EDH N¡80 - Diocèse de Montpellier

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EDH N°80 18/03/04 11:55 Page 6 Robert Scotto ■ ACO, Action catholique ouvrière. Trois mots, un sigle qui, aussitôt prononcés en appellent d’autres, sans hésiter : JOC, Jeunesse catholique ouvrière, et pourquoi pas, en remontant à l’immédiat après-guerre, les prêtresouvriers condamnés bien vite par le Vatican sans doute parce que devenus,par contagion, bien subversifs. Mais Jésus ne l’était-il pas lui-même ? Pourquoi l’Église se préoccupe-t-elle de l’ouvrier, celui, vous savez, qui aurait l’intelligence de la main et pas de la tête ? L’institution n’est-elle pas trop loin de cette société humaine telle que Jésus la souhaitait ? Henri Godin, un prêtre des années quarante, voyait le prêtre vivant noyé dans la masse, participer totalement à la vie moderne. Ça sentait un peu le soufre puisque dans cette conception la paroisse n’était plus la maison du peuple mais le cercle formé pour quelques “bien-pensants”. Mais l’abbé ne pratiquait pas l’angélisme. « Ce sera dur, reconnaît-il, de renverser la vapeur. Si le tournant est raté, l’Église ne sera plus qu’une grande baraque inhabitée ». Du profit à l’injustice Et c’est ce qui arriva. Ni Godin, ni ceux qui le suivirent ne furent compris. Une partie importante des gens “de la masse” se détourna, avec déchirement, du Christianisme. Aujourd’hui c’est cela qu’il faut prendre en compte, sans pratiquer le prosélytisme 6 primaire, sans malmener les consciences, mais en se rapprochant de ce peuple manuel d’abord, et, surtout, en essayant, peu à peu, de rogner les “abus” d’une Société vouée au profit et peu encline à dénoncer l’injustice faite aux hommes et femmes pauvres, exclus, chômeurs, sans-logis.Tous ces êtres “déchirés”, nous les côtoyons chaque jour. C’est donc vers eux que penche l’ACO avec, c’est vrai, délicatesse et… prudence. L’ACO, mouvement d’Église, modeste, sans grand moyen si ce n’est quelques “bonnes volontés” donc avec des petits effectifs pas faciles à étoffer, en 2003. Mais l’ACO se veut levain dans la pâte. Le développement c’est un peu son affaire. Son aumônier diocésain et régional, le P. Claude André, qui rentre d’un “week-end de réunions” à Carcassonne, pense même que dans le combat nous arrivons « à un tournant ». Le contact existe bien avec tous les gens concernés, ceux des syndicats CGT, FO, CFDT…, avec les associations. « On s’écoute enfin » ; on arrive à se comprendre, on vit en tolérance. Ce n’est déjà pas mal par les temps qui courent. Dans le monde Bien entendu qui dit « révision de vie » admet aussi que Dieu qui s’adresse à tous, confie aux chrétiens une responsabilité à caractère social mais peut-être encore plus politique. Le mot est vie du diocèse MOUVEMENT l’Action Catholique Ouvrière En mission auprès des sans-grade • Promouvoir plus de justice • Ouvrir la voie à l’Église • Primat de l’Homme sur l’institution • Préférer l’Espérance à la situation acquise • Tout orienter vers les petits”, les faibles. Nous ont aidé pour mieux connaître le mouvement ACO : Geneviève Fraisse (ci-contre), responsable laïque diocésaine. P. Claude André, prêtre à Montpellier, aumônier diocésain et régional. P. Michel Christol, prêtre à Sète et aumônier. Merci à eux. lâché. Il ne doit pas effrayer, agacer, heurter. Quand l’Église entre dans le monde du travail, elle fait son devoir, elle renoue avec sa véritable mission. Rôle symbolique ? Mais symbole fort. Ce que ne dément pas Mme Geneviève Fraisse, responsable laïque diocésaine de l’ACO. Nous avons recueilli ses analyses et en rendons compte par ailleurs dans ces pages. Avec aussi le point de vue du P. Michel Christol de Sète qui aimerait bien, lui, « évangéliser un peu aussi » l’Église-Institution en Hérault, comme ailleurs. Et, sans doute, n’est-il pas le seul à le souhaiter ? Aider à se tenir debout Comment les chrétiens moins gâtés par la vie, viventils leur Foi ou, hélas renoncentils à la vivre ? Les équipes de l’Action catholique ouvrière, sept à huit personnes par équipes, tentent de répondre à cette vraie interrogation. Elles sont présentes sur les lieux de travail et observent ce qui s’y passe. Leur angle de vue est choisi en référence à l’Évangile. ÉGLISE EN PAYS D’HÉRAULT - N° 80 DU 25 MARS 2004 Dans le collimateur, la détresse humaine, donc en général cette injustice qui frappe le plus souvent les plus petits d’entre nous. Ceux que les équipes veulent aider « à se tenir debout ». Tâche immense, difficile, à mener dans l’Espérance mais, malheureusement, n’attire pas assez les chrétiens. Les volontaires se font rares parce que la mission se veut exigeante et qu’elle se heurte souvent à la méfiance de ceux qui se sont éloignés de Jésus, ou, pour les jeunes, qui ne l’ont pas toujours découvert. Les militants de l’ACO : des chrétiens authentiques Que ce que l’on fait soit éclairé par l’Évangile, dans la vie de quartier, dans l’école, sur le lieu de travail et même à l’église. Tout cela mérite réflexion, en équipe. Partout l’ouvrier, l’employé, le travailleur précaire, le chômeur de longue durée, le jeune sans occupation, sans ressources, tous ont une culture propre, une histoire particulière. Aller vers eux exige préparation, apprentissage, formation. Ces
EDH N°80 18/03/04 11:55 Page 7 vies difficiles créent des identités d’hommes et de femmes bien particulières et mènent, c’est inévitable, sur les chemins cahoteux de la politique de combat économique. Les équipes de l’ACO, celle de Sète par exemple, comme les autres, doivent fuir la culture élitiste trop souvent celle des “bons chrétiens” pratiquant à la lettre les règles de vie prescrites et immuables. Il faut sortir de ces sortes de retranchement d’Église où le Salut ne peut être que pour quelques-uns. Pas une conquête L’ACO doit conduire, avec doigté, discrétion, précaution, à faire éclater des structures de société qui, parce qu’elles ne sont pas pensées et considérées pour la “masse” des citoyens pauvres, ne peuvent rester en l’état. L’Évangile dit : amour, partage, générosité, justice, des mots du cœur qui font l’Église authentique ; celle du christianisme populaire. Celle qui fait, par l’action, une société autre que celle que nous vivons sous la seule férule néo-libérale actuelle. Les équipes de l’ACO, peu étoffées, peu nombreuses, ne partent pas pour une conquête chrétienne du monde. Leurs membres, derrière leur pasteur, ambitionnent, au quotidien, de mener dialogue avec les responsables des entreprises autant qu’avec le salarié. Pas de révolution, mais une perpétuelle évolution. Cela n’en reste pas moins du militantisme. Comme Jésus, ils font le choix des marginaux même si cela peut parfois choquer les autres, ceux qui tous les dimanches se rangent aux premiers rangs de l’église paroissiale. À terme, ces chrétiens engagés dans l’ACO réussiront-ils, dans ce nouveau millénaire à réorienter fondamentalement la pensée qui prévaut aujourd’hui ? Peut-être bien. Ceux qui nous ont répondu le croient ferme. Intervention de Jean-Paul Kan, Président diocésain du CCFD, lors de la messe d’entrée en carême le 30 Février 2004 ■ « Une maigre nourriture, c’est la vie des pauvres, les en priver, c’est commettre un meurtre ». (L’Ecclésiastique : 34 21,22) Paroles fortes ! Or, aujourd’hui, une personne sur sept souffre de la faim ! L’état des sols, la fatalité du climat, la corruption, les guerres… sont souvent invoqués comme entraves au développement. Pourtant, elles ne suffisent pas à expliquer pourquoi les populations pauvres, en particulier les petits paysans, sont de plus en plus privées de l’accès à une nourriture adéquate et suffisante. Notre agriculture au nord, riche et subventionnée, déverse ses surplus à prix bradés dans les pays pauvres; les petits paysans, en conséquence sont privés de leurs justes débouchés. Pour exemple, le poulet européen est vendu 1,4 € sur les marchés de l’Afrique de l’Ouest alors que le coût de la production locale est d’environ 2,2 € ! Les surplus des pays riches ne nourrissent pas vie du diocèse CCFD La collecte a lieu le 5 ème dimanche de carême « Tu mangeras quand tu seras compétitif » Avoir le droit de choisir librement comment se nourrir les pays du Sud. Les paysans pauvres peuvent résoudre l’équation de leur faim. « Tu mangeras quand tu seras compétitif » dit l’affiche de carême du CCFD. « Il faut réformer les règles du commerce mondial » ajoute-telle. Compétitivité dynamisante : oui, si les règles du jeu sont équitables. Elles sont actuellement trop en faveur des pays riches. L’enjeu : la souveraineté alimentaire ; pour chaque peuple, avoir le droit, en conformité avec l’intérêt régional ou national, de choisir et de développer librement ses modes d’approvisionnement en produits alimentaires. Le CCFD et ses partenaires agissent au quotidien, combinant actions sur le Dans les paroisses, la quête du dimanche 28 mars, 5 ème dimanche de Carême, sera consacrée au CCFD. Chacun d’entre nous est invité par les évêques de France à manifester sa solidarité afin que le CCFD puisse poursuivre ses actions pour la construction d’un monde plus juste. terrain avec les plus pauvres, et plaidoyers auprès des pouvoirs publics et des instances internationales. La campagne de carême, moment privilégié et essentiel de récolte des fonds nécessaires au soutien de nos partenaires, est aussi le temps d’une réflexion pour s’engager au quotidien pour un monde plus juste. Hamadoun Tolo de l’association “Mali-Enjeu” partenaire CCFD 2004 DOCUMENT Message du Pape pour le carême 2004 ■ […] Je pense avec une admiration pleine de gratitude à ceux qui prennent soin de la formation des enfants en difficulté et qui soulagent les souffrances des enfants et de leurs proches causées par les conflits et la violence, par le manque d’eau et de nourriture, par l’émigration forcée, ainsi que par les nombreuses autres formes d’injustice qui existent à travers le monde. L’intégralité du texte se trouve sur le site Internet du diocèse http://catholique-montpellier.cef.fr ÉGLISE EN PAYS D’HÉRAULT - N° 80 DU 25 MARS 2004 7
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