Cap sur Tripoli. pdf - Aviation et Pilote
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CARNET DE ROUTE<br />
Le Cessna<br />
piloté par<br />
Sophie <strong>et</strong> Denis<br />
Basselerie,<br />
participants fort<br />
appréciés de<br />
l’organisation.<br />
Bassins en<br />
bordure de Sfax.<br />
Les 52 raiders<br />
pénètrent dans<br />
l’Eptis Magna<br />
par la porte<br />
principale.<br />
Statue<br />
photographiée<br />
au Musée de<br />
<strong>Tripoli</strong>, le plus<br />
grand au monde.<br />
Une merveille<br />
d’autant plus<br />
agréable à visiter<br />
que les touristes<br />
sont peu<br />
nombreux.<br />
14 Juin : Tabarka - <strong>Tripoli</strong> :<br />
340 Nm. Nous volons en direction<br />
de Djerba avant de rejoindre <strong>Tripoli</strong>,<br />
capitale de la Libye. C<strong>et</strong>te étape<br />
nous fait découvrir des régions<br />
différentes de l’Europe : les forêts<br />
d’oliviers sont le seul contraste avec<br />
le sol rouge. Les avions m<strong>et</strong>tent le<br />
cap <strong>sur</strong> le désert <strong>et</strong> la végétation<br />
se fait rare. Au cours du vol, nous<br />
sommes avisés par Tunis que les<br />
Libyens nous attendent bien <strong>et</strong><br />
que nous serons basculés <strong>sur</strong> la<br />
fréquence de <strong>Tripoli</strong> Info avant<br />
même le passage de la FIR. Le<br />
premier contact est agréable. Le<br />
contrôleur connaît l’identité de<br />
chaque équipage par un numéro<br />
56 <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> - 432 - Janvier 2010<br />
communiqué avant notre départ <strong>et</strong><br />
qui est indiqué <strong>sur</strong> les plans de vol.<br />
Il nous donne de nouveaux caps<br />
<strong>et</strong> altitudes. La route IFR basse<br />
altitude de nos plans de vol n’a plus<br />
rien à voir <strong>et</strong> cela devient bien plus<br />
simple, au point que le radar nous<br />
amène directement en finale tout<br />
en intercalant les commerciaux.<br />
L’arrivée en directe nous fait longer<br />
la côte <strong>et</strong> la ville de <strong>Tripoli</strong>.<br />
L’aéroport de Mitiga ancienne,<br />
base américaine des années 1970,<br />
est <strong>sur</strong>tout exploité par les militaires.<br />
Il y a beaucoup de matériels en<br />
état, ou pas, de vol. Un musée à<br />
ciel ouvert. Au sol, les Libyens<br />
ont respecté nos demandes par la<br />
présence de pompiers <strong>sur</strong> le bord<br />
de piste <strong>et</strong> <strong>sur</strong> le parking, un accueil<br />
médical, des boissons fraîches à<br />
volonté, un lunch <strong>et</strong> <strong>sur</strong>tout pas de<br />
fouille par la douane des avions.<br />
Ce dernier point, obtenu après de<br />
longues négociations, était un critère<br />
important de notre voyage, car vider<br />
un avion sous 45° au soleil, comme<br />
à Grenade, n’est pas une partie de<br />
plaisir… Le refuelling débute en<br />
présence d’un camion de pompiers<br />
muni de neige carbonique. Chaque<br />
goutte d’essence répandue <strong>sur</strong> le<br />
sol est immédiatement aspergée de<br />
neige car ici, par 36°, le feu peut<br />
vite se déclencher. Une personne<br />
est chargée de prendre tous les<br />
passeports pour les formalités<br />
d’entrée, documents qui seront<br />
r<strong>et</strong>ournés le soir même, à la<br />
réception de l’hôtel. Les membres<br />
du groupe sont libres de circuler<br />
<strong>et</strong> de prendre des photographies.<br />
Nous rencontrons <strong>sur</strong> le terrain des<br />
équipages français volant <strong>sur</strong> Puma<br />
immatriculés en Fox, travaillant dans<br />
le pays pour le compte de sociétés<br />
étrangères. Ils sont <strong>sur</strong>pris <strong>et</strong><br />
impressionnés de nous voir à <strong>Tripoli</strong>.<br />
Nous quittons ensuite les<br />
parkings avec un bus venu nous<br />
prendre au pied des avions <strong>et</strong> gardé<br />
par des militaires en arme – la<br />
sécurité du groupe a été prise très au<br />
sérieux par les organisateurs qui ont<br />
exigé un certain nombre de me<strong>sur</strong>es<br />
préventives – pour nous rendre à une<br />
réception grandiose offerte par les<br />
officiels libyens. Le déjeuner a lieu<br />
dans un restaurant situé en bordure<br />
de mer. Au menu : poissons frais.<br />
Puis nous gagnons l’hôtel avec la<br />
voie ouverte par la police en escorte<br />
motorisée comme un chef d’état ! Le<br />
soir, le groupe part visiter la ville :<br />
la place verte, le port. Le lieu où<br />
nous logeons est bien <strong>et</strong> la nourriture<br />
comme en Europe mais l’alcool y<br />
est rigoureusement interdit. C’est le<br />
cas dans tout le pays.<br />
15 juin : repos. Nous profitons<br />
de c<strong>et</strong>te journée pour visiter le<br />
musée de <strong>Tripoli</strong>, un des plus grands<br />
au monde. Par contre, il n’est ouvert<br />
que le matin. Sa visite est conseillée<br />
si vous allez à <strong>Tripoli</strong> ainsi que le<br />
Leptis Magna, un des sites romains<br />
les plus importants d’Afrique du<br />
Nord. Nous poursuivons par une<br />
promenade <strong>sur</strong> la grande place verte<br />
<strong>et</strong> dans la ville.<br />
16 juin : <strong>Tripoli</strong> - Sebha : 330 Nm.<br />
Le départ se fait sous plan de<br />
vol ; nous sommes en situation de<br />
vol désertique. Les Libyens nous<br />
fournissent en eau minérale, chacun<br />
embarque ce dont il a besoin. Un kit<br />
désert, remis à chaque équipage lors<br />
du départ de Carpentras, est sorti<br />
des cartons suivi d’un briefing pour<br />
l’utiliser. Il y a 330 Nm de désert <strong>et</strong><br />
pas de villages ou villes le long du<br />
chemin. Depuis notre départ, chaque<br />
participant porte un gil<strong>et</strong> fluo rouge.<br />
Ce vêtement est pratique pour les<br />
passages en aéroport mais aussi<br />
en cas panne dans le désert : placé<br />
au sol, il peut perm<strong>et</strong>tre de se faire<br />
repérer. Les départs de <strong>Tripoli</strong> se<br />
feront par groupe de quatre avions.<br />
Le <strong>sur</strong>vol se fait sous le niveau<br />
FL 75. Au-dessus, le contrôle<br />
considère que nous sommes avec<br />
les IFR ; le FL75 est largement<br />
satisfaisant pour nos avions. Au<br />
cours du vol, nous <strong>sur</strong>volons des<br />
passages du désert aux couleurs<br />
différentes : parfois du vert, du<br />
viol<strong>et</strong>, c’est très étrange.<br />
Sebha est une ville située au<br />
milieu de nulle part, dans la partie<br />
centrale de la Libye <strong>et</strong> au nord<br />
du Tchad. Avant d’y parvenir,<br />
nous passons au-dessus de bases<br />
militaires récemment construites.<br />
Elles se confondent avec la nature <strong>et</strong><br />
le moindre vent entraîne le sable fin<br />
qui recouvre la piste comme la neige<br />
dans les pays nordiques en hiver.<br />
Mais à l’inverse de la neige qui fond,<br />
le sable demeure. Il est même très<br />
agressif lors des tempêtes de sable.<br />
L’aéroport est divisé en deux<br />
parties : l’une civile <strong>et</strong> l’autre<br />
militaire où sont stationnés quantité<br />
de Mig <strong>et</strong> Margu<strong>et</strong>ti. La Libye<br />
entraîne ses pilotes <strong>sur</strong> ces avions à<br />
hélice pour une question de coûts,<br />
nous a-t-on dit. Des travaux sont<br />
en cours avec la création d’une<br />
deuxième piste. Il fait chaud, mais<br />
l’humidité est quasi nulle.<br />
Les pompiers font le plein de nos<br />
appareils pendant que nous nous<br />
rafraîchissons avant de faire route<br />
vers l’hôtel où nous déjeunerons. En<br />
fin d’après-midi, le groupe part en<br />
ville <strong>et</strong> visite son musée. Sebha est<br />
une ville traversée par des caravanes<br />
pour faire du commerce. Des<br />
boutiques vendent des bijoux en or,<br />
basé <strong>sur</strong> le cours mondial. C’est à<br />
peine croyable en plein désert.<br />
17 juin : Sebha – Ghadames :<br />
330 Nm. C<strong>et</strong>te fois, nous modifions<br />
le plan de vol prévu pour <strong>sur</strong>voler<br />
les oasis <strong>et</strong> les lacs à destination<br />
d’Oubari. Survoler le sable<br />
comme une mer déchaînée est très<br />
impressionnant. Le relief est sculpté<br />
par le vent, de longues caravanes<br />
s’acheminent lentement sous nos<br />
yeux, dans c<strong>et</strong> espace réservé aux<br />
initiés.<br />
Ghadamès est situé à proximité<br />
de la frontière algérienne <strong>et</strong><br />
tunisienne qui longe le tour de piste<br />
de l’aéroport. Le soleil est chaud,<br />
le refuelling se fera à l’aide d’une<br />
pompe Japy plongée au fur <strong>et</strong> à<br />
me<strong>sur</strong>e dans des fûts de 200 litres.<br />
Notre commande de 2 000 litres est<br />
Organiser un raid <strong>sur</strong><br />
la Libye : difficile…<br />
Nous ne conseillons pas à un équipage de partir seul<br />
vers la Libye. Il rencontrera des difficultés techniques<br />
longues <strong>et</strong> coûteuses <strong>sur</strong> place comme l’acheminement<br />
de carburant, le transport <strong>et</strong> la pompe ainsi que les fûts<br />
qui sont facturés, sans compter que le carburant restant<br />
n’est pas repris <strong>et</strong> remboursé. Le paiement du carburant<br />
se fait trois mois avant le départ. L’autre difficulté qui n’est<br />
pas négligeable est la langue. Toutes les informations<br />
sont écrites en arabe sans être soulignées en anglais.<br />
Bureau de piste ou Météo, cherchez donc ! Il faut aussi<br />
vérifier le carburant car ce qui est écrit <strong>sur</strong> la citerne<br />
est en arabe.<br />
La Libye exige une agence de voyage pour le séjour, vous<br />
aurez donc un des responsables de l’agence à transporter<br />
d’étape en étape. La sécurité est as<strong>sur</strong>ée pour les biens<br />
<strong>et</strong> les personnes. Contrairement aux idées reçues, il n’y<br />
a aucune crainte à avoir.<br />
L’édition 2009 du Rallye Aéro France a pu être organisée<br />
grâce à l’aide des différents élus, autorités locales,<br />
gestionnaires d’aéroport <strong>et</strong> leur personnel, fédérations<br />
sportives, <strong>et</strong>c.<br />
Les prochains équipages sont déjà invités à convoyer vers<br />
l’Égypte, la Jordanie <strong>et</strong> la partie est de la Libye. Les organisateurs<br />
sont en train de peaufiner le prochain traj<strong>et</strong> : un<br />
périple allant jusqu’à Tobrouk via la Tunisie avec un r<strong>et</strong>our<br />
par la Grèce antique. Un itinéraire qui se veut légendaire.<br />
Pour les intéressés, contactez Jean-Michel Collineau :<br />
cojac@wanadoo.fr — Tel : 0033 (0) 6 08 31 97 87.<br />
Rallye Aéro France va également m<strong>et</strong>tre en place un site<br />
Intern<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te année.<br />
432 - Janvier 2010 - <strong>Aviation</strong> & <strong>Pilote</strong> 57