strong>et</strong> leur personnel, fédérations<br />
sportives, <strong>et</strong>c.<br />
Les prochains équipages sont déjà invités à convoyer vers<br />
l’Égypte, la Jordanie <strong>et</strong> la partie est de la Libye. Les organisateurs<br />
sont en train de peaufiner le prochain traj<strong>et</strong> : un<br />
périple allant jusqu’à Tobrouk via la Tunisie avec un r<strong>et</strong>our<br />
par la Grèce antique. Un itinéraire qui se veut légendaire.<br />
Pour les intéressés, contactez Jean-Michel Collineau :<br />
cojac@wanadoo.fr — Tel : 0033 (0) 6 08 31 97 87.<br />
Rallye Aéro France va également m<strong>et</strong>tre en place un site<br />
Intern<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te année.<br />
432 - Janvier 2010 - <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> 57
CARNET DE ROUTE<br />
Théâtre de l’Epis<br />
Magna.<br />
Atterrissage à<br />
l’aéroport de<br />
Tabarka.<br />
répartie selon les besoins de chacun<br />
<strong>et</strong> à l’estime pour la quantité car<br />
il n’y a pas de compteur <strong>sur</strong> la<br />
pompe. Pour ce voyage, nous<br />
avons mis en place un suivi de<br />
consommation, ce qui nous a<br />
permis de respecter la sécurité des<br />
vols <strong>et</strong> d’avitailler selon les règles<br />
L’histoire de<br />
Rallye Aéro France<br />
Les origines du Rallye remontent à 1995. Le Raid Aéro<br />
Barquera, nom de l’époque, a été créé sous forme de commission<br />
au sein de l’Aéro-club de l’Estuaire Saint-Nazaire<br />
Montoir, en Loire-Atlantique. Pour fêter le 50e anniversaire<br />
de la libération de Saint-Nazaire, son maire a initié ce<br />
raid en parallèle de la course-croisière La Barquera qui<br />
se déroule entre la ville <strong>et</strong> celle de Giron, en Espagne. 17<br />
avions partirent pour la première fois vers l’Espagne. Par<br />
la suite, le raid continua d’exister sous le nom de Raid Aéro<br />
Atlantique qui se détacha de La Barquera dès 1997 avant<br />
d’étendre son parcours à d’autres pays que l’Espagne.<br />
Aéro Rennes Breihz, en Ille-<strong>et</strong>-Vilaine, reprend les rênes<br />
en 2001 suite au changement de présidence de l’Aéro-club<br />
de l’Estuaire. Max Ozenne est alors nommé président fondateur<br />
de la nouvelle commission, qui devient Rallye Aéro<br />
Atlantique. Les liens se renforcent avec des pays comme<br />
le Maroc, le Portugal, la Tunisie, plusieurs pays de l’Est.<br />
En 2008, le nom Rallye Aero France est déposé. À sa tête,<br />
Claude Lemée, au poste de trésorier/président fondateur :<br />
Max Ozenne, <strong>et</strong> de secrétaire général/directeur logistique :<br />
Jean-Michel Collineau. Leur but est de faire découvrir aux<br />
pilotes d’autres pays, d’autres horizons, d’autres aéro-clubs<br />
afin qu’ils puissent enrichir leur expérience.<br />
58 <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> - 432 - Janvier 2010<br />
africaines. Le camion aura fait<br />
750 km pour acheminer le précieux<br />
liquide jusqu’à Ghadamès.<br />
L’aéroport quitté, nous partons<br />
visiter la vieille ville classée par<br />
l’UNESCO, puis escaladons les<br />
dunes de sable qui bordent la ville<br />
<strong>sur</strong> une hauteur de 150 mètres.<br />
Le soir, un dîner de gala est<br />
prévu en présence de nombreuses<br />
personnalités, dont quelques élus<br />
du Niger. La nuit se fait courte…<br />
18 Juin : Ghadamès - Sfax :<br />
300 Nm. Nous logeons longtemps<br />
la frontière tunisienne avant de<br />
vraiment la franchir. Le désert<br />
est encore différent : il y a des<br />
canyons, du relief, <strong>et</strong> dans la<br />
partie nord, quelques villages<br />
perdus au point que l’on se<br />
demande comment une population<br />
peut y vivre ! Une fois la FIR<br />
passée, le contrôle de Djerba nous<br />
laisse le plaisir de <strong>sur</strong>voler l’île,<br />
à 1 500 ft. Nous passons verticale<br />
terrain avant de prendre le cap <strong>sur</strong><br />
Sfax.<br />
Un passage au-dessus de<br />
l’île de Kerkennah, peu connue<br />
des Européens, nous perm<strong>et</strong> de<br />
découvrir l’hôtel en bordure de<br />
mer où nous serons logés. C<strong>et</strong>te île<br />
est à une heure de ferry de Sfax,<br />
ville d’un million d’habitants.<br />
Embarquement en soirée pour<br />
rejoindre notre hôtel <strong>et</strong> nouveau<br />
dîner de gala avant de quitter<br />
nos amis tunisiens. Le lieu est<br />
magnifique <strong>et</strong> nous ne résistons<br />
pas à organiser notre apéro Rallye<br />
après que la plupart d’entre nous<br />
ait profité d’un bain de mer, peu<br />
profonde en c<strong>et</strong> endroit. Que cela<br />
soit dans le désert tunisien ou <strong>sur</strong><br />
la côte, nous découvrons des lieux<br />
magiques.<br />
19 Juin : Sfax - Tabarka – Calvi :<br />
540 Nm. Lever tôt, départ tôt.<br />
Le temps de vol sera long pour<br />
c<strong>et</strong>te étape de 540 Nm avec une<br />
escale technique à Tabarka avant<br />
de rejoindre Calvi. Une mauvaise<br />
<strong>sur</strong>prise vient de plus contrarier nos<br />
plans : à Tabarka, nous apprenons<br />
que le camion citerne essence<br />
est en panne entre Bizerte <strong>et</strong><br />
l’aéroport. Il nous faut attendre<br />
un nouveau camion venant de<br />
Bizerte. Les Tunisiens sont affolés<br />
à l’idée d’immobiliser le Rallye ;<br />
nos calculs pour les plus lents<br />
sont de 4 heures de vol pour faire<br />
TBK – Calvi, lequel est informé<br />
de notre situation. Jusqu’ici, les<br />
Tunisiens ont toujours respecté<br />
leurs engagements mais la panne,<br />
ça peut arriver, <strong>et</strong> elle se produit<br />
bien entendu toujours au plus<br />
mauvais moment ! Calvi propose<br />
alors de nous attendre hors horaires<br />
de ferm<strong>et</strong>ure aéroport. Nous avons<br />
l’hôtel, le bus, tout est réservé<br />
depuis longtemps, <strong>et</strong> nous leur<br />
demandons de nous attendre.<br />
Enfin, le camion arrive, <strong>et</strong> très vite<br />
les plus lents peuvent repartir en<br />
direction de Calvi. Tout le groupe<br />
arrivera <strong>sur</strong> place vers 20h00 grâce<br />
aux bons soins du personnel de<br />
l’aéroport.<br />
À l’arrivée, une autre <strong>sur</strong>prise<br />
attend notre groupe, mais positive<br />
c<strong>et</strong>te fois : la presse télévisée,<br />
prévenue de notre circuit en<br />
Libye, était venue recueillir nos<br />
impressions. Les équipages du<br />
Rallye Aéro France, membre<br />
associé à la FFA, avaient effectué<br />
une première en <strong>sur</strong>volant l’espace<br />
aérien libyen. Il aura quand même<br />
fallu 11 mois de coopération<br />
intensive entre les organisateurs <strong>et</strong><br />
les fédérations de sports pour que<br />
le proj<strong>et</strong> devienne une réalité <strong>et</strong> soit<br />
qualifié d’un sans-faute au regard<br />
du traj<strong>et</strong>. Trois nationalités se sont<br />
rencontrées pour la première fois<br />
au cours d’un rallye aérien. y<br />
Les<br />
toits de la ville<br />
de Ghadamès<br />
réservés aux<br />
promenades des<br />
femmes.<br />
Le plein avec<br />
l’indispensable<br />
pompe Japy.<br />
Coucher de soleil<br />
à Kerkennah.<br />
Paysages entre<br />
Ghadamès<br />
<strong>et</strong> la frontière<br />
tunisienne.<br />
Brahim,<br />
l’indispensable<br />
collaborateur de<br />
l’organisation<br />
avec deux de ses<br />
assistants.<br />
Vérification<br />
en règle des<br />
documents de<br />
bord, plutôt utile,<br />
par la Police <strong>et</strong><br />
les Douanes à<br />
l’aéroport de<br />
Propriano. Grâce<br />
aux autorités<br />
locales, l’aéroport<br />
devient ainsi<br />
international<br />
pour perm<strong>et</strong>tre le<br />
départ du raid.<br />
Photo de groupe<br />
<strong>sur</strong> l’aéroport de<br />
Sebha.<br />
432 - Janvier 2010 - <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> 59