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Année scolaire 1814-1915. N° 2 34 Octobre 1914.
PARTIE SCOLAIRE
DIRECTIONS ET EXERCICES
RTRT ffir R APHTF AfOTJVF A TJTftÇ [Sous cette rabrique, nous mettrons chaque semaine l'annonce de»
DlDLlUVji\.n.i rllE... J V U U J
82°, Année. N° 2 24 Octobre 1 914.
MANUEL GÉNÉRAL
DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
JOURNAL HEBDOMADAIRE
DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES
On s'abonne à Paris, chez MM. Hachette et C i# , libraireséditeurs,
boulevard Saint-Germain, 79 ; dans les départements,
chez tous les libraires ou sans frais dans tous les
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= SOMMAIRE =
Pourquoi nous nous battons (p. 13). 0 0 0 0 0 0 0 o o o F. BUISSON,
MON FRANC PARLER : L'École pendant la Guerre (p. 15). o o ANDRÉ BALZ.
Pédagogie pratique (p. 16). 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 o JEAN MAGNEIN.
« Illassablenient » (p. 17). o o o o o o o o o o o o o o o o R. PÉRIÉ.
OPINIONS DE NOS ( Lettre d'un non-mobilisé (p. 17). 0 0 0
o 0 0 0 0 T..
LECTEURS | A propos des Promotions (p. 17). o o o o PAUL MOREL.
1. L'Electro-aimant et la Chirurgie militaire. — 2. L'Importance alimentaire des
REVUE
SCIENTIFIQUE
Fruits. •— 5. Les Invasions de Sauterelles et l'Institut Pasteur. — 4. Ce que
peuvent transporter les plus grands Transatlantiques. — 5. Les Avantages du
Pansement individuel. — 6. La Crise des (Sufs. — 7. La Résistance de VAir
et la Forme des Locomotives, (p. 18). 0 0 0 0 0 0 SAINT-GILLES
Revue de la Presse. — Revue des Bulletins. — Communication.
Actes officiels. — Annonces.
— Correspondance.
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'avant le 3i décembre prochain.
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auraient pas fait connaître dans quelles conditions ili Tmmvrtt^nenl
soit réglé, nous ferons présenter, sans frais, par la p
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
placer son pays au-dessus d e tout, même a udessus
de la justice, au-dessus des lois, nationales
et internationales, au-dessus des droits
et des devoirs éternels de l'humanité?...
Non, répondez-vous tous. Le droit du plus
fort, c'est la négation de tout droit.
Un jour — c'était vers la fin dejuillet dernier—ceux
qui mènent les affaires de l'Empire allemand
ont cru que le moment propice était
venu. Ils étaient prêts. Ii leur fallait la guerre
tout de suite e t u ne guerre qui devait fondre
sur nous à l'improviste comme un ouragan de
fer e t de feu.
Pour entrer plus vite e n France, il y avait
un moyen sûr. C'était d e traverser a u pas d e
eourse la Belgique, petit pays neutre. Le gouvernement
allemand n e supposait pas que la
Belgique, avec ses 7 millions d'habitants, pût
s'aviser de lutter contre un empire de 68 millions.
Le gouvernement allemand s'était trompé.
La petite Belgique, non seulement refusa les
complaisances infâmes qu'on lui demandait,
mais elle défendit héroïquement sa liberté. Elle
sacrifia des milliers d'hommes, elle subit les
horreurs d'une invasion digne des Barbares,
elle vit son territoire ravagé, sa capitale rançonnée,
ses villes bombardées, ses monuments
détruits, son industrie ruinée, sa population
obligée de fuir en masse devant les obus et
l'incendie. Mais elle ne céda pas. Etl'énormeflot
allemand fut, contre toute prévision, retardé de
plusieurs jours. Le coup était manqué...
Vous criez : « A r ive la Belgique-! » Vous avez
raison : rien n'est plus beau que de voir une poignée
d'hommes, au péril de leur vie, se dresser
ainsi pour la défense du droit.
*
* *
Mais ce ne fut pas tout.
Témoin de cette criminelle violation des engagements
internationaux, l'Angleterre, qui est
une des puissances garantes de l a neutralité
belge, n'hésita pas. Elle déclara la guerre à
l'Allemagne, fit alliance avec nous et se jeta résolument
dans la mêlée, en jurant de ne pas se
retirer avant d'avoir réduit à l'impuissance le
colosse militaire qui prétend faire laloi àl'Europe.
Cette intervention de l'Angleterre aggravait
singulièrement la situation del'Empire allemand.
N'ayant avec lui que l'Autriche, d'ailleurs très
ébranlée elle-même, obligé de faire fa?e aux
énormes armées de la Russie, coupé de presque
toutes ses relations avec le reste du monde par
la marine anglaise, l'Empire allait jouer son
existence. Il n'avait qu'une ressource : c'était de
produire un effet foudroyant par une éclatante
3t immédiate défaite infligée à l'armée française.
Et dans leur enivrement, les Allemands poussèrent
avec fureur plus d'un million de soldats
parlatrouée ouverte ainsi au mépris des contrats.
Ils devaient, en quelques jours, être à Paris,
et nous imposer, avec la paix, le démembrement
de la France.
Là encore ils se trompaient.
Il n'était pas possible d'empêcher l'avalanche
de se précipiter sur nos départements du Nord
et du Nord Est Mais le sang-froid de nos généraux
et l'indomptable courage d e n os soldats
ont fait cette merveille que ce million d'hommes
qui devait nous écraser a été forcé d e reculer
sans avoir touché au camp retranché de Paris.
L'immense bataille de la Marne, qui dura sept
jours, a sauvé Paris et la France.
*
* *
La lutte n'est pas finie.
A l'heure où je vous parle, il y a plus de vingthuit
jours que dure, surlesbords de la Somme,
de l'Aisne, de la Meuse, une bataille sans précédent,
ou plutôt u ne série d'actions simulianées,
dont chacune égale les plus grandes
batailles de l'histoire. Jamais le monde n e vit
un aussi gigantesque duel de nations.
Essayez de vous représenter cette ligne de
près de 400 kilomètres, de Lille à Belfort, le long
de laquelle les envahisseurs cherchent, jour et
nuit, à se frayer un passage.
Et qu'est-ce qui les arrête s ur une si grande
longueur? C'est un mur qu'ils ne peuvent abattre,
une muraille vivante faite des poitrines de nos
soldats français et anglais.
Tous les jours, la mitraille y fait d'épouvantables
vides sanglants. Tous les jours, nous les
comblons par l'arrivée de nouveaux combattants.
Et pas un point de cet immense front de
bataille où l'attaque furieuse des ennemis n'ait
été repoussée à force de dévouement, d e discipline
et d'héroïsme !
*
* *
Et maintenant, enfants, si l'on vous demande
ce que font là-bas vos pères et vos grands frères,
vous saurez le dire, n'est-ce pas ?
Avant tout, ils défendent la France contre
l'Allemagne. Mais ils font plus. Ils défendent le
Droit contre la Force. Ils défendent, avec notre
liberté, l a liberté de tous les pays, petits et
grands, qui veulent être et rester libres.
Ils défendent contre le militarisme prussien
le respect des contrats, la foi à la parole d onnée,
l'inviolabilité des traités, le respect de
la civilisation et de l'humanité, toutes ces choses
sacrées qu'un ministre allemand appelle des
PARTIE GÉNÉRALE 15
MON FRANC PARLER
L'École pendant la Guerre
La mobilisation des adjoints. — Comment on pourvoit aux vacances du personnel. — Les déchets
de la population tcolaire. — Les grands restent aux champs. — Nous ne sommes plus en
1870. — CJue circulaire ministérielle. — Comment l'appliquer dans les campagnes.
I J'ai voulu savoir comment en celte année
terrible s.e faisait la rentrée des classes e t je
suis allé visiter une école, loin, bien loin de
Paris, dans un pays qui n'a p as e u — directement
d u moins — à souffrir des maux de la
guerre.
A la veille de la mobilisation, le personnel
de cette école se composait d'un directeur et de
quatre adjoints. Sur les quatre, trois ont été
mobilisés et incorporés dans l'active ou dans
les services auxiliaires de l'armée. L'un d'eux,
qui avait été blessé, est déjà retourné au feu.
Pour remplir ces vides, l'inspection académique
a envoyé u n jeune homme pourvu du
brevet simple, mais qui n'a accepté ces fonctions
que comme situation d'atteute, car il désire, je
crois, entrer dans les Portes et Télégraphes,
Avec lui, o n a dépêché au directeur une jeune
institutrice qui sort de l'école normale, soit, en
réalité, deux suppléants pour occuper trois places
vacantes.
Mais, je me liât • de le dire, cette organisation
est pour le moment suffisante et voici pourquoi.
En même temps que diminuait le nombre des
maîtres, la population scolaire s'abaissait dans
d'assez fortes proportions.
Les petits et les moyeDS sont rentrés au jour
fixé; mais les grands sont restés chez eux. Ils
ont déserté le cours supérieur et le coui's complémentaire,
si bien que l'école se trouve, p our
ainsi dire, décapitée.
J'ajoute que jamais absences n'odt été mieux
justifiées. Nous sommes dans un pays agricole.
La mobilisation a fait disparaître en quelques
jours toute la population valide et cela en pleine
moisson . P our la première fois depuis un siècle,
depuis les mémorables campagnes de 1813 et de
1814, o n a vu les femmes îemplacer les hommes
dans les travaux des champs. En ce moment
elles arrachent les pommes de terre. Après,
viendra la récolte des fruits, la fabrication du
cidre, la fumure, l'ensemencement. Pour tout
cela, on a besoin d u travail des petits gars, de
ceux du moins qui ont les bras solides et sont
déjà initiés aux travaux des champs. Voilà pourquoi
la grande classe risque de n'être guère fréquentée
cet hiver.
Il n'en fut pas de même en 1870 et pour cause.
On vivait alors sous le régime de l'engagement
décennal. Tous les membres de l'enseignement
public se trouvaient exemptés du service militaire.
Seuls, les engagés volontaires restèrent
sous les drapeaux jusqu'à la conclusion de la
paix. Mais les instituteurs, en majorité, n'avaient
pas quitté leurs postes et la rentrée se fît dans
des conditions normales.
Quant à la populati-n elle-même, elle était,
aussi moins profondément atteinte. On ne
connaissait pas le service obligatoire. Sur les
champs de bataille, c'étaient des armées qui se
heurtaient et non pas, comme aujourd'hui, des
nations armées. Beaucoup d'hommes valides
restèrent en ce temps-là dans leurs foyers. Aussi
n'avait-il pas été nécessaire de faire appel, pour
les travaux des champs, à la main-d'œuvre des
enfants de douze à quinze ans. On put ainsi
éviter une perturbation générale qui aura
sa répercussion sur toutes les œuvres scolaires,
à plus forte raison s ur les œuvres postscolaires.
Que voulez-vous? A la guerre comme
à la guerre. On fera partout le possible. Chacun
y mettra du sien.
Tout dernièrement, le ministre de l'Instruction
publique a fait paraître une circulaire dans
laquelle il expose le programme de la première
classe. Il demande avec raison que, le jour de
la rentrée, la première parole d u maître aux
élèves hausse les cœurs vers la patrie et que sa
« première leçon honore la lutte sacrée où nos
armes sont engagées ».
« Dans tout le pays, à la m ême heure, les
fils de France vénéreront le génie de notre
nation et salueront l'héroïsme de ceux qui
versent leur sang p ourja liberté,- la justice et
le droit humain. La leçon d u maître sera simple.
et forte. Elle devra convenir à l'âge de ses
auditeurs, les u ns enfants, les autres adolescents.
»
C'est fort bien, mais encore faut-il que ces
leçons soient adaptées à la mentalité de l'auditoire.
Justement, au moment où je sortais de
l'école, une brave temme m'apportait une lettre
de son fils, simple matelot sur le Voltaire qui
fait partie de l'escadre en ce moment dans
l'Adriatique sous les ordres d e l'amiralissime.
Combien je regrette d e ne l'avoir pas co.piée
pour vous la transcrire ici 1 Elle se résume en
ces quelques mots : « Ne vous faites pas plus de
bile que nous. Nous ne manquons de r ien.
Nous travaillons beauîoup pour la patrie, c'està-dire
pour vous tous. Attendez encore un peu
et vous verrez que nous ne travaillons pas trop
mal. » E t dans toutes les lettres qu'on m'a fait
lire, qu'elles viennent de l'Adriatique, de te
Marne ou de l'Aisne, c'est la même note simple,
vibrante et réconfortante dans leur naïveté !
Pourquoi ne lirait-on pas aux enfants quelquesunes
des lettres de leurs aînés ? C'est la guerre
racontée par des « p ays » qui parlent en même
temps d u village, de la famille et des amis, et
qui tous, sans exception, affirment une foi
iuvincible dans le succès final Cette lecture,
j'en suis certain, ferait plus d'effet sur les petits
paysans que toute la pompe et les fioritures de
la rhétorique officielle.
ANDRÉ BALZ.
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
' A propos de l'interrogation.
Comment la préparer. — Comment la conduire.
C'est u n des lieux communs de la pédagogie
que tout exposé oral, toute leçon du maître,
doit se compléter par deux séries de questions :
des questions d'intelligence destinées à provoquer
la réllexion de l'élève, à exercer ses facultés
d'observation et de jugement; puis, la leçon
finie, des questions de contrôle permettant de
constater si notre enseignement a porté, s'il
a été suivi, et ce qu'il en reste dans l'esprit des
enfants. C'est de cette dernière catégorie de
questions seulement que nous entendons nous
occuper ici.
Il nous semble que trop souvent, nous n'accordons
pas à cet exercice toute l'importance
qu'il mérite, et que, -conséquemmeut, nous
négligeons un peu sa préparation. Rappelonsnous
cependant combien il'nous est difficile à
nous-mêmes de saisir exactement la pensée de
nos interlocuteurs, et de répondre avec précision
aux questions qui nous sont posées; cette
difficulté se trouve notablement accrue lorsque
la question est vague, imprécise et mal délimitée;
or, elle le sera fréquemment à l'école primaire,
si elle est improvisée.
L'improvisation en matière d'interrogation
est donc à condamner. Elle ne peut que provoquer
des réponses inexactes ou incomplètes,
quand elles ne sont pns baroques ou absurdes,
de ces réponses qui excitent l'hilarité de toute
la classe et découragent ou exaspèrent les
maîtres, alors que pourtant ils en sont responsables
pour une large part. Afin d'éviter ces
réponses malheureuses, il suffira que les questions
soient bien choisies, bien coordonnées,
que l'enfant aperçoive aisément la relation
étroite existant entre celle qui lui est adressée
et la précédente; il faudra surtout qu'elles
soient énoncées en termes clairs et simples :
en un mot que, par leur choix, leur disposition,
leur nombre toujours restreint, elles permettent
de constituer u n exact et bref résumé de la
leçon : pour cela, une préparation minutieuse
est nécessaire.
Supposons que ce travail préparatoire ail été
bien fait. Yoici maintenant, en classe, la leçon
achevée : le maître est dans sa chaire, bien en
r ace de ses élèves, les dominant, les enveloppant
tous du regard. Et n'allez pas croire que
cette place du maître soit indifférente ! Ne doit il
pas éviter par ses déplacements successifs, de
devenir lui-même un sujet de distraction pour
ceux qui l'écoutent? S'adressant alors à toute la
classe, il pose sa première question. D'un coup
d'oeil, il juge, à la physionomie de ses auditeurs,
si tous ont bien entendu et compris cette question;
il pourrait presque nommer déjà ceux qui
ont tro.ivé la réponse; alors seulement, après
avoir laissé à chacun quelques instants de ré
Pédagogie pratique.
flexion, il désigne celui qui, à haute voix, devra
formuler cette réponse.
Lorsque l'élève interrogé ne répond pas,— ce
qui sera assez rare,si la question a été bien préparée
à l'avance, — le maître pourra présenter
cette questionsous une autre forme,il s'efforcera
de la préciser davantage encore, de façon à jeter
un peu de lumière dansl'esprit de son élève.Mais
qu'il se garde d'aucun geste d'impatience et qu'il
ne se hâte point trop de soumettre la même
question à u n second, puis à un troisième auditeur.
Procéder ainsi serait favoriser la paresse
d'esprit des élèves faibles ou indifférents et
paralyser en eux toute velléité d'effort intellectuel
: « Pourquoi, penseront-ils, dès qu'ils connaîtront
notre habitude, pourquoi nous évertuer
à chercher une réponse que la complaisance
d'un camarade plus prompt et mieux renseigné
va fournir bientôt, et que le maître acceptera
bénévolement, dans l'oubli complet du premier
élève interrogé? »
Il importe, au contraire, que les enfants
sachent bien que vous ne les tiendrez pas quittes
avant qu'ils n'aient t'ait pour répondre un effort
sérieux, que leur responsabilité, leur petit
amour-propre d'écolier sont engagés, et que
tous leurs camarades vont être les témoins ou
de leur succès ou de leur insuffisance.
A ceux qui pourraient objecter qu'avec un
tel procédé la classe risque de manquer de vie
et qu'il est préférable d'intéresser le plus
d'élèves possible à la recherche dq la solution,
if sera facile de faire remarquer que l'interrogation
s'adresse à tous, que chacun a été invité
à-chercher mentalement la réponse, que souvent,
dix, vingt mains SÏ sont levées à la fois,
et sont venues prouver.que personne n'est resté
indifférent, et cela avant môme que l'élève
désigné ait répondu tout haut.
L'avantage du procédé, au contraire, c'est que
cet élève trouvera dans l'attitude de ses condisciples,
dans leur désir, péniblement contenu,
de répondre avant lui, un stimulant des plus
décisifs, pour accomplir l'effort que son émulation
lui demandera de faire.
Le maître, ayantobtenu une première réponse,
pourra demander à u n second élève de la rectifier
ou de la compléter.
Surtout n'exigeons pas une réponse trop
prompte. Donnons à l'enfant le temps de la
réflexion. Réprimons, au besoin, ces réponses
trop hâtives qui font naître ou entretiennent
chez nos élèves la légèreté et l'étourderie, qu'ils
conserveront peut-être toute leur vie.
L'interrogation bien conduite nous fournit
ainsi l'une des meilleures occasions de donner
aux enfants de bonnes habitudes d'esprit et de
cultiver en eux l'attention et la réflexion. Et
chacun sait que ce sont là deux précieuses
facultés : profitons-en.
JEAN MAGINEIN,
Instituteur à Ludon (Gironde).
« Illassablemeiit ».
Du front de bataille un artilleur écrivait
'autre jour à u n académicien pour lui signaler
e mot inlassable, forme vicieuse au lieu à'èllasable.
On s'est moqué. Comment peut-on être à
e point homme de métier, capable a u milieu
e la guerre d'éplucher un vocable tout en
fchargeantson fusil?
Et en ,effet, même pour ceux qui ne la font
as, il est difficile de penser à autre chose. Vous
e savez mieux que personne, instituteurs, institutrices
qui, pour une raison ou pour une autre,
avez dû rester à votre poste et rouvrir l'école,
k'-Votre cœur et votre esprit vont si aisément
ailleurs ! Ceux d'entre vous qui n'ont ni frères,
ni mari, ni enfants engagés dans le combat ont
pour parents tous les soldats de France. Concentrer
son attention sur l'humble tâche quoti -
dienne, à l'heure où nous sommes, c'est dur. Il
le faut cependant.
H « Il le faut 1 » disaient avec une résolution
tranquille les paysans appelés par la mobilisation
et aucun cri d'enthousiasme, aucun chant
n'aurait renfermé une aussi sérieuse promesse
de victoire. Il le faut. Il faut là-bas suivre le
• drapeau sans murmure et sans peur. Il faut ici
faire épeler les petits enfants, guider leurs doigts
novices qui s'exercent gauchement à tracer des
jambages, répéter sans cesse les mêmes paroles,
• inculquer les mêmes éléments. Humble routine,
mais la tâche du soldat sous un ardent soleil ou
dans une boue tenace, fatigué par les jeûnes et
les insomnies, allant, venant, avançant, reculant
sans savoir ce que le chef suprême veut faire
de sa pauvre machine, sinon qu'elle sert obscurément
à sauver le pays, n'est-elle pas, en
apparence, bien ingrate? Comme la vôtre elle
est nécessaire : cela suffit.
«France, disait le poète Sully Prudhomme, il
y a u n demi siècle,
Sur le tableau d'école
Construis, sans vanité, la longue parabole
Que promet la justice au boulet rédempteur.
-Il parlaiL ainsi sans haine, car il ajoutait :
M. Plus je suis Français, plus je me sens humain.
. Aujourd'hui (nous n e l'avons pas voulu, le
crime et la honte en soient au kaiser et à ses
complices!) la longue parabole s'est élancée
et décrit son arc sanglant, — vers la justice,
,£spérons-le. La part que le maître d'écoie prus-
| "sien eut à la j ournée de Sadowa, le nôtre pourra
f!;jBa revendiquer dans tous nos succès. Et si notre
iflvicloire n'est pas souillée par d'odieuses représailles,
si nos soldats s'interdisent les talions
[infâmes qui égalent la victime au bourreau, c'est
encore à l'école, à notre école qu'on le devra,
à son enseignement qui jamais ne sépara l'amour
de la patrie de l'amour de l'humanité.
A l'œuvre donc et que la craie, le livre de
lecture courante, le boulier-compteur, le tableau
noir vous aient tout entiers, instituteurs, institutrices,
tant que durent les six longues heures
de classe. Le soir, penchés sur la carte, où
vous suivrez, les yeux brouillés par les larmes
mais l'espoir au cœur, le progrès obstiné de nos
armées, vous pourrez vous rendre ce témoignage
que, vous aussi, comme nos soldats, vous avez
travaillé pour la France, inlassablement ouillasblement.
R. PÉR'jtE.
PARTIE GÉNÉRALE 17
OPINIONS DE NOS LECTEURS
Lettre d'un non-mobilisé.
...Combien de fois, depuis deux mois, et combien
profondément, j'ai regretté de n'avoir plus ni la jeunesse
ni la vigueur nécessaires pour prendre part,
réellement,, activement, à cette guerre sainte! Trois
de mes adjoints, sur quatre, sont partis. Et comme je
les envie ! Dès le premier jour de la mobilisation, je
me suis mis à la disposition de la municipalité et je
lui ai fait le sacrifice de toutes mes vacances, dimanches
et fêtes compris. Mais comme le travail qui m'a
été confié me paraissait pauvre et insignifiant! J'ai
prononcé le mot de sacrifice, comment ai-je pu l'écrire?
Ce renoncement au repos des vacances, quelle misère
au prix de leur sacrifice, & eux, les vaillants qui nous
font un rempart de leur corps, et qui nous préparent
une si haute gloire! Jamais je n'avais senti une telle
soif, un tel besoin de dévouement. Car cette gloire,
qui déjà se lève, et qui auréolera tous les fronts de
France, il me semble que j'en serai un profiteur,
sans l'avoir méritée...
... Et tout de même, je me dis parfois avec quelque
fierté, que l'Ecole laïque, notre Ecole tant méconnue,
pourra en revendiquer sa part. L'idéal qu'ils
ont au cœur, les jeunes champions du droit et de la
liberté, n'ést-ce point — n'en déplaise à. Barrés
— celui que nous leur avons proposé, que l'Ecole
a fait rayonner, quand elle s'est attachée à faire aimer,
en même temps que la Patrie, la vérité, la justice,
la générosité?
La justice de saint Louis, la loyauté de Bayard,
oui. Mais aussi ce respect du droit humain, cette large
fraternité que révolte toute atteinte à la dignité personnelle,
cette fierté républicaine qui nous vient de
Rousseau et de Danton, de Hoche et de Marceau, des
soldats de l'an II, précurseurs de ceux de 1914.
Allons, décidément, l'œuvre est bonne, qui produit
de tels fruits. Et il convient de s'y remettre avec toute
l'ardeur d'un apostolat.
Je suis rentré avec trois jeunes filles comme adjointes,
et, déjà, je sens que. cela va. marcher. L'élan
est donné, dès le deuxième jour de classe, et la foi
laïque nous enflamme tous.
Puisse-t elle préparer pour l'avenir, non ' pas de
plus glorieuses, mais de plus pacifiques moissons.
Car, décidément, c'est bien encore noire honneur,
aujourd'hui, d'accepter si résolument la guerre, sans
l'avoir voulue, et de la juger, malgré tout, comme
nous la jugions hier, horrible et absurde.
... Quel jeune homme je suis encore, malgré mes
cheveux gris!... Et comme je m'emballe!
Veuillez m'excuser, je vous prie, et agréer, etc.
T. . Instituteur à E... (Sarihe).
A propos des Promotions.
La guerre provoquera diverses répercussions dans
le domaine pédagogique.
Ainsi, nous approchons de l'époqie où le conseil départemental
doit dresser les listes des promotions au
choix. Comment,procéder? Pour les institutrices, rien
de changé. Il n'en va pas de même en ce qui concerne
les instituteurs. Va-t-on oublier ceux qui luttent à la
frontière? Ou bien va-t-on récompenser ceux-ci en
négligeant ceux qui, avec moins d'éclat sans doute,
ont accompli tout leur devoir?
Voici ce que je propose h cet égard :
Que tous les maîtres appelés sous les drapeaux, et
gui sont allés sur le champ de bataille, voient, à dater
du l or janvier, le nombre de leurs années de services
majoré d'une unité. De cette' façon, fous bénéficieront,
soit en 1915, soit plus tard, d'une promotion anticipée,
parfaitement méritée.
Quant à ceux que leur âge ou leurs infirmités ont
exclus du service militaire, ils continueront à bénéficier
des promotions, selon les modalités prévues par
les règlements.
PAUL MOREL,
Instituteur à la Seyne-sur-Mer.
18 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
- REVUE SCIENTIFIQUE \
PAR SAINT-GILLES
1, L'Ëlectro-aimant et la Chirurgie militaire. — 2. L'Importance alimentaire des Fruits.— 3. Les
Invasioiis de Sauterelles et l'Ins itut Pasteur. — 4. Ce que peuvent transporter les plus grands
Transatlantiques. — 5. Les Avantages du Pansement individuel. — 6. La Crise des Œufs. — 7. La
Résistance de l'Air et la Forme des Locomotives.
1. — L'Ëlectro-aimant et la
Chirurgie militaire.
A l'Académie des sciences. — Comment on peut extraire
les balles. — Les expériences de Lyon,
Tout dernièrement, à l'Aca lémie des sciences,
M. Dastre a fait connaître les résultats d'expériences
faites à l'hôpital Desgenettes à Lyon, en
vue de faciliter l'extraction des balles e n utilisant
des électro-aimants de graude puissance.
Les balles allemandes sont en piomb, mais elles
sont revêtues d'une carapace de feri o-nickel qui
est attirée par un électro-aimant sulfisammeat
puissant. En soumettant à l'action d'un instrument
de ce genre une balle qui s'est arrêtée
sous la peau, on la voit bientôt pointer vers la
surface du derme qu'elle soulève; il est alors
facile de pratiquer une incision qui la met à
jour. Si elle est engagée dans lçs muscles, sous
l'action d'un électro aimant elle s'oriente vers
la surface d u corps, et chemine en produisant
une douleur caractéristique qui décèle
sa présence, puis il apparaît, quand elle est suffisamment
proche de la surface, un gonflement
de la peau qui indique la place où il faut Ja
chercher.
Malheureusement les électro-aimants suffisamment
puissants pour être Utilement employés
sont rares. M. Weiss, de Zurich, et
M. Cotton, maître de conférences à l'Ecole normale
supérieure, en ont un à leur disposition,
à l'aide duquel ils se sont, de leur côté, employés
à la recherche des projectiles dans les
membres blessés.
L'Hôtel-Dieu de Lyon possède dans sa clinique
d'ophtalmologie l'instrumentation nécessaire
à ce mode d'intervention. Il est certain que les
chefs des services chirurgicaux des hospices,
dont l'expérience égale la valeur, y recourront
s'ils en voient la nécessité.
La science radiographique, servante presque
indispensable de la chirurgie moderne, a d'innombrables
applications. Elle découvre dans
l'organisme tous les corps étrangers, quelles
que soient leur nature et leur constitution; mais
elle est encore coûteuse et nécessite des dépenses
et des installations auxquelles n e sauraient
songer des hôpitaux d'importance
moyenne. Il y a donc place à côté d'elle pour
cette nouvelle et ingénieuse application de
l'électro-magnétisme.
2. — L Importance alimentaire des Fruits.
Une classification rationnelle.— Peut-on vivre uniquement
de fruits ? — Obstacles pratiques. — Les
fruits, aliments d'appoint. —• A quel moment
faut il les consommer 1
M.Armand Gautier,del'Académiedes sciences,
a rangé les fruits en cinq groupes : 1° fruits
aqueux, acidulés (pommes, poires, prunes,
pêches, abricots, fraises et framboises) ; 2° fruits
sucrés liais (ligues, bananes, dattes, raisin);
3° fruits gras ou oléagineux (noix, noisettes,
amandes, cacao, noix de coco); 4° fruits albumineux
et amylacés (bananes, marrons, châtaignes,
figues sèches)
Les fruits aqueux, comme le nom l'indique,
renferment jusqu'à 90 pour 100 d'eau. Leur
valeur nutritive est nulle. Ils sont simplement
rafraîchissants et « plaisants » à l'estomac. Les
fruits sucrés ont une plus grande valeur alimenlaire.
Il en est de même des fruits gras ou oléagineux,
mais ils sont en même temps d'une
digestion plus difficile.
Il y a des végétariens convaincus et pratiquants.
En est-il de même des fruitariens? Le
D r Henri Labbé ne le croit pas.
Les fruitariens purs, par goût ou conviction,
nous dit-il, sont bien rares, s'il en existe. Les
hommes qui disent se nourrir de fruits mêlent
toujours à leur alimentation quelques céréales.
Le citadin, même le paysan d'aujourd'hui,
peuvent ils être fruitariens ? Dans l'affirmative,
peut-on trouver à cette pratique un réel avantage,
sans trop d'inconvénients accessoires ? Si
le fruitarisme n'est ni possible ni désirable,
quelle doit être la part exacte des fruits dans
l'alimentation rationnelle?
Les enseignements fournis par l'étude de la
composition des fruits dictent la réponse à ces
questions. La valeur d'un aliment doit, en premier
lieu, s'apprécier à sa teneur en albumine.
Les substances albuminoïdes ne peuvent, dans
l'alimentation, être supplées par aucune autre.
En outre, il faut en introduire dans la diète
quotidienne un minimum indispensable. Ce
minimum, en pratique, ne doit guère s'abaisser
au-dessousdeSO à 60grammes,presque 1 gramme
par kilogramme corporel.
Des cinq classes de fruits, quatre n e fournissent
pas l'albumine dans des conditions
satisfaisantes. Une seule y peut suffire, celle
desfruitsgrassecs: noix, noisettes, amandes,etc.
On ne saurait donc être « fruitarien » strict,
qu'en avalant au moins 6 à 8 kilogrammes de
fruits aqueux acidulés ordinaires, ou 4 kilogrammes
d'un Iruit sucré comme le raisin.
Cela est irréalisable en pratique : seuls les
fruits secs offrent, sous un très petit poids, une
ration albumineuse suffisante pour la nourriture
quotidienne. Mais l'a'bumine des fruits secs ne
se trouve pas dans un état de digèstibilité
parfait.
Il ne faut donc considérer les fruits que comme
des aliments d'appoint des plus précieux pour
le régime alimentaire.
Encore, à ce point de vue, l'habitude que
nous avons de consommer les fruits comme
dessert à la fin des repas n'est-elle pas très
recommandable. Leur acidité libre ou combinée
vient gêner l'action de l'acide chlorhydrique de
l'estomac ; le suc gastrique perd son activité,
d'où des digestions pénibles et de fréquents embarras
gastriques. Il serait plus logique de
consommer les fruits en dehors des grands
repas, ou même à jeun, le matin.
En résumé, la consommation des fruits, trop
restreinte dans nos usages actuels, doit être
encouragée partout." Si le fruit, à régime infégral
est une utopie, on peut utiliser rationnellement
cette denrée savoureuse. Il faut rendre les
fruits abordables à toutes les bourses, en plantant
davantage d'arbros fruitiers à «rand rendement.
Le « verger communal » doit devenir une
réalité.-Les fruits exotiques, bien meilleur
marché que les nôtres, n'e doivent pas nous
arriver grevés des droits de douane ou des commissions
prélevées par d'innombrables intermédiaires,
qui en décuplent le prix et en font
des mets de luxe. »
Quant au consommateur, il doit, par l'introduction
fréquente, dans les menus rationnels,
de confitures, fruits confits, marmelades, réaliser
l'association harmonieuse et économique de
notre précieux aliment national, le sucre, avec
les fruits, que le terroir et nos colonies mettent
à sa disposition.
3. — Les invasions de Sauterelles
e l'Institu Pasteur.
Le fléau des pays chauds. — Un milliard de dégâts
i'j'. par an. — Les sauterelles et les locomotives. —
Vanité des remèdes. — Le bouillon de culture du
I D' d'Hérelle.
| On a tout dit sur les ravages causés par les
sauterelles sur une bonne partie du globe terrestre.
On évalue à un milliard de trancs les
pertes causées annuellement par leurs invasions.
Mais les conséquences de ces invasions sont
plus terribles encore que les dégâts et les ruines
immédiates qu'elles causent. Ainsi, en Algérie,
pendant l'année 1867, la famine provoquée par
le passage des sauterelles emporta plus de cinq
cent raillé Arabes. Et cette inva*ion fut encore
dépassée par celle de 1891, la plus gigantesque
qu'ait connue le xix" siècle. Toute l'Afrique du
Nord, du Maroc à l'Egypte, fut aiteinte. Le fléau
gagna même la Syrie et s'étendit jusqu'à l'Inde.
^ Ces envahisseurs sont admirablement armés
-pour la guerre. Ce qui frappe au premier abord
en eux, c'est leur grosse tête aplatie, d'où sortent
des yeux énormes et arrondis, c'est la
Knâehoire monstrueusement large et coupante,
.(puissant instrument de destruction. A sa nais-
S|ance, la sauterelle est dépourvue d'ailes, l'évolution
des larves dure assez longtemps, de qua-
Ï rante à soixante jours. Pendant cette première
période, les criquets (c'est ainsi qu'on appelle
les larves de la sauterelle) s'avancent en courant
sur le sol; s'ils se heurtent contre un obstacle,
ils font des bonds d'une vingtaine de centimètres
pour le franchir. Les criquets se déplacent le
jour et se reposent la nuit, mangeant pendant
la marche et le repos ; leur voracité et ieur insatiabilité
sont indescriptibles. La bande compacte
qu'ils forment s'avance droit devant elle,
dévorant tout sur son passage. Rien n e peut
résister à ces hordes qui rongent, pillent, massacrent
tout : herbes, moissons, feuilles, jusqu'à
l'écorce des arbres, jusqu'aux racines des
plantes. Là où elles ont passé, le sol est complètement
rasé; et le pays, il n'y a pas longtemps
encore fertile, qui égayait le regard par
PARTIE GÉNÉRALE 19
ses paysages Ueuris et luxuriants, apparaît dévasté,
lugubre, plein de dévastation.
Le D r d'IIérelie raconte un détail curieux sur
leur mode de déplacement. Les insectes sont si
étroitement serrés les uns contre les autres
qu'une bande, traversant une voie de chemin
de fer, arrête les traius dans leur marche. La
locomotive patine sur la couche grouillante, et
il faut attendre que la colonne soit passée, ce
qui dure parfois des heures entières.
De vains efforts avaient été laits jusqu'ici pour
se débarrasser des sauterelles : barrières de toile
cirée, barrières de zinc, acclimatation d'oiseaux
et d'insectes réputés ennemis naturels de ces
insectes, tout, jusqu'aux immenses filets tendus
dans l'atmosphère et remorqués par des ballons,
avait piteusement échoué. La découverte
du D r d'Hérelle, de 1 Institut Pasteur, va nous
donner probablement la Solution définitive d u
problème.
Le jeune savant a préparé à cet effet une culture
de coccobacilles d'une violence extraordinaire.
On les ensemence s ur un bouillon qui
contient les aliments nécessaires et où ils se multiplient
avec une rapidité incroyable : au bout de
quelques heures, dans un litre de bouillon, on
compte plus de 500 milliards de coccobacilles.
Pour la destruction de la sauterelle, deux litres
par hectare suffisent largement. Aussitôt qu'une
région est envahie par la sauterelle, le bactériologiste,
api ès avoir énsemencé le bouillon de
culture, procède à l'infestation des champs. La
pulvérisation s'effectue sous la surveillance per- •
sonneile du bactériologiste qui, préalablement, a
doit étudier la région où ii est appelé à opérer.
La maladie se répand parmi les insectes plus ou
moins rapidement, suivant les circonstances qui,
connues du bactériologiste, peuvent lui être
d'un concours cohsidérable pour la destruction
de l'ennemi.
Il faut espérer que, grâce à cette découverte,
le fléau contre lequel àv.-ient jusqu'ici échoué
tous les remè
20 MANUEL GÉNÉRAL :.: DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
Caronia, à vitesse relativement lente et sans le
luxe qui se trouvait % bord d'autres très grands
bateaux, le nombre des individus prenant passage
à bord était de 2 918, dont 480 pour l'équipage,
1 780 pour la troisième classe, 290 pour
la seconde, et enfin 168 pour la première. Au
contraire, avec des bateaux de luxe et à très
grande vitesse, comme le Lusitania, la puissance
de transport était d e plus de 3 000 personnes,
dont 580 de première, 450 de seconde, 1 120 de
troisième, l'équipage, y compris, bien entendu,
le très nombreux personnel des garçons, femmes
de chambre, cuisiniers, etc., représentant 850 individus.
On a fait depuis lors des bateaux à
marche relativement leate, pouvant prendre
3 240 personnes à leur bord, dont 450 individus
pour l'équipage sèulement, parce qu'il s'agit de
bateaux beaucoup moins luxueux, et 1 940 passagers
de troisième, des émigrants surtout, avec
600 passagers de seconde et 250 de première.
5. — Les Avaatages du Pansement
individuel.
Sur le champ de bataille. — En attendant le transport
à Vambulance. — Les progrès du service de
santé.
On a dit avec raison que d i premier pansement
dépendait le sort d u blessé Protéger la
plaie le plus possible, c'est certainement rendre
beaucoup plus rares les infections ^secondaires,
source de terribles complications. Les dernières
guerres du Transvaal, russo-japonaise, des Bal-
6 kans ont démontré la réelle utilité du « pansement
individuel » que tout soldat porte sur lui
dans une poche spéciale du vêtement. Il y a
déjà vingt ans que notre armée a été dotée de
ce moyen efficace de protection des plaies,
qu'autrefois le blessé remplaçait instinctivement
par u n mouchoir, des substances quelconques,
telles que mousse, terre, qui apportaient
par leur septicité les germes des plus redoutables
affections (tétanos, septicémie, etc.).
Le « pansement individuel », qu'il ne faut pas
confondre avec le premier pansement fait à
l'ambulance par des médecins, se compose d'un
plumasseau d'étoupe, d'une compresse dé gaze,
d'une bande, d'un morceau de tissu imperméable,
de deux épingles de sûreté. Les pièces de
ce pansement .sont chimiquement purifiées et
imprégnées de bichlorure de mercure au 1/3000;
elles sont enfermées dans u n sac de tissu imperméable,
et le tout dans une enveloppe externe
en cotonnade grise.
Les approvisionnements de pansements individuels
et de pansements d'ambulance sont
aseptiques et peuvent inspirer toute confiance.
Si le nombre des blessés a été jusqu'ici trop
élevé, on a eu la consolation de constater qu'un
grand nombre de ces blessures étaient légères.
Aussi, grâce à l'amélioration le ces pansements,
le service de santé a.-t-il pu remettre très vite
sur pied beaucoup de combattants qui n e demandaient,
du reste, qu'à retourner au feu.
6. — La Crise des Œufs.
La consommation supérieure à la production. —
Tributaires de'l'ètranger. — Un appel aux aviculteurs.
Il paraît que nos poules françaises ne pondent
pas assez ou que nous consommons trop d'œufs.
C'est ce que nous apprend une récente circulaire
du ministre de l'Agriculture, qui fait à ce sujet
un appel pressant aux aviculteurs.
Par suite du développement du bien-être dan3
nos campagnes, les populations rurales consomment
beaucoup plus d'œufs que par le passé.
La proportion expédiée dans les grands centres
a donc diminué, alors que, daus les villes
mêmes, la demande s'accroissait non seulement
en raison des nécessités de l'existence qui
obligent à choisir des aliments dont la préparation
est rapide et, facile, mais aussi à cause de
l'orientation nouvelle des prescriptions médicales
en matière de régime alimentaire.
Aussi, nos importations ont passé de 2 millions
de kilogrammes en 1860 à 12 millions en
1900 et à 30 millions en 1912, tandis que, par
contre, nos exporta'ions diminuaient d'une
manière très appréciable,tombant del2millions
de kilogrammes en 1860 à 10 millions en 1900
et à 5115000 en 1912. L'aviculture nationale
doit donc s'efforcer de remédierà cette situation
et d'assurer une augmentation de la production
suffisante pour répondre aux exigences de la
consommation.
7. — La Résistance de l'Air
et la Forme des Locomotives.
Pour les grandes vitesses de déplacement. — Sensibles
pertes d'énergie. — Le coupe-vent à l'avant des
machines. — Les avantages de la forme ogivale.
L'air oppose au mouvement des corps une
résistance qui, faible pour de petites vitesses de
déplacement, devient énorme pour des vitesses
importantes.
Pour les chemins de fer, la" question est considérable,
car aux vitesses des grands express,
c'est par centaines de chevaux que se compte la
puissance de la machine absorbée pour vaincre
l'effort de l'air. Or, il ne semble pas que des
règles très suivies aient été appliquées dans la
construction pour réduire au minimum cette
perte d'énergie et donner la forme la plus
convenable à l'avant des locomotives. C'est
ainsi que les «coupe-vent», fort en vogue il y
a quelques années, paraissent avoir été à peu
près abandonnés.
Des expériences récentes viennent d'être faites
en Amérique pour permettre de se rendre
compte de l'influence d e la forme de l'avant
d'une machine motrice sur la vitesse d u train
et sur la consommation en combustible. La
locomotive employée était à essence et son avant
fut successivement équipé en pointe ogivale et
en plate-forme. Les résultats ont été très nets.
La consommation, qui s'élevait à 67 litres par
100 kilomètres lorsque l'avant était ogival, esï
passée à 95 litres lorsque l'avant était plat, soit
une augmentation de 40 pour 100. Sur une pente
de 7 mm. 5 par mètre, abordée à la vitesse de
64 kilomètres à l'heure, la machine a parcouru
10 kilomètres en 9 minutes', le moteur élant
arrêté, et sa, vitesse est passée à 80 kilomètres
à l'heure lorsque l'avant était taillé en pointe.
Au contraire, avec l'avant plat, les 10 kilomètres
ont été parcourus en 13 minutes, et il a
même été nécessaire de remettre le moteur en
marche pour terminer le parcours. Enfin, les
expérimentateurs ont aussi remarqué que la
stabilité était meilleure lorsque l'avant était
taillé en pointe.
SAINT-GILLES.
REVUE DE LA PRESSE
: Ce que l'Instituteur a dit.
De M. Lucien Descaves, dans le Journal :
... Et l'instituteur dit :
— Tout à l'heure, la classe achevée, vous crierez
g | o u s : Vive la France ! mais je veux que vous sachiez
Bien auparavant tout ce que je vous demande de mettre
dans ce cri de votre cœir. Il y en a, parmi vous,
Mue leurs parents aiment davantage, depuis qu'ils ont
^réchappé d'un accident ou d'une maladie grave. Eh
SÈien! aujourd'hui les rôles sont renversés. C'est vous,
gïes petits enfants de France, qui devez chérir plus
Encore votre mère, en proie à l'épidémie des barbares
gnui a failli l'emporter. Vous savez qu'ils se sont rués
sur elle à l'improviste, qu'ils l'ont prise à la gorge et
frappée. C'est pour la défendre que vos pères, vos
rendes, vos frère* sont partis il y a deux mois. Ils ne
.'sont pas encore au bout de leurs peines. Après avoir
•chassé l'ennemi do notre pays, ils auront à le poursuivre
pour le châtier d'avoir, derrière son kronprinz,
qui donnait l'exemple, dévalisé les maisons, incendié
les villes, fusillé' leurs habitants désarmés, achevé les
blessés, tiré sur les ambulances, accumulé les ruines,
Enfin! Li France sortira victorieuse de l'épreuve...,
mais el'.e a déjà bien souffert et, plus turd, vous vous
ferez une idée de la quantité de sang qu'elle a perdu,
èn voyant ce qu'une seule petite ville comme celleci
a dù en verser pour sa contribution. Il y en a, pourtant,
de plus malheureuses... etje vous dirai lesquelles,
en commençant par nos provinces envahies la revision
du cours de géographie de l'année dernière.
Vous apprendrez par cœur Us noms de ces martyres.
Nous en dresserons la liste ensemble; vous l'aurez
toujours sous les yeux, tableau noir, Livre d'Or! Les
villes tombent au cjiamp d'honneur comme les hommes;
mais elles ne meurent pas. On les relève, on
les soigne, on les réconforte : elles sont immortelles,
comme notre race décimée. Quant aux braves soldats
qui auront accompli l'œuvre de délivrance et qui
n'auront pas l'orgueil et la joie d'assister au triomphe,
c'est en leur honneur que vous allez faire votre première
dictée. Nous la prendrons dans Victor Hugo.
Ecrivez :
Ceux qui, pieusement, sont morts pour la Patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienoe et prie.
Entre les plus beaux noms, leur nom est lo plus beau :
Toute gloire auprès d'eux passe et tombe éphémère
Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuplo entier les berce en leur tombeau.
IQiand les plumes eurent fini de courir sur les cahiers,
l'instituteur reprit :
— Nous allons maintenant terminer la classe en
regardant des images. Vous n'ignorez pas les impardonnables
attentats commis par les Allemands, notamment
à Loavain, chez nos vaillants amis de Belgique,
et à Reims, en France. Je vais vous montrer une de
nos plus vieilles et de nos plus belles cathédrales,
telle qu'elle était avant le crime, et telle qu'elle est
|.après. Vous ne l'auriez peut-être jamais vue... A
gprésent qu'elle n'existe plus ou qu'elle est en partie
nutilée, vous la verrez toujours!
Tandis que les images passaient sous les yeux des
infants, l'instituteur ajouta :
— Un monument analogue à la cathédrale de Reims
îous fut ravi, il y a quarante-quatre ans. Sa restitu-
.ion certaine, prochaine, mettra un baume sur les
)lessures de l'autre. Lequel d'entre vous me nommera
;e monument?
Un grani leva la main et dit avec élan :
— La cathédrale de Strasbourg.
— Bien. C'est cela. Merci.
Un silence se fit. Le temps d'une prière a bouche
close. Puis, sur le cri, bien conscient, cette fois, de :
Vive la France! -que l'instituteur n'eut pas mémo besoin
de provoquer, les enfants s'en allèrent, deux à
deux, vers la cantine, qui supplée, pour qualqua
emps encore, le père absent et la mèro dépourvue...
PARTIE GÉNÉRALE 21
Pédagogie allemande.
De M. Curt Wigand, dans la Revue des Deux
Mondes :
On peut dire que l'Allemand de tout âge et de
toute condition est toujours « au port d'armes, les
talons réunis ». C'est là, en quelque sorte, une tenue
nationale allemande, une véritable institution, et qui
fonctionne dès l'entrée à l'école. A.u lieu de reconnaître,
avec les maîtres de la pédagogie ancienne et
moderne, que le professeur doit tâcher à devenir
l'ami de l'élève, nos professeurs allemands, du haut
en bas de l'échelle universitaire, se complaisent dans
le rôle d'officiers instructeurs. Oderint, dum meluant.'
« libre à eux de me haïr, pourvu seulement qu'ils me
craignent ! » voilà, sauf de très rares exceptions,
l'alpha et l'oméga de toute notre pédagogie allemande!
Quant à former les caractères, objet que l'on
n'atteint qu'en se gagnant la confiance et l'affection
de l'élève, c'est de quoi ces messieurs n'ont jamais
eu et n'auront jamais le moinlre souci. « Que deviendraient
à ce compte —- nous objectent-ils — l'autorité,
la subordination, l'obéissance sacro-sainte de
l'inférieur envers son supérieur ? »
La fin de I'École-Qourbi.
Du journal le Temps :
Les partisans de la civilisation des indigènes en
Algérie ont eu récemment un nouveau succès à enregistrer.
L'école-gourbi a vécu.
On se rappelle comment ce système d'enseignement
au rabais était né. Pour obtenir du Parlement l'autorisation
de contracter un emprunt, l'Algérie avait dû,
en 1908, s'engager à dépenser chaque année 550000 fr.
de plus pour le développement de l'enseignement
indigène. C'est à propos de l'emploi,, de ces 550000 fr.
supplémentaires que l'école-gourbi" fut inventée. Les
délégations flnancières décidèrent qu'ils sertiraient à
ouvrir GO écoles nouvelles par an. M.iis quelles écolesl
11 était interdit de dépenser plus de 5 000 francs pour
le bâtiment; la classe devait être tenue par un moniteur
indigène à 600 francs par an, recruté n'importe
où; et l'e.iseignement ne devait pas être « intellectuel
», mais avoir un caractère agricole.
Cette lamentable expérience aura duré six ans. Elle
navrait l'élite indigène, qui voyait les volontés bienveillantes
du Parlement ainsi trahies. Elle révoltait
les patriotes, qui pensent que le rapprochement des
Européens et des indigènes de l'Afrique du nord est
un des principaux facteurs de notre avenir national
et que l'instruction en doit être l'agent. Et elle commençait
à causer quelque inquiétude parmi les Algériens
eux-mêmes. En présence des résultats, les gens
de bon sens ne pouvaient pas ne pas apercevoir quels
embarras la colonie se préparait. Des bâtiments de
5 000 francs sont des granges inutilisables pour une
école serieuse, des moniteurs à 600 fraucs ne sont
bons à rien ; quand elle s'en serait mis quelques centaines
sur les bras, qu'est-ce que la colonie allait en
faire? Aussi entendit-on l'année dernière des membres
èminents des délégations, comme M. Barbedette
et M. Morinaud, émettre l'avis qu'il était peut-être
prudent d'enrayer.
Non seulement lé minis.ére de l'Instruction publique
n'a pas approuvé le programme des écoles-gourbis,
mais il les a supprimées. Il prescrit qu'à l'avenir
l'enseignement indigène ne soit donné que par
des instituteurs ayant appris leur métier à l'école
normale et choisis deux tiers parmi les Français et
un tiers parmi les indigènes. Finis les moniteurs
à 600 fraucs; finies les écoles à 5 000 francs, car du
moment qu'on prend de vrais instituteurs, on sera
obligé de les loger convenablement.
22
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
REVUE
OES BULLETINS DÉPARTEMENTAUX
de l'Enseignement primaire
Ayons 5e sentiment de notre responsabilité.
Il ne faut jamais perdrè de vue qu'un instituteur,
même en dehors de sa classe, est tenu à une prudence
et à une réserve que lui imposent son caractère
d'éducateur et le souci de respecter les susceptibilités
légitimes des parents qui lui confient la formation de
leurs enfants. S il l'oublie, s'il affi- he la prétention de
ne s'imposer aucune contrainte dans ses paroles, dans
ses actes, dans toutes les manifestations de ses
opinions personnelles, je n'ai pa* besoin de répéter
qu'il le fait toujours au dé riment de la cause de
l'école laïque qu'il s'est engagé à servir; mais il me
paraît nécessaire de rappeler qu'il s'expose, en considération
des intérêts de cette école, qu'il dessert, à se
voir éloigner d'un milieu où il compromet de gaieté
de cœur son autorité morale. (Eure-et-Loir.)
Non des beaux livres, mais de bons livres.
Je souhaiterais que le crédit des prix fût' consacré
à acheter moins des dorures et du carton que des
livres substantiels et qui nous manquent. Dans certains
pays on oiïre un dictionnaire ou un memento
encyclopédique à tout élève qui sort de l'école : le
cadeau serait mieux venu encore avant que l'enfant
quittât l'école. C'est en classe qu'il lui faut commencer
à feuilleter un dictionnaire ; d'abord pour savoir
s'en servir, et puis pour prendre ce 1 te saine habitude
de chercher quand il ignore, et de vérifier quand il
croit savoir. Je donnerais donc volontiers en prix un
dictionnaire à tous les élèves du cours moyen, avant
le certificat d'études.
Et après le certificat d'études?... n'est-il pas ridicule
de donner aux enfants des reliures coûteuses,
quand il serait si bon de leur constituer une petite
bibliothèque de bons livres. Les élèves des cours
complémentaires n'ont quasi rien à eux, pas même
un théâtre classique ou un recueil de morceaux
choisis. Yoilà. des cadeaux à faire à la sortie du cours
supérieur... Bref, je voudrais qu'on s'inspirât avant
tout, dans l'emploi du crédit des prix, des besoins
prochains des écoliers, riches ou pauvre?, qu'on
récompense. (Seine et-Oise.)
Pour que les bons élèves ne pâtissent pas
de la mauvaise fréquentation scolaire.
L'irrégularité incline les maîtres à piétiner sur
place, â refaire pour un enfant qui était absent les
leçons de la veille ou de l'avant-veille, etc. Certains
instituteurs ont même dû prendre des mesures pour
remédier à cette situation, et se décider à faire leurs
leçons au jour fixé par leur répartition mensuelle,
sans tenir compte des absences.
Cette pratique me paraît, devoir être généralisée.
L'enfant qui s'absente un ou Jeux jours doit être tenu
d'apprendre, en dehors de la classe, les leçons qui
auront été faites durant cet intervalle; c'est la sanction
de son irrégularité Lapratijue contraire donne
une prime à sa négligence. Sans doute, le maître
pourra l'aider à rattraper le ternes perdu en revenant
lui-même sur les leçons passées; la classe ne
pourra que profiter de ce retour rapide sur des choses
déjà vues. Mais en aucune façon cette revision sommaire
ne saurait être une répétition de la leçon, qui
serait fastidieuse pour les élèves réguliers et les empêcherait
de suivre leur programme dans son intégralité.
Il serait singulier que leur assiduité reçût une
telle punition. (Lot.)
II faut avant tout que l'Ecole enseigne les
Connaissances fondamentales.
J'ai rencontré au cours moyen dos élèves qui ne
possédaient ni tous les éléments, ni la pratique pour
ainsi dire mécanique de la lecture; j'en ai rencontré
qui savaient à peine la table de multiplication ou la
conjugaison des verbes réguliers; j'en ai rencontré
qui se tiraient mal d'un exercice de copie. Et alors je
vous dis : Vous n'arriverez à rien tant que vos élèves
ne sauront pas lire, écrire et compter; apprenez-leur
à lire, à écrire, à compter, comme vous voudrez ou
comme vous pourrez ; mais rendez-vous compte que,
la leçon de morale exceptée, tous les autres exercices
scolaires seront dérisoires tant que ces enfants ne
seront pas débrouillés, tant qu'ils resteront enlisés
dans leur ignorance fondamentale.
( Tarn-et-Garonne.)
Contre l'École buissonnière.
Nous enregistrons l'arrêté ci-dessous, relatif à la
fréquentation scolaire, qui a été pris dans quelques
communes du département de Meurthe-et-Moselle.
Arrêté municipal sur la fréquentation scolaire.
Considérant que chaque enfant doit être muni d'un
minimum de connaissances indispensables à tout citoyen
et qu'il y a lieu de le soustraire aux dangers
de la rue,
Arrêtons ;
ARTICLE PREMIER. — Tout enfant de six à treize ans
révolus qui sera dans la rue, sur les places et autres
lieux publics, pendant les heures de classe, sans motif
légitime, sera conduit par le garde champêtre à
l'école où il est inscrit. Si la déclaration prévue par
la loi n'a pas été faite par les parents ou par la personne
responsable, l'enfant sera remis d'office à l'école
pnblique.
ART. 2. — Les sanctions édictées par les articles
13 et 14 de la loi du 28 mars 1882 seront rigoureusement
appliquées aux parents, tuteurs et personnes
responsables qui négligeront d'envoyer à l'école les
enfants placés sous leur surveillance.
(Meurthe-et-Moselle.)
COMMUNICATION
Effets dont le prix est remboursé
aux soldats.
L'approche de la saison froide fait désirer que
chaque homme soit pourvu aussi" rapidement que
possible de vêtements chauds qui lui permettent de
supporter les intempéries. L'administration militaire
poursuit à cet effet la constitution et la mise en distribution
des approvisionnements nécessaires; mais,
en outre, pour hâter le moment où chaque homme
sera en possession de ses vêtements, et pour assurer
une meilleure adaptation individuelle, le ministre a
décidé, ainsi que cela a été fait et continue à être fait
pour les chaussures, que les militaires nouvellement
convoqués, aussi bien que ceux actuellement sous les
drapeaux ou ceux qui négligent leur corps après leur
sortie d'un hôpital, pourront se munir personnellement
des effets suivants :
2 chemises de flanelle, 2 caleçons de tricot, 1 jersey
ou chandail, 1 ceinture de "flanelle, 2 paires de
chaussettes de laine, 1 couverture de laine, 1 paire de
gants de laine.
Ils seront immédiatement remboursés dès leur
arrivée au corps, aussitôt qu'ils auront présenté ces
efl'ets a la commission instituée dans ce but.
(Note officielle.)
CORRESPONDANCE
Questions scolaires.
Travail manuel dans les collèges et lycées
de jeunes filles.
Un vieil abonné....
« Quel est le titre exigé des professeurs de travail
manuel dans les lycées et collèges de jeunes filles ? »
• Il n'y a pas pour cet enseignement de diplôme
secondaire. Les professeurs sont choisis parmi les
institutrices qui possèdent le certificat d'aptitude à
l'enseignement du travail manuel dans les écoles normales
et les écoles primaires supérieures. Les aspirantes
à ce diplôme doivent être âgées d e vingt et un
ans et posséder le brevet supérieur ou le baccalauréat.
Le programme de l'examen est en vente à la
librairie Delaldin, 115, boulevard Saint-Germain,
Paris, prix : 30 centimes.
Institutrice titulaire et intérimaire.
à P... (Maine-et-Loire.)
24
MANUEL GÉNÉRAL DE , L'INSTRUCTION PRIMAIRE
PETITES ANNONCES DU " MANUEL GENERAL 99
CONDITIONS D'INSERTION
ANNONCES NON COMMERCIALES
Les abonné» d'un an au Aiunacl générai oui uruii (en ce qui
concerne les annonces non commerciales seulement) a l'insertion
gratuite de 30 mots pendant le cours de leur abonnement.
Chaque mot supplément aire est compté à raison de lOcent. 1 un.
Tous les lecteurs non abonnes d'un an paieront 2>0 cent, le mot.
ANNONCES COMMERCIALES
Abonnés d'un an, l'é mot centimes.
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M. G. 6861 10
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1 arrive trop souvent que nous ne pouvons
transmettre au destinataire, faute
d'affranchissement,les réponses à nos petites
annonces. Pour éviter toute erreui\
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former à lamarche indiquée ci-dessous:
1« Ecrire sa réponse «îeprêléreMc* sur
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RÉCEPTION DES ANNONCES
Les demandes d'insertion doivont nous parvenir le jeudi au plu*
tard pour le numéro du samedi de la semaine suivante• Elles
doivent toujours être accompagnées d'une bande recente d'envoi
du journal, pour les abonnés, du prix de l'insertion calculé
comme il vient d'ôtre dit.
Nota. — Los annonces de librairie et de ventu de chutes postales
illustiéos ne sont pas insérées.
times. — 2» la fermer. — 3° îs'e pas mettre
d'adresse sur cette carte-lettre; inscrire
seulement en tête le Numéro de lapetito
annonce à laquelle on répond.— 4° Placer
la carte-lettre ainsupréparée dans une
enveloppe affranchie à 10 centimes et
adresser le toul à l'Administration du
Manuelgénéra ^Servicedelà Publicité).
Administration
10
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du « Manuel Général D
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Année scolaire 1914-1915. N° 2 24 Octobre 1914.
SUJETS DE COMPOSITIONS
donnés dans
LES EXAMENS ET CONCOURS D E L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
PRÉPARATION DES CANDIDATS
POUF la préparation des maîtres aux examens
du Certificat d'aptitude pédagogique,
du Brevet supérieur,
du Professorat des écoles normales,
do l'Inspection primaire,
du Certificat d'aptitude à l'enseignement des
langues virantes (anglais et allemand),
nous tenons à la disposition de nos abonnés un grand
nombre de sujets a traiter, que nous leur fournirons
gratuitement sur demande accompagnée d'une
bande du journal et adressée au secrétaire de la rédaction
du Manuel général.
Nous prions nos correspondants de vouloir bieii
indiquer avec précision l'espèce des sujets qu'ils désirent.
(Sujets du C. A. P., ou du brevet supérieur,
ou du professorat (lettres ou sciences), ou de l'inspection,
ou du 0 . A. 5, l'enseignement de l'anglais, ou à
l'enseignement de l'allemand.)
Pour les candidats an Gertificat d'aptitude pédagogique,
le Manuel général propose en outre,
dans le premier numéro de chaque mois, deux sujets
à traiter et publie, le mois suivant, le compte rendu
général des compositions reçues.
Le premier numéro de chaque mois contient anssi
le texte de plusieurs sujets à traiter pour la préparation
du Certificat d'aptitude à, l'inspection
des écoles maternelles.
EXAMEN DES CONSCRITS DE LA CLASSE
1913, NON MUNIS DU CERTIFICAT
D'ÉTUDES PRIMAIRES
Langres, 21" régiment d'infanterie -.
I. — Orthographe et Écriture.
L'approche «Je J'iiiver.
Toute la journée, un vtnt aigre a soufflé de l'ouest.
Le ciel est resté bas et triste, et j'ai vu passer des
vols de corbeaux. Maintenant, il pleut ; j'entends l'eau
qui ruisselle des gouttières et qui fouette les vitres de
ma chambre. Les tuiles, soulevées, roulent sur le toit,
tombent sur le sol détrempé ; dans la nuit, les pauvres
arbres, sous l'effort du vent plus colère, gémissent et
craquent.
II. — Calcul.
a) Ecrire les nombres : 387, 7 635, 75 829.
b) Pour s'acquitter d'une dette de 7 500 fr., une personne
verse une première fois 975 fr., une seconde
fois 2 625 fr. et une troisième fois 1 730 fr. Combien
doit-elle encore ?
c) Un laboureur achète à un vigneron 8 barriques
de vin de 225 litres à 0 fr. 40 le litre. Il lui vend
16 hectolitres de blé à 18 fr. l'hectolitre. Combien le
laboureur doit-il au vigneron?
1. En remerciant vivement ceux de nos abonnés qui ont
l'obligeance de nous envoyer les sujets de compositions donnés
dans les examens et concours, nous les prions, pour faciliter
le travail de l'imprimerie, d'écrire seulement sur le
recto des feuilles qu'ils nous adressent.
2. Communiqué par M. Guithaux. - instituteur soldat du
2l« régiment d'infanterie.
Sujets de Compositions.
AVIS RELATIF
A L A CORRECTION D ES COPIES
Nous rappelons à nos abonnés que nous corrigeons
toutes les copies qui nous sont adressées çar eux es
que le tarif des corrections est fixé ainsi qu'il
suit
1 fr. 50 par sujet pour les compositions prèparaoires
aux examens de ..l'Inspection primaire, d<
l'Inspection des écoles maternelles, du Professorat
des écoles normales et du Certificat d'aptitude
à l'enseignement des langues* vivantes ;
1 ir. par sujet pour les compositions préparatoires
au Certificat d'aptitude pédagogique ;
0 fr. 75 par sujet pour les compositions préparaoires
aux examens du Brevet supérieur (la composition
de mathématiques peut comprendre deux pro
blêmes, qui sont corrigés pour 0 fr. 75; — l'épreuvt
de langues vivantes ne doit contenir qu'un exercicf
en anglais ou en allemand) ;
0 fr. 50 par sujet pour les compositions des aspirants
auBreret élémenta.ire, auxEcoles normaleprimaires
et au Certificat d'études primaires.
De plus les abonnés doivent ajouter, au prix indi
qué pour la correction, la somme nécessaire poui
l'affranchissement de leurs copies, sous envelopp*
fermée, au retour.
Ces petites sommes peuvent nous être adressées ai
même temps que les copies, soit par mandat-poste
soit en timbres-poste, soit en timbres spéciaux d'un^
valeur conventionnelle de 0 fr. 25 chacun, que l'admi
nistration du journal tient à la disposition da eau*
qui en demandent.
III. — Histoire, Géographie, instruction civique
1. Que vous rappellent ces deux noms historiques
Austerlitz et Sedan 1
2. Sur quels grands fleuves se trouvent les villes
suivantes : Rouen, Lyon, Orléans, Toulouse ?
3. Par qui sont élus les députés ? les sénateurs?
GERTIFICAT D'ÉTUDES PRIMAIRES 1
Orthographe et Écriture.
Le coucher des corbeaux dans les bois.
Une légion de corbeaux, accourus de tous les voisinages
pour coucher sur les grandes cimes, se déroulait
à, travers l'espace, à la façon d'un immense voile
de deuil, flottant au vent, poussant des clameurs violentes
et sinistres.
Quelquefois, ils se posaient,, criblant de taches
noires les branches emmêlées sur le ciel rouge, surlf
ciel sanglant des crépuscules d'automne. Puis, tout s
coup, ils repartaient en croassant affreusement et en
déployant de nouveau au-dessus des bois le long feston
sombre de leur vol.
Ils s'abattaient enfin sur les faîtes les plus hauts e:
cessaient peu à peu leurs rumeurs, tandis que la nuu
grandissante mêlait leurs plumes noires au noir dt
1 espace. MAUPASSANT.
QUESTIONS. — 1. Sens des mots : légion, sinistsre,
crépuscule, feston.
(Légion: une grande quantité. —Sinistre .-lugubre,
qui fait craindre des malheurs. — Crépuscule : clarté
1. Chécy (Loiret) ; 10 juin 1914. Communiqué par M. Alboay.
à Marigny (Loiret).
ff* 2.
C. NAMPON. Cent problèmes d'Arithmétique du Brevet supérieur, & v n eC vo S °'in-°g? brol-hT"^.'? 8 0 C.
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
(ui persiste après le coucher du soleil. — Fe>ton:
dessin en forme de guirlande.
2. Faites l'analyse de chacun des termes suivants •
Tandis que la nuit grandissante.
3. Quel est l'infinitif du verbe dont le participe
îassé est accouru? Conjuguer ce verbe au présent de
indicatif et au futur simple.
Composition française.
C'est jeudi. Il fait un temps magnifique. Un de vos
••amarades, qui vient vous chercher pour faire une
iromenade, vous trouve très occupé à faire vos devoirs.
Dialogue.
SUJET TRAITÉ. — « Bonjour, Jean, dépêche-toi de
anger livres et cahiers, et partons pour l'étang du
lauprè. En marchant bon p^p, nous aurons juste le
emps d'y manger des.fraises que nous cueillerons et
le rentrer pour le dîner. — Impossible, mon
ieux, mes devoirs ne sont pas faits et j'en ai pour
eux bonnes heures. Je ne voudrais pas te gâter ta
romenade : pars vite, sans t'attarder plus longtemps.
- Ah ! mais non, je n'y vais pas seul. Je ne peux pas
roire que tu vas gâcher une radieuse après-midi
omme celle-ci à rester enfermé. Ils seront toujours
i, tes livres et tes cahiers, tandis que le soleil, lui,
te brille que quand il veut. Allons! viens, les fraises
eront mûres à point et je connais même un coin du
iois où nous dénicherons des framboises parfumées.
- A quoi bon me tenter? Mon travail est là, qui m'at-
' and; crois-tu que je m'amuserais si je partais en le
lissant en souffrance ? Dirais-je au maître, demain,
[u'il faisait trop beau temps pour travailler? Belle
•aison de paresseux! — Alons, l'incorruptible, il n'y
i rien à faire avec toi; je repasserai dans deux heures
it nous irons simplement humer l'air au bord de la
•oute. »
Calcul.
1. Le plan cadastral de votre commune est à
échelle de 1/2 500; trouver: 1° la longueur réelle
•'une ligne qui, sur ce plan, mesure 67 mm.;
2° Li surface d'un champ rectangulaire qui, sur ce
•lan, a 47 mm. sur 32 mm.
SOLUTION. — Longueur de la ligne : 0 m. C67 X
• 500 = 167 m. 5.
Longueur réelle du champ: 0 m . 047 x 2 500 =
17 m. 50.
Largeur du champ: 0 m. 032 X 2 500 = 80 m.
Surface du champ : 1 m'- x 117,5 X 80 = 9 4t0m 2 .
Réponses : 167 m. 5 ; 9 4 00 m 2 .
2. Multiplier 36 par 11 : 1° par les procédés du
alcul mental ; 2° par ceux du calcnl rapide. Expliuez
et justifiez la manière de procéder.
SOLUTION. — 1° Pour multiplier 38 par II, je le
lultiplie d'abord par 10 en transformant les unités en
izaines : 36 x 10 = 36 dizaines ou 360 unités, puis
ajoute, à ce produit partiel, une fois 36, ce qui fait
96. J'ai ainsi multiplié 36 par les deux parties d'une
jmme qui est 11, et j'ai additionné les deux produits
iartie)s, ce qui revient à multiplier 36 par cette
orjime.
2° Pour multiplier rapidement36 par 11. j'additionne
3 nombre des unités et le nombre des dizaines, soit
; + 6 = 9, et j'intercale le chiffre ainsi trouvé entre
3 3 et le 6, formant un nouveau nombre. 396, qui est
eproduit cherché. (Remarquer que cette façon de
irocéler est un simple abrégé de l'opération écrite :
>n additionne, sans les écrire au préalable, les deux
jroduits partiels. )
Agriculture.
Qu'est-ce que la greffe ? Comment la fait-on ? Citez
les exemples.
Soins k donner à une treille.
Couture.
5 centimètres surjet; 5 centimètres ourlet; demiooutonniére.
Dessin.
Un petit banc ou tabouret.
CONCOURS POUR L'OBTENTION DES
BOURSES AU COLLÈGE CHAPTAL 1
L R " SÉRIE.
Orthographe.
Lu première neige.
Un matin, le soleil, qui s'est leyé tard, dessine son
disque pâle derrière un rideau de brume jaunâtre ; le
ciel est si bas qu'il semble toucher la terre. Des bandes
de corbeaux partent pour aller dépecer quelque bête
morte. Le noir essaim fend l'air d'un vol plus rapide
que d'ordinaire, car il a, avec son instinct prophétique,
pressenti un changement de temps.
En effet, de blancs dosons de neige commencent à
tourbillonner comme le duvet de cygnes qu'on plumerait
là-haut. Bientôt, ils deviennent plus nombreux,
plus pressés; une légère couche de blancheur, pareille
à cette poussière de sucre dont on saupoudre les
gâteaux, s'étend sur le sol. Une peluche argentée
s'attache aux branches des arbres, et l'on dirait que
les toits ont mis des chemises blanches. Il neige. La
couche s'épaissit et déjà, sous un linceul uniforme,
les inégalités du terrain ont disparu. Peu à peu les
chemins s'effacent, les silhouettes des objets sur lesquels
glisse la neige se découpent en noir ou en gris
sombre. A l'horizon, la lisièro du bois forme une
zone roussâsre rehaussée de points de gouache. Et la
neige tombe toujours, lentement, silencieusement, car
le vent s'est apaisé ; les bras des sapins ploient sous
le faix, et quelquefois, secouant leur charge, s? relèvent
brusquement ; des paqjuets de neige glissent et
vont s'écraser avec un son mat sur le tapis blanc.
THÉOPHILE GAUTIER.
QUESTIONS GRAMMATICALES.
1. — Formes. — 1. Analyser deviennent. Conjuguer
ce verbe au passé antérieur et à l'imparfait du subjonctif.
2! Que signifient les expressions : noir essaim et
linceul uniforme?
Citer quelques mots de la famille d'uniforme.
3. Expliquer les mots : silhouette, horizon, apaisé.
4. Analyser vont. Conjuguer ce verbe au passé
simple et à l'impératif présent.
II. — Syntaxe. — 1. Nombre et nature des propositions
contenues dans la phrase : En effet..., jusqu'à
qu'on plumerait là-haut.
2. Analyser le mot qu' dans l'expression : qu'on
plumerait là-haut, et que dans: Von dirait que les
toits...
3. Analyser ou dans : se découpent en noir ou en
gris sombre. Que peut encore être ce mot? Citer un
exemple.
EXPLICATIONS. — Deviennent: verbe d'état; passé
antérieur: je fus devenu; imparfait du subjonctif :
que je devinsse.
2. Noir essaim : essaim est le doublet d'examen,
qui, au sens propre, désigne l'aiguille indicatrice de
l'équilibre d'une balance ; l'idée de pesée se lie aisément
à celle d'examen (évaluation du mérite) et celle
d'examen à celle de choix, de sélection : l'essaim
d'abeilles est un groupe de choix qui crée une ruche
nouvelle; d'autre part, l'essaim, quand il se suspend
en grappe' à quelque branche d'arbre, ressemble quelque
peu à une aiguille qui s'élargirait en fer de pique.
Le noir essaim des corbeaux est un groupe de ces
oiseaux, noirs de plumage, qui fait songer à quelque
groupe d'abeilles, au noir corselet. — Linceul uniforme
: le linceul est le drap (primitivement en toile
de lin) qui sert à ensevelir les morts ; rapprocher :
linge, lingerie, etc. ; uniforme signifie, littéralement :
qui n'a qu'une forme, qui présente partout le même
1. Paris, 1914.
ARITHMFTIfHJF • fi MàHIIIPI Deux cents Problèmes et questions de théorie du Brevet . f ..
i 1 ly «jl, . u- m/inur.L. élémentaire avec solutions. I f, ct2' fériés. 2 volume» 10-16. Cliwiuc vol. * •
aspect. Rapprocher : unité, unique, univers, universel,
université, etc. ; former, formation, conforme,
difforme, etc.
Silhouette: vague contour, simple profil; ce mot
reproduit, par antonomase, le nom d'un contrôleur
général de Louis XV. M. de Silhouette n'administra
que pendant quelques mois les finances de l'Etat et
passa, peut-être à tort (il voulut réduire les dépenses
du roi), pour un esprit inconsistant et mal pondéré.
— Horizon : mathématiquement, petit cercle de la
sphère terrestre que limitent toutes les tangentes
issues d'un même point extérieur à cette sphère ; dans
le langage courant, limite de l'espace que peut, d'un
unique point de vue, embrasser circulairement le
regard ; ligne qui semble séparer l'un de l'autre le
ciel et la terre. — Apaisé: calmé, remis à l'état de
paix. Rapprocher: paisible, pacifier, pacifique, etc.
3. Vont: verbe de forme active, sens transitif indirect
(intransitif, d'après les anciennes grammaires).
1. En effet, etc. Il y a, dans cette phrase, trois
propositions: 1° Principale: En effet, de blancs flocons
de neige commencent à voltiger et à tourbillonner
; 2° Suborlonnée à la principale, elliptique,
compl. circonstanciel de comparaison: comme (voltige)
le duvet de cygnes; 8 ' Sub. à la précédente,
compl. déterminatif de cygnes: qu'on plumerait làhaut.
2. Qu'on plumerait : qu' (mis pour que) est un
pronom relatif, de la 3° pers. du masc. pluriel, compl.
dir. de plumerait. — On dirait que : que, ici, est
conjonction.
3. En noir ou en gris: ou, conjonction ; où est
adverbe et joue en certains cas le rôle d'un pronom
ralatif. Esemple : « Mes jambes à leur tour iront où
vous voudrez. »
Arithmétique.
Problèmes. — 1. Une ménagère veut Se rendre
compte de la pureté du lait qu'on lui fournit. Sa
boite au lait a pour contenance 24 décilitres ; elle pèse,
vide, 5 hg. 37, et, pleine de lait, 3 kg. Sachant que la
densité du lait pur est de 1,03, dire si le lait fourni
contient de l'eau, et, dans le cas de l'affirmative, quel
est le volume de cette eau.
Vérifier le résultat.
SOLUTION. — 2i dl. = 2 1. 4. Poids de 2 1. 4 de lait
pur : 1 kg. 03 x 2,4 = 2 kg. 472. Poids du lait que
contient la boîte : 3 kg. — 0 kg. 537 = 2 kg. 463, ou
2 463 gr. Différence avec le poids rationnel : 2 472 gr.
— 2 463 gr. = 9 gr Différence entre le poids d'un
litre de lait par et celui d'un litre d'eau : 1030 gr. —
1000 gr. =30 gr. Quantité d'eau que contient le lait
de la ménagère : ~ 9 = = 0 1. 3, ou 3 dl.
Vérification. — Poids de 3 dl. d'eau: 1000 gr. x
0,3 = 300 gr. Poids du lait que contient le vase :
2163 gr. Poids du vase : 537 gr. Poids total: 300 gr.
4- 2163 gr. + 537 gr. = 3 000 gr. = 3 kg.
2. Un cultivateur âchète, à. raison de 4 500 fr. l'hectare,
un champ rectangulaire de 160 m. de long sur
85 m. 40 de large. Il se propose de payer comptant
la moitié du pris d'achat, et le reste dans 5 mois, avec
les intérêts à 4 3/4 °/0 par an.
Quel est le montant de chaque versement ?
SOLUTION. — Surface du champ : 1 m® x 160 x 84,5
= 13 664 m 2 = 136 a. 64. Prix de l'are : ' • =
100
45 fr. Pris d'achat du champ: 45 fr. x 136,64 =
6 148 fr. 80. Somme payée comptant: ^ 148 fr—S0 _
3 074 fr. 40. Intérêts de 3 074 fr. 40 à 4 3/4 % ou
19 fr . 19 fr. x 3074.4 x 5
—-,— °/0 pendant 5 mois : ; — =
4 4 x 1U0 x 12
19 fr. X' 12 81
— = 60 fr. 8475, ou, commercialement,
60 fr. 85. Montant du deuxième versement : 3 074 fr. 40
+ 60 fr. 85 = 3 135 fr. 25.
SUJETS DE COMPOSITIONS 7
BREVET ÉLÉMENTAIRE 1
Orthographe.
Le soulier d'enfant.
Je ne crois pas qu'il y ait rien au monde de plus
riant que les idées qui s'éveillent dans le cœur d'une
mère à la vue du petit soulier de son enfant. Surtout
si c'est le soulier de fête, des dimanches, du baptême,
le soulier brodé jusque sous la semelle, un soulier
avec lequel l'enfant n'a pas encore fait un pas. Ce
soulier-là a tant de grâce et de petitesse, il lui est si
impossible de marcher, que c'est pour la mère comme
si elle voyait son enfant. Elle lui sourit, elle le baise,
elle lui parle. Elle se demande s'il se peut en effet
qu'un pied soit si petit ; et, l'enfant fût-il absent, il
suffit du joli soulier pour lui remettre sous les yeux
la douce et fragile créature. Elle croit le voir, elle le
voit, tout entier, vivant, joyeux, avec ses mains
délicates, sa tête ronde, ses lèvres pures, ses yeux
sereins, dont le blanc est bleu. Si c'est l'hiver, il est
là, il rampe sur le tapis, il escalaie laborieusement
un tabouret, et la mère tremble qu'il n'approche du
feu. Si c'est l'été, il se traîne dans la cour, dans le
jardin, arrache l'herbe d'entre les pavés, regarde naïvement
les grands chiens, les grands chevaux, sans
peur, joue avec les coquillages, avec les fleurs, fait
gronder le jardinier, qui trouve le sable dans les
plates-bandes, la terre dans les allées. Tout rit, tout
brille autour de lui, comme lui, jusqu'au souffle d'air
et au rayon de soleil qui s'ébattent à l'envi dans les
boucles follettes de ses cheveux. Le soulier montre
tout cela à la mère et lui fait fondre le cœur comme
le feu une cire.
VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris.
QUESTIONS. — 1. Décomposez la première phrase
en propositions. Indiquez la nature et, s'il y a lieu,
la fonction do chacune d'elles.
2. Indiquez la fonction des mots ou groupes de
mots soulignés.
3. Précisez le sens qu'ont dans la dictée les expressions
suivantes : les idées qui s'éveillent ; il escalade
laborieusement un tabouret; s'ébattent à Venvi;
fait gronder le jardinier ; lui fait fondre le cœur.
4. Quels sont, dans ce texte, les détails qui vous
paraissent les plus touchants ?
EXPLICATIONS. — 1. Il y a, dans la première phrase,
quatre propositions : 1° Principale : Je ne crois pas;
2° Sub. à la principale, complément direct: qu'il y
ait rien au monde de riant (que rien ne soit riant
au monde) ; 3° Sub. à la précédente, elliptique ;
compl. circ. de comparaison: que (sont riantes) les
idées; 4° Sub. à la précédente, compl. déterminatif
de idées : le reste de la phrase.
2. Que les idées : compl. circ. elliptique de soit
riant; voir l'analyse précédente. — Elle le voit tout
entier : tout, adverbe, modifi) entier; entier, adjectif
qualificatif, m. sing. qualifie'le pronom le, mis pour
enfant. — Gomme le feu une cire : feu est le sujet
de fond, verbe sous-entendu, et cire, le compl. dir.
du même verbe.
3. Les idées qui s'éveillent : des idées qui naissent
dans l'esprit comme celles qui succèdent à un doux
rêve, à un bienfaisant sommeil. — Il escalade laborieusement
un tabouret : escalader • signifie, dans le
sens propre, franchir un obstacle à l'aide l'une ou de
plusieurs échelles (rapprocher escale, escalier, échelon,
etc.); ici, l'auteur exagère l'idée, il nous ia présente
sous la forme d'une plaisante hyperbole : il
compare les barreaux du tabouret à ceux d'une échelle;
laborieusement veut dire avec beaucoup de labeur,
de peines, d'efforts. — S'ébattent à l'envi: prennent
leurs ébats à qui mieux mieux, semblent s'y inviter
mutuellement; envi (no pas confondre avec envie)
est de la famille des mots invire, inviter, invitation,
etc. — Fait gronder le jardinier : mécontente
le jardinier, qui murmure, qui gronde entre ses dents,
1. Mourthe-ot-Moscllo ; aspirantes.
M. AUBRIL. Cent compositions françaises du Brevet supérieur 1.25
8
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
parce qu'on lui orée de petits ennuis, parce qu'on lui
gâte son travail. — Lui fait fondre le cœur : lui
cause des émotions telles qu'il lui semble que ses
armes douces et joyeuses lui fondent le cœur, c'està-dire
attendrissent, amollissent délicieusement tout
son être, de sorte qu'elle n'a plus conscience de la
vie que dans l'immense bonheur de la maternité.
4. Détails les plus touchants : 1° les idées riantes
que fait naître, tout de suite, dans le cœur de la
mère, la vue du soulier de l'enfant ; 2° la vue du
soulier de fête, que l'enfant portait avant d'avoir
essayé son premier pas ; 3° les formes délicates de
ce petit soulier, parce qu'elles font songer à la mignonne
petitesse du pied qu'il a chaussé; 4° l'évocation
de tout ce qui caractérise la première enfance :
grâce et pureté de la physionomie, audace et gentillesse
naïves des premières manifestations de la vie
chez l'enfant, surtout quand la nature semble le
caresser et lui sourire.
Composition française.
Expliquez cette pensée d'un moraliste : « La grande
éducatrice des filles sera toujours leur poupée. »
Faites appel à vos souvenirs. Dites combien vous
aimiez votre poupée, de quels soins vous l'entouriez,
quels bons moments vous avez passés à l'habiller, à
ranger son ménage, à confectionner son trousseau.
Demandez-vous quelles leçons vous ont données tous
ces jeux à votre insu.
EXPLICATIONS. — Le sentiment. — N&. faites pas
appel à vos souvenirs de lectures; laisser parler librement,
naturellement, votre cœur. Le sommaire est
très net ; suivez-le de point en point. Ne craignez pas
de dire que votre poupée, à votre insu peut-être, vous
a donné la première intuition de l'amour et du devoir
maternels, que vous la considériez vraiment, par les
yeux de l'imagination, comme « votre fille » et qu'elle
vous a permis le charmant essai du rôle de la « petite
rnère ».
Leçons pratiques. — Cette' partie du sujet a trait
au pur sentiment. Voyez ensuite les leçons pratiques
que vous avez tirées du commerce intime avec votre
poupée : ordre, propreté, amour du travail, et spécialement
des travaux domestiques, qui doivent tenir une
si large place dans l'éducation et l'existence de la
femme.
Conclusion. — Rien de plus captivant et de pins
utile pour la fillette que le jeu « à la poupée », quand
il élimine la coquetterie, la paresse et la vanité.
Arithmétique.
Théorie. — On a à multiplier 49 par 19. Dites
ce que deviendra le produit si on ajoute une unité à
chacun de= facteurs. Tirer de cette constatation uce
règle pratique de calcul mental pour la multiplication
de deux nombres de deux chiffres, terminés l'un et
l'autre par 9.
INDICATIONS. — Soit un produit de deux facteurs
quelconque. Si l'on ajoute 1 au multiplicande, on a
à multiplier une somme par un nombre ; on peut
considérer l'opération, quand le multiplicateur est un
nombre entier, comme une addition d autant de nombres
égaux au nouveau multiplicande, qu'il y a
d'unités dans le multiplicateur. Si chacun de ces
nombres est augmenté de i. le total est, évidemment,
augmenté d'autant d'unités qu'il y en a dans le mul
tiplicateur, ce qui revient à. dire que le produit primitif
est augmenté du multiplicateur. Si l'on ajbute
ensuite 1 au multiplicateur, comme le produit doit
être à l'égard du second multiplicande ce que le
second multiplicateur est à l'égard de l'unité, le second
produit est augmenté du second multiplicateur; d'où
il résulte que le produit primitif est augmenté du
multiplicande + le multiplicateur + 1, autrement dit
de la somme des facteurs accrue d'une unité.
Dans le cas spécial qu'indique l'énoncé précédent,
le produit sera donc augmenté de 49 -f 19 + 1 ou
50 + 20 — 1. D'où cette rèffle pratique de calcul mental
: Pour effectuer le produit de deux nombres
terminés par 9, ajouter 1 à chaque facteur, faire le
produit des deux nombres obtenus (nombres exacts
de dizaines) et retrancher du résultat la somme de
ces nombres diminué de 1. On aura ici : 49 x 19 =
50 x 20 — 70 + 1 = 1 000 — 69 = 931.
Problème.;— Avec une pièce de toile blanchie, on
peut faire un certain nombre de serviettes de 0 m. 75
de longueur et il restera 0 m. 50 de toile. Si l'on
donne 5 cm. de plus de longueur à chaque serviette,
on fera deux serviettes de moins et il ne restera rien
de la pièce de toile. La toile" non blanchie a coûté
1 fr. 10 le mètre et elle a perdu de sa longueur
au blanchissage. On demande la longueur de la pièce
de toile blanchie et le prix de revient de chaque serviette,
qui mesure 0 m 80 de long, en comptant la
façon à 1 fr. 60 par douzaine.
SOLUTION. — Différence des longueurs de toile employées
dans les deux cas, si l'on suppose que le nombre
de serviettes est resté celui de la première hypothèse
; (0.75 + 0 m. 05) 2 + 0 m. 50 = 0 m. 80 x 2
+ 0 m. 50= 2 m. 10. Cette différence provient d'une
augmentation de 5 cm. de longueur par serviette.
1 x 2 10
Nombre des serviettes dans le premier cas ;
0,05
210
42. Longueur de la toile employée : 0 m,. 75
x 42 + 0 m. 50 = 32 m. Longueur de la toile, avant
le blanchissage, sachant que 20 m. de toile non blanchie
ont fourni 20 m. — 1 m. = 19 m. de toile blan
32 m. x 20
chie ; . Si la serviette mesure 0 m. 80 au
Ï9~
lieu de 0 m. 75, il n'y a plus que 42 — 2 = 40 ser-
- « -o • 4 4 i J i * -i 1 fr. 10 X 32 x 20
viettes. Prix total de la toile : —-m, =
19
37 fr. 05. Prix de la façon :
16 fr.
lfr. 60x40 lfr.60 x 10
12 — 3
5 fr. 33. Prix total de revient; 37 fr. 05
42 fr. 38
-+• 5 fr. 33 = 42 fr. 38. Prix d'une serviette :
40
i fr. OE-à, ou 1 fr. 06, à moins d'un centime
près, par excès.
Vérification. — Longueur de 42 serviettes à 0m. 75 :
0 m. 75 x 42 = 31 m. 50 ; de 40 serviettes à 0 m. 80 ;
0 m. 8 x 40 = 32 m. ; 31 m. 50 + 0 m. 50 = 32 m.
Dessin.
Dessin perspectif à vue d'une carafe et d'un verre
groupés.
Feuille 1/4 Ingres.
Librairie HACHETTE et C le , 79, boulevard Saint=Germain, Paris.
L. R O Y , directeur d'école publique.
Livret mensuel
DE CORRESPONDANCE
Entre l'École et la Famille
Suivi de notions d'hygiène scolaire, d'un dossier sanitaire de l'élève, etc.
Brochure in-iG, couverture forte ' 1 0 cent.
18 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
Chant.
L'oiselet a quitté sa branche (25 chansons en fan
-tines, par JACQUES DALCROZE).
Occupations manuelles.
Confection d'un balai. — Choisir un groupe d'aiguilles
de pm de la même longueur ; les lier solidement
ensemble, 4out près du bout par lequel elles tenaient à.
a branche. Introduire par force au milieu des extrémités
'liées un petit morceau de bois qui sera le
manche'.
Jouer à la marchande d'aig uilles. — Préparer
les aiguilles à vendre en les piquant à intervalles réguliers
sur de longs rectangles de papier, de la façon
dont sont piquées les épingles vendues dans le commerce.
Modelag-e. — 1° Une branche de pin : entourer
de pâte un bout de bois et rouler entre les mains
jusqu'à ce que la pâte forme un cylindre allongé à
peu près régulier. Avec une latte ou l'ébauchoir,modeler
les écailles de l'écorce. Planter les vraies
aiguilles à l'extrémité de la branche en observant
bien les dispositions des aiguilles sur la branche naturelle.
2. Un arbre en pot: modeler un pot à fleur plein.
Piquer une pomme de pin sur un petit bâton pointu
et planter dans le pot. Si on peut peindre en vert la
pomme de pin, en brun le pot et le bâtonnet, l'effet
sera plus joli.
Frises. — 1° Enduire de colle ou de résine les
aiguilles de pin et les appliquer tn cioix juxtaposées
sur du papier fort ou du carton. On peut colorier les
losanges compris entre les croix. D'autres dispositions
sont à chercher.
MORALE
A L'ECOLE PRIMAIRE
Flèches de tout bois.
Peu à peu. — Tout à, coup.
Voici deux expressions du langage courant. Elles
se retrouvent sur nos lèvres tous les jours. Lorsque
vous décrivez une scène à laquelle vous avez assisté,
ou que vous expliquez à quelqu'un comment il doit
s'y prendre pour exécuter un travail, vous avez tour
à tour recours à ces deux expressions : peu à peu, —
tout à coup.
Il existe entre elles un contraste. La première
définit les actions lentes, la deuxième les événements
brusques. Le soleil qui se lève ou se couche est une
imagefidèledecequisefaitpeuà peu. Ceux d'entre vous
qui ne dorment pas trop longtemps le matin ont pu
assister au lever du soleil. Ce n'est pas un spectacle
pour impatients. Le spectacle est beau, mais le
plaisir de l'observer dure assez longtemps. D'abord,
on remarque vers l'est une pâle et vague lueur
blanche, cette lueur grandit, rosit, envahit tout
l'orient. Mais le soleil ne paraît toujours pas. Les
gens pressés pourraient lui dire : allons donc, dépêchetoi
de surgir, ou je m'en vais. Mais le soleil ne hâtera
pas pour cela son lever et c'est heureux, car si le
soleil faisait un bond pour complaire à ces esprits
qui le pressent et le conjurent de se dépêcher, il y
aurait un cataclysme universel. Lentement enfin le
roi du jour monte au-dessus de la ligne de l'horizon
et tout le jour, en sa course, il reste fidèle à sa
devise : peu à peu.
I 2° Pour la leçon sur le sapin, on
peut faire découper des silhouettes
dans le genre de celle-ci (fig.),puis
les faire coller en frise et colo- .. ,
rier. V ^ r'
Dessin.
D'après nature. — Des aiguilles
de pin dans diverses positions. —
Une branche de pin. — Si la leçon sur le sapin a
été faite, faire dessiner une branche de sapin et une
branche de pin, après avoir bien insittè sur les 'dispositions
différentes des aiguilles sur la branche.
Calcul.
La notion du 3. — Compter lentement 3 enfants,
3 chaises, 3 balles, 3 crayons, etc.
Montrer 3 doigts. Montrer 3 paires d'aiguilles de
pin ; 3 aiguilles (les enfants aidés par la maîtresse
trouveront qu'il faut séparer deux aiguilles pour en
ajouter une à une autre paire). Disposer les aiguilles
par groupes de 3 ; les dessiner par groupes de 3.
3 enfante apportent chacun une aiguille ; combien
d'aiguilles ? Mettre sur la table 2 aiguilles attachées
et une aiguille seule ; combien? Il reste dans la
boîte une aiguille toute seule ; Jean vient y mettre
une paire d'aiguilles : .combien y en a-t-il maintenant
? Apprendre de même 3 — 1 = 2 ; 3 — 2 = 1;
3 — 3 = 0.
J'ai 3 enfants ; apportez-moi assez d'aiguilles pour
que chacun en ait une.
Louise a rempli 3 sacs d'aiguilles ; si on lui donne
un sou par sac, combien aura-t-elle de sous? De
3
même g = 1.
J'ai 2 aiguilles ; puis-je en donner une à chacun de
ces 3. enfants ? — En cassant en deux quelques
aiguilles de pin pour obtenir des petits morceaux,
on pourra dessiner le 3 ainsi
La notion du 4. — Même procédé que pour le 3.
4
Insister sur 2 x 2 = 4 e t g = 2. Faire disposer 4 ai
guilles de toutes les manières possibles et les compter
séparément, puis par groupes: 2 et 2, 4 ; 1 et 3, 4;
3 et 1, 4. . M. S.
Tout autre est l'éclair. Il jaillit instantanément de
la plus noire obscurité et disparaît de même, t.out à
coup. Tout en lui est inattendu et c'est le cas de le
dire : foudroyant. Ses ravages sont terribles; ce
n'est pas par minutes, c'est par dixièmes et centièmes
de secondes que se calcule son action. Cependant, si
l'on veut bien observer de plus près la façon dont
naît l'éclair, il faut reconnaître que s'il éclate avec
soudaineté, il se prépare lentement. C'est peu à peu
que s'amasse l'électricité, pendant des jours et des
heures. Sa lumineuse et bruyante manifesta'ion dans
l'éclair et le tonnerre se doit tout entière à cette
préparation sans bruit et que nul souvent ne remarque.
— Ceci nous fournit une première réflexion
pourles amis du «toutà coup », dontsûrement plusieurs
nous écoutent. Tout à coup c'est impressionnant,
cela frappe et séduit, cela se fait remarquer, car cela
sonne et reluit. Le tout à coup éblouit la galerie et
remplit d'admiration les yeux des spectateurs. Aussi,
les enfants qui aiment aller vivement et affectionnent
les procédés expéditifs, sont-ils amateurs des allures
rapides, des effets instantanés et des événements foudroyants.
Souhaiter une chose et la voir se réaliser
sans tarder ; faire un plan et l'exécuter immédiatement,
commencer et finir presque en même temps,
cjuel rêve ! Plusieurs aiment la science ; mais i condition
de devenir savants tout à coup ; la musique
leur plaît infiniment, mais ils voudraient l'apprendre
par des procédés accélérés. D'autres aiment l'argent,
mais gagné rapidement. A cette soit' de réaliser,
posséder, progresser aussi vite que possible,répondent
les promesses de ceux qui savent que chacun croit
volontiers ce qu'il désire avec ardeur. Méthodes pour
LECTURE : GABET et GILLARD, Nouvelle méthode de lecture. 1 vol . . 60 C»
apprendre les langues en quelques semaines; recettes
pour guérir les maladies en quelques jours ; conseils
pour faire fortune en quelques années. Tout cela
s'offre aux impatiences faciles à tromper. Mais la
vérité est que les maladies, si elles se guérissent,
se guérissent peu à peu; que l'argent en général se
gagne lentement et que tout savoir ne s'acquiert
qu'à la longue. La nature et la vie des hommes,
nous répètent les patientes et bonnes leçons du peu à
peu. Les brouillons, les fous, les écervelés, veulent
entreprendre tout à la fois et visent les résultats
rapides. Les sages vont lentement et sûrement. Avec
le peu à peu on arrive à réaliser des merveilles
absolument impossibles à réaliser tout à coup. Lorsqu'il
s'agit de percer un tunnel, chacun sait que c'est
une œuvre de longue haleine. Une formidable chaîne
de montagnes sépare deux pays et rend leurs relations
difficiles. Pour parvenir de l'un de ces pays dans
l'autre, il faut faire de longs détours. On voudrait
aller plus vite. Que faut-il se résigner à. faire ? — Il
faut se résigner à percer un tunnel. C'est-à-dire que
pour aller plus vite, un jour, il faut d'abord aller
plus lentement. Le moindre piéton peut aller d'un
pays à l'autre à pied et par petites journées, plus
rapidement que ne vont y aller ces hommes qui grattent
la terre, enlèvent coup de pioche après coup de
pioche, et coup de mine après coup de mine, des
couches de terre et des fragments de rocher. Que
tout cela est long, lent, pénible 1 Un jour, lorsque
le tunnel sera percé, des trains y passeront en transportant
les voyageurs comme par enchantement de
France ou de Suisse, en Italie, par exemple. Mais de
qui ce glorieux tout à coup est-il l'enfant ? N'est-ce
pas qu'il est l'enfant du modeste et laborieux peu à
peu t
Tous ceux qui savent quelques bribes de mécanique
peuvent citer des exemples des merveilles du peu à
peu. La force se décuple et se centuple dans la presse
hydraulique, mais peu à peu. Avec un cric qui marche
bien un homme peut soulever un bloc de pierre
énorme, un wagon pesant plusieuri tonnes. Tout
levier est une application du peu à peu. Une autre
application est la scie. Une mince lame d'acier dentelé
se fraye un chemin à travers le cœur d'un
chêne. De l'eau, tombant goutte à goutte sur une
pierre, si dure soit-elle, finit par l'user et la percer.
Le peu à peu a le secret de toutes les inventions, de
toutes les découvertes. Si elles éclatent dans le public
comme des nouveautés retentissantes, elles se sont
lentement préparées dans les laboratoires où les
expériences se font peu à peu, avec un scrupule et
une patience héroïques. Entre le peu à peu et le tout
à coup il faut faire son choix
Dans certaines circonstances, mieux vaut agir
virement. Ainsi, je ne conseille pas aux enfants, ni
a personne, de se lever peu à peu, avec une sage, et
prudente lenteur. Ils risqueraient de se rendormir,
Mieux vaut sauter du lit. Se faire arracher une dent
très lentement serait peut-être un moyen de souffrir
davantage: arrachez-nous cela aussi vite que possible.
Une action décidée, rapide et courageuse est souvent
une condition de succès. Mais prenez y garde I Pour
agir vite à l'heure décisive, il est nécessaire d'être
prêt et toute préparation généralement ex : ge du temps
et de la patience. On n'improvise pas les grandes
actions, pas plus qu'on n'improvise les fruits sur
les arbres. L'acte est un fruit. Vous pouvez cueillir
une pomme vivement : elle a fleuri et mûri lentement.
Enfin, il est une image par laquelle je désire
avertir les gens qui s'imaginent que plus on va vite,
mieux cela vaut, et cette image, c'est l'escalier. Yous
voulez monter au sixième étage d'une maison. Franchir
la distance d'un seul coup est impossible : degré par
uegré, par l'escalier, vous y arriverez. Si vous avez
à descendre, c'est différent, vous pouvez descendre
a un seul coup : mais je vous conseille tout de même
de prendre l'escalier, car s'il est plus expéditif et
plus rap de de sauter par la fenè re du sixième, il est
plus sûr de descendre les escaliers pas à pas, peu à
Peu et chacun sait pourquoi.
CHARLES WAGNER.
PARTIE SCOLAIRE 19
LANGUE FRANÇAISE
— COURS ÉLÉMENTAIRE =====
VOCABULAIRE. — L'automne.
GRAMMAIRE. — Le nom et le verbe.
ORTIIOORAPHE. — Noms sujets au pluriel. — Terminaisons
s, n, nt. •>
***
Elocution et vocabulaire.
{Peut servir pour les 3 cours.)
Observation.
Ce que l'on sent.
Il fait moins chaud, la température est plus fraîche.
— Le vent est vif, dur ; les bourrasques. Le brouillard
est froid, épais ; on frissonne.
Ce que l'on voit.
L'ÎS feuilles jaunissent, tombent; elles couvrent,
elles tapissent, elles jonchent le sol ; le vent les roule
dans les fossés. Elias s'entassent; elles sont noires,
elles pourrissent.
Le feuillage se colore, s'empourpre, se dore.
Les arbres sont chargés de fruits. — Les branches
plient. —Les fruits mûrissent, se gonflent de suc. Ils
sont vermeils, dorés, appétissants, succulents. Ils
tentent les enfants. On cueille les mûres, les prunolles
dans les haies.
Les champs sont nus, dépouillés ; les fleurs sont
rares ; les prés reverdissent ; les ruisseaux, les mares,
les ètaugs se remplissent ; les pluies tombent ; les
eaux se troublent, jaunissent ; elles charrient le
limon, les feuilles mortes, les brindilles desséchées.
Les oiseaux émigrent, les hirondelles se rassemblent,
s'envolent.
Le travail.
La récolte des pommes de terre ; les tiges noircies
; le cultivateur courbé ; les hoyaux ouvrent les
sillons ; les tubercule? apparaissent ; les charrettes
roulent lourdement; les tombereaux se vident...
La récolte des marrons ; les bogues épineuses, ouvertes
; les coques luisantes; les nèfles blettes; les
pêches veloutées.
La vendange, le vignoble, les ceps noirs, tortus, les
sarments flexibles, les graphes dorées ou vermeilles ;
les raisins ; les joyeux vendangeurs ; les hottes remplies,
les serpes, les sécateurs.
Les semailles, le semeur, la semence, les guérets,
les labours.
La chasse, le gibier traqué ; le chasseur adroit ; le
chien qui flaire, le nez au vent ; la gibecière garnie ;
le fusil en bandoulière ; l'équipement, les bottes, le
gros drap ; la casquette, la cartouchière.
e que l'on entend.
La pluie crépite,, le vent siffle, hurle, mugit, les
branches mortes craquent, le bruissement des feuilles;
les cris des chasseurs, l'aboiement des chiens, la
détonation du fusil.
Raisonnement.
que l'on sait.
Les jours pluscourts ; les nuits pluslongues; l'équinoxed'automne
; l'automne succède à l'été ; il précède,
il annonce l'hiver. — La fin de jolies choses : feuilles,
fleurs. — L'idée de la mort. — La tristesse, la mélancolie.
ORTHOGRAPHE. — Faire copier les mots dont l'or"
thographe présente quelque difficulté.
**»
Vocabulaire, Grajaruaire.
I. Chercher le verbe qui convient pour former les
phrases suivantes :
Verbes.— Détacher, tomber, rouler, décomposer,
ruisseler, crépiter, entraîner; gonfler, pencher ;
lever ; enfoncer, arracher.
La feuille se ... de la branche; elle ... sur la
route ; le vent la ... dans, les fossés ; elle se ...
La pluie ... sur les vitres; elle ... sur les toits ;
elle ... le sable ; elle ... le ruisseau.
LECTURE EXPLIQUÉE : GuëCHOT. Premier livre, Cours élémentaire co^smo^n""! 6 . 1 '? h »
20 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
Grammaire et orthographe. — Ecrire les phrases
au pluriel.
II. Verbes en ir. — Singulier en it ; pluriel en
issent.
Le vent mugit; le nuage s'assombrit; la source
jaillit ; la feuille jaunit; la prunelle mûrit: la grappe
rougit ; le sarment fléchit ; la nèfle s'amollit ; le pré
reverdit ; la tige noircit ; le tombereau se remplit ;
une détonation retentit ; le chasseur bondit.
Ecrire les phrases au pluriel.
Analyse : vent, nom, sujet du verbe mugit ; nuage,
nom, sujet, etc...
III. RECHERCHE DO SC.TET. — Les feuilles jonchent
le sol. Les enfants; se barbouillent de mûres. Les
champs se dépouillent de leurs récoltes. Les rivières
charrient du limon. Les hirondelles émigrent. Les
hoyauoo soulèvent les tubercules. Les roues creusent
des ornières. Les sécateurs détachent les grappes.
Les chiens flairent la trace du gibier. Les jours sont
égaux aux nuits à l'équinoxe.
Ecrire les phrases au singulier.
Analyser les noms sujets.
Dictées de récapitulation.
I. —Voici l'automne. Les feuilles des arbres jaunissent.
Le vent les détache ; elles tombent doucement',
elles jonchent la route. La bourrasque les balaie dans
les fossés. Les fruits mûrissent; les pommes se
dorent, les sarments de la vigne fléchissent sous le
poids des grappes. Les vendangeurs arrivent en chantant
dans les vignobles. Ils chargent leurs hottes de
raisins. '
EXERCICES. — I. — Mettre un point sous chaque
verbe et deux points sous le sujet. — Pourquoi les
feuilles tombent-elles doucement ? Pourquoi les vendangeurs
chantent-ils ? A quelle saison succède l'automne?
Quelle saison précède-t-il?
IL — L'automne est la saison des fruits. Le raisin,
_ les pommes, les poires, ies pêches, les marrons mûrissent.
Les tiges des pommes de terre jaunissent, noircissent,
et tombent sur les sillons. Les charrettes, les
tombereaux roulent lourdement vers les champs. Les
récoltes s'entassent dans la cour de la ferme. Puis le
cultivateur laboure, herse, sème, prépare une prochaine
moisson.
III. — Analyser les sujets des verbes indiquant une
action : raisin, sujet de mûrissent, etc.
Récitation.
Retour du labour.
INDICATIONS. — Avant de lire le morceau, l'expliquer
:
Principe : Les idées avant ies mots.
L'autre soir, un fermier revenait du labour. Il avait
travaillé toute la journée, il était fatigué. Vous devinez
comment il marchait? — Lentement. — Oui, et,
comme le soir tombait, il songeait... A quoi? — A son
travail. — Peut être; et puis, quand le soleil s'éteint,
que la nuit vient, on se sent, parfois, un peu triste...
on ne sonue pas à rire. On est? — SérieuxI — Oui,
grave comme on dit encore.
Il avait labouré son champ avec une mule. Il la
menait boire. Vous savez où? — A l'abreuvoir. —
Bien. Tout à coup, il aperçoit là-bas, un enfant qui
accourt vers lui, les bras tendus, heureux de revoir
son papa. Si heureux qu'on aurait dit que pour lui.
c'était une fête de l'embrasser. Et le pauvre petit
marchait à peine; comme il était tout petit encore, il
parlait difficilement, il prononçait mal, il bégayait.
L'entendez-vous? Il dit : «Papal Donne! Je veux
mener le cheval. » Le cheval, pour lui, c'était la
mule, n'est-ce pas? Et le papa sourit; et il donne au
petit bonhomme le bout de la corde. Les voilà partis,
tous les trois. Vous savez comme on appelle une réunion
de trois écoliers ? — Un groupe. — Le papa, la
mule, le marmot, formaient un groupe, aussi. Croyezvous
qu'ils allaient aussi vite que tout i l'heure, le
papa et la mule? — Non, le petit garçon n'aurait pas
pu les suivre. — Ils étaient donc plus lents. Les
voyez-vous ? Qui marche en avant? — L'enfant. —•
C'est cela, tenant la bride dans sa main. Et la bonne
bête le suit, docile. Pourtant elle est bien plus grande,
bien plus forte... Elle pourrait échapper au bambin.
Mais il semble qu'elle se plaît à lui obéir, comme si
elle sentait que ce pauvre enfant est bien petit, bien
faible. Et un être faible, petit, qui n'est point méchant,
qui n'est point orgueilleux, qui paraît ne songer
qu'à sa faiblesse, qui n'a pas l'idée de faire le
mal, qui ne songe même pas à ses qualités, on dit
qu'il est humble.
Bien humble, en effet, le pauvre petit, mais bien
content de mener la mule. Aussi il rit, mais ses pieds
maladroits heurtent les pierres: il trébuche; il se
penche. Va-t-il tomber, va-t-il se retenir? On dirait
qu'il ne sait pas, qu'il n'est pas sûr, pas atrtain du
chemin qu'il doit faire ; ses pas sont incertains. Quand
on ne sait pas quoi faire, on hésite. Tout
— pluies, gonfler; — rivières, charrier; — hoyaux,
ouvrir ; — tubercules, remplir ;,— chien, traquer.
II. —Avec les noms et les compléments indirects
donnés, construire des propositions.. (Recherche du
verbe.)
Feuilles, fossés; — sarnrunts, poids; — près,
pluies ; — oiseaux, contrées ; — hirondelles, toits ; —
tiges, sillons; — vendangeurs, Ceps ; — pluie, vitres;
— branches, pieds; — cris, forêts; — automne, été.
Verbes. — Entasser, plier, reverdir; émigrer ; se
rassembler ; s'affaisser ; s'empresser ; crépiter ; craquer;
retentir, succéder.
Ecrire ces propositions au futur. — Analyser les
compléments.
III.— Conjuguer au présent, à l'imparfait de l'indi"
catif et au futur, les verbes :Préparer la vendange >
aiguiser les serpettes; détacher les grappes; charger
les hottes ; vider les raisins dans les cuves ; fabriquer
le vin. (Changer de verbe à chaque personne
: Je prépare la vendange, tu aiguises les serpettes,
etc.)
IV. —Etude étymologique de quelques mots :
Feuille ; arbre ; fruit ; vin ; semeur.
Feuille : feuillet, feuillage, feuillir, feuillée, feuilleter,
feuilleton, foliole, effeuiller, effeuillage. »
Arbre:.arbrisseau, arbuste; arborer; arborescent;
arboriculteur, arboriculture.
Fruit: fruitier, fruiterie; fructueux ; fructifier ;
fructidor ; fructifère ; frugal; roment.
Vin: vineux ; vinette ; vinasse ; vinaire; vinaigre ;
vinaigrier; vinaigrette; vigne; vigueron ; vignoble;
viticulteur.
Semeur: semaille ; semence; semis; semoir;
séminaire, ensemencer, disséminer, ensemencement.
Dresser la liste de ces mots.
•Faire entrtr les mots en italiques dans une phrase.
Dictée de récapitulation.
Un brouillard épais flotte au-dessus de la plaine. Il
enveloppe las haies de vapeurs grisâtres. Il dépose
sur les feuilles jaunies, sur les fruits mûris, sur les
pêches veloutées, comme sur les prunelles bleuies, un
fia réseau de rosée. Les peupliers élancés émergent
au-dessus de la brume.
C'est l'automne. Il déroule son riche manteau de
pourpre et d'or sur la terre qui meurt.
Mais le vent dépouille les arbres de leur parure aux
teintes éclatantes. Les feuilles mortes jonchent la
route. Des bourrasques les soulèvent : elles tournoient,
elles retombent, elles roulent dans les fossés.
Les campagnes se dépouillent et les bocages se dépeuplent.
Les charrettes plient sous le poids des
récoltes. Les oiseaux se préparent à partir. Les
hirondelles s'alignent en noirs cordons sur la crête
des toits.
Mille bruits s'élèvent : sur le coteau, les rires et les
gais propos des joyeux vendangeurs annoncent la
fête des pampres : dans la plaine, le laboureur excite
son cheval, des coups de fusil éclatent; un bruissement
de feuilles sèches annonce la fuite éperdue d'un
lièvre effarouché.
1. — Expliquer : les pêches veloutées ; émerger ;
bourrasques ; bocages.
2. — Qu'est-ce que ce riche manteau de pourpre
et d'or ?
3.— Pourquoi dit-on qu'en automne la terre meurt ?
4- —« Rechercher et analyser les compléments du
verbe dans les quatre premières phrases.
5- — Quelles idées exprime la phrase : Il déroule
sonriche'manteau, etc. ? Quelle est l'idée principale?
. Exprimer ces deux idées en deux phrases distinctes.
(Il déroule son riche manteau de pourpre
et d'or sur la terre. Ln terre meurt.)
Montrer l'utilité, le rôle du mot qui.
Dictée »à étudier.
II. — Les marrons d'Inde.
Le soleil levant crible de rayons obliques le feuillage
des vieux marronniers et y jette mille taches de
clarté. Par instants, le large souffle du vent automnal
secoue et tord les ramures, leur arrache de longs et
PARTIE SCOLAIRE 21
puissants soupirs. Et les fruits do tomber. Clocl cloc!
clocl Sur le gazon de la pelouse, sec et brûlé par la
torride canicule, sont éparses des feuilles sèches,
nombreuses comme des taches de rousseur sur la
peau. Les coques vertes et épineuses font explosion
en touchant le soi : les marrons sautent et roulent
de toutes parts. L'un d'eux vient rouler à mes pieds.
Il est très gros ; froid au toucher, luisant comme
J.'acajou. L'admirable fruit! Quel dommage qu'il soit
inutile I — F . COPPÉE.
Exercices.
1. — Pourquoi dit-on que le soleil" crible le feuil-
?
Quand soupirez-vous ? — Expliquez : leur arrache
de longs et puissants soupirs.
Relevez dans le texte une comparaison à la fois
exacte et frappante (nombreuses comme des taches
de rousseur, etc.). Copiez-la sur votre-cahier de notes.
Remarquez-vous une description des marrons
d'Inde faite en quelques mots ? (11 est très gros, etc.)
Copiez-la sur votre cahier de noies.
2. — Expliquez : la canicule. (La racine de canicule
est canis : chien; canicule, petit chien. Un
groupe de sept étoiles, une constellation représente
un peu le museau d'un chien. L'une de ces étoiles,
très brillante, est Sirius, Du 24 juillet au 26 août,
Sirius. apparaît le matin en même temps que le soleil.
Or, à ce moment de l'année, il fait très chaud.
La canicule désigne d-rnc la grande chaleur de cette
époque. Torride : brûlante.
3. — Analyser : rayon ; feuillage ; — soupir; gazon,
pieds.
4. — Citer les propositions de la deuxième phrase.
5. — Rétablir la phrase : Sur le gazon de la pelouse,
etc., dans l'ordre logique.
Rechercher un verbe SDUS- entendu dans cette
hrase : comme des taches de rousseur sur la peau.
reuses. — A quoi sert le mot comme?
E
Récitation.
III. L'automne.
A toute autre saison, je préfère l'automne ;
Et je préfère, aux chants des arbres pleins de nids,
La lamentation confuse et monotone
Que rend la harpe d'or des grands chênes jaunis.
Je préfère aux gazons semés de pâquerettes
Où la source égrenait son collier d'argent vif,
La clairière déserte, où, tristes et discrètes,
Les feuilles mortes font leur bruit doux et plaintif.
Plus de moissons aux champs ni de foins aux vallées,
Mais le stigle futur rit sur les bruns sillons,
Et le saule, penchant ses branches désolées,
Sert de perchoir nocturne aux trileux oisillons.
Et, depuis le ruisseau que recouvrent les aunes.
Jusqu'aux sommeis où, seuls,les ajoncs ont des fleurs,
Les feuillages divers qui s'étagent par zones
Doublent le chant des bruits do l'hymne des couleurs.
Et les pommiers sont beaux, courbés sous leurs fruits
[roses,
Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins noirs,
Mais plus beaux, s'écroulant sous leurs baugues décloses,
Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs.
F. FABIÉ.
Exercices.
Expliquer lamentation confuse et monotone.
Lamentation, plainte. Lamentation confuse : lamentation
qui ne se distingue pas nettement des bruits
environnants. Lamentation monotone : lamentation
toujours la même, sur un seul ton (mono : un).
La harpe d'or des grands chênes jaunis. Une harpe
est un instrument de musique à cordes. En pinçant
les cordes, on obtient des sons très doux.
Le feuillage des chênes fait entendre aussi, sous
l'action du vent, une sorte de musique, dont la douceur
peut se comparer à celle de la harpe. Ils sont
jaunis : d'où l'expression harpe d'or.
La source égrenait son collier d'argent vif. — On
égrène un collier quand on en enlève les grains un à.
LE Cl I JRE : Miles ISELIN et CŒUR. Petit livre de lectures enfantines. toCourTéléTentalr^! 75 C.
22 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
un. Si l'on compare la source à un collier, devinezvous
ce qui formera les grains?... Mais les gouttes
d'eau. Et vous savez comme elles sont brillantes,
comme elles ètincellent quand la lumière du soleil
vient les frapper.
La clairière déserte, etc. — Une clairière est un
endroit de la foret où les arbres sont plus espacés,
plus clairsemés. Les feuilles mortes, en tombant, ne
l'ont qu'un léger bruit, doux comme une plainte.
Nous imaginons d'ailleurs facilement qu'elles se
plaignent en tombant puisqu'elles meurent. Mais
comme ce bruit est très faible, il ne trouble, il ne
dérange personne : elles sont discrètes.
Le seigle futur rit sur les bruns sillons. — Le
seigle est semé ; il enveloppe les sillons, les guérets
bruns d'un tapis vert, qui réjouit l'œil, qui semble
rire. Est-ce du seigle ! Non, si l'on veut, puisque ce
n'est pas une plante complète : cette herbe si courte
ne sera de seigle que quand elle aura grandi, poussé
une tige, des épis, des fleurs... comme un enfant ne
devient un homme qu'après un certain âge : et donc
c'est bien, du seigle futur, comme l'enfant est un futur
citoyén.
Et le saule, etc. — Une variété de saule a des
branches qui s'élèvent, puis se recourbent et retombent.
On l'appelle le saule pleureur. Si ses
branches pleurent, elles ont de la* peine, elles sont
dèjolées.
La nuit, les oisillons frileux viennent y percher !
d'où l'expression : perchoir nocturne.
Les feuillages divers, etc. — Les arbres n'ont pas
le même feuillage. Les mêmes arbres se trouvent à la
même hauteur sur les collines ouïes montagnes. Audessus
et au-dessous il s'en trouve d'autres ; ainsi les
diverses essences d'arbres se succèdent de bas en
haut, comme les étages d'une maison : ils s'étagent.
Et ceux de la même espèce, étant situés à la même
hauteur, se groupent par zones. Au bas de la colline,
le ruisseau murmure ; le vent fait vibrer la
harpe d'or des chênes ; les oiseaux gazouillent : voilà
des bruits qui font plaisir à l'oreille, qui s'harmonisent
comme des chants, et qui s'élèvent au-dessus
de la colline, semblent la couvrir, l'envelopper.
Au-dessous de l'étoffe où votre veste est taillée on a
cousu une seconde étoffe qui la double.
Au-dessous des chants'variés qui enveloppent la
colline se trouvent les couleurs diverses des arbres
qui la couvrent : et ces couleurs font aux chants
comme une doublure. Et elles se fondent aussi, elles
plaisent à l'œil comme un chant agréable, plaît à
l'oreille; elles forment une harmonie, comme un
chant, un hymne.
Et beaux les ceps sanglants marbrés de raisins
noirs. — Les feuilles de la vigne, à l'automne, sont
d'une couleur rouge vif, comme le sang. D'où : les
ceps sanglants. Au milieu de ces feuilles apparaissent
les grappes noires qui forment comme des plaques
sur le fond rouge. Et ces plaques, ces taches noires
rappellent celles que présente le marbre.
Les baugues décloses. — Les baugues sont les enveloppes
de marrons; les baugues décloses : les baugues
ouvertes.
Les châtaigniers vêtus de la pourpre des soirs. —
Le châtaignier s'élève, haut et large. En arrière,
apercevez-vous le soir, le ciel rouge, pourpre? Cette
rougeur l'environne, semble le. vêtir.
**.
Rédaction.
Observation de quelques actions.
I. — Les pommes de terre.
Voyez votre père (ou une autre personne), au jardin
ou aux champs, arracher des pommes de terre.
Où il est. — Le corps; les jambes. — Son outil,
comment il le tient. — Premier mouvement : voyez
l'outil. — Deuxième mouvement : ce que fait le hoyau.
— Maintenant, regardez la terre du sillon, les tiges,
les^tubercules. — Le papa; son outil; sa main; ce
qu'elle jette, où? — Nouveaux mouvements: delà
main, de l'outil. — Autre geste. — En avant 1
II. — Il pleut!
Il pleut au dehors. — A la maison; vous êtes
assis devant un bon feu. Votre frère rentre avec son
parapluie. Regardez bien ses actions et décrivez-les.
SUJET TBAITÉ. — Il pleut. La pluie crépite sur le
toit. De larges gouttes s'écrasent et ruissellent sur lo
carreau de vitre.
Tranquillement assis près de la cheminée, je regarde
la flamme rouge qui danse au milieu du foyer.
Tout à coup, la porte s'ouvre violemment et une
voix se fait entendre : « Quel mauvais temps! » Je
tourne la tête. Mon frère Emile paraît sur le seuil.
Il tient le manche de son parapluie de la main droite.
De la main gauche, il appuie sur le ressort four
abaisser les baleines. L'eau dégoutte sur le plancher.
Vivement, il achève de fermer le parapluie et le pose
dans un coin. Il pousse la porte et s'avance vers la
cheminée. Il tend vers la flamme ses deux mains
rouges et humides. Ses souliers laissent sur les carreaux
propres une empreinte boueuse. Il prend une
chaise et s'assied, les jambes allongées, les semelles
de ses chaussures tournées vers le feu.
Bientôt il murmure : « Il fait meilleur ici que dans
la rue! »
= = = = = COURS SUPÉRIEUR = = = = =
Vocabulaire.
Automne.
I. Etude étymologique des mots du vocabulaire.
(Voir cours moyen.)
II. Etude de quelques expressions.
Expliquer les expressions : feuille de route; arborer
un pavillon; les fruits de la terre; le fruit du
travail; les fruits de la paix; vin d honneur; pot
de vin; œnologie ; œnophile; répandre la bonne semence.
La vendange.
La vendange sur les coteaux mosellans a la beauté
d'une fête antique. Par les chemins, s'avance le Silène
pansu, à califourchon sur son âne, qu'il fouette
d'un pampre. Des enfants barbouillés grimpant derrière
les cuvelles pour voler du raisin. Au coin d'un
pré, un vigneron foule les grappes, debout sur un
chariot, du soleil p : ein les yeux, la face épanouie
d'un large rire : le rire des bonnes années. Des pulpes
écrasées et des pépins sont collés à ses jambes
velues, et des guêpes, l'abdomen cerelé d'or, tourbillonnent
autour de la cuve. L'homme se'baisse et enfonce
une pelle de bois dans l'amoncellement des
grappes noires, et le moût gicle, ruisselle, et lèche
de son flot écumeux les douves de la cuve teintée de
pourpre.
Les bandes de vendangeurs se sont dispersées dans
les vignes. Une femme a suspendu sa camisole au
bout d'un échal.as; le haillon rouge tire l'œil et claque
au vent comme un drapeau; et quand le soir
vient, des bandes d'étoumaux s'abattent du .ciel,
comme une trombe de grêle; on les entend jacasser
au ras du sol dans l'épaisseur des ceps.
A la nuit tombante, les chariots rentrent, leurs
charpentes desséchées grinçant à chaque cahot. Des
femmes suivent, portant des sarments chargés de
grappes. On accrochera ces branches aux solives du
plafond, et les raisins fripés se conserveront jusqu'au
cœur de l'hiver. Des cuves débondées coule le flot
boueux, qu'on tamise dans des panitrs d'osier, pour
faire le vin gris. Et le moût sucré poisse les mains,
barbouille les faces, répand au fond des logis une
odeur vineuse. — EMILE MOSKLLY.
Exercices.
1. Recheycher le nombre et la nature des propositions
contenues dans les phrases écrites en caractères
italiques... (
Indiquer la fonction des propositions subordonnées.
Montrez comment elles sont reliées à la principale.
2. Expliquer les mots : mosellans (coteaux de la
Moselle); Silène (père nourricier du dieu du vin :
Bacchus, ici un vieux vigneron, la face enluminée,
bedonnant, sur son ânfe); Califourchon (racine :
GRAMMAIRE • DllSSOUCHET. Grammaire enfantine illustrée. Un vol. in-16, cart. . . • 4 0 C»
fourche : une jambe à droite, une jambe à gauche de
l'âne, ma:is jetées sans attention; Pampre (sarment
de vigne avec ses feuilles) ; Pulpe (la chair molle des
fruits; fripés (chiffonnés).
3. Que signifie : la beauté d'une féte antique?
Fêles antiques : fêtes organisées par les Grecs,-"en
plein air, sous un beau ciel, et qui étaient caractérisées
parla simplicité, l'élégance, l'ordre et l'harmonie.
Le rire des bonnes années : le rire qui naît de
la satisfaction qu'éprouve le vigneron en présence
d'une bonne vendange.
4. Rechercher des mots de la famille de califourchon
: fourche; fourchée, fourchet, fourchette, fourchettèe,
fourchu, fourgon, fourgonner; enfourcher;
bifurquer, bifurcation.
5. Relever les ejpressions pittoresques du texte.
***
Composition française.
I. — L'ouverture de la chasse. — La journée du
chasseur.
1. Le dépari (songez à la joie impatiente du chasseurs).
— Montrez ses préparatifs : costume; fusil;
voyez le chien; ses bonds, ses jappements.
2. En route : ne décrivez pas un paysage imaginaire
; songez à un coin du pays que vous connaissez;
voyez-y le chasseur et le chien ; recherchez les détails
intéressants ; faites-nous voir le chasseur, l'œil aux
aguets, l'oreille attentive, battant les buissons. Ecoutez
les bruits qu'il entend. Montrez aussi le chien,
courant, flairant, le nez à terre, revenant sur ses pas,
hésitant, repartant; entendez les voix, les encouragements
du chasseur.
3. Tout à ooup : aboiements; bruissement de feuilles
remuées; apparition d'un lapin (monfrez-le : pattes
allongées, oreilles dressées; ventre à terre); observez
le chasseur, son émotion (où elle se lit : les
yeux, le teint); en joue: la détonation, le nuage de
fumée. Malheureux lapin : cuibute, le chien (il rapporte
à son maître). Dans la gibecière.
4. Suivez le chasseur à travers champs, haies et
buissons : agilité, fatigue, satisfaction ou dépit.
5. A quoi il ne songe pas : massacrer ainsi des
animaux inoffensifs, n'est-ce point un jeu barbare?
Tâihez de voir en quoi il est cruel? Ce que le chasseur
y voit : lutte conire les ruses, la vitesse des
animaux. Aussi triomphe-t-il: retour à la maison; la gibecière;
le coin du feu : le récit de la chasse.
II. — J'aime l'automne.
Dites : J'aime l'automne : et montrez pourquoi.
Rechercher ce que l'automne a d'agréable.
1. Idée de température. — a) Ce que l'on sent;
chaleur diminuée; la fraîcheur du matin et du soir;
rôdeur de la terre arrosée par la pluie. — 6) Ce que
l'on voit : ciel d'un azur plus tendre ; brouillards légers
trainant sur )a vallée, s'elfilochant, se dissipant.
— c) Ce qu'on entend : la pluie sur les feuilles, sur
les toits; le vent qui siffle, quand on est chez soi, etc.
2. Idée de beauté. — Le feuillage aux mille nuances
; les fruits dorés, vermeils, noirs ou bleus; quelques
observations : la vigne, ses pampres, ses raisins;
le peuplier aux feuilles d'or; le marronnier; les prés
reverdis; les guèrets, les stmailles.
3. Idée de richesse. — Les récoltes'; les charrettes
chargées; la provision, les futailles remplies.
4. Les plaisirs de l'automne. — La cueillette des
fruits : pommes, poires, prunes, pêches, nèfles, etc.
La vendange; le vin et le cidre doux, le retour des
veillées; la chasse, etc.
5. Objection. — L'automne est triste, mélancolie
des feuilles agonisantes, des arbres qu'on dépouille.
Réponse : Non, l'automne enseigne l'espoir, la confiance
en la vie.
Le travail du semeur : espoirI Le blé qui lève: espoir!
Les ruisseaux qui se gonflent: espoir!
Citer les vers du poète s'adressant à l'automne :
Le printemps a ses fleurs et l'été ses rayons,
Il te suffit, à toi, leur sœur laborieuse,
De préparer leur gloire en traçant tes sillons.
PARTIE SCOLAIRE 23
A . TOUCHA.RD,
Instituteur.
LE CALCUL SIMPLE ET PRATIQUî
L'AUTOMNE.
Notions pratiques et connaissances usuelles. —
L'AUTOMNE. — L'automne a commence le ... 23 septembre.
— Nous sommes donc en automne depuis...
jours. (En comptant jour par jour, le 24 cela faisait
1 j., le 25, cela taisait 2 j., etc).
TRAVAUX D'AUTOMNE. — Vendange, fabrication du
vin et du cidre ; gaulage des noix (comment les vend-on
dans le (pays? combien?...); récolte des betteraves,
des carottes, des pommes de terre (prix de ces différentes
denrées). — Semailles : blé, seigle. — Les
fruits : pommes, poires, châtaignes, coings, nèfles, etc.
(cours du moment...). A la ville: le marchand de
marrons : combien donne-t-il de marrons pour Ofr. 05,
0 fr. 10; combien vend-il le litre?
PLAISIRS D'AUTOMNE. —' La chasse : prix d'uD fusil.
.. ; des cartouches... ; principales pièces de gibier,
donner le prix moyen de chacune d'elles.
Cours élémentaire.
Programme. — EN ARITHMÉTIQUE. — Lesuniiés, compter
de 1 à 9. •— L a dizaine. — EN GÉOMÉTRIE ET SYSTÈME
AIÉTRTQUE'. — La ligne droite ; les sortes de lignes. — Les
unités du système métrique. — t onsnlter : A. LEMOINE,
Premières Leçons de Calcul, p. 2, 25, 52 et 54.
Les unités : de 1 à 10.
Comment on compte. — EXERCICES ORAUX. —
1. Compter des marrons : aligner 5, puis 6, 7, 8 et
9 marrons.
2. Combien y a-t-il de lettres dans les mots : noix,
pommes, pommiers, automne, marrons, châtaignes,
etc., etc. (mots écrits au tableau).
3. Quel est le plus grand nombre : 6 marrons ou
8 marrons? 7 noix ou 9noix?
4. Combien une mouche a-t-elle de pattes? Combien
en a l'araignée?
5. La'semaine. — Combien y a-t-il de jours dans
la semaine? Nommez-les. Nommez les jours où l'on
vient à l'école; combien y en a-t-il dans une semaine?
6. Au moyen de marrons : Compter de 2!en S
jusqu'à 8 à partir de 2. Compter de 2 en 2 jusqu'à 9
à partir de 1.
De mémoire : Compter de 2 en 2, de 2 à 8, de 1 à
9; de 8 à 2; de 9 à i.
Comment s'écrivent les nombres. — EXERCICES
ÉCRITS. —R 1. Voici un marron. Dessinez : cinq marrons,
sept marrons, neuf marrons, huit marrons, six marrons.
Ecrivez le chiffre correspondant.
2. Séparer les lettres des mots : vigne, raisin,
vendange, labeur, semence, etc.., et écrire le nombre
de lettres qu'ils contiennent.
3. Remplacer les points par un nombre.— Il y a...
saisons : le printemps, l'été, l'automne et l'hiver. —
L'automne dure ... mois : octobre, novembre et dé
cembre. — Il y a ... jours dans la semaine.
4. Ecrire un mot, de six lettres, un de sept, un de
huit et un de neuf lettres.
5. Dicter un nombre de marrons, noix, etc. — Le:
élèves écrivent le nombre dicté et dessinent le nombri
correspondant de ronds, marrons ou noix.
La dizaine.
Comment on forme la dizaine?— 1. Que fon
neuf marrons et un marron?... dix marrons. — Enfilons-les
sur une petite ficelle. — Ces dix marron,
réunis forment une dizaine de marrons.
Remarque : 10 marrons séparés et ia dizaine d'
marrons enfilés représentent la même quantité.
2. Combien faut-il de noix? de nèfles? de feuille
mortes? etc., pour-faire une dizaine de noix, de né
fies, de feuilles, etc.
3. Que forme une grappe de 10 grains de raisin
GRAMMAIRE : MAQUET, FLOT et ROY. Cours de langue française. et 0 r,iovenV'' e yoi a '. r '! 1 '
24
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
un plateau sur lequel il y a dix pommes?,un sac qui
contient dix noix? etc.
4. Lever les doigts des deux mains : combien en
ayez-vous en tout?
5. Dessiner : une dizaine de traits ou de points encadrés;
une dizaine de marrons enfilés; un sac transparent
contenant une dizaine de noix.
Comment s'écrit la dizaine. — Dix marrons
s'écrivent 10, ce qui veut dire 1 dizaine et pas nn (0)
marron de plus. Remarquer que le 0 ne représente
rien, mais il permet d'écrire le 1 au 2 e rang, qu'on
appelle le rang des dizaines.
1. Ecrivez le nombre de marrons, de noix et de
traits en dessous des dessins précédents.
2. Montrer au moyen d'un dessin la différence enire
i et 10.
3. Dessiner 9 traits, puis 8, 7, 6 et 5 traits, compter
ensuite combien il faut ajouter de traits pour
compléter la dizaine.
Exercice de réflexion. — Quelle est la pièce de
monnaie qui vaut une dizaine de francs?
Calcul mental : 6 et 7.
Exercices de composition. — 1. Distribuer 6 marrons
: comment peut-on les grouper?
& SS
Les applications pratiques du calcul.
jer degré : l ro année du cours élémentaire.
Deviner. — AJOUTER. — 1. Sur un fil télégraphique
1 y a 4 hirondelles, 3 autres viennent s'y poser.
Combien y en a-t-il en tout?
RETRANCHER. — 2. Si de ces 7 hirondelles, 2 reprennent
leur vol, combien" en reste-t-il?
3. Voici 6 feuilles .mortes : il y en a 3 d'abîmées.
Combien y en a-t-il d'iniactes ?
PLUSIEURS FOIS. — 4. Trois de vos camarades m'ont
apporté chacun 2 feuilles mortes. Combien m'ont-ils
donné de feuilles en tout ?
5. Une marchande a donné 2 pommes pour 0 fr.05?
Combien en donnera-t-elle pour 2 fois 0 fr. 05 ? pour
3 pièces de 0 fr. 05.
Calcul amusant. — Il y a 5 oiseaux sur une
branche d'arbre. Un chasseur,tire et en tue 1. Combien
en reste-t-il sur la branche ? (R. : Aucun, les
autres se sont envolés.)
2 e degré : Cours élémentaire et moyen.
Problème à résoudre. — D'un panier contenant
57 pommes, oji en a retiré 12. Combien en reste-t-il?
RAISONNEMENT. — Qu'est-ce qu'on demande ? Le
nombre de pommes qui reste dans le panier. Or, si
l'on n'en avait pas retiré, il resterait dans le panier les
57 pommes qu'il y avait d'abord : il reste donc ce
nombre de pommes diminué du nombre de pommes
retirées.
SOLUTION. — Il reste 57 p. — 12 p. = 45 p.
RÉPONSE. — Dans le panier il reste 45 pommes.
RECOMMANDATIONS. — Ne pas oublier la virgule
dans les nombres décimaux, bien indiquer la nature
des unités à tous les nombres de la soustraction.
VÉRIFICATION. — Si dans le panier *où il reste
. 45 pommes on remettait les 12 'pommes enlevées,
combien devrait-il y avoir alors de pommes dans le
panier? Vérifions: 45 p. + 12 p. = 57 p. Ne
jamais oublier de faire la preuve de toute soustraction.
Problèmes oraux. — 1. D'un panier contenant
12 pommes, on en retire 5. Combien en reste-t-il?
2. Dans un quarteron de 26 noix, on en a trouvé
5 véreuses. Combien y en avait,-il de bonnes?
3. Un cultivateur a récolté 15 sacs de pommes de
terre. Il en garde 3 pour son usage personnel. Combien
peut-il vendre de sacs ?
Problèmes écrits. — 1. Un cultivateur a récolté
97 sacs de pommes de terre. Il en a vendu 53 sacs.
Combien de sacs lui reste-tril ?
2. Un jardinier a révolté 276 pommes; par le transport
24 ont été gâtées. Combien de pommes a-t-il à
vendre ?
3. Une voiture chargée de betteraves pèse 3 945 kg.
La voiture vide pèse 784 kg. Quel est le poids du
chargement ?
4. On a acheté pour 25 fr. 75 de semence. On en a
semé pour une valeur de 12 fr. 60. Quelle valeur de
semence a-t-on encore ?
5. Un fermier a vendu pour 115 fr. 60 de pommes
de terre. Il en a déjà livré pour 72 fr. 85. Pour combien
lui en reste-t-il à livrer ?
Calculs à vérifier. — Dans le problème suivant:
D'un panier de pommes en contenant pour 12 fr. 20
on en a déjà vendu pour la somme de 7 fr. Pour
combien reste-t-il de pommes dans le panier? un
élève, a trouvé 19 fr. 20, un autre 1 223. Par
un simple examen, dire si ces réponses sont possibles.
Un autre elève a écrit la solution suivante :
« 11 reste pour 7 fr. — 12 fr. 20 = 5 fr. 20. » Quelle
faute a-t-il commise?
3 e degré : Cours moyen.
('Certificat d'études.)
Problème à résoudre. — Un cultivateur achète à
un vigneron 7 barriques de vin de 225 1. à 0 tr. 40
le litre; il lui vend 25 hl. de pommes de terre à
18 fr. l'hl. Combien le cultivateur redoit-il au vigneron
? (Gard.)
1 REMARQUE. — Séparer les différentes données
en allant à la ligne après chacune d'elles.
PARTIE SCOLAIRE 25
RAISONNEMENT. — On demande : ce que le cultivateur
redoit au vigneron. Or, il lui doit la valeur
de ce qu'il lui a acheté, diminuée de la valeur de ce
qu'il lui a vendu.
II faut donc calculer : la valeur de ce qu'il a
acheté = prix d'une pièce ou 225 lois le prix d'un
litre x nombre de pièces de vin; la valeur de ce
qu'il a vendu = prix d'un hl. X nombre d'hl. de
pommes de terre.
CALCUL APPROXIMATIF. — Supposons que le cultivateur
a acheté 7 barriques de 200 1. à raison de
0 fr. 50 le litre. La bairique de 200 1. vaudra donc
100 fr. et les 7 barriques, 700 fr. Supposons qu'il a
vendu 25 hl. de p. de lerre à 20 fr., soit pour 2 fois
250 fr. ou. 500 fr. Il redevra donc : 700 fr. — 500 fr.
= 200 fr.
SOLUTION. — Le cultivateur redoit au vigneron la
valeur de ce qu'il a acheté, diminuée de ce qu'il a
vendu. Or, il a acheté 7 barriques, valant 0 fr. 40
X 225 = 90 fr. chacune, et 90 fr. x 7 = 630 fr. en
tout. Il a vendu pour 18 fr. X 25 = 450 fr. de pommes
de terre. Il redoit 630 fr. — 450 fr. == 180 fr.
. R. : Le cultivateur redoit 180 fr. au vigneron.
VÉRIFICATION DES P.ÉSULTATS. — 1° A-t-on cherché
ce qu'on demandait '' 2° N'a t on pas commis de fautes
de raisonnement ? Retrancher la valeur de l'achat de
la valeur de la vente par exemple ; 3° n'a-t-on pas
fait de fautes de calcul ? 225 1. de vin à 0 fr. 40 peuvent-ils
valoir 900 fr. ou 9 fr. ? 7 barriques à 90 fr.
peuvent-elles valoir 63 fr. ou 6300 fr.?25hl. à 18 fr.
peuvent-elles valoir 45 fr. ou 4 500 fr.? etc. Pourquoi?
Faire les preuves de chaque opération.
Problèmes écrits. — 1. Un cultivateur a récolté
8 sacs de pommes de terre pesant chacun 55 kg. et
12 autres sacs pesant chacun 28 kg. Dites la valeur
de toutes ces pommes de terre, à O fr. 25 le kg. ? —
R. : 1 94 fr.
2. Un vigneron a récolté une année 75 pièces de
vin de chacune '£28 1. qu'il a vendu 0 fr. 40 le litre.
L'année suivante, il n'a récolté que 6'- pièces de2251.,
mais il a pu vendre son vin à 0 fr. 55 le litre.
Combien sa récolte de cette année lui a-t-ellf rapporté
de plus que celle de l'an dernier? — R. : 934 fr. 80.
3. Un cultivateur veut vendre sa récolte de 28 sacs
de pommes de terre de chacun 95 kg. pour la somme
rte 433 fr. 80. 1160 kg. ont été vendus à raison de
0 fr. 18 le kg. A quel prix a été vendu chaque kg.
du reste? — R. : 0 fr. 15.
4. J'ai récolté 626 pommes et après en avoir réservé
un demi-cent pour ma consommation, j'ai vendu le
tiers du reste à raison de 3 pour 0 fr. 35. Combien
dois je vendre chacune des autres pour retirer 58fr.80
de la vente de toutes mes pommes? — R. : 0 fr. 10
5. Pendant tout l'automne, un chasseur a vendu
35 perdrix à un prix unique, puis 21 lièvres, dont le
tiers à 7 fr. 25 et le reste à 6 fr. 75 l'un. Le prix
total de ce gibier a été de 206 fr. 50. Trouver le prix
de chaque perdrix' — R. : 1 fr. 75.
Calcul de libre initiative. — Quelle est la valeur
des pommes de terre que vous avez consommées dans
votre famille, pendant cette semaine? De quelle
quantité de pommes de terre aurez-vous besoin pour
cet hiver ? Quelle en sera la valeur ?
Problème concentrique. — Pour les 3 degrés. —
Un cultivateur a retiré trois sacs d'un plant de pommes
de terre et quatre sacs d'un autre. Combien a-t-il
récolté de sacs? — 2 e et 3° degrés. Si chaque sac
contient 65 kg. dé pommes de terre. Combien a-t-il
récolté de kg. de pommes de terré? — 3 e degré.
11 en réserve le 1/5 pour sa consommation personnelle
et vend le reste à. raison de 0 fr. 35 les 2 kg.
Quelle somme restera-t-il de cette vente?
4 U degré : Cours moyen.
(Cert. d'ét. et concours.)
REVISION. — Partages inégaux. — 2 PARTS'. —
1. Un vigneron a récolté 92 hl. de vin, dont 24 hl.
de vin rouge de plus que de vin blanc. Trouver la
quantité d'hl. de vin de chaque sorte, récoltée par ce
1. Voir le numéro précédent.
Q. N À M P O N . Cent questions de the'orie du Brevet supérieur (Arithméiique, Algèbre, Ge'ométrie. 1. »
26 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
vigneron. (Faire un graphique.) — R. 58 hl. de fin
rouge et 34 hl. de vin blanc.
2. Deux personnes achètent ensemble 360 fagots' à
25 fr. le cent ; l'une prend 80 fagols de plus que
l'autre. Combien chacune doit-elle payer ? (Aveyron.)
— R. : La l re 55 fr. pour 220 fagots; la 2° 35 fr.
pour 140 fagots.
.3. Un vigneron a employé 2 ouvriers pendant
tout le mois de septembre et les a payés au même
prix. A la fin du mois, il a donné à l'un 2 hl. de vin
et 23 fr. et k l'autre 1 hl. et 57 fr. Trouver le salaire
journalier de chaque ouvrier, sachant qu'ils se sont
reposés 4 jours dans le mois. (Haute-Garonne.)
RAISONNEMENT. — On demande: le salaire journalier
de chaque ouvrier.
Il faut connaître : le salaire du mois, que l'on
divisera par le nombre de jours de travail.
Pour trouver le salaire mensuel, remarquer que le
1 er reçoit 2 hl. de vin et 23 fr. et le 2° 1 hl. de vin et
57 fr. Le 2° ne reçoit qu'un hl. de vin, mais il reçoit en
argent la valeur de l'hl. de vin que le 1 er a reçu en
nature, d'où la différence des sommes versées k chacun.
SOLUTION. — Le 2 E ouvrier reçoit 5 7 fr. — 2 3 fr.
= 34 fr. de plus, pour 2 hl. — 1 hl. = 1 hl. de
vin qu'il reçoit de moins, d'où l'hl. de vin vaut 34 fr.
et le salaire mensuel de chaque ouvrier = (34 fr. x 2)
+ 23 fr. ou 34 fr. + 57 fr. = 91 fr. Ils ont travaillé
30 j. — 4 j. = S6 j. et leur salaire journalier est
donc de 91 fr. : 26 = 3 fr. 50.
= = = COURS SUPÉRIEUR =
Questions théoriques.
Programme — EN ARITHMÉTIQUE. — Numération des
nombres décimaux : choix de l'unité suivant la grandeur
que l'on veut mesurer, afin d'avoir toujours aussi peu de
chiffres décimuux que possible. dans les nombres quo nous
employons. Distinguer : traction d'unité, fraction décimale,
nombre fractionnaire, nombre décimal. Valeur absolue et
valeur relative d'un chiffre. Application : changement
d'unité dans un nombre décimal, en rendant ce nombre 10,
100, 1 000 fois plus grand ou plus petit.
EN GÉOMÉTRIE ET SYSTÈME MÉTRIQUE. — L a ligne et le
plan. — L a ligne droite. — Généralités snr le système métrique.
— Numération.
1. Comparer : 1° 14,75 et 2,85 ; 2° 17,289 et 17,28-
Comment reconnaît-on qu'un nombre décimal est
plus grand qu'un autre.
DISCUSSION. — Tout nombre décimal se compose
d'une partie entière et d'une partie fractionnaire. On
peut donc d'abord comparer les parties entières : le
plus grand nombre sera celui qui a la partie entière
la plus grande (la fraction décimale étant inférieure
k 1 sera toujours insuffisante pour combler la différence
composée d'une ou plusieurs unités). Ainsi
14>2, donc 14,75>2,85. Si les parties entièressont
égales, on compare les chiffres de même rang k partir
de la virgule, le nombre qui contient les unités décimales
les plus fortes est le plus grand nombre.
Ainsi 17,289 > 17,28 parce que les unités dixièmes et
centièmes étant semblables dans les 2 nombres; le
1 er contient 9 millièmes et que le 2 S n'en a pas.
Autrement : considérer les 2 nombres comme des
fractions: 14.75 > 2,85 parce que 1 475/100> 285/100
et 17,289 > 17,28, parce que 17.289/1000> 17280/1000.
2. En déplaçant la virgule de trois rangs vers la
droite, un nombre décimal a été augmenté de 7 512 unités,
48; quel était ce nombre décimal? (Bourses, ens.
prim. sup.)
DISCUSSION. — En déplaçant la virgule de 3 rangs
vers la droite, le nombre devient égal à 1 000 fois sa
valeur primitive (dire pourquoi). 11 a donc augmenté
de 1 000 fois — 1 fois = 999 fois sa valeur primitive.
C'est que celle-ci est égale k 7,512,48 : 999 = 7,52.
Vérification. — 7,52 devient 7 520. Le nombre a
donc augmenté de 7 520 — 7,52 = 7 512,48.
Applications pratiques de l'arithmétique.
Fabrication du cidre. — On achète pour faire du
cidre des pommes k 3 fr. 50 les 100 kg. Sachant
qu'il faut 112 kg. 5 de pommes pour faire 75 1. de
cidre et que les frais de fabrication s'élèvent à 0fr.70
par hl. de cidre, dites à combien reviendra le litre
de cette boisson.
RAISONNEMENT. — On demande le prix de revient
du litre. Or, le prix du litre est le 1/100 du prix de l'hl.
Il faut calculer : le prix de revient de l'hl. de cidre.
On trouvera ce prix de revient en ajoutant les frais
de fabrication au prix des pommes nécessaires.s;-
On trouvera le prix des pommes pour ICO |1. de
cidre, en multipliant le prix du quintal par le nombre
de quintaux de pommes nécessaires.
SOLUTION. — Si pour 75 1. de cidre il faut 112 Ug. 5
de pommes, pour 1 hl. ou 100 1. il en faut 112 kg. 5
X 100/75 = 150 kg., ou 1 q. 5 valant 3 fr. 50 x 1,5
= 5 fr. 25. En ajoutant les frais, 1 hl. de cidre
revient à 5 fr. 25 + 0 fr. 70 = 5 fr. 95. Le litre
reviendra à 5 fr. 95 : 100 = 0 fr. 0 595 ou 0 fr. 06.
Applications de l'arithmétique
et de l'algèbre.
Salaires de vignerons. — 1. Un vigneron engage
un journalier et un aide, celui-ci gagnant un salaire
égal à la moitié de celui du journalier. Après
18 jours de travail, il donne au journalier 57 fr. et
1 quintal de pommes de terre, et k l'aide 21 fr. et
1 quintal de pommes de terre. A combien estime-t-on
le quintal de pommes de terre?
SOLUTION ARITHMÉTIQUE. — Si l'aide était payé au
même tarif que le journalier, il aurait reçu un salaire
double, soit : 42 fr. et 2 quintaux de p. de t. Le
journalier ayant reçu 57 fr. et 1 quintal de p. de t.
C'est que le quintal de p. de t. est évalué à 57 fr. —
42 fr. = 15 fr.
SOLUTION ALGÉBRIQUE. — Soit x la valeur du quintal
de p. de t. L'aide a reçu 21 fr. + x et le journalier
57 fr. + x. Comme le journalier a reçu le double
de l'aide, on peut écrire 57 + x — 2 (21 + x).
Effectuer le produit des nombres du 2 6 terme : 57
-f x = 42 + 2 x. Retrancher x, puis 42 aux^2 fermés
et on aura 57 — 42 = 2 x — x, d'où x = 15.
2. Un propriétaire emploie 2 vignerons qu'il paye
partie en argent, partie avec le vin produit par sa
vigne, mais auiquels il donne le même salaire journa'ier.
Il emploie le 1 er pendant 54 journées, le 2"
pendant 90 journées. Il donne au 1 er 94 fr. 50 et
3 hl. de vin ; au 2® 142 fr. 50 et 5 hl. 2/3. Quel est le
prix de l'hl. de vin et le prix de la journée 1
IBrcv. élém., Alger.)
ANALYSE DES DONNÉES : 9 4 fr. 5 0 + valeur de 3 hl.
vin = salaire de 54 j.
142 fr. 50 + valeur de 5 hl. 2/3 = salaire de 90 j.
SOLUTION. — 90 j. = les 5/3 de 54 j. — Multiplions
a l re ligne par 5/3.
157.fr. 50 -1- valeur de 5 hl. = salaire de 90 j.
D'où, en comparant à ;la 2 e ligne : 2/3 hl. de vin
valent 15 fr. ; l'hl. vaut donc 15 x 3/2 = 22 fr. 60.
Dans ce cas, le salaire de 90 j. est de 157 fr. 50 +
(22 fr. 50 x 5) = 270 fr. et le salaire journalier:
270 : 90 = 3 fr.
VÉRIFIER. — 94 fr. 50 + (22 fr. 5 0 X 3) = 3 fr. X
54.
142 fr. 50 + (22 fr. 50 x 5 2/3) = 3 fr. x 90.
EQUATION ALGÉBRIQUE = 142 fr. 5 0 + 5 2/3 x =
5/3 (94,50 + 3 x).
Récréations mathématiques. — Trois chasseurs
conviennent de se partager également le gibier qu'ils
tueront. A la fin de la journée, ils n'ont tué qu'un
perdreau évalué k 2 fr. et un lièvre évalué à 7 fr.
Comme ils ne veulent, pas détailler chaque pièce,
comment pourront-ils faire le partage?
SOLUTION. — Ils ont une valeur de 2 fr. + 7 fr.
—- 9 fr. à se partager, soit 3 fr. chacun. C elui qui aura
le lièvre, touchant 4 fr. de trop, devra donner 1 ir:
à celui qui prendra le perdreau et 3 fr. k celui qui
n'aura rien.
MAUDUIT,
Instituteur.
O. NàMPON. Cent Problèmes de Geométrie et d'Algèbre du Brevet supérieur Tfn V ^i S ?n-ii°hr.
PARTIE SCOLAIRE
HiSTOIRE
, COURS ÉLÉMENTAIRE .
Un Gallo-Romain : Sabinus.
1. La Gaule romaine. — Pendant quatre cents
ans les Romains sont restés les maîtres de la Gaule.
Le territoire romain était si grand que la Gaule n'en
était qu'une partie, une province romaine. En Gaule,
on ne voyait guère de soldats romains que le long du
Rhin. A' l'intérieur du pays, il n'y en avait tout au
plus que 1200 à 1500 pour faire la police : c'étaient
plutôt des gendarmes que des soldats. Aussi, Sabinus,
chef des Gaulois de Langres, d'accord avec d'autres
nobles, voulut eij profiter pour chasser les Romains.
2. Un noble Gallo Romain.— Il ne faut pas croire
que Sabinus était un Gaulois comme Vercingétorix.
Son nom est un nom romain comme Charles est un
nom français, ICarl un nom allemand; Sabinus ne
parlait presque jamais gaulois, il parlait le latin des
gens de Rome : il s'habillait comme les -vainqueurs :
jambes nues, un manteau romain aux larges plis,
agrafé sur l'épaule, et sa maison ne ressemblait guère
à la hutte habitée par ses grands-parents.
Au milieu de ses propriétés — car Sabinus était
très riche — s'élevait sur une petite colline une sorte
de château entouré de murs hauts et épais qui le
défendaient. A l'intérieur des murs, en dehors de
la maison, il y avait des granges avec des provisions
pour plusieurs mois, des bains avec eau chaude,
eau froide, salle où Sabinus venait tous les jours se
faire essuyer, frictionner, parfumer après la plongée
dans l'eau froide ou le bain chaud. En entrant dans
la maison, on trouvait l'appartement des femmes ;
là se tenait Eponine, la jeune femme de Sabinus :
elle surveillait les domestiques qui tissaient la toile,
cousaient les vêtements. Puis venait une, galerie
couverte où Sabinus se promenait avec ses amis et
tout le long de laquelle étaient des salles k manger,
des salles de repos où l'on pouvait dormir, causer,
jouer. Au pied de la colline était une grande ferme
habitée par les domestiques chargés de cultiver les
terres de Sabinus. Château, ferme, tout cela on
l'appelait villa, d'où est venu village.
3. La révolte de Sabinus. — Peu de Gaulois se
révoltèrent. Pourquoi chasser les Romains, pensaient-ils,
ils ont fait tant de bien à la Gaule ! Plus
de batailles entre voisins, mais la tranquillité partout,
ce qui permet de travailler; partout les arbres tombent
sous la hache, des champs bien cultivés remplacent
les forêts. A travers la campagne, de bonnes
routes larges et solides permettent aux marchands
d'aller d'une ville à l'autre, et ces villes ont de beaux
monuments : des théâtres, des arènes, des fontaines
qui versent une eau fraîche et claire.
Sabinus fut donc vaincu facilement. Réfugié dans
sa riche villa, il,y mit le feu pour faire croire à sa
mort, et sa femme Eponine resta trois jours et trois
nuits sans manger, folle de douleur. Un domestique
fidèle vint l'avertir que S»binus vivait, caché au fond
d'un souterrain voisin. Alors, elle ne fit pas voir sa
ioie; lejour, elle paraissait pleurer encore son mari
et la nuit elle le rejoignait, lui apportait des vivres,
des vêtements. Cette triste vie dura neuf ans; deux
petits enfants naquirent et furent élevés dans les souterrains.
Mais un jour les soldats romains découvrirent
Sabinus et l'amenèrent, enchaîné, devant l'empereur
Vespasien. Eponine se jeta à ses pieds: « Vois
ces enfants, lui dit-elle, j'ai voulu les nourrir dans
une prison obscure pour quo nous fussions trois à
demander la grâce de leur père. » Autour de l'empereur,
tout le monde avait les larmes aux yeux; seul
Vespasien resta calme et commanda que Sabinus fût
mis à mort. Eponine ne voulut pas vivre seule; elle
obtint de mourir avec son mari.
= COURS MOYEN ET SUPERIEUR —
XTne ville gallo-romaine : Lutèce i.
.,*• Autour de Lutèce. — A partir du confluent de
°nne et de la Seine, on entrait dans la vallée du
deau^ U ^ Vant rt ^ on ' étudier Autun, Vienne, Nîmes, Bor-
WSTOIRE : GAUTHIER et DESCHAMPS,
grand fleuve, plus ouverte, plus riante, mieux cultivée
et l'on arrivait à Lutèce ou Paris. Tel que le
montre le plan ci-dessous, ce petit port de commerce,
centre du cabotage sur la Seine, comprenait deux
parties distinctes : l'ancienne ville celte, Lutèce ou la
Cité ; sur la rive gauche, un faubourg gallo-romain.
I. Lutèce. — 2. Autel dédié à Jupiter. — 3. Palais. —
4.-Ponts de bois fortifiés. —5. Bois. — 6. Marais. — 7. Route
d'Orléans. — 8. Roule dos provinces du Nord. — 9. Mont
Lueotitius.—10. Canalisation. •—11. Thermes. — 12. Camp.
— 13. Arènes. — 14. Port de Nantts.
II. Lutèce. — Au cours de la lutte contre les Romains,
les Gaulois l'avaient brûlée pour empêcher
l'ennemi de s'y retrancher. Elle s'était rebâtie à la
romaine : à l'époque de Tibère (I er siècle), la confrérie
des bateliers parisiens ou Nautes élevait sur l'emplacement
où fut bâtie depuis la cathédrale un autel à
Jupiter. On pénétrait dans la cité par un pont de
bois, dans l'axe de la rue Saint-Jacques, et l'on passait
tout d'abord sous un arc de triomphe dont des
fragments luxueusement décorés ont été retrouvés.
Le parvis Notre-Dame actuel était la place publique
ou Forum; à l'autre pointe de l'île, des fouilles ont
mis à jour les débris d'un véritable palais, réservé
sans doute aux hôtes princiers de passage à Lutèce.
Un deuxième pont de bois, faisant suite au premier,
conduisait à la rive droite. Tout de suite, on était en
pleine campagne : des espaces marécageux, de longues
routes bordées de tombeaux suivant l'habitude
romaine; à l'horizon, des collines boif-èes, les temples
de Mercure et de Mars sur le Mons Martis = Montmartre,
voilà ce qu'embrassait le regard.
III. Le faubourg- de la rive gauche. — La
montagne Sainte-Geneviève, alors mont Lueotitius,
devint le noyau d'une sorte de faubourg, moitié ville,
moitié campagne, qui prit le nom de Lucotèce. Les
débris exhumés par le percement des runs parisiennes,
d'autres ruines encore lisibles, permettent de reconstituer
le faubourg gallo-romain. Le voyageur venant
du Sud arrivait par la route d'Orléans — rue Saint-
Jacques; il avait laissé en arrière et à gauche l'aqueduc
monumental — deux arches en sont encore intactes
— qui, franchissant à Arcreil la vallée de la Bièvre,
permettait d'amener, sur !e mont Lueotitius, l'eau
abondante et pure des sources de Rungis. 11 longeait
une cité militaire avec camp retranché, champ de
manœuvres, en bordure du boulevard Saint Michel
et avait, en face de lui, le magnifique édifice des Thermes,
à la fois palais et bains publics ; à droite, et
adossé à la colline, les arènes de la rue Afonge.
IV. Un empereur romain â Lutèce. — Au
iv e siècle, les soldats romains proclamèrent César
leur chef Julien, Cet acte dont l'histoire de Rome
nous oflre de nombreux exemples, eut lieu au palais
des Thermes. Julien aimait « sa chère Lutèce », il y
séjournait volontiers. Les. eaux pures de la rivière,
dit-il, sont excellentes à boire. L'hiver n'y est pas
rude, ce qu'il attribue au voisinage de l'océan. Les
habitants ont de bonnes vignes et des figuiers même,
depuis qu'on prend soin de les revêtir de paille.
S'il fait trop froid, on se chauffe par le moyen de
poêles, qu'on met dans lps appartements.
A. AYMARU, instituteur.
de France. Cours moyen et supérieur. 1.40
27
28 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
GÉOGRAPHIE
' COURS ÉLÉMENTAIRE
Comment retrouver son chemin quand
on l'a perdu.
I. Des notions positives. — 1° De tous les côtés,
il semble que le ciel touche la terre; la ligne, à partir
de laquelle noue- ne voyons plus rien, c'est l'horizon.
On dit de quelqu'un qui connaît son chemin : il sait
s'orienter. Qu'est-ce que s'orienter? C'est, dans l'horizon,
trouver [ orient, c'est-à-dire le côté où le soleil
apparaît le matin comme une grosse boule rouge.
L'orient s'appelle encore le levant, car on dit au matin
que le soleil se lève; c'est tncore l'est. Le côté
opposé de l'horizon, c'est le couchant ou occident,
ou encore 1 ouest. A midi, celui qui regarde le soleil
en face, est tourné" vers le midi ou sud; il tourne le
dos au nord.
2° Dans une ville, un passant complaisant indique
le chemin à qui s'est égaré ; dans la campagne
on a des chances de rencontrer sur la route
un charretier, on cantonnier, dans les champs, des
cultivateurs, capables de remettre dans son chemin
celui qui l'a perdu. Mais si l'on traverse un bois
épais ? une lande déserte ? Savoir s'orienter est nécessaire
; le jour, le soleil peut nous y aider. En effet,
si, au matin, le soleil vient caresser la figure du petit
dormeur, en passant, le bras par la fenêtre, on montre
l'est. Si, le soir des bçaux jours d'été, le soleil est
rouge du côté de la gare, c'est que la gare est à
l'ouest. Jacques habite près de la station; un jeudi
en poursuivant ses camarades, dans une belle partie
de gendarme:- et de voleurs, il s'est égaré loin de
chez lui. Jacques r'a pas pleuré; regardant l'horizon
il a aperçu le soleil qui se couuha.it au milieu d'un
véritable incendie, tout de suite, il a marché vers le
soleil couchant et a retrouvé sa maison.
3° Il y a encore d'autres moyens de s'orienter : on
a remarqué que, sur les arbres, la mousse ne garnit
guère que la partie face au nord On vend aussi des
boussoles, sortes de petites montres à une seule
aiguille qui ne donne pas l'heure, mais qui se tourne
toujours vers le nord. Enfin, dans les nuits ètoilées,
on peut retrouver son chemin grâce à l'étoile polaire
qui indique aussi la direction du nord.
II. Des directions. — Voilà une leçon intéressante,
à laquelle il faut bien se garder de donner un
caractère livresque car elle se prête à une foule d'observations.
Le point de départ en sera l'école, la salle
de classe, dont on déterminera la situation par rapport
aux points cardinaux. Puis on fera résoudre les
problèmes suivants : où 3ont placés par rapport à
l'école : la maison des écoliers? un monument —
église, maiiie? rues et places principales? les villages
de la commune par rapport au chef-lieu, etc. On
montrera une boussole, on fera observer les arbres
des bois voisins, distinguer par une nuit claire d'automne,
grand chariot, petit chariot, étoile polaire.
Quant aux données positives résumées plus haut, il
faut les exposer dans une forme agréable, exempte de
pédante lourdeur, et dont Rousseau a donné justement
dans l'Emile (Emile perdu dans la forêt de
Montmorency, p. 548, Hachette éd.), un excellent
modèle. Et pourquoi ne pas amorcer sa leçon par le
conte du petit Poucet ? On ne rendra jamais la géographie
trop souriante et par suite trop aimable.
= COURS MOYEN ET COURS SUPÉRIEUR =
La France dans le monde géographique.
I. La France occupe sur le globe une situation
heureuse — 1° Elle s'éiend entre 42°51' et 51°5' de
latitude Nor J, à des distances rigoureusement égales
de l'équateur et du pôle Elle occupe à peu près le
centre d( s terres émergées : à 18C00 km. de la Nouvelle-Zélande,
k 13 000 km. du cap Horn (Amérique
du Sud): 7 280 km. la séparent à la fois de l'extrémité
Nord-Oue-; de l'Amérique et de l'extrémité
Nord-Est de l'Asie.
2° Conséquences : La situation dans l'hémisphère
boréal, qui ren eririe la plus grande partie des terres
émergée^, au centre de ces mêmes terres, so prête
parfaitement aux relations avec les autres hommes
et au développement de la civilisation. Traversée
par le 45° de latitude, la France est au centre de la
zone tempérée. Or, cette zone est celle qui convient le
mieux à l'homme : son activité s'y exerce à l'écart de
la chaleur humide qui déprime, du froid excessif
qui engourdit, au milieu d'une végétation variée où
les plantes des régions chaudes se mêlent aux plantes
des régions plus froides. (Ex. français : olivier, maïs,
vigne, houblon, sapin.)
II. La France occupe en Europe une situation
privilégiée. — 1° Envisagée sur le planisphère,
l'Europe apparaît comme une péninsule asiatique qui
va s'amincissant vers l'Ouest ainsi que le prouvent
les distances suivantes : d'Odessa (mer Noire) à la
Baltique, 1 200 km.; de Trieste (Adriatique) à la mer
du Nord, 900 km. ; de Cette à Bordeaux, 400 km.
seulement, par un chemin d'accès large et facile, sans
montagnes à franchir. Dans le signalement de la
France,"voilà un trait essentiel ; c'est la contrée européenne
sise au rapprochement delà Méditerranée
et de l'océan Atlantique. Elle a donc subi à la fois
l'influence méditerranéenne et l'influence océanique
puisqu'elle a éié la terre où les races du Nord se
sont rencontrées avec celles du Midi. Et comme
« aucune contrée civilisée n'est l'artisan exclusif de sa
propre civilisation (expliquer) », la France a dù à sa
situation géographique privilégiée de pouvoir prendre
dans les civilisations les plus diverses ce qui couverait
à son soi et à ses habitants. 'Voici qui le
prouve :
2° Les influences extérieures : o) Pour se procurer
l'étain de la Grande-Bretagne, les marchands de la
Méditerranée empruntent la voie naturelle du Rhône,
de la Saône et de la Seine. A commencer par Marseille,
des villes se fondent sur ce parcours, des marchés
s'y tiennent : foires de Bt-aucaire, de Troyes, etc. ;
la barque du commerçant y apporte des besoins nouveaux,
le goût du mieux-être, une part des civilisations
phénicienne, grecque et romaine. Par les Croisades,
l'expédition d'Egypte, l'Algérie, le percement
du canal de Suez, le Maroc, la Méditerranee a continué
à être intimement liée à la civilisation et à la
prospérité françaises. Mais lorsqu'au moment de la
découverte de l'Amérique le bassin de la Méditerranée
se trouva en partie déserté, des pays comme la
Grèce, des villes comme Venise, Gênes,'virent diminuer
leur richesse: la France, elle, continua à prospérer
parce qu'elle poùvai , par l'Océan, s'intéresser
au Nouveau-M.-inde où elle espéra, un moment, fonder
une b) Nouvelle-France La France est au aussi Canada. un pays continental :
Une large ouverture au Nord-Est a permis même de
tout temps aux migrations germaniques de lui infuser
un peu de leur rude énergie tout en devenant complètement
françaises, grâce au charme du sol et du
climat français. Et cette frontière conventionnelle,
toujours menacée par la poussés d'audelà du Rhin,
a obligé la France à lutter pour sa propre existence,
à ne pas se confiner, confiante dans une situation
inexpugnable, dans le splendide isolement où s'est si
longtemps complue l'Angleterre. Elle a forcé notre
pays à prendre part à tous les conflits qui ont agité
l'Europe, elle a assuré une communication intime
entre sa vie et celle des autres nations; nous lui
devons l'intérêt général qui s'attache à notre histoire.
Ainsi, par sa situation dans le monde et en Europe,
la France était destinée à recevoir de bonne
heure la civilisation, à devenir un lieu important
de peuplement et d'échanges.
Exercices. — A cjueile latitude se trouve la région
que vous habitez? — Peut-on le constater par les
cultures ? le climat? — Quelle a été l'influence dominante
dans votr* 1 région : méditerranéenne? océanique?
continentale ? Prouvez-le par des faits (monuments,
types physiques, langue, échanges commerciaux, etc.).
Bibliographie. — Consulter chapitres II, III d atls
Tableau de la géographie de la France, par VIDAL-
LAiîLA'jnE. Hachette, éd.
A . AYMARD, Instituteur.
GEOGRAPHIE : LEIKONNIER, SCHRABER et GALLOUEBEC, Cours préparatoire. 7 5 C.
LEÇON DE CHOSES
Le pommier. Le cidre.
L'orge. Le houblon. L a bière.
MATÉRIEL DK LA LEÇON. — Quelques pommes à cidre :
une pomme acide, une pomme douce, une pomme
amêre. — Une bouteille, un bouchon, une ligature
de bouchon. — Quelques verres. — Une poire à
cidre. — Avoir, à l avance, préparé de l'orge
germée. — Quelques grains d'orge non germes. —
De l'eau bouillante. — Cônes de houblon. — Une
infusion de houblon. — Un ptu de levure de
bière. — Delà bière brune, de la bière blonde. —
Un mortier et un pilon.
LA LKÇON. — I. Nous allons, aujourd'hui, mes enfants,
commencer par faire des constatations relatives
à nos expériences de la dernière leçon. — i° Regardez
le jus exprimé d'une grappe, dans lequel nous
avons laissé séjourner les peaux des grains. Quelle
est sa couleur ? — 11 est rougeâtre. — 2° Regardez,
dans le verre il 0 2, le jus qui n'est pas resté en contact,
avec les pellicules ? — 11 est incolore.
Conclusion : La matière colorante du vin est dans
les pellicules. Troisième constatation: Jean, viens
goûter le liquide de l'un de ces deux verres. — Monsieur,
il n'est plus sucré : c'est déjà du vin. — 4° Et,
dans le lia :on que j'ai soigneusement fermé, tout dtsuite
après l'avoir rempli de jus sucré, y a-t-il du vin?
Gotttes-y, Jean. — Monsieur, il est encore sucré. Ce
n'est pas du vin.
Conclusion : Le jus sucré du raisin ne fermente
pas s'il est à l'abri de l'air. L air transporte les fer
ments qui transforment la moût en vin.
Et maintenant, mes amis, regardez les fruits que
j'ai alignés sur le bureau. Vous les connaissez bien :
ce sont des pommes. Elles n'ont ni la même couleur
ni la même grosseur. Mais, vous allez les goûter.
(Distribuer un quartier de chacune à quelques
élèves.) Quelle saveur avait ton quartier de pomme,
Pierre ? — Monsieur, il était acide, aigre. — Et le
tien, Paul? — Monsieur, c'est une pomme douce,
presque sucrée. — Et le tien, Henri? — C'est une
pomme amère ; 6lle a mauvais goût. — Vous le
voyez, ces pommes n'ont pas la même saveur.
Nous allons écraser quelques pommes dans ce vase
à parois très épaisses, ave ; un pilon, et nous en
recueillerons le jus. Il est évident que les pomnres
acides nous donneront un jus aigre, les pommes
douces un jus sucré, et les pommes amères un jus
peu agréable à boire. Nous allons mettre dans différents
vases les liquides que nous avons obtenus. Nous
les goûterons dans quelques jours. Vous savez déjà
qu'en opérant ainsi nous avons fait du cidre.
Dans les pays où les pommiers poussent bien et
donnent de bons fruits, dans lesrégions où l'onfabriquedu
cidre, on ne fait pas autrechose que ce que j'ai
fait devant vous. Naturellement, on a des machines
pour aller plus vite.'Mais il y a toujours l'écrasage
des pommes et la mise en fermentation. Cependant,
il est des choses importantes qu'il faut savoir. Quand
récolte-t-on les pommes ? Quand elles sont mûres,
n'est-ce pas? Et à quoi reconnaît-on qu'elles sont
mûres? Va-t-on s'amuser à les goûter toutes? —
Non ; on reconnaît qu'elles sont mûres quand elles se
détachent toutes seules de l'arbre et tombent à terre.
— Fait-on le cidre tout de suite? — Non, monsieur,
on laisse les pommes mijoter en tas, c'est-à-dire
achever de bien mûrir. — Où met-on les pommes ?
— On peut les laisser dehors. — Qu'arriverait-il si on
les enfermait dans un grenier bien sec?... Elles se
faneraient et perdraient bientôt tout leur / jus
Les voilà bien mûres ; le tas dé pommes répand
une bonne odeur. On écrase les fruits, ici, dans une
auge creusée dans un tronc d'arbres, là, avec un
moulin concasseur, où les pommes sont broyées dans
un engrenage. Comment va-t-on les presser? Un
pilon ne suffirait pas. On se sert d'un pressoir. Mais,
auparavant, on laisse la chair des pommes, la pulpe,
comme disent les savants, tremper dans le jus Elle
brunit à l'air, cette pulpe, et elle communique su
PARTIE SCOLAIRE 29
cidre sa belle couleur brune ou dorée. Le jus obtenu
au pressoir est versé dans des tonneaux. La fermentation
commence ; le gaz qui est produit monte à la
surface et s'échappe parla bonde du tonneau; il entraîne
avec lui toutes les impuretés, tous les fragments
de pulpe qui sont dans la masse liquide.
Une expérience ! Ce jus que nous avons recueilli,
nous allons en emplir cette petite bouteille tout à
l'heure. Vite, un bouchon, et nous ligaturerons solidement
le bouchon, car la fermentation est commencée.
Elle se fera doucement, tout, doucement; mais
le gaz produit par la fermentation ne pourra pas
s'échapper. Il restera emprisonné dans la bouteille...
— Oui, monsieur; mais si on coupe la ligature du
bouchon, le gaz se sauve et il entraîne du cidre. Cela
fait de la mousse. — Qu'est-ce qui produit cette
mousse? — C'est le gaz de la fermentation. — Voilà
l'histoire du cidre mousseux.
II. Voici des grains d'orge [en distribuer aux
élèves). Les uns sont secs, et les autres un peu
humides. Ces derniers, je les ai laissés séjourner dans
un peu d'eau tiède depuis deux jours. Regardez-les et
comparez-les... — Ceux qui sont humides sont plus
gros; ils se sont gonflés... — Est-ce tout? — Non, ils
présentent une petite pousse sur le côté ; ils "ont
germé. — Croquez un grain d'orge non germé. Quel
goût a-t-il î — On dirait qu'on mange de la farine. —
Bien. Goûtez un grain d'orge germe. —• Monsieur, il
est sucré. — Oui, mes enfants, la germination du
grain d'orge amène la transformation d'une partie
de la farine en sucre.
Eh bien! c'est là tout le secret de la fabrication de
la bière, la boisson des gens du Nord. Faire germer
des grains d'orge ! C'est cette opération qu'on appelle
le maltage (le malt, c'est l'orge germet). Si nous
écrasons les grains germés après les avoir débarrassés
de leurs petites pousses (qu'on appelle touraillons
dans l'industrie). 11 si nous mettons le tout dans
de l'eau chaude, nous aurons bientôt de l'eau
sucrée. Cette opération, c'est le bras âge. Quand
le brassage est terminé, on cuit le liquide avec .
du houblon.
Voici, mes enfants, des cônes de houblon. Le houblon,
c'est une plante grimpante, cousine germaine
du chanvre. Les cônes du houblon, ce sont des
groupes de petites feuilles (les savants vous diraient
des bractées) qui enveloppent des fleurs. Les grandes
bractées se recouvrent à ia base d'une matière jaune
très aromatique. Regardez de près; vous verrez cette
poudre jaune : c'esî le lupulin ou lupuline. Nous
allons faire bouillir quelques cônes dans l'eau. En un
instant, l'eau se colore et devient jaune foncé. Laissons
refroidir Viens goûter ce liquide, Jean... — Il
est amer. — Eh bien ! si on fait cuire le moût sucré
provenant de l'orge germée avec des cônes de houblon,
on rendra le Hquiie un peu amer. La bière
sans houblon, c'est de la bière quand même, mais
elle se conserve moins bien. Le houblon l'empêche
d'aigrir. — Monsieur, il y a de la bière blonde et de
la bière brune. — Parfaitement, Si, avant d'écraser
les grains germés, je les avais fait griller un peu sur
le feu, ils auraient pris une couleur brune très foncée,
et, en les mettant dans l'eau au moment du brassage,
nous aurions eu un liquide coloré en brun, alors que
d'ordinaire il est presque incolore. La bière blonde
oit sa couleur au houblon ; la bière brune doit la
sienne surtout au malt grillé.
La bière n'est pas faite quand la cuisson du moût
pst terminée : le liquide e6t à la fois sucré et amer.
Il reste à le faire fermenter, comme on le fait pour
le moût de raisin. La fermentat'on se fait dans de
grandes cuves. Ces cuves sont disposées dans des
.•:aves où la température est constante (15 à 20°)-
Quand elles sont remplies de liquide, on y ajoute de
la levure (en montrer autant que possible) pour provoquer
la fermentation.
La bière est soutirée et mise dans des fûts où 1a
fermentation continue. C'est cette fermentation qui
fait mousser la bière, comme elle fait mousser le cidre
qui n'est pas achevé.
A . LACLEF,
Inspecteur primaire.
SCIENCES : P. LËDOUX, Leçons sciences phys. et nat., Cours supér. et compî. Brevet élém. 1.80
30 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
DESSIN
Décoration.
Bordures.
Cours moyen et supérieur. — Le croquis proposé
(fig. 1), tracé au tableau, donne l'aspect que devra présenter
dans son ensemble la composition de l'élève,
plus affirmée danss3s formes et coloriée selon le goût
de chacun.
Schéma.
Interprétation.
Cet aspect dépend d'abord delà division ou pas de
la "bordure, eu égsrd à sa largeur, puis de la grandeur
proportionnelle des taches.
Les tiges, tangentes aux côtés, traversent dans leur
partie moyenne l'espace à décorer, sur une longueur
égale aux 3/2 environ de la largeur. Tout à côté, sur
la droite, sont disposés des points, en nombre variable,
qu'il faut interpréter, c'est-à-dire munir de formes
tirées de la nature ou de là géométrie : fruits, petites
fleurs, etc.
i Les grosses taches allongées, en zigzags, simulent
des éléments plus importants, des feuilles, par
exemple.
I^Bnfin, certains élèves, plaçant la bordure horizontalement,
pourraient apercevoir un ensemble formé
d'ailes de papillon.
Nous croyons utile de rappeler, en ce commencement
d'année, quelques larges principes relatifs à
l'emploi de la couleur en décoration.
Il ne peut être question, dans notre cours, de décoration
en relief, et les arrangemenfs sur surfaces
planes sont notre seul objectif.
C'est donc sans préoccupation de relief, d'ombres,
que nous appliquerons les éléments végétaux ou animaux
de notre choix. Nous remarquerons,à ce sujet,
que les compositions des tout jeunes enfants sont
souvent d'un effet décoratif plus franc que celles
d'élèves plus âgés, qui ont pensé mieux faire en mettant
maladroitement à profit leur connaissance du modelé
ou de la perspective.
Yoici deux compositions ci-contre pouvant asseoir
notre jugement.
L'une (A) est l'œuvre d'un élève de quatorze ans
qui, sur notre désir et de parti pris, a utilisé sans
choix de détails ses connaissances du dessin d'après
nature pour la réalisation du schéma proposé.
L'autre (B) est l'interprétation naïve du premier
dessin, par un enfant de neuf ans, à qui nous avons
suggéré les couleurs.
Sans doute, au point de vue de la ligne et de la
forme exactement équilibrée, la première mériterait
nos suffrages. Mais combien plus décorative est la
:
' v • V
seconde, avec ses taches larges, d'une seule touche,
conservant à la bordure son allure tranquille de surface
plane.
Les reliefs boursouflent ou creusent le décor ; ils
l'assombrissent généralement, au surplus, à. moins
que, par une disposition recherchée, les taches ainsi
formées fassent un groupement spécial, un ensemble
décoratif.
La multiplicité des couleurs vient, en outre, ajouter
souvent de la confusion au décor. Il faudra donc être
t*-ès sobre en cet endroit au début. Deux, trois_ couleurs
suffisent à produire un ensemble harmonieux.
Cours élémentaire. — Feuille de papier 8 X 16.
Plier la feuille en quatre parties égales, dans les
deux sens.
Prendre le milieu des quatre petits carrés obtenus
(voir fig. ci-dessous).
Faire partir de ce milieu quatre feuilles en diagonale.
Suivre en dehors, à peu de distance, le contour de
ces feuilles et colorier extérieurement k cette ligne.
Deux couleurs en tout.
Encadrer la bordure par un filet composé de deux
éléments géométriques alternés.
L . BOYRIE,
Instituteur.
POUR
LES MÉNAGÈRES ET POUR LESJV1AMÂHS
Le bien-être et la joie au foyer.
Cherchons, mes enfants, la signification de ce mot
« bien-être » que vous entendrez souvent répéter
autour de vous. Bien être, bien exister, bien vivre,
vivre dans les conditions les plus favorables, n'est-ce
pas ainsi que nous pouvons préparer notre définition?
Nous sommes donc amenées à dire : le bien-être
est l'ensemble des circonstances matérielles qui font
la vie agréable et facile. On confond parfois le
bien-être avec la fortune, ce qui est une erreur; si
l'argent est la source de l'abondance et du luxe vrai
ou faux, nous allons voir que le bien-être naît de l'intelligence,
de l'affection et peut être l'hôte des plus
humbles logis.
MANUEL DE DESSIN : G. QUÉNIOUX. : A
Avez-vous remarqué la sensation sgréable que vous
éprouvez le matin en vous éveillant dans une chambre
claire et bien tenue? Vos yeux se reposent avec plaisir
sur les meubles familiers, si simples qu'ils soient,
parce qu'ils sont bien entretenus et que chacun est à
la place qui lui convient. Si c'est l'hiver, Je bonnes
couvertures vous protègent contre le froid; si c'est
l'été, un rideau à défaut de persiennes, empêche le
soleil d'enlever trop vite à votre chambre la fraîcheur
de la nuit. Vous prolongez à. plaisir votre toilette
parce que vous disposez d'ustensiles appropriés, assez
grands et faciles à manier. Votre maman a tout
prévu : même si vous n'avez pas la jouissance entière
de la chambre, vous pouvez vous isoler d'une façon
complète; le linge est sec et propre, l'eau est fraîche,
le savon est de bonne qualité. Tous les raffinements
que pourrait ajouter la richesse n'augmenteraient
guère la somme de bien-être dont vous jouissez.
Vous voici à table. Le couvert, très simple, est mis
avec soin; le repas frugal a été surveillé avec vigilance
et est cuit à point; la desserte est à portée de
la main et on n'a pas à se déranger inutilement. La
salle est à une bonne température. Si c'est l'été, la
boisson a été rafraîchie ; si c'est l'hiver, les assiettes
ont été chauffées. Aucun convive n'est gêné par la
chaleur de la cuisinière ou par l'air trop vif d'une
fenêtre. On est aussi à l'aise qu'on le serait dans une
salle à manger luxueuse et l'on mange aussi bien
que si le repas était plus compliqué et plus coûteux.
•Vous rentrez de la classe, le soir, un peu lasses
d'avoir bien travaillé et bien joué; cependant il vous
reste des devoirs à faire, des leçons à étudier. Volontiers
vous renonceriez à ce supplément de travail qui
vous paraît fastidieux. Mais la table est là, toute
prête, avec l'écritoire et la lampe. Votre maman a
placé devant la chaise que vous préférez ; vous ne
résistez pas à cet appel et votre heure de travail passe
rapidement et agréableipent.
Quand votre père rentrera tout à l'heure, ce sera
vofre tour de l'entourer de prévenances : une toilette
sommaire, des pantoufles reposantes, un siège confortable
lui feront oublier ses fatigues. Au lieu de se
plaindre de sa condition modeste, il se trouvera heureux
si, à la sensation de bien être qu'il éprouve, se
mêle la joie de trouver des visages ouverts, des
cœurs qui ne demandent qu'à s'épancher. Votre
bonne humeur, la sérénité de votre mère font partie
du confortable.
Le bien-être et la joie ne s'acquièrent pas à prix
d'argent Le premier est fait de prévenances, d'attentions
intelligentes. Toute ménagère peut le distribuer
autour d'elle. A la campagne comme à la ville, dans
toutes les conditions, une femme peut rendre à son
entourage la vie facile et douce, cela sans dépenses
ni fatigues exagérées. La joié le plus souvent est la
compagne du bien-être, car elle naît des sentiments
que l'on éprouve en constatant autour de soi une
affection intelligente et dévouée.
M . BOUTIER,
Institutrice.
ÉDUCATION PHYSIQUE
Les séances de gymnastique. — L'éducation physique
à l'école primaire doit comprendre, pour être
complète :
1° des leçons de gymnastique proprement dite ;
2° des séancts spéciales de sports (marches, grands
jeux, exercices élémentaires de boxe, natation, etc...)
ayant un but hygiénique et utilitaire.
Ces séances de sports, dans l'état actuel des
choses, sont assez difficiles à donner à, l'école primaire.
C'est pourquoi, désireux avant tout d'établir
un programme pratique, nous les négligerons cette
année.
Les jeux. — Les jeux ne peuvent constituer à eux
seuls toute l'éducation physique, mais ils doivent
y tenir une grande place, d'autant plus large que
Ion s'adresse à des élèves plus jeures. Les « petits
PARTIE SCOLAIRE 31
jeux » ont donc leur place marquée dans la leçon de
gymnastique. Nos lecteurs trouveront dans la collection
du Manuel général de l'année dernière la description
détaillée de très nombreux jeux parmi lesquels
ils pourront choisir, et que nous nous contenterons,
cette année, de désigner par leurs titres.
Fréquence des leçons. — Il est reconnu, par ceux
qui s'occupent d'éducation physique que la leçon de
gymnastique ne peut produire d'effets vraiment
utiles qu'à la condition d'être journalière. Telle
était l'opin : on des auteurs de l'arrêté du 8 août 1890
qui, dernier en date et jamais abrogé, réglemente —
ou plutôt devrait réglementer — l'enseignement de
la gymnastique dans les écoles primaires. Cet arrêté
est si peu connu, et si peu appliqué, que nous croyons
utile de l'exhumer pour nos lecteurs. 11 y est dit :
« Le temps consacré chaque jour aux exercices
physiques, dans les écoles primaires élémentaires de
garçons et de filles, doit être de' deux heures, sur
lesquels on réservera à la gymnastique une demiheure
au moins pour les enfants au-dessous de
dix ans, trois quarts d'heure au moins pour les
enfants au-dessus de dix ans. Ce temps serait avantageusement
réparti en deux séances. Les travaux
manuels, pas plus que les exercices militaires spéciaux,
ne pourront être considérés comme leçons de
gymnastique. »
Les deux séances d'une demi-heure par semaine
que l'on trouve le plus souvent aux emplois du temps,
sont absolument insuffisantes, ce qui ne veut pas dire
qu'il faille les négliger.
E . TAIZIÈRES,
Instituteur.
LA LECTURE DU SAMEDI
Exploits d'aviateurs.
Nous savons par de brèves notes, surtout par quelques
récits de la presse étrangère, que nos aviateurs survolent
sans cesse les lignes ennemies pour apporter ensuite de précieux
renseignements à notre état-major. Ils guident le tir
de l'artillerie, ils portent les messages. — Points de mire
des mitrailleuses et des fusils ennemis, ils reçoivent dos
balles qui trouent les ailes de leurs appareils, percent le
réservoir à essence, faussent la direction, les blessent ou
les tuent eux-mêmes ; ils sont pourchassés par les aéroplanes
ennemis. — Rien ne les arrête; leur hardiesse, leur
sang-froid, leur mépris de la mort .dépasse ce qu'on 'peut
imaginer. — Les journaux ne donnent que quelques rares
récits de leurs prouesses. Nous espérons que l'histoire nous
dira leurs actes inouïs de courage.
LE SANG-FROID D'UN AVIATEUR.
Un de nos aviateurs, faute d'essence, avait dû atterrir
dans un village du territoire annexé.
Il remplissait son réservoir, quand une forte patrouille
allemande fut signalée. Sans se troubler, l'officier
continua à vider ses bidons; les Allemands,,
étonnés, ne comprenant pas, s'arrêtèrent à 200 mètres
sans tirer, craignant peut-être un piège. Le réservoir
plein, l'aviateur mit en marche et partit. A ce moment,
les Allemands, se voyant joués, tirèrent sur
lui. Il était trop tard; l'appareil et son pilote sont
rentrés sains et saufs. (Le Temps.)
HÉROÏSME D'UN AVIATEUR RUSSE.
Attaché à une escadrille aérienne d'une armée
russe, le capitaine Nesteroff au cours d'une reconnaissance
en aéroplane, aperçut un avion autrichien
qui planait au-dessus des troupes slaves avec le projet
de jeter des bombes sur leur camp.
Aussitôt il se précipite vers cet ennemi, le poursuit
et, sans hésiter, fonce sur l'avion autrichien qu'il
brise, culbute et entraîne dans sa propre chute. Par.
sa mort héroïque il a sauvé des bombes ennemies le
camp russe et privé les Autrichiens d'observations
précieuses que. leur aurait fournies leur aviateur.
Le capitaine Nesteroff était marié et père de deux
enfants. Il était aussi le soutien de sa vieille mère.
(Le Figaro.)
GYMNASTIQUE : Manuel d'exercices physiques et de jeux scolaires 1.50
32 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
LES DÉBUTS D'UN PASSAGER E N AÉROPLANE.
Maintenant c'est l'aube aigre après une nuit de vent
et d'ondées.
De grands nuages se bousculent dans le ciel encore
obscur et des rafales passent.
Près du monoplan, maintenu par les sapeurs arcboutés,
le capitaine F...", appuyé sur sa canne, donne
ses dernières instructions au pilote. Celui-ci, hier encore,
courait, champion fameux, les aérodromes et
les meetings ; maintenant il fait son devoir militaire
en toute simplicité ! Bardé, casqué, masqué de cuir,
il écoute avec nue délérente attention le capitaine qui
dit, amical et familier :
— Mon petit, vous allez prendre ce passager et ces
dépêches et filer droit au nord jusqu'à X... jLa consigne
est d'arriver; pas de prouesses en route, si vous
êtes « descendu », détruisez tout; si vous échappez,
rejoignez X... le plus tôt possible et présentez-vous
an général avec votre passager, qui transmettra son
message verbal.
Puis il nous salue, et, nous serrant la main :
— Bonne chance, amis, et faites vitel
Insensiblement, le jour gramit; une grande brise
fraîche d'est nettoie le ciel, un éblouissemant jaune
et rouge n»arque la place où va jaillir le soleil.
Tandis que !e pilote examine l'appareil, je m'installe
à mon poste de passager, le paquet pour le général
entre les jambes et une carabine de chaque côté,
le long du fuselage.
Nous sommes prêts, l'hélice lancée; le moteur, démuselé,
pousse sa clameur héroïque; l'appareil roule
en cahotant; puis insensiblement s'élève. Devant moi,
le pilote, lié à son siège, immobile et attentif, règle
la montée à petits coups de ses commandes, et déjà
s'élargit et se dessine au-dessous de nous notre cher
aérodrome avec sa double ligne de hangars, son
étang et ses chemins courant au milieu des cultures.
Nous -allons droit au nord, bousculés par cette
brise d'est qui nous fait dériver.
Nous allons grand traiû, fouettés d'air vif, et nous
montons toujours.
Maintenant, c'est la monotonie de la route, au-dessus
de la campagne confuse. Le pilote, cramponné à
ses commandes, parait immobile, de temps à autre
les grandes rafales d'est nous secouent et nous jettent
hors de notre route.
Subitement, le moteur coupé, on n'entend plus que
le ronflement du vent dans les agrès; le monoplan,
cabré, s'immobilise presque, et le pilote, tourné, vers
moi, me montre de petites fumées noires qui courent
dans le vent au-dessous de nous; puis il me fait signe
d'écouter; mais je n'entends que le sifflement du
vent dans les agrès, le bourdonnement de l'hélice et
le cliquetis du moteur entraîné-. Puis, l'allumage est
remis, et la formidable chanson du moteur recommence,
couvrant tout.
Les petites fumées se font.plus nombreuses et plus
voisines. Nous essayons encore de monter, quand un
grand sou:fle nous couche sur le côté; prodigieusement
prompt, le pilote a redressé, mais aussitôt une
nouvelle et plus effroyable secousse nous dresse presque
verticalement, et nous perdons de l'altitude; les
éclairs et les fumées peuplent maintenant notre voisi
nage et de grands souffles d'air nous bousculent.
Nous fonçons droit devant nous, au milieu de ce
danger; cramponné au fuselage, j attends l'inévitable,
sans pensée, à bout d'émotivité.
Et puis le calme revient, la zone terrible est franchie
; au-dessous de nous, une forêt immense s'étend,
coupée de ravins. C'est dans le calme revenu, alors
que nous paraît reconquise la sécurité, que le danger
reparaît immédiat et formidable. A peine échappé de
la zone infernale nous commençons à pencher sur
une aile. Le pilote, à bout de gauchissement, arcboute,
coupe l'allumage, tourne à demi la tête et me
montre des yeux un lambeau de toile déchirée qui
flotte au vent sur notre aile gauche.
A.vant que j'aie pu réfléchir, la descente vertigineuse
commence et s'accélère aussitôt en chute. Avant que
j aie pu reconnaître le sol au-dessous de nous, un
atterrissage brutal et cahoté nous met à terre au
fond d'une étroite clairière. Seul le pilote pouvait
tenter et réussir une telle mauœuvre désespérée.
Calme, bien que le visage encore crispé d'angoisse,
il saute sur le sol en criant : « Prenez les armes
pendant que je réparerai 1 » et il s'active à coller
une pièce sur l'aile endommagée tout en disant :
« Vite, vite. Si les Boches arrivent, tirez dessus, et
puis je mettrai le feu à l'appareil et nous nous
sauverons. Vi.e. vite... » Et pendant que je surveille
la clairière, la carabine en main, le pilote continue
son travail et répète machinalement : « Vite, vite! »
Puis, sans dire autre chose que ces mots, sans cesse
répétés, il me fait signe de soulever la queue de
l'appareil, s'y attelle lui-même, et nous voilà, essayant
de traîner l'appareil à l'autre bout de la clairière. Ce
diab e d'homme veut essayer de repartir en vol 1
Mais les racines nous accrochent, les pierres menacent
de nous faire verser; accablés, à bout de nerfs,
nous allons laisser retomber la -queue du monoplan
quand le pilote, pâle, contracté et suant, et qui répète
comme une obsession : « Vite, vite ! » bondit et met
son revolver sous le nez d'un homme fangeux et
hérissé que nous n'avions pas vu approcher, je saute
sur une carabine, tandis que l'homme, très calme,
parle du fond de sa barbe : « Nous sommes d'ici,
nous devons guider les nôtres dans les bois .^Depuis
que les Boches sont là, nous sommes cachés. On va
vous donner un coup de main, les autres sont pas
loin. » En effet, à son appel, les « autres », pareillement
boueux et pareillement hérissés, s'approchent
et s'attellent au monoplan. Dans un iustant nous
sommes à poste et prêts à partir.
L'hélice lancée, rudement secoués d'abord, nous
prenons franchement notre essor, mais les arbres de
la clairière viennent au-devant de nous. Ils grandissent
; nous ne passerons pas. Et, subitement, d'un
saut presque vertical, nous passons l'obstacle, frôlant
les hautes branches, puis nous voguons de nouveau
sur l'océan des cimes feuillues.
Maintenant nous allons notre route, détendus,
presque joyeux et nous montons toujours. Quand
nous repassons, perdus dans le ciel, les canons ont
cessé leur feu, et bientôt après, descendant par degrés,
nous retrouvons les lignes françaises et accomplissons
en simplicité la tâche ordonnée.
(Le Journal.)
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