Transformez vos PDF en papier électronique et augmentez vos revenus !
Optimisez vos papiers électroniques pour le SEO, utilisez des backlinks puissants et du contenu multimédia pour maximiser votre visibilité et vos ventes.
<strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong><br />
indigènes et exotiques<br />
en Région wallonne<br />
Association Theutoise<br />
pour l’Environnement asbl<br />
asbl Photos : D. Herman
Table des matières<br />
n Introduction: morphologie externe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 1<br />
n Structure interne des <strong>écrevisses</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3<br />
n Biologie et écologie des <strong>écrevisses</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5<br />
n Reproduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5<br />
n Eclosion et développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7<br />
n Comportement - écologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11<br />
n Alimentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12<br />
n Autre particularité des <strong>écrevisses</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13<br />
n Adversité et adversaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14<br />
lPrédateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14<br />
lMaladies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15<br />
lPollutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18<br />
n Identification des différents espèces d’<strong>écrevisses</strong><br />
n indigènes ou importées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19<br />
n Ecrevisses indigènes européennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20<br />
lEcrevisse à pieds rouges ou écrevisse noble . . . . . . . . . . . . . . p. 20<br />
lEcrevisse à pieds blancs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21<br />
lEcrevisse des torrents ou écrevisse de pierre . . . . . . . . . . . . . p. 22<br />
n Ecrevisses exotiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23<br />
lEcrevisse turque ou écrevisse à pattes grêles. . . . . . . . . . . . . p. 23<br />
lLa «petite américaine» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24<br />
lEcrevisse de Californie ou écrevisse «signal». . . . . . . . . . . . . . p. 25<br />
lEcrevisse des marais de Louisiane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27<br />
n Conseils pour les repeuplements en <strong>écrevisses</strong>. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29<br />
n Le projet de sauvegarde des l’écrevisse à pieds rouges de l’ATE . . . . p. 30<br />
PREFACE<br />
Le projet NATURA 2000, mis sur rail depuis quelque temps, dynamise<br />
au sein des pays européens la problématique de conservation d’espèces<br />
ou d’habitats menacés. Il promeut aussi la politique de développement<br />
soutenable, indispensable à la survie humaine.<br />
En Région wallonne, ce réseau concerne 13% de notre territoire. De<br />
plus, l’écrevisse à pieds rouges, Astacus astacus, notre seule espèce<br />
d’<strong>écrevisses</strong> indigène, est une espèce concernée par NATURA 2000<br />
(espèce reprise à l’annexe 4 du décret). Elle devrait ainsi bénéficier des<br />
retombées favorables de cette politique.<br />
A l’heure présente, l’écrevisse à pieds rouges est menacée et, sans<br />
intervention de l’homme, elle risque de disparaître à plus ou moins<br />
court terme.…Faisant partie intégrante de notre patrimoine naturel,<br />
comme le saumon atlantique, elle symbolise aussi la grande qualité<br />
des eaux . La conservation des habitats qu’elle occupe bénéficie également<br />
au maintien de multiples autres espèces vivantes.<br />
L’écrevisse est de plus un outil pédagogique particulièrement intéressant,<br />
permettant de sensibiliser le grand public (et en particulier les<br />
jeunes générations) à plusieurs problèmes majeurs liés à la conservation<br />
de la nature, tels que le maintien et la restauration des milieux<br />
aquatiques, indispensables à toute vie sur Terre, ou encore la diminution<br />
de la biodiversité.<br />
Cette espèce mérite donc aussi un effort particulier de protection, et<br />
c’est donc dans ce sens que s’est développé depuis 4 ans le projet de<br />
sauvegarde de cette espèce, projet mené par l’Association Theutoise<br />
pour l’Environnement, avec le soutien de la Région wallonne.<br />
Le Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité
Introduction : morphologie externe<br />
Dans le règne animal, l’écrevisse fait partie des<br />
arthropodes, c’est-à-dire des animaux<br />
segmentés pourvus de membres articulés, mais<br />
sans squelette interne. C’est aussi un crustacé,<br />
caractérisé par une carapace externe recouvrant<br />
latéralement ses branchies. <strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> sont<br />
apparues, au cours de l’évolution, il y a quelque<br />
250 millions d’années. Elles se sont diversifiées<br />
(plus de 470 espèces à l’heure actuelle) et ont<br />
colonisé progressivement les eaux douces des<br />
différents continents.<br />
A l’aube de l’histoire humaine, l’écrevisse, dont la<br />
capture est plus aisée que celle du poisson, a<br />
certainement fait partie de l’alimentation de<br />
l’homme préhistorique. Cette pratique s’est<br />
perpétuée au fil des siècles: les <strong>écrevisses</strong><br />
1<br />
revêtaient un intérêt économique certain au<br />
Moyen-Age: des pêches de nuit à la torche étaient<br />
régulièrement organisées, comme le démontre ce<br />
dessin naïf tiré du “Fischbuch” de l’empereur<br />
Maximilien 1er d’Autriche (en 1499). 1<br />
En Europe occidentale, il existe seulement 3<br />
espèces indigènes: l’écrevisse des torrents<br />
(Austropotamobius torrentium), l’écrevisse à<br />
pieds rouges (Astacus astacus) et l’écrevisse à<br />
pieds blancs (Austropotamobius pallipes).<br />
La première ne se rencontre guère plus que dans<br />
les montagnes de l’Europe centrale. L’aire de<br />
répartition de la seconde est l’Europe centrale et<br />
septentrionale, mais elle est en forte régression. La<br />
troisième, plus méridionale, également en forte<br />
régression, se rencontre dans toute l’Europe<br />
occidentale: France, Allemagne, Grande Bretagne,<br />
Irlande, Espagne, Italie, Suisse, Autriche, Croatie,<br />
Bosnie (mais pas en Belgique)...<br />
Le squelette externe de l’écrevisse est fait<br />
essentiellement de chitine, substance<br />
membraneuse et cornée; excepté aux articulations<br />
des membres, la chitine est imprégnée de<br />
carbonate de calcium, lui assurant une dureté<br />
protectrice.<br />
6<br />
4 5<br />
Le corps est divisé en deux parties:<br />
le céphalothorax (tête et thorax soudés) 2 et<br />
l’abdomen. 3<br />
l Le céphalothorax se termine en avant par un<br />
éperon, appelé rostre 4 . La tête porte deux yeux<br />
pédonculés composés 5 , formés d’un nombre<br />
d’ommatidies (petits yeux simples), croissant avec<br />
l’âge: leur nombre s’élève à environ 600 chez les<br />
juvéniles et 2000 chez les adultes. La tête porte<br />
aussi 5 autres paires d’appendices articulés,<br />
notamment deux antennules (à deux flagelles),<br />
deux longues antennes 6 , les mandibules<br />
(calcifiées pour pouvoir broyer les aliments) et<br />
d’autres appendices buccaux.<br />
Le sens du toucher a son siège dans les soies<br />
situées notamment sur les antennes et antennules.<br />
2<br />
3
7<br />
Quant au thorax, il porte 5 paires de pattes ou<br />
péréiopodes 7 (d’où le nom de crustacé<br />
“décapode”), dont la première paire est<br />
transformée chez les <strong>écrevisses</strong> en deux pinces<br />
puissantes. A la base de ces péréiopodes, sur une<br />
membrane d’articulation les reliant au corps, sont<br />
fixées les 18 branchies, permettant la respiration<br />
de l’écrevisse. Elles sont dissimulées de chaque<br />
côté par la carapace.<br />
L’odorat de l’écrevisse a son siège dans les<br />
multiples soies situées sur la plupart des antennes,<br />
antennules et pattes.<br />
7<br />
7<br />
7<br />
l L’abdomen des <strong>écrevisses</strong> est formé de 6<br />
segments articulés, prolongés par un battant<br />
natatoire, le telson 8 , qui porte l’anus 9 en face<br />
ventrale. <strong>Les</strong> 6 paires de pattes abdominales,<br />
appelées pléiopodes 10 , sont toutes semblables<br />
chez les femelles et ont comme principale<br />
fonction de retenir les oeufs pendant<br />
l’incubation. Chez les mâles par contre, les deux<br />
premières paires sont transformées en organe<br />
copulateur dirigé vers l’avant et situé entre les<br />
péréiopodes 11 . Il a pour fonction l’écoulement<br />
du liquide spermatique au moment de<br />
l’accouplement.<br />
10<br />
11<br />
10<br />
9<br />
8<br />
2
Structure interne des <strong>écrevisses</strong><br />
Le système digestif est composé de trois parties:<br />
¿ Un court oesophage et un estomac volumineux et<br />
très musculeux (pour le broyage des aliments);<br />
¡Un intestin moyen et glandulaire, avec un<br />
hépatopancréas (sécrétant la cellulase, enzyme<br />
permettant de digérer la cellulose végétale) et un<br />
caecum;<br />
¬ Un intestin postérieur, long tube droit se<br />
prolongeant jusqu’au telson.<br />
Le système circulatoire est “ouvert”: Il est<br />
constitué d’un coeur, perforé de 3 paires de trous ou<br />
ostioles, permettant au liquide sanguin de la cavité<br />
générale du corps d’y pénétrer lorsqu’il se dilate. A<br />
20°C, le coeur de l’écrevisse bat à raison de 30-40<br />
fois par minute. Un réseau d’artères alimente les<br />
différents organes du corps, mais comme la<br />
circulation n’est pas fermée, le sang se déverse à<br />
l’extrémité de ces vaisseaux dans les cavités situées<br />
entre les organes. Pour cette raison, en cas de<br />
blessure importante, les <strong>écrevisses</strong> peuvent mourir<br />
en perdant leur sang... Le sang de l’écrevisse est<br />
incolore. Il ne contient pas de l’hémoglobine mais<br />
de l’hémocyanine (contenant du cuivre et non du<br />
fer), dont le rôle est le transport de l’oxygène<br />
provenant des branchies. Le sang de l’écrevisse se<br />
coagule dans l’eau douce, à l’endroit d’une plaie,<br />
grâce au travail des thrombocytes (cellules<br />
sanguines).<br />
Le système nerveux est essentiellement<br />
ganglionnaire, à raison d’une paire de ganglions<br />
par segment. Le ganglion se trouvant au-dessus du<br />
pharynx est appelé “cerveau” de l’écrevisse. Il est<br />
relié à une chaîne ventrale composée de 22<br />
ganglions. Des ganglions partent des connexions<br />
nerveuses vers les muscles du corps, vers la tête et<br />
les différents organes du corps.<br />
Le système excréteur: Même si les branchies<br />
jouent un rôle dans l’excrétion, le système principal<br />
est constitué par les glandes vertes, dont l’orifice est<br />
situé à la base des antennes 1 . Le liquide excrété<br />
est en majorité composé d’ammoniaque et d’urée.<br />
1<br />
La musculature: <strong>Les</strong> muscles les plus développés<br />
sont bien entendu ceux de l’abdomen (2 paires:<br />
les dorsaux ou extenseurs et les ventraux ou<br />
fléchisseurs) et ceux des pinces.<br />
Ce sont ces muscles-là qui sont consommés par<br />
l’homme.<br />
L’écrevisse possède bien entendu toute une série<br />
d’autres muscles, moins puissants cependant:<br />
ceux des mandibules, ceux des autres pattes, de<br />
l’estomac, etc...<br />
L’appareil génital<br />
l chez le mâle, l’appareil génital est composé de<br />
deux testicules (situés dorsalement dans le<br />
thorax, sous le coeur et au-dessus de l’intestin),<br />
de deux canaux déférents et de deux glandes<br />
androgènes situées juste avant l’orifice extérieur.<br />
C’est à la base de la 5 ème paire de périopodes que<br />
se localisent les orifices extérieurs (les gonopores<br />
mâles).<br />
l chez la femelle, l’appareil génital se compose de<br />
deux ovaires et de deux oviductes, qui aboutissent<br />
aux gonopores femelles à la base de la 3ème paire<br />
de péréiopodes 2 . Le développement des ovaires<br />
dépend de la phase de croissance et de<br />
3
maturation des œufs. Il est maximal avant<br />
l’accouplement, qui se produit fin octobre-début<br />
novembre pour l’écrevisse à pieds rouges.<br />
2<br />
La pigmentation<br />
Le tégument des <strong>écrevisses</strong> contient des<br />
chromatophores, qui sont des cellules contenant<br />
des granules pigmentés. <strong>Les</strong> pigments rouges,<br />
jaunes et bleus sont des dérivés du carotène; ils<br />
sont fournis par le régime alimentaire. Le<br />
pigment bleu (astaxanthine) est détruit par la<br />
cuisson; c’est pour cette raison que les <strong>écrevisses</strong><br />
prennent alors une coloration rouge orange très<br />
prononcée 3 . Dans la nature, on peut trouver de<br />
temps en temps des individus bleus 4 .<br />
3<br />
4<br />
4
Biologie et écologie des <strong>écrevisses</strong><br />
n Reproduction (écrevisse à pieds rouges)<br />
Comme indiqué précédemment, c’est en octobrenovembre<br />
que les ovules de l’écrevisse à pieds<br />
rouges sont mâtures; ils ont à ce moment un<br />
diamètre de 1,5 mm. <strong>Les</strong> femelles prêtes à<br />
l’accouplement se reconnaissent facilement aux<br />
taches blanchâtres qui apparaissent sur les bords<br />
de chaque segment abdominal 1 .<br />
A cette période, le mâle recherche activement une<br />
femelle, l’immobilise et la retourne sur le dos avec<br />
ses fortes pinces 2 . La période d’accouplement<br />
dure en général 2 à 3 semaines.<br />
Signalons qu’un mâle trop puissant peut<br />
mutiler, voir tuer les femelles en période<br />
d’accouplement, car il arrive que celles-ci<br />
2<br />
refusent le contact et tentent de résister. Si la<br />
femelle meurt, le mâle n’hésite pas à la dévorer.<br />
Cela arrive assez fréquemment.<br />
Lors des accouplements, le taux de réussite le<br />
plus élevé est obtenu lorsque le mâle est<br />
légèrement plus grand (1 cm-1,5 cm) que la<br />
femelle. Quand le mâle est plus petit, les<br />
femelles arrivent souvent à se dégager et quand<br />
il est trop grand, les mortalités des femelles sont<br />
plus élevées. Il est en général reconnu qu’un<br />
mâle peut féconder 3 femelles: cette proportion<br />
(1 mâle pour 3 femelles) est d’ailleurs conseillée<br />
lors de réensemencements de pièces d’eau.<br />
Le mâle ayant réussi à immobiliser une femelle<br />
dépose alors, grâce à son organe “copulateur”<br />
3<br />
1<br />
3<br />
son sperme sur l’abdomen de celle-ci. Ce<br />
sperme se fige rapidement en petits filaments<br />
blancs, les spermatophores 3 , qui contiennent<br />
les spermatozoïdes.<br />
La femelle nettoie la face ventrale de son<br />
abdomen généralement une quinzaine de jours<br />
après l’accouplement. Après quoi elle recourbe<br />
son abdomen pour former une cavité<br />
protectrice, et sécrète un mucus abondant 4 .<br />
Ensuite, la ponte des oeufs a lieu en général la<br />
nuit. <strong>Les</strong> oeufs fraîchement pondus sont brunviolet<br />
5 , de 2-3 mm de diamètre; en même<br />
temps, une substance sécrétée par la glande<br />
sexuelle femelle dissout la paroi des<br />
spermatophores et libère les spermatozoïdes<br />
permettant ainsi la fécondation.<br />
4<br />
5<br />
5
<strong>Les</strong> oeufs se collent alors aux pattes<br />
abdominales grâce à un liquide sécrété par des<br />
cellules cémentaires 6 .<br />
<strong>Les</strong> oeufs fécondés vont se développer en<br />
embryons: les ébauches des pattes thoraciques<br />
apparaissent à la seizième semaine, les<br />
premières pulsations cardiaques peuvent être<br />
observées entre la dix-huitième et la vingtquatrième<br />
semaine; l’apparition des yeux à la<br />
vingt et unième semaine.<br />
Aux environs de la mi-juin, l’éclosion survient;<br />
les larves du premier stade vont rester<br />
accrochées sur l’abdomen durant encore une<br />
dizaine de jours 7<br />
. La durée du développement<br />
est fonction de la température de l’eau; plus<br />
élevée, elle permettra une évolution plus rapide.<br />
6<br />
Dans la nature, les femelles portent donc leurs<br />
oeufs et larves pendant environ 7 mois (parfois<br />
8)! Pendant tout ce temps, les femelles ne<br />
s’alimentent que très peu et restent quasiment<br />
en permanence dans leurs terriers ou leurs<br />
cachettes en assurant l’oxygénation des oeufs,<br />
leur nettoyage, leur protection et l’enlèvement<br />
des morts. Mais une grande partie de ces oeufs<br />
périssent pourtant au cours de ces 7-8 mois.<br />
<strong>Les</strong> femelles ne deviennent sexuellement<br />
matures qu’au cours de la quatrième année de<br />
leur vie, les mâles à leur troisième année. Il est<br />
aussi probable, d’après certains auteurs, que les<br />
femelles ne pondent pas chaque année.<br />
L’adversité du milieu environnant influence la<br />
stérilité des individus (par exemple en cas de<br />
manque de nourriture). <strong>Les</strong> femelles sont<br />
d’autant plus fertiles qu’elles sont plus âgées; le<br />
nombre d’ovules produits dépend donc de la<br />
taille de l’animal:<br />
l une femelle de 9 à 11cm produit environ 190<br />
ovules et porte 80-90 oeufs.<br />
l une femelle de 11 cm produit environ 350<br />
ovules et porte 140-150 oeufs.<br />
l maximum d’oeufs portés par les grosses<br />
femelles : 350 oeufs.<br />
Remarquons aussi que les périodes<br />
d’accouplement, les pontes et les durées<br />
d’incubation sont différentes en fonction des<br />
espèces d’<strong>écrevisses</strong>.<br />
7<br />
6
n Eclosion et développement<br />
1<br />
2<br />
La paroi de l’oeuf se déchire et libère la larve de<br />
premier stade (L1) ressemblant assez bien à<br />
l’adulte; cependant, les extrémités de ses pinces<br />
sont recourbées en crochets, ce qui lui permet<br />
de rester fortement accrochée aux pattes<br />
abdominales de la femelle pendant encore<br />
plusieurs jours 1<br />
. La larve a aussi un<br />
céphalothorax disproportionné, qui contient des<br />
réserves nutritives. La carapace est molle à ce<br />
stade et la larve peut donc grandir pendant ce<br />
laps de temps. La larve L1 pèse de 21 à 22 mg et<br />
mesure de 8 à 9 mm.<br />
Après 5-10 jours, une première mue survient et<br />
donne naissance à une larve de second stade,<br />
encore plus ressemblante à l’écrevisse adulte.<br />
Cette larve L2 s’alimente activement car la réserve<br />
de vitellus est épuisée. La carapace se calcifie<br />
également. Le telson de cette deuxième larve<br />
porte des poils en forme d’éventail, lui permettant<br />
de se déplacer rapidement.<br />
Mais, en cas de danger, la larve se réfugie sous la<br />
femelle 2 . La larve L2 atteint en moyenne 10-12<br />
mm de long pour un poids de 37-38 mg.<br />
La deuxième mue survient entre le 18 ème et le 20 ème<br />
jour après l’éclosion de l’oeuf. La jeune écrevisse<br />
doit donc quitter son ancienne carapace; elle est<br />
à ce moment toute molle et sa carapace doit se<br />
durcir progressivement. La larve de stade 3 est<br />
alors tout à fait identique aux adultes. A la fin de<br />
ce 3 ème stade, la larve L3 atteint de 12 à 13 mm<br />
pour un poids de 50 mg environ.<br />
Le nombre de mues au cours du premier été de vie<br />
et leur durée sont influencés par la température<br />
extérieure: le développement est davantage<br />
rapide si la température augmente (en restant<br />
tout de même idéalement en dessous de 25°C, le<br />
maximum tolérable pour les <strong>écrevisses</strong> à pieds<br />
rouges étant de 33°C). <strong>Les</strong> mues s’effectuent en<br />
général quand la température atteint 12°C. La<br />
richesse des eaux en calcaire peut influer sur la<br />
vitesse de croissance. Cependant, en règle<br />
générale, dans la nature et sous notre latitude, les<br />
jeunes <strong>écrevisses</strong> à pieds rouges muent 5 fois<br />
durant les premiers mois de leur vie: en juinjuillet,<br />
de mi-juillet à fin juillet, de début août à<br />
mi-août, de fin août à début septembre, et de mi-
septembre à fin septembre, l’intervalle entre les<br />
mues étant d’une vingtaine de jours.<br />
<strong>Les</strong> mues reprendront après l’hiver, en mai, puis<br />
en juin et juillet, ensuite en août et en<br />
septembre. Durant les 12 premiers mois de sa<br />
vie, la jeune écrevisse aura donc mué 8 fois.<br />
En juillet, elle aura atteint la taille d’environ 3-4<br />
cm, pour un poids de 0,7 à 1,5 g. Durant la<br />
deuxième année de sa vie, elle ne muera plus que<br />
4 fois, pour atteindre au bout de 24 mois, la taille<br />
de 5-6 cm et un poids de 5,5 à 6,8 grammes.<br />
Pendant la troisième année de sa vie, l’écrevisse<br />
ne mue plus que 2 fois (fin août et en juin-juillet).<br />
Ensuite, les mâles continueront à muer 2 fois par<br />
an (en août-septembre et en juin-juillet), tandis<br />
que les femelles ne le feront qu’une fois, en aoûtseptembre<br />
(car elles doivent porter les oeufs et<br />
larves jusque juillet de l’année suivante); elles ne<br />
peuvent donc pas muer en juin. C’est pour cette<br />
raison que les mâles sont en général plus grands<br />
que les femelles. Mais, à partir de 6-7 ans, ils ne<br />
mueront plus qu’une seule fois également, en<br />
août-septembre, comme les femelles. <strong>Les</strong> plus<br />
gros individus peuvent atteindre la taille de 15-<br />
16 cm, avec un poids avoisinant les 150<br />
grammes. Le développement de l’écrevisse est<br />
donc fonction du sexe, mais aussi de l’espèce et<br />
des conditions de vie.<br />
Tailles et poids d’Astacus astacus en fonction de l’âge et du sexe (Cukerzis, 1984)<br />
Age Mâle Femelle<br />
(an) Longueur (mm) Poids (g) Longueur (mm) Poids (g)<br />
1<br />
33-38 0,7-1,5<br />
30-40<br />
0,5-1,4<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
59-63<br />
77-81<br />
89-94<br />
110-114<br />
121-125<br />
5,8-6,8<br />
12,3-14,5<br />
23,3-26,0<br />
45,0-61,2<br />
55-63<br />
59-63<br />
73-77<br />
87-91<br />
104-108<br />
113-117<br />
5,5-6,3<br />
11,9-13,5<br />
17,0-21,0<br />
31,2-36,5<br />
43,7-49,5<br />
8
La mue est un processus très complexe. Quelques<br />
heures avant de sortir de sa carapace, l’écrevisse<br />
frotte ses membres les uns contre les autres, les<br />
agite séparément, se met sur le dos et replie et<br />
détend sa queue brusquement. Ses antennes<br />
vibrent. Ces mouvements permettent de décoller<br />
progressivement la carapace. A l’intérieur, les<br />
membres vont se rétracter. La carapace va ensuite<br />
se fendre, sur le dos entre céphalothorax et<br />
abdomen, et la nouvelle carapace fait saillie (elle<br />
apparaît plus sombre) 1 . Après un temps de repos,<br />
l’animal tout entier s’extrait de son ancienne<br />
carapace. La durée de la mue peut aller d’une<br />
dizaine de minutes à plusieurs heures.<br />
Fatiguée, l’écrevisse est toute molle à ce moment.<br />
Elle demeure apathique pendant 48 heures et ne<br />
peut se déplacer que faiblement. L’écrevisse est<br />
donc très vulnérable pendant ce temps. Ses<br />
nombreux prédateurs, y compris ses propres<br />
congénères, ne manquent pas de se régaler de<br />
cette proie toute molle.<br />
1<br />
Epoque et nombre de mues sur 6 ans chez Astacus astacus (Cukerzis, 1984)<br />
Etés Nombre de<br />
mues par été<br />
1 er été<br />
2 e été<br />
3 e été<br />
4 e été<br />
5 e été<br />
6 e été<br />
5<br />
5<br />
3<br />
2<br />
Mâle 2<br />
Femelle 1<br />
Mâle 2<br />
Femelle 1<br />
Epoques des mues Age Nombre de<br />
mues par an<br />
juin - juillet<br />
mi-juillet - fin juillet<br />
début août - mi-août<br />
fin août - mi-septembre<br />
mi-septembre - fin septembre<br />
mai<br />
juin<br />
juillet<br />
août<br />
septembre<br />
juin<br />
juillet<br />
fin août<br />
juin - juillet<br />
août - septembre<br />
juin - juillet<br />
août - septembre<br />
juin - juillet<br />
août - septembre<br />
1 an<br />
2 ans<br />
3 ans<br />
4 ans<br />
5 ans<br />
6 ans<br />
8<br />
4<br />
2<br />
mâle = 2<br />
femelle = 1<br />
mâle = 2<br />
femelle = 1<br />
mâle = 1<br />
femelle = 1<br />
9
Ensuite, le processus de calcification de la<br />
carapace se réalise: ce sont tout d’abord les<br />
pinces et les pattes qui se durcissent, ensuite le<br />
céphalothorax, et enfin l’abdomen. Cette<br />
calcification peut se réaliser grâce aux réserves<br />
de calcaire que l’écrevisse a accumulées dans<br />
son estomac, sous forme de 2 petits “cailloux”<br />
arrondis, appelés les gastrolithes 2<br />
. Ce calcaire,<br />
l’écrevisse l’a trouvé dans les eaux, mais aussi<br />
dans sa nourriture. La grosseur des gastrolithes<br />
est proportionnelle à la taille de l’écrevisse ; ils<br />
renferment 60% des réserves de calcaire (ils<br />
constituent 5% du poids total de l’écrevisse à la<br />
mue). L’animal doit donc trouver un<br />
complément en calcium, pour calcifier sa<br />
carapace; il le fait grâce à ses branchies. C’est<br />
pourquoi, si l’eau ne possède pas de calcaire (ou<br />
trop peu), la calcification ne peut se réaliser.<br />
Donc, plus les eaux seront riches en calcaire,<br />
plus facilement et plus rapidement s’effectuera<br />
la calcification (en une douzaine de jours au lieu<br />
de 22 à 27 jours). C’est pour cette raison que<br />
nous ne trouvons pas d’écrevisse dans les eaux<br />
acides de nos Fagnes.<br />
Au fil de la calcification, les gastrolithes<br />
diminuent en poids et en volume, et finissent<br />
par disparaître au bout de 24 jours environ.<br />
2<br />
10
n Comportement - écologie<br />
<strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong>, comme les crustacés en général,<br />
sont lucifuges (fuient la lumière) et ont donc un<br />
comportement nocturne. On les trouve en<br />
général dans des sites ombragés où la<br />
végétation est dense, dans les réseaux<br />
racinaires d’arbres des berges 1 , sous les<br />
cailloux et rochers, ou en d’autres endroits où<br />
l’obscurité est quasi constante. En rivière, elles<br />
se rencontrent principalement dans les zones où<br />
le courant est lent.<br />
Quand le milieu ne leur offre pas de caches,<br />
elles creusent des terriers 2 , d’une longueur<br />
équivalant en général au double de la longueur<br />
de leur corps, et dans lesquels elles s’abritent<br />
durant la journée. Elles quittent leurs abris la<br />
nuit pour rechercher leur nourriture.<br />
<strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> ont un comportement grégaire:<br />
dans un site déterminé, certaines zones sont<br />
fortement peuplées, tandis que d’autres ne le<br />
sont que faiblement. De plus, et d’après nos<br />
observations, nous avons l’impression que<br />
certaines zones sont plus occupées par des<br />
femelles, d’autres par des mâles ou par des<br />
juvéniles.<br />
<strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> à pieds rouges sont, comme le<br />
saumon atlantique, symbole d’une eau<br />
d’excellente qualité car elles ne se rencontrent<br />
que dans des milieux propres et bien oxygénés.<br />
Elles préfèrent des eaux plutôt froides; le seuil<br />
létal de température est de 33 °C.<br />
1<br />
2<br />
11
n Alimentation<br />
<strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> à pieds rouges sont omnivores :<br />
elles consomment aussi bien des végétaux<br />
aquatiques que des animaux. Leurs préférences<br />
sont cependant:<br />
lpour les matières végétales: les élodées, les<br />
cératophylles, les myriophylles, les potamots, le<br />
cresson, les algues filamenteuses (characées);<br />
en élevage, on leur donne aussi des carottes, des<br />
pommes de terre, des grains de maïs, des<br />
betteraves, des courges, des orties,...<br />
lpour les matières animales: les mollusques,<br />
les vers 1 , les larves d’insectes (phryganes,<br />
éphémères, diptères et autres), les poissons, les<br />
têtards ou jeunes grenouilles, ...<br />
Cependant, contrairement à l’opinion<br />
généralement répandue, l’écrevisse n’aime pas<br />
trop la viande faisandée ou des poissons<br />
pourrissants : elles préfère la viande fraîche.<br />
En élevage, on peut aussi leur donner des<br />
morceaux de foie ou de rate, des poissons frais…<br />
Il existe aussi des aliments fabriqués sous forme<br />
de granulés composés qui doivent se dissoudre<br />
lentement dans l’eau.<br />
Contrairement aux adultes, les jeunes <strong>écrevisses</strong><br />
sont en général plus carnivores que<br />
végétariennes : les <strong>écrevisses</strong> de moins d’un an<br />
consomment environ 65% de matières<br />
animales; par contre, les individus de plus de 8<br />
cm sont végétariens à 90 %. Ces préférences<br />
alimentaires sont à mettre en parallèle avec les<br />
mues, beaucoup plus fréquentes chez les<br />
juvéniles: ceux-ci ont besoin de beaucoup<br />
d’énergie et de protéines animales pour passer<br />
ces moments difficiles. <strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> sont aussi<br />
cannibales et ne dédaignent pas la chair de<br />
leurs congénères, affaiblis ou malades.<br />
1<br />
12
n Autre particularité<br />
n des <strong>écrevisses</strong>; régénération<br />
des appendices<br />
Il arrive très souvent que les <strong>écrevisses</strong> se<br />
mutilent au cours de leur vie (elles ont la<br />
faculté de s’auto-mutiler, par exemple<br />
lorsqu’elles sont prises au piège par un<br />
prédateur). C’est pour cette raison que l’on peut<br />
observer assez couramment des individus avec<br />
une seule pince 1 , voire sans pince. L’écrevisse<br />
a la particularité de pouvoir faire repousser ses<br />
membres à la mue suivante. Cependant, ce<br />
membre ou plus souvent cette pince n’atteint<br />
jamais la taille de la pince originale. C’est<br />
pourquoi on peut souvent observer des individus<br />
avec des pinces de deux tailles différentes 2<br />
.<br />
2<br />
1
n Adversité et adversaires<br />
<strong>Les</strong> “ennemis” de l’écrevisse sont<br />
malheureusement très nombreux: virus,<br />
champignons, vers parasites, batraciens,<br />
reptiles, oiseaux, mammifères (y compris le pire:<br />
l’homme); ils s’attaquent à un stade particulier<br />
du développement ou à tous les stades. De plus,<br />
les pollutions, les aménagements intempestifs<br />
des cours d’eau et la surpêche ont aussi joué un<br />
rôle important dans la disparition progressive<br />
des populations d’Astacus astacus.<br />
1<br />
l Prédateurs<br />
<strong>Les</strong> prédateurs des <strong>écrevisses</strong> sont très nombreux :<br />
l <strong>Les</strong> larves et imagos d’insectes peuvent<br />
s’attaquer aux jeunes <strong>écrevisses</strong>: les dytiques 1 ,<br />
les larves de libellules sont en effet de redoutables<br />
chasseurs.<br />
l Ensuite viennent tous les poissons<br />
prédateurs: truites 2 , perches 3 , brochets 4 ,<br />
sandres, anguilles, carpes, chabots, vairons,...<br />
bref, tous ceux qui consomment des invertébrés<br />
aquatiques.<br />
l<strong>Les</strong> hérons ne dédaignent pas non plus cette<br />
nourriture, de même que le cincle plongeur<br />
(juvéniles); les canards, en broutant la<br />
végétation aquatique, peuvent également<br />
avaler de jeunes <strong>écrevisses</strong>.<br />
l<strong>Les</strong> rats musqués et les loutres sont d’autres<br />
prédateurs bien connus.<br />
lMais le prédateur le plus dangereux et le plus<br />
efficace est bien entendu l’homme...<br />
3<br />
2<br />
4<br />
14
l Maladies<br />
Aphanomycose<br />
La première cause de disparition des<br />
<strong>écrevisses</strong> à pieds rouges en Europe est sans<br />
conteste “la peste” de l’écrevisse: c’est en fait<br />
un champignon (Aphanomyces astaci), qui en<br />
est l’agent responsable. Il est couramment<br />
admis que ce champignon a été importé des<br />
Etats-Unis en 1860 par des bateaux revenant<br />
au port de Venise. Il s’est ensuite<br />
progressivement répandu au travers de toute<br />
l’Europe, éliminant de manière foudroyante les<br />
populations d’<strong>écrevisses</strong> indigènes: aucun<br />
individu d’un site contaminé ne survit et les<br />
mortalités sont totales en 15 à 21 jours.<br />
En Belgique, les premiers cas de mortalité<br />
massive ont été signalés en 1885 (P. Gérard,<br />
1986). Dès 1891, des repeuplements ont été<br />
effectués et une interdiction de pêche<br />
appliquée. En 1903, l’épidémie semblait<br />
disparue et la pêche fut à nouveau autorisée<br />
dans les cours d’eau en 1906.<br />
Malheureusement, de cette époque à nos jours,<br />
il y eut des réapparitions épisodiques de peste,<br />
détruisant la plupart des populations.<br />
Aucun moyen de lutte n’a été trouvé à ce<br />
jour; le seul moyen pour ralentir ou endiguer ce<br />
problème réside dans la prévention et une<br />
prudence extrême afin d’éviter la propagation<br />
du champignon.<br />
<strong>Les</strong> symptômes, quand ils peuvent être observés,<br />
sont les suivants: l’écrevisse infectée montre un<br />
comportement bizarre: elle se promène en<br />
pleine journée; elle semble dressée sur ses<br />
pattes; quand on la soulève, ses pattes pendent,<br />
l’abdomen se décolle du céphalothorax. Ensuite,<br />
l’écrevisse tombe sur le dos et présente des<br />
mouvements de pédalage caractéristique 1 .<br />
Enfin, le mycélium apparaît, sur les yeux 2 et<br />
les articulations du sujet mourant.<br />
Aphanomyces astaci est un pathogène exclusif<br />
et obligatoire des <strong>écrevisses</strong>; il se transmet<br />
d’un individu à l’autre par zoospores (produites<br />
par le champignon), qui rentrent dans le corps<br />
des individus par les parties les plus molles<br />
(yeux, articulations, lésions,...). Il peut se<br />
propager à des températures allant de 2 à 25°C<br />
et peut donc apparaître toute l’année. Après<br />
disparition de la dernière écrevisse d’un site, le<br />
champignon ne résiste pas plus de 2 mois, s’il ne<br />
retrouve pas un hôte “écrevisse”. Il peut être<br />
transporté par des poissons (via leur tube<br />
1<br />
Ecrevisse turque mourante<br />
digestif), ou par l’eau du transport de ces<br />
poissons (à l’occasion d’opération de<br />
rempoissonnements), par des oiseaux d’eau, par<br />
des instruments de pêche (cannes à pêche,<br />
bourriches, bottes,...), par des combinaisons de<br />
plongée, etc... et, bien évidemment par d’autres<br />
<strong>écrevisses</strong> porteuses, malades ou résistantes.<br />
<strong>Les</strong> espèces non-indigènes (américaines)<br />
doivent être considérées toutes comme<br />
potentiellement porteuses saines de la peste.<br />
C’est aussi pour cette raison que la<br />
problématique de propagation du champignon<br />
est aussi ardue: en effet, les espèces nonindigènes<br />
introduites par l’homme, depuis 1890,<br />
pour remplacer les <strong>écrevisses</strong> indigènes<br />
2
disparues, ont encore radicalement accru les<br />
risques de propagation de la maladie. La mise<br />
en contact avec des populations d’<strong>écrevisses</strong> à<br />
pieds rouges est systématiquement défavorable<br />
à notre espèce.<br />
S’il arrive parfois que les <strong>écrevisses</strong> nonindigènes<br />
ne soient pas porteuses de la peste,<br />
ces espèces sont plus prolifiques et plus<br />
agressives. Une fois installées dans un milieu<br />
(cours d’eau ou étang), il est presqu’impossible<br />
de les éradiquer.<br />
1<br />
Autres mycoses<br />
D’autres mycoses peuvent être observées chez<br />
les <strong>écrevisses</strong> :<br />
l <strong>Les</strong> mycoses des oeufs provoquent un<br />
changement de coloration de ceux-ci<br />
(deviennent orangés) et leur mort 1 ;<br />
lLa “rouille” se caractérisent par l’apparition de<br />
taches brun rouge ou noires entourées de rouge<br />
sur la carapace ; 2 ce sont aussi des<br />
1<br />
champignons parasites qui les provoquent en<br />
infectant les blessures ou les mutilations. Un<br />
tiers des individus infectés peut en mourir.<br />
l Il existe encore bien d’autres mycoses,<br />
d’autres infections causées par des bactéries,<br />
des parasites internes ou externes.<br />
2<br />
16
Une autre maladie fréquente des <strong>écrevisses</strong> est la<br />
thélohaniose (ou “maladie de la porcelaine”): elle<br />
est provoquée par un protozoaire qui envahit<br />
littéralement toute la musculature, les ovaires et<br />
les ganglions nerveux des individus infectés, en<br />
leur conférant un aspect blanc, “comme de la<br />
porcelaine” 3 .<br />
Cela se termine également par la mort de<br />
l’écrevisse. La transmission d’un individu à l’autre<br />
est principalement due au cannibalisme.<br />
Citons enfin un parasite externe: les<br />
Branchiobdelles, de petites sangsues, souvent<br />
aperçues sur les pinces 4<br />
, mais qui, en se fixant<br />
sur les branchies, les articulations et les pièces<br />
buccales, peuvent faciliter l’apparition de mycoses<br />
ou de bactérioses.<br />
Le seul moyen actuel pour réduire les risques<br />
d’infestation est la mise en quarantaine stricte<br />
des individus et leur destruction, si des maladies<br />
apparaissent.<br />
Malheureusement, dans notre pays, aucune<br />
stratégie n’a été prévue ni mise en route jusqu’à<br />
présent pour lutter contre ces différents<br />
problèmes.<br />
4<br />
3<br />
Branchiobdelles sur une pince<br />
d’écrevisse de Californie.<br />
En résumé, les précautions à prendre sont les<br />
suivantes :<br />
ltoujours s’assurer de la provenance des <strong>écrevisses</strong><br />
à pieds rouges et vérifier leur état sanitaire (mise<br />
en quarantaine);<br />
lidentifier avec certitude les différentes espèces<br />
d’<strong>écrevisses</strong> et ne jamais introduire des nonindigènes<br />
dans une population de pieds rouges;<br />
l ne pas favoriser l’extension des espèces nonindigènes<br />
invasives;<br />
l lors de transports de poissons vers un étang ou<br />
cours d’eau, vérifier si l’étang d’origine ne<br />
contient pas des espèces américaines; dans ce<br />
cas, éviter de rempoissonner; ou, au minimun,<br />
changer 3 fois l’eau de transport des poissons<br />
avant de les remettre à l’eau;<br />
llors du passage d’un site potentiellement infecté<br />
à un autre sain contenant des pieds rouges:<br />
désinfecter tout le matériel ayant été en contact<br />
avec l’eau: nasses, bourriches, filets, fils de cannes<br />
à pêche, barque, cuissardes, bottes,... Tremper<br />
dans un bain d’eau à plus de 60 °C, laisser sécher<br />
pendant plusieurs jours, désinfecter à l’eau de<br />
javel ou avec un autre produit désinfectant<br />
efficace.<br />
l en cas de nourrissage avec du poisson: le<br />
congeler au moins une semaine à -18°C.<br />
17
l Pollutions<br />
Depuis quelques décennies, des pollutions de<br />
différentes natures se sont généralisées dans<br />
tous les pays. <strong>Les</strong> polluants peuvent agir de<br />
diverses manières sur les <strong>écrevisses</strong>: mortalité<br />
massive, diminution de la résistance aux<br />
maladies, baisse du taux de reproduction,<br />
diminution de la vitesse de croissance,<br />
modifications génétiques...<br />
lPollutions mécaniques:<br />
il s’agit de la mise en suspension dans l’eau de<br />
sédiments, à la suite de crues, de travaux, de<br />
vidanges d’étangs... <strong>Les</strong> sédiments colmatent les<br />
niches et les substrats des fonds, allant parfois<br />
jusqu’à la destruction complète du milieu. Ils<br />
peuvent provoquer la mort par asphyxie des<br />
oeufs ou des juvéniles.<br />
lPollutions thermiques:<br />
il s’agit de l’augmentation de la température<br />
des eaux (par exemple près des centrales<br />
nucléaires ou d’autres industries), qui perturbe<br />
et élimine les <strong>écrevisses</strong>, animaux ayant besoin<br />
d’eau fraîche.<br />
lPollutions chimiques:<br />
de multiples substances, parfois très toxiques,<br />
ont été déversées dans les cours d’eau à partir<br />
des milieux industriels. Des métaux lourds, des<br />
pesticides, des insecticides, des phosphates, des<br />
nitrates ont également contaminé de<br />
nombreuses rivières, entraînant la mort ou<br />
l’affaiblissement des <strong>écrevisses</strong> (mais aussi de<br />
nombreux autres organismes aquatiques).<br />
lPollutions organiques:<br />
l’égouttage généralisé de nos agglomérations,<br />
sans épuration, a aussi provoqué l’asphyxie de<br />
nombreux milieux, entraînant la mort ou<br />
l’élimination progressive des populations<br />
d’<strong>écrevisses</strong> indigènes.<br />
Remarquons cependant que les <strong>écrevisses</strong><br />
peuvent fuir l’adversité dans certains cas en<br />
sortant de l’eau et en marchant sur le sol à la<br />
recherche de sites plus accueillants : à la<br />
condition cependant que leurs branchies<br />
puissent rester humides pendant ce laps de<br />
temps; dans le cas contraire, elles mourront.<br />
C’est grâce à cette faculté que des <strong>écrevisses</strong><br />
peuvent être transportées ou maintenues en<br />
cageots pendant plusieurs jours, pour autant que<br />
l’air ambiant soit suffisamment humide pour<br />
éviter l’assèchement des branchies.<br />
18
Identification des différentes espèces d’<strong>écrevisses</strong><br />
indigènes ou importées<br />
En Belgique, actuellement, 5 espèces<br />
d’<strong>écrevisses</strong> peuvent être observées :<br />
notre seule espèce indigène est l’écrevisse à<br />
pieds rouges ou écrevisse “noble” : (Astacus<br />
astacus); et quatre espèces ont été introduites :<br />
lL’écrevisse turque, ou écrevisse à pattes grêles<br />
(Astacus leptodactylus)<br />
lL’écrevisse américaine (Orconectes limosus)<br />
lL’écrevisse de Californie, ou écrevisse “signal”<br />
(Pacifastacus leniusculus)<br />
lL’écrevisse des marais de Louisiane,<br />
(Procambarus clarkii), rencontrée en aquarium<br />
chez les restaurateurs, et peut-être dans l’une ou<br />
l’autre pièce d’eau.<br />
Avertissement: étant donné l’objectif de<br />
vulgarisation de cette brochure, les critères<br />
d’identification de ces différentes espèces ont été<br />
volontairement simplifiés dans la clé ci-dessous.<br />
Pour reconnaître rapidement les différentes<br />
espèces rencontrées en Belgique: retourner<br />
l’écrevisse et observer la couleur de ses pinces en<br />
face ventrale:<br />
Si les pinces sont entièrement rouges (rouge vif<br />
ou rougeâtres)?<br />
l<strong>Les</strong> pinces, en face dorsale, possèdent une tache<br />
blanche (ou parfois bleue) et sont très larges. La<br />
carapace est lisse et de couleur brun orangé.<br />
Il s’agit de l’écrevisse de Californie<br />
l<strong>Les</strong> pinces, en face dorsale, possèdent une tache<br />
rouge et sont également assez larges. Le<br />
céphalothorax possède de petites épines derrière<br />
le sillon de la tête et est de couleur brun foncé<br />
(parfois bleu).<br />
Il s’agit de notre écrevisse indigène, l’écrevisse à<br />
pieds rouges<br />
l<strong>Les</strong> pinces, en face dorsale, comme la carapace<br />
entière, sont noires avec de nombreux points<br />
rouges (chez l’adulte), et pas très larges.<br />
Il s’agit de l’écrevisse rouge des marais de<br />
Louisiane<br />
Si les pinces ne sont pas rouges en face<br />
ventrale, mais plutôt blanchâtres:<br />
l<strong>Les</strong> pinces sont assez étroites et longues (en<br />
lames de ciseau, surtout chez le mâle). La<br />
carapace est assez épineuse sur toute sa surface<br />
et de couleur jaunâtre, parfois verdâtre.<br />
Il s’agit de l’écrevisse turque<br />
l<strong>Les</strong> pinces, toujours en face ventrale, présentent<br />
des extrémités noires et oranges; l’article<br />
précédant la pince possède une forte épine; les<br />
articles de l’abdomen en face dorsale possèdent<br />
des taches brun marron; la couleur du<br />
cephalothorax est brun à verdâtre.<br />
Il s’agit de la “petite américaine”<br />
Remarques:<br />
attention cependant à la couleur, qui peut varier<br />
en fonction du milieu.<br />
19
Ecrevisses indigènes européennes<br />
Ecrevisse à pieds rouges ou écrevisse noble (Astacus astacus)<br />
Noble crayfish lEdelkrebs<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
6<br />
5<br />
lTaille : généralement 12-15 cm, jusqu’à 16 cm (de l’extrémité de la<br />
queue à la pointe du rostre)<br />
lPoids : généralement entre 50 et 150 g<br />
lColoration : en général brun foncée (parfois individus bleus)<br />
lRostre : crête médiane crénelée 1et<br />
côtés lisses 2<br />
lCarapace : deux crêtes post-orbitaires 3 , une ligne d’épines en arrière<br />
du sillon cervical (aucune en avant) 4<br />
lPinces : larges et massives, rouges en face ventrale 5 , avec deux<br />
tubercules sur le bord interne de la partie fixe. Souvent chez le<br />
mâle, arc de cercle caractéristique. 6<br />
Remarque :<br />
La présence des <strong>écrevisses</strong> à pieds rouges dans les pays scandinaves<br />
résulte probablement d’importations effectuées au Moyen-Age à partir de<br />
l’Allemagne. Leur présence dans l’Atlas marocain est due à leur<br />
exportation en 1930 à partir de la France.<br />
En Belgique, elle n’existe pratiquement plus que dans quelques pièces<br />
d’eau.<br />
20
Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes)<br />
White-clawed crayfish lDohlenkrebs<br />
2<br />
1<br />
3<br />
lTaille : généralement moins de 10 cm, maximum 12 cm<br />
lPoids : maximum 80 g<br />
lColoration : brunâtre, vert olive<br />
lRostre : triangulaire, à côtés lisses et non-parallèles, carène médiane<br />
lCarapace : une seule crête post-orbitaire , présence 2<br />
d’épines en arrière<br />
du sillon cervical<br />
3<br />
lPinces : rugueuses et blanchâtres en face inférieure, assez massives, un<br />
tubercule sur le bord interne de la partie fixe, pas d’ergot sur<br />
l’article précédant les pinces<br />
L’écrevisse à pieds blancs vit dans des ruisseaux non pollués et bien<br />
oxygénés de plaine ou de montagne de l’Europe centrale et septentrionale,<br />
accompagnant la truite fario. On ne la rencontre pas chez nous, en Région<br />
wallonne. Sa plage thermique optimale se situe entre 13 et 20°C<br />
(maximum). <strong>Les</strong> femelles pondent en général moins d’une centaine<br />
d’oeufs.<br />
1<br />
21
Ecrevisse des torrents ou écrevisse «de pierre» (Austropotamobius torrentium)<br />
Stone crayfish lSteinkrebs<br />
2<br />
1<br />
lTaille : généralement moins de 10 cm, maximum 11,5 cm<br />
lPoids : maximum 80 g<br />
lColoration : brun clair à bleu-gris<br />
lRostre : court, à côtés lisses, pas de carène médiane, pointe du rostre<br />
triangulaire 1<br />
lCarapace : une seule crête post-orbitaire , carapace 2 très dure (“écrevisse<br />
de pierre”), pas d’épines en arrière du sillon cervical<br />
lPinces : rugueuses en face dorsale, assez massives, blanchâtres ou<br />
jaune-gris en face inférieure, un tubercule sur le bord interne de<br />
la partie fixe, pas d’ergot sur l’article précédant les pinces<br />
L’écrevisse des torrents vit dans des ruisseaux caillouteux de montagne de<br />
l’Europe centrale. On ne la rencontre pas non plus chez nous. Elle vit dans<br />
des eaux pures, fraîches, et bien oxygénées, accompagnant la truite fario.<br />
<strong>Les</strong> femelles pondent en général de 40 à 70 oeufs.<br />
22
Ecrevisses exotiques<br />
Ecrevisse turque ou écrevisse à pattes grêles (Astacus leptodactylus)<br />
Turkish crayfish lSumpfkrebs ou Galizierkrebs<br />
2<br />
2<br />
1<br />
3<br />
4<br />
lTaille : 15-20 cm (maximum : 30 cm)<br />
lPoids : jusqu’à 300 g<br />
lColoration : en général jaunâtre à verdâtre<br />
lRostre : côtés dentelés et parallèles, crête médiane dentelée 1<br />
lCarapace : deux crêtes post-orbitaires 2 , nombreuses épines sur le<br />
céphalothorax 3<br />
lPinces : longues et étroites, effilées, en lames de ciseaux , 4jaunâtres<br />
en<br />
face ventrale, pas d’ergot sur l’article précédant les pinces<br />
Astacus leptodactylus serait apparue en Belgique à la fin des années 50.<br />
Cette espèce s’accouple un peu plus tard que notre espèce, soit en<br />
novembre-décembre. <strong>Les</strong> femelles peuvent porter de 200 à 800 oeufs et<br />
leur première reproduction se réalise à l’âge de 2 ans (taille de 9 cm). Elles<br />
peuvent supporter des températures plus élevées que la pieds rouges<br />
(jusqu’à 26-27°C). Elle habite plutôt les eaux calmes et chaudes (étangs,<br />
lacs, barrages,...). Elle tolère assez bien les fortes charges en matières<br />
organiques. Elle ne creuse en général pas de terrier et s’accommode des<br />
caches naturelles que lui offre le milieu. Elle serait plus carnivore que<br />
végétarienne. Elle est moins lucifuge que l’écrevisse à pieds rouges et est<br />
plus active le jour. Sa croissance est aussi très rapide (elle atteint 5-6 cm<br />
à l’âge d’un an). Tous ces éléments la rendent beaucoup plus compétitive<br />
que la pieds rouges: toute compétition dans un même milieu tourne donc<br />
systématiquement à l’avantage de l’écrevisse turque. Elle est cependant<br />
sensible à la peste, quoiqu’étant un peu plus résistante. Cette résistance<br />
plus grande se manifeste aussi par rapport aux herbicides, pesticides et<br />
fertilisants.<br />
23
La «petite américaine» (Orconectes limosus)<br />
Orconectes crayfish lKamberkrebs<br />
1<br />
2<br />
3<br />
5<br />
4<br />
lTaille : jusqu’à 12 cm, rarement plus<br />
lPoids : jusqu’à 70 g<br />
lColoration : en général brun foncé, avec des taches marron sur chaque<br />
segment de l’abdomen 1<br />
lRostre : en gouttière, à bords lisses, sans crête médiane ni dents 2<br />
lCarapace : une seule crête post-orbitaire 3,<br />
épines devant et derrière le<br />
sillon cervical<br />
lPinces : petites et massives, lisses, jaunâtres en face ventrale, avec pointes<br />
noires et orangées 4 ; présence d’un ergot 5s<br />
sur le segment<br />
précédant la pince<br />
Cette écrevisse a été introduite pour la première fois en Allemagne en 1890.<br />
Depuis, elle n’a cessé de s’étendre dans tous les réseaux hydrographiques des<br />
pays européens. Orconectes limosus serait apparue en Belgique au début des<br />
années 1960. Depuis, elle a colonisé de nombreux cours d’eau et canaux<br />
(Meuse, Sambre, Ourthe, Semois, Amblève, canaux du centre,...).<br />
Cette espèce peut s’accoupler 2 fois par an: en été et au printemps. <strong>Les</strong><br />
femelles peuvent porter de 300 à 400 oeufs et leur première reproduction se<br />
réalise à l’âge de 1 an. Elles peuvent supporter de grandes variations de<br />
température (jusqu’à une température maximale de 33-34 °C). Leur longévité<br />
est en moyenne de 3 ans. Cette écrevisse aime les eaux calmes et profondes,<br />
elle supporte bien les fortes charges en matières organiques; elle est<br />
résistante au manque d’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O 2) et également aux<br />
maladies. Son régime est omnivore. Elle est souvent vecteur de<br />
l’aphanomycose sans en subir les effets néfastes (porteuse saine); elle n’est<br />
pas sensible non plus à la thélohaniose. Elle résiste également très bien aux<br />
pesticides et aux métaux lourds.<br />
24
Ecrevisse de Californie ou écrevisse «signal» (Pacifastacus leniusculus)<br />
Signal crayfish lSignalkrebs<br />
2<br />
1<br />
3<br />
lTaille : 15-20 cm (maximum: 30 cm)<br />
lPoids : 50-150 g (jusqu’à 300 g)<br />
lColoration : en général brun orangé<br />
lRostre : crête en gouttière avec carène centrale = simple bourrelet non<br />
dentelé, côtés lisses quasi parallèles 1<br />
lCarapace : deux crêtes post-orbitaires 2,<br />
pas d’épines<br />
lPinces : larges et massives, avec un tubercule sur le bord de la partie fixe<br />
rouge vif en face ventrale, avec une tache (“signal”) blanche ou<br />
bleuâtre en face dorsale ; pas d’ergot 3sur<br />
l’article précédant les<br />
pinces<br />
Originaire du lac Tahoé en Californie, Pacifastacus leniusculus a été<br />
introduite en Suède en 1960 (100 individus dans un lac); les Suédois en<br />
importèrent ensuite massivement (60.000 individus), qu’ils répartirent<br />
dans une soixantaine de lacs, afin de remplacer les populations d’Astacus<br />
astacus décimées par la peste.<br />
Ils en exportèrent ensuite dans les autres pays européens. La Finlande, la<br />
Russie, l’Autriche, l’Allemagne, le Luxembourg, la Pologne, l’Espagne, la<br />
Grande Bretagne, la France suivirent leur exemple dans les années 70. En<br />
Belgique, elle a été introduite pour la première fois en 1979 dans 6<br />
piscicultures.<br />
Cette espèce se propage très rapidement dans tous les pays européens....<br />
Elle s’accouple un peu plus tôt que notre espèce, soit en octobre, parfois<br />
25
4<br />
en septembre. <strong>Les</strong> femelles peuvent porter de 200 à 300 oeufs et leur<br />
première reproduction se réalise à l’âge de 2 ans (taille de 6,4-6,8 cm).<br />
Elles peuvent supporter des températures plus élevées que la pieds rouges<br />
(jusqu’à 24-25°C). Leur plage thermique optimale se situe entre 13 et<br />
16°C. En dessous de 6,8°C, les femelles ne portent plus d’oeufs. La<br />
croissance de ces <strong>écrevisses</strong> est très rapide, plus élevée encore que celle<br />
de l’écrevisse turque (longévité: 5-6 ans). L’espèce est aussi très résistante<br />
au manque d’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O2) et aux maladies. Elle est, comme<br />
la pieds rouges, plutôt végétarienne, et apprécie les feuilles d’aulnes et<br />
d’érables reposant au fond de l’eau. Elle est très agressive 4 et l’amplitude<br />
de ses articulations lui permet de pincer en arrière du céphalothorax.<br />
Elle est aussi souvent vecteur de l’aphanomycose sans en subir les effets<br />
néfastes. Elle résiste également très bien aux pesticides et aux métaux<br />
lourds.<br />
26
Ecrevisse rouge des marais de Louisiane (Procambarus clarkii)<br />
Red swamp lRote amerikanische sumpfkrebs<br />
1<br />
2<br />
4<br />
3<br />
6<br />
5<br />
lTaille : 10-12 cm (maximum 15 cm)<br />
lPoids : jusqu’à 100 g<br />
lColoration : rouge et noire (pour les individus de plus de 8 cm; les plus<br />
jeunes sont grisâtre-verdâtre)<br />
lRostre : triangulaire et en gouttière, sans carène médiane, côtés lisses<br />
non parallèles 1<br />
lCarapace : une seule crête post-orbitaire 2,<br />
pas d’épines mais nombreux<br />
tubercules (aspect granuleux) 3, sillon longitudinal médian 4<br />
lPinces : assez étroites et effilées, présence de tubercules sur la partie<br />
fixe, couleur rouge vif en face ventrale , 5tubercules<br />
rouges sur<br />
fond noir face dorsale, présence d’un ergot 6sur<br />
le segment<br />
précédant la pince<br />
C’est en 1930 que cette espèce a été introduite au Japon et elle est arrivée<br />
en Chine dans le courant de la guerre 40-45. De 1963 à 1970, elle a été<br />
importée au Kenya et en Ouganda.<br />
Procambarus clarkii a été importée pour la première fois en Europe en<br />
1973-1974, tout d’abord en Espagne, au Portugal et en France.<br />
<strong>Les</strong> femelles peuvent porter de 200 à 700 oeufs et leur première<br />
reproduction se réalise à l’âge de 3 mois (période de reproduction entre<br />
juin et septembre). <strong>Les</strong> femelles peuvent pondre plusieurs fois par an. La<br />
plage thermique la plus favorable est située entre 22 et 25 °C et l’espèce<br />
peut supporter des températures très élevées (jusqu’à 32-33°C). Elle peut<br />
27
aussi résister aux grands froids (-10°C). Elles sont résistantes au manque<br />
d’oxygène (jusqu’à 1 mg/l O 2), aux maladies (elle est porteuse saine de la<br />
peste), aux pesticides et aux pollutions organiques. Longévité : 3-5 ans.<br />
Elle est en activité presque constamment, de jour comme de nuit,<br />
contrairement aux espèces indigènes européennes. Elle est aussi très<br />
agressive et l’amplitude de ses articulations lui permet de pincer en arrière<br />
du céphalothorax.<br />
<strong>Les</strong> milieux de prédilection sont les canaux, les étangs, les lacs peu<br />
profonds.<br />
<strong>Les</strong> individus creusent de très grands terriers (jusqu’à 1,5 mètre!), et sont<br />
considérés pour cette raison comme une menace pour les berges des<br />
canaux et des étangs. L’espèce est omnivore, mais surtout végétarienne.<br />
Sa prolifération est une menace pour la biodiversité naturelle des milieux<br />
aquatiques.<br />
28
Conseils pour les repeuplements en <strong>écrevisses</strong><br />
En résumé, pour que les populations d’<strong>écrevisses</strong><br />
puissent bien se développer dans une pièce d’eau, les<br />
conditions suivantes doivent être rencontrées:<br />
1. L’eau d’alimentation doit-être fraîche, de très<br />
bonne qualité (sans pollution), bien oxygénée<br />
(teneurs en oxygène supérieures à 6 mg/l), avec un<br />
pH compris entre 6,5 et 8,5 et une teneur en calcaire<br />
minimale de 6 mg/l CaCO 3.<br />
2. La présence de végétation aquatique est<br />
également indispensable. Implanter, maintenir ou<br />
développer ces végétaux dans les étangs<br />
ensemencés est donc une bonne gestion à adopter.<br />
3. Prédateurs: La situation idéale est l’absence<br />
totale de poissons dans la pièce d’eau. Une<br />
cohabitation est cependant possible, à condition que<br />
les <strong>écrevisses</strong> aient suffisamment de caches pour se<br />
soustraire à leurs prédateurs, mais, dans ce cas, leurs<br />
populations ne pourront pas se développer aussi<br />
fortement.<br />
4. Présence de caches et envasement: Plus le<br />
nombre de caches est important, plus les<br />
populations pourront se développer. <strong>Les</strong> berges<br />
empierrées (sans ciment), des tas de pierres plates<br />
amoncelées, les racines d’arbres et aussi les berges<br />
en argile, plutôt verticales (où elles peuvent creuser<br />
leurs terriers) sont des facteurs favorisants. Mais il<br />
est aussi possible d’installer des caches artificielles:<br />
tuyaux PVC collés, parpaings ou briques à trous.<br />
Ces caches artificielles permettent d’effectuer des<br />
contrôles réguliers et rapides. <strong>Les</strong> fonds vaseux de<br />
boues liquides sont des milieux défavorables au bon<br />
développement des populations d’<strong>écrevisses</strong>.<br />
Lorsque l’envasement devient trop important, il est<br />
recommandé de vidanger et de curer l’étang.<br />
5. Enfin, l’absence d’<strong>écrevisses</strong> non indigène<br />
(américaines en particulier) est absolument<br />
indispensable.<br />
Repeuplements et gestion<br />
Lors de repeuplements d’une pièce d’eau ou d’un<br />
cours d’eau, nous conseillons idéalement d’utiliser<br />
des <strong>écrevisses</strong> de différents âges : des juvéniles d’un<br />
ou de deux étés (en octobre-novembre), des femelles<br />
grainées (en avril-mai), et des couples (en<br />
septembre-octobre), en proportion de 1 mâle pour 3<br />
femelles. Ces repeuplements, pour être efficaces et<br />
développer rapidement de bonnes populations,<br />
peuvent être réitérés pendant plusieurs années de<br />
suite (3 ou 4 ans par exemple).<br />
En terme de quantités, il est souvent conseillé de<br />
remettre en étang de 1 à 5 adultes par m 2 , ou 1000<br />
à 10000 juvéniles (de l’année) par Ha.<br />
Dans notre cas, après une étude des potentialités de<br />
chaque site, nous ensemençons selon nos<br />
possibilités…<br />
<strong>Les</strong> rendements généralement obtenus avec Astacus<br />
astacus tournent autour de 100 Kg par Ha, mais<br />
pouvant parfois monter à 300 Kg/ha dans certains<br />
cas, où toutes les conditions favorables sont réunies.<br />
Pour la gestion des populations, il est souhaitable<br />
que les étangs possèdent un système de vidange, le<br />
plus pratique étant le moine. Nous conseillons<br />
cependant de ne pas vidanger les pièces d’eau trop<br />
souvent : les <strong>écrevisses</strong> n’aiment pas être trop<br />
souvent dérangées ; une périodicité acceptable nous<br />
semble être tous les 3 ou 4 ans, avec une remise sous<br />
eau la plus rapide possible.<br />
Des contrôles périodiques peuvent être effectués par<br />
des pêches aux nasses ou avec des balances , ou par<br />
des observations nocturnes quand le site le permet.<br />
29
Le projet de sauvegarde de l’écrevisse à pieds rouges de l’ATE* 10<br />
De 1982 à 1986, une première enquête fut menée<br />
par M. Pierre Gérard (Centre de Recherches de la<br />
Nature, des Forêts et du Bois de Gembloux), afin<br />
d’évaluer l’état des populations d’<strong>écrevisses</strong> en<br />
Belgique. Un second inventaire, plus exhaustif,<br />
réalisé de 1990 à 1996, a fait état de la grande<br />
faiblesse des populations d’<strong>écrevisses</strong> à pieds<br />
rouges dans toute la région wallonne : 8513<br />
pièces d’eau ont été répertoriées sur cartes, 4321<br />
propriétaires ont été contactés, et 602 contrôles<br />
de terrain ont été effectués. <strong>Les</strong> résultats, jugés<br />
très alarmants, indiquèrent qu’à ce moment<br />
(1996), seulement 9 ruisseaux et 103 sites (parfois<br />
avec plusieurs étangs ou carrières) abritaient<br />
encore des <strong>écrevisses</strong> à pieds rouges! Parmi ces<br />
étangs ou carrières, à peine 45 sites présentaient<br />
encore de bonnes populations...<br />
Conscient de la gravité de la situation et de l’urgence<br />
à agir, notre ASBL, l’Association Theutoise pour<br />
l’Environnement (ATE), a entrepris une action de<br />
sauvegarde de l’espèce. Depuis 1999, elle travaille à la<br />
mise sur pied d’un projet de redéploiement de<br />
populations dans l’ensemble de la région wallonne.<br />
Reconnue et aidée financièrement par le Ministre de<br />
l’Agriculture et de la Ruralité, notre asbl a commencé<br />
ses travaux en janvier 2000, en étroit partenariat avec<br />
la Direction Générale de l’Agriculture et la Direction<br />
Générale des Ressources Naturelles et de<br />
l’Environnement (le service de la Pêche, le service de<br />
la Conservation de la Nature, le Centre de Recherches<br />
de la Nature, des Forêts et du Bois de Gembloux et le<br />
Centre d’Economie Rurale de Marloie).<br />
Des écloseries ont ainsi été installées dans la<br />
région de Theux: près de 200 m 2 de bassins, situés<br />
dans plusieurs sites extérieurs et intérieurs, sont<br />
actuellement en fonction depuis début 2004. Ces<br />
emplacements ont été choisis sur base de<br />
nombreuses analyses d’eau de sources ou de<br />
ruisseaux, obtenues grâce au Contrat de Rivière<br />
“Hoëgne et Wayai” et au travers d’autres études<br />
plus spécifiques menées par notre association. Le<br />
choix de ces emplacements a été aussi influencé<br />
par la “sécurité” (afin d’éviter le vandalisme).<br />
La stratégie appliquée, étant donné la<br />
problématique récurrente de la peste, est de<br />
multiplier d’une part les pièces d’eau à<br />
(ré)ensemencer (réparties dans toute la région<br />
wallonne), et, d’autre part, les bassins et les sites<br />
d’écloseries (chacun étant alimenté en eau de<br />
manière indépendante; les visites se font toujours<br />
de manière ponctuelle dans un seul bassin et sont<br />
suivies systématiquement d’une désinfection)<br />
Cette méthodologie implique donc nécessairement<br />
la recherche de nombreuses collaborations auprès<br />
de propriétaires privés intéressés et désireux de<br />
participer à ce projet de sauvegarde.<br />
Malheureusement, depuis 1996, les populations ont<br />
encore fortement périclité: 26 sites sur les 103<br />
répertoriés à cette époque ne possèdent actuellement<br />
plus d’<strong>écrevisses</strong>! De surcroît, nos dernières<br />
observations (en 2003) indiquaient que moins d’une<br />
dizaine de pièces d’eau présentaient encore de<br />
bonnes populations (plusieurs centaines d’individus)!
C’est pourquoi il nous a été très difficile de<br />
trouver des femelles grainées les premières<br />
années et que nous avons du nous résoudre à en<br />
importer d’Allemagne.<br />
De plus, en 2002, un simple rempoissonnement en<br />
truitelles fario dans un de nos deux réservoirs de<br />
géniteurs, a provoqué la mortalité fulgurante et<br />
quasi totale de 600 individus et de près de 17.000<br />
juvéniles dans nos bassins (situés en aval de cet<br />
étang). Il est probable que la peste ait été amenée<br />
par l’eau de transport de ces poissons (provenant<br />
d’une pisciculture où l’écrevisse de Californie est<br />
présente). Nous avons cependant pu sauver 3000<br />
jeunes grâce à notre système de bassins<br />
indépendants.<br />
Malgré ces déboires, en trois années de travail<br />
(de 2001 à 2003), nous avons tout de même pu<br />
produire 14.000 juvéniles dans nos bassins et<br />
réensemencer une trentaine de pièces d’eau en<br />
région wallonne. Jusqu’à présent, nos meilleurs<br />
rendements d’élevage atteignent environ 20<br />
juvéniles par femelle et 1500 jeunes par bassin<br />
(150 par m 2 ); mais les moyennes obtenues<br />
tournent autour de 13-15 jeunes produits par<br />
femelle. Il faut cependant savoir que nous ne<br />
chauffons pas l’eau des bassins et que nous ne<br />
nourrissons que très peu (élevage extensif). <strong>Les</strong><br />
jeunes <strong>écrevisses</strong> trouvent elles-mêmes leur<br />
nourriture dans les milieux semi-naturels<br />
reconstitués dans nos bassins: algues<br />
filamenteuses, élodées, myriophylles (en ce qui<br />
concerne la végétation), et nombreux chironomes<br />
(diptères), aselles, gammares (crustacés), et<br />
éphémères (en ce qui concerne la macro-faune).<br />
Nous espérons augmenter progressivement les<br />
productions annuelles de juvéniles en bassins.<br />
Pour 2010, nous espérons réensemencer une<br />
centaine de sites en région wallonne et y<br />
développer de bonnes populations. Toutes ces<br />
pièces d’eau réensemencées feront l’objet d’un suivi<br />
scientifique au cours des années à venir.<br />
En conclusion, nous estimons qu’un véritable projet<br />
de sauvegarde de l’écrevisse à pieds rouges doit être<br />
poursuivi en région wallonne. En effet, cette<br />
écrevisse fait partie intégrante de notre patrimoine<br />
naturel. Comme le saumon atlantique, elle est un<br />
excellent bioindicateur, et donc un symbole de la<br />
bonne qualité des eaux A ce titre, elle mérite,<br />
comme beaucoup d’autres espèces animales ou<br />
végétales, un effort particulier de protection. Elle<br />
occupe une place importante dans les chaînes<br />
trophiques des milieux aquatiques; apparue bien<br />
avant l’homme sur notre planète, l’écrevisse est un<br />
sujet d’étude particulièrement intéressant. Elle fait<br />
partie aussi de notre patrimoine culturel. Elle peut<br />
permettre une valorisation des étangs ou des lacs<br />
par la production d’individus consommables, mais<br />
également par une gestion des sites profitant à<br />
toute une série d’organismes vivants aquatiques.<br />
L’écrevisse est de plus un outil pédagogique<br />
particulièrement intéressant, permettant de<br />
sensibiliser le grand public (et en particulier les<br />
jeunes générations) à plusieurs problèmes<br />
écologiques majeurs, tels que:<br />
31
lla qualité et la protection des eaux douces,<br />
indispensables à toute vie sur Terre,<br />
lla problématique de la réduction drastique de la<br />
biodiversité, causée notamment par<br />
d’innombrables invasions d’espèces non<br />
indigènes colonisatrices, éliminant<br />
progressivement la faune et la flore indigènes,<br />
lla problématique de gestion durable,...<br />
A titre d’exemple, en 2003, nous avons fait visiter les<br />
écloseries à 330 enfants et 100 adultes. En plus de<br />
cela, nous avons réalisé des animations “<strong>écrevisses</strong>”<br />
lors de diverses manifestations : Journée Natura<br />
2000, Journées des enfants à La Gleize (1500<br />
personnes), Foire médiévale à Theux (15.000<br />
personnes), Foire St Hubert à Theux (plusieurs<br />
centaines de personnes), etc… Nous menons aussi<br />
des actions dans le cadre des Contrats de rivière<br />
Vesdre, Semois, Amblève, et Ourthe.<br />
Depuis mars 2004, à l’initiative de l’Echevin de<br />
l’Environnement et du Tourisme, M. KEVER, et en<br />
étroit partenariat avec l’Association Theutoise pour<br />
l’Environnement, la commune de Theux est<br />
devenue la Capitale wallonne de l’écrevisse à pieds<br />
rouges. Ce projet comprend les 4 axes principaux<br />
suivants: un axe environnemental constitué par le<br />
projet de sauvegarde de notre écrevisse, un axe<br />
touristique à développer sur la commune (tourisme<br />
vert "diffus"), un axe économique (secteur<br />
HORECA), et un axe didactique au travers d’une<br />
large sensibilisation de la population.<br />
Ce projet de sauvegarde de notre écrevisse à pieds<br />
rouges est donc une entreprise difficile et<br />
laborieuse, à cause notamment de la menace<br />
perpétuelle d’apparition de la peste de l’écrevisse<br />
et de l’extension très rapide des <strong>écrevisses</strong><br />
américaines (vecteurs de propagation de la peste),<br />
introduites de manière inconsidérée par l’homme.<br />
Mais c’est un projet passionnant, nécessitant la<br />
collaboration de nombreux partenaires motivés,<br />
s’intégrant parfaitement dans la politique de<br />
"développement durable" et permettant une<br />
sensibilisation de la population à une importante<br />
problématique environnementale.<br />
D. HERMAN<br />
Biologiste, chargé de mission<br />
à l’*Association Theutoise pour l’Environnement<br />
Vous pouvez nous aider dans ce projet et/ou<br />
soutenir nos (autres) actions en faveur de la<br />
protection de notre environnement:<br />
Il vous suffit pour cela soit :<br />
l de verser un don ou de devenir membres<br />
d’honneur de notre ASBL (15 e par an) (compte n°<br />
068-2291071-55)<br />
lde nous acheter un des deux jeux créés par notre<br />
association: n “Eaux vives”: jeu de stratégie de<br />
découverte de la vie aquatique de nos ruisseaux.<br />
n “Sauvons les pieds rouges“: jeu de<br />
stratégie, coopératif, décrivant la problématique<br />
des <strong>écrevisses</strong> en Europe.<br />
l ou, si vous possédez un étang suffisamment<br />
grand et adéquat (au moins 1000 m 2 ) d’accepter<br />
d’y réintroduire des <strong>écrevisses</strong> et de nous<br />
permettre d’y gérer les populations<br />
réensemencées.<br />
32
Publications et ouvrages consultés<br />
l ACKEFORS H., GYDEMOR. R. and KEYSER P.,<br />
1995. Growth and moulting in confined juvenile<br />
noble crayfish Astacus astacus. Freshwater<br />
Crayfish, n° 10 : p.396-409.<br />
l ACKEFORS H., 1996. "The development of<br />
crayfish culture in Sweden during the last<br />
decade." Freshwater crayfish n° 11, 627-654.<br />
l ACKEFORS H., 2000. Freshwater crayfish farming<br />
technology in the 1990s : a European and global<br />
perspective. Fish and fisheries, n° 1, 337-359.<br />
l ANDRE M., 1960. <strong>Les</strong> <strong>écrevisses</strong> françaises.<br />
Editions P.Lechevalier, Paris, 293 p.<br />
l ARRIGNON J., 1991. L’écrevisse et son élevage.<br />
Editions Lavoisier, Technique et Documentation,<br />
2 ème édition, Paris, 208 p.<br />
l ARRIGNON J., 1996. Produire et vendre de<br />
l’écrevisse. La piciculture française d’eau vive et<br />
d’étang, n° 123, 36 p.<br />
l AUVERGNE A., 1979. L’élevage des <strong>écrevisses</strong>. Le<br />
point Vétérinaire, Paris, 87 p.<br />
l BOHL E., KELLER M. et OITDMANN B., 2001.<br />
"Flusskrebse in Bayern". LFV Bayern, Bayerisches<br />
Landesamt fûr Wasserwirstschaft, 35 p.<br />
l CONSEIL SUPERIEUR de la PECHE, Ministère de<br />
l’Environnement, 1993. Atlas préliminaire des<br />
crustacés décapodes d’eau douce de France.<br />
Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, 56 p.<br />
l CUKERZIS J., 1984. La biologie de l’écrevisse<br />
(Astacus astacus). Institut National de la<br />
Recherche Agronomique Publications, Paris, 313 p.<br />
l FRANCKHAUSER R., 2000. L’écrevisse; petit<br />
guide pratique et gastronomique à l’usage des<br />
amateurs d’<strong>écrevisses</strong>. Association des<br />
Astaciculteurs de France, 23 p.<br />
l GUET D., CASSAN Y., MARIOJOULS C., PALET F.,<br />
THOMAS B.-M., 1995. Ecrevisses : les clés de la<br />
rentabilité. Aqua-revue, n° 59, 39 p.<br />
l GERARD P., 1986. <strong>Les</strong> différentes espèces<br />
d’<strong>écrevisses</strong> en Belgique et leur répartition<br />
géographique. Station de Recherches Forestières et<br />
Hydrobiologiques, Groenendaal, Trav . n°54, 25 p.<br />
l HOLDICH D.M., LOWERY R.S., 1988. Biology,<br />
management and exploitation. Freshwater<br />
Crayfish, Ed. Timber Press, Protland, 370 p.<br />
l HUNER J.V., 1994. Aquaculture in North America,<br />
Europe and Australia. Families Astacidae,<br />
Cambaridae and Parastacidae. Freshwater<br />
Crayfish, Ed. Food Products Press, 291 p.<br />
l LAURENT P-J., NICOLAS J. et PARIS L., 1997. <strong>Les</strong><br />
repeuplements en Astacus astacus L.; synthèse<br />
des essais réalisés en Lorraine et en Morvan,<br />
enseignements à tirer. Astaciculteur de France,<br />
n°51, 34-58.<br />
l NEVEU A., 2000. Etude des populations<br />
d’Austropotamobius pallipes dans un ruisseau<br />
forestier de Normandie; répartition en fonction<br />
des habitats, stabilité et variabilité au cours de 5<br />
années" INRA, Rennes. Bull. Fr. Pêche et<br />
Pisciculture n° 356 : p. 99-122.<br />
l STUCKI Th. et PETER J.-R., 1999. Atlas de<br />
distribution des <strong>écrevisses</strong> en Suisse. Office fédéral<br />
de l’environnement, des forêts et du paysage,<br />
informations concernant la pêche, n° 65, 43 p.<br />
l VIGNEUX, 2002. Knowledge-based mangement<br />
of European native crayfishes. Connaissance et<br />
gestion du patrimoine aquatique. Bulletin français<br />
de la pêche et de la protection des milieux<br />
aquatiques (IAA European meeting, Poitiers,<br />
France, septembre 2001, vol.4), n° 367, 593-982.
Association Theutoise pour l’Environnement asbl<br />
Jevoumont 2B - 4910 THEUX<br />
Tél/fax : 087/54.22.15<br />
GSM : 0497/531.341<br />
E-mail : astacus@belgacom.net<br />
site internet : www.ate.be.tf<br />
Avec le soutien des Ministres de l’Agriculture et de la Ruralité,<br />
de l’Emploi et de la Formation de la Région wallonne