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Mémoires historiques, tome second - Chine ancienne

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Se-ma Ts’ien — <strong>Mémoires</strong> Historiques<br />

Tome II<br />

n’est pas cette visite qui semble être le but de son voyage ; en outre, rien<br />

dans ces textes ne peut faire supposer que Si-wang-mou soit une femme. On<br />

remarquera que Se-ma Ts’ien passe complètement sous silence le nom de Si-<br />

wang-mou. Dans les Annales écrites sur bambou (cf. Legge, <strong>Chine</strong>se Classics,<br />

<strong>tome</strong> III, Prolégomènes, pp. 150-151), on lit seulement ceci :<br />

« La dix-septième année de son règne, le roi alla faire une<br />

expédition guerrière dans l’ouest et arriva jusqu’au mont Koen-<br />

luen ; il rendit visite à Si-wang-mou ; cette même année, Si-wang-<br />

mou vint lui rendre hommage et fut reçu comme un hôte dans le<br />

palais Tchao. »<br />

A une époque plus tardive, le nom de Si-wang-mou ne fut plus compris comme<br />

une simple transcription phonétique d’un mot étranger ; on interpréta chacun<br />

des caractères qui le composent et on en fit « la mère reine d’Occident » ;<br />

c’est alors que toutes les légendes relatives à la mère reine d’Occident<br />

s’agrégèrent à la tradition du voyage du roi Mou dans l’ouest.<br />

On peut aller plus loin, si le personnage appelé Si-wang-mou n’est pas<br />

essentiel dans le récit du voyage, le roi Mou lui-même ne l’est pas davantage.<br />

Dans les Annales principales des Tcheou (cf. <strong>tome</strong> I, note 04.337), Se-ma<br />

Ts’ien ne mentionne pas ce voyage lorsqu’il raconte le règne du roi Mou ; il en<br />

parle au contraire dans les Annales principales des Ts’in ; cela signifie, puisque<br />

Se-ma Ts’ien n’est jamais qu’un compilateur, que le récit du voyage était une<br />

tradition inconnue dans les chroniques du pays des Tcheou et qu’elle a eu son<br />

origine dans le pays de Ts’in. Quel est en effet le noyau de la légende ? C’est<br />

Tsao-fou et son attelage de chevaux merveilleux dont on a conservé les noms<br />

étranges. Mais comme Tsao-fou passe pour avoir vécu au temps du roi Mou,<br />

les érudits ont rapproché le voyage dans l’ouest du nom de ce roi. C’est ainsi<br />

qu’une légende qui prit naissance dans le Chàn-si à une époque où les<br />

habitants de l’État de Ts’in étaient encore barbares, a été d’abord rattachée<br />

artificiellement à l’histoire du royaume du Milieu en vertu d’une prétendue<br />

concordance chronologique entre Tsao-fou et le roi Mou, puis s’est grossie de<br />

toutes les fables qui se sont formées autour du contre-sens commis sur le nom<br />

de Si-wang-mou.<br />

05.(123) Che tse (chap. II, p. 20 r°) dit : « Le roi Yen, de Siu, avait des<br />

tendons, mais il n’avait pas d’os ». Cette légende paraît avoir son origine dans<br />

une fausse interprétation du mot qui signifie renverser, incliner ; pourquoi ce<br />

roi s’appelait-il le roi incliné ? C’est parce qu’il n’avait pas d’os et que par<br />

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