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E. Cassan-Pisani, Dossier thématique : Du castrum au fortalicium

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ecclésial, la disposition des maisons en couronne révèle également l’existence d’un espace central<br />

distinct de l’habitat castral et dont la majeure partie était occupée par le cimetière et le presbytère : cet<br />

espace de 50 mètres de large pourrait correspondre à l’emprise d’un enclos ecclésial « primitif » défini<br />

<strong>au</strong>tour du pôle ecclésial dans le contexte de la Paix de Dieu, selon des modalités et des schémas bien<br />

mis en évidence par Jean-P<strong>au</strong>l Cazes et Dominique B<strong>au</strong>dreu en Languedoc 11 . Située <strong>au</strong> centre de ce<br />

noy<strong>au</strong>, l’église a probablement constitué un pôle de fixation pour l’implantation d’un habitat<br />

aggloméré de plus grande ampleur attesté, dès la fin du XII e siècle, à travers la mention d’une « villa<br />

Totnaco ». Les tracés parcellaires identifiés pourraient ainsi correspondre <strong>au</strong>x limites de l’enclos<br />

ecclésial implanté dans la perspective de développer le noy<strong>au</strong> d’habitat.<br />

A la fin du XII e siècle ou <strong>au</strong> début du XIII e siècle, la construction d'un châte<strong>au</strong> en périphérie de<br />

l’enclos ecclésial primitif engendre de nouvelles dynamiques d’évolution. En effet, la couronne de<br />

maisons visible sur le plan du XIX e siècle pourrait résulter d’une phase de restructuration de<br />

l’agglomération <strong>au</strong>tour du nouve<strong>au</strong> pôle castral et à l’intérieur d’une enceinte en partie formée par les<br />

maisons elles-mêmes (fig. 4). Les limites du <strong>castrum</strong> mentionné dans le deuxième tiers du XIII e siècle<br />

semblent partiellement calquées sur le tracé de l’enclos ecclésial. Cependant, l’emprise de ce dernier<br />

est probablement réduit <strong>au</strong> nord, comme en témoigne la morphologie parcellaire du XIX e siècle qui<br />

révèle la présence d’un front fortifié rectiligne aligné sur le flanc nord du châte<strong>au</strong>, en deçà de tracés<br />

arrondis identifiés comme l’enclos ecclésial. Le compoix de 1603, qui mentionne une maison jouxtant<br />

à la fois le « châte<strong>au</strong> du seigneur » et le « fossé de la ville » 12 , appuie cette hypothèse et permet de<br />

restituer une enceinte collective venant se raccorder à la fortification seigneuriale. Ainsi, les sources et<br />

la morphologie traduisent bien le rôle majeur du pôle castral dans la restructuration partielle de<br />

l’habitat : le châte<strong>au</strong> sert d’appui à la définition de l’enceinte <strong>au</strong> sein d’un enclos initial plus vaste dont<br />

la partie nord n’a peut-être jamais été occupée. De même, les observations de terrain pourraient laisser<br />

supposer que les maisons ont été également reconstruites <strong>au</strong> sud, en léger retrait par rapport <strong>au</strong> tracé<br />

initial de l’enclos ecclésial. Cette restructuration s’explique peut-être par la volonté de resserrer la<br />

trame bâtie à l’intérieur d’une enceinte collective et par la nécessité de rebâtir les maisons formant<br />

l’enceinte. Cependant, on ne peut pas totalement exclure l’hypothèse d’une rétraction de l’habitat liée<br />

à la remise en défense dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Malgré tout, la morphologie traduit<br />

une articulation parfaite entre le pôle castral et l’enceinte collective qui laisse supposer un<br />

aménagement homogène.<br />

5. MODALITES DE LA MISE EN DEFENSE DE L’AGGLOMERATION A LA FIN DU<br />

MOYEN AGE<br />

En 1411, un acte de vente décrit une maison située « infra <strong>fortalicium</strong> » 13 . Ce terme, très<br />

fréquemment utilisé pour qualifier les habitats fortifiés à la fin du Moyen Age, traduit la réactivation<br />

et l’entretien des fortifications de Tonnac dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Cependant, en<br />

1505, une <strong>au</strong>tre maison est localisée « infra <strong>castrum</strong> de Tonnaco » 14 , jouxtant le cimetière et le mur de<br />

la ville. La seule confrontation des sources médiévales ne permet pas de déterminer si les termes<br />

<strong>castrum</strong> et <strong>fortalicium</strong> renvoient à une même réalité ou s’ils font référence à deux éléments de<br />

fortification différents. Le compoix de 1603 confirme en revanche les hypothèses soulevées par<br />

l’analyse du parcellaire et du bâti.<br />

En effet, ce registre fiscal d’époque moderne donne une image de l’agglomération peu<br />

éloignée de la situation que l’on peut restituer pour la fin du Moyen Age grâce <strong>au</strong>x sources textuelles<br />

médiévales et à l’analyse du bâti (fig. 5). La localisation des biens allivrés permet d’établir une<br />

distinction entre les immeubles situés « dans Tonnac », jouxtant le « fossé », le « mur de la ville » ou<br />

11 BAUDREU Dominique et CAZES Jean-P<strong>au</strong>l, «Le rôle de l'église dans la formation des villages médiév<strong>au</strong>x. L'exemple des pays <strong>au</strong>dois», dans Société<br />

médiévale occitane, Historiens et archéologues, Actes de la troisième session d'histoire médiévale de Carcassonne, tenue du 28 août <strong>au</strong> 1e septembre<br />

1990, organisée par le C.N.E.C./Centre René Nelli et le C.A.M.L, Heresis, t. 2, Berne, Editions scientifiques européennes, 1992, p. 139-158.<br />

12 Ibid., fol. 17 v.<br />

13 PORTAL Charles, « Extraits de registres de notaires, documents des XIV e -XVI e siècles concernant principalement le pays albigeois », dans Revue du<br />

Tarn, 1901, t. XVIII, p. 260.<br />

14 Ibid.<br />

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