AGATHA CHRISTIE Black C<strong>of</strong>fee Traduit de l’anglais par Jean-Michel Alamagny Titre original : BLACK COFFEE LE MASQUE
1 Hercule Poirot prenait son petit déjeuner dans son luxueux appartement de Mayfair, havre de paix tout entier voué <strong>au</strong> double culte de l’angle droit et de la symétrie. Et il venait de se régaler de sa brioche et de sa tasse de chocolat ch<strong>au</strong>d quand, rompant incongrûment avec la sacro-sainte tradition – car c’était un être d’habitudes et qui dérogeait rarement à la routine –, il pria de but en blanc son fidèle valet de chambre, Georges, de lui en préparer une seconde tasse. Puis, tandis qu’il se mettait en devoir d’attendre <strong>ce</strong>t extravagant supplément de breuvage, il accorda un regard complaisant à l’image que lui renvoyait le miroir en pied – rectangulaire, comme il se doit – qui lui faisait fa<strong>ce</strong> de l’<strong>au</strong>tre côté de la piè<strong>ce</strong>. Court sur pattes, la soixantaine bien sonnée, silhouette menue en dépit de la plaisante rondeur de sa bedaine, il avait le crâne en forme d’œuf et des moustaches superlatives qui se relevaient dans un élan de pétulan<strong>ce</strong> contrôlée. Apparemment satisfait de <strong>ce</strong> qu’il voyait, il reporta son attention sur le courrier du matin qu’il avait déjà parcouru et qui attendait sur sa table. Toujours <strong>au</strong>ssi féru d’ordre et de méthode, il avait fait des enveloppes, une fois vidées de leur contenu, une pile impeccable. (Il les avait méticuleusement ouvertes à l’aide du coupepapier en forme d’épée miniature que son vieil ami le capitaine Hastings lui avait <strong>of</strong>fert pour son anniversaire des années <strong>au</strong>paravant.) Une deuxième pile con<strong>ce</strong>rnait les envois qu’il jugeait sans intérêt – des prospectus pour la plupart – et qu’il chargerait tout à l’heure Georges de jeter à la corbeille. La troisième était constituée de lettres qui exigeaient réponse, ou à tout le moins accusé de ré<strong>ce</strong>ption. Il s’occuperait d’elles après le petit déjeuner, en tout cas pas avant 10 heures. Poirot estimait en effet qu’entamer une journée de travail casanier avant 10 heures du matin trahissait un cruel manque de pr<strong>of</strong>essionnalisme chez l’imprudent qui s’y risquait. Lorsqu’il était sur une affaire, alors là, bien entendu, il en allait tout <strong>au</strong>trement. Il se rappelait même qu’un jour Hastings et lui s’étaient mis en route bien avant l’<strong>au</strong>be histoire de… Mais non, Poirot ne voulait pas que ses pensées s’en aillent vagabonder sur les rives du passé. De <strong>ce</strong> passé si proche, encore, mais <strong>au</strong>quel il ne pouvait s’empêcher de songer <strong>au</strong>trement que comme <strong>au</strong> bon vieux temps. Sitôt résolu <strong>ce</strong> qui deviendrait leur dernière affaire menée en commun, la lutte contre l’organisation internationale du crime connue sous le nom des « Quatre », Hastings avait cinglé vers l’Argentine pour y retrouver sa femme et son ranch. Et, bien que le cher homme séjournât actuellement à Londres en voyage d’affaires, leur collaboration appartenait indubitablement <strong>au</strong> passé. « Que d’émotions partagées, à l’époque ! rêva Poirot. Alors que désormais, que faisons-nous ensemble, Hastings et moi ? Il nous arrive de dîner parfois dans <strong>ce</strong> prodigieux pala<strong>ce</strong> qu’est le Ritz, où il a établi ses pénates. Tout <strong>ce</strong>la est bel et bon, je n’en disconviens pas, de même que les deux ou trois piè<strong>ce</strong>s de théâtre que nous sommes allés appl<strong>au</strong>dir ensemble. Mais, ah ! que la vie était belle <strong>au</strong> temps où… » Non, il fallait vraiment qu’il s’effor<strong>ce</strong> de ne pas ressasser le passé, même si c’était difficile, même si la brève escale londonienne de Hastings ne faisait que raviver la blessure. Était-<strong>ce</strong> pour tout <strong>ce</strong>la que Poirot sentait l’agitation le gagner en <strong>ce</strong>tte belle matinée de mai 1934 où le printemps commençait enfin à pointer le bout de son nez ? Officiellement retiré des affaires, il s’était plus d’une fois laissé entraîner hors de <strong>ce</strong>tte retraite : chaque fois,
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Lucia fit un pas vers son mari. —