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LA VILLE MAGIQUE - Inspection académique du Nord

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<strong>LA</strong> <strong>VILLE</strong> <strong>MAGIQUE</strong><br />

PRÉSENTATION DE L'EXPOSITION<br />

ET PISTES PÉDAGOGIQUES POUR LE PREMIER DEGRE<br />

Herbert Bayer , Solitude <strong>du</strong> citadin, 1932<br />

1


PRESENTATION<br />

L'exposition La Ville magique fait une proposition d'oeuvres essentiellement picturales,<br />

photographiques, et cinématographiques, centrées sur la ville moderne vue et interprétée par les<br />

artistes de la première moitié <strong>du</strong> XXe s, époque <strong>du</strong>rant laquelle se développe les grandes capitales<br />

occidentales et notamment New York, Paris et Berlin.<br />

Elle montre comment ces derniers, influencés parfois par la psychanalyse naissante, se sont saisis des<br />

effets magiques et <strong>du</strong> pouvoir inquiétant que provoquait la ville sur ses habitants. Leurs sentiments et<br />

leurs impressions étaient alors empreints de cette « inquiétante étrangeté » 1 , correspondant à un<br />

malaise né d'une rupture dans la rationnalité rassurante de la vie quotidienne.<br />

L'APPARITION DE <strong>LA</strong> <strong>VILLE</strong> MODERNE<br />

Tout au long <strong>du</strong> XIXe s., l’essor de l’in<strong>du</strong>strie transforme la physionomie des grandes villes dont les<br />

contours s’agrandissent pour accueillir une population rurale en quête de travail et attirée par la<br />

promesse d’un nouveau confort. L'espace urbain est alors réorganisé et découpé par de grands<br />

boulevards, axes autour desquels se distribuent loisirs, commerces, et lieux de travail. C'est l'époque de<br />

l'apparition des grands magasins, <strong>du</strong> développement des gares et d'un nouvel éclairage dans les rues qui<br />

change le visage de la ville. L'utilisation de nouveaux matériaux comme la fonte, le fer, l'acier et le verre,<br />

facilite l'évolution de l'architecture et le développement des gratte-ciel. Aux Etats-Unis d'abord, puis en<br />

Europe, on explore de nouveaux espaces vers le ciel. A Chicago après l'incendie de la ville en 1871, la<br />

course vers le haut commence avec l'apparition des premiers buildings. Cependant c'est un quartier de<br />

New York, Manhattan qui devient quelques décénnies plus tard, le symbole de la ville moderne. La vision<br />

qu'en ont les voyageurs arrivant en paquebot marque l'imaginaire et ce quartier devient célèbre dans le<br />

monde entier. En Europe, Paris s'est transformé sous l'influence des théories Haussmanniennes et de la<br />

révolution in<strong>du</strong>strielle et Berlin s'étend de plus en plus et apparait comme une ville tentaculaire.<br />

Spectateur fasciné par ces bouleversements, l’artiste se fait l’écho de ces transformations. Peu à peu,<br />

l'espace connu, familier, devient incertain et indomptable. La ville d'abord sublimée et phantasmée<br />

semble deshumaniser l'homme, elle devient alors inquiétante et angoissante.<br />

LE CONTEXTE ARTISTIQUE<br />

Dans la première moitié <strong>du</strong> XXe. s. New York, Paris, Berlin sont les lieux d'une intense activité artistique.<br />

Le début <strong>du</strong> siècle est particulièrement riche et voit fleurir les avant-gardes (cubisme, futurisme...). De<br />

nouveaux médiums tels que la photographie puis le cinéma sont apparus au siècle précédent et se<br />

développent largement dans le monde artistique.<br />

La première guerre mondiale marque très profondément les esprits. Pendant celle-ci, Dada, mouvement<br />

intellectuel, littéraire et artistique fait table rase de toutes les conventions et contraintes idéologiques,<br />

artistiques et politiques. Peu de temps après, les surréalistes prennent la suite. Les artistes se libèrent de<br />

la raison et l'inconscient devient roi. Le développement de la psychanalyse influe alors sur les procédés<br />

de création. Le groupe des surréalistes utilisent le cadavre exquis, le dessin et l'écriture automatique,.<br />

Outre la peinture, la sculpture ou le ready made, ils utilisent également la photographie et toutes les<br />

techniques qui lui sont associées (photomontage, photogramme, solarisation, superposition 2 ...) afin de<br />

faire ressortir « L'inquiétante étrangeté » où la distinction entre imagination et réalité se brouille.<br />

1 « Unheimliche » : concept défini par Freud dans un essai paru en 1919. Il correspond à une situation mettant mal à l'aise,<br />

suscitant une angoisse.<br />

2 Cf. Annexe 1 : lexique<br />

2


Ce passage entre le réel et l'imaginaire, généré par la vision et l'interprétation des artistes de cette<br />

période marque cette « mystérieuse et fantastique impression » qui règne dans l'ensemble des oeuvres<br />

présentées.<br />

L'époque balayée par l'exposition se situe entre 1913 date de l'exposition à New-York de l'Armory Show 3 ,<br />

et l'après guerre, soit les années 1950 qui voient l'accélération <strong>du</strong> développement des banlieux, des<br />

autoroutes et de l'automobile. Elle propose une déambulation dans les mythologies urbaines qui ont<br />

traversé une partie de la pro<strong>du</strong>ction artistique des années 1920 et 1930.<br />

UNE DÉAMBU<strong>LA</strong>TION AUTOUR DE QUATRE MYTHES URBAINS<br />

La scénographie de l'exposition est organisée comme un voyage intérieur, fantastique et géographique<br />

autour de 4 mythes, d'une préface, et d'une postface :<br />

• La préface<br />

Certains artistes commencent à faire de la ville le personnage de quelques contes fantastiques<br />

• Manhatta - la ville verticale, inspirée de la fascination des artistes européens pour Manhattan et<br />

ses buildings.<br />

Dans cette section, la scénographie nous propose ici une déambulation entre de grands pavés<br />

droits tenus à la verticale, qui nous rappellent les buildings d'une mégalopole.<br />

• Metropolis - la ville collage, inspirée <strong>du</strong> mythe de la légendaire Babel, les artistes perçoivent une<br />

nouvelle esthétique de la ville moderne. Les transports se développent, tout va de plus en plus<br />

vite. Le citadin entre dans l'anonymat. Les artistes utilisent le montage, découpage, collage pour<br />

rendre compte des effets de saturation visuelle.<br />

• Quand la ville dort. La ville devient le théâtre de l'inconscient pour les surréalistes. Les vestiges<br />

antiques refont surfaces pour se méler à l'architecture moderne. Dans ces paysages hybrides,<br />

l'artiste projette ses désirs et ses pulsions. Certains motifs urbains deviennent des éléments de ce<br />

vocabulaire de l'inconscient : places, maisons bourgeoises et notamment, passages urbains.<br />

• Dark Passage - de l'errance à l'enquête. La ville se définit aussi par ses personnages, le détective<br />

qui cherche dans la ville des secrets, le criminel ou la femme fatale. Qu'ils déambulent,<br />

enquêtent, ou errent dans la ville ils sont devenus des éléments indissociables de la cité.<br />

Le photographe peut s'identifier quant à lui à un flâneur qui cherche à déceler des traces ou des<br />

indices.<br />

• La Postface.<br />

Du début <strong>du</strong> parcours à la fin de la visite, le visiteur semble zoomer sur la ville. Il prend d'abord un point<br />

de vue panoramique, puis déambule au milieu des buildings jusqu'à se rapprocher des graffitis sur les<br />

murs photographiés par Brassaï.<br />

LE THÈME DU PASSAGE<br />

Le passage qui en terme d'urbanisme, est une galerie couverte réservée aux piétons et servant de<br />

dégagement aux rues voisines est un thème prédominant dans l'exposition. Ce lieu dans la ville<br />

concentre une certaine ambiguité <strong>du</strong> fait de sa nature transitoire. C'est un « entre deux », qui permet de<br />

traverser et de relier deux endroits.<br />

Le « passage de l'opéra » qui fut une voie de Paris de 1822 à 1925, reliait le boulevard des Italiens à<br />

l'opéra Le Péletier (l'opéra de Paris avant l'opéra Garnier). Avant la première guerre mondiale, il fut un<br />

3 Exposition internationale à New-York qui signe la naissance de l'art moderne aux Etats-Unis. Des artistes avantgardistes<br />

aussi bien américains qu'européens y exposent.<br />

3


haut lieu <strong>du</strong> dadaïsme et <strong>du</strong> surréalisme et est devenu à l 'époque, un mythe qui inspira nombre<br />

d'artistes et notemment Maddox, Brassaï, mais aussi Aragon dans ses poèmes.<br />

En nous faisant voyager, l'exposition nous propose de rompre avec notre réalité, de passer d'un état à un<br />

autre, de basculer <strong>du</strong> réel vers les mystères de la ville. Le fantastique se concentre dans cette idée de<br />

passage :<br />

Passage d'une artère à l'autre,<br />

Passage de la terre au ciel,<br />

Passage de la lumière à l'ombre,<br />

Passage de l'identité à l'anonymat,<br />

Passage d'un espace réel à un espace imaginaire étrange et mystérieux....<br />

REFERENCES ARTISTIQUES PRESENTES DANS L'EXPOSITION<br />

COMMENT LES ARTISTES DE CETTE PÉRIODE ONT-ILS TRADUIT LES EFFETS « <strong>MAGIQUE</strong>S » DE <strong>LA</strong> <strong>VILLE</strong><br />

MODERNE QUI S'IMPOSAIT À EUX ?<br />

Références cinématographiques :<br />

C<strong>LA</strong>IR René , (1898-1981), Paris qui dort, Film muet noir et blanc, 35mn, 1923<br />

René Clair est un réalisateur et écrivain français. Son premier film court métrage, Paris qui dort, propose<br />

une vision lyrique et poétique de Paris. Le gardien de nuit se réveille un matin et trouve la ville de Paris<br />

plongée dans le sommeil. seules cinq personnes arrivées en avion ont échappé à l'endormissement. Le<br />

personnage déambule alors dans les rues de la ville dans laquelle sont figés les habitants. Paris se pare<br />

alors d'une inquiétante étrangeté.<br />

DASSIN Jules, (1911-2008), The Naked City (La cité sans voile), Film parlant en noir et blanc, 1948<br />

Jules Dassin, père <strong>du</strong> célèbre chanteur Joe Dassin, est réalisateur et acteur aux Etats-Unis. Inscrit sur la<br />

liste noire d'Hollywood, Il doit s'exiler en Europe. The Naked City est un film noir ou urbain dans lequel le<br />

genre policier sert de prétexte à faire un portrait de la ville de New-York. Ce film fut un des premiers<br />

tourné hors studio, directement au coeur de la ville. Il montre de superbes vues de la ville filmées<br />

d'hélicoptère. Dassin souhaita ici que New York fut la star <strong>du</strong> film même s'il fut un peu déçu <strong>du</strong> résultat<br />

car l'intrigue prit le pas sur la description de la ville.<br />

GRUNE Karl, (1880-1962), Die Strasse (La rue), Film muet en noir et blanc, 110mn, 1923<br />

Karl Grune est un cinéaste autrichien connu notamment pour ce film. Ce dernier décrit la plongée dans<br />

la vie nocturne d'un personnage qui vient de quitter sa maison pour partir en dérive, et sa rencontre<br />

avec une prostituée qui l'entraîne dans un tripot. Le film est baigné dans une atmosphère envoûtante<br />

dominée par le clair-obscur.<br />

<strong>LA</strong>NG Fritz, (1890-1976)<br />

Metropolis, Film muet noir et blanc, 150 mn, 1927<br />

M- Eine stadt sucht eines Mörder (M le Maudit), Film muet noir et blanc, 106mn, 1931<br />

4


The woman in the window (La femme au portrait), Film parlant noir et blanc, 100mn, 1944<br />

Fritz Lang est un réalisateur allemand, d'origine autrichienne, naturalisé américain en 1935. Ce célèbre<br />

cinéaste reçut les louanges des réalisateurs de la nouvelle vague.<br />

Métropolis est le seul film de l'Histoire à être classé au registre international Mémoire <strong>du</strong> Monde de<br />

l'UNESCO. Ce film expressionniste présente une mégalopole divisée entre une ville haute abritant les<br />

dirigeants, l'élite qui vit dans l'oisiveté et le luxe, et une ville basse où vivent les ouvriers qui travaillent<br />

tels des automates pour faire fonctionner l'ensemble. Maria devenue robot, les mènera à la révolte.<br />

Dans ce film qui se déroule en 2026, Lang augure un avenir funeste à la ville moderne et à<br />

l'in<strong>du</strong>strialisation. Pour développer son imaginaire futuriste, il utilise de nombreux effets spéciaux<br />

modernes pour l'époque (maquettes, caches, technique <strong>du</strong> miroir, pailles et savon noir, vignettes...). Le<br />

réalisateur évoque dans ses influences le photomontage de Citroen Métropolis. On trouve des<br />

références à Metropolis dans Blade Runner de Ridley Scott, (le commissariat de la ville) Le dessin animé<br />

Le roi et l'oiseau (la ville basse et le robot) ou encore dans Star Wars de Georges Lucas (le modèle<br />

d'androïde).<br />

M le Maudit est son premier film parlant. Il évoque un meurtrier d'enfants qui terrorise une ville<br />

allemande (peut-être Berlin). Film noir, ce film est devenu un grand classique <strong>du</strong> cinéma. Lang y<br />

développe longuement la psychologie des personnages et réalise de nombreux jeux d'ombres dans la<br />

ville qui crée une atmosphère inquiétante.<br />

Dans la femme au portrait, après une soirée arrosée dans un club, un Professeur en criminologie<br />

s’attarde devant la vitrine d’une galerie d’art pour contempler l’envoûtant portrait d’une jeune femme<br />

mystérieuse, celle-ci lui apparaît... Dans ce film, on retrouve des références à la psychanalise et des<br />

motifs chers à Fritz lang : rues sombres, portes, ombres inquiétantes et monde souterrain.<br />

MURNAU Friedrich Wilhem, (1888-1931) , Sunrise, (L'Aurore), Film muet noir et blanc, 117mn, 1927<br />

Réalisateur allemand, Murnau est un représentant <strong>du</strong> cinéma expressionniste. Il est notamment connu<br />

pour la réalisation de Nosferatu en 1922. Sunrise a la particularité de présenter une photographie<br />

magnifique dans les scènes nocturnes qui fit dire à Truffaut que L'aurore était le plus beau film <strong>du</strong><br />

monde. On y retrouve le thème de la grande ville tentaculaire et corruptrice.<br />

RUTTMANN Walther, (1887-1941), Berlin. Die Sinfonie der Grosstadt, (Berlin, la symphonie d'une grande<br />

ville), Film muet noir et blanc, 1927<br />

Cinéaste allemand, pionnier <strong>du</strong> cinéma absolu, Walther Ruttmann, débute au cinéma avec des films<br />

abstraits (Opus I,II,III IV) et avec des films expérimentaux fondés sur des essais visuels : Berlin,<br />

symphonie d'une grande ville (1927), Mélodie <strong>du</strong> monde (1929), Ruttmann pousse les limites de<br />

l'expérimentation jusqu'à l'absurde dans Week-end (1930), qui ne comporte qu'une bande-son sans<br />

image. Dans Berlin, symphonie d'une grande ville (1927), Ruttmann, décrit comme Vertov, la vie d'une<br />

grande métropole de l'aube jusqu'à minuit. Berlin qui a connu un boom in<strong>du</strong>striel dans les années 1920<br />

est alors comparée avec un orchestre symphonique dont le rythme varie selon les différents moments<br />

de la journée.<br />

5


STRAND Paul, (1890-1976) et SHEELER Charles, (1883-1965), Manhatta, Film muet noir et blanc, 10mn,<br />

1921<br />

Alors que Sheeler est davantage connu pour l'extrême précision de ses représentations de structures<br />

in<strong>du</strong>strielles en peinture allant presque jusqu'à l'abstraction, il s'associe à Strand pour réaliser Manhatta<br />

premier film ayant la ville et ses gratte-ciel, ici New York, pour seul sujet. En regardant ce film, on peut<br />

penser à Céline qui, dans Voyage au bout de la nuit décrit l'arrivée en paquebot à Manhattan comme<br />

une sensation irréelle dominée par une impression de gigantisme et de verticalité. « Figurez vous qu'elle<br />

était debout leur ville, absolument droite. New York, c'est une ville debout ...»<br />

VERTOV Dziga, (1896-1954), L'Homme à la caméra, Film muet noir et blanc, 64 mn, 1929<br />

Cinéaste soviétique, Vertov réalise un film documentaire et expériemental marqué par les avant-gardes<br />

et allant à contrario d'un cinéma narratif. Il utilise pour ce faire de nombreuses techniques comme la<br />

surimpression, la superposition, l'accéléré ou le ralenti. Son originalité réside également dans le fait que<br />

par une mise en abyme, le réalisateur montre le montage de son propre film. Le film propose,<br />

conformément au principe <strong>du</strong> « ciné-oeil » 4 de filmer une grande ville et ses fascettes pendant une<br />

journée. Le tournage est réalisé principalement à Odessa mais aussi dans d'autres villes soviétiques.<br />

WENDERS Wim, (1945-), Les Ailes <strong>du</strong> désir, Film parlant en noir et blanc et couleur, 126mn, 1987<br />

Réalisateur, pro<strong>du</strong>cteur, scénariste et photographe, Wenders est un représentant <strong>du</strong> nouveau cinéma<br />

allemand des années 1960, 1970. Il vit maintenant et travaille aux Etats-Unis.<br />

Les ailes <strong>du</strong> désir se déroule à Berlin avant 1989, alors que deux anges veillent sur les humains et<br />

recueillent leurs pensées autour de l'dée de la beauté.<br />

Références photographiques et picturales<br />

Eugène ATGET (1857-1927),<br />

Magasin, avenue des Gobelins,<br />

Photographie, 1925<br />

Eugène Atget est un photographe qui marqua la transition entre XIXeme et XXeme siècle. Il naquit et<br />

vécut à Paris. Redécouvert au XXeme par la photographe Bérénice Abbott, Il fascina les surréalistes et<br />

notamment Man Ray qui fit connaître son oeuvre. Atget s'évertua <strong>du</strong>rant toute sa vie à photographier<br />

Paris comme si la ville en pleine transformation allait complètement disparaître. La préface de<br />

l'exposition présente Coin de la rue d'Ulm et de la rue Gay Lussac, une photographie sur laquelle l'être<br />

humain apparaît comme fantomatique dans la ville déserte, comme si l'homme perdait ses repères dans<br />

la ville moderne. Atget avait pour habitude de réaliser des séries de photographies sur un motif<br />

4 Terme inventé par Vertov qui consiste en un cinéma-vérité pris sur le vif. « Je suis un oeil, un oeil mécanique (…) je suis la<br />

machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir » Manifeste de Vertov, 1923<br />

6


(escaliers, poignées de porte...). C'est dans cette démarche qu'il joua à saisir sur le papier les reflets dans<br />

les vitrines, montrant une interpénétration entre l'intérieur de la boutique constitué souvent de<br />

mannequins, et l'extérieur soit la ville reflettée dans la vitre et créant une confusion <strong>du</strong> réel.<br />

Georges AULT (1891 – 1948)<br />

Peintre américain, après des études à Londres il revient à New York en 1911 et y passe sa vie, la plupart<br />

<strong>du</strong> temps troublé par des névroses. Son travail au crayon, à l'huile ou à l'aquarelle prend pour sujet<br />

l'architecture et les paysages urbains souvent la nuit. Ault géométrise la ville jusqu'à tomber dans des<br />

visions presques abstraites.<br />

Herbert BAYER (1900-1985)<br />

Bayer fit ses etudes au Bauhaus 5 où il eut par la suite la charge de l’atelier d’imprimerie et de publicité.<br />

En 1930, il fait de la photo son moyen d’expression favori. Ici, les mains de l’artiste flottent devant la<br />

façade d’une arrière-cour berlinoise, dans ses mains ouvertes ses yeux nous regardent. L’artiste critique<br />

l’anonymat et la perte d'identité dans les grandes villes.<br />

Sandor BORTNYIK (1893-1977)<br />

Peintre hongrois, les œuvres de Sandor Bortnyik se situent dans l'esprit <strong>du</strong> Suprématisme 6 . Celui-ci se<br />

fixe à Weimar de 1922 à 1924. Sa peinture évolue à partir de 1923 dans la direction <strong>du</strong> Purisme qui<br />

prône une valorisation des formes simples et de la machinerie. Ses tableaux sont alors composés de<br />

plans abstraits disposés dans l'espace et présentent un usage retrouvé de la perspective.<br />

Les deux oeuvres Le Nouvel Adam et La nouvelle Eve montrent deux personnages qui évoquent les<br />

mannequins issus de la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico. Ces derniers se confondent dans la<br />

perspective, géométrisés et deshumanisés par l'environnement urbain qui les entoure.<br />

Pierre BOUCHER (1908-2000), Casbah de Telouet (Maroc)<br />

Photographe défendant la position de la photographie dans l'Art. Il fut influencé par les surréalistes et<br />

notamment par Man Ray. Il utilisa de nouvelles techniques telles que le photogramme, le photocollage,<br />

la solarisation, la surimpression. Son photomontage présente un corps nu de femme sans tête, figure<br />

chère aux surréalistes et symbole de désir, au milieu d'une casbah déserte baignée dans un clair obscur<br />

étrange.<br />

Bernard BOUTET DE MONVEL (1881- 1949)<br />

Peintre illustrateur et photographe français, il sejourne un temps aux Etats-Unis <strong>du</strong>rant lequel il réalise<br />

des photographies de la ville. Il en réalise des agrandissements picturales ne gardant que l'essentiel,<br />

éliminant les détails. Il réutilise alors ses vieilles toiles peintes qu'il en<strong>du</strong>it d'un pro<strong>du</strong>it rugueux. Ses<br />

5 Le Bahaus est un mouvement fondé en 1919 à Weimar par Gropius qui eut l'ambition de « rétablir l'harmonie entre les<br />

différentes formes d'art ». Il est caractérisé notamment par le fonctionnalisme, la simplicité des lignes, la tendance à un<br />

art global et la réhabilitation de l'artisanat.<br />

6 Mouvement d'art abstrait créé par Malévitch en Russie au début <strong>du</strong> siècle.<br />

7


oeuvres ont un caractère froid, hyperdescriptif. L'artiste se plonge dans la ville qui apparaît par fragment<br />

et comme dépeuplée. Aucun espace n'est donné à un point de fuite ou au ciel.<br />

Bill BRANDT (1904-1983)<br />

Photojournaliste photographe anglais. Recommandé à Man Ray qui le prend comme assistant en 1929 à<br />

Paris. Bill Brandt vit l'âge d'or <strong>du</strong> surréalisme. Il rencontre Brassaï. Comme ce dernier et sur les traces<br />

d'Atget, il photographie Paris. Ici, c'est la figure de l'errant qui domine dans sa photographie. Sa<br />

silhouette dans les rues de Londres nous évoque quelques grandes histoire <strong>du</strong> crime.<br />

BRASSAÏ (1899-1984)<br />

Photographe français d'origine Hongroise, Brassaï travaille à Berlin en tant que journaliste, avant de<br />

s'installer à Paris, en 1924. A Montparnasse, il fréquente le milieu artistique et littéraire. Il prétendit que<br />

« c'était la photographie qui lui avait permis de saisir Paris ». Son recueil « Paris la nuit » en 1932 le fera<br />

surnommer « l'oeil de Paris ».<br />

Brassaï est un spécialiste des jeux de clair-obscur et d'ombres dans une ville inquiétante qui bascule la<br />

nuit dans une autre dimension.<br />

Sa photographie « Miroir rond » montre grâce au miroir, une anamorphose reflettant une réalité<br />

« déformée » reprenant ainsi une tradition picturale liée aux vanités.<br />

Deux photographies présentes dans l'exposition montre enfin son attirance pour les lieux comme les<br />

passages lieux de transition, d'entre deux, lieux fascinant le surréalistes.<br />

A partir de la fin des années 20, il commence à photographier les graffitis qu'il découvrait au cours de ses<br />

promenades, désirant apporter une fois de plus un regard différent sur une réalité méconnue. Il continue<br />

cette activité pendant 30 ans.<br />

Victor BRAUNER, (1903-1966)<br />

En 1924, il fonde la revue dadaiste et rejoint les surréalistes en 1933. Il perd un oeil au cours d'une rixe<br />

après s'être peint 7 ans avant, énucléé. Dans ses oeuvres, il développe une mythologie singulière et<br />

détaillée. Dans les trois huiles de l'exposition Brauner nous propose un passage <strong>du</strong> conscient à un<br />

inconscient onirique cher aux surréalistes. Le thème <strong>du</strong> désir apparaît grâce au corps de la femme qui<br />

apparaît dans le fond de la toile. La ville est ici en pleine delisquescence et à moitié en chair.<br />

Paul CITROEN (1896- 1983)<br />

Metropolis, lithographie<br />

Peintre néerlandais, sa formation et la première partie de sa carrière se déroule en Allemagne. En 1918 il<br />

se rend à Berlin où il est pris dans le mouvement Dada et collabore à l'Almanach Dada, en 1920. Il réalise<br />

à ce moment ses premiers photomontages, dont les plus célèbres sont la Ville et Metropolis. Ces œuvres<br />

sont constituées de fragments de photographies représentant des bâtiments disposés sur toute la<br />

8


surface de façon à donner une impression d'accumulation et de chaos. Sa lithographie Métropolis,<br />

reprend un montage qui aurait peut-être inspiré Fritz Lang.<br />

Giorgio DE CHIRICO (1888-1978)<br />

Les Époux, 1926<br />

Huile sur toile, 61 x 50 cm<br />

Peintre, sculpteur, écrivain italien, De Chirico fut admiré par les surréalistes jusqu'en 1925 puis rejetté<br />

par ces derniers. En 1915, il fonde le mouvement Pittura metafisica (mouvement qui cherche à<br />

représenter ce qu'il y a au delà <strong>du</strong> réel et des premières perceptions ressenties). Dans les oeuvres de G<br />

De Chirico, dans lesquelles une ambiance onirique domine, objets, personnages et décors sont associés<br />

de manière insolite.<br />

Passionné par la Grèce antique, il s'intéresse à l'architecture antique et y fait de nombreuses références.<br />

Comme ses contemporains, il s'interroge sur le devenir de la société in<strong>du</strong>strielle, explore l'absurde et le<br />

rêve. Dans Les Epoux, ses deux personnages sans visages semblent étroitement liés et prisonniers. Leur<br />

corps est dominé par la présence d'une ville qui semble les entraver.<br />

Langdon COBURN (1882- 1966)<br />

Photographe americano britannique, édité dans la revue Camera Work à partir de 1904. Partisan <strong>du</strong><br />

pictorialisme il revendique le fait que la photographie recèle autant de moyens d'expression que la<br />

peinture.<br />

Il opéra la transition entre pictorialistes et photographes dits « de l'avant garde ». Coburn a la<br />

particularité de réaliser des perspectives audacieuses et des compositions de cadres quasi-abstraites. La<br />

ville (surtout New York et Londres) est un de ses thèmes de prédilections.<br />

Howard COOK (1901- 1980)<br />

Né au Masachussetts, Cook arrive à New York en 1919. Il travaille alors dans des ateliers de lithographie<br />

et de photogravure. En 1922, il commence à travailler comme illustrateur pour divers magazines utilisant<br />

le dessin et la technique de gravure sur bois. Dans ses oeuvres il s'intéresse à la construction de la ville.<br />

Son travail en clair obscur et le point de vue choisi en contre plongée sur les buildings les transforme en<br />

quelques créatures fantastiques.<br />

Paul DELVAUX (1897-1994)<br />

Peintre belge, il réalise d'abord des oeuvres postimpressionnistes, puis expressionnistes avant d'être<br />

influencé par les surréalistes et notamment par G. De Chirico. C'est en effet en 1934, qu'il a la révélation<br />

<strong>du</strong> surréalisme en découvrant un de ses tableau « Mélancolie et mystère d'une rue ». Delvaux qui a un<br />

grand intéret pour « l'inquiétante étrangeté » propose dans son oeuvre une atmosphère de silence et de<br />

réserve. Dans son tableau la ville lunaire 2, le clair de lune pro<strong>du</strong>it un jeu d'ombres créant une<br />

atmosphère étrange. Une route s'enfuit en perspective. Au premier plan, une barrière cassée, à gauche<br />

une femme en toge semble figurer une présence fantomatique. A droite un édifice antique nous rappelle<br />

une fois de plus De Chirico.<br />

9


Edward HOPPER (1882-1967)<br />

Peintre, graveur américain, qui exerça essentiellement son art à New York, ville pour laquelle il eut une<br />

sorte de fascination. Il exprime souvent dans ses oeuvres la solitude des hommes face à la grande ville<br />

moderne.<br />

Martin LEWIS (1881–1962)<br />

Artiste australien, Martin Lewis quitte son pays pour les Etats Unis en 1900. A partir de 1909 il vit à New<br />

York où il trouve <strong>du</strong> travail en tant qu'illustrateur. Il y rencontre Hooper et entre 1915 et 1923 lui<br />

enseigne les rudiments techniques de la gravure et l'encourage à les développer. Réalisées à la pointe<br />

sèche, les oeuvres présentées dans l'exposition sont d'une très grande précision technique. Elles<br />

appartiennent à la dernière partie de l'exposition « De l'errance à l'enquête » et présente la ville la nuit<br />

comme le théâtre de saynètes de la vie quotidienne éclairés par les lampadaires de la rue.<br />

Conroy MADDOX (1912-2005)<br />

Peintre, collagiste, écrivain et conférencier anglais ayant joué un rôle important dans le mouvement<br />

surréaliste de Birmingham. Très vite il rejetta la peinture <strong>académique</strong> pour les techniques surréalistes. Il<br />

joua à pousser l'expression picturale aux limites de la conscience.<br />

Maddox n'a pas connu le passage de l'opéra mais il en a eu connaissance. En effet, ce dernier est devenu<br />

un mythe. Espace de verre, il reliait deux grandes artères de Paris, lieu de prostitution, dans son oeuvre,<br />

il tra<strong>du</strong>it l'ambiguité <strong>du</strong> passage, ambiguité qui fascinait les surréalistes. La créature <strong>du</strong> premier plan a un<br />

rapport direct avec le spectateur qui en devient complice de manière inquiétante.<br />

Dans The Lesson, il joue à créer une confusion entre les intérieurs et l'extétrieur.<br />

René MAGRITTE (1898-1967)<br />

Peintre belge Bruxellois, Magritte tient une place à part chez les surréalistes car il évite l'illusion de la<br />

réalité, ses représentations d'objets quotidiens et familiers tendent à rendre leur caractère énigmatique<br />

sous jacent.<br />

Dans les oeuvres présentées, Magritte inverse les avant et les arrières plans, explore le motif de la<br />

maison, et de la fenêtre jouant des intérieurs et des extérieurs. D'après Freud, la maison pourrait<br />

constituer une métaphore de l'indivi<strong>du</strong> : la cave tra<strong>du</strong>isant l'inconscient, la façade le conscient, le grenier<br />

la transcendance.<br />

MAN RAY (1876-1990)<br />

Né à Philadelphie de parents juifs émigrés de Russie. La peinture de Man Ray est d'abord d'inspiration<br />

cubiste mais il s'essaie rapidement à l'abstraction, pratique la sculpture, le collage, la photographie et<br />

même le cinéma. En 1913, il rejoint un groupe d'artistes d'avant-garde à New York. Là il fait la<br />

connaissance de Marcel Duchamp. En 1921, il arrive à Paris où l'attend ce dernier. Il sera un des pilliers<br />

<strong>du</strong> mouvement dadaiste puis surréaliste. Les sculptures présentes dans l'exposition évoquent de par leur<br />

verticalité, les matériaux employés et leur mouvement vertical, la ville de New York.<br />

André MASSON (1896-1987)<br />

Peintre français, Masson participe au mouvement <strong>du</strong> surréalisme à partir de 1924. Il créera dans ce<br />

cadre, de nombreux dessins automatiques qui caractérise son oeuvre. Sa Ville crânienne nous présente<br />

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une métaphore de la ville et de ses réseaux enchevétrés comme les connexions <strong>du</strong> cerveau. La ville<br />

devient une figure anthropomorphique et son lien avec la figure <strong>du</strong> crâne n'est pas sans évoquer le<br />

thème de la vanité.<br />

Lisette MODEL (1901-1983)<br />

Photographe américaine d'origine autrichienne, elle réalisa des images sans concession chargées<br />

d'humanité. Femme volontaire qui répétait à ses élèves parmi lesquels figurait Diane Arbus « N 'ayait pas<br />

peur ». A travers ses photographies elle montre l'agitation qui règne sur New York grâce à des cadrages<br />

sérrés sur des foules de jambes ou à des saisies de jeux d'ombres et de reflets dans la ville.<br />

Ainsi, elle tra<strong>du</strong>it une fascination et une inquiétude pour New York.<br />

Georgia O’KEEFFE (1887-1986)<br />

New York Street with Moon, 1925<br />

Huile sur toile, 122 x 77 cm<br />

Peintre américaine, femme de Stieglitz, elle expose à partir de 1916 à la galerie 291. La peinture<br />

d'O'Keefe, normalement principalement axée sur la nature associe des caractéristiques <strong>du</strong> réalisme et<br />

une approche <strong>du</strong> fantastique. Dans City Night et New York Street with Moon, l'obscurité, le point de vue<br />

en contre plongée mettent en évidence l'écrasement de l'homme par la ville.<br />

Francis PICABIA (1879-1953)<br />

Francis Picabia<br />

La Ville de New York aperçue à travers le corps, 1913<br />

Gouache, aquarelle, crayon et encre, 55,5 x 75 cm<br />

Peintre français d'origine espagnole, précurseur de l'art abstrait. Pendant la première guerre, il travaille<br />

sur la représentation de machines factices et remet en question l'idée de progrès technique. Il adhère au<br />

dadaïsme en 1916 mais il participa à divers mouvements tels que l'impressionnisme, le cubisme ou le<br />

surréalisme. Il exporta le mouvement dadaïste aux Etats-Unis et exposa dans la galerie 291 chez Stieglitz<br />

une série de gouaches. Avec La Ville de New York aperçue à travers le corps, il propose une vision<br />

sensorielle et métaphorique de la ville vue comme un phénomène. C'est par des moyens abstraits qu'il<br />

donne ici une impression de rythme et de gigantisme. New-York devient la ville cubiste par excellence.<br />

RÄDERSCHEIDT (1892-1972)<br />

Peintre allemand. Dès 1921, ses oeuvres évoquent le thème de la solitude.<br />

11


Ses modèles ont l'apparence de silhouettes solitaires, stéréotypées (l'homme au chapeau melon)<br />

éloignées <strong>du</strong> monde. Il met en scène ses espaces de façon théâtrale.<br />

August SANDER (1876-1964)<br />

Photographe allemand, il réalisa un panorama artistico-documentaire de la société. Il réalise 45 dossiers<br />

en 7 groupes avec respectivement 12 photos, une classification de différents groupes humains définit<br />

par des catégories socioprofessionnelles ou des grands thèmes comme la maladie, la mort...L'homme est<br />

vu ici comme un personnage de la ville qu'il occupe, un stéréotype <strong>du</strong> citaden en uniforme dans sa<br />

solitude.<br />

Rudolf SCHLICHTER (1890-1955)<br />

Peintre allemand, il est l'un des représentant principaux de la nouvelle objectivité 7 avec Dix, Grosz et<br />

Scholz. Il intégra les dadaistes et travailla en tant qu'illustrateur dans des journaux satiriques.<br />

Pour Schlichter, le motif de la foule est indissociable de la ville..<br />

Il tra<strong>du</strong>it dans ses oeuvres l'indifférence et la disparition de l'indivi<strong>du</strong> dans la ville moderne.<br />

Georg SCHOLZ (1890-1945)<br />

Scène de rue nocturne (Nächtlische Strassenszene), 1924<br />

Aquarelle et gouache sur papier, 46,2 x 32,2 cm<br />

Peintre réaliste allemand représentatif de la nouvelle objectivité, il adhère au parti communiste en 1919.<br />

Très critique envers l'ordre social et économique, il garde dans son style un ton sarcastique et corosif.<br />

Dans les oeuvres présentées dans l'exposition, on rencontre le personnage <strong>du</strong> roman ou <strong>du</strong> film noir, la<br />

figure <strong>du</strong> flâneur ou <strong>du</strong> détective. Le spectateur a ici un point de vue particulier sur la scène, en plongée<br />

ce qui lui donne une exclusivité que n'ont pas les personnages. Les jeux de lumière et d'ombre donnent<br />

cette ambiance intemporelle.<br />

STEICHEN Edward (1879-1973)<br />

Steichen est un photographe et peintre d'origine luxembourgeoise qui vécut à Paris puis à New York où il<br />

eut une intense activité de Galeriste (galerie 291) et d'édition (la revue Camera Work) avec Stieglitz. Il fut<br />

aussi conservateur <strong>du</strong> MOMA de New york de 47 à 62.<br />

Steichen adhéra tout d'abord au mouvement pictorialiste qui défendait la valeur et la légitimité<br />

artistique de la photographie. Il fut un trait d'union culturel entre l'Europe et les Etats Unis.<br />

Son style se caractérise par une utilisation de la lumière et par des jeux de clair-obscur romantiques<br />

mettant en scène ses sujets<br />

7 Mouvement né en allemagne dans les années 1920, constitué d'artistes souvent issus <strong>du</strong> dadaisme et qui prennent<br />

conscience de leur devoir contestataire. Ils ont la volonté de représenter le réel sans fard.<br />

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Joseph STEL<strong>LA</strong> (1877-1946)<br />

Artiste futuriste et symboliste, né en Italie puis vivant et travaillant aux Etats-Unis, il arrive à New York en<br />

1896. Il montre dans ses oeuvres une fascination pour l'in<strong>du</strong>strie et le développement technique., il<br />

travaille comme illustrateur de 1905 à 1909 et réalise en 1908, une série sur l'In<strong>du</strong>strie de Pittsburgh. En<br />

1909 Il retourne en Europe et s'associe avec les futuristes italiens. En 1913 il participe à L'Armory Show.<br />

Dans les années 1920, il se fascine pour l'architecture de Manhattan et pour les lignes <strong>du</strong> pont de<br />

Brooklyn (représentations pour lesquelles il est maintenant célèbre).<br />

Raoul UBAC (1910-1985)<br />

Photographe, peintre, graveur et sculpteur, influencé par les surréalistes, il utilisa de nouvelles<br />

techniques. La photographie exposée nous donne à voir une rue éclairée par la lune, dans une ambiance<br />

inquiétante peuplée d'ombres et de statues pétrifiées.<br />

UMBO – OTTO UMBEHR (1902-1980)<br />

Berlin, Symphonie de la grande ville, 1927<br />

Collage , Berlin,<br />

Artiste Allemand, il rencontre Laszlo Moholy Nagy et adhère au Bahaus en 1921. Devenu photographe<br />

en 1926, il travaille à Berlin. Il réalise de nombreux photomontages pour Walther Ruttmann.<br />

Il fait apparaître dans ses oeuvres la dissolution de l'indivi<strong>du</strong> dans la grande ville.<br />

Le travail d'Umbo est également présent dans la partie dédiée aux surréalistes.<br />

Karl VÖLKER (1889-1962)<br />

Peintre, graveur, architecte allemand associé au mouvement de la nouvelle objectivité. Il fut d'abord<br />

formé comme peintre et décorateur. Pour ses premières peintures, il adopte un style constructiviste. Ses<br />

peintures tra<strong>du</strong>isent le rapport entre l'homme et la ville in<strong>du</strong>strielle. On y voit des hommes groupés,<br />

évoluant dans de grands espaces géométrisés et deshumanisés.<br />

PREPARER SA VISITE<br />

La visite de l'exposition peut être préparée par quelques moments d'échanges avec les élèves :<br />

> Autour de l'affiche de l'exposition. (photographie de Umbo, L'appareil photographique <strong>du</strong> ciel, 1937)<br />

Que voit-on ? Une photographie en noir et blanc, une cathédrale à travers une lunette astronomique,<br />

une vision en contre plongée. Faire des hypothèses sur le contenu de l'exposition.<br />

> Autour <strong>du</strong> titre de l'exposition. Rechercher les définitions des mots « ville » et « magie » dans le<br />

dictionnaire. Faire des hypothèses sur le contenu de l'exposition.<br />

> Autour de leur propre vision de la ville pour entrer dans le propos de l'exposition. Aimez-vous la<br />

ville ? Pourquoi ? Trouvez-vous qu'une ville c'est beau ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'une ville moderne ?<br />

Quelles sensations vous procure la ville ?<br />

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PISTES EN HISTOIRE DES ARTS<br />

ARTS VISUELS<br />

> La photographie au début <strong>du</strong> XXe s.<br />

(Quelques repères : http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/photographie)<br />

- La photographie en noir et blanc. Les appareils et les techniques utilisés pour la photographie au début<br />

<strong>du</strong> XXe s.<br />

- Sa place dans l'Art. Le pictorialisme et Photo secession 8 avec Stieglitz et la galerie 291 à New-York<br />

- Histoire des arts en pratique :<br />

- La photographie, une « écriture de lumière » : construire une chambre noire ou un sténopé.<br />

- La photographie, une série de choix : travailler sur le cadrage, la lumière, la composition avec<br />

des appareils numériques.<br />

> L'apparition et le développement <strong>du</strong> cinéma<br />

(Quelques repères : http://www.histoiredesarts.culture.fr/reperes/cinema)<br />

- L'invention <strong>du</strong> cinéma. Dès son apparition il devient un loisir de masse, l'art populaire par excellence.<br />

Son développement est lié à celui de la métropole moderne. Quelques dates clefs : 1895 - dépôt <strong>du</strong><br />

brevet par les frères lumières / 1902 - Méliès, Le voyage dans la lune un des premiers films fantastiques<br />

avec trucages / 1927 - premier film parlant.<br />

- Histoire des arts en pratique :<br />

- De l'image fixe à l'image en mouvement : réaliser un petit film d'animation ou un flip book.<br />

- Réaliser un petit film muet en exagérant les expressions <strong>du</strong> visage, écrire les dialogues entre les<br />

scènes sur des grandes feuilles noires.<br />

> Le mouvement surréaliste<br />

- Dans la première moitié <strong>du</strong> XXe s., après Dada, le mouvement surréaliste regroupe des intellectuels<br />

menés par André Breton. Ils prônent le retour au sujet, l'importance de l'inconscient et <strong>du</strong> rêve, le lien<br />

avec la littérature. Ses représentants sont Dali, Masson, Brauner, Man Ray, Max Ernst, De Chirico...<br />

- Histoire des arts en pratique : le dessin automatique, le cadavre exquis, le photomontage.<br />

> La ville vue par les contemporains<br />

- Comment la ville est-elle évoquée chez les artistes de nos jours ? Continue-t-elle de provoquer<br />

inquiétude et fascination ?<br />

La course à la modernité, à la démesure et à la hauteur n'est pas terminée (ex. : Tour Burj Khalifa à Dubaï<br />

de 828m). Mettre en réseau avec les artistes présentés dans l'exposition BABEL : Dufour, Florian Joye,<br />

Zhenjun Du, Yang Yongliang...<br />

- Les visions fantastiques ou futuristes de la ville dans la bande-dessinée et le cinéma contemporain.<br />

Ex. : Tim Burton, Batman (Gotham City) - Georges Lucas, Star Wars - Ridley Scott, Blade Runner - les<br />

bandes dessinées de F. Schuiten, Les cités obscures....<br />

8 En 1902 : création <strong>du</strong> groupe Photo-Secession à New York sous la pression de Stieglitz ancien Pictorialiste. Ils ont défen<strong>du</strong><br />

la place de la photographie en tant qu'art à part entière aux côté de la peinture.<br />

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ARTS DE L'ESPACE<br />

> L'école de Chicago et l'essor des villes modernes à la fin <strong>du</strong> XIXes.<br />

> La course à la hauteur<br />

La recherche de hauteur dans l'architecture a toujours été en lien avec la représentation et la recherche<br />

de gloire des pouvoirs religieux, politiques , communaux, financiers..<br />

- Histoire des gratte-ciel américains de la première moitié <strong>du</strong> XXe siècle<br />

William Van Alen et le Chrysler Building (77 étages), 1928-1930<br />

- Mise en réseau avec d'autres époques : les ziggourats, les cathédrales, les beffrois...<br />

> Les villes neuves<br />

ex. Oscar Niemeyer, Brasilia et le style international de l'architecture moderne.<br />

ARTS DU QUOTIDIEN<br />

> Les transports dans la ville<br />

Les nouveaux moyens de transports dans la première moitié <strong>du</strong> XXes. (voitures, trains...) et ceux<br />

imaginés par les artistes dans le futur (voitures volantes observés dans Métropolis par ex.)<br />

ARTS DU SON<br />

> Les premières musiques de film (jeux burlesques et dramatiques joués par un piano ou un orchestre<br />

pour le cinéma muet jusque dans les années 1920)<br />

> Le jazz<br />

ARTS DU <strong>LA</strong>NGAGE<br />

> le mythe de Babel (en lien avec les vanités de l'homme)<br />

Mettre en réseau avec l'exposition <strong>du</strong> Palais des Beaux Arts BABEL<br />

> La ville moderne dans la littérature<br />

- Dos Pasos , Manhattan Transfert, 1925 (livre décrivant la ville de New-York et la vie de ses habitants)<br />

- Louis Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932 (passage sur New-York)<br />

> Le roman noir<br />

Ce genre littéraire naît aux Etats-unis dans les années 1920 puis se développe après la seconde guerre<br />

mondiale.<br />

> La ville dans la poésie (cf. Annexe 3) :<br />

- Apollinaire, Zone, poème d'ouverture <strong>du</strong> recueil Alcools, 1913<br />

- Aragon, Le paysan de Paris, 1926<br />

- Desnos et ses nombreux poèmes sur la ville<br />

- Paul Eluard, Dans Paris il y a<br />

> la ville dans la littérature de jeunesse. (cf. ci-dessous : albums d'appuis)<br />

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PISTES EN ARTS VISUELS (Pratique artistique)<br />

(Photographie, vidéo, , photomontage, collage, 3D, dessin, peinture)<br />

• REGARDS SUR <strong>LA</strong> <strong>VILLE</strong><br />

> Récolter, collectionner toutes sortes d'images de la ville, dans les magazines, les prospectus, les cartes<br />

postales, sur internet, les repro<strong>du</strong>ctions.... Réaliser une « banque » d'images, à manipuler, observer,<br />

trier, découper, photocopier, détourner...Ex. :<br />

- Trier selon les points de vue (échelle, angle de vue...) : plans larges, plans serrés, vues satellites, vues<br />

panoramiques, vues à l'intérieur d'une ruelle, vues d'une architecture, vues d'un détail architectural,<br />

points de vue en plongée (<strong>du</strong> haut d'un immeuble par ex.) ou en contre-plongée, photomontages ou<br />

repro<strong>du</strong>ctions mélangeant les points de vue.<br />

Constater les effets pro<strong>du</strong>its selon le point de vue.<br />

- Trier les images selon les impressions ressenties (choisir un adjectif) : villes désertées, angoissantes,<br />

imposantes, étouffantes, grouillantes, fatiguantes,....<br />

> Photographier, Prélever des impressions<br />

- Lors d'une promenade en ville, prendre divers points de vue photographiques dans la ville, récolter les<br />

impressions ressenties dans différents lieux (vue, ouïe, odorat, toucher).<br />

- A une autre occasion, jouer avec les « lignes » de la ville (perspective, lignes architecturales...). Cadrer<br />

des fragments pour créer des photographies non figuratives.<br />

- Mettre en mots, écrire ce que l'on ressent.<br />

- Réaliser l'exercice proposé par Georges Pérec. (cf. Annexe 1)<br />

> Debattre<br />

- Qu'est-ce que la ville moderne aujourd'hui?<br />

Evoquer Dubaï et sa démesure. Amener des images. Est-ce que l'angoisse des artistes de la première<br />

moitié <strong>du</strong> XXe s. se justifie encore maintenant ? La sience-fiction d'hier l'est-elle encore ?<br />

• PASSAGE DE <strong>LA</strong> TERRE AU CIEL<br />

La ville moderne et notamment New-York se caractérise par sa verticalité.<br />

L'Impression donnée par Manhattan à l'arrivée en paquebot à New York marque fortement les esprits.<br />

Perçue de l'intérieur, l'indivi<strong>du</strong> devient minuscule, les buildings l'enserrent et l'empêchent de voir la<br />

moindre ligne d'horizon. Comment tra<strong>du</strong>ire cette impression de gigantisme en arts visuels ?<br />

(Oeuvres de Georgia O'kieffe, Coburn, Bernard Boutet de Monvel, John Storrs, Howard Cook, Man Ray...)<br />

> Réaliser un collage<br />

- Dans des papiers de toutes sortes, découper ou arracher des formes rectangulaires évoquant des<br />

buildings, les agencer et les coller pour évoquer la ville moderne. Saturer l'espace en hauteur.<br />

- Ajouter des mots découpés dans des magazines.<br />

> Repro<strong>du</strong>ire<br />

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- Sur plusieurs calques ou rhodoïds, repro<strong>du</strong>ire les contours de différentes tours trouvées dans les<br />

images, juxtaposer, superposer ces tracés.<br />

- Pour montrer le gigantisme on peut placer de petits personnages esseulés dans la compositions ou de<br />

petits éléments nous rappelant l'échelle.<br />

> Empiler, assembler<br />

En référence à la tour de Babel, les élèves deviennent bâtisseurs de tours. (Faire le lien avec l'exposition<br />

BABEL, <strong>du</strong> Palais des Beaux Arts)<br />

En 3D, réaliser des empilements. Différents matériaux leur sont proposés : cubes, cagettes, briques en<br />

cartons, boîtes en tout genre, bouchons, morceaux de sucre...Travailler sur l'idée de verticalité : élever le<br />

plus haut possible ces constructions. Les assembler. Coller ou photographier pour conserver l'effet<br />

pro<strong>du</strong>it. En 2D, Créer des tours en juxtaposant différents éléments architecturaux (fenêtres, portes,<br />

voutes, balcons...) découpés dans des images. Partir <strong>du</strong> bas de la feuille vers le haut. Créer une<br />

construction en équilibre instable.<br />

> Photographier, filmer<br />

- Réaliser des prises de vue en contre-plongée pour marquer cette impression de hauteur. Retravailler<br />

l’image avec un logiciel ( photofiltre, Picasa) ou décalquer la perspective, et retravailler la photographie à<br />

la mine de plomb, à la peinture…<br />

- Filmer des éléments en travelling <strong>du</strong> bas vers le haut pour donner cette impression de gigantisme.<br />

- Réaliser un petit film d'animation en photographiant les étapes d'apparition d'une ville moderne.<br />

Imaginer par exemple des gratte-ciel qui « poussent ». Faire avancer dans un cadre prédéfini et stable<br />

des papiers découpés ou empiler successivement des cubes. Photographier à chaque étape.<br />

> Découper, plier pour réaliser une ville moderne et ses immeubles en POP UP.<br />

> Transformer<br />

A partir d'un dessin, d'un collage, ou d'une image de la ville, jouer sur la séparation entre le haut<br />

lumineux, clair aéré représentant symboliquement l'élévation spirituelle et le bas sombre, étouffant<br />

représentant l'avilissement. Jouer sur les changements de matières, de couleurs, les dégradés...<br />

Mise en réseau :<br />

- L'exposition Babel <strong>du</strong> Palais des Beaux Arts.<br />

- Erwin Wurm , Mies van der Rohe - Melting<br />

- Lok Jansen, cityscapes<br />

- Andi Zimmermann, Hong Kong<br />

- Holger Lippmann, Disintegration<br />

• PASSAGE DE <strong>LA</strong> LUMIÈRE À L'OMBRE<br />

La nuit fait surgir crainte et fascination. Elle est un élément caractéristique <strong>du</strong> fantastique. L'apparition<br />

de l'éclairage en ville donne vie à la nuit dans la métropole. Les lumières électriques et les néons<br />

mettent en scène la ville avec des jeux d'ombre et de lumière. Le noir et blanc dominant dans<br />

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l'exposition renforce les jeux de contrastes. Comment évoquer plastiquement cette obscurité<br />

inquiétante et ces jeux de clair-obscur ?<br />

(Oeuvres de Brassaï, Lisette Model, Grüne, Ault, Steichen, Walker Evans, Howard Cook, Schell, Hooper,<br />

Ozenfant, Georgia O Kieffe, Delvaux, De Chirico...)<br />

> Transformer<br />

- A partir d'images récoltées ou de photographies prises dans la ville le jour, transformer la lumière avec<br />

<strong>du</strong> fusain estompé, des calques colorés ou des encres grises ou sombres pour évoquer la nuit.<br />

- Jouer avec des logiciels (Picasa, Photofiltre) pour changer la lumière de la ville.<br />

- Ajouter des éléments inquiétants par collage.<br />

> Photographier<br />

- Réaliser des jeux d'ombres chinoises derrière un drap ten<strong>du</strong> et éclairé. Jouer avec l'ombre, la sienne,<br />

celle d'un objet, ou celle d'éléments découpés dans <strong>du</strong> carton. Réaliser un petit théâtre d'ombres.<br />

Observer les effets pro<strong>du</strong>its. Photographier.<br />

- Photographier un endroit, une ruelle, une pièce ou un paysage à différentes heures de la journée pour<br />

exprimer le passage dans la pénombre. Ajouter des éléments fantastiques dans la nuit.<br />

- Réaliser une installation dans le noir, éclairée par des lampes de poche. Y mettre en scène des élèves,<br />

des figurines, des petits jouets. Photographier sans flash.<br />

- Photographier en noir et blanc et observer la qualité des contrastes, comparer avec une photographie<br />

couleur.<br />

> Dessiner, Repro<strong>du</strong>ire<br />

- Décalquer une image contrastée, noircir les endroits sombres et laisser les endroits éclairés blancs pour<br />

mettre en valeur le clair-obscur.<br />

- Travailler sur fond noir avec peinture blanche, craie grasse blanche, blanco, ou crayon blanc.<br />

> "Mettre en lumière"<br />

- Réaliser le dessin détaillé d'une ville, le photocopier sur un transparent (ou dessiner au rotring<br />

directement sur le rhodoïd) et le poser sur un fond noir, en passant une languette blanche entre les<br />

deux, faire découvrir des éléments cachés.<br />

(cf. Gallimard : la lampe magique.)<br />

- Noircir une feuille blanche légèrement cartonnée avec une mine de plomb, puis gommer les parties<br />

claires en retirant la matière noire à l'aide d'une gomme mie de pain.<br />

Prolongements : écrire sur ses impressions dans la ville la nuit.<br />

Mise en réseau :<br />

- Brassaï, recueil Paris de nuit, 1932<br />

- Hooper, oiseaux de nuit,1942<br />

- Frans Masereel, Montmartre, 1926<br />

- Sarah Moon, Le petit chaperon rouge<br />

- Rachel Whiteread, place (Village)<br />

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• PASSAGE D'UN ESPACE REEL A UN ESPACE IMAGINAIRE :<br />

De la réalité à l'imaginaire, <strong>du</strong> conscient à l'inconscient ou à l'onirisme, les artistes réinventent la ville.<br />

De Métropolis aux surréalistes elle est le lieu idéal <strong>du</strong> phantasme, <strong>du</strong> rêve mais aussi <strong>du</strong> cauchemar.<br />

Quel genre de villes ont-ils révé ? Quels procédés utiliser pour inventer un nouveau type de ville<br />

fantastique, imaginaire ou aux frontière <strong>du</strong> réel ?<br />

(Oeuvres de Fritz Lang, Citroën, Umbo, Ruttman, Chirico, Delvaux, Brauner, Masson, Maddox, Magritte,<br />

Fachetti)<br />

> Créer des cités composites<br />

- Par accumulation de fragments de villes modernes, jusqu’à saturer l’espace de la feuille.<br />

- Par hybridation, réaliser des photomontages associant une architecture moderne occidentale avec<br />

d'autres types d'architectures (antique, orientale….)<br />

> Créer des villes futuristes ou des villes imaginaires<br />

Proposer un thème : ville machine, ville <strong>du</strong> futur, ville qui nous regarde, ville personnifiée, ville animale,<br />

ville hybride.... :<br />

- Les dessiner en utilisant des techniques d'illustration (feutre noir et pastel sec, ou encre de chine noire<br />

et encre aquarelle par ex.). Les réaliser en photomontage ou en fabriquant des maquettes en carton,<br />

pâte à modeler, recyclage de toute sorte.<br />

Associer deux dimensions :<br />

- La ville est habitée par de nouveaux occupants, figurines, et petits jouets créant une nouvelle<br />

dimension et un nouveau point de vue. Mettre en scène. Photographier.<br />

- Détourner des images ou des photographies de la ville en y ajoutant des éléments insolites, incongrus<br />

ou hors échelle découpés dans des magazines.<br />

> Jouer avec les frontières <strong>du</strong> réel<br />

En référence aux reflets dans les vitrines dans les photographies d' Atget, chez John Clarence Laughlin<br />

aux miroirs déformants chez Brassai, aux fenêtres chez Magritte confondant intérieur et extérieur, chez<br />

Maddox ou Balthus :<br />

- Photographier les reflets dans la ville créant des effets de superposition et de confusion.<br />

- Jouer avec des miroirs déformants disposés à divers endroits dans la rue.<br />

- Dessiner des façades. Imaginer des scènes se déroulant derrière les fenêtres ouvertes. Jouer avec l'idée<br />

d'intérieur et d'extérieur. Inverser les repères.<br />

Mises en réseau :<br />

Desiderio ( XVIe s.) (espaces fantastiques en ruine)<br />

Piranese , Les prisons, 1745-1780<br />

Delaunay, La ville, 1910-1912<br />

Architectures fantastiques de : Gaudi, Hundertwasser (XXe s.)<br />

Doisneau, la maison des locataires, 1962<br />

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Documentation : (cf. ci dessous*<br />

)<br />

Prolongements :<br />

Déterminer à l'oral ou en pro<strong>du</strong>ction d'écrit les différents aspects de la ville imaginée : « Dans cette ville,<br />

nous habiterions dans....nous pourrions trouver ….avoir accès à...,nous promener dans...nous déplacer<br />

avec..... »<br />

• PASSAGE DE L'IDENTITÉ À L'ANONYMAT<br />

La ville moderne tentaculaire deshumanise l'homme. Ce dernier s'efface, se dissout dans la grande<br />

ville, perd son identité dans la foule ou devient un homme-machine.<br />

Comment montrer que la ville moderne deshumanise l'homme ?<br />

(Oeuvres de Fritz Lang, Schlichter, Völker, Umber, Bayer, Umbo, De Chirico, la ville basse de Métropolis,...)<br />

> Répéter un même personnage<br />

Dans un décor de ville moderne, photocopier, placer et coller un grand nombre de petits personnages<br />

identiques.<br />

> Photographier<br />

Dans la cour de récréation , dans la rue, réaliser des images de la foule en mouvement dans lequelles on<br />

ne reconnaît personne. Utiliser l'appareil en « pause longue »<br />

> Transformer<br />

A la manière de Bortnyik, Créer des hommes machines, géométrisés dans la ville.<br />

> Associer<br />

Composer des hommes/machines ou des hommes/ville en associant des fragments d'images<br />

Mise en réseau :<br />

Raoul Hausmann, La tête mécanique,1920<br />

Martin Liebscher, photographies<br />

• LES PERSONNAGES DE <strong>LA</strong> <strong>VILLE</strong> : <strong>LA</strong> DÉTECTIVE ET LE FLÂNEUR<br />

Comment évoquer l'enquête, l'errance <strong>du</strong> détective dans la ville ?<br />

(Oeuvres de Scholz, Martin Lewis, Brassaï, Hooper...)<br />

> Des indices dans la ville<br />

Placer différents indices dans la ville, les photographier pour créér une énigme.<br />

ex. le petit chaperon rouge dans John Chatterton.<br />

> Photographier, filmer<br />

Mettre en scène de petits scénarios avec des personnages comme le détective, une victime, un voleur….<br />

Réaliser un roman photo ou un petit film.<br />

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ALBUMS D'APPUI ET DOCUMENTATION<br />

Albums jeunesses :<br />

> GALOTA, Bonhommes Bonhommes (C1)<br />

Comment voir la ville autrement ? Galota nous invite à travers différents cadrages à y<br />

toute une série de personnages tous plus incroyables les uns que les autres...<br />

> A. LOUCHARD, K.COUPRIE, Dodo, ed. Thierry Magnier<br />

Ce livre présente une promenade dans la nuit noire à la lampe, au cœur de la ville<br />

jusqu'à la chambre d'un petit garçon. Une déambulation nocturne, sans texte, qui nous<br />

con<strong>du</strong>it jusqu'au sommeil...<br />

> Muriel KERBA, Un nouveau monde, ed. Gautier Languereau (C1 et 2)<br />

Un petit garçon raconte sa ville, ses tours gigantesques, ses usines. Sa ville est tombée<br />

malade. De très belles illustrations et une grande poésie.<br />

> Andrea BEATY, Iggy Peck l'architecte (C1 et 2)<br />

Architecte-né, Iggy Peck a la passion des constructions et répliques improbables, avec<br />

tout ce qui lui tombe sous la main. Malheureusement pour lui, sa maîtresse d’école a<br />

la phobie des gratte-ciel et autres bâtiments en hauteur… Une atmosphère étonnante,<br />

un album à l'humour plein de malice, où il est finalement surtout question de<br />

construction de soi <strong>du</strong>rant l’enfance<br />

> Francine VIDAL et Elodie NOUHEN, La tour de Babel, ed. Didier Jeunesse (C2)<br />

Une relecture <strong>du</strong> mythe avec de très belles illustrations.<br />

> MULLER JORG, La pelle mécanique ou la mutation d'une ville,<br />

Ecole des loisirs (C1, 2 et 3))<br />

« Une série de huit grandes planches en couleurs, qui présente l'évolution progressive<br />

d'un paysage urbain vers la déshumanisation, l'embétonnement, l'asphyxie. Une<br />

progression impressionnante et angoissante; ces tableaux de vingt années d'évolution<br />

désastreuse doivent aider les enfants et leurs parents à réfléchir à cette urbanisation<br />

inadaptée à une vie sociale harmonieuse où chacun pourrait respirer un peu et<br />

communiquer et découvrir son voisin. » (Journal <strong>du</strong> jeune praticien, 25 juin 1991).<br />

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Bandes dessinées (C3) :<br />

> Anouck BOISROBERT, Louis RIGAUD, Popville, ed.Hélium (C1, 2, 3)<br />

L'évolution d'une ville tout en POP UP.<br />

> Claude PONTI, La nuit des zéfirottes, Ecole des loisirs (C2 et 3)<br />

Les Zéfirottes sont des lutins qui vivent sous les pavés de Paris et l'empêchent de se<br />

dégonfler. En effet les hautes constructions humaines s'effondreraient sans la haute<br />

technologie et les efforts constants des Zéfirottes. Une visite époustoufflante de Paris,<br />

à la manière de Ponti.<br />

> POMMAUX Yvan, John Chatterton, Ecole des loisirs (C2 et 3)<br />

Une enquête digne <strong>du</strong> roman noir. Qui a enlevé le petit chaperon rouge? Une<br />

référence au film noir et au personnage <strong>du</strong> détective.<br />

> (Ouvrage collectif) Villes au bord <strong>du</strong> futur, Hachette jeunesse, SF (C3 et collège)<br />

De mystérieuses tours-escargots qui se déplacent sur des rails ; une cité virtuelle qui<br />

lance un tueur aux trousses de ceux qui l'explorent ; une autre, gardée par de féroces<br />

Pitbères. Hologramme, simple mirage, cité de la honte, ou sans étoiles… Huit visions de<br />

l'avenir, entre rêve et cauchemar.<br />

> SELZNIK, Hugo Cabret (C3 et collège)<br />

Un roman qui mèle une narration littéraire et une narration par images. L'histoire d'un<br />

petit garçon dans un Paris des années 1930. Une quête autour de divers secrets liés à<br />

l'horlogerie, aux jouets mécaniques et au cinéma de Méliès. Un livre très beau et très<br />

poétique.<br />

> François SCHUITTEN et Benoît PEETERS, Les cités obscures (Bruxelles)<br />

Dans ses bandes dessinées, François Schuitten s'inspire <strong>du</strong> mythe Babélien pour composer des<br />

architectures et des superstructures composites et infinies.<br />

> Enki BIL<strong>LA</strong>L, La ville qui n'existait pas<br />

La tentative de création d'une ville idéale.<br />

> Shaun TAN, Là où vont nos pères<br />

Là où vont nos pères est un album d'une profonde originalité. Consacré au thème de l'émigration,<br />

l'auteur a pris le parti d'un récit onirique qui acquiert la force d'une histoire universelle et intemporelle.<br />

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La ville est réinventée par l'auteur d'une manière très singulière. Les illustrations sont extremmement<br />

riches.<br />

Documents et pédagogie :<br />

> Revue Dada, La ville, n°173<br />

> Pascale BERTRAND, Annie BORSOTTI, Beatrice <strong>LA</strong>URENT, Arts visuels et villes, Cyles 1, 2, 3 collège<br />

> Le surréalisme pour les enfants, ed. <strong>du</strong> Centre Pompidou<br />

> Christian DEMILLY, Le surréalisme, ed. Palette, L'Art et la manière<br />

Documents littéraires et livres d'art pour l'enseignant*<br />

:<br />

> Italo CALVINO, Les villes invisibles, 1972. Ce sont cinquante‐cinq textes courts à la prose poétique,<br />

classés selon d’abstraites thématiques : la ville et la mémoire, les villes effilées…Il n’y est pas question<br />

d’urbanisme ou d’architecture, mais d’assemblages de souvenirs et de sensations. Les villes sont tissées<br />

par des hommes, leurs souvenirs et leurs rêves les imprègnent<br />

> Jean-Noêl MOURET, Le goût des villes imaginaires<br />

Un guide littéraire dans des villes réinventées, rêvées, idéales<br />

> K<strong>LA</strong>NTEN, FEIRESS, BOISIVON, Villes imaginaires et constructions fictives, Quand l'art s'empare de<br />

l'architecture. Il présente le travail de plus d’une centaine d’artistes qui tous proposent des créations<br />

dans lesquelles le thème de l’architecture, <strong>du</strong> bâti, joue un rôle central.<br />

Sitographie :<br />

Dossier de la BnF Eugène ATGET, Regards sur la ville<br />

Outre une étude très intéressante de l'oeuvre d'ATGET, le dossier propose des pistes pédagogiques et<br />

des textes à croiser avec l'étude de l'exposition.<br />

http://classes.bnf.fr/atget/index.htm<br />

Marie DEMARCQ, CPAV Bassin de Lille 3<br />

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ANNEXE 1 : Petit lexique de photographie<br />

Photomontage :<br />

Assemblage de photographies ou de fragments photographiques par collage, ou grâce à des logiciels.<br />

Photogramme :<br />

Impression photographique sans appareil. Les objets sont disposés directement sur la surface<br />

photosensible qui est ensuite exposée à la lumière.<br />

Solarisation :<br />

Réexposition <strong>du</strong> négatif pendant le développement créant un « voile » autour <strong>du</strong> sujet photographié et<br />

modifiant les valeurs d'ombre et de lumière.<br />

Surimpression :<br />

Réunion de deux ou de plusieurs négatifs superposés créant une nouvelle image.<br />

ANNEXE 2 : Georges Perec, Observer la rue<br />

Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974, p. 70-71.<br />

"Observer la rue, de temps en temps, peut-être avec un souci un peu systématique.<br />

S’appliquer. Prendre son temps.<br />

Noter le lieu : la terrasse d’un café près <strong>du</strong> carrefour Bac-Saint-Germain<br />

l’heure : sept heures <strong>du</strong> soir<br />

la date : 15 mai 1973<br />

le temps : beau fixe<br />

Noter ce que l’on voit. Ce qui se passe de notable. Sait-on voir ce qui est notable ? y a-t-il quelque chose qui nous<br />

frappe ?<br />

Rien ne nous frappe. Nous ne savons pas voir.<br />

Il faut y aller plus doucement, presque bêtement. Se forcer à écrire ce qui n’a pas d’intérêt, ce qui est le plus<br />

évident, le plus commun, le plus terne.<br />

La rue : essayer de décrire la rue, de quoi c’est fait, à quoi ça sert. Les gens dans les rues, les voitures. Quel genre<br />

de voitures ? Les immeubles : noter qu’ils sont plutôt confortables, plutôt cossus ; distinguer les immeubles<br />

d’habitation et les bâtiments officiels.<br />

Les magasins. Que vend-on dans les magasins ? Il n’y a pas de magasin d’alimentation. Ah ! si, il y a une<br />

boulangerie. Se demander où les gens <strong>du</strong> quartier font leur marché.<br />

Les cafés. Combien y a-t-il de cafés ? Un, eux, trois, quatre. Pourquoi avoir choisi celui-là ? Parce qu’on le connaît,<br />

parce qu’il est au soleil, parce que c’est un tabac. Les autres magasins : des antiquaires, habillement, hi-fi, etc. Ne<br />

pas dire, ne pas écrire "etc.". Se forcer à épuiser le sujet, même si ça a l’air grotesque, ou futile, ou stupide. On n’a<br />

encore rien regardé, on n’a fait que repérer ce que l’on avait depuis longtemps repéré.<br />

S’obliger à voir plus platement.<br />

Déceler un rythme : le passage des voitures : les voitures arrivent par paquets parce que, plus haut ou plus bas<br />

dans la rue, elles ont été arrêtées par des feux rouges.<br />

Compter les voitures<br />

Regarder les plaques des voitures […]<br />

Lire ce qui est écrit dans la rue : colonnes Morris, kiosques à journaux, affiches, panneaux de circulation, graffiti,<br />

prospectus jetés à terre, enseignes des magasins."<br />

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ANNEXE 3 : poèmes sur la ville<br />

Paul ELUARD - Dans Paris il y a…<br />

Dans Paris il y a une rue<br />

dans cette rue il y a une maison<br />

dans cette maison il y a un escalier<br />

dans cet escalier il y a une chambre<br />

dans cette chambre il y a un tapis<br />

sur ce tapis il y a une cage<br />

dans cette cage il y a un nid<br />

dans ce nid il y a un oeuf<br />

dans cet oeuf il y a un oiseau.<br />

L’oiseau renversa l’oeuf<br />

l’oeuf renversa le nid<br />

le nid renversa la cage<br />

la cage renversa le tapis<br />

le tapis renversa l’escalier<br />

l’escalier renversa la maison<br />

la maison renversa la rue<br />

la rue renversa la ville de Paris.<br />

Robert DESNOS – Couplet des Portes Saint-Martin et Saint-Denis<br />

Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis, Voir briller la lune à travers la voûte,<br />

Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis, Du nord ou au sud s'allonge la route,<br />

Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin, Au nord ou au sud suivre son chemin,<br />

Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin, Passer sous la voûte au petit matin,<br />

Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis, Boire un café noir avec des amis,<br />

Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis, Quand le ciel blanchit au petit matin,<br />

Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin, Dans l'aube noyer les anciens chagrins,<br />

Partir en chantant vers un but lointain, Avec nos copains, avec nos amis,<br />

Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin, Par un beau soleil, par un beau matin.<br />

Robert DESNOS - Couplet de la rue de Bagnolet<br />

Le soleil de la rue de Bagnolet<br />

N’est pas un soleil comme les autres.<br />

Il se baigne dans le ruisseau,<br />

Il se coiffe avec un seau,<br />

Tout comme les autres,<br />

Mais, quand il caresse mes épaules,<br />

C’est bien lui et pas un autre,<br />

Le soleil de la rue Bagnolet<br />

Qui con<strong>du</strong>it son cabriolet<br />

Ailleurs qu’aux portes des palais,<br />

Soleil, soleil ni beau ni laid,<br />

Soleil tout drôle et tout content,<br />

Soleil de la rue de Bagnolet,<br />

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Soleil d’hiver et de printemps,<br />

Soleil de la rue de Bagnolet,<br />

Pas comme les autres.<br />

Robert DESNOS - La Ville (C3)<br />

Se heurter à la foule et courir par les rues,<br />

Saisi en plein soleil par l’angoisse et la peur,<br />

Pressentir le danger, la mort et le malheur,<br />

Brouiller sa piste et fuir une ombre inaperçue,<br />

C’est le sort de celui qui, rêvant en chemin,<br />

S’égare dans son rêve et se mêle aux fantômes,<br />

Se glisse en leur manteau, prend leur place au royaume<br />

Où la matière cède aux caresses des mains.<br />

Tout ce monde est sorti <strong>du</strong> creux de sa cervelle.<br />

Il l’entoure, il le masque, il le trompe, il l’étreint,<br />

Il lui faut s’arrêter, laisser passer le train<br />

Des créatures nées dans un corps qui chancelle.<br />

Nausée de souvenirs, regrets des soleils veufs,<br />

Résurgence de source, écho d’un chant de brume,<br />

Vous n’êtes que scories et vous n’êtes qu’écume.<br />

Je voudrais naître chaque jour sous un ciel neuf.<br />

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