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diogene laerce. - Notes du mont Royal

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<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong> <strong>Royal</strong><br />

www.notes<strong>du</strong><strong>mont</strong>royal.com<br />

Ceci est une œuvre tombée<br />

dans le domaine public, et<br />

hébergée sur « <strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong><br />

<strong>Royal</strong> » dans le cadre d’un exposé<br />

gratuit sur la littérature.<br />

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LE:s VIES<br />

DES PLUS ILLUSTRES<br />

PHILOSOPHES<br />

DE L'ANTIQUITÉ.<br />

TOME TROISIEME.<br />

arfam renne


X E S' VIES<br />

DES PLUS ILLUSTRES<br />

PHILOSOPHES<br />

DE L'ANTIQUITÉ,<br />

Avec leurs Dogmes, leurs Syftêmes, leur -Morale;<br />

& leurs Semences les plus. remarguables j<br />

TMDVITESDUGRECDEDIOGÈNELAERCEi<br />

Anjrquelles on a ajouté la Vie de I'AUTBUR : celles<br />

«TEPICTETE , de CONFUCIUS , & leur Morale ; &<br />

un Abrégé hiftoriqne de la Vie des Femmes Philoiophes<br />

de 1Antiquité :<br />

XOUFELLE EDITION, JSVEC P^TRjtm.<br />

T O M £ TBOiSiÉ M El<br />

A AMSTERDAM,<br />

'CHEZ /. H. S C H N E 1 D £ R, Libraire;<br />

M. D C C. L X I,


*&<br />

LA V ï E<br />

DE<br />

DIOGENE LAERCE.<br />

'EST une queftion, s'il eft avantageux<br />

pour le crédit d'un ouvrage &<br />

:»j?ht*


a DIOGENE LAERCE,'<br />

par exemple, beaucoup de gens font peu de cas<br />

de la morale de Sénéque, parce qu'ils trouvent<br />

ce qu'il dit furia pauvreté, très-mal placé dans<br />

la bouche d'un homme qui étoit fort riche ; qui<br />

jouiflbit de tous les agrémens & de toutes les<br />

commodités de là vie. Peut-être trouveroit-on<br />

fes ouvrages généralement fi excellens, fi on ne<br />

fçavoit pas qu'il a poffédé de grands biens : car<br />

enfin, ceux dans l'efprit defquels fa fortune lui<br />

fait tort, ont-ils bien raifon de penfer ainfi ?<br />

Je ne le crois pas, à moins qu'ils ne faffent voir<br />

que fes biens étoient mal acquis, ou qu'il menoit<br />

une vie débauchée. Déjà,en comparaifon de cette<br />

multitude d'excellentes leçons en tout genre<br />

que renferment les Ouvrages de Sénéque , on<br />

peut dire qu'il y a peu de chofe fur le chapitre<br />

de la pauvreté ; & il n'en dit que ce que tout le<br />

monde en doit dire, qui eft qn'on peut vivre<br />

heureux*, en fe renfermant étroitement dans les<br />

befoins de la Nature, aufii-bien qu'au fein de<br />

l'opulence. Il me femble même que j'aime mieux<br />

J'entendre dire par un homme riche, que par<br />

celui qui ne l'eft pas : <strong>du</strong> moins, lorfque j'en—<br />

tens dire au premier que c'eft un bonheur plus<br />

grand que celui de l'opulence, de fe mettre l'efprit<br />

dans une fituation telle que, par le retranchement<br />

des defirs inutiles , on fe trouve n'avoir<br />

pas befoin de richefles , & que je vois en même—<br />

tetns, que ce même homme pouvoit jouir de


DIOGENE LAERCE.<br />

tous les plaifirs de la vie, j'en tire une conclu-»<br />

fion bien forte, que les fentimens qu'ils pro<strong>du</strong>ifent,<br />

ne font pas les fentimens primitifs, d'où<br />

naît le contentement de l'efprit. D'ailleurs, on<br />

fçait que Sénéque n'a point vécu en Courtifan ;<br />

s'il avoit voulu flatter les vices de Néron, il y<br />

a toute aparence qu'il auroit pu fauver fa vie-<br />

Ce mauvais Prince ne fe feroit pas privé <strong>du</strong> plai-<br />

Cr de laiffer vivre un Sage, qu'il auroit réuffi à<br />

corrompre, & dont la flatterie auroit formé <strong>du</strong><br />

moins pour ce fiécle une efpéce d'apologie de<br />

fa vie licencieufe. Il l'a fait mourir, c'eft donc<br />

une preuve affez convainquante qu'il trouva dans<br />

ce Philofophe un efprit qui ne plioit point, & que<br />

la fortune même dont il jouiffoit ne put ébranler.'<br />

Je crois donc que les grands biens de Sénéque ,<br />

doivent contribuer à faire fon éloge & à foutenir<br />

merveilleufement les excellentes maximes qu'il<br />

nous a laiffées par écrit, fur-tout fi l'on confidére<br />

cette foule de gens que les biens de la Fortune<br />

aveuglent, & qu'ils privent <strong>du</strong> goât des<br />

Uictres |& <strong>du</strong> fentiment. Ceux qui feront ces<br />

réflexions tronveront la morale de Sénéque trèsbonne<br />

, malgré fa fortune, de même qu'ils goûtent<br />

les réflexions de Marc Antonin, quoique<br />

ce Prince paflàt de beaucoup Sénéque en richeffes<br />

& en puiffance, de, même qu'ils aprouvent<br />

les belles maximes de Télémaque, fur la tempé-<br />

Ai


4 DIOGENE LAERCE.<br />

sarice & la médiocrité, quoique l'Auteur qui les<br />

lui fait dire , vécût dans l'opulence.<br />

On voit donc que c'eft réellement une queftion,"<br />

s'il eft utile ou non, de connoître les Auteurs dont<br />

on lit les ouvrages ; mais comme d'en parler plus<br />

long - tems feroit nous écarter de notre but,<br />

laiflons-la décidera d'autres, & venons à Diogène<br />

Laërce.<br />

Cet Auteur eft <strong>du</strong> nombre de ceux dont on ne<br />

fçait pas bien l'hiftoire, & nous pourrions facilement<br />

remplir d'une infinité de critiques ce morceau<br />

que nous avons dtflein d'abréger , fi nous<br />

voulions ramafler tout ce que les fçavans ont dit<br />

fur ce fujet ; ceux-ci fuivent une opinion, ceuxlà<br />

en adoptent une autre. Pour moi, je penfe<br />

que cette méthode n'eft pas la meilleure pour<br />

débrouiller un fujet. On peut tomber, en fait<br />

de littérature , dans le défaut qu'on reproche<br />

juftement à d'autres, c'eft-à-dire, en ne fe bornant<br />

pas à ce qui eft clair, & en s'étendant<br />

trop fur des matières incertaines.<br />

. §-I.<br />

Auteurs qui ont parlé de Diogène Laërce.<br />

Peu d'anciens Auteurs ont parlé de Diogène<br />

Laërce, & cela doit paroître furprenant : celui<br />

qui a tant parlé des autres, méritoit bien qu'on


DtOGENE LAERCE. ç<br />

dît quelque chofe de lui, & qu'on témoignât lui<br />

fçavoir gré de Ton travail, & de la modèftie<br />

avec laquelle il traite ceux dont il nous a donné<br />

les vies , ne prévenant point fes Leâeurspour<br />

ou contre aucun d'eus, & ne s'étendant guère*<br />

que fur ce qui eft à leur avantàge,lorfqu'ilsavoient<br />

des qualités eftimables, fans cependant taire leurs<br />

défauts. Ce filence injurieux ne doit pourtant<br />

être attribué, ni à Diogène lui-même , ni à ceux<br />

qui auroient pu nous inftruire des circonftances<br />

de fa vie, & nous donner fon caractère. De<br />

ce qu'on ne dit rien d'un Auteur, il ne s'enfuit<br />

pas qu'il n'y ait rien à en dire, ou qu'on n'eftime<br />

pas fon Ouvrage. Il peut y avoir eu d'autres<br />

Ouvrages pareils, plus éten<strong>du</strong>s, & dont la perte<br />

a ren<strong>du</strong> le fienplus précieux pour nous, & d'an<br />

plus grand ufage ; qu'il ne le fut dans fon fiécle.<br />

D'ailleurs, une des imperfections des hommes<br />

étant de ne pouvoir embraffer plufieurs objets à<br />

la fois, il arrive que tantôt une fcience eft négligée<br />

dans un fiécle, & tantôt une autre. La<br />

Poëfie, l'Hiftoire, la Phyfique , les Sciences de<br />

méditation ont, pour ainû dire , chacune leur<br />

régne , & quand l'une fe trouve dominante elle<br />

obfcurcit l'autre , & fait négliger les Auteurs<br />

qui l'ont cultivée. Nous voyons cela de nos<br />

jours : il y a déjà long-tems, par exemple, qu'il<br />

n'eft plus queftion de la Philofophie Morale qui<br />

autrefois a eu de fi grands maîtres. N'en attri-<br />

A3


6 DIOGENE LÀERCE.<br />

buons la caufe qu'aux viciffitudes <strong>du</strong> monde qui<br />

varient les goûts de l'efprit humain , Scfont auflï<br />

que fouvent une fcience eft plus utile pour l'intérêt<br />

, fouvent une autre : la Phyfique régne<br />

aujourd'hui, & Diogène nous aprend qu'elle<br />

étoit autrefois dans le même honneur ; mais elle<br />

a été bien négligée , <strong>du</strong>rant les tems qui fe font<br />

{coulés entre ces deux Epoques. C'eft peut-être,<br />

comme je dis, une raifon pareille qui a fait négliger<br />

Diogène Laërce. Cet Auteur eft proprement<br />

Littérateur, & parmi les Anciens il n'y a,<br />

guéres que des Grammairiens quiayent parlé de<br />

lui. Ceft une réflexion d'Ifaac Cafaubon. I!<br />

dit auflï que l'Auteur le plus ancien qui ait fait<br />

mention de Diogène eft Stephanus, Auteur <strong>du</strong><br />

Traité de Urbibus, qui vivoit quelque-tems avant<br />

Juftinien. Voyez la Lettre d'Ifaac Cafaubon, qui<br />

«ft après les Commentaires de Ménage, & la<br />

Préface de ce dernier. Valentin Curio, dont il<br />

y a une Préface fur Diogène Laërce, qu'on peut<br />

auflï voir à la fin de Ménage , dit même qu'il ne<br />

fçait aucun ancien Hiftorien qui ait parlé de Diogène<br />

Laërce, fi l'on en excepte Stephanus, dans<br />

tfon livre de Urbibus.<br />

Mais Voflîus , dans fon Traité des Hiftorien*<br />

Grecs, Livre fécond, Chapitre XIII. cite Photius,<br />

qui dit, Section CLXI. que Sopater, Philofophe<br />

Platonicien , qui vivoit fous Conftantin le grand,<br />

& que ce Prince fît mourir , a inféré dans fe^


DIOGENE LAËRCE. 7<br />

Ouvrages plufieurs chofes de Diogène Laërce.<br />

Ménage dit la même chofe, & ajoute qu'Hefychius,<br />

Milelien, qui vivoit <strong>du</strong> tems de l'Empereur<br />

Juftinien, a auffi parlé de lui.<br />

Les Anciens ne s'étant pas fort éten<strong>du</strong>s fur<br />

Diogène Laërce , les Modernes n'en ont pas pu<br />

dire grand chofe. Je trouve pourtant qu'il y<br />

a diverfes Vies de cet Auteur : une entr'autres<br />

écrite par Cafaubon. Fougerolles & Gilles Boileau,<br />

en ont fait chacun une en abrégé au-devant<br />

de leur tra<strong>du</strong>ction. Nous avons une préface de<br />

Ménage, qui renferme ce qu'on fçait de la Vie<br />

de Diogène & de fes Ouvrages : elle fe trouve<br />

encore dans l'édition de Londres 1688 > & dans<br />

une autre préface de Longolius.<br />

§. II.<br />

Tems où a vécu Diogène La'érce.<br />

Nous venons d'infinuer le tems où a vécu cet<br />

Auteur, ou <strong>du</strong> moins ce qu'on en fait : car on<br />

ne le fixe pas précisément. Les fentimens fe trouvent<br />

même partagés là-deflus. Quelques-uns,<br />

comme Lipfius, le font vivre vers le tems de<br />

Marc Antonin, &. Ménage-croit qu'on ne peut<br />

guéres le placer plus tard, parce que s'il avoit<br />

été fort poftérieur à ce Prince, il eft à croire<br />

qu'il auroit parlé de lui & de fes Ouvrages. D'au-;<br />

A4


S DIOGENE LAERCE.<br />

très , comme Jonfius, le placent fous Sévère, &<br />

même un peu plus tard.<br />

Dodwel, dont quelques Auteurs ont fuivi la<br />

penfée, le met au tems deConftantin le grand.<br />

Fougerolles critique Suidas, de ce qu'il fait vivre<br />

notre Hiftorien avant & après Augufte , &<br />

conclut qu'il vivoit quelque-tems après l'Empereur<br />

Julien ; voyez les citations fur ces divers<br />

fentimens dans la préface de Longolius. Le<br />

do£te Fabricius , dans fa Bibliothèque Grecque,<br />

Tome troifiéme , Chapitre XIX. dit que Diogène<br />

vécut peut-être vers les derniers tems de l'Empereur<br />

Sévère; il ne trouve pas la raifon de Ménage,<br />

pour le faire vivre fous Marc-Aurele, concluante<br />

; fçavoir, que s'il avoit vécu beaucoup plus<br />

tard il auroit parlé de ce Prince dans la fuccef-<br />

£on des Stoïciens, & auroit donné la vie d'Epictete.<br />

Cela ne conclut pas, dit ce fçavant, parce<br />

qu'il paroit que Diogène connouToit Epiâete,<br />

puifqu'il le nomme dans la Vie d'Epicure ; cependant<br />

il ne parle pas de lui en traitant dés<br />

Stoïciens. On peut ajouter à cette raifon de<br />

Fabricius, qu'il n'eft guéres poffible de conclure<br />

<strong>du</strong> fimple filence de Diogène fur Epiâete, qu'il<br />

étoit contemporain de ce Philofophe , ou qu'il<br />

lui étoit peu poftérieur : il y a une raifon fort<br />

naturelle adonner de ce filence,c'eft que Diogène<br />

n'a parlé en détail que des Fondateurs de Sette»


DIOGENE LAERCE: 9<br />

Il eft vrai qu'il écrit les Vies de leurs plus illuftre*<br />

difciples, & qu'Epiâete fut fans doute un Stoïcien<br />

<strong>du</strong> premier ordre ; mais Fabricius vous dira<br />

qu'il iê peut que cet article manque dans Diogène,<br />

& qu'il eft à croire que /on feptièmt Livre<br />

n'eft pas complet, & qu'il manque même quelque<br />

chofe à la vie de Chryfippe , comme l'a déjà<br />

conjecture Meurfius dans fa Bibliothèque grecque &<br />

fur Chalcidius.<br />

Fougerolles fait un raifonnement qui ne fert<br />

pas beaucoup non plus à prouver que Diogène<br />

a été poftérieur à l'Empereur Julien. C'eft , dit-il,<br />

qu'Eunapius S or d'un qui vivoit <strong>du</strong> tems de l'Emr<br />

pereur Julien , ne fait aucune mention de lui , dans U<br />

dénombrement des Auteurs qui ont recueilli l'Hiftoire<br />

des Philofophes anciens. Comme certainement<br />

Diogène ne vivoit pas <strong>du</strong> tems de Julien , contemporain<br />

d'Eunapius , qui vivoit dans le quatrième<br />

fiécle, OR voit par-là le peu de fond qu'oa<br />

peut faire fur ces fortes de conclurions, tirées <strong>du</strong><br />

Ample filence d'un Auteur. Je voudrois même<br />

étendre cela jufqu'à l'iiiftoire & à certains faits»<br />

furlefquelson n'a pas d'autres preuves. Ces fortes<br />

de raifonne.ncns , fi cela étoit, ou n'était pas , ua<br />

tel Auteur l'auroit bienfçu & l'auroit bien dit, font<br />

vrais quelquefois, mais pas toujours. Je fupofe,<br />

au refte qu'Eunapius n'a rien dit en effet de<br />

Diogène , ce que je ne puis-pas vérifier.<br />

Ce qui paroît le plus certain en tout cela £


io DIOGENjE LAERCE.<br />

c'eft le fentiment de Voflius qui prouve, qu'on ne<br />

peut pas fupofer que Diogine fut pofiérieur à Conf<br />

tantin le grand , puifque Sopater , contemporain de<br />

€e Prince, a fait ufage des livres de notre Hifto~<br />

rien; & qu'on ne peut pas non plus fupofer qu'il<br />

ait vécu avant Trajan , puifque dans la vie de<br />

Speufippe & d'Anaxarque , il parle dePlutarque,<br />

qui fleuriffbit fous Trajan & Adrien, & que dans<br />

la vie de Timon , il parle de Sextus Empiricus »<br />

qui itoit <strong>du</strong> tenu d'Antonin le pieux. C'eû fous<br />

ce Prince que Voflius croit que vivoit Diogène<br />

Laërce, & il ajoute qu'il l'a prouvé aufii dans<br />

fon Livre de la Rhétorique. Difons encore que t<br />

comme Diogène parle aufii dans la Vie de Timon,<br />

de Saturnin difciple dé Sextus Empiricus ,<br />

•n pourrait retomber dans le fentiment de Ménage<br />

, excepté fon raifonnement que Fabricius a<br />

fort bien critiqué, & fupofer que Diogène vi-<br />

Voit un peu après Antonin le pieux,c'eft-à-dire ,<br />

fous Marc Aurele. Les paroles de Voflius que<br />

nous venons de citer , font prifes de fon Trahi<br />

des Hiftoriens Grecs, Livre fécond, Chapitre<br />

XIII. & il faut y corriger le mot d'Anaxagpre en<br />

celui d'Anaxarque.<br />

§.UI.<br />

Patrie de Diogène Laërce.<br />

Ménage, Fabricius, Heuman, Bruker, Fro>r


DIOGENE LAËRCE. JI<br />

ben, Ifaac Cafaubon & d'autres s'accordent à<br />

dire que Diogène Laërce étoit de Laërte, ville<br />

de Cilicie: voyez les citations dans la préface<br />

de Longolius. On infère cela de fon nom de<br />

Laërce. Il y a cependant d'autres avis : Spon,<br />

dans fon I. Itinéraire, Tome IL le fait natif de<br />

Potame , bourgade de l'Attique ; mais comme il<br />

n'allègue aucune preuve de fon fentiment, il n'a<br />

été fuivi de perfonne , excepté de Har<strong>du</strong>in »<br />

dans fes obfervations fur Pline ; 6c tous les deux<br />

font critiqués par Fabricius, & par Ménage. Il<br />

y a un autre fentiment encore qui dérive le nom<br />

de Laërce, <strong>du</strong> Père de Diogène qui s'apelloit,<br />

dit-on, Laërte; mais il eft auffi rejette par<br />

les Auteurs que nous venons de citer. Us critiquent<br />

entr'àutres Valois qui a adopté ce fentiment<br />

en parlant des extraits de Peirefc.<br />

Fougerolles s'étoit fait auteur d'une opinion<br />

toute différente. Il blâmoit ceux qui faifoient<br />

venir le nom de Laërce de Laërte, ville de Cilicie<br />

, parce qu'il fe pouvoit que ce nom lui fût<br />

propre, ou lui eût été donné par quelque occasion<br />

; il foutenoit que quand même ce nom devrait<br />

être dérivé <strong>du</strong> lieu de fa naùTance , il faudrait<br />

encore chercher s'il n'y avoit point eo<br />

Grèce d'autre ville, qui portât le même nom que<br />

Laërte de Cilicie. U ajoute que , fi on avoit bien<br />

lu la Vie de Timon, dans Diogène, on fçauroit<br />

par fon propre témoignage, qu'il était de Nicée»


xi DIOGENE LAERCE.<br />

la patrie d'Apollonide , puifqu'il commencé<br />

cette Vie ainfi, Appollonide Nicèen de che{ nous;<br />

& c'eft ainfi que FougeroUes tra<strong>du</strong>it les mots<br />

de l'original ; mais c'eft une vieille phrafe Françoife.<br />

Je raporterai là-demis que Voulus a fait<br />

une légère correction dans le Grec , fur ces mou<br />

que FougeroUes tra<strong>du</strong>it de che[ nous, & qu'il les<br />

rend ainfi, qui a vécu peu avant notre tenu.<br />

Ménage aprouve auffi cette correction ; mais<br />

Meiboom rend ces mots par ces paroles, que<br />

nous avons loué dans nos Epigrammes.<br />

De moi-même je ne m'écarterois point de ces<br />

Sçavans ; mais, fur ce que je trouve dans Henrj<br />

Etienne, je crois que la phrafe Grecque,mal tra<strong>du</strong>ite<br />

, de chci nous, fignifie le parentage ; de<br />

forte que les premiers mots de la Vie de Timon,<br />

devroient être tra<strong>du</strong>its ainfi, Apollonide Nicicn.<br />

notre parent. Quant à l'ufage <strong>du</strong> pluriel dans cette<br />

phrafe , on peut voir par quantité d'exemples<br />

dans Diogène, que fa coutume étoit de parler de<br />

lui-même au pluriel, nous avons fait cette èpigrantme<br />

fur/on fujet, &c. Cette explication fait tomber<br />

l'opinion de FougeroUes, qui d'ailleurs efl<br />

beaucoup moins naturelle que celle qui le fait<br />

furnommer Laerce, de la ville de Laërte ; ce<br />

fera, comme penfe Longolius, quelqu'un de fes<br />

ancêtres qui aura été furnommé <strong>du</strong> lieu de fa<br />

naiffance, 6c ce nom fera refté à fes defcendans ;<br />

on trouve d'autres exemples pareils.


DIOGENE LAERCE. 15<br />

S- IV.<br />

Famille de Diogine Latrce €• autres particularités;<br />

On ne fçait rien de la famille de Diogène, fi-"<br />

non que, fi la remarque que nous avons faite<br />

dans l'article précédent, fur la manière dont nous<br />

croyons qu'il faut tra<strong>du</strong>ire les premiers mots de<br />

la vie de Timon, eft bonne , il étoit parent<br />

d'Apollonide de Nicée. Voffius, Hiftorien Greci<br />

livre quatrième , Partie III. page 505. dit que cet<br />

Apollonide eft celui dont il eft parlé dans Harpocratioh,<br />

au mot Ion ; & effectivement cet Auteur<br />

y raporte un partage philo fophique, fous le<br />

nom de DémétriusScepfius, & d'Apollonide de<br />

Nicée. Le même Voflius, Livre troifiéme, où il<br />

traite des Auteurs dont le tems eft incertain,<br />

cite divers Sçavans qui attribuent à cet Apollonide<br />

des Ouvrages de Grammaire & de Poëfie. Il faut<br />

remarquer encore que dans la table <strong>du</strong> Livre<br />

des Hiftoriens Grecs de Voflius, il eft apelé<br />

Apollonius Nicéen, de forte que ce mot paroît<br />

être fynonymeavec celui d'Apollonide ; ainfi ce<br />

. fera celui dont parle Moréfi, fous le nom d* Apollonius<br />

de Nife ou Nyffj, ville d'Arménie , &• qui<br />

fut, dit-il, Philofophe Stoïcien & Difciple de Panœtius.quivivoitenlaCLXlll.Olympiade.versrandc<br />

Rome 6x6. Si on peut faire fond là-deflus, ce fera<br />

une nouvelle raifon de ne pas tra<strong>du</strong>ire le corn-


U DIOGENE LAËRCE:<br />

mencement de la vie de Timon par ces mots i<br />

Apollonide qui vivoit peu avant notre tems ; puifque<br />

Diogène Laërce vivoit fous Antonin, &<br />

qu'Apollonide vivoit avant les Empereurs.<br />

Il y a une circonftance de l'Hiftoire de Diogène<br />

Laërce qui autorife à penfer qu'il étoit eftimé<br />

; c'eft la perfonne à laquelle il a dédié (es<br />

Vies des Philofophes , c'étoit une femme<br />

distinguée, il la donne lui-même aflez àconnoître,<br />

dans la vie de Platon, où il lui adrefle ces<br />

paroles : comme vous êtes avec raifon attachée aux<br />

ftntimens de Platon 6" curieufe de les connoître ,j'ai<br />

crû, &c. On trouve un paflage pareil dans la Vie<br />

d'Epicure. Fabricius dit même qu'il y a aparence<br />

qu'il y avoit une Epître dédicatoire à la tête<br />

des Vies de Diogène, qui fans doute s'eft per<strong>du</strong>e.<br />

U ajoute, que le premier qui a trouvé le nom<br />

de cette femme, eft Reineftus, qui conje<strong>du</strong>re<br />

dans fes Var. Left. Liv. II. ch. ia. qu'elle fe<br />

nommoit Arria, & qu'elle étoit cette Arria dont<br />

Galien dit, dans fon Livre de la Thériaque, chapitre<br />

II. qu'elle lui avoit été extrêmement recommandée<br />

par les Empereurs, comme une perfonne fore<br />

fçavante dans la Philofophie , & particulièrement<br />

dans celle de Platon , & qu'il l'avoit tirée d'une<br />

affiç grande maladie par lefecours de la Thériaque.<br />

Voyez ce paflage dans la Préface de Longolius.<br />

Il eft vrai que cette opinion a été rejettée, à ce<br />

qu'on dit, par Heuman, & après lui par Bruker ,'


DIOGENE LAÈRCE. rj<br />

qui difent que cet Arria ne peut point avoir<br />

été la perfonne à qui Diogène a dédié (on ouvrage<br />

, parce que cet Hiftorien lui étoit fort<br />

poftérienr. Il faudroit voir les raifons de part<br />

& d'autre , pour décider cette queftion, & furtout<br />

celles de Reinefius ; mais en attendant, l'autorité<br />

de Ménage & celle de Fabricius me paroiflent<br />

d'an grand poids. Ce dernier Sçavant pari<br />

le même de l'opinion de Reinefius, comme d'urne<br />

conjeâure extrêmement heureufe ; fi elle eft<br />

vraye, on peut en inférer que Diogène Laërce<br />

n'étoit pas un homme obfcur, puifqu'il a dédié<br />

fon ouvrage à une perfonne , à laquelle fon fçavoir<br />

atriroit une grande confidéràtion. Je ne<br />

veux point dire par là que, fi Diogène avoit été<br />

nn homme obfcur, fon ouvrage feroit moins eftimable,<br />

au contraire , il le feroit davantage ; mais<br />

il y a toujours <strong>du</strong> plaifir à fçavoir ce qu'a été<br />

nn homme qui s'eft ren<strong>du</strong> utile à la poftérité.<br />

Je dirai en paffant, à cette occafion, que Ménage<br />

infère de là que Diogène vivoit fous Marc-Au*<br />

rèle, & fous le commencement <strong>du</strong> régne de Sévère<br />

, parce qu'alors il aura été contemporain de<br />

Galien, qui vivoit fous Marc-Aurèle, & enmê-.<br />

me-tems qu'Arria ; Sccela me fait penfer qu'on<br />

ne peut guéres fupofer que Diogène fut fort<br />

poftérieur à Arria, puifqu'il eft certain, par le<br />

paffage de Galien, que cette femme vivoit de fon<br />

tems, & que toutes les aparences font pour


ï6 DIOGENE LAERCE.<br />

placer Diogène vers la fin <strong>du</strong> régne d'Antonin le<br />

pieux, & le commencement de celui de Marc-<br />

Aurèle. Ménage ajoute qu'on ne peut pas lui<br />

opofer que le Livre de la Thériaque n'eu pas<br />

de Galien : parce qu'il eft toujours certain que<br />

l'Auteur de ce Livre, étoit contemporain de<br />

Galien.<br />

Quelqu'un a crû que Diogène Laërce étoit<br />

Chrétien, parce que dans la Vie d'Ariftote, il fe<br />

fert de l'expreflîon de donner l'Aumône. C'eft<br />

Ménage qui raporte cette particularité , fans<br />

nommer celui qui étoit dans ce fenttment ; mais<br />

en même-tems il le réfute, en obfervant que, fi<br />

Diogène avoit été Chrétien, il n'auroit point<br />

tant donné de louanges qu'il a fait à la Philofophie<br />

d'Epicure. Ce qui paroîtra doublement concluant<br />

, fi on fait attention aux idées défavantageufes<br />

qu'on avoit généralement de cette Sefte.<br />

Ménage conclut même de ces louanges que<br />

Diogène donne à la Philofophied'Epicure, qu'il<br />

étoit dans les fentimens de ce Philofophe , &<br />

Moréti y trouve de l'aparence ; mais Fabricius<br />

n'eu point de cet avis, parce que Diogène donne<br />

•auffi des louanges à d'autres Seâes, en particulier<br />

à celle de Platon ; de forte qu'il fe range <strong>du</strong> côté<br />

de ceux qui ne décident pas quelle Sefte de<br />

Philofophie il a fuivie. Fougerolles dit qu'il y a<br />

aparence que Diogène étoit de la Sefte de ce<br />

Potamon d'Alexandrie, dont il parle à la fin de<br />

fa


DIOGENE LAERCE. i7<br />

fa Préface, & qui fonda une nouvelle école dé<br />

Philofophie Ecleâique , c'eft-à-dire, qui étoit<br />

compofée de ce qu'il y avoit de meilleur, félon<br />

lui, dans les opinions des autres Philofophe»<br />

; mais cette conjecture n'eft apuyée d'aucune<br />

raifon. -<br />

§. V.<br />

Caraltére de Diogine Laêrce.<br />

Je crois que ceux qui infèrent des écrits de<br />

Diogène Laërce, qu'il étoit d'un caractère fage<br />

& réglé dans fes mœurs, ont raifon ; ils allèguent<br />

principalement là-deflus les cenfures qu'il fait<br />

des profanations de Théodore , & des mauvais<br />

difcours de Bion. La manière dont il fe moque<br />

de ce dernier Philofophe , qui, après avoir vécu<br />

dans des fentimens fort impies , mourut fuperftitieux;<br />

&la plupart de fes Epigrammes, dont Ië<br />

fujet eft ordinairement la vertu , ou les vices<br />

de ceux dont il parle , tout cela fupofe qu'il<br />

avoit lui-même des fentimens vertueux. Ceux<br />

qui trouveront que cette remarque n'eftpas fort<br />

néceflairê, & que le caraâére, bon ou mauvais ,'<br />

de Diogène ne fait rien à l'eftime que mérite fou<br />

Livre, fe trompent : je fçai bien que beaucoup<br />

de gens raifonnent aujourd'hui de cette manière<br />

, que m'importe quelle eft la vie d'un homme<br />

& quels font fes fentimens, pourvu qu'il parle<br />

Tome III, B


*8 DIOGENE LAERCE.<br />

bien & qu'il m'inftruife ? Cela fe voit tous les<br />

jours, jufques dans la fociété : il y a une multitude<br />

de gens qui fe font eftimer , quoique leurs<br />

mœurs foient déréglées, parce qu'ils ont l'efprit<br />

de converfation , qu'ils fçavent narrer à propos,<br />

dire des riens qui attachent, parler un peu de<br />

tout, apuyer fur ce qui fait plaifir , détourner<br />

le difcours quand on n'eft pas de leur avis, &c. Si<br />

ce n'eft pas une preuve <strong>du</strong> peu de vertu qu'il y<br />

a dans le monde, c'en eft une au moins de ce<br />

qu'on dit que, quelque courte que foit la vie,.<br />

les hommes ne penfent qu'à s'y amufer , &<br />

pallient volontiers fur le défaut des qualités <strong>du</strong>.<br />

cœur, pourvu qu'on les ferve, qu'on leurplaife,<br />

qu'on paroifle les aimer, qu'on leur flatte l'oreille,<br />

ou qu'on leur divertifle l'imagination. Mais<br />

cette manière de penfer fera-t'èlle pourtant<br />

aprouvée ? Une des branches <strong>du</strong> refpeft qui eft dû<br />

à la vertu, & un des moyens de la faire refpecter<br />

eft de faire plus de cas de ceux qui la pratiquent,<br />

que de ceux qui n en ont point ; je penfe<br />

même que ceux qui font autrement, s'expofent<br />

à ne conferver que de faux amis , & à perdre<br />

ceux qui leur font véritablement attachés..<br />

Car pour peu^qu'onr éfléchifle, on devra leur dire :<br />

quel cas voulez-vous que je fafte de l'attention quevous<br />

avez pour moi, puifque vous en avez autant<br />

pour un homme faux, ou qui. eft de mauvaifes,<br />

sueurs ? Et pour ce qui eft de bien parler, j'avoue


IHOGENE LAERCE. 19<br />

îjue les bons difcpurs fe font écouter, malgré le<br />

caraâére vicieux de ceux qui les tiennent, Se<br />

c'eft une preuve de la force de la vérité, & des<br />

racines qu'elle a en nous-mêmes ; mais comme<br />

il y a une affinité aflez prochaine entre l'erreur<br />

& le vice , un homme qui parle bien & qui n'a<br />

pas le coeur vertueux, vous perfuadera le menfonge<br />

tout comme la vérité. Par un effet <strong>du</strong> pouvoir<br />

que lui donne fur vous le talent de parler<br />

avec force, ou avec vraifemblance , il vous fer*<br />

croire que vos meilleurs amis vous trompent ; il<br />

vous prefentera de foibles difficultés comme des<br />

chofes fans réplique; il vous fera pafler vos dé»<br />

fauts pour de bonnes qualités, & les bonnes qualités<br />

de vos amis pour des défauts ; enfin il vous<br />

perfuadera que ce qu'il fait pour fon propre intérêt<br />

, il le fait fans la moindre vue perfonnelle.<br />

Malebranche a fort bien dévelopé , dans fon beau<br />

Chapitre de la communication des imaginations, ce<br />

pouvoir que des gens qui parlent bien, prennent<br />

par leurs geftes, leurs regards, leur hardiefle ,<br />

leurs expreffions aifées, leurs réflexions indifférentes,<br />

& tout ce qui compofe ce qu'on apelle<br />

l'ufage, ou pour mieux dire la comédie <strong>du</strong> monde<br />

, & il ne faut pas avoir vécu long-tems, pour<br />

«n avoir vu plufieurs fcènes & plufieurs a&es.-<br />

Non certes T il n'eft point indifférent qu'un<br />

homme vive mal , pourvu qu'il parle ou qu'il<br />

écrive bien*<br />

B s


ao DIOGENE LAERCE.<br />

On dira que cela ne conclut rien vis-à-vis de<br />

notre Diogène, parce qu'il peut arriver qu'un<br />

homme témoigne avoir des fentimens de vertu,<br />

quoiqu'il n'en ait pas même l'ombre. Je<br />

répons que cette exception n'eft pas toujours<br />

vraie. La vérité parle un langage que l'hypocrifie<br />

ne peut contrefaire. Il eft une manière fi<br />

naturelle & en même-tems fi élevée d'exprimer<br />

k vertu, qu'elle ne peut naître que <strong>du</strong> fentiment.<br />

Quand, par exemple, on ne fçauroit pas<br />

quel fut Fénelon, on devroit conclure de fon<br />

excellent difcours fur l'éxiftence de Dieu, & des<br />

fentimens qu'exprime fon Télémaque, qu'il avoit<br />

un cœur folidement vertueux. J'avoue que ce<br />

n'eft point le cas de Diogène, qui ne dit rien<br />

d'extraordinaire en ce genre ; mais il y a encore<br />

Une diftinétion à faire fur ce qu'on dit qu'on<br />

peut témoigner des fentimens de vertu, & n'en<br />

point avoir. Cela eft vrai fans doute dans le général.<br />

C'eft, en particulier, un reproche qu'on<br />

fait aux Poètes : un Poëte étalera de grands<br />

fentimens d'humanité & de religion, parce que<br />

le fujet qu'il traite en renferme, & qu'ils lui fervent<br />

à exciter l'attendriffement, la pitié, l'admiration<br />

ou la terreur. Les Orateurs font dans<br />

le même cas, de même que les Hiftoriens. Oh<br />

fçait l'exemple de Sallufte qui commit des ufurpations,<br />

fe plongea dans des débauches criminelles<br />

, quoique dans fon Livre, il parle en nom-


DIOGENE LAËRCE. aï*<br />

me vertueux ; mars ce n'eft point une régie pour<br />

fe livrer à une défiance univerfelle fur le caraftére<br />

des hommes. Ceux qui ne fe fient à perforane,<br />

parce que les aparences peuvent être tronvr<br />

peufes, font dans une fituation d'efprit fort miférable<br />

; ainfi il faut établir ce principe que,'<br />

quand un homme témoigne delà vertu, & ne<br />

fait, ou n'a rien fait de considérable qui contredife<br />

la profefficn qu'il en fait, on doit croire<br />

qu'il en a réellement. Or, c'eft le cas de Diogè*<br />

ne, qui fait voir par-tout un caraâére fort eftimable,<br />

6c à qui en même-tenu on ne reproche<br />

rien-<br />

§.VI.<br />

Ouvrages & fiyle de Dlogène Laërce.<br />

On ne connoït d'autres Ouvrages de Diogène<br />

Laërce que fes Vies & les Epigrammes qu'il y<br />

cite. Il y a Keû de croire que ce dernier Ouvrage<br />

a été fait avant l'autre, puifqu'il le cite comme<br />

un Livre connu. Je ne dis rien des éditions<br />

qui ont été faites de fes Vies des Philofophes,<br />

& qui prouvent combien l'on a toujours eftimé<br />

cet Ouvrage. Comme on peut le voir par le Catalogue<br />

que l'on en trouvera à la tête de cette<br />

édition.<br />

Je ne dirai qu'un mot à cet'égard, c'eft furie<br />

ftyle de Diogène Laërce. Lefçavant le Clerc-en


ht DIOGENE LAERCE.<br />

fâifant dans fa Bibliothèque choifie, Tome X.<br />

l'extrait d'une Diflertationde Dodwel fur le tems<br />

»h viroit Pythagore, dit que M. Dodwel parle<br />

'avec raifort d'une manière conditionnelle <strong>du</strong>flylc de<br />

Diogène , parce que, quoique cet Auteur fût un<br />

homme d'une tris-grande leflure , il n'écrit point<br />

ixadement, &fefert d'un ftyle que les Grecs apelioient<br />

des idiots , ou idiotique , qui étoit celui dont<br />

tes gens fans lettres fe fervoient,lorfqu'ils écrivoient.<br />

Sans vouloir relever un Sçavant auflî célèbre que<br />

îe Clerc, il me femble qu'il auroit été à fouhaiter<br />

qu'il eût un peu plus éten<strong>du</strong> cette réflexion,<br />

& nous eût dit en quoi le ftyte idiotique étoir<br />

moins éxaâque celui dont fe fervoient les gens<br />

lettrés, puifqu'il paroît par les continuelles citations<br />

de Diogène , & les recherches qu'il a<br />

faites fur les ouvrages des Philofophas dont il'<br />

parle , qu'il a aporté beaucoup d'exactitude à<br />

fon travail, & que s'il s'y trouve un petit nombre<br />

de répétitions , ou quelques défauts d'arrangement,<br />

cela peut être arrivé ou par inadvertance,<br />

ou par la multitude des matières qu'il<br />

avoit à mettre en ordre. On ne peut guéres<br />

fcpofer non plus que Diogène ne fut pas un<br />

homme de lettres , fi l'on confidére le grand<br />

nombre de fujets d'érudition dont il traite :<br />

en effet, qu'eft-ce qui fait un homme lettré ,..<br />

fi ce n'eu une grande lecture ? A, moins qu'on-.<br />

«e. dife qu'il. eft effentiel à- cette qualité ,, de


DIOGENE LAERCE. *f<br />

profefler quelque fcience en particulier : en ce<br />

cas il faudrait ôter bien des Littérateurs <strong>du</strong> nombre<br />

des gens^ lettrés. Si donc Diogène s'eft fervi<br />

<strong>du</strong> ftyle qu'on apelle idiotîque, c'eft aparemment<br />

parce qu'il l'a préféré, comme le plus Ample<br />

, ou le plus convenable aux matières qu'il'<br />

traitoit.<br />

§. V I I.<br />

Des Viet de Diogène Laèrce.<br />

Les Sçavans les plus illuftres ont donné deséloges<br />

aux Vies des Philofophes, recueillies par<br />

Diogène Laërce. Je tombe par hazard fur un<br />

paflage de la vie de cet Hiftorien, qui fe trouve<br />

dans l'édition de Londres 1688. L'Auteur y<br />

donne des éloges à fon ftyle, & excufe les défauts<br />

qui peuvent s'y trouver, les attribuant à des erreurs<br />

de mémoire » ou aux autres occupationsqu'avoit<br />

Diogène , & qui ne lui permettoient pas<br />

de revoir lui-même fon Ouvrage. Je dois avertir<br />

en même-tems que ce paflage eft une tra<strong>du</strong>ction<br />

pure & (impie d'un paflage pareil qui<br />

fe trouve dans la petite vie que Fougerolles a<br />

faite de notre Hiftorien r & je juge par là,,<br />

que cette Vie de l'édition de Londres 1688, n'eft<br />

qu'une tra<strong>du</strong>ction ; de forte qu'il ne faut faire*<br />

aucun cas de ce qui eft dit à la fin de ce paflage..<br />

JL me Jcmklc que La. vu. de Platon y, Uatax^ des


M DIOGENE LAERCE.<br />

Dogmes de Zenon, & les trois Lettres d'Epicurei<br />

ne font point de Diogène. Cela eft tiré mot à mot<br />

de Fougerolles, qui le dit fans donner la moiivdre<br />

preuve, ni la plus petite ration de fon fenttment<br />

; auffi aucun des Sçavans qui parlent de<br />

Diogène n'adopte, que je fçache, cette opinion,<br />

qui d'ailleurs eft réfutéer par la yie de Platon,<br />

que Diogène s'attribue comme les précédentes &<br />

tes fuivantes, fans qu'il paroiffe qu'il fe l'attribue<br />

fauflement.<br />

rétendrois trop cet Article, fi je raportoi*<br />

tous les éloges qu'on a donnés à cet Ouvrage de<br />

Diogène. Valentin Curio l'apelle un Philofopfic<br />

<strong>du</strong> premier ordre. Louis Vives recommande fon<br />

Ouvrage comme fait avec beaucoup £ exactitude,<br />

& très-digne d'être lu. Selon Morhof, fi nous ne<br />

l'avions pas , nous fçaurionstrès-peu de chofe des<br />

anciensPhilofophes;ceux qui veulent connoitre leurs<br />

fentimens & l'antiquité , ne peuvent s'en paffer.<br />

Jonfius dit que, fans lui, on n'auroit que des idées<br />

confufes deTanciennePhilofophie : Melchior Ganus<br />

fe plaint de ce que Diogène Lairce a écrit les Vies<br />

des Philofophes avec plus de foin, que les Chrétiens<br />

n'écrivent les Vies des Saints. Fabricius en parle<br />

comme d'un ouvrage très-utile, quoiqu'il ne foit<br />

point parfait. Comïngius lui donne auffi des<br />

louanges, quoiqu'il y trouve quelques défauts»<br />

Bruker eft <strong>du</strong> même avis. Ménage convient<br />

qu'il y a des erreurs de mémoire &<br />

autres-


DIOGENE LAERCE; af<br />

autres défauts femblables dans cet ouvrage, croit<br />

avec Montagne, qu'il ferait à fouhaiter que<br />

nous eujftons plujieurs Diogènes Laërces, ou que<br />

cet Auteur fût plus enten<strong>du</strong> & plus ample. Il cite<br />

auffi Jofeph Scaliger, qui apelle cet Auteur un<br />

écrivain tris - fçavant, & Saumaife qui apelloit<br />

cette hiftoire philofophique, VHiJloire de l'tfprit<br />

humain. Ménage raporte les paroles de Saumaife<br />

, qni dit en même-tems qu'il a vu dans un<br />

ancien Manufcrit de Diogène, un indice où fe<br />

trouvent plufieurs noms de Philofophes,qu'il croît<br />

devoir fe raporter à des Vies de Philofophes<br />

faites par Diogène, & qui nous manquent aujourd'hui.<br />

Mais Ménage n'eft point de fon avis :<br />

il croit feulement, que ^'Epître dédicatoire des<br />

Vies de Diogène s'eft per<strong>du</strong>e, ainfi que le catalogue<br />

des Livres Phyftques de Chryfippe. On<br />

peut voir ces fentimens des Sçavans dans la<br />

préface de Ménage, & dans celle de Longolius.<br />

Enfin , nous finirons tous ces éloges de notre<br />

Auteur par un qui eft de plus fraîche date, &<br />

qai part de la plume d'un des plus fçavans hommes<br />

de notre fiécle, dont la coutume eft de porter<br />

fur-tout un Jugement Géométrique. M. de<br />

Maupertuis dans fon difeours fur la manière d'écrire<br />

AV de lire la vie des Grands Hommes, dit r<br />

Les Vies des anciens Philofophes que- nous a laiffèes<br />

Diogène Laërce ,ne font pas feulement un des LU<br />

JomtlIU . . C


*5 DIOGENE LAERCE.<br />

vres les plus agréables ; die font un de ceux dont<br />

la leffurc eft la plus utile.<br />

Tant d'éloges donnés à cet Ouvrage , & par<br />

de fi fçavans hommes, peuvent contrebalancer<br />

les reproches que d'autres Auteurs font a<br />

Diogène.<br />

Voflius qui fait auffi un bel éloge de Diogène<br />

, dans fes Livre; des Hifloriens Grecs, critique<br />

avec raifon Keckerman, de ce qu'il apelle fon<br />

Ouvrage une Hiftoirê froide & languhTante , qui<br />

cependant a fouvent fon ufage. D'autres comme<br />

Lipfius, Sam, Parker , Stanley & Stollius, le<br />

taxent de négligence & de manque de jugement :<br />

Heuman va même jufqu'à l'accufer de cré<strong>du</strong>lité.<br />

Mais outre l'autorité des Auteurs dont nous venons<br />

de parler, il ne faut que lire l'Ouvrage même<br />

, pour voir que ces cenfures font outrées.<br />

En particulier, cette remarque doit «tre<br />

âpliquée aux cenfures trop fortes que Bayle a<br />

faites de l'ouvrage de Diogène dans fon Dictionnaire<br />

& qu'on peut voie dans les articles, Anaxagore,<br />

Dimocrite, & Epicure. En général on<br />

neut dire fur ces critiques, qu'il y a fans doute<br />

des endroits obfcurs dans Diogène ; mais combien<br />

d'anciens Auteurs qui font obfcurs, & qu'on<br />

n'accufe pas pour cela de manquer de jugement<br />

ou de fçavoir? Il y a peut-être des morceaux d«<br />

Philofophie que Diogène n'a pas bien compris ,<br />

& je panche à le croire ; mais cela pouvait fort


DIO;GENE LAERCE. 57<br />

bien venir de l'obfcurité de ces opinions elles<br />

- mêmes, & il faudroit voir fi d'autres Auteurs<br />

les ont mieux comprifes. Trouve-t'on le<br />

Traité de Plutarque, fur les Opinions de*<br />

anciens Philofophes, beaucoup plus clair que les<br />

morceaux pareils qui font dans Diogène ? Perfonne<br />

n'a jamais expliqué le Timée, & Plutarque<br />

qui promet de l'expliquer en fait un Commentaire<br />

auffi obfcur que le texte. La Philofophie des<br />

nombres qui a eu de fi grands maîtres, n'étoitpas<br />

une chimère, Macrobe & d'autres croyoient parler<br />

clairement en l'expliquant ; on ne fait cependant<br />

ce qu'ils ont voulu dire. Enfin, il faut fe<br />

fouvenir que les termes de la Philofophie ont<br />

changé, & qu'il y en a aufquels on fait fignifier.<br />

autre chofe que ce qu'ils fignifioient autrefois :<br />

c'eft un embarras pour un Tra<strong>du</strong>cteur , mais<br />

dont Une doit, pas fe décharger en blâmant fou<br />

original.<br />

. En un mot, où eft l'homme de Lettres parmi<br />

les Anciens & les Modernes,méme les plus grands<br />

génies,dont le genrchumain fe puiffe vanter, qui<br />

n'ait pas effuyé la critique des efprits qui lui font<br />

-fi inférieurs, que ce ferait une témérité de les<br />

vouloir mettre en parallèle avec ceux fur qui ils<br />

exercent leur vaine critique r On n'a pas befoin<br />

de chercher des exemples dans les fiécles paffés ,<br />

puifqu'Us ne font pas rares à trouver dans le<br />

nôtre.<br />

c *


2&<br />

V<br />

L A V-I E<br />

X>' E P I C T E T E.<br />


£ P I C T E T E. *9<br />

Un jour cet homme ayant ven<strong>du</strong> à un Officier<br />

de Néron, un de fes Efclaves nommé Félicion, qui<br />

itoit Cordonnier, parce qu'à fon gré il ne travailloit<br />

pas affez bien, & cet E le lave étant de-*<br />

venu par ce moyen Cordonnier de l'Empereur,<br />

Epaphrod'ue fçachant cette nouvelle lui rendit de*<br />

civilités & des refpefts qui ne-font pas imaginables,<br />

& en fit fon Confident & fon plus grand<br />

Ami. (i) Une autre fois un homme s'étant jette à<br />

fes pieds tout éploré, & fe plaignant avec une<br />

douleur extrême de fa mauvaife fortune, & de<br />

ce qu'il ne lui reftoit plus de tout fon bien que<br />

cent cinquante mille écus. Epaphrodite luirépondit<br />

: je m'étonne en vérité comment vous avez<br />

pu avoir la patience d'être fi long-tems fans en<br />

parler. Ce qu'il ne difoit pas par raillerie , mais<br />

très-férieufement, & par admiration.<br />

Ce fut fous la domination de cet impertinent<br />

maître, qa'Epiélete paflales premières années de<br />

fa vie. (»} On ne fçait pas bien en quel tems, ni<br />

comment il obtint la liberté. On fait feulement<br />

que fous le régne de Donatien ,y ayant eu un Edit<br />

publié, par lequel il étoit enjoint à tous les Philofophes<br />

de fortir de Rome & de l'Italie, Epiltete<br />

fut obligé comme les autres de fe retirer, &<br />

fi) Artiai./. l.Dif.e. tS. (t) Au!. Gell. Nolt. *4rt.<br />

I. ii. c. ii. Suce, in Vit. Domit. Philo t. /. ;. Ulu Cru».<br />

foft. it cKilit iufeb. m Chrtn.<br />

Cy


}0 E P I C T E T E.<br />

de Te réfugier à Nicepolis, qui eft une Ville A'Epire,<br />

apellée maintenant Preveça. Ce qui eft<br />

une preuve convaincante qu'alors il avott obtenu<br />

la liberté, puïfqu'il fut contraint, en qualité de<br />

Philofophe, de fe retirer de Rome. Mime il ne<br />

-tombera jamais dans l'esprit qu'un homme de fon<br />

mérite, qui fut chéri & eftimé des Empereurs de<br />

fon tems, foit demeuré dans la fervitude. L'opinion<br />

commune eft que depuis qu'il fut exilé , il<br />

se revint plus a Rome, & qu'il demeura toujours<br />

à Nicopolis;*. caufe qu'^rrie/i(i)remarque en plufieurs<br />

endroits que les difcours qu'il a recueillis<br />

de lui, ont été tenus à Nieopolis. Mais je doute<br />

fort que cette conjecture foit véritable,nonobftant<br />

l'autorité de M. de Saumaift ( a ) : car Spartien<br />

(3) écrit entr'autres chofes, que l'Empereur<br />

Hadrien vécut fort familièrement avec ce Philofophe.<br />

Or, je ne puis pas m*imaginer comment<br />

cet Empereur eût pu entretenir cette grande familiarité<br />

avec EpiSctc, $11 eût toujours été à<br />

Nieopolis.<br />

On ne fçait pas} au vrai s'il fut marié ; mais<br />

comme je ne voudrais pas l'aflurer , je ne<br />

voudrais pas aufli le nier } car Arrien remarque<br />

en plusieurs endroits , qu'Epi&ete haït*<br />

(1) Artien. I. ». c. 6. (J Salmaf. •• Ntt. *»• Epi9. &<br />

Simal. p. 4.<br />

il) Sp*"i»n in Vit, Htdritni. p. 9.


E P I C T E T E. 3X<br />

foit particulièrement les Epicuriens, à eaufe<br />

qu'ils parloient contre le mariage. Néanmoins ce<br />

qui pourroit faire croire qu'il ne fut point marié,<br />

c'eft qu'encore qu'il eftimât que le mariage ne<br />

fût pas incompatible avec la vertu, il penfoit<br />

pourtant que c'étoit un grand empêchement pour<br />

parvenir à l'état de perfection. Mais, foit qu'il<br />

fût marié, ou qu'il ne le fût pas, il y a grande<br />

aparence qu'il n'eut point d'enfans, ou tout au<br />

moins qu'il n'eut point de filles : car, outre<br />

qu'il n'eft dit en aucun Auteur qu'il en eût, Lucien<br />

(i ) raporte qu'un jour EpiCtete voulant persuader<br />

à Dcmonax de prendre une Femme , Dè~<br />

tnonax lui répondit en raillant; hé bien, j'y çainfens_,<br />

pourvu que vous me donniez une de vos<br />

filles.<br />

Au refte,quoique Spartien (a) dife qu'Hadrien<br />

fit de grandes libéralités, & rendit beaucoup<br />

d'honneur aux Poètes, aux Orateurs, aux Philofophes,<br />

aux Mathématiciens, & à tous ceux<br />

quiiaifoient profeflion de quelque Science ,bien<br />

qu'il n'y eut jamais homme qui prit tant de plai-r,<br />

fir que lui à les railler ; néanmoins il y a grande<br />

aparencequ'Epiflete fut toujours très-pauvre, 6ç<br />

que cet Empereur , ni ceux qui lui fuccédérent,<br />

qui l'eftimérent fi fort, ne lui firent point de<br />

bien, ou ne lui en firent que très-peu. Et peut-<br />

{•) Lncian in Deas (i) Spart, in Vir. U*dr.<br />

C4


5* E P I C T E T E ;<br />

Itre cela eft-il arrivé à caufe <strong>du</strong> grand mépris<br />

u'il faifoit des richeffes. Quoiqu'il en foit, il<br />

3emeuroit à Romt dans une tort petite maifon ,<br />

où il n'y avoit pas feulement de porte, ôciln'a-<br />

Toit pour tous valets qu'une vieille ferrante , &<br />

pour tous meubles (i) qu'une Lampe de terre,<br />

à la clarté de laquelle il pro<strong>du</strong>ifoit ces belles &<br />

divines penfées, dont nous voyons encore aujourd'hui<br />

les reftes dans les Livres HÂrricn ; &<br />

par-là on peut juger qu'elle étoit fa pauvreté-<br />

Mais pour venir à fes Sentimens & à fes<br />

Moeurs, il n'avoit rien tant en recommandation<br />

que la modeftie ; c'étoit fa plus chère & fa plus<br />

familière vertu. C'eft pour cela qu'il difoit (1) :<br />

•» qu'il n'étoit point néceflaire de parer fa mai-<br />

» fon de tapifleries & de tableaux, mais qu'il<br />

« falloit feulement l'embellir de tempérance &<br />

» de modeftie ; parce que ce font des ornemens<br />

sa qui <strong>du</strong>rent toujours, & qui ne vieilliflent ja-<br />

» mais. Il avoit tellement renoncé à l'ambition<br />

& au fafte, que fi jamais Philofophe a fait les<br />

chofes par humilité, on peut dire que c'eft lui :<br />

car, comme il n'y eut perfonne de fon teins<br />

qui fît tant de bonnes aâions , il n'y eut perfonne<br />

auffi qui prit tant de peine à les cacher, & à<br />

faire croire] qu'il ne les avoit pas faites. C'eft<br />

U) Vincent Obfopat. /. 3. ^intb.ti Ept£. Epitf.<br />

$1) Sitôt). Strm. 38.


E P I C T E T E. 33<br />

pourquoi, entre les enfeigneméns qu'il donnoit à<br />

•es Difciples, ceux- ci étoient des principaux.<br />

» (i) Si vous êtes fi heureux que d'avoir aprisà<br />

» contenter votre corps de peu, gardez-vous de<br />

» vous en glorifier. Si vous vous êtes accou-<br />

» tumé à ne boire que de l'eau, ne vous en<br />

*> allez point vanter. Si quelquefois vous vou-<br />

» lez vous exercer à quelque .chofe qui foit pé-<br />

» nible, éxercez-vous-y en votre particulier.<br />

» Quoiqu'il en foit, ne faites jamais rien pour<br />

r> être regardé, pour être admiré <strong>du</strong> peuple.<br />

» Toutes ces affectations font vaines & indignes<br />

» d'un Philofophe.»<br />

Au/fi Epiftete étoit-il fi exempt de vanité,'<br />

qu'encore qu'il fût plus capable d'écrire qu'aucun<br />

de fbn ûécle, il ne fut jamais touché de ce fen-<br />

*iment, qui touche pourtant les plus hautes âmes ;<br />

car, û fon Difciple Arrienfa) n'eût rédigé par écrit<br />

ce qu'il lui avoit enten<strong>du</strong> dire de vive voix ,<br />

EpiHete feroit peut-être un nom inconnu dans le<br />

monde. Il croyoit auffi qu'un véritable Philofophe<br />

devoit faire & non pas dire ; & c'eft pour cela<br />

qu'il difoit ordinairement que la plupart de ceux<br />

quifaifoient les Philofophes, l'étoient de paroles,<br />

mais qu'ils ne l'étoient point en effet. ( 3 j Un<br />

jour quelqu'un fe fâchant de ce qu'on avoit pitié<br />

(1) Enchir. Epia. ti) An!. Gell.


54 E P I C T E ' f É<br />

de lui, EfiStttt lui dit : » Mon Ami , vous<br />

» avez tort de vous mettre en colère : car<br />

» quand il n'y auroit que la raifon de vous voir<br />

»• en mauvaife humeur de ce qu'on vous plaint,<br />

M vous êtes digne de compaffion -. Une autre<br />

fois qu'il vit un homme abîmé dans la plus infime<br />

débauche, per<strong>du</strong> d'honneur & de réputation,<br />

qui néanmoins fe mêloit d'étude &dePhilofophie,<br />

il s'écria, « ô Infenfé ! que penfes - tu faire ?<br />

m As-tu pris garde fi ton vafe étoit pur & net<br />

» avant que d'y rien verfer ? Car autrement tout<br />

» ce que tu y as mis, fe corrompra & fe chan-<br />

» géra en urine, ou en vinaigre , ou en quelque<br />

•> chofe de pire ». Aulugelle (i) qui raporte ces<br />

paroles, croit qu'il ne fe peut rien dire de plus .<br />

grave, ni de plus véritable, voulant faire connoître<br />

que, lorfque la Philofophie & les autre»<br />

Sciences tombent en une ame baffe & fouillée de<br />

vices, elles font comme dans un vafe fale & impur<br />

, où elles fe gâtent, & n'engendrent que<br />

corruption.<br />

(a) Mais EpiSett avoit une qualité que j'eftirne<br />

tf autant plus qu'elle çft rare en un Philofophe.<br />

Il aimoit extrêmement la propreté, & il difoit<br />

quelquefois qu'il aimoit beaucoup mieux qu'un<br />

«de fesDifciples fût frifé & bien peigné, que de<br />

(1) Aul. Gel!. MB. Un. 1.17. r. t».<br />

(1) Airien. /, 4. Diff. c. 11»


E P I C T E T E. jf<br />

lui voir les cheveux mêlés & crafleux. Il «voit<br />

cela de commun avec les plus grandsPhilofopb.es<br />

de l'Antiquité, qu'il étoit mal fait de fa perfonoe,<br />

infirme de corps & eftropié, à caufe d'une fluxion<br />

qui lui étoit tombée fur la jambe. II en fait une<br />

confeffion affez naïve dans une Epigramme qu'il<br />

fit (jir lui-même, & qui eft raportée par Aul»gelle<br />

(i); elle eft à peu près conçue en ces<br />

termes :<br />

La fortune jamais ne me fut favorable ,<br />

Je vins Efclave au monde, ùfusfoible de corpsi<br />

Le Cielfeul envers moi fe fit voir équitable,<br />

Verfant dans mon efprii Jes plus riches trefors.<br />

(a) Planude dans fon Recueil des Epigramme»<br />

Grecques, attribue fauflement cette Epigramme à<br />

Lionidasi car Léonidas étoit avant EpiUete, comme<br />

l'a très-bien remarqué M. de Saumaife , qui<br />

prétend auffî que cette Epigramme n'eft point<br />

à'EpiSete, & qu'elle a été ajoutée à Aulugelle<br />

par quelque demi Sçavant qui l'avoit faite. Toute<br />

la raifon qu'il en rend.c'eft qu'elle n'eft point dan»<br />

on ancien manufcrit à' Aulugelle. Je veux croire<br />

que cela eft ainft ; mais, fi cette conjeâure eft<br />

(i) Aul. Gell. NoH. Ait. I. %. c. 18.<br />

A5à^ fcTi«r«r& ytiifuii y 3tt s r j>/n.xri rfiftS t-<br />

(a) Planud. Anth. in y, C, A^£.


'3« E P I C T E T E.<br />

véritable-; il faut auffi que ce demi-Sçavant l'ait<br />

fait ajouter à Macrobc, qui la cite (i) comme étant<br />

à'EpiSete, au premier Livre de fes Saturnales, qui<br />

raporte les mêmes paroles à-Aulugellt. La raifon<br />

néanmoins, qui me feroit douter que cette<br />

Epigramme fût â'Epiffete, c'eft qu'il eft difficile<br />

de préfumer qu'un Philofophe auffi modefte 6c<br />

auffi humble que lui, ait pu parler de fon mérite<br />

fiavantageufement. Quoiqu'il en foit, il eft<br />

certain qu'EpiSete fut très-maltraité de la fortune<br />

; mais fi elle fut avare pour lui, le Ciel en<br />

récompenfe répandit libéralement fes dons dans<br />

fon ame. Il fembloit que la fortune ne fe fût<br />

déclarée fon ennemie que pour le faire triompher<br />

plus glorieufement. J'ofe même dire que la fervitude<br />

& l'infirmité de fon corps étoient néceffeires<br />

à fa vertu pour la faire paroître avec plus<br />

d'éclat à la poftérité ; car fans mentir , jamais<br />

homme ne porta la confiance fi loin.<br />

(a) Comme Epilttte étoit encore Efclave i'Epaphrodite,<br />

il prit un jour fantaifie à ce brutal de<br />

lui tordre la jambe. Epi&ete s'apercevant qu'il<br />

y prenoit plaifir, 6c qu'il recommençoit avec plus<br />

de force, lui dit en fouriant, 6c fans s'en émouvoir<br />

: fivous continue^ , vous me cajferc{ infailliblement<br />

U jambe. En effet, cela étant arrivé<br />

('JMjcrob. {. i. S*mrn. e. IL (>> Oiigen. !•?• "»


E P I C T E T E. 5#;<br />

«tomme il l'avoit prédit, il ne lui dit autre chofe<br />

finon : ht bien, ne vous avois-je pas dit que vous,<br />

me rompriez la jambe ? Celfus, emporté de l'en J •<br />

thoufiafme de la Philosophie, élève cette patience<br />

au-deflus de toute autre patience, (i) jufques-là.<br />

qu'il paffe aune abominable impiété. Si l'injure<br />

<strong>du</strong> tems ne nous eût point ravi le Livre qu'y/rrien<br />

(2) avoit tait de fa vie & de fa mort, je m'affure<br />

que nous verrions bien d'autres exemples de<br />

fa confiance. Il ne faut pas douter qu'un homme<br />

qui fe laide ainfi cafler la jambe, n'ait déjà éprouvé<br />

fa patience en bien d'autres occafions.<br />

(3) Il avoit une eftime toute particulière pour*<br />

Agrippinus, à caufe qu'un jour, comme quelqu'un<br />

lui vint raporter qu'on lui faifoit fon procès au<br />

Sénat , il répondit : j'en fuis bien aife , mais"<br />

quelle heure efl-il ? Et lui ayant été dit qu'il étoit<br />

environ cinq heures : allons donc au bain, repli-><br />

qua-t'il, // eft tems de partir. Comme il fut de.,<br />

retour, un peu après, on lui vint dire que fon<br />

procès étoit jugé. Il demanda : hé bien, à quoi<br />

fuis-je condamné, à la mort ? Non, répartit celui<br />

qui lui apoTtoit la nouvelle , vous n'êtes cori-i<br />

damné qu'au banniflement. Allons donc, répon-><br />

ditfroidementAgrippinus,â#o/tf/ou£f''4Ariçie(4)«<br />

• "''•.''' ><br />

U)Celf»i ilevoit la pitience A'Epillete au-deflVs de celle<br />

de Jcf*:-Chrijl. (ï) Slrapl. in Ench. Epi&. mit.<br />

C{) Atrian /. 1. c. 1. (4) dirait étoit ua Bourg qui<br />

était i deux lieue» de "Kgmt,-


frt E P I C T E T E;<br />

Epiftcte avoit encore Pyrrhon en particulière<br />

vénération , à caufe qu'il ne mettoit point de<br />

différence entre la vie & la mort. Il eftimoit<br />

fur-tout la répartie qu'il fit à quelqu'un qui fe<br />

rouloit moquer de lui ; car cet homme lui difant,<br />

pourquoi ne meurs-tu donc pas, Pyrrhon, puisqu'il<br />

t'eft indifférent de vivre ou de mourir ? C'eft<br />

par cette raifon-lâ mime, répondit-il.<br />

Enfin, Epi&ete faifoit confifter toute la Philofophie<br />

en la continence & en la patience. C'eft<br />

pourquoi il avoit toujours ces paroles en la bouche<br />

: ( t) Ttne{ ferme contre les peines, 6* fuye^<br />

devant les plaifirs, qui s'exprimant en deux mots<br />

ont beaucoup plus de grâce &. d'énergie en Grec<br />

qu'en notre Langue.<br />

Il ne pouvoit encore fe lafler d'admirer la<br />

conftance que témoigna Lycurgue envers un Lacidémonïtn,<br />

qui lui avoit crevé l'oeil : car le peuple<br />

lui ayant livré cet homme pour le punir, au<br />

lieu de s'en venger, il l'inftruifit à la vertu. Comme<br />

il en eut fait un homme de bien, il le fit<br />

<strong>mont</strong>er fur le théâtre, au grand étonnement <strong>du</strong><br />

peuple qui le croyort mort il y avoit déjà longterns,<br />

& U leur dit : je vous rends cet homme<br />

qui eft maintenant bon & jufte, au lieu que<br />

yous me l'aviez donné méchant & perfide.<br />

(0 A *X* *•" «*'X*


E P I C ' T E T ' E J ff<br />

Epiftete parloit auffi ordinairement de la Fermeté<br />

& de la grandeur de courage de Luicranus }<br />

car Néron l'ayant condamné à avoir la tête tranchée<br />

, & le Bourreau ne l'ayant bleffé que légèrement<br />

<strong>du</strong> premier coap, il eut le cœur de levef<br />

la tête, & de tendre le col une féconde fois.'<br />

Même un peu auparavant, Epaphrodite l'étant<br />

venu trouver pour l'interroger fur la confpiration<br />

dont il étoit accufé, il lui répondit : fi j'avois<br />

quelqu'autre chofe à dire , je le dirois à ton<br />

Maître & non pas à toi. Comme Epiftete<br />

étoit un digne estimateur des actions des hom- 1<br />

mes, il eft bien glorieux à la mémoire de ces<br />

grands perfonnages d'avoir un tel aprobateur<br />

que lui.<br />

Il fit profeffion toute fa vie de la Philofophie<br />

Stoïque, c'eft-à-dire, de la plus févére & de la<br />

plus auftére de l'Antiquité. Il n'y eut jamais<br />

perfonne qui fçUt mieux ré<strong>du</strong>ire en pratique les<br />

maximes & les préceptes de cette Seâe ; car encore<br />

qu'il ait été des derniers qui s'y foient adonnés<br />

, il en a pourtant été un "des plus grands<br />

ornemens. Il imitoit dans fes difcours & dans<br />

(es actions la façon de vivre de Soeratc, de<br />

Zenon & de Diogènt. Quand il entreprenôit quelque<br />

Ouvrage, il regardoit auparavant ce qu'ils<br />

euflent fait en une pareille occafioa : quand il<br />

reprenoit, ou qu'il inftruifoit quelqu'un, il lui<br />

aportoit toujours quelque exemple de ces Philo-


^» E P I C TLE T K'<br />

fophes. Enfin, H les croyoit infiniment élevé»<br />

au-deffus de tous les autres. Il eftimoit particulièrement<br />

Socrate, & s'étoit formé un ftyle comme<br />

lui. Il ufoit dans tous fes entretiens de corn»<br />

paraifons b familières & fi juftes, qu'infenfiblement<br />

il faifi»it tomber tout le monde dans foni<br />

opinion ; il n'affecroit de parler ni poliment, ni<br />

élégamment, pourvu que fon difcours fût intelligible<br />

& rempli de bon fens , à l'exemple de-celui<br />

de Socrate, il étoit fatisfait. En un mot, il s'étoit<br />

propofé ce Philofophe comme le modèle 6c<br />

la régie de toutes fes actions.<br />

, Encore qu'il eftimât fort Pyrrhon, il avoit<br />

conçu une inimitié & une .haine fi étrange contre<br />

les Pyrrhoniens, qu'il ne les pouvoit fouffrir.<br />

Il dit un jour à un Pyrrhonien qui s'efforçoit de<br />

prouver que les fens étoient toujours trompeurs :<br />

qui de vous autres voulant aller aux étuves, eft<br />

allé jamais au moulin ? (i) Il difoitàufiî ordinairement<br />

: fi j'étois valet de ces Pyrrhoniens , je prendrois<br />

plaifir à les tourmenter. Quand ils me diroient<br />

: Epiflete, verfez de l'huile dans le bain,<br />

je leur répandrois de la faumuse fur la tête.<br />

Quand ils me demanderoient de la tifane , je<br />

leur aporterois <strong>du</strong> vinaigre. Et s'ils penfoient<br />

s'en plaindre, je leur dirois qu'ils fe trompent-,<br />

& leur perfuaderois que le vinaigre eft de la ti-<br />

' . ' < • ' • • . '. ^ne,<br />

- (O AnUn.l.i, Vijf. t, x


E P I C T E T E. 4*<br />

fane ; ou je les ferais renoncer à leur fentiment.<br />

Il fit la guerre toute fa vie à l'Opinion & à la<br />

Fortune, qui font d'ordinaire les deux chofes qui<br />

gouvernent le monde. Il comparait la dernière<br />

à une femme de bonne maifon, qui fe proftitue<br />

à des valets. Il difoit que la vie qui dépendok<br />

de la fortune, étoit femblable à un torrent trouble<br />

, fale, difficile à pafler, impétueux & de<br />

peu de <strong>du</strong>rée; ilibutenoit au contraire que l'efr<br />

prit adonné à la vertu, reflembloit à une fontaine<br />

qui couloit toujours, dont l'eau étoit claire, douce<br />

& agréable à boire ; en un mot, éxemte de<br />

toute forte de corruption. Auffi jamais perfonne<br />

n'aporta tant de foin que lui à fe perfectionner<br />

dans l'étude de la vertu.<br />

H avoit entièrement renoncé à-tous les autres<br />

plaifirs, pour s'adonner feulement à ceux de l'esprit.<br />

Quand il étoit en un feftin, (i) il neregardoit<br />

pas tant à traiter fon corps que fon efprit : :<br />

car il croyoit que ce qu'on donnoit au corps t<br />

périflbit & ne revenoit plus ; & qu'au contraire<br />

ce qu'on donnoit à l'efprit, demeurait & ne fe<br />

perdoit jamais. Voilà pourquoi il préférait lé<br />

repos & la tranquillité d'efprit à,toutes les chofes<br />

imaginables : & il tenoit pour maxime que<br />

comme on ne voudrait pas périr dans unvaifleau,<br />

(i) Stob. Strm. i.<br />

Tome III. D


41 E P I Ç T E T E.<br />

«quoiqu'il fût parfaitement beau & qu'il fût chargé<br />

de tréfors & de richefTes ; ainfi on ne doit jamais<br />

, pour riche & pour magnifique que foit une<br />

malfon ,'fe laùTer accabler fous le fais des foins<br />

& des inquiétudes en roulant la conferver.<br />

Il difoit encore quelquefois, „ (i) Si vous<br />

s* aviez pris naiflance dans la Per/i, il eft cer-<br />

» tain que vous n'auriez point envie de demeu-<br />

» rtrtnGrice; vous fouhaheriezfeulement de<br />

s» vivre heureux en votre pays. Quand donc on<br />

» eft né dans la pauvreté, pourquoi faut-il avoir<br />

» l'ambition d'être riche i Que ne fonge - t'on-<br />

» plutôt à y demeurer & à vivre heureux en cet<br />

si état ? Comme il vaut bien mieux ne, coucher<br />

» que dans un lit étroit & avoir la fanté, que<br />

• de coucher dans un grand lit, & être malade ;<br />

• de même il eft bien plus à fouhaiter de con-<br />

M ferver le repos & la tranquillité d'efprit dan»<br />

D une médiocre condition , que d'avoir de la<br />

i» triftefle & <strong>du</strong> chagrin dans une fortune pins<br />

» élevée. U ne faut pas s'imaginer, ajoutoit-il,<br />

m que ce foit la pauvreté qui nous rende mal-*<br />

» heureux, c'eft l'ambition. En effet, ce ne<br />

m font point les richefles qui nous délivrent de<br />

t> la crainte, il n'y a que la raifon qui en foit<br />

s» capable. C'eft pour cela que celui qui<br />

» fait proviûon de raifon > t& content de<br />

(ij Stob. Strm. }8.


E P I C T E T K 41<br />

» foi-même > & ne fe plaiat jamais de la pau-<br />

» vreté. ».<br />

Voilà à peu près comme Epi fie te raifonnoit.<br />

Il ne pouvoit fouffrir ceux qui cherchoient<br />

quelque prétexte pour cacher, ou pour autorifer<br />

leurs crimes. Il difoit qu'ils faifoient comme<br />

les Courtifannes de Rome, qui pour cacher<br />

leur turpitude & pour autorifer leur libertinage,<br />

ne parloient d'autre chofe que des Livres de la<br />

République de Platon, à caufe que ce Philofophe<br />

reut que les femmes foient communes, ne s'atr<br />

tachant pas au fens, mais interprétant malicieufement<br />

les paroles de ce grand Homme : car il<br />

ne dit pas qu'une femme époufe un feul homme ,<br />

&que puis après elle s'abandonne à tous les aur<br />

très, mais il abroge cette forte de mariage d'ua<br />

feul homme & d'une feule femme pour en intro<strong>du</strong>ire<br />

une autre. Aura Epittctc ne cherchoit-^]<br />

jamais d'exeufe quand il fentoit qu'il avoit failli ;<br />

au contraire, il n'étojt jamais plus aife que lorfqu'on<br />

lui faifoit voir fes défauts.<br />

Un jour Rufiu le reprenant avec une rudeffe<br />

étrange, de ce qu'il n'avoit pu trouver une<br />

emijjion dans un Syllogifme, il lui répondit : je<br />

n'ai pas fait un fi grand crime que fi j'avois brûlf<br />

le Capitole. Penfes-tu, chétif Efclave que tu<br />

es, répliqua Rufus, qu'il n'y ait point d'autre<br />

crime que de brûler le Capitole ? Epitlcte, au<br />

lieu de fe fâcher dTune fi aigre répartie, n'en, fit


M E P I C . T E . T E .<br />

que rire, & la contoit même à tout le monde/<br />

Une autre fois encore, (i) un cetain homme qui<br />

avoit été très-riche, mais qui alors étoit trèspauvre<br />

, le vint prier d'écrire en fa faveur au<br />

peuple. Epiflctc étant bien-aife de lui rendre ce<br />

fervice , lui fit une lettre la plus obligeante<br />

qu'il put, où il reprefentoit & plaignoit fon infortune<br />

avec des termes qui étoient capables d'émouvoir<br />

à compaffion les perfonnes les plus <strong>du</strong>res.<br />

Comme cet homme l'eut lue, au lieu de<br />

l'en remercier il la lui rendit, alléguant qu'il<br />

Fétoit veau trouver dans l'efpérance qu'il avoit<br />

eu de recevoir de lui <strong>du</strong> fecours, & non pas<br />

des plaintes dont il n'avoit pas befoin. Cette réponfe<br />

plut tellement àEpi&ete, que depuis elle<br />

Jui demeura toujours dans l'efprit.<br />

Epidett étoit fur-tout extrêmement délicat<br />

dans l'amitié ; & c'eft aflez de dire qu'il étoit<br />

Stoïcien, pour faire croire que la Tienne n'étoit<br />

point întéreffée. Il ne vouloit point qu'on consultât<br />

l'Oracle, quand il y alloit de la dêfenfé<br />

d'un Ami ; car il étoit perfuadé(2) qu'on devoit<br />

l'entreprendre même au péril de la vie. Corn'*<br />

me il difoit un jour qu'il n'y avoit que le<br />

Sage qui fût capable de faire amitié, H y eut<br />

un homme qui lui répliqua, qu'encore qu'il i>«<br />

fût pas Sage , il ne laHToit pas d'aimer tendrement<br />

(l) Aaia,. /. i. Dtff. cap. $. (i)Eitcb. Epia.


E P I C T E T E. 4j<br />

fon fils. ,,-Vous vous l'imaginez, répartit Epie-<br />

T> tête. N'avez - vous jamais vu , ajouta-t'il,<br />

» jouer de petits chiens enfemble ? On s'imagi-<br />

» neroit à les voir qu'ils ont une extrême ami-<br />

» tié l'un pour l'autre. Cependant jettez quef-<br />

» que morceau de viande au milieu d'eux, &<br />

» vous reconnoîtrez s'ils aiment effectivemenr.<br />

» Il en eft de même de vous & de votre fils :<br />

» mettez quelque petit morceau de terre entre<br />

» vous & lui, & vous verrez fi pour en jouir il<br />

» ne fouhaitera pas votre mort, & fi peu de<br />

i» tems après vous ne concevrez pas une haine<br />

» mortelle contre lui ? Etiocte & Polynict n'é-<br />

» toient-ils pas enfans d'un même père & d'une<br />

y> même mère ? N'avoient-ils pas été nourris &<br />

» élevés enfemble? Ne s'étaient-ils pas fait mille<br />

» proteftations d'amitié ? Cependant, le Royau-<br />

» me étant échu entr'eux deux, qui eft ce mor-<br />

» ceau fatal, fe font-ils fouvenus de leurs pro-<br />

» méfies, l'amitié ne s'eft-elle pas évanouye,<br />

n n'ont-ils pas eu des guerres horribles l'un con-<br />

» tre l'autre, & ne fe font-ils pas cherchés pour<br />

» fe tuer,, ?<br />

Quand quelques-uns lui difoient que, s'il vïvort<br />

toujours dans la pauvreté, il ne feroit jamais en<br />

état de rendre fervice à fes Amis. ,i Ah ! que<br />

» vous vous abufez, répondoit-it f Penfez-vous<br />

» que ce foit afiifterfes Amis que de leur prêter<br />

» de l'argent ? Non , non. 11 eft bien vrai


46 E P I C T E T E .<br />

» qu'on doit faire tout Ton poffible pour acquérir<br />

» des richeffes, afin de les en affilier dans leur<br />

» befoin : mais, fi TOUS pouvez me <strong>mont</strong>rer une<br />

s» voïe par laquelle on les puiffe avoir dans le<br />

» fiéde où nous Comme s, en confervant l"hon-<br />

» nêteté & la probité , je vous promets que je<br />

» ferai tous mes efforts pour les acquérir. Si<br />

w TOUS demandez aufli de moi que je perde mes<br />

» biens pour en acquérir d'autres, qui ne font pas<br />

» de vrais biens ; confidérez fi vous n'êtes par<br />

» bieninjuft.es, & fi vous ne devez pas préférer<br />

» un fidèle Ami à de l'argent „. C'eft-ïà véritablement<br />

parler en PhiloCophe , auffi-bien que<br />

celui qui difort que c'eft être bien mauvais négociant<br />

que de faire une injuftice pour acquérir<br />

<strong>du</strong> bien, puifque c'eft donner en troc de bonne<br />

marchandise pour en avoir de mauvaiCe, Sf. per*<br />

dre un bien irrécouvrable pour en acquérir un<br />

qu'il faut perdre néceffairement.<br />

Mais ce qu'EpiSete a eu de particulier, c'eft<br />

que de tous les anciens Philofophes Payens il a '<br />

été celui qui a pénétré le plus avant dans no»<br />

snyftéres, & qui a eu les meilleurs fentimen»<br />

touchant la Divinité. En effet, ils Cont fi conformes<br />

au ChriftianiCme, que Saint Auguflm, tout<br />

ennemi qu'il étoit des anciens Philofophes , a<br />

parlé decelui-ci très-avantageufement ; juCques-1*<br />

néme qu'il ne fait point de difficulté de Fhono-<br />

«er <strong>du</strong> titre de trè>6ge.


E P I C T E T E . 4T<br />

Ce fut aufli cette grande probité qu'on remarquoit<br />

en lui, qui le fit chérir & eftirner de toi»<br />

Jes plus grands perfonnages de fon tems» Il fit<br />

amitié particulière avec FavorinusSc arec Hèroie<br />

le Sophifte, qui /ont deux hommes célèbres dans<br />

rAntiquité , dont Philojlrate a écrit la vie. Spafi*<br />

sien, comme j'ai déjà remarqué, le met au- nombre<br />

des plus intimes amis d'Hadrien. Themif~<br />

tlus (i), dans fon Oraifon à l'Empereur Jovinien%<br />

dît qu'il reçut de grands honneurs des deux Antonins.<br />

En effet, Marc-Aurèle, dans le Livre qu'il<br />

s'eft adrefle à lui-même, en parle avec beaucoup<br />

d'honneur en plusieurs endroits : jufques-là qu'il<br />

le compare aux S ocrâtes , aux Zinons & aux Chry<br />

fippes. Enfin, il tut en une fi haute réputation»<br />

que Lucien (a) fait une raillerie d'un Ignorant qui<br />

avoit acheté la Lampe de terre, d'Epiétett troismille<br />

dragmes , dans l'espérance qu'il avoit<br />

conçue de devenir aufli fçavar.t que lui à la lueur<br />

de fa Lampe.<br />

Ces paroles avoient tant de force, & on portoit<br />

tant de refpeâ & de vénération à ce<br />

qui venoit de lui, que perfonne n'y réfiftoit.<br />

(5) Un jour Hérode le Sophifte fè rencontra<br />

avec un jeune homme qui faifoit profeffion<br />

de la Philofophie Stoïcienne , mais qui parloit ><br />

(•) Thon. 0r«r. u~ (»* Locian.44Inditit.<br />

(3> Aul. Gell. HtS. I. I. e. 2.


%i E P I C T E T E .<br />

& fe vantoit de telle forte , qu'il fembloit à l'entendre<br />

que tous lesGrecs Se tous \aLatins fuiTent<br />

des ignorant au prix de lui ; comme il eut<br />

écouté paifiblement tout ce qu'il vouloh dire, il<br />

envoya quérir le fécond Livre des Difcours d'Epiftete<br />

, rédigés par Arritn, dont il fit lire ua<br />

Chapitre qui traitoit des grands Difcoureurs 6c<br />

des Préfomptueuz ; de quoi ce jeune homme demeura<br />

fi confus & fi interdi , que'depuis il ne<br />

dit pas un mot. On peut juger par-là en quelle<br />

eftime il falloit qa'EpMetc fût.<br />

De tous fes Difciples on ne cormoît qu*'Arritn<br />

feul qui foit confidérable. Mais quand il n'auroit<br />

fait que ce Difciple, il eft certain qu'il aurait<br />

toujours fait beaucoup. Ce fut cet Arritn.<br />

qui depuis fut maître à'Antonin, furnommé le<br />

Pieux, & qui fut apelé le jeune Xinophon , à<br />

caufe qu'à l'exemple de ce Philofophe il rédigea<br />

par écrit tout ce qu'il avoit enten<strong>du</strong> dire à foa<br />

Maître pendant fa vie, & qu'il en compofa ua<br />

Volume qu'il intitula , Lis Difcours d'Epiëttte , oit<br />

fis Diffirtations, dont il nous refte encore quatre<br />

Livres aujourd'hui. Depuis il fit un petit Livre<br />

qu'il apela Enchiridion, (i) qui eft l'abrégé de<br />

toute la Philofophie A'Epiflcte, que nous avons<br />

encore, (2) & qui eft fans contredit une des plus<br />

belles<br />

(O Ce (ont In CaraSires ïh fart de cette Vie d'EpiiSete,<br />

l*i Siuip. in Proton. Eml.tr.


E P I C T E T E . 49<br />

belles pièces de l'antiquité. Il avoit fait auflî tut<br />

Livre fort ample de la vie « de la mort à'Epiez<br />

tête qui eft entièrement per<strong>du</strong>. ,<br />

Marc-Aurele parle d'un autre Livre intitulé,;<br />

Les Commentaires d'Epiftete, qu'il avoit lus trèséxaâement.<br />

Mais ces Commentaires ne font autre<br />

chofe vraifemblablement que les Difcours à'Epie,<br />

tête, dont j'ai déjà parlé ; car Arrien dans la Pré-,<br />

face qu'il a'faite au-devant de ces Difcours, les<br />

apelle auflî les Commentaires d'EpUtete.Je ct/oii<br />

que ce qui a donné lieu à cette équivoque , a<br />

été les deux publications qui furent faites de ce<br />

Livre <strong>du</strong> vivant d'Arrien , auquel il donna peutêtre<br />

divers titres. Je fuis encore perfuadé que<br />

fes Difcours étoient plus amples que nous ne les<br />

voyons aujourd'hui, & peut-être qu'au lieu de<br />

quatre Livres il y en avoit cinq ou fix. Gela eft<br />

{ivrzi, qaAulugclle cite un endroit <strong>du</strong> cinquième<br />

Livre des Difcours d'Arrien, & S/oie'eraporte<br />

plufieurs partages <strong>du</strong> même Auteur qui ne fe trouvent<br />

plus. Peut-être auflî qa'Arrien retrancha<br />

plufieurs chofes à la féconde publication qui fut<br />

faite de fon Livre, & qu'il ré<strong>du</strong>ifit les fix Livres<br />

qu'il avoit faits à quatre.<br />

Quoiqu'il en foit , je ne puis croire ce que<br />

dit Suidas, qu'Epi&efe ait beaucoup écrit ; car<br />

pour peu qu'on life Arrien, & qu'on fpit inftruit<br />

des maximes qa'Êpi&ete a tenues, cela tombera<br />

difficilement dans l'efprit. Il y a encore de cer-<br />

Tomt Ult • E


5o E P I C T E T Ë.<br />

taines réponfes que quelques-uns prétendent qu'il<br />

a faites' à l'Empereur Hadrien : mais il ne faut<br />

que les lire pour reconnoître qu'elles font fupo-<br />

.ftes, & qu'elles lui ont été faufiement attribuées*<br />

ffolfius [ i ) nous faifoit efpérer autrefois que nous<br />

verrions quelque jour les Lettres de ce Philofophe,<br />

qui font, à ce qu'on lui avoit dit, dans la Bibliothèque<br />

de Florence. Mais il y a grande aparence<br />

que celui dont il avoit apris cette nouvelle,<br />

n'étoit pas bien informé de la vérité, & qu'on<br />

les attendra long-tems avant qu'elles paroiffent au<br />

jour.<br />

Onnefçaitde quelle maladie, ni en quel tems<br />

Epi3cte\eft mort. Il eftbien vrai que Suidas dit<br />

qu'il mourut fous le régne de Marc-Aurtlt. Mais<br />

je doute fort qu'il ait dit vrai. M. de Saumaift<br />

qui s'eft fort éten<strong>du</strong> fur ce fujet , prétend que<br />

Suidas raporte qu'Epiflcte fut Efclave à'Epaphrodiie<br />

qui étoit Capitaine des Gardes <strong>du</strong> Corps de<br />

Néron. Depuis la mort de Néron jufqu'à l'avé"<br />

nement àeMarc-sitirelc à.l'Empire il y a près de<br />

quatre-vingt>quarorze ans. Mcme avant qu'iTpic.<br />

/««fût eh état "de rendre fervice'a. Epaphrodite,<br />

& de venir d'Hiérapolisi Rome, îl'falloît qu'il eût<br />

déjà quelque âge ; de forte que félon cette réputation<br />

il auroit vécu près de cent quinze ans ; ce<br />

qui n'eft-gas* facile àcrôïrev Je trbuve 'cette* coni<br />

: •• .'. •.:•'.' f ""i' -. ; c v. ^ ' . j' .; : , •.'_,<br />

! :• • '•- oi:i fc . -. , •'•.'*); " -> . ;,- -. ; • '..";'><br />

^l) Wo\fiu#i'« Prtf. ad aliénât. H*dr. ,


E P I C T E T E; fi<br />

jefture affez raifonnable, mais elle n'eft pas concluante<br />

: car il le pourrait faire , comme a très.<br />

bien remarqué Lipfe ( I ) , qu'il ne fervit Epsphrodite<br />

qu'aprè&la mort de Néron* On pourrait<br />

néanmoins répondre à Lipfe qa x Epapkrodite eft<br />

iciqualiSé Capitaine des Gardés <strong>du</strong>'Corps de Néron<br />

; ce qui eft un témoignage que Néron vivoic<br />

alors.<br />

La féconde raifon eft que MarcAurele rie le<br />

met point au nombre de ceux qu'il àvoit ouis : il<br />

dîtfeulement quil avoit vu fes Commentaires par<br />

le moyen de JttniusRufticus qui les lui envoya;<br />

Cette raifon me femble beaucoup plus foible que<br />

l'antre : car»outre qu'Epiftctc pouvoit alors s'être<br />

retiré à Nicopalis, il mourut peut-être dès le commencement<br />

<strong>du</strong> régne de. MarcAurele. En effet»<br />

Suidas dit feulement qu'il parvint jufqu'au tems de<br />

cet Empereur. Et ainfi encore qu'Epifléte eût vécu<br />

jufqu'au commencement de fon régne, il fe pourrait<br />

faire que cet Empereur n'eût vu les Commentaires<br />

d'Epiâeu qu'après la mort.<br />

.La troifiémé raifon que raporteM. de Saumaife<br />

V-ne mé'éptttblt pas confidérable. Il dit<br />

* que la Lampe d'Epifftte fut ven<strong>du</strong>e <strong>du</strong> tems de<br />

Lucien ; & de là il conclut qa'Epi&ctc étoit donc<br />

• mort alors. Mais cela ne prouve rien : car il y<br />

a toutes'les apirences-<strong>du</strong> monde qao Lucien hç<br />

(i^ Lipfiui>»M*n»d. *dStéic,Phil. hi-e.i».<br />

E a


ça E P I C T E T E.<br />

mourut qu'après Marc-Aurele ; &ainfi cette Lampe<br />

peut avoir été ven<strong>du</strong>e <strong>du</strong> tems de Lucien, encore<br />

qxx'Epiftete (bit parvenu jufqu'au tems de<br />

cet Empereur : peut-être même qu'elle fut ven<strong>du</strong>e<br />

dés fon vivant ; & en ce cas il n'y auroit<br />

point de difficulté.<br />

La quatrième raifon qu'il rend, eft qxx'AuIagtlle<br />

(i ) qui écrivoit <strong>du</strong> tems d'Antonin lui-nommé<br />

le Pieux, ou au commencement de l'Empire de<br />

Marc-Aurele , dit d'Épiâete, la mémoire efl encore<br />

récente <strong>du</strong> Philofophe Epiâete. Mais M. de<br />

Saumaife n'a pas raporté le paflage d'Aulugellt<br />

tout entier ; car il eft dit précifément,/* ra*'»io/r<<br />

ejl encore récente, q«'Epiâete a été Serviteur. Ainfi<br />

il dit que la mémoire eft encore récente qu'Epie—<br />

acte ait été Efclave, & non pas amplement qu'il<br />

ait été.<br />

Enfin, la dernière raifon de M. de Saumaife<br />

eft qvîAulugellc parle en ces termes en un autre<br />

endroit : F ai oui dire à Favormus ça'Epiâete<br />

difoit, 6>d De forte que, puifque Favorinvs eft<br />

mort fous Hadrien, M. de Saumaife conclutsqh'E.<br />

pi&ete ne peut pas avoir vécu fu(qn% Marc-Au»<br />

relt. Cette raifon n'eft pas convaincante, parce<br />

que Favormus pouvoit aprendre à Atulugetle ce<br />

que difoit Ep'i&tte 4 encore qa'Epifttte ne, fût pas<br />

mort. Elle, a^eft pas pourtant £uu fondemej*; car<br />

0 ) A u l . G e l l . I . i l . t . I J . . •


E P I C T E T E; 53<br />

Aulugclle qui écrivoit <strong>du</strong> teins d'Antonin fut nommé<br />

le Pieux, Prédécefteur de Marc-Aurelt, lorfr<br />

qu'il parle d'Epiflete, il ufe toujours de ces termes<br />

: Epiâete difoit , ce vénérable Vieillard difoit,<br />

un tel m'a apris ftt'Epi&ete difoit; ce gu»<br />

marque apurement qu'il n'étoit plus. Et ce qui<br />

me fait encore incliner à cette opinion , c'eft<br />

qu'il eft probable qu'Arrien n'avok fait les Discours<br />

d'Epiât te qu'après la mort de ce Philofopne<br />

; & fi cela eft, il eft impoifible que ce que dit<br />

Suidas foit véritable , qa'Epiflete foit parvenu<br />

jufqu'au tems de Marc-Aurele : car <strong>du</strong> tems d'Aulugetle<br />

qui écrivoit, comme j'ai remarqué, fous<br />

Antonin furnommé IeP»«Mf,cesDifcoursétoient<br />

déjà publics & connus de tout le monde. Il eft vrai<br />

qu'Arrien auroit pu faire ce Livre <strong>du</strong> vivant d'£piSete<br />

; mais il y a peu d'aparence, & on ne préfumera<br />

pas facilement qu'on publie les difcours &<br />

les chofes mémorables d'un homme vivant.<br />

11 y a encore une autre difficulté aflez considérable<br />

que M. de Saumaife n'a point remarquée<br />

; c'eft que depuis la mort de JWroa,jufqu'à<br />

l'Edit de Domitien touchant l'éxil des Phi.<br />

lofophes, il n'y a guéres que vingt ans : car cet<br />

Edit fut publié la huitième année de fon régne,<br />

félon le raport d'£«/2ffc («> ° rfi laconje&ure<br />

(iJEttfeb. In Chrtn.<br />

E3


$4 E P I C TE TE.<br />

de Lipfe eft véritable , & qu'Epiftete n'ait fervi<br />

Epaphrodite qu'après la mort de Niroh, il s'enfuivroit<br />

qu'au tems de cet Edit Epiftete ne pouvoit<br />

avoir que dix-huit ou dix-neuf ans ; ce qui<br />

ne peut pas être: car il étoit dès ce tems-là en<br />

grande réputation , yMqu'Aulugelle dit qu'il fut<br />

obligé, en qualité de Philofophe, de fe retirer<br />

à Nicopolii. Il falloit donc qu'il eût alors au<br />

moins trente ans : mais s'il eût eu cet âge au<br />

tems de cet Edit, il feroit néceflaire qu'il eu*<br />

vécu près de cent huit ou neuf ans pour parvenir<br />

jufqu'à Marc-Aurele ; ce qui n'eft pas probable<br />

, puifque Lucien qui vivoit de ce tems-là ,<br />

ne fait pas même mention A'Epiftete dans le Dialogue<br />

qu'il a fait de ceux qui ont vécu long-tems'<br />

Il eft vrai qu'Eufete parle encore d'un fécond<br />

Edit contre les Philofophes qui ne fut publié<br />

que là quinzième année <strong>du</strong> régne de Ùomitïen :<br />

ïnais outre qu'il eft prefque le îeul des Chronoïogiftes<br />

& des Hiâoriens qui fafle mention de ce<br />

fécond Edit, Sccliger remarque précifément que<br />

rEdit dont parle Aulugelle , qui eft celui dont<br />

il s'agit ici, fut le ptemier qui fut publié la huitième<br />

année <strong>du</strong>«gne de Domitien. Cette raifon<br />

me femble fi forte, que je ne ferois point de difficulté<br />

de dire que Suidas s'eft abufé, fi je n'eufie<br />

trouvé un partage de Thèmiftius, ou il dit précifétnent,<br />

que les deux Antonins rendirent de grands


E Pjl C T E T E. ïJ<br />

honneurs à Epiftete. On pourroit néanmoins répondre<br />

que c'eft un Orateur qui parle, qui n'a<br />

pas aporté toute l'éxaftitude qui ieroit néceffaire<br />

à an fidèle Hifiarien ; ou peutnêtre que Marc-Aùrrele<br />

ayoit ren<strong>du</strong> de grands honneurs à Epiflcie<br />

<strong>du</strong> tems d'Hadrien, & à'Antonin furaommé le<br />

Pieux , & avant qu ? H fût Empereur, ou plutô<br />

qu'il lui rendit ces honneurs après fa mort. Corn*<br />

ne en effet nous voyons par les Livres qu'il nous<br />

a laiffés , qu'il eut fa mémoire en une particulière<br />

vénération.<br />

Enfin , cela n'eft pas fans difficulté, & j'aurais<br />

bien de la peine à me déterminer là-deffus :<br />

c'eft pourquoi je me contente de raporter Amplement<br />

lès doutes de part & d'autre. Néanmoins<br />

après avo|r bien examine ces chofes, s'il<br />

m'eft permis de dire mon feritiment, j'incline<br />

bien plus à croire.,ce que dit M. de Saumaifc ,<br />

qu'en effet Epittete ne fait-pas parvenu jufqu'à<br />

l'Empire de Marc - Aureit. Car , outre que<br />

Suidas eft un Auteur qui n'a pas toujours die<br />

vrai , il s'eft abufé infailliblement quand il a<br />

dit qu'Epi&ete avoit beaucoup écrit ; de forte<br />

qu'il fe peut faire qu'il fe foit aufli trompé<br />

dans fon calcul. Quoiqu'il en foit , il eft certain<br />

qu'Epiitete fût regretté de tout ce qu'il y<br />

avoit de gens illuftres en fon fiécle, & que fa<br />

E4


56 E P l C T E T E .<br />

mémoire fera précienfe à la pofiérité. Voilà tout<br />

ce que j'ai pu trouver de fa vie qui , jufqu'ici,<br />

n'avoit point été écrite en aucune Langue, depuis<br />

que celle qu'avoit faite Arrun, a été per<strong>du</strong>e.<br />

Fin i* la Vu &$ji8ttt.


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3<br />

a<br />

Ans depuis la fondation de Rome,<br />

Ans depuis Néron.<br />

Pour l'intelligence <strong>du</strong> tems<br />

auquel Epiâete eft mort.<br />

CHRONOLOGIQUE ,<br />

H<br />

te<br />

m.<br />

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M<br />

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y* E M C T E T E.<br />

823<br />

824<br />

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833<br />

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41<br />

4»<br />

43<br />

44<br />

45<br />

Vefpafien.<br />

Tltas Vefp.<br />

Domitiea.<br />

1<br />

Edit touchant Vexil des •<br />

Philosophes*<br />

!<br />

Nerva.<br />

Trajan.<br />

•'


85*<br />

S 53<br />

854<br />

855<br />

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861<br />

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871<br />

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II<br />

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71<br />

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74<br />

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Hadrien.


6o E P I C T E T E.<br />

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! 102<br />

1 103<br />

Mort -it Favonnus.<br />

Antoniu» Plus.<br />

^<br />

iiort SEpiEtttt.<br />

Aulufcttc.


910<br />

911<br />

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933<br />

E P I C T E T E. 6t<br />

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123<br />

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i *y<br />

,126<br />

127<br />

Marc-Aurele.<br />

Commo<strong>du</strong>s.<br />

La mort de Lucien.


££S CARACTÈRES<br />

D'EPICTETE ,<br />

TRADVJTS DV GREC.<br />

L y a des chofes qui dépendem-d^<br />

nous: il y en a d'autres qui n'en dé*<br />

pendent point. Nous fonames les maîtres<br />

de nos opmtohs , de nos inclinations<br />

, de nos defirs, de nos avsrfions;, «n un<br />

mot de tQUtes nos opérations, Mais' il ' ne dé«pend<br />

pas de nous d'agir de la fafilé , dfes rvchefles,<br />

de la réputation, de grandes dignités j,<br />

ni de toutes les autres chofes jqui font hors de<br />

nous, & que nouj ne faifons pas. •<br />

i ' I I i '<br />

i <<br />

Les chofes qui dépendent purement de nous y<br />

ÎS£. t .ll^ï e . s ^?_l£H£-? atur JLi e " es ne peuvent êtrfe<br />

k


E P I C T E T E. 6i<br />

empêchées, ni par les défenfes, ni par les ob L<br />

fiacles : au contraire, ce qui ne dépend point de<br />

nous, eft foible, fujet à la fervitude, & aux embarras,<br />

fouvent expofé aux caprices d'autrui.<br />

III.<br />

Si vous confondez les idées, 8c fi vous croyez<br />

libre ce qui eft naturellement fujet à la dépendance<br />

; fi vous regardez comme propre & perfonnel<br />

ce qui dépend <strong>du</strong> captice d'autrui, vous<br />

trouverez des obftacles à chaque pas, vous tomberez<br />

dans l'embarras & dans le trouble, vous ferîz<br />

expofé à mille chagrins, vous vous en prendrez<br />

aux Dieux & aux Hommes. Au lieu que fi<br />

vous ne regardez comme dépendant de vous que<br />

ce qui en dépend effeôivement, & comme étranger<br />

ce qui eft étranger , vous ne trouverez jamais<br />

(fobftacles ni de contrainte dans vos projets ;<br />

vous n'accuferez ni ne blâmerez jamais perfonne,<br />

vous ne ferez rien contre votre inclination^<br />

vous ne vous trouverez jamais offenfé , vous ne<br />

regarderez perfonne comme votre ennemi, &<br />

vous ne fouffrirez jamais la moindre difgrace.<br />

IV.<br />

Si vous voulez acquérir les grands biens que<br />

donne la fagefle, il ne faut pas les regarder avec<br />

indolence, ni en avoir des defirs médiocres ; il<br />

faut renoncer entièrement à de certaines chofes,<br />

& vous abftenir des autres pour un tems. Car<br />

fi avec les véritables biens, vous defirez encore


&l E P I G T E T E .<br />

les richefles , & les grandes charges, peut-être<br />

en ferez-vous exclus à caufe de vos premiers<br />

defirs ; mais il eft hors de doute que vous perdre 1<br />

les feuls biens qui peuvent procurer la liberté de<br />

l'écrit & le véritable bonheur.<br />

V.<br />

A la vue de quelque objet fâcheux qui voitt<br />

frape, accoutumez-vous à dire, que ce n'eft<br />

qu'une pure imagination , & que la chofe n'eft<br />

pas telle qu'elle vous paroît. Après vous être<br />

fortifié de la forte, fervez-vous des régies que<br />

vous avez ; examinez fur-tout fi cet objet qui<br />

fait votre peine, eft de la nature des chofes qui<br />

dépendent de vous ; car fi cela n'eft pas , dites<br />

fans vous émouvoir , que ce n'eft point votre<br />

affaire.<br />

VI.<br />

On fe flatte toujours d'obtenir ce qu'on defire<br />

avec ardeur, & de ne point tomber dans les malheurs<br />

qu'on apréhende. C'eft être malheureux<br />

que de n'obtenir pas ce qu'on defire ; mais c'eft<br />

être plut que malheureux d'être expofé aux maux<br />

qu'on craint. Si vous n'avez de l'averfion que<br />

pour ce qui dépend purement de vous, vous ne<br />

tomberez point dans les infortunes que vous<br />

craignez ; mais fi vous redoutez avec excès des<br />

maux qu'il n'eft pas en votre pouvoir d'éviter,<br />

tomme les maladies, la mort, la pauvreté , vous<br />

ferez toujours inquiet.<br />

VI I.


E P I C T E T E. $5<br />

V IL<br />

Défaites-vous pour conferver votre repos, de<br />

toute répugnance pour les chofes qui ne dépendent<br />

pats de vous, & n'en ayez que pour celle»<br />

dont il eft en votre pouvoir de vous garantir ;<br />

mais pour le prefent fufpendez abfolument toutes 1<br />

fortes de dejftrs. Si vous defirez avec paffion de»<br />

chofes qu'il ne dépend pas de vous d'obtenir ,'<br />

vous fendrez <strong>du</strong> chagrin de vous en voir privée<br />

& fi vous ne fçavez pas encore bien aflaifonnec,<br />

ks défies des chofes qu'il eft honnête defouhaiter,<br />

fit qui dépendent de vous, recherchez-les.<br />

on fuyez-les avec modération & diferétion , ÔC<br />

fans troubler votre repos.<br />

V I II.<br />

Confidéfez avec attention la qualité des chofes<br />

qui font faites pour le plaifir T ou pour l'util<br />

fité, ou que voQï aimez , .en commençant par<br />

les moins importantes. Si vous ayez de rattachement<br />

pour quelque meuble fragile, fou venezvous<br />

qu'il eft fragile , & ne vous troublez point<br />

fi par malheur il vient à être cafle; Si vou»<br />

aimez vos enïans, ou votre femme , fouvenezvous<br />

que ce font des mortels que vous aimez*<br />

& fi la mort vous les enlève , vous n'en- ferez!<br />

point ému.<br />

IX.<br />

. Avan* que d'entreprendre quelque ouvrage;<br />

eiaoùnezr-en bien toutes les circônftances. Si<br />

Tome hlr ' : ' 't ' '


66 E P I CN T E T E.<br />

vous allez vous baigner, râpellezen votre efprit<br />

toutes les infolences qui ont coutume de fe commettre<br />

dans le bain:on s'y jette de l'eau > on<br />

s'y pouffe , on s'y dit des injures, ony perd<br />

fies habits. Si vous faites ces réflexions , Si &.<br />

vons vous dites à vous-même : je venx aller au<br />

bain , mais au même-tems j'y veux conferver<br />

mon caractère, fans me relâcher de mes manière»<br />

accoutumées, vous ferez mieux en garde contre<br />

tous les accidens qui peuvent vous arriver* Ser*<br />

vez-vous des mêmes précautions dans toutes v©£<br />

affaires. S'il vous arrive quelque embarras , ôtf<br />

quelque difgrace dans le bain , vous y ferez tout<br />

préparé, & vous direz : je ne fuis pas feulement<br />

venu pour me baigner, mais je fuis venu dans la<br />

téfolution de ne rien faire qui ftit indigne de<br />

non caracïére, & je m'en éloignerbis , fi je fei*<br />

fois paraître <strong>du</strong> reffentiment pouf (es mauvais*<br />

procédés qu'on voit ici.<br />

x. '•' • •<br />

Ce ne font pas les chofes qui troublent lej<br />

Hommes; ce font les opinions qu'ils en ont,6c<br />

leurs préjugés qui les tourmentent. La mort .en.<br />

foi n'eft point un mal: car fi elle étoit fî redouiç<br />

table , elle auroit paru telle" à Socrate. Ce n'eff<br />

que l'opinion qu'on a de la mort qui la rend ft<br />

affreufe.. Quand nous fommes dans le trouble r<br />

ou que nous tombons dans quelque embarras 1 ,"ij<br />

ae faut poia* en. accùfeï" les" adirés ; il lie' fSttÊ


E P I C T E T & «?<br />

sous en prendre qu'à nous-mêmes & à nos prés<br />

jugés. Il n'apartient qu'à un homme peu inftruit<br />

& peu éclairé de rejetter for les autres la caufe<br />

defts propres malheurs. C'eft commencer à avoif<br />

quelque teinture de la fagefle de n'accufer que<br />

foi-même de fes difgraces ; mais c'eft être fag»<br />

de ne fe plaindre ni de foi-mérae , ni des autres*<br />

X I.<br />

N'ayez point de vaine complaifantepour dé*<br />

ralens étrangers qui ne font point en voui. Si<br />

un beau cheval pouvoît dirfe qu'il eft beau., trél*<br />

feroit fuportable ; mais lorfque vous dites ' e»<br />

vous aplaudiltant que vous avez un beau cheval,<br />

vous vous vantez de ce qui n'eu- point en vous.<br />

De quoi donc pouvez-vous avoir une-- légiiânw<br />

complaifance ? C'eft <strong>du</strong> bon ufage de votre raifori<br />

Si vous considérez lès chofes comme elles fonten<br />

elles, mêmes ,.& fi. vous en jugez fâinement T vous*<br />

vous aplaudirez alors avec juftice, & vous vou$.<br />

réjouirez d'une bonne qualité qui «fl efleâivement<br />

en vous.- -<br />

• XI 1.<br />

En faifant voyage fur mer ; lorfque le vaifle^r<br />

eft arrêté dans quelque Port, il eft permis d'er»<br />

fortir poar puifet de l'eau , pour chercher d'autres<br />

rafraîchiflemens-, Ou pour ramaffer des cdqailles<br />

; mais il faut avoir de l'attention fur le<br />

vaiûeau-, & tourner continuellement les yeux dç<br />

ce côté-là , pour eue prêt lorfque le Pilote vou»<br />

t' î


*8 E P I C T E T E .<br />

apellera, & toat quitter , de crainte qufit ne<br />

TOUS faûe jetter dans le navire , pieds Se mains<br />

liés , comme un Efclave. Il en eft à peu<br />

près de même dans la vie. Si vous avez une femme<br />

& des enfans , vous y pouvez donner quelques<br />

foins ; mais quand le Maître vous apellera,<br />

il faut courir promptemeni au vauTeau, fit<br />

tout quitter fans y penfer davantage. Que fi<br />

vous êtes vieux, ne vous écartez- pas beaucoup<br />

<strong>du</strong> navire , de peur que vous ne foyez pris<br />

au dépourvu quand on vous apellera pour y<br />

rentrer*<br />

XIII.<br />

Ne demandez pas que les chofes fe failent<br />

comme vous lé fouhaitez, mais tâchez


E P I C T E T E. Sç<br />

vous y pourrez réfuter. Si vous -voyez un beaugarçon<br />

ou une belle fille, armez-vous de la tempérance<br />

pour ne^rien faire contre votre devoir.<br />

Si on vous propofequetqueentreprifepérrible&<br />

laborieuse, vous aurez hefoin de. courage. Si<br />

on vous dit des paroles offenfantes, il fautavoir<br />

fecours à la patience. Avec ces précautions les<br />

objets n'auroat pas fur vous un grand empire.<br />

XV.<br />

Quelque accident qui vous arrive , ne dites<br />

jamais que vous avez per<strong>du</strong>-quelque choie ; mai*<br />

dites que vous l'avez ren<strong>du</strong>. Votre fils vient-il 1<br />

de mourir ? Dites que vous l'avez ren<strong>du</strong> à celui<br />

qui vous l'a voit donné. Vous a-t'on enlevé un<br />

héritage ï Dites de même que vous-l'avez ren<strong>du</strong>.<br />

Mais celui qui a commis cette injuftice, eft un<br />

méchant homme. Que vous importepar quelles<br />

mains votre terre retourne à celui dont vous la-,<br />

teniez? Durant le tem» qu'il vous la confie, regardez-la<br />

comme une chofe étrangère, & ayezen<br />

le même foin que le voyageur, de l'hôtellerie<br />

où il a choiû fon gîte.<br />

x v r.<br />

Si vous voulez faire quelque progrès dans l'étude<br />

de la vertu ,, défaites-vous de ces deux faux<br />

vaifonnemens : fi je n'ai grand foin de mes affaires<br />

, je n'aurai pas de quoi fubflfter avec honneur<br />

; fi je ne châtie mes enfans, ifs tomberont<br />

«tans le defbrdre. Il vaut mieux mourir de faim ÔC


7* E P I T.'E C T &<br />

conferrer uae parfaite tranquillité d'efprit, éxemt<br />

de crainte & d'inquiétude , que de pofféde*<br />

des biens immenfes dans l'embarras & dans Te<br />

trouble. Il faut plutôt fournir que votre<br />

fils devienaeméchant,que de vous rendre malheureux.<br />

XVII.<br />

Commencer donc par les plus petites chofes ;<br />

On renverfe votre huile , on dérobe votre vin ;<br />

rentrez dans vous-même , & dite» : c'eft à ce<br />

prix qu'on achète la tranquillité , c'eft par-la<br />

qu'on acquiert la confiance. On ne devient pas*<br />

vertueux fans qu'il en coûte. Lorfque vousapel*z<br />

votre Valet , fongéz qu'il ne vous entend<br />

peut-être pas, ou que s'il vous entend , il n'eft<br />

pas en état de faire ce que vous fouhaitez. Faites<br />

fi bien qu'il ne foit pas en fon pouvoir dé<br />

vous mettre en colère & de troubler votre<br />

repos.<br />

XVIII.<br />

Si vous voulez épurer votre vertu , ne von 1<br />

fouciez pas d'être regardé par le peuple, comme<br />

un homme d'un médiocre fens commun, ou coin*<br />

me un imbécile, à caufe <strong>du</strong> mépris que vous<br />

avez pour les chofes extérieures. N'affectez point<br />

de paroitre fçavant. Si les autres témoignent de<br />

l'eftirne pour vos talens , défiez-vous de vousmême<br />

r & foyez perfuadé qu'il eft fort difficile<br />

de pratiquer les régies que vous vou» êtes pref-


E P I C T E \T E. 71-<br />

crîtes, & qui font conformes à la droite'ra.fon,<br />

en vous livrant aux chofes <strong>du</strong> dehors* Il faut<br />

opter , & négliger l'un quand oa veut avoir foin:<br />

de l'autre.<br />

XIX.<br />

Si vous prétendez que votre femme, vos en»<br />

fens , & vos amis, vivent toujours-, vous n'êtespas.-raifonnable<br />

: car c'eft vouloir que des cho-<br />

»es qui ne dépendent nullement de vous, en dépendent<br />

abfolument , & vous vous attribuez<br />

comme propre ce qui eft purement étranger* Cèlerait<br />

de même mie extravagance de prétendre<br />

que votre fils ne fafle aucune faute : car c'éft vou-'<br />

loir que le viceehange de nature, & cefle d'être<br />

vice. Mais, fi vous voulez que vos defirs ayent 1<br />

toujours leur effet, ne defirèz que ce que vous,<br />

pouvez.<br />

. XX.<br />

L'Homme qui eft le maît re de ce qu'il veut ; car<br />

de ce qu'il ne veut pas-,-qui peut obtenir ce -<br />

qu'il defire, & rebuter ce qui le choque, a un<br />

empire abfolu fur toutes chofes,. Celui donc qur<br />

afpire à une parfaite liberté, qu'il s'abftienne détout<br />

defir &, de route averfion de ce qui dépend<br />

purement d'autrui. S'il ne-le fait pas, c'éft une,<br />

néceflîté qu'il vive dans la dépendance & la fer—<br />

vitude><br />

XX I.<br />

Faites votre compte qu'il faut fe caanportefc


7* E P I C T E T E.<br />

dam la vie à peu près comme dans un feftin. A—<br />

t'*n fervi quelque mets devant vous ? Etende?<br />

la main fit prenez-en une partie avec propreté;<br />

On enlevé ce plat ? Ne le retenez pas-, n'y pop-tez<br />

pas'brufquement la main. On n'a pas encorefervi<br />

devant vous i Attendez & ne faites poine<br />

paroîne un défit trop avide. Ceft de la forte<br />

que vous en devez ufer envers votre femme, -envers<br />

vos enfans, pour ce qui regarde les dignités<br />

fit les richeftes, fit vous vous rendrez digne<br />

d'être admis à la table des Dieux. Si vous avez<br />

de ta généro&té pour refufer mime ce qu'on vous<br />

offre, & vous le tnéprifez, alors vous ferez digne<br />

non-feulement de manger à la table des Dieux»»<br />

mais même de partager avec eux leur fouveraine<br />

puiflance. Ceft atnu que Ditgèru ,, Hiraclït* y<br />

êc d'autres <strong>du</strong> même caraâére, font devenus des<br />

nommes tout divins , fit qu'ils ont été regardés,<br />

fut ce pied-là.<br />

XXII.<br />

Quand vous verrez quelqu'un dans la douleur;-<br />

8c répandre des larmes, ou pour l'abfence de fôn*<br />

fils , ou pour la perte de fa- fortune , prenez<br />

garde que cet objet ne vous ftirprenne, 8c ne -<br />

vous perfuade que cet homme eft effecYrvemerit<br />

malheureux par la privation de ceschofes extérieures.<br />

Rentrez incontinent en vous-même ^<br />

& faites ce raisonnement ; ee ne font point ces<strong>du</strong>^taces<br />

qui affligent cet hommes cas-il y eft *•


E P I C T E T E. 73<br />

d'autres qui ne font point touchés de pareils<br />

malheurs ; ce n'eft que l'opinion qu'il en a en<br />

fon imagination; qui le blefle. Faites enfuite<br />

tous vos efforts pour guérir Tes préjugés par de<br />

fondes raifons ; s'il le faut, pleurez avez lui, &<br />

témoignez de prendre part à fa douleur ; mais<br />

prenez garde que votre cœur ne fe trouble, ÔC<br />

que cette feinte me devienne UHe vérité.<br />

XXIII.<br />

Regardez-vous comme nn Adeur qui doit faire<br />

le perfpnnage que le Maître de la Comédie lui a<br />

donné. Si votre rôle eft court, vous le jouerez<br />

court ; s'il eft long, vous le jouerez long ; fi<br />

vous devez représenter le perfonnage d'un pauvre<br />

, fontenez ce rôle le mieux qu'il vous fera<br />

poffible; fi on vous donne cejui d'un Prince,<br />

d'un Artifan, d'un homme eftropié, acceptez-le<br />

tel qu'il puhTe être : votre devoir eft de bien re-.<br />

prefenter votre perfonnage ; mats il apartient à<br />

un autre de choifir le rôle que vous devez<br />

jouer.<br />

XXIV.<br />

Si vous croyez que le Corbeau vous annonce<br />

par fon chant quelque chpfe de runefte, ne vous<br />

lahTez pas fédnire par cette vaine imagination#<br />

rentrez dans vous-même ,& dites : Cemauvai*<br />

augure ne me regarde point ; il menace peutêtre<br />

mon corps, le peu de bien que j'ai, ma<br />

réputation, mes enfans, nia femme ; mais tons<br />

TtmclIL G


74 E P I C T E t E.<br />

pronoftics font favorables pour moi, fi je 1«<br />

veux ; car il ne dépend que de moi de retirer<br />

quelque avantage de tous les événement, de<br />

quelque nature qu'ils foient.<br />

XXV.<br />

Vous pouvez être invincible fi voue n'en-*'<br />

treprenez que des combats dont le fuccès ne<br />

dépende que de vous, & dont la victoire eft<br />

entre vos mains.<br />

XXVI.<br />

Quand vous verrez quelqu'un comblé d'honneurs,<br />

élevé à une grande puiflance, favorifé de<br />

la fortune, & dans la profpérité , ne vous laiffez<br />

pas éblouir par ces belles aparences, & ne<br />

dites pas qu'il eft heureux : car fi le parfait bon*"<br />

heur & le parfait repos de l'efprit font attachés<br />

aux chofes qui dépendent purement de nous, les<br />

biens étrangers ne doivent jamais nous caufer ni<br />

envie ni jaloufie. Pour vous, ne portez pas<br />

votre ambition jufqu'à fouhaiter d'être Sénateur ,<br />

Conful, Empereur : contentez-vous d'être libre.<br />

Le mépris des chofes qui ne dépendent pas de<br />

nous, eft le moyen unique pour parvenir à la<br />

parfaite liberté de l'efprit.<br />

XXVII.<br />

Souvenez-vous que ce n'eft ni celui qui vous<br />

infulte, ni celui qui vous maltraite qui vous<br />

offenfe; c'eft l'opinion que vous en avez qui<br />

fut toute votre peine. Lorfqae quelqu'un voue.


E P I C T Ï T t 7i<br />

chagrine & vous irrite, ce n ; eft qûê VCtr? imagination<br />

qui vous met en colère. Prenez garde<br />

fur toutes chofes de vous laifTer emporter par le<br />

premier mouvement, & de rien donner au caprice<br />

: pour peu que vous ayez le tems de vousremettre,<br />

& de faire des réflexions, vous ferez<br />

bien plus sifément le maître de votre emportement.<br />

XXVIII.<br />

Ayez tous les jours devant les yeux la mort,'<br />

le banniflement, & les autres malheurs qui paroifTeatles<br />

plus redoutables aux hommes. Mais'<br />

fur toutes chofes ne perdez point la mort de vue ><br />

par ce moyen vous ne ferez capable d'aucune<br />

lâcheté, & vous ne defirerez jamais rien avec<br />

trop d'empreflement & de pafBon.<br />

XXIX.<br />

Vous voulez, dites-vous, vous ap tiquer à<br />

l'étude de la fagefle ? faites un grand fond dé<br />

patience pour fouffrir les railleries, & les rifées<br />

de tout le monde. Vous entendrez dire en riant<br />

de tous côtés : Voilà un Philofophe qui efl fortî<br />

de terre tout-à-coup : voyez-vous cette mine fé.<br />

vére ? Pour vous, ne faites paroitre ni fafte, ni<br />

fierté ; mais ne vous relâchez poini.de vos bonnes<br />

réfolutions; faites toujours ce qui vous paroîtra<br />

le meilleur, comme fi Die» vous ayoit marqué<br />

votre état. Perfuadez-vous que fi vous foutenez<br />

votre caraâére avec fermeté, ceux qui fe font<br />

G 2


7&.. E P I C T E T E'<br />

â'abord moqué de vous, vous admireront dans<br />

la fuite ; mais fi vous faites paroître de la foiblefie,<br />

& fi le bruit vous étonne, vous ferez plus<br />

que jamais en butte aux railleries.<br />

XXX.<br />

Si l'envie de vous pro<strong>du</strong>ire au - dehors, & de<br />

plaire au monde, vous prend , perfuadez-vous<br />

que vous êtes déchu de vos maximes, & que ce<br />

n'eft plus la droite raifon qui vous gouverne.<br />

Contentez-vous d ; être Philofophe ; 6t fi vous<br />

avez envie de le paroître, qu'il vous fuffife de<br />

l'être à vos yeux.<br />

XXXI.<br />

Ne vous allarmez point de ces faux raifonnetnens<br />

: Je vivrai fans honneur & fans crédit ;<br />

On ne fera nul cas de moi. Si la privation des<br />

honneurs eft un mal , ce mal ne peut être que<br />

l'effet <strong>du</strong> vice. Il ne dépend pas de vous d'être<br />

élevé aux premières dignités, d'être apellé aux<br />

feftins. Quel deshonneur y a-t'il à cela pour<br />

vous ? en ferez-vous plus méprifable pour être<br />

privé de ces chofes extérieures ? Çontentez-vou?<br />

d'exceller dans les chofes qui dépendent précisément<br />

de vous. Mais vous ne pouvez être d'aucun<br />

fecours pour vos amis ? Dans quel fens le<br />

prenez-vous ? eft-ce à caufe que vous ferez hors<br />

d'état de leur donner de l'argent, ou de leur<br />

donner le droit de Bourgeoifie Romaine? Mais<br />

fui vous a dit que cela dépend de nous, 6c qu$


J5 P I C t E T Ë. 7?<br />

té ne font pas des chofes purement extérieure»<br />

& étrangères ? perfonne ne peut donner ce q SîX<br />

n'a pas. Faites tout votre poffible, me direirous<br />

, pour être en état de fecourir vos amis.<br />

Si je peux acquérir des richeffes, & me mettre<br />

en crédit fans bleffer l'honnêteté , la bonne for,<br />

la générofité, 8t fi vous me moittrez une route<br />

fâre, je n'épargnerai rien pour y réuiSr. Mais<br />

•G vous voulez exiger de moi que je perde des<br />

biens perfonnels pour vous en acquérir d'étrarigers,<br />

qui ne font que des biens imaginaires,<br />

vous êtes injuftes & déraifonnables. Un ami<br />

fidèle & vertueux n'eft-il pas préférable à dé l'argent<br />

? Aidez-moi donc à conferver les véritables<br />

biens, & n'exigez pas de moi des chofes qui me<br />

les fartent perdre. Mais je ne pourrai, ditesvous<br />

, rendre aucun fervice à la Patrie ? De quel<br />

fervice entendez-vous parler ? Je ne ferai point<br />

bâtir de portiques, ni de bains publics ? Ce ne<br />

font pas non plus les Forgerons qui lui fourniffent<br />

des fouliers, ni les Cordonniers qui fabriquent<br />

les armes. Il faut que chacun farte fon métier.<br />

N'eft-ce pas rendre fervice à la Patrie que de lui<br />

donner un Citoyen honnête & vertueux ? vous<br />

ne fçauriez lui faire de préfent pics confidérable.-<br />

Ne dites donc plus : quel rang auTai - je dans la<br />

Ville ? il n'importe quelle place vous y occupiez ,<br />

pourvu que vous foyez un homme d'honneur &<br />

de probité. Mais fi pour être utile à vorrfc<br />

G3


7* E P T C T E T E .<br />

.Patrie, vous vous relâchez de votre vertu, que!<br />

fecours lui pourrez-vous donner, quand vous ferez<br />

devenu perfide & impudent 2<br />

XXXII.<br />

Que vous importe, fi on met quelqu'un à<br />

tablé au-defTus de vous , fi on le falue avant<br />

vous, fi on a plus de déférence pous fes avis<br />

que pour les vôtres ? Si ces chofes font avantage<br />

uf es , vous devez être bien-aife qu'elles lui arrivent;<br />

fi elles font mauvaifes, vous ne devez<br />

point avoir de regret de n'y être pas expofé.<br />

Mais fouvenez-vous que vous n'obtiendrez jamais<br />

les chofes extérieures, quand vous ne ferez pas<br />

les démarches nécefTaires pour les obtenir. Si<br />

vous ne faites pas votre cour aux Grands, ferecvous<br />

traité comme ceux qui la leur font avec affi-<br />

-<strong>du</strong>ité i Si vous ne les datez pas, efpérez - vous<br />

être préféré à ceux qui les endorment par leurs<br />

louanges & leurs fiateries ? Vous feriez injufte %<br />

& déraifonnable de prétendre obtenir ces faveurs<br />

fans donner le prix qu'elles coûtent. Si les laitues<br />

fe vendent une obole au marché, il faut<br />

donner l'obole pour en avoir ; fi vous ne voulez<br />

rien payer, on ne vous en donnera point : mais<br />

vous n'en ferez pas pour .cela plus à plaindre que<br />

celui à qui on en donne ; car s'il a des laitues »<br />

il a fallu 'payer l'obole que vous avez gardée.<br />

Voilà à peu près comme il faut raifonner fur la<br />

matière que nous traitons. Celui qui donne le


£ P l C T E T E. ^<br />

fe(lin,ne vousea a point prié; c'eft .que vous<br />

n'avez pas payé le prix qu'il coûte : il le fallok<br />

acheter par des flateries& une baffe coraplaifaace,<br />

par des afii<strong>du</strong>ités & des foumiflîons. Si la<br />

chofe vous convient à ce prix, donnez ce quïl<br />

faut pour l'obtenir ; carde prétendre l'avoir fans<br />

rien donner, c'eft une prétention vaine & chimérique.<br />

Mais fi vous êtes privé de ce feftin,<br />

-croyez-vous ne rien avoir qui vous le remplace ?<br />

Au moins vous n'avez pas loué contre votre -\<br />

fentimént un homme qui ne mérite point de<br />

louanges : vous n'avez point eu à fouffrir fon in*<br />

folence, & la manière hautaine dont il traite<br />

ceux qui entrent chez lui pour être admis à fa<br />

table.<br />

XXXIII.<br />

Nous pouvons aifément connoître l'inftinct de<br />

la nature par le fentimént que nous avons d«s<br />

chofes qui ne nous touchent point. Si le valet<br />

de votre voifin cafle un verre, vous dites incontinent,<br />

que c'eft un accident ordinaire ; il faut<br />

donc quand on cafle le vôtre, que vous conferviez<br />

le même fans froid que vous aviez lorfqu'on<br />

a cafle celui de votre voifin. Servez-vous<br />

<strong>du</strong> même raifannement dans des affaires plus<br />

importantes. Si la mort enlève la femme, ou<br />

l'enfant d'un homme qui vous touche pen, vous<br />

dites que c'eft un malheur attaché à l'humanité ;<br />

mais fi le même accident arrive à une perfonn*<br />

G4


&> E P I C T E T E .<br />

que vous chériffez, TOUS dites en vous lamentant,<br />

ah ! que je fuis malheureux. Cependant,<br />

TOUS devriez avoir les mêmes fentimens que<br />

Tous aviez, voyant le même accident arriver<br />

à autrui.<br />

XXXIV.<br />

On ne met pas un but pour nous faire égarer ;<br />

de même la nature <strong>du</strong> mal n'eft pas dans le mon*<br />

de pour caufer nos égaremens. Si quelqu'un<br />

livroit votre corps au premier venu, vous auriez<br />

raifon de vous en fâcher. Cependant, vous<br />

mettez vous-même votre ame en proye au caprice<br />

de tout le monde, & vous vous allarmez des<br />

injures qu'on vous dit ; la douleur, la colère,<br />

toutes les partions vous troublent tour-à-tour ,<br />

& vous n'en rougiflez pas ? Voilà pourquoi<br />

avant que de vous embarquer dans une affaire »<br />

confidérez avec attention toutes les circonftances<br />

de votre entreprife, les principes & les<br />

conféquences. Si vous y manquez , l'affaire<br />

réunira peut-être d'abord ; mais, parce que vous<br />

s'en avez pas prévu toutes les fuites, vous n'en<br />

aurez à la fin que de la confufioB.<br />

XXXV.<br />

Vous voulez remporter la viôoire aux Jeux<br />

Olympiques ; en vérité je le voudrois bien aufit,<br />

car cela eft fort glorieux : mats confidérez bien<br />

auparavant toutes les cir confiances, & toutes les<br />

conféquences d'une telle entreprife, avant que


E P I C T E TÊ. ti<br />

de vous y embarquer. Il faudra garder votre<br />

rang exactement; manger pour la pure néceûité,<br />

vous abftenir de toutes fortes de ragoûts,<br />

de boire frais & de boire <strong>du</strong> vin, fi on<br />

vous le permet : il faudra faire l'exercice<br />

aux heures marquées , pendant le chaud ,<br />

pendant le froid : en un mot, il faudra vous<br />

livrer au Maître de la lice comme à un Médecin.<br />

Après ces préparations vous paroîtrez fur la<br />

lice : peut - être on vous bleffera la main , on<br />

vous eftroptera le pied , vous avalerez beaucoup<br />

de pouffiére, on vous donnera des coups de<br />

fouet; après tant de peines vous aurez la honte<br />

d'être vaincu. Quand vous aurez fait toutes<br />

ces réflexions, fi vous perdriez dans le deflein de<br />

combattre, vous pouvez entrer en Lice ; ou<br />

bien vous vous retirerez comme les enfans qui<br />

contrefont les Athlètes, les Joueurs de flûte de<br />

de trompettes, les Gladiateurs , Se les Acteurs<br />

de Tragédies. Voilà ce qui vous arrivera ; vous<br />

ferez Athlète, Gladiateur, Orateur, & enfin<br />

Philofophe fans avoir aucune de ces qualités 4<br />

vous imiterez comme un fmge tout ce que vous<br />

verrez faire aux autres ; vous embraflerez une<br />

profeflion., &. puis l'autre félon que le caprice<br />

vous infph-era, parce que vous n'agiffez peint<br />

après avoir confidéré la fituation des affaires avec<br />

une mûre délibération : vous vous y embarquerez


$2 E F I C T E T E,<br />

«u hazard, entraîne parla légèreté de votre inclraation.<br />

C'eft ainfi que de certaines gens, après<br />

avoir vu un Philofophe , ou après avoir enten<strong>du</strong><br />

quelqu'un qui difoit : Qju* tour ce que Sacrait *<br />

dit, efl plein de fétu ; qui pourra jamais parler avec<br />

tant de raifrn 6» tant de forée? forment le projet<br />

de devenir aufli Philosophes.<br />

XXXVI.<br />

Confidéret avant toutes choses la nature<br />

de l'emploi que vous voulez prendre, 6c les talens<br />

que vous avez pour y réuflir. Si vous voulez<br />

vous mettre au rang des Athlètes, ou des<br />

Luteurs , voyez fi vos bras font nerveux, fi vos<br />

cuifles & vos reins font forts. Les uns font nés<br />

pour un emploi, les autres pour l'autre. Quand<br />

vous vous ferez revêtu <strong>du</strong> caractère de Philofophe,<br />

n'efpérez pas boire & manger, ni taire le<br />

dégoûté comme auparavant : il faut vous réfoudre<br />

à veiller, à travailler, à vous priver de vos<br />

amis , à fouffrir les mépris de vos domeftiques ,<br />

à voir les autres plus honorés que vous , plus,<br />

accrédités auprès des Grands , des Magiftrats,<br />

& des Juges, dans toutes les affaires que vous<br />

aurez. Faites réflexion fur tout cela, & voyez<br />

ù vous n'aimez pas mieux jouir de la liberté , de<br />

la tranquillité, d'une paix qui ne foit jamais troublée<br />

?Si vous choififfez un état par pur caprice ,<br />

prenez gardeque vous ne foyez aujourd'hui Phi.


E P I C T E TE. »?<br />

lofophe, demain Partifân, enfuits Orateur , &<br />

enfin Adtniniftratear de Céfar ; tous ces états ne<br />

s'accordent point. Il faut néceffairemeat que<br />

vous foyez un homme d'honneur , ou un malhonnête<br />

homme, & que vous vous apliquies 1<br />

cultiver votre efprit & votre raifon, ou que<br />

vous vous répandiez au-dehors; H faut vous<br />

renfermer en vous-même pour penfer & pour méditer<br />

, ou vous borner aux chofes extérieures ;<br />

c'eft-à-dire, qu'il faut op ter, être Philofophe, ou<br />

un homme vulgaire.<br />

XXXVII.<br />

La complaisance & les devoirs doivent être<br />

proportionnés à la qualité des perfonnes. Si<br />

c'eft votre Père, vous êtes obligé d'en avoir<br />

foin , d'avoir pour lai de la déférence en toutes<br />

chofes , de fouffrir fes réprimandes & fes mauvais<br />

trattemens. Mais mon Père eft intraitable,<br />

& un méchant homme î La Nature s'eft-elle engagée<br />

à vous donner un Père commode & accompli<br />

? Si votre frère vous fait quelque injaftice,<br />

n'ayez point d'attention à fes mauvais procédés<br />

, & fongez à remplir vos devoirs pour nef<br />

rien faire contre la bienféance de votre état.<br />

•Perfonne ne peut vous off enfer fi vous ne le<br />

voulez ; mais quand vous croirez être bleffé ,<br />

vous le ferez effectivement. Si vous avez de<br />

l'attention au caractère de chaque perfonne, vous<br />

trouverez que vos Voiûns,vos Géoeraux,rempli£r


84 E M C T E T &<br />

fent parfaitement tous leurs devoirs à votre égard*<br />

XXXVIII.<br />

Le point eflentiel de la Religion eft d*hono


E P I C T E T E. 8r<br />

utile, & ils s'affectionnent à ceux qui peuvent<br />

leur faire <strong>du</strong> bien. Il eft impoffible qu'un homme<br />

qui a reçu quelque dommage, regarde de<br />

bon ceil.celui qu'il croit en être l'auteur, & que<br />

le déplaifir qu'il a reçu , lui donne de la joie,<br />

U arrive de là que les eafans difent quelquefois<br />

des paroles injurieufes à leurs pères , quand on<br />

leur refufe les chofes qu'ils envHàgent comme<br />

des biens. C'eft ce qui a allumé une guerre û<br />

funeft.e entre Etéocle & Polinice , parce qu'ils,<br />

regardoient la Royauté comme un grand bien. De<br />

là vient que le Laboureur, le Nautoonier, le Marchand<br />

, ceux qui perdent leurs enfans, ou leurs<br />

femmes, accufent les Dieux de leurs difgraces,<br />

La piété fe trouve plus communément avec la<br />

bonne fortune. Ceux qui n'ont que des defirs<br />

ou des averfioas légitimes, font plus difpofés à<br />

être pieux & gens de bien. Au refte > A faut<br />

que chacun obferve la coutume de fon pays ,'<br />

quand il fait des facrifices ou des offrandes aux<br />

Dieux ; que fes dons foient modeftes & proportionnés<br />

à fon état, fans avarice ni prodigalité:<br />

qu'il ne le faflg pojnt avec indolence ; qu'on n'y<br />

remarque: rien de fordide, ni qui fait au-deffus<br />

de fon pouvoir.<br />

" #X % \%.<br />

Quand vous allez confulter le Devin* vou»<br />

ignorez ce qui doit arriver, & vous n'allez que<br />

DOUX l'aprendre. Mais, û vous étiez Philofor


€5 E P I C T E T E.<br />

phe, TOUS fçaurîez fans lefecours <strong>du</strong> Devin, fi le<br />

fnccès fera heureux ou malheureux ; car, fi la<br />

chofe eft de la nature de celles qui ne dépendent<br />

nullement de nous, elle n'eft ni bonne ni mauvaife<br />

en foi. U faut être dans une parfaite indifférence<br />

, quand vous allez au Devin, fans<br />

defirs, fans averfton ; ou vous n'en aprocherez<br />

qu'en tremblant. Etablirez pour maxime, que<br />

tout événement eft indifférent, comme fi l'affaire<br />

ne vous touchoit pas ; de quelle manière<br />

qu'elle tourne, il ne dépend que de vous d'en<br />

retirer de l'utilité, fans que perfonne vous en<br />

puîné empêcher. Aprochez - vous donc avec<br />

con£ance,lorfque vous venez confulter les Dieux :<br />

quand ils vous auront ren<strong>du</strong> quelque réponfe,<br />

faites attention a la majefté de ceux que vous<br />

avez confultés, & à quoi vous vous expoferiez<br />

en ne leur obéhTant pas. Socrate difoit qu'on ne<br />

devoit confulter l'Oracle que fur des chofes qui<br />

dépendent purement <strong>du</strong> hazard, & dont l'événement<br />

ne peut être prévu , ni par la raifon ,<br />

ni par le fecours de l'art. Il ne faut point<br />

aller au Devin pour fçavoir fi vous devez fe*<br />

courir votre ami ou votre Patrie j qui font en<br />

péril : car s'il vous difoit que les entrailles de<br />

la viâime préfagent quelque chofe de funefte,<br />

& que vous êtes menacé de la mort, ou de l'éxil,<br />

ou de la perte de quelque membre ; ces prédictions<br />

pourraient ralentir vos bonnes réfofo-


E P ! C T E T E. 8*<br />

tiens : cependant la raifon veut que vous facrifijez<br />

tout pour fecourir votre ami ou votrePatrîe»<br />

Confnltez donc l'Oracle Pytkitn qui eft le plu»<br />

fameux de tous, & qui chaûa de fon Temple un<br />

homme aflez lâche pour ne vouloir pas fecourir<br />

fon ami qu'on affaffinoit.<br />

X L.<br />

Prefcrivez-vous une régie & une manière de<br />

vie, qui vous ferve de loi, Stque vous obfervtez<br />

inviolablement, foit que vous foyez devant<br />

'emonde, ou en votre particulier.<br />

X L I.<br />

Aimez à garder le filence ; ne parlez que de<br />

chofes nèceflaires & en peu de paroles. Quand<br />

l'occaûon fe prefentera de parler, que vos difcours<br />

ne roulent point fur des matières frivoles :<br />

ne vous entretenez ni des Gladiateurs, ni des<br />

jeux <strong>du</strong> Cirque, ni des Athlètes, ni <strong>du</strong> boire , '<br />

ni <strong>du</strong> manger, nr de ces chofes triviale» qui font •<br />

la matière des entretiens ordinaires. Mais, fur'<br />

toutes chofes, ne blâmez , ni ne louez , en '<br />

parlant des hommes, & ne faites point de comparaifon.<br />

XLII.<br />

Si vos amis s'entretiennent de chofes qui bieffent<br />

les régies de la bienftance, faites tout ce<br />

qurvous pourrez pour les obliger à changer de<br />

djfcours. ; Si vous, êtes parmi des étrangers, garde*<br />

le filence. : i .J .•• ; w .' i


8? E P I C T i l ' t<br />

X L I I I.<br />

Ne riez point à tous propos, ni long-tems ,"<br />

ni d'une manière trop évaporée.<br />

X L I V.<br />

Evitez tout jurement s'il eft poffible ; ou G<br />

on vous oblige à jurer, faites tous vos efforts<br />

pour vous en difpenfer.<br />

X L V.<br />

Evitez les feftins<strong>du</strong> peuple ; ou fi vous ne pouvez<br />

abfolument vous en difpenfer, ayez de l'attention<br />

fur vous-même & fur vos aâions, pour<br />

ne rien faire qui fente le peuple. Si les mœurs<br />

des perfonnes que vous fréquentez font mal réglées,<br />

les vôtres fe corrompront, quelque régulier<br />

que vous foyez.<br />

X L V I.<br />

Ne vous fervez qu'autant que la néceffité vous<br />

y oblige de tout ce qui regarde le corps, <strong>du</strong><br />

boire. <strong>du</strong>, manger, des habits, des maifons ,<br />

des domeftiques ; ayez plus d'égard auxbefoins<br />

de l'efprit, pour le conferver fain & tranquille.<br />

Abftenez-vous entièrement de tout ce qui entretient<br />

le luxe, les délices, l'oftentation, & la<br />

fotte vanité. . . - .<br />

X L V I I.<br />

. Autant que vous le pourrez , abftenez-vous<br />

<strong>du</strong> plaifir des femmes avant votre mariage ; faites-en<br />

un ufage légitime, & tel que la Loi le<br />

permet. N'infultez point, & ne faites pas dev<br />

réprimandes


E P I C T ' E T E . 89<br />

réprimandes trop aigres à ceux qui ont des foibleffes<br />

en cette matière, & ne vous vantez point<br />

a tout propos de votre fagefle & de votre con»<br />

tinence.<br />

X L V I I L<br />

Si on vous raporte que quelqu'un dit de»<br />

chofes défobligeantes de vous, ne vous amufez<br />

point à faire votre apologie fur ce qu'on a dit :<br />

mais répondez tranquillement, que celui qui a<br />

parlé de la forte ignore mille autres mauvaifex<br />

qualités que vous avez, & qu'il diroit encore<br />

devons bien plus de mal, s'il vous connoifibit<br />

parfaitement.<br />

X L I X.<br />

Un'eft pas néceflaire d'aller fouvent aux théâtres<br />

; mais quand l'occafion d'y aller fe prefentera,<br />

ne témoignez d'empreflement, ni d'inclination<br />

pour perfonne. C'eft-à-dire , foyez content<br />

que les chofes fe faflent de la manière qu'elles<br />

fe font, & que la viâoire demeure à celui<br />

qui a vaincu ; par ce moyen vous ne ferez ni<br />

inquiet ni troublé de tous les événemens. Abftenei-vous<br />

fur toutes chofes de faire de grande<br />

éclats, de grands mouvemens , & des huées-<br />

. comme le peuple. Après que vous vous ferez<br />

retiré, ne parlez point avec émpreffement de<br />

. tout ce qui s'eft patte au théâtre; puifque cela<br />

ae peut fervir à vous rendre plus honnête<br />

Tome III, H


90 E P I C T E T E .<br />

homme, & ne prouve autre chofe finon que<br />

vous ave* trop admiré le fpeâacle.<br />

L.<br />

Ne vous trouvez point aux récits des poèmes<br />

& des harangues. Si on vous en prie , faites<br />

tout votre poflîble pour vous en difpenfer<br />

honnêtement. Quand vous y affifterez, faites-y<br />

paroître la retenue & la gravité que la<br />

bienféancç demande, ne foyez ni fâcheux ni<br />

importun.<br />

L I.<br />

Quand vous aurez quelque chofe à démêler<br />

avec quelque perfonne d'une grande confidération<br />

; avant que de rien entreprendre , penfez<br />

attentivement de quelle manière Sacratt -ou Zenon<br />

, fe feroient comportés dans une pareille conjoncture.<br />

En fuivant de tels modèles , vous ne<br />

ferez rien que de raifonnable & de bien à propos..<br />

LI L<br />

Lotfque vous irez chercher quelque grand<br />

Seigneur, imaginez-vous que vous ne le trouverez<br />

pas chez lui, ou qu'il fe fera renfermé ; que<br />

& porte ne vous fera pas ouverte, & qu'il vous<br />

méprifera. Que fi après «outes ces réflexions il<br />

cft néceflaire que vous y alliez-, fouffrez fans<br />

murmurer tout ce qui vous arrivera r &• ne dites-<br />

'point en vous chagrinant > que vous ne deviez<br />

pas vous donner tant de peine pour fi peu 4e


E P I C T E T E . 5r<br />

chofe. Ce langage n'apartient qu'au peuple &<br />

a un homme trop touché des choies extérieures.<br />

L I I I.<br />

Dans les entretiens que vous aurez avec vos<br />

amis , prenez garde de parler long-tèms de vtfs<br />

hauts faits & des périls que vous avez courus. Si<br />

le récit de vos avantures vous eft doux & agréable,<br />

il ne fait peut-être pas le même plaifir<br />

aux autres.<br />

LIV.<br />

Ne vous chargez point de réemploi de fairte<br />

lire les autres ; vous courriez rifque de tomber<br />

dans des manières baffes & populaires , & de<br />

perdre l'eftime, &lerefpecrqu'on a pour vous."<br />

IV,<br />

Il faut s'abftemr de parler des chofes qui bieflent<br />

l'honnêteté : quand là converfation roule<br />

fur cette matière, faites quelque réprimande , fi<br />

TOUS en trouvez l'occafion, à celui qui a entamé<br />

Jedifcours; ou témoignez par votre filence, par<br />

votre rougeur, par la févérité de votre vifage,<br />

que de pareils difcours vous déplaifent.<br />

L V L<br />

Si l'idée de quelque plaifir vous flatte, modérez-vous,<br />

& mettez-vous en garde, de peur que<br />

cette idée ne vous entraîne : examinez toutes le»<br />

«ircoaftances de la chofe, & prenez <strong>du</strong> tems<br />

pour délibérer. Considérez avec attention la<br />

différence <strong>du</strong> tems «ù vous jouirez de ce plaifir,<br />

H*


9i E P I C T E T E.<br />

& de celui où après en avoir joui vous vous en<br />

repentirez, & vous vous ferez de grands reproches<br />

à vous-même. Ajoutez à ces réflexions<br />

le contentement que vous aurez, & les éloges<br />

que vous mériterez, fi vous avez la force de vous<br />

abftenir de ce plaifir. Quand vous trouverez une<br />

occafion favorable de contenter vos


É P I C T E ' T E . 9?<br />

attention à ce qui flatte votre apétit & votre<br />

goût : il faut aufli-bien prendre garde de ne rien<br />

faire contre la bienféance , •» contre le refpeft<br />

qui eft dû à celui qui donne le repas.<br />

L I X.<br />

Si vous voulez faire un perfonnage qui foit<br />

bien au-deflus de vos forces, vous n'y aurez que<br />

de la confufion, & vous négligerez celui que<br />

vous euffiez pu faire avec honneur.<br />

L X.<br />

Lorfque vous vous "promenez, vous prenez<br />

garde de marcher fur un clou, & de vous bieffer<br />

te pied. Ayez le même foin d'empêcher que<br />

les parlions- n'offènfent votre raifon , qui doit<br />

être la régie de votre vie. Si vous vous- fervez<br />

de cette précaution dans toutes vos entreprifes ,<br />

le fuccès en fera infaillible.<br />

L X I.<br />

Comme le pied eft la mefure <strong>du</strong> foulier, te<br />

corps doit être la mefure des richeffes. Si vous<br />

obfervez cette régie, vous demeurerez toujours<br />

dans des bornes raifonnables:fi vous la panez, vous<br />

tomberez dans le défordre. Si vous prenez des<br />

fouliers plus grands que vos pieds , ou façonnés<br />

avec trop d'art, vous en voudrez d'abord de dorés,<br />

& puis de pourpre, & enfin de brodés avec<br />

des perles. De même pour les richeffes, quand<br />

on a paffé les bornes d'une honnête médiocrité<br />

, on ne garde plus de meûires.


94 E P I C T E T E;<br />

LXIL<br />

Les hommes commencent à apeler leurs maîtrefles<br />

les filles qui om atteint Fâge de quatorze<br />

ans. Voyant donc qu'elles n'ont rien de' mieux à<br />

faire que de plaire aux hommes, pour leur donner<br />

de l'amour elles ont un foin extrême de leur<br />

beauté, & mettent leur plus grande efpérance<br />

dans leurs ajuftemens & leurs parures. Mais il<br />

faut leur faire comprendre , que fi on les refpeâe<br />

& fi on les honore, c'eft principalement à caufe<br />

de leur modeftte & de leur pudeur.<br />

L X I I 1.<br />

Oeil la marque d'un efprit bas & groflier que<br />

de donner trop-de foin aux chofes qui regardent<br />

te corps , aux exercices, à boire, à manger, air<br />

plaifir des femmes, & aux autres fonctions purement<br />

corporelles. Toutes ces chofes ne fe doivent<br />

faire qu'en partant & comme par manière<br />

d'acquit : c'eft à cultiver l'efprit que nous devonsdonner<br />

notre attention.<br />

L X I V.<br />

Quand quelqu'un vous rend de mauvais offices<br />

, ou qu-'il parle mal de vous, perfuadez-vous-<br />

• qu'il croit avoir raifon de le faire. Voulez-vousqu'H<br />

renonce à fon propre fermaient pour fiiivre<br />

te vôtre ? S'il fe trompe dans fon jugement, iï<br />

en eft lui feul puni. Si on regarde comme une<br />

fauffeté-une choie vraye eo elle-même* mai s enveiopée<br />

dTobfcarkés ôc difficile à, démêlée ;, ce


E'PI. C T E T E . jç<br />

Janx jugement ne blefTe point la vérité : il n'y a<br />

que celui qui fe trompe , qui en fouffre. Si<br />

vous êtes bien perfuadé de cette maxime, vous<br />

. fouffrirez avec indolence les difcours onenfans y<br />

&. vous vous direz à vous-même : Cet homme croit<br />

avoir raifan.<br />

L X V.<br />

Chaque chofe a deux cotés : de l'un des deux,<br />

elle paroît fuportable ; de l'autre elle eft infuportable.<br />

Si votre frère vous fait quelque injuftice,<br />

ne l'envifagez point de ce coté-là. comme<br />

lin homme injufte à votre égard ; car vous lfr<br />

trouveriez infiiportable. Mais fongez qu'il eft<br />

votre frère , que vous avez été élevés enfemble^<br />

Si vous envifagez de ce côté-là. Ton procédé, il'<br />

TOUS paroîtra fuportable.<br />

L X V I.<br />

G'eft mat raîrbnner que de dire : Je fuis fins<br />

rickt que vous; & ain.fi j'ai plus Je mérite quevous<br />

: Je fuis plus éloquent; purconfequtttt je fais<br />

plus honnête homme. Mais cette cônféquence eft<br />

bien tirée: Je fuisplus riche que vous; ainÇmcr<br />

nchtfftsfurpoffenl les vôtres : Je fuis plus éloquent,.<br />

mes difcours valent mieux que les vôtres. Mais que<br />

vous importe fi vous ne vous foutiez , ni de-<br />

«kheûes » ni d'éloquence i<br />

L X V 11.<br />

Quelqu'un fe met dans le bain avant l'heure ;:<br />

•édites pas qu'il fe lave mal J dites qu'il fe lave


96 E M C T E T Ê<br />

de bonne heure. Si un autre boit beaucoup de<br />

vin , ne dites pars qu'il fait mal de boire de la<br />

forte ; dites amplement qu'il boit beaucoup.<br />

Comment pouvez-vous fçavotr qu'il fait mal, â<br />

vous ignorez le motif qui le fait agir ? Si vous<br />

avez cette retenue dans vos jugemens, vous<br />

approuverez & vous ne condamnerez rien fan»<br />

être bien fur de votre fait.<br />

L X V I I I.<br />

Ne vous donnez point pour Philosophe ;<br />

parlez • rarement devant le vulgaire & devant<br />

les ignorans des maximes que vous fuivez.<br />

Quand vous êtes à un feftin-, ne faites pas<br />

une diflertation fur les bienféances qu ! on doit observer<br />

à table: contentez-vous de manger proprement.<br />

C'eft ainfi que Socratt fe défit entièrement<br />

<strong>du</strong> fafte & de Toftentation. Ceux qui venoient<br />

le prier de les recommander aux autres<br />

Philofophes, H les y con<strong>du</strong>ifoit avec beaucoup<br />

d'honnêteté, ne fe fouciant pas qu'on préférât<br />

l'école & la doârine des autres à la fienne.<br />

L X I X.<br />

Si on parle devant des Ignorans de quehque<br />

axiome de Philofophie , gardez un profond<br />

ftlence , de peur que vous ne pro<strong>du</strong>iriez<br />

fur le champ ce que vous n'avez pas affez<br />

bien digéré. Si on vous reproche que vous<br />

ne fçavez rien, fans que vous vous mettiez en<br />

peine d'étaler votre fetence, vous commencez


E P I C T E T E. 97<br />

à mettre en pratique les préceptes de la fageffe.<br />

Les brebis ne rejettent pas l'herbe pour <strong>mont</strong>rer<br />

aux Bergers ce qu'elles ont mangé ; mais<br />

après l'avoir bien digérée au-dedans , elles donnent<br />

de la laine & <strong>du</strong> lait à leurs maîtres. N'ex*<br />

p.qfez point vos maximes devant des Ignorans ;<br />

mais laites voir par vos actions que vous en êtes<br />

tout pénétré.<br />

LXX.<br />

Si vous êtes fobre & accoutumé à vous parter<br />

de peu , n'en ayez point de vanité. Si vous ne<br />

buvez que de l'eau , ne vous en vantez pas à<br />

tout propos. Si vous voulez vous exercer au travail<br />

, faites-le en particulier, &ne vousfouciez<br />

pas que les autres vous regardent. N,'enibraflez<br />

pas les fiatues devant le monde pendant i'hiver.<br />

Quand vous fentirez une foif extrême, mettez<br />

de l'eau fraîche dans votre bouche, & rejettezla<br />

auffi-tôt fans l'avaler ; mais n'en dites mot à<br />

perfonne.<br />

LXjXI.<br />

Un homme vulgaire & ignorant ne trouve point<br />

dans lui-même, ou fon mil, ou fon bien: il l'attend<br />

des chofe* <strong>du</strong> dehors. Un Philofophe trouve<br />

dans Confond fon utilité ou fon défavantage ,<br />

& ne l'attend de perfonne. -<br />

LXXII.<br />

Ce font des fignés qu'on avance dans l'étude<br />

ie la fageffe, de ne cenfurer,de ne louer,de<br />

Tome III. I


$8 E P I C T E T E .<br />

ne blâmer, de n'accufer perfonne ; de ne point<br />

parler de fon propre mérite, ni de Ton fçavoir »<br />

de ne s'en prendre qu'à foi-même dans les embarras<br />

& lestraverfes qui furviennent ; de fe moquer<br />

en fecret de ceux qui lui prodiguent des<br />

louanges ; de ne point faire d'apologies quand on<br />

le reprend. Il en ufe comme les convalefcens<br />

qui fe ménagent pour ne pas irriter les humeurs<br />

avant que leur famé foit bien rétablie. Il eft le<br />

maître abfolu de {es defîrs ; il n'a d'averfion que<br />

pour ce qui eft contraire à la nature des chofes<br />

qui dépendent de lui : il ne fouhaite point les<br />

chofes avec trop d'empreffement. Si on le traite<br />

d'imbécile & d'ignorant, il ne s'en met pas en<br />

peine. Enfin , il eft en garde contre lui-même<br />

comme contre un efpion, ou contre un ennemi<br />

domeftique.<br />

LXXIII.<br />

Lorfque quelqu'un fe vante d'entendre & de<br />

ne pouvoir expliquer les Livres de Chryfîppe }<br />

dites en vous-même : Si Chryfippe n'eût pas<br />

écrit obfcurément, cet homme n'aurait point à<br />

fe glorifier. Mais pour moi, qu'eft-ce que je cherche<br />

? je tâche de connoître la nature, & de la<br />

fuivre. Je cherche donc un guide qui me con<strong>du</strong>ife<br />

: & quand j'aptens que Chryfippe en eft<br />

l'interprète, j'ai recours à lui; mais fi je n'entens<br />

pas ce qu'il a écrit, je m'adrelTe à- quelqu'un<br />

qui m'en facilite l'intelligence. jtafqpeft


Ë P I C T E T E . 99<br />

ici je n'ai encore rien fait de fort considérable :<br />

& quand j'aurai trouvé un homme qui m'explique<br />

ce philofophe , il me refiera encore à mettre fes<br />

préceptes en pratique: c'eft-là l'eflentiel ; car,<br />

fi je me contente d'admirer l'explication des Livres<br />

de Chryfippe, je deviens Grammairien au<br />

lieu de devenir.Philofophe, avec cette différence<br />

qu'au lieu HHomère j'explique Chryfippe, Il eft<br />

bien plus honteux pour moi de ne pas faire des<br />

aâions conformes à fes préceptes, que de ne pas<br />

entendre fa doctrine.<br />

LXXIV.<br />

Attachez-vous à tous les préceptes qu'onapro-î<br />

pofés, comme à des loix que vous ne fçauriez vio«<br />

1er uns quelque forte d'impiété. Ne vous étonr<br />

nez point de tout ce qu'on dira, puifque cela ne<br />

dépend pas de vous , & que vous ne fçauriez<br />

l'empêcher.<br />

LXXV.<br />

Jufqu'à quel tems différerez-vous de mettre en<br />

pratique.ces excellensjprécepte* ? Quandceflerezvous<br />

de violer les régies de la droite raifon i<br />

On vous a inftruit des maximes que vous devez<br />

fuivre ; vous les avez acceptées. Attendez-vous<br />

encore quelque nouveau maître pour commencer<br />

à réformer vos mœurs î Vous n'êtes plus un enfant<br />

, vous êtes déjà un homme mûr. Si vous<br />

tombez dans l'indolence & dans l'inaction : fi<br />

TOUS différez de jour en jour à pratiquer ces<br />

la


IOO E P I C T E T E.<br />

préceptes: fi vous cherchez de nouvelles excufes<br />

ppur vous en difpenfer: fi toutes vos réfolutions<br />

font fans effet, vous vivrez & vous mourrez com"<br />

ne un Sot , & fans vous apercevoir que vous<br />

n'avez fait aucun progrès dans l'étude de la fagefle.<br />

Commencez donc tout maintenant à vivre<br />

comme un homme qui profite, & qui veut<br />

fe perfectionner. Suivez toujours ce qui eft de<br />

plus parfait ; & que cette maxime foit une loi<br />

inviolable pour vous. Quand il fe prefentera<br />

quelque chofe de pénible , ou d'agréable, de<br />

glorieux , ou de déshonorant ; fouvenez - vous<br />

que c'eft ici le tems de combattre, comme fi les<br />

Jeux Olympiques étoient ouverts, &. qu'il n'eft<br />

plus tems de reculer : il faut vaincre ou périr ;<br />

votre avancement ou votre ruine dépend <strong>du</strong><br />

gain ou de la perte de la victoire. C'eft ainfi que<br />

Socrate eft parvenu au plus beau point de la fageffe<br />

, & fe fervant de toutes les occafions de s'avancer<br />

, & n'écoutant point d'autres confeils que<br />

ceux de la droite raifon. Quoique vous ne foyez<br />

pas encore auffi parfait que Socrate , vous devei<br />

commencer à vivre comme un homme qui defire<br />

égaler fa fageffe.<br />

LXXVI.<br />

La première & la plus néceflaire partie de la<br />

Philofophie eft celle qui traite de lufage des préceptes<br />

, comme de ne point mentir. La féconde


E P I C T E T E. idi<br />

eft celle qui traite des défnonftrations , & qui<br />

<strong>mont</strong>re les raifons pourquoi il ne faut point mtntir.<br />

La troifiéme foutient & confirme les deux<br />

autres; elle examine pourquoi telle chofe eft dètnonftration<br />

; ce que c'eft que démonftration ,<br />

conféquence, difpute , vérité, fàuffeté. Cette<br />

troifiéme partie eft néceffaire pour la féconde :<br />

la féconde l'eft pour la première. Mais la première<br />

eft la plus néceffaire de toutes , & celle<br />

où on doit s'arrêter davantage. Cependant nous<br />

faifons tout le contraire ; nous nous apliquons<br />

plus particulièrement à la troifiéme : c'eft à cellelà<br />

que nous donnons tous nos foins, négligeant<br />

abfolument la première. Nous fçavons prouver<br />

par de bonnes raifons pourquoi il ne faut pas<br />

mentir ; cependant nous ne laiffons pas de mentir<br />

aflez fouvent.<br />

LXXVII.<br />

Quand vous faites quelque projet & que vous<br />

entreprenez quelque affaire , répétez jfouvent<br />

ces paroles : Que Dieu con<strong>du</strong>ife mes pas félon<br />

la volonté <strong>du</strong> Deftin ; j'y acquiefcerai fans peine<br />

& fans réfiftance : fi je refufe de m'y foutnettre «<br />

'1, faudra bien céder malgré moi.<br />

LXXVIII.<br />

C'eft être fage que de céder habilement à la<br />

néceflïté ; c'eft connoître les miftéres & les fecrets<br />

de Dieu.<br />

13


*0* E P I C T E T E.<br />

LXXIX.<br />

Voici encore, mon cher Cr'uon, une maxime<br />

bien importante. Que la volonté des Dieux<br />

s'accompliiTe toujours. Anytus & Mtlhitu peirvent<br />

m'ôter la vie , mai* ils ne fçanroîent m*<br />

faire de tort.<br />

%;fç#


CON* t,ct\;^


&


104 C O N F U C I U S.<br />

eftimoit le plus & qu'il trouva lui-même les meilleurs,<br />

il en tira les plus excellentes inftruûions -<br />

dans le deffein d'en profiter lui-même le premier<br />

d'en faire les régies de fa con<strong>du</strong>ite , & de les<br />

propofer >nfuite aux autres. A l'âge de vingt<br />

ans il fe maria, & eut un fils nommée Peyu, qui<br />

mourut âgé de cinquante ans. Ce fut le feul enfant<br />

qu'il eut ; mais fa race ne s'éteignit pas pourtant<br />

, il lui refta un petit-fils apellé Cufu qui ne<br />

fe rendit pas indigne de fes Ancêtres. Cufu s'attacha<br />

à la Philofophie : il commenta les livres<br />

de fon Aïeul, il fut élevé aux premières char.<br />

ges, &fa maifon s'eftfi bien foutenue, fesdefcendans<br />

ont été toujours fi confîdérables , &par<br />

leurs dignités & par leur opulence, que cette'famille<br />

encore aujourd'hui eft, une dés pltts illufr<br />

très familles de la Chine.<br />

Confucius exerça la Magiftrature en divers<br />

lieux avec beaucoup de fuccès , & avec une<br />

grande réputation. Comme il n'avoiteavue que<br />

l'utilité publique , & la propagation de fa doctrine<br />

, il ne cherchoit point la vaine gloire en ces<br />

fortes d'emplois. Auffi lorfqu'il ne parvenoit pas<br />

à fon but, lorfqu'il remarquent qu'il s'étoit trompé<br />

dans l'efpérance qu'il avoit conçue de pouvoir<br />

répandre plus aifément fes lumières, d'un<br />

lieu élevé, il en defeendoit, il renonçoit à la<br />

charge de Magiftrat.<br />

Ce Philofophe eut jufqu'à trois mille Difcir


C O N F U C I U S: icf<br />

pîes l entre lefquels il y en eut cinq cens qui remplirent<br />

les charges les plus éminentes en divers<br />

Royaumes, 6k foixante-douze d'une vertu & d'un<br />

fçavoir fi extraordinaires, que les Annales ont<br />

cônfervé leurs noms, leurs iurnoms, & les noms<br />

même de leur Patrie. Il divifa fa Doârine en quatre<br />

parties ; fi bien que l'Ecole de Confucius 'étoit<br />

compofée de quatre ordres de Difciples. Ceux<br />

<strong>du</strong> premier ordre s'apliquoient à cultiver la vertu,<br />

& à s'en imprimer de fortes habitudes dans<br />

l'efprit & dans le coeur. Ceux <strong>du</strong> fécond ordre<br />

s'attachoient à l'art <strong>du</strong> raisonnement & à celui<br />

de bien parler. Les troifiémes faifoient leur étude<br />

de la Politique. Et le travail & l'occupation<br />

des Difciples <strong>du</strong> quatrième ordre, étoit d'écrire<br />

d'un ftile poli & éxaâ, ce qui regardoit la<br />

con<strong>du</strong>ite des mœurs. Parmi ces foixante & douze<br />

Difciples, il y en eut qui fe diftinguérènt, &<br />

dont les noms & les Ecrits font en grande vénération»<br />

Confucius , dans toute fa doctrine , n'avoit<br />

pour but que de diffiper les ténèbres de l'efprit,<br />

bannir les vices, rétablir cette intégrité qu'il affuroit<br />

avoir été un préfêttjàu. Ciel ; & pour parvenir<br />

plus facilement à ce but,il exhortoit tous<br />

.ceux qui écoutoient fes inftruftions, à obéir au<br />

Gel, à le craindre, à le fervir , à aimer fou<br />

'prochain comme foi-même , à fe vaincre, à'foumettre<br />

fes paffions à la raifon, à ne faire rien,


te* C O N I U C I C J .<br />

4 ne penfer rien qui lui fut contraire. Et ce<br />

qu'il y avoit de plus remarquable, il ne recommandott<br />

rien aux autres, ou par écrit, ou de<br />

rive voix, qu'il ne pratiquât premièrement luimême.<br />

Aufli fes Difciples avoient-ils pour lui<br />

une vénération fi extraordinaire, qu'ils ne faifoient<br />

pas quelquefois difficulté de lui rendre des<br />

honneurs , qu'on n'avoit accoutumé de rendre<br />

qu'à ceux qui étoient élevés fur le Trône : nous<br />

en. alléguerons un exemple. Cétoit une ancien'<br />

ne coutume, parmi les Chinois, de placer les<br />

lits des malades <strong>du</strong> coté dn Septentrion ; mais<br />

parce que cette fituation étoit la fituation de»<br />

Kts des Rois, lorsqu'un Roi vifitoit un malade,<br />

Fon remtttoit te lit <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> Midi ; & c'eût<br />

été une efpéce de crime de ne le point faire*<br />

Confucius a eu des Difciples qui lui ont ren<strong>du</strong>»<br />

dans leurs maladies, un femblable hommage*<br />

Nous n'oublierons pas ici une chofe fort remarquable<br />

que raportent les Chinois. Ils drfent que<br />

Confucius avoit coutume de dire de tems en<br />

tems tque l'homme faint étoit datuFOcciient. Quelle<br />

que fût fa penfée, il eft certain que foixante<br />

& cinq ans après la naiffance de Jefus-Chrift,<br />

FEmpereur Mimti, pouffé par les paroles <strong>du</strong><br />

Philpfophe , & plus encore, comme l'on dit, par<br />

l'Image <strong>du</strong> Saint Héros qui lui aparuten fongsr<br />

envpya deux Ambafladeurs dans l'Occident,pour<br />

y chercher le Saint & la fainte Loi ; Mais ces


C O N F U C I t ï ï ; 107<br />

'Ambaffadeurs ayant abordé à une certaine Me<br />

«lui n'étoit pas fort éloignée de la Mer rouge,<br />

n'ayant pas ofé pouffer plus loin, ils s'aviférent<br />

de prendre une certaine Idole qu'ils y trouvèrent<br />

, la ftatue d'un Philofophe apellé Foe Kia»<br />

qui avoit paru dans les Indes, environ cinq cens<br />

ans ' avant Confucias, & aportérent dans la<br />

Chine avec l'Idole de Foc,te Doârine qu'il avoit<br />

enfeignée. Que leur AmbafTade eût été heureufe,<br />

û au lieu de cette Doârine ils fuffent retournés<br />

dans leur patrie avec la Doârine falutaire<br />

de Jefus - Chrift, que Saint Thomas enfeigndif<br />

pour 1ers dans les Indes ! Mais cette divine<br />

lumière n'y devoit pas encore être portée. Depuis<br />

ce malheureux tems , la plupart des Chinoi»<br />

ont fervi les Idoles , & la fuperftition & l'Idolâtrie<br />

ayant fait tous les jours de nouveatx<br />

progrès, ils fe font éloignés peu-S-peu de la<br />

Doârine de leur Maître ; ils ont négligé les excellentes<br />

inflruâions des Anciens : & enfin, étant<br />

venus jufqu'à méprifertoute forte de Religion»<br />

Us font tombés dans l'Athéïfme. Auffi ne pou-.<br />

voient-ils faire autrement, enfuivant l'exécrable<br />

Doârine de Foe , car cet Impofteur enfeignoit,<br />

que le principe & la fin de toutes chofts<br />

iloit le ruant.<br />

Pour revenir à Confucius, dont la Doârine a<br />

été fi opofée à celle de Foe & de fes Seâateu»,<br />

«et illuûre Philofophe qui étoit fi néceûaire ai*


lo? C O N F U C I U S.<br />

Patrie, mourut l'an 73. de fonâge. Peu de tem*<br />

avant la maladie qui le ravit aux Chinois , il<br />

déploroit avec une grande amertume d'efprit, les<br />

defordres de fon tems, & il exprimoit fespenfées<br />

& fa douleur par un vers qui peut être tra<strong>du</strong>it<br />

de cette manière : O grande <strong>mont</strong>agne ! il<br />

entendoit fa doctrine , O grande <strong>mont</strong>agne , qu'estu<br />

devenue ! Cette importante machine a été renverfée<br />

; hélas ! il n'y a plus de fages, il n'y a plus<br />

dejaintsl Cette réflexion l'affligea fi fort, qu'il<br />

en devint tout languiffant ; & fept jours avant fa<br />

mort, fe tournant <strong>du</strong> côté de fes Difciples, après<br />

avoir témoigné le déplaifir qu'il avoit de voir que<br />

les Rois, dont la bonne con<strong>du</strong>ite étoit A néccffaire,<br />

& d'une fi grande conséquence , n'obfer-<br />

•oient pas fes instructions & fes maximes , il<br />

ajouta douloureufcment, puïfquc les chofesvont<br />

de la font , il ne me refie plus qu'à mourir* Il<br />

n'eut pas plutôt proféré ces paroles, qu'il tomba<br />

dans une létargiequï ne finit que par la mort.<br />

Confucius fut enfêveli dans fa Patrie, dans le<br />

Royaume de Lu, où il s'étoit retiré avec fes plus<br />

chers Difciples. On choifit pour fon fépulchre<br />

un endroit qui eft proche de la ville de Kiofeu f<br />

au bord <strong>du</strong> fleuve Su, dans cette même Académie<br />

où il avoit coutume d'enfeigner, & que l'on<br />

voit encore aujourd'hui toute entourée de mur<br />

railles, comme une ville conûdérable.


C O N F U C I U S. 109<br />

On ne fçauroit exprimer l'affliction que caufa •<br />

la mort de ce Philofophe à fes Difciples. Ils le<br />

pleurèrent amèrement ; ils prirent des habits lugubres<br />

, & furent dans un fi grand ennui, qu'ils<br />

négligeoient le foin de leur nourriture & de leur<br />

vie. Jamais bon père n'a été plus regreté, par<br />

des enfans bien nés & bien élevés, que Confieras<br />

le fut par fes Difciples. Ils furent tous dans<br />

le deuil & dans les larmes, un an entier : il y en<br />

eut qui le furent <strong>du</strong>rant trois ans ; & même<br />

il s'en trouva un qui pénétré plus vivement que<br />

les autres de la perte qu'ils avoient faite, ne<br />

bougea , de fix ans, de l'endroit où fon Maître<br />

avoit été enféveli.<br />

On voit dans toutes les Villes, des Collèges<br />

magnifiques qu'on abâtis en l'honneur deConfucius,<br />

avec ces Infcriptions & d'autres femblables,<br />

écrites en gros cara&éres & en caraftéres d'or.<br />

Au grand Maître. A Villuflre Roi des Lettres.<br />

Au Saint. Ou ce qui eft la même chofe chez :<br />

les Chinois, A celui qui a été doué d'une fagejpc<br />

extraordinaire. Et quoi qu'il y ait deux mille ans<br />

que ce Philofophe n'eft plus, on a une fi grande<br />

vénération pour fa mémoire, que les Magiftrats'ne<br />

paffent jamais devant ces Collèges,qu'ils -<br />

ne faffent arrêter les Chaifes fupecbes où ils font<br />

portés par diftinâion. Us en defeendent , & -<br />

agrès s'être profternés quelques momens , ils<br />

continuent leur chemin en faifant quelques pas à


no C O N F U C I U S .<br />

pié. Il n'y a pas même jufqa'aux Rois & aux<br />

Empereurs qui ne fe faflent honneur quelquefois<br />

de vifiter eux-mêmes ces Edifices où font gravés<br />

les titres de ce Philofophe, & de le faire même<br />

d'une manière éclatante. Voici des paroles (art<br />

remarquables de l'Empereur Yumlo, qui a été le<br />

troifiéme Empereur de la précédente famille apelée<br />

Mim. Il les prononça un jour qu'il fe difpofoit<br />

à aller à un de ces Collèges dont nous<br />

avons déjà parlé. Je vénère le Précepteur des<br />

Rois & des Empereurs. Les Empereurs & les<br />

Rois font les Seigneurs &les Maîtres des peuples;<br />

mais Confucius a propofé les véritables moyens de<br />

con<strong>du</strong>ire ces mêmes peuples, & dinflruire les ficelés<br />

à venir. Il efl donc à propos que j'aille au<br />

grand Collège , 6> que j'offre là des prèfens à ce<br />

grand Maître qui n'ejl plus , afin que je fajfc connaître<br />

combien j'eflime les Lettres , & combien<br />

frflime leur doftrine. Ces marques extraordinaires<br />

de vénération perfuadent que la vertu & le<br />

mérite de ce Philofophe ont été extraordinaires.<br />

Et certes cet excellent homme avoit auffi des<br />

qualités admirables. Il avoit un air grave &<br />

modefte tout enfemble : il étoit fidèle, équitable<br />

, gai, civil, doux, affable , & une certaine<br />

férénité, qui paroiflbit fur fon vifage , lui gagnoit<br />

les cœurs, & lui attiroitle refpeâ de tous<br />

ceux qui le regardoient. Ils parloit peu , & il<br />

méditoit beaucoup. Il s'apliquoit fort à l'étude»


C: CL N F U C I U S. tit<br />

Éros pourtant fatiguer fon efprit. Il méprifoit<br />

les richefles & les honneurs , lorfque c'étoient<br />

des obftacles à fes deffeins. Tout fon plaifir<br />

étoitd'enfeigner & de faire goûrerfa doôrineà<br />

beaucoup de gens. Il étoh plus févére pour foi<br />

que pour les autres. Il avoit une attention continuelle<br />

fur lui-même, & étoit un Cenfeucfort<br />

rigoureux de fa propre con<strong>du</strong>ite. Il fe blâmoit<br />

de n'être pas affez aŒ<strong>du</strong> à enfeigner ; de ne travailler<br />

pas avec affez de vigilance à corriger fes<br />

défauts, & de ne s'exercer pas comme il falloir ,<br />

dans la pratique des vertus. Enfin il avoit une<br />

vertu qu'on trouve rarement dans les grands<br />

hommes, fçavoir, l'humilité : car non-feulement<br />

il parloit avec une extrême modeftie de foi, &<br />

de tout ce qui le regardcit, mais auffi il difoit<br />

devant tout le monde avec une fincérité finguliére,<br />

qu'il ne ceffoit point d'aprendre, & que la<br />

doctrine qu'il enfeignoit n'étoit pas la fiennu ,<br />

que c'étoit la doctrine des Anciens. Mais fes<br />

livres font fon véritable portrait, nous Talions<br />

fcire voir par cet endroit-là.<br />

Recueil des ouvrages de Confucius.<br />

Le premier livre de Confucius a été mis en<br />

lumière par l'un de fes plus célèbres Difciples<br />

nommé Cemeu ;& cet habile Difciple y a ajouté<br />

de fort beaux Commentaires. Ce livre eftcom-


in C O N F U C I U S.<br />

me la porte, par ou il faut parler pour parvenir<br />

à la plus fublime fageffe, & à la vertu la plus<br />

parfaite. Le Phiiofophe y traite de trois chofes<br />

confidérables. i. De ce que nous devons faire<br />

pour cultiver notre efprit & régler nos mœurs,<br />

a. De la manière avec laquelle il faut inftruire<br />

& con<strong>du</strong>ire les autres ; & enfin, <strong>du</strong> foin<br />

que chacun doit avoir de tendre vers le fouve-"<br />

rain bien , de s'y attacher, de s'y repofer, pour<br />

ainfi dire.<br />

Parce que l'Auteur a eu deflein , fur-tout,<br />

d'adreffer fes enfeignemens aux Princes |& aux<br />

Magiftrats qui peuvent être apellés à la Royauté<br />

• le livre a pour titre Ta-Hio , comme qui<br />

diroit, la grande Science.<br />

Le grand fecret, dit Confucius, pour acquérir<br />

la véritable fcience , la fcience par conféquent<br />

digne des Princes, & des perfonnages les plus<br />

illuftres, c'eft de cultiver & polir la raifon qui<br />

eft un préfent que nous avons reçu <strong>du</strong> Ciel. La<br />

concupifcence l'a déréglée, il s'y eft mêlé plu-<br />

Ceurimpuretés. Otez-en donc ces impuretés,<br />

afin qu'elle reprenne fon premier luftre, & ait<br />

toute fa perfection. C'eft-là le fouverain bien.'<br />

Ce n'eft pas allez. Il faut de plus, qu'un Prince<br />

, par fes exhortations & par fon propre exemple<br />

, faffe de fon peuple comme-un peuple nouveau.<br />

Enfin j après être parvenu , par de grands<br />

foins, à cette fouveraine perfection, à ce fouve-<br />

niar


C O N F U C I U S. 113<br />

rain bien, il ne faut pas fe relâcher ; c'eft ici<br />

que la perfévérance eft abfolument néceflaire.<br />

Comme d'ordinaire les hommes ne fuivent pas<br />

les voyés qui peuvent con<strong>du</strong>ire à la poffeflîon <strong>du</strong><br />

fourerain bien , & à une pofïeffion confiante &<br />

éternelle. Confucius a crû qu'il étoit] important<br />

de donner Ià-deffiis des inftruâions.<br />

Il dit, qu'après qu'on a connu la fin à laquelle<br />

on doit parvenir, il faut fe déterminer, &<br />

tendre fans cefle vers cette fin , en marchant<br />

dans les voyes qui y con<strong>du</strong>ifent; en confirmant<br />

tous les jours dans fon coeur, la réfolution<br />

qu'on a formée d'y parvenir , & en la confirmant<br />

fi bien , qu'il n'y ait rien qui la puifle<br />

ébranler tant foitpeu.<br />

Quand vous aurez affermi de la forte votre<br />

efprit dans ce grand defTein , adonnez - vous,<br />

ajoute-t'il, à la méditation : raifonnez fur toutes<br />

chofes, en vous-même : tâchez d'en avoir des<br />

idées claires : confidérez distinctement ce qui fe<br />

prefente à vous : portez-en fans préjugé , des<br />

jugemens folides : pefez tout , examinez tout<br />

avec foin. Après un examen & des raifonnemens<br />

de cette nature, vous pourrez aifément<br />

parvenir au but, oji il faut que vous vous arrêtiez,<br />

à la fin à laquelle vous vous devez tenir<br />

attaché, fça voir, «une parfaite conformité detoutes<br />

vos aôions avec ce que iaraifonfuggére.'<br />

A l'égard des moyens qu'un Prince doit em-<br />

Tome III. K


f M CONFUC1US.<br />

ployer, pour purifier & polir fa raifon , afin quefa<br />

raifon étantainfi difpofée, ilpuiffe con<strong>du</strong>ire<br />

fes Etats , & redreffer & polir la raifon de fei<br />

peuples, le Philofophe propofe de quelle maniér<br />

e les anciens Rois fe con<strong>du</strong>ifoient.<br />

Ils tàchoient, dit-il « pour être un jour en<br />

état de bien gouverner tout leur Empire , de<br />

bien con<strong>du</strong>ire un Royaume particulier , & de<br />

porter ceux qui le compofoient à cultiver leur<br />

raifon & à agir comme des créatures douées<br />

d'intelligence. Pour pro<strong>du</strong>ire cette rérbrmatios<br />

dans ce Royaume particulier, ils travarlloient à<br />

celle de leur famille, afin qu'elle fervît de modèle<br />

à tous les fujets de ce Royaume. Pour réformer<br />

leur famille ; ils prenoieat un foin extraordinaire<br />

de polir leur propre peribnne r & decompofer<br />

fi bien leur extérieur, qu'ils ne difent<br />

rien, qu'ils ne Ment rien qui pût choquer tant<br />

foit peu la bienféance , & qui ne fut édifiant ,<br />

afin, qu'il» raflent eux-mêmes une régie & na><br />

exemple -expofé fans celle aux yeux de leurs dor<br />

meftiques & de tous leurs Caurtirans. Pour<br />

parvenir à cette perfection extérieure, ils travail*<br />

loient à rectifier leur efp rit, en réglant ôt domptant<br />

leurs pâmons ; parce que les pallions, pour<br />

l'ordinaire, éloignent l'efprk de fa droiture naturelle,<br />

Tabbaiflent, & le portent à toute forte<br />

de vices. Pour rectifier leur efprit > pour régler<br />

& dompter leurs pâmons., ils-fàifoient en forte


C O N F U C ï US. rir<br />

que leur volonté fe portât toujours vers le<br />

Bien , & ne fe tournât jamais vers le mal.<br />

Enfin, pour difpoferainii leur volonté , ils s'é«<br />

tudioient à éclairer leur entendement, & à l'éclairer<br />

fi bien, qu'ils n'ignorafient rien, s'il étoi^<br />

poffible, car enfin, pour vouloir, pour defirer^<br />

pour aimer, pour haïr, il faut connoître ; c'eft la-<br />

Philofophie de la droite raifon.<br />

C'eft ce que propofoît Confucius aux Prince»,'<br />

pour leur aprendre à rectifier & polir , premièrement<br />

leur raifon , & enfuite la raifon<br />

& la perfonne de tous leurs Sujets. Mais<br />

afin de faire plus d'irnpreffion , après être 1<br />

defcen<strong>du</strong> par degrés, de lafage con<strong>du</strong>ite de tout<br />

FEmpire , jufqu'à la perfection de l'entende-<br />

-ment, il re<strong>mont</strong>e , par les mêmes dégrés> de<br />

Pentendement éclairé jufqu'à l'état heureux dé<br />

tout l'Empire. Si , dit-il , l'entendement'd'uni<br />

Prince eflr bien éclairé, fa volonté ne fe portera<br />

que vers le bien:foname fera entièrement rec*<br />

tifiée , il n'y aura aucune pafHon qui lui puiffe<br />

faire perdre fa rectitude -.rame étant ainfi. recti^<br />

fiée T il fera compofé dans fon extérieur, orr né<br />

remarquera riea en fa perfonne qui poiffe choquer<br />

la bienféance:fa perfonne étant ainfi- perfeétionnée<br />

, fa famille feformantjfur ce modèle *<br />

fe réformera & fe polir* : fa famille étant parve*<br />

•uë à cette perfection, elle fervira«Féxempleàv<br />

tous les Sujet^dta Rdfaam* particulier, Stcea*


n6 C O NFU C I U S;<br />

qui compofent le Royaume particulier , à tous<br />

ceux qui compofent le corps de l'Empire. Ainfî<br />

tout l'Empire fera bien réglé ; l'ordre & la juftice<br />

y régneront ; l'on y jouira d'une paix profonde<br />

, ce fera un Empire heureux & floriffant.<br />

Confuçius avertit enfuite , que ces enfeignemens<br />

ne regardent pas moins les Sujets,que les Princes;<br />

& après s'adreffant précifément aux Rois , U<br />

leur dit : qu'ils doivent s'attacher particulièrement<br />

à bien régler leur famille, à en avoir foin,<br />

à la réformer : Car, ajbute-t'il, i/ ne fi pas pojfir<br />

ble que celui qui ne fçait pat con<strong>du</strong>ire & ré/ormer<br />

fa propre famille , puiffè bien con<strong>du</strong>ire & ré<br />

former un peuple.<br />

Voilà ce qu'il y a de plus important dans la<br />

doârine de Confuçius contenue dans le premier<br />

livre, 5c qui eft le texte, pour ainfi (dire , fur<br />

lequel CentçH fon Commentateur a travaillé.<br />

Ce célèbre Difciple, pour expliquer & éten.<br />

dre les enfeignemens de fon Maître , allègue<br />

des autorités & des exemples qu'il tire de<br />

trois livres fort anciens, & fort eftimés par les<br />

Chinois.<br />

Le premier livre dont il parle, qui eft pourtant<br />

moins ancien que les autres , a pour titre<br />

Camcao, & fait une partie des Chroniques , de,<br />

l'Empire de Chtu. Ce livre a été compofé par<br />

un 'Prince apejé Vùvâm fils <strong>du</strong> - Roi Vênvânu<br />

Vkvâm y fait l'éloge de fb« père; mais le pria-


C O N F U C I U S. «7<br />

cipal deffein qu'il a , en exaltant les vertus &<br />

les grandes qualités de ce Prince, eft de former<br />

fur ce modèle l'un de fes frères qu'il veut perfectionner<br />

dans la vertu : & l'on remarque qu'il<br />

lui difoit ordinairement, que leur père avoit pu<br />

devenir vertueux. Pénvam, lui difoit -û,apû •<br />

polir fa raifon & fa petforme.<br />

Le fécond livre d'où Cemçu tire fes autorités<br />

& fes exemples, eft apelé Tai-Kia. Ce livre ,<br />

qui eft beaucoup- plus ancien que le premier, a<br />

été écrit par un fameux Empereur de Xam, apelé<br />

Y-Yin , on y lit que cet Y-Yin voyant que<br />

Tai-Kia petit-fils de l'Empereur Chim-Tam dégénérait<br />

de la vertu de fes illuftres Ancêtres, &<br />

fe con<strong>du</strong>ifoit d'une manière entièrement différente<br />

dç la leur , il lui ordonna de demeurer trois<br />

ans dans un jardin où étoit le fépulchre de fon.<br />

ayeul ; que cela fit une grande impreflîon fur<br />

fon efprit, qu'il changea, de con<strong>du</strong>ite, & que le<br />

même Y-Yin qui lui avoit ren<strong>du</strong> un fi bon office<br />

l'ayant enfuite élevé à l'Empire, Tai-Kia le gouverna<br />

long-tems , ' fort heureufement. Le Roi<br />

Tarn , difoit Y-Yin à Tai-Kïa, le Roi Tarn avoit<br />

toujours l'efprit occupé à' cultiver cette précîeufe<br />

raifort qui nqu( a été dpnnée <strong>du</strong> Ciel.<br />

Enfin le troiûéme livre qui eft beaucoup plu*<br />

ancien que les deux précéd ens, eft apelé Ti-Tieni.<br />

& l'oay lit encore àl'occafion <strong>du</strong> RoiJW, que ce<br />

Prisée avoit pu cultiver cette fublime vertu, **•


1t* . C ' O N F U C I U l<br />

gratté & fuhlime don qu'il avoit reçu <strong>du</strong> Ciel,fça*<br />

voir la raifort naturelle.<br />

Il eft vifible que le Diffciple de Confucius ;<br />

par ces autorités, a deffein d'enfeîgner, ou plutôt<br />

fupofe que tout le monde croit que nous<br />

avons tous reçu <strong>du</strong> Ciel des lumières que la<br />

plupart des hommes laiffent éteindre par leur négligence<br />

, une nifon que la plupart des hommes<br />

négligent volontairement & laiffent corrompre ;<br />

& que puifqull 7 a eu des Princes qui ont perfectionné<br />

ces lumières , qui ont cultivé & poli,<br />

leur raifon, on les doit imiter , &que l'on peut<br />

suffi-bien qu'eux, par fes foins , atteindre à une<br />

perfection fembiable.<br />

ir ne faut pas oublier ici une chofe remarqua.<br />

Ble que raporte Cemçu, touchant un' baflîn dans"<br />

lequel le Roi Tarn avoit coutume de fe laver. Il<br />

dit qu'on y voyoit gravées ces belles paroles :<br />

Lave-toi. Renouvelle-toi continuellement. Renouvelle-toi<br />

chaque jour. Renouvelle-toi de jour en )ouri<br />

& que c'étoit pour faire entendre au Roi, que fi<br />

nn Prince qui gouverne les autres a contracté des<br />

vices & des feuillures ,. il doit travailler a s'en<br />

nétoyer, & à mettre fon cœur dans fou premier<br />

état de pureté. Au refte ? ç*à été une ancienne<br />

Coutume parmi les Chinois de graver ou'de- peindre<br />

fur leurs vafes domeftiques des Sentences mô><br />

raies r & de fortes exhortations * la vertu : èa<br />

forte que kwfqjtUs' fe lâvoient air qjjftls'-£re-*


-€ O ff F U C I U 1 ir?<br />

noient leurs repas, ib avoient toujours devant<br />

Jes yeux ces fentences & ce* exhortations. Cette<br />

coutume ancienne s'eft même eonfervée jufqu'à<br />

préfent.Ily a feulement cette différence, qu'a»<br />

Beu qu'autrefois l'on gravoit , ou l'on peignoir<br />

les caraâéres au-dedans <strong>du</strong> raiffeau,au milieu<br />

de la face intérieure, aujourd'hui, le plus fouirent,<br />

les Chinois les font graver ou peindre e»<br />

dehors,/; contentant, dans ce fiéclc-sirdel'apa~<br />

rtnce extérieure de la vertu.<br />

Après que Conçu a parlé des deux première»<br />

parties delà Doctrine de fon Maître>dont l'une<br />

regarde ce qu'un Prince doit faire pourfapropre<br />

perfeâton, & l'autre ce qu'il eft obligé de faire<br />

pour la-perfeâion & le bonheur des autres; il<br />

pafle à la troifiéme & dernière partie, où il<br />

eft parlé de la dernière fin que chacun doit fe<br />

propofer comme le fouverain bien , Scdans laquelle<br />

il doit s'arrêter. On fe fouviendra , que<br />

par la dernière fin, & le fouverain bien, Confuciur<br />

entend , comme nous l'avons déjà fait remarquer,<br />

une entière conformité de nos aâionsaveo<br />

KL droite raifon.<br />

Il allègue, après cela, l'exemple; de ce Vên~<br />

ram y dont nous avons déjà parlé : & certes I*<br />

con<strong>du</strong>ite de ce Prince a étâ ft fenfée' & fi bie»<br />

réglée, qu'on ne peut aprendre fans admiration ><br />

que par les feules lumières de la Nature, il aie<br />

ta les idées qu'il » eues „ & qu'il ibit parvenus


**0 C O N F U C I U S.<br />

à une vertu fi fubKme que celle à laquelle il eft<br />

parvenu. On ne fera pas fâché d'en voir ici<br />

quelque chofe.<br />

Vêtvvâm, dit le Commentateur , avoit reconnu<br />

que l'amour que les Princes ont pour leurs<br />

Sujets ne peut que contribuer beaucoup à les<br />

bien con<strong>du</strong>ire & à-les rendre heureux: & dans<br />

cette vue, il faifoit fon affaire principale de cet<br />

amour qu'il tâchoit de perfectionner fans ceffe*<br />

Voici de quelle manière il s'y étoit pris. Parce<br />

que la principale vertu d'un Sujet eft d'honorer<br />

& de refpe&er fon Roi, Vinvâm étant encore<br />

Sujet, fe fixoit à cet honneur & à ce refpeér: &<br />

il fe faifoit un fi grand plaifir de ces fortes d'obligations,<br />

qu'il les remplit toujours avec beaucoup<br />

de fidélité. Comme la première & h plus<br />

importante vertu des enfans , à l'égard de<br />

leurs pères, eft l'obéiiïance, Vinvâm , dans la relation<br />

de fils, fe fixoit à cette obéiffance ; & il<br />

s'acquita fans relâche de ce devoir, avec une<br />

piété extraordinaire. La principale vertu d'un<br />

père,ajoute le Difciple de Confiicius , eft un<br />

amour tendre pour les enfans ; auffi Vinvâm ,<br />

comme père » fe fixoit à cet amour , dont if<br />

donna toujours des marques fort éclatantes , non<br />

par une foible &. criminelle in<strong>du</strong>lgence , mais<br />

par les foins continuels, qu'il prit de les corriger<br />

& de les inftruire. Enfin , la bonne foi eft une<br />

•ertu abfolumeat aéceuaire à ceux qui vivent en<br />

fociété :


G O N F U C I U S. ia*<br />

fociété : a'uffi Vinvâm parlant & agiflant avec les<br />

Sujets de fon Royaume fe fixoit à cette vertu ,<br />

& il y fut toujours fi fort attaché , qu'il ne lui<br />

arriva jamais de rien promettre qu'il n'effectuât<br />

avec une promptitude & une éxaûitude inconcevables.<br />

Ce Prince, dit Cemçu, étoit né d'un père &<br />

d'une mère, qui étoient des perfonnes fort vertueufes,<br />

& qui avoient pris grand foin de fon<br />

é<strong>du</strong>cation, fur-tout Taicin, fa mère, qui avoit été<br />

un modèle de vertu : mais il avoit lui-même fi<br />

bien cultivé cette é<strong>du</strong>cation, qu'il fe rendit un<br />

Prince accompli, & s'acquit tant de réputation &<br />

une eftime fi générale, même chez lés Nations<br />

étrangères, que quarante-quatre Royaumes s'étoient<br />

volontairement fournis à fon Empire. Cependant,<br />

ajoute-t'il, ce grand éclat dont il étoit<br />

environné, ne fut jamais capable de l'éblouir ; il<br />

étoit d'une humilité & d'une modeftie fans<br />

exemple, il s'accufoit même fort févérement de<br />

n'être pas affez vertueux : car un jour qu'il étoit<br />

malade, la terre ayant été fecouéepar de prodigieux<br />

tremblemens, il ne chercha la caufe de<br />

cette calamité & de la colère <strong>du</strong> Ciel, que<br />

dans fes propres péchés , quoiqu'il fût d'une<br />

vertu confommée.<br />

Ce qui a le plus! paru dans les aftions de Vinvâm<br />

, eft une charité extraordinaire ; nous n'en<br />

alléguerons qu'un exemple. On lit dans les An-<br />

Jopu III. L


fi» CONFUCIUS.<br />

nales de la Chine, que ce Prince ayant rencontré<br />

à la campagne les oflemens d'un homme à qui<br />

l'on avoit refufé les honneurs de la fépulture , il<br />

commanda d'abord qu'ils fuflent enfévelis : &<br />

comme quelqu'un de ceux qui étoient autour de<br />

lui, dit, qu'on ignoroit qui étoit le Maître <strong>du</strong><br />

défunt, & que par cette raifon il ne falloit pas<br />

s'en mettre en peine, fondé peut-être fur quelque<br />

coutume <strong>du</strong> païs. Quoi ! répondit le Roi,<br />

celui qui tient les rênes de l'Empire n'efl-ilpas le<br />

Maître de U Empire ? celui qui régne n'efl-il pas<br />

le Maître <strong>du</strong> Royaume ? je fuis donc le Maître 6»<br />

le Seigneur <strong>du</strong> défunt, ainfipourquoi lui refuferoisje<br />

ces derniers devoirs de piété ? Mais ce n'eu pas<br />

tout ; il n'eut pas plutôt proféré ces paroles,<br />

que fe dépouillant de fon vêtement <strong>Royal</strong>, il<br />

commanda que l'on s'en fervît pour enveloper<br />

ces olTemens , & qu'on les enfévelît félon les<br />

manières & la coutume <strong>du</strong> pays : ce que fes Courtifans<br />

ayant vu avec admiration, s'écrièrent ,fi U<br />

piété de notre Prince eft fi grande envers des offemens<br />

tout fecs, combien grande ne fera * t'elle pas<br />

envers des hommes qui jouiffint de la vie ? Il»<br />

firent quelqu'autres réflexions de cette nature.<br />

La charité de l'ênvâm, avoit proprement pour<br />

objet toutes fortes de perfonnes , mais particulièrement<br />

les perfonnes avancées en âge , les Veuves<br />

, les Orphelins, 6c les pauvres , qu'il protégeoit<br />

& nourruTpit comme s'ils euffent été fes


C O N JF U C I U S. «5<br />

propres enfans. On croit que ces charitables<br />

aérions ont été la caafe principale <strong>du</strong> rétàbliflement<br />

d'une pieufe coutume des premiers Empereurs<br />

, & d'une loi qu'on obferve encore aujourd'hui<br />

dans toute la Chine. Cette loi porte que<br />

dans chaque ville, même dans les plus petites ,<br />

l'on entretiendra, aux dépens <strong>du</strong> public , cent<br />

pauvres perfonnes âgées.<br />

Mais Vênvâm ne fe contenta pas d'avoir don*<br />

né <strong>du</strong>rant le cours de fa vie, des inflruâions<br />

& des exemples de vertu ; lorfqu'il fe fentit<br />

proche de la mort, ne fe fiant pas aflet fur la<br />

force de fes inflruâions précédentes & de fes<br />

exemples, & fçachant que les dernières paroles<br />

des mourans font une grande impreffion, il donna<br />

encore à fon fils Vuvâm ces trois avertiffémens.<br />

l. Lorfquevous verre[ faire quelque action<br />

vertueuft, ne foyeç point pareffeux à la pratiquer,<br />

%. Lorfque l'occafion de faire une chofe raijonntti.<br />

ble fe prefentera , profitez-en fans héfiter. 3. iW<br />

cejfti point de travailler à détruire & à extirper<br />

les vices. Ces trois 'avertiffemtns que je vous donne<br />

, mon fils, ajouta-t'il, contiennent tout ce qui<br />

peut pro<strong>du</strong>ire une probité exacte , & une con-.<br />

<strong>du</strong>ite droite.<br />

Voilà fans doute un exemple qui fait fentir;<br />

que dans le tems que ce Roi vivoit, les Chinois<br />

avoient des fentimens fort raifonnables , & que<br />

la vertu étoit leur paffion, pour ainfi direi<br />

L 2


iM C O N F U C I U S;<br />

car enfin les peuples , pour l'ordinaire , fe conforment<br />

aux fentimens & aux mœurs de leurs<br />

Rois.<br />

Régis ad exemplum, totus componitur orbis.<br />

Il n'y a rien pourtant qui donne une plus<br />

grande idée de la vertu des anciens Chinois »<br />

que ce qu'ils ont dit & pratiqué, à l'égard des<br />

procès. Us enfeignoient qu'il ne falloit intenter<br />

de procès à perfonne ; que les fraudes, les aigreurs<br />

& les inimitiés qui font les fuites ordinaires<br />

des procès, étoiens indignes des hommes ;<br />

que tout le monde devoit vivre dans l'union Se<br />

dans la concorde, & que pour cela il falloit que<br />

chacun fit tous fes efforts , ou pour empêcher<br />

les procès de naître, ou pour les étouffer dans<br />

leur naiffance, en accordant les parties, & leur<br />

infpirant l'amour de la paix, c'eft-à-diré, en les<br />

engageant à renouveller 6» polir leur raifon ; ce<br />

font les paroles de Conçu.<br />

Mais ce qu'il y a de plus remarquable fur ce<br />

fujet, c'eft les précautions extraordinaires que les<br />

Juges prenoient, lorfque quelque caufe étoit portée<br />

devant leurs Tribunaux. Ils éxaminoient<br />

avec toute l'attention dont ils pouvoient être capables<br />

, tout l'extérieur de celui qui fufeitoit le<br />

procès, afin que par ce moyen ils puflent connaître<br />

fi cet homme étoit pouffé par de bons


C O N F U C I U S . nj<br />

motifs, s'il croyoit fa caufe bonne,, s'il agiffoit<br />

iîncérement : & il y avoit cinq Régies pour cela.<br />

Parla première Règle, ils éxaminoient l'arran-*<br />

gement de fes termes & fa manière de parler, &<br />

cela s'apelloit Cutim , c'eft-à-dire, l'obfervation<br />

des paroles. Par la féconde Règle, ils confidéroient<br />

l'air de fon vifage, & le mouvement de<br />

fes' lèvres ; 6c cela s'apelloit Setim, c'eft-à-dire ,<br />

Vobfervation <strong>du</strong> vifage. Parla troifiéme, ils prenoient<br />

garde à la manière dont il refpiroit lors<br />

qu'il propofoit fa caufe; cette Règle s'apelloit Ki~<br />

tint, c'eft-à-dire ", l'obfervation de la refpiration.Vat<br />

la quatrième, ils remarquoient s'il avoit la repartie<br />

prompte : s'il ne donnoit pas des réponfes embarraflees,<br />

mal aflurées , incertaines, ou s'il parloit<br />

d'autre chofe que de ce dont il étoit queftion ;<br />

fi fes paroles n'étoient pas ambiguës ; & cela s'apelloit<br />

Ulthim, c'eft-à-dire,l'obfervation des réponfes.<br />

Enfin, par la cinquième Règle, les Juges<br />

dévoient confidérer avec foin les regards,prendre<br />

garde s'il n'y avoit point de trouble, d'égarement,<br />

de confufion ; s'il n'y paroifloit pas quelque indice<br />

de menfonge & de fraude ,& cette dernière<br />

Règle étoit apellée Motim, c'eft-à-dire, l'obfervation<br />

des yeux.<br />

C'étoit par ces marques extérieures que cet<br />

ancien Aréopage découvroit les fenttmens les<br />

plus cachés <strong>du</strong> coeur, rendoit une juftice éxaâe,<br />

détournoit une infinité de gens des procès & des<br />

L 3


%afi C O N F U C I U S.<br />

fraudes, & leur infpiroit l'amour de l'équité &<br />

de la concorde. Mats aujourd'hui, on ignore<br />

ces Régies dans la Chine, ou <strong>du</strong> moins elles<br />

y font négligées entièrement.<br />

Pourrevenir à la Doûrine deConfucius.éclaircie<br />

par les Commentaires de Cemçu , ce Difciple<br />

fait fort valoir une Maxime qu'il avoit enten<strong>du</strong><br />

dire fort fou vent àfon maître , & qu'il inculquoit<br />

auffi fort lui-même. La voici. Con<strong>du</strong>ifcz-vous toujours<br />

avec la même précaution & avec la même retenue<br />

que vous aurie{, fi vous étie{ obfervé par<br />

dix yeux, 6» que vous fujfie^ <strong>mont</strong>ré par dix mains.<br />

Pour rendre la vertu plus recommandante encore,<br />

& en infpirer avec plus de facilité lesfentimens,<br />

le même Difciple fait comprendre que ,<br />

ce qui eft honnête & utile étant aimable , nous<br />

femmes «bligés à aimer la vertu, parce qu'elle<br />

renferme ces deux qualités ; que d'ailleurs la vertu<br />

eft un ornement qui embellit, pour ainfi dire,<br />

toute la perfonne de celui qui la pofféde, fon<br />

intérieur & fon extérieur ; qu'elle communique<br />

à i'efprit des beautés & des perfections qu'on ne<br />

fçauroit affez eftimer ; qu'à l'égard <strong>du</strong> corps, elle<br />

y pro<strong>du</strong>it des agrémens fort fenfibles ; qu'elle<br />

donne une certaine Phyfionomie , certains ttaits,<br />

certaines manières qui plaifent infiniment; & que<br />

comme c'eft le propre de la vertu de mettre le<br />

calme dans le cœur & d'y entretenir la paix ,<br />

auffi ce calme intérieur & cette joyefecrétepro-


CÔNFUCltfS. Xi?<br />

<strong>du</strong>ifent une certaine férénité fur le vifage, une<br />

certaine joie, & un certain air de bonté, de douceur<br />

& de raifon, qui attire le cœur & l'eftime de<br />

tout le monde. Après quoi il conclut, que la<br />

principale occupation d'un homme efi de rectifier<br />

fon efprit, & de fi bien régler fpn cœur, que<br />

fes pallions foient toujours dans le calme ,<br />

& que s'il arrive qu'elles viennent à être excitées<br />

, il n'en foit pas plus ému qu'il ne faut ;<br />

en un mot, qu'il les régie félon la droite raifon.<br />

Car, par exemple, ajoute-t'il , fi nous nous<br />

laiflbns emporter à une colère démefurée, c'eftà-dire,<br />

fi nous nous mettons en colère lorfquc<br />

• nous n'en avons point de fujet, ou plus que nom<br />

ne devons lorfque nous en avons quelque fuj«î ,"<br />

l'on doit conclure de là, que notre efprit n'a<br />

point la reâitude qu'il devroit avoir. Si noui<br />

méprifons Se hatfTons mortellement une perfonne,<br />

à caufe de certains défauts que nous remarquons<br />

en elle, & que nous ne rendions pas juftice à<br />

fes bonnes qualités, fi elle en a ; fi nous nous<br />

laiflbns troubler par une trop grande crainte ; fi<br />

nous nous abandonnons à une joie immodérée,<br />

ou à une triftefle exceflîve, on ne peut pas dir*<br />

non plus , que notre efprit foit dans l'état où il<br />

devroit être, qu'il ait fa rectitude & fa droiture.<br />

Cemçu poufle encore plus loin cette Morale,<br />

& lui donne une perfection qu'on n'auroit,<br />

ce femble, jamais atten<strong>du</strong> de ceux qui n'ont<br />

L 4


*aS C O N F U C I U S.<br />

point été honorés de la révélation divine. Il<br />

dit, que non-feulement il faut garder de la modération<br />

en général, toutes les fois que nos paffions<br />

font excitées, mais qu'auflî à l'égard de celles<br />

qui font les plus légitimes, les plus innocentes<br />

& les plus louables, nous ne devons point<br />

nous y abandonner aveuglément, & fuivre toujours<br />

leurs mouvemens ; qu'il faut confulter la<br />

raifon. Par exemple, les parens font obligés<br />

de s'aimer les uns les autres. Cependant, comme<br />

leur amitié peut être trop foible, elle peut<br />

être auffi trop forte : & à l'un & à l'autre égard,<br />

il y a fans doute <strong>du</strong> dérèglement. Il eft jufte d'aimer<br />

fon père : mais fi un père a quelque défaut<br />

confidérable, s'il a commis quelque grande faute,<br />

il eft <strong>du</strong> devoir d'un fils de l'en avertir , & de<br />

lui dire ce qui lui peut être utile, en gardant<br />

toujours un certain refpeâ dont il ne doit jamais<br />

fe départir. De même, fi un fils eft tombé<br />

dans quelque péché : il eft <strong>du</strong> devoir d'un père<br />

de le cenfurer, & de lui donner là-deflus fesinftruâions.<br />

Que fi leur amour eft aveugle, fi<br />

leur amour eft une pure paffion ; fi c'eft la chair<br />

& le fang qui les font agir, cet amour eft un<br />

amour déréglé. Pourquoi ? parce qu'il fe détourne<br />

de la régie de la droite raifon.<br />

Nous ferions grand tort au Leâeur, fi nous<br />

ne parlions pas de l'Empereur Yao, dont on voit<br />

l'éloge dans l'ouvrage qui a fourni la matière <strong>du</strong>,


CONFUCIUS: ti$<br />

notre. Jamais homme n'a pratiqué avec plus<br />

d'éxaâitude que lui, tous ces devoirs- qui viennent<br />

d'être propofés par le Difciple de Confucius.<br />

On peut dire que fi fon portrait n'eft point<br />

flaté , qu'il avoit un naturel fait pour la vertu.<br />

Uavoit le cœur tendre, mais magnanime & bien<br />

réglé. Il ai moi t ceux qu'i 1 étoit obligé d'aimer ,<br />

mais c'étoitfans la moindre foibleffe. Il régloit,<br />

en un mot, fon amour & toutes fes partions,<br />

par la droite raifon.<br />

Ce Prince parvint à l'Empire , 43^7. ans<br />

vant Jefus-Chrift ; il régna cent ans : mais il régna<br />

avec tant de prudence, avec tant de fageiïe,<br />

& avec tant de démonftration de douceur ôt de<br />

bonté pour fes fujets, qu'ils étoient lu plus heureux<br />

peuples de la terre.<br />

Yao avoit toutes les excellentes qualités<br />

qu'on peut defirer dans un Prince. Les richeffes<br />

ne lui donnoi ent aucun orgueil. Son extraction<br />

qui étoit fi noble fit fi illuftre, ne lui infpiroit<br />

aucun fentiment de fierté. 11 étoit honnête ,<br />

fincére, doux, fans nulle affeâation. Son Palais<br />

, fa table , fes habillemens, fes meubles ><br />

faifoient voir la plus grande modération qu'on ait<br />

jamais vue. Il airrroit la Mufique, mais c'étoit<br />

une Mufique grave , une Mufique modefte &<br />

pieufe ; il ne déteftoit rien tant que ces chantons<br />

où l'honnêteté & la pudeur font bleiïées. Ce<br />

n'étoit point une humeur bizarre qui lui {aifoit


150 C O N F U C ï V S.<br />

haïr ces fortes de chanfons, c'étoit le defir qu'rl<br />

avoit de fe rendre, en toute» chofes, agréable<br />

au Ciel. Ce n'étoit point non plus l'avarice qui<br />

pro<strong>du</strong>ifoit en lui cette modération qu'il gardoit<br />

dans fa table, dans fes habillemens , dans fes<br />

meubles & dans tout le refte ; c'étoit uniquement<br />

l'amour qu'il avoit pour ceux qui étoient<br />

dans l'indigence ; car il ne penfo'tt qu'à les foulager.<br />

Ceft auifi fa grande piété, & cette charité<br />

ardente dont il brûloit, qui lui faifoic fouvent<br />

proférer ces paroles admirables : La faim<br />

de mon peuple eft ma propre faim. Le péché de<br />

mon peuple eft mon propre péché.<br />

L'an 71. de fon régne, il élut pour Collègue<br />

Xun , qui gouverna l'Empire avec lut vingt-huit<br />

ans. Mais ce qu'il y eut de plus remarquable, fit<br />

qui mérite les louanges & les aplau<strong>du</strong>Temen»<br />

de tous les fiécles, c'eft que quoi qu'il eût unfils<br />

, il déclara qu'il vouloit que Xun, en qui il<br />

royoit beaucoup de vertu, une probité éxa&e*<br />

& une con<strong>du</strong>ite judicieufe , rut fon unique Suc*<br />

eefleur. Et comme on lui raporta que fon fils<br />

fe plaignoit de ce que fon pcre l'avoit exclus de<br />

la Succeflion à l'Empire, il rit cette réponfe,<br />

qui feule peut être la matière d'un beau Panégyrique<br />

, & rendre fa mémoire immortelle : J'aime<br />

mieux que mon fils feul foit mal, & que tout mon<br />

peuple fou bien , que fi mon fils feul était bie# , &<br />

fue tout mon p*uple fût mal.


CONFUCIUS. i yt<br />

Comme le principalbut de Confacius, ainfi<br />

que nous l'avons déjà dit,a été de propofer fa<br />

Doârine aux Rois, & de la leur perfuader,<br />

parce qu'il a crû que s'il pouvait leur infpirer<br />

des fentimens de vertu, leurs fujets deviendraient<br />

vertueux à leur exemple : Conçu, expliquant<br />

cette Doârirte , s'étend fort fur les devoirs<br />

des Rois.<br />

Il s'attache principalement à trois chofes. i.<br />

A faire voir qu'il eft très-important que les Roi»<br />

fe con<strong>du</strong>ifent bien dans leur famille & dans leur<br />

Cour, parce que l'on ne manque point d'imiter<br />

leurs manières & leurs aftions. a. A les per»<br />

fuader de la néceffité qu'il y a en général d'ac«<br />

quérir l'habitude de la vertu Se d'en remplir le»<br />

devoirs , en tous lieux & à toutes fortes d'égards»<br />

3. A les engager à ne pas apauvrir le peuple,<br />

mais à faire tout pour fon bien &. pour fa commodité.<br />

A l'égard <strong>du</strong> premier article, il fefert depln^<br />

fieurs penfées que le livre des Odes lui fourni^<br />

Mais voici, en deux mots, ce qu'il dit de plus<br />

considérable. Si, dit-il, un Roi, comme père*<br />

témoigne de l'amour à fes enfans ; fi , comme<br />

fils, il eu obéiuant à fon père ; ft, en qualké<br />

d'aîné, il a de la bienveillance pour fes cadets,<br />

& vit en paix avec eux ; fi, comme cadet, il 1<br />

<strong>du</strong> refpeâ & des égards pour fon aîné ; s'il eft<br />

charitable, fur-tour, envers les Veuves. & les Oc*


13* CONFUCIUS;<br />

phelins ; fi, dis-je, un Roi s'acquite exactement<br />

de tout cela, fo» peuple l'imitera , & l'on verra<br />

par tout Ton Royaume, tout le monde pratiquer<br />

la vertu. Les pères & les mères aimeront leur»<br />

enfans avec tendreffe, & leur donneront une<br />

bonne é<strong>du</strong>cation. Les enfans honoreront leurs<br />

pères & leurs mères & leur obéiront exactement.<br />

Les aînés agiront avec bonté envers leurs cadets,<br />

& les cadets auront de la confédération & des<br />

égards pour leurs aînés , ou pour les autres<br />

perfonnespour lefquelles la bienféance veut qu'ils<br />

ayent dit relpect ; comme, par exemple, pour<br />

les perfonnes avancées en âge. Enfin, ceux qui<br />

auront <strong>du</strong> bien feront fubfifter quelques Veuves,<br />

quelques Orphelins, quelques perfonnes infirmes<br />

: car il n'y a rien qui faffe plus d'impreffion<br />

furies efprits des peuples, que les exemples<br />

dé leurs Rois.<br />

A l'égard <strong>du</strong> fécond article , oh Cemçu exhorte<br />

en général à pratiquer la vertu, il allègue<br />

pour principe cette maxime , à laquelle Jefus-<br />

Chrift lui-même fetnble raporter toute fa Morale,<br />

Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous<br />

fît, & ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez<br />

pas qui vous fût fait.<br />

Parmi ceux au milieu defquels vous vivez, dit<br />

le Difciple de Confucius, il y en a qui font audeffus<br />

de vous, il y en a d'autres qui vous font<br />

inférieurs , d'autres qui vous font égaux ; il y,


CONFUCIUS. 135<br />

ta a qui vous ont précédé, il y en a qui doivent<br />

être vos Succeffeurs. Vous en avez à votre main<br />

droite, vous en avez à votre main gauche.<br />

Faites réflexion , que tous ces hommeslà<br />

ont les mêmes partions que vous, & que ce<br />

que vous fouhaitez qu'ils vous faffent, ou qu'ils<br />

ne vous faffent point, ils fouhaitent que vous le<br />

leurtaffiez, ou que vous ne'le leur faniez point.<br />

Ce que vous haïffez donc dans vos fupérieurs ,<br />

ce que vous blâmez en eux , gardez-vous bien<br />

de le pratiquer à l'égard de vos inférieurs : &<br />

ce que vous haïffez & blâmez dans vos inférieurs,<br />

ne le pratiquez point à l'égard de vos fupérieurs.<br />

Ce qui vous déplaît dans vos prédéceffeurs,<br />

évitez-le, pour n'en donner pas l'exemple<br />

vous-même, à ceux qui viendront après<br />

vous. Et comme, au cas que vous vinifiez à leur<br />

donner un tel exemple, vous devriez fouhaiter<br />

qu'ils ne le fuiviffent point ; aufli vous - même<br />

ne fuivez point les mauvais exemples de ceux<br />

qui vous ont précédé. Enfin, ce que vous blâmez<br />

dans ceux qui font à votre main droite,<br />

ne le pratiquez point à l'égard de ceux<br />

qui font à votre main gauche ; & ce que vous<br />

blâmez à l'égard de ceux qui font à votre main<br />

gauche, gardez-vous de le pratiquer à l'égard<br />

de ceux qui font à votre main droite. Voilà;<br />

conclut Conçu, de quelle manière nous devons<br />

mefurer & régler toutes nos adions : & fi un<br />

Prince en ufe de la forte, il arrivera |que tous


t34 C O N F U C I U S .<br />

fes fujets ne feront qu'un coeur & qu'une a me,<br />

& qu'il devra être apelé plutôt leur père, que<br />

leur feigneur & leur maître. Ce fera le moyen<br />

' d'attirer les bénédictions & les faveurs <strong>du</strong><br />

Ciel j de n'avoir rien à craindre , 6k de mener<br />

ahe vie douce & tranquille : car enfin, la vertu<br />

eft la bafe & le fondement d'un Empire, & la<br />

four ce d'où découle tout ce qui le peut rendre<br />

floriflant. C'eft dans cette vue qu'un Ambafladeur<br />

<strong>du</strong> Royaume de Cu, fit cette belle réponfe<br />

à un Grand <strong>du</strong> Royaume de Cin qui lui demandent<br />

, fi dans le Royaume de fon Maître , il y<br />

àvoit de grandes richefles & des pierres précieufes<br />

: // n'y a rien qu'on eftime précieux dans le<br />

Royaume de Cu que la vertu. Un Roi de Ci, fit<br />

à peu près la même réponfe. Ce Prince venoit<br />

de traiter alliance avec le Roi de Guei, &c le<br />

Roi de Guei lui ayant demandé, fi dans fon<br />

Royaume il y avoit des pierres précieufes, il<br />

répondit qu'il n'y en avoit point. Quoi ! répartit<br />

ce Roi tout furpris, eft-il poffible que quoique<br />

mon Royaume foit plus petit que le vôtre,<br />

il s'y trouve pourtant une Efcarboucle , dont l'éclat<br />

eft fi grand, qu'il peut éclairer autant d'efpaçe<br />

qu'il en faut pour douze Chariots ; & que<br />

dans votre Royaume qui eft beaucoup plus vafte<br />

que le mien, il n'y ait point de ces pierres précieufes<br />

! J'ai quatre Miniftres, répliqua le Roi<br />

de Ci, qui gouvernent avec une grande prudence les<br />

Provinces que je leur ai confiées : Voilà mes pitf


GONFUCIUS. i3f<br />

tes prêc'uufes, elles peuvent éclairer mille Jiades*<br />

Ce ne font pas les hommes feuls dans la Chine<br />

qui'ont eftimé la vertu, il y a eu des femmes<br />

qui l'ont regardée comme un bien d'un prix infini,<br />

& préférable à tous lestréfors. Une illuftre Reine*<br />

apellée Kiam, qgi fégnoit 209. ans avant Confucius,<br />

retira foa mari <strong>du</strong> libertinage & de la<br />

débauche, par une aâion qui mérite d'être im»<br />

mortalifée. Comme elle voyoit que ce Prince •<br />

afïiftoit continuellement à des repas de débauche,<br />

& qu'il s'abandonnoit à toutes fortes de voluptés<br />

, elle arracha un jour fes pendans d'oreille<br />

& toutes les pierreries qu'elle portoit, & en cet<br />

état elle alla trouver le Roi, & lui dit ces paroles<br />

avec une émotion touchante : Seigneur,<br />

eft-ilpojjîble que la débauche 6» la luxure vousplai*<br />

fentji fort! Vous mêprife^ la vertu; mais je l'eftime<br />

infiniment plus que les pierres précieufes. Elle<br />

s'étendit enfuite fur ce fujet, 6c l'aôion & le dîtcours<br />

de cette Princefle le touchèrent fi fort,<br />

qu'il renonça à fes défordres, & s'adonna tout<br />

entier à la vertu & au foin de fon Royaume ,<br />

qu'il gouverna encore treize ans avec l'aplaudiffe»<br />

ment de tout le monde.<br />

Enfin , à l'égard <strong>du</strong> dernier article , Cemçtt<br />

reprefente aux Rois qu'ils ne doivent point fouler<br />

le peuple, ni par leurs impôts , ni autrement ;<br />

que pour n'être pas obligés d'en venir là, il eft<br />

néceflaire de choifir des Miniftres capables ,<br />

fidèles, vertueux, & par conféquent d'éloigner.


t3« CONFUCIUS.<br />

<strong>du</strong> maniement des affaires, ceux qui] en font indignes<br />

, & qui par leurs cruautés , leur ambition<br />

& leur avarice, ne peuvent que porter un trèsgrand<br />

préjudice à l'Etat. Il leur fait comprendre<br />

qu'ils doivent diminuer, autant qu'il eft<br />

poflible, le nombre des Ministres, & de tous<br />

ceux qui virent aux dépens <strong>du</strong> public ; tâcher de<br />

porter tout le monde au travail, & faire en forte<br />

que ceux qui gouvernent & difpenfent les<br />

finances, le faffent avec toute la modération poffible.<br />

Les Princes, ajoute - t'il, ne doivent jamais<br />

chercher leurs intérêts particuliers;ils ne doivent<br />

chercher que les intérêts de leur peuple :<br />

pour être aimés & fervis fidèlement , ils doivent<br />

perfuader à leurs Sujets, par leur con<strong>du</strong>ite;<br />

qu'ils ne penfent qu'à les rendre heureux; ce<br />

qu'ils ne leur perfuaderont jamais, s'ils n'ont à<br />

coeur que leurs intérêts particuliers, s'ils les foulent<br />

& les apauvriflent.<br />

Le fécond livre de Confucius, a été mis en<br />

lumière par Cufu fon petit-fils. Il y eft parlé de<br />

diverfes chofes, mais fur-tout de cette belle médiocrité<br />

qu'il faut garder en toutes chofes avec<br />

conftaace, entre le trop Se le trop peu. Aufli<br />

ce livre a - t'il pour titre , Chumyum , c'eft-àdire<br />

, Milieu perpétuel, milieu gardé constamment.<br />

Confucius enfeigne d'abord , que tous les<br />

hommes doivent aimer cette médiocrité qu'ils<br />

la doivent rechercher arec un foin extrême. Il<br />

dit


CONFUCIUS. 137<br />

dit que l'homme parfait tient toujours un jufte<br />

milieu, quoi qu'il entreprenne ; mais que le méchant<br />

s'en éloigne toujours, qu'il en fait trop,<br />

ou qu'il n'en fait pas affez. Lorfque la droite<br />

raifon venue <strong>du</strong> Ciel, ajoute-t'il, a <strong>mont</strong>ré une<br />

fois à un homme fage le milieu qu'il doit tenir,<br />

ïl y conforme enfuite toutes fes aâions, en tout<br />

tems, aufB-bien dans l'adverfité que dans la prospérité<br />

; il veille continuellement fur lui-même,<br />

fat fes penfées, fur les mouvemens les plus cachés<br />

de fon coeur, afin de fe régler toujours fur<br />

ce jufte milieu, qu'il ne veut jamais perdre de<br />

vue : mais les médians n'étant retenus ni par la<br />

crainte, ni par la pudeur, ni par l'amour de la<br />

vertu, leurs partions déréglées les portent toujours<br />

dans les extrémités.<br />

Ce Philofophe ne peut pas affez admirer cette<br />

heureufe médiocrité, il la regarde comme la chofe<br />

<strong>du</strong> monde la plus relevée, comme la chofe <strong>du</strong><br />

inonde la plus digne de l'amour & de l'occupation<br />

des efprits les plus fablimes, comme le feu<br />

chemin de la vertu : & il fe plaint de ce que<br />

de tout tems il y a eu fi peu de perfonnes qui<br />

l'ayent gardée : il en recherche même la caufe.<br />

Il dit, que pour le regard des Sages <strong>du</strong> fiécle,'<br />

ils la négligent, & n'en font point de cas, parce<br />

qu'ils s'imaginent qu'elle eft au-deflous de<br />

leurs grands deffeins, de leurs projets ambitieux :<br />

&que pour les perfonnes grofliéres, elles n'ypar-<br />

TomelII. M


IJ8 C O N F U CI U S.<br />

viennent que difficilement, ou parce qu'ils ne k<br />

connoiflent point ; ou parce que la difficulté qu'tf<br />

y a à y parvenir les étonne & les décourage ; &<br />

tout cela, ajoute Confucius, arrive faute d'examen<br />

; car fi l'on éxarhinoit avec éxaâitude ce<br />

qui eftbon en foi, l'on reconnoîtroit que toutes<br />

les extrémités font nuifibles, & qu'il n'y a que<br />

le milieu qui foit toujours bon & utile.<br />

Il allègue fur tout ceci l'exemple de l'Empereur<br />

Xun. Que la prudence de l'Empereur Xun<br />

a été grande ! s'écrie-t'il : il ne fe contentoit pas,<br />

dans l'adminiftration des affaires de l'Etat, de<br />

fon feul examen, de fon jugement particulier,<br />

de fa prudence ; il fe fervoit encore des confeils<br />

des moindres de fes fujets. Il demandent même<br />

confeil fur les moindres chofes, & il fe faifoit<br />

un devoir & un plaifir d'examiner les réponfes<br />

qu'on lui donnoit, quelques communes qu'elle»<br />

paruffent. Lorfqu'on lui propofoit quelque<br />

chofe, & qu'après un mûr examen il s'étoit<br />

convaincu que ce qu'on lui propofoit n'étoit<br />

pas conforme à la droite raifon, il n'y acquiefçoit<br />

point ; mais il reprefentoit, avec un coeur ouvert<br />

, ce qu'il y avoit de mauvais dans le confeil<br />

qu'on lui donnoit. Par ce moyen il faifoit que<br />

fes Sujets prenoient de la confiance en lui , &<br />

qu'ils s'accoutumoient à lui donner de tams en<br />

tems des avertifTemens avec liberté. Pour les<br />

^pbnfcils bons & judicieux, il les fuivoit, il les


CONFUCIUS. 139<br />

loupit, il les éxaltoit ; & par-là chacun étoit<br />

encouragé à lui déclarer fes fentimens avec plai«<br />

Cr. Que fi, parmi les confeils qu'on lui donnoit,<br />

il s'en trouvoit qui fuffent entièrement<br />

opofés les uTis aux autres, il les éxaminoit attentivement<br />

, & après les avoir éxamiués, U pre»<br />

soit toujours un milieu, fur-tout lorfqu'il s'agiffoit<br />

de l'intérêt public.<br />

Confuchis déplore ici la fauffe prudence de»<br />

gens de fon tems. En effet , elle avoit fort<br />

dégénéré de la prudence des anciens Rois. II<br />

n'y a, dit-il, à prefent perforine qui ne dife ,<br />

)'ai de la prudence, je fçais ce qu'il faut faire, &<br />

ce qu'il ne faut point faire. Mais parce qu'aujourd'hui<br />

on n'a devant les yeux que fon profit<br />

& fa commodité particulière, il arrive qu'on né<br />

penfe point aux maux qui en peuvent provenir ',<br />

aux périls aufquels ce gain & ce profit expofent ,<br />

& que l'on ne s'aperçoit point <strong>du</strong> précipice. II<br />

y en a qui connoiffent parfaitement la nature &<br />

le prix de la médiocrité, qui- la choififlent pour<br />

leur régie, & qui y conforment leurs aôions i<br />

mais qui enfuite venant à fe laiffer fur<strong>mont</strong>er<br />

par la pareffe, n'ont pas la force de perfifter.<br />

Que fert à ces fortes de gens la connoiffance &<br />

les réfolutions qu'ils ont formées ? Hélas ! il<br />

n'en étoit pas de même de mon Difciple Hottj<br />

il avoit un difcernement exquis, il remarquoit<br />

toutes les différence* qui fe trouvent dans le»<br />

M*


140 C O N F V C I U S.<br />

chofes il choififfoit toujours un milieu , il ne<br />

l'abandonnoit jamais.<br />

Au refte, ajoute Confucius, ce n'eft pas une<br />

* chofe fort facile à acquérir, que ce milieu que<br />

je recommande tant. Hélas ! il n'y a rien de &<br />

difficile ; c'eft une affaire qui demande de grand»<br />

foins & de grands travaux. Vous trouverex de»<br />

hommes qui feront capables de gouverner heureufement<br />

les Royaumes de la terre. Vous en verrez<br />

qui auront affez de magnanimité pour refufer<br />

les dignités & les avantages les plus confidérables<br />

: il y en aura même qui auront affez de<br />

courage pour marcher fur des épées toutes<br />

nues : mais que vous en trouverex peu qui<br />

foient capables de tenir un jufte milieu l Qu'il<br />

saut d'adrefle, qu'il faut de travail, qu'il faut de<br />

courage, qu'il faut de vertu pour y parvenir !<br />

Ce fut à foccafion de cette morale, qu'un de<br />

fes Difciples, qui étoit d'une humeur guerrière<br />

& fort ambitieufe, lui demanda en quoi confiftoit<br />

la valeur, & ce qu'il falloit faire pour mériter<br />

le nom de vaillant. Entendez-vous parler,<br />

répondit Confucius, de la valeur de ceux qui<br />

font dans le Midi, ou de la valeur de ceux qui<br />

habitent dans le Septentrion, ou bien de la valeur<br />

de mes Difciples, qui s'attachent à l'étude<br />

de la fagefle ? Agir avec douceur dans l'é<strong>du</strong>cation<br />

des enfans & des Difciples, avoir de l'in<strong>du</strong>lgence<br />

pour eux ; fuporter patiemment leurs


C O N F U C I U S; r4i<br />

'défobéïflances & leurs défauts, voilà en quoi<br />

confifte la valeur des habitans <strong>du</strong> Midi. Par<br />

cette valeur ils fur<strong>mont</strong>ent leur tempérament<br />

violent, & foumettent à la droite raifon leurs<br />

padions, qui font ordinairement violentes. Cour<br />

cher fans crainte dans un camp , repofer tranquillement<br />

au milieu <strong>du</strong> terrible apareil d'une<br />

armée ; voir devant fes yeux mille morts, fans<br />

s'enrayer ; ne s'ennuyer point même de cette<br />

forte de vie , s'en faire un plaifir : voilà ce que<br />

j'apelle la valeur des hommes <strong>du</strong> Septentrion.<br />

Mais, comme d'ordinaire il y a en tout cela<br />

beaucoup de témérité, & que le plus fouvent on<br />

ne s'y régie guéres fur ce milieu que tout le<br />

monde dévroit rechercher, ce n'eft point cette<br />

forte de valeur que je demande de mes Difciples»<br />

.Voici quel doit être leur caraâére.<br />

Un homme parfait, ( car enfin, il n'y a que<br />

les hommes parfaits qui puiflent avoir une véritable<br />

valeur, ) un homme parfait doit toujours<br />

être occupé à fe vaincre lui-même. Il doit<br />

s'accommoder aux mœurs & à l'efprit des autres<br />

; mais comme il doit être toujours maître de<br />

fon cœur & de fes actions , il ne doit jamais fè<br />

laitier corrompre par la converfation où les exemples<br />

des hommes lâches & efféminés ; il ne<br />

doit jamais obéir, qu'il n'ait examiné auparavant<br />

ce qu'on lui commande ; il ne doit jamais imiter<br />

les autres fans difcernement. Au milieu de tant


14* C O N F V C I V S.<br />

d'infenfés & de tant d'aveugles, qui marchent h<br />

travers champs , il doit marcher droit, & ne<br />

pancher vers aucun parti : c'eft la véritable va»<br />

leur. De plus, fi ce même homme eft apalé à<br />

la Magiftrature, dans un Royaume oti la vertu<br />

eu confidérée , & qu'il ne change point de<br />

mœurs, quelques grands quefoient les honneur»<br />

aufquels il eft élevé ; s'il y conferve toutes les<br />

bonnes habitudes qu'il avoit k>rfqu"il n'étoit<br />

que particulier ; s'il ne fe biffe pas emporter à la<br />

vanité & à l'orgueil, cet homme-là eft véritablement<br />

vaillant : ah ! que cette valeur efi grande t<br />

Que fi, au contraire, il eft dans un Royaume où<br />

la vertu & les Loïx foient méprifées, & que<br />

dans la confufion & le détordre qui y régnent, il<br />

foitlui-mêrçeprefféde la pauvreté, affligé, ré<strong>du</strong>it<br />

même à perdre la vie ; mais que cependant,<br />

au milieu de tant de miféres, il demeure ferme,<br />

il conferve toute l'innocence de fes mœurs, &<br />

ne change jamais de fentimens ; ah ! que cette valeur<br />

efl grande & illuftre ! Au lieu dont de la<br />

valeur des pays Méridionnaux, ou de celle <strong>du</strong><br />

Septentrion , je demande & j'attens de vous,<br />

mes chers Difciples, une valeur de la nature de<br />

celle dont je viens de parler.<br />

Voici quelque chofe que dît Confucius, qui<br />

n'eft pas moins remarquable. Il y a , dit-il, des<br />

gens qui partent les bornes de la médiocrité , eit<br />

affectant d'avoir des vertus extraordinaires : ils


CONFUCIU5, r4j<br />

veulent que dans leurs aâions U y ait toujours<br />

<strong>du</strong> merveilleux , afin que la poftérité les loue &C<br />

les exalte. Certes, .pour moi je ne m'entêterai<br />

jamais de ces avions éclatantes, où la vanité &<br />

Tamour-propre ont toujours plus de part que U<br />

vertu. Je ne veux fçavoir & pratiquer que ce<br />

qu'il eft à propos de fçavoir & de pratiquer pastout.<br />

Il y a quatre Régies, fur lefquelles l'homme<br />

parfait fe doit conformer, i. Il doit pratiquer<br />

lui-même à l'égard de" fon père, ce qu'il exige<br />

de fon fils. a. Il doit faire paroître dans le fervice<br />

de fon Prince, la même fidélité qu'il demande<br />

de ceux qui lui font fournis. 3. Il doit agir, à<br />

l'égard de fon aine, de la même rrpniére qu'il<br />

veut que fon cadet agiffe à fon égard. 4. Enfin »<br />

il en doit ufer envers fes amis, comme il fouhaite<br />

que fes amis en ufent envers lui. L'homme<br />

parfait s'acquite continuellement de fes devoirs ,<br />

quelques communs qu'ils paroiflent. S'il vient à.<br />

s'apercevoir qu'il ait manqué en quelque chofe ,<br />

il n'eft point en repos qu'il n'ait réparé fa faute ;<br />

s'il reconnoît qu'il n'a pas rempli quelque devoir<br />

confidérable , il n'y a point de violence qu'il ne<br />

fe faffe pour le remplir parfaitement. Il eft<br />

modéré & retenu dans fes difcours, il ne parle<br />

qu'avec circonfpeâion : s'il lui vient une grande<br />

affluence de paroles, il ne l'ofe pas étaler, il<br />

t'arrête : en un mot, il eft à lui-même un fi ri-


Ï44 CONFUCIUS.<br />

goureux cenCeur, qu'il n'eu point en repos que<br />

(es paroles ne répondent à fes aâions, & fes ao*<br />

tions à fes paroles. Or, le/noyen, s'écrie-t'il, -<br />

qu'un homme qui eu parvenu à cette perfeftion<br />

n'ait une vertu folide & confiante t<br />

Cufu ajoute ici à la Doârine de fon Maître<br />

nne Morale digne de la méditation de ceux qui<br />

défirent fe perfectionner. L'homme parfait,<br />

dit ce digne Difciple d'un fi grand Philofophe,<br />

l'homme parfait fe con<strong>du</strong>it félon fon état prefent,<br />

& ne fouhaite rien au-delà. S'il fe trouve<br />

au milieu des richefles, il agit comme un homme<br />

riche, mais il ne s'adonne pas aux voluptés<br />

illicites ; il évite le luxe , il n'a nul orgueil, il<br />

ne choque perfonne. S'il eu dans un état pauvre<br />

& contemptible, il agit comme doit agir un homme<br />

pauvre & méprifé ; mais il ne fait rien d'indigne<br />

d'un homme grave & d'un homme de<br />

bien. S'il eu éloigné de fon pays, il fe con<strong>du</strong>it<br />

comme un étranger fe doit con<strong>du</strong>ire ; mais il eft<br />

toujours femblable à lui-même. S'il eft dans l'afflicYion<br />

& dans les foum-ances, il ne brave pas<br />

fièrement fon deftin, mais il a de la fermeté &<br />

<strong>du</strong> courage ; rien ne fçauroit ébranler fa conftance.<br />

S'il eft élevé aux Dignités de l'Etat, il<br />

tient fon rang, mais il ne traite jamais avec févérité<br />

fes inférieurs : & s'il fe voit au-deffou*<br />

des autres, il eft humble, il ne fort jamais <strong>du</strong><br />

refpeâ qu'il doit à fes fupérieurs ; mais il n'achève


COK F u cru S. i4t<br />

tbete jamais leur faveur par des lâchetés & des<br />

flatteries. Il employé tous fes foins à fe perfectionner<br />

lui-même, & n'exige rien des autres avec<br />

févérité : c'eft pour cela qu'il ne témoigne <strong>du</strong><br />

mécontentement ni de l'indignation à perfonae.<br />

S'il élève les yeux vers le Ciel, ce n'eft<br />

point pour fe plaindre de ce qu'il ne hn envoyé<br />

pas la profpérité , ou murmurer de ce<br />

qu'il l'afflige : s'il regarde en bas vers la terre,<br />

ce n'eft point pour faire des reproches aux<br />

hommes, & leur attribuer la caufe de fes malheurs<br />

& de fes nécéflités ; c'eft pour témoigner<br />

fon humilité , c'eft pour dire qu'il eft toujours<br />

content de fon état, qu'il ne délire rien au-delà,<br />

& qu'il attend, avec foumiflion, & avec un efprit<br />

toujours égal;, tout ce que le' Ciel ordonnera<br />

de lui. Audi jouit-il d'une certaine tranquillité,<br />

qui né fçauroit être bien Comparée<br />

qu'au fommet de ces <strong>mont</strong>agnes , qui font plus<br />

élevées que la région où fe forment les foudres<br />

&les tempêtes.<br />

Dans la fuite de ce livre ,• il eft parlé <strong>du</strong> refpeâ<br />

profond que les anciens Chinois, & furtout<br />

les Rois & les Empereurs, avoient pour<br />

leuri pères & pour leurs mères, & de l'obéiflance<br />

éxaâe qu'ils leur rendoient. Si un Roi, difoient-ils,<br />

a <strong>du</strong> refpeft pour fon père & pour fa<br />

mère & leur obéît, certainement il tâchera de<br />

porter fes Sujets à fuivre fon exemple ; car ea,*,<br />

Tme III, N


146 C O N F 0 C I U S.<br />

fin, un homme qui aime la vertu, defire que<br />

-tous les autres l'aiment auiiï, fur-tout s'il eft de<br />

fon intérêt qu'ils foient vertueux : or , il importe<br />

fort à un Roi, que fes Sujets aiment la vertu &<br />

la pratiquent. En effet, comment pourroit-il efpérer<br />

d'être obéi de fes Sujets, s'il refufoit luimême<br />

d'obéir à ceux qui lui ont donné le jour:<br />

Après tout, fi un Prince fouhaite de porter fes<br />

.Sujets à êtteobéïflans à leurs pères & à leurs mères<br />

, il doit ufer envers eux de bienveillances<br />

& les traiter avec cette tendreue qu'ont les pères<br />

pour leurs enfans ; car on imite volontiers ceux<br />

que L'on aime ,& dont l'on croit être aimé. Que<br />

fi ce Prince,- par cette con<strong>du</strong>ite, porte fes Sujets<br />

à obéir à leurs pères & à leurs mères, & enfuhe<br />

à lui obéir à lui-même, comme à leur père com-<br />

• smm, à plus forte ration obéiront-ils au Ciel,<br />

: d'où viennent' les Couronnes & les Empires ;'au<br />

.Ciel, qui eu le Père fouverain de tous les hommes.<br />

Et qu'arrivera-t'il de cette obéiflance ? II<br />

arrivera que le Ciel répandra fes bénédictions<br />

fur ceux qui s'en feront fi bien acquîtes. U ré-<br />

«compenfera abondamment, une fi belle vertu, il<br />

fera régner par-tout la paix & la concorde; fi<br />

bien que le Roi & fes Sujets ne fembleront qu'il*<br />

ne feule famille, oh les Sujets obéïffant à leur<br />

Roi, comme à leur père, & le Rbi aimant fes<br />

Sujets, comme fes enfans , ils mèneront tous •<br />

.comme dans une feule maifon, mais une mai*


[CONFUCIUS- 147<br />

(on riche, magnifique , réglée & commode : la<br />

vie la plus heureufe & la plus douce que l'on<br />

puifle imaginer.<br />

Pour retourner à Confucius, comme il fçavoit<br />

tjue les exemples des Rois font une grande impreflion<br />

fur les efprits, il propofe encore celui<br />

de l'Empereur Xun, à l'égard de l'obéïffance que<br />

les enfans doivent à leurs pères & à leurs mères.<br />

O que Vobéîffance de cet Empereur a été<br />

grande ! s'écrie Confucius. Aufli, continue-t'il ,<br />

s'il a obtenu <strong>du</strong> Ciel la couronne Impériale, c'eft<br />

la récompenfe de cette vertu. C'efl cette vertu<br />

qui lui a procuré tant de revenus, ces richefles<br />

immenfes , & ces grands Royaumes qui n'ont<br />

pour bornes que l'Océan. C'eft cette vertu, qui<br />

a ren<strong>du</strong> par tout le Monde fon nom fi célèbre.<br />

Enfin, je ne doute point que cette longue &<br />

douce vie , dont il a joui, ne doive être regardée<br />

comme une récompenfe de cette vertu. A<br />

entendre parler ce Philofophe, ne diroit-on pas<br />

qu'il avoit lu le Décalogue, & qu'il fçavoit la<br />

promeffe que Dieu y a faite à ceux qui honoreront<br />

leur père & leur mère ? Mais fi, par ce<br />

que vient de dire Confucius, il femble que le<br />

Décalogue ne lui fut pas inconnu, il femblera<br />

bien mieux qu'il connoiflbit les Maximes de l'Evangile,<br />

lorsqu'on aura vu ce qu'il enfeigne<br />

touchant la charité , qu'il dit qu'il faut avoir<br />

pour tous les hommes.<br />

Ni


T4* C O N F U C I U S.<br />

Cet amour, dit-il, qu'il faut avoir pour tons<br />

les hommes <strong>du</strong> monde, n'eu: point quelque chofe<br />

d'étranger à l'homme , c'eft l'homme lui-même<br />

, ou, fi vous v.oulei , c'eft une propriété<br />

naturelle de l'homme, qui lui diète qu'il doit<br />

aimer généralement tous les hommes. Cependant,<br />

aimer par-deffus tous les hommes, fon pere&<br />

fa mère, c'eft fon premier & principal devoir,<br />

de la pratique <strong>du</strong>quel il va cnfuite, comme par<br />

degrés, à la pratique de cet amour univerfel,<br />

qui a pour objet tout le genre-humain. C'eft de<br />

cet amour univerfel que vient la juftice diftributive,<br />

cette juftice qui fait qu'on rend à chacun<br />

ce qui lui apartient, & que fur-tout on chérit<br />

& honore les hommes fages, & d'une probité<br />

éxafte, & qu'on les élève aux Charges &<br />

aux dignités de l'Etat. Cette différence, qui<br />

eu entre l'amour qu'on a pour fon père & pour<br />

fa mère, & celui que nous avons pour les autres;<br />

entré l'amour qu'on a pour les hommes vertueux<br />

& habiles, & celqi qu'on a pour les hommes<br />

qui n'ont pas tant de vertu ni d'habileté;<br />

cette différence, dis-je, eft comme une harmonie<br />

, comme une Symmétrie de devoirs que la<br />

raifon <strong>du</strong> Ciel a gardée, & à laquelle il ne faut<br />

rien changer.<br />

Confucius propofe cinq Régies pour la con<strong>du</strong>ite<br />

dé la vie, qu'il apelle Régies univerfelks.<br />

La première regarde la juftice qui doit être


C O N F U C I U S. 149<br />

pratiquée entre un Roi & fes Sujets. La féconde,<br />

regarde l'amour qui doit être entre un père &<br />

fes enfans. La troifiéme, recommande la foi conjugale<br />

aux maris & aux femmes. La quatrième»<br />

concerne la fubordination qui fe doit trouver entre<br />

les aînés & les cadets. La cinquième, oblige<br />

les amis à vivre dans la concorde , dans une<br />

grande union, ck à fe rendre fervice réciproquement.<br />

Voilà, ajoute,- t'il, les cinq Réglés gé-,<br />

nérales que tout le monde doit obférver ; voilà<br />

comme cinq chemins publics, par lefquels les<br />

hommes doivent paffer. Mais après tout, on<br />

ne peut obférver ces Régies , fi l'on n'a ces<br />

trois, vertus, la prudence, qui fait.difcerner ce<br />

qui eft bon d'avec ce qui eft mauvais, l'amour<br />

univerfel, qui fait que l'on aime_tous les hommes<br />

, & cette fermeté qui fait perfévérer conflamment<br />

dans l'attachement au bien, & dans l'averfion<br />

pour le mal. Mais de peur que quelques<br />

perfonnes timides ou peu éclairées dans la<br />

Morale ne s'imaginaffent qu'il leur feroit impoffible<br />

d'acquérir ces trois vertus, il affure<br />

qu'il n'y a perfonne qui ne les puiffe acquérir,<br />

que l'impuiffance de l'homme n'eft que volontaire.<br />

Quelque groffier que foit un homme, quand<br />

même, dit-il, il feroit fans nulle expérience, fi<br />

pourtant il defire d'aprendre , & qu'il ne fe laffe<br />

point dans l'étude de la vertu, il n'eft pas<br />

fort éloigné de la Prudence. Si un homme ,<br />

N 3


»«o CONFUCIUS.<br />

quoique tout plein encore de fon amour-propre,<br />

tâche de faire de bonnes aérions ; le voilà déjà<br />

tout près de cet amour univerfer, qui engage à<br />

faire <strong>du</strong> bien a tous les hommes. Enfin, fi un<br />

homme fent une fecrette honte, lorfqu'il entend<br />

parler de chofes fales & injuftes j s'il ne peut<br />

s'empêcher d'en rougir, le voilà fort près de<br />

cette fermeté d'ame, qui fait rechercher avec<br />

confiance le bien, & avoir de l'averfion pour<br />

lé mal.<br />

Après que le Philofophe Chinois a parlé de<br />

ces cinq Régies univerfelles, il en propofe neuf<br />

particulières pour les Rois, parce qu'il regarde<br />

leur con<strong>du</strong>ite , comme une fource publique de<br />

bonheur ou de malheur. Les voici, i. Un Roi<br />

doit travailler fans ceffe à orner fa perfonne de<br />

toutes fortes de vertus. a. Il doit honorer &<br />

chérir les hommes fages & vertueux. 3. Il doit<br />

refpeâer & aimer ceux qui lui ont donné la naiffance.<br />

4. Il doit honorer & eftimer ceux de<br />

/es Miniftresqui fe diftinguent par leur habileté,<br />

& ceux qui exercent les principales Charges de<br />

la Magiftrature. j. Il doit s'accommoder, autant<br />

qu'il eft poflible, aux fentimens & à la volonté<br />

des autres Miniftres, & de ceux qui ont<br />

des emplois un peu moins confidérables, il les<br />

doit regarder comme fes membres. 6. Il doit<br />

aimer fon peuple, même le petit peuple, comme<br />

fes enfans propres, & prendre part aux divers


C O tf F U C I US. t\t .<br />

lajets 'de joye ou de trifteffe qu'il peut avoir;<br />

7.Il doit tâcher defalire venir dans fon Royau-<br />

«ne plufieurs habiles ouvriers en toutes forte» ,.<br />

cl'Arts, pour l'avantage & la commodité de fes<br />

Sujets. 8. Il doit recevoir avec bonté & civilité<br />

les étrangers & les voyageurs, & les protéger T<br />

iiaftement. 9. Enfin, il doit aimer tendrement<br />

les Princes &Ies Grands de fon Empire*<br />

& avoir fi fort à cœur leurs intérêts, qu'ils l'aiment<br />

& lui (oient toujours fidèles.<br />

Pour bien entendre la Morale de Confuciu», '<br />

il eft néceflâire de dire ici un mot de la diftinction<br />

qu'il établit entre le Saint & le Sage. Il.<br />

attribue à l'un & à l'autre , en commun, certaines<br />

chofes : mais aufli il donne au Sage de»,<br />

avantages & des qualités, qu'il dit que le Sage.<br />

s'a point, 11 dit que la raifon & que l'innocence<br />

, ont été également communiquées au Sage &<br />

au Saint, & même à tous les autres hommes ;<br />

mais que le Saint ne s'eft jamais détourné tant<br />

foit peu de la droite raifon, & qu'il a confervé<br />

conftamment fon intégrité, au lieu que le Sage<br />

ne i'a, pas toujours confervée, n'ayant pas tou-«i<br />

jours fuivi la lumière de la raifon, à caufe de;<br />

divers obstacles qu'il a rencontré dans la pratique,<br />

de la vertu, & fur-tout à caufe de fes pallions r<br />

dont il s'eft ren<strong>du</strong> l'efclave. De forte, qu'il eft<br />

aéceflaire qu'il faffe de grands efforts , qu'il<br />

employé de grands travaux, & de grands foins,<br />

N 4


*î* C O N F U C I U S.<br />

ponr mettre fon cœur dans un bon état & fe<br />

con<strong>du</strong>ire félon les lumières de 1a droite raifon ><br />

& les régies de la vertu.<br />

Cufu raifonnant là - demis pour faire encore<br />

mieux entendre la Doârine de fon Maître , compare<br />

ceux qui ont per<strong>du</strong> leur première intégrité,<br />

& qui défirent la recouvrer, à ces arbres tout<br />

fecs & prefque morts, qui ne laiffent pas pourtant<br />

d'avoir dans le tronc & dans les racines, un<br />

certain fuc , un certain principe de vie, qui fait<br />

qu'ils pouffent des remettons. Si, dit-il, on a<br />

foin de ces arbres, fi on les cultive, fi on les<br />

arrofe, fi on en retranche tout ce qui eft inutile,<br />

il arrivera que cet arbre reprendra fon premier<br />

état. De même, quoique l'on ait per<strong>du</strong> fa première<br />

intégrité & fon innocence, l'on n'a qu'à<br />

exciter ce qui refte de bon, qu'à prendre de la<br />

peine, qu'à travailler; & infailliblementl'onparviendra<br />

à la plus haute vertu. Ce dernier état»<br />

dit Cufu, cet état <strong>du</strong> Sage s'apelle Gintao , c'ëftà-dire,<br />

le chemin & la raifon de l'homme , ou<br />

bien le chemin qui con<strong>du</strong>it à l'original de la<br />

première perfeâion. Et l'état <strong>du</strong> Saint, s'apelle<br />

Tien tao, c'eft-à-dire, la raifon <strong>du</strong> Ciel, ou la<br />

première Régie que le Ciel a donnée également à<br />

tous les hommes, & que les Saints ont toujours<br />

©bfervée, fans s'en détourner , ni à droite ni à<br />

gauche.<br />

Comme les Régies contiennent en abrégé les


CO--N F U C I U S. 155<br />

principaux devoirs , & qu'on peut les retenir<br />

aifément, Confucius en donne cinq à ceux qui .<br />

veulent choifir le bien 63c s'y attacher. 1. Il<br />

faut tâcher de connaître, d'une manière éxaâe<br />

& éten<strong>du</strong>e, les caufes, les propriétés & les<br />

différences de toutes chofes. 2. Parce que parmi<br />

les chofes que l'on connoît, il y en peut<br />

avoir que l'on ne connoit pas parfaitement, il<br />

les faut examiner avec foin, les confidérer en<br />

détail & dans toutes leurs circonftances, & enfin<br />

consulter les hommes fages, intelligens & expérimentés.<br />

3. Quoi qu'il femble que nous concevions<br />

clairement certaines chofes, néanmoins<br />

parce qu'il eft aifé de pécher par précipitation,<br />

dans le trop ou dans le trop peu, il eft néceffatre<br />

de méditer enfuite en particulier, fur les. chofes<br />

que l'on doit connoîtr e, & de pefer chaque<br />

fhofe au poids de la raifon , avec toute l'atten-.<br />

iion d'èfprit dont eft capable , avec la dernière.éxaftitude.<br />

4. Il faut tâcher de ne concevoir<br />

pas les chofes d'une manière confufe , il<br />

faut en avoir des idées claires , en forte que<br />

l'on puiffe difcerner fûrement le bien d'avec le<br />

mal, le vrai d'avec le faux. 5. Enfin, après<br />

qu'on aura obfervé toutes ces chofes , il en faut<br />

venir à I'aélion, agir fincérement & çonftamment,<br />

& exécuter, de toutes fes forces , les bonnes té-.<br />

folutions que l'on aura prifes.<br />

Nous ne fçau^ms mieux finir ce livre, que


1Ç4 CONFUCIUS.<br />

par ces belles paroles de Cufu ; Prenez garde,<br />

dit-il, comment vous a giflez , lorfque vous ête*<br />

feul. Quoique vous vous trouviez dans l'endroit<br />

le plus reculé 6c le plus caché de votre<br />

fnaifon, vous ne devez rien faire, dont vous<br />

pùffiez avoir honte, fi vous étiez en compagnie<br />

& en public. Voulez-vous, cominue-t'il, que<br />

je vous dife de quelle manière fe con<strong>du</strong>it celui<br />

qui a acquis quelque perfection. Il a une attention<br />

continuelle fur lui-même ; il n'entreprend<br />

rien, il ne commence rien , il ne prononce aucune<br />

parole , qu'il n'ait auparavant médité. Avant<br />

qu'il s'élève aucun mouvement dans fon cœur, il<br />

s'obferve avec foin , il réfléchit fur tout, il examine<br />

tout, il eft dans une continuelle vigilance..<br />

Avant que de parler, il eft convaincu que ce<br />

qu'il va dire eft vrai & raifoimable, & il croit<br />

qu'il ne fçauroit retirer un plus doux fruit de fa<br />

vigilance & de fon examen, que de s'accoutumer<br />

à fe con<strong>du</strong>ire avec circonfpeâion & avec<br />

retenue , dans les chofes mêmes qui ne font<br />

vûes^ ni fçûes de perfonne.<br />

Le trorfiéme Livre de Confucius eft de tout<br />

autre caractère que les deux précédens, pour le.<br />

tour & les expreffions ; mais dans le fond il contient<br />

la même Morale. C'eft un tiflu de plufieurs<br />

Sentences prononcées en divers tems &en divers<br />

lieux, par Confucius lui-même & par fes Difciples.<br />

Auflî eft-il intitulé Lhnyk, c'eft-à>-dire,


C O NFU C I U S. ijf<br />

Entretiens de plufieurs ptrfonnts qui rai/onnent 6V<br />

qui philofophient enfemble.<br />

On y voit d'abord un Difciple de ce célèbre<br />

Philosophe , qui déclare, qu'il ne fe paflè point<br />

de jour qu'il ne fe rende compte à lui-même de<br />

ces trois chofes. i. S'il n'a point entrepris quelque<br />

affaire pour autrui, & s'il l'a con<strong>du</strong>ite & pourfuivie<br />

avec la même fidélité & avec la même ardeur<br />

que fi c'eût été fon affaire propre, a. Si lorsqu'il<br />

a été avec fes amis , il leur a parlé avec<br />

fincérité ; s'il ne s'eft-point contenté de leur faire<br />

paraître quelque vaine aparence de bienveillance<br />

& d'eftime. 3. S'il n'a point médité la Doctrine<br />

de fon Maître ; & fi après l'avoir méditée r<br />

il n'a pas fait, pour la mettre en pratique , tous<br />

les efforts dont il efl^capable.<br />

Confucius y paroît enfuite, donnant des leçons<br />

à fes Difciples. Il leur dit, que le Sage<br />

doit être fi occupé de fa vertu, que lors même<br />

qu'il eft dans fa maifon , il n'y doit pas chercher<br />

fes commodités & fes délices ; que quand il entreprend<br />

quelque affaire , ri doit être diligent &<br />

éxaft, prudent & avifé dans fes paroles , & que<br />

quoiqu'il ait toutes ces qualités , il doit être<br />

pourtant celui à qui il doit fe fier le moins ; celui<br />

à qui il doit le moins plaire ; qu'en un mot ,<br />

le Sage /e défiant toujours de foi-même, doit<br />

confulter toujours ceux dont la vertu & la<br />

fagefle lui font connues, & régler fa con<strong>du</strong>ite


10 C O N F U C I U S .<br />

& fes aâions fur leurs confeils & fur leurs<br />

exemples.<br />

Que penfez-vous d'un homme pauvre, lui dit<br />

on de fes Difciples, qui pouvant foulager fa pauvreté<br />

par la flatterie, refufe de prendre ce parti,<br />

& foutient hardiment qu'il n'y a que les lâches<br />

qui flattent ? Que penfez-vous d'un homme riche,<br />

qui tout riche qu'il eft, eft fans orgueil ? Je dis,<br />

répond Confucius, qu'ils font tons deux dignes<br />

de louanges, mais qu'il ne faut pas pourtant les<br />

regarder, comme s'ils étoient parvenus au plus<br />

haut degré de la vertu. Celui qui eft pauvre<br />

doit être joyeux & content au milieu de fon indigence<br />

; voilà en quoi confifte la vertu <strong>du</strong> pauvre<br />

: & celui qui eft riche doit faire <strong>du</strong> bien à<br />

tout le monde. Celui, continue-t'il, qui a le<br />

cœur bas & mal fait, ne fait <strong>du</strong> bien qu'à certaines<br />

perfonnes ; certaines partions, certaines<br />

amitiés particulières le font agir, fon amitié eft<br />

«ntéreffée : il ne féme fes biens que dans la vue<br />

d'en recueillir plus qu'il n'en féme ; il ne cherche<br />

que fon propre intérêt : mais l'amour de l'homme<br />

parfait eft un amour uni verfel, un amour qiri<br />

a pour objet tous les hommes. Un foldat <strong>du</strong><br />

Royaume de Ci , lui difoit-on un jour, perdit<br />

fon bouclier, & l'ayant cherché long-tems inutilement,<br />

il fe confola enfin par cette réflexion, de la<br />

perte qu'il avoit faite. Un folj.it a per<strong>du</strong> fon bouclier,<br />

mais un foldat de notre camp l'aura trouve,


C O N F UX I (U S. iî7<br />

U s'en fervira. Il aureît bien mieux parlé, dit<br />

alors Confucius , s'il eût dit, un homme a per<strong>du</strong><br />

fon bouclier , mais un homme le trouvera ; voulant<br />

donner à entendre qu'il falloit avoir de l'afFeâion<br />

pour tous les hommes <strong>du</strong> Monde.<br />

Confucius avoît Famé tendre, comme on en<br />

peut juger par ce que nous venons de dire ,<br />

mais il Tavoit grande & élevée. Les anciens<br />

Chinob enfeignoient, qu'il y avoit deux Génies<br />

qui préfidoient dans leurs maifons, l'un apellé<br />

Ngao & l'autre Cao. Le premier étoit regardé<br />

comme le Dieu tutelaire de toute la famille, &<br />

le dernier n'étoit que le Dieu <strong>du</strong> Foyer. Cependant<br />

, quoique le dernier de ces Génies fût fort<br />

inférieur au premier , on lui rendoit de plus<br />

grands honneurs qu'à celui qui avoit fous fa<br />

proteâion toutes les affaires domeftiques : & il y<br />

avoit.même un Proverbe qui difoit, qu'il valait<br />

mieux rechercher la proteQion de Cao , que cellf de<br />

Ngao. Comme cette préférence avoit quelque<br />

chofe defortfingulier, & qu'elle fembloit même<br />

choquer, en quelque manière , ceux qui étoient<br />

élevés aux grandeurs, dans les Cours des Princes;<br />

Confucius étant dans le Royaume deGuéi,<br />

& Ce rencontrant un jour avec un Préfet , qui<br />

avoit une grande autorité dans ce Royaume, ce<br />

Miniftre enflé de l'éclat de fa fortune , ayant<br />

crû que le Philofophe avoit defïein d'obtenir<br />

quelque faveur <strong>du</strong> Roi, lui demanda, par ma-


*& C O N F U C I U S .<br />

niere de raillerie, ce que fignifioit ce Proverbe -<br />

qui étoit dans la bouche de tout le peuple , il vaut<br />

mieux rechercher la proteSion de Cao, que celle de<br />

Ifgao. Confucius qui vit bien d'abord , que le<br />

Préfet lui vouloit faire comprendre par cette<br />

queftion, qu'il devoit s'adrefler à lui, s'il vouloit<br />

obtenir ce qu'il defiroit <strong>du</strong> Roi fon Maître ,<br />

& qui en même-tems fit cette réflexion ,que pour<br />

gagner les bonnes grâces <strong>du</strong> favori d'un Prince,<br />

il faut encenfer jufqu'à fes défauts, & s'abaifler<br />

à des complaifances indignes d'un Philofophe,<br />

lui dit , fans détour , qu'il étoit entièrement<br />

éloigné des maximes <strong>du</strong> fiécle ; qu'il ne s'adrefleroit<br />

point à lui, de quelque détour qu'il Ce fût fervi<br />

pour lui faire connoître qu'il le devoit faire ;<br />

& pour l'avertir en même-tems, que quand jil ré -<br />

' pondroit à fa queftion , de la manière qu'il le<br />

pourroit fouhaiter, il n'en pourroit tirer aucun<br />

avantage, il lui dit : que celui qui avoit pichi con.<br />

tre le Ciel, ne sadreffoit qu'au Ciel: car, ajoutat'il,<br />

à qui fe pourroit-il adrefferpour obtenir le pardon<br />

de fon crime , puifqu'il n'y a aucune Divinité<br />

qui foit au-dejjus <strong>du</strong> Ciel ?<br />

Confucius ne recommande rien tant à fes Difciples,<br />

que la douceur & la débonnaireté ; fondé<br />

toujours fur cette maxime , que l'on doit aimer<br />

tous les hommes. Et pour leur faire mieux fentir<br />

la vérité de ce qu'il leur dit, il leur parle de<br />

deux illuûres Princes , qui s'étoient fait diftinr


C O N F U C I U S, r59<br />

gner par cet endroit-là dans le Royaume de Cucho.<br />

Ces Princes , leur dît-il, étoient fi doux & fi débonnaires<br />

, qu'ils oublioient, fans fe faire» effort,<br />

les injures les plus atroces , & les crimes pour<br />

lefquels ils. avoient le plus d'horreur , lorfque<br />

ceux qui les avoient commis donnoient quelque<br />

marque de repentance. Us regardoient ces<br />

criminels, tous dignes des derniers fuplices qu'ils<br />

étoient, de la même manière que s'ils euflent<br />

.été toujours innocens ; ils n'oublioient pas feulement<br />

leurs fautes , mais par leur procédé , ils<br />

faifoient que ceux qui les avoient commifes,<br />

pouvoient les oublier eux-mêmes, en quelque<br />

façon, & perdre une partie de la honte qui der<br />

meure après les grandes chûtes, & qui ne peut<br />

que décourager dans le chemin de la vertu.<br />

Comme l'un des grands deffeins de ce Philo*<br />

fopheétoitde former les Princes à la vertu, &<br />

de leur enfeigner l'art de régner heureufement,<br />

il ne faifoit pas difficulté de s'adreffer directement<br />

à eux, & de leur donner des avis. Un Prince»<br />

d'tfoit—il un jour à un Roi de Lu, apellé Timcum ,<br />

un Prince doit être modéré , il ne doit méprifer<br />

aucun de fes Sujets , il doit récompenfer ceux<br />

qui le méritent. H y a des Sujets qu'il doit<br />

traiter avec douceur, & d'autres avec févérité ; il<br />

y en a fur la fidélité defquels il fe doit repofer ,<br />

mais il y en a auffi, dont il ne fçauroit fe défier<br />

affei.


i6b C O N F U C I U S .<br />

Confucius veut même que les Princes ne fou»<br />

haitent rien de ce que les autres hommes fouhaitent,<br />

quoique ce (oient quelquefois des brens ,<br />

qu'il femble qu'ils pourraient defirer fans crime.<br />

Il veut qu'ils foulent aux pieds, pour ainfi dire»<br />

tout ce qui peut faire la félicité des mortels fur<br />

la terre ;& que fur-tout ils regardent les richeffes,<br />

les enfans, &'la vie même , comme des<br />

avantages qui ne font que paffer , & qui par<br />

conséquent ne peuvent pas faire la félicité d'un.<br />

Prince. L'Empereur Yao , dit ce Philofophe,<br />

s'étoit con<strong>du</strong>it par ces Maximes,& fous la con<strong>du</strong>ite<br />

d'un fi bon guide, il étoit parvenu à une<br />

perfection oh peu de mortels peuvent atteindre :<br />

car on peut dire, qu'il ne voyoit au-deflus de lui<br />

que le Ciel, auquel il s'étoit entièrement conformé.<br />

Ce Prince incomparable, ajoute-t'il , vifitoit,<br />

de tems en tems les Provinces de fon<br />

Empire; & comme il étoit les délices de fon<br />

peuple, un jour ayant été rencontré par une<br />

troupe de fes Sujets ; ces Sujets , après l'avoir<br />

apelié leur Empereur & leur père, & avoir fait<br />

éclater toute leur joie , à la vue d'un fi grand<br />

Prince, s'écrièrent à haute voix , pour joindre<br />

des voeux à leurs acclamations, Que le Ciel te<br />

comble de richejfes ! qu'il t'accorde une famille nom'<br />

breufe ! & qu'il ne te raviffi à ton peuple que tu<br />

*e fois rajfafii de jours ! Non, répondit l'Empereur,,<br />

poujfei d'autres vaux vers le Ciel. 'Les<br />

_ . . grandes.


C O N F U C I U S . ifiii<br />

grandes richejfes pro<strong>du</strong>ifent les grands foins 6> les<br />

pondes inquiétudes : le grand nombre d'en/ans pro<strong>du</strong>it<br />

Us grandes craintes : & une longue vie n'ejl<br />

ordinairement qu'une longue fuite de maux. Qu'il<br />

fe trouve peu d'Empereurs qui foient femblables<br />

à Yaol s'écrie après cela Confucius.<br />

Ce qui fait ordinairement de la peine aux<br />

Rois, ce qui redouble, en quelque manière, le<br />

poids <strong>du</strong> fardeau qui eft attaché à leur couronne ,<br />

c'eft ou le peu de Sujets fur lefquels ils régnent,<br />

oulepeudericheffes qu'ils poffédent : car enfla<br />

tous les Rots ne font pas de grands Rois, tous<br />

les Rois n'ont pas de vaftes Royaumes, & des<br />

rkheffes exceffives. Mais Confucius croit qu'un<br />

Roi eft trop ingénieux à fe tourmenter, lorfque<br />

ces réflexions font capables de lui caufer la moindre<br />

trifteffe. Il dit qu'un Roi a affez de Sujets,'<br />

lorfque les Sujets font contens, & que fon Royaume<br />

eft affez riche , lorfque la concorde 6c la<br />

paix y régnent. La paix & la concorde, dit ce<br />

Philofophe ,font Us mères de ^abondance.<br />

Enfin Confucius enfeigne, en parlant toujours<br />

des devoirs des Princes , qu'il eft fi néqeffaire<br />

qu'un Prince foit vertueux, que lorfqu'il ne l'eft<br />

point, unSujeteft obligé par les Loix <strong>du</strong> Ciel^<br />

de s'exiler volontairement, 6t d'aller chercher<br />

une autre Patrie.<br />

Il fe plaint quelquefois des défo/dres des Prit»»<br />

ces ; mais le.grandfujetde fes plaintes, eft les<br />

Tomt III. O


I6î C O N F U C I U S.<br />

défordres des particuliers. Ilfoupire des mœursde<br />

fon fiécle : il dit qu'il ne voit prefque perfonne<br />

qui fe diftingue, ou parla vertu , ou par<br />

quelque qualité extraordinaire ; que tout eft corrompu,<br />

que tout eft gâté, &que c'eft principalement<br />

parmi les Magiftrats & les Courtifans que la<br />

vertu eft négligée. Il eft vrai que Confucius Terrible<br />

quelquefois outrer les chofes. En effet t<br />

c'étoit peu pour ce Philo{ophe,lorfqu'il ne fe trouvoit<br />

dans la Cour d'un Prince , que dix ou douze<br />

perfonnes d'une fagefle éclatante ; il crioit, 6 tenu!<br />

6 meturs ! il gémifloit. Sous le régne de Vuvam , il<br />

y avoit dix hommes d'une vertu & d'une fuffifance<br />

confommées, fur lefquels cet Empereur fepou<br />

voit repofer de toutes les affaires de l'Empire :<br />

cependant Confucius fe récrioit fur un fi petit<br />

nombre, en difant , que les grands dons , la<br />

vertu fit les qualités de l'efprit, étoient des chofes<br />

fort rares dans fon fiécle. Il avoit fait les<br />

mêmes plaintes à l'égard de l'Empereur Zun, le<br />

premier de la famille de Cktu , quoique ce Prince<br />

eût alors cinq Préfets, <strong>du</strong> mérite defquels l'on<br />

peut juger par l'hiftoire de l'un de ces Miniftres,.<br />

qui étoit apellé Vu.<br />

Ce Sage Miniftre a ren<strong>du</strong> fa mémoire immortelle<br />

parmi les Chinois, non-feulement parce que<br />

ce fut lui qui trouva le fecret d'arrêter ou de<br />

détourner les eaux qui inondoient tout le Royaume,<br />

& qui le rendoient prefque- inhabitable ;


C O N F V C I 0 S. lôj<br />

«lais parce qu'étant devenu Empereur, il vécut<br />

toujours en Philofophe. Il étoit d'une famille<br />

illuftre ; car il pou voit compter des Empereurs parmi<br />

fes Ayeux. Mais fi par la décadence de fa<br />

maifon, il étoit déchu des prétentions qu'il pouvoit<br />

avoir fur l'Empire , fa fagefle & fa vertu<br />

lui acquirent ce que la fortune avoit refufé à la<br />

nobleflie de fon extraction. L'Empereur Zun avoit<br />

fi bien reconnu fon mérite , qu'il l'aflbcia £<br />

l'Empire : & dix-fept ans après , il le déclara<br />

fon légitime Succeffeur, à l'exclufion de fon propre<br />

fils. Yu refufa cet honneur ; mais comme il<br />

s'en défendoit en vain, & que fa générofité<br />

fouffroit dans les prefentes follicitations qui lut<br />

étoient faites de toutes parts ; il fe déroba aux<br />

jeux de la Cour ,_& alla chercher une retraite<br />

dans une caverne : mais n'ayant pu fe cacher, fi<br />

bien qa'il ne fût enfin découvert dans les rochers<br />

de fa iblitude, il fut élevé malgré lui fur le trône<br />

de fes Ancêtres. Jamais trône n'a été plusacceiïible<br />

que celui de ce Prince, jamais Prince<br />

n'a été plus affable. On dit qu'il quitta un jour<br />

jufqu'à dix fois fon repas, pour voir les requêtes<br />

qu'on hri prefentoit, ou écouter les plaintesdes<br />

miférables ; & qu'il quittoit même ordinairement<br />

fon bain, lorfqu'on lui demandoit audien-ce.<br />

Il régna dix ans avec tant de bonheur, avec<br />

tant de tranquillité , & dans une fi grande abondance<br />

de toutes chofes, qu'on peut dire cettai*<br />

a a


*64 C O N F U C I XT S.<br />

nement de ce fiécle, que c'étoit un fiécle d'or.<br />

Tu avoit cent ans lorfqu'il mourut ; & il mourut<br />

comme il avoit vécu : car préférant les intérêtsdé<br />

l'Empire aux intérêts de fa famille, il ne voulut<br />

pas que fon fils lui fuccedât ; il donna la couronne<br />

à un de fes Sujets v dont ta vertu lui étoit<br />

connue. Un Prince eft heureux, fans doute»<br />

lorfqu'il peut quelquefois fe décharger des foins,<br />

qui l'accablent fur un tel Miniftre : & Zun ne<br />

pouvoit que l'être , puifqa'il en avoit cinq tout<br />

à la fois, tous dignes d'être affis fur le trône ;<br />

mais ce nombre n'étoit pas affez grand pour Confucius,<br />

e'eft ce qui le faifoit foupirer..<br />

i Confucius dit qu'un Prince ne doit jamais<br />

accepter la couronne au préjudice de fon père,<br />

quelque indigne que fon père en foit ; que c'eft<br />

un des plus grands crimes dont un Prince puiffe<br />

être capable : & cela lui donne occafton défaire<br />

deux petites hifloires, qui font admirablement<br />

à fon fujet.<br />

Lirncum, dît ce Philo&phe , étoit un Roi<br />

de Gu«i qui fe maria en. fécondes noces.. Comme<br />

la chaûeté n'eft pas toujoursTe partage des Princeflès,<br />

la Reine eut des commerce illégitimes,<br />

avec un des Grands de fa Cour : & cela ne.s'étant<br />

pas fait avec fi peu d'éclat, qu'un des fils <strong>du</strong> prer<br />

mier lit de Limcum n'en eût connoiffance , ce jeune<br />

Prince, jaloux de l'honneur de fon père,<br />

en eut tant de reffentùnent , qu'il fit deffeûi


C O N F U C L U S . i6f<br />

tfe tuer la Reine, & ne cacha pas même fon<br />

deffein. L'adroite & criminelle Princefle. , qui<br />

fe vit découverte & qui avoit beaucoup d'afceadant<br />

fur l'efprit de fon vieux Epoux , allégua<br />

des raîfons fi plauûbles pour faire croire qu'elle<br />

étoit innocente , que ce pauvre Prince, loin<br />

d'ouvrir les yeux à la vérité , exila fon fils : mais<br />

comme les enfans ne font pas coupables des crimes<br />

des pères , il retint Chi auprès de lui : c'étok<br />

le fils <strong>du</strong> Prince difgracié.Ziffifu/n mourut queLque-tems<br />

après. Le peuple rapella le Princ*<br />

que les défordres de la Reine avoient fait bannir :<br />

& il alloit recevoir la Couronne ; mais fon lâche<br />

fils s'y opofa , alléguant que fon père étoit ur*<br />

parricide : il leva des armées contre lui » & fe fit<br />

proclamer Roi par le peuple^<br />

Les fils d'un Roi de Cucho, continue-iT\\, n*ea<br />

nférent pas de cette manière ; voici un exemple<br />

mémorable. Ce Roi , dont nous ferons en deux<br />

mots lTwftoire, eut trois fils: & comme les pères<br />

ont quelquefois plus de tendreffe pour les<br />

plus jeunes de leurs enfarrs qu«


i66 C O N F U C I U S.<br />

crime, d'élever fur le trâne l'ainé de la famulë*<br />

<strong>Royal</strong>e. Cela s'exécuta comme le peuple l'avoir<br />

projette : & cette aâion fut généralement aprouvée.<br />

Il n'y eut que le nouveau Roi, qui fe ref»<br />

fouvenant des dernières paroles de fon père ,<br />

n'y voulut jamais donner les mains. Ce généreux<br />

Prince prit la Couronne qu'on lui prefentoit,<br />

la mit fur la tête de fon jeune frère , &<br />

déclara hautement qu'ily renonçoit, & que même<br />

il s'en croyoit indigne , puifqu'il en avoit<br />

été exclus par la volonté de fon père , & que fon<br />

père ne pouvoit plus rétraâer ce qu'il avoit dit.<br />

Le frère , touché d'une aftion fi héroïque , le<br />

conjura dans le moment, de ne s'opofer pas à<br />

Pinclination de tout un peuple qui defiroit qu'il<br />

régnât fur lui. Il lui allégua que c'étoit lui feul,<br />

qui étoit le légitime Succeffleur de la Couronne<br />

qu'il méprifoit ; que leur père ne pouvoit pas<br />

violer les loix de l'Etat ; que ce Prince s'étoir<br />

JaifTé furprendre à une trop grande tendrefle , &<br />

qu'en un mot, c'étoit, en quelque manière, aux<br />

peuples à redreflèr les loix de leurs Rois lorfqu'elles<br />

n'étoient pas équitables. Mais rien ne<br />

fut capable de lui perfuader qu'il pouvoit s'opofer<br />

aux volontés de fon père. Il y eut, entre<br />

ces deux Princes, une louable conteftation ; aucun<br />

ne voulut prendre la couronne : & comme<br />

ils virent bien l'un &Fautre, que cette contefta^<br />

*ion <strong>du</strong>rerait long-teras, ils fe-retirèrent de h


C O N F U C I U S. r6r<br />

Cour ; vaincus & viâorieux tout enfemble, ilsallèrent<br />

finir leurs jours dans le repos d'une folir<br />

tude, &laifférent le Royaume à leur frère. Ce*<br />

Princes, ajoute-t'il, cherchoient la vertu ; mais<br />

ils ne la cherchèrent pas en. vain, ils la trou»<br />

vérent.<br />

Il fait, de .tems en tems, de petites hiftoires<br />

de cette nature, où l'on voit éclater par-tout<br />

une générofité héroïque. On y voit des femmes<br />

eu peuple, & même de grandes Princefles, qui<br />

aiment mieux fe laifler mourir, ou. fe donner la<br />

mort de leurs propres mains , que d'être expo


t«» CONFUCIOÎ.<br />

gardois comme mon fils; mais aujourd'hui tepuis-je<br />

regarder comme mon fils ? il a été enfévcli comme le<br />

autres hommes.<br />

Il défend de pleurer les morts avec excès , &<br />

fi forcé par fa propre douleur ,îl a verfé des larmes<br />

pour ce même Difciple, il avoue qu'il s'eft .<br />

oublié ; qu'à la vérité, les grandes douleurs n'ont<br />

point de bornes, mais que le Sage ne doit point<br />

être fu r<strong>mont</strong>é par la douleur ; que c'eft une foibleue<br />

en lui, que c'eft un crime.<br />

Il donne de grandes louanges à quelques-uns<br />

de fes Difcrples, qui, au milieu de ta plus grande<br />

pauvreté, étoient contens de leur deftinée,<br />

& comptoient pour de grandes richeffes les vertus<br />

naturelles qu'ils avoient reçues <strong>du</strong> Ciel.<br />

Il déclame contre l'orgueil, contre l'amourpropre<br />

, contre l'indifcrétion , contre la ridicule<br />

vanité de ceux qui affe&ent de vouloir être Maîtres<br />

par-tout, contre ces hommes remplis d'eurmêmes<br />

qui prônent à tpus momens leurs actions ><br />

contre les grands parleurs : & faifant enfuite<br />

le portrait <strong>du</strong> Sage, paropofition-à ce qu'il vient<br />

de dire, il dit que l'humilité , la modeftie, laretenue<br />

& l'amour <strong>du</strong> prochain , font des vertu»<br />

qu'il ne fçauroit négliger u» moment , faas fotr<br />

tir de fou Caractère.<br />

Il dit qu'un homme de bien ne s'afflige j*»<br />

«nais, ôt-qu'if ne craint rien ; qu'il méprife le»<br />

injures, qu'il n'ajoute jamais foi à lis médifance;<br />

qu'il


C O N F U C I U S. I6a<br />

te ; qu'il n'écoute pas même les raports.<br />

Il foutient que les fuplices font trop fréquens;<br />

que fi les Magiftrats étoient gens de bien, les<br />

méchans conformeroient leur vie à la leur, &<br />

. que fi les Princes n'élevoient aux Dignités que<br />

des perfonnes difiinguées par leur probité & par.<br />

une vie exemplaire, tout le monde s'attacheroit<br />

à la vertu, parce que les grandeurs, étant des<br />

biens que tous les hommes défirent naturellement<br />

, chacun voulant les pofleder, chacun tâcherait<br />

de s'en rendre digne.<br />

Il veut qu'on fuy e la parefle, qu'on foit compofé,<br />

qu'on ne précipite point fes réponfes ; &<br />

que fe mettant au-defïus de tout, on ne fe faHe<br />

jamais une peine, ou de ce que l'on eft méprifé,<br />

ou de ce que l'on n'eft point connu dans<br />

le Monde.<br />

U compare les hypocrites à ces fcélérats, qui<br />

pour mieux cacher leurs deffeins aux yeux des<br />

hommes, paroifTent fages & modeftes pendant<br />

le jour, & qui à la faveur de la nuit volent les<br />

maifons, & exercent les plus infâmes brigandages.<br />

U dit que ceux qui font leur Dieu de leur<br />

ventre, ne font jamais rien qui foit digne de<br />

l'homme ; que ce font plutôt des brutes que des<br />

créatures raifonnables : 6c revenant à la con<strong>du</strong>ite<br />

des Grands, il remarque fort bien, que leurs<br />

crimes font toujours plus grands que les crimes<br />

des autres hommes. Zam, dernier Em-<br />

Tome Ulx<br />

P


i?o C O N F U C I U S.<br />

pereur de la famille de Chcu, dit Confucius à<br />

cette occafion, a voit eu une con<strong>du</strong>ite fort irréguliére.<br />

Mais quelque irrégtriiére que fût fa<br />

con<strong>du</strong>ite, le» defordres de cet Empereur n'étoieht<br />

pourtant que les defordres de fou fiécle. Cependant<br />

, dès qu'on parle de quelque aftlon lâche<br />

, de quelque action criminelle & infâme, on<br />

dit que c'eft le crime de Zam, En voici la raifon :<br />

Zam était mickant, & Empereur.<br />

Confucius dit une infinité d'autres chofes de<br />

cette nature, qui regardent la con<strong>du</strong>ite de toutes<br />

fortes d'hommes ; mais comme la plupart des<br />

choies qu'il dit, ou que fes Difciples difent, font<br />

des Sentences & des Maximes, ainfi que nous<br />

l'avons déjà feit fentir, en voici quelques - unes<br />

dont on peut dire qu'elles étoient dignes d'être<br />

diâées dans l'école de Jefus-Chriftv<br />

^ ^


C O N F U C I U S. 'ift<br />

MAXIMES.<br />

i.<br />

Ravailles à imiter les Sages, & ne te re­<br />

T butes jamais, quelque pénible que (bit ce<br />

travail. Si tu peux venir à tes fins , le plaifir,<br />

que tu goûteras te dédommagera de toutes ces<br />

peines.<br />

II.<br />

Lorfque tu travailles pour les autres, travailles<br />

avec la même ardeur que fiftu travaillois pour<br />

toi-même.<br />

III.<br />

La vertu, qui n'eft point foutenue par la<br />

gravité, n'acquiert point d'autorité parmi las<br />

nommes.<br />

IV.<br />

Souviens-toi toujours que tu es homme, que<br />

la Nature humaine eft fragile, & que tu peux<br />

aifément fuccomber, & tu ne fuccomberas jamais.<br />

Mais, fi venant à oublier ce que tu es,<br />

il t'arrive de fuccomber, ne-perds pas courage<br />

pourtant : fouviens-toi que tu te peux relever ;<br />

qu'il ne tient qu'à toi de rompre les liens qui<br />

t attachent au crime, & de fur<strong>mont</strong>er les obftades<br />

qui t'empêchent de marcher dans le cher<br />

min de la vertu.<br />

Pi


*7» CONFUCIUS.<br />

V.<br />

Prens garde fi ce que tu promets eft jufte;<br />

car après que l'on a promis quelque chofe, il<br />

n'eft point permis de fe rétraâer : on doit ton-,<br />

jours tenir fa promeffe.<br />

VI.<br />

Lorfque tu fais hommage à quelqu'un, fais<br />

que tes foumiuions foient proportionnées à<br />

l'hommage que tu lui dois : il y a de la grofliéreté<br />

& de l'orgueil à n'en faire pas alliez ; mais<br />

il y a de la baffeffe à en faire trop, il y a de<br />

l'hypocrifie.<br />

VII.<br />

Ne mange pas pour le plaifir que tu peux<br />

trouver à manger. Mange pour réparer tes forces<br />

; mange pour conferver la vie que tu as reçue<br />

<strong>du</strong> Ciel.<br />

VIII.<br />

Travaille à purifier tes penfées : fi tes penfées<br />

ne font point mauvaifes, tes aâions ne le feront<br />

point.<br />

IX.<br />

Le Sage goûte une infinité de plaifirs ; car la<br />

vertu a fes douceurs au milieu des <strong>du</strong>retés qui<br />

l'environnent.<br />

X.<br />

Celui qui d ans fes études, fe donne tout en*<br />

tier au travail & à l'exercice, & qui néglige la<br />

méditation, perd fon tems ; mais auffi celui qui


C O N F U C I U S: i7f<br />

s'aplique tout entier à la méditation & qui<br />

néglige le travail & l'exercice, ne peut que s'égarer<br />

& fe perdre. Le premier ne fçaura jamais<br />

rien d'exact., fes lumières feront toujours<br />

mêlées de ténèbres & de doutes ; & le dernier<br />

ne pourfuivra que des ombres ; fa fcience ne<br />

fera jamais fûre , elle ne fera jamais ,folide.<br />

Travaille, mais ne néglige pas la méditation.<br />

Médite, mais ne néglige pas le travail.<br />

XL<br />

Un Prince doit punir le crime, de peur qu'il<br />

ne femble le foutenir : mais cependant il doit<br />

contenir fon peuple dans le devoir, plutôt par<br />

des effets de clémence, que par des menaces &<br />

des fuplices.<br />

XII.<br />

Ne manque 'jamais de fidélité à ton Prince :<br />

Ne lui cache rien de ce qu'il eft de fon intérêr<br />

de fçavoir, & ne trouve rien de difficile , lorsqu'il<br />

s'agira de lui obéir.<br />

XIII.<br />

Lorfqn'on ne peut aporter à un mal aucun<br />

remède : il eft inutile d'en chercher. Si par tes<br />

avis & tes re<strong>mont</strong>rances, tu pouvois faire que<br />

ce qui eft déjà fait, ne le fut point, ton filence<br />

feroit criminel : mais il n'y a rien de plus<br />

froid qu'un confefl , dont il eft impoflible de<br />

profiter.<br />

P3


Vf* CONFUC1US;<br />

XIV.<br />

La pauvreté & les miféres humaines font des<br />

maux en foi ; mais il n'y a que les méchans qui<br />

les reflentenf. C'eft un fardeau fous lequel ils<br />

gémiffent, & qui les fait enfin fuccomber : ils<br />

it dégoûtent même de la fortune la plus riante.<br />

11 n'y a que le Sage qui fait toujours content :<br />

la vertu rend fon ame tranquille : rien ne le trouble,<br />

rien ne l'inquiète, parce qu'il ne pratique<br />

pas la vertu pour en être récompenfé. La pratique<br />

de la vertu eft la feule récompenfé qu'il<br />

«fpére.<br />

XV.<br />

Il n'y a que l'homme de bien , qui puiffe fùrement<br />

faire choix, qui puifTe ou aimer ou haïr<br />

avec raifon & comme il faut.<br />

XVI.<br />

Celui qui s'aplique à la vertu * & qui s'y<br />

aplique fortement , ne commet jamais rien<br />

d'indigne de l'homme, ni de contraire à la droite<br />

raifon.<br />

XVII.<br />

Les richefles & les honneurs font des biens.<br />

Le defir de les pofféder efi naturel à tous les<br />

hommes ; mais û ces biens ne s'accordent pas<br />

avec la vertu, le Sage les doit méprifer, & y<br />

renoncer généreufement. Au contraire , la pauvreté<br />

& l'ignominie font des maux : l'homme les<br />

fuit naturellement. Si ces maux attaquent le


C O N F U C I U S. ' i7Ç<br />

Sage, il lui eft permis de s'en délivrer, mais<br />

il ne lui eft jamais permis de s'en délivrer par un<br />

crime.<br />

XVIII.<br />

Je n'ai jamais vu encore d'homme qui fe félicitât<br />

de fa vertu, ou qui fût affligé de Tes défauts<br />

& de (es foibleflfes; mais je n'en fuis point<br />

furpris, parce que je voudroi* que celui qui.<br />

prend plaifir à la vertu , trouvât en la verta'<br />

tant de charmes , qu'il méprifât pour elle tout<br />

ce que le monde a de plus doux : & au contraire<br />

, que celui qui a. de l'horreur pour le<br />

vice, trouvât le vice fi hideux, qu'il n'y eût<br />

rien qu'il ne mit en œuvre pour fe défendre d'y<br />

tomber.<br />

XIX.<br />

Il n'eft pas. croyable que celui qui feroit tous<br />

les efforts dont il eft capable, pouf acquérir la<br />

vertu, ne l'acquit enfin, quand même il netravaillerait<br />

qu'un feul jour. Je n'ai jamais<br />

vu d'homme qui n'eût pour cela des forces fuffiïantes.<br />

XX.<br />

Celui qui le matin a écouté la voix de la verta<br />

, peut mourir le foir. Cet homme ne fe repentira<br />

point d'avoir vécu » & la mort ne lut<br />

fera aucune peine.<br />

XXI.<br />

Celui qui cherche le faite dans fes habits ;<br />

P4


176 C O N F U C I U S.<br />

& qui n'aime point la frugalité, n'eft pas encore<br />

difpofé pour l'étude de la fagefle : tu ne dois pas<br />

même t'en entretenir avec lui.<br />

XXII.<br />

Ne t'afflige point de ce que tu n'es pas élevé<br />

aux grandeurs & aux dignités publiques : gémis<br />

plutôt de ce que, peut-être, tu n'es pas<br />

orné des vertus qui te pourroient rendre digne<br />

d'y être élevé.<br />

XXIII.<br />

L'homme de bien n'eft occupé que de fa vertu<br />

: le méchant ne l'eft que de fes richefles. Le<br />

premier penfe continuellement au bien & à l'intérêt<br />

de l'Etat : mais le dernier a d'antres foucis ,<br />

il ne penfe qu'à ce qui le touche.<br />

XX.IV.<br />

Ne fais à autrui que ce que ta veux qui te<br />

foit fait : tu n'as befoin que de cette feule Loi »<br />

elle eft le fondement & le principe de toutes les<br />

autres.<br />

XXV.<br />

Le Sage n'a pas plutôt jette les yeux fur un<br />

homme de bien, qu'il tâche d'imiter fes vertus»<br />

mais ce même Sage n'a pas plutôt tourné fa tvne<br />

fur un homme abandonné à fes crimes, que<br />

fe défiant de foi-même, il fe demande, comme<br />

en tremblant, s'il n'eft pas femblable à cet<br />

homme.


CONFUCIUS. 177<br />

XXVI.<br />

Un enfant eft obligé de fervir fon père & de<br />

lui obéir. Les pères & les mères ont leurs défauts<br />

: un enfant eft obligé de les leur faire<br />

connoître, mais il le doit faire avec dtfuceur 8t<br />

avec prudence, & fi, quelques précautions qu'il<br />

prenne, il trouve touj ours de la réfiûance, il doit<br />

s'arrêter pour quelques nlomens, mais il ne<br />

doit pas fe rebuter. Les confeils donnés à un<br />

père, ou à une mère, attirent fouvent fur le<br />

fils des <strong>du</strong>retés & des châtimens ; mais un fils<br />

doit fouffrir dans cette occafion, il ne doit pas<br />

même murmurer.<br />

X X V I L<br />

Le Sage ne fe hâte jamais, ni en fes études ;<br />

ni en fes paroles ; il eft même quelquefois conv- "<br />

me muet. Mais lorfqu'il eft queftion d'agir & '<br />

de pratiquer la vertu, il précipite tout, pour<br />

ainfi dire.<br />

X X V 11 L .<br />

Le véritable Sage parle peu , il eft même<br />

peu éloquent. Je ne. vois pas auffi que<br />

l'Eloquence lui puifle être d'un fort grand<br />

ufage.<br />

XXIX.<br />

Il faut une longue expérience pour connoître<br />

le cœur de l'homme. Je m'imaginois, lorfque<br />

j'étois jeune, que tous les hommes étoient fia-


i7t CONFUGIUS:<br />

céres ; qu'ils «nettoient en pratique tout ce<br />

qu'ils difoient ; en un mot, que leur bouche<br />

étoit toujours, d'accord avec leur cœur ; mais<br />

maintenant que je regarde les chofes d'un autre<br />

œil, je fuis convaincu que je me trômpbis. Aujourd'hui<br />

j'écoute ce que les hommes difent,<br />

mais je ne m'en tiens jamais à ce qu'ils difent, je<br />

veux fçavoir fi leurs paroles font conformes à<br />

leurs actions.<br />

X X X.<br />

Il y eut autrefois dans le Royaume de Ci un<br />

Préfet qui tua fon Roi. Un autre Préfet <strong>du</strong><br />

même Royaume , regardant avec horreur le<br />

crime de ce Parricide , quitta fa Dignité ,<br />

abandonna fes biens, Se fe retira dans un autre<br />

Royaume. Ce fàge Mmiftre ne fut pas affez<br />

heureux pour trouver d'abord ce qu'il cherchoit,<br />

il ne trouva dans ce nouveau Royaume<br />

que des Minières iniques, & peu attachés aux<br />

intérêts de leur Maître. Ce ne fera pas ici le lieu<br />

«te mon rejour i dit-il aufli-tèt-, je chercherai<br />

ailleurs une retraite. Mais ay'an* rencontré<br />

toujours des hommes fembkWes- -à ce perfide<br />

Miniftre , qui l'avoit forcé par fon crime à<br />

abandonner fa Patrie , fa Dignité & tous fes<br />

biens, il courut par toute la terre. Si tu me<br />

demandes ce que je crois d'un tel homme, je ne<br />

puis refufer de te dire , qu'il mérite de grandes.


CQ'NTUCIUSf 179<br />

louanges, &. qu'il avoit une vertu diôinguée :<br />

c'eft le jugement que tout homme raifonnable en<br />

doit faire.' Mais comme nous ne fommes pas<br />

les fcrutateurs des cœurs, Se que c'eft proprement<br />

dans le cœur que la véritable vertu réfide,<br />

on ne doit pas toujours juger des hommes par les<br />

aâiens extérieures.<br />

XXXI.<br />

Je connois un homme qui pane pour fincére<br />

dans l'efprit <strong>du</strong> peuple, à qui l'on demanda,'<br />

l'un de ces jours, quelque chofe qu'il n'avoit<br />

pas. Tu t'imagines, peut-être, qu'il avoua ingénuement,<br />

qu'il étoit dans l'impuiffance de donner<br />

ce qu'on lui demandoit. Il l'eût dû faire *<br />

fi fa fincérité eût répon<strong>du</strong> au bruit qu'elle fait<br />

parmi le peuple : mais voici de quelle manière il<br />

s'y prit. Il fut adroitement chez un voifin ; it<br />

lui emprunta ce qu'on lui demandoit à luimême<br />

, & il le donna enfuite. Je ne fçauroi»<br />

jamais me convaincre que cet homme puifle eue<br />

fincére.<br />

XXXII.<br />

Ne refufes point ce qui t'effi donné par ton<br />

Prince, quelques richefles que tu poffédes. Donne<br />

ton fuperflu aux pauvres.<br />

XXXIII.<br />

Les défauts des pères ne doivent pas être iotputés<br />

aux en&ns. Parce qu'un père ie^fer*


i8o CONFUCIUS;<br />

ren<strong>du</strong> indigne, par fes crimes, d'être élevé aux<br />

Dignités, on n'en doit pas exclure le fils, s'il<br />

•e s'en rend pas lui-même indigne. Parce<br />

qu'un fils fera d'une naiffance obfcure, fa naiffance<br />

ne doit pas faire fon crime : il doit<br />

être «pelé aux grands emplois aufli-bien<br />

que les fils des Grands, s'il a les qualités néceiïaires.<br />

Nos pères ne facrifioient autrefois<br />

que des viâimes d'une certaine couleur , 6e<br />

l'on choififloit ces couleurs félon le gré de ceux<br />

qui étoient aflis fur le Trône. Sous le régne<br />

d'un de nos Empereurs, la couleur rouiïe étoit<br />

en vogue. Crois - tu que les Divinités , auxquelles<br />

nos Pères facrifioient fous le régne<br />

de cet Empereur, euflent rejette un taureau<br />

de couleur rouiïe , parce qu'il feroit forti d'une<br />

vache qui n'auroit pas été de la même couleur<br />

?<br />

XXXIV.<br />

- Préfère la pauvreté & l'éxil, aux Charges de<br />

l'Etat les plus éminentes, lorfque c'eft un homme<br />

méchant qui te les offre, & qu'il te veut contraindre<br />

de les accepter.<br />

XXXV.<br />

Le chemin qui con<strong>du</strong>it à la vertu eft long,'<br />

mais il ne tient qu'à toi d'achever cette longue<br />

carrière. N'allègue point pour t'excufer, qne<br />

px n'as pas affez de forces ; que les difficultés,


C O N F U C I U S. 181<br />

té découragent, & que tu feras obligé enfin de<br />

t'arrêter au milieu de ta courfe. Tu n'en fçais<br />

rien, commence à courir : c'eft une marque que<br />

tu n'a pas encore commencé , tu ne tiendrois<br />

pas ce langage.<br />

XXXVI.<br />

Ce n'eft pas allez de connoître la vertu , il la<br />

faut aimer : mais ce n'eft pas encore aiïez de l'aimer,<br />

il la faut pofféder.<br />

X XX VII.<br />

Celui qui perfécute un homme de bien , fait<br />

la guerre au Qel : le Ciel a créé la vertu , & il<br />

la protège ; celui qui la perfécute, perfécute le<br />

Ciel.<br />

XXXVIII.<br />

UnMagiftrat doit honorer fon père & fa mère<br />

, il ne doit jamais fe relâcher dans'cejuftedevoir<br />

: fon exemple doit infiruireje-peuple. U<br />

ne doit méprîfer ni les vieillards ni les gens de<br />

mérite : le peuple pouuokfimiter.<br />

,,- XXXIX.<br />

Un entant doit être dans une perpétuelle<br />

apréiîeniion de faire quelque ch.ofe.qui déplaife<br />

à fon père : cette crainte le doit occuper toujours.<br />

En un mot, il doit agir dans tout ce<br />

qu'il fait, avec tant de précaution, qu'il ne faffe<br />

jamais rien qui l'offenfe ou qui le puiffe affliger<br />

tant foit peu.


i8* CONFUCIUS.<br />

X L.<br />

La grandeur d'ame, la force 8c la persévérance<br />

doivent être le partage <strong>du</strong> Sage. Le fardeau<br />

dont il s'eft chargé eft pefant, fa carrière eu<br />

longue.<br />

X L I.<br />

Le Sage ne fait jamais rien fans confeil. Il<br />

confulte même quelquefois , dans les affaires<br />

les plus importantes, les hommes les moins intelligens,<br />

les hommes qui ont le moins d'efprit<br />

& le moins d'expérience. Lorfque les conseils<br />

font bons, on ne doit pas regarder d'oà<br />

ils viennent.<br />

X L I I.<br />

Evite la vanité & l'orgueil. -Quand tu aurois<br />

• toute la prudence & toute l'habileté des Anciens.,<br />

fi tu n'as pas l'humilité , tn n'as rien, tu<br />

es même l'homme <strong>du</strong> monde qui mérite le plus<br />

d'être méprifé.<br />

X L I I I.<br />

Aprens ce que tu (çais déjà , comme fi tu<br />

•ne l'avois jamais apris : on ne fçait jamais fi<br />

' bien les choies, qu'on ne pniffe bien les ou-<br />

-blier.<br />

X L I V.<br />

Ne fais rien qui foit malféant, quand même<br />

tu aurois. affez d'adreffe pour faire aprouver Ce<br />

que tu fais : tu peux bien tromper les yeux des


CONFUCIUS. i~gj<br />

Sommes, mais tu ne fçaurois tromper le Ciéf ,'<br />

il a les yeux trop clairvoyans. •<br />

X L V.<br />

Ne te lie jamais d'amitié avec un homme qui<br />

ne fera pas plus homme de bien que toi.<br />

XL. VI.<br />

Le Sage a honte de fes défauts, mais il n'a<br />

pas honte de s'en corriger.<br />

X L V I I. ' " _ " \<br />

. Celui qui Vit fans envie & fans convoitife. J<br />

peut afpirer à tout.<br />

X L V I I I.<br />

Veux-tu aprendre à bien mourir îaprens au-]<br />

paravant à bien vivre.<br />

XL-IX.'<br />

Un Miniftre d'Etat .ne doit jamais fervir fori<br />

Prince , dans fes ihjuftices Se dans fes défordres.<br />

Il dort plutôt renoncer 4 fon Mimftëre ;<br />

que de le flétrir par des actions lâches & crimi-;<br />

nellès.<br />

L.<br />

L'Innocence n'eft plus une vertu, la plupart<br />

des Grands en font déchus. Mais fi tu demandes<br />

ce qu'il faudroit faire pour recouvrer cette<br />

vertu, je répons qu'il ne faudroit que fe vaincre<br />

foi-même. Si tous les mortels remportoient<br />

fur eux, dans un même jour, cette heureufe<br />

yiâoiïe , tout l'Univers, dès ce même jour g


*«4 CONFUCIUS.<br />

reprendroit une nouvelle forme ; nous ferions<br />

tous parfaits, nous ferions tous innocens. La<br />

vi&oire eft difficile , .il eft vrai, mais elle n'eu<br />

pas impoffible ; car enfin, fe vaincre foi-même,<br />

'«feu que faire ce qui eft conforme à la raifon.<br />

Détourne tes veux, ferme tes oreilles,<br />

mets un frein à ta langue, & fois plutôt dans<br />

une éternelle inaâion , que d'occuper tes<br />

yeux à voir des fpe&acles où la raifon fe<br />

trouve choquée, que d'y donner ton attention,<br />

que d'en difcourir. Voilà de quelle manière<br />

' tu pourras vaincre ; la viftoire ne. dépend que<br />

de toi.<br />

L I.<br />

Ne fouhaite point la mort de ton ennemi, tu<br />

la fouhaiterois en vain ; fa vie eft entre les mains<br />

<strong>du</strong> CieL<br />

LU.<br />

Il eft facile d'obéir an Sage, ri ne commande<br />

*ien d'impofttble : mais il eft difficile de le divertir<br />

: fouvent ce qui réjouit les autres.le fait<br />

foupirer, ôt arrache de fes yeux des torrens de<br />

larmes.<br />

LUI.<br />


C O N F V C I U S. iSj<br />

obligé de pafler ta vie, fois en liaifon avec les<br />

plus fages, ne fréquente que les gens de bien.<br />

L V.<br />

Pécher & ne fe repentir point, c^ft propre*<br />

ment pécher.<br />

LV I.<br />

11 eft bon de jeûner quelquefois \ pour vaquer<br />

à la méditation & à l'étude de la vertu.<br />

Le Sage eft occupé d'autres foins, que des foins<br />

continuels de fa nourriture. La terre la mieux<br />

cultivée trompe l'efpérance <strong>du</strong> laboureur, lorfque<br />

les faifons font déréglées : toutes les régies<br />

de l'Agriculture ne le fçauroient garantis<br />

de la mort, dans le tems d'une <strong>du</strong>re famine ;<br />

mais la vertu n'eft jamais fans fruit.<br />

LVII.<br />

Le Sage doit «prendre à connoître le cœur<br />

de l'homme , afin qne prenant chaque homme<br />

par fon propre panchant, il ne travaille pas<br />

en vain, lorsqu'il lui parlera' de la vertu. Tous<br />

les hommes ne doivent pas être inftruits de la<br />

même manière. Il y a diverfes routes qui<br />

con<strong>du</strong>isent à la vertu, le Sage ne les doit pas<br />

ignorer.<br />

L V I I I.<br />

L'homme de bien pèche, quelquefois, la foibleue<br />

hw eft naturelle ; mais, il doit fi bien vçiîj<br />

Terne III. Q


J86 CONFUCIUS.<br />

1er fur foi, qu'il ne tombe jamais deux fois dans<br />

le même crime.<br />

L I X.<br />

Combats nuit & jour contre tes vices ;& fi par<br />

tes foins & ta vigilance , tu remportes fur toi la.<br />

victoire, attaque hardiment les vices des autres,<br />

mais ne les attaque pas avant cela,: Il n'y a rien<br />

de plus ridicule que de. trouver à redire aux défauts<br />

des autres, lorfque l'on a les mêmes défauts.<br />

L X,<br />

Nous avons trois amis ; qui n^us font utiles,<br />

On ami fincére, un ami fidèle , un ami qui<br />

écoute tout, qui.examine tout ce qu'on lut<br />

dit, & qui parle peu : mais nous en avons<br />

suffi trois dont l'amitié eft pernicieufe, un ami<br />

hypocrite» un ami flatteur, &un ami qui parle<br />

beaucoup.<br />

LXL<br />

Celuî quî s'aplique à la vertu , a trois ennemis<br />

à combattre, qu'il doit tâcher de fur<strong>mont</strong>er :<br />

l'incontinence, lorfqu'il!eft encore dans la vigueus<br />

defon âge 6c que lefang lui bout dans les veines ;<br />

les. conteftations- & les dtfputes , lorfqu'il eft<br />

parvenu à un âge mûr j. & l'avarice , lorfqait<br />

ft& vieux.<br />

L X U<br />

It y a trou cfcofes que le Sjrçjedbst révérerJ


C O N F U C I U S. rtT<br />

les Loix <strong>du</strong> Ciel, les grands hommes , & les paroles<br />

des gens de bien.<br />

LXIII.<br />

On peut avoir de l'averfion pour fon ennemi »<br />

fans pourtant avoir le defir de fe venger. Les<br />

mouvemens de la nature ne font pas toujour*<br />

criminels» -<br />

L X I V.<br />

Défie-toi d'un homme flatteur , d'un homme,<br />

qui eft affefté dans fes difcours , & qui fe pique,<br />

par-tout d'éloquence: ce n'eu pas te caraâére.d*<br />

la véritable vertu.<br />

L XV.<br />

Le filenoe eft abfolument néceffaire au Sa^<br />

ge. Les grands difcours , les : difcours- étudiés ,'<br />

les traits- d'éloquence, doivent être un langage<br />

inconnu pour lut , fes actions doivent;<br />

être fon- langage. Pour moi , je ne voudroi*<br />

jamais plus, parler. Le CieL parle, mais de<br />

quel langage fe fert-il , pour prêcher auxhommes<br />

, qu'il y a un fouverain principe<br />

d'où dépendent toutes chofes , un fouverain<br />

principe qui les fait agir & mouvoir. î Son<br />

mouvement' eft fon langage , il ramené le»<br />

faifons en leur teins , il émeut toute la nature,<br />

il la fait pro<strong>du</strong>ire : que ce filence eft élo^<br />

euent l .


188 C O N F U C I U S.<br />

L X V I.<br />

Le Sage doit fuir plufieurs fortes d'hommes.<br />

Il doit fuir ceux qui divulguent les défauts des<br />

autres , & qui fe font un plaifir d'en parler.<br />

Il doit fuir ceux qui n'étant ornés que de qualités<br />

fort médiocres, & qui d'ailleurs n'ayant<br />

aucune naiflance, médifent & murmurent témérairement<br />

, contre ceux qui font élevés aux<br />

Dignités de L'Etat. Il doit fuir un homme<br />

vaillant, lorfque fa bravoure n'eft accompagnée<br />

ni de civilité, ni de prudence. Il doit fuir ces<br />

fortes d'hommes qui toujours remplis de leur<br />

amour-propre , qui toujours entêtés de leur<br />

mérite, & idolâtres de leurs fentimens , attaquent<br />

tout, trouvent à redire à tout % & ne con*<br />

fultent jamais la raifon. U doit fuir ceux qui<br />

n'ayant que très-peu de lumières , fe mêlent<br />

pourtant de cenfurer ce que font les autres»<br />

U doit fuir les hommes fuperbes. Enfin il<br />

doit fuir ceux qui fe font une habitude<br />

d'aller déterrer les défauts, des autres pour le»<br />

publier..<br />

LXVIE<br />

Il eft bien difficile de fe ménager avec le petit<br />

peuple. Ces fortes d'hommes deviennent familiers<br />

& infalens, lorfqu'on a trop de commerce<br />

avec eux; & comme ils s'imaginent qu'on<br />

hi o\éprife , larfqu'on les néglige tant fait


C O N F V C I U & 183<br />

peu, on s'attire leur averfion.<br />

L XVIII.<br />

Celui qui eft parvenu à la quarantième année<br />

de fon âge , & qui jufqu'à ce tems-là , a étô<br />

Fefclave de quelque habitude criminelle, n'eft<br />

guéres en état de kvfur<strong>mont</strong>er. Je tiens fa maladieincurable,<br />

il perfévérera.jufqu'à la mort dan»<br />

fon crime.<br />

L X I X.<br />

Ne t'afflige point de la mort d'un frère;<br />

La mort & la vie font en la puiflance <strong>du</strong><br />

Ciel , auquel 4e Sage «û obligé de fe foumettre.<br />

D ailleurs , tous les hommes de la<br />

terre font tes frères : pourquoi pleurerôis-tu<br />

pour un feul, dans le tems qu'il t'en refte tan£<br />

d'autres,<br />

L X X.<br />

La lumière naturelle n'eft qu'une perpé'tuel"te<br />

conformité de notre ame avec les loix <strong>du</strong>?<br />

Ciel. Les hommes ne peuvent jamais perdre<br />

cette lurniér-e. II eft vrai que comme le cœur<br />

de l'homme eft mconftant & rmrable , elle efl<br />

couverte quelquefois de tant de nuages, qu'el*<br />

le femblë entièrement éteinte. Le Sageréprou—<br />

ve lui - même : car il peut tomber dans de<br />

petites erreurs, & commettre des fautes légères.<br />

Cependant le Sage ne fçauroit être<br />

jertueux » tandis qull eft dans cet état • Il »


\$> C O N F U C I U S.<br />

il y auroit de la contradiction à le dire,<br />

L X X I.<br />

Il eft bien difficile, lorfqu'on eft pauvre, de<br />

lie haïr point la pauvreté ; mais on peut être ri<br />

foi-même : mais le foû fe fuyant foi-même, la,<br />

cherche par-tout ailleurs que chei foi.<br />

L X X I V.<br />

Le Sage doit avoir une gravité févére, mai*<br />

il ne doit pas être farouche & intraitable. Il<br />

doit aimer la fociété,, mais il doit fuir les grandes<br />

affemblées,<br />

L X X V.<br />

L'amour oir la haine <strong>du</strong> peuple , ne doit pas.<br />

itre la régie de ton amou* ou. de ta: haine: iéâ^<br />

mine s-'tfo ont raifonv


C O N F U C I U & 13*<br />

LXXVL<br />

Lie-toi d'amitié avec un homme qui ait le<br />

cœur droit, & qui foit fincére; avec un homme<br />

qui aime à aprendre, & qui te puiffe aprendre<br />

à fon tour, quelque chofe. Les autres homme*<br />

font indignes de ton amitié.<br />

L X X V I I.<br />

Celui qui a des défauts, & qui ne travaille v<br />

point à s'en défaire , doit au moins faire tousfes<br />

efforts pour les cacher. Les défauts <strong>du</strong>*<br />

Sage font comme les Eclipfes <strong>du</strong> Soleil , ils<br />

viennent à la connoiffance de tout le monde.<br />

Le Sage dans cette occafien. doit tâcher de fe<br />

couvrir d'un nuage. Je dis la même chofe des.<br />

Princes»<br />

L X X VI I L<br />

Abandonne fans, balancer ta Patrie, lorfque<br />

la vertu y eft oprimée , & que le vice y »<br />

le deffus. Mais fi tu n'as pas fait deffein de<br />

renoncer aux maximes <strong>du</strong> fiécle dans ta te—<br />

traite & dans ton exil , demeure dans ta miférable<br />

Patrie ; à quel deffein en fortirois-tu £<br />

L X X I X.<br />

Lorfqull s'agit <strong>du</strong> falut de ta Patrie, ne con><br />

fcke pas, expofe ta vie»


*9* C O N F U C I V S»<br />

LXXL<br />

Le Ciel n'abrège pas la vie de l'homme, c r eft<br />

l'homme qui abrège fa vie par fes crimes. Ta<br />

peux éviter les calamités qui viennent <strong>du</strong> Ciel,<br />

mais tu ne fçaurois éviter celles que tu t'attires par<br />

tes crimes.<br />

ABRÉGÉ


ABREGE<br />

D E<br />

V H ISTO IRE<br />

D E L A V I E<br />

DES FEMMES<br />

P H I L O S O P H E S<br />

D E L'A NTlQUlTÉ,<br />

Tra<strong>du</strong>it <strong>du</strong> Latin de Gilles Ménage,,<br />

Tome 111,


AV. î:-/;


A<br />

MADAME DACIER,<br />

NÉE LE FE VRE.<br />

ii&lî ADAME '<br />

********<br />

Le nombre des Femmes qui ont écrit, efl fi considérable<br />

, que le catalogue qu'on en pourroit dreffer,formeroit<br />

luifeul un ouvrage tris - éten<strong>du</strong> ; mais<br />

la plupart £ entf elles fe font apliquées a des études<br />

agréables, telles que la Rhétorique , la Poëjîe, tHiftoire<br />

, la Mythologie, »u le Commerce Epiftplaire<br />

qui a tant de charmes. Il s'en eft cependant trouvé<br />

plufieursy qui , capables d'une étude plus grave ,<br />

ont tourné toute leur attention <strong>du</strong> côté de la Philofophie.<br />

Les extraits de Sopatre, trouvés dans Phot'au,<br />

nous aprcnntnt que U Stoïcien Apollonius<br />

Ra


196<br />

a fait un Trahi des Femmes qui fe font diftinguèes<br />

dans ce genre d'étude. Au raport de Suidas, Philochore<br />

, célèbre Grammairien, écrivit un Ouvrage<br />

tout entier fur les Femmes qui avoient adopté les feutimens<br />

de Pythagore : & Juvinal nous eft témoin<br />

que de fon tems il y en avoit qui cultivaient lu<br />

Philofophie. Il eft donc furprenant que Didyme,<br />

le plus fçavant Grammairien de fon fiécle , nous<br />

parle de Théano comme de Punique Femme qui<br />

eût écrit fur la Philo fophie ; & que LaClance, Auteur<br />

Eecléjîaftique, homme d'une profonde Littérature<br />

, n'accorde cet honneur qu'à la feule Thémifte»<br />

J'ai trouvé moi-même foixante-cinq Femmes Phi'<br />

lofophes, dont il eft parlé dans les Ecrits qui nous<br />

refient des Anciens. M étant déterminé à écrire V histoire<br />

de ces Femmes célèbres, à qui pouvois -je<br />

mieux Vadreffert qu'à vous, MADAME, voust<br />

qui furpajfe[ en jçavoir toutes les Femmes de notre<br />

fiécle ij'ofeméme dire, celles desfièclespaffès ? Cejl<br />

à ce mérite perfonnel.,fi rare dans votre Sexe, qut<br />

je donne cette marque de confédération , que je ne<br />

crois pas vous avoir ajfe^ témoignée en vous dédiant<br />

ma Dijffirtationfur /Héauton-Timorumenos de<br />

Térence.<br />

Ceux qui fçavent qjue Diogène Laerce A adrejje<br />

fes Vies des Hommes Philofophes à une Femme, ne<br />

feront point furpris, • MADAME, que je vous dir.<br />

die celles des Femmes Philofophes,


DESSEIN<br />

DE L A UT E U R.<br />

L'Hftoire des Femmes qui fe font diftinguées<br />

par l'étude de la Philofophie, étant le fufet<br />

que j'entreprens de traiter ici, je parlerai<br />

premièrement de celles qu'on ne peut ranger<br />

fous aucune SeGte , parce qu'on ne fçait pas précisément<br />

laquelle elles ont embraffée ; enfuite<br />

après avoir diftingué les différentes Sectes qui<br />

ont partagé la Philofophie , je placerai fous<br />

chacune de ces Sedes les Femmes qui les ont<br />

fuivies.<br />


f^^Ç^S— sssrss ï*»»^^^;^??**—<br />

CHAPITRE I<br />

Des Femmes Pkilofophes qu'on ne range fous ait'<br />

cune Selle.<br />

H I P P ( O.<br />

tIPPO, fille <strong>du</strong> Centaure Chiron, inf-<br />

I truifit jEole dans la contemplation<br />

| de la Nature, ainfi que le reportent<br />

{Clément d'Alexandrie au premier livre<br />

de fes Stromates, & Cyrille dans fon IV. livre<br />

contre Julien. Or l'étude de la Nature eft, fans<br />

doute, la principale partie de la Philofophie.<br />

Euripide auffi nous dépeint Hippo, comme s'étant<br />

exercée dans la feience de la divination, &<br />

l'annonce comme une femme verfée dans l'Aftro.<br />

lqgie ; c'eft ce qu'on peut voir encore dans les<br />

Stromates de Clément, livre IV.<br />

*k,M*


FEMMES PHILOSOPHES; 1931<br />

A R I S T O C L É E .<br />

" Il fera parlé de cette femme Philofophe, fou»<br />

k nom de Thémijloclce, dans la clafle de celle»<br />

qui ont adopté la Sefte de Pythagore.<br />

C L E O BULINE.<br />

CLEOBULINE, étoit fille de Cléobule, l'un<br />

des fept fages de la Grèce. C'eft ce qui la fit nom*<br />

mer ordinairement Cléobuline, car fon père, félon<br />

ce qu'en dit Plutarque, l'apelloit Eumétide.<br />

Elle compofa des Enigmes en vers hexamètres, à<br />

t'occafion defquels Athénée , livre X. chapitre<br />

XV. parle d'elle avec éloge. Ariftote dans fa<br />

Rhétorique , livre III. chapitre II. raporte cette<br />

Enigme célèbre qu'elle fit fur Implication d'une<br />

ventoufe.<br />

Tai vu F Airain & le Feu unis enfembie fur h<br />

torps £un homme. (1)<br />

Plutarque, dans fon Banquet des fept Sages,'<br />

attribue expreffément cette Enigme à Cléobuline;<br />

& dans le même livre , Thaïes la décore <strong>du</strong> titre<br />

de Sage : titre, qui félon l'auteur de l'indice de<br />

Plutarque, fignifie l'étude qu'elle faifoit de la Phi-:<br />

(1) la Tra<strong>du</strong>âion d'Amiot eft ,<br />

jTui v» ciller 4» cuivre avec le /«»,<br />

Dtjfiti le ctrfi d'un homme en fini d'un lieu.<br />

R4


Swo F E M M E S<br />

lofophie. C'eft aufli dans un pareil fens que l'a<br />

pris Charles Caton, homme dont le fçavoir égaloit<br />

la modeftie. Cratinus n'a point oublié cette<br />

fçavante femme, dans la Pièce qu'il a intitulée de<br />

fon nom, ks Cléobuline s, Car il paroît par le témoignage<br />

de Diogène Laërce , dans la vie de<br />

Cléobule, & par celui d'Athénée, au chapitre<br />

XXI. de fon IV. livre, que le titre de cette Pièce<br />

doit être mis au plurier, & Pollux s'eft trompé<br />

lorfque dans le chapitre XI. de fon VII. livre,<br />

il la cite au fingulier la Cléobuline. Au refte,<br />

outre ce que difènt de Cléobuline , Plutarque<br />

& Diogène Laërce, dans les ouvrages que nous<br />

avons cités ; outre ce qu'en a dit Suidas , fous le<br />

titre de Cléobule , il faut encore voir Clément<br />

d'Alexandrie, au IV. livre des Stromates, où<br />

>1 nousaprend que Cléobuline lavoit les pieds des<br />

étrangers qui venoient chez fon père. C'étoit<br />

autrefois la coutume, que les femmes lavaflent<br />

les pieds des hommes : nous l'aprenons dans<br />

l'Odiffée d'Homère, livre XIX. l'Apôtre S. Paul<br />

dans fa I. Epître à Timothée, chapitre V. Samuel<br />

, livre I. chapitre XXV. & Plutarque,<br />

Traité des Venus des Femmes , nous font tous<br />

autant de garans de cet ufage ; enfin on y peut<br />

«ncore joindre l'Oracle qui fut donné aux Mile"<br />

Tiens, dont Hérodote a fait [mention.


P H IL OS O P HE S. aoi<br />

A S P A S I E.<br />

ASPASIE, Miléfienne, fut fille d'Axioçus ; elle<br />

énfeigna la Rhétorique à Pérklè^ & à Socrate »<br />

& ce fut encore fous elle que ce dernier étudia<br />

la Philofophie:voyez Platon dans le Menexeme, &<br />

Clément d'Alexandrie au IV. livre de fes<br />

Stromates. Le talent de bien tourner un a>gument,&le<br />

don de l'éloquence, fi rare dans fon<br />

fexe, lui font attribués par Suidas, fous le titre<br />

Afpafie , 5c par le fcôliafte d'Ariftophane, fur la<br />

Comédie des Acharniens ; Athénée, dans fon livre<br />

V. dit auffi qu'elle fit des vers,& en cite<br />

plufieurs d'après Herodicus Cratetius. Elle<br />

fut d'abord la concubine de Pérklès., mais<br />

enfuite elle devint fa femme. Périclès l'époufa<br />

lorfqu'elle fut prife par les Athéniens, & fit ea<br />

cela un mariage très-funefte à fa Patrie ; puisqu'il<br />

fut l'occafion de deux grandes guerres, celle<br />

de Samos & celle <strong>du</strong> Péloponèfe. Voici ce qu'en .<br />

dit Ariftophane dans fa Comédie des Acharniens;<br />

Des jeunes gens ivres & pleins des jeux qu'ils<br />

avoient faits pendant lefeflin , partent pour Méga -<br />

re, & en enlèvent la Courtifanne Simoïthe. Les<br />

Mégariens irrités , enlèvent à leur tour deux filles<br />

de joie apartenantes à Afpafie. Cefi ainfi que trois<br />

femmes de mauvaife vie firent naître une cruellt<br />

guerre en Grèce, ce fut là ce qui excita la colirt.


Se* F E M M E S<br />

de rOlimpien Pir'ulis : il faifoit pronier le ton*<br />

«erre, il lançoit la fondre, & mettoit toute la Gréée<br />

en combuftion. Il publia des décrets , qui itoitnt<br />

écrits comme des chknfons de table. Il vouloit qu'on<br />

étoffât les Mégariens <strong>du</strong> pays , des marchés , des<br />

mers, 6» <strong>du</strong> continent. Ceux-ci preffés par la faim »<br />

prièrent les Lacédémoniens défaire révoquer un décret,<br />

qui n'étoit fait qu 4 toccafion de trois Courtifannes;<br />

mais nous rejettdmes leurs prières :de là vint<br />

ce bruit terrible de boucliers.<br />

Athénée s'eft auffi fervi de ce pafiage d'Ariftophane,<br />

dans fon III. livre.<br />

Plutarque mérite bien d'être enten<strong>du</strong> fur le<br />

fujet d'Afpafîe. Voici de quelle façon il s'exprime<br />

, en parlant de cette femme dans la vie de<br />

Péricles. Comme on croit que ce fut pour Vamour<br />

m*Afpa/te quePir'iclis fe déclara ennemi desSamiens,<br />

il ne fera pas hors de propos , de dire quelque chofe<br />

de ladreffe de cette femme , €r de Vafcendant<br />

qu'elle fut prendre fur les principaux de la République<br />

; & même fur tes Phitofophes , qui ont parlé<br />

d'elle dans des termes tris - honorables. On convient<br />

qu'elle étoit originaire de Milet , & fille<br />

fAxiochus. On dit qu'elle marcha fur les traces<br />

d'une certaine Thargelie, ainfi que des anciennes<br />

femmes de rionie , recherchant & cultivant avec<br />

foin tamitié des perfonnes , que leurs r'uhcjfcs<br />

rendoient confidèrables. Cette Thargelie douée<br />

d'une beauté, que Us grâces accompagno'unt y c*


P H I L O S O P H E S ; 10?<br />

ornée d'une ponde dêlicateffed'efprit, avait entretenu<br />

des liaifons avec plufîeurs Grecs, & les avoit<br />

fait entrer dans les intérêts <strong>du</strong> Roi ; elle s'étoit<br />

même fervie d'eux pour répandre fecretement Us<br />

principes defafe&e che{ les Meics. Mais on die<br />

que ce fut la prudence d'Afpafie , 6» fa capacité<br />

.dans ce qui concernait les affaires <strong>du</strong> Gouvernement,<br />

qui lui attachèrent Périclès. Socrate , lui •même ,<br />

& fes amis la fréquentèrent ; 6>les difciples de Ce<br />

Philofophe lui amendent leurs femmes, pour qu'elles<br />

profitaient de fa converfation, quoique fa maifon ne<br />

fit pas fort honnête,puifqu'elle entretenait des Courtifannes<br />

che{ elle. JEfchine raporte que Lyciclès ,<br />

qui trafiquoit en befliaux, & qui après la mort d e<br />

Périclès eut commerce avec Afpafie, devint par<br />

fon moyen , malgré la baffeffe de fi condition ô»<br />

un efpr'u des plus médiocres ,l'homme le plus confîdérable<br />

d'Athènes. Il y a un Dialogue de Platon ,<br />

intitulé le Ménéxene, qui, quoique dans fon commencement<br />

il foi t écrit d'un flile affe^ jovial, ne laiffi<br />

pas de dire avec vérité , que plufîeurs Athéniens-<br />

'paffoientpour avoir recherché le commerce d'Afpafie<br />

£ caufe de fa capacité dans Fart de bien dire: mais<br />

il eft vraifemblable que Vamour que Périclès eut<br />

pour elle , vint d'une fource moins eftimabte. It<br />

avoit une femme, qui était même fa pa rente : elle<br />

avoit été mariée, en premières noces avec Hippon'r<br />

eus , <strong>du</strong>quel elle avoit eu Callids , qui fut dtpui*<br />

Jifiingué par fes grandes ticheffes. Périclès lui.


Ho4 .; F E M M E S<br />

avait aujjl donné deux fils, Xantippus & Paraius ;<br />

mais comme il ne taimoit point, 6* que pareillement<br />

elle n'avait point de tendrefftpour lui, Piricjès<br />

la donna à un autre , à quoi elle confentit ellemême.<br />

Il époufa enfuite Afpafie , qu'il aima d'une<br />

manière furprenante ; car fait qu'il fortît de fa<br />

maifon , foit qu'il y rentrât, illafaluoit toujours<br />

par un baifer. On lui donnoit dans les Comédies,<br />

tes noms de nouvelle Omphale, de Dijanire & dt<br />

Junon. Cratinus Va traitée dt concubine , en (e<br />

fervant de ces mots.<br />

. Au rtfle cette Afpafie fut fi célèbre, &fi diftinguée<br />

, que Cyrus, qui difputa la couronne au Roi<br />

de Perfe, donna le nom


P H I L O S O P H E S , aoj<br />

mot ASPASOU , & au-deflbus l'image d'une belle<br />

ïemtne, ayant une longue chevelure qui lui totnboit<br />

fur la poitrine & les épaules : elle étoit OH<br />

née d'un collier. & de pendans d'oreilles, arméo<br />

d'un cafque & d'une cuiraffe : le cafque étoit<br />

fur<strong>mont</strong>é.d'un char attelé de quatre chevaux ï le<br />

haut <strong>du</strong> char étoit orné d'unPégafe & d'un Sphinx.<br />

Caninius & Bellorius qui ont reprefenté cette An-;<br />

tique,celui-ci àznsfes Images desHommes Illuftres »<br />

& l'autre dans/o» Traité des images,,ont crû quet<br />

cette femme étoit Afpafie de Milet, qui inftruifit<br />

Scrate; mais, n'en déplaife à cejsfçavans hom«<br />

mes, je ne vois pas comment Afpafos peut figni-<br />

&tT\Afpafie. J'ajoute que le mot d'A/pa/osae fe<br />

trouve nulle part dans les livres des Anciens , &v<br />

que fi on l'y trouvoit, ce feroit le nom d'un,<br />

homme , & non pas celui [d'une femme. S'il yt<br />

avoit Afpafoo, on pourroit l'interpréter tolérable*<br />

ment par Afpafée, &. je.m'imagine que le Gra.<br />

veura voulu dire Afpafous , au génitif, au moins<br />

le devoit-il.<br />

D I O T I ,M E.<br />

DIOTIME enfeigna à Socrate cette partie de U<br />

Phîlefophle-, quïâprend à'régler l'amour,' comme<br />

on le lui fait dire à,lui-même dans le Ban-*<br />

quet de Platon. II faut lire les Platoniciens fur<br />

cette partie de l'ancienne Phîlofophie, & prihç'i-'


M6 F E M M E S<br />

paiement Maxime dt Tyr. Pour ce qui regard*<br />

Diotime ; outre ce qu'en a dit Platon dans<br />

l'endroit que nous venons de citer , voyez LUT<br />

tien dans fon Traité de* Images.<br />

B É R O N I C E.<br />

Photius, dans fa Bibliothèque, met BERONICE<br />

au nombre des Philofophes, qui ont fourni des<br />

maximes à Stobée. Quatre Reines ont porté ce<br />

nom, mais aucune d'elles n'eft celle dont nous<br />

parlons. Il ne la faut pas confondre non plus<br />

avec cette Bérénice, dont Valere, Maxime, Pline<br />

6c Paufanias ont parlé, & dont on raconte<br />

qu'elle fut la feule femme qui eut la permiffion<br />

d'affifter aux jeux de la Lutte, parce qu'elle avoit<br />

con<strong>du</strong>it fon fils Euclée aux combats Olympiques ;<br />

{tant de plus née d'un père qui piufieurs fois y<br />

avoit remporté la viôoire : & ayant des frères qu><br />

avoient eu part à la même gloire. Au refte ,<br />

Béronice,Bérénice & Phérénice eft le même nom.<br />

P A M P H I L A.<br />

/<br />

. PAMPH1LA étoit d'Epidaureen Egypte, elle<br />

eut pour père Stotéride, célèbre Grammairien.<br />

Suidas l'apelle la fçavante d'Epidaure, & Photius<br />

dit que fes ouvrages font pleins dePhflofophie.<br />

Elle a écrit huit livres At. Mélanges, dont Pho-


P H I L O S O P H E S . «07<br />

tins parle dans fa Bibliothèque. Suidas dit qu'il<br />

y en ayoit trente , & qu'elle a traité plufieur*<br />

autresfujets, commet'Airegé de Cufias, des Abrégés<br />

fjffiftoires, un ouvrage fur les Difputts , Se<br />

un autre fur la fête de Vénus. Elle vivoit <strong>du</strong><br />

tenu de Néron : Diogène Laërce cite fort fouvent<br />

fes ouvrages : Aulugelle y renvoyé auffi,<br />

Voyez fon livre XV. chapitres XVIII. 6c XXIII*<br />

Sotéride fon père lui dédia' fes Commentaires ,<br />

voyez Suidas à l'article Sotéride. Elle époufa So.<br />

cratide, comme Suidas le raporte , à l'article<br />

Pamphila ; & Photius dit qu'elle vécut trtize<br />

ans avec fon mari.<br />

C L É A.<br />

C'eft celle à qui Plutarque a dédié fon livre<br />

Des vertus des femmes ; 6c dans cet ouvrage il lui<br />

attribue une grande le<strong>du</strong>re. Il dit auffi que<br />

lorfque la mort l'eut privée de l'excellente Léon*<br />

tide, que nous conjecturons avoir été la mère<br />

de Cléa, il eut avec elle une converfation, dans<br />

laquelle il lui adreflades confolations philosophiques,<br />

d'où Fon peut conclure qu'elle avoit <strong>du</strong><br />

goût pour la Philofophie.<br />

i^wrti


to2 ' F E M M E ; S : :<br />

E U R Y D I C E .<br />

r* - - -<br />

EU RYDICE étoït femme de PolKàn. PlutarqW<br />

leur a dédie en commun fes Préceptes fur le nia.<br />

riage ; & il dit aufli qu'Eurydice avoit été élevée<br />

dans l'étude de la Philofophie. Joncius dans<br />

fon III. livre des Ecrivains qui ont traité l'hiftoire<br />

de la Philofophie , chapitre VI , la fait<br />

"fille de Plutarque ; mais je nefçais d'où il peut<br />

avoir pris cela. Au refte il ne faut pas-la confondre<br />

avec une autre 'Eurydice , qui, étant<br />

étrangère , & comme Plutarque l'apelle tris*<br />

étrangère , puifqu'elle étoit Illyrienne & de la<br />

ville d'Hiérapolis, s'apliqua pourtant dans un âge<br />

déjà avancé, à l'étude desfciences, afin de pouvoir<br />

donner une meilleure é<strong>du</strong>cation à fes énf ans.<br />

Elle a fait elle-même àxe fujet^ une belle Epir<br />

gramme, que Plutarque rapoïte à la fin de fou<br />

livre fur tE<strong>du</strong>cation 'des Ertfans.' :<br />

" • ' : ' " ' !•->•• •'--•.:.::<br />

J Ul I E' & XX M N ,'AJ-...: ii»<br />

*",' ' • ' '•' - 1 :; "'•' ••- ^-'> '• \j\\r; '.'.•'. :'i i'i;nis;<br />

'*• JULÎE DOMNA avdipf eponfé'i KEmp^mp<br />

Sévère. Dion Caffius p*rlë l -d5tHéi en:.


P H I L O S O P H E S . 109<br />

Philifcus ; Anton'm , dit-il, ê toit fils de. Jupe Philofophe,<br />

il parloit d'Antonin Caracalla; & c'eft<br />

ainfi qu'il faut lire ce paffage, fuivant l'excellente<br />

correâion de Claude SaumaHe , fur iElius<br />

Lampridius y car auparavant on lifoit, Antonin .<br />

«toit fils <strong>du</strong> Philofophe. Philoftrate continue<br />

ainfi en parlant <strong>du</strong> même Logicien , Philifcus<br />

ayant augmenté le nombre des Géomètres & des ,<br />

Philofophesquifrèquentoient Julie, obtintparfafaveur<br />

que l'Empereur Caracalla lui donnât la chaire<br />

Philofoph'ique d'Athènes ; car c'eft encore de cette<br />

manière que ce paffage doit être lu, fuivant la<br />

correâion de Saumaife ; au lieu de ce qu'on lifoit<br />

auparavant, par leur faveur. L'Impératrice<br />

Julie connoiffoit Philoftrate, auffi-bien que quan-*,<br />

thé d'autres gens d'étude qui paffoient des jours<br />

entiers auprès d'elle. T{etires raporte dans la.<br />

quarante-cinquième Hiftoire de fa fixiéme Chiliar-'<br />

de, qu'elle étoit fouvent dans leur compagnie.'<br />

Julie étoit de Syrie, de la ville d'Emeffa, Se<br />

on l'amena de ce pays pour lui faire époufer Sévère.<br />

Spatien raporte fur Sévère, que ce Prin-ce<br />

ayant per<strong>du</strong> fa femme, faifoit tirer r horofeop^detcutes<br />

celles qu'il penfoit à époufer, & Véxaminoit<br />

lui-même', étant habile Mathématicien; qu'il aprit<br />

qu'il y avait en Syrie une femme dont l'horofeope<br />

lui pouvait faire efpèrer un heureux hymen avec<br />

elle, & la demanda en mariage.<br />

On prétend qu'apsès la mort de Sévère, el-j<br />

Tome /IL S


21» F E M M E S<br />

le époufa Antonin Caracalla, fils de ce Prince,<br />

d'un premier lit. Spartien , fur Caracalla , raporte<br />

ainfi cette hiftoire. // efi important defçavoir<br />

de quelle manière il fe maria avec fa belle-nure<br />

Julie. Elle itoit tune grande beauté, &• ayant<br />

un jour exprès négligé fon habillement, Caracalla:<br />

lui dit, qu'il F aimerait s'il lui était permis? il fera<br />

permis, lui répondit-elle , fi vous le vo*le\ : n'êtesvous<br />

pas Empereur ? c'tfi À vous de donner des<br />

loi», 6» non point d'en recevoir. Ce difeours ayant<br />

augmentélapaffion de Caracalla-, il époufa Julie»<br />

fans faire attention que fi c'étoit en effet à lui de<br />

donner des loix, c'étoit encore plus à lui d'empêcher<br />

de femblables allions ? car dans le fond c'étoit famère<br />

qu'il prenait pour femme. U joignit par - là.<br />

l'incefte au parricide, n'y ayant pat long-ttms qu'il<br />

avoit fait mourir le fils de celle qu'il prenait pour<br />

ipoufe. AureliusViâor,Eutrope StQrofe font d'ac*<br />

cord fur ce fait avec Spartien ; mais des témoins,<br />

qui font au -deflus de toute exception , aceufenc<br />

Ceux-là de faufleté ; fçavoir.Hérodien, Oppien Se<br />

Philoftrate, écrivains contemporains de Julie, &<br />

qui s'accordent à dire que Julie étoit propre mere-<br />

& non belle-mere de Caracalla. D'anciennes.<br />

Jhonnoies & inscriptions témoignent la- même<br />

chofe ; en forte que perfonne ne doute à prefent<br />

que Caracatla n'ait été fils de Iulie Dorana, &<br />

soa d'un premier lit de Sévère» && de-quoi les<br />

pavana ont déjà fait paît au Public ; Cafauboa fit


P H I L O S O P H E S , m<br />

Saumaife,fur l'Hiftoire d'Augnfte;Triftan,dans fes<br />

Commentaires Hiftoriques ; Spanheim, dans fa<br />

feptiémeDiflertationfuiT


lu F E M M E S<br />

M Y R O .<br />

On trouve ces paroles à fon fujet dans Suidas.<br />

MYRO Rhodienne , étoit Philofaphe. Elle<br />

a écrit des pièces de Rhétorique fur les femmes<br />

qui ont été Reines. Elle a aufli écrit des<br />

Fables. Ceft Suidas qui la raporte. Il faut<br />

la diftinguer d'une autre Myro, célèbre Poëte,<br />

qui fut fille , ou mère d'un Auteur tragique<br />

nommé Homère, & l'un des Poëtes de la Pléiade<br />

; ( i) car celle-ci étoit de Byfance comme le<br />

raporte Suidas. Athénée la fait aufli originaire<br />

de cette ville , dans fon livre XI. chapitre XII»<br />

suffi-bien qu'Euftathe , fur l'Iliade d'Homére<br />

, Kvre XXIV. vers 310» «xcepté que dans<br />

ce dernier partage on lit le nom de Moirotu<br />

Ken de Myro. Elle a écrit, pour le dire aufli en<br />

paflant, des vers élégiaques & lyriques au raport<br />

de Suidas , outre un- outrage que, félott<br />

Athénée, elle a intitulé Anèmofyne» & un livre<br />

fur les DiaUttcs, fuivant ce que dit Euftathe»<br />

{O Ou apelloit ainfi firpt Portes .contemporains, pu<br />

alUifion aux fepe Etoile, de 11 Pléiade : fçavoir, Théocii»<br />

te , Aratui , Apollonius, ilantii, Philicuj > Homère I»<br />

jeune, Po?te tragiquey Se. Lycophroa : voyez le Tréli*<br />

d*£ticnne au mot Pléiade-, & ie f tVie , Poètes Grecs»


PHILOSOPHES. aiï<br />

SOSIPATRE.<br />

SOSIPATRE étoit d'Afie. C'étoit une femme<br />

fçavante, riche, belle & remplie de générofité :<br />

elle avoit époufé Euftathe, Gouverneur de Cappadoce.<br />

Après fa mort elle fut aimée de Philo-"<br />

metor fon parent : c'eft ce que raporte Eunapius<br />

parmi d'autres chofes ; c'eftlui auflî qui nou s<br />

iaprend que Sofipatre s'étoit apliquée à la Philo^<br />

fophie, & en avoit enfeigné les principes à fes<br />

enfans.<br />

A N T H U S E.<br />

Voyex comment Photius parle d'elle dans fo<br />

Bibliothèque , en faifant les extraits de la vie <strong>du</strong><br />

Philofophe Ifidore écrite par Damafcius. // raporte<br />

que la divination par les nuées, dont les Anciens<br />

n'avoient aucune connoiffance,. avoit été inventée<br />

par une femme r qui vivoit <strong>du</strong> temsde Lion<br />

Empereur de Rome. On la difoit née à JEgé de<br />

Ciliùeielle prétendait être defeen<strong>du</strong>e dtsCappadocci,<br />

qui habitaient près de Comane, au <strong>mont</strong> Orefiiade,<br />

& elle faifoit re<strong>mont</strong>er fon origine jufjuà Pelops.<br />

Inquiète dy.fortde fon mari\ qui avoit un emploi<br />

militaire, & qui avoit été envoyé avec d'autres â<br />

la guerre• de'Sitili , elle -pria en fo-hge , qu y elle pût<br />

connaître taveniry & fit fa prière en fe tournant<br />

vers CQritati. mais fan père Zavertie en fonge » dd


114 F E M M E S<br />

prier auffi en fe tournant vers le foleit couchant. Il<br />

arriva donc, que pendant qu'elle itoit en prière , il<br />

fe forma une nuée autour <strong>du</strong> foleit, quoique le tems<br />

fûtferein, & cette nuée s'étant augmentée, prit la<br />

forme d'un homme. En mîme-tems , il fi fornut<br />

une autre nuée, qui devint de la mime grandeur<br />

que la première & fut changée en un lion d'une<br />

aparence terrible , qui dévora F homme : cet homme<br />

avoit aujjt la reffemblance d'un Goth. Peu après<br />

l'Empereur Léon fit mourir en trahifon Afper , chef,<br />

des Goths, & fesfils ; 6» depuis ce tems-lâ Anthwfe<br />

étoit continuellement à réfléchir fur les moyens Ëe<br />

prédire l'avenir par la contemplation des nuées.<br />

Gaflfarel dans Tes Curiofités inouïes , chapitre<br />

H. , (outient qu'on peut lire plusieurs choies<br />

dans les nuées. La contemplation des nuées<br />

étant une partie de la Phyfique, & la Phyfique<br />

faifant partie de la Philosophie ; l'Aftrologie d'aiL<br />

leurs étant une Philofophie théorétique, comme<br />

Fapelle Ariftote dans le XII. livre de fa Metaphyfique,<br />

chapitre VIII. » rous avons crû devoir<br />

compter Anthufe parmi les femmes qui ont été<br />

Philofophe»..<br />

A G A N I C E.<br />

AGANI€Epeut être jointe à Anthufé pour Ta<br />

conformité de goût. Elle étoit fille dfHégétor ,<br />

Theflâlîei», & ayant obfërvé le» pleines. lunes ,


P H I L O S O P H E S. ir$f<br />

<strong>du</strong>rant lefquelles cet aftre s'éclipfe , & compris<br />

par raifonnement les tems où il fe trouve couvert<br />

de l'ombre de la terre, elte perfuada aux<br />

femmes de fon pays qu'elle pouvoit faire descendre<br />

la lune <strong>du</strong> ciel. Voyet Plutarque dans fe»<br />

Préceptes- fur te mariage, vers la fin»<br />

. E V D O C I E.<br />

EUDOÇIE, étoit Athénienne; elle s'apelloi*<br />

auparavant Athénaïs. Elle étoit fille d'Heraclite ,.<br />

Philofophe d'Athènes , ou comme d'autres veulent<br />

, <strong>du</strong> Rhéteur Léonce » & devint époufe de<br />

l'Empereur Théodofe le jeune. Voici comme<br />

l'auteur de la Chronique Pafiale y taporte foa<br />

hùtoire , à la CGC» Olympiade»<br />

„ Théodofe, le plus jeune Augufte, croiffant<br />

», en âge , fut élevé dans le-palais fous les yeux<br />

,, de fon père, auffi tong-tems que celui-ci vé-<br />

„ eut. Après làr mort de fon père, on.élev*<br />

„ avec lui le jeune Paulin,. qui- étoit fils d'un.<br />

y, Comte de fa maifon, & pour lequel Théodofe<br />

„ avoit beaucoup d'amitié» Le jeune Augufte»<br />

y, étant devenu homme fait, fouhaita de fe ma»<br />

„ rier, & en partait fouvent à fa feeur Pulché*<br />

»» rie Augufte »qui ne s'étoit point mariée, pouo-<br />

^ pouvoir prendre plus de foin de foi» frère.<br />

,. Pulchérîe de fon côté raflembloit beaucoup de<br />

»» jeunes filles.» iflues. de familles patriciennes.»


*i6 F E M M E S<br />

» ou de, fang royal, qu'elle vouloit feîre élever<br />

» dans le palais, fuivant en cela l'intention de<br />

» Théodofe, qui lui avoit dit qu'il founaitoit de<br />

»? trouver quelque fille , dont la beauté fût fi<br />

«éclatante, qu'elle effaçât toutes les filles de<br />

» Conftantinople ; il fouhahort aufli qu'elle fût<br />

» de fang royal ; mais, avoit-il ajouté , c'eft en<br />

» vain qu'elle feroit d'une illuftre naiflânce: je ne<br />

» ferai cas ni de fon rang , ni de fa nobleffe ,<br />

a ni de fes richeffes , fi en même - tems elle n'eft<br />

» pas d'une beauté extraordinaire : en un mot<br />

» je me déterminerai pour la plus belle, quand<br />

» même fa naiflânce ne feroit pas relevée. La<br />

» Princeffe Pulchérie, qui tâchoit de fervir cette<br />

y> inclination de fon frère , envoyoit de tous cô«<br />

rt tés des gens qui avoient commiffion de cher-<br />

» cher quelque fille qui eût les qualités que de-<br />

» mandoit Théodofe, & elle étoit aidée en cela<br />

» par Paulin ,favori de l'Empereur, qui, pour<br />

» plaire à fon maître, faifoit toutes les perquifir<br />

»» tions pofiibles.<br />

» Il arriva dans ce tems-laqu'une jeune fille, Grec-<br />

» que de nahTance,d'une beauté finguliére,ck d'un,<br />

n efprit fort cultivé, vint à Conftantinople. EU*<br />

n s'apeloit Athénaïs, & elle étoit fille <strong>du</strong> Philofo-<br />

» phe Heraclite: elle venoit voir unetante, fœur.<br />

» de fon peré ; & voici l'occafion de fon voyage.<br />

irLe Philofophe Heraclite, père d'Ath-énaïs.,<br />

» avoit deux fils- qui s'apeUoient Yalériea & Ge-


PHILOSOPHES. tvf<br />

n néfius : étant près de mourir, il fit fontefta-<br />

» ment, par lequel il déclaroit fes deux fils heri-<br />

» tiers de fes biens ; & pour ce qui eft d'Athé*<br />

'» naïs, voici ce qu'il en àifoit : quant à mâché-<br />

» re fille, je veux qu'on ne lui donne que ctntfeft><br />

tercet '.fa beauté & fan 4fprit fuffifant pour i'é-<br />

» tablir, puifqu''elle furpaffe tout fonfexe dans cet<br />

»> avantages. Après avoir ainfi réglé fes affai-<br />

» res, Heraclite mourut. Son testament fut ou-j<br />

» vert, & Athénaïs voyant qu'il avoit eu fi pett<br />

» de foin d'elle, fe mit à faire de fort tendres<br />

» prières à fes frères, qui étoient fes aînés : el-<br />

» le fe jetta à leurs genoux, & les fuplia inf-<br />

»> tamment qu'ils voulurent bien n'avoir pas<br />

» égard au teftament de leur pere,& lui donner la<br />

» troifiéme partie de fon héritage, dtfant qu'elle<br />

>> n'a voit point commis de faute qui dût la faire<br />

» traiter ainfi ; qu'ils n'ignoroient pas eux-mâ-<br />

!» mes quelle avoit été fa tendrefle pour fon<br />

>» père. Je ne puis comprendre, ajoutoit• elle ,<br />

J» pourquoi il m'a déshéritée à fa mon, & m'aen-<br />

.*> vie une portion de fes biens. Mais fes frères<br />

» ne firent aucun cas de fes prières, & fe livrant<br />

» à leur emportement, la chafférent de la mai-<br />

» fon paternelle. Athénaïs fut recueillie par fa<br />

». tante, foeur de fa mère, qui en agit avec elr<br />

» le, non-feulement comme envers une pupille,<br />

;» mais lui donna même toute l'attention dont<br />

.»•' avoit befoin,une jeune fille, quj.luiapattenoit<br />

Tome III. T v


*i& . F JE M- M E S<br />

•» comme fille de fa fœur. Non contente de<br />

» cela elhe la con<strong>du</strong>isit chez la fœur d'Heraclite,<br />

» 6k. ces deux tantes d'Àthéaaïs, ayant pris fa<br />

» caufc en main, réfolucent de tra<strong>du</strong>ire fes fren<br />

res en juftice. Pour cet effet, elles s'adref-<br />

» firent à la PrrncetfePulchérie, fœur de Théoaï<br />

dofe, qui paffoit pour être fort reUgieufe.<br />

•> Elles lui reprefentérent les mauvais traitemens<br />

» qu'Aihéaaïs a voit reçus de fes frères, & en<br />

s> même-.tenu elles lui parlèrent de l'efprit de<br />

*> cette jeune fille.. Polchérie voyant dans cette<br />

» fille une grande beauté jointe à un grand<br />

» efprit, & l'entendant parler avec tant de<br />

» jufteffe & de feas, demanda à fes parens<br />

*> fielleétoit vierge r & ayant apris qu'elle l'éu<br />

toit, qu'elle, aroit été gardée avec foin chez<br />

» fon père, ÔCqu'il a voit pris beaucoup de peine<br />

» à lui enfeigner la Philofophie, elle voulut<br />

»> qu'elle demeurât dans le Palais avec les autres<br />

n Dames, & les Demoifelles d'honneur qui y<br />

» étoient. Elie ajouta qu'elle agréoit la prière<br />

M de fes tantes, ck. étant allée trouver l'Empe-<br />

»> reur Théodore, elle lui dit, qu'elle a voit trou-<br />

» vé une jeune fille comme il la foùhaitoit, &<br />

» lui en fit le portrait. EHe eft, dit-elle, fa-<br />

» ge & pleine d'agrémens, elle a le front bien<br />

*> pris , les traits réguliers, le nez proportionné ><br />

*> -la peau blanche, «te grands yeux, le porffor*<br />

» beau, les cheveux btoftds & boudés , ta dé-


PHILOSOPHES. ai*<br />

•n marche pofée ; elle eft avec cela bien élevée r<br />

» c'eft une jeune Grecque. A peine Théodofe<br />

»> eut enten<strong>du</strong> cette description, qu'il fouaaita<br />

» de juger par lui-même de' lafincérité <strong>du</strong> por-t<br />

» trait, il manda /on favori Paulin, & pria: fit<br />

» foeur de faire venir Athénaïs dans fa chambre ,<br />

» fous prétexte de quelque affaire, afin qu'il<br />

» pût la voir avec Paulin au travers d'une ja-<br />

» loufie. ' Athénaïs fut mandée dans la cham-<br />

M bre de Pulchérie, elle plut à Théodofe , Ô£<br />

,J> Paulin ne fut pas moins étonné de fa beauté.<br />

» On l'inftruifit dans le Chriftianifme, car elle<br />

n étoitpayenne & grecque de religion , Se elle<br />

» fut nommée EuietU.<br />

Socrate raporte la même hiftoire avec<br />

quelque variété, dans fon Hîftoirt EccUJîœfti*<br />

que, livre VII. chapitre XXI. -H parie de<br />

la victoire que les Romains avoient remportée<br />

fur les Perfes ; & voici comment il s'ex*<br />

prime. •• .<br />

» Comme on ne pouvoit douter que ce ne<br />

» fût par une proteâion fpéciale <strong>du</strong> Ciel, que<br />

u les Romains avoient obtenu une fi glpricufe<br />

» viâoire, plufiaurs grands hommes employé-,<br />

M- cent leur éloquence à, relever les louanges de<br />

*> l'Empereur par des panégyriques qu'ils reei-<br />

» toient en public. L'Impératrice elle-même,<br />

J> femme de Théodofe le jeune, fit un Poëme en<br />

M vers héroïques, car ellejétoit fort fçavante,<br />

T 2


MS F E M M E S<br />

» étant fille <strong>du</strong> Rhéteur Léonce qui l'avoit éle*<br />

»> vée avec beaucoup de foin, & inftruite dans<br />

» toutes les Sciences. Lorfque l'Empereur Théon<br />

dofe voulut l'époufer, l'Evéque Atticus la<br />

• convertit, au Chriftianifme, & elle reçut an<br />

w baptême le nom d'Eu do cie au lieu de celui<br />

t> d'Athénaïs.<br />

Evagre dans le I. livre de Ton Hiftoire ,'<br />

Chapitre XX. en parle ainfi. « Théodo-<br />

» fe époufa par le confeil de Pulchérie fa<br />

>> fceur Eudocie, née Athénienne, fort belle<br />

» perfonne, & très-habile en Poëfie; elle reçut<br />

m auparavant les eaux <strong>du</strong> faint baptême, &c.<br />

» Long-tems après, Eudocie allant à la fainte<br />

*> cité de notre Seigneur, paflfapar Amiocheoù<br />

•> elle harangua le peuple, & finit Ton difcours<br />

•» par ce mers. J'ai fouhaitè de paffhr pour être<br />

•> nie de voire fang , & je me réjouis de Pitre.<br />

•»> Elle vouloit parler de* Colonies qu'on avoit<br />

» envoyées de Grées à Antioche, &c. En re-<br />

M connoiffance les habitans d'Antioche lui éle'<br />

- vérent une ftatue d'airain qui fubfifte encore.<br />

Ecoutons aufli le récit de Nicéphore , livre<br />

XIV. Chapitre XX III. Pulchérie Au-<br />

» gufte étant fort fage, & voyant que t'Empe*<br />

» reur devenoit d'un âge mûr , penfa à lui<br />

•> choifir une époufe, & elle jetta les yeux fur<br />

. » des filles de toutes fortes de familles, prin-<br />

, » cipalement fur celles qui étoient diftinguée*


PHILOSOPHES. aar<br />

* par la nobleffe, la beauté", les rkhefles &<br />

» d'autres dons pareils. Comme eUe étoit dans<br />

» cette penfée, il arriva fort à propos, qu'une<br />

» perfonne qui s'apelloit Athénaïs, & qui étoit<br />

» encore fille, vint d'Athènes auprès d'elle. Elle<br />

» étoit fille <strong>du</strong> Philofophe Léonce, & avoit beau.<br />

» coup de génie. Son père l'avoit inftruite dans<br />

» les lettres grecques & latines , de manière<br />

» qu'elle avoit fait plus de progrès que perfonne<br />

« dans la Philofophie pratique & contemplative,<br />

» & dans toutes les fubtilités de la Logique.<br />

» Elle furpaflbit toutes les perfonnes de foa<br />

.».» âge par la capacité qu'elle avoit dans l'Af-<br />

» tronomie, la Géométrie, St h Science des<br />

» nombres. Après que fon père l'eut élevée , &<br />

» inftruite de cette manière , il vint à mourir, &<br />

» fit fes fils Valerius & JEùus héritiers de fes<br />

» biens, deshéritant fa fille, fous prétexte que<br />

» fon efprit & fa beauté fuffiroient pour l'établir*<br />

» Athénaïs ayant par-là beaucoup de peine à vi-<br />

» vre, vint fe prefenter à Pulchérie, pour fe<br />

» plaindre <strong>du</strong> tort qui lui étoit fait par fes fre-<br />

» res, & Pulchérie voyant fa prudence, fes agré-<br />

» mens & fon admirable dextérité en toutes<br />

» chofes, forma le deffein de la marier à fon fre-<br />

» re. Après lui avoir donc perfuadé d'embrafn<br />

fer la religion chrétienne, elle fit venir l'Eve-<br />

» que Atticus, lui fit adminiftrer le baptême,<br />

» dans le temple de S. Etienne, premier mat*<br />

T3


fcaa F E M M E S<br />

» tyr, l'adopta pour fa fille , la fit époufer à fort<br />

» frère, & changea fon. nom d'Athénaïs en ce-<br />

•» lni d'Eudocie.<br />

Il faut obferver en paffant, que le père d'Athénaïs<br />

qui eft apellé Heraclite , par l'Auteur de la<br />

Chronique P a fi aie, eft nommé Léonce par" Socra.<br />

te, Nicéphore & Zonare. Elle eft auffi apellée<br />

elle-même Léontias, c'eft-à-dire , fille de Léonce,<br />

dans un diftique qui eft ajouté à la fin de la<br />

Métaphrafe Oâateuque , dont nous parlerons<br />

ci-deflbus.<br />

Ses frères que Socrate & Nicéphore apellent<br />

.Valerius & jEtius, font auffi apellés par l'Auteur<br />

de la Chronique Pafcale,Valérien & Généfius»<br />

mais Zonare, dans fes Annales, livre XIII. les<br />

,110mme Généfius & Valérius. Il ajoute qu'Eu-<br />

«locie obtint de l'Empereur le gouvernement d'II-<br />

Jyrie pour Généfius, & donna le rang de maître<br />

à Valérius. Elle ne fut point irritée contr'eux,<br />

& elle difoit que s'ils ne l'avoient pas chaffée,<br />

«lie ne feroit point venue à Conftantinople, ni<br />

parvenue à l'Empire.<br />

Il faut obferver auffi, que Socrate & Eragre<br />

font Athéaaïs, habile en Poëfie, & que l'Auteur<br />

«le la Chronique Pafcale , l'apelle Philofophe.<br />

£fous avons vu ce que Nicéphore dit <strong>du</strong> Poëase<br />

Héroïque qu'elle fit, pour célébrer les louantes<br />

de fou époux Théodofe. Il y en a qui dj-


PHILOSOPHES. »*$<br />

î ent qu'elle a fait auffi le Centon ( i ) fur notre<br />

Sauveur, qui eft vulgairement attribué à Probe<br />

Falcone, fur quoi on peut voir Lilius Giral<strong>du</strong>s.<br />

Zonare dit que les Centons d'Homère , font un<br />

ouvrage ébauché par un certain Patrucius, &<br />

achevé parEudocie. Il eft certain qu'elle a écrit<br />

la Métaphrafe Oâateuque, en vers grecs héroïques<br />

, qui compofehuit livres, & une Métaphrafe<br />

de Zacharie & de Daniel, outre trois livres de<br />

Ste Cyprienne martyre. Il faut voir fur ces<br />

Poëmes Photius dans fa Bibliothèque.<br />

SAINTE CATHERINE.<br />

On croit parmi le commun des Chrétiens.que<br />

Ste C AT HERINE, Vierge martyre, qui vécut<br />

fous l'Empereur Maxence, étoit fort habile dans<br />

les qûëftïons Philofophiques, jufques - là qu'elle<br />

combattit folidement les Philofophes Payens ,<br />

dont elle en engagea plusieurs par fes raifons à<br />

embrafler le Chriftianifme. Le fondement de cette<br />

opinion , eft qu'il y a une Hiftoire <strong>du</strong> Martyre de<br />

cette fainte, écrite en Grec , & qui fe trouve<br />

dans Sirnéon le Métaphrafte. On y lit ce que<br />

nous venons de- dire , & elle s'y donne elle.-mêtae<br />

pour avoir apris la Rhétorique, la Philofo-<br />

(i) P< ëme conipoK de pluiknrs vers, tiré 1 * de c6'.ê $c<br />

d'aune , & liés de tsl.e force . qu'ils font un fens comme 1»<br />

T4


»4 F E M M E S<br />

phie, îa Géométrie & plofieurs autres Sciences J<br />

& de là vient qu'à Paris les Profeffeurs en Philosophie,<br />

ont choifi fa in te Catherine pour leur patrone,<br />

& donnent vacances le jour de fa fête,<br />

qui eft au(B célébrée par les antres écoles, à l'imitation<br />

de celle de Paris.<br />

Le plus ancien écrivain qui a parlé de cette<br />

fille, eft l'auteur anonyme qui a écrit en Grec la<br />

vie de S. Paul de Latres, Hermite d'Elée près<br />

de Pèrgame, qui mourut le 5. Décembre 956»<br />

dans le mohaftére d'Aphafe, fur les frontières de<br />

la Phrygie. Mais cet auteur L'apelle JEC a tenue<br />

au lieu de Catherine. Voici fes paroles fuivant<br />

la verfion de Sirmond, qui trouva cette<br />

vie à Rome dans la bibliothèque de Sforze, & la<br />

tra<strong>du</strong>ifit en Latin pour le Cardinal Baronius. Le<br />

fouvcnirdcs autres faints eau/oit de lajoye à Paulj<br />

mais le ma rtyre d'JEcaterïne ne lui caufoit pas feulement<br />

de la joye , il en reffintoil même des tranfports.<br />

Baronius dans fes Annales, tome X.<br />

apelle cet écrivain un auteur fidèle. Euthyme te<br />

Moine , dit Zygabene y dans fes Commentaires far<br />

les Pfeaumes, ouvrage que l'on conferve en manuscrit<br />

dans la Bibliothèque <strong>Royal</strong>e, & dans celte<br />

"de Bigot, apelle aufli cette fàinte ^caterme,<br />

Pfeaume XLIV. Le Moyne en a publié l'a<br />

préface , dans fon Recueil intitulé Varia far.<br />

era-, &c. Cet Euthyme vivoit vers le commencement<br />

<strong>du</strong> quatorzième fiéde, Cette faune eûauflj


PHILOSOPHES. -M?<br />

apelée jEcaterine dans le Tableau de l'ancienne<br />

Grèce, qu'a donné le célèbre Du Cange, à la fin<br />


»6 F E M M E S<br />

d'Eufebe Renaudot, plus verfé que qui que ce foie<br />

dans l'Arabe, que ce ne font point des noms Arabes,<br />

comme le veulent quelques-uns, fondés fur<br />

ce que SainteuEcatherine a été enterrée far un de»<br />

fommets <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Sinaï, ou il y a encore un monaftére<br />

qui lui eft dédié. Ce qu'il y a de certain ,<br />

c'eft qu'elle eft apelée Catherine dans tous les<br />

Bréviaires eccléfiaftiques , &. dans, le Martyrologe<br />

de Baro/iius. Dans Pachiméie fur Andronic T<br />

livre II. chapitre XVIII. & livre III. chapitre<br />

I. Catherine, fille de Philippe , Empereur<br />

titulaire de Conftantinople, qui époufa depuis<br />

Charles de Valois, eft apelée iEcatherine, d'où<br />

l'on peut inférer que Catherine & jEcatherine<br />

font le même nom.<br />

- Voilà pour ce qui. regarde le nom de Sainte<br />

Catherine : difons quelque chofe de fon hiftoire.<br />

Baronius paraît la taxer de fauffeté, voici comme<br />

il en parle dans fes Annales à l'année 317»<br />

ieâ. XXIII. „ Si nous avons fujet de regretter<br />

M qu'Eu'èbe ait négligé les aûes de cette Mar-<br />

1» tyre, nous avons encore plus fujet d'être fait<br />

chés qu'ils ayent été écrits par un Auteur in-<br />

•t connu , qui l'a fait d'autant moins fidèlement,<br />

*» qu'il s'y eft plus éten<strong>du</strong> ; car il vaut mieux que<br />

s* dans ce qui regarde les Martyrs & les autres<br />

» Saints, il y ait des lacunes, que d'accumuler de<br />

k> tous côtés plufieurs faits dont on n'eft pas af-<br />

*» furé. Ea effet, on rend plus de ferviceàla


PHILOSOPHES. 247<br />

1» vérité de l'hiftoire eccléfiaftique, en fe taifant<br />

» fur les chofes qu'on n'a pas bien pu apro-<br />

» fondir, que par des menfonges , quand même<br />

» ils feroient mêlés avec des vérités, & par<br />

J> une éloquence qui manque de fincérité.,, C'eft<br />

donc avec raifon, que François de Harlay, illuftre<br />

Archevêque de Paris, ayant ordonné l'an<br />

feize.cens quatre-vingt, qu'on réformât le bréviaire<br />

de Paris, cette hiftoire en a été retranchée<br />

comme fabuleufe, par les Sçavans qui ont<br />

travaillé à cette réformation. Jacques de Sainte*<br />

Beuve, Profeffeur en Théologie à la Sorbonne ;<br />

Guillaume Brunetier , alors Archidiacre de Brie<br />

dans l'Eglife de Paris , aujourd'hui Evêque de<br />

Saintes ; Claude Caftellan, Chanoine de Paris;<br />

Nicolas Gobilio, Do&eur de Sorbonne, & Cure<br />

de Saint Laurent à Paris ; Léonard Lamet, Docteur<br />

de Navarre, alors Chanoine de Paris, à pre»<br />

fent Curé de Saint Euftache à Paris -, Claude Amelina,<br />

Archidiacre de Paris ; Nicolas Cocquelin ,<br />

Chancelier de Paris ; Nicolas le Tourneux, Théologien<br />

& célèbre Prédicateur.<br />

A N N E COMNENE.<br />

ANNE COMNENE étoit Elle de l'Empereur<br />

Alexis , & femme de Nicéphore Brienne<br />

Céfar. Elle dit elle-même, livre XV. de fon<br />

Ahxiade , quelle s'étoit apliquée à la Phi-


xx8 F E M M E S<br />

lofophie. Nicétas, fur Jean Comnene, dit-auflï<br />

. qu'elle fe donna beaucoup à la Philofophie, quieft<br />

la mère de toutes les Sciences, & qu'elle étoit<br />

habile dans tous les Arts. Et, Zonare , livre<br />

XVIII. de fes Annales, où il parle de Brienne<br />

ion mari, s'exprime ainfi fur Anne Comnene.<br />

Il étoit fort apliqué â tétude des Sciences, & fa<br />

femme ne s'y livrait pas moins , elle le faifoit<br />

même davantage. Elle entendoit parfaitement bits<br />

la Dialc&c Afrique , elle étoit douée d'un grand<br />

génie , d» propre aux méditations les plus abfirai'<br />

tes , don qu'elle pofjedoit en partie naturellement;<br />

& qu'elle avoit en partie acquis ; car elle étoit toit'<br />

jours apliquée â la leSure, & rtcherchoit beaucoug<br />

la conversation des Sf avons.<br />

E V D o c r E.<br />

EUDOCIEétoit femme de Conftantin Palceologue<br />

le Defpote,-fécond fils de l'Empereur Palceologue.<br />

Voici ce que Nicéphore Grégoras dit<br />

d'elle , dans le VIII. livre de fes Hiftoires »<br />

chapitre V. Elle n'était pas non plus -ignorante<br />

dans la Philofophie étrangère. Elle étoit belle<br />

^éloquente,& avoit beaucoup de douceurdansles<br />

moeurs. Elle était fort inftruite dans les humanités ,<br />

& elle difoit avec pla'tfir dans la converfation.,, les<br />

çhofes quelle avoit lues auaprifes ;„dc forte que le*^


PHILOSOPHES. MJT<br />

Sçavans la comparoicnt à la Pythagoricienne Thia~<br />

no , ou à Hypatk.<br />

j<br />

TANYPERSEBASTE.<br />

PANYPERSEBASTE étoit fille de Théodore<br />

Métochite, qui fut grand Tréforier fous le régne<br />

d'Andronic le vieux. L'Empereur la donna en<br />

mariage à Jean Panyperfébafte, fils de Ton frère.<br />

C'eft pour cela qucNicéphore Grégoras lui donne<br />

ce nom dans fon Hiftoire Romaine , livre<br />

VIII. Cet Auteur raporte aufli dans le même<br />

endroit , qu'elle avoit fait une harangue ;<br />

d'où on peut inférer qu'elle étoit Philofophe.<br />

Grégoras lui-même parle d'elle en ces termes : elle<br />

était d'un âge ajfeç jeune, mais d'un e[prit fi formé,<br />

que C éloquence qu'elle avoit reçue de la naturet<br />

fervoit non-feulement à la relever, mais auroit<br />

même fait honneur à Platon, à Pythagore & â<br />

quelqii'autres Philofophes que c'eût été. Dans un<br />

autre endroit il l'apelle CaefarhTe, parce que<br />

fon mari après avoir eu la dignité de Panyperfébaft»,<br />

eut enfuite celle de Caefar. Son époux<br />

étant mort che*. les Triballes, Grégoras fut envoyé<br />

auprès d'elle, & <strong>du</strong> Roi des Tiibatles,<br />

pour la confoler, & l'engager à revenir à Byfan»<br />

ce. C'eft lui aufli qui avoit été fon précepteur,<br />

& il dit plufieurs chofes de fon efprit, de fon<br />

érudition & de fon éloquence. Elle eut une fille


*;o F E M M E S<br />

As Jean Panyperfébafte, qui époufa le Knal d'Ef-<br />

«lavonie, c'eft-à-dire, le Roi des Triballes. Knal<br />

eft un mot Efdavon, qui veut dire Roi : c'eft le<br />

titre que l'Empereur desTaresdonae aujourd'hui<br />

dans fes lettres aux Electeurs de l'Empire, & celui<br />

qu'il donnoit il n'y a pas encore long-tems à<br />

l'Empereur d'Allemagne lui-même.<br />

N O V E L L E.<br />

" NOVELLE étoit Jurifconfulte , & ce qui fait<br />

que nous la mettons parmi les femmes qui ont été<br />

Philofophes, c'eft qu'Ulpien , loi première, Digeftes<br />

de la juftice & <strong>du</strong> droit, apelle les Jurifconfultes<br />

des Philofophes qui profejfent une Philofophie<br />

véritable & non feinte. Novelle étoit fille<br />

de Jean André, célèbre Profeffeur à Boulogne :<br />

Chriftine de Pifan raporte d'elle une chote fin-:<br />

guliére dans fon ouvrage intitulé : La Cité des<br />

Femmes, partie II. chapitre XXXVI. Je vais<br />

la raporter dans les propres termes de Chriftine,<br />

de peur dé ne pas paroître croyable dans<br />

une chofe qui furpaife, la,croyance.<br />

» Pareillement ( dit-elle ) à parler de plus nou-<br />

» veaux tems, fans querre les anciennes hiftoi-<br />

» res, Jean Andry, folempuel Légifte à Boulogne<br />

» la Grade, n'a mie foixante ans n'étoit pas<br />

* d'opinion que mal fût que femmes fuflent letn<br />

trées, quant à fa belle, & bonne fille que il


PHILOSOPHES. *j*<br />

n tant ama qui ot nom Nouvelle fit aprendre iet-<br />

» très , & fi avant es Loix ,


%j* ¥ * M M E S<br />

tes les deux il fit un commentaire fur les Décrétâtes<br />

, qu'il intitula Nouvelles, ouvrage dont<br />

Balde a fait un grand éloge. Guido Panzirolle<br />

a écrit fa vie dans fon ouvrage lies plus cilibres<br />

Interprètes des Loixt livre III. chapitre<br />

XIX.<br />

ChrîiYme vécut en "France fous le régne de<br />

Charles V. Ma rot dans fes Poéfics* Du Verdier<br />

dans fa Bibliothèque , & Jean Mabillon<br />

dans fon Voyage d'Italie j ont parlé d'elle avec<br />

de grands éloges.<br />

Ê L O I S E.<br />

ÊLOISE fut d'abord amie dePierreAbaîlard,<br />

célèbre Théologien, elle devintenfuite fon époufe.<br />

Après cela elle fe fit Religieufe, & fut Prieure<br />

<strong>du</strong> couvent d'Argenteuil près de Paris , enfin,<br />

elle fut AbbeflTé <strong>du</strong> couvent <strong>du</strong>Paraclet, près de<br />

Nogent-fur-Seine, depuis l'an 1130. ïufqu'àTan<br />

1 164. Je la mets au nombre des femmes Philosophes,<br />

après François Ambroife quia publié fes<br />

ouvrages & ceux d'Abailard.Voici comme il parle<br />

d'elle dans fa Préface apologétique pour A bailard.<br />

» Eloïfe, comme une au*rç Sufanne ou<br />

M une nouvelle Efther, étoit belle & vertueufe :<br />

» Elle defeendoit légitimement de la famille des<br />

P anciens Montmorency, &. n'étoit,point fille<br />

» naturelle


PHILOSOPHES. 133<br />

» naturelle d'un Chanoine de Paris,mais fa nièce.<br />

» Dès fon enfance elle fçavoit chanter les Pfeau-<br />

» mes en Hébreu. Elle fut l'a gloire & l'orne*<br />

» ment de fon fexe ; & fon mari l'ayant inftrui-<br />

» te dans les Langues, les Mathématiques, la<br />

» Philofophie & la ThéolQgie, elle ne fut infié-<br />

» rieure qu'à lui feul.<br />

Je ne parle point de Phiftoîre de fes 'amours<br />

avec Abailard , parce qu'elle eft connue ,de tout<br />

le monde.<br />

Tome HZ] »


i34 F E M M E S<br />

X>ooooocxxxxxxxxxxxxxxxx<br />

CHAPITRE IL<br />

DES PLATONICIENNES.<br />

L A S T H E N I E .<br />

LAfthénie de Mantinée en Arcadie, & Axio.<br />

thée de Phliafie, furent difciples de Platon.<br />

Dioglne Laërce parle de l'une & de l'autre dans<br />

h vie de Platon , aufli-bien que Clément d'Alexandrie*<br />

dans le IV. livre de fes Stromates ,<br />

& Thémifte dans fa douzième harangue intitulée<br />

le Sophiflc. Voyez ci-deffous.le chapitre des<br />

femmes Pythagoriciennes.<br />

A R R I A.<br />

L'auteur <strong>du</strong> livre de la, Thèriaque, dédié *<br />

Pifon, dit, chapitre IJ. qu'Arria s'apliqua beaucoup<br />

à étudier les livres de Platon, & que ce<br />

tut fous cette qualité de favante , qu'on la recommanda<br />

aux Empereurs. Elle vivoit fous<br />

Alexandre Sévère , comme l'a fort bien remarqué<br />

Jonfius dans fon ffijloiri de la. Philosophie* Je


PHILOSOPHES. 2jj<br />

croîs avec Reinefius, que c'eft la même que Dio*<br />

gène Laërce apelle admiratrice de Platon, & à<br />

laquelle il a dédié fon Hiitoire Philofophique.<br />

.Voyez ce que j'ai dit fur la Préface de l'ouvrage;<br />

de Diogène Laërce.<br />

G E M I N E .<br />

GÉMINÉ, mère & fille, étoient difciplesde<br />

florin, le plus célèbre Platonicien de fon fiécle.<br />

Voyez Porphyre dans la vie de Plotin.<br />

A M P H I C H I E.<br />

Elle étoit fille cFArifton, & époufe <strong>du</strong> filsde<br />

Jamblique. Voyez Porphyre dans la vie dePlo'tin.<br />

Jamblique fut difciplè de Porphyre, & Pot*<br />

phyre l'a voit été de Plotin' & de Longin.<br />

H Y P A T I E.<br />

HYPATIE étoit d'Alexandrie, elle poffédoft<br />

b Philofophie & les Mathématiques. Son père,<br />

qui fut en même-tems fon maître, étoit Théo»<br />

d'Alexandrie, Philofophe, Géomètre & Mathématicien<br />

; mais on peut dire qu'elle le fnrpafla. '<br />

Eunaoius dans fon Jonicus , parle d'un •Théo»<br />

q iî fe fit un grand nom en France , <strong>du</strong> terris<br />

d'ionicusSardien, célèbre Médecin , & il y »<br />

y »


a36 F E M M E S<br />

des gens qui croient que c'eft le même que notre<br />

Théon ; mais félon moi cela n'eft pas vraïfemblable.<br />

Il y a plus de probabilité dans la<br />

conjecture de Henri Savile, qui croit que celui<br />

dont nous parlons eft le même Théon qui a<br />

commenté Ptolomée. C'eft ce que nous aprenti<br />

Henri Valois, fur l'hiftoite ecçléûaftique de S»r<br />

crate, Livre XXVII. chapitre XV. Ifmaël Bouillaud,<br />

célèbre Aftronôme de France ^ de qui on<br />

peut dire qu'il fçavoit le nombre & les noms de<br />

toutes les étoiles , étoit <strong>du</strong> même fentimenr.<br />

C'eft Socrate qui nous aprend, dans l'endroit<br />

de fon hiftoire que nous venons de citer, qu'Hypatie<br />

étudia-la Philofophie de Platon. Voici fe*<br />

paroles de la tra<strong>du</strong>ction de Valois : elles font<br />

dignes d'être raponées. » Ityavoit à Alèxan-<br />

» drie une femme nommée Hypatie, elle éttfit<br />

» fille d» Philofophe Théon, & avoitfaitde fi<br />

» grands progrès dans les Sciences, qu'elle fur:<br />

» pafloit de beaucoup tous les Philofophes de<br />

» fontems,. &_fuccédaà la chaire-dans l'école<br />

» de Platon , fondée par Plotin , expliquant à<br />

s» ceux qui venoient l'écouter, toutes les partie*<br />

» de la Philofophie ; ce qui fit que tous ceux<br />

v qui aimoient cette Science, vinrent de toutes<br />

s> parts , fe mettre au nombre- de fes difciples-î<br />

» & comme fon fçavoir lut avoit donné delà gr*i<br />

» vite, & de l'autorité, elle parut quelquefois<br />

« devant les.Juges, en témoignant une grand»


PHILOSOPHES. 137^<br />

» modeftie , & fans paroître intimidée de fi<br />

» trouver parmi tant d'hommes.<br />

Nicéphore confirme ce rech dans le cfiaphre<br />

XVI. de fôn quatorzième livre ; & comme H<br />

nous aprend en même-tems d'autres chofes, oh ,<br />

ne fera pas fâché de voir fes propres paroles'<br />

voici le pafTage tra<strong>du</strong>it <strong>du</strong> latin. » Il y avoifà<br />

» Alexandrirune femme nommée Hypatie , fillb<br />

„ <strong>du</strong> PhilofopheThéon qui 1 avoit fi bien inflrm»<br />

„ te dans toutes les Sciences, qu'elle ne furpafl-<br />

„ foit pas feulement les Philofophes de fon<br />

,» tems, mais un grand nombre de ceux mêmes<br />

„ qui l'àvoient précédée : qui lui mérita la<br />

„ chaire- de Philofophie .dans l'Ecole Platonr-<br />

»» cienne de Plotin. Elle étoit habile à donner<br />

„ des lumières fur toutes les Sciences , de forte<br />

r, que tous ceux qui avoient <strong>du</strong> goût pour la<br />

„ Philofophie, venofentl'écouter, attirés non-<br />

„ feulement par l'honnêteté de fes manières & la<br />

>r gravité de fbn éloquence-, mais auffi par 1*<br />

,, pureté de fes mœurs 5c là décence avec laquef-<br />

„ le elle aprochoit des grands Seigneurs, ne re-.<br />

„ gardant point comme contraire à l'honnêteté,<br />

„ de fé trouver dans des compagnies d'hommes.<br />

» En un mot fa con<strong>du</strong>ite fage là faifoit refpe&er<br />

» de tout le monde. Elle étoit ainfi l'objet dé<br />

t> l'admiration générale , quand l'envie s'éleva<br />

» contr'elle. Comme elle voyoit fouvent Oreftè »<br />

» Préfet d'Alexandrie » oa l'accufà fiiuTemsaf


t38 F E M M E S<br />

'» auprès <strong>du</strong> Clergé de Cyrille, Archevêque d'A-<br />

» lexandrie, d'empêcher la réconciliation de Cy-<br />

» riiïe avec le Préfet. Cela fut jufques-là , que<br />

t» quelques perfonnes le livrant à un zèle trop<br />

j> ardent pour Cyrille, & fe biffant con<strong>du</strong>ire par<br />

n un leâeur nommé Pierre, l'attendirent un jour<br />

M comme elle revenoit de quelque part, &<br />

» l'ayant tirée de fon chariot, la traînèrent dan»<br />

.» l'églife nommée Céfaréon, ou ils la dépouillé-<br />

» rent & la tuèrent à coups de pots caffés. Après<br />

a» cela ils hachèrent fon corps en plusieurs pièces,<br />

» qu'ils portèrent dans un lieu apellé Cinaron , oie<br />

J» ils les brûlèrent. Socrate raporte la mort d'Kypatie<br />

de la même manière, livre VIL chapitre<br />

X V. de fon Hijtoire Eccléfïaflique, & c'eft de<br />

lui que Nicéphore a emprunté fon récit ; mais Philoftorge<br />

dit dans Photius, qu'elle fut déchirée par<br />

les Homooufiens , ce que Photius lui reproche<br />

comme une impiété. Hefychius furnommé l*Illuftre.,<br />

dit que ce malheur lui arriva par l'envie<br />

que lui attira fon fçavoir,particulièrement dan*<br />

J'Aftronomie.<br />

Synéfîus faifoit un cas extraordinaire d'Hypatie.<br />

Il lui a écrit plufieurs lettres, dans lefquel-<br />

Ies il lui donne toujours le titre de Philofophe.<br />

Dans la feiziéme il l'apelle fa mère , la feeurv<br />

fon doâeur , fa bienfaitrice , e» difant qu'ellemérite-<br />

des titres plus refpeètables encore^slly<br />

«m a. Dans la. quinzième il la pria de lui faire


PHILOSOPHES. 239<br />

foire un contrepoids.efpéce d'hydrofcope, qui fert<br />

à connoître la pureté de l'eau : on peut voir ce<br />

«jue nous avons cfit de ce mot ( i) dans nos Aménités<br />

<strong>du</strong> Droit, chapitre X IV. La vingt-quatrième<br />

lettre de Synéfius commence ainfi : Quand il<br />

feroit vrai que les morts perdent le fouvenir les uns<br />

des autres , encore pourrai-je alors conferver la mémoire<br />

d'Hypatie , pour qui j'ai eu tant d'amitié*<br />

Grégoras a parlé d'elle fort honorablement,<br />

livre XIII. de fon Hiftoire , chapitre V. nous<br />

avons raporté fes expreffions ci-deflus en parlant<br />

d'Eudocie , femme de Conftantin Paléologue<br />

le Defpote.<br />

Suidas dit qu'Hypatie étoit belle , ou plutôt<br />

l'Anonyme qui parle dans Suidas. Il ajoute qu'un<br />

de fes difciples étant devenu amoureux d'elle,<br />

elle lui <strong>mont</strong>ra un linge taché, en lui difant : jeune<br />

homme, voilà ce que tu aimes, & que ce fpeâacle<br />

le guérit de fa paffion.<br />

Le même hrftorien dit qu'elle époufa le philoïbphe<br />

Mdore, & que cependant elle demeura fille<br />

dans ce mariage. Damafcius la fait aulli femme<br />

d'Ifidore, enfaifant la vie decePhilofophedans<br />

Photius.IIyditauffi qu'Hypatie étoit verfée<br />

dans la Géométrie. Sur ce qui regarde le<br />

Philofophé Ifidore, on peut voit Damafcius dans<br />

{*.) U mot ili &»rfUimiK-


s* F E M M E S<br />

h bibliothèque de Photius.<br />

Suidas raporte qu'elle a écrit un commentai*<br />

*e fur Diophante , fur le canon aûronomique ,<br />

& fur les coniques- d'Apollonius.<br />

Etienne Baluze , tome I. des ConeUet, raporte<br />

dans le Synodïque contre là tragédie d'Irenée f<br />

chapitre C CX VI. cette lettre adreffée fous<br />

fe nom d'Hypatie, au bienheureux Cyrille Ar*<br />

cbevêqae d'Alexandrie.<br />

, « » En lifant les hiftoires j'ai trouvé que lé<br />

» Chrift eft aparu, il y a pafle cent quarante<br />

» ans. IT eut pour difciples ceux qui furent en»<br />

» fuite nommés Apôtres, & qui après fon afïbmp-<br />

» tion dans le ciel ont prêché la doârine chré-<br />

»» tienne, & ont enfeigné des chofes fort fimples ,<br />

» & où il n'entroit point de vaint curiofité ; ce<br />

» qui donna occafion à la plupart des Gentils de<br />

» blâmer cette doârine, & de rapeller peu<br />

» folide ; car fur ce que dit l'Evangélifte , que<br />

» perfonne n'a jamais vu Dieu, ils faifoient cet-<br />

» te difficulté. Comment donc dites-vous que<br />

» Dieu a été crucifié ? Us ajoutaient,, celui qu'on<br />

» n'a jamais vu, .comment a-t*il été attaché à la<br />

» croix? Comment eft-il mort,& a-t'ilpûêtre<br />

» enfeveli ? Or Neflorius qui vient d'être en-<br />

» voyé en exil,. a rétabli la doârine des- Apô*.<br />

» très ; car comme j'apris il y a déjà long-tems ;<br />

» qu'il établuToit deux natures dans le Chrift r<br />

» jLe répondis à celui qui œ'iaftruiût. de cela,<br />

» VoilÀ


PHILOSOPHAS. 24»<br />

» Voilà les difficultés des Gentils levées. Je dis<br />

» donc que votre faînteté a mal fait de penfer<br />

» autrement que lui t d'aflembler un Synode &<br />

*• de travailler à fa. déposition fans difputepréa-<br />

» lable. Pour moi, relifant fes explications il n'y<br />

» a encore que peu de jours , & les comparant<br />

» avec ,1a doârine des Apôtres ; j'ai fait réflé-<br />

» zion que ce feroit un bonheur pour moi de<br />

» devenir chrétienne» & j'efpére d'être digne<br />

» de ia régénération <strong>du</strong> baptême <strong>du</strong> Seigneur.<br />

Mais comme il paroît par l'hiftoire de Socrate<br />

, que la mort d'Hypatie arriva la IV. année<br />

de l'Epifcopat de Cyrille, fous le Confulatd'Honorius<br />

X. & de Théodofe VI. c'eft-à-dire, l'année<br />

de notre Seigneur 415. & que l'éxil de Neftorius,<br />

dont il eft parlé dans cette même lettre,<br />

arriva Tan 436. comme il paroît par l'hiftoire d'Evagre.<br />

tEtienne Baluze croit que cette lettre<br />

d'Hypatie à Cyrille eft fauffe & fupofée , &<br />

je me range à fon fentiment.<br />

On trouve dans l'Anthologie, Liyre I. titre<br />

fur la fageffe, cette épigramme à l'honneur<br />

d'Hypatie Philofophe,<br />

En te voyant, j'admire ta personne & tes discours<br />

, &je crois voir le palais étoile de la vierge ,<br />

car toute ta con<strong>du</strong>ite , rcfpeâable Hypatie , a le<br />

Ciel pour objet. Tu es l'ornement de l'éloquence ,<br />

& un aftre incorruptible de l'Empire de la fag


aqi F E M M E S<br />

Grotius a tra<strong>du</strong>it ces vers en Latin, & Jacques<br />

Godefroy fur PhiloAorge, a publié une ancienne<br />

Epigramme Grecque à la louange d'Hypatie, quj<br />

n'avoitpas encore vu le jour.<br />

Claude Saumaife dans fon Epître dédicatoire<br />

a Mrs. Du Puy, qui eft à la tête de fes obfervationsfur<br />

le Droit Athénien & Romain, parlant<br />

de Mlle Schuurman, Hollandoife, &. fille fçavante,<br />

a nommé notre Hypatie , Hippia : c'eft une<br />

faute d'hnpreffion ou une erreur de mémoire.


PHILOSOPHES- *4J<br />

CHAPITRE IIL<br />

i<br />

DES ACADÉMICIENNES.<br />

C JERELLIE ou CJERELIE , car fon nom fe<br />

trouve écrit de ces deux manières dans les<br />

livres de l'Antiquité , fut Philofophe, comme il<br />

paroit par le douzième livre des Lettres de<br />

Cicéron à Atticus, lettre LI. Dans cette<br />

lettre , Cicéron lui attribue un grand defir<br />

de; s'inftruire dans la Philofophie. Il y dit au/S<br />

qu'elle avait copié. Tes livres , fur les Fins des<br />

biens & dés maux : d'où l'on peut inférer qu'elle<br />

fit de la Secte Académicienne ; car Cicéron étoit<br />

de cette Sefte. Laâance l'en apelle même le<br />

tdéfenfeur, & on en trouve les principes dans fes<br />

livres* Cicéron parle encore de Caerellie, dans<br />

}a lettre qui fuit celle que nous avons citée •<br />

auffi-bien que dans la LXXII. <strong>du</strong> XIII. livre des<br />

Lettres à fes amis, où il la recommande à Ser~<br />

vilius;& l'apelle fa parente. Fufius Calenus reproche<br />

à Cicéron d'avoir dans fa vienleffe aiméCaerellie<br />

: celafe tsouvedans le XLVL. livre de Dion ,<br />

dans une harangue qui fort kle réponfe à une autre,<br />

que Cœrellie-a voit faite coqfre Antoine^en prefen-<br />

X a


244 F E M M E S<br />

ce de Cicéron. Au refte, cela fait honneur à Carellie<br />

: rien ne pouvoit lui en faire davantage ,<br />

que d'être aimée de Cicéron, homme d'un génie<br />

fupérieur, & excellent en tout genre : homme<br />

confulaire, confidéréde tout le monde, & dont<br />

l'éloquence fe f aifoit refpeâer des Grecs ; mais<br />

ce qu'ajoute Calenus, que Cicéron vécut dans<br />

le défordre avec elle, n'eft pas plus vrai que de<br />

dire que lui & Donat font calomniés dans Servius<br />

fur ce vers de Virgile , Epoux de fa fille, il<br />

fe rendit coupable d'un hymen criminel. Corrado<br />

dans fes remarques fur la LI. lettre <strong>du</strong><br />

XII. livre des Lettres à Atticus, dit que<br />

Fabius dans fon livre V I. chapitre IV. ne'nie<br />

point que Cicéron déjà vieux , n'ait aimé<br />

Caerellie , non plus qu'Aufone dans fon<br />

•Centum Nuptial : mais pour ce qui eft de celui-ci,<br />

il ne me paroit pas qu'il dife rien de pareil<br />

: voici fes paroles. Il faut fe fouvenir de ce<br />

qu'on aprend dans Pline , auteur très - aprouvi ,<br />

que des vers libres peuvent fubfijler avec des<br />

moeurs rigides : l'ouvrage de Sulpicius eft gai,<br />

& ne fait point rider le front ; Appulèe eft jovial<br />

dans fes ipigrammes, & Philofophe dans fa vit;<br />

fes préceptes font fèvires , quoique fes lettres i<br />

Carellie paroiffent libertines. Ces dernières paroles<br />

d'Aufone.doivent s'entendre, non de Cicéron<br />

, mais des j. lettres qu'Appulée a«oit<br />

écrites à «quelque .[perfonne qui. portoit le


PHILOSOPHES. *4î<br />

llom de Caerellie ; & c'eft aufli ainfi que les<br />

i enten<strong>du</strong>es Elie Vinet, Sçavant très-çélébre»<br />

qui a expliqué Aufone. Le paflage de Fabius<br />

ne preuve pas non plus que Cicéron ait aimé<br />

Casrellie : voici fes paroles. // faut confidirer<br />

aujjî ce que Cicéron écrivit à Ceerellit & qui contient<br />

la rai/on de la patience avec laquelle elle<br />

fuportoit les tems <strong>du</strong> régne de C. Céfar. Pour<br />

en<strong>du</strong>rer de pareilles chofes, il faut ou le cœur<br />

de Caton ou l'eftomac de Cicéron. Car le met<br />

d'eftomae renferme ici une allufion. Fabius veut<br />

dire qu'il n'y a d'autre parti à prendre errpareillé<br />

occafion , que de mourir comme fît Caton d'Utique,<br />

qui s'ôta la vie pour ne pas tomber entre<br />

les mains de Céfar, ou biea de tout digérer comme<br />

faifoit Cicéron. C'eft une métaphore, prife<br />

de ce que l'eftomac digère même les mets les<br />

plus defagréables Scies plus mal fains: on voit que<br />

cela n'a aucun raport avec les amours de Cicéron*<br />

Cenforin a. dédié fon livre Du jour Natal, à<br />

un certain Quintus Cœreliius , qu'il dit être aufli<br />

riche en vertus qu'en biens ; & Martial a aufli<br />

adreffé l'épigramme foixante-troifiéme de fon<br />

IV. livre à une perfonne nommée Caereilie»<br />

*W#<br />

ti


M6 F E M M E S<br />

CHAPITRE IV-<br />

DES DIALECTICIENNES.<br />

D IODORE, furnommé Cronus, Philofophe<br />

Dialecticien, eut des filles Philofophes. On<br />

les nomme Argie,Théognide, Artémife & Pantac<br />

We : c'eftfaint Clément, Prêtre d'Alexandrie,<br />

qui le raporte, livre IV. de fes Stromates, Le<br />

même auteur dirawfli dans le même endroit,<br />

que Philon, Dialecticien , raporte dans fon<br />

Ménexène , que ces quatre filles de Diodore<br />

Cronus etoient de la Secte Dialecticienne. S. Jérôme<br />

dans fon I. Livre contre Jovinien.dit qu'el»<br />

lesétoient au nombre de cinq, voici fes paroles.<br />

On raporte que Diodore, qui itoit de l'école de<br />

Socrate , tut cinq filles Dialefticitnnts : toutes cinf<br />

d'une grande fageffe.Philon, maître de Carnia.it,»<br />

écrit Iturkiftoire d'une manière fort éten<strong>du</strong>e. Ce Phi<br />

lon, Dialecticien, fut difciple de Diodore Cronus,<br />

& compagnon d'étude de Zenon Cittien.


V<br />

P H~I LOS OPH ES. a4?,<br />

CHAPITRE V.<br />

DES C Y R É N A 1 Q V E S.<br />

A<br />

Rète fut fille & difciple d'Ariftippe de Cyrène,<br />

fondateur de la Seâe Cyrénaïque.<br />

Elle inftruifit fon fils nommé Ariftippe : ce qui<br />

lui fit donner un furnom , qui fignifie enfiigné<br />

por fa mère. Voyez Diogène Laërce dans la vie<br />

d'Ariftippe , & Clément dans le IV. livre de fes<br />

Stromates, Ce furnom a été commun à plufieurs<br />

autres, entre lefquels eft le Roi Lemuel, dont<br />

il eft parlé dans le dernier chapitre des Proverbes<br />

; Les paroles <strong>du</strong>Roi Lemuel, & la vlfion félon<br />

laquelle fa mère l'inftruifiu<br />

On dit la même, chofe-. de l'Empereur Marc-<br />

Aurèle Antonin. J'ai apris de ma mère, dit-il,<br />

dans le I. livre de fes Réflexions fur luimême,<br />

à être religieux , libéral , & retenu ;<br />

car quoi qu'en cet endroit le mot, j'ai apris 9<br />

ne foit point dans le grec, il faut le fous-entendre,<br />

comme le remarque Suidas. Le même auteur<br />

cite aufli fur le mot d'occupation frivole,'<br />

ces autres paroles de Marc-Antonin : L'Empereur<br />

Marc,le pjiilofophe^dit qu'il avoit apris de Diognt-<br />

X 4


a48 F E M M E S<br />

tus à éviter les occupations frivoles 6" la cré<strong>du</strong>lité:<br />

car c'eft ainfi qu'il faut lire, en corrigeant un<br />

mot dans Suidas ; car les paroles de Marc-Anto-><br />

Iiin font : Diognetus m'a apris à ne point m'arrcter<br />

À des chofes frivoles, 6» à ne point ajouter foi aux<br />

Charlatans & aux Enchanteurs. Et c'eft ainfi qu'on<br />

lit aufli ce paûage dans le Suidas manufcrit,<br />

qui fe trouve dans la bibliothèque <strong>du</strong> Roi.


PHILOSOPHES. *49<br />

CHAPITRE VI­<br />

DES MÊG ARIENNES.<br />

-KXICARÈTE de Mégare fut amie & difciple de<br />

•*^ Stilpon,PhilofophedelàSeâeMégarienne*<br />

(i) Voici ce qu'en dit Athénée dans le chapitre<br />

VIL de fon XUI. livre: Nicarète itoitunc Courufannt<br />

de Mégare, de fort bonne naiffance , & tant<br />

parcelle raifonqu'à caufe de fon fcavoir elle itoît<br />

fortconfiiirèe : elle fut difciple <strong>du</strong>PhilofoheSùlponi<br />

Athénée remarque que dans laGréce la plupart des<br />

petfonnes de cette forte s'apUquoient aux lettresSc<br />

à l'étude desMathématiques.Onétor dit dans la vie<br />

deStilpon, qui Te trouve dans DiogèneLaërce, que<br />

quoique ce Philofophe fut marié, il avoit commerce<br />

avec Nicarète ; mais Cicéron explique cela<br />

autrement, dans fon livre Du Deftin. Voici<br />

les paroles ; „ On parle de Stilpon de Mégare;<br />

» Philofophe, comme d'un homme fçavant &<br />

9 eftimé dans ce tems-là. Ceux qui l'ont con-<br />

» nu difent qu'il étoit fujet au vin & aux fem-.<br />

» mes ; mais ce n'eft pas dans le deffein de le<br />

(\) Sur es nom de Sefte 8c les autres < voyez. Diog&ie<br />

Uéice (Uns û Préface Se ailleurs.


j5o F E M M E S<br />

» blâmer, c'eft plutôt pour relever par-là f*<br />

» vertu ; car ils difent qu'il avoit A bien dompté<br />

n fon tempérament par l'étude, que jamais on<br />

» ne le vit ni pris de vin, ni fe laifler aller à une<br />

» aâion de libertinage*


PHILOSOPHES. a*,*<br />

CHAPITRE VII<br />

DES CYNIQUES.<br />

HIPPARCHIE, 4&\s de Maron, fut fœur de<br />

Métrocle de Maronnée , ( i ) Philofophe<br />

Cynique, & femme de Cratès, auffi Philofophe<br />

de la même Secte* Pierre (a) Petit a fait<br />

un beau Poëme fur fon mariage avec Cratès, qu'il<br />

a dédié àFerdinand de Furftemberg, Evéque ds<br />

Paderborn & deMunfter. Ses noces furent célébrées<br />

dans le Pœcile (3), qui étoit un Portique<br />

renommé à Athènes : c'eft Clément d'Alexandrie<br />

qui nous aprend cette circonstance dans le IV.<br />

livre de fes Stromatts. Diogène Laërce a. écrit<br />

la vie d'Hipparchie , oh l'on peut voir qu'elle<br />

étoit bien vraie Cynique, c'eft-à-dire , qu'elle<br />

n'avoit aucune honte, puifqu'elle permettoit àfoo<br />

mari de prendre publiquement toutes les libertés<br />

qu'il vouloit avec elle : chofe révoltante dans<br />

(1) Ville de Thrace. Minage dans la vie d'Hipparchie,<br />

par Diogène Laërce & Harpocration.<br />

(x) Poëte Latin 8c François, mort en 1 «87. Diâionnaire<br />

portatif des beaux Arts.<br />

(l) Apslé ainfi à caufe de Ces peintures. Panf*ni»t 1»


*$» F E M M E S<br />

des femmes, dont la pudeur eft l'apanage partie<br />

entier ; d'autant pras que cette qualité peut êtra<br />

dite la garde de la beauté , comme s'exprime<br />

Demade dans Stobée. -<br />

Suidas dit qu'Hipparchie a écrit des ouvrages<br />

intitulés : Hypothlfes Philofophiques & Epicherimes<br />

; outre des queftions adreffées à Théodore,<br />

furnommé Athée.<br />

On trouve dans le III. livre de Y Anthologie,<br />

su titre, Des femmes, cette Epigramme d'Antipather<br />

fur Hipparchie.<br />

» Je n'ai point imité les moeurs délicates des<br />

*» femmes , j'ai fuivi la vie <strong>du</strong>re & auftére des<br />

» Cyniques. Je n'aime ni à voir des agraffes<br />

» au manteau, ni à mettre des ornemens aux<br />

w pieds, ni à moindre le front. Je marche avec<br />

w un bâton , je vais nuds pieds , je porte un<br />

n habit doublé, & la terre me fert de lit. Cette<br />

» vie eft d'autant plus préférable à celle des<br />

w chafleufes <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Ménale , qu'il vaut mieux<br />

w s'occuper de la fagefle, que courir les <strong>mont</strong>ait<br />

gnes»<br />

fc»


PHILOSOPHES. 155<br />

XXXXXXXXXXXXXXXXXX3000OC<br />

CHAPITRE VIIL<br />

DES PÉRIPATÉTICIENNES.<br />

LA FILLE D'OLYMPIODORE.<br />

M Arin de Naples raporte dans la Vie de<br />

Proclus de Lycie , que ce Philofophe<br />

étant allé à Alexandrie pour s'inftruire dans la<br />

doârined'Ariftote, 8cayant été entendre Olympiodore,<br />

Philofophe d'Alexandrie, il gagna tellement<br />

foa amitié, qu'Olympiodore voulut lut<br />

faire épouferfa fille , qu'il avoit inftruice dans la<br />

Philofophie, Suidas dit les mêmes chofes, 6c<br />

les a aprifes mot à mot de Marin. Olympiodore<br />

vivoit fous l'Empereur Théodofell. à qui même<br />

il a dédié vingt-deux livrés de fes Commentaires<br />

hiftoriques; nous en avons les extraits dans<br />

Photius. Il a écrit la vie de Platon , que Méric<br />

Cafaubon a ajoutée à la fin de mes observations<br />

fur Diogène Laërce. Il a auflî écrit des Commentaires<br />

fur les quatre livres des Météores d'Ariftote.<br />

Aide Manuce les a publiés in-folio à Venife<br />

l'an 1551 ,-avec les Scholies de Jean Philoponùt<br />

furie livre I. Il a paru une tra<strong>du</strong>ction


*54 F E M M E S<br />

latine de ces quatre livres, par Jean-Baptifte Camoti,<br />

à Venife, in-folio, l'an 1555 & 1557. On<br />

trouve auffi dans la bibliothèque <strong>du</strong> Roi un Commentaire<br />

<strong>du</strong> même Olympiodore, fur le •hilhbt<br />

de Platon : il eft maqué 8580. On y trouve encore<br />

un Commentaire <strong>du</strong> même Philofophe fur le<br />

Gorgias de Platon , le premier Alcibiade & le<br />

Phctdon :il eft marqué 1101 & 2103. & écrit de<br />

la main <strong>du</strong> célèbre Littérateur Angélus Vergerius;<br />

enfin, il y a un autre CommentairecTOlympiodore<br />

fur le Philibe & le Phxdon, écrit l'an 1536,<br />

& marqué 2101.<br />

T H É O D O R A .<br />

C'eft à THÉODORA que Damafctus, de Damas<br />

en Syrie, a dédiéfonlivre De la vie <strong>du</strong> Philo»<br />

fophe IJîdore.Voici là-deflus un paffage de Photius<br />

dans fa bibliothèque. „ S'étant déterminé à écriai<br />

re laviedlfidore, il adrefla fon ouvrage à une<br />

» femme nommée Théodora, payenne, & qui ne<br />

M manquoit pas de connoiflances dans la Philo-<br />

» fophie, dans la Poëfie & dans ce qui regarde<br />

» la Grammaire, s'étant même élevée jufqu a la<br />

» Géométrie & l'Arithmétique. Iudore & Da-<br />

,, mafeius avoient en différens tems été fes mai-<br />

„ très, ainfi que de fes Sœurs plus jeunes qu'elle.<br />

„ Elle étoit fille de Cyrine & de Diogène, fils<br />

„ d'Eufebe, & petit-fils de Flavian, qui tiroit


PHILOSOPHES. a5j<br />

;, ton origine de Zampligerame & de Monime ,<br />

„ ancêtre de Jamblique , tous fort attachés à<br />

„ l'Idolâtrie. Cela fe trouve dans la fe&ion<br />

CLXXXI. de Photius. Je remarquerai ici en<br />

paflant, que Photius a auffi raporté des extraits<br />

de cette vie d'Ifidore dans fa feclion CCXLII.<br />

Il a de même raporté en deux endroits, c'eft.<br />

à-dire , dans les feftions CLXXXV. & CCXI.<br />

les Dy&iaques de Denis jEgéen. Ayant confulté<br />

là - deffus Henri de Valois, homme d'un<br />

fçavoir univerfel ; il m'a répon<strong>du</strong>, qu'il croyoit<br />

que les extraits qui font à prefent dans la bibliothèque<br />

de Photius, ne font pas d'un même auteur.<br />

Suidas fait le Philofophe Damafcius de<br />

Damas, Stoïcien ; mais d'autres croyant qu'il a<br />

été Péripatéticien, comme le raporte Jonfius, qui<br />

a traité l'hiftoire de la Philofophie d'une manière<br />

auffi fçavante qu'éxaâe, cela fait que nous avons<br />

crû devoir mettre Théodora, difciple de Damafcius<br />

, parmi les femmes Péripatéticiennes. Au refte,<br />

ce que dit Photius, qu'elle s'apliqua à la Grammaire<br />

, me fait fouvenir de remarques, qu'il y<br />

a eu des femmes.qui fe font aufli apliquées à<br />

cette Science. Le faux Didyme cite la Grammairienne<br />

Heftioce fur le III. livre de l'Iliade.


»56 F E M M E S<br />

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx<br />

CHAPITRE IX-<br />

DES ÉPICURIENNES.<br />

T H É M I S T O ,<br />

THÊMISTOouThémifte, étoit de LampGique<br />

: elle fat femme de Léontée de Lampfaque,<br />

& fille de Zoïle de Lampfaque. Voyez Clément<br />

dans le IV. livre de fes Stromates. Léontée<br />

eut d'elle un fils qui fut nommé Epicure : c'eft<br />

Diogène Laërce qui nous l'aprend. Au refte, ce<br />

Léontée n'eft pas bien nommé Léonce par notre<br />

célèbre Gaffendi, dans le I. livre de la Vie &<br />

des moeurs d'Epicure, chapitre VIII. Il faut distinguer<br />

aufli Zoïle de Lampfaque <strong>du</strong> Zoïle qui fut ennemi<br />

d'Homère,car ce dernier étoit d'Amphipolis.DiogèneLaërce<br />

nous aprend dans la vie d'Epienre<br />

, que Thémifto fut fort liée d'amitié avec ce<br />

Philofophe : il parle aufli de deux lettres qu'Epicure<br />

lui écrivit, dans une defquelles il s'exprime<br />

ainfi : Si vous ne v«


PHILOSOPHES. 457<br />

fat dé cette expreflion, quoique vous foye^ plus<br />

fçavant que Thémifte : on peut voir là-deflus Gaffendi,<br />

livre VII. de la Pi* & des mœurs


*58 F E M M E S<br />

certaine. Cet Heimefianaxeftlemêmequiafaïe<br />

un beau Poème fur Colophon fa patrie. Paufanias<br />

a parlé de ce Poëme. (i) Pline , livre<br />

XXXV. chapitre XL dit, que le peintre Théodore<br />

reprefenta Léonce, dans l'état d'une perfonne<br />

qui penfe : ce qui peut former une preuve dé<br />

fon goût pour les méditations phiiofbphfcraes.<br />

Elle écrivit contre Théophrafte : Cicérones<br />

parle ainfi dans le I. livre de la Nature des Dieux»<br />

WeJUce pas en fe fiant fur ces fonges que non-feulement<br />

Epicure, Mitrodort & Hermachus ont contredit<br />

Pytkagore, Platon bEmpédoclc ; mais que<br />

même une petite Courtifanne, Lèontium , a ofh écrir<br />

contre TAéopAraJtt ? Sonflyle ejlpur& Attique ,/Y<br />

tavoue^mais pourtant fie. & Pline dans fa préface r<br />

Je nef fais comment une femme a ofè écrire contre<br />

Téophrafie , homme /? éLaqucaf, qu'il en a mériter»<br />

fithéte de divin. C'efi de 1$ qu'ejl venu le proverbe;<br />

de choifir un arbre pour fe pendre.<br />

Léonce eut une fille nommée Danaé, qui fut<br />

auffi une célèbre Courtifanne : elle fut aimée de<br />

Sophron, Préfet d'Ephèfe, commeîe prouvent les<br />

«arêtes d'Athénée à l'endroit que nous avons cir<br />

(i) Jfe n'ai pu trouver cet endroit dans le Paufanks del'Abbé<br />

Gedoyn , & arec quelque foift que j'aie cherché,<br />

je n'ai trouve que ces mots : Peur Hirmefîanax qui a fait<br />

des Bligies, je ne mis pas qu'il ait vécu jufqn'à ce terni-là ;<br />

tar il '.'aurtit pas manqué de pleurer U ruine deCtlefbmen.<br />

efuhjuendtnt it.fci emirages. Voyage de l'Attique , cb_ IX,


PHILOSOPHES:, vfr<br />

té. Danaé, dit-il, fille de Léonce VEpicurienne ,<br />

célèbre Courtifanne , 6» Courtifanne elle-même ,fut<br />

aimée de Sophron, Préfet PEphefe. Voyez aûflr léi<br />

paroles qui fuivent,<br />

T H É O P H I L E . 'k '<br />

Martial dans fon VIL livre parle de THEO­<br />

PHILE en ces termes, dans une Epigramme<br />

adreffée à Canius :<br />

Cejlàvous, Canius, qu'ejlpromife cette Théophile,<br />

dont l'efprit fçavant ejl orné des plus beaux<br />

talens ; que le jardin de l'illuflre vieillard d'Athènes<br />

& r école ftotc'unnefe vantent également à'avoir<br />

eue pour difciple. Tout ce que vous confierez à. foi<br />

mémoire^ fera <strong>du</strong>rable : fon jugement ne ft refftat<br />

ni de la foiblejfe de fon Sexe ni des préjugés dt$.vul*<br />

gaire : que votre Pantctnis ne fe préfère point'trop<br />

à elle , quoi qu'elle foit affe\ connue des Mufes*<br />

Sapho r célèbre par fit tendre [fe, donnera des huanA<br />

ges àfis vers r elle fut plus chafle que Sapho, &ne.<br />

hti fut pointinférieure en fçavoir.<br />

. Tout le monde fçait qu'Epicure, dont il eft pat*<br />

lé dans cette Epigramcne, donnoit les Leçon»<br />

Philofophiques dans un Jardin»<br />

Y »


Mo . F E M M E S .<br />

CHAPITRE X-<br />

DES STOÏCIENNES.<br />

JE n'ai trouvé dans les livres des Anciens aucune<br />

femme qui ait profefTé la Philofophie Stoïcienne<br />

; mais comme, ainfî que le raporte Pho-<br />

*ius dans fa bibliothèque, Apollonius, Stoïcien, a<br />

écrit un livre de* femmes Philofophes.il eft vraisemblable<br />

qu'il y en a eu quelques-unes qui ont<br />

été Stoïciennes ; & je panche à le croire , quoique<br />

i^4/>


PHILOSOPHES. afir<br />

ïbphe Stoïcien, qui fat le précepteurde l'Empe»<br />

reur Marc-Aurele, & <strong>du</strong>quel ont parlé Eufebe<br />

dans fa Chronique , Gapitolin for Marc-Antonin ^<br />

& Marc-Antonin, dans le livre I. de Tes Réflexions^<br />

fur- lui-même j car c'eft ainfi qu'il faut entendre le<br />

titre de cet ouvrage, que d'autres ont mal tra<strong>du</strong>it<br />

par ces mots de fa vie, quoique «Suidas apelle<br />

ainff ces livres de Marc-Antonin, en difant qu'il<br />

a écrit douze livres <strong>du</strong> court de fa vie. Capito-<br />

Krr a auffi parlé de cet Apollonius fur Antonin le<br />

Pieux : je raporterai fes paroles pour y ajouter<br />

quelque chofe :. » il dit qn'Antonius le Pieux, qui<br />

•n avoit fait venir Apollonius de Chalcis , l'ayant<br />

y> mandé au Palais de Tibère ou il demeuroit,<br />

» pour lùr remettre Marc-Antonin entre les<br />

M mains , ce Philosophe lui dit, que ce n'étoit<br />

n pas au maître à venir auprès <strong>du</strong> difçiple, mais<br />

» au difçiple à venir trouver le maître ; fur quof<br />

» l'Empereur fé mit à rire, & lui répondit : il' a<br />

ti donc été plus aîfé à Apollonius de venir de<br />

» Chalcis à Rome, que d'aller de fa maiforr aa<br />

» palais. » La même chofe arriva à Haroun Rafchid<br />

, avec Malec. Ce Calife ayant demandé au<br />

Do&eur de venir chez lui pour inftruire fes enfans<br />

, Malec lui dit, que la fcience n'avoit pas<br />

coutume de chercher des difciples, mais d'en être<br />

recherchée. Rafchid lui répondit, qu'il avoit<br />

BÙfaa, & ordonna à fes fils de fe rendre dam


»fe F E M M E S<br />

le temple ponr entendre Malec, (t) avec fes an*<br />

très difcipïes. Ceft Edouard Pococq qui raporte<br />

ce trait dans fon eûai fur l'hiftoire d'Arabie»<br />

P O R C I A.<br />

PORCIA étoit fille de Caton,& femme de<br />

Brutus. Plutarque dans la vie de Bratus , l'apelle<br />

Philofophe. Son hiftoire eft trop connue<br />

pour la mettre ici.<br />

A R R I A.<br />

Ceft une opinion très-certainement fondée<br />

qu'ARRIA , femme de Caecina Pœtus ; Arria fa<br />

fille, femme de Thrafea, & Fannia, fille de Thra*<br />

fea & femme d'Helvidius, ont pratiqué les maximes<br />

de la Philofophie Stoïcienne , quoiqu'elles<br />

ne l'ayent pas profeflee. Leur hiftoire eft auft<br />

trop connue pour en parler.<br />

THÉOPHILE.<br />

Nous avons parlé d'elle dans le chapitre dès<br />

femmes Epicuriennes»<br />

f


PHILOSOPHES. sré*<br />

U paraît auffi que les Femmes Romaines ainoient<br />

à lire des livres Stoïciens, par les vers<br />

d'Horace dans fes odes, Epode huitième.<br />

Quoi ! croira-t'on qut les Livres Stoïciens fe plaident<br />

à être couchés parmi les Couffins de foie ? (i)<br />

Cl) Cette Epode"eft une de celles qui ne font point<br />

clans l'Horace de le Batteux : fans doute à ca'ufe des obfcénités<br />

qu'elle renferme. Elle eft adrefëe a une vieille débauchée<br />

; 8c je crois que Ménage a fait ici une mépiife, car lct<br />

mot d'Horace eft une ûtyie.


«4 F E M M E S<br />

CHAPITRE XL<br />

DES PYTHAGORICIENNES,<br />

T L y a eu tantdefemmesPythagorkiennes, que<br />

* Philochore, Grammairien d'Athènes, en a fair<br />

•n livre, comme le raporte Suidas fur le mot<br />

de Fhilochore , où il intitule ce livre : Recueil def<br />

femmes Héroïques* Ce Philochore a vécu <strong>du</strong> tems<br />

d'Eratofthène r & H pouvoit être encore jeune<br />

torfque celui-ci étoir déjà vieux : c'eft-à-dire,<br />

qu'il fieuriflbit fous le régne de Ptolomée Philopator.<br />

Il peut paroître furprenant qu'il y. ait eit<br />

tant de femmes Pythagoriciennes, fi l'on confidére<br />

que les Pythagoriciens obfer voient un filence<br />

de cinq ans, & qu'ils avoient plufieurs dogmes<br />

fecrets, qu'il n'étoit pas permis de révéler ;<br />

ce qui s'accorde difficilement avec le goût de<br />

parler fi naturel aux femme», & la peine qu'elles<br />

©nt à garder un fecret» Il y avoit des gens qui<br />

legardoiem Pythagore , comme un homme û<br />

rempli dès chofes fpirituejles, qu'ils lui dbftaoieat<br />

leurs femmes & leurs filles à instruire.<br />

Ccft


P H I L O S O P H E S . aSj<br />

C'eft Diogène Laërce & Porphyre qui nous l'aprennent.<br />

Hefmippe dit dans Diogène Laërce<br />

qu'on apelloit ces femmes Pythagoriciennes. Le<br />

même Diogène cite aufli un ouvrage de Cratinus,<br />

intitulé , La Pythagorifante : ce qui donne lieu<br />

de croire que les femmes qui cultivoient cette<br />

Phiiofophie , furent attaquées par les Poëtes co.<br />

iniques. Voici les noms des femmes Pythago-,<br />

riciennes que j'ai pu découvrir.<br />

T.HÉMISTOCLÉE.<br />

THÉMISTOCLÉE étoit fœur de Pythagore,<br />

fi l'on ajoute foi à Diogène Laërce & à Suidas.<br />

Voici les paroles de Diogène Laërce dans la<br />

Vie de Pythagore : Ariftçxène dit que Pythagore<br />

ejl redevable de la plupart de fes principes de<br />

Morale à fa fœur Thémifloclêe. Il faut ajouter fur<br />

cepaffage, qu'Aldobrandinafl'ure que cette leçon<br />

eft confirmée par l'autorité d'un très-ancien manufcrit<br />

de la bibliothèque de Farnàife. Suidas<br />

s'accorde à cela, dans l'article Pythagore, excepté<br />

qu'il apelle Théoclée, celle que Diogène<br />

Laërce nomme Thémiftoclée. Il prit, dit-il,<br />

fes principes de fafœurThéoclée. Pour dire cependant<br />

ce que je penfe, j'aimerois mieux lire ces paffages<br />

de Diogène Laërce & de Suidas de cette manière<br />

: // reçut fes principes de la îrîtreffe deDcl-<br />

. phes, conformément à ce qui fuit ce paffage dans la<br />

Vie de Pythagore par Diogène Laërce. Le même<br />

Tome III. • Z


a66 F E M M E S<br />

dit auffi, comme cela a été remarqué plus haut, ( if<br />

s'agit d'Ariuoxène dont il avoit parlé , & il faat<br />

obferver ces mots comme cela a été remarqué plut<br />

haut ) que Pytkagore a reçu fis principes de Tkimiftoclce<br />

de Delphes. Il eft vrai que Cafaubon & Se*.<br />

liger fe fondant fur le premier pàfiage que nous<br />

avons cité, ont changé dans celui-ci le mot ai<br />

Delphes en celui de fœur, ( i ) le premier dans<br />

fes notes, & le fécond à la marge <strong>du</strong> livre ; mais,<br />

comme je l'ai déjà dit, je fuis pour laifler le<br />

mot de Delphes dans cet endroit, tant parce que<br />

les anciens Législateurs donnoient leurs Loix<br />

comme les ayant reçues de quelque - Divinité,<br />

(c'eftainfi queLicurgue confultoit Apollon, ROFmulus<br />

le Dieu Confus, Numa la Nymphe Egérie)<br />

(a) que parce qu'on croyoit qu'Apollon avoit de<br />

fréquentes communications avec Pythagore ; &<br />

c'eft Suidas qui raporte cette opinion. Il eft<br />

d'ailleurs plus croyable que Pythagore a attribué<br />

fes principes à la Prêtreffe de Delphes, qui paflbit<br />

pour infpirée , qu'à fa fœur, qui ne lui pouvoit<br />

donner aucune autorité. Outre cela , fi Py thagote<br />

avoit eu une fœur aflez fçavante , pour que ce PM-<br />

( i ) Le» mou de Delpbet fie de foeït en Grec > différent<br />

fort psu.<br />

(i) Les anciens remarquent que ces Légifliteurs ne ptewtidoient<br />

pu faire cela, pat un principe d'impofture., il» croyojerit<br />

que les idées de juftice étoient l'effet d'une inspiration continuelle<br />

ou particulière. Voyez Spantteim dans les Celui de'<br />

Julien, 8c lUodiglntit Aoi. pag. 6>S>


PHILOSOPHES. a6><br />

lofophe eût pu la faire paffer pour auteur defe*<br />

fentimens, il n'y .a perfonne qui n'çût parlé d'elle,<br />

& ne l'eût nommé. Or, perfonne ne parla<br />

d'elle expreflement, excepté Diogène Laërce ÔC<br />

fou copifte Suidas. Porphyre, Jamblique, l'Anonyme<br />

, quoiqu'ils àyent tous écrit la vie de Pythagore,<br />

n'en font point mention. Enfin, ce qui<br />

confirme tout-à-fait la correction d'Aldobrandin,<br />

Porphyre dit. dans la rie de Pythagore, que ce<br />

Philofophe répandoit que fa doctrine lui avoit<br />

été enfeignée à Delphes par Ariftoclée. Remarquez<br />

en partant ces différentes leçons. Porphyre<br />

apelle Ariftoclée celle que Diogène Laërce nom-j<br />

Me Thémiftoclée, & qui porte le nom de Théoclée<br />

dans Suidas.<br />

T H E A N O.<br />

Porphyre apelle THEANO la plus célèbre des<br />

Femmes Pythagoriciennes : il la fait fille de Pythonna£re,&<br />

Crétoife de naiflance; mais Diogène<br />

Laërce, & Suidas la difent fille de Brotin, ou<br />

plutôt de Brontin Crotoniate. Didyme dans fon<br />

livre de la Philofophie Pythagoricienne, dont il<br />

eft fait mention dans Clément d'Alexandrie, la<br />

dit native de Crotone. Diogène Laërce ajoute<br />

qu'elle fut femme dePythagore, mais que quelques-uns<br />

la font femme de Brontin, difciple<br />

de Pythagore. Porphyre la fait auffi femme de<br />

Zi


46» F E M M E S<br />

Pythagore; mais l'auteur incertain de la vie de<br />

ce Philofophe dans Photius, l'apelle fille &<br />

difciple de Pythagore. Hermélianax de Colophon<br />

, Poëte élégiaque , dont nous avons parlé<br />

à l'occafion de Léonce , fe joint à ceux qu'<br />

croyent qu'elle fut femme de Pythagore : cat<br />

dans le III. livre des Elégies qu'il fit pour cette<br />

Léonce, courtifanne d'Athènes qu'ilaimoit,<br />

il fait un catalogue de ceux qui ont eu des amours<br />

trop paffionnés, & dit que Pythagore brûla d'un<br />

amour infenfé pour Théano. Voici fes paroles<br />

qu'Athénée raporte dans fon IV. livre. Théano<br />

jetta dans cette folie Pythagoras de Samos, qui<br />

a découvert les détours compliqués de la Géomi'<br />

trie, la circonférence de l'Air , & qui a renfermé<br />

toutes chofts dans les dimenfions d'une petite<br />

Sphère.<br />

Elle eut deux fils de Pythagore, Télauges &<br />

Damon , outre Mnefarque, félon quelques-uns,&<br />

deux filles fuivant Suidas,nommées Mya & Arignote.<br />

Malchus ( % ) ou Porphyre compte auffi<br />

deux fils dePythagore, Arimnefte&Télauges,&<br />

deux fiiles Myà & Arignote ; ajoutez-y Damo<br />

qui fut suffi fille de ce Philofophe « comme nous<br />

le prouverons plus bas.<br />

Suidas dit queTélaugés fut le maître d'Empé-'<br />

docle. Diogène Laërce le cite comme auteur<br />

(i) Ls premier nom de Porphyre. Moriri.


PHILOSOPHES.. i&9<br />

d'une lettre à Philolatts : voyez la Vie d'Empédode.<br />

Suidas dit auffi qu'il écrivit quatre livres<br />

<strong>du</strong> Quattrnion. Godefroi Wendelin vous dira<br />

ce que fignifie ce mot, dans fa diflertation fur la<br />

Tetrarchie Pythagoricienne (i). Marc-Antonin a<br />

'auffi parlé de Télauges dans fon VII. livre, foivant<br />

une correction q\ie nous avons faite (a) fur<br />

un endroit de ce livre. L'auteur <strong>du</strong> livre de<br />

l'Interprétation , fauffement attribué à Démétrius<br />

de Phalére, a dit auffi quelque chofe de Télauges.<br />

Le Dialogue qui porte le titre de Télauges<br />

a été écrit par Efchine, de l'école de Socrate ,<br />

comme nous l'aprenons de Diogène Laërce dans<br />

la Vie de cet Efchine , & d'Athénée , livre V.<br />

Vous ferez bien de voir les remarques que nous<br />

avons faites fur cet endroit de. Diogène<br />

Laërce (3)..<br />

Pour revenir à Théano , c'eft elle qui étant<br />

interrogée, quand on pouvoit fupofer qu'une<br />

femme n'avoit point de commerce avec les hommes<br />

, répondit T s'il s'agit de fon mari, d'abord:<br />

fi c'eft d'autres que lui, jamais. Ce trait eft.<br />

raporté par Diogène Laërce & par Suidas , ou-<br />

(>T Ce terme & le priaient font jeux termes relatifs à la<br />

yhilolophie des Nombres.<br />

(1) Voyez leMirc-A jtonin de Dacier, Liv. 7. n. Si.<br />

(j) Il n'y a prefque lien de plus que ce (fur eft<br />

dans la note dff Mad.ime Dacier fur Marc • Antonii, Liv*<br />

7- ,n- 6t.<br />

Z3


ty> • |F E M M E S<br />

tre Plutarque dans fes Préceptes <strong>du</strong> mariage, &<br />

Clément, Kvre IV. de fes Stromates. Diogène<br />

8c Suidas ajoutent, que quand elle voyoit<br />

de nouvelles mariées, qui alloienttrouver leurs<br />

époux, elle les exhortoit de quitter la réferve<br />

en fe donnant à leurs maris : expreffion que Plutarque<br />

a condamnée dans fon excellent livre des<br />

Préceptes <strong>du</strong> mariage, où il l'attribue à Héxodote.<br />

Ses paroles font : Hérodote n'a pas bien<br />

parlé lorjqu'il a dit, qu'une femme fe dépouille de<br />

la pudeur en ôtantfes habits , car Une femme chafte<br />

revit la mode/He en étant les habits qui la couvrent.<br />

Le paflage d'Hérodote eft au commencement<br />

de fon I. livre.<br />

Pour le dire en paffant, Michel Montagne,<br />

livre I. de fes EJfais , chapitre XX. attribue<br />

ce mot à la bellê-fille de Pythagore, en<br />

quoi il a commis une erreur de mémoire.<br />

Quelqu'un ayant vu Théano <strong>mont</strong>rer le coude,<br />

pendant qu'elle s'habilloit, & lui ayant dit : Voilà<br />

vn beau bras, eHerépondit : // neflpas au public.<br />

Plutarque raporte cela dans fes Préceptes <strong>du</strong><br />

mariage , ainfi que Clément d'Alexandrie,<br />

livre IV. de fes Stromates , & Anne Comnene,<br />

. livre XII. de fon Alexiade. Plutarque ajou- -<br />

te, que non - feulement le bras d'une perfonne<br />

fage, mais même fes. difcours, ne doivent, pas<br />

«tre une chofe publique , & il raporte dans le


P H I L O S O P H E S. *7i<br />

\ '<br />

même endroit que Théano ayant été interrogée,<br />

quel étoit le devoir d'une femme vertueufe, répondit<br />

: que c'étoit de plaire à fon mari : ce qui<br />

me fait foovenir d'un mot de Dion dans fon livre<br />

intitulé Oeconom'tque, que la vertu d'une femme<br />

cpnfifte dans l'Amour qu'elle doit porter à foa<br />

mari.<br />

Elle a beaucoup écrit : Stobée rapoite un<br />

fragment de fes livres fur la piété, dans lequel<br />

HOUS aprenons y que Pythagorc a crû, non que<br />

toutes choies fe font des nombres, comme le<br />

veulent la plupart des Grecs, mais félon le»<br />

régie* des nombres. Clément d'Alexandrie dit<br />

qu'elle a écrit des Poëfies, & Suidas le con6rme,<br />

en difant, qu'elle a lahTé un Poëme en vers<br />

héroïques. Pollux, livre VI. chapitre III. cite<br />

une Lettre qu'elle a écrite à Timarete. Il y a<br />

aufli dans l'édition de Diogène Laërce par Henri<br />

Etienne,quelques lettres fous fon nom & avec<br />

-cette infcription, Lettres de Théano apellée la<br />

' fille de la fagejfe de Pythagore. Luc Holftenius ,<br />

dans fes notes fur la vie de Pythagore,écrite par<br />

un auteur incertain , a publié quatre autres lettres<br />

d'elle , qui font tirées d'un Manufcrit <strong>du</strong> Vatican,<br />

entre lefqueîles il s'en trouve une adreflée à<br />

Timéonide , oh elle lui dit : Pourquoi continuerions<br />

à me calomnier? ne fçave^vous donc pas que je<br />

fie çtjfe de publier vos louanges , quoique vousfaf-<br />

J!f{ le contraire? mais il faut que je vous aprtnne<br />

Z4


»7i F E M M E S<br />

que perfonne ne me croit quand je vous loue, &que<br />

perfonne auflinc vous croit quand vous me calomnie^.<br />

Libanius dit quelque chofe de pareil dans une<br />

lettre à Ariftaenetus ; vous dites <strong>du</strong> mal de moii<br />

& moi je vous loue ; mais perfonne n'ajoute<br />

foi ni à vos midifances ni à mes louanges»<br />

Ce n'eft donc point d'une épigramme de Buchanan<br />

que j'ai emprunté ce trait , comme<br />

quelques-uns m'en accufent. Zoïle, tnvainvous<br />

me blameç é» en vain je vous loue : il n'y a de vérité<br />

ni dans vos difcours ni dans Us miens. Je<br />

dois cette penfée à Théano & à Libanius.<br />

Théodoret dit, livre 11. de fes Thérapeutiques,<br />

que Pythagore mari de Théano étant,<br />

mort, elle prit la con<strong>du</strong>ite de fon école avec fes<br />

fils Télauges & Mnefarque.<br />

Clément d'Alexandrie raporte, que Didyme<br />

dit dans fon livre de la Philofophie Pythagoricienne,<br />

que Théano eft la.feule femme qui s'eft<br />

apliquée à la Philofophie & qui a écrit des Poëues:<br />

il fe trompe à l'un & à l'autre égard.<br />

Plutarqne a parlé d'elle fort honorablement<br />

dans fes Préceptes <strong>du</strong> mariage. Voici fes paroles :<br />

Vous ne pouve[, dit-il, en s'adrefTant à Eurydice,<br />

acquérir qu'à grands frais les perles que portent<br />

les femmes riches, ou les habits de foye des<br />

étrangères, afin de vous en parer; mais vous pour<br />

vei acquérir pour rien la parure de Théano, de<br />

Cléobulint, de Gorgus.l'époufe de Léonidas , dt,


PHILOSOPHES. 473<br />

T'moctée, faur de Théagène, del'ancienne Claudia,<br />

de Corne lie , faur de Scipion, & des autres femmes<br />

qui fe font ren<strong>du</strong>es célèbres ; & de pareils orne»<br />

mens vous feront mener une vie heureufe & MU*<br />

verte de gloire.<br />

Voyez ce qui fera dit plus bas dans l'artrcle<br />

de Timycha , Si. ce qui a été dit plus haut dans<br />

celui d'Eudocie, femme <strong>du</strong> Defpote Conftanti»<br />

Palaeologue.<br />

- Lucien, dans fon Traité des Images , dit que<br />

Théano avoit une grande Ame.<br />

M Y I A,<br />

MYIA fut fille de Pythagore & de Théano :<br />

voyez Clément d'Alexandrie , livre IV. de fej<br />

Stromates. Diogène Laërce, Porphyre & Suidas<br />

à l'article Pythagore , Jamblique à la fin de la<br />

•ie de ce Philofophe , difent qu'elle étoit femme<br />

de Milon Crotoniace : il faut donc corriger<br />

Jamblique lui-même, qui, livre II. chapitre XXX;<br />

de cette Vie de Pythagore , dit qu'il eut une<br />

fille qui fut mariée à Milon Crotoniate. Ce Milon<br />

de Crotone n'eft pas différent de celui dans la mai.<br />

fon <strong>du</strong>quel Pythagore fut brûlé v car quoique<br />

fbn nom foit écrit Mylon dans les éditions de-<br />

Diogène Laërce, c'eft une faute d'impreffion.<br />

Il y â Milon dans le manuferit de la bibliothèque<br />

<strong>du</strong> Rot, & c'eft ainû que Cafauboà a


274 F E M M E S<br />

corrigé ce mot dans Diogène Laërce , & que<br />

Rittershufius l'a corrigé dans Porphire. On ne<br />

peut douter que cette correftion ne fort bonne,<br />

6 on fait attention à ce partage de Porphire dans<br />

ta Vie de Pythagore. Les amis de Pythagore<br />

étant ajfemblis dans la maifon de Milon F Athlète.<br />

Strabon la confirme auffi, livre VI. Milon,<br />

dit-il, le plus célèbre Athlète qu'il y ait eu, fut<br />

difciple de Pythagore Mais un des dogmes des<br />

Pythagoriciens étant de s'abftenir de manger<br />

des animaux, comment cerameux Athlète, qu'on<br />

dit avoir une fois mangé un Taureau dans un<br />

jour, a-t'il pu être Pythagoricien r Aulu-Gelle<br />

répondra à cette queftion ; c'tfl, dit cet Auteur,<br />

une ancienne Ymais fauffe opinion qui s'efi établie ,<br />

que le Philofophe Pythagore nt mangeoit point dt<br />

fhair d'animaux (i).<br />

C'efl je crois de cette fille de Pythagore, que<br />

rouloit parler Porphyre, lorfque dans la Vie de<br />

ce Philofophe, il attribue à Timée, d'avoir dit<br />

[ue la fille de Pythagore étant jeune inftruifoit<br />

S<br />

es filles, & qu'étant mariée elle inftruifoit les<br />

femmes. Jamblique dit quelque chofe de pareil<br />

dans la Vie de Pythagore, livre I. chapitre<br />

XXX. de même que Saint Jérôme, livre I.<br />

contre Jovinien ; Timéeajoute que les Crbtonia-<br />

(i) Cela eft réfuté pu DoJVvel , Bibliothèque choifi:*<br />

tome io. p. 144.


PHILOSOPHES. i7f<br />

tes firent un temple à Cérès de la mai (on de cette<br />

jeune fille , & en apelérent la ruelle <strong>du</strong> nom<br />

d'Académie.<br />

- Lucien, dans fort Eloge des Mouches , après<br />

avoir parlé deMya, perfonne belle & fça vante en<br />

Poëfie, (ce qu'il faut entendre de celle deThefpie<br />

non de celle de Sparte ) & de Myia, célèbre courtifanne<br />

d'Athènes, ajoute qu'il pourroit dire<br />

auffi beaucoup de chofes de Myia Pythagoricienne<br />

, fi fon hifloire n'étoit pas connue de tout le<br />

monde. On ignore aujourd'hui cette hiftoire :<br />

ainfi je fouhaiterois que Lucien ne fe fût pas difpenfé<br />

de la publier. Tacite a fait la même chofe<br />

que lui, parlant de Sénéque : il dit, lorfqu'ilfut à<br />

fes derniers momens, fon éloquence s'anima 6> lui fit<br />

difter plufieurs chofes qui font publiées dans fes propres<br />

termes ; de forte qu'il n'efl pas rtéceffaire de<br />

leur donner un autre tour en les répétant. Cependant<br />

ces dernières paroles de Sénéque font per<strong>du</strong>es<br />

, & c'eft dommage pour la Philofophie.<br />

Il y a dans les Monumens Pythagoriciens, publiés<br />

par Henri Etienne, & dans les Lettres<br />

Grecques , dont on attribue fauffement à Jacques<br />

Cujas, d'avoir fait une verfion latine , une 1er.<br />

tre fous le nom de Myia Pythagoricienne, qui<br />

eft adreffée à une certaine Phyllis , & qui roule<br />

fur le choix d'une bonne nourrice.


%j6 F E M M E S<br />

A R I G N O T Ë .<br />

ARIGNOTE étoit de Samos.ék fut auffi fille de<br />

Pythagore & de Théano : elle étoit dans les principes<br />

de Pythagore, & elle écrivit beaucoup.<br />

Suidas dit qu'elle écrivit des vers bacchiques,<br />

c'eft-à-dire, des Epigrammes fur les myftéres de<br />

Cérès, ou de* chants facrés, & l'enfance de Bacchus.<br />

Ses autres écrits font philofophiques.<br />

Clément d'Alexandrie dît auffi qu'elle a écrit des<br />

vers bacchiques ; mais ceux que Suidas fupofe<br />

être la même chofe que les myftéres de Cérès,<br />

femblent en avoir été différens. Porphyre, dans<br />

la Vie de Pythagore, dit que fes écrits fur la Phir<br />

fofophie Pythagoricienne fubfiftoient encore de<br />

(on tems. Pythagore étant de Samos, il n'eft<br />

pas furprenant qu'Arignote fa fille en fut auffi.<br />

Suidas dit que Télauges, fils de Pythagore , étoit<br />

pareillement de Samos.<br />

D A M O.<br />

Suivant Porphyre, dans la Vie de Pythagore;<br />

PAMO étoit auffi fille de cePhilofophe, & cela<br />

eft confirmé par Lyfis Pythagoricien , dans fa<br />

lettre à Hipparchus, ou à Hippafe ; car voici ce<br />

que ce Philofophe dit à Hipparchus : Tcntens<br />

dire à beaucoup de gens que vous enfeigne^ la Phi-


PHILOSOPHES* %77<br />

lofopkie publiquement, ce que Pythagore a défen<strong>du</strong>;<br />

car il a laiffé fes Commentaires à fa fille Damo, avec<br />

ardre de ne les point communiquer à des étrangers ;<br />

& quoique Damo ah pu gagner beaucoup d'argent<br />

en les vendant, elle n'a pas voulu le faire, préférant<br />

à ce gain la pauvreté 6* l'obéïjfance aux ordres de<br />

fon Père. Diogène Laërce, dans la Vie de Pythagore,<br />

après avoir raporté ces paroles de Lyfis en<br />

Grec , y ajoute ces mots, comme étant de ce<br />

Philofophe , quoi quelle ne fût qu'une femme ;<br />

mais ces mots ne font point de Lyfis, comme le<br />

prouve fa lettre même , ou ils ne font pas : eHe<br />

fe trouve toute entière dansBeftarion contreGeorges<br />

deTrébifonde, &dans les anciens monumens<br />

Pythagoriciens publiés par Henri Etienne à la fin<br />

de Diogène Laërce. Ce Lyfis fut le plus célèbre<br />

des Philofophes Pythagoriciens, & Plutarque<br />

raporte qu'il était fort eftimé d'Epaminondas ,<br />

dont il fut le précepteur. Ceft à luj qu'on attribue<br />

les vers dorés de Pythagore ; ce qui fait voir<br />

que fa lettre eft un précieux monument de l'Antiquité.Les<br />

autres pièces de ce recueil d'HenriEtienne<br />

ne font pas moins belles, de forte que Gérard<br />

JeanVoflius, dans fon Traité des Settes des Philofophes<br />

, a raifon de témoigner être furpris &<br />

fâché de ce que ce recueil n'eft pas plus recherché.<br />

J'aurois prefque oublié une chofe qui mérite<br />

d'être ajoutée : c'eft- que Damo étant près de


ft7S F E M M E S<br />

mourir envoya à fa fille Biftalie la lettre de Pythagore,<br />

dans laquelle ce Pbilofophe défend de<br />

communiquer fes écrits à des étrangers. Les paroles<br />

de Lyfis qui raporte cela , font.: On dit<br />

qu'étant mourante elle envoya cette mime lettre à<br />

.Biftalie fa fille. On fait mal de lire communément<br />

dans ces paroles le mot de mourante, comme<br />

s'il fe raportoit à Biftalie. Au refte, c'eft à<br />

cette défenfe de Pythagore , par raport à fes<br />

écrits, que Saint Jérôme a égard dans fa dernière<br />

apologie adreflee à Rufin, où il fe fert de ces<br />

mots : Ainfi, quand mime -je ne pourrois pas<br />

prouver qu'il y a des écrits de Pythagore lui-mime,<br />

& faire voir que ce ne font pas fimplement des chofcfquiaycnt<br />

été ditespar fon fils ou fa fille , oufet<br />

autres difciples, &c.<br />

S A R A .<br />

L'Auteur anonyme de la Vie de Pythagore,<br />

fait de cette SARA encore une fille de ce<br />

Philofophe.<br />

T I M Y C H A.<br />

TIMYCHA étoit Lacédémonienne & femme<br />

de Myllias de Crotone. Jamblique à la fin<br />

<strong>du</strong> livre de la Vie de Pythagore , parle de<br />

quinze femmes qui ont été Philofophes Pythago-


PHILOSOPHES. »7*<br />

ticiennes, & met à la tête Timycha , femme<br />

de Myllias de Crotone. Porphyre, dans la Vie<br />

de Pythagore, ayant raporté l'hiftoire de Phyntia<br />

6t de Damo, ajoute qu'Hippobote&Néanthe<br />

raportent l'hiftoire de Myllias & de Timycha-<br />

Cette hiftoire n'eft point dans Porphyre, le manufcrit<br />

étant imparfait dans cet endroit ; mais<br />

on peut y fupléer par ce morceau de Jamblique<br />

dans la Vie de Pythagore, chapitre L.<br />

,, Lorfque ces deux époux qui étoient dans les<br />

„ fentimens de Pythagore , eurent été amenés<br />

,, devant Denys le Tyran, il leur fit des offres<br />

„ confidèrables, jufqu'à leur promettre de par-<br />

,, tager fon autorité avec eux ; mais ayant mé-<br />

,, prifé ces faveurs, il s'adreffa premièrement<br />

„ au mari & enfuite à la femme, pour fçavoir<br />

,, quelle raifon les Pythagoriciens pouvoient<br />

„ avoir d'aimer mieux mourir que de fouler des<br />

,, fèves aux pieds, les affinant que fi-tôt qu'ils<br />

„ auroient fatisfait fa curiofité là-deffus, il leur<br />

„ donneroit un congé honorable, puifqu'ils ne<br />

„ vouloient pas refter auprès de lui. Myllias<br />

„ fans balancer lui répondit : les Pythagoriciens<br />

„ aiment mieux mourir, que de fouler des fèves<br />

„ aux pieds, & moi plutôt que devousdécou-<br />

,, vrir la raifon qui les fait agir ainfi , je fuis<br />

,, prêt de fouler des fèves aux pieds. Là-deflus<br />

„ le Tyran ayant fait retirer le mari, s'adreffa à<br />

,, Timycha, efpérant qu'il obtiendroit plusaifc-


*»*> F E M M E S<br />

ï, ment d'elle ce qu'il fouhaitoit de fçavoîr ,"<br />

„ tant à caufe de la foiblefle de fon fexe, que<br />

,, parce qu'elle étoit alors enceinte , & qu'il la<br />

„ menaçait outre cela de la faire tourmenter ;<br />

„ mais il fut bien trompé dans fon attente, car<br />

,, Timycha, par un exemple étonnant de réfoj,<br />

lution, s'étant mor<strong>du</strong>e le bout de la langue,<br />

l „ le cracha au vîfage <strong>du</strong> Tyran, de peur que<br />

,, les tourmens ne lui fiflent dire des chofes<br />

j, qu'elle devoit taire.<br />

C'eft cette hiftoire que Saint Ambroife avok<br />

en vue dans fon Traité de la Virginité, livre II.<br />

chapitre IV. voici fes paroles. ^ „ On fait<br />

i, l'hiftoire d'une Vierge Pythagoricienne, qui<br />

„ étant fortement follicitée par un Tyran-de. lai<br />

,, dire une chofe qu'elle devoit tairje, & crai-<br />

',, gnant que les tourmens ne lui en arrachaffent<br />

,, la confeffion, fe coupa la langue avec les<br />

,, dents & la cracha au vifage <strong>du</strong> Tyran, afin<br />

„ de n'en être plus queftionnée. Cependant<br />

„ avec une ame fi grande elle étoit enceinte,<br />

,, exempte à la fois de force à retenir fa langue ,<br />

„ & de foibleffe fur l'article de la chafteté. La<br />

„ volupté fçut vaincre celle que les tourmens<br />

'„ trouvèrent invincibles. Capable de garder<br />

„ un fecret qui concernoit l'efprit, elle fe troutt<br />

va incapable de couvrir l'oprobre <strong>du</strong> corps.<br />

Mais comme cette Pythagoricienne étoit légitimementmariée,<br />

Saint Ambroifen'avoit point Aijet


P H I L O S O P H E S . aSi<br />

jet de lui reprocher un oprobre ; 'de forte qu'il<br />

eft vraifemblable que ce célèbre Saint avoitpris<br />

cette hiftoire dans quelque auteur, qui l'aura<br />

raportée autrement que Porphyre & Jamblïque.<br />

(i)<br />

Remarquons en paffant que Tertullien raporte<br />

quelque chofe de pareil de Leaene, courtifanne<br />

d'Athènes. C'eft dans un Sermon adreiTé<br />

aux martyrs. „ A-t'elle, dit-il, cédé aux bour-<br />

„ reaux, cette courtifanne d'Athènes , qui fa-<br />

,, chant le fecret d'une confpiration pour laquel-<br />

„ le un Tyran la faifoit tourmenter, ne voulut<br />

„ jamais en'trahirjes complices ,& cracha enfin<br />

„ fa langue qu'elle avoit coupée avec les dents ,<br />

„ au vifage <strong>du</strong> Tyran |, afin qu'il ne crût pas<br />

„ qu'il la feroit parler en continuant de latour-<br />

,, menter ? Mais les autres auteurs qui parlent<br />

de la confiance de Leœne , Pline , Plutarqu»;<br />

Paufanias , Athénée , ne difent point qu'elle fe<br />

foit coupé la langue. Valere Maxime , Pline ,<br />

Diog'ne Laërce &Philon Juif, attribuent la même<br />

aftion à Anaxarque. Tite-Live l'attribue<br />

aufli à Théodore de Syracufe, & S. Jérôme dans<br />

la Vie de S. Paul premier Hermite, dit qu'un jeune<br />

(t) 11 n'eft pasbefoin , me fembfe . de faire eerte fnpa»<br />

fuion, la cltf des réflexions de S. AinhroiTeed qu'il tegar.<br />

doit mn feulement la chafteté dans le célibat, mai le cé!ir<br />

liât m'me comme une v«icu, & le maria je comme ans<br />

efpéce d'orr"bre.<br />

Tome III, A a


a8a F E M M E S<br />

homme en fit autant, mais pour un autre fujet..<br />

,, Il ordonna , dh-il, qu'un autre jeune homme<br />

„ qui étoit à la fleur de l'âge, fut mené dans un<br />

„ jardin délicieux & couché fur un lit qu'il fit<br />

„ drefler entre des Lis Se des Rofes , auprès<br />

-,, d'un RukTeau & à l'ombre des arbres ; puis<br />

„ l'ayant tait attacher arec des liens de (ojeSt<br />

„ fait éloigner les témoins , il le lirra à ose<br />

M courtjfanne qui fit fe s efforts pour le vaincre.<br />

„ Alors cet Athlète de Jefns-Chrift ne


P H U O S ' Ô P H E S. a8î<br />

,, pour l'obliger a révéler les fécrets defa patrie,<br />

-,, elle fe coupa la langue, & la jetta au Tyran :<br />

„ elle étoit bien réfolue de ne point parler ,,<br />

„ ma» eHe fentoit que la néceffité l ? y ofcligeroit ;<br />

„ s'étant donc Ôté l'organe de la parole , pour<br />

», étouffer fa voix, cette vïolenêe la mh en état<br />

it d'exécuter le deffein qu'elle avoit formé de ne<br />

„ point découvrir les fecrets de fa patrie.<br />

P H I L T A T 1 &<br />

PHILTATIS étoit fille de Théophride Çrotoniate,<br />

&f«eurde Bynthaïcus, voyez Jarnblique :<br />

ni l'un ni l'autre de ces deux homiaes «e me font<br />

connus d'ailleurs.<br />

Comme Philtatis eft un nom de femme, Phil<br />

tatius eft un nom d'homme. Olympiodore P&*lofophe<br />

d'Alexandrie , raporte dans Photius, qujer<br />

Philtatius homme fçavant &fonami,avoittt^a.vé<br />

l'art à Athènes de faire tenir des cahiers de<br />

livres enfemfele,<br />

O C C E î, L O-<br />

' OCCELLO étoït de la Lucanîe : vpyw FamBSfijue..<br />

Elle paroît avoir été fille d'OcelÎH* Lucairf,<br />

qui a fait uil fivre de la Nature de ï'Umvers ,<br />

& cela ne devient pasincertain.par ;la remarque; r<br />

«pie cetEccivauteûnomméOcellus dansl'édiuo»<br />

A» x-


o84. F E M M E S<br />

de Commelin, & dans celle de Boulogne, auffibien<br />

que dans le livre de Philon intitulé , <strong>du</strong><br />

monde. On ne peut pas objeâernon plus qu'il<br />

eft nommé Oicellus dans plusieurs leçons de cette<br />

édition de Commelin', dans la plupart des<br />

éditions de Diogène Laërce, au chapitre d'Archytas,<br />

& dans Lucien, Traité de la falutation ; car il<br />

paroît qu'Ocellus eft la vraie leçon par ces paroles^de<br />

Stobée , livre I. de fes Extraits de<br />

Phyfique , chapitre XVIII. Ocellus>dit-il, apctf'<br />

Caufe, ce qui pro<strong>du</strong>it quelque chofe, car il dit dans<br />

fon livre fur la Loi, &c. Cela paroît encore par<br />

ce paflage de JambKque, dans la Vie de Pythagore<br />

: Ocellus & Oculus frères , ètoient de la Ltf<br />

tanie, &c. Jamblique fait là le catalogue des<br />

Pythagoriciens qui étoient I.ucaniens de naiflance.<br />

Une autre preuve de ce que nous difons, fe trouve<br />

dans l'édition de Diogène Laërce par'Aldobrandin,<br />

où dans la lettre d'Archytas à Platon<br />

on lit, Ocellus. Nous vînmes, dit-il, dans la Lucanie<br />

&• no'us eûmes une- conférence avec l'es fils<br />

d'Ocellus. Le Manufcrit <strong>du</strong> Roi a dans cet endroit<br />

Occellus. La leçon qui porte Ocellus eft<br />

confirmée- par te mot Latin qui Cigmde petit oeil,<br />

& qui vient de ce mot grec Ocellus, comme le<br />

mot latin qui fignifie œil , -vient.<strong>du</strong>- mot grec<br />

Oculus. Ocellus & Occellus font le même mot :<br />

voyez Hefychhis qui dit que le mot grec Occuf<br />

%nifie r«il; &. cette leçon n'eft pas fautive,


P H I L O S O P H E S . a*f<br />

comme le croyoit Voffius dans fon Etymologique<br />

fur le mot œil. D'Occus vient le diminutif Ooecllus,<br />

tout comme à'Ocus vient Ocellus & Ocur<br />

lus. Les Romains apelloient de ce norad'Ocellus<br />

, ceux qui avoient de petits yeux.<br />

On trouve ces paroles 'dans Cenforiir , Kvre<br />

<strong>du</strong> Jour Natal, chapitre III. Mais le premier fentiment,fçavo'tr,que<br />

Ugenre-humain a toujours éxifté,<br />

a pour fes défenfeurs Pythagore de Samos , Cereius»<br />

Lucain & Archytas de Tarente. Mais il faut lire<br />

Ocellus Lucain, ,fuivant Paul Manuce fur ce paffage,<br />

& Canterus x livre I. de fes diverfes leçons<br />

chapitre XVIL<br />

E C C E L O.<br />

ECCELO étoit de Lucanie : voyez Jamblique,<br />

Elle paraît avoir été la fille d'Eccelus comme le<br />

Père d'Occello s'apelloit Ocellus.Syrien dans fâs<br />

Commentaires fur le XIII. livre de la Métaphyfique<br />

d'Ariftote fait mention d'un livre dTïccellus fur<br />

la Nature de l'UniveTS , que Nogarole dans un«<br />

tettr,e à. Adam Fumée , chanoine de Vérone, fur<br />

les hommes rlluftres d'Italie qui ont écrit en Grec,<br />

croyoit avec beaucoup de vraifemblance être le<br />

même, que le livre d'Ocellus' dont nous avons*<br />

parlé plus haut. Il fe peut pourtant qu'il y ait eu<br />

' un Ecellus Pythagoricien, qui a écrit un livre<br />

fwjs U même, titre, que celui qu'à employé Qtr


aSS F E M M E S<br />

relias; car Smplichis dans fes remarques fur le»<br />

Catégories d'Ariftote , cite auffi un livre d'Archytas<br />

Pythagoricien, fur l'Univers , & Suida»<br />

«dit que Timée de Locres, auffi Philofophe Pythagoricien<br />

, a fait pareillement un livre fur te<br />

Nature.<br />

C H I L O N I S.<br />

. CHILONIS étoitfflle de Cbilonde Lacédémoae<br />

: voyez Jamblique ;mais ce Chilon de Lacédé-<br />

Bione eft-il ce Chilon Lacédémonien qui fut un<br />

des fept Sages de Grèce r H me le paroît ainfu<br />

T H E A N O.<br />

THEANOtut la femme de Brontin de Metapont,<br />

fuivant Jamblique. Nous avons parlé d'elle<br />

plus haut. Ily eut plusieurs Métapootins quiembrafférent<br />

la Seâe de Pythagore ; ce Brontin dont<br />

nous parlons, Hippafus dont Diogène Laerce a<br />

écrit la vie , & Métopus dont Stobée raporte os<br />

fragment dans fon premier difcours-<br />

M Y I A.<br />

MYIA étoh femme de Mïlon de Crotone r .<br />

•oyez J»mblique & ce que nous avons dit plu*<br />

nwittaochaot cette- GJVWIK.


P H I L O S O P H E S . »«£<br />

L A S T H E N I E .<br />

LASTHENIE étoit Arcadienne : Voyez Jamfclique.<br />

Elle paroît être la même que la Lafthéaie<br />

Arcadienne, qui fut Platonicienne & dont<br />

nous avons parlé dans l'article des femmes Platoniciennes.<br />

Si nous en parlons encore , c'efl<br />

que Platon a pris tant de chofes de Pythagore,<br />

qu'on pourroit l'apeller Pythagoricien. Diogène<br />

Laërce dans la Vie de Platon, dit qu'il a fait un<br />

mélange des Dogmes d'Heraclite , de Pythagore<br />

& de Socrate. Ajoutez qu'Ariftote, livre I. de<br />

fa Métâphyfique, chapitre V I. dît que la doctrine<br />

de Platon eft prefque toute formée fur celle<br />

de Pythagore. Aulu-Gellë dit auffi qu'il acheta<br />

les trois livres de Philolaiis Pythagoricien, pour<br />

dix mille deniers, & Diogène Laërce dit qu'il<br />

donna quarante mines d'Alexandrie pour un feul<br />

de fes livres. L'Auteur Anonyme de la Vie de<br />

Pythagore, raporte encore , qu'on difoit que<br />

Platon avoit apris la Philofophie contemplative<br />

& naturelle de Pythagore en Italie; mais cela<br />

n'eftpas fans difficulté, car comment Platon aéla<br />

quatre-vingt-huitième Olympiade, comme le<br />

dit Diogène, a-t'il pâ enteadrePythagore,qui,.<br />

félon Eufebe dans fa Chronique, eft mort dans<br />

la. foixante-dixiéme Olympiade: i


*8 F E M M E S<br />

A B R O T E L I E .<br />

Jamblique dit qu'ÂBROTELIE étoit fille d'Abrotele.<br />

Tarentin. Stanley, Auteur Anglois, dans<br />

ton Traité des SeSes des Philo fophes ,' la confond<br />

avec Lafthenie Arcadienne.Il paroît donc avoir lu<br />

ainfi le paflage de Jamblique , Lafthenie Arcadien*<br />

ne fille cTAbrotele de Tarcntc»<br />

ECHECRATIE.<br />

ECHECRATIE étoit de Phliafie félon Jamblique,<br />

& je croirais qu'elle fut fille d'Echécrate<br />

Phliafien, Philofophe Pythagoricien dont Diogène<br />

Laërce fait mention dans ces paroles , les derniers<br />

Pythagoriciens, 6» ce font ceux qu'Arifloxent<br />

a vus ,font Xinophile de Chalcis de Thrace , Phanton<br />

Phliafien, E choc rat es, Diodes & Polymnejle,<br />

aujfi Phliafiens.<br />

T Y R S E N E.<br />

TYRSENE «toit de Sybaris t voyez Jamblîr<br />

que.<br />

BISORRONDE.<br />

BTSORRONDE étoit de Tarente : voyeranf-<br />

£ Jamblique,<br />

NESTHÉADUSE,


PHILOSOPHES; i8«<br />

NESTHEADUSE.<br />

NESTHEADUSE étoit de Lacédémone,<br />

voyez Jamblique. Stanley la confond avec Bifortonde<br />

qu'il fait fille de Nefthiade.<br />

B Y O.<br />

BYO étoit d'Argos ,fuivant Jamblique;<br />

B A B E L Y M E .<br />

Suivant le même auteur, BABELYME étoit;<br />

auffid'Argos.<br />

CLEOECHMA.<br />

CLEOECHMA, étoit fœur d'Autocharide Lacédémonien,voyez<br />

Jambique. Il faut que cet Au-'<br />

tocharide ait été illuftre, puifque Jamblique, pour<br />

faire connoître Cléœchma, dit qu'elle fut fa fœur.<br />

On ne fçait aujourd'hui qui il a été. Nous avons<br />

fiiivi Jamblique, fur tous ces derniers articles :<br />

voicifes paroles beaucoup plus correctes qu'elles<br />

n'ont été publiées, & rectifiées en partie par conjectures<br />

, en partie félon le Manufcrit de la Bibliothèque<br />

<strong>du</strong> Roi.<br />

» Les femmes Pythagoriciennes qui fe font<br />

TomcIII^ Bfe


aoo F E M M E S<br />

» ren<strong>du</strong>es célèbres font i. Thimycha femme de<br />

» MylliasleCrotomate.t. PhirtatpfiUe.de Théo.<br />

» phrieCrotoniate,&fœurdeBunthaicus. 3. Oc.<br />

» cello, & 4. Eccello, de Lucanie. f.Chilonis<br />

M fille de Chilon Lacédémonien. 6. Théano fem-<br />

» me deBrontinde Métapont.7.Myia,femme<br />

»> de Milon Crotoniate. 8. Lafthénie Arcadien-<br />

» ne.9. Abrotélie,fiited*AbrotéleTarentin. 10.<br />

>» Echécratie Philiafienne. 11. Tyrfene de Syba-<br />

» ris. ix- Bkforrcndfi de Tareate. 13. Neftéa-<br />

» <strong>du</strong>fe de Lacédémone. 14. Byo d'Argos. 15.<br />

» Cléoechma {œur d'Autocharide de Lacédémone<br />

» en tout dix-fept. Mais il faut lire , en toutfciçc,<br />

» en fupofant que le w>jn deia dixième a étéou-<br />

» blié qui eft Babélyme d'Argos. (1)<br />

Il faut fe foûvenir que-cJefluious qui avons ajouté<br />

dés nombres à ces noms des femmes Pythagoriciennes<br />

, & nous en avertirons afin qu'on ne<br />

croye pas qu'ils font dans le Manufcrit <strong>du</strong> Roi.<br />

P H I N T H Y S.<br />

Nous aprenoris des Extraits de Stobée^difcours<br />

. LXXII. que PHINTHYS fut fille de Callicrate &<br />

Pythagoricienne/Elle aécrit un Traité de laTempè'<br />

rance des Femmes, & on a un aflez long extrait de<br />

(


PHILOSOPHES. 191<br />

«touvrage dans Stobée, ou plutôt Stobienjcar<br />

«eft ainfi qu'il faut prononcer le nom de cet<br />

Auteur , fuivant Henri de Valois , & Hok<br />

tenius. Etienne au mot Strobot eft <strong>du</strong> même,<br />

«vis.<br />

P E R J C T I O N E-<br />

PERICTIONE , eft fouvent nommée dans<br />

Stobée qui l'apelle Pythagoricienne, elle a écrit<br />

un livre fur la fagefle, & Stobée raporte deux<br />

exellens endroits de ce livre qui font écrits en<br />

Dialecte Dorique, ainfi il faut énoncer fuivant 1*<br />

même Dialefte un autre livre de Périâione , dont<br />

parle Stobée & qui eft intitulé , De la conftitution<br />

des Femmes. Périftione eft nommée dans<br />

la Bibliothèque de Photius, parmi les Philosophes<br />

dont Stobée a pris les fentences ; & il<br />

faut remarquer que le nom de Périftione qu'on<br />

lit dans cet endroit eft vicieux ; car il n'eft pas<br />

Un mot grec. La Mère de Platon s'apelloit Pé-.<br />

ri&ione. > '<br />

M É L I S S E .<br />

Il y a une lettre de MELISSE adreffée à Clarete,'<br />

Çc écrite en langue T)orienne, fur les habits qui<br />

conviennent aux femmes modeftes, où elle dit*<br />

que la couleur rouge qui eft celle que donne h<br />

Bba


201 F E M M E S<br />

pudeur eft la feule qui doit paroître fur le vftage<br />

d'une femme honnête. En effet, c*eft un trait de<br />

vertu de rougir, comme le difoit Diogène le Cynique<br />

à un jeune homme qu'il voyoit rougir:<br />

voyez Diogène Laërce dans la vie de ce Philosophe<br />

, Synefius dans fon Traité de la Royauté,<br />

dit auffi que de rougir eft quelquefois une mar.<br />

que de repentance qui ramène à la vertu. PythiaS<br />

fille d'Ariftote , interrogée quelle étoit la plus<br />

belle couleur, dît de même , que c'étoit celle<br />

que la modeftie donne aux perfonnes bien nées.<br />

Stobée raporte ce trait dans fon difcours de la<br />

Modeftie. Voyez aufli faint Ambroife , livre<br />

premier de la Virginité, Chapitre VI.<br />

Comme cette lettre de Melifle fe trouve parmi<br />

les lettres Pythagoriciennes, on ne peut conjecturer<br />

que Melifle étoit de cette Secte de Philo-,<br />

fophie.<br />

Plutarque, dans la vie de Périclès, parle de<br />

Meliflus préfet de Samos, homme qui aimoit la<br />

Philofophie: il étoit aparemment parent de Melifle<br />

dont nous parlons.<br />

R H O D O P E.<br />

Nous avons déjà remarqué qu'il y a dans les<br />

obfervations de Luc Holftenius, fur la vie de<br />

Pythagore écrite par un Auteur incertain , quatre<br />

lettres deThéano PhilofophePythagoricienne,


PHILOSOPHES. ao*<br />

"qui forlt tirées d'un Manufcrit <strong>du</strong> Vatican , &<br />

dont la dernière [eft adreffée à RHODOPE , la<br />

Philofophe. Nous pouvons conclure de là qu'elle<br />

fut Pythagoricienne. Je n'ofe pas dire que toutes<br />

ces lettres ne font pas de Théano femme de<br />

Pythagore. Il eft certain que celle dont nous<br />

parlons eft fupofée, car Théano s'y excufe auprès<br />

de Rhodope de ce qu'elle ne lui a pas encore<br />

envoyé le livre des idées de Platon , intitulé<br />

, Parminide. Or Théano femme de Pythagore<br />

a vécu pludeurs années avant Platon.<br />

Cette Rhodope eft donc différente d'une autre<br />

Rhodope Thracienne, fervante de Jadmon,<br />

compagne d'efclavage d*Efope, amante de Charax<br />

frère deSappho & courtifanne célèbre. Hérodote<br />

a parlé d'elle daps le livre de fon Hijloirt,<br />

intitulé , Eutcrpe , & Athénée dans fon livre<br />

quinzième.<br />

P T O L E M A I S .<br />

PTOLEMAIS, étoit de Cyrene ; il eft parlé<br />

d'elle dans l'inftitution de la Mufique Pythagoricienne<br />

, par Porphyre dans fon commentaire<br />

fur les Harmoniques de Ptolomée. Ce livre de<br />

Porphyre écrit à la main eft confervé dans la bibliothèque<br />

<strong>du</strong> Roi & dans celle <strong>du</strong> Vatican. Les<br />

Pythagoriciens ont beaucoup cultivé la mufique :<br />

voyez là-deffus Modératus Gaditanus, qui a re-<br />

Bb3


»94 F E M M E S<br />

cueilli les opinions de Pythagore en onze livre*<br />

très-fçavans, comme le raporte Porphyre dan»<br />

la vie de Pythagore. Remarquons en paffant que<br />

ce Modératus a vécu fous Néron. Ceft Plutarque<br />

qui nous l'aprend dans le huitième livre de<br />

fes Dïfcours de Table, chapitre VII. On ne fçait<br />

pas dans quel tems a vécu cette Ptolémaïs de<br />

Cyrene : feulement eft-il certain qu'elle a vécu<br />

avant Porphyre, puifqu'il fe fert de fon témoignage<br />

. Or Porphyre a vécu fous Aurélien. Peutêtre<br />

a-t'elle été contemporaine de l'impératrice<br />

Julie Domna, dont il eft probable que l'exemple<br />

engagea d'autres femmes às'apliquer à l'étude<br />

des fciences. Or dans ce tems-làil y avoit longtems<br />

que la Sefte de ^Pythagore étoit éteinte. En<br />

effet, Porphyre, dans la vie de Pythagore , fe<br />

plaint de ce que la Philofophie Pythagoricienne<br />

n'avoit plus de Difciples, & nous pouvons con_<br />

tlure de fa harangue que cette Sefte étoit éteinte<br />

Jbeaucoop avant fon tems. Ainfi en mettant Ptolémaïs<br />

de Cyrene au nombre des Femmes Pythagoriciennes,<br />

nous ne voulons pas dire qu'elle ait<br />

été Pythagoricienne à tous égards, mais qu'elle<br />

a fuivi les principes de Pythagore fur la Philofophie<br />

des nombres.


ÎPHILO S OP H ES. ajy<br />

C ONCLUSION.<br />

Voilà, fçavante 6» éloquente DACIER,« que fal<br />

recueilli des Livres des Anciens fur les Femmes Philofophes^b.dont<br />

j'ai crû .devoir vous faire hommage.<br />

Je n'ai fait pour ainfi dire qu'effleurer ta matière ;<br />

c ar il faut goûter la Phitofophie, & non pas la<br />

dévorer : & comme difo'tt quelqu'un , il eft bon de<br />

philofopker, mais il faut que ce foit en peu de mots.<br />

Aimant comme vous faites,l'hifloire delà Philofophie<br />

, la poffidant mime, comme le. prouvent<br />

vos fcavantes notes fur les Livres de F Empereur<br />

MarcAurele, j'efpire , MADAME, f«« ce petit<br />

Ouvrage vous fera agréable ; <strong>du</strong> moins je le fou-_<br />

haiu.<br />

•nç*<br />

BM


TABLE GÉNÉRALE<br />

DES MATIÈRES<br />

Contenues dans les trais Volumes des Vies<br />

des Philofopbes.<br />

Lt chiffre Romain marque le volume, & le chiffre<br />

Arabe les pages.<br />

A.<br />

A BROTELiE.fille d'Abrotele Tarentin IIL i2S.<br />

Académie, d'où elle tire fbn nom. 1.193.<br />

A fiions, mauvaifes aérions néchapent point à la<br />

connoiflance des Dieux 1.23.<br />

'Afflittion, nepoint s'abbatre dans l'affliction 1.64.<br />

AGANICE , (on père, fa patrie. III. 214. perfuada<br />

aux femmes de l'on pays qu'elle pouvoit faire<br />

defcéndre la Lune <strong>du</strong> Ciel. 215.<br />

ALCMEON,fa patrie. II. a«7< fut difciple de Pythagore,<br />

ibid. a traité de la Médecine, ibid. fut le<br />

premier qui enfanta un fyftême de Phyfique, ib.<br />

difoit que l'ame efl immortelle & qu'elle le meut<br />

continuellement comme le Soleil, ibid.<br />

'Ame, Thaïes eft le premier qui enfeigne l'immortalité<br />

de l'ame 1.14. eft attribuée aux chofes<br />

inanimées par le même 15. connoit les chofes<br />

fenfibles par le(moyen <strong>du</strong>corps,& les chofes intelligibles<br />

fans le fecours <strong>du</strong> corps 195. comment<br />

définie par Platon, obfcurite de fon Syftême<br />

2 20. renferme trois parties dans fa nature<br />

«37. fentiment d'Ariftote fur la nature 3op.les<br />

Stoïciens la djyjfent en huit parties. II. 143*


TABLE GENERALE DES MATIERES. 297<br />

r *i4me , ion principe s'étend depuis le cœur jufqu'au<br />

cerveau 223. pourquoi elle eft invifiblei*. quels •<br />

font lès liens ibid. ce quepenfoit Heraclite de fa<br />

nature 273. comment définie par Xénophane<br />

2.81. ce qu'en penfoit Zenon 289. quelle eft fa<br />

vraye fituation félon Démocrite 301. eft un<br />

corpscompofé de parties fort menues & difparfées<br />

dans tout l'affemblage <strong>du</strong> corps 385. eft fujet<br />

à beaucoup de changement ibid. en quoi<br />

paroifient fes ufages 286. périt avec le corps ib.<br />

n'eft point incorporelle 388. Ames vulgai»<br />

res évitent quelquefois la mort, pourquoi425.<br />

Grandeur d'ame eft le partage <strong>du</strong> fage III. 183.<br />

r ui /»i*,nous leur devons toujours les mêmes égards<br />

I. 23. on n'en doit point faire légèrement j<br />

mais conferver ceux que Ton a faits 38. dans<br />

quel tems le devoir nous apelle chez nos amis<br />

46. ce qu'il faut faire pour fe les rendre plus<br />

intimes 64. fe <strong>mont</strong>rer toujours le même envers<br />

eux 69. il eft difficile de dire ceux que l'on a<br />

m. fentimens des Cyrénéens fur la manière<br />

dont on doit chérir un ami 150. on n'en doit<br />

point avoir uniquement pour l'utilité qu'on en<br />

peut retirer 154. fentiment des Anicériens fur<br />

ta manière dont on leur doit être attaché ibid.<br />

Comment définis par Ariftote 301. ce que c'eft<br />

qu'un ami H. 89. doivent avoir toutes chofes<br />

communes 211. ami fidèle & vertueux préfér<br />

able à de l'argent III. 77.<br />

'Amitié, comment eft définie par Ariftote I. 308.<br />

définition qu'en donne Pythagore II. 211. eft<br />

une égalité harmonique. 225.<br />

'Amour, eft l'occupation de ceux qui n'ont rien à.<br />

faire II. 3.5 s'apaife finon par le tems » <strong>du</strong><br />

moins par la faim 6a.


*9* TABLE GéNéRALE<br />

AMHAICLE, fon père III. 235. époufalefils de<br />

Jamblrque. ibid.<br />

'ANACHARSIS , fa Patrie, fes parens T.71 , fa noblefle'ibid.<br />

il compofe un poëme ibid. fa hardieffe&<br />

fa fermeté à parler fait naître un proverbe<br />

ibid. Il vient à Athènes ibid. fait amitié avec<br />

Solon ibid. retourne en Scythie ibid. il en veut<br />

changer les loix ibid. eft tué par fon frère 73<br />

plaintes qu'il fait à fa mort. ibid. différente ,<br />

manière dont on la raporte ibid. fon Epitaphe<br />

par Diogène Laërce ibid. fes paroles ibid. infcription<br />

de fes ftatues 74. réponfe qu'il fit à un<br />

jeune homme75. Inventions qui lui font attribuées<br />

, ibid. lettre qu'il écrivit a Crefus.<br />

ANAXARQUE , fa Patrie II. 305. fut Difciplede<br />

Diomene de Smytne ibid. tems auquel ilflorîffoit<br />

ibid. eut pour ennemi Nicocréon Tiran de<br />

Cypre ibid. pourquoi ibid. fa mort ibid. paroles<br />

remarquables qu'ilprononçaen mourantiWi.<br />

Vers de D. L. à ce fujet 306. mérita le nom de<br />

Fortuné, ibid. fit revenir Alexandre de la préemption<br />

qu'il avoit de fe croire un Dieu ibid.<br />

prédiction qu'il fait à ce Prince ibid.<br />

ANAXIMANDRE, fon père , fa patrie I. 80. admtttoit<br />

l'infini pour élément de toutes chofes, fes<br />

fentimens à ce fujet. ibid. il inventa les Cadrans<br />

folaires, fit des inftrumens' pour marquer les<br />

Solftices &les Equinoxes 90. décrivit la circonférence<br />

de la Terre 5c de la Mer ibid. écrivit<br />

un abrégé de fes opinions ibid. fon âge,<br />

fa mort ibid.<br />

ANAXIMANDRE de Milet, Hifforien I. 90.<br />

ÀNAXAGORE , fa patrie , fes ancêtres 1.94. eft lé<br />

premier Philofophe qui joignit un elprit à la<br />

matière ibid. exhorde de fon ouvrage ibid. furaom<br />

qu'il reçut ibid. fa noblefle, fes r-ichefles»'


DES MATIÈRES: 299<br />

fa grandeur d'ame itid. réponfe qu'il fait à fes<br />

proches ibid. il quitte fesparens pour s'occuper<br />

de la contemplation de la Nature ibid.<br />

A.NAXAGORE,fa réponfe au reproche qu'on lui faifoit<br />

de ne fe point foncier de fapatrie95 .fon âge,<br />

tems de fa naiflance & de fa mort ibid. il exerça<br />

la Philofophie dès l'âge de vingt ans ib. fes fentimensfurlaftruaure.de<br />

l'Univers & fes phénomènes<br />

ib. fes pf€dîét*ôrts 96. i* réponfe à quelqu'un<br />

quMui demandoît pour quelle fin il étoit<br />

né 97. ce qu'il dit en voyant le fépulcre de<br />

Maufole ibid. il eft lé premier qui croit que le<br />

fujet <strong>du</strong> Poème d'Homère éte-it de recommander<br />

la vertu fie la juftice 97. il dit que le firmament<br />

étoit pierreux 98. feotîmens partagés fur<br />

fa condamnation iWi. il eft envoyé en exil/£/


30o TABLE GENERALE<br />

qu'il fait à quelqu'un qui lut reprochait que fa<br />

mère n'étoit point citoyenne d'Athènes ibid.<br />

femocque des'Athéniens qui faifoient valoir<br />

leur naiffance ibid.<br />

ANTISTHENE , eut pour premier maître le Rhéteur<br />

Gorgias %. fut difciple de Socrate ibid. fat<br />

le premier auteur de la Philofophie Cynique ïb>.<br />

réponfes qu'il fait en différentes occafions 3 .<br />

taxoit Platon d'orgueil 5. bon mot qu'il dit à<br />

ce fujet ibid. confeil qu'il donne aux Athéniens<br />

6. Socrate lui reproche fa vanité ibid. fait ban—<br />

nirAnytus & condamner Mélitus à mort 7. fentimens<br />

& maximes d'Amiftheae ib. fut le premier<br />

qui doubla fon manteau 9. eft le feul des<br />

. difciples de Socrate qui ait été loué par Théopompe<br />

i£ù/. paraît avoir été le premier chef de<br />

la Seâe Stoïque 10. Vers d'Athénée à ce fujet<br />

ibid. a ouvert les voies aux différens Syftêmes<br />

de Diogène , de Cratès & de Zenon ibid. Ses.<br />

ouvrages ibid. fa mort 1 a. Vers de D. L. à ce<br />

fujet ibid.<br />

ANTISTHENE ,difciple d'Heraclite IL 13*<br />

ANTISTHENE , d'Ephèfe. IL 13-.<br />

ANTISTHENE de Rhodes Hiftorien. IL 13.<br />

ANTHUZE , Extrait de la Bibliothèque de Photius<br />

au fujet de cette femme Philofophe. III. 213.<br />

ANYTUS, ennemide Socrate L n6> indifpofe<br />

Ariftophane contre lui ibid. Suborne Mélitus<br />

ibid. eft chaffé d'Héraclée. 119.<br />

r jtpitit , homme qui mange avec apétit,. fçait fe<br />

palier d'aprêt. L 10.<br />

r Arc-en-Qitl, d'où provient IL 408.<br />

ARCESILAS , fon père , fa patrie L164. fonda la<br />

moyenne Académie ibid. admit le principe <strong>du</strong><br />

doute ibid. difputa le premier pour & contre<br />

ibid. s'attacha à Crantor .comment ibid. Théo-


D E 5 M ATI ERES. 30*<br />

" pHrafte eft fenfible à fa pêne 165. eut <strong>du</strong> goût<br />

pour la poëfie ibid- a fait des Epigrammes ibid.<br />

-eftimoit particulièrement Homère 0.66. fut auteur<br />

d'Hipponicus le Géomètre ibid. fuccéda à<br />

Cratès dans fon Ecole ibid.<br />

ARCESILAS , airoit beaucoup derefpeâ pour Platon<br />

267. a imité Pyrrhon ib. entendoit la logique<br />

& connpîfloit les opinions desErétréens ib.<br />

bon mot d'Arifton à ce fujet ib. étoit fentencieux*<br />

terré dans fes difcours, fatyrique & hardi<br />

ib. il en eft repris par Timon ib. cenfure un<br />

jeune homme qui parloit trop effrontément ib.<br />

diverfes réponfes 268. fait taire un grand parleurii.réponfe<br />

qu'iltfaità un ufurier îéçj.blâmoit<br />

ceux qui négligeoient l'étude des Sciences dans<br />

l'âge où ils y font propres ibid. formule dont<br />

il fe fervoit dans (es difcours ibid. inventoit<br />

avec fuccès & prévenoit les objeâions qu'on<br />

pouvoit lui faire ibid. favoit s'accommoder aux<br />

circonftances & perfuadoit ce qu'il vouloit ib,<br />

fon école étoit nombreufe ibid. étoit de fort<br />

bon caraôére ibid. étoit libéral fans orientation<br />

270. comment il en ufe avec Ctéfibe ibid. procure<br />

beaucoup de crédit à Arcbias ibid. Exem-<br />

Îiles de fa généralité ibid. eut toujours de l'éoignement<br />

pour le Roi Antigone 271. n'eut<br />

jamais de goût pour les charges de l'Etat ibid.<br />

étoit magnifiquei72.eut des liaifons avecThéodete<br />

& Philete fameufes débauchées d'Elée ib.<br />

fut enclin à l'amour ibid. eft taxé d'avoir eu<br />

des panchans plus vicieux ib. accufé de recher*<br />

cherl'amitié<strong>du</strong> Peuple &la gloire ibid. raillerie<br />

de Timon fur fon goût pour les aplaudiflejnens<br />

273. Exemple de fa modération ibid.difpofa<br />

de fes biens en faveur de Pylades 274.<br />

ne fut jamais marié & ne laifla point d'enfans


jo« TABLE GENERALE<br />

ibid. fil trois Teftamens ibid. Lettre qu'il écrit<br />

à TaumafiasiAii.famort 275. les Athéniens lui<br />

font beaucoup d'honneur ibid. Vers de D.L. fur<br />

. cePhilofophe ibid. teins auquel il floriflbit. ib.<br />

ARCEsiLAs,Poëtede l'ancienne Comédie 1.275.<br />

ARCFSILAS , Poëte Elégiaque I. 275.<br />

ARCESILAS , Sculpteur I. 175.<br />

ARêTE , fille & difciple d'Ariftippe III. 247.<br />

inftruifit fon fils. ibid.<br />

ARCHELAUS , on varie fur fa Patrie & fes parens<br />

I. 101. difciple d'Anaxagore & maître de Socrate<br />

ibid. aporta le premier la phyfique de<br />

l'Ionie à Athènes ibid. cette partie de la Philofophie<br />

s'éteint avec lui ibid. a touché aufli la<br />

morale ibid. afligne deux caufes à la génération<br />

ibid. foutient.que les animaux font formés <strong>du</strong><br />

limon ib. fon raifonnement fur les principes de<br />

l'Univers ibid. fon fentiment fur la formation<br />

première des animaux & des hommes 102. ce<br />

qu'il penfoit de la Mer ibid. il croyoit l'Univers<br />

infini I. 102.<br />

ARCHELAUS , Géographe a décrit les provinces<br />

qu'Alexandres a parcourues I. 10*.<br />

ARCHELAUS , Naturalise. I. 102.<br />

ARCHELAUS , Orateur a donné des préceptes fur<br />

l'Eloquence I. 102.<br />

ARCHYTAS , fa patrie, fes parens II. 254. fauva<br />

' Ja vie à platon ibid. exerça fept fois la Régence<br />

. ibid. lettre qu'il écrivit à Platon ibid. réponfe<br />

qu'il en reçut 255.<br />

ARCHITAS , de Mitylene Muficien de profeflîon<br />

II.255.<br />

ARCHYTAS,Ecrivaina traitéderAgriculturelI 256<br />

ARCHYTAS, PoëteacompofédesEpigramesII.256.<br />

ARCHYTAS Architecte , à îaiffé un ouvrage fur la<br />

Mécanique II. a 5 6.


DES MATIERES. 3oj<br />

AK&IA, femme de Cajcina Parnis III. î^a.fuïvit<br />

les maximes des Stoïciens ibid.<br />

AH-R*A,s'apliqua à l'étude deslivres de PlatonlII.<br />

aj4. fut recommandée aux Empereurs comme<br />

fçavante ibid. tems auquel elle vécut ibid.<br />

ARIGNOTE, de Samos.fille dePythagore III. 176.<br />

ARIGNOTE , écrivit beaucoup ibid. compofa des<br />

Epigrammes fur les miftéres de Bacchus ibid.<br />

ARISTOCLéE , voyez Thémiftoclée.<br />

ARISTIPPE , fa patrie I. 134. vient à Athènes attiré<br />

par la réputation de Socrate ibid. fut le premier<br />

des Seftateurs de ce Philofophe qui enfeigna<br />

par intérêt, ibid. envoyé vingt mines à<br />

Socrate ibid. réponfe qu'il en reçoit ibid. fut<br />

haï de Xenophon ibid.dk maltraité par Théodore<br />

& Platon ibid. fçavoit s'accommoder aux<br />

lieux, aux tems & au génie des perfonnes<br />

. ibid. plaifoit beaucoup à Denys ibid. furnom<br />

que lui donnoit Diogène ibid. Raillerie piquante<br />

de Timon contre Arifiippe 135. paye une<br />

perdrix cinquante drachmes ibid. fa réponfe à<br />

qu'elqu'un qui l'en blâmoit ibid. Denys lui préfente<br />

trois courtifannes pour en choifir une ibidi<br />

il les garde toutes trois ibid. raifon qu'il en donne<br />

ibid. ce qu'il fait de ces filles ibid. bon mot<br />

que lui dit Straton ibid. Denys lui crache au<br />

vifage ibid. il le fouffre fans fe plaindre ibid. fa<br />

réponfe à quelqu'un qui en étoit choqué ibid.<br />

fa réponfe à Diogène qui lui reprochoit de fréquenter<br />

la courdes'Tyrans 136, ce qu'il répondit<br />

lorfqu'on lui demandoit quelle utilité il retiroit<br />

delà Philofophie ibid. réponfe qu'il fit à<br />

quelqu'un qui le blâmoit de vivre trop fomptueuiement<br />

ibid. Platon lui fait le même reproche<br />

ibid. argument par lequel il s'excufe i£. différence<br />

qu'U met entre.les fçayans 6c les igno-


304 TABLE GENERALE<br />

rans ibid. fonfentiment fur les lieux de débauche<br />

137 fa réponfe à quelqu'un qui lui propofoit<br />

une Enigme à réfoudre ibïi. fa penfée fur la pauvreté<br />

iiii.il foitdevant un homme qui lui dit des<br />

injures, ce qu'il lui répond ib. compare lès Philofophes<br />

aux médecins ibid. attaqué fur mer par<br />

un gros rems il s'émeut,raifon qu'il en donne ib.<br />

ARISTIPPE , ce qu'il dit à un qui fe vantoit d'avoir<br />

apris beaucoup de chofes. 138. fa réponfe<br />

à un Orateur qui lui demandoit à quoi loi<br />

avoient fervi les leçons de Socrate ibid. il infpiroit<br />

de grands fentimens à fa fille Arête ibid.<br />

eft confulté par un père fur l'avantage que fon<br />

fils retireroit de l'étude des fciences, ce qu'il<br />

lui répond ibid. autre réponfe qu'il fait à un<br />

homme qui trouvoit trop cher ce qu'il lui demandoit<br />

pour l'é<strong>du</strong>cation de fon fils ibid. difoit<br />

qu'il prenoit de l'argent de fes amis pour leur<br />

aprendre à l'employer utilement ibid. on lui<br />

reproche de prendre un Rhéteur pour défendre<br />

fa caufe, ce qu'il répond, ibid. Réponfes qu'il<br />

fait à Denys 139. mortifie la vanité d'un homme<br />

qui fe piquoit de fçavoir bien nager, ibid.<br />

en quoi il fait différer le fage de l'infenfé. ibid.<br />

comment il fe moque d'un buveur qui s'aplaudiflbit<br />

de ce qu'il fçavoit beaucoup boire fans<br />

' s'eny vrer. ibid. on le cenfure d'avoir commerce<br />

• avec une femme débauchée, ce qu'il y répond<br />

ibid. comment il fe lave <strong>du</strong> reproche qu'on lui<br />

faifoit d'avoir l'ame mercenaire 140. il entretenoit<br />

la Courtifanne Laïs. ibid. ce qu'il dit à ce<br />

fujet. ibid. il mortifie un Avare.iWi. il crache au<br />

" vlfagedeSimus Tréforier de Denys. ibid. ni'<br />

fon de ce fait 141. ce qu'il répond à quelqu'un<br />

qui lui demandoit qui étaient ceux qui fe fervoient<br />

d'onguens ibid. il fouhaitok de mourir<br />

comme


D E S M A T I É R E S. vrç<br />

comme Socrate. ibid. comment il reprend le Sophifte<br />

Polixène qui déciamoit contre le luxe<br />

ibid. il fait jetter en voyage une partie de l'argent<br />

que portoit fon valet, ibid. embarqué fur<br />

le vaiffeau d'un Corfaire, il laiffe tomber fon<br />

argent dans l'eau. 142. ce qu'il dit à ce fujet<br />

ibid. il eft interrogé par Denys fur le fujet qui<br />

I'amenoit à fa cour , fa réponfe. ibid.<br />

ARISTIFPE, blâmoit les hommes, pourquoi ibid.<br />

danfe en robe de pourpre dans un feftin<br />

que donnoit Denys ibid. ce qu'il dit à ce<br />

fujet ibid. il fe jette aux genoux de Denys ,<br />

pourquoi ibid. on lui reproche cette baffeffe,<br />

ce qu'il répond 143. il eft pris par Artapherne<br />

Gouverneur d'Afie ibid. fa conûance dans cette<br />

difgrace ibid. compare aux amans de Pénélope<br />

ceux qui négligent de joindre la Philofophie<br />

à la connoiffance des arts libéraux<br />

ibid. Interrogé fur ce qui étoit le plus néceffaire<br />

d'enfeigner aux jeunes gens ibid. fa réponfe<br />

ibid. ce qu'il répond à quelqu'un qui lui reprochait<br />

que de l'école de Socrate il étoit paffé<br />

à la cour de Denys ibid. une femme de mauvaise<br />

vie fe déclare enceinte de lui 144. ce qu'il<br />

lui répond ibid. réponfe qu'il fait à quelqu'un<br />

qui le blâmoit d'abandonner fon fils ibid. convient<br />

que le Sage n'a pas befoin d'argent*i£i


306 TABLE GENERALE<br />

comment ils définiffent le plaiur 6k la doulenr<br />

ibid. fentiment que leur attribue' Pansetius ibid.<br />

ne croyent pas que le fouvenir, ou l'attente d'un<br />

bien puifle créer <strong>du</strong> plaifir 149. difent que le plai-<br />

•fir & la douleur ne peuvent venir des feuts objets<br />

qui frapent les organes de fouie & de la vùer<br />

pourquoi ibid. comment ils nomment la-privation<br />

deplaifirôtdedouleuri£ii.plaçoient les plaifirs<br />

<strong>du</strong> corps fort audeflus de ceux dei'àme ibid*<br />

ARISTIPPE , regardoient les maux corporels comme<br />

pis que ceux de l'efprit ibid. aportoient plusde<br />

foin a gouverner lajoïeque la douleur,pourquoi<br />

150. ce qu'ils penfoient de la fagefle.iWi.,<br />

ne s'attachoient point à la connoiffance des chofes<br />

naturelles, pourquoi 151. cultivoient la Lo- \<br />

giquei£;V.méprifoient également la PhyfiqueSt<br />

la Dialeâique, pourquoi ibid. difoient que rien<br />

de fa nature n'eft jufte, honnête, ou honteux,,<br />

que la coutume 8c les loix avoientintro<strong>du</strong>it ces<br />

fortes de diftlnôions ibid. fentimeiis des Hégéfiaques<br />

fur l'amitié, la bonté, & la bénéficence<br />

15a. anéantiflfoient l'ufage des fèns par rapdrt<br />

au jugement 153. établiffoient pour régie delà,<br />

vérité ce qui paraît le pins raifonnable ibid.<br />

prétendotent que les fautes font pardonnables<br />

ibid. fentiment des Aniceriens, ibid. en quoi ils<br />

s'é«artoient de l'opinion des autres ibid. Théo-<br />

' dore rejette toutes les opinions qu'on avoit des<br />

J5ieux 15 4. fon ouvrage intitulé des Dieux ibid.<br />

Sesfentimens i^.fubtilitédefesargumensiW.<br />

court rifque d'être cité à l'Aréopage I5.6.dirfirfes<br />

réponfes 'de ce Philofophe 158*<br />

ARISTIPPE , Ecrivain auteur de l'Hiftoired'Arca?die<br />

L 145.<br />

ARISTIPPE r furnomrné Métrodidaflus I. 145-<br />

ARISTIPPE ^PhUofophe. de la. nouvelle Académie»<br />

I» 145^»


DES MATIERES. 307-<br />

%RÏSTON, fa patrie II. 175. en quoi faifoit confifter<br />

la fin ibid. à quoi vouloitque le fage reffemblât<br />

ibid. tenoit la morale pour le feul gerire<br />

d'étude qui fût propre à l'homme ibid. comparent<br />

les raifonnemens de la Dialectique aux Toiles<br />

d'araignées ibid. comment il définiflbit la<br />

vertu 176. enfeignoit dans le Cynoferge ib. devint<br />

chef de fette ib. avoit beaucoup de talent à.<br />

perfuader & étoit extrêmement populaire ibid.<br />

ARISTON, changea defentimentàl'occafiond'une<br />

grande maladie où tomba Zenon ibid. critiquoit<br />

& haïffoit Arcefilas ibid. Tes ouvrages 177.<br />

fa mort ibid. vers de D. L. à ce fujet. ibid.<br />

ARISTON , natif d'Ioulis, Philofophe Péripatéti» "<br />

cîen. II.. 178.<br />

ARISTON , Muficien d'Athènes. II. 178.<br />

ARISTON, Poète Tragique. II. 178.<br />

ARISTON, <strong>du</strong> bourg d'Alace^ écrivit des fyftême*<br />

de Rhétorique IL 178.<br />

ARISTON , d'Alexandrie Philofophe Péripatéti*<br />

cien ibid.<br />

ARISTOPHANE , le Comique, loue Socrate en<br />

voulant le blâmer I. 100.<br />

ARISTOTE , fa patrie, fes paren» I. apo.fagénéa*<br />

logie ibid. il vécut long-tems à la Cour d'Amyntas<br />

ibid. fit (es études fous Platon ibid. fon portrait<br />

ibid. eut un fils naturel d'Herpilis fa Concubine<br />

ibid. quitte Platon <strong>du</strong> vivant de ce Philofo—<br />

phe açj.i. d'où vient qu'il fut nommé Péripatéticien<br />

ibid. éxercoit fes difciples à foutenir des<br />

propofitions,& les éxercoit en même-tems à la<br />

Rhétorique ibid. part d'Athènes pour fe rendre<br />

auprès de l'Eunuque- Hermias ibid. époufe la<br />

con nbine de^ce Tiran 292. fait une Hymne à.<br />

fon honneur pour le remercier ibid. paffe ens<br />

Macédoine à la Cbur de Philippe qui iui confie<br />

C" t %•


jo8 TABLE GENERALE<br />

l'é<strong>du</strong>cation d'Alexandre ibid. récompenfe qu'il<br />

en obtient ibid. donne des Loix à S t agira ibid.<br />

retourne à Athènes ibid. fe retire en Chalcide<br />

293. motif de cette retraite ibid. meurt empoifonné<br />

'ibid. fon âge ibid. Hymne qu'il fît pour<br />

Hermias ibid. Epigramme de D. L. fur la mort<br />

«TAriftote 294. leûament de ce Philofophe<br />

496. circonftances de fa façon de vivre 199. fies<br />

fentences ibid. fes livres 302. fes lettres 30 5. fes<br />

poëfies ibid. fes opinions 306.<br />

ARISTOTE , adminiftrateur de la République<br />

d'Athènes I. 310. a fait des Harangues judiciaires<br />

ibid.<br />

ARISTOTE , Ecrivain qm a traité de l'Illiade<br />

d'Homère I. 310.<br />

ARISTOTE, Orateur de Sicile 1.310. a écrit contre<br />

le Panégyrique d'Ifocrate ibid.<br />

ARISTOTE, furnommé Mythus, parent d'Efchine<br />

& difciple de Socrate I. 311.<br />

ARISTOTE, Cyrénien a écrit de l'art Poétique. I.<br />

311.<br />

ARISTOTE, Maître d'exerciceI. 311.<br />

ARISTOTE , Grammairien peu célèbre L 311.<br />

ASPASIE , fa patrie, fon père IIL 201. enfeigna la<br />

Rhétorique à Périclès & à Socrate ibid. eut le<br />

talent de bien tourner un argument & le don de<br />

l'éloquence ibid. fut concubine & après femme<br />

de Périclès ibid. occafionna deux grandes guerres<br />

ibid. paflage de Plutarque au fujet de cette<br />

femme 202.fut accufée d'Impiété 204. antique<br />

trouvé à Rome, qu'on croit être le portrait de<br />

cette femme ibid.<br />

[djlrologie Marine? doit fon ong'M à Phocos de<br />

Samos I. 13. Aftrologie , Thaïes paffe pour<br />

avoir frayé la route de cette fcience I. 14.<br />

'Athéniens > ont maltraité plufieuis grands hommes


DES MATIERES. 309. .<br />

. I. 119. reproche que leur fait Euripide, ibid.<br />

'atomes, font dans un mouvement continuel II.<br />

374- fe meuvent toujours avec la même viteffe<br />

. ibid. n'ont point de principe ibid.<br />

'jfvares, ne jouiflent pas pli» de leurs Tréfori<br />

que s'ils n'étoient pas à eux L 279»<br />

JJABELYMH fa patrie III. 289.<br />

B~eautê, en quoi elle confifte I. 22. eu un biétt<br />

pour les autres 277.<br />

Beauté, eft la plus forte de toutes les recommandations<br />

300. comment eft définie par difFéren»<br />

Philofophes ibid.<br />

BERONICE, femme Philofophe a fourni des maxi»<br />

mes à Stobée III. 206. ne doit point être confon<strong>du</strong>e<br />

avec plufîeurs autres femmes qui ont<br />

porté ce nom. ibid.<br />

Bi AS , fa Patrie, fon père 1.57. cas que Satyrus fait<br />

de lui ibid. eu eftimé riche ibid. acheté des filles<br />

captives, les fait élever avec foin, les dote & les<br />

, renvoyé à leurs parens ibid. oit lui envoyé le-<br />

Trépiéd d'or i£i


*«> TABLE GENERALE<br />

BlOK, fa patrie, fes parens I. 276. étoit fonple Se<br />

fertile en fubtilités 277. étoit civil ibid. a laifTé -<br />

beaucoup de commentaires & des fentences ingénieufes<br />

ibid. fentences diverfesde ce Philo fpphe<br />

ibid. reproche qu'il fait à un prodigue ibidi<br />

blâmoit ceux qui brûloient les morts , & les.<br />

pleuroient 278.blâmoit Socrate au fujet d'Alcibiade<br />

278. eftimoit que le chemin depuis cer<br />

monde jufqu'en enfer étoit facile , puifqu'on y<br />

defcendoit les yeux fermés ibid. blâmoit Alcibiade,<br />

pourquoi ibid. diverfes paroles qu'il die<br />

ibid.<br />

BlON, regardoit la préfomptioncomme un obfta—<br />

cle aux progrès dans les feiences 279. méprifa.<br />

d'abord les inftiturions de l'Ecole Académicienne,<br />

& choifit la feâe des Cyniques ibid. fuivit<br />

après la doftrine de Théodore 280. prit enfin<br />

les préceptes de Théophrafte Philofophe péripatéticien<br />

ibid. étoit Théâtral , aimoit à faire;<br />

rire, & employoit fouvent des quolibets ibid,<br />

avoit <strong>du</strong> talent pour les parodiées ibid. fe mocquoit<br />

de la Mufîque & de la Géométrie ibid.<br />

aimoit la* magnificence ibid. s'aimoit beaucoup<br />

lui-même ibid. tomba malade à Chalets 281; le<br />

laiffa perfuader d'avoir recours aux ligatures<br />

ibid. louffre beaucoup par l'indigence de cent<br />

qui étoient chargés <strong>du</strong> foin des malades ibid*<br />

Antigone lui envoyé deux domeftiques pour le<br />

fervir ibid. il fuit ce Prince dans une litière<br />

ibid. il meurt ibid. Vers de D. L. contre lui ibid.<br />

BION , natif <strong>du</strong> Proconefe contemporain de Phé-<br />

récide. I. 282.<br />

BION, Syracufain, écrivit de la Rhétorique. I.282»<br />

BION, Difciple de Démocrite & Mathématicien!<br />

d'Abdete E 28a. a écrit en langue Attique &<br />

Ionique ikicL. eifc le premier qui ait dit qu r eni


DES MATIERES. jtt<br />

certain pays il y a fix mois de nuit & fix mois<br />

de jour 283.<br />

BION, de Soles a traité de l'Ethiopie. I. 283.<br />

BION, Rhétoricien a laiffé neuf livres intitulés<br />

des Mit/es I. 283.<br />

BION, Poëte Lyrique I. 483. •<br />

BION , Sculpteur de Mîlét I. 283.<br />

BION, Poëte Tragique de ceux qu'on apelloit<br />

Tharfien*I. 283.<br />

B1 ON ,.Sculpteur de Glazorrrene ou de Chio.I.283.-<br />

BISORONDE, de TarenteIII. 288.<br />

Bonheur, vrai bonheur impoffiblè à trouver L1


Ji* TABLE GENERALE<br />

ibid. il a écrit des lettres ibid. fon Epitaphe par<br />

D.L.ibid.<br />

CAKNEADE, Poète Elégiaque & froid. 1.288.<br />

CATHERINE , fainte, vierge & martyre III. 223;<br />

tems auquel elle vécut ibid. était habile dans les<br />

queftions philosophiques ib. engagea plufieurs<br />

philofophes payens àembrafferieChriftianifme<br />

ibid. pofléda plufieurs fciences 224. eft apellée<br />

•£catherine par différens auteur» ibid. Baronius<br />

taxe fon hiftoire de faufleté 226.<br />

CEBES, fa patrie I. 176- a écrit trois dialogues<br />

ibid.<br />

CEMçU. difciple fameux de Confucius UL 111. a<br />

commenté le premier livre de fon maître ibid.<br />

CEMçU , autorités & exemples qu'il allègue pour<br />

expliquer & étendre ce que ce Philofophe eir-,<br />

feigne 116. chofe remarquable qu'il raporte.<br />

no. Hiftoire qu'il fait <strong>du</strong> Roi Vcnvâm. 120.<br />

Cerveau, eft le fiége de la raifon & de l'efprit. IL<br />

223.<br />

CHILONIS , fon père. III. 286.<br />

CHILON, fa patrie, fon père. 1.4j.a compofé des<br />

Elégies, ibid. réponfe qu'il fait à fon frère ; il eft<br />

hit Jijthore ibid. Confeil qu'il donne à Hipr<br />

pocrate, divers préceptes de Chilon.. 47.<br />

il ne s'eft jamais écarté de la raifon, fon inquiétude<br />

fur un jugement qu'il avoit porté, ibid,<br />

eft particulièrement eftime des Grecs,pourquoi<br />

48. il s'exprimoit en peu de paroles, ibid. fa<br />

mort, lieu on elle arriva, ibid. à quoi elle eft<br />

attribuée 50. fes obféques. ibid. Epigrammede<br />

Diogène Laerce à ce lu jet. ibid. Infcription de<br />

la Statue <strong>du</strong> Philofophe, lettre qu'on.a de lut<br />

ibid.<br />

CHRISIPPK, C6a père, fa patrie IL 19.1»s'exerça<br />

au combatde la lance ibid, avoit beaucoup de<br />

génie


DES MATIERES. 315<br />

génie ibid. étoit bon Dialeâicien ibid. avoit<br />

une grande confiance & affi<strong>du</strong>ité au'travail ibid.<br />

étoit de compléxion délicate & de taille courte^!,<br />

avoit une haute opinion de lui-même 193.<br />

fe joignit à Arcéfilas &à Lacydes 194. fa mort,<br />

fon âge ibid. Epigramme de D. L. à ce f 11 jet.<br />

, ibid. étoit d'un caraâére méprifant 196. raifonnemens<br />

dont il avoit coutume de fe fervir ibid.<br />

eft condamné pour avoir mis au jour plufieurs<br />

ouvrages honteux & obfcènes 196. Catalogue<br />

de fes ouvrages 198.<br />

CHRYSIPPE de Gnide Médecin II. 19$.<br />

CHRYSIPPE , fils <strong>du</strong> précédent, Médecin de.Ptolomée<br />

IL 195.<br />

CHRYSIPPE , difciple d'Erafiflrate II. 195.<br />

CHRISIPPE , écrivit fur les occupations de la<br />

Campagne IL 19c.<br />

CLEA , Piutarque lui a dédié fon livre des vertus<br />


3»4 TABLE GENERALE<br />

fille compofe des Enigmes ibid. il renouvelle<br />

le Temple de Minerve ibid. compofe des<br />

chants & des queftions énigmatiques , on le<br />

croit Auteur de l'infcription <strong>du</strong> Tombeau de<br />

Midas, fentiment de Simonide à ce fujet ibid.<br />

.Enigme qu'on lui attribue ibid. Tes fentences<br />

poétiques ibid. fes confeils 64. fon âge, fa mort,<br />

ion Epitaphe 65. lettre qu'il écrivit à Solon<br />

ibid.<br />

GLEOBULINE , fon père III. 199. compofa des<br />

Enigmes ibid. eft décorée par Thaïes <strong>du</strong> titre<br />

de fage ibid. lavoit les pieds des étrangers qui<br />

• venoient chez fon père 200.<br />

CLEŒCHMA,fœurd'Autocharjde Lacédémonien<br />

III. 289.<br />

CLITOMAQUE,fa patrieI.i8o.fonpremiernom;*£.<br />

vient à Athènes ibid. étudiefous Carnéadeibid,<br />

CLITOM AQUE , il remplace fon maître ibid. a acquis<br />

une éxaâe connoiffance des fentimens des<br />

Académiciens, des Péripatéticiens & des Stoïciens<br />

i£ii.<br />

Colère, il importe beaucoup de la vaincre I. 48.<br />

Comédie, on diftinguoit la Comédie Ancienne,<br />

Moyenne & NouvelleI. 130.<br />

Cornettes, fentiment d'Epicure à ce fujet II. 409.<br />

Con<strong>du</strong>ite, moyen de bien régler fa con<strong>du</strong>ite1.22.<br />

quelle on doit tenir avec fes amis 302.<br />

CONFUCIUS, tems auquel il naquit III. io3.étoit<br />

d'une extraftion noble ibid. defcendoit <strong>du</strong> dernier<br />

Empereur de la féconde famille ibid. fît<br />

voir des difpofitions à la vertu dès fon Enfance<br />

ibid. à l'âge de quinze ans s'attacha à la lecture<br />

des anciens ibid. fe maria à l'âge de vingt<br />

ans 104. eut un fils ibid. exerça la Magiftrature<br />

en divers lieux ibid. eut jufqu'à trois mille difciples<br />

ibid. divifa fa doârine en quatre parties


DES MATIERES. 31c<br />

'05. n'avoitpour but que de difliper les ténèbres<br />

de l'efprit, bannir les vices & rétablir l'intégrité<br />

ibid. exhortations qu'il faifoit à fes difciples<br />

ibid. ne recommandent rien aux autres<br />

qu'il ne pratiquât lui-même 106. exemple de<br />

ia vénération que fes difcipleslui portoient ibid.<br />

avoit coutume de dire que l'homme faint étoit<br />

dans l'occident ibid. tems de fa mort 108. font<br />

âge ibid. déploroit les defordres de fon tems<br />

ibid. vers qu'il proféroit à cette occafion ibidà<br />

fes dernières paroles ibid. fut enféveli dans fa<br />

patrie ibid, deuil & affliction de fes difciples<br />

- 109. collèges bâtis à fon honneur , inferiptions<br />

qu'on y voit ibid. paroles remarquables<br />

d'un Empereur allant vifiter un de ces collée<br />

ges 110.fon portrait ibid. fes ouvrages 111. idéa<br />

de fon premier livre 112. il propofe de quelle<br />

manière les anciens Rois fe con<strong>du</strong>ifoient 114.<br />

CoNFUCius,maximequ'ilinculquoitfouventi26.<br />

analyfe de fon fécond livre 136. Eloge qu'ily<br />

fait de la médiocrité 137. déplore la faufle prudence<br />

des gens de fon tems 139. réponfe qu'il<br />

fait à un de fes difciples qui lui demandoient en<br />

quoi confiftoit la valeur 140. établit quatre régies<br />

fur lefquelles l'homme parfait doit fe conformer<br />

143. portrait de l'homme parfait 144.<br />

recommande le refpeft profond & robéïffance<br />

envers les pères & les mères 145. propofe à ce<br />

fujet l'exemple de l'Empereur Xun 147. propofe<br />

cinq régies pour la con<strong>du</strong>ite de la vie 148.<br />

.régies qu'il preferit aux Rois 150. diftinétion<br />

qu'il établit entre le faint & lefage 151. détail<br />

abrégé de fon troifiéme livre 154. réponfe qu'il<br />

{ait à un Préfet <strong>du</strong> Royaume de Guci 157. ne rer<br />

commandoit rien tant à fes difciples'que la douceur<br />

& la débonnaire té 158. exemple qu'il pro-<br />

D d z


Ji6 TABLE GENERALE<br />

pofe à ce fujet ibid. fon plus grand deilein étott<br />

de former les Princes à la vertu 159. fe plaint<br />

quelquefois des defordres des princes 161. enfeigne<br />

de quelle manière on doit enfévelir les<br />

morts 167. foutlent que les fuplices font trop<br />

fréquens 169. veut qu'on fuie la pareffe ibid.fes<br />

maximes 171.<br />

CRANTOR, quitte fa patrie pour aller à Athènes<br />

1.161. eut Xénocrate pour ma>tre & Polémon<br />

pour condifciple ibid. a compofé des commentaires<br />

ibid. il tombe malade & fe retire dans le<br />

Temple d'Efculape ibid. étant rétabli va étudier<br />

fous Polémon ibid. laiffe tout fon bien à Arcéfilas<br />

ibid. a compofé des ouvrages poétiques<br />

262. fon éloge par le Poëte Théatéte ibid. admiroit<br />

Homère & Euripide ibid. avoit un génie<br />

propre à inventer des termes 263. fa mort ibid.<br />

fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />

CRATèS , fon père , fa patrie IL 59.<br />

CRATèS , Vers qu'on lui attribue ibid. eft furnommé<br />

l'ouvreur de portes , pourquoi ibid.<br />

autres ijers qu'on lui attribue 60. tems auquel<br />

il floriflbit ibid. occafion qui le fit s'apliquerà<br />

la Philofophie cynique ibid. confeil<br />

que lui donna Diogène ibid. il chatte de fon<br />

bâton quelques-uns de fes parens qui venoient<br />

exprès le détourner de fon deffein 61. conditions<br />

auxquelles il dépofe de l'argent.,chez un<br />

Banquier ibid. eut un fils d'HIpparchie i£i


DES MATIERES. 317<br />

Alexandre ïbid. manière dont il maria fes filles<br />

à fes difciples ïbii.<br />

CR ATèS, fon pere.fa patrie I. 259. fut difciple de<br />

Polémon ibid. lui fuccéda dans fon école ibid.<br />

ces deuxPhilofophes extrêmement attachés l'un<br />

à l'autre font enlévelis dans le même tombeau<br />

ibid. leur Epitaphe commune ibid. Arcéfilas dit<br />

qu'ils étoient des Dieux ou des reftes de l'âge<br />

d'or iiri.il a laiffé des ouvrages phifofophiques<br />

& comiques, & des harangues 160. a fait des<br />

difciples de grande réputation, ibid.<br />

CRATèS , Poëte de l'ancienne Comédie I. 260.<br />

CRATèS , de Tralles, Orateur I. 260.<br />

CRATèS , Pionnier d'Alexandre I. a6cr.<br />

CRATèS , Philofophe Cyniquel 260.<br />

CRATèS , Philofophe Péripatéticien 1.160.<br />

CRATèS , de Mallos Grammairien. I. 260.<br />

CRITON , fa patrie 1.172. fut difciple de Socrate<br />

ibid. eut beaucoup d'amitié pour ce Philofophe<br />

ibid. il lui confia l'é<strong>du</strong>cation de fes enfans ibid.<br />

a laide dix - fept dialogues, ibid.<br />

n<br />

D<br />

XJAMO, fille de Pythagore III. 276. près de f»<br />

mort elle envoyé à fa fille Biftalie la lettre par<br />

laquelle Pythagore défend de communiquer fes<br />

écrits à des étrangers 277.<br />

DéMéTRIUS , fa patrie , fon père 1.335". fut difciple<br />

de Théophrafte ibid. adminiftra la ville<br />

d'Athènes ibid. nombre des ftatues qu'on lui<br />

érigea ibid. embellit les édifices ib. dëfcendtltt<br />

(de la race de Conon ibid. avoit commerce avec<br />

Lamia ibid. fut furnommé l'enforceleur & 1er<br />

rayonnant ibid. pourquoi 336. perd la vue S{<br />

la recouvre ibid. compofa des hymnes à l'honneur<br />

d Apollon ibid'. eftcondamné à mort ibid,<br />

Ddj


Ji8 TABLE GENERALE<br />

fes ftatues détruites ibid. fujet de cette réirolution<br />

ibid. fe retire à la Cour de Ptolomée Soter<br />

ibid. confeil qu'il lui donne ibid. eft mor<strong>du</strong> d'un<br />

Afpic 337. fa mort ibid. eft enterré à Bufiris<br />

ibid. fon Epitaphe par D. L. ibid. a furpaffé le»<br />

Philofophes Peripatéticiens de fon tems par le<br />

nombre des livres qu'il a faits ibid. fes ouvrages<br />

ibid. paroles qn'il dit en. aprenant que les-<br />

Athéniens avoient abattu fes Statues 338. ce<br />

qu'il dit en voyant un jeune débauché ibid. maximes<br />

qu'on lui attribue 339. on compte vingt<br />

Démétrius tous remarquables ibid.<br />

DEMOCRITE,fon père,fa patriell. 290. fut difcipie<br />

de quelques Mages & des Philofophes Ghaldéens<br />

ibid. aprit la Théologie & l'Aftrologie<br />

dès fon bas âge ibid. s'attacha à Leucippe Ôc fréquenta<br />

Anaxagore ibid. aprit la Géométrie de*<br />

Prêtres d'Egypte ibid, fe rendit en Perfe & pénétra<br />

jufqu'a la Mer-Rouge 191. eut beaucoup<br />

de paflîon pour l'étude ibid. vient 4 Athènes &<br />

• en fort inconnu ibid,<br />

IPzMOCRiTE,fuivitlesopinionsdésPythagoriciens<br />

292. s'éxerçoit l'efprit de différentes manières<br />

393. dépenfa tout fon bien dansiesvoyagesiAÀft.<br />

on le juge digne des honneurs divins ibid. on lui<br />

dreffe des ftatues d'airain ibid. tems auquel il naquit<br />

294. exemples de la jufteue de fon discernement<br />

295.famortiA.fon âge ib. vers de D. L. à.<br />

ce fujet 296. fesfentimens ib. fes ouvrages 297.<br />

DEMOCRITE , Muficren de Chio IL 299.<br />

DEMOCRITE , Statuaire II. 299.<br />

DEMOCRITE , Ecrivain qui a traité <strong>du</strong> Temple<br />

d'Ephèfe & de la ville de-Samothrace IL 199;<br />

DEMOCRITE , Poëte célèbre, a compofé des Épigrammes<br />

II. 299.<br />

DEMocRiTE.fameiuc Orateur dePergatae II.290.


DES MATIÈRE S. $tç<br />

EENYS , furnommé le Transfuge II. 181. établiffoit<br />

la volupté pour fin ibid. occafion qui lui fit<br />

embrafler ce fyftême ibid. fon père , fa patrie<br />

ibid. eut pour maître Héraclide, Alexinus, Ménédefne<br />

& Zenon ibid. Eut beaucoup d'amour<br />

pour les lettres & s'apliqua à la Poèfie ibid. prit<br />

les fentimens des cyrénaïqnes ibid, fon âge, fa<br />

mort ibid. fes ouvrages ibid.<br />

Dialogue, geme d'écrire perfectionné par Platon<br />

1.114. fa définition ibid. deux caractères généraux<br />

dans ceux de Platon zi 5,<br />

Dieu eft le plus ancien des Etres I. ai. fans commencement<br />

•& uns fin ix. principe de toutes<br />

choies 126. Efprit & caufe ibid. comment eft<br />

défini par les Stoïciens II. rî>6. fon éxiftence<br />

eft tout-à-fait différente de celle qu'il trouve<br />

dans l'imagination des hommes 415). fe réfigner<br />

en tout à fa volonté III. 10t.<br />

DIODORE, fa Patrie, fon Père 1.165. eft furnommé<br />

Cronos ibid. eft tourné en ridicule par Callimaque<br />

ibid. inventa la manière d'argumenter<br />

apelée cornue ibid.<br />

DIODORE , Stilponlui prooofe quelques difficultés<br />

dans la Dialectique ibid. il ne peut y répondre<br />

far le" champ ibid. le Roi Ptolomée Soter<br />

l'en raille JAii. il en meurt de chagrin ibid. Epigramme<br />

de D. L. à ce (u)etibid. autres Philoiopbes<br />

de l'Ecole d'Eubulide 166.<br />

DIODORE, Cronus Philofophe Dialecticien III<br />

246. eut quatre filles Philosophes ibid.<br />

DIOGENE , fon père, fa patrie II. 14, fe fait difciple<br />

d'Antifthène 15. mené une vie fort fimple<br />

ibid. réflexion qu'il fait à la vue d'une fou ris<br />

ibid» prend une beface & unbâton ibid. fe fait<br />

une mai fon d'un tonneau 16. s'exerce à la patience<br />

par les voies les plus <strong>du</strong>res ibid. était<br />

Dd4,


3»o TABLE GENERALE<br />

d'un caraâére mordant & tnéprifant ibid. diverfes<br />

paroles de cePhiiofophe ibid. manière dont<br />

il inflruifit les enfans de Xéniade 20. il jette le<br />

vafe dans lequel H buvoit & fa cailler 24 raifonnement<br />

qu'il avoit coutume défaire 25. il<br />

corrige une femme qui fe profternoit d'une manière<br />

deshenaête devant les Dieux ibid. il confacre<br />

un tableau à Efculape ibid. réponfe qu'il<br />

fit à Alexandre îé.fesplaifanteries & bons mots<br />

ibid. il étoit beaucoup aimé des Athéniens 29.<br />

ils font puifir un garçon qui avoit brifé fon tonneau<br />

& lui en donnent un autre ib. réponfe qu'il<br />

fait à Philippe ibid. comment il fe venge d'une<br />

infulte 32. obfervation qu'il fait fur une maifon<br />

qui étoit à vendre ibid. réponfe qu'il fait à Hégéfias<br />

33. demande qu'on lui érige une ftatae ,<br />

pourquoi 34. bon mot qu'il dit à un diffipateur<br />

3 5. exclamation qu'il fait en voyant des femmes<br />

pen<strong>du</strong>es à des Oliviers 36. on lui reproche d'avoir<br />

fait de la faiifle monnoïe, ce qu'il répond<br />

39.il refufe Cratérusqui le prioit de fe rendre<br />

auprès de \a\ibid. il encourage un jeune garçon<br />

qui s'apliquoit à la Philofophie 40.<br />

DIOGENE , H raille les Athéniens d'avoir décerné<br />

k Alexandre les honneurs de Bacchus 43. il<br />

diftînguoit deux fortes d'exercices , celui de<br />

- l'ame & celui <strong>du</strong> corps 43. comment il prouvoit<br />

que la Société ne peut être gouvernée fans loix<br />

49. croyoit que les femmesdevoient être communes<br />

50.penfoit qu'il étoit permis de manger<br />

de la chair humaine ibidi croyoit que toutes<br />

chofes font les unes dans les autres & les unes<br />

pour les autres ibid. négligeoit la Mufique, la<br />

Géométrie , l'Aftrologie & autres fciences de<br />

ce genre ibid. efl pris par les corfaires en allant<br />

à 4igine , 6c ven<strong>du</strong> à Xéniade s 1, fes amis veo;


DÉS M AT IERESv 3M<br />

lent le racheter, il les refufe ibid. «voit au fuprême<br />

degré le talent de la perfuafion ibid. fa<br />

mort,fon âge ja.fes amisfe difputent l'honneur<br />

de l'enfévelir 53.,on lui érige un tombeau &<br />

des ftatues d'airain ibid. Infcrïption que l'on y<br />

met ibid. Epigramme de D. L. à ce fujet 54. eft<br />

mort à Corinthe le même jour qu'Alexandre ,<br />

mourut à Babylone ibid. fes ouvrages ibid*<br />

DroGENE d'Apollonie, Phyficien ibid.<br />

' DIOGENE de Sicyone, a écrit fur le PéloponèfeII5S.<br />

DIOGENE , Stoïcien IL 55. fa patrieib. funtommé<br />

Babylonien , pourquoi ibid.<br />

DIOGENE , de Tarfe, à écrit des Quefiions Poétiques<br />

II. 55.<br />

DIOGENE APOLLONIATE, fon père, fa patrie II.<br />

304. fut grand Phyficien & fort célèbre par ionéloquence<br />

ibid. contemporain d'Anaxagore ib*<br />

fes opinions ibid.<br />

DIOGENE LAERCE , auteurs qui ont p-rlé de cet<br />

écrivain III. 6. tems auquel il vécut 7..fa patrie<br />

10. fa famille 13. fon caraftére 17. fes ouvrages<br />

& fon ftyle IL. éloges-que les fçavans lut<br />

ont donné 23.<br />

DIOGENE LAERCE , apologie de l'obfcurité qui<br />

régne dans quelques-uns de fes partages 16.<br />

DIOTIME y enfeigne à Socrate une partie de la<br />

Philofophie III. 105.<br />

Difgrace Tmoyen de la fuporter avec moins- de<br />

douleur I. %%.<br />

Divination, ne doit point être rejettée I. 47.<br />

Douleur, mouvement violent qui accable l'ame<br />

L 147. tous les animaux la fuient ibid. nous<br />

avons pour elle une répugnance naturelle 148.<br />

privation de la douleur n'eftpoint un bienjpourquoi<br />

ibid. toute douleur neconûfle point dans


j»i TABLE GENERALE<br />

les'fenfations corporelles 149. ne peut venir<br />

des feuls objets qui frapent les organes de<br />

l'ouïe & de la vue .pourquoi ibid. ne doit point<br />

Sur<strong>mont</strong>er le Sage III. 168.<br />

J—ICCELLO , fa patrie m. 285. fon père ibid.<br />

ECHECRATIE, fa patrie III. 288. fon père ibid'.<br />

Eclypfcs de foleil, Thaïes eft le premier qui les ait<br />

prédit I. 15. ce qu'en penfoit Epicure II. 401.<br />

E<strong>du</strong>cation, on- doit pourvoir à celle des enfans<br />

I. 64.<br />

ELOïSE,femme de Pierre Abailard III. 131. fut<br />

Relisieufe & prieure <strong>du</strong> Couvent d'Argenteuil<br />

près Paris ibid. devint abbefle do Paraclet ibid.<br />

polTédoit plufieurs fciences 233.<br />

EMPFDOCLE , fa patrie, fes parens II. 238. fon<br />

origine ibid. fut difciple de Pythagôre 239. on<br />

loi attribue l'invention de la Rhétorique 241.<br />

compofa un poëme fur la defcente de Xerxès<br />

en Grèce ibid. a aufll écrit des tragédies & desouvrages<br />

de politique ibid.ed qualifié de Médecin<br />

& d'excellent orateur 242. fe fit admirer à<br />

beaucoup d'égards ibid.<br />

JEMPEDOCLE, eutbeaucoup d'amitié pour Paufanias<br />

243. bon mot qu'il dit fur la molefledes<br />

Agrigentins 244. refufa la Royauté 245*<br />

convoque le confeil & fait condamner deux<br />

hommes à mort , pourquoi ibid. abolit le<br />

Confeil des Mille 246. eft critiqué par Timon<br />

247. différentes opinions fur fa mort ibid. fentimens<br />

partagés fur fon âge 250. tems auquel<br />

U florifloit ibid. versfurfamort 25 r. admettoit<br />

quatre élémensibid. fes fentimens furies aftre*<br />

252. ce qu'il penfoit de lame ibitL


_ DES MATIERES. 31 j<br />

JEnvîe , n'a, aucune prife fur le Sage I.-150.<br />

£nvieux,Cont confumés par leur propre cara&ére<br />

II. 4.<br />

JEnfans, ont befoin de trois chofes , quelles L<br />

joo.font obligés d'obéir à leurs pères III. 177.<br />

on ne leur doit point imputer les défauts de<br />

leurs pères 179. doivent être dans une crainte<br />

perpétuelle de faire quelque chofe qui déplaife<br />

a leurs pères 181.<br />

Entendement, connoît de différentes manières le»<br />

chofes qu'il aperçoit H. 108.<br />

EPICHARME, fa patrie, fon père II. 253. étudia<br />

fous Pythagore ïbid. infeription qui fe trouve<br />

- au bas de fa ftatue ibid. a laifTé des Commentaires<br />

&. des vers acroftiches ibid. fon âge. ibid.<br />

EPICTETE, fa patrie III. a8. naquit furlafinde<br />

l'empire de Néron ibid. Ces parens font inconnus<br />

ibid. étoit de baffe extraction ibid. rut efclave<br />

d'Epaphrodite ibid. fe retire à Nicopolis 30*<br />

•écut très-familiérement avec l'Empereur Hadrien<br />

ib. penfoit que le mariage étoit un grand<br />

empêchement pour parvenir à la perfeâion 31.<br />

n'eut point d'enfans ibid. fut toujours très-pâuvre<br />

ibid. avoit une grande modeftie 31. parole»<br />

qu'il difoit à ce fujet ibid. n'avoit ni fafte, ni<br />

ambition ibid.<br />

EPICTETE, principaux enfeignemens qu'il donnoit<br />

à fes difciples 3 3. croyoit qu'un véritable Philofophe<br />

devoit faire & non pas dire ibid. paroles<br />

qu'il adreffe à un débauché qui fe mê-<br />

Joit d'étude & de Philofophie 341. aimoit<br />

extrêmement la propreté ibid. étoit mal fait defa<br />

perfonne & infirme de corps 3


514 TABLE GENERALE<br />

fifter la Phiîofophie 38. paroles qu'il répétort<br />

fou vent ibid. ne pouvoir felafler d'admirer Lrcurgue<br />

, pourquoi ibid. fit profeflïon de la Phiîofophie<br />

Stoïque 39. imitoit Socrate, Zenon &<br />

Diogène ibid. n'aimoit pas les Pyrrhoniens 40.<br />

à qioicomparoit la Fortune 41. avoit renoncé<br />

à tous les autres plaiûrs pour fe livrer feulement<br />

à ceux de Pefprit ibid. ne pouvoit fouâcir<br />

ceux qur cherchoient quelque prétexte pour cacher<br />

ou autorifer leurs crimes 43. fa modération<br />

envers Rutus qui le reprenoit aigrement<br />

ibid. étoit extrêmement délicat dans l'amitié 44.<br />

fes fentimens & fes paroles'à ce fujet ibid.e&<br />

celui de tous les Philofophes Payens qui a pénétré<br />

le plus avant dans les myftéres de la Religion<br />

Chrétienne46.futen grande eftime 6c réputation<br />

47. fon difciple Arrien 48. incertitude<br />

fur le genre & le tems de famort 50.Tab!e chronologique<br />

pour l'intelligence <strong>du</strong> temsoùileft<br />

mort 57. fes caraâéres 6a»<br />

EPICVKE, fes parens, ù. patrie IL 34a. navoit<br />

que quatorze anslorfqu'ilcommença à s'attacher<br />

à la Phiîofophie 343. fut maître d'école ibid.<br />

pafTage de Timon à ce fujet ibid., eut trois frères<br />

ibid. le Stoïcien Diotime le veut faire pafler<br />

pour voluptueux 344. eft mal traité par Deny»<br />

d'Halicarnafle ibid.<br />

EPicuRE.Timocrate & Hérodote lai reprochent<br />

qu'il n'étoit pas bon citoyen ib, quelques paffages<br />

de fes lettres qu'on lui reproche 345.. autre<br />

paflaee de fon livre de la fin qu'on lui reproche<br />

pareiïlementii.Epiâete l'accable d'injures 346.<br />

eft calomnié par Timocrate frère deMétrôdore<br />

ibid.voulait que les Sectateurs de Platon fuflent<br />

nommés lesF/aeewsdeDenys,&L qu'on donnât à<br />

Platon l'£pithéte de.Oorc347.nom qu'il donnait


DES MA T I E RE S. 3a*<br />

à Protagore & à Démocrite it.traitoit Heraclite<br />

A'y vrogne ib. fon école triomphe de fes envieux<br />

348. eut beaucoup de piété & de douceur envers<br />

fes parens ibid. donna univerfellement à<br />

tout le monde des marques d'honnêteté & de<br />

•bienveillance 349. eut une modeftie extraordinaire<br />

ibid. Pafla toute fa vie_en Grèce ibid. n'aprouvoit<br />

pas la communauté de biens entre fes<br />

Seftateurs ib. Epigramme d'Athénée à la louan-<br />

• ge de-ce Philofophe 350. s'attachoit à l'opinion<br />

d'Anaxagore & d'Archelaiis ibid. exerçoit<br />

fes écoliers à aprendre par cœur ce qu'il avoit<br />

écrit 351. infcription qu'il mettoit à les lettres<br />

ibid. tems auquel il naquit 35 a. fa mort ibid.<br />

fon âge ibid. laifla la con<strong>du</strong>ite de fon Ecole à<br />

Hermachus de MityleneiA/V. Vers de D. L. fur "<br />

ce fujet ibid. fon Teftament 3^3. fes difciples<br />

356. fes ouvrages 357. Analyfe de fes principaux<br />

ouvrages 360. divife la Philofophie en<br />

trois parties 361. moyen qu'il établit de connoître<br />

la Vérité 36a. ce qu'il dît des fens ibid,<br />

reconnoît deux parlions auxquelles tous le*<br />

• animaux font fujets 364. lettre d'Epicure à Hérodote<br />

365. fon fyftême de l'Univers 368. éta-<br />

. felit le mouvement continuel des atomes 370.<br />

admet des mondes à l'infini ibid. ce qu'il dit de<br />

la formation des fens 375. rejetta la diyifihilké<br />

à l'infini 377.définition qu'il donne de l'arné, 381<br />

EpicuRE.lacroitfujetteàbeaucoupdechangemen»<br />

ibid. penfe qu'elle périt avec le corps 382. difperfe<br />

dans tout le corps la partie irraifonnable<br />

de l'ame, & place dans la poitrine fa partiéraifonnable<br />

383. en quoifaifoit confifterla'corruptibilité<br />

des mondes 387. ce qu'il penfoit


S** TABLE GENERALE<br />

noménes 398. ce qu'il dit <strong>du</strong> déclin & <strong>du</strong> renouvellement<br />

de la Lune 399, ce qu'il penfoit<br />

des Eclipfes 401. Ion opinion fur la longueur<br />

différente des jours & des nuits 40a. comment<br />

expliquent la formation des nuées 403. ce qu'il<br />

dit <strong>du</strong> Tonnerre ibïd. pourquoi l'éclair le précède<br />

404. d'où procède la foudre 405. fa penfée<br />

fur les tremblemens de Terre 406. comment il<br />

croit que fe forment les vents & la grêle ib.<br />

il explique la formation de la neige 407. celle<br />

de la gelée, de la glace & de l'arc-en-ciel 408,<br />

explication qu'il donne des Cornettes 409. il<br />

exhorte Pytoclès à s'imprimer toutes ces idées<br />

pour fe préferver des opinions fabuleufes 416.<br />

croit que le fage peut être outragé, mais qu'il<br />

ne dépend que de lui de fe mettre au-deflus de<br />

tout préjudice par la force de fa raifon 413.<br />

qu'ileft fujet aux partions ibid. defeription qu'il<br />

fait <strong>du</strong> vrai fage ibid..croit que tous les vices<br />

{ont inégaux 415. que la nature ne donne point<br />

une magnanimité achevée ibid. quePamitié doit<br />

être contractée par l'utilité qu'on en efpére ibid.<br />

établit deux fortes de félicitésii/V.fa lettre à Menecée<br />

4a 1. préceptes qu'il lui donne418.ee qu'il<br />

entend par volupté424.définition qu'il en donne<br />

425.croitque la prudence l'emporte furlaPhilofophie<br />

ib. rejette la néceffité <strong>du</strong> deftin 427 abolit<br />

entièrement l'art de deviner 428. diffère des<br />

Cyrena'iques fur la nature de la volupté ibid,<br />

EPICURE, n'eft pas non plus de leur fentiment fur<br />

la douleur 429. comment il prouve que la volupté<br />

eft la fin de tout 430. croit que les vertus<br />

n'ont rien qui les faffe fouhaiter par raport à<br />

elles-mêmes ibid. fes maximes. 431.<br />

EPICURE fils de Léonte&de Thémifta II. 359.<br />

EPICURE, natif de Magnéfie II. 359.


DES MATIERES. 317.<br />

IEPICURE , Gladiateur II. 359.<br />

Epicuriens, rejettent la Dialeâiquell. 362. pourquoi<br />

ibid. ce qu'ils entendent par notions antécédentes<br />

363. reconnoiflent deux paffions aufquellestous<br />

les animaux font fujets364.<br />

- EPIDEMIDE , les fentitnens varient fur fon père &<br />

fa patrie 1.78. il dort cinquante-fept ans;ce qu'il<br />

en arrive ibid. on le croit favorifé <strong>du</strong> Ciel ,<br />

ib. les Athéniens le font chercher, pourquoi ib,<br />

comment il délivre Athènes de la perte79. libéralité<br />

des Athéniens ibid. défintéreflement<br />

d'Epiménide ibid. ce qu'il exige pour récompense<br />

iïiif. il retourne dans fa patrie & meurt peu<br />

•après , fon âge ibid. fentimens partagés à cet<br />

égard €0. fes ouvrages ibid. on le croit le<br />

premier qui purifia les maifons & les champs ,<br />

&qui éleva des Temples ibid. ce que l'on croit<br />

de fon long fommeil ibid. Lettre qu'il écrivit à<br />

Solon 81. manière dont il fe nourriflbit ibid.<br />

eft déifié par les Cretois 82. étoit doué d'une<br />

connoiiïance extraordinaire, prédirions qu'il<br />

fit aux Athéniens & aux Lacedémoniens ibid.<br />

il fe fait palier pour être reffufcité ibid. comment<br />

ibid.<br />

ESCHINE, fon père, fa patrie 1.131. étoit extrêmement<br />

laborieux dès fa'jeuneffe ibid. s'attacha<br />

à Socrate ibid, parole de ce dernier à cette occafion<br />

ibid. confeille à Socrate de s'enfuir de<br />

fa prifon ibid. eft calomnié par Ménédeme<br />

ibid.<br />

ESCHINE, caraôére diftindif des vrais dialogues<br />

d'Efchine & leur nombre 13 3. la pauvreté l'oblige<br />

d'aller en Sicile ibid. Platon le méprife ibid.<br />

Ariftippe le recommande au Tyran ibid. il en<br />

obtient quelques libéralités & revient à Athènes<br />

ibid. il n'ofe y enfeigner la Philofophie ,


ja« TABLE GENERALE<br />

pourquoi ibid. il fe met à plaider ibid. parole<br />

de Timon à ce fujet ibid. confeil que lui donne<br />

Socrate ibid. Ariftippe léfoupçonne deirwuvaife<br />

foi au fujet de (es dialogues ibid. étoit<br />

grand Orateur 133. imita l'éloquence deGorgias<br />

de Leonte ibid. Lyfias "répand un libelle<br />

contre lui ibid.<br />

EsCHiNE.Auteurquî atraitédel'éloquencel.133.<br />

ESCHINE, imitateur de Démofthène I. 133.<br />

EscHïNE,natifd*ArcadiedifcipledlfocrateI.i33.<br />

ESCHINE, furnommé le fléau des Orateurs 1.133.<br />

ESCHINE , de Naples.Phiiofophe delaSeéte Académicienne<br />

I. 133.<br />

ESCHINE , de Milet écrivit for la Politique 1.133.<br />

ESCHINE , Sculpteur 1.13 3.<br />

Efpérance, eft ce qu'il y a de plus doux pour les<br />

hommes I. 60. eft le fonge d'un homme qui<br />

veille 330.<br />

EfpritjentencedeTnalèsàcefujetl.u. gtffticuler<br />

en marchant eft une marque de peu d'efprit 47.<br />

efprit humain peut comprendre les qualités des<br />

parlions, mais n'en connok pas l'origine 151. fa<br />

culture fer* d'ornement dans la profpérité & de<br />

confolation dans l'adverfité 300; apartient aux<br />

animauxll.223. doit être rempli de la penfée<br />

de l'avenir 41a. on doit avoirplus d'égard à fes<br />

fcefoins -qu'à ceux <strong>du</strong> Corps III. 88. on doit<br />

mettre toute fon attention à le cultiver 94.<br />

Etude , eft préférable à l*lgn


DES M A T I E R E S. 329.;<br />

cfifputes ib. il eft attaqué parTimon 13 5 .a fait fis<br />

dialogues ii.eutpourfucceffeu'rEubulide deMilet<br />

qui eut pour difciple Demofthènes ib. Alexinusd'Elée<br />

violent difputeurétudiefousEubalide<br />

%6y. ce Philofophe étoit ennemi de Zenon ibid.<br />

il vient à Olimpie dans le deffein d'y former .<br />

une Seâe ibid. un r-ofeau le bleffe lorfqu'il febaignoit<br />

dans la rivière d'Alphée ibid. il en<br />

meurt ibid. Epigramme de D. L. àcefujet ib.<br />

Ouvrages d'Alexinus ibid. Euphante autre Sectateur<br />

d'Eubulide ibid. eft chargé de Té<strong>du</strong>ca-tion<br />

<strong>du</strong> Roi Antigone 164. il lui dédie un traité<br />

fur la Royauté ibid. meurt de vieilleffe ibid»<br />

eut un grand nombre de condifciples. ïbièi<br />

EUDOCIE , femme de Conftantin Paleologue le.<br />

Defpote III. 228 extrait des Hiftoires de Ni-.<br />

céphore Grégoras à (on fujet ibid.<br />

EUDOCIE , fa patrie III. 215. fon père ibid. épottfa<br />

l'Empereur Théodofe ibid. récit que fait>à<br />

ce fujet l'auteur de la Chronique Pafcale. ibid.<br />

fit unpoëme en vers héroïques ai9»EvagreôC.<br />

Nicéphore ont parlé d'elle 120. fut aufC a pelée<br />

Léontias 222. a écrit la Métaphrafe Octateuque<br />

223..<br />

EUDOXE » fon père , ùL patrie II. 261. fut Aftrologue,<br />

Géomètre, Médecin & Législateur ibid»<br />

il va à Athènes ibid. part pour l'Egypte ibid'»^<br />

y compofe un ouvrage de Mathématique 262.<br />

le rend à Cyfique & dans laPropontide Si. y<br />

exerce la Philolophie ibid. revient à Athènes<br />

avec un grand nombre de diiciples ibid. fut ex-r<br />

traordinairement eftimé de fa patrie ibid.<br />

EVDOXE, eut trois filles ibid. fon fils 263.<br />

EUDOXE,Rhodien & Hiftorien IL 263.<br />

EUDOXE, de Sicile Poëte Comique IL 26}.<br />

EUDOXE , deGnide Médecin IL 263 Jems'auqucl<br />

Tome 111» Ê e


330 TABLE GENERALE<br />

il fleurit ib. découvrit les régies des lignes courbes<br />

ibid. Vers de D. L. fur fon fujet. 264.<br />

EuRlDICE , fut femme de Pollian III. 208. fut<br />

élevée dans l'étude de la Philofophie ibid. ne<br />

doit point être confon<strong>du</strong>e avec une autre Euridice<br />

Illirienne ibid.<br />

EURIPIDES , bon mot de ce Poëte fur les vieux<br />

Athlètes I. 36. reproche aux Athéniens la mort<br />

de Socrate 119. tems de la naiflance de ce Poète<br />

, il fut difciple d'Anaxagore 120.<br />

Exercice, <strong>du</strong> corps utile à la vertu I. 150.<br />

jT Autcs, font pardonnables, pourquoi L 153..<br />

Félicité, n'eft point à fouhaiter pour elle-même,,<br />

mais à caufe des plaifirs particuliers qui en résultent<br />

I. 148. fa perfection confine en trois •<br />

chofes, quelles elles font 397. Epicureen établit<br />

deux fortes II. 415.<br />

femmes méchantes , comment il en faut tirer parti<br />

I. 115.femme laide faitlefuplicede fon mari<br />

477. s'en abftenir avant le mariage autant que<br />

l'on peut III. 88. n'en faire qu'un ufage légitime.<br />

& félon la loi ii/i. donner trop de foin au plaifir<br />

des femmes eu la marque d'un efprit groflïer 94.<br />

Filles, comment doivent être mariées I. 63. fillefans<br />

bien eft un grand fardeau pour un père 3 29.<br />

préfervatif contre les attraits d'une belle fille-<br />

III. 69. pourquoi font coquettes dès leur première<br />

jeunefle 94.<br />

'Flatteur , eft de tous les animaux domeftiques.<br />

celui qui mord le plus dangereufement II. 35:.<br />

Force, <strong>du</strong> corps, don de la Naturel. 59.<br />

Fortune, revers de Fortune eft ce qu'il y a de plut.<br />

difficile à en<strong>du</strong>rer L 60. fuporter courageufe*


DE S M A T I E R E S. 33*<br />

ment fes changemens62. nous ravit fouvent les<br />

biens que nous efpérons 15a. à qui comparée<br />

par Epiérete III. 41.<br />

Frugalité, eft un bien qu'on ne fçauroit trop efti»<br />

mer II. 423,<br />

G,<br />

VT Elit blanche, eft un effet de la rofée qui<br />

s'eft fixée par un air froid II. 408.<br />

GéMINé, mère & fille III. 235. furent difciple»<br />

de Plotin ibid.<br />

Génie, annonce l'avenir à Socrate I. na.<br />

Géométrie, confeil de Socrate à ce fujet L 111;<br />

Génération, a deux caufes 1.101.<br />

Glace, comment fe forme II. 408!<br />

GLAUCON, fa patriel. 176. a compofé neuf dialogues<br />

ibid.<br />

Gloire, eft immortelle I. 69.'eft la mefe des années<br />

277.<br />

Gouvernement, eft la pierre de touche <strong>du</strong> cœur de<br />

l'homme I. 52. le populaire vaut mieux que le<br />

tyrannique 69.<br />

Grêle, comment fe forme II. 406.<br />

H,<br />

JT1 Abitude, n'eft pas peu de chofe 1.109*<br />

Maine, fe déguife fouvent fous un vifage riant I*<br />

39-<br />

HERACLIDE, fon père, fa patrie L 340; fut difci»<br />

pie de Speufippe ibid. fréquenta l'École des Pythagoriciens<br />

ibid, fut en dernier lieu difciple<br />

d'Ariftotç ibid.<br />

HERACUDE , furnom que lui dbnnérentlës Athé'»-niens<br />

ibid. fes ouvrages ibid. délivra fa. patrie<br />

342. agrivoife- un' Dïagpn ibid. pourquoi i£i&-<br />

E-e.*


jjt TABLE GENERALE<br />

ce qu'il en réfulte ibid- Epigramme de D. L. à<br />

ce lu jet ibid. fa mort ibid. eft critiqué par dtfférens<br />

Auteurs 343.<br />

HERACLIDE , qui a compofé des pièces I. 344.<br />

HERACLIDE de Cumes a publié l'Hiftoire de Perfe<br />

1.344.<br />

HERACLIDE, de Cumes, Orateur, a écrit de la<br />

Rhétorique 1. 344.<br />

HERACLIDE de Calatie a parlé de la Succeflion<br />

I- 344*<br />

HERACLIDE d'Alexandrie, a décrit les particularités<br />

de la Perte I. 344.<br />

HERACLIDE Diale&icien de Bargyla, combat la<br />

morale d'E'picure I. 344.<br />

HERACLIDE d'Hicée, Médecin I. 344»<br />

HERACLiDEdeTarenteMédecinEmpiriqueI.J44<<br />

HERACLIDE a donné des Préceptes fur la Poëûe<br />

!• 344.<br />

HERACLIDE de Phocée, Sculpteur I. 344.<br />

HERACLIDE habile Poëte Epigrammatifte I. 344,<br />

HERACLIDE de Magnéfie a donné la vie de Mîthridate<br />

t. 344.<br />

HERACLIDE a traité de l'Aftfologie 1.344.<br />

HERACLITE,fon père, fa patrie II. 265. étott<br />

haut & décifif dans fes idées ibid. en quoi faisait<br />

confifter la fageffe ibid. ce qu'il penfoit<br />

d'Homère & d'Archiiochus ibid. reprend aigrement<br />

les Ephéfiens, pourquoi 266. refufe de<br />

donner des loix à-fes concitoyens ibid. devient<br />

Mifanthrope & fe cetire dans les <strong>mont</strong>agnes<br />

ibid. il y contrafte une Hydropifie qui l'oblige<br />

de revenir en ville ibid. demande énigmatique<br />

qu'il fait aux Médecins ibid. fà mort 167. Epigramme<br />

de D. L. à ce fujet ibid. ce qu'en dit<br />

Hermippe ibid. fe fit admirer dès l'enfance ibid:<br />

HERACLITE , n'«ut point de maître


DES MATIERES^ 333*<br />

qui porte fon nom 168. eft critiqué par Timon<br />

ibii. fes Seâateurs ibid. fes opinions ibid. analy^<br />

fe de fes fentimens 269. fon fyftême <strong>du</strong> Ciel<br />

270. lettre que hii écrivit Darius 272. réponfe<br />

qu'il lui fit 273. fes Commentateurs 274,<br />

HERACLITE , Poëte Lyrique II. 37^<br />

HERACt.iTEd'HaticarnaffePoëteElégiaqueII.37^<br />

HEIIACLITE , de Lesbos a écrit l'Hiftoire de Macédoine<br />

II. 375.<br />

HERACLITE, Joueur de Cithre II. 37c.<br />

Heureux, qui on peut apeler heureux I. 22. il<br />

fufEt pour être heureux qu'on éprouve <strong>du</strong> plaLfir<br />

à quelque égard 150.<br />

HIPPASUS , fa patrie II. 258. fon fentiment fur le<br />

monde ibid. n'a laiffé aucun ouvrage ibidt<br />

HIPPASUS , de Lacédémonea traité de la Repu»<br />

blique II. 258.<br />

HIPPO , fon père III. 180. inftruifit Mole dansla<br />

contemplation de la Nature ibid. s'exerça à<br />

la divination, ibid'. fut verfée dans l'Aftrologie<br />

ibid^<br />

HIPPARCHIE, fœur de Métroclèll. 67. fà patrie<br />

ibid. devient éper<strong>du</strong>ment amoureufe de Cratès.<br />

ibid. s'habille comme le Philofophe & le fuir<br />

par-tout ibid. difpute contre Théodore ibid^ reproche<br />

qu'il lui fait 681 ce qu'elle y répond iWJ»<br />

Voyez auffi vol; III. 251.<br />

HERILLE » fa patrie IL. 179. en quoi faifoit confifter<br />

la fin qu'on doit fe proposer ibid'. comment<br />

définiffoit la ftiencè ibid. tenoit pourindiffêrent<br />

ce qui eft entre le vice & la vertu ibid. prend<br />

à tâche de contredire Zenon, ibid. fes ouvrages.<br />

*8er<br />

tfomme, courageux doit être doux, pourquoi L<br />

47. comment on doit aimer les hommes 6tttomme<br />

ell fuje ta deux galions 147»


3U TABLE GENERALE<br />

Hommes, hommes font plus fenfibles à la douleur<br />

les uns que les autres 151. homme doit fe propofer<br />

pour fin de devenir femblable à Dieu 122.<br />

eft compofé de froid & de chaud II. vi^rkomme<br />

jnfte vit fans trouble 8c fan» défordre II.<br />

43 j. on doit aimer tous les hommes III. 153,<br />

homme de bien ne s'afflige jamais & ne craintrien<br />

168. homme qui fait Ion Dieu de fon ventre<br />

, ne fait jamais rien qui foit digne de l'homme<br />

169. homme de bien n'eft occupé que de<br />

fa vertu 176.<br />

HOMèRE , traité d'infenfé par les Athéniens, eft"<br />

condamné à une amende de cinquante drachmes<br />

I. 119.<br />

HOMèRE , auteur tragique, l'un des Poètes de<br />

la Pléiade III.-212.<br />

Honte, il n'y en a point à s'inftruire de ce qu'on 1<br />

ne fçait pas I. 112. il n'y en a point à entrer<br />

dans un lieu de débauche, mais a n'en pouvoir<br />

fortir 137. "~<br />

HYPATIE , fa patrie III. 23 f. pofféda la Philofophie<br />

& les Mathématiques ibid. fon père ibid.<br />

extrait de l'Hiftoire de Socrate qui parle d'elle-<br />

1361 autre extrait de Nicéphore qui confirme<br />

le récit de Socrate 237. fut beaucoup eftimée<br />

de Synéfius 238. étoit belle 239. manière dont<br />

elle guérit un jeune homme qui étoit amoureux<br />

d'elle ibid. époufa le Philofophe Iïïdore ibid.<br />

fut verfée dans la Géométrie ibid. a écrit plufieurs<br />

commentaires 240. lettre qu'elle écrivit<br />

à Cyrille, Archevêque d'Alexandrie ibid. Epigramme<br />

tirée de l'Anthologie, à fon honneur-<br />

T £•<br />

JE D'Us, (ont dans l'a nature-comrrre dés modèle*<br />

dbntles.autrfi&chofes./ojudes cogies- L.L9.6».


DES MATIERES, jjf<br />

Idées, idée n'eft ni une chofe qui fe meut ni une<br />

chofe en repos 223. eft l'a même, eft une & eft<br />

plufieurs 224. viennent des fens II. 363»<br />

Jeunes gens , confeil que Socrate leur donne<br />

I. 113. doivent être inftruits des chofes qui<br />

peuvent leur être utiles dans l'âge viril 143. il<br />

eft ridicule d'exhorter un jeune nomme à bienvivre<br />

IL 4îr.<br />

Ignorans, différence qui eft entr'eux & les Savans<br />

I. 136.<br />

Ignorance,eft un mail. m. eft pire que la pauvreté,<br />

pourquoi 137.<br />

Impatience, dans la douleur, eft un mal plus grandi<br />

que de l'en<strong>du</strong>rer I. 276.<br />

Infortune , on eft malheureux de ne pas la fçavoir;<br />

fuporter I. 59..<br />

Injures, fuporter les injures, chofe des plus difficile<br />

1.46. doivent être étouffées avec plus defoin<br />

qu'une incendie IL 265.<br />

Injuftice, n'eft point un mal en foi. IL 439.<br />

Injlruttion , eft un guide qui nous mené heureu—<br />

fement à la vieilleffe I. 302.<br />

Juges, Chinois III. 124. précautions extraordinaires<br />

qu'ils prenoient lorfque quelque caufe;<br />

étoit portée devant leurs tribunaux ibid.<br />

IvLiEl>OMNA,époufal'EmpereurSévereIII.2o8:.<br />

s'apliqua à la Philofophie ibid. fit donner la-.<br />

chairephilofophique d'Athènes à Philifcus 209fa<br />

patrie ibid. fut mère d'AntoninCâracalla î 10..<br />

eut une f«ur nommée Julie Mcefa. 211.<br />

Jùjlc, & injufte n'eft pastel en lui-mêmeI. ioiv<br />

l'homme jufie vit fans trouble IL 435.<br />

luft'ue, eft une vertu de l'ame qui nous fait agit<br />

avec chacun félon fon mérite I. 302.<br />

Tvrogner'u y moyen d'en- préierver L 74^.


5J6* TABLE GENERALE<br />

JLI_ACYDES , fon père r fa patrie 1.284. fut chef,<br />

de la nouvelle Académie ibid. eut beaucoup de<br />

difciples ibid. étoit gracieux & agréable dansfes<br />

difcours ibid. meuire qu'il prend pour n'être<br />

pas volé dans fon ménage, leur inutilité ib.<br />

'•A. cède fon Ecole à Télécles & à Evandre Phocéens<br />

ibid. eft apellé à la Cour d'Attale ibid.<br />

téponfe qu'il fait à ce fujet 285. fa mort ibid..<br />

fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />

Langue , ne doit pas prévenir la penfée I. 47doit<br />

être employé à dire <strong>du</strong> bien 64. eft ce que<br />

l'homme a de bon & de mauvais ibid,<br />

LASTHENIE , fà patrie IIL 234. fut difciple de<br />

Platon ibid.<br />

LEONCE.Courtifanne d'AthènesIII.2$,7.fut amie<br />

d'Epïcure ibid. extrait d'une lettre que ce Philofophe<br />

lui écrivit ibid. eut auffi pour amis MétrodoreAthénien<br />

& Hermefianax deColophon><br />

ibid. écrivit contre Théophrafte 25.8. extrait <strong>du</strong><br />

premier livre de la Nature des Oieux ou Ciceron<br />

en fait mention ibid. fa fille ibid.<br />

LEUCiPPe »fa patrie IL 287. fut difciple de Zénorr<br />

ibid. croyoit le monde infini ibid. fon fyftême<br />

de l'Univers ibid. a le premier établi les atomes<br />

pour principes ibid. détail de fes fentimens<br />

ibid.<br />

Loix, refïemblent aux toifes d'araignées I- 37;<br />

moyen indiqué par Salon pour empêcher les<br />

hommes de] violer les loix 38. Il leur faut obéir<br />

47. Loi de Pittaccus contre l'Yvrefle 52.<br />

Lune y eft. la fept cent vingtième partie <strong>du</strong>- foleil<br />

félon Thaïes I. 14. ce que dit Epicure de foi»,<br />

déclin. 6c de fon. renouvellement II. 3994 d'où<br />

procé-de


DES MATIERES. 337<br />

procède le cercle que l'on voit au tour 409. '<br />

LYCON , fa patrie, fan père I. 319. fuccéda à<br />

Staton ibid. fut éloquent & habile à con<strong>du</strong>ira<br />

la jeunefle ïbid. fut fort utile aux Athéniens<br />

par fes bons confeils 330. s'éxerçoit beaucoup<br />

& étoit d'un bonne conftitution de corps ibid»<br />

fut grand ennemi de Jérôme le Péripatéticien<br />

ibid.gouverna fon Ecole pendant quarante-quatre<br />

ans 331. fa mort & fon âge ibid. Epigramme<br />

de D. L. à ce fujet ibid. fon Teftament ikid9<br />

LYCON , Philofophe Pythagoricien I. 331.<br />

LYCON, Poè'te Epique I. 331.<br />

LYCON , Epigrammatifte I. 331.<br />

LYSiPPUS,ftatuaire,fait la ftatuede Socratel. 119Î<br />

M.<br />

M.<br />

Al, oublier le mal eft de toutes les choies la<br />

plus néceffaire II. 5.<br />

Manière, eft ce qu'il y a de meilleur en toute»<br />

•chofes I. 65.<br />

Mariage, bon mot de Socrate à ce fujet I. 1 ta.<br />

Marchés, lieux deftinés à autorifer la fupercherie<br />

I- 7\- n<br />

Médifance, il faut s'en abftenir, pourquoi 1.46.<br />

MéLISSE, Pythagoricienne III.491. a écrit une<br />

lettre fur les habits qui conviennent aux femmes<br />

modeftes ibid.<br />

MELisse, fa patrie, fon père II. a8a. fut auditeur<br />

de Parmenide ibid. Heraclite le îecommande<br />

aux Ephéfiens ibid. fut fort chéri & eftimé de<br />

fes concitoyens ïbid. fut Amiral ibid. fes fentimens<br />

fur l'Univers ïbid. n'admettoit point de<br />

mouvement réel ibid. tems auquel il floriffoit<br />

ibid.<br />

Menaces, n'apartienaent qu'aux femmes I. 4$.<br />

Tome III, F f


3^8 TABLE GENERALE<br />

MENEDEME , Philofophe de la feâe de Phédon I.<br />

177. fon père ibid.<br />

MENEDEME , étoit defamille noble, mais pauvre<br />

I. 177. fut architecte, & faifeur de tentes de<br />

profeflion i/>i^, propofe un décret au peuple<br />

ibid. eft blâmé par Alexinus ibid. va à Mégare<br />

ibid. fréquente l'Académie de Platon ibid. quitte<br />

le métier des armes pour l'étude ibid. s'attache<br />

à Stilpon ibid. pafle à Elis, & fait Société<br />

avec Anchipille & Mofchus ibid. étoit fort grave<br />

ibid. eft raillé par Cratès à ce fujet 178. eft<br />

auffi cenfuré par Timon fur fon air (èx'itux ibid.<br />

infpiroit beaucoup de retenue par fa gravité<br />

ibid. manière dont il reprit un jeune homme<br />

qui parloit avec infolence ibid. diverfes réponles<br />

qu'il fît ibid. Cenfure la fomptuoûté d'an<br />

repas où il fe trouve en ne mangeant que des<br />

olives 179. fa franchife manque à le perdre en<br />

Cypre ibid. il enfeignoit amplement & fans aucun<br />

des argumens ordinaires dans les écoles<br />

180. étoit timide & glorieux ibid. parvenu au<br />

ouvernement de la République fut craintif &<br />

S<br />

iftrait ibid. il fait emprisonner Cratès ibid. re­<br />

proche que lui fait ce Cynique ibid. avoit <strong>du</strong><br />

panchant à la fuperftition ibid. marque qu'il en<br />

donne 181. avoit l'ame grande & généreufe ib.<br />

fut vigoureux & ferme jufques dans fa vieilleffe<br />

ibid. fon portrait ibid. rempliffoit tous les<br />

devoirs de l'amitié i&ù/. s'égayoit avec les Poètes<br />

& les Muiiciens ibid. Vers d'Achée Poète<br />

Saryrique qu'il recitoit fort fouvent ibid. n'eftimoit<br />

point Platon , Xénocrate ni Parebatede<br />

Cyrène 182. admiroit beaucoup Stilpon ibid,<br />

louange qu'il lui donne ibid. employoit des expreflions<br />

obfcures ibid. étudioit ce qu'il difoit<br />

•vcc tant de Yoin, qujl étoit difficile dedifputer


DES MATIERES. 339<br />

«vec lui ibid. traitait toutes fortes de fujets Se<br />

avoit la parole aifée ibid. étoit plein de force<br />

& d'ardeur dans les affemblées publiques ibid.<br />

MENEDEME, faifoit des argumens fimplesl. 181.<br />

rejettoit les proportions négatives ibid. fui voit<br />

les opinions de Platon, & n'eftimoit point la<br />

Dialeâique ibid. Alexinns l'en reprend ibid,<br />

comment il y répond 183.parole qu'il dit àBion<br />

ibid. n'a rien compofé ibid. fut ardent dans la<br />

difpute & modéré dans fes aâions ibid. rendit<br />

fervice à Alexinus ibid. eut beaucoup de goût<br />

pour l'amitié ibid. divers exemples de fon amitié<br />

pour Afclepiade 184. ces deux amis eurent<br />

pour Protecteurs Hipponicus de Macédoine &C<br />

Agetor de Lamia ibid. préfens qu'ils en reçurent<br />

ibid. Menedeme eut trois filles d'Orope fa<br />

femme ibid. manière dont il régloit les repas<br />

qu'il donnoit à fes amis 185. ce qu'en dit Lycophron<br />

dans fes Satyres ibid. effuya dans le commencement<br />

beaucoup de mépris ibid.bxi dans la<br />

fuite fort eftimé ib. reçut beaucoup d'honneurs<br />

de Ptolomée & de Lyfimaque ibid. eft accufé<br />

auprès de Démétrius d'avoir fait un complot<br />

pour livrer la ville à Ptolomée 186. il fe purge<br />

de cette calomnie par une lettre ibid. fut aimé<br />

d'Antigone ibid. décret qu'il fait à la louange<br />

de ce Prince ibid. Ariftodeme-l'accuie de<br />

trahifon 187. il fe retire àOrope,& de là auprès<br />

d'Antigone ibid. fa mort ibid. fentimens varient<br />

fur ce fujet ibid. Il eut toujours de la haine<br />

contre Perfée, pourquoi ibid. ce qu'il dit de<br />

ce Philofophe ibid. fon âge 188. fonEpitaphe<br />

par D. L. ibid.<br />

MENEDEME , drfciple de Colotes de Lampfaqoe<br />

II. 71. fon goût pour les prodiges le rend extravagant<br />

ibid. fa iaçon de s'habiller ibid. por-<br />

Ff a


54». TABLE GENERALE<br />

toit une baguette de bois de frêne ibid.<br />

MEMPPE, fa patrie IL 69. fut efclave ibid. n'a<br />

rien fait qui foit digne d'éloge ibid. s'attira le<br />

nom d'Ufurier de journée ibid.<br />

MENiPPE.amafla beaucoup debienll.69.perd tout<br />

ce qu'il avoit & fe pend de defefpoir ibid. Vers<br />

de D. L. à ce fujet ibid. (es ouvrages 70.<br />

MENIPPE, auteur de l'Hiftoire des Lydiens & de<br />

l'Abrégé de Xanthus IL 70.<br />

MENIPPE , de Stratonice Sophiue IL 70.<br />

MENIPPE , Statuaire IL 70.<br />

MENIPPE, deux peintres de ce nom II. 70.<br />

JAtntturs, ce qu'ils gagnent en déguifant la vérité<br />

1.199.<br />

Mer, lave tous les maux des hommes L 292.<br />

J^ETROCLE , difciple de Cratès 6k frère d'Hipparchie<br />

II. 65. le dérangement de fa fanté lui fait<br />

prendre la réfolution defe laiffer mourir de faim<br />

ibid. Cratès lui ôte cette idée ib. jette fes écrits<br />

au feu ibid. fa mort 66. fes difciples ibid.<br />

Monde, fentences de Thaïes à ce fujet I. 21.<br />

MONIME , fa patrie IL 56. fut difciple de Diogène<br />

ibid. fréquenta auffi Cratès le Cynique ibid.<br />

fe rendit fort célèbre ibid. Ménandre Poète<br />

Comique fait mention de lui dans une de fes<br />

pièces ibid. a compofé des ouvrages 57.<br />

Mort_, fentence de mort, prononcée à tous les<br />

hommes parla nature 1.114.eft préférableà la vie<br />

152. n'eu rien à notre égard, pourquoi II 419.<br />

opinion que l'on en a eftce qui la rend affreufe<br />

III. 66. il faut l'avoir toujours devant les<br />

yeux & ne la point perdre de vue 75. ne fait<br />

aucune peine à l'homme vertueux 175.<br />

Morts, il ne faut point flétrir leur mémoire 1.46.<br />

chemin pour aller vers eux eft le même pafc<br />

tout 97.


DES MATIERES. 34Ï<br />

Moeurs, fuperbes font fou vent nuiftbles I. 59-.<br />

mœurs mal réglées de ceux que l'on fréquente<br />

corrompent les nôtres III. 88.<br />

MYRO, fà patrie III. 21a. étoit Philofophe ibid.<br />

a écrit des pièces deRhétorique & des fables ib.<br />

MYRO, doit être diftingué de Myro poëte & fille<br />

d'Homère,auteur tragique III.212. écrivitaufli<br />

des vers élégiaquesSc lyriques,outre un ouvrage<br />

intitulé Anémofyne, & un livre fur les Dialectes<br />

ibid.<br />

MysON,fon pere,fa patrie 1.76. eflt recherché par<br />

Anacharfis, pourquoi ibid. réponfe qu'il fait<br />

à ce Philofophe ibid. fentimens partagés fur<br />

le lieu de fa naiffance ibid. il étoit mifantrope<br />

77. fa réponfe à quelqu'un qui lui demandoit<br />

pourquoi il rioit feul ibid. d'où vient qu'il<br />

fut moins célèbre ibid. ce que dit de lui Platon<br />

ibid. fes paroles ibid. fa mort ibid.fon âge ibid.<br />

MYIA, fille de Pythagore & de Théano 111.173.<br />

fut femme de Milon Crotoniate ibid.<br />

N.<br />

Ni ÉceJJîté, fentence de Thaïes à ce fujet I. ai;<br />

c'eft être fage que de lui céder habilement<br />

III. 101.<br />

NESTHEADUSE , fa patrie III. 289.<br />

NICARETE, fa patrie III, 249. fut amie & difciple<br />

de Stirpon ibid.<br />

NU, fentimens de Thaïes fur les débordemens<br />

réguliers de ce fleuve I. 23.<br />

NOVELLE, fut Jurifconfulte III. 230. fonpere,<br />

. fi patrie ibid. Extrait <strong>du</strong> livre de la Cité des<br />

femmes de Chriftine Pifan ibid. fa fœur 231.<br />

pourquoi fut apellée Novelle ibid. teras auquel<br />

elle vécut 332.<br />

Ff>


W TABLE GENERALE<br />

Ifuies, comment elles fe forment félon l'opinion<br />

d'Epicure IL 403.<br />

O<br />

O.<br />

CCELLO , fa patrie III. i. 7 i. fon père ibid.<br />

OLTMPiODOR£,Philofophed'AléxandrieIII.2f3.<br />

ONESICRITE , fa patrie II. 58. fut un des plus célèbres<br />

difciples deDiogèneiiùf. conformité qui<br />

fe trouve entre-ce Philofophe & Xénophon<br />

ibid.<br />

Or, répan<strong>du</strong> parmi les hommes, fait connoître<br />

les bons & les méchans 1.47.<br />

Oracle, de Delphes confuité par ceux de Milet, fa<br />

réponfel. 17. confuité par Chilon , faréponfe<br />

18. fa réponfe aux infulaires deCos 20. Oracle<br />

de la Pythoniffe juge Socrate le plus fage<br />

de tous les hommes 116. ne doit être confuité<br />

. que fur des chofes qui dépendent purement <strong>du</strong><br />

hazard III. 86. on ne doit point le confulter<br />

pour fçavoir fi l'on doit fecourir fon ami ou fa<br />

patrie ibid.<br />

JL Aix, la paix & la concorde font les mères de<br />

l'abondance dans un Royaume III. 161.<br />

PAMPHILA , fa patrie , fon père III. 206. eft apellée<br />

la Sçavante d'Epidaure ibid.. a écrit nuit<br />

livres de mélanges ibid. a traité pluûeurs autres<br />

fujets 207. vécut <strong>du</strong> tems de Nérort ibid. époufa<br />

Socratide ibid. vécut treize ans avec lui. ib..<br />

PANYPERSEBASTE, fon père III. 229. eponfele<br />

fils <strong>du</strong> frère de l'Empereur ibid. fit une harangue<br />

ibid. témoignage que rend d'elle Nicépho^<br />

xe Grégorat ibid, eut une fille ibid.


DES MATIERES. 34*<br />

PARMENIDE , fon père , fa patrie II. 279. fat difciple<br />

de Xénophane ibid. Ce lie avec Aminias Se<br />

Diochete Pythagoriciens ibid. eft auteur <strong>du</strong> fyftême<br />

que la terre eft ronde & fituée au centre<br />

<strong>du</strong> monde ibid. admet deux élémens ibid, ce<br />

qu'il penfoit de la compofition de l'homme ibid.<br />

pARMENiDEjCroyoitquel'ame&refpritn'étoient<br />

qu'une feule chofe ibid. diftinguoit une double<br />

Philofophie 280. établiflbit la raifon dans le jugement<br />

ibid. tems auquel il florifloit ibid. donna<br />

des loix à fes concitoyens 28 t.<br />

PARMENIDE , auteur d'un traité de l'art oratoire<br />

II. 281.<br />

Parole, flux -de paroles, n'eft point une marque<br />

d'efprit I. 21. elles prefentent une image des<br />

aérions 37.doivent être déterminées par 1 étude<br />

des choies 77. eft le (buffle de l'âme II. 223.<br />

pourquoi eft invifible ibid.<br />

PaJJîon , apartient aux Animaux comme à l'homme<br />

II. 223. eft la partie de l'âme qui réfida<br />

dans le cœur ibid. 1<br />

Patrie, c'eft lui rendre fer vice que de lui donner<br />

un citoyen honnête & vertueux III. 77.<br />

Pauvreté, vaut mieux que l'ignorance, pourquoi<br />

I. 137.<br />

Peau, la peau le <strong>mont</strong>re, origine de ce proverbe<br />

, en quelle part il le faut prendre 1.85.<br />

PéRI ANDRE,fapatrie,fonperel.67.defcenddelafamille<br />

de»Héraclidesi£. époufeLyfis dont il change<br />

le nom//>ii. nobleûe de fa femme ibid.tes&l»<br />

, ibid. différence qu'il y avoit entr'eux ibid. il tue*<br />

fa femme ib. fait brûler fes concubines ibid. bannit<br />

un de fes fils ib. mort de ce fils ib. vengeance<br />

quePériandre en veut tirer ii/i.il n'y réuffit pas<br />

ibid. il en meurt de chagrin 66. fon âge,tems auquel<br />

fa mort arriva ibidy vœu qu'il fît pour rem-j<br />

Ff4


544 TABLE GENERALE<br />

porter le prix de la courfe des chars aux jeux<br />

Olimpiques, comment m'accomplit ibid. expédient<br />

dont il fe fervit pour qu'on ignorât ce<br />

qu'étoit devenu Ton coips après fa mort ibid.<br />

Infcription de fon Tombeau 69. autre Epitaphe<br />

par Diogène Laërce ibid. fes paroles 70. fes Sentences<br />

ibid. il fut le premier qui fournit l'autorité<br />

de la Magistrature à la Tyrannie ibid.<br />

PERIANDRE , tems auquel il floriffoit ibid. quelques<br />

auteurs distinguent deux Périandres 71. on<br />

les fait coufins Germains ib. fentimens partagés<br />

fur leur fujet ibid. il a voulu percer l'Ifthme da<br />

Corinthe ibid. Lettres qu'on lui attribue ibid.<br />

Lettre qu'il reçut de Thrafibule 72.<br />

PERICTIONE, Pythagoricienne III. 191. a écrit un<br />

livre de la fageSTe 6k un de la Constitution des<br />

femmes ibid.<br />

'Phénomènes, comment expliqués par Epicure IL<br />

398.<br />

PHEDON, fa patrie 1.160. étoit noble ibid. pris<br />

par les ennemis & contraint de faire un honteux<br />

trafic ibid. eSt racheté par Alcibiade ouCriton<br />

à la requête de Socrate ibid. ne fe fert de fa<br />

liberté que pour donner tout fon tems à l'étude<br />

de la Philofophie ibid. a compoSé des dialogues<br />

ibid. eut pour fucceffeur Pliftan d'Elée ibid.<br />

PHERECTDE , fon père , fa patrie I. 84. fut difeiple<br />

de Pittacus ibid. a été le premier qui ait<br />

traité de la nature des Dieux ibid. diverfes prédictions<br />

qu'il fit ibid. fa mort raportée de dif-<br />

» férentes manières 8 5 .fragment de fes ouvrages,<br />

fon Cadran Agronomique 86. Epitaphe de fon<br />

tombeau ibid. autre par Jion de Chio ibid. celle<br />

que D. L. fit pour lui 87. tems auquel il vivoit<br />

ibid. lettre qu'il écrivit à Thaïes ibid.<br />

PHILOLAVS, fa patrie, II, a 59, fut PytbagariçieA


DES MATIERES. 34t<br />

ihid. Platon fait acheter fes ouvrages ibid. fa<br />

mort ibid. Epigrammede D. L. àcefujetiMi.<br />

fon opinion fur la manière dont tout fe fait ibid.<br />

enfeigna le premier que la terre fe meutcirculairement<br />

ibid. fut le premier qui publia les<br />

dogmes des Pythagoriciens fur la nature ï6j.<br />

Philofophie, à. quoi elle eft utile I. 301. en quoi<br />

elle confifte félon Epi&ete III. 38.<br />

Philofophie, fe divife en trois parties III. 101.<br />

Philofophes, ce qu'ils ont de plus extraordinaire<br />

que les autres hommes 1.137. fçavent de qui ils<br />

ont befoin ibid. font comparés aux Médecins<br />

138. n'ont pas à conferver la même vie que le<br />

commun des hommes ibid. trouvent dans leur<br />

propre fond leur utilité ou leur défavantage 8c<br />

ne l'attendent de perfonne III. 97.<br />

PHINTHYS , fon père III. 200. fut Pythagoricienne<br />

ibid. a écrit un traité de la tempérance des femmes,<br />

ibid.<br />

PHILTATIS , fille de Théophride Crotoniate III.<br />

283.<br />

PITTACUS , fa patrie, fon père, fon origine 1.50•<br />

Il défait les troupes <strong>du</strong> Tyran de Lesbos ibid.<br />

tue Phrynon Général des Athéniens dans un<br />

combat fingulier ibid. obtient le gouvernement<br />

delà ville ibid. il dépofe volontairement fon autorité<br />

5 1. refufe l'argent de Crœfus ibid. mort<br />

de fon fils ibid. clémence de Pittacus , fes paroles<br />

à ce fuj et ibid. fa loi contre les gens yvres f 2.<br />

fes réponfes, fes maximes ibid. a lait des Elégies<br />

& un difcours en profe 5 3. tems auquel il floriffoit,fa<br />

mort, fon âge^fon Epitaphe 54. Hiftorre<br />

d'un jeune homme qui le confultoit fur fon mariage<br />

ibid. réponfe de Pittacus , fondée fur quoi<br />

ibid. Epithétes qu'on lui donne 55. quel étoit<br />

fon exercice ordinaire ibid. lettre qu'il écrivit à<br />

Crçefus, ibid.


J4« TABLE GENERALE<br />

Plaijîr, mouvement agréable qui fatisfait l'ame<br />

I. 147. tous les animaux le recherchent ibid.<br />

plaifir particulier défirable pour lui-même 148-.<br />

la nature nous y porte dès l'enfance ibid. il eft<br />

un bien, lors même qu'il naît d'une chofe deshonnête<br />

ibid. privation <strong>du</strong> plaifir n'eft point unmal<br />

, pourquoi ibid. tout plaifir ne confifle pas<br />

dans les fenfations corporelles 149.<br />

Plaifir, ne peut venir des feuls objets qui frapent<br />

les organes de l'ouie & de la vue , pourquoi I»<br />

149. aflemblage de tous les plaifirs particuliers<br />

qui constituent le bonheur, difficile à faire 150.<br />

plaifirs éprouvé à quelque égard fuffit pour être<br />

heureux ibid. pauvreté & opulence ne contribuent<br />

point à former le plaifir 152. efclavageou<br />

liberté ^naiffance relevée ou obfcure, gloire ou<br />

deshonneur ne font rien pour le degré <strong>du</strong> plaifir<br />

iiii.par-tout où il fe trouve il n'y a jamais de mal<br />

ni de trifteffe II. 43 t. fe modérer lorfque fon<br />

idée nous flatte, de peur qu'elle ne nous entrai*<br />

ne III. 91.<br />

PLATON , les parens, fa patrie I.189. fa généalogie<br />

ibid. tems auquel il naquit 190. tems de fa<br />

mort ibid. fentimens varient furie lieu de fa<br />

naifTance ibid. fes frères 191. fa fœur ibid. eut<br />

Denys pour maître de fes études ibid. fît fes<br />

exercices chez Arifton d'Argos ibid. pourquoi<br />

nommé Platon ibid. nom qu'il portoit auparavant<br />

ibid. combattit pour le prix de la lutte<br />

ibid. s'apliqua à la peinture & à la poëfie ibid.<br />

prêt à difputer l'honneur de la Tragédie il brûle<br />

fes poëlies , pourquoi 19a. aroit près de vingt<br />

ans lorfqu'il devint difciple de Socrateii/V. après<br />

la mort de Socrate il s'attache à Cratyle &à<br />

Hermogene ibid. il fe rend à Mégare , de là à<br />

Cy rené, puis pafle en Italie ibid. Il va en Egyp-.


DES MATIERES.- 347<br />

te Ibid. il tombe malade ibid. tfa guérifon ibid.<br />

la guerre allumée dans l'Afie l'empêche d'aller<br />

voir les Mages ibid. de retour à Athènes il<br />

fe fixe dans l'Académie ibid. ce qu'en difent Eupolis<br />

& Timon 193. fut ami d'Ifocrate ibid.<br />

porta les armes dans trois expéditions ibid. fit<br />

un mélange de la doftrine d'Heraclite, de Pythagore<br />

& de Socrate ibid. acheté de Philolaus<br />

trois livres de Pythagore ibid.<br />

PLATON a extrait plufieurs chofes des œuvre»<br />

d'Epicharme I. 194. comment il inféroit qu'on<br />

pou voit parvenir a la connoiflance des principes<br />

de l'Univers i9Ô.fes fentimens fur les idées 197.<br />

s'eft auflî beaucoup fervi des ouvrages de §0phron<br />

198. fut trois fois de Grèce en Sicile 199.<br />

motif de fon premier voyage ibid. Denys forme<br />

le deflein de le faire mourir ibid. fe laine fléchir<br />

& le livre à Polide envoyé de Lacédémone qui<br />

le vend comme efclave ibid. il eft accufé de crime<br />

capital ibid. eft reven<strong>du</strong> comme efclave &<br />

racheté par Anicerus qui le renvoyé à Athènes<br />

100. trille fin de Polide & remords de Denys<br />

qui avoient perfécuté Platon ibid. motif <strong>du</strong> fécond<br />

voyagede ce Philofophe en Sicile ibid. il<br />

eft accufé auprès de Denys le jeune 201. Lettre<br />

d'Archytas Pythagoricien en fa faveur ibid.<br />

Difgrace de Dion l'oblige de repaffer en Sicile<br />

pour la troifiéme fois aoa. retourne en fa patrie<br />

ibid. refufe d'avoir part au gouvernement<br />

- ibid. accompagne Chabrias dans fa fuite ibid.<br />

réponfe qu'il fait à un délateur ibid. enfeiena<br />

. la manière de connoître les chofes en faifant<br />

• l'Analyfe 103. fut le premier qui fe férvit en<br />

Philofophiedes noms d'Antipodes, d'Elément,<br />

de Dialectique, &c. ibid. vient aux jeux Olym-<br />

. piques & s'attire les regards des Grecs ibid. Mir


148 TABLE GENERALE<br />

thrtdate de Perfe lui fait élever une ftatue iBid.<br />

Infcription de cette Aitue ibid. étoit fort retenu<br />

dans fa jeunette ibii. fa modeftie ne le garantit<br />

pas des traits des Poëtes Comiques 204.<br />

divers exemples de leur raillerie fur Platon ïb'td.<br />

eut beaucoup d'amitié pour After, Dion 8c Phèdre<br />

205. Epigrammes qu'il fit pour eux ïbïd. eut<br />

auffi beaucoup d'attachement pour Alexis 206.<br />

vers dans lefquels il en parle ïbïd. aima Archéanaffe<br />

deColophon, Agathone & Xanttpe. ibid*<br />

PLATON , vers qu'il fit pour elles 1.206. Epitaphe<br />

qu'il fit pour les Erétrieris 207. poëfies diverses<br />

de ce Philofophe ibid. il fut haï de Molon<br />

& de Xénophon ibid. fe brouille avec Antifthène,<br />

pourquoi 208. a prêté beaucoup de chofes<br />

à Socrate ibid. n'aima pas Ariftippe ibid. fa manière<br />

d'écrire tenoit <strong>du</strong> Poëme & de la Profe<br />

209. examen de quelques-uns de fes ouvrages<br />

ibid. il reprend un joueur de dés ibid. exemples<br />

de fa modération 21 o.blâmoit ceux qui aimoient<br />

lefommeil ibid. ce qu'il penfoit delà vérité ibid.<br />

fbuhaitoit beaucoup de perpétuer la mémoire<br />

defonnom ibid. Tems auquel il mourut au."<br />

fut enterré dans l'Académieibid.hn Teftament<br />

ibid. Epitaphes qu'on lui fît ara. fes difciples<br />

ibid. a perfectionné la manière d'écrire en dialogue<br />

214. caractères de fes dialogues 215. Auteurs<br />

varient fur la manière de les diftinguer<br />

216. on difpute fi cette partie des œuvres de<br />

Platon contient des Dogmes ibid. examen de<br />

cette matière iiii.il ajouta la Dialectique à la<br />

Philofophie 219. écrivit fes dialogues fur le modèle<br />

<strong>du</strong> Quadriloque tragique ibid. nombre de<br />

fes Dialogues ibid. fa République diviféeendix<br />

livres ibid. foa Traité des JLoix divifé en douze<br />

livres 220. Noms & Ayets de fes dialogues ibidk


DES MATIERES. 149<br />

Epîtres de Platon an. à qui adreflées ibid.<br />

autres divifion des ouvrages de ce Philofophe '<br />

in. ouvrages qui lui font fauflement attribués<br />

ibid. a emprunté à deffein différens noms pour<br />

empêcher que les gens non lettrés entendirent<br />

facilement l'es ouvrages ibid. en quoi il fait confifter<br />

la fagefle 223. ce qu'il entend par ce mot<br />

ibid. s'eft fervi des mêmes termes pour fignifier<br />

différentes[chofes ibid. s'eft aufli fervi de termes<br />

contraires pour exprimer la même chofe. ibid.<br />

PI,ATON , fes ouvrages demandent trois fortes<br />

d'explicationsl.224.Explication des marquesqui<br />

fe trouvent dans différens partages des oeuvres<br />

de Platon ibid. croyoit l'ame immortelle225 .définition<br />

qu'il en donne ibid. obfcurité de ce<br />

Syftême ibid. établit deux principes de toutes<br />

chofes 226. comment il définit la matière ibid.<br />

Siftême de la matière 227. Siftême <strong>du</strong> 'monde<br />

ibid. Siftême <strong>du</strong> tems 229. ce qu'il croyoit <strong>du</strong><br />

bien & <strong>du</strong> mal 23 t. ce qu'il penfoit <strong>du</strong> Sage<br />

232. comment il diftribuoit les biens 233-divife<br />

l'amitié en trois efpéces ibid. partage le gouvernement<br />

civil en cinq Etats ibid. admettoit<br />

trois genres dejuftice 234. diftingue trois efpéces<br />

de Sciences ibid. diftinguoit cinq parties<br />

dans la Médecine 235. ce qu'il entend par loi<br />

écrite & non écrite 236. établit cinq gen_res de<br />

Difcours ou d'Oraifon ibid. compta trois for- •<br />

tes de Mufique ibid. envifage la noblefle fous<br />

quatre faces ibid. compte trois fortes de beauté<br />

537. diftingue trois parties dans la nature de<br />

l'ame ibid. établit quatre efpéces de vertus confommées<br />

ibid. comprend les différentes efpéces<br />

de gouvernement fous cinq dénominations 238.<br />

compte fix efpéces de Rhétorique ibid. compte<br />

quatre différentes manières d'obliger 239. dit;


3fO T A B L E G E N E R A L E.<br />

tingue quatre fortes de Fins 240. diflingue quatre<br />

efpéces de puiffances ibid. remarque principalement<br />

trois marques de civilité ibid. compte<br />

divers dégrés de félicité 141. range les Arts<br />

fous trois clafles ibid. divife le bien en quatre<br />

genres 142. fait confifter la bonté <strong>du</strong> gouvernement<br />

en trois chofes ibid. diftingue les contraires<br />

des trois manières ibid. compte trois fortes<br />

de biens 243. donne trois objets à la réflexion<br />

ibid. diftingue la voix en animée & en<br />

inanimée 244.<br />

PLATON, diftingueles chofes divifibles d'avec les<br />

indi vifibles L 244. dit qu'en tout ce qui éxifte il<br />

y a des chofes qui font par elles-mêmes, & des<br />

chofes qui ont relation à d'autres 245. divifoit<br />

auffi de même les premières notions ibid.<br />

PLATON , de Rhodes , difciple de Pancetius I.<br />

245.<br />

PLATON , Philofophe Péripatéticien , difciple<br />

d'Ariftote I.245.<br />

PLATON ,élevé de Praxiphane 1.245.<br />

PLATON , Poëte de l'ancienne Comédie I. 245.<br />

POLEMON , fon père , fa patrie I. 256. fut fort débauché<br />

dans fa \euneiïe ibid. entre dans l'école<br />

de Xénocrate yvre& avec une couronne fur la<br />

tête ibid. ce qu'il en réfulte ibid. devient fort<br />

attentif à lui-même ibid. exemples de fa tranquillité<br />

ibid. & 257. étoit honnête homme &<br />

avoit des fentimens nobles ibid. fui fort eftimé<br />

à Athènes 258. eut une amitié particulière pour<br />

Xénocrate ibid. eftimoit beaucoup Sophocles<br />

ibid.h mort ibid. a lai (Té un grand nombre d'ouvrages<br />

ibid. fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />

PORCIA , 611e de Caton 6c femme de Brutus III.<br />

262.<br />

POSSIDOMVS, fa patrie II. 44a, fit commerce &


DES M A T I E R E S . 351<br />

«nfeigna la Philofophie ibid. eut Panetius pour<br />

«naître ibid. vint à Rome ibid. profeflbit plusieurs<br />

fciences ibid. fut fort eftimé de Ciceron<br />

fon Difciple ibid. Pompée lui rend vifite ibid.<br />

exemple de fa fermeté dans les douleurs 443.<br />

inventa une Sphère artificielle ibid. fes écrits<br />

ibid.<br />

Préfomption, met obftade aux progrès dans les<br />

Sciences I. 179.<br />

Probité, plus fidèle que les fermens I. 38.<br />

Profpérité, ne pas s'enorgueillir dans la profpérité<br />

I. 64.<br />

Promeffes, s'en acquiter toujours quelles qu'elles<br />

foient I. 69.<br />

PROTAGORE, fon père, fa patrie III. 304. fut difciple<br />

de Démocrite ibid. fut furnommé le fage<br />

ibid. foûtint le premier qu'en toutes chofes on<br />

pouvoitdifputerlepour&lecontrei&i.croyoit<br />

que l'ame & les fens ne font qu'une même chofe<br />

ibid. propofition qui lui attira la difgrace des<br />

Athéniens 305. il eft chaffé de.la ville & fes<br />

oeuvres condamnées à être brûlées en plein marché<br />

ibid. a traité des parties <strong>du</strong> tems & des<br />

propriétés des Saifons ibid. intro<strong>du</strong>irais difpute<br />

& inventa l'art des Sophifmes ibid. manière<br />

dont il divifa le difcours 306. fes ouvrages ibidm<br />

fa mort 307. fon âge ibid. tems auquel il floriffoit<br />

ibid. Epigramme de D. L. fur ce Philofor<br />

phe ibid.<br />

PROTAGORE , Aftrologue II. 303.<br />

PROTAGORE, Philofophe Stoïcien II. 303.<br />

Prudence , l'emporte fur la Philofophie, pourquoi<br />

1I.415-<br />

Puiffance , eft ce qui fait le droit des Rois I. 37.<br />

PTOLEMAIS, fa patrie III. 193. tems où elle a vér.<br />

eu 294. fut Pythagoricienne ibid.


J> TABLE GENERALE<br />

f TRRHON , fa patrie, fon père II. 307. fut peintre<br />

ibid. s'attacha à Anaxarque ibid. intro<strong>du</strong>ifit<br />

l'incertitude ibid. foutenoit que rien n'eft honnête<br />

ou honteux, jufte ou injufte ibid. que rien<br />

n'eft tel qu'il paroît ibid. n'accordoit rien aux<br />

fens ibid. fon âge 308. particularités de la vie<br />

de cePhilofophe raportées par Antigone de Carifte<br />

ibid. portoit 1 indifférence jufqu'à ne s'émouvoir<br />

d'aucun accident 309. remplit les fonctions<br />

de Grand-Prêtre ibid. décret public ren<strong>du</strong><br />

à fa confidération ibid. Vers de Timon à fa<br />

louange ibid. les Athéniens lui accordent le<br />

droit de bourgeoifie 310.<br />

PYRRHON, tint ménage avec fa foeur qui faifoit<br />

métier de fage-femme II. 310. exemple defa<br />

confiance 311. vers d'Homère qu'il citoit fouvent<br />

ibid. exemple de fa tranqsillité dans le danger<br />

312, fes difciples ibid. noms qu'on leur donnent.313.<br />

ces Philofophes renverfent les opinions<br />

de toutes les Seâes 315. leur doctrine<br />

316. ce que leur opofent les -Dogmatiftes 332.<br />

leurs réponfesàces objections 333. fin qu'ils<br />

croyent que l'on doit fepropofer 336.<br />

PYTHAGORE, fondateur de la Secle Italique II.<br />

205. fon père, fa patrie ibid. fes frères 206. fut<br />

difciple de Phérécide de Scyros ibid. quitte fa<br />

iatrie & fe fait initier à tous les miftéres.tant de<br />

Î<br />

a religion des Grecs que des Etrangers ibid.<br />

paffe en Egypte ibid. aprend la langue Egyptienne<br />

& fréquente les Chaldéens ibid. vient à<br />

Crotone où il donne des loix aux Italiotes 207.<br />

fables qu'il fait des différens corps qu'il avoit<br />

animés ibid. s'eft exercé à l'Hiftoire 208. ouvrages<br />

qu'on lui attribue 209. réponfe qu'il fait<br />

à Léonte Tiran de Phliafi 210. délaprouvoit<br />

les prières que l'on adreiïoit pour foi-même<br />

aux


DES MATIERES. 35 j<br />

Vax Dieux ibid. fonfentiment fur l'amour ibid.<br />

manière dont il partageoit les différens tems de<br />

la vie an. fes difciples dévoient obferver un<br />

filence de cinq ans ibid. pafle pour avoir été<br />

fort beau defaperfonne 212. fables à ce fujet<br />

ibid. porta la Géométrie à fa perfection ibid. fut<br />

le premier qui forma des Athlètes 213. recomtnandoit<br />

Tabilinence de toute viande ibid. avança<br />

le premier que l'ame change alternativement<br />

de cercle de néceffité, & revêt différemment<br />

d'autres- corps d'animaux 214. fut le premier<br />

qui intro<strong>du</strong>ira parmi les Grecs.l'ufage des poids<br />

& des mefures ibid. dit le premier que l'étoile<br />

<strong>du</strong> matin & celle <strong>du</strong> foir font le même aftre ibid»<br />

PYTHAGOTIE , fes dogmes inconnus jufqu'au tems<br />

dePhilolaus H. 214. forma en Italie plusieurs<br />

grands hommes célèbres par leur vertu 215. fut<br />

zélé partifan de l'amitié ibid. fes fymboles ibid.<br />

leur explication 216. fa faconde vivre 217. tenoit<br />

fes dogmes de Thémiftoclée Prêtrefle de<br />

Delphes 218. fable de fa defcénte aux Enfers<br />

ibid. défendoit d'offriraux Dieux des viftimes<br />

égorgées ibid. interdifoit les juremens par les<br />

Dieux 219. vouloit qu'on honorât les vieillards ,<br />

pourquoi ibid. exclùoit les fèves des alimens ,•<br />

pourquoi aao. enfeignoit que l'unité eft- le principe<br />

de toutes chofes ibid. dé<strong>du</strong>ction qu'il en fait<br />

ibid. divifoit l'ame humaine en troisparties223»<br />

ce qu'il penfoit de la pureté <strong>du</strong>- corps 225. ne<br />

vouloit point qu'on ramaflât ce qui tomboit de<br />

la table pendant le repas 226. pourquoi défendoit<br />

de manger d'un coq blanc ibid. eft cenfuré<br />

par plufieurs écrivains 227/fa mort racontée?<br />

«le différentes manières 229. fa defcénte fa bu—<br />

leufe aux Enfers raportée par Hermippe 230.<br />

fa femme 231, fort fils ibid.fon âge 232. Vets><br />

leme ILL 6 g,


JÏ4 TABLE GENERALE<br />

de D. L. fur ce Philofophe ibid. tems auquel?<br />

il fleurit 133. tems que <strong>du</strong>ra fon Ecole ibid.<br />

quels furent les derniers Pythagoriciens ibid.<br />

lettre de Pythagore à Anaximène 436.<br />

PTTHAGORE , de Crotone II. 134.<br />

PTTHAGORE, de Phliafie maître d'Exercices IL<br />

»34.<br />

PTTHAGORE , de Zacynthe enfeignoit des myf~<br />

téres de Philofophie II. 134.<br />

PTTHAGORE, de Reggio Statuaire II. 134.<br />

PTTHAGORE , de Samos Statuaire II. 434.<br />

PTTHAGORE , Rhéteur peu eftimé II. 234*<br />

PTTHAGORE, Médecin II. 134.<br />

PTTHAGORE , Ecrivain en langueDoriqueII.234*<br />

Q><br />

Y£ Ueflîon* Syliogiftiques,inventées par Eubultde,<br />

comment nommées L 162, ont fourni<br />

matière à la plume des Poètes comiques ibid.<br />

R<br />

R.<br />

Aifon , doit toujours être notre guidé L 39*.<br />

notre raifon eft trop foible pour nous fier uniquement<br />

fur nous-mêmes 155. ne point juger,<br />

fans raifon II; 180. il n'y en a point à laquelle:<br />

en ne puiffe enopofer une autre 316. n'agit pas<br />

en tout d'une manière uniforme 328..<br />

Raifonnement; tems <strong>du</strong> raifonnement ne doit point<br />

être prefcrit L 139.<br />

Repos , eft agréable L 69. eft le plus grand bie»<br />

qu'on puiUepofleder 1 ri.<br />

Riches » ignorent ceux qui leur font néceffaires-<br />

I. 136. ne goûtent pas plus le plaifir que les<br />

gauyres xja. Riche.avare nepofféde point fes,


DES MATIERES. 35^<br />

tïcheffes, mais il en eft poffédé 179'.<br />

r JRicheffes,aflbuviffent les deiirs & pro<strong>du</strong>ifentl'or-gueill.<br />

38. ne renferment rien de recommandable<br />

m.-font les fources de tous les malheurs<br />

ibid. on ne doit pas les fouhaiter par<br />

raport à ce qu'elles font en elles-mêmes 150»<br />

font le nerf de toutes chofes 277. le Corps e»<br />

doit être la mefure III. 93,. font des biens donc<br />

le defir eft naturel à tous les hommes 174,<br />

RHODOPE, Pythagoricienne III. 292. doitêtr*.<br />

diftinguée de Rhodope Thracienne Courtifan»<br />

ne célèbre 293.<br />

'Royaume, eft aflez riche lorfque la concorde- &.<br />

la paix y régnent III. I6L»<br />

S,<br />

«3 Age, en quoi diffère de l'infenfé T. 139. n'eft<br />

pas toujours heureux 150. eft à l'épreuve de<br />

Fimpétuofité des parlions ibid. peut reffentir de<br />

la crainte & dé la douleur ibid-, fait tout pour<br />

• l'amour de lui-même 153. penfe moins à fepro«curer<br />

des biens qu'à fe préferver des maux<br />

ibid. dans l'occasion peut commettre un vol *<br />

un a<strong>du</strong>ltère, unfacrilége, &c. 155-. peut fans><br />

honte avoir commerce avec des proftituées ib~<br />

peut femêler <strong>du</strong> gouvernement 23ï.n'eft point<br />

exempt de parlions 308. fe fuffit à lui-même ,,<br />

pourquoi II. 8. ne fe fie nullement à la For tu-*<br />

ne73. peut être outragé par la haine, l'envie ou<br />

par le mépris des hommes 413. fçait feul obliger<br />

véritablement fes amis ibid. goûte une infi- 1<br />

nité de plaifirs III. 172. eft toujours content<br />

174. véritable fage par le peu 177. m fait jamais<br />

rien fans confeil 182. n'a pas honte defecorri*»gec<br />

d$ fe» de&UtS- igj, doit, aprendre à> «Wf


35« TABLE GENERALE<br />

nottre le coeur de.l'horhme 185. doit révérer<br />

trois chofes 188. doit fuir plufieurs fortes d'horrrmes<br />

190. cherche la caufe de fes défauts en foimême<br />

192. ne doit pas être farouche & intraitable<br />

ïbid.<br />

Sage, lesfcpt, fort maltraités par Damon de Cyréne<br />

dans fon hiftoire des Philofophes I. 2-4.<br />

fentimens fort partagés fur leurs maximes & fur<br />

leur nombre 25.<br />

Sageffe , ne doit point être defîrée relativement à<br />

elle-même, mais pourle&avantages qui en reviennent<br />

I. 150. n'eft point particuliéreà l'homme<br />

feul 198k. en quoi confifte félon Platon 215»<br />

en quoi la faifoit confifter Heraclite II. 26 t.<br />

SageJJe , eftun bien fi fofide, qu'elle ôte à celui qui:<br />

fa en partage toute difpofition à changer d'état<br />

& l'empêche de fortir de fon caraftére IL 4*3.<br />

ne s'en point vanter à tout propos, III.<br />

89.<br />

Sang, ferta nourrir l'ameIL223.<br />

SARA , fille de Pythagore III. 278»<br />

Schnee, feule eft un bien I. m. a des racines<br />

arriéres, mais porte des fruits doux.299.<br />

Secret, taire un fecret, chofe des-plus difficile I»<br />

46. ne divulguer jamais un fecret confié 69.<br />

SENEQUE , beaucoup de gens font peu de cas defa<br />

morale, pourquoi 111.2. fes grands biens doivent<br />

contribuer a faire fon éloge, pourquoi 3.<br />

Sens , ne font pas toujours de furs earans de.la:<br />

vérité de ce que nous penfons 1. 151. font<br />

trompeurs IL 328. ce qu'en dit Epicure 362.<br />

comment fe forment 375..<br />

Senfatian , comment définie par les Stoïciens IL<br />

1C7. fa réalité établit la certitude des fens 363..<br />

Senfualiti.UeRbeAu d'y réûfter fans fe otnteç<br />

' d«s plaiûrs 1.14p.


DES MATIERES, «7?<br />

"Sentiment, nous prouve que le plaifir doit être<br />

notre fin I. 148.<br />

Silence, eft absolument néceffaireau fagelll. 189.<br />

SIMMIAS , fa- patrie I. 176. a écrit vingt-trois<br />

Dialogues ibid.<br />

SIMON, fapatriel. 173. fut tanneur de profeffion<br />

ibid. recevoit quelquefois les vifites de<br />

Socrate ibid. mettoit en écrit tout ce qu'il fe<br />

fouvenoit de lui avoir oui dire ibid. fes Dialogues<br />

, comment nommés ibid. il fut le premier<br />

?[ui répandit les difcoursde Socrate iW.répone<br />

qu'il fait aux offres de Périclès 174.<br />

SIMON , Rhéteur I. 174.<br />

SIMON , Médecin contemporain de Séléucu* &<br />

de Nicanor I. 174,<br />

SIMON , Sculpteur I. 174.<br />

Société, ne peut être gouvernée fans loixll. 49,<br />

SOCRATE, fes parens, fa patrie, fon lieu natal<br />

L 10}. on croit qu'il aidait Euripide dans la<br />

compofition de fes pièces, divers paffagesà ce<br />

fujet ibid. il fut difciple d'Anaxaeore & deDamon<br />

104. il fréquenta Técole a'Archelaiïs le-<br />

Phyficien ibid. il fut tailleur de pierre, ouvrages<br />

qu'on lui attribue dans cette profeffion ibid.<br />

inve&ive de Timon à ce fujet ibid. il étoit fort<br />

habile dans la Rhéthorique ibid. eft blâmé par<br />

Ariftophane, pourquoi ibid. lui & fon difciplejEfchine<br />

enfeignent les premier*la Rhétorique<br />

ibid. il prêtoit à intérêt 105. il quitte, la Physique<br />

pour fe donner à la morale ibid. il fouffroit<br />

les mépris & la raillerie, exemple de: fa<br />

patience ibid. convertit -avec fes amis moins<br />

pour- combattre leurs opinions que pour démêler<br />

la vérité 106. jugement quiil porte fur un<br />

ouvrage d'Heraclite ibid. il étoit d'une bonne*<br />

C0AÛiuuioaifr


)J8 TABLE GENERALE<br />

ditions militaires, fon courage ibid. fes voya^-<br />

es 107. avoit des fenfimens fermes & répuflicains<br />

ibid. s'opofe à Cririas & fes collègues<br />

ibid. fa frugalité oc la pureté de fes mœurs ibid.<br />

Alcibiade lui veut donner un terrein pour y<br />

bâtir une maifon, réponfe dont Socrate accompagne<br />

fon refus ibid. fa penfée en voyant la multitude<br />

des chofes qui le vendoient à l'enchère<br />

108. vers qu'il recitoit fouvent ibid. fon défintéreflement<br />

fur les offres que lui firent Archelaiis<br />

de Macédoine, Scopas de Cranon, & Euriloque<br />

de Larifle ibid. fes deux femmes, fes<br />

enhnsibid. Hiftoire que l'on fait à ce fujet i^ii.<br />

fa force d'efpritle mettoit au-deffus de ceux qui'<br />

le blàmoient 109. fe contentoit de peu de nourriture<br />

ibid.<br />

SOCRATE , il eft loué par les auteurs comique»<br />

lors même qu'ils veulent le blâmer, fragment<br />

d'Ariftophanes & d'Amipfias à ce fujet ibid.preffé<br />

par la faim il ne peut fe réfoudre à devenir<br />

flatteur III. fçavoit s'accommoder aux circonftances/éii.<br />

poiTédoit au fuprême degré l'art<br />

de perfuader & de difluader ib. divers exemples<br />

à ce fujet iiii.jugement &comparai(on que fait<br />

de lui GJauconides 11 a. faifoit peu de cas- <strong>du</strong>:<br />

Barreau ibid. réponfe qu'il fit au fujet d'Antifrhène<br />

ibid. fait de i'efclave Phédon un grands<br />

Philofophe 113. jouoit de la Lyre & s éxerçoitàladanfe<br />

ibid. avoit un Génie qui lui an»<br />

nonçoit l'avenir ibid'. fon humilité ibid. ce'qu'il<br />

dit au fujet d'une pièce d'Euripide ibid\ cenfcroit<br />

les fculpteurs en pierre .pourquoi 114».<br />

oonfeils qu'il donnoit au jeunes gens ibid. fes.<br />

paroles fur la fobriété ibid. fon indifférence fur<br />

la mort n.f. réponfe qu'il fait à Apollodore-'<br />

Miuk. la. modération, «aver* un. homme qui- le:


DES MATIERES. M<br />

ehargeoit de malédiction ibid. cenfureAntîfthè-<br />

_»e ibid. fa confiance i fouffrir les injures de fa<br />

femme 116. fa réponfe à un qui lui confeilloit<br />

de la fraper ibid. la Pythoniffe loue fa con<strong>du</strong>ite<br />

& le juge le plus (âge de tous les hommes<br />

117. cet oracle excite la jaloufie contre lui ibid*<br />

fes accufateurs »£*rf. chefs d'accufation atteftés^<br />

par ferment contre lui 1 i8.Lypfias fait fon apologie<br />

ibid. ce qu'en penfe Socrate ibid. Platon,<br />

entreprend fa défenfe, on l'empêche de pourfuivre<br />

fon difcours ibid. il eft condamné à la pluralité<br />

des voix, fe taxe lui-même à une amende<br />

119. ce qu'il dit voyant les juges balancer ibid..<br />

il eft condamné à mort, i! boit de la ciguë ibid*<br />

fait un difeours avant fa mort ibid. a compofé<br />

un Hymne & une Faille ibid. eft regretté des-<br />

Athéniens 110.<br />

SOCRATI , vengeance qu'ils prennent de fes ennemis<br />

1.119. lui élèvent une {tatue d'airain ibid*.<br />

tems où il naquit 120. fon âge ibid. a traité des<br />

chofes naturelles ibid. fa fin tragique lui eft prédite<br />

par un Mage de Syrie ibid. fon Epitaphe.:<br />

par D. L. ibid. quels furent fes principaux fectateurs<br />

ibid.<br />

SOCRATE Hiftorien, donne la defcription <strong>du</strong>,<br />

pays d'ArgosL 121*<br />

SOCRATE , de Bithynie Philofophe Pértpatéti»<br />

cien L 12.2.<br />

SOCRATE , Epigrammatifte L i*a-»<br />

SOCRATE , Ecrivain de Cos a compofé un livrer<br />

des furnoms des Dieux 12a.<br />

SotON, fa patrie, fes parensJ. 19.. il abolit l'ufage<br />

d'engager fon corps & fon bien: à des ufu-»<br />

tiers ibid. belle aôion qu'il fait à ce fujet ibid'*.<br />

H fait écrire'fes loix fur des tablettes de bois.<br />

ik'id* artifice, dont, il fe, fext gour. engage* Je»


6V> T A B L E G E tf E R A t E<br />

Athéniens à" recouvrer Salamine 30. il y fuit<br />

ouvrir les tombeaux, pourquoi ibid. ajoute un<br />

vers à Homère, pourquoi 31. Eftime que le<br />

Peuple fait de lui ibid, il refufe le gouvernement<br />

& s'opofe à l'élévation de Pifmrate ibïd.<br />

difcours qu'il fait au peuple à ce fujet ïbii. on le<br />

traite d'in(en(éibid. vers élégiaques deSolon fur<br />

la Tyrannie ïbii. il dit adieu à fa Patrie, s'embarque<br />

pour l'Egypte & paffe en Chypre 3a. réponfes<br />

qu'il fait à Crojfus ibid. il bâtit une ville<br />

ibid. lettre qu'il écrit aux Athéniens 33. lettre<br />

qu'il reçoit de Pififtrate ibid. fes excellentes ordonnances<br />

35 , 36. il eft le premier qui défigne<br />

le trentième <strong>du</strong> mois par un nomrelatif au changement<br />

de la Lune 37. il ne fait point de loicontre<br />

les Parricides , fa réponfe à ce fujet 38.<br />

il confeille aux Athéniens de régler l'année félon<br />

le cours de la Lune ibid.<br />

SOLON ,.il fait interdire les Tragédies deThefpis'<br />

ibid. il cenftireMimnerme 39. on- lui érige une<br />

ftatue ibid. infcription qu'on y mit 40. temsauquel<br />

il fleurit ibid. fa mort, en quel tems & enquel<br />

lieu arrivée ibid. fes dernières volontés<br />

ibid. vers de Cratinus & Epigramme de Diogène<br />

Laërce à ce fujet ibid. Lettres qu'on lut<br />

attribue 41, 42, 43^.44.<br />

S'olécifiru, origine.de ce mot L 34. fa définition<br />

II. 11a.<br />

Sommeil,.eft. l'effet de la laffitude qu'éprouvent<br />

les parties de l'ame qui font difperfées dans le<br />

corps II. 383.<br />

Sophifme, quel en fut le premier mventeurlï. 301V<br />

SOSIPATRE, fa patrie III. 113. fut fça vante, riche<br />

& belle ibid. époufa Euftate Gouverneur de<br />

Cappadoce ibïd. fut aimée de Philométoraprès<br />

la:mortde ion mari ibid*<br />

&PEUSIP-PE,


DES MATIERES. 36*<br />

SPEUSIPPE , fes parens, fa patrie I. 246. fuccéda<br />

à Platon ibid. mit des marques de fa reconnoiffance<br />

envers ce Philofophe dans l'école qu'il<br />

avoit fondée ibid. étoit colère & voluptueux<br />

ibid. exemple de l'un & de l'autre ibid. EnfeignaLafthéniede<br />

Mantinée &AxiothéedePhlias<br />

247. reproche que lui fait Denys ibid. examina<br />

le premier ce que les Sciences ont de commun<br />

entr'elles ibid. trouva la manière de faire de<br />

petits tonneaux arrondis ibid. attaqué d'un accès<br />

deParalyfie,il remêtle foin de fon Ecole<br />

à Xénocrate ibid. Diogène lui reproche d'aimer<br />

la vie ibid. il fe donne la mort 248. Epigrammede<br />

D. L. à ce fujet ibid. Plutarque raporte<br />

la mort de ce Philofophe d'une autre manière<br />

ibid. il étoit d'une compléxion délicate ibid.<br />

Catalogue de fes ouvrages ibid. Simonide lui a<br />

adreffé fes Hiftoires des faits de Bion 249.<br />

Ariftote achète fes œuvres ibid.<br />

SPEUSIPPE d'Alexandrie , Médecin I. 149.<br />

SPHOERUS,fa patrie II. 189.fut difciplede Cléanthe<br />

ibid. fe rend à Alexandrie ibid. réponfe<br />

qu'il faij: à Mnéfiftrate ibid. fes ouvrages<br />

ibid.<br />

STILPON, fa patrie I. 167. fut dîfciple de quelquêsPhilofophesSeérateurs<br />

d'Euclide ibid. étoit<br />

très-inventif & fort éloquent ibid. témoignage<br />

qu'en rend Philippe de Mégare ibid. étoit naturellement<br />

honnête & obligeant ibid. entretenoit<br />

une concubine ibid. on l'avertit de la mauvaife<br />

con<strong>du</strong>ite de fa fille 168. ce qu'il répond<br />

ibid. fut eftimé de Ptolomée Soter ibid. il s*excufe<br />

de faire le voyage d'Egypte avec ce Roi<br />

ibid. autre preuve d'eftime que lui donne Démétriusfilsd'Antigonei^irf.<br />

comment il y répond<br />

ibid. il eft banni par l'Aréopage 169. rail-<br />

TomelII, H h


36» TABLE GENERALE<br />

lerîe de Théodore furnommé Théos, à ce fujet<br />

iiid. fon caraâére ibid. réponfe qu'il fait à un<br />

homme qui lui demandoh fi les prières étoient<br />

agréables aux Dieux ibid. il reçoit une figue<br />

de Cratès 170. ce qu'il lui dit après l'avoir<br />

mangée ibid.aMtre raillerie qu'il dit à ce Cynique<br />

ibid. réponfe de Cratès ibid. gagne l'affection<br />

des Athéniens ibid. réponfe qu il fait à ce<br />

fujet ibid. étoit fubtil dans la difpute ibid. a<br />

laiffé neuf dialogues 171. il fut maître de Zenon<br />

ibid. fa mort ibid. fon Epitaphe par D. L.<br />

ibid. il a été cenfuré par Sophile Poëte comique<br />

ibid.<br />

Stoïciens y divifent la Philofophie en trois parties<br />

IL 100. la comparent à un animal ibid. affignent<br />

trois parties à la Rhétorique 102. manière dont<br />

ils partagent un difcours oratoire ibid. admettent<br />

deux fortes d'imagination 104. foutiennent<br />

que le fage ne fçauroit faire un bon ufage de fa<br />

raifon fans le fecours de la Dialectique 105.<br />

Stoïciens, diflinguent les impref&ons de l'imagination<br />

en fenfibles & infenfîbles,en raifonnabïes&<br />

nonraifonnabies107.ce qu'ils enten^entparpropofition<br />

116. comment ils définiffent le raifonnement<br />

121. diflinguent plufieurs fortes de vertus<br />

13a. ce qu'ils entendent en général par le<br />

bien 13 3. tiennent que tous les biens font égaux<br />

137. divifent l'ame en huit parties 143. comment<br />

ils divifent & définiffent les parlions 144.<br />

prétendent que le fage efl fans panions 147.<br />

comment ils le définiffent 150. n'admettent<br />

point de milieu entre le vice & la vertu 153.<br />

croient que le fage doit avoir communauté de<br />

femmes 15 6. divifent le Syrtême de la Phyiîque<br />

en plufieurs parties 1Ç7. étabirflent deux principes<br />

de l'Univers 158. prennent le mot de mon-


DES MATIERES. 363<br />

de en trois fens 160. ce qu'ils penfent <strong>du</strong> mouvement<br />

des aftres 164. comment ils définiflent<br />

Dieu i66.diverfes aplications qu'ils font <strong>du</strong> mot<br />

de nature 167. difent que la fubftance de tous<br />

les êtres eft la matière première 168. croyent<br />

qu'il y a des Démons 169. leurs fentimens fur<br />

les effets qui arrivent dans l'air ibid. comment<br />

ils conçoivent l'arrangement <strong>du</strong> monde<br />

171.<br />

STRATON, fa patrie, fon perel. 315. hérita de<br />

l'Ecole de Théophrafte ibid. fat fort éloquent<br />

ibid. s'apliqua plus à la Phyfique qu'aux autres<br />

fciences ibid. enfeigna Ptolomée Philadelphe<br />

ibid. fes livres ibid. fa mort 326. Vers deD. L.<br />

à ce fujet ibid. fon Teftament ibid.<br />

STRATON, difcipled'Ifocrate I. 326.<br />

STRATON, Médecin I. 316.<br />

STRATON, Hiftorianl. 326.<br />

STRATON , Epigrammatifte 1.326.<br />

STRATON, Ancien MédecinI. 326.<br />

STRATON, PhilofophePéripatéticien I. 326.<br />

Sup'trjlition, ne peut avoir d'empire fur l'efprit<br />

<strong>du</strong> fage I. 151.<br />

JL Entérite, eft périlleufe I.69,<br />

Tems, fentence de Thaïes a ce fûjet I. 11. bien<br />

employer fon tems, chofe des plus difficiles<br />

• 46. il inftruit les hpmmes 63. dilupele mouvement<br />

de l'âme 149. l'homme n'a rien de plus<br />

précieux 314.<br />

Terre, eft ronde, fyftême dû à Parménide II. 283.<br />

fentiment de Leucippe fur fa formation 288. ce<br />

; qu'en penfoît Diogene Apolloniate 304.<br />

THALèS, Philofophe, ientimentd'Héiodote.Du-<br />

Hh a


3«4 TABLE GENERALE<br />

ris & Démocrite fur fes parensl. 13.fa noblefle<br />

très-aocienne ibid. il eft le premier qui porta le<br />

nom defage ibid. il floriffbit fous Damafias Archonte<br />

d'Athènes ibid. il fuit Nilée ib. obtient le<br />

droit de bourgeoifieà Milet ibid. on conjecture<br />

u'ily naquit ibid.il s'aplique à la contemplation<br />

3<br />

e la nature ibid.il n'a iaiffé aucun ouvrage ibid.<br />

il fait connoître la petite Ourfe 14. il pafle pour<br />

«voir frayé la route de l'Aftroloeie ibid. il eft le<br />

premier qui prédit les Eclypfes <strong>du</strong> foleil & qui<br />

marque le tems où eft cet aftre dans les Tropiques<br />

ibid. il eft le premier qui enfeigne l'im-*<br />

mortalité de l'ame ibid. il intro<strong>du</strong>it l'étude de la<br />

Nature ibid. il attribue une ame aux chofes inanimées,<br />

pourquoi 15 .il étudie laGéométrie chez<br />

les Egyptiens ibid. eft le premier qui trouve le<br />

Triangle rectangle dans un demi-cercle ibid. il<br />

fait un facrifice à cette occafion, fes grandes<br />

découvertes fur l'ufage <strong>du</strong> Triangle Scalene<br />

& de la fcience des lignes ibid. fes bons confeils<br />

utiles à fa patrie ibid. il empêche les Miléfiens<br />

de faire alliance avec Créfus ibid.<br />

THALèS , réponfe qu'il fait à fa mère qui le<br />

preflbit de le marier 16. ce qu'il fait pour s'enrichir<br />

ibid. il admet l'eau pour principe de toutes<br />

chofes ibid.il divife & fuodi vile l'annéei£i


DES MATIERES. 36"?<br />

âge ibid. circonftance de fa mort 24. Infcriptioa<br />

de fon tombeau ibid. vers de D. L. ibid.<br />

THEANO, fon père III. 267. pafle pour la phis<br />

célèbre des femmes Pythagoriciennes ibid. fa<br />

. patrie ibid. eut deux fils de Pythagore 268. eft<br />

interrogée quand on peut fupofer qu'une fem-*<br />

. me n'a point de commerce avec les hommes<br />

469. réponfe qu'elle fait ibid. autre réponfe<br />

«u'elle fit 270. a beaucoup écrit 271. extrait'de<br />

Plutarque dans fes Préceptes <strong>du</strong> Mariage, à la<br />

louange de cette femme 272.<br />

THEMISTOCLEE , fceur de Pythagore III. 26$.'<br />

pafle pour lui aVoir fourni fes principes ibid.<br />

THEMISTO, fa patrie III.256. fut femme de Léon-,<br />

tée ibid. fut fort liée d'amitié avec Epicure ibid.<br />

paflage d'une lettre que ce Philofophe lui écrivit<br />

ibid. eft apellée la feule femme Philofophe<br />

parLaâance 257.<br />

THEODORA , paflage de la Bibliothèque de Photius<br />

qui fait mention d'elle III. 254. s'apliqua à<br />

la Grammaire 2 5 5.<br />

THéOPHILE, Epigramme de Martial à fa louange<br />

III. 259.<br />

THEOPHRASTE , fa patrie, fes parens I, 312. fit<br />

fes premières études fous Leucippe ibid. eftdifciple<br />

de Platon, & pafle à l'Ecole d'Ariftote<br />

ibid. eut un efclave qui fut Philofophe ibid*<br />

fut très* agréable aux Athéniens ibid. eut plus<br />

de deux mille difciples ibid. fon premier nom<br />

313. pourquoi eft apellée Théophrafte ibid. (3.<br />

mort, fon âge 314. Vers de D. L.à ce fujet<br />

ibid. fes dernières paroles ibid. fes ouvrages315.<br />

fon Teftament 320.<br />

TIMON , fon père, fa patrie-II. 3 37. va à Mégare<br />

auprès de Srilpon ibid. revient dans fa patrie,<br />

H>id, s'y marie ibid. jfe rend avec fa femme h<br />

Hh3


j66 TABLE GENERALE<br />

Elis chez Pirrhon ibid. inftruit dans la Médecine<br />

l'aîné de Ces fils ibid. fut illuftre par fon éloquence<br />

ibid. fe retire dans l'Hellefpont & dans<br />

la Propontide ibid. enfeigne la Philofophie à<br />

Chalcédoine ibid. part de là pour Athènes ibid.<br />

fut connu & eftimé <strong>du</strong> Roi Antigone & de Ptolomée<br />

Philadelphe ibid. compofa des Poèmes<br />

338. fa mort ibid. fon âge ibid. étoit différent<br />

dé Timon Mifantrope 3 39. aimoit les jardins<br />

& la folitnde ibid. avoit l'efprit fubtil & piquant<br />

ibid. n'avoit aucun tems marqué pour fes repas<br />

340. prendit ordinairement le ton railleur ibid.<br />

n'eut point de fucceffeur itid, fes difciples<br />

341.<br />

TIMYCHA, LacédémoniennellI. 178. fut femme<br />

de Myllias de Crotone ibid. extrait de Jamblique<br />

dans la vie de Pythagore , où il eft<br />

fait mention de cette femme 279. paffage de<br />

S. Ambroife fur le même fujet 280.<br />

Tonnerre, comment expliqué par Epicure II.<br />

403* pourquoi eft prétédé par l'éclair404.<br />

Travail, vient à bout de tout I. 70.<br />

Trépied, Hiftoire <strong>du</strong> Trépied de Delphes I. 17.<br />

Triangle, reâangle trouvé par Thaïes I. 15.<br />

Tyran, vieux Tyran , chofe difficile à trouver I.<br />

az. Favoris des Tyrans reffemblent aux jettons<br />

37.<br />

tyrannie, il eft également dangereux d'y renoncer<br />

volontairement & d'être contraint à la<br />

quitter 1.69.<br />

V,<br />

V.<br />

£wi*t,Prince Chinois dont parleCernçu dans<br />

fon commentaire <strong>du</strong> premier, livre de Confucius<br />

III, i»o. étoit d'une charité «xtràordinai-


DES MAT 1ER ES. 367<br />

re 121.avertiffemensqu'il donne enmourant à<br />

fon fils 123.<br />

Vertu, fond inépuifabl e de rie heffes I. 19. fa rè«<br />

commandation eft le fujet <strong>du</strong>.Poëme d'Homére<br />

97. quelle doit être la principale vertu des<br />

jeunes gens 112. ne doit point être jugée par<br />

les avis <strong>du</strong> peuple 119. il y a des vertus communes<br />

aux fages & aux extravagans 150. ne<br />

fuffit pas pour rendre heureux 307. peut s'enfeigner<br />

IL 7. eft une arme qui ne peut être<br />

- ravie 8. en quoi confifte félon les Stoïciens<br />

129. eft un ornement qui embellit toute la<br />

perfonne de celui qui la. pofféde III. 26. attributs<br />

divers que lui donne Confucius ièii. a fes<br />

. douceurs au milieu des <strong>du</strong>retés qui l'environnent<br />

172. rend l'ame dû fage tranquille 174.<br />

le chemin qui y con<strong>du</strong>it eft long 180. celui<br />

qui s'y aplique a trois ennemis à combattre.<br />

188.<br />

Vertueux, homme vertueux n'eft jamais pauvre<br />

I. 19. il eft difficile de l'être 52. gens vertueux<br />

font en même-tems nobles II. 7. font<br />

les images des Dieux 3 5. on ne le devient pas<br />

fans qu il en coûte 70. la mort ne fait, aucune<br />

peine à l'homme vertueux 175.<br />

Vérité, eft la chofela plus agréable qu'on puifl*e<br />

entendre I. 210. fa xonnoifîance eft réferyé*<br />

aux Dieux II. 318.<br />

Vice, fuffit pour rendre malheureuxI. 308. les<br />

Stoïciens le diftinguent e» primitif & fubordonnéll.<br />

133.<br />

Vie, fentence de Thaïes à ce fujet I. 21. Terme<br />

de la vie fixé par Sôlon 3 5. comment elle doit<br />

être eftimée 60. Vie heureufe confifte' dans<br />

l'aflemblage de tous les plaifirs particuliers 148.<br />

Vie tout-à-fait heureufe n'eu pas pofllble,ponr-<br />

Hh 4


3«8 TABLE GENERALE<br />

quoi 15». eft nn bien pour l'infenfé , non pont<br />

lefege 15J.<br />

Vieillejfi, doit être refpeâée 1.46". eft le port oit<br />

abordent tous les maux 277. ne doit être reprochée<br />

à perfonne comme un défaut 179. doit être<br />

honorée, pourquoi IL 219. il eft ridicule d'a-<br />

- prendre à celui qui en aproche qu'il doit mourir<br />

avec fermeté 421.<br />

Vigne, porte trois fortes de fruits I. 73.<br />

Voix, eft nn effet de la répercuffion de l'air L<br />

102. comment définie par les Stoïciens IL 110.<br />

Volupté, 'doit être réfrénée L 64. eft paflagére 69.<br />

établie pour dernière fin, & définie par Ariftippe<br />

un mouvement agréable que l'ame communique<br />

aux fens 146. eft de deux fortes IL<br />

438. on ne doit point fe laiffer fé<strong>du</strong>ire par fes<br />

charmes III. 92.<br />

Violence, ne doit être employée en quoi que ce<br />

f oit L 64.<br />

X.<br />

X ÉNOPHON, fon père, fa patrie L 113. é toit<br />

modefte & fort bel homme ibid. rencontre Socrate<br />

ibid. comment il devient Ton difciple ibid.<br />

' écrivit le premier l'hiftoire des Philofophesiii/.<br />

XiuoPHON, fon amitié pour Clinias ibid. fes paroles<br />

à ce fujet ibid» il gagne l'amitié de Cyrus<br />

ibid. comment il s'y prit 124. tromperie qu'il<br />

fait à Socrate ibid. fa haine contre Ménon<br />

ibid. reproches qu'il lui fait ibid: il blâme Apollonide,<br />

pourquoi ibid. Il fe retire enAfie au-<br />

>rès d'Agéûïas 12,6.fe dévoue à fon fer vice ibid.<br />

Î<br />

es Athéniens le condamnent à l'éxil ibid. il va<br />

àEphèfe/iirf. y met une partie de fon argent<br />

en dépôt iHd. confeat qu'il foit employé à faire


DES MATIERES. 36*$<br />

une ftatuë de Diane en cas qu'il ne revienne<br />

jamais dans le pays ibid. il retourne en Grèce<br />

à l'occafién de la guerre ibid. il fe fépare d'Agéfilas<br />

& vient dans la campagne d'Êlée ibid.<br />

fa femme, fes enfans ibid. il retire fon argent<br />

des mains de fon dépofitaire ibid. il en achète<br />

une portion de terre, & la confacre à la<br />

Déefle ibid. fes occupations dans cet endroit<br />

126. les Eliens attaquent Scillunte & ravagent<br />

le pays de Xenophon ibid. fes enfans fe fauventaLéprée<br />

ibid. il s'y rend lui-même ibid. *<br />

il part avec fa famille pour Corinthe ibid. fon<br />

fils Gryllus fe fait diftinguer par fa valeur, &<br />

perd lavie à la bataille de Mantinée ibid. fentimens<br />

de Xenophon en aprenant cette nouvelle<br />

128. fa mort ibid. fon éloge 128. catalogue de<br />

fe* ouvrages ibid.ù probité à l'égard deThucydide<br />

129. furnom qu'on lui donna ibid. Vers<br />

de D. L. à fa louange ibid. temi auquel il floriffoit<br />

ibid.<br />

XENOPHON, Auteur <strong>du</strong> Poëme de ThéféîsL iaj. 1<br />

XENOPHON de Cos, Médecin I. 129.<br />

XENOPHON, Hiftoriend'Hannibal I. 130.<br />

XENOPHON , Auteur qui a traité des prodiges I.<br />

130.<br />

XENOPHON de Paros, ftatuairel. 130.,<br />

XENOPHON, Poëte de l'ancienne Comédie 1.130.'<br />

XENOPHANE , fon père, fa patrie II. 276. fe retire<br />

en Sicile ibid. fut contemporain d'Anaximandre<br />

ibid. compofa des Poëfies ibid. combattit les<br />

femimens de Thaïes, de Pythagore & d'Epiménides<br />

ibid. mourut fort âgé ibid. fesfentimens<br />

ibid. réponfe qu'il fait à Empédqtcle 277. tems<br />

auquel il fleuriflbit ibid. enterra fes fils de fa<br />

propre main ibid.<br />

XENOPHANE de Lesbos, Poète II. 278.


17° TABLE GENERAL!<br />

XENOCRATE, foh père, fa patrie I. 250. fuiyit<br />

• Platon en Sicile ibid. avoit la conception lente<br />

ibid. avoit l'air févére ôc retenu ibid. bon mot<br />

de Platon à ce fujet ibid. vécut la plupart <strong>du</strong><br />

tems dans l'Académie ibid. les débauchés s'écartoient<br />

de Ton chemin pour le briffer pafler<br />

ibid. il eft inutilement tente parPhrynée fameufecourtifanne<br />

ibid.aatte éxempledefa continent<br />

ce ibid. avoit la réputation d'être d'une grande<br />

bonne-foi 251. fe contentoit de ce qui eft néceffaire'<br />

aux befoins de la Nature ibid, exemple<br />

de fon déûntéreffement ibid. eft envoyé en<br />

ambaffade auprès de Philippe ibid. eft infenfible<br />

aux faveurs de ce Prince ibid. de retour à<br />

Athènes eft accufé par fes collègues 252. il<br />

. fejuftifie ibid. témoignage que Philippe rend<br />

. de lui ibid. fa réponfe à Antipater qui l'invitoit<br />

chez lui ibid. il fauve la vie à un moineau<br />

. ibid. ce qu'il dit.àBion qui i'avoit offenfé de<br />

- paroles ibid. il étoit exempt de gloire 253. méditait<br />

plufieurs fois le jour, & donnoit tons les<br />

jours une heure.au filence ibid. catalogue de<br />

fes ouvrages ibid. eft ven<strong>du</strong> par les Athéniens<br />

a^.Démétrius dePhalére l'achète & lui rend faliberté<br />

ibid. fon âge 25 5. fa mort ibid, fon Epitaphe<br />

par t>. L. ibid. ,<br />

XENOCRATE l'ancien, a écrit de l'art militaire'<br />

.1. 259.<br />

XENOCRATE Philofophe, a fait des ElégiesL 259.<br />

XENOCRATE, Statuaire I. 25$.<br />

XENOCRATE Poète, a écrit des Odesl. 259.<br />

I Ao, Prince Chinois, parvint à l'Empire 2357<br />

ans avant J. C. III. iao. régna cent ans Md.pvt-


DES MATIERES. 371<br />

trait de ce Prince ibid. paroles admirables qu'il<br />

proféroitfouvent 130. choifit-Xiuj pour fonfuccefleursu<br />

préjudice de fonpropre fils ibid. rép<br />

onfe qu'il fit à cette occafion ibid. vifitoit de<br />

temsen tems les provinces de Ton empire 160.<br />

acclamations de fes peuples ibid. réponfe qu'il<br />

y fait ibid.<br />

Yu, Miniftrede l'Empereur Zun III. 162. rendit<br />

fa mémoire immortelle parmi les Chinois<br />

ibid. vécut toujours en Philofophe 163. comptoit<br />

des Empereurs parmi fes ayeux ibid. fut<br />

atfbcié à l'empire ibid. fe dérobe aux yeux de<br />

la Cour, pourquoi ibid. fut élevé malgré lui fur<br />

le trône ibid. exemple de fon extraordinaire affabilité<br />

ibid. régna dix ans ibid. mourut à l'âge<br />

de cent ans 164.<br />

z.<br />

JLt ÉNON, fon père, fa patrie II. 74. fon portrait<br />

ibid. eut Cratès pour maître , prit des le»<br />

çons de Stilpon, & fut dix ans auditeur de Xénocrate<br />

75. il confulte l'Oracle pour fçavoir<br />

. quel étoit le meilleur genre de vie qu'il pourroit<br />

embrafler, réponfe qu'il en reçoit ibid.<br />

avanture qui lui fait quitter Cratès 76. choifit<br />

ie Pascile pour y tenir fes difcours 77. ,<br />

ZENON, reçoit une couronne d'or des Athé-<br />

. niens qui lui dreflent une ftatue 78. Antigone<br />

le vient écouter ibid. Lettre qu'il reçut<br />

de ce Prince ibid. réponfe à cette lettre<br />

79. Zenon lui envoyé Perfée & Philonide<br />

. Thébain 80. Décret que les Athéniens rendent<br />

à fon honneur ibid. fa nourriture 8a. fai-<br />

- foit peu d'attention aux filles ibid. évitoit d'af-<br />

: Sembler beaucoup de monde autour de lui 8j.


)7* TABLE GENERALE<br />

aportoit beaucoup de foin à fes recherches 84;<br />

avoit l'air truie & chagrin 85. reprenoit les<br />

gens d'une manière concife & modérée ibid. fes<br />

paroles en punuTant un efclave pour caufe de<br />

• vol. 89. ce qu'il dit à Cratès qui le tiroit par<br />

fon habit pour l'empêcher de fuivre Stilpon 90.<br />

pour dompter fon amour-propre couroit aux in*»<br />

truâions de Polémon 91. il paye deux cens<br />

drachmes pour unSillogifme ibid. tft le premier<br />

qui employa le mot de devoir ibid. change deux<br />

vers d Héfiode ibid. fa manière de vivre 92.<br />

traits envenimés des Poètes Comiques tournent<br />

à fa louange ibid. fon grand âge 93. préfida cinuante-huit<br />

ans à fon Ecole ibid. fa mort ibid.<br />

Î<br />

ipigramme d'Antipater à fa louange ibid. Vers<br />

de Zenodote & d'Athénée fur le même fujet


DES MATIERES. 375<br />

de D. L. à ce fujet 285.'avoit l'ame élevée ibid.<br />

eft le premier qui dans la difpute fe foit fervi<br />

de l'argument connu fous le nom A'Achille ibid.<br />

penfoit qu'il y avoit plufieurs mondes ibid.<br />

froyoit l'hoonme engendré de la terre ibid. ce<br />

qu'il penfoit de l'ame ibid. tems auquel il floriffoit<br />

2S6.<br />

F I N.<br />

^^g^i«


A FIS ALT RELIEUR.<br />

Le ReHeur aura foin de placer les Portraits fui-<br />

•ant cette Table , de forte que chaque Portrait<br />

foit toujours vis-à-vis de la page où<br />

commence la Vie <strong>du</strong> Philofophe, afin que d'un<br />

feul coup d'oeil on puiffe voir le Portrait & le<br />

commencement.<br />

T O M E P R E M I E R .<br />

Le Portrait de Thalis à la Page 13<br />

_ Solon. «9<br />

, Pittacus. 5°<br />

, Anacharfis. 7 a<br />

Phiricydes, 84<br />

i Socrate. 103<br />

— Xenophon, 113<br />

. . Mfchint. . 13 l<br />

• Ariftippe. 134<br />

• Euclides. 161<br />

Platon. 189<br />

——'— Xenocrates. . ^5°<br />

— Carntadcs. 286<br />

• " Ariftotc. *9<br />

— Théophrafte. 31a<br />

T O M E S E C O N D .<br />

Le Portrait d'AnùJlhène, à la Page 1<br />

» Diogcne. - M<br />

— Moniwc, 56<br />

- Zenon. 74<br />

1 Chryfippts. 191<br />

'. Pythagorc. aoj


u4FJ S A U RELIEUR.<br />

— Empcdocle. a 38<br />

— Archytas. a 54<br />

— Heraclite. â6y<br />

~ Démocrite. 490<br />

— Epicure. 342<br />

** Pojidonius. 44»<br />

TOME TROISIÈME»<br />

— Confucius. 103<br />

SER1CHT an den BUCHB1NDER.<br />

Der Euchbinder wir forge tragen dit Portraits<br />

nach vorflehender Table einçufetçen, damit jedes<br />

Portraits gegen der Pagina Zuftehenkommt wo die<br />

Lelens befchreibungdes Philofophen anfangt,damit<br />

rnàn den Anfang derfelben unddas Portait çugleich<br />

fehen kan. Noch wird derfelbe erinner die darinnen<br />

kommende verbejjirte Blatter, rrierlich an geborigen,<br />

ert undftelle ^ufet^en.<br />

AAN DEN BOEKB1NDER.<br />

DeBœkbindermœtzorge dragen de Portretten<br />

te plaatfen volgens de voorftaande Tafel, alzo<br />

dat yder Portret altoosjçome tegen over de<br />

Pagina daar het Leven *an den Philofooph begon»<br />

jien word , op dat men met den eerften opflag het<br />

Portret zien en de Befchryving kan beginnen te<br />

leezen : 00k moet hy, de daarin verbeeterde Bladen<br />

netjes ter behoorlyker plaats tragten in te<br />

paffen. . , , , - . •


T A B L E<br />

Des noms des Philofophes contenus dans ce<br />

Ttoifiéme Volume.<br />

XJ Iogène Laërce. Page i<br />

Epiâete. a8<br />

Confucius. 103<br />

FEMMES PHILOSOPHES.<br />

CHAPITRE I. des Femmes qu'on ne range fous<br />

aucune Seûe. 198<br />

m II. Des Platoniciennes. 234<br />

•• III. Des Académiciennes. 243<br />

-—-— IV. Des Dialeâiciennes. 146<br />

• V. Des Cyrenaïques. 147<br />

•— VI. Des Mégariennes. 249<br />

' VII. Des Cyniques. 151<br />

•—— VIII. Des Péripatéticiennes. 153<br />

• IX. Des Epicuriennes. 256<br />

* X. Des Stoïciennes. 260<br />

"»» • " XI. Des Pythagoriciennes. 264<br />

} FIN.<br />

adam renne

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