L'épreuve de la rue a commencé - Alger Hebdo.com

Il y a eu d’abord les
émeutes, récurrentes
depuis de
longues années.
Comme un moyen
ultime de se faire
entendre, une
astuce toute trouvée
pour faire sortir de
leurs bureaux les
responsables.
Q
uel que soit leur niveau
hiérarchique, les responsables
locaux sup-
posés être les premiers interlocuteurs
de la population sont très
rarement à l’écoute de celle-ci,
et il est quasiment exceptionnel
qu’un wali ou même un élu local
reçoive un citoyen, enregistre
patiemment ses doléances et le
réconforte.
D’ailleurs, pourquoi recevoir
des demandeurs de logement et
d’emploi puisque ces deux paramètres
sociaux par excellence
sont censés être pris en charge
par l’institution ? Or, précisément,
le commis de l’Etat part
d’un immense préjugé en supposant
qu’il n’a pas à recevoir en
audience tout demandeur de logement
et/ou d’emploi puisque
de réunion en réunion, il travaille
d’arrache-pied à résoudre
ces problèmes épineux. Et c’est
là que se pose le problème de
communication qui frise alors le
malentendu.
D’un côté, il y a des responsables
investis d’une mission
politique et sociale qui pensent,
à tort, qu’ils n’ont pas à rendre
de compte à la foule, trop pris
qu’ils sont par leur mission et
n’ayant pas de temps à perdre à
palabrer en audiences. De
l’autre, il y a une population qui
trouve hermétiquement closes
les portes des bureaux et qui,
dans une ultime tentative de se
faire entendre, recourt à l’émeute.
Entre les deux, il faut noter
l’absence totale de tout mouvement
associatif censé servir de
relais. Et c’est donc l’escalade.
Pour l’année 2010, on a comptabilisé
plus de 9 000 émeutes à
travers le territoire national, un
chiffre effarant qui traduit toute
la déshérence de la gouvernance
qui omet de prendre au sérieux
«la société civile». N’importe
quel quidam vous dira que le
seul moyen de voir enfin rappliquer
le maire ou même le wali,
c’est de brûler des pneus . En général,
c’est celui qui détient le
poste intermédiaire, le chef de
daïra en l’occurrence, qui va «au
charbon» et promet d’étudier la
situation pour obtenir le retour
au calme.
Mais au-delà de ce moyen d’expression
aussi inédit que violent,
il faut s’interroger sur les revendications
de la société. Toutes
sans exception sont d’ordre social
et jusqu’à présent, aucune
émeute, aucune manifestation
n’a revendiqué le départ de tel
ou tel responsable ni exprimé le
moindre mot d’ordre politique.
Les sociologues expliquent cette
demande sociale par une grande
lassitude qui s’est emparée
d’une population qui a payé un
trop lourd tribut au terrorisme.
Exit donc toutes les manifestations
de ces années quatre-vingtdix
quand l’Algérien se posait
A LA UNE
FRONT SOCIAL
Les desperados s’emparent de la rue
Pour l’année 2010, il a été comptabilisé plus de 9 000 émeutes à travers le territoire national.
des problèmes existentiels, notamment
lorsque des gourous se
faisaient les tribuns d’un paradis
promis, dans des stades en délire.
Le prix fut terrible en vies humaines
et en dégâts matériels et
personne n’est prêt à recommencer
cette tragique et sanglante
expérience.
L’Algérien tournerait-il ainsi le
dos à la politique ? A étudier les
absentions aux derniers rendezvous
électoraux, notamment les
législatives où les urnes furent
boudées, il apparaît une sorte de
désintérêt qui frise la résignation.
Celui-ci ou un autre candidat,
c’est du pareil au même : telle
est la philosophie qui fait office
de programme politique de la
population. Et dans aucune manifestation,
la population n’a une
seule fois demandé le départ
d’un responsable, mais plutôt
qu’il accomplisse les missions
qui lui sont dévolues, du moins
selon la perception que s’en font
les citoyens, à savoir libérer les
logements neufs et toujours inoccupés,
offrir de l’emploi,
construire des routes praticables,
alimenter les quartiers en eau.
Autant de revendications qui ont
rapport à l’existence et à des
crises politiques.
L’écriture de l'histoire de la Révolution relève de la
responsabilité des spécialistes et des historiens
Le ministre des Moudjahidine,
Mohamed-Cherif Abbas, a affirmé,
jeudi dernier à Oum El-
Bouaghi, que l'écriture de l'histoire
de notre glorieuse révolution
«relève de la seule
responsabilité des spécialistes et
des historiens».
Les ministères des Moudjahidine
et de la Défense nationale sont
«entièrement disposés à apporter
toute l'aide et le soutien nécessaires
à ceux qui s'intéressent à
l'écriture de l'histoire de la Révolution»,
a assuré le ministre au
cours d'un point de presse animé
au terme d'une cérémonie de dis-
tribution de 24 ambulances aux
établissements sanitaires de cette
wilaya qui abrite depuis vendredi
les festivités nationales commémoratives
de la Journée nationale
du chahid.
Par ailleurs, le ministre a déclaré
que l’Algérie s'emploie à approfondir
la démocratie qui a franchi
d'importantes et nombreuses
étapes dans un contexte de paix
retrouvée.
Dans une allocution prononcée
dans la ville d'Oum El-Bouaghi,
choisie pour abriter les cérémonies
officielles commémorant la
Journée nationale du chahid, le
ministre a indiqué que l'Algérie
«s'emploie, sans avoir besoin des
conseils de quiconque, à asseoir
la démocratie qui a franchi d'importantes
et de nombreuses
étapes dans un contexte de paix
retrouvée».
L'approfondissement des réformes
récemment annoncées
par le président de la République,
M. Abdelaziz Bouteflika, «nécessite
de la part de tous un surcroît
de travail et d'ardeur afin de
consolider la dignité de l'Algérie
et sa stabilité», a encore souligné
M. Abbas.
Alger Hebdo n° 267 - Semaine du 19 au 25 février 2011
Peu chaut au citoyen que tel édile
soit de telle chapelle ou telle
autre, il y voit avant tout un commis
de l’Etat astreint à résoudre
ses problèmes et il lui importe
peu qu’il émarge à telle idéologie
ou telle autre. Même la
marche avortée du 12 février
dernier n’a pas demandé le changement
du personnel politique
mais celui du système. Un système
qui s’est vite traduit par les
e monde arabe est sou-
L dain qualifié de région
susceptible d’entrer dans
l’histoire en démocratisant ses
régimes successifs. L’Occident
avec à sa tête les Etas-
Unis y veillent avec une attention
particulière, suivant ici et
là les événements et intimant
presque aux gouvernements
en place l’ordre d’ «être à
l’écoute» de leurs peuples. Il y
a à peine quelques années, la
démocratie aujourd’hui brandie
comme sacerdoce à tous
les maux était «imposée» par
les bombardements en Irak, et
le résultat ne s’est pas fait attendre
: au lieu de combattre le
terrorisme, l’occupant US n’a
fait que contribuer à renforcer
les rangs des terroristes qu’il
prétendait anéantir.
Il faut juste rappeler qu’en Algérie,
la longue et constante
lutte antiterroriste a été menée
dans la solitude la plus totale,
et le pouvoir d’alors était sommé
de «négocier» avec la nébuleuse
islamiste présentée
comme «une opposition armée».
Aujourd’hui, l’Occident change
de fusil d’épaule, mais l’ingérence
est la même. Hier, invitant
diplomatiquement à la
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passe-droits érigeant la corruption
en valeur sociale au point où
l’administré recourt à ce procédé
immoral pour régler ses problèmes,
en lieu et place de la
procédure habituelle. Il y a donc
assurément non seulement un
problème de communication
mais aussi et surtout un problème
de gestion de la chose publique.
L’Algérien moyen du XXI e
siècle n’est pas celui des années
quatre-vingt-dix. Et par la grâce
de la télévision satellitaire et de
tous les outils de communication,
dont l’inévitable Internet, il
a appris à séparer le bon grain de
l’ivraie. Il sait, entre autres informations,
que son pays est très
riche, qu’il y a une répartition
très inéquitable des richesses et,
surtout, qu’une caste de débrouillards
s’est impudiquement
enrichie alors que l’extrême majorité
des jeunes, la plupart des
diplômés, n’accède pas à un emploi
stable et encore moins à un
logement.
Voilà, n’est-ce pas, de quoi fabriquer
des harraga, des candidats
au suicide et des émeutiers.
Les décennies précédentes
avaient fabriqué des desperados
prompts à prendre les armes. Les
temps actuels ont fabriqué des
désespérés prêts à prendre la
mer. Et à brûler.
Neyla Belhadi
LL e e ll ii ee nn
Un immense avantage
reddition et aujourd’hui, à
l’écoute, le paternalisme n’a
décidément pas changé d’un
iota. Il se trouve juste qu’en
Algérie, le scénario en cours
dans certains pays peut être aisément
éludé quoi qu’en pensent
certains experts prompts à
évoquer l’effet domino. Il y a
un élément historique qu’il
faut évaluer à sa juste valeur :
le pays a déjà payé un très
lourd tribut durant ces années
de sang et il n’est ni en retard
ni en avance d’une révolution.
Il faudrait juste prendre en
charge les problèmes, tous les
problèmes de la population
qui manifeste à l’évidence une
impatience légitime à voir enfin
le bout du tunnel.
Trop de temps a été perdu en
«stratégies économiques» et
autres modèles de développement
aussitôt contredits et
abandonnés. Une navigation à
vue largement disqualifiée et
injustifiée par la faute de compétences
avérées écartées.
Surtout que les caisses sont
pleines. C’est l’immense
avantage que possède le pays
par rapport à tous ses voisins.
Saura-t-on le fructifier pour
que la paix soit ?
N.B.