diogene laerce. - Notes du mont Royal
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<strong>Notes</strong> <strong>du</strong> <strong>mont</strong> <strong>Royal</strong><br />
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<strong>Royal</strong> » dans le cadre d’un exposé<br />
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LE:s VIES<br />
DES PLUS ILLUSTRES<br />
PHILOSOPHES<br />
DE L'ANTIQUITÉ.<br />
TOME TROISIEME.<br />
arfam renne
X E S' VIES<br />
DES PLUS ILLUSTRES<br />
PHILOSOPHES<br />
DE L'ANTIQUITÉ,<br />
Avec leurs Dogmes, leurs Syftêmes, leur -Morale;<br />
& leurs Semences les plus. remarguables j<br />
TMDVITESDUGRECDEDIOGÈNELAERCEi<br />
Anjrquelles on a ajouté la Vie de I'AUTBUR : celles<br />
«TEPICTETE , de CONFUCIUS , & leur Morale ; &<br />
un Abrégé hiftoriqne de la Vie des Femmes Philoiophes<br />
de 1Antiquité :<br />
XOUFELLE EDITION, JSVEC P^TRjtm.<br />
T O M £ TBOiSiÉ M El<br />
A AMSTERDAM,<br />
'CHEZ /. H. S C H N E 1 D £ R, Libraire;<br />
M. D C C. L X I,
*&<br />
LA V ï E<br />
DE<br />
DIOGENE LAERCE.<br />
'EST une queftion, s'il eft avantageux<br />
pour le crédit d'un ouvrage &<br />
:»j?ht*
a DIOGENE LAERCE,'<br />
par exemple, beaucoup de gens font peu de cas<br />
de la morale de Sénéque, parce qu'ils trouvent<br />
ce qu'il dit furia pauvreté, très-mal placé dans<br />
la bouche d'un homme qui étoit fort riche ; qui<br />
jouiflbit de tous les agrémens & de toutes les<br />
commodités de là vie. Peut-être trouveroit-on<br />
fes ouvrages généralement fi excellens, fi on ne<br />
fçavoit pas qu'il a poffédé de grands biens : car<br />
enfin, ceux dans l'efprit defquels fa fortune lui<br />
fait tort, ont-ils bien raifon de penfer ainfi ?<br />
Je ne le crois pas, à moins qu'ils ne faffent voir<br />
que fes biens étoient mal acquis, ou qu'il menoit<br />
une vie débauchée. Déjà,en comparaifon de cette<br />
multitude d'excellentes leçons en tout genre<br />
que renferment les Ouvrages de Sénéque , on<br />
peut dire qu'il y a peu de chofe fur le chapitre<br />
de la pauvreté ; & il n'en dit que ce que tout le<br />
monde en doit dire, qui eft qn'on peut vivre<br />
heureux*, en fe renfermant étroitement dans les<br />
befoins de la Nature, aufii-bien qu'au fein de<br />
l'opulence. Il me femble même que j'aime mieux<br />
J'entendre dire par un homme riche, que par<br />
celui qui ne l'eft pas : <strong>du</strong> moins, lorfque j'en—<br />
tens dire au premier que c'eft un bonheur plus<br />
grand que celui de l'opulence, de fe mettre l'efprit<br />
dans une fituation telle que, par le retranchement<br />
des defirs inutiles , on fe trouve n'avoir<br />
pas befoin de richefles , & que je vois en même—<br />
tetns, que ce même homme pouvoit jouir de
DIOGENE LAERCE.<br />
tous les plaifirs de la vie, j'en tire une conclu-»<br />
fion bien forte, que les fentimens qu'ils pro<strong>du</strong>ifent,<br />
ne font pas les fentimens primitifs, d'où<br />
naît le contentement de l'efprit. D'ailleurs, on<br />
fçait que Sénéque n'a point vécu en Courtifan ;<br />
s'il avoit voulu flatter les vices de Néron, il y<br />
a toute aparence qu'il auroit pu fauver fa vie-<br />
Ce mauvais Prince ne fe feroit pas privé <strong>du</strong> plai-<br />
Cr de laiffer vivre un Sage, qu'il auroit réuffi à<br />
corrompre, & dont la flatterie auroit formé <strong>du</strong><br />
moins pour ce fiécle une efpéce d'apologie de<br />
fa vie licencieufe. Il l'a fait mourir, c'eft donc<br />
une preuve affez convainquante qu'il trouva dans<br />
ce Philofophe un efprit qui ne plioit point, & que<br />
la fortune même dont il jouiffoit ne put ébranler.'<br />
Je crois donc que les grands biens de Sénéque ,<br />
doivent contribuer à faire fon éloge & à foutenir<br />
merveilleufement les excellentes maximes qu'il<br />
nous a laiffées par écrit, fur-tout fi l'on confidére<br />
cette foule de gens que les biens de la Fortune<br />
aveuglent, & qu'ils privent <strong>du</strong> goât des<br />
Uictres |& <strong>du</strong> fentiment. Ceux qui feront ces<br />
réflexions tronveront la morale de Sénéque trèsbonne<br />
, malgré fa fortune, de même qu'ils goûtent<br />
les réflexions de Marc Antonin, quoique<br />
ce Prince paflàt de beaucoup Sénéque en richeffes<br />
& en puiffance, de, même qu'ils aprouvent<br />
les belles maximes de Télémaque, fur la tempé-<br />
Ai
4 DIOGENE LAERCE.<br />
sarice & la médiocrité, quoique l'Auteur qui les<br />
lui fait dire , vécût dans l'opulence.<br />
On voit donc que c'eft réellement une queftion,"<br />
s'il eft utile ou non, de connoître les Auteurs dont<br />
on lit les ouvrages ; mais comme d'en parler plus<br />
long - tems feroit nous écarter de notre but,<br />
laiflons-la décidera d'autres, & venons à Diogène<br />
Laërce.<br />
Cet Auteur eft <strong>du</strong> nombre de ceux dont on ne<br />
fçait pas bien l'hiftoire, & nous pourrions facilement<br />
remplir d'une infinité de critiques ce morceau<br />
que nous avons dtflein d'abréger , fi nous<br />
voulions ramafler tout ce que les fçavans ont dit<br />
fur ce fujet ; ceux-ci fuivent une opinion, ceuxlà<br />
en adoptent une autre. Pour moi, je penfe<br />
que cette méthode n'eft pas la meilleure pour<br />
débrouiller un fujet. On peut tomber, en fait<br />
de littérature , dans le défaut qu'on reproche<br />
juftement à d'autres, c'eft-à-dire, en ne fe bornant<br />
pas à ce qui eft clair, & en s'étendant<br />
trop fur des matières incertaines.<br />
. §-I.<br />
Auteurs qui ont parlé de Diogène Laërce.<br />
Peu d'anciens Auteurs ont parlé de Diogène<br />
Laërce, & cela doit paroître furprenant : celui<br />
qui a tant parlé des autres, méritoit bien qu'on
DtOGENE LAERCE. ç<br />
dît quelque chofe de lui, & qu'on témoignât lui<br />
fçavoir gré de Ton travail, & de la modèftie<br />
avec laquelle il traite ceux dont il nous a donné<br />
les vies , ne prévenant point fes Leâeurspour<br />
ou contre aucun d'eus, & ne s'étendant guère*<br />
que fur ce qui eft à leur avantàge,lorfqu'ilsavoient<br />
des qualités eftimables, fans cependant taire leurs<br />
défauts. Ce filence injurieux ne doit pourtant<br />
être attribué, ni à Diogène lui-même , ni à ceux<br />
qui auroient pu nous inftruire des circonftances<br />
de fa vie, & nous donner fon caractère. De<br />
ce qu'on ne dit rien d'un Auteur, il ne s'enfuit<br />
pas qu'il n'y ait rien à en dire, ou qu'on n'eftime<br />
pas fon Ouvrage. Il peut y avoir eu d'autres<br />
Ouvrages pareils, plus éten<strong>du</strong>s, & dont la perte<br />
a ren<strong>du</strong> le fienplus précieux pour nous, & d'an<br />
plus grand ufage ; qu'il ne le fut dans fon fiécle.<br />
D'ailleurs, une des imperfections des hommes<br />
étant de ne pouvoir embraffer plufieurs objets à<br />
la fois, il arrive que tantôt une fcience eft négligée<br />
dans un fiécle, & tantôt une autre. La<br />
Poëfie, l'Hiftoire, la Phyfique , les Sciences de<br />
méditation ont, pour ainû dire , chacune leur<br />
régne , & quand l'une fe trouve dominante elle<br />
obfcurcit l'autre , & fait négliger les Auteurs<br />
qui l'ont cultivée. Nous voyons cela de nos<br />
jours : il y a déjà long-tems, par exemple, qu'il<br />
n'eft plus queftion de la Philofophie Morale qui<br />
autrefois a eu de fi grands maîtres. N'en attri-<br />
A3
6 DIOGENE LÀERCE.<br />
buons la caufe qu'aux viciffitudes <strong>du</strong> monde qui<br />
varient les goûts de l'efprit humain , Scfont auflï<br />
que fouvent une fcience eft plus utile pour l'intérêt<br />
, fouvent une autre : la Phyfique régne<br />
aujourd'hui, & Diogène nous aprend qu'elle<br />
étoit autrefois dans le même honneur ; mais elle<br />
a été bien négligée , <strong>du</strong>rant les tems qui fe font<br />
{coulés entre ces deux Epoques. C'eft peut-être,<br />
comme je dis, une raifon pareille qui a fait négliger<br />
Diogène Laërce. Cet Auteur eft proprement<br />
Littérateur, & parmi les Anciens il n'y a,<br />
guéres que des Grammairiens quiayent parlé de<br />
lui. Ceft une réflexion d'Ifaac Cafaubon. I!<br />
dit auflï que l'Auteur le plus ancien qui ait fait<br />
mention de Diogène eft Stephanus, Auteur <strong>du</strong><br />
Traité de Urbibus, qui vivoit quelque-tems avant<br />
Juftinien. Voyez la Lettre d'Ifaac Cafaubon, qui<br />
«ft après les Commentaires de Ménage, & la<br />
Préface de ce dernier. Valentin Curio, dont il<br />
y a une Préface fur Diogène Laërce, qu'on peut<br />
auflï voir à la fin de Ménage , dit même qu'il ne<br />
fçait aucun ancien Hiftorien qui ait parlé de Diogène<br />
Laërce, fi l'on en excepte Stephanus, dans<br />
tfon livre de Urbibus.<br />
Mais Voflîus , dans fon Traité des Hiftorien*<br />
Grecs, Livre fécond, Chapitre XIII. cite Photius,<br />
qui dit, Section CLXI. que Sopater, Philofophe<br />
Platonicien , qui vivoit fous Conftantin le grand,<br />
& que ce Prince fît mourir , a inféré dans fe^
DIOGENE LAËRCE. 7<br />
Ouvrages plufieurs chofes de Diogène Laërce.<br />
Ménage dit la même chofe, & ajoute qu'Hefychius,<br />
Milelien, qui vivoit <strong>du</strong> tems de l'Empereur<br />
Juftinien, a auffi parlé de lui.<br />
Les Anciens ne s'étant pas fort éten<strong>du</strong>s fur<br />
Diogène Laërce , les Modernes n'en ont pas pu<br />
dire grand chofe. Je trouve pourtant qu'il y<br />
a diverfes Vies de cet Auteur : une entr'autres<br />
écrite par Cafaubon. Fougerolles & Gilles Boileau,<br />
en ont fait chacun une en abrégé au-devant<br />
de leur tra<strong>du</strong>ction. Nous avons une préface de<br />
Ménage, qui renferme ce qu'on fçait de la Vie<br />
de Diogène & de fes Ouvrages : elle fe trouve<br />
encore dans l'édition de Londres 1688 > & dans<br />
une autre préface de Longolius.<br />
§. II.<br />
Tems où a vécu Diogène La'érce.<br />
Nous venons d'infinuer le tems où a vécu cet<br />
Auteur, ou <strong>du</strong> moins ce qu'on en fait : car on<br />
ne le fixe pas précisément. Les fentimens fe trouvent<br />
même partagés là-deflus. Quelques-uns,<br />
comme Lipfius, le font vivre vers le tems de<br />
Marc Antonin, &. Ménage-croit qu'on ne peut<br />
guéres le placer plus tard, parce que s'il avoit<br />
été fort poftérieur à ce Prince, il eft à croire<br />
qu'il auroit parlé de lui & de fes Ouvrages. D'au-;<br />
A4
S DIOGENE LAERCE.<br />
très , comme Jonfius, le placent fous Sévère, &<br />
même un peu plus tard.<br />
Dodwel, dont quelques Auteurs ont fuivi la<br />
penfée, le met au tems deConftantin le grand.<br />
Fougerolles critique Suidas, de ce qu'il fait vivre<br />
notre Hiftorien avant & après Augufte , &<br />
conclut qu'il vivoit quelque-tems après l'Empereur<br />
Julien ; voyez les citations fur ces divers<br />
fentimens dans la préface de Longolius. Le<br />
do£te Fabricius , dans fa Bibliothèque Grecque,<br />
Tome troifiéme , Chapitre XIX. dit que Diogène<br />
vécut peut-être vers les derniers tems de l'Empereur<br />
Sévère; il ne trouve pas la raifon de Ménage,<br />
pour le faire vivre fous Marc-Aurele, concluante<br />
; fçavoir, que s'il avoit vécu beaucoup plus<br />
tard il auroit parlé de ce Prince dans la fuccef-<br />
£on des Stoïciens, & auroit donné la vie d'Epictete.<br />
Cela ne conclut pas, dit ce fçavant, parce<br />
qu'il paroit que Diogène connouToit Epiâete,<br />
puifqu'il le nomme dans la Vie d'Epicure ; cependant<br />
il ne parle pas de lui en traitant dés<br />
Stoïciens. On peut ajouter à cette raifon de<br />
Fabricius, qu'il n'eft guéres poffible de conclure<br />
<strong>du</strong> fimple filence de Diogène fur Epiâete, qu'il<br />
étoit contemporain de ce Philofophe , ou qu'il<br />
lui étoit peu poftérieur : il y a une raifon fort<br />
naturelle adonner de ce filence,c'eft que Diogène<br />
n'a parlé en détail que des Fondateurs de Sette»
DIOGENE LAERCE: 9<br />
Il eft vrai qu'il écrit les Vies de leurs plus illuftre*<br />
difciples, & qu'Epiâete fut fans doute un Stoïcien<br />
<strong>du</strong> premier ordre ; mais Fabricius vous dira<br />
qu'il iê peut que cet article manque dans Diogène,<br />
& qu'il eft à croire que /on feptièmt Livre<br />
n'eft pas complet, & qu'il manque même quelque<br />
chofe à la vie de Chryfippe , comme l'a déjà<br />
conjecture Meurfius dans fa Bibliothèque grecque &<br />
fur Chalcidius.<br />
Fougerolles fait un raifonnement qui ne fert<br />
pas beaucoup non plus à prouver que Diogène<br />
a été poftérieur à l'Empereur Julien. C'eft , dit-il,<br />
qu'Eunapius S or d'un qui vivoit <strong>du</strong> tems de l'Emr<br />
pereur Julien , ne fait aucune mention de lui , dans U<br />
dénombrement des Auteurs qui ont recueilli l'Hiftoire<br />
des Philofophes anciens. Comme certainement<br />
Diogène ne vivoit pas <strong>du</strong> tems de Julien , contemporain<br />
d'Eunapius , qui vivoit dans le quatrième<br />
fiécle, OR voit par-là le peu de fond qu'oa<br />
peut faire fur ces fortes de conclurions, tirées <strong>du</strong><br />
Ample filence d'un Auteur. Je voudrois même<br />
étendre cela jufqu'à l'iiiftoire & à certains faits»<br />
furlefquelson n'a pas d'autres preuves. Ces fortes<br />
de raifonne.ncns , fi cela étoit, ou n'était pas , ua<br />
tel Auteur l'auroit bienfçu & l'auroit bien dit, font<br />
vrais quelquefois, mais pas toujours. Je fupofe,<br />
au refte qu'Eunapius n'a rien dit en effet de<br />
Diogène , ce que je ne puis-pas vérifier.<br />
Ce qui paroît le plus certain en tout cela £
io DIOGENjE LAERCE.<br />
c'eft le fentiment de Voflius qui prouve, qu'on ne<br />
peut pas fupofer que Diogine fut pofiérieur à Conf<br />
tantin le grand , puifque Sopater , contemporain de<br />
€e Prince, a fait ufage des livres de notre Hifto~<br />
rien; & qu'on ne peut pas non plus fupofer qu'il<br />
ait vécu avant Trajan , puifque dans la vie de<br />
Speufippe & d'Anaxarque , il parle dePlutarque,<br />
qui fleuriffbit fous Trajan & Adrien, & que dans<br />
la vie de Timon , il parle de Sextus Empiricus »<br />
qui itoit <strong>du</strong> tenu d'Antonin le pieux. C'eû fous<br />
ce Prince que Voflius croit que vivoit Diogène<br />
Laërce, & il ajoute qu'il l'a prouvé aufii dans<br />
fon Livre de la Rhétorique. Difons encore que t<br />
comme Diogène parle aufii dans la Vie de Timon,<br />
de Saturnin difciple dé Sextus Empiricus ,<br />
•n pourrait retomber dans le fentiment de Ménage<br />
, excepté fon raifonnement que Fabricius a<br />
fort bien critiqué, & fupofer que Diogène vi-<br />
Voit un peu après Antonin le pieux,c'eft-à-dire ,<br />
fous Marc Aurele. Les paroles de Voflius que<br />
nous venons de citer , font prifes de fon Trahi<br />
des Hiftoriens Grecs, Livre fécond, Chapitre<br />
XIII. & il faut y corriger le mot d'Anaxagpre en<br />
celui d'Anaxarque.<br />
§.UI.<br />
Patrie de Diogène Laërce.<br />
Ménage, Fabricius, Heuman, Bruker, Fro>r
DIOGENE LAËRCE. JI<br />
ben, Ifaac Cafaubon & d'autres s'accordent à<br />
dire que Diogène Laërce étoit de Laërte, ville<br />
de Cilicie: voyez les citations dans la préface<br />
de Longolius. On infère cela de fon nom de<br />
Laërce. Il y a cependant d'autres avis : Spon,<br />
dans fon I. Itinéraire, Tome IL le fait natif de<br />
Potame , bourgade de l'Attique ; mais comme il<br />
n'allègue aucune preuve de fon fentiment, il n'a<br />
été fuivi de perfonne , excepté de Har<strong>du</strong>in »<br />
dans fes obfervations fur Pline ; 6c tous les deux<br />
font critiqués par Fabricius, & par Ménage. Il<br />
y a un autre fentiment encore qui dérive le nom<br />
de Laërce, <strong>du</strong> Père de Diogène qui s'apelloit,<br />
dit-on, Laërte; mais il eft auffi rejette par<br />
les Auteurs que nous venons de citer. Us critiquent<br />
entr'àutres Valois qui a adopté ce fentiment<br />
en parlant des extraits de Peirefc.<br />
Fougerolles s'étoit fait auteur d'une opinion<br />
toute différente. Il blâmoit ceux qui faifoient<br />
venir le nom de Laërce de Laërte, ville de Cilicie<br />
, parce qu'il fe pouvoit que ce nom lui fût<br />
propre, ou lui eût été donné par quelque occasion<br />
; il foutenoit que quand même ce nom devrait<br />
être dérivé <strong>du</strong> lieu de fa naùTance , il faudrait<br />
encore chercher s'il n'y avoit point eo<br />
Grèce d'autre ville, qui portât le même nom que<br />
Laërte de Cilicie. U ajoute que , fi on avoit bien<br />
lu la Vie de Timon, dans Diogène, on fçauroit<br />
par fon propre témoignage, qu'il était de Nicée»
xi DIOGENE LAERCE.<br />
la patrie d'Apollonide , puifqu'il commencé<br />
cette Vie ainfi, Appollonide Nicèen de che{ nous;<br />
& c'eft ainfi que FougeroUes tra<strong>du</strong>it les mots<br />
de l'original ; mais c'eft une vieille phrafe Françoife.<br />
Je raporterai là-demis que Voulus a fait<br />
une légère correction dans le Grec , fur ces mou<br />
que FougeroUes tra<strong>du</strong>it de che[ nous, & qu'il les<br />
rend ainfi, qui a vécu peu avant notre tenu.<br />
Ménage aprouve auffi cette correction ; mais<br />
Meiboom rend ces mots par ces paroles, que<br />
nous avons loué dans nos Epigrammes.<br />
De moi-même je ne m'écarterois point de ces<br />
Sçavans ; mais, fur ce que je trouve dans Henrj<br />
Etienne, je crois que la phrafe Grecque,mal tra<strong>du</strong>ite<br />
, de chci nous, fignifie le parentage ; de<br />
forte que les premiers mots de la Vie de Timon,<br />
devroient être tra<strong>du</strong>its ainfi, Apollonide Nicicn.<br />
notre parent. Quant à l'ufage <strong>du</strong> pluriel dans cette<br />
phrafe , on peut voir par quantité d'exemples<br />
dans Diogène, que fa coutume étoit de parler de<br />
lui-même au pluriel, nous avons fait cette èpigrantme<br />
fur/on fujet, &c. Cette explication fait tomber<br />
l'opinion de FougeroUes, qui d'ailleurs efl<br />
beaucoup moins naturelle que celle qui le fait<br />
furnommer Laerce, de la ville de Laërte ; ce<br />
fera, comme penfe Longolius, quelqu'un de fes<br />
ancêtres qui aura été furnommé <strong>du</strong> lieu de fa<br />
naiffance, 6c ce nom fera refté à fes defcendans ;<br />
on trouve d'autres exemples pareils.
DIOGENE LAERCE. 15<br />
S- IV.<br />
Famille de Diogine Latrce €• autres particularités;<br />
On ne fçait rien de la famille de Diogène, fi-"<br />
non que, fi la remarque que nous avons faite<br />
dans l'article précédent, fur la manière dont nous<br />
croyons qu'il faut tra<strong>du</strong>ire les premiers mots de<br />
la vie de Timon, eft bonne , il étoit parent<br />
d'Apollonide de Nicée. Voffius, Hiftorien Greci<br />
livre quatrième , Partie III. page 505. dit que cet<br />
Apollonide eft celui dont il eft parlé dans Harpocratioh,<br />
au mot Ion ; & effectivement cet Auteur<br />
y raporte un partage philo fophique, fous le<br />
nom de DémétriusScepfius, & d'Apollonide de<br />
Nicée. Le même Voflius, Livre troifiéme, où il<br />
traite des Auteurs dont le tems eft incertain,<br />
cite divers Sçavans qui attribuent à cet Apollonide<br />
des Ouvrages de Grammaire & de Poëfie. Il faut<br />
remarquer encore que dans la table <strong>du</strong> Livre<br />
des Hiftoriens Grecs de Voflius, il eft apelé<br />
Apollonius Nicéen, de forte que ce mot paroît<br />
être fynonymeavec celui d'Apollonide ; ainfi ce<br />
. fera celui dont parle Moréfi, fous le nom d* Apollonius<br />
de Nife ou Nyffj, ville d'Arménie , &• qui<br />
fut, dit-il, Philofophe Stoïcien & Difciple de Panœtius.quivivoitenlaCLXlll.Olympiade.versrandc<br />
Rome 6x6. Si on peut faire fond là-deflus, ce fera<br />
une nouvelle raifon de ne pas tra<strong>du</strong>ire le corn-
U DIOGENE LAËRCE:<br />
mencement de la vie de Timon par ces mots i<br />
Apollonide qui vivoit peu avant notre tems ; puifque<br />
Diogène Laërce vivoit fous Antonin, &<br />
qu'Apollonide vivoit avant les Empereurs.<br />
Il y a une circonftance de l'Hiftoire de Diogène<br />
Laërce qui autorife à penfer qu'il étoit eftimé<br />
; c'eft la perfonne à laquelle il a dédié (es<br />
Vies des Philofophes , c'étoit une femme<br />
distinguée, il la donne lui-même aflez àconnoître,<br />
dans la vie de Platon, où il lui adrefle ces<br />
paroles : comme vous êtes avec raifon attachée aux<br />
ftntimens de Platon 6" curieufe de les connoître ,j'ai<br />
crû, &c. On trouve un paflage pareil dans la Vie<br />
d'Epicure. Fabricius dit même qu'il y a aparence<br />
qu'il y avoit une Epître dédicatoire à la tête<br />
des Vies de Diogène, qui fans doute s'eft per<strong>du</strong>e.<br />
U ajoute, que le premier qui a trouvé le nom<br />
de cette femme, eft Reineftus, qui conje<strong>du</strong>re<br />
dans fes Var. Left. Liv. II. ch. ia. qu'elle fe<br />
nommoit Arria, & qu'elle étoit cette Arria dont<br />
Galien dit, dans fon Livre de la Thériaque, chapitre<br />
II. qu'elle lui avoit été extrêmement recommandée<br />
par les Empereurs, comme une perfonne fore<br />
fçavante dans la Philofophie , & particulièrement<br />
dans celle de Platon , & qu'il l'avoit tirée d'une<br />
affiç grande maladie par lefecours de la Thériaque.<br />
Voyez ce paflage dans la Préface de Longolius.<br />
Il eft vrai que cette opinion a été rejettée, à ce<br />
qu'on dit, par Heuman, & après lui par Bruker ,'
DIOGENE LAÈRCE. rj<br />
qui difent que cet Arria ne peut point avoir<br />
été la perfonne à qui Diogène a dédié (on ouvrage<br />
, parce que cet Hiftorien lui étoit fort<br />
poftérienr. Il faudroit voir les raifons de part<br />
& d'autre , pour décider cette queftion, & furtout<br />
celles de Reinefius ; mais en attendant, l'autorité<br />
de Ménage & celle de Fabricius me paroiflent<br />
d'an grand poids. Ce dernier Sçavant pari<br />
le même de l'opinion de Reinefius, comme d'urne<br />
conjeâure extrêmement heureufe ; fi elle eft<br />
vraye, on peut en inférer que Diogène Laërce<br />
n'étoit pas un homme obfcur, puifqu'il a dédié<br />
fon ouvrage à une perfonne , à laquelle fon fçavoir<br />
atriroit une grande confidéràtion. Je ne<br />
veux point dire par là que, fi Diogène avoit été<br />
nn homme obfcur, fon ouvrage feroit moins eftimable,<br />
au contraire , il le feroit davantage ; mais<br />
il y a toujours <strong>du</strong> plaifir à fçavoir ce qu'a été<br />
nn homme qui s'eft ren<strong>du</strong> utile à la poftérité.<br />
Je dirai en paffant, à cette occafion, que Ménage<br />
infère de là que Diogène vivoit fous Marc-Au*<br />
rèle, & fous le commencement <strong>du</strong> régne de Sévère<br />
, parce qu'alors il aura été contemporain de<br />
Galien, qui vivoit fous Marc-Aurèle, & enmê-.<br />
me-tems qu'Arria ; Sccela me fait penfer qu'on<br />
ne peut guéres fupofer que Diogène fut fort<br />
poftérieur à Arria, puifqu'il eft certain, par le<br />
paffage de Galien, que cette femme vivoit de fon<br />
tems, & que toutes les aparences font pour
ï6 DIOGENE LAERCE.<br />
placer Diogène vers la fin <strong>du</strong> régne d'Antonin le<br />
pieux, & le commencement de celui de Marc-<br />
Aurèle. Ménage ajoute qu'on ne peut pas lui<br />
opofer que le Livre de la Thériaque n'eu pas<br />
de Galien : parce qu'il eft toujours certain que<br />
l'Auteur de ce Livre, étoit contemporain de<br />
Galien.<br />
Quelqu'un a crû que Diogène Laërce étoit<br />
Chrétien, parce que dans la Vie d'Ariftote, il fe<br />
fert de l'expreflîon de donner l'Aumône. C'eft<br />
Ménage qui raporte cette particularité , fans<br />
nommer celui qui étoit dans ce fenttment ; mais<br />
en même-tems il le réfute, en obfervant que, fi<br />
Diogène avoit été Chrétien, il n'auroit point<br />
tant donné de louanges qu'il a fait à la Philofophie<br />
d'Epicure. Ce qui paroîtra doublement concluant<br />
, fi on fait attention aux idées défavantageufes<br />
qu'on avoit généralement de cette Sefte.<br />
Ménage conclut même de ces louanges que<br />
Diogène donne à la Philofophied'Epicure, qu'il<br />
étoit dans les fentimens de ce Philofophe , &<br />
Moréti y trouve de l'aparence ; mais Fabricius<br />
n'eu point de cet avis, parce que Diogène donne<br />
•auffi des louanges à d'autres Seâes, en particulier<br />
à celle de Platon ; de forte qu'il fe range <strong>du</strong> côté<br />
de ceux qui ne décident pas quelle Sefte de<br />
Philofophie il a fuivie. Fougerolles dit qu'il y a<br />
aparence que Diogène étoit de la Sefte de ce<br />
Potamon d'Alexandrie, dont il parle à la fin de<br />
fa
DIOGENE LAERCE. i7<br />
fa Préface, & qui fonda une nouvelle école dé<br />
Philofophie Ecleâique , c'eft-à-dire, qui étoit<br />
compofée de ce qu'il y avoit de meilleur, félon<br />
lui, dans les opinions des autres Philofophe»<br />
; mais cette conjecture n'eft apuyée d'aucune<br />
raifon. -<br />
§. V.<br />
Caraltére de Diogine Laêrce.<br />
Je crois que ceux qui infèrent des écrits de<br />
Diogène Laërce, qu'il étoit d'un caractère fage<br />
& réglé dans fes mœurs, ont raifon ; ils allèguent<br />
principalement là-deflus les cenfures qu'il fait<br />
des profanations de Théodore , & des mauvais<br />
difcours de Bion. La manière dont il fe moque<br />
de ce dernier Philofophe , qui, après avoir vécu<br />
dans des fentimens fort impies , mourut fuperftitieux;<br />
&la plupart de fes Epigrammes, dont Ië<br />
fujet eft ordinairement la vertu , ou les vices<br />
de ceux dont il parle , tout cela fupofe qu'il<br />
avoit lui-même des fentimens vertueux. Ceux<br />
qui trouveront que cette remarque n'eftpas fort<br />
néceflairê, & que le caraâére, bon ou mauvais ,'<br />
de Diogène ne fait rien à l'eftime que mérite fou<br />
Livre, fe trompent : je fçai bien que beaucoup<br />
de gens raifonnent aujourd'hui de cette manière<br />
, que m'importe quelle eft la vie d'un homme<br />
& quels font fes fentimens, pourvu qu'il parle<br />
Tome III, B
*8 DIOGENE LAERCE.<br />
bien & qu'il m'inftruife ? Cela fe voit tous les<br />
jours, jufques dans la fociété : il y a une multitude<br />
de gens qui fe font eftimer , quoique leurs<br />
mœurs foient déréglées, parce qu'ils ont l'efprit<br />
de converfation , qu'ils fçavent narrer à propos,<br />
dire des riens qui attachent, parler un peu de<br />
tout, apuyer fur ce qui fait plaifir , détourner<br />
le difcours quand on n'eft pas de leur avis, &c. Si<br />
ce n'eft pas une preuve <strong>du</strong> peu de vertu qu'il y<br />
a dans le monde, c'en eft une au moins de ce<br />
qu'on dit que, quelque courte que foit la vie,.<br />
les hommes ne penfent qu'à s'y amufer , &<br />
pallient volontiers fur le défaut des qualités <strong>du</strong>.<br />
cœur, pourvu qu'on les ferve, qu'on leurplaife,<br />
qu'on paroifle les aimer, qu'on leur flatte l'oreille,<br />
ou qu'on leur divertifle l'imagination. Mais<br />
cette manière de penfer fera-t'èlle pourtant<br />
aprouvée ? Une des branches <strong>du</strong> refpeft qui eft dû<br />
à la vertu, & un des moyens de la faire refpecter<br />
eft de faire plus de cas de ceux qui la pratiquent,<br />
que de ceux qui n en ont point ; je penfe<br />
même que ceux qui font autrement, s'expofent<br />
à ne conferver que de faux amis , & à perdre<br />
ceux qui leur font véritablement attachés..<br />
Car pour peu^qu'onr éfléchifle, on devra leur dire :<br />
quel cas voulez-vous que je fafte de l'attention quevous<br />
avez pour moi, puifque vous en avez autant<br />
pour un homme faux, ou qui. eft de mauvaifes,<br />
sueurs ? Et pour ce qui eft de bien parler, j'avoue
IHOGENE LAERCE. 19<br />
îjue les bons difcpurs fe font écouter, malgré le<br />
caraâére vicieux de ceux qui les tiennent, Se<br />
c'eft une preuve de la force de la vérité, & des<br />
racines qu'elle a en nous-mêmes ; mais comme<br />
il y a une affinité aflez prochaine entre l'erreur<br />
& le vice , un homme qui parle bien & qui n'a<br />
pas le coeur vertueux, vous perfuadera le menfonge<br />
tout comme la vérité. Par un effet <strong>du</strong> pouvoir<br />
que lui donne fur vous le talent de parler<br />
avec force, ou avec vraifemblance , il vous fer*<br />
croire que vos meilleurs amis vous trompent ; il<br />
vous prefentera de foibles difficultés comme des<br />
chofes fans réplique; il vous fera pafler vos dé»<br />
fauts pour de bonnes qualités, & les bonnes qualités<br />
de vos amis pour des défauts ; enfin il vous<br />
perfuadera que ce qu'il fait pour fon propre intérêt<br />
, il le fait fans la moindre vue perfonnelle.<br />
Malebranche a fort bien dévelopé , dans fon beau<br />
Chapitre de la communication des imaginations, ce<br />
pouvoir que des gens qui parlent bien, prennent<br />
par leurs geftes, leurs regards, leur hardiefle ,<br />
leurs expreffions aifées, leurs réflexions indifférentes,<br />
& tout ce qui compofe ce qu'on apelle<br />
l'ufage, ou pour mieux dire la comédie <strong>du</strong> monde<br />
, & il ne faut pas avoir vécu long-tems, pour<br />
«n avoir vu plufieurs fcènes & plufieurs a&es.-<br />
Non certes T il n'eft point indifférent qu'un<br />
homme vive mal , pourvu qu'il parle ou qu'il<br />
écrive bien*<br />
B s
ao DIOGENE LAERCE.<br />
On dira que cela ne conclut rien vis-à-vis de<br />
notre Diogène, parce qu'il peut arriver qu'un<br />
homme témoigne avoir des fentimens de vertu,<br />
quoiqu'il n'en ait pas même l'ombre. Je<br />
répons que cette exception n'eft pas toujours<br />
vraie. La vérité parle un langage que l'hypocrifie<br />
ne peut contrefaire. Il eft une manière fi<br />
naturelle & en même-tems fi élevée d'exprimer<br />
k vertu, qu'elle ne peut naître que <strong>du</strong> fentiment.<br />
Quand, par exemple, on ne fçauroit pas<br />
quel fut Fénelon, on devroit conclure de fon<br />
excellent difcours fur l'éxiftence de Dieu, & des<br />
fentimens qu'exprime fon Télémaque, qu'il avoit<br />
un cœur folidement vertueux. J'avoue que ce<br />
n'eft point le cas de Diogène, qui ne dit rien<br />
d'extraordinaire en ce genre ; mais il y a encore<br />
Une diftinétion à faire fur ce qu'on dit qu'on<br />
peut témoigner des fentimens de vertu, & n'en<br />
point avoir. Cela eft vrai fans doute dans le général.<br />
C'eft, en particulier, un reproche qu'on<br />
fait aux Poètes : un Poëte étalera de grands<br />
fentimens d'humanité & de religion, parce que<br />
le fujet qu'il traite en renferme, & qu'ils lui fervent<br />
à exciter l'attendriffement, la pitié, l'admiration<br />
ou la terreur. Les Orateurs font dans<br />
le même cas, de même que les Hiftoriens. Oh<br />
fçait l'exemple de Sallufte qui commit des ufurpations,<br />
fe plongea dans des débauches criminelles<br />
, quoique dans fon Livre, il parle en nom-
DIOGENE LAËRCE. aï*<br />
me vertueux ; mars ce n'eft point une régie pour<br />
fe livrer à une défiance univerfelle fur le caraftére<br />
des hommes. Ceux qui ne fe fient à perforane,<br />
parce que les aparences peuvent être tronvr<br />
peufes, font dans une fituation d'efprit fort miférable<br />
; ainfi il faut établir ce principe que,'<br />
quand un homme témoigne delà vertu, & ne<br />
fait, ou n'a rien fait de considérable qui contredife<br />
la profefficn qu'il en fait, on doit croire<br />
qu'il en a réellement. Or, c'eft le cas de Diogè*<br />
ne, qui fait voir par-tout un caraâére fort eftimable,<br />
6c à qui en même-tenu on ne reproche<br />
rien-<br />
§.VI.<br />
Ouvrages & fiyle de Dlogène Laërce.<br />
On ne connoït d'autres Ouvrages de Diogène<br />
Laërce que fes Vies & les Epigrammes qu'il y<br />
cite. Il y a Keû de croire que ce dernier Ouvrage<br />
a été fait avant l'autre, puifqu'il le cite comme<br />
un Livre connu. Je ne dis rien des éditions<br />
qui ont été faites de fes Vies des Philofophes,<br />
& qui prouvent combien l'on a toujours eftimé<br />
cet Ouvrage. Comme on peut le voir par le Catalogue<br />
que l'on en trouvera à la tête de cette<br />
édition.<br />
Je ne dirai qu'un mot à cet'égard, c'eft furie<br />
ftyle de Diogène Laërce. Lefçavant le Clerc-en
ht DIOGENE LAERCE.<br />
fâifant dans fa Bibliothèque choifie, Tome X.<br />
l'extrait d'une Diflertationde Dodwel fur le tems<br />
»h viroit Pythagore, dit que M. Dodwel parle<br />
'avec raifort d'une manière conditionnelle <strong>du</strong>flylc de<br />
Diogène , parce que, quoique cet Auteur fût un<br />
homme d'une tris-grande leflure , il n'écrit point<br />
ixadement, &fefert d'un ftyle que les Grecs apelioient<br />
des idiots , ou idiotique , qui étoit celui dont<br />
tes gens fans lettres fe fervoient,lorfqu'ils écrivoient.<br />
Sans vouloir relever un Sçavant auflî célèbre que<br />
îe Clerc, il me femble qu'il auroit été à fouhaiter<br />
qu'il eût un peu plus éten<strong>du</strong> cette réflexion,<br />
& nous eût dit en quoi le ftyte idiotique étoir<br />
moins éxaâque celui dont fe fervoient les gens<br />
lettrés, puifqu'il paroît par les continuelles citations<br />
de Diogène , & les recherches qu'il a<br />
faites fur les ouvrages des Philofophas dont il'<br />
parle , qu'il a aporté beaucoup d'exactitude à<br />
fon travail, & que s'il s'y trouve un petit nombre<br />
de répétitions , ou quelques défauts d'arrangement,<br />
cela peut être arrivé ou par inadvertance,<br />
ou par la multitude des matières qu'il<br />
avoit à mettre en ordre. On ne peut guéres<br />
fcpofer non plus que Diogène ne fut pas un<br />
homme de lettres , fi l'on confidére le grand<br />
nombre de fujets d'érudition dont il traite :<br />
en effet, qu'eft-ce qui fait un homme lettré ,..<br />
fi ce n'eu une grande lecture ? A, moins qu'on-.<br />
«e. dife qu'il. eft effentiel à- cette qualité ,, de
DIOGENE LAERCE. *f<br />
profefler quelque fcience en particulier : en ce<br />
cas il faudrait ôter bien des Littérateurs <strong>du</strong> nombre<br />
des gens^ lettrés. Si donc Diogène s'eft fervi<br />
<strong>du</strong> ftyle qu'on apelle idiotîque, c'eft aparemment<br />
parce qu'il l'a préféré, comme le plus Ample<br />
, ou le plus convenable aux matières qu'il'<br />
traitoit.<br />
§. V I I.<br />
Des Viet de Diogène Laèrce.<br />
Les Sçavans les plus illuftres ont donné deséloges<br />
aux Vies des Philofophes, recueillies par<br />
Diogène Laërce. Je tombe par hazard fur un<br />
paflage de la vie de cet Hiftorien, qui fe trouve<br />
dans l'édition de Londres 1688. L'Auteur y<br />
donne des éloges à fon ftyle, & excufe les défauts<br />
qui peuvent s'y trouver, les attribuant à des erreurs<br />
de mémoire » ou aux autres occupationsqu'avoit<br />
Diogène , & qui ne lui permettoient pas<br />
de revoir lui-même fon Ouvrage. Je dois avertir<br />
en même-tems que ce paflage eft une tra<strong>du</strong>ction<br />
pure & (impie d'un paflage pareil qui<br />
fe trouve dans la petite vie que Fougerolles a<br />
faite de notre Hiftorien r & je juge par là,,<br />
que cette Vie de l'édition de Londres 1688, n'eft<br />
qu'une tra<strong>du</strong>ction ; de forte qu'il ne faut faire*<br />
aucun cas de ce qui eft dit à la fin de ce paflage..<br />
JL me Jcmklc que La. vu. de Platon y, Uatax^ des
M DIOGENE LAERCE.<br />
Dogmes de Zenon, & les trois Lettres d'Epicurei<br />
ne font point de Diogène. Cela eft tiré mot à mot<br />
de Fougerolles, qui le dit fans donner la moiivdre<br />
preuve, ni la plus petite ration de fon fenttment<br />
; auffi aucun des Sçavans qui parlent de<br />
Diogène n'adopte, que je fçache, cette opinion,<br />
qui d'ailleurs eft réfutéer par la yie de Platon,<br />
que Diogène s'attribue comme les précédentes &<br />
tes fuivantes, fans qu'il paroiffe qu'il fe l'attribue<br />
fauflement.<br />
rétendrois trop cet Article, fi je raportoi*<br />
tous les éloges qu'on a donnés à cet Ouvrage de<br />
Diogène. Valentin Curio l'apelle un Philofopfic<br />
<strong>du</strong> premier ordre. Louis Vives recommande fon<br />
Ouvrage comme fait avec beaucoup £ exactitude,<br />
& très-digne d'être lu. Selon Morhof, fi nous ne<br />
l'avions pas , nous fçaurionstrès-peu de chofe des<br />
anciensPhilofophes;ceux qui veulent connoitre leurs<br />
fentimens & l'antiquité , ne peuvent s'en paffer.<br />
Jonfius dit que, fans lui, on n'auroit que des idées<br />
confufes deTanciennePhilofophie : Melchior Ganus<br />
fe plaint de ce que Diogène Lairce a écrit les Vies<br />
des Philofophes avec plus de foin, que les Chrétiens<br />
n'écrivent les Vies des Saints. Fabricius en parle<br />
comme d'un ouvrage très-utile, quoiqu'il ne foit<br />
point parfait. Comïngius lui donne auffi des<br />
louanges, quoiqu'il y trouve quelques défauts»<br />
Bruker eft <strong>du</strong> même avis. Ménage convient<br />
qu'il y a des erreurs de mémoire &<br />
autres-
DIOGENE LAERCE; af<br />
autres défauts femblables dans cet ouvrage, croit<br />
avec Montagne, qu'il ferait à fouhaiter que<br />
nous eujftons plujieurs Diogènes Laërces, ou que<br />
cet Auteur fût plus enten<strong>du</strong> & plus ample. Il cite<br />
auffi Jofeph Scaliger, qui apelle cet Auteur un<br />
écrivain tris - fçavant, & Saumaife qui apelloit<br />
cette hiftoire philofophique, VHiJloire de l'tfprit<br />
humain. Ménage raporte les paroles de Saumaife<br />
, qni dit en même-tems qu'il a vu dans un<br />
ancien Manufcrit de Diogène, un indice où fe<br />
trouvent plufieurs noms de Philofophes,qu'il croît<br />
devoir fe raporter à des Vies de Philofophes<br />
faites par Diogène, & qui nous manquent aujourd'hui.<br />
Mais Ménage n'eft point de fon avis :<br />
il croit feulement, que ^'Epître dédicatoire des<br />
Vies de Diogène s'eft per<strong>du</strong>e, ainfi que le catalogue<br />
des Livres Phyftques de Chryfippe. On<br />
peut voir ces fentimens des Sçavans dans la<br />
préface de Ménage, & dans celle de Longolius.<br />
Enfin , nous finirons tous ces éloges de notre<br />
Auteur par un qui eft de plus fraîche date, &<br />
qai part de la plume d'un des plus fçavans hommes<br />
de notre fiécle, dont la coutume eft de porter<br />
fur-tout un Jugement Géométrique. M. de<br />
Maupertuis dans fon difeours fur la manière d'écrire<br />
AV de lire la vie des Grands Hommes, dit r<br />
Les Vies des anciens Philofophes que- nous a laiffèes<br />
Diogène Laërce ,ne font pas feulement un des LU<br />
JomtlIU . . C
*5 DIOGENE LAERCE.<br />
vres les plus agréables ; die font un de ceux dont<br />
la leffurc eft la plus utile.<br />
Tant d'éloges donnés à cet Ouvrage , & par<br />
de fi fçavans hommes, peuvent contrebalancer<br />
les reproches que d'autres Auteurs font a<br />
Diogène.<br />
Voflius qui fait auffi un bel éloge de Diogène<br />
, dans fes Livre; des Hifloriens Grecs, critique<br />
avec raifon Keckerman, de ce qu'il apelle fon<br />
Ouvrage une Hiftoirê froide & languhTante , qui<br />
cependant a fouvent fon ufage. D'autres comme<br />
Lipfius, Sam, Parker , Stanley & Stollius, le<br />
taxent de négligence & de manque de jugement :<br />
Heuman va même jufqu'à l'accufer de cré<strong>du</strong>lité.<br />
Mais outre l'autorité des Auteurs dont nous venons<br />
de parler, il ne faut que lire l'Ouvrage même<br />
, pour voir que ces cenfures font outrées.<br />
En particulier, cette remarque doit «tre<br />
âpliquée aux cenfures trop fortes que Bayle a<br />
faites de l'ouvrage de Diogène dans fon Dictionnaire<br />
& qu'on peut voie dans les articles, Anaxagore,<br />
Dimocrite, & Epicure. En général on<br />
neut dire fur ces critiques, qu'il y a fans doute<br />
des endroits obfcurs dans Diogène ; mais combien<br />
d'anciens Auteurs qui font obfcurs, & qu'on<br />
n'accufe pas pour cela de manquer de jugement<br />
ou de fçavoir? Il y a peut-être des morceaux d«<br />
Philofophie que Diogène n'a pas bien compris ,<br />
& je panche à le croire ; mais cela pouvait fort
DIO;GENE LAERCE. 57<br />
bien venir de l'obfcurité de ces opinions elles<br />
- mêmes, & il faudroit voir fi d'autres Auteurs<br />
les ont mieux comprifes. Trouve-t'on le<br />
Traité de Plutarque, fur les Opinions de*<br />
anciens Philofophes, beaucoup plus clair que les<br />
morceaux pareils qui font dans Diogène ? Perfonne<br />
n'a jamais expliqué le Timée, & Plutarque<br />
qui promet de l'expliquer en fait un Commentaire<br />
auffi obfcur que le texte. La Philofophie des<br />
nombres qui a eu de fi grands maîtres, n'étoitpas<br />
une chimère, Macrobe & d'autres croyoient parler<br />
clairement en l'expliquant ; on ne fait cependant<br />
ce qu'ils ont voulu dire. Enfin, il faut fe<br />
fouvenir que les termes de la Philofophie ont<br />
changé, & qu'il y en a aufquels on fait fignifier.<br />
autre chofe que ce qu'ils fignifioient autrefois :<br />
c'eft un embarras pour un Tra<strong>du</strong>cteur , mais<br />
dont Une doit, pas fe décharger en blâmant fou<br />
original.<br />
. En un mot, où eft l'homme de Lettres parmi<br />
les Anciens & les Modernes,méme les plus grands<br />
génies,dont le genrchumain fe puiffe vanter, qui<br />
n'ait pas effuyé la critique des efprits qui lui font<br />
-fi inférieurs, que ce ferait une témérité de les<br />
vouloir mettre en parallèle avec ceux fur qui ils<br />
exercent leur vaine critique r On n'a pas befoin<br />
de chercher des exemples dans les fiécles paffés ,<br />
puifqu'Us ne font pas rares à trouver dans le<br />
nôtre.<br />
c *
2&<br />
V<br />
L A V-I E<br />
X>' E P I C T E T E.<br />
£ P I C T E T E. *9<br />
Un jour cet homme ayant ven<strong>du</strong> à un Officier<br />
de Néron, un de fes Efclaves nommé Félicion, qui<br />
itoit Cordonnier, parce qu'à fon gré il ne travailloit<br />
pas affez bien, & cet E le lave étant de-*<br />
venu par ce moyen Cordonnier de l'Empereur,<br />
Epaphrod'ue fçachant cette nouvelle lui rendit de*<br />
civilités & des refpefts qui ne-font pas imaginables,<br />
& en fit fon Confident & fon plus grand<br />
Ami. (i) Une autre fois un homme s'étant jette à<br />
fes pieds tout éploré, & fe plaignant avec une<br />
douleur extrême de fa mauvaife fortune, & de<br />
ce qu'il ne lui reftoit plus de tout fon bien que<br />
cent cinquante mille écus. Epaphrodite luirépondit<br />
: je m'étonne en vérité comment vous avez<br />
pu avoir la patience d'être fi long-tems fans en<br />
parler. Ce qu'il ne difoit pas par raillerie , mais<br />
très-férieufement, & par admiration.<br />
Ce fut fous la domination de cet impertinent<br />
maître, qa'Epiélete paflales premières années de<br />
fa vie. (»} On ne fçait pas bien en quel tems, ni<br />
comment il obtint la liberté. On fait feulement<br />
que fous le régne de Donatien ,y ayant eu un Edit<br />
publié, par lequel il étoit enjoint à tous les Philofophes<br />
de fortir de Rome & de l'Italie, Epiltete<br />
fut obligé comme les autres de fe retirer, &<br />
fi) Artiai./. l.Dif.e. tS. (t) Au!. Gell. Nolt. *4rt.<br />
I. ii. c. ii. Suce, in Vit. Domit. Philo t. /. ;. Ulu Cru».<br />
foft. it cKilit iufeb. m Chrtn.<br />
Cy
}0 E P I C T E T E.<br />
de Te réfugier à Nicepolis, qui eft une Ville A'Epire,<br />
apellée maintenant Preveça. Ce qui eft<br />
une preuve convaincante qu'alors il avott obtenu<br />
la liberté, puïfqu'il fut contraint, en qualité de<br />
Philofophe, de fe retirer de Rome. Mime il ne<br />
-tombera jamais dans l'esprit qu'un homme de fon<br />
mérite, qui fut chéri & eftimé des Empereurs de<br />
fon tems, foit demeuré dans la fervitude. L'opinion<br />
commune eft que depuis qu'il fut exilé , il<br />
se revint plus a Rome, & qu'il demeura toujours<br />
à Nicopolis;*. caufe qu'^rrie/i(i)remarque en plufieurs<br />
endroits que les difcours qu'il a recueillis<br />
de lui, ont été tenus à Nieopolis. Mais je doute<br />
fort que cette conjecture foit véritable,nonobftant<br />
l'autorité de M. de Saumaift ( a ) : car Spartien<br />
(3) écrit entr'autres chofes, que l'Empereur<br />
Hadrien vécut fort familièrement avec ce Philofophe.<br />
Or, je ne puis pas m*imaginer comment<br />
cet Empereur eût pu entretenir cette grande familiarité<br />
avec EpiSctc, $11 eût toujours été à<br />
Nieopolis.<br />
On ne fçait pas} au vrai s'il fut marié ; mais<br />
comme je ne voudrais pas l'aflurer , je ne<br />
voudrais pas aufli le nier } car Arrien remarque<br />
en plusieurs endroits , qu'Epi&ete haït*<br />
(1) Artien. I. ». c. 6. (J Salmaf. •• Ntt. *»• Epi9. &<br />
Simal. p. 4.<br />
il) Sp*"i»n in Vit, Htdritni. p. 9.
E P I C T E T E. 3X<br />
foit particulièrement les Epicuriens, à eaufe<br />
qu'ils parloient contre le mariage. Néanmoins ce<br />
qui pourroit faire croire qu'il ne fut point marié,<br />
c'eft qu'encore qu'il eftimât que le mariage ne<br />
fût pas incompatible avec la vertu, il penfoit<br />
pourtant que c'étoit un grand empêchement pour<br />
parvenir à l'état de perfection. Mais, foit qu'il<br />
fût marié, ou qu'il ne le fût pas, il y a grande<br />
aparence qu'il n'eut point d'enfans, ou tout au<br />
moins qu'il n'eut point de filles : car, outre<br />
qu'il n'eft dit en aucun Auteur qu'il en eût, Lucien<br />
(i ) raporte qu'un jour EpiCtete voulant persuader<br />
à Dcmonax de prendre une Femme , Dè~<br />
tnonax lui répondit en raillant; hé bien, j'y çainfens_,<br />
pourvu que vous me donniez une de vos<br />
filles.<br />
Au refte,quoique Spartien (a) dife qu'Hadrien<br />
fit de grandes libéralités, & rendit beaucoup<br />
d'honneur aux Poètes, aux Orateurs, aux Philofophes,<br />
aux Mathématiciens, & à tous ceux<br />
quiiaifoient profeflion de quelque Science ,bien<br />
qu'il n'y eut jamais homme qui prit tant de plai-r,<br />
fir que lui à les railler ; néanmoins il y a grande<br />
aparencequ'Epiflete fut toujours très-pauvre, 6ç<br />
que cet Empereur , ni ceux qui lui fuccédérent,<br />
qui l'eftimérent fi fort, ne lui firent point de<br />
bien, ou ne lui en firent que très-peu. Et peut-<br />
{•) Lncian in Deas (i) Spart, in Vir. U*dr.<br />
C4
5* E P I C T E T E ;<br />
Itre cela eft-il arrivé à caufe <strong>du</strong> grand mépris<br />
u'il faifoit des richeffes. Quoiqu'il en foit, il<br />
3emeuroit à Romt dans une tort petite maifon ,<br />
où il n'y avoit pas feulement de porte, ôciln'a-<br />
Toit pour tous valets qu'une vieille ferrante , &<br />
pour tous meubles (i) qu'une Lampe de terre,<br />
à la clarté de laquelle il pro<strong>du</strong>ifoit ces belles &<br />
divines penfées, dont nous voyons encore aujourd'hui<br />
les reftes dans les Livres HÂrricn ; &<br />
par-là on peut juger qu'elle étoit fa pauvreté-<br />
Mais pour venir à fes Sentimens & à fes<br />
Moeurs, il n'avoit rien tant en recommandation<br />
que la modeftie ; c'étoit fa plus chère & fa plus<br />
familière vertu. C'eft pour cela qu'il difoit (1) :<br />
•» qu'il n'étoit point néceflaire de parer fa mai-<br />
» fon de tapifleries & de tableaux, mais qu'il<br />
« falloit feulement l'embellir de tempérance &<br />
» de modeftie ; parce que ce font des ornemens<br />
sa qui <strong>du</strong>rent toujours, & qui ne vieilliflent ja-<br />
» mais. Il avoit tellement renoncé à l'ambition<br />
& au fafte, que fi jamais Philofophe a fait les<br />
chofes par humilité, on peut dire que c'eft lui :<br />
car, comme il n'y eut perfonne de fon teins<br />
qui fît tant de bonnes aâions , il n'y eut perfonne<br />
auffi qui prit tant de peine à les cacher, & à<br />
faire croire] qu'il ne les avoit pas faites. C'eft<br />
U) Vincent Obfopat. /. 3. ^intb.ti Ept£. Epitf.<br />
$1) Sitôt). Strm. 38.
E P I C T E T E. 33<br />
pourquoi, entre les enfeigneméns qu'il donnoit à<br />
•es Difciples, ceux- ci étoient des principaux.<br />
» (i) Si vous êtes fi heureux que d'avoir aprisà<br />
» contenter votre corps de peu, gardez-vous de<br />
» vous en glorifier. Si vous vous êtes accou-<br />
» tumé à ne boire que de l'eau, ne vous en<br />
*> allez point vanter. Si quelquefois vous vou-<br />
» lez vous exercer à quelque .chofe qui foit pé-<br />
» nible, éxercez-vous-y en votre particulier.<br />
» Quoiqu'il en foit, ne faites jamais rien pour<br />
r> être regardé, pour être admiré <strong>du</strong> peuple.<br />
» Toutes ces affectations font vaines & indignes<br />
» d'un Philofophe.»<br />
Au/fi Epiftete étoit-il fi exempt de vanité,'<br />
qu'encore qu'il fût plus capable d'écrire qu'aucun<br />
de fbn ûécle, il ne fut jamais touché de ce fen-<br />
*iment, qui touche pourtant les plus hautes âmes ;<br />
car, û fon Difciple Arrienfa) n'eût rédigé par écrit<br />
ce qu'il lui avoit enten<strong>du</strong> dire de vive voix ,<br />
EpiHete feroit peut-être un nom inconnu dans le<br />
monde. Il croyoit auffi qu'un véritable Philofophe<br />
devoit faire & non pas dire ; & c'eft pour cela<br />
qu'il difoit ordinairement que la plupart de ceux<br />
quifaifoient les Philofophes, l'étoient de paroles,<br />
mais qu'ils ne l'étoient point en effet. ( 3 j Un<br />
jour quelqu'un fe fâchant de ce qu'on avoit pitié<br />
(1) Enchir. Epia. ti) An!. Gell.
54 E P I C T E ' f É<br />
de lui, EfiStttt lui dit : » Mon Ami , vous<br />
» avez tort de vous mettre en colère : car<br />
» quand il n'y auroit que la raifon de vous voir<br />
»• en mauvaife humeur de ce qu'on vous plaint,<br />
M vous êtes digne de compaffion -. Une autre<br />
fois qu'il vit un homme abîmé dans la plus infime<br />
débauche, per<strong>du</strong> d'honneur & de réputation,<br />
qui néanmoins fe mêloit d'étude &dePhilofophie,<br />
il s'écria, « ô Infenfé ! que penfes - tu faire ?<br />
m As-tu pris garde fi ton vafe étoit pur & net<br />
» avant que d'y rien verfer ? Car autrement tout<br />
» ce que tu y as mis, fe corrompra & fe chan-<br />
» géra en urine, ou en vinaigre , ou en quelque<br />
•> chofe de pire ». Aulugelle (i) qui raporte ces<br />
paroles, croit qu'il ne fe peut rien dire de plus .<br />
grave, ni de plus véritable, voulant faire connoître<br />
que, lorfque la Philofophie & les autre»<br />
Sciences tombent en une ame baffe & fouillée de<br />
vices, elles font comme dans un vafe fale & impur<br />
, où elles fe gâtent, & n'engendrent que<br />
corruption.<br />
(a) Mais EpiSett avoit une qualité que j'eftirne<br />
tf autant plus qu'elle çft rare en un Philofophe.<br />
Il aimoit extrêmement la propreté, & il difoit<br />
quelquefois qu'il aimoit beaucoup mieux qu'un<br />
«de fesDifciples fût frifé & bien peigné, que de<br />
(1) Aul. Gel!. MB. Un. 1.17. r. t».<br />
(1) Airien. /, 4. Diff. c. 11»
E P I C T E T E. jf<br />
lui voir les cheveux mêlés & crafleux. Il «voit<br />
cela de commun avec les plus grandsPhilofopb.es<br />
de l'Antiquité, qu'il étoit mal fait de fa perfonoe,<br />
infirme de corps & eftropié, à caufe d'une fluxion<br />
qui lui étoit tombée fur la jambe. II en fait une<br />
confeffion affez naïve dans une Epigramme qu'il<br />
fit (jir lui-même, & qui eft raportée par Aul»gelle<br />
(i); elle eft à peu près conçue en ces<br />
termes :<br />
La fortune jamais ne me fut favorable ,<br />
Je vins Efclave au monde, ùfusfoible de corpsi<br />
Le Cielfeul envers moi fe fit voir équitable,<br />
Verfant dans mon efprii Jes plus riches trefors.<br />
(a) Planude dans fon Recueil des Epigramme»<br />
Grecques, attribue fauflement cette Epigramme à<br />
Lionidasi car Léonidas étoit avant EpiUete, comme<br />
l'a très-bien remarqué M. de Saumaife , qui<br />
prétend auffî que cette Epigramme n'eft point<br />
à'EpiSete, & qu'elle a été ajoutée à Aulugelle<br />
par quelque demi Sçavant qui l'avoit faite. Toute<br />
la raifon qu'il en rend.c'eft qu'elle n'eft point dan»<br />
on ancien manufcrit à' Aulugelle. Je veux croire<br />
que cela eft ainft ; mais, fi cette conjeâure eft<br />
(i) Aul. Gell. NoH. Ait. I. %. c. 18.<br />
A5à^ fcTi«r«r& ytiifuii y 3tt s r j>/n.xri rfiftS t-<br />
(a) Planud. Anth. in y, C, A^£.
'3« E P I C T E T E.<br />
véritable-; il faut auffi que ce demi-Sçavant l'ait<br />
fait ajouter à Macrobc, qui la cite (i) comme étant<br />
à'EpiSete, au premier Livre de fes Saturnales, qui<br />
raporte les mêmes paroles à-Aulugellt. La raifon<br />
néanmoins, qui me feroit douter que cette<br />
Epigramme fût â'Epiffete, c'eft qu'il eft difficile<br />
de préfumer qu'un Philofophe auffi modefte 6c<br />
auffi humble que lui, ait pu parler de fon mérite<br />
fiavantageufement. Quoiqu'il en foit, il eft<br />
certain qu'EpiSete fut très-maltraité de la fortune<br />
; mais fi elle fut avare pour lui, le Ciel en<br />
récompenfe répandit libéralement fes dons dans<br />
fon ame. Il fembloit que la fortune ne fe fût<br />
déclarée fon ennemie que pour le faire triompher<br />
plus glorieufement. J'ofe même dire que la fervitude<br />
& l'infirmité de fon corps étoient néceffeires<br />
à fa vertu pour la faire paroître avec plus<br />
d'éclat à la poftérité ; car fans mentir , jamais<br />
homme ne porta la confiance fi loin.<br />
(a) Comme Epilttte étoit encore Efclave i'Epaphrodite,<br />
il prit un jour fantaifie à ce brutal de<br />
lui tordre la jambe. Epi&ete s'apercevant qu'il<br />
y prenoit plaifir, 6c qu'il recommençoit avec plus<br />
de force, lui dit en fouriant, 6c fans s'en émouvoir<br />
: fivous continue^ , vous me cajferc{ infailliblement<br />
U jambe. En effet, cela étant arrivé<br />
('JMjcrob. {. i. S*mrn. e. IL (>> Oiigen. !•?• "»
E P I C T E T E. 5#;<br />
«tomme il l'avoit prédit, il ne lui dit autre chofe<br />
finon : ht bien, ne vous avois-je pas dit que vous,<br />
me rompriez la jambe ? Celfus, emporté de l'en J •<br />
thoufiafme de la Philosophie, élève cette patience<br />
au-deflus de toute autre patience, (i) jufques-là.<br />
qu'il paffe aune abominable impiété. Si l'injure<br />
<strong>du</strong> tems ne nous eût point ravi le Livre qu'y/rrien<br />
(2) avoit tait de fa vie & de fa mort, je m'affure<br />
que nous verrions bien d'autres exemples de<br />
fa confiance. Il ne faut pas douter qu'un homme<br />
qui fe laide ainfi cafler la jambe, n'ait déjà éprouvé<br />
fa patience en bien d'autres occafions.<br />
(3) Il avoit une eftime toute particulière pour*<br />
Agrippinus, à caufe qu'un jour, comme quelqu'un<br />
lui vint raporter qu'on lui faifoit fon procès au<br />
Sénat , il répondit : j'en fuis bien aife , mais"<br />
quelle heure efl-il ? Et lui ayant été dit qu'il étoit<br />
environ cinq heures : allons donc au bain, repli-><br />
qua-t'il, // eft tems de partir. Comme il fut de.,<br />
retour, un peu après, on lui vint dire que fon<br />
procès étoit jugé. Il demanda : hé bien, à quoi<br />
fuis-je condamné, à la mort ? Non, répartit celui<br />
qui lui apoTtoit la nouvelle , vous n'êtes cori-i<br />
damné qu'au banniflement. Allons donc, répon-><br />
ditfroidementAgrippinus,â#o/tf/ou£f''4Ariçie(4)«<br />
• "''•.''' ><br />
U)Celf»i ilevoit la pitience A'Epillete au-deflVs de celle<br />
de Jcf*:-Chrijl. (ï) Slrapl. in Ench. Epi&. mit.<br />
C{) Atrian /. 1. c. 1. (4) dirait étoit ua Bourg qui<br />
était i deux lieue» de "Kgmt,-
frt E P I C T E T E;<br />
Epiftcte avoit encore Pyrrhon en particulière<br />
vénération , à caufe qu'il ne mettoit point de<br />
différence entre la vie & la mort. Il eftimoit<br />
fur-tout la répartie qu'il fit à quelqu'un qui fe<br />
rouloit moquer de lui ; car cet homme lui difant,<br />
pourquoi ne meurs-tu donc pas, Pyrrhon, puisqu'il<br />
t'eft indifférent de vivre ou de mourir ? C'eft<br />
par cette raifon-lâ mime, répondit-il.<br />
Enfin, Epi&ete faifoit confifter toute la Philofophie<br />
en la continence & en la patience. C'eft<br />
pourquoi il avoit toujours ces paroles en la bouche<br />
: ( t) Ttne{ ferme contre les peines, 6* fuye^<br />
devant les plaifirs, qui s'exprimant en deux mots<br />
ont beaucoup plus de grâce &. d'énergie en Grec<br />
qu'en notre Langue.<br />
Il ne pouvoit encore fe lafler d'admirer la<br />
conftance que témoigna Lycurgue envers un Lacidémonïtn,<br />
qui lui avoit crevé l'oeil : car le peuple<br />
lui ayant livré cet homme pour le punir, au<br />
lieu de s'en venger, il l'inftruifit à la vertu. Comme<br />
il en eut fait un homme de bien, il le fit<br />
<strong>mont</strong>er fur le théâtre, au grand étonnement <strong>du</strong><br />
peuple qui le croyort mort il y avoit déjà longterns,<br />
& U leur dit : je vous rends cet homme<br />
qui eft maintenant bon & jufte, au lieu que<br />
yous me l'aviez donné méchant & perfide.<br />
(0 A *X* *•" «*'X*
E P I C ' T E T ' E J ff<br />
Epiftete parloit auffi ordinairement de la Fermeté<br />
& de la grandeur de courage de Luicranus }<br />
car Néron l'ayant condamné à avoir la tête tranchée<br />
, & le Bourreau ne l'ayant bleffé que légèrement<br />
<strong>du</strong> premier coap, il eut le cœur de levef<br />
la tête, & de tendre le col une féconde fois.'<br />
Même un peu auparavant, Epaphrodite l'étant<br />
venu trouver pour l'interroger fur la confpiration<br />
dont il étoit accufé, il lui répondit : fi j'avois<br />
quelqu'autre chofe à dire , je le dirois à ton<br />
Maître & non pas à toi. Comme Epiftete<br />
étoit un digne estimateur des actions des hom- 1<br />
mes, il eft bien glorieux à la mémoire de ces<br />
grands perfonnages d'avoir un tel aprobateur<br />
que lui.<br />
Il fit profeffion toute fa vie de la Philofophie<br />
Stoïque, c'eft-à-dire, de la plus févére & de la<br />
plus auftére de l'Antiquité. Il n'y eut jamais<br />
perfonne qui fçUt mieux ré<strong>du</strong>ire en pratique les<br />
maximes & les préceptes de cette Seâe ; car encore<br />
qu'il ait été des derniers qui s'y foient adonnés<br />
, il en a pourtant été un "des plus grands<br />
ornemens. Il imitoit dans fes difcours & dans<br />
(es actions la façon de vivre de Soeratc, de<br />
Zenon & de Diogènt. Quand il entreprenôit quelque<br />
Ouvrage, il regardoit auparavant ce qu'ils<br />
euflent fait en une pareille occafioa : quand il<br />
reprenoit, ou qu'il inftruifoit quelqu'un, il lui<br />
aportoit toujours quelque exemple de ces Philo-
^» E P I C TLE T K'<br />
fophes. Enfin, H les croyoit infiniment élevé»<br />
au-deffus de tous les autres. Il eftimoit particulièrement<br />
Socrate, & s'étoit formé un ftyle comme<br />
lui. Il ufoit dans tous fes entretiens de corn»<br />
paraifons b familières & fi juftes, qu'infenfiblement<br />
il faifi»it tomber tout le monde dans foni<br />
opinion ; il n'affecroit de parler ni poliment, ni<br />
élégamment, pourvu que fon difcours fût intelligible<br />
& rempli de bon fens , à l'exemple de-celui<br />
de Socrate, il étoit fatisfait. En un mot, il s'étoit<br />
propofé ce Philofophe comme le modèle 6c<br />
la régie de toutes fes actions.<br />
, Encore qu'il eftimât fort Pyrrhon, il avoit<br />
conçu une inimitié & une .haine fi étrange contre<br />
les Pyrrhoniens, qu'il ne les pouvoit fouffrir.<br />
Il dit un jour à un Pyrrhonien qui s'efforçoit de<br />
prouver que les fens étoient toujours trompeurs :<br />
qui de vous autres voulant aller aux étuves, eft<br />
allé jamais au moulin ? (i) Il difoitàufiî ordinairement<br />
: fi j'étois valet de ces Pyrrhoniens , je prendrois<br />
plaifir à les tourmenter. Quand ils me diroient<br />
: Epiflete, verfez de l'huile dans le bain,<br />
je leur répandrois de la faumuse fur la tête.<br />
Quand ils me demanderoient de la tifane , je<br />
leur aporterois <strong>du</strong> vinaigre. Et s'ils penfoient<br />
s'en plaindre, je leur dirois qu'ils fe trompent-,<br />
& leur perfuaderois que le vinaigre eft de la ti-<br />
' . ' < • ' • • . '. ^ne,<br />
- (O AnUn.l.i, Vijf. t, x
E P I C T E T E. 4*<br />
fane ; ou je les ferais renoncer à leur fentiment.<br />
Il fit la guerre toute fa vie à l'Opinion & à la<br />
Fortune, qui font d'ordinaire les deux chofes qui<br />
gouvernent le monde. Il comparait la dernière<br />
à une femme de bonne maifon, qui fe proftitue<br />
à des valets. Il difoit que la vie qui dépendok<br />
de la fortune, étoit femblable à un torrent trouble<br />
, fale, difficile à pafler, impétueux & de<br />
peu de <strong>du</strong>rée; ilibutenoit au contraire que l'efr<br />
prit adonné à la vertu, reflembloit à une fontaine<br />
qui couloit toujours, dont l'eau étoit claire, douce<br />
& agréable à boire ; en un mot, éxemte de<br />
toute forte de corruption. Auffi jamais perfonne<br />
n'aporta tant de foin que lui à fe perfectionner<br />
dans l'étude de la vertu.<br />
H avoit entièrement renoncé à-tous les autres<br />
plaifirs, pour s'adonner feulement à ceux de l'esprit.<br />
Quand il étoit en un feftin, (i) il neregardoit<br />
pas tant à traiter fon corps que fon efprit : :<br />
car il croyoit que ce qu'on donnoit au corps t<br />
périflbit & ne revenoit plus ; & qu'au contraire<br />
ce qu'on donnoit à l'efprit, demeurait & ne fe<br />
perdoit jamais. Voilà pourquoi il préférait lé<br />
repos & la tranquillité d'efprit à,toutes les chofes<br />
imaginables : & il tenoit pour maxime que<br />
comme on ne voudrait pas périr dans unvaifleau,<br />
(i) Stob. Strm. i.<br />
Tome III. D
41 E P I Ç T E T E.<br />
«quoiqu'il fût parfaitement beau & qu'il fût chargé<br />
de tréfors & de richefTes ; ainfi on ne doit jamais<br />
, pour riche & pour magnifique que foit une<br />
malfon ,'fe laùTer accabler fous le fais des foins<br />
& des inquiétudes en roulant la conferver.<br />
Il difoit encore quelquefois, „ (i) Si vous<br />
s* aviez pris naiflance dans la Per/i, il eft cer-<br />
» tain que vous n'auriez point envie de demeu-<br />
» rtrtnGrice; vous fouhaheriezfeulement de<br />
s» vivre heureux en votre pays. Quand donc on<br />
» eft né dans la pauvreté, pourquoi faut-il avoir<br />
» l'ambition d'être riche i Que ne fonge - t'on-<br />
» plutôt à y demeurer & à vivre heureux en cet<br />
si état ? Comme il vaut bien mieux ne, coucher<br />
» que dans un lit étroit & avoir la fanté, que<br />
• de coucher dans un grand lit, & être malade ;<br />
• de même il eft bien plus à fouhaiter de con-<br />
M ferver le repos & la tranquillité d'efprit dan»<br />
D une médiocre condition , que d'avoir de la<br />
i» triftefle & <strong>du</strong> chagrin dans une fortune pins<br />
» élevée. U ne faut pas s'imaginer, ajoutoit-il,<br />
m que ce foit la pauvreté qui nous rende mal-*<br />
» heureux, c'eft l'ambition. En effet, ce ne<br />
m font point les richefles qui nous délivrent de<br />
t> la crainte, il n'y a que la raifon qui en foit<br />
s» capable. C'eft pour cela que celui qui<br />
» fait proviûon de raifon > t& content de<br />
(ij Stob. Strm. }8.
E P I C T E T K 41<br />
» foi-même > & ne fe plaiat jamais de la pau-<br />
» vreté. ».<br />
Voilà à peu près comme Epi fie te raifonnoit.<br />
Il ne pouvoit fouffrir ceux qui cherchoient<br />
quelque prétexte pour cacher, ou pour autorifer<br />
leurs crimes. Il difoit qu'ils faifoient comme<br />
les Courtifannes de Rome, qui pour cacher<br />
leur turpitude & pour autorifer leur libertinage,<br />
ne parloient d'autre chofe que des Livres de la<br />
République de Platon, à caufe que ce Philofophe<br />
reut que les femmes foient communes, ne s'atr<br />
tachant pas au fens, mais interprétant malicieufement<br />
les paroles de ce grand Homme : car il<br />
ne dit pas qu'une femme époufe un feul homme ,<br />
&que puis après elle s'abandonne à tous les aur<br />
très, mais il abroge cette forte de mariage d'ua<br />
feul homme & d'une feule femme pour en intro<strong>du</strong>ire<br />
une autre. Aura Epittctc ne cherchoit-^]<br />
jamais d'exeufe quand il fentoit qu'il avoit failli ;<br />
au contraire, il n'étojt jamais plus aife que lorfqu'on<br />
lui faifoit voir fes défauts.<br />
Un jour Rufiu le reprenant avec une rudeffe<br />
étrange, de ce qu'il n'avoit pu trouver une<br />
emijjion dans un Syllogifme, il lui répondit : je<br />
n'ai pas fait un fi grand crime que fi j'avois brûlf<br />
le Capitole. Penfes-tu, chétif Efclave que tu<br />
es, répliqua Rufus, qu'il n'y ait point d'autre<br />
crime que de brûler le Capitole ? Epitlcte, au<br />
lieu de fe fâcher dTune fi aigre répartie, n'en, fit
M E P I C . T E . T E .<br />
que rire, & la contoit même à tout le monde/<br />
Une autre fois encore, (i) un cetain homme qui<br />
avoit été très-riche, mais qui alors étoit trèspauvre<br />
, le vint prier d'écrire en fa faveur au<br />
peuple. Epiflctc étant bien-aife de lui rendre ce<br />
fervice , lui fit une lettre la plus obligeante<br />
qu'il put, où il reprefentoit & plaignoit fon infortune<br />
avec des termes qui étoient capables d'émouvoir<br />
à compaffion les perfonnes les plus <strong>du</strong>res.<br />
Comme cet homme l'eut lue, au lieu de<br />
l'en remercier il la lui rendit, alléguant qu'il<br />
Fétoit veau trouver dans l'efpérance qu'il avoit<br />
eu de recevoir de lui <strong>du</strong> fecours, & non pas<br />
des plaintes dont il n'avoit pas befoin. Cette réponfe<br />
plut tellement àEpi&ete, que depuis elle<br />
Jui demeura toujours dans l'efprit.<br />
Epidett étoit fur-tout extrêmement délicat<br />
dans l'amitié ; & c'eft aflez de dire qu'il étoit<br />
Stoïcien, pour faire croire que la Tienne n'étoit<br />
point întéreffée. Il ne vouloit point qu'on consultât<br />
l'Oracle, quand il y alloit de la dêfenfé<br />
d'un Ami ; car il étoit perfuadé(2) qu'on devoit<br />
l'entreprendre même au péril de la vie. Corn'*<br />
me il difoit un jour qu'il n'y avoit que le<br />
Sage qui fût capable de faire amitié, H y eut<br />
un homme qui lui répliqua, qu'encore qu'il i>«<br />
fût pas Sage , il ne laHToit pas d'aimer tendrement<br />
(l) Aaia,. /. i. Dtff. cap. $. (i)Eitcb. Epia.
E P I C T E T E. 4j<br />
fon fils. ,,-Vous vous l'imaginez, répartit Epie-<br />
T> tête. N'avez - vous jamais vu , ajouta-t'il,<br />
» jouer de petits chiens enfemble ? On s'imagi-<br />
» neroit à les voir qu'ils ont une extrême ami-<br />
» tié l'un pour l'autre. Cependant jettez quef-<br />
» que morceau de viande au milieu d'eux, &<br />
» vous reconnoîtrez s'ils aiment effectivemenr.<br />
» Il en eft de même de vous & de votre fils :<br />
» mettez quelque petit morceau de terre entre<br />
» vous & lui, & vous verrez fi pour en jouir il<br />
» ne fouhaitera pas votre mort, & fi peu de<br />
i» tems après vous ne concevrez pas une haine<br />
» mortelle contre lui ? Etiocte & Polynict n'é-<br />
» toient-ils pas enfans d'un même père & d'une<br />
y> même mère ? N'avoient-ils pas été nourris &<br />
» élevés enfemble? Ne s'étaient-ils pas fait mille<br />
» proteftations d'amitié ? Cependant, le Royau-<br />
» me étant échu entr'eux deux, qui eft ce mor-<br />
» ceau fatal, fe font-ils fouvenus de leurs pro-<br />
» méfies, l'amitié ne s'eft-elle pas évanouye,<br />
n n'ont-ils pas eu des guerres horribles l'un con-<br />
» tre l'autre, & ne fe font-ils pas cherchés pour<br />
» fe tuer,, ?<br />
Quand quelques-uns lui difoient que, s'il vïvort<br />
toujours dans la pauvreté, il ne feroit jamais en<br />
état de rendre fervice à fes Amis. ,i Ah ! que<br />
» vous vous abufez, répondoit-it f Penfez-vous<br />
» que ce foit afiifterfes Amis que de leur prêter<br />
» de l'argent ? Non , non. 11 eft bien vrai
46 E P I C T E T E .<br />
» qu'on doit faire tout Ton poffible pour acquérir<br />
» des richeffes, afin de les en affilier dans leur<br />
» befoin : mais, fi TOUS pouvez me <strong>mont</strong>rer une<br />
s» voïe par laquelle on les puiffe avoir dans le<br />
» fiéde où nous Comme s, en confervant l"hon-<br />
» nêteté & la probité , je vous promets que je<br />
» ferai tous mes efforts pour les acquérir. Si<br />
w TOUS demandez aufli de moi que je perde mes<br />
» biens pour en acquérir d'autres, qui ne font pas<br />
» de vrais biens ; confidérez fi vous n'êtes par<br />
» bieninjuft.es, & fi vous ne devez pas préférer<br />
» un fidèle Ami à de l'argent „. C'eft-ïà véritablement<br />
parler en PhiloCophe , auffi-bien que<br />
celui qui difort que c'eft être bien mauvais négociant<br />
que de faire une injuftice pour acquérir<br />
<strong>du</strong> bien, puifque c'eft donner en troc de bonne<br />
marchandise pour en avoir de mauvaiCe, Sf. per*<br />
dre un bien irrécouvrable pour en acquérir un<br />
qu'il faut perdre néceffairement.<br />
Mais ce qu'EpiSete a eu de particulier, c'eft<br />
que de tous les anciens Philofophes Payens il a '<br />
été celui qui a pénétré le plus avant dans no»<br />
snyftéres, & qui a eu les meilleurs fentimen»<br />
touchant la Divinité. En effet, ils Cont fi conformes<br />
au ChriftianiCme, que Saint Auguflm, tout<br />
ennemi qu'il étoit des anciens Philofophes , a<br />
parlé decelui-ci très-avantageufement ; juCques-1*<br />
néme qu'il ne fait point de difficulté de Fhono-<br />
«er <strong>du</strong> titre de trè>6ge.
E P I C T E T E . 4T<br />
Ce fut aufli cette grande probité qu'on remarquoit<br />
en lui, qui le fit chérir & eftirner de toi»<br />
Jes plus grands perfonnages de fon tems» Il fit<br />
amitié particulière avec FavorinusSc arec Hèroie<br />
le Sophifte, qui /ont deux hommes célèbres dans<br />
rAntiquité , dont Philojlrate a écrit la vie. Spafi*<br />
sien, comme j'ai déjà remarqué, le met au- nombre<br />
des plus intimes amis d'Hadrien. Themif~<br />
tlus (i), dans fon Oraifon à l'Empereur Jovinien%<br />
dît qu'il reçut de grands honneurs des deux Antonins.<br />
En effet, Marc-Aurèle, dans le Livre qu'il<br />
s'eft adrefle à lui-même, en parle avec beaucoup<br />
d'honneur en plusieurs endroits : jufques-là qu'il<br />
le compare aux S ocrâtes , aux Zinons & aux Chry<br />
fippes. Enfin, il tut en une fi haute réputation»<br />
que Lucien (a) fait une raillerie d'un Ignorant qui<br />
avoit acheté la Lampe de terre, d'Epiétett troismille<br />
dragmes , dans l'espérance qu'il avoit<br />
conçue de devenir aufli fçavar.t que lui à la lueur<br />
de fa Lampe.<br />
Ces paroles avoient tant de force, & on portoit<br />
tant de refpeâ & de vénération à ce<br />
qui venoit de lui, que perfonne n'y réfiftoit.<br />
(5) Un jour Hérode le Sophifte fè rencontra<br />
avec un jeune homme qui faifoit profeffion<br />
de la Philofophie Stoïcienne , mais qui parloit ><br />
(•) Thon. 0r«r. u~ (»* Locian.44Inditit.<br />
(3> Aul. Gell. HtS. I. I. e. 2.
%i E P I C T E T E .<br />
& fe vantoit de telle forte , qu'il fembloit à l'entendre<br />
que tous lesGrecs Se tous \aLatins fuiTent<br />
des ignorant au prix de lui ; comme il eut<br />
écouté paifiblement tout ce qu'il vouloh dire, il<br />
envoya quérir le fécond Livre des Difcours d'Epiftete<br />
, rédigés par Arritn, dont il fit lire ua<br />
Chapitre qui traitoit des grands Difcoureurs 6c<br />
des Préfomptueuz ; de quoi ce jeune homme demeura<br />
fi confus & fi interdi , que'depuis il ne<br />
dit pas un mot. On peut juger par-là en quelle<br />
eftime il falloit qa'EpMetc fût.<br />
De tous fes Difciples on ne cormoît qu*'Arritn<br />
feul qui foit confidérable. Mais quand il n'auroit<br />
fait que ce Difciple, il eft certain qu'il aurait<br />
toujours fait beaucoup. Ce fut cet Arritn.<br />
qui depuis fut maître à'Antonin, furnommé le<br />
Pieux, & qui fut apelé le jeune Xinophon , à<br />
caufe qu'à l'exemple de ce Philofophe il rédigea<br />
par écrit tout ce qu'il avoit enten<strong>du</strong> dire à foa<br />
Maître pendant fa vie, & qu'il en compofa ua<br />
Volume qu'il intitula , Lis Difcours d'Epiëttte , oit<br />
fis Diffirtations, dont il nous refte encore quatre<br />
Livres aujourd'hui. Depuis il fit un petit Livre<br />
qu'il apela Enchiridion, (i) qui eft l'abrégé de<br />
toute la Philofophie A'Epiflcte, que nous avons<br />
encore, (2) & qui eft fans contredit une des plus<br />
belles<br />
(O Ce (ont In CaraSires ïh fart de cette Vie d'EpiiSete,<br />
l*i Siuip. in Proton. Eml.tr.
E P I C T E T E . 49<br />
belles pièces de l'antiquité. Il avoit fait auflî tut<br />
Livre fort ample de la vie « de la mort à'Epiez<br />
tête qui eft entièrement per<strong>du</strong>. ,<br />
Marc-Aurele parle d'un autre Livre intitulé,;<br />
Les Commentaires d'Epiftete, qu'il avoit lus trèséxaâement.<br />
Mais ces Commentaires ne font autre<br />
chofe vraifemblablement que les Difcours à'Epie,<br />
tête, dont j'ai déjà parlé ; car Arrien dans la Pré-,<br />
face qu'il a'faite au-devant de ces Difcours, les<br />
apelle auflî les Commentaires d'EpUtete.Je ct/oii<br />
que ce qui a donné lieu à cette équivoque , a<br />
été les deux publications qui furent faites de ce<br />
Livre <strong>du</strong> vivant d'Arrien , auquel il donna peutêtre<br />
divers titres. Je fuis encore perfuadé que<br />
fes Difcours étoient plus amples que nous ne les<br />
voyons aujourd'hui, & peut-être qu'au lieu de<br />
quatre Livres il y en avoit cinq ou fix. Gela eft<br />
{ivrzi, qaAulugclle cite un endroit <strong>du</strong> cinquième<br />
Livre des Difcours d'Arrien, & S/oie'eraporte<br />
plufieurs partages <strong>du</strong> même Auteur qui ne fe trouvent<br />
plus. Peut-être auflî qa'Arrien retrancha<br />
plufieurs chofes à la féconde publication qui fut<br />
faite de fon Livre, & qu'il ré<strong>du</strong>ifit les fix Livres<br />
qu'il avoit faits à quatre.<br />
Quoiqu'il en foit , je ne puis croire ce que<br />
dit Suidas, qu'Epi&efe ait beaucoup écrit ; car<br />
pour peu qu'on life Arrien, & qu'on fpit inftruit<br />
des maximes qa'Êpi&ete a tenues, cela tombera<br />
difficilement dans l'efprit. Il y a encore de cer-<br />
Tomt Ult • E
5o E P I C T E T Ë.<br />
taines réponfes que quelques-uns prétendent qu'il<br />
a faites' à l'Empereur Hadrien : mais il ne faut<br />
que les lire pour reconnoître qu'elles font fupo-<br />
.ftes, & qu'elles lui ont été faufiement attribuées*<br />
ffolfius [ i ) nous faifoit efpérer autrefois que nous<br />
verrions quelque jour les Lettres de ce Philofophe,<br />
qui font, à ce qu'on lui avoit dit, dans la Bibliothèque<br />
de Florence. Mais il y a grande aparence<br />
que celui dont il avoit apris cette nouvelle,<br />
n'étoit pas bien informé de la vérité, & qu'on<br />
les attendra long-tems avant qu'elles paroiffent au<br />
jour.<br />
Onnefçaitde quelle maladie, ni en quel tems<br />
Epi3cte\eft mort. Il eftbien vrai que Suidas dit<br />
qu'il mourut fous le régne de Marc-Aurtlt. Mais<br />
je doute fort qu'il ait dit vrai. M. de Saumaift<br />
qui s'eft fort éten<strong>du</strong> fur ce fujet , prétend que<br />
Suidas raporte qu'Epiflcte fut Efclave à'Epaphrodiie<br />
qui étoit Capitaine des Gardes <strong>du</strong> Corps de<br />
Néron. Depuis la mort de Néron jufqu'à l'avé"<br />
nement àeMarc-sitirelc à.l'Empire il y a près de<br />
quatre-vingt>quarorze ans. Mcme avant qu'iTpic.<br />
/««fût eh état "de rendre fervice'a. Epaphrodite,<br />
& de venir d'Hiérapolisi Rome, îl'falloît qu'il eût<br />
déjà quelque âge ; de forte que félon cette réputation<br />
il auroit vécu près de cent quinze ans ; ce<br />
qui n'eft-gas* facile àcrôïrev Je trbuve 'cette* coni<br />
: •• .'. •.:•'.' f ""i' -. ; c v. ^ ' . j' .; : , •.'_,<br />
! :• • '•- oi:i fc . -. , •'•.'*); " -> . ;,- -. ; • '..";'><br />
^l) Wo\fiu#i'« Prtf. ad aliénât. H*dr. ,
E P I C T E T E; fi<br />
jefture affez raifonnable, mais elle n'eft pas concluante<br />
: car il le pourrait faire , comme a très.<br />
bien remarqué Lipfe ( I ) , qu'il ne fervit Epsphrodite<br />
qu'aprè&la mort de Néron* On pourrait<br />
néanmoins répondre à Lipfe qa x Epapkrodite eft<br />
iciqualiSé Capitaine des Gardés <strong>du</strong>'Corps de Néron<br />
; ce qui eft un témoignage que Néron vivoic<br />
alors.<br />
La féconde raifon eft que MarcAurele rie le<br />
met point au nombre de ceux qu'il àvoit ouis : il<br />
dîtfeulement quil avoit vu fes Commentaires par<br />
le moyen de JttniusRufticus qui les lui envoya;<br />
Cette raifon me femble beaucoup plus foible que<br />
l'antre : car»outre qu'Epiftctc pouvoit alors s'être<br />
retiré à Nicopalis, il mourut peut-être dès le commencement<br />
<strong>du</strong> régne de. MarcAurele. En effet»<br />
Suidas dit feulement qu'il parvint jufqu'au tems de<br />
cet Empereur. Et ainfi encore qu'Epifléte eût vécu<br />
jufqu'au commencement de fon régne, il fe pourrait<br />
faire que cet Empereur n'eût vu les Commentaires<br />
d'Epiâeu qu'après la mort.<br />
.La troifiémé raifon que raporteM. de Saumaife<br />
V-ne mé'éptttblt pas confidérable. Il dit<br />
* que la Lampe d'Epifftte fut ven<strong>du</strong>e <strong>du</strong> tems de<br />
Lucien ; & de là il conclut qa'Epi&ctc étoit donc<br />
• mort alors. Mais cela ne prouve rien : car il y<br />
a toutes'les apirences-<strong>du</strong> monde qao Lucien hç<br />
(i^ Lipfiui>»M*n»d. *dStéic,Phil. hi-e.i».<br />
E a
ça E P I C T E T E.<br />
mourut qu'après Marc-Aurele ; &ainfi cette Lampe<br />
peut avoir été ven<strong>du</strong>e <strong>du</strong> tems de Lucien, encore<br />
qxx'Epiftete (bit parvenu jufqu'au tems de<br />
cet Empereur : peut-être même qu'elle fut ven<strong>du</strong>e<br />
dés fon vivant ; & en ce cas il n'y auroit<br />
point de difficulté.<br />
La quatrième raifon qu'il rend, eft qxx'AuIagtlle<br />
(i ) qui écrivoit <strong>du</strong> tems d'Antonin lui-nommé<br />
le Pieux, ou au commencement de l'Empire de<br />
Marc-Aurele , dit d'Épiâete, la mémoire efl encore<br />
récente <strong>du</strong> Philofophe Epiâete. Mais M. de<br />
Saumaife n'a pas raporté le paflage d'Aulugellt<br />
tout entier ; car il eft dit précifément,/* ra*'»io/r<<br />
ejl encore récente, q«'Epiâete a été Serviteur. Ainfi<br />
il dit que la mémoire eft encore récente qu'Epie—<br />
acte ait été Efclave, & non pas amplement qu'il<br />
ait été.<br />
Enfin, la dernière raifon de M. de Saumaife<br />
eft qvîAulugellc parle en ces termes en un autre<br />
endroit : F ai oui dire à Favormus ça'Epiâete<br />
difoit, 6>d De forte que, puifque Favorinvs eft<br />
mort fous Hadrien, M. de Saumaife conclutsqh'E.<br />
pi&ete ne peut pas avoir vécu fu(qn% Marc-Au»<br />
relt. Cette raifon n'eft pas convaincante, parce<br />
que Favormus pouvoit aprendre à Atulugetle ce<br />
que difoit Ep'i&tte 4 encore qa'Epifttte ne, fût pas<br />
mort. Elle, a^eft pas pourtant £uu fondemej*; car<br />
0 ) A u l . G e l l . I . i l . t . I J . . •
E P I C T E T E; 53<br />
Aulugclle qui écrivoit <strong>du</strong> teins d'Antonin fut nommé<br />
le Pieux, Prédécefteur de Marc-Aurelt, lorfr<br />
qu'il parle d'Epiflete, il ufe toujours de ces termes<br />
: Epiâete difoit , ce vénérable Vieillard difoit,<br />
un tel m'a apris ftt'Epi&ete difoit; ce gu»<br />
marque apurement qu'il n'étoit plus. Et ce qui<br />
me fait encore incliner à cette opinion , c'eft<br />
qu'il eft probable qu'Arrien n'avok fait les Discours<br />
d'Epiât te qu'après la mort de ce Philofopne<br />
; & fi cela eft, il eft impoifible que ce que dit<br />
Suidas foit véritable , qa'Epiflete foit parvenu<br />
jufqu'au tems de Marc-Aurele : car <strong>du</strong> tems d'Aulugetle<br />
qui écrivoit, comme j'ai remarqué, fous<br />
Antonin furnommé IeP»«Mf,cesDifcoursétoient<br />
déjà publics & connus de tout le monde. Il eft vrai<br />
qu'Arrien auroit pu faire ce Livre <strong>du</strong> vivant d'£piSete<br />
; mais il y a peu d'aparence, & on ne préfumera<br />
pas facilement qu'on publie les difcours &<br />
les chofes mémorables d'un homme vivant.<br />
11 y a encore une autre difficulté aflez considérable<br />
que M. de Saumaife n'a point remarquée<br />
; c'eft que depuis la mort de JWroa,jufqu'à<br />
l'Edit de Domitien touchant l'éxil des Phi.<br />
lofophes, il n'y a guéres que vingt ans : car cet<br />
Edit fut publié la huitième année de fon régne,<br />
félon le raport d'£«/2ffc («> ° rfi laconje&ure<br />
(iJEttfeb. In Chrtn.<br />
E3
$4 E P I C TE TE.<br />
de Lipfe eft véritable , & qu'Epiftete n'ait fervi<br />
Epaphrodite qu'après la mort de Niroh, il s'enfuivroit<br />
qu'au tems de cet Edit Epiftete ne pouvoit<br />
avoir que dix-huit ou dix-neuf ans ; ce qui<br />
ne peut pas être: car il étoit dès ce tems-là en<br />
grande réputation , yMqu'Aulugelle dit qu'il fut<br />
obligé, en qualité de Philofophe, de fe retirer<br />
à Nicopolii. Il falloit donc qu'il eût alors au<br />
moins trente ans : mais s'il eût eu cet âge au<br />
tems de cet Edit, il feroit néceflaire qu'il eu*<br />
vécu près de cent huit ou neuf ans pour parvenir<br />
jufqu'à Marc-Aurele ; ce qui n'eft pas probable<br />
, puifque Lucien qui vivoit de ce tems-là ,<br />
ne fait pas même mention A'Epiftete dans le Dialogue<br />
qu'il a fait de ceux qui ont vécu long-tems'<br />
Il eft vrai qu'Eufete parle encore d'un fécond<br />
Edit contre les Philofophes qui ne fut publié<br />
que là quinzième année <strong>du</strong> régne de Ùomitïen :<br />
ïnais outre qu'il eft prefque le îeul des Chronoïogiftes<br />
& des Hiâoriens qui fafle mention de ce<br />
fécond Edit, Sccliger remarque précifément que<br />
rEdit dont parle Aulugelle , qui eft celui dont<br />
il s'agit ici, fut le ptemier qui fut publié la huitième<br />
année <strong>du</strong>«gne de Domitien. Cette raifon<br />
me femble fi forte, que je ne ferois point de difficulté<br />
de dire que Suidas s'eft abufé, fi je n'eufie<br />
trouvé un partage de Thèmiftius, ou il dit précifétnent,<br />
que les deux Antonins rendirent de grands
E Pjl C T E T E. ïJ<br />
honneurs à Epiftete. On pourroit néanmoins répondre<br />
que c'eft un Orateur qui parle, qui n'a<br />
pas aporté toute l'éxaftitude qui ieroit néceffaire<br />
à an fidèle Hifiarien ; ou peutnêtre que Marc-Aùrrele<br />
ayoit ren<strong>du</strong> de grands honneurs à Epiflcie<br />
<strong>du</strong> tems d'Hadrien, & à'Antonin furaommé le<br />
Pieux , & avant qu ? H fût Empereur, ou plutô<br />
qu'il lui rendit ces honneurs après fa mort. Corn*<br />
ne en effet nous voyons par les Livres qu'il nous<br />
a laiffés , qu'il eut fa mémoire en une particulière<br />
vénération.<br />
Enfin , cela n'eft pas fans difficulté, & j'aurais<br />
bien de la peine à me déterminer là-deffus :<br />
c'eft pourquoi je me contente de raporter Amplement<br />
lès doutes de part & d'autre. Néanmoins<br />
après avo|r bien examine ces chofes, s'il<br />
m'eft permis de dire mon feritiment, j'incline<br />
bien plus à croire.,ce que dit M. de Saumaifc ,<br />
qu'en effet Epittete ne fait-pas parvenu jufqu'à<br />
l'Empire de Marc - Aureit. Car , outre que<br />
Suidas eft un Auteur qui n'a pas toujours die<br />
vrai , il s'eft abufé infailliblement quand il a<br />
dit qu'Epi&ete avoit beaucoup écrit ; de forte<br />
qu'il fe peut faire qu'il fe foit aufli trompé<br />
dans fon calcul. Quoiqu'il en foit , il eft certain<br />
qu'Epiitete fût regretté de tout ce qu'il y<br />
avoit de gens illuftres en fon fiécle, & que fa<br />
E4
56 E P l C T E T E .<br />
mémoire fera précienfe à la pofiérité. Voilà tout<br />
ce que j'ai pu trouver de fa vie qui , jufqu'ici,<br />
n'avoit point été écrite en aucune Langue, depuis<br />
que celle qu'avoit faite Arrun, a été per<strong>du</strong>e.<br />
Fin i* la Vu &$ji8ttt.
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Ans depuis la fondation de Rome,<br />
Ans depuis Néron.<br />
Pour l'intelligence <strong>du</strong> tems<br />
auquel Epiâete eft mort.<br />
CHRONOLOGIQUE ,<br />
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Philosophes*<br />
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Marc-Aurele.<br />
Commo<strong>du</strong>s.<br />
La mort de Lucien.
££S CARACTÈRES<br />
D'EPICTETE ,<br />
TRADVJTS DV GREC.<br />
L y a des chofes qui dépendem-d^<br />
nous: il y en a d'autres qui n'en dé*<br />
pendent point. Nous fonames les maîtres<br />
de nos opmtohs , de nos inclinations<br />
, de nos defirs, de nos avsrfions;, «n un<br />
mot de tQUtes nos opérations, Mais' il ' ne dé«pend<br />
pas de nous d'agir de la fafilé , dfes rvchefles,<br />
de la réputation, de grandes dignités j,<br />
ni de toutes les autres chofes jqui font hors de<br />
nous, & que nouj ne faifons pas. •<br />
i ' I I i '<br />
i <<br />
Les chofes qui dépendent purement de nous y<br />
ÎS£. t .ll^ï e . s ^?_l£H£-? atur JLi e " es ne peuvent êtrfe<br />
k
E P I C T E T E. 6i<br />
empêchées, ni par les défenfes, ni par les ob L<br />
fiacles : au contraire, ce qui ne dépend point de<br />
nous, eft foible, fujet à la fervitude, & aux embarras,<br />
fouvent expofé aux caprices d'autrui.<br />
III.<br />
Si vous confondez les idées, 8c fi vous croyez<br />
libre ce qui eft naturellement fujet à la dépendance<br />
; fi vous regardez comme propre & perfonnel<br />
ce qui dépend <strong>du</strong> captice d'autrui, vous<br />
trouverez des obftacles à chaque pas, vous tomberez<br />
dans l'embarras & dans le trouble, vous ferîz<br />
expofé à mille chagrins, vous vous en prendrez<br />
aux Dieux & aux Hommes. Au lieu que fi<br />
vous ne regardez comme dépendant de vous que<br />
ce qui en dépend effeôivement, & comme étranger<br />
ce qui eft étranger , vous ne trouverez jamais<br />
(fobftacles ni de contrainte dans vos projets ;<br />
vous n'accuferez ni ne blâmerez jamais perfonne,<br />
vous ne ferez rien contre votre inclination^<br />
vous ne vous trouverez jamais offenfé , vous ne<br />
regarderez perfonne comme votre ennemi, &<br />
vous ne fouffrirez jamais la moindre difgrace.<br />
IV.<br />
Si vous voulez acquérir les grands biens que<br />
donne la fagefle, il ne faut pas les regarder avec<br />
indolence, ni en avoir des defirs médiocres ; il<br />
faut renoncer entièrement à de certaines chofes,<br />
& vous abftenir des autres pour un tems. Car<br />
fi avec les véritables biens, vous defirez encore
&l E P I G T E T E .<br />
les richefles , & les grandes charges, peut-être<br />
en ferez-vous exclus à caufe de vos premiers<br />
defirs ; mais il eft hors de doute que vous perdre 1<br />
les feuls biens qui peuvent procurer la liberté de<br />
l'écrit & le véritable bonheur.<br />
V.<br />
A la vue de quelque objet fâcheux qui voitt<br />
frape, accoutumez-vous à dire, que ce n'eft<br />
qu'une pure imagination , & que la chofe n'eft<br />
pas telle qu'elle vous paroît. Après vous être<br />
fortifié de la forte, fervez-vous des régies que<br />
vous avez ; examinez fur-tout fi cet objet qui<br />
fait votre peine, eft de la nature des chofes qui<br />
dépendent de vous ; car fi cela n'eft pas , dites<br />
fans vous émouvoir , que ce n'eft point votre<br />
affaire.<br />
VI.<br />
On fe flatte toujours d'obtenir ce qu'on defire<br />
avec ardeur, & de ne point tomber dans les malheurs<br />
qu'on apréhende. C'eft être malheureux<br />
que de n'obtenir pas ce qu'on defire ; mais c'eft<br />
être plut que malheureux d'être expofé aux maux<br />
qu'on craint. Si vous n'avez de l'averfion que<br />
pour ce qui dépend purement de vous, vous ne<br />
tomberez point dans les infortunes que vous<br />
craignez ; mais fi vous redoutez avec excès des<br />
maux qu'il n'eft pas en votre pouvoir d'éviter,<br />
tomme les maladies, la mort, la pauvreté , vous<br />
ferez toujours inquiet.<br />
VI I.
E P I C T E T E. $5<br />
V IL<br />
Défaites-vous pour conferver votre repos, de<br />
toute répugnance pour les chofes qui ne dépendent<br />
pats de vous, & n'en ayez que pour celle»<br />
dont il eft en votre pouvoir de vous garantir ;<br />
mais pour le prefent fufpendez abfolument toutes 1<br />
fortes de dejftrs. Si vous defirez avec paffion de»<br />
chofes qu'il ne dépend pas de vous d'obtenir ,'<br />
vous fendrez <strong>du</strong> chagrin de vous en voir privée<br />
& fi vous ne fçavez pas encore bien aflaifonnec,<br />
ks défies des chofes qu'il eft honnête defouhaiter,<br />
fit qui dépendent de vous, recherchez-les.<br />
on fuyez-les avec modération & diferétion , ÔC<br />
fans troubler votre repos.<br />
V I II.<br />
Confidéfez avec attention la qualité des chofes<br />
qui font faites pour le plaifir T ou pour l'util<br />
fité, ou que voQï aimez , .en commençant par<br />
les moins importantes. Si vous ayez de rattachement<br />
pour quelque meuble fragile, fou venezvous<br />
qu'il eft fragile , & ne vous troublez point<br />
fi par malheur il vient à être cafle; Si vou»<br />
aimez vos enïans, ou votre femme , fouvenezvous<br />
que ce font des mortels que vous aimez*<br />
& fi la mort vous les enlève , vous n'en- ferez!<br />
point ému.<br />
IX.<br />
. Avan* que d'entreprendre quelque ouvrage;<br />
eiaoùnezr-en bien toutes les circônftances. Si<br />
Tome hlr ' : ' 't ' '
66 E P I CN T E T E.<br />
vous allez vous baigner, râpellezen votre efprit<br />
toutes les infolences qui ont coutume de fe commettre<br />
dans le bain:on s'y jette de l'eau > on<br />
s'y pouffe , on s'y dit des injures, ony perd<br />
fies habits. Si vous faites ces réflexions , Si &.<br />
vons vous dites à vous-même : je venx aller au<br />
bain , mais au même-tems j'y veux conferver<br />
mon caractère, fans me relâcher de mes manière»<br />
accoutumées, vous ferez mieux en garde contre<br />
tous les accidens qui peuvent vous arriver* Ser*<br />
vez-vous des mêmes précautions dans toutes v©£<br />
affaires. S'il vous arrive quelque embarras , ôtf<br />
quelque difgrace dans le bain , vous y ferez tout<br />
préparé, & vous direz : je ne fuis pas feulement<br />
venu pour me baigner, mais je fuis venu dans la<br />
téfolution de ne rien faire qui ftit indigne de<br />
non caracïére, & je m'en éloignerbis , fi je fei*<br />
fois paraître <strong>du</strong> reffentiment pouf (es mauvais*<br />
procédés qu'on voit ici.<br />
x. '•' • •<br />
Ce ne font pas les chofes qui troublent lej<br />
Hommes; ce font les opinions qu'ils en ont,6c<br />
leurs préjugés qui les tourmentent. La mort .en.<br />
foi n'eft point un mal: car fi elle étoit fî redouiç<br />
table , elle auroit paru telle" à Socrate. Ce n'eff<br />
que l'opinion qu'on a de la mort qui la rend ft<br />
affreufe.. Quand nous fommes dans le trouble r<br />
ou que nous tombons dans quelque embarras 1 ,"ij<br />
ae faut poia* en. accùfeï" les" adirés ; il lie' fSttÊ
E P I C T E T & «?<br />
sous en prendre qu'à nous-mêmes & à nos prés<br />
jugés. Il n'apartient qu'à un homme peu inftruit<br />
& peu éclairé de rejetter for les autres la caufe<br />
defts propres malheurs. C'eft commencer à avoif<br />
quelque teinture de la fagefle de n'accufer que<br />
foi-même de fes difgraces ; mais c'eft être fag»<br />
de ne fe plaindre ni de foi-mérae , ni des autres*<br />
X I.<br />
N'ayez point de vaine complaifantepour dé*<br />
ralens étrangers qui ne font point en voui. Si<br />
un beau cheval pouvoît dirfe qu'il eft beau., trél*<br />
feroit fuportable ; mais lorfque vous dites ' e»<br />
vous aplaudiltant que vous avez un beau cheval,<br />
vous vous vantez de ce qui n'eu- point en vous.<br />
De quoi donc pouvez-vous avoir une-- légiiânw<br />
complaifance ? C'eft <strong>du</strong> bon ufage de votre raifori<br />
Si vous considérez lès chofes comme elles fonten<br />
elles, mêmes ,.& fi. vous en jugez fâinement T vous*<br />
vous aplaudirez alors avec juftice, & vous vou$.<br />
réjouirez d'une bonne qualité qui «fl efleâivement<br />
en vous.- -<br />
• XI 1.<br />
En faifant voyage fur mer ; lorfque le vaifle^r<br />
eft arrêté dans quelque Port, il eft permis d'er»<br />
fortir poar puifet de l'eau , pour chercher d'autres<br />
rafraîchiflemens-, Ou pour ramaffer des cdqailles<br />
; mais il faut avoir de l'attention fur le<br />
vaiûeau-, & tourner continuellement les yeux dç<br />
ce côté-là , pour eue prêt lorfque le Pilote vou»<br />
t' î
*8 E P I C T E T E .<br />
apellera, & toat quitter , de crainte qufit ne<br />
TOUS faûe jetter dans le navire , pieds Se mains<br />
liés , comme un Efclave. Il en eft à peu<br />
près de même dans la vie. Si vous avez une femme<br />
& des enfans , vous y pouvez donner quelques<br />
foins ; mais quand le Maître vous apellera,<br />
il faut courir promptemeni au vauTeau, fit<br />
tout quitter fans y penfer davantage. Que fi<br />
vous êtes vieux, ne vous écartez- pas beaucoup<br />
<strong>du</strong> navire , de peur que vous ne foyez pris<br />
au dépourvu quand on vous apellera pour y<br />
rentrer*<br />
XIII.<br />
Ne demandez pas que les chofes fe failent<br />
comme vous lé fouhaitez, mais tâchez
E P I C T E T E. Sç<br />
vous y pourrez réfuter. Si vous -voyez un beaugarçon<br />
ou une belle fille, armez-vous de la tempérance<br />
pour ne^rien faire contre votre devoir.<br />
Si on vous propofequetqueentreprifepérrible&<br />
laborieuse, vous aurez hefoin de. courage. Si<br />
on vous dit des paroles offenfantes, il fautavoir<br />
fecours à la patience. Avec ces précautions les<br />
objets n'auroat pas fur vous un grand empire.<br />
XV.<br />
Quelque accident qui vous arrive , ne dites<br />
jamais que vous avez per<strong>du</strong>-quelque choie ; mai*<br />
dites que vous l'avez ren<strong>du</strong>. Votre fils vient-il 1<br />
de mourir ? Dites que vous l'avez ren<strong>du</strong> à celui<br />
qui vous l'a voit donné. Vous a-t'on enlevé un<br />
héritage ï Dites de même que vous-l'avez ren<strong>du</strong>.<br />
Mais celui qui a commis cette injuftice, eft un<br />
méchant homme. Que vous importepar quelles<br />
mains votre terre retourne à celui dont vous la-,<br />
teniez? Durant le tem» qu'il vous la confie, regardez-la<br />
comme une chofe étrangère, & ayezen<br />
le même foin que le voyageur, de l'hôtellerie<br />
où il a choiû fon gîte.<br />
x v r.<br />
Si vous voulez faire quelque progrès dans l'étude<br />
de la vertu ,, défaites-vous de ces deux faux<br />
vaifonnemens : fi je n'ai grand foin de mes affaires<br />
, je n'aurai pas de quoi fubflfter avec honneur<br />
; fi je ne châtie mes enfans, ifs tomberont<br />
«tans le defbrdre. Il vaut mieux mourir de faim ÔC
7* E P I T.'E C T &<br />
conferrer uae parfaite tranquillité d'efprit, éxemt<br />
de crainte & d'inquiétude , que de pofféde*<br />
des biens immenfes dans l'embarras & dans Te<br />
trouble. Il faut plutôt fournir que votre<br />
fils devienaeméchant,que de vous rendre malheureux.<br />
XVII.<br />
Commencer donc par les plus petites chofes ;<br />
On renverfe votre huile , on dérobe votre vin ;<br />
rentrez dans vous-même , & dite» : c'eft à ce<br />
prix qu'on achète la tranquillité , c'eft par-la<br />
qu'on acquiert la confiance. On ne devient pas*<br />
vertueux fans qu'il en coûte. Lorfque vousapel*z<br />
votre Valet , fongéz qu'il ne vous entend<br />
peut-être pas, ou que s'il vous entend , il n'eft<br />
pas en état de faire ce que vous fouhaitez. Faites<br />
fi bien qu'il ne foit pas en fon pouvoir dé<br />
vous mettre en colère & de troubler votre<br />
repos.<br />
XVIII.<br />
Si vous voulez épurer votre vertu , ne von 1<br />
fouciez pas d'être regardé par le peuple, comme<br />
un homme d'un médiocre fens commun, ou coin*<br />
me un imbécile, à caufe <strong>du</strong> mépris que vous<br />
avez pour les chofes extérieures. N'affectez point<br />
de paroitre fçavant. Si les autres témoignent de<br />
l'eftirne pour vos talens , défiez-vous de vousmême<br />
r & foyez perfuadé qu'il eft fort difficile<br />
de pratiquer les régies que vous vou» êtes pref-
E P I C T E \T E. 71-<br />
crîtes, & qui font conformes à la droite'ra.fon,<br />
en vous livrant aux chofes <strong>du</strong> dehors* Il faut<br />
opter , & négliger l'un quand oa veut avoir foin:<br />
de l'autre.<br />
XIX.<br />
Si vous prétendez que votre femme, vos en»<br />
fens , & vos amis, vivent toujours-, vous n'êtespas.-raifonnable<br />
: car c'eft vouloir que des cho-<br />
»es qui ne dépendent nullement de vous, en dépendent<br />
abfolument , & vous vous attribuez<br />
comme propre ce qui eft purement étranger* Cèlerait<br />
de même mie extravagance de prétendre<br />
que votre fils ne fafle aucune faute : car c'éft vou-'<br />
loir que le viceehange de nature, & cefle d'être<br />
vice. Mais, fi vous voulez que vos defirs ayent 1<br />
toujours leur effet, ne defirèz que ce que vous,<br />
pouvez.<br />
. XX.<br />
L'Homme qui eft le maît re de ce qu'il veut ; car<br />
de ce qu'il ne veut pas-,-qui peut obtenir ce -<br />
qu'il defire, & rebuter ce qui le choque, a un<br />
empire abfolu fur toutes chofes,. Celui donc qur<br />
afpire à une parfaite liberté, qu'il s'abftienne détout<br />
defir &, de route averfion de ce qui dépend<br />
purement d'autrui. S'il ne-le fait pas, c'éft une,<br />
néceflîté qu'il vive dans la dépendance & la fer—<br />
vitude><br />
XX I.<br />
Faites votre compte qu'il faut fe caanportefc
7* E P I C T E T E.<br />
dam la vie à peu près comme dans un feftin. A—<br />
t'*n fervi quelque mets devant vous ? Etende?<br />
la main fit prenez-en une partie avec propreté;<br />
On enlevé ce plat ? Ne le retenez pas-, n'y pop-tez<br />
pas'brufquement la main. On n'a pas encorefervi<br />
devant vous i Attendez & ne faites poine<br />
paroîne un défit trop avide. Ceft de la forte<br />
que vous en devez ufer envers votre femme, -envers<br />
vos enfans, pour ce qui regarde les dignités<br />
fit les richeftes, fit vous vous rendrez digne<br />
d'être admis à la table des Dieux. Si vous avez<br />
de ta généro&té pour refufer mime ce qu'on vous<br />
offre, & vous le tnéprifez, alors vous ferez digne<br />
non-feulement de manger à la table des Dieux»»<br />
mais même de partager avec eux leur fouveraine<br />
puiflance. Ceft atnu que Ditgèru ,, Hiraclït* y<br />
êc d'autres <strong>du</strong> même caraâére, font devenus des<br />
nommes tout divins , fit qu'ils ont été regardés,<br />
fut ce pied-là.<br />
XXII.<br />
Quand vous verrez quelqu'un dans la douleur;-<br />
8c répandre des larmes, ou pour l'abfence de fôn*<br />
fils , ou pour la perte de fa- fortune , prenez<br />
garde que cet objet ne vous ftirprenne, 8c ne -<br />
vous perfuade que cet homme eft effecYrvemerit<br />
malheureux par la privation de ceschofes extérieures.<br />
Rentrez incontinent en vous-même ^<br />
& faites ce raisonnement ; ee ne font point ces<strong>du</strong>^taces<br />
qui affligent cet hommes cas-il y eft *•
E P I C T E T E. 73<br />
d'autres qui ne font point touchés de pareils<br />
malheurs ; ce n'eft que l'opinion qu'il en a en<br />
fon imagination; qui le blefle. Faites enfuite<br />
tous vos efforts pour guérir Tes préjugés par de<br />
fondes raifons ; s'il le faut, pleurez avez lui, &<br />
témoignez de prendre part à fa douleur ; mais<br />
prenez garde que votre cœur ne fe trouble, ÔC<br />
que cette feinte me devienne UHe vérité.<br />
XXIII.<br />
Regardez-vous comme nn Adeur qui doit faire<br />
le perfpnnage que le Maître de la Comédie lui a<br />
donné. Si votre rôle eft court, vous le jouerez<br />
court ; s'il eft long, vous le jouerez long ; fi<br />
vous devez représenter le perfonnage d'un pauvre<br />
, fontenez ce rôle le mieux qu'il vous fera<br />
poffible; fi on vous donne cejui d'un Prince,<br />
d'un Artifan, d'un homme eftropié, acceptez-le<br />
tel qu'il puhTe être : votre devoir eft de bien re-.<br />
prefenter votre perfonnage ; mats il apartient à<br />
un autre de choifir le rôle que vous devez<br />
jouer.<br />
XXIV.<br />
Si vous croyez que le Corbeau vous annonce<br />
par fon chant quelque chpfe de runefte, ne vous<br />
lahTez pas fédnire par cette vaine imagination#<br />
rentrez dans vous-même ,& dites : Cemauvai*<br />
augure ne me regarde point ; il menace peutêtre<br />
mon corps, le peu de bien que j'ai, ma<br />
réputation, mes enfans, nia femme ; mais tons<br />
TtmclIL G
74 E P I C T E t E.<br />
pronoftics font favorables pour moi, fi je 1«<br />
veux ; car il ne dépend que de moi de retirer<br />
quelque avantage de tous les événement, de<br />
quelque nature qu'ils foient.<br />
XXV.<br />
Vous pouvez être invincible fi voue n'en-*'<br />
treprenez que des combats dont le fuccès ne<br />
dépende que de vous, & dont la victoire eft<br />
entre vos mains.<br />
XXVI.<br />
Quand vous verrez quelqu'un comblé d'honneurs,<br />
élevé à une grande puiflance, favorifé de<br />
la fortune, & dans la profpérité , ne vous laiffez<br />
pas éblouir par ces belles aparences, & ne<br />
dites pas qu'il eft heureux : car fi le parfait bon*"<br />
heur & le parfait repos de l'efprit font attachés<br />
aux chofes qui dépendent purement de nous, les<br />
biens étrangers ne doivent jamais nous caufer ni<br />
envie ni jaloufie. Pour vous, ne portez pas<br />
votre ambition jufqu'à fouhaiter d'être Sénateur ,<br />
Conful, Empereur : contentez-vous d'être libre.<br />
Le mépris des chofes qui ne dépendent pas de<br />
nous, eft le moyen unique pour parvenir à la<br />
parfaite liberté de l'efprit.<br />
XXVII.<br />
Souvenez-vous que ce n'eft ni celui qui vous<br />
infulte, ni celui qui vous maltraite qui vous<br />
offenfe; c'eft l'opinion que vous en avez qui<br />
fut toute votre peine. Lorfqae quelqu'un voue.
E P I C T Ï T t 7i<br />
chagrine & vous irrite, ce n ; eft qûê VCtr? imagination<br />
qui vous met en colère. Prenez garde<br />
fur toutes chofes de vous laifTer emporter par le<br />
premier mouvement, & de rien donner au caprice<br />
: pour peu que vous ayez le tems de vousremettre,<br />
& de faire des réflexions, vous ferez<br />
bien plus sifément le maître de votre emportement.<br />
XXVIII.<br />
Ayez tous les jours devant les yeux la mort,'<br />
le banniflement, & les autres malheurs qui paroifTeatles<br />
plus redoutables aux hommes. Mais'<br />
fur toutes chofes ne perdez point la mort de vue ><br />
par ce moyen vous ne ferez capable d'aucune<br />
lâcheté, & vous ne defirerez jamais rien avec<br />
trop d'empreflement & de pafBon.<br />
XXIX.<br />
Vous voulez, dites-vous, vous ap tiquer à<br />
l'étude de la fagefle ? faites un grand fond dé<br />
patience pour fouffrir les railleries, & les rifées<br />
de tout le monde. Vous entendrez dire en riant<br />
de tous côtés : Voilà un Philofophe qui efl fortî<br />
de terre tout-à-coup : voyez-vous cette mine fé.<br />
vére ? Pour vous, ne faites paroitre ni fafte, ni<br />
fierté ; mais ne vous relâchez poini.de vos bonnes<br />
réfolutions; faites toujours ce qui vous paroîtra<br />
le meilleur, comme fi Die» vous ayoit marqué<br />
votre état. Perfuadez-vous que fi vous foutenez<br />
votre caraâére avec fermeté, ceux qui fe font<br />
G 2
7&.. E P I C T E T E'<br />
â'abord moqué de vous, vous admireront dans<br />
la fuite ; mais fi vous faites paroître de la foiblefie,<br />
& fi le bruit vous étonne, vous ferez plus<br />
que jamais en butte aux railleries.<br />
XXX.<br />
Si l'envie de vous pro<strong>du</strong>ire au - dehors, & de<br />
plaire au monde, vous prend , perfuadez-vous<br />
que vous êtes déchu de vos maximes, & que ce<br />
n'eft plus la droite raifon qui vous gouverne.<br />
Contentez-vous d ; être Philofophe ; 6t fi vous<br />
avez envie de le paroître, qu'il vous fuffife de<br />
l'être à vos yeux.<br />
XXXI.<br />
Ne vous allarmez point de ces faux raifonnetnens<br />
: Je vivrai fans honneur & fans crédit ;<br />
On ne fera nul cas de moi. Si la privation des<br />
honneurs eft un mal , ce mal ne peut être que<br />
l'effet <strong>du</strong> vice. Il ne dépend pas de vous d'être<br />
élevé aux premières dignités, d'être apellé aux<br />
feftins. Quel deshonneur y a-t'il à cela pour<br />
vous ? en ferez-vous plus méprifable pour être<br />
privé de ces chofes extérieures ? Çontentez-vou?<br />
d'exceller dans les chofes qui dépendent précisément<br />
de vous. Mais vous ne pouvez être d'aucun<br />
fecours pour vos amis ? Dans quel fens le<br />
prenez-vous ? eft-ce à caufe que vous ferez hors<br />
d'état de leur donner de l'argent, ou de leur<br />
donner le droit de Bourgeoifie Romaine? Mais<br />
fui vous a dit que cela dépend de nous, 6c qu$
J5 P I C t E T Ë. 7?<br />
té ne font pas des chofes purement extérieure»<br />
& étrangères ? perfonne ne peut donner ce q SîX<br />
n'a pas. Faites tout votre poffible, me direirous<br />
, pour être en état de fecourir vos amis.<br />
Si je peux acquérir des richeffes, & me mettre<br />
en crédit fans bleffer l'honnêteté , la bonne for,<br />
la générofité, 8t fi vous me moittrez une route<br />
fâre, je n'épargnerai rien pour y réuiSr. Mais<br />
•G vous voulez exiger de moi que je perde des<br />
biens perfonnels pour vous en acquérir d'étrarigers,<br />
qui ne font que des biens imaginaires,<br />
vous êtes injuftes & déraifonnables. Un ami<br />
fidèle & vertueux n'eft-il pas préférable à dé l'argent<br />
? Aidez-moi donc à conferver les véritables<br />
biens, & n'exigez pas de moi des chofes qui me<br />
les fartent perdre. Mais je ne pourrai, ditesvous<br />
, rendre aucun fervice à la Patrie ? De quel<br />
fervice entendez-vous parler ? Je ne ferai point<br />
bâtir de portiques, ni de bains publics ? Ce ne<br />
font pas non plus les Forgerons qui lui fourniffent<br />
des fouliers, ni les Cordonniers qui fabriquent<br />
les armes. Il faut que chacun farte fon métier.<br />
N'eft-ce pas rendre fervice à la Patrie que de lui<br />
donner un Citoyen honnête & vertueux ? vous<br />
ne fçauriez lui faire de préfent pics confidérable.-<br />
Ne dites donc plus : quel rang auTai - je dans la<br />
Ville ? il n'importe quelle place vous y occupiez ,<br />
pourvu que vous foyez un homme d'honneur &<br />
de probité. Mais fi pour être utile à vorrfc<br />
G3
7* E P T C T E T E .<br />
.Patrie, vous vous relâchez de votre vertu, que!<br />
fecours lui pourrez-vous donner, quand vous ferez<br />
devenu perfide & impudent 2<br />
XXXII.<br />
Que vous importe, fi on met quelqu'un à<br />
tablé au-defTus de vous , fi on le falue avant<br />
vous, fi on a plus de déférence pous fes avis<br />
que pour les vôtres ? Si ces chofes font avantage<br />
uf es , vous devez être bien-aife qu'elles lui arrivent;<br />
fi elles font mauvaifes, vous ne devez<br />
point avoir de regret de n'y être pas expofé.<br />
Mais fouvenez-vous que vous n'obtiendrez jamais<br />
les chofes extérieures, quand vous ne ferez pas<br />
les démarches nécefTaires pour les obtenir. Si<br />
vous ne faites pas votre cour aux Grands, ferecvous<br />
traité comme ceux qui la leur font avec affi-<br />
-<strong>du</strong>ité i Si vous ne les datez pas, efpérez - vous<br />
être préféré à ceux qui les endorment par leurs<br />
louanges & leurs fiateries ? Vous feriez injufte %<br />
& déraifonnable de prétendre obtenir ces faveurs<br />
fans donner le prix qu'elles coûtent. Si les laitues<br />
fe vendent une obole au marché, il faut<br />
donner l'obole pour en avoir ; fi vous ne voulez<br />
rien payer, on ne vous en donnera point : mais<br />
vous n'en ferez pas pour .cela plus à plaindre que<br />
celui à qui on en donne ; car s'il a des laitues »<br />
il a fallu 'payer l'obole que vous avez gardée.<br />
Voilà à peu près comme il faut raifonner fur la<br />
matière que nous traitons. Celui qui donne le
£ P l C T E T E. ^<br />
fe(lin,ne vousea a point prié; c'eft .que vous<br />
n'avez pas payé le prix qu'il coûte : il le fallok<br />
acheter par des flateries& une baffe coraplaifaace,<br />
par des afii<strong>du</strong>ités & des foumiflîons. Si la<br />
chofe vous convient à ce prix, donnez ce quïl<br />
faut pour l'obtenir ; carde prétendre l'avoir fans<br />
rien donner, c'eft une prétention vaine & chimérique.<br />
Mais fi vous êtes privé de ce feftin,<br />
-croyez-vous ne rien avoir qui vous le remplace ?<br />
Au moins vous n'avez pas loué contre votre -\<br />
fentimént un homme qui ne mérite point de<br />
louanges : vous n'avez point eu à fouffrir fon in*<br />
folence, & la manière hautaine dont il traite<br />
ceux qui entrent chez lui pour être admis à fa<br />
table.<br />
XXXIII.<br />
Nous pouvons aifément connoître l'inftinct de<br />
la nature par le fentimént que nous avons d«s<br />
chofes qui ne nous touchent point. Si le valet<br />
de votre voifin cafle un verre, vous dites incontinent,<br />
que c'eft un accident ordinaire ; il faut<br />
donc quand on cafle le vôtre, que vous conferviez<br />
le même fans froid que vous aviez lorfqu'on<br />
a cafle celui de votre voifin. Servez-vous<br />
<strong>du</strong> même raifannement dans des affaires plus<br />
importantes. Si la mort enlève la femme, ou<br />
l'enfant d'un homme qui vous touche pen, vous<br />
dites que c'eft un malheur attaché à l'humanité ;<br />
mais fi le même accident arrive à une perfonn*<br />
G4
&> E P I C T E T E .<br />
que vous chériffez, TOUS dites en vous lamentant,<br />
ah ! que je fuis malheureux. Cependant,<br />
TOUS devriez avoir les mêmes fentimens que<br />
Tous aviez, voyant le même accident arriver<br />
à autrui.<br />
XXXIV.<br />
On ne met pas un but pour nous faire égarer ;<br />
de même la nature <strong>du</strong> mal n'eft pas dans le mon*<br />
de pour caufer nos égaremens. Si quelqu'un<br />
livroit votre corps au premier venu, vous auriez<br />
raifon de vous en fâcher. Cependant, vous<br />
mettez vous-même votre ame en proye au caprice<br />
de tout le monde, & vous vous allarmez des<br />
injures qu'on vous dit ; la douleur, la colère,<br />
toutes les partions vous troublent tour-à-tour ,<br />
& vous n'en rougiflez pas ? Voilà pourquoi<br />
avant que de vous embarquer dans une affaire »<br />
confidérez avec attention toutes les circonftances<br />
de votre entreprife, les principes & les<br />
conféquences. Si vous y manquez , l'affaire<br />
réunira peut-être d'abord ; mais, parce que vous<br />
s'en avez pas prévu toutes les fuites, vous n'en<br />
aurez à la fin que de la confufioB.<br />
XXXV.<br />
Vous voulez remporter la viôoire aux Jeux<br />
Olympiques ; en vérité je le voudrois bien aufit,<br />
car cela eft fort glorieux : mats confidérez bien<br />
auparavant toutes les cir confiances, & toutes les<br />
conféquences d'une telle entreprife, avant que
E P I C T E TÊ. ti<br />
de vous y embarquer. Il faudra garder votre<br />
rang exactement; manger pour la pure néceûité,<br />
vous abftenir de toutes fortes de ragoûts,<br />
de boire frais & de boire <strong>du</strong> vin, fi on<br />
vous le permet : il faudra faire l'exercice<br />
aux heures marquées , pendant le chaud ,<br />
pendant le froid : en un mot, il faudra vous<br />
livrer au Maître de la lice comme à un Médecin.<br />
Après ces préparations vous paroîtrez fur la<br />
lice : peut - être on vous bleffera la main , on<br />
vous eftroptera le pied , vous avalerez beaucoup<br />
de pouffiére, on vous donnera des coups de<br />
fouet; après tant de peines vous aurez la honte<br />
d'être vaincu. Quand vous aurez fait toutes<br />
ces réflexions, fi vous perdriez dans le deflein de<br />
combattre, vous pouvez entrer en Lice ; ou<br />
bien vous vous retirerez comme les enfans qui<br />
contrefont les Athlètes, les Joueurs de flûte de<br />
de trompettes, les Gladiateurs , Se les Acteurs<br />
de Tragédies. Voilà ce qui vous arrivera ; vous<br />
ferez Athlète, Gladiateur, Orateur, & enfin<br />
Philofophe fans avoir aucune de ces qualités 4<br />
vous imiterez comme un fmge tout ce que vous<br />
verrez faire aux autres ; vous embraflerez une<br />
profeflion., &. puis l'autre félon que le caprice<br />
vous infph-era, parce que vous n'agiffez peint<br />
après avoir confidéré la fituation des affaires avec<br />
une mûre délibération : vous vous y embarquerez
$2 E F I C T E T E,<br />
«u hazard, entraîne parla légèreté de votre inclraation.<br />
C'eft ainfi que de certaines gens, après<br />
avoir vu un Philofophe , ou après avoir enten<strong>du</strong><br />
quelqu'un qui difoit : Qju* tour ce que Sacrait *<br />
dit, efl plein de fétu ; qui pourra jamais parler avec<br />
tant de raifrn 6» tant de forée? forment le projet<br />
de devenir aufli Philosophes.<br />
XXXVI.<br />
Confidéret avant toutes choses la nature<br />
de l'emploi que vous voulez prendre, 6c les talens<br />
que vous avez pour y réuflir. Si vous voulez<br />
vous mettre au rang des Athlètes, ou des<br />
Luteurs , voyez fi vos bras font nerveux, fi vos<br />
cuifles & vos reins font forts. Les uns font nés<br />
pour un emploi, les autres pour l'autre. Quand<br />
vous vous ferez revêtu <strong>du</strong> caractère de Philofophe,<br />
n'efpérez pas boire & manger, ni taire le<br />
dégoûté comme auparavant : il faut vous réfoudre<br />
à veiller, à travailler, à vous priver de vos<br />
amis , à fouffrir les mépris de vos domeftiques ,<br />
à voir les autres plus honorés que vous , plus,<br />
accrédités auprès des Grands , des Magiftrats,<br />
& des Juges, dans toutes les affaires que vous<br />
aurez. Faites réflexion fur tout cela, & voyez<br />
ù vous n'aimez pas mieux jouir de la liberté , de<br />
la tranquillité, d'une paix qui ne foit jamais troublée<br />
?Si vous choififfez un état par pur caprice ,<br />
prenez gardeque vous ne foyez aujourd'hui Phi.
E P I C T E TE. »?<br />
lofophe, demain Partifân, enfuits Orateur , &<br />
enfin Adtniniftratear de Céfar ; tous ces états ne<br />
s'accordent point. Il faut néceffairemeat que<br />
vous foyez un homme d'honneur , ou un malhonnête<br />
homme, & que vous vous apliquies 1<br />
cultiver votre efprit & votre raifon, ou que<br />
vous vous répandiez au-dehors; H faut vous<br />
renfermer en vous-même pour penfer & pour méditer<br />
, ou vous borner aux chofes extérieures ;<br />
c'eft-à-dire, qu'il faut op ter, être Philofophe, ou<br />
un homme vulgaire.<br />
XXXVII.<br />
La complaisance & les devoirs doivent être<br />
proportionnés à la qualité des perfonnes. Si<br />
c'eft votre Père, vous êtes obligé d'en avoir<br />
foin , d'avoir pour lai de la déférence en toutes<br />
chofes , de fouffrir fes réprimandes & fes mauvais<br />
trattemens. Mais mon Père eft intraitable,<br />
& un méchant homme î La Nature s'eft-elle engagée<br />
à vous donner un Père commode & accompli<br />
? Si votre frère vous fait quelque injaftice,<br />
n'ayez point d'attention à fes mauvais procédés<br />
, & fongez à remplir vos devoirs pour nef<br />
rien faire contre la bienféance de votre état.<br />
•Perfonne ne peut vous off enfer fi vous ne le<br />
voulez ; mais quand vous croirez être bleffé ,<br />
vous le ferez effectivement. Si vous avez de<br />
l'attention au caractère de chaque perfonne, vous<br />
trouverez que vos Voiûns,vos Géoeraux,rempli£r
84 E M C T E T &<br />
fent parfaitement tous leurs devoirs à votre égard*<br />
XXXVIII.<br />
Le point eflentiel de la Religion eft d*hono
E P I C T E T E. 8r<br />
utile, & ils s'affectionnent à ceux qui peuvent<br />
leur faire <strong>du</strong> bien. Il eft impoffible qu'un homme<br />
qui a reçu quelque dommage, regarde de<br />
bon ceil.celui qu'il croit en être l'auteur, & que<br />
le déplaifir qu'il a reçu , lui donne de la joie,<br />
U arrive de là que les eafans difent quelquefois<br />
des paroles injurieufes à leurs pères , quand on<br />
leur refufe les chofes qu'ils envHàgent comme<br />
des biens. C'eft ce qui a allumé une guerre û<br />
funeft.e entre Etéocle & Polinice , parce qu'ils,<br />
regardoient la Royauté comme un grand bien. De<br />
là vient que le Laboureur, le Nautoonier, le Marchand<br />
, ceux qui perdent leurs enfans, ou leurs<br />
femmes, accufent les Dieux de leurs difgraces,<br />
La piété fe trouve plus communément avec la<br />
bonne fortune. Ceux qui n'ont que des defirs<br />
ou des averfioas légitimes, font plus difpofés à<br />
être pieux & gens de bien. Au refte > A faut<br />
que chacun obferve la coutume de fon pays ,'<br />
quand il fait des facrifices ou des offrandes aux<br />
Dieux ; que fes dons foient modeftes & proportionnés<br />
à fon état, fans avarice ni prodigalité:<br />
qu'il ne le faflg pojnt avec indolence ; qu'on n'y<br />
remarque: rien de fordide, ni qui fait au-deffus<br />
de fon pouvoir.<br />
" #X % \%.<br />
Quand vous allez confulter le Devin* vou»<br />
ignorez ce qui doit arriver, & vous n'allez que<br />
DOUX l'aprendre. Mais, û vous étiez Philofor
€5 E P I C T E T E.<br />
phe, TOUS fçaurîez fans lefecours <strong>du</strong> Devin, fi le<br />
fnccès fera heureux ou malheureux ; car, fi la<br />
chofe eft de la nature de celles qui ne dépendent<br />
nullement de nous, elle n'eft ni bonne ni mauvaife<br />
en foi. U faut être dans une parfaite indifférence<br />
, quand vous allez au Devin, fans<br />
defirs, fans averfton ; ou vous n'en aprocherez<br />
qu'en tremblant. Etablirez pour maxime, que<br />
tout événement eft indifférent, comme fi l'affaire<br />
ne vous touchoit pas ; de quelle manière<br />
qu'elle tourne, il ne dépend que de vous d'en<br />
retirer de l'utilité, fans que perfonne vous en<br />
puîné empêcher. Aprochez - vous donc avec<br />
con£ance,lorfque vous venez confulter les Dieux :<br />
quand ils vous auront ren<strong>du</strong> quelque réponfe,<br />
faites attention a la majefté de ceux que vous<br />
avez confultés, & à quoi vous vous expoferiez<br />
en ne leur obéhTant pas. Socrate difoit qu'on ne<br />
devoit confulter l'Oracle que fur des chofes qui<br />
dépendent purement <strong>du</strong> hazard, & dont l'événement<br />
ne peut être prévu , ni par la raifon ,<br />
ni par le fecours de l'art. Il ne faut point<br />
aller au Devin pour fçavoir fi vous devez fe*<br />
courir votre ami ou votre Patrie j qui font en<br />
péril : car s'il vous difoit que les entrailles de<br />
la viâime préfagent quelque chofe de funefte,<br />
& que vous êtes menacé de la mort, ou de l'éxil,<br />
ou de la perte de quelque membre ; ces prédictions<br />
pourraient ralentir vos bonnes réfofo-
E P ! C T E T E. 8*<br />
tiens : cependant la raifon veut que vous facrifijez<br />
tout pour fecourir votre ami ou votrePatrîe»<br />
Confnltez donc l'Oracle Pytkitn qui eft le plu»<br />
fameux de tous, & qui chaûa de fon Temple un<br />
homme aflez lâche pour ne vouloir pas fecourir<br />
fon ami qu'on affaffinoit.<br />
X L.<br />
Prefcrivez-vous une régie & une manière de<br />
vie, qui vous ferve de loi, Stque vous obfervtez<br />
inviolablement, foit que vous foyez devant<br />
'emonde, ou en votre particulier.<br />
X L I.<br />
Aimez à garder le filence ; ne parlez que de<br />
chofes nèceflaires & en peu de paroles. Quand<br />
l'occaûon fe prefentera de parler, que vos difcours<br />
ne roulent point fur des matières frivoles :<br />
ne vous entretenez ni des Gladiateurs, ni des<br />
jeux <strong>du</strong> Cirque, ni des Athlètes, ni <strong>du</strong> boire , '<br />
ni <strong>du</strong> manger, nr de ces chofes triviale» qui font •<br />
la matière des entretiens ordinaires. Mais, fur'<br />
toutes chofes, ne blâmez , ni ne louez , en '<br />
parlant des hommes, & ne faites point de comparaifon.<br />
XLII.<br />
Si vos amis s'entretiennent de chofes qui bieffent<br />
les régies de la bienftance, faites tout ce<br />
qurvous pourrez pour les obliger à changer de<br />
djfcours. ; Si vous, êtes parmi des étrangers, garde*<br />
le filence. : i .J .•• ; w .' i
8? E P I C T i l ' t<br />
X L I I I.<br />
Ne riez point à tous propos, ni long-tems ,"<br />
ni d'une manière trop évaporée.<br />
X L I V.<br />
Evitez tout jurement s'il eft poffible ; ou G<br />
on vous oblige à jurer, faites tous vos efforts<br />
pour vous en difpenfer.<br />
X L V.<br />
Evitez les feftins<strong>du</strong> peuple ; ou fi vous ne pouvez<br />
abfolument vous en difpenfer, ayez de l'attention<br />
fur vous-même & fur vos aâions, pour<br />
ne rien faire qui fente le peuple. Si les mœurs<br />
des perfonnes que vous fréquentez font mal réglées,<br />
les vôtres fe corrompront, quelque régulier<br />
que vous foyez.<br />
X L V I.<br />
Ne vous fervez qu'autant que la néceffité vous<br />
y oblige de tout ce qui regarde le corps, <strong>du</strong><br />
boire. <strong>du</strong>, manger, des habits, des maifons ,<br />
des domeftiques ; ayez plus d'égard auxbefoins<br />
de l'efprit, pour le conferver fain & tranquille.<br />
Abftenez-vous entièrement de tout ce qui entretient<br />
le luxe, les délices, l'oftentation, & la<br />
fotte vanité. . . - .<br />
X L V I I.<br />
. Autant que vous le pourrez , abftenez-vous<br />
<strong>du</strong> plaifir des femmes avant votre mariage ; faites-en<br />
un ufage légitime, & tel que la Loi le<br />
permet. N'infultez point, & ne faites pas dev<br />
réprimandes
E P I C T ' E T E . 89<br />
réprimandes trop aigres à ceux qui ont des foibleffes<br />
en cette matière, & ne vous vantez point<br />
a tout propos de votre fagefle & de votre con»<br />
tinence.<br />
X L V I I L<br />
Si on vous raporte que quelqu'un dit de»<br />
chofes défobligeantes de vous, ne vous amufez<br />
point à faire votre apologie fur ce qu'on a dit :<br />
mais répondez tranquillement, que celui qui a<br />
parlé de la forte ignore mille autres mauvaifex<br />
qualités que vous avez, & qu'il diroit encore<br />
devons bien plus de mal, s'il vous connoifibit<br />
parfaitement.<br />
X L I X.<br />
Un'eft pas néceflaire d'aller fouvent aux théâtres<br />
; mais quand l'occafion d'y aller fe prefentera,<br />
ne témoignez d'empreflement, ni d'inclination<br />
pour perfonne. C'eft-à-dire , foyez content<br />
que les chofes fe faflent de la manière qu'elles<br />
fe font, & que la viâoire demeure à celui<br />
qui a vaincu ; par ce moyen vous ne ferez ni<br />
inquiet ni troublé de tous les événemens. Abftenei-vous<br />
fur toutes chofes de faire de grande<br />
éclats, de grands mouvemens , & des huées-<br />
. comme le peuple. Après que vous vous ferez<br />
retiré, ne parlez point avec émpreffement de<br />
. tout ce qui s'eft patte au théâtre; puifque cela<br />
ae peut fervir à vous rendre plus honnête<br />
Tome III, H
90 E P I C T E T E .<br />
homme, & ne prouve autre chofe finon que<br />
vous ave* trop admiré le fpeâacle.<br />
L.<br />
Ne vous trouvez point aux récits des poèmes<br />
& des harangues. Si on vous en prie , faites<br />
tout votre poflîble pour vous en difpenfer<br />
honnêtement. Quand vous y affifterez, faites-y<br />
paroître la retenue & la gravité que la<br />
bienféancç demande, ne foyez ni fâcheux ni<br />
importun.<br />
L I.<br />
Quand vous aurez quelque chofe à démêler<br />
avec quelque perfonne d'une grande confidération<br />
; avant que de rien entreprendre , penfez<br />
attentivement de quelle manière Sacratt -ou Zenon<br />
, fe feroient comportés dans une pareille conjoncture.<br />
En fuivant de tels modèles , vous ne<br />
ferez rien que de raifonnable & de bien à propos..<br />
LI L<br />
Lotfque vous irez chercher quelque grand<br />
Seigneur, imaginez-vous que vous ne le trouverez<br />
pas chez lui, ou qu'il fe fera renfermé ; que<br />
& porte ne vous fera pas ouverte, & qu'il vous<br />
méprifera. Que fi après «outes ces réflexions il<br />
cft néceflaire que vous y alliez-, fouffrez fans<br />
murmurer tout ce qui vous arrivera r &• ne dites-<br />
'point en vous chagrinant > que vous ne deviez<br />
pas vous donner tant de peine pour fi peu 4e
E P I C T E T E . 5r<br />
chofe. Ce langage n'apartient qu'au peuple &<br />
a un homme trop touché des choies extérieures.<br />
L I I I.<br />
Dans les entretiens que vous aurez avec vos<br />
amis , prenez garde de parler long-tèms de vtfs<br />
hauts faits & des périls que vous avez courus. Si<br />
le récit de vos avantures vous eft doux & agréable,<br />
il ne fait peut-être pas le même plaifir<br />
aux autres.<br />
LIV.<br />
Ne vous chargez point de réemploi de fairte<br />
lire les autres ; vous courriez rifque de tomber<br />
dans des manières baffes & populaires , & de<br />
perdre l'eftime, &lerefpecrqu'on a pour vous."<br />
IV,<br />
Il faut s'abftemr de parler des chofes qui bieflent<br />
l'honnêteté : quand là converfation roule<br />
fur cette matière, faites quelque réprimande , fi<br />
TOUS en trouvez l'occafion, à celui qui a entamé<br />
Jedifcours; ou témoignez par votre filence, par<br />
votre rougeur, par la févérité de votre vifage,<br />
que de pareils difcours vous déplaifent.<br />
L V L<br />
Si l'idée de quelque plaifir vous flatte, modérez-vous,<br />
& mettez-vous en garde, de peur que<br />
cette idée ne vous entraîne : examinez toutes le»<br />
«ircoaftances de la chofe, & prenez <strong>du</strong> tems<br />
pour délibérer. Considérez avec attention la<br />
différence <strong>du</strong> tems «ù vous jouirez de ce plaifir,<br />
H*
9i E P I C T E T E.<br />
& de celui où après en avoir joui vous vous en<br />
repentirez, & vous vous ferez de grands reproches<br />
à vous-même. Ajoutez à ces réflexions<br />
le contentement que vous aurez, & les éloges<br />
que vous mériterez, fi vous avez la force de vous<br />
abftenir de ce plaifir. Quand vous trouverez une<br />
occafion favorable de contenter vos
É P I C T E ' T E . 9?<br />
attention à ce qui flatte votre apétit & votre<br />
goût : il faut aufli-bien prendre garde de ne rien<br />
faire contre la bienféance , •» contre le refpeft<br />
qui eft dû à celui qui donne le repas.<br />
L I X.<br />
Si vous voulez faire un perfonnage qui foit<br />
bien au-deflus de vos forces, vous n'y aurez que<br />
de la confufion, & vous négligerez celui que<br />
vous euffiez pu faire avec honneur.<br />
L X.<br />
Lorfque vous vous "promenez, vous prenez<br />
garde de marcher fur un clou, & de vous bieffer<br />
te pied. Ayez le même foin d'empêcher que<br />
les parlions- n'offènfent votre raifon , qui doit<br />
être la régie de votre vie. Si vous vous- fervez<br />
de cette précaution dans toutes vos entreprifes ,<br />
le fuccès en fera infaillible.<br />
L X I.<br />
Comme le pied eft la mefure <strong>du</strong> foulier, te<br />
corps doit être la mefure des richeffes. Si vous<br />
obfervez cette régie, vous demeurerez toujours<br />
dans des bornes raifonnables:fi vous la panez, vous<br />
tomberez dans le défordre. Si vous prenez des<br />
fouliers plus grands que vos pieds , ou façonnés<br />
avec trop d'art, vous en voudrez d'abord de dorés,<br />
& puis de pourpre, & enfin de brodés avec<br />
des perles. De même pour les richeffes, quand<br />
on a paffé les bornes d'une honnête médiocrité<br />
, on ne garde plus de meûires.
94 E P I C T E T E;<br />
LXIL<br />
Les hommes commencent à apeler leurs maîtrefles<br />
les filles qui om atteint Fâge de quatorze<br />
ans. Voyant donc qu'elles n'ont rien de' mieux à<br />
faire que de plaire aux hommes, pour leur donner<br />
de l'amour elles ont un foin extrême de leur<br />
beauté, & mettent leur plus grande efpérance<br />
dans leurs ajuftemens & leurs parures. Mais il<br />
faut leur faire comprendre , que fi on les refpeâe<br />
& fi on les honore, c'eft principalement à caufe<br />
de leur modeftte & de leur pudeur.<br />
L X I I 1.<br />
Oeil la marque d'un efprit bas & groflier que<br />
de donner trop-de foin aux chofes qui regardent<br />
te corps , aux exercices, à boire, à manger, air<br />
plaifir des femmes, & aux autres fonctions purement<br />
corporelles. Toutes ces chofes ne fe doivent<br />
faire qu'en partant & comme par manière<br />
d'acquit : c'eft à cultiver l'efprit que nous devonsdonner<br />
notre attention.<br />
L X I V.<br />
Quand quelqu'un vous rend de mauvais offices<br />
, ou qu-'il parle mal de vous, perfuadez-vous-<br />
• qu'il croit avoir raifon de le faire. Voulez-vousqu'H<br />
renonce à fon propre fermaient pour fiiivre<br />
te vôtre ? S'il fe trompe dans fon jugement, iï<br />
en eft lui feul puni. Si on regarde comme une<br />
fauffeté-une choie vraye eo elle-même* mai s enveiopée<br />
dTobfcarkés ôc difficile à, démêlée ;, ce
E'PI. C T E T E . jç<br />
Janx jugement ne blefTe point la vérité : il n'y a<br />
que celui qui fe trompe , qui en fouffre. Si<br />
vous êtes bien perfuadé de cette maxime, vous<br />
. fouffrirez avec indolence les difcours onenfans y<br />
&. vous vous direz à vous-même : Cet homme croit<br />
avoir raifan.<br />
L X V.<br />
Chaque chofe a deux cotés : de l'un des deux,<br />
elle paroît fuportable ; de l'autre elle eft infuportable.<br />
Si votre frère vous fait quelque injuftice,<br />
ne l'envifagez point de ce coté-là. comme<br />
lin homme injufte à votre égard ; car vous lfr<br />
trouveriez infiiportable. Mais fongez qu'il eft<br />
votre frère , que vous avez été élevés enfemble^<br />
Si vous envifagez de ce côté-là. Ton procédé, il'<br />
TOUS paroîtra fuportable.<br />
L X V I.<br />
G'eft mat raîrbnner que de dire : Je fuis fins<br />
rickt que vous; & ain.fi j'ai plus Je mérite quevous<br />
: Je fuis plus éloquent; purconfequtttt je fais<br />
plus honnête homme. Mais cette cônféquence eft<br />
bien tirée: Je fuisplus riche que vous; ainÇmcr<br />
nchtfftsfurpoffenl les vôtres : Je fuis plus éloquent,.<br />
mes difcours valent mieux que les vôtres. Mais que<br />
vous importe fi vous ne vous foutiez , ni de-<br />
«kheûes » ni d'éloquence i<br />
L X V 11.<br />
Quelqu'un fe met dans le bain avant l'heure ;:<br />
•édites pas qu'il fe lave mal J dites qu'il fe lave
96 E M C T E T Ê<br />
de bonne heure. Si un autre boit beaucoup de<br />
vin , ne dites pars qu'il fait mal de boire de la<br />
forte ; dites amplement qu'il boit beaucoup.<br />
Comment pouvez-vous fçavotr qu'il fait mal, â<br />
vous ignorez le motif qui le fait agir ? Si vous<br />
avez cette retenue dans vos jugemens, vous<br />
approuverez & vous ne condamnerez rien fan»<br />
être bien fur de votre fait.<br />
L X V I I I.<br />
Ne vous donnez point pour Philosophe ;<br />
parlez • rarement devant le vulgaire & devant<br />
les ignorans des maximes que vous fuivez.<br />
Quand vous êtes à un feftin-, ne faites pas<br />
une diflertation fur les bienféances qu ! on doit observer<br />
à table: contentez-vous de manger proprement.<br />
C'eft ainfi que Socratt fe défit entièrement<br />
<strong>du</strong> fafte & de Toftentation. Ceux qui venoient<br />
le prier de les recommander aux autres<br />
Philofophes, H les y con<strong>du</strong>ifoit avec beaucoup<br />
d'honnêteté, ne fe fouciant pas qu'on préférât<br />
l'école & la doârine des autres à la fienne.<br />
L X I X.<br />
Si on parle devant des Ignorans de quehque<br />
axiome de Philofophie , gardez un profond<br />
ftlence , de peur que vous ne pro<strong>du</strong>iriez<br />
fur le champ ce que vous n'avez pas affez<br />
bien digéré. Si on vous reproche que vous<br />
ne fçavez rien, fans que vous vous mettiez en<br />
peine d'étaler votre fetence, vous commencez
E P I C T E T E. 97<br />
à mettre en pratique les préceptes de la fageffe.<br />
Les brebis ne rejettent pas l'herbe pour <strong>mont</strong>rer<br />
aux Bergers ce qu'elles ont mangé ; mais<br />
après l'avoir bien digérée au-dedans , elles donnent<br />
de la laine & <strong>du</strong> lait à leurs maîtres. N'ex*<br />
p.qfez point vos maximes devant des Ignorans ;<br />
mais laites voir par vos actions que vous en êtes<br />
tout pénétré.<br />
LXX.<br />
Si vous êtes fobre & accoutumé à vous parter<br />
de peu , n'en ayez point de vanité. Si vous ne<br />
buvez que de l'eau , ne vous en vantez pas à<br />
tout propos. Si vous voulez vous exercer au travail<br />
, faites-le en particulier, &ne vousfouciez<br />
pas que les autres vous regardent. N,'enibraflez<br />
pas les fiatues devant le monde pendant i'hiver.<br />
Quand vous fentirez une foif extrême, mettez<br />
de l'eau fraîche dans votre bouche, & rejettezla<br />
auffi-tôt fans l'avaler ; mais n'en dites mot à<br />
perfonne.<br />
LXjXI.<br />
Un homme vulgaire & ignorant ne trouve point<br />
dans lui-même, ou fon mil, ou fon bien: il l'attend<br />
des chofe* <strong>du</strong> dehors. Un Philofophe trouve<br />
dans Confond fon utilité ou fon défavantage ,<br />
& ne l'attend de perfonne. -<br />
LXXII.<br />
Ce font des fignés qu'on avance dans l'étude<br />
ie la fageffe, de ne cenfurer,de ne louer,de<br />
Tome III. I
$8 E P I C T E T E .<br />
ne blâmer, de n'accufer perfonne ; de ne point<br />
parler de fon propre mérite, ni de Ton fçavoir »<br />
de ne s'en prendre qu'à foi-même dans les embarras<br />
& lestraverfes qui furviennent ; de fe moquer<br />
en fecret de ceux qui lui prodiguent des<br />
louanges ; de ne point faire d'apologies quand on<br />
le reprend. Il en ufe comme les convalefcens<br />
qui fe ménagent pour ne pas irriter les humeurs<br />
avant que leur famé foit bien rétablie. Il eft le<br />
maître abfolu de {es defîrs ; il n'a d'averfion que<br />
pour ce qui eft contraire à la nature des chofes<br />
qui dépendent de lui : il ne fouhaite point les<br />
chofes avec trop d'empreffement. Si on le traite<br />
d'imbécile & d'ignorant, il ne s'en met pas en<br />
peine. Enfin , il eft en garde contre lui-même<br />
comme contre un efpion, ou contre un ennemi<br />
domeftique.<br />
LXXIII.<br />
Lorfque quelqu'un fe vante d'entendre & de<br />
ne pouvoir expliquer les Livres de Chryfîppe }<br />
dites en vous-même : Si Chryfippe n'eût pas<br />
écrit obfcurément, cet homme n'aurait point à<br />
fe glorifier. Mais pour moi, qu'eft-ce que je cherche<br />
? je tâche de connoître la nature, & de la<br />
fuivre. Je cherche donc un guide qui me con<strong>du</strong>ife<br />
: & quand j'aptens que Chryfippe en eft<br />
l'interprète, j'ai recours à lui; mais fi je n'entens<br />
pas ce qu'il a écrit, je m'adrelTe à- quelqu'un<br />
qui m'en facilite l'intelligence. jtafqpeft
Ë P I C T E T E . 99<br />
ici je n'ai encore rien fait de fort considérable :<br />
& quand j'aurai trouvé un homme qui m'explique<br />
ce philofophe , il me refiera encore à mettre fes<br />
préceptes en pratique: c'eft-là l'eflentiel ; car,<br />
fi je me contente d'admirer l'explication des Livres<br />
de Chryfippe, je deviens Grammairien au<br />
lieu de devenir.Philofophe, avec cette différence<br />
qu'au lieu HHomère j'explique Chryfippe, Il eft<br />
bien plus honteux pour moi de ne pas faire des<br />
aâions conformes à fes préceptes, que de ne pas<br />
entendre fa doctrine.<br />
LXXIV.<br />
Attachez-vous à tous les préceptes qu'onapro-î<br />
pofés, comme à des loix que vous ne fçauriez vio«<br />
1er uns quelque forte d'impiété. Ne vous étonr<br />
nez point de tout ce qu'on dira, puifque cela ne<br />
dépend pas de vous , & que vous ne fçauriez<br />
l'empêcher.<br />
LXXV.<br />
Jufqu'à quel tems différerez-vous de mettre en<br />
pratique.ces excellensjprécepte* ? Quandceflerezvous<br />
de violer les régies de la droite raifon i<br />
On vous a inftruit des maximes que vous devez<br />
fuivre ; vous les avez acceptées. Attendez-vous<br />
encore quelque nouveau maître pour commencer<br />
à réformer vos mœurs î Vous n'êtes plus un enfant<br />
, vous êtes déjà un homme mûr. Si vous<br />
tombez dans l'indolence & dans l'inaction : fi<br />
TOUS différez de jour en jour à pratiquer ces<br />
la
IOO E P I C T E T E.<br />
préceptes: fi vous cherchez de nouvelles excufes<br />
ppur vous en difpenfer: fi toutes vos réfolutions<br />
font fans effet, vous vivrez & vous mourrez com"<br />
ne un Sot , & fans vous apercevoir que vous<br />
n'avez fait aucun progrès dans l'étude de la fagefle.<br />
Commencez donc tout maintenant à vivre<br />
comme un homme qui profite, & qui veut<br />
fe perfectionner. Suivez toujours ce qui eft de<br />
plus parfait ; & que cette maxime foit une loi<br />
inviolable pour vous. Quand il fe prefentera<br />
quelque chofe de pénible , ou d'agréable, de<br />
glorieux , ou de déshonorant ; fouvenez - vous<br />
que c'eft ici le tems de combattre, comme fi les<br />
Jeux Olympiques étoient ouverts, &. qu'il n'eft<br />
plus tems de reculer : il faut vaincre ou périr ;<br />
votre avancement ou votre ruine dépend <strong>du</strong><br />
gain ou de la perte de la victoire. C'eft ainfi que<br />
Socrate eft parvenu au plus beau point de la fageffe<br />
, & fe fervant de toutes les occafions de s'avancer<br />
, & n'écoutant point d'autres confeils que<br />
ceux de la droite raifon. Quoique vous ne foyez<br />
pas encore auffi parfait que Socrate , vous devei<br />
commencer à vivre comme un homme qui defire<br />
égaler fa fageffe.<br />
LXXVI.<br />
La première & la plus néceflaire partie de la<br />
Philofophie eft celle qui traite de lufage des préceptes<br />
, comme de ne point mentir. La féconde
E P I C T E T E. idi<br />
eft celle qui traite des défnonftrations , & qui<br />
<strong>mont</strong>re les raifons pourquoi il ne faut point mtntir.<br />
La troifiéme foutient & confirme les deux<br />
autres; elle examine pourquoi telle chofe eft dètnonftration<br />
; ce que c'eft que démonftration ,<br />
conféquence, difpute , vérité, fàuffeté. Cette<br />
troifiéme partie eft néceffaire pour la féconde :<br />
la féconde l'eft pour la première. Mais la première<br />
eft la plus néceffaire de toutes , & celle<br />
où on doit s'arrêter davantage. Cependant nous<br />
faifons tout le contraire ; nous nous apliquons<br />
plus particulièrement à la troifiéme : c'eft à cellelà<br />
que nous donnons tous nos foins, négligeant<br />
abfolument la première. Nous fçavons prouver<br />
par de bonnes raifons pourquoi il ne faut pas<br />
mentir ; cependant nous ne laiffons pas de mentir<br />
aflez fouvent.<br />
LXXVII.<br />
Quand vous faites quelque projet & que vous<br />
entreprenez quelque affaire , répétez jfouvent<br />
ces paroles : Que Dieu con<strong>du</strong>ife mes pas félon<br />
la volonté <strong>du</strong> Deftin ; j'y acquiefcerai fans peine<br />
& fans réfiftance : fi je refufe de m'y foutnettre «<br />
'1, faudra bien céder malgré moi.<br />
LXXVIII.<br />
C'eft être fage que de céder habilement à la<br />
néceflïté ; c'eft connoître les miftéres & les fecrets<br />
de Dieu.<br />
13
*0* E P I C T E T E.<br />
LXXIX.<br />
Voici encore, mon cher Cr'uon, une maxime<br />
bien importante. Que la volonté des Dieux<br />
s'accompliiTe toujours. Anytus & Mtlhitu peirvent<br />
m'ôter la vie , mai* ils ne fçanroîent m*<br />
faire de tort.<br />
%;fç#
CON* t,ct\;^
&
104 C O N F U C I U S.<br />
eftimoit le plus & qu'il trouva lui-même les meilleurs,<br />
il en tira les plus excellentes inftruûions -<br />
dans le deffein d'en profiter lui-même le premier<br />
d'en faire les régies de fa con<strong>du</strong>ite , & de les<br />
propofer >nfuite aux autres. A l'âge de vingt<br />
ans il fe maria, & eut un fils nommée Peyu, qui<br />
mourut âgé de cinquante ans. Ce fut le feul enfant<br />
qu'il eut ; mais fa race ne s'éteignit pas pourtant<br />
, il lui refta un petit-fils apellé Cufu qui ne<br />
fe rendit pas indigne de fes Ancêtres. Cufu s'attacha<br />
à la Philofophie : il commenta les livres<br />
de fon Aïeul, il fut élevé aux premières char.<br />
ges, &fa maifon s'eftfi bien foutenue, fesdefcendans<br />
ont été toujours fi confîdérables , &par<br />
leurs dignités & par leur opulence, que cette'famille<br />
encore aujourd'hui eft, une dés pltts illufr<br />
très familles de la Chine.<br />
Confucius exerça la Magiftrature en divers<br />
lieux avec beaucoup de fuccès , & avec une<br />
grande réputation. Comme il n'avoiteavue que<br />
l'utilité publique , & la propagation de fa doctrine<br />
, il ne cherchoit point la vaine gloire en ces<br />
fortes d'emplois. Auffi lorfqu'il ne parvenoit pas<br />
à fon but, lorfqu'il remarquent qu'il s'étoit trompé<br />
dans l'efpérance qu'il avoit conçue de pouvoir<br />
répandre plus aifément fes lumières, d'un<br />
lieu élevé, il en defeendoit, il renonçoit à la<br />
charge de Magiftrat.<br />
Ce Philofophe eut jufqu'à trois mille Difcir
C O N F U C I U S: icf<br />
pîes l entre lefquels il y en eut cinq cens qui remplirent<br />
les charges les plus éminentes en divers<br />
Royaumes, 6k foixante-douze d'une vertu & d'un<br />
fçavoir fi extraordinaires, que les Annales ont<br />
cônfervé leurs noms, leurs iurnoms, & les noms<br />
même de leur Patrie. Il divifa fa Doârine en quatre<br />
parties ; fi bien que l'Ecole de Confucius 'étoit<br />
compofée de quatre ordres de Difciples. Ceux<br />
<strong>du</strong> premier ordre s'apliquoient à cultiver la vertu,<br />
& à s'en imprimer de fortes habitudes dans<br />
l'efprit & dans le coeur. Ceux <strong>du</strong> fécond ordre<br />
s'attachoient à l'art <strong>du</strong> raisonnement & à celui<br />
de bien parler. Les troifiémes faifoient leur étude<br />
de la Politique. Et le travail & l'occupation<br />
des Difciples <strong>du</strong> quatrième ordre, étoit d'écrire<br />
d'un ftile poli & éxaâ, ce qui regardoit la<br />
con<strong>du</strong>ite des mœurs. Parmi ces foixante & douze<br />
Difciples, il y en eut qui fe diftinguérènt, &<br />
dont les noms & les Ecrits font en grande vénération»<br />
Confucius , dans toute fa doctrine , n'avoit<br />
pour but que de diffiper les ténèbres de l'efprit,<br />
bannir les vices, rétablir cette intégrité qu'il affuroit<br />
avoir été un préfêttjàu. Ciel ; & pour parvenir<br />
plus facilement à ce but,il exhortoit tous<br />
.ceux qui écoutoient fes inftruftions, à obéir au<br />
Gel, à le craindre, à le fervir , à aimer fou<br />
'prochain comme foi-même , à fe vaincre, à'foumettre<br />
fes paffions à la raifon, à ne faire rien,
te* C O N I U C I C J .<br />
4 ne penfer rien qui lui fut contraire. Et ce<br />
qu'il y avoit de plus remarquable, il ne recommandott<br />
rien aux autres, ou par écrit, ou de<br />
rive voix, qu'il ne pratiquât premièrement luimême.<br />
Aufli fes Difciples avoient-ils pour lui<br />
une vénération fi extraordinaire, qu'ils ne faifoient<br />
pas quelquefois difficulté de lui rendre des<br />
honneurs , qu'on n'avoit accoutumé de rendre<br />
qu'à ceux qui étoient élevés fur le Trône : nous<br />
en. alléguerons un exemple. Cétoit une ancien'<br />
ne coutume, parmi les Chinois, de placer les<br />
lits des malades <strong>du</strong> coté dn Septentrion ; mais<br />
parce que cette fituation étoit la fituation de»<br />
Kts des Rois, lorsqu'un Roi vifitoit un malade,<br />
Fon remtttoit te lit <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> Midi ; & c'eût<br />
été une efpéce de crime de ne le point faire*<br />
Confucius a eu des Difciples qui lui ont ren<strong>du</strong>»<br />
dans leurs maladies, un femblable hommage*<br />
Nous n'oublierons pas ici une chofe fort remarquable<br />
que raportent les Chinois. Ils drfent que<br />
Confucius avoit coutume de dire de tems en<br />
tems tque l'homme faint étoit datuFOcciient. Quelle<br />
que fût fa penfée, il eft certain que foixante<br />
& cinq ans après la naiffance de Jefus-Chrift,<br />
FEmpereur Mimti, pouffé par les paroles <strong>du</strong><br />
Philpfophe , & plus encore, comme l'on dit, par<br />
l'Image <strong>du</strong> Saint Héros qui lui aparuten fongsr<br />
envpya deux Ambafladeurs dans l'Occident,pour<br />
y chercher le Saint & la fainte Loi ; Mais ces
C O N F U C I t ï ï ; 107<br />
'Ambaffadeurs ayant abordé à une certaine Me<br />
«lui n'étoit pas fort éloignée de la Mer rouge,<br />
n'ayant pas ofé pouffer plus loin, ils s'aviférent<br />
de prendre une certaine Idole qu'ils y trouvèrent<br />
, la ftatue d'un Philofophe apellé Foe Kia»<br />
qui avoit paru dans les Indes, environ cinq cens<br />
ans ' avant Confucias, & aportérent dans la<br />
Chine avec l'Idole de Foc,te Doârine qu'il avoit<br />
enfeignée. Que leur AmbafTade eût été heureufe,<br />
û au lieu de cette Doârine ils fuffent retournés<br />
dans leur patrie avec la Doârine falutaire<br />
de Jefus - Chrift, que Saint Thomas enfeigndif<br />
pour 1ers dans les Indes ! Mais cette divine<br />
lumière n'y devoit pas encore être portée. Depuis<br />
ce malheureux tems , la plupart des Chinoi»<br />
ont fervi les Idoles , & la fuperftition & l'Idolâtrie<br />
ayant fait tous les jours de nouveatx<br />
progrès, ils fe font éloignés peu-S-peu de la<br />
Doârine de leur Maître ; ils ont négligé les excellentes<br />
inflruâions des Anciens : & enfin, étant<br />
venus jufqu'à méprifertoute forte de Religion»<br />
Us font tombés dans l'Athéïfme. Auffi ne pou-.<br />
voient-ils faire autrement, enfuivant l'exécrable<br />
Doârine de Foe , car cet Impofteur enfeignoit,<br />
que le principe & la fin de toutes chofts<br />
iloit le ruant.<br />
Pour revenir à Confucius, dont la Doârine a<br />
été fi opofée à celle de Foe & de fes Seâateu»,<br />
«et illuûre Philofophe qui étoit fi néceûaire ai*
lo? C O N F U C I U S.<br />
Patrie, mourut l'an 73. de fonâge. Peu de tem*<br />
avant la maladie qui le ravit aux Chinois , il<br />
déploroit avec une grande amertume d'efprit, les<br />
defordres de fon tems, & il exprimoit fespenfées<br />
& fa douleur par un vers qui peut être tra<strong>du</strong>it<br />
de cette manière : O grande <strong>mont</strong>agne ! il<br />
entendoit fa doctrine , O grande <strong>mont</strong>agne , qu'estu<br />
devenue ! Cette importante machine a été renverfée<br />
; hélas ! il n'y a plus de fages, il n'y a plus<br />
dejaintsl Cette réflexion l'affligea fi fort, qu'il<br />
en devint tout languiffant ; & fept jours avant fa<br />
mort, fe tournant <strong>du</strong> côté de fes Difciples, après<br />
avoir témoigné le déplaifir qu'il avoit de voir que<br />
les Rois, dont la bonne con<strong>du</strong>ite étoit A néccffaire,<br />
& d'une fi grande conséquence , n'obfer-<br />
•oient pas fes instructions & fes maximes , il<br />
ajouta douloureufcment, puïfquc les chofesvont<br />
de la font , il ne me refie plus qu'à mourir* Il<br />
n'eut pas plutôt proféré ces paroles, qu'il tomba<br />
dans une létargiequï ne finit que par la mort.<br />
Confucius fut enfêveli dans fa Patrie, dans le<br />
Royaume de Lu, où il s'étoit retiré avec fes plus<br />
chers Difciples. On choifit pour fon fépulchre<br />
un endroit qui eft proche de la ville de Kiofeu f<br />
au bord <strong>du</strong> fleuve Su, dans cette même Académie<br />
où il avoit coutume d'enfeigner, & que l'on<br />
voit encore aujourd'hui toute entourée de mur<br />
railles, comme une ville conûdérable.
C O N F U C I U S. 109<br />
On ne fçauroit exprimer l'affliction que caufa •<br />
la mort de ce Philofophe à fes Difciples. Ils le<br />
pleurèrent amèrement ; ils prirent des habits lugubres<br />
, & furent dans un fi grand ennui, qu'ils<br />
négligeoient le foin de leur nourriture & de leur<br />
vie. Jamais bon père n'a été plus regreté, par<br />
des enfans bien nés & bien élevés, que Confieras<br />
le fut par fes Difciples. Ils furent tous dans<br />
le deuil & dans les larmes, un an entier : il y en<br />
eut qui le furent <strong>du</strong>rant trois ans ; & même<br />
il s'en trouva un qui pénétré plus vivement que<br />
les autres de la perte qu'ils avoient faite, ne<br />
bougea , de fix ans, de l'endroit où fon Maître<br />
avoit été enféveli.<br />
On voit dans toutes les Villes, des Collèges<br />
magnifiques qu'on abâtis en l'honneur deConfucius,<br />
avec ces Infcriptions & d'autres femblables,<br />
écrites en gros cara&éres & en caraftéres d'or.<br />
Au grand Maître. A Villuflre Roi des Lettres.<br />
Au Saint. Ou ce qui eft la même chofe chez :<br />
les Chinois, A celui qui a été doué d'une fagejpc<br />
extraordinaire. Et quoi qu'il y ait deux mille ans<br />
que ce Philofophe n'eft plus, on a une fi grande<br />
vénération pour fa mémoire, que les Magiftrats'ne<br />
paffent jamais devant ces Collèges,qu'ils -<br />
ne faffent arrêter les Chaifes fupecbes où ils font<br />
portés par diftinâion. Us en defeendent , & -<br />
agrès s'être profternés quelques momens , ils<br />
continuent leur chemin en faifant quelques pas à
no C O N F U C I U S .<br />
pié. Il n'y a pas même jufqa'aux Rois & aux<br />
Empereurs qui ne fe faflent honneur quelquefois<br />
de vifiter eux-mêmes ces Edifices où font gravés<br />
les titres de ce Philofophe, & de le faire même<br />
d'une manière éclatante. Voici des paroles (art<br />
remarquables de l'Empereur Yumlo, qui a été le<br />
troifiéme Empereur de la précédente famille apelée<br />
Mim. Il les prononça un jour qu'il fe difpofoit<br />
à aller à un de ces Collèges dont nous<br />
avons déjà parlé. Je vénère le Précepteur des<br />
Rois & des Empereurs. Les Empereurs & les<br />
Rois font les Seigneurs &les Maîtres des peuples;<br />
mais Confucius a propofé les véritables moyens de<br />
con<strong>du</strong>ire ces mêmes peuples, & dinflruire les ficelés<br />
à venir. Il efl donc à propos que j'aille au<br />
grand Collège , 6> que j'offre là des prèfens à ce<br />
grand Maître qui n'ejl plus , afin que je fajfc connaître<br />
combien j'eflime les Lettres , & combien<br />
frflime leur doftrine. Ces marques extraordinaires<br />
de vénération perfuadent que la vertu & le<br />
mérite de ce Philofophe ont été extraordinaires.<br />
Et certes cet excellent homme avoit auffi des<br />
qualités admirables. Il avoit un air grave &<br />
modefte tout enfemble : il étoit fidèle, équitable<br />
, gai, civil, doux, affable , & une certaine<br />
férénité, qui paroiflbit fur fon vifage , lui gagnoit<br />
les cœurs, & lui attiroitle refpeâ de tous<br />
ceux qui le regardoient. Ils parloit peu , & il<br />
méditoit beaucoup. Il s'apliquoit fort à l'étude»
C: CL N F U C I U S. tit<br />
Éros pourtant fatiguer fon efprit. Il méprifoit<br />
les richefles & les honneurs , lorfque c'étoient<br />
des obftacles à fes deffeins. Tout fon plaifir<br />
étoitd'enfeigner & de faire goûrerfa doôrineà<br />
beaucoup de gens. Il étoh plus févére pour foi<br />
que pour les autres. Il avoit une attention continuelle<br />
fur lui-même, & étoit un Cenfeucfort<br />
rigoureux de fa propre con<strong>du</strong>ite. Il fe blâmoit<br />
de n'être pas affez aŒ<strong>du</strong> à enfeigner ; de ne travailler<br />
pas avec affez de vigilance à corriger fes<br />
défauts, & de ne s'exercer pas comme il falloir ,<br />
dans la pratique des vertus. Enfin il avoit une<br />
vertu qu'on trouve rarement dans les grands<br />
hommes, fçavoir, l'humilité : car non-feulement<br />
il parloit avec une extrême modeftie de foi, &<br />
de tout ce qui le regardcit, mais auffi il difoit<br />
devant tout le monde avec une fincérité finguliére,<br />
qu'il ne ceffoit point d'aprendre, & que la<br />
doctrine qu'il enfeignoit n'étoit pas la fiennu ,<br />
que c'étoit la doctrine des Anciens. Mais fes<br />
livres font fon véritable portrait, nous Talions<br />
fcire voir par cet endroit-là.<br />
Recueil des ouvrages de Confucius.<br />
Le premier livre de Confucius a été mis en<br />
lumière par l'un de fes plus célèbres Difciples<br />
nommé Cemeu ;& cet habile Difciple y a ajouté<br />
de fort beaux Commentaires. Ce livre eftcom-
in C O N F U C I U S.<br />
me la porte, par ou il faut parler pour parvenir<br />
à la plus fublime fageffe, & à la vertu la plus<br />
parfaite. Le Phiiofophe y traite de trois chofes<br />
confidérables. i. De ce que nous devons faire<br />
pour cultiver notre efprit & régler nos mœurs,<br />
a. De la manière avec laquelle il faut inftruire<br />
& con<strong>du</strong>ire les autres ; & enfin, <strong>du</strong> foin<br />
que chacun doit avoir de tendre vers le fouve-"<br />
rain bien , de s'y attacher, de s'y repofer, pour<br />
ainfi dire.<br />
Parce que l'Auteur a eu deflein , fur-tout,<br />
d'adreffer fes enfeignemens aux Princes |& aux<br />
Magiftrats qui peuvent être apellés à la Royauté<br />
• le livre a pour titre Ta-Hio , comme qui<br />
diroit, la grande Science.<br />
Le grand fecret, dit Confucius, pour acquérir<br />
la véritable fcience , la fcience par conféquent<br />
digne des Princes, & des perfonnages les plus<br />
illuftres, c'eft de cultiver & polir la raifon qui<br />
eft un préfent que nous avons reçu <strong>du</strong> Ciel. La<br />
concupifcence l'a déréglée, il s'y eft mêlé plu-<br />
Ceurimpuretés. Otez-en donc ces impuretés,<br />
afin qu'elle reprenne fon premier luftre, & ait<br />
toute fa perfection. C'eft-là le fouverain bien.'<br />
Ce n'eft pas allez. Il faut de plus, qu'un Prince<br />
, par fes exhortations & par fon propre exemple<br />
, faffe de fon peuple comme-un peuple nouveau.<br />
Enfin j après être parvenu , par de grands<br />
foins, à cette fouveraine perfection, à ce fouve-<br />
niar
C O N F U C I U S. 113<br />
rain bien, il ne faut pas fe relâcher ; c'eft ici<br />
que la perfévérance eft abfolument néceflaire.<br />
Comme d'ordinaire les hommes ne fuivent pas<br />
les voyés qui peuvent con<strong>du</strong>ire à la poffeflîon <strong>du</strong><br />
fourerain bien , & à une pofïeffion confiante &<br />
éternelle. Confucius a crû qu'il étoit] important<br />
de donner Ià-deffiis des inftruâions.<br />
Il dit, qu'après qu'on a connu la fin à laquelle<br />
on doit parvenir, il faut fe déterminer, &<br />
tendre fans cefle vers cette fin , en marchant<br />
dans les voyes qui y con<strong>du</strong>ifent; en confirmant<br />
tous les jours dans fon coeur, la réfolution<br />
qu'on a formée d'y parvenir , & en la confirmant<br />
fi bien , qu'il n'y ait rien qui la puifle<br />
ébranler tant foitpeu.<br />
Quand vous aurez affermi de la forte votre<br />
efprit dans ce grand defTein , adonnez - vous,<br />
ajoute-t'il, à la méditation : raifonnez fur toutes<br />
chofes, en vous-même : tâchez d'en avoir des<br />
idées claires : confidérez distinctement ce qui fe<br />
prefente à vous : portez-en fans préjugé , des<br />
jugemens folides : pefez tout , examinez tout<br />
avec foin. Après un examen & des raifonnemens<br />
de cette nature, vous pourrez aifément<br />
parvenir au but, oji il faut que vous vous arrêtiez,<br />
à la fin à laquelle vous vous devez tenir<br />
attaché, fça voir, «une parfaite conformité detoutes<br />
vos aôions avec ce que iaraifonfuggére.'<br />
A l'égard des moyens qu'un Prince doit em-<br />
Tome III. K
f M CONFUC1US.<br />
ployer, pour purifier & polir fa raifon , afin quefa<br />
raifon étantainfi difpofée, ilpuiffe con<strong>du</strong>ire<br />
fes Etats , & redreffer & polir la raifon de fei<br />
peuples, le Philofophe propofe de quelle maniér<br />
e les anciens Rois fe con<strong>du</strong>ifoient.<br />
Ils tàchoient, dit-il « pour être un jour en<br />
état de bien gouverner tout leur Empire , de<br />
bien con<strong>du</strong>ire un Royaume particulier , & de<br />
porter ceux qui le compofoient à cultiver leur<br />
raifon & à agir comme des créatures douées<br />
d'intelligence. Pour pro<strong>du</strong>ire cette rérbrmatios<br />
dans ce Royaume particulier, ils travarlloient à<br />
celle de leur famille, afin qu'elle fervît de modèle<br />
à tous les fujets de ce Royaume. Pour réformer<br />
leur famille ; ils prenoieat un foin extraordinaire<br />
de polir leur propre peribnne r & decompofer<br />
fi bien leur extérieur, qu'ils ne difent<br />
rien, qu'ils ne Ment rien qui pût choquer tant<br />
foit peu la bienféance , & qui ne fut édifiant ,<br />
afin, qu'il» raflent eux-mêmes une régie & na><br />
exemple -expofé fans celle aux yeux de leurs dor<br />
meftiques & de tous leurs Caurtirans. Pour<br />
parvenir à cette perfection extérieure, ils travail*<br />
loient à rectifier leur efp rit, en réglant ôt domptant<br />
leurs pâmons ; parce que les pallions, pour<br />
l'ordinaire, éloignent l'efprk de fa droiture naturelle,<br />
Tabbaiflent, & le portent à toute forte<br />
de vices. Pour rectifier leur efprit > pour régler<br />
& dompter leurs pâmons., ils-fàifoient en forte
C O N F U C ï US. rir<br />
que leur volonté fe portât toujours vers le<br />
Bien , & ne fe tournât jamais vers le mal.<br />
Enfin, pour difpoferainii leur volonté , ils s'é«<br />
tudioient à éclairer leur entendement, & à l'éclairer<br />
fi bien, qu'ils n'ignorafient rien, s'il étoi^<br />
poffible, car enfin, pour vouloir, pour defirer^<br />
pour aimer, pour haïr, il faut connoître ; c'eft la-<br />
Philofophie de la droite raifon.<br />
C'eft ce que propofoît Confucius aux Prince»,'<br />
pour leur aprendre à rectifier & polir , premièrement<br />
leur raifon , & enfuite la raifon<br />
& la perfonne de tous leurs Sujets. Mais<br />
afin de faire plus d'irnpreffion , après être 1<br />
defcen<strong>du</strong> par degrés, de lafage con<strong>du</strong>ite de tout<br />
FEmpire , jufqu'à la perfection de l'entende-<br />
-ment, il re<strong>mont</strong>e , par les mêmes dégrés> de<br />
Pentendement éclairé jufqu'à l'état heureux dé<br />
tout l'Empire. Si , dit-il , l'entendement'd'uni<br />
Prince eflr bien éclairé, fa volonté ne fe portera<br />
que vers le bien:foname fera entièrement rec*<br />
tifiée , il n'y aura aucune pafHon qui lui puiffe<br />
faire perdre fa rectitude -.rame étant ainfi. recti^<br />
fiée T il fera compofé dans fon extérieur, orr né<br />
remarquera riea en fa perfonne qui poiffe choquer<br />
la bienféance:fa perfonne étant ainfi- perfeétionnée<br />
, fa famille feformantjfur ce modèle *<br />
fe réformera & fe polir* : fa famille étant parve*<br />
•uë à cette perfection, elle fervira«Féxempleàv<br />
tous les Sujet^dta Rdfaam* particulier, Stcea*
n6 C O NFU C I U S;<br />
qui compofent le Royaume particulier , à tous<br />
ceux qui compofent le corps de l'Empire. Ainfî<br />
tout l'Empire fera bien réglé ; l'ordre & la juftice<br />
y régneront ; l'on y jouira d'une paix profonde<br />
, ce fera un Empire heureux & floriffant.<br />
Confuçius avertit enfuite , que ces enfeignemens<br />
ne regardent pas moins les Sujets,que les Princes;<br />
& après s'adreffant précifément aux Rois , U<br />
leur dit : qu'ils doivent s'attacher particulièrement<br />
à bien régler leur famille, à en avoir foin,<br />
à la réformer : Car, ajbute-t'il, i/ ne fi pas pojfir<br />
ble que celui qui ne fçait pat con<strong>du</strong>ire & ré/ormer<br />
fa propre famille , puiffè bien con<strong>du</strong>ire & ré<br />
former un peuple.<br />
Voilà ce qu'il y a de plus important dans la<br />
doârine de Confuçius contenue dans le premier<br />
livre, 5c qui eft le texte, pour ainfi (dire , fur<br />
lequel CentçH fon Commentateur a travaillé.<br />
Ce célèbre Difciple, pour expliquer & éten.<br />
dre les enfeignemens de fon Maître , allègue<br />
des autorités & des exemples qu'il tire de<br />
trois livres fort anciens, & fort eftimés par les<br />
Chinois.<br />
Le premier livre dont il parle, qui eft pourtant<br />
moins ancien que les autres , a pour titre<br />
Camcao, & fait une partie des Chroniques , de,<br />
l'Empire de Chtu. Ce livre a été compofé par<br />
un 'Prince apejé Vùvâm fils <strong>du</strong> - Roi Vênvânu<br />
Vkvâm y fait l'éloge de fb« père; mais le pria-
C O N F U C I U S. «7<br />
cipal deffein qu'il a , en exaltant les vertus &<br />
les grandes qualités de ce Prince, eft de former<br />
fur ce modèle l'un de fes frères qu'il veut perfectionner<br />
dans la vertu : & l'on remarque qu'il<br />
lui difoit ordinairement, que leur père avoit pu<br />
devenir vertueux. Pénvam, lui difoit -û,apû •<br />
polir fa raifon & fa petforme.<br />
Le fécond livre d'où Cemçu tire fes autorités<br />
& fes exemples, eft apelé Tai-Kia. Ce livre ,<br />
qui eft beaucoup- plus ancien que le premier, a<br />
été écrit par un fameux Empereur de Xam, apelé<br />
Y-Yin , on y lit que cet Y-Yin voyant que<br />
Tai-Kia petit-fils de l'Empereur Chim-Tam dégénérait<br />
de la vertu de fes illuftres Ancêtres, &<br />
fe con<strong>du</strong>ifoit d'une manière entièrement différente<br />
dç la leur , il lui ordonna de demeurer trois<br />
ans dans un jardin où étoit le fépulchre de fon.<br />
ayeul ; que cela fit une grande impreflîon fur<br />
fon efprit, qu'il changea, de con<strong>du</strong>ite, & que le<br />
même Y-Yin qui lui avoit ren<strong>du</strong> un fi bon office<br />
l'ayant enfuite élevé à l'Empire, Tai-Kia le gouverna<br />
long-tems , ' fort heureufement. Le Roi<br />
Tarn , difoit Y-Yin à Tai-Kïa, le Roi Tarn avoit<br />
toujours l'efprit occupé à' cultiver cette précîeufe<br />
raifort qui nqu( a été dpnnée <strong>du</strong> Ciel.<br />
Enfin le troiûéme livre qui eft beaucoup plu*<br />
ancien que les deux précéd ens, eft apelé Ti-Tieni.<br />
& l'oay lit encore àl'occafion <strong>du</strong> RoiJW, que ce<br />
Prisée avoit pu cultiver cette fublime vertu, **•
1t* . C ' O N F U C I U l<br />
gratté & fuhlime don qu'il avoit reçu <strong>du</strong> Ciel,fça*<br />
voir la raifort naturelle.<br />
Il eft vifible que le Diffciple de Confucius ;<br />
par ces autorités, a deffein d'enfeîgner, ou plutôt<br />
fupofe que tout le monde croit que nous<br />
avons tous reçu <strong>du</strong> Ciel des lumières que la<br />
plupart des hommes laiffent éteindre par leur négligence<br />
, une nifon que la plupart des hommes<br />
négligent volontairement & laiffent corrompre ;<br />
& que puifqull 7 a eu des Princes qui ont perfectionné<br />
ces lumières , qui ont cultivé & poli,<br />
leur raifon, on les doit imiter , &que l'on peut<br />
suffi-bien qu'eux, par fes foins , atteindre à une<br />
perfection fembiable.<br />
ir ne faut pas oublier ici une chofe remarqua.<br />
Ble que raporte Cemçu, touchant un' baflîn dans"<br />
lequel le Roi Tarn avoit coutume de fe laver. Il<br />
dit qu'on y voyoit gravées ces belles paroles :<br />
Lave-toi. Renouvelle-toi continuellement. Renouvelle-toi<br />
chaque jour. Renouvelle-toi de jour en )ouri<br />
& que c'étoit pour faire entendre au Roi, que fi<br />
nn Prince qui gouverne les autres a contracté des<br />
vices & des feuillures ,. il doit travailler a s'en<br />
nétoyer, & à mettre fon cœur dans fou premier<br />
état de pureté. Au refte ? ç*à été une ancienne<br />
Coutume parmi les Chinois de graver ou'de- peindre<br />
fur leurs vafes domeftiques des Sentences mô><br />
raies r & de fortes exhortations * la vertu : èa<br />
forte que kwfqjtUs' fe lâvoient air qjjftls'-£re-*
-€ O ff F U C I U 1 ir?<br />
noient leurs repas, ib avoient toujours devant<br />
Jes yeux ces fentences & ce* exhortations. Cette<br />
coutume ancienne s'eft même eonfervée jufqu'à<br />
préfent.Ily a feulement cette différence, qu'a»<br />
Beu qu'autrefois l'on gravoit , ou l'on peignoir<br />
les caraâéres au-dedans <strong>du</strong> raiffeau,au milieu<br />
de la face intérieure, aujourd'hui, le plus fouirent,<br />
les Chinois les font graver ou peindre e»<br />
dehors,/; contentant, dans ce fiéclc-sirdel'apa~<br />
rtnce extérieure de la vertu.<br />
Après que Conçu a parlé des deux première»<br />
parties delà Doctrine de fon Maître>dont l'une<br />
regarde ce qu'un Prince doit faire pourfapropre<br />
perfeâton, & l'autre ce qu'il eft obligé de faire<br />
pour la-perfeâion & le bonheur des autres; il<br />
pafle à la troifiéme & dernière partie, où il<br />
eft parlé de la dernière fin que chacun doit fe<br />
propofer comme le fouverain bien , Scdans laquelle<br />
il doit s'arrêter. On fe fouviendra , que<br />
par la dernière fin, & le fouverain bien, Confuciur<br />
entend , comme nous l'avons déjà fait remarquer,<br />
une entière conformité de nos aâionsaveo<br />
KL droite raifon.<br />
Il allègue, après cela, l'exemple; de ce Vên~<br />
ram y dont nous avons déjà parlé : & certes I*<br />
con<strong>du</strong>ite de ce Prince a étâ ft fenfée' & fi bie»<br />
réglée, qu'on ne peut aprendre fans admiration ><br />
que par les feules lumières de la Nature, il aie<br />
ta les idées qu'il » eues „ & qu'il ibit parvenus
**0 C O N F U C I U S.<br />
à une vertu fi fubKme que celle à laquelle il eft<br />
parvenu. On ne fera pas fâché d'en voir ici<br />
quelque chofe.<br />
Vêtvvâm, dit le Commentateur , avoit reconnu<br />
que l'amour que les Princes ont pour leurs<br />
Sujets ne peut que contribuer beaucoup à les<br />
bien con<strong>du</strong>ire & à-les rendre heureux: & dans<br />
cette vue, il faifoit fon affaire principale de cet<br />
amour qu'il tâchoit de perfectionner fans ceffe*<br />
Voici de quelle manière il s'y étoit pris. Parce<br />
que la principale vertu d'un Sujet eft d'honorer<br />
& de refpe&er fon Roi, Vinvâm étant encore<br />
Sujet, fe fixoit à cet honneur & à ce refpeér: &<br />
il fe faifoit un fi grand plaifir de ces fortes d'obligations,<br />
qu'il les remplit toujours avec beaucoup<br />
de fidélité. Comme la première & h plus<br />
importante vertu des enfans , à l'égard de<br />
leurs pères, eft l'obéiiïance, Vinvâm , dans la relation<br />
de fils, fe fixoit à cette obéiffance ; & il<br />
s'acquita fans relâche de ce devoir, avec une<br />
piété extraordinaire. La principale vertu d'un<br />
père,ajoute le Difciple de Confiicius , eft un<br />
amour tendre pour les enfans ; auffi Vinvâm ,<br />
comme père » fe fixoit à cet amour , dont if<br />
donna toujours des marques fort éclatantes , non<br />
par une foible &. criminelle in<strong>du</strong>lgence , mais<br />
par les foins continuels, qu'il prit de les corriger<br />
& de les inftruire. Enfin , la bonne foi eft une<br />
•ertu abfolumeat aéceuaire à ceux qui vivent en<br />
fociété :
G O N F U C I U S. ia*<br />
fociété : a'uffi Vinvâm parlant & agiflant avec les<br />
Sujets de fon Royaume fe fixoit à cette vertu ,<br />
& il y fut toujours fi fort attaché , qu'il ne lui<br />
arriva jamais de rien promettre qu'il n'effectuât<br />
avec une promptitude & une éxaûitude inconcevables.<br />
Ce Prince, dit Cemçu, étoit né d'un père &<br />
d'une mère, qui étoient des perfonnes fort vertueufes,<br />
& qui avoient pris grand foin de fon<br />
é<strong>du</strong>cation, fur-tout Taicin, fa mère, qui avoit été<br />
un modèle de vertu : mais il avoit lui-même fi<br />
bien cultivé cette é<strong>du</strong>cation, qu'il fe rendit un<br />
Prince accompli, & s'acquit tant de réputation &<br />
une eftime fi générale, même chez lés Nations<br />
étrangères, que quarante-quatre Royaumes s'étoient<br />
volontairement fournis à fon Empire. Cependant,<br />
ajoute-t'il, ce grand éclat dont il étoit<br />
environné, ne fut jamais capable de l'éblouir ; il<br />
étoit d'une humilité & d'une modeftie fans<br />
exemple, il s'accufoit même fort févérement de<br />
n'être pas affez vertueux : car un jour qu'il étoit<br />
malade, la terre ayant été fecouéepar de prodigieux<br />
tremblemens, il ne chercha la caufe de<br />
cette calamité & de la colère <strong>du</strong> Ciel, que<br />
dans fes propres péchés , quoiqu'il fût d'une<br />
vertu confommée.<br />
Ce qui a le plus! paru dans les aftions de Vinvâm<br />
, eft une charité extraordinaire ; nous n'en<br />
alléguerons qu'un exemple. On lit dans les An-<br />
Jopu III. L
fi» CONFUCIUS.<br />
nales de la Chine, que ce Prince ayant rencontré<br />
à la campagne les oflemens d'un homme à qui<br />
l'on avoit refufé les honneurs de la fépulture , il<br />
commanda d'abord qu'ils fuflent enfévelis : &<br />
comme quelqu'un de ceux qui étoient autour de<br />
lui, dit, qu'on ignoroit qui étoit le Maître <strong>du</strong><br />
défunt, & que par cette raifon il ne falloit pas<br />
s'en mettre en peine, fondé peut-être fur quelque<br />
coutume <strong>du</strong> païs. Quoi ! répondit le Roi,<br />
celui qui tient les rênes de l'Empire n'efl-ilpas le<br />
Maître de U Empire ? celui qui régne n'efl-il pas<br />
le Maître <strong>du</strong> Royaume ? je fuis donc le Maître 6»<br />
le Seigneur <strong>du</strong> défunt, ainfipourquoi lui refuferoisje<br />
ces derniers devoirs de piété ? Mais ce n'eu pas<br />
tout ; il n'eut pas plutôt proféré ces paroles,<br />
que fe dépouillant de fon vêtement <strong>Royal</strong>, il<br />
commanda que l'on s'en fervît pour enveloper<br />
ces olTemens , & qu'on les enfévelît félon les<br />
manières & la coutume <strong>du</strong> pays : ce que fes Courtifans<br />
ayant vu avec admiration, s'écrièrent ,fi U<br />
piété de notre Prince eft fi grande envers des offemens<br />
tout fecs, combien grande ne fera * t'elle pas<br />
envers des hommes qui jouiffint de la vie ? Il»<br />
firent quelqu'autres réflexions de cette nature.<br />
La charité de l'ênvâm, avoit proprement pour<br />
objet toutes fortes de perfonnes , mais particulièrement<br />
les perfonnes avancées en âge , les Veuves<br />
, les Orphelins, 6c les pauvres , qu'il protégeoit<br />
& nourruTpit comme s'ils euffent été fes
C O N JF U C I U S. «5<br />
propres enfans. On croit que ces charitables<br />
aérions ont été la caafe principale <strong>du</strong> rétàbliflement<br />
d'une pieufe coutume des premiers Empereurs<br />
, & d'une loi qu'on obferve encore aujourd'hui<br />
dans toute la Chine. Cette loi porte que<br />
dans chaque ville, même dans les plus petites ,<br />
l'on entretiendra, aux dépens <strong>du</strong> public , cent<br />
pauvres perfonnes âgées.<br />
Mais Vênvâm ne fe contenta pas d'avoir don*<br />
né <strong>du</strong>rant le cours de fa vie, des inflruâions<br />
& des exemples de vertu ; lorfqu'il fe fentit<br />
proche de la mort, ne fe fiant pas aflet fur la<br />
force de fes inflruâions précédentes & de fes<br />
exemples, & fçachant que les dernières paroles<br />
des mourans font une grande impreffion, il donna<br />
encore à fon fils Vuvâm ces trois avertiffémens.<br />
l. Lorfquevous verre[ faire quelque action<br />
vertueuft, ne foyeç point pareffeux à la pratiquer,<br />
%. Lorfque l'occafion de faire une chofe raijonntti.<br />
ble fe prefentera , profitez-en fans héfiter. 3. iW<br />
cejfti point de travailler à détruire & à extirper<br />
les vices. Ces trois 'avertiffemtns que je vous donne<br />
, mon fils, ajouta-t'il, contiennent tout ce qui<br />
peut pro<strong>du</strong>ire une probité exacte , & une con-.<br />
<strong>du</strong>ite droite.<br />
Voilà fans doute un exemple qui fait fentir;<br />
que dans le tems que ce Roi vivoit, les Chinois<br />
avoient des fentimens fort raifonnables , & que<br />
la vertu étoit leur paffion, pour ainfi direi<br />
L 2
iM C O N F U C I U S;<br />
car enfin les peuples , pour l'ordinaire , fe conforment<br />
aux fentimens & aux mœurs de leurs<br />
Rois.<br />
Régis ad exemplum, totus componitur orbis.<br />
Il n'y a rien pourtant qui donne une plus<br />
grande idée de la vertu des anciens Chinois »<br />
que ce qu'ils ont dit & pratiqué, à l'égard des<br />
procès. Us enfeignoient qu'il ne falloit intenter<br />
de procès à perfonne ; que les fraudes, les aigreurs<br />
& les inimitiés qui font les fuites ordinaires<br />
des procès, étoiens indignes des hommes ;<br />
que tout le monde devoit vivre dans l'union Se<br />
dans la concorde, & que pour cela il falloit que<br />
chacun fit tous fes efforts , ou pour empêcher<br />
les procès de naître, ou pour les étouffer dans<br />
leur naiffance, en accordant les parties, & leur<br />
infpirant l'amour de la paix, c'eft-à-diré, en les<br />
engageant à renouveller 6» polir leur raifon ; ce<br />
font les paroles de Conçu.<br />
Mais ce qu'il y a de plus remarquable fur ce<br />
fujet, c'eft les précautions extraordinaires que les<br />
Juges prenoient, lorfque quelque caufe étoit portée<br />
devant leurs Tribunaux. Ils éxaminoient<br />
avec toute l'attention dont ils pouvoient être capables<br />
, tout l'extérieur de celui qui fufeitoit le<br />
procès, afin que par ce moyen ils puflent connaître<br />
fi cet homme étoit pouffé par de bons
C O N F U C I U S . nj<br />
motifs, s'il croyoit fa caufe bonne,, s'il agiffoit<br />
iîncérement : & il y avoit cinq Régies pour cela.<br />
Parla première Règle, ils éxaminoient l'arran-*<br />
gement de fes termes & fa manière de parler, &<br />
cela s'apelloit Cutim , c'eft-à-dire, l'obfervation<br />
des paroles. Par la féconde Règle, ils confidéroient<br />
l'air de fon vifage, & le mouvement de<br />
fes' lèvres ; 6c cela s'apelloit Setim, c'eft-à-dire ,<br />
Vobfervation <strong>du</strong> vifage. Parla troifiéme, ils prenoient<br />
garde à la manière dont il refpiroit lors<br />
qu'il propofoit fa caufe; cette Règle s'apelloit Ki~<br />
tint, c'eft-à-dire ", l'obfervation de la refpiration.Vat<br />
la quatrième, ils remarquoient s'il avoit la repartie<br />
prompte : s'il ne donnoit pas des réponfes embarraflees,<br />
mal aflurées , incertaines, ou s'il parloit<br />
d'autre chofe que de ce dont il étoit queftion ;<br />
fi fes paroles n'étoient pas ambiguës ; & cela s'apelloit<br />
Ulthim, c'eft-à-dire,l'obfervation des réponfes.<br />
Enfin, par la cinquième Règle, les Juges<br />
dévoient confidérer avec foin les regards,prendre<br />
garde s'il n'y avoit point de trouble, d'égarement,<br />
de confufion ; s'il n'y paroifloit pas quelque indice<br />
de menfonge & de fraude ,& cette dernière<br />
Règle étoit apellée Motim, c'eft-à-dire, l'obfervation<br />
des yeux.<br />
C'étoit par ces marques extérieures que cet<br />
ancien Aréopage découvroit les fenttmens les<br />
plus cachés <strong>du</strong> coeur, rendoit une juftice éxaâe,<br />
détournoit une infinité de gens des procès & des<br />
L 3
%afi C O N F U C I U S.<br />
fraudes, & leur infpiroit l'amour de l'équité &<br />
de la concorde. Mats aujourd'hui, on ignore<br />
ces Régies dans la Chine, ou <strong>du</strong> moins elles<br />
y font négligées entièrement.<br />
Pourrevenir à la Doûrine deConfucius.éclaircie<br />
par les Commentaires de Cemçu , ce Difciple<br />
fait fort valoir une Maxime qu'il avoit enten<strong>du</strong><br />
dire fort fou vent àfon maître , & qu'il inculquoit<br />
auffi fort lui-même. La voici. Con<strong>du</strong>ifcz-vous toujours<br />
avec la même précaution & avec la même retenue<br />
que vous aurie{, fi vous étie{ obfervé par<br />
dix yeux, 6» que vous fujfie^ <strong>mont</strong>ré par dix mains.<br />
Pour rendre la vertu plus recommandante encore,<br />
& en infpirer avec plus de facilité lesfentimens,<br />
le même Difciple fait comprendre que ,<br />
ce qui eft honnête & utile étant aimable , nous<br />
femmes «bligés à aimer la vertu, parce qu'elle<br />
renferme ces deux qualités ; que d'ailleurs la vertu<br />
eft un ornement qui embellit, pour ainfi dire,<br />
toute la perfonne de celui qui la pofféde, fon<br />
intérieur & fon extérieur ; qu'elle communique<br />
à i'efprit des beautés & des perfections qu'on ne<br />
fçauroit affez eftimer ; qu'à l'égard <strong>du</strong> corps, elle<br />
y pro<strong>du</strong>it des agrémens fort fenfibles ; qu'elle<br />
donne une certaine Phyfionomie , certains ttaits,<br />
certaines manières qui plaifent infiniment; & que<br />
comme c'eft le propre de la vertu de mettre le<br />
calme dans le cœur & d'y entretenir la paix ,<br />
auffi ce calme intérieur & cette joyefecrétepro-
CÔNFUCltfS. Xi?<br />
<strong>du</strong>ifent une certaine férénité fur le vifage, une<br />
certaine joie, & un certain air de bonté, de douceur<br />
& de raifon, qui attire le cœur & l'eftime de<br />
tout le monde. Après quoi il conclut, que la<br />
principale occupation d'un homme efi de rectifier<br />
fon efprit, & de fi bien régler fpn cœur, que<br />
fes pallions foient toujours dans le calme ,<br />
& que s'il arrive qu'elles viennent à être excitées<br />
, il n'en foit pas plus ému qu'il ne faut ;<br />
en un mot, qu'il les régie félon la droite raifon.<br />
Car, par exemple, ajoute-t'il , fi nous nous<br />
laiflbns emporter à une colère démefurée, c'eftà-dire,<br />
fi nous nous mettons en colère lorfquc<br />
• nous n'en avons point de fujet, ou plus que nom<br />
ne devons lorfque nous en avons quelque fuj«î ,"<br />
l'on doit conclure de là, que notre efprit n'a<br />
point la reâitude qu'il devroit avoir. Si noui<br />
méprifons Se hatfTons mortellement une perfonne,<br />
à caufe de certains défauts que nous remarquons<br />
en elle, & que nous ne rendions pas juftice à<br />
fes bonnes qualités, fi elle en a ; fi nous nous<br />
laiflbns troubler par une trop grande crainte ; fi<br />
nous nous abandonnons à une joie immodérée,<br />
ou à une triftefle exceflîve, on ne peut pas dir*<br />
non plus , que notre efprit foit dans l'état où il<br />
devroit être, qu'il ait fa rectitude & fa droiture.<br />
Cemçu poufle encore plus loin cette Morale,<br />
& lui donne une perfection qu'on n'auroit,<br />
ce femble, jamais atten<strong>du</strong> de ceux qui n'ont<br />
L 4
*aS C O N F U C I U S.<br />
point été honorés de la révélation divine. Il<br />
dit, que non-feulement il faut garder de la modération<br />
en général, toutes les fois que nos paffions<br />
font excitées, mais qu'auflî à l'égard de celles<br />
qui font les plus légitimes, les plus innocentes<br />
& les plus louables, nous ne devons point<br />
nous y abandonner aveuglément, & fuivre toujours<br />
leurs mouvemens ; qu'il faut confulter la<br />
raifon. Par exemple, les parens font obligés<br />
de s'aimer les uns les autres. Cependant, comme<br />
leur amitié peut être trop foible, elle peut<br />
être auffi trop forte : & à l'un & à l'autre égard,<br />
il y a fans doute <strong>du</strong> dérèglement. Il eft jufte d'aimer<br />
fon père : mais fi un père a quelque défaut<br />
confidérable, s'il a commis quelque grande faute,<br />
il eft <strong>du</strong> devoir d'un fils de l'en avertir , & de<br />
lui dire ce qui lui peut être utile, en gardant<br />
toujours un certain refpeâ dont il ne doit jamais<br />
fe départir. De même, fi un fils eft tombé<br />
dans quelque péché : il eft <strong>du</strong> devoir d'un père<br />
de le cenfurer, & de lui donner là-deflus fesinftruâions.<br />
Que fi leur amour eft aveugle, fi<br />
leur amour eft une pure paffion ; fi c'eft la chair<br />
& le fang qui les font agir, cet amour eft un<br />
amour déréglé. Pourquoi ? parce qu'il fe détourne<br />
de la régie de la droite raifon.<br />
Nous ferions grand tort au Leâeur, fi nous<br />
ne parlions pas de l'Empereur Yao, dont on voit<br />
l'éloge dans l'ouvrage qui a fourni la matière <strong>du</strong>,
CONFUCIUS: ti$<br />
notre. Jamais homme n'a pratiqué avec plus<br />
d'éxaâitude que lui, tous ces devoirs- qui viennent<br />
d'être propofés par le Difciple de Confucius.<br />
On peut dire que fi fon portrait n'eft point<br />
flaté , qu'il avoit un naturel fait pour la vertu.<br />
Uavoit le cœur tendre, mais magnanime & bien<br />
réglé. Il ai moi t ceux qu'i 1 étoit obligé d'aimer ,<br />
mais c'étoitfans la moindre foibleffe. Il régloit,<br />
en un mot, fon amour & toutes fes partions,<br />
par la droite raifon.<br />
Ce Prince parvint à l'Empire , 43^7. ans<br />
vant Jefus-Chrift ; il régna cent ans : mais il régna<br />
avec tant de prudence, avec tant de fageiïe,<br />
& avec tant de démonftration de douceur ôt de<br />
bonté pour fes fujets, qu'ils étoient lu plus heureux<br />
peuples de la terre.<br />
Yao avoit toutes les excellentes qualités<br />
qu'on peut defirer dans un Prince. Les richeffes<br />
ne lui donnoi ent aucun orgueil. Son extraction<br />
qui étoit fi noble fit fi illuftre, ne lui infpiroit<br />
aucun fentiment de fierté. 11 étoit honnête ,<br />
fincére, doux, fans nulle affeâation. Son Palais<br />
, fa table , fes habillemens, fes meubles ><br />
faifoient voir la plus grande modération qu'on ait<br />
jamais vue. Il airrroit la Mufique, mais c'étoit<br />
une Mufique grave , une Mufique modefte &<br />
pieufe ; il ne déteftoit rien tant que ces chantons<br />
où l'honnêteté & la pudeur font bleiïées. Ce<br />
n'étoit point une humeur bizarre qui lui {aifoit
150 C O N F U C ï V S.<br />
haïr ces fortes de chanfons, c'étoit le defir qu'rl<br />
avoit de fe rendre, en toute» chofes, agréable<br />
au Ciel. Ce n'étoit point non plus l'avarice qui<br />
pro<strong>du</strong>ifoit en lui cette modération qu'il gardoit<br />
dans fa table, dans fes habillemens , dans fes<br />
meubles & dans tout le refte ; c'étoit uniquement<br />
l'amour qu'il avoit pour ceux qui étoient<br />
dans l'indigence ; car il ne penfo'tt qu'à les foulager.<br />
Ceft auifi fa grande piété, & cette charité<br />
ardente dont il brûloit, qui lui faifoic fouvent<br />
proférer ces paroles admirables : La faim<br />
de mon peuple eft ma propre faim. Le péché de<br />
mon peuple eft mon propre péché.<br />
L'an 71. de fon régne, il élut pour Collègue<br />
Xun , qui gouverna l'Empire avec lut vingt-huit<br />
ans. Mais ce qu'il y eut de plus remarquable, fit<br />
qui mérite les louanges & les aplau<strong>du</strong>Temen»<br />
de tous les fiécles, c'eft que quoi qu'il eût unfils<br />
, il déclara qu'il vouloit que Xun, en qui il<br />
royoit beaucoup de vertu, une probité éxa&e*<br />
& une con<strong>du</strong>ite judicieufe , rut fon unique Suc*<br />
eefleur. Et comme on lui raporta que fon fils<br />
fe plaignoit de ce que fon pcre l'avoit exclus de<br />
la Succeflion à l'Empire, il rit cette réponfe,<br />
qui feule peut être la matière d'un beau Panégyrique<br />
, & rendre fa mémoire immortelle : J'aime<br />
mieux que mon fils feul foit mal, & que tout mon<br />
peuple fou bien , que fi mon fils feul était bie# , &<br />
fue tout mon p*uple fût mal.
CONFUCIUS. i yt<br />
Comme le principalbut de Confacius, ainfi<br />
que nous l'avons déjà dit,a été de propofer fa<br />
Doârine aux Rois, & de la leur perfuader,<br />
parce qu'il a crû que s'il pouvait leur infpirer<br />
des fentimens de vertu, leurs fujets deviendraient<br />
vertueux à leur exemple : Conçu, expliquant<br />
cette Doârirte , s'étend fort fur les devoirs<br />
des Rois.<br />
Il s'attache principalement à trois chofes. i.<br />
A faire voir qu'il eft très-important que les Roi»<br />
fe con<strong>du</strong>ifent bien dans leur famille & dans leur<br />
Cour, parce que l'on ne manque point d'imiter<br />
leurs manières & leurs aftions. a. A les per»<br />
fuader de la néceffité qu'il y a en général d'ac«<br />
quérir l'habitude de la vertu Se d'en remplir le»<br />
devoirs , en tous lieux & à toutes fortes d'égards»<br />
3. A les engager à ne pas apauvrir le peuple,<br />
mais à faire tout pour fon bien &. pour fa commodité.<br />
A l'égard <strong>du</strong> premier article, il fefert depln^<br />
fieurs penfées que le livre des Odes lui fourni^<br />
Mais voici, en deux mots, ce qu'il dit de plus<br />
considérable. Si, dit-il, un Roi, comme père*<br />
témoigne de l'amour à fes enfans ; fi , comme<br />
fils, il eu obéiuant à fon père ; ft, en qualké<br />
d'aîné, il a de la bienveillance pour fes cadets,<br />
& vit en paix avec eux ; fi, comme cadet, il 1<br />
<strong>du</strong> refpeâ & des égards pour fon aîné ; s'il eft<br />
charitable, fur-tour, envers les Veuves. & les Oc*
13* CONFUCIUS;<br />
phelins ; fi, dis-je, un Roi s'acquite exactement<br />
de tout cela, fo» peuple l'imitera , & l'on verra<br />
par tout Ton Royaume, tout le monde pratiquer<br />
la vertu. Les pères & les mères aimeront leur»<br />
enfans avec tendreffe, & leur donneront une<br />
bonne é<strong>du</strong>cation. Les enfans honoreront leurs<br />
pères & leurs mères & leur obéiront exactement.<br />
Les aînés agiront avec bonté envers leurs cadets,<br />
& les cadets auront de la confédération & des<br />
égards pour leurs aînés , ou pour les autres<br />
perfonnespour lefquelles la bienféance veut qu'ils<br />
ayent dit relpect ; comme, par exemple, pour<br />
les perfonnes avancées en âge. Enfin, ceux qui<br />
auront <strong>du</strong> bien feront fubfifter quelques Veuves,<br />
quelques Orphelins, quelques perfonnes infirmes<br />
: car il n'y a rien qui faffe plus d'impreffion<br />
furies efprits des peuples, que les exemples<br />
dé leurs Rois.<br />
A l'égard <strong>du</strong> fécond article , oh Cemçu exhorte<br />
en général à pratiquer la vertu, il allègue<br />
pour principe cette maxime , à laquelle Jefus-<br />
Chrift lui-même fetnble raporter toute fa Morale,<br />
Faites à autrui ce que vous voudriez qu'on vous<br />
fît, & ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez<br />
pas qui vous fût fait.<br />
Parmi ceux au milieu defquels vous vivez, dit<br />
le Difciple de Confucius, il y en a qui font audeffus<br />
de vous, il y en a d'autres qui vous font<br />
inférieurs , d'autres qui vous font égaux ; il y,
CONFUCIUS. 135<br />
ta a qui vous ont précédé, il y en a qui doivent<br />
être vos Succeffeurs. Vous en avez à votre main<br />
droite, vous en avez à votre main gauche.<br />
Faites réflexion , que tous ces hommeslà<br />
ont les mêmes partions que vous, & que ce<br />
que vous fouhaitez qu'ils vous faffent, ou qu'ils<br />
ne vous faffent point, ils fouhaitent que vous le<br />
leurtaffiez, ou que vous ne'le leur faniez point.<br />
Ce que vous haïffez donc dans vos fupérieurs ,<br />
ce que vous blâmez en eux , gardez-vous bien<br />
de le pratiquer à l'égard de vos inférieurs : &<br />
ce que vous haïffez & blâmez dans vos inférieurs,<br />
ne le pratiquez point à l'égard de vos fupérieurs.<br />
Ce qui vous déplaît dans vos prédéceffeurs,<br />
évitez-le, pour n'en donner pas l'exemple<br />
vous-même, à ceux qui viendront après<br />
vous. Et comme, au cas que vous vinifiez à leur<br />
donner un tel exemple, vous devriez fouhaiter<br />
qu'ils ne le fuiviffent point ; aufli vous - même<br />
ne fuivez point les mauvais exemples de ceux<br />
qui vous ont précédé. Enfin, ce que vous blâmez<br />
dans ceux qui font à votre main droite,<br />
ne le pratiquez point à l'égard de ceux<br />
qui font à votre main gauche ; & ce que vous<br />
blâmez à l'égard de ceux qui font à votre main<br />
gauche, gardez-vous de le pratiquer à l'égard<br />
de ceux qui font à votre main droite. Voilà;<br />
conclut Conçu, de quelle manière nous devons<br />
mefurer & régler toutes nos adions : & fi un<br />
Prince en ufe de la forte, il arrivera |que tous
t34 C O N F U C I U S .<br />
fes fujets ne feront qu'un coeur & qu'une a me,<br />
& qu'il devra être apelé plutôt leur père, que<br />
leur feigneur & leur maître. Ce fera le moyen<br />
' d'attirer les bénédictions & les faveurs <strong>du</strong><br />
Ciel j de n'avoir rien à craindre , 6k de mener<br />
ahe vie douce & tranquille : car enfin, la vertu<br />
eft la bafe & le fondement d'un Empire, & la<br />
four ce d'où découle tout ce qui le peut rendre<br />
floriflant. C'eft dans cette vue qu'un Ambafladeur<br />
<strong>du</strong> Royaume de Cu, fit cette belle réponfe<br />
à un Grand <strong>du</strong> Royaume de Cin qui lui demandent<br />
, fi dans le Royaume de fon Maître , il y<br />
àvoit de grandes richefles & des pierres précieufes<br />
: // n'y a rien qu'on eftime précieux dans le<br />
Royaume de Cu que la vertu. Un Roi de Ci, fit<br />
à peu près la même réponfe. Ce Prince venoit<br />
de traiter alliance avec le Roi de Guei, &c le<br />
Roi de Guei lui ayant demandé, fi dans fon<br />
Royaume il y avoit des pierres précieufes, il<br />
répondit qu'il n'y en avoit point. Quoi ! répartit<br />
ce Roi tout furpris, eft-il poffible que quoique<br />
mon Royaume foit plus petit que le vôtre,<br />
il s'y trouve pourtant une Efcarboucle , dont l'éclat<br />
eft fi grand, qu'il peut éclairer autant d'efpaçe<br />
qu'il en faut pour douze Chariots ; & que<br />
dans votre Royaume qui eft beaucoup plus vafte<br />
que le mien, il n'y ait point de ces pierres précieufes<br />
! J'ai quatre Miniftres, répliqua le Roi<br />
de Ci, qui gouvernent avec une grande prudence les<br />
Provinces que je leur ai confiées : Voilà mes pitf
GONFUCIUS. i3f<br />
tes prêc'uufes, elles peuvent éclairer mille Jiades*<br />
Ce ne font pas les hommes feuls dans la Chine<br />
qui'ont eftimé la vertu, il y a eu des femmes<br />
qui l'ont regardée comme un bien d'un prix infini,<br />
& préférable à tous lestréfors. Une illuftre Reine*<br />
apellée Kiam, qgi fégnoit 209. ans avant Confucius,<br />
retira foa mari <strong>du</strong> libertinage & de la<br />
débauche, par une aâion qui mérite d'être im»<br />
mortalifée. Comme elle voyoit que ce Prince •<br />
afïiftoit continuellement à des repas de débauche,<br />
& qu'il s'abandonnoit à toutes fortes de voluptés<br />
, elle arracha un jour fes pendans d'oreille<br />
& toutes les pierreries qu'elle portoit, & en cet<br />
état elle alla trouver le Roi, & lui dit ces paroles<br />
avec une émotion touchante : Seigneur,<br />
eft-ilpojjîble que la débauche 6» la luxure vousplai*<br />
fentji fort! Vous mêprife^ la vertu; mais je l'eftime<br />
infiniment plus que les pierres précieufes. Elle<br />
s'étendit enfuite fur ce fujet, 6c l'aôion & le dîtcours<br />
de cette Princefle le touchèrent fi fort,<br />
qu'il renonça à fes défordres, & s'adonna tout<br />
entier à la vertu & au foin de fon Royaume ,<br />
qu'il gouverna encore treize ans avec l'aplaudiffe»<br />
ment de tout le monde.<br />
Enfin , à l'égard <strong>du</strong> dernier article , Cemçtt<br />
reprefente aux Rois qu'ils ne doivent point fouler<br />
le peuple, ni par leurs impôts , ni autrement ;<br />
que pour n'être pas obligés d'en venir là, il eft<br />
néceflaire de choifir des Miniftres capables ,<br />
fidèles, vertueux, & par conféquent d'éloigner.
t3« CONFUCIUS.<br />
<strong>du</strong> maniement des affaires, ceux qui] en font indignes<br />
, & qui par leurs cruautés , leur ambition<br />
& leur avarice, ne peuvent que porter un trèsgrand<br />
préjudice à l'Etat. Il leur fait comprendre<br />
qu'ils doivent diminuer, autant qu'il eft<br />
poflible, le nombre des Ministres, & de tous<br />
ceux qui virent aux dépens <strong>du</strong> public ; tâcher de<br />
porter tout le monde au travail, & faire en forte<br />
que ceux qui gouvernent & difpenfent les<br />
finances, le faffent avec toute la modération poffible.<br />
Les Princes, ajoute - t'il, ne doivent jamais<br />
chercher leurs intérêts particuliers;ils ne doivent<br />
chercher que les intérêts de leur peuple :<br />
pour être aimés & fervis fidèlement , ils doivent<br />
perfuader à leurs Sujets, par leur con<strong>du</strong>ite;<br />
qu'ils ne penfent qu'à les rendre heureux; ce<br />
qu'ils ne leur perfuaderont jamais, s'ils n'ont à<br />
coeur que leurs intérêts particuliers, s'ils les foulent<br />
& les apauvriflent.<br />
Le fécond livre de Confucius, a été mis en<br />
lumière par Cufu fon petit-fils. Il y eft parlé de<br />
diverfes chofes, mais fur-tout de cette belle médiocrité<br />
qu'il faut garder en toutes chofes avec<br />
conftaace, entre le trop Se le trop peu. Aufli<br />
ce livre a - t'il pour titre , Chumyum , c'eft-àdire<br />
, Milieu perpétuel, milieu gardé constamment.<br />
Confucius enfeigne d'abord , que tous les<br />
hommes doivent aimer cette médiocrité qu'ils<br />
la doivent rechercher arec un foin extrême. Il<br />
dit
CONFUCIUS. 137<br />
dit que l'homme parfait tient toujours un jufte<br />
milieu, quoi qu'il entreprenne ; mais que le méchant<br />
s'en éloigne toujours, qu'il en fait trop,<br />
ou qu'il n'en fait pas affez. Lorfque la droite<br />
raifon venue <strong>du</strong> Ciel, ajoute-t'il, a <strong>mont</strong>ré une<br />
fois à un homme fage le milieu qu'il doit tenir,<br />
ïl y conforme enfuite toutes fes aâions, en tout<br />
tems, aufB-bien dans l'adverfité que dans la prospérité<br />
; il veille continuellement fur lui-même,<br />
fat fes penfées, fur les mouvemens les plus cachés<br />
de fon coeur, afin de fe régler toujours fur<br />
ce jufte milieu, qu'il ne veut jamais perdre de<br />
vue : mais les médians n'étant retenus ni par la<br />
crainte, ni par la pudeur, ni par l'amour de la<br />
vertu, leurs partions déréglées les portent toujours<br />
dans les extrémités.<br />
Ce Philofophe ne peut pas affez admirer cette<br />
heureufe médiocrité, il la regarde comme la chofe<br />
<strong>du</strong> monde la plus relevée, comme la chofe <strong>du</strong><br />
inonde la plus digne de l'amour & de l'occupation<br />
des efprits les plus fablimes, comme le feu<br />
chemin de la vertu : & il fe plaint de ce que<br />
de tout tems il y a eu fi peu de perfonnes qui<br />
l'ayent gardée : il en recherche même la caufe.<br />
Il dit, que pour le regard des Sages <strong>du</strong> fiécle,'<br />
ils la négligent, & n'en font point de cas, parce<br />
qu'ils s'imaginent qu'elle eft au-deflous de<br />
leurs grands deffeins, de leurs projets ambitieux :<br />
&que pour les perfonnes grofliéres, elles n'ypar-<br />
TomelII. M
IJ8 C O N F U CI U S.<br />
viennent que difficilement, ou parce qu'ils ne k<br />
connoiflent point ; ou parce que la difficulté qu'tf<br />
y a à y parvenir les étonne & les décourage ; &<br />
tout cela, ajoute Confucius, arrive faute d'examen<br />
; car fi l'on éxarhinoit avec éxaâitude ce<br />
qui eftbon en foi, l'on reconnoîtroit que toutes<br />
les extrémités font nuifibles, & qu'il n'y a que<br />
le milieu qui foit toujours bon & utile.<br />
Il allègue fur tout ceci l'exemple de l'Empereur<br />
Xun. Que la prudence de l'Empereur Xun<br />
a été grande ! s'écrie-t'il : il ne fe contentoit pas,<br />
dans l'adminiftration des affaires de l'Etat, de<br />
fon feul examen, de fon jugement particulier,<br />
de fa prudence ; il fe fervoit encore des confeils<br />
des moindres de fes fujets. Il demandent même<br />
confeil fur les moindres chofes, & il fe faifoit<br />
un devoir & un plaifir d'examiner les réponfes<br />
qu'on lui donnoit, quelques communes qu'elle»<br />
paruffent. Lorfqu'on lui propofoit quelque<br />
chofe, & qu'après un mûr examen il s'étoit<br />
convaincu que ce qu'on lui propofoit n'étoit<br />
pas conforme à la droite raifon, il n'y acquiefçoit<br />
point ; mais il reprefentoit, avec un coeur ouvert<br />
, ce qu'il y avoit de mauvais dans le confeil<br />
qu'on lui donnoit. Par ce moyen il faifoit que<br />
fes Sujets prenoient de la confiance en lui , &<br />
qu'ils s'accoutumoient à lui donner de tams en<br />
tems des avertifTemens avec liberté. Pour les<br />
^pbnfcils bons & judicieux, il les fuivoit, il les
CONFUCIUS. 139<br />
loupit, il les éxaltoit ; & par-là chacun étoit<br />
encouragé à lui déclarer fes fentimens avec plai«<br />
Cr. Que fi, parmi les confeils qu'on lui donnoit,<br />
il s'en trouvoit qui fuffent entièrement<br />
opofés les uTis aux autres, il les éxaminoit attentivement<br />
, & après les avoir éxamiués, U pre»<br />
soit toujours un milieu, fur-tout lorfqu'il s'agiffoit<br />
de l'intérêt public.<br />
Confuchis déplore ici la fauffe prudence de»<br />
gens de fon tems. En effet , elle avoit fort<br />
dégénéré de la prudence des anciens Rois. II<br />
n'y a, dit-il, à prefent perforine qui ne dife ,<br />
)'ai de la prudence, je fçais ce qu'il faut faire, &<br />
ce qu'il ne faut point faire. Mais parce qu'aujourd'hui<br />
on n'a devant les yeux que fon profit<br />
& fa commodité particulière, il arrive qu'on né<br />
penfe point aux maux qui en peuvent provenir ',<br />
aux périls aufquels ce gain & ce profit expofent ,<br />
& que l'on ne s'aperçoit point <strong>du</strong> précipice. II<br />
y en a qui connoiffent parfaitement la nature &<br />
le prix de la médiocrité, qui- la choififlent pour<br />
leur régie, & qui y conforment leurs aôions i<br />
mais qui enfuite venant à fe laiffer fur<strong>mont</strong>er<br />
par la pareffe, n'ont pas la force de perfifter.<br />
Que fert à ces fortes de gens la connoiffance &<br />
les réfolutions qu'ils ont formées ? Hélas ! il<br />
n'en étoit pas de même de mon Difciple Hottj<br />
il avoit un difcernement exquis, il remarquoit<br />
toutes les différence* qui fe trouvent dans le»<br />
M*
140 C O N F V C I U S.<br />
chofes il choififfoit toujours un milieu , il ne<br />
l'abandonnoit jamais.<br />
Au refte, ajoute Confucius, ce n'eft pas une<br />
* chofe fort facile à acquérir, que ce milieu que<br />
je recommande tant. Hélas ! il n'y a rien de &<br />
difficile ; c'eft une affaire qui demande de grand»<br />
foins & de grands travaux. Vous trouverex de»<br />
hommes qui feront capables de gouverner heureufement<br />
les Royaumes de la terre. Vous en verrez<br />
qui auront affez de magnanimité pour refufer<br />
les dignités & les avantages les plus confidérables<br />
: il y en aura même qui auront affez de<br />
courage pour marcher fur des épées toutes<br />
nues : mais que vous en trouverex peu qui<br />
foient capables de tenir un jufte milieu l Qu'il<br />
saut d'adrefle, qu'il faut de travail, qu'il faut de<br />
courage, qu'il faut de vertu pour y parvenir !<br />
Ce fut à foccafion de cette morale, qu'un de<br />
fes Difciples, qui étoit d'une humeur guerrière<br />
& fort ambitieufe, lui demanda en quoi confiftoit<br />
la valeur, & ce qu'il falloit faire pour mériter<br />
le nom de vaillant. Entendez-vous parler,<br />
répondit Confucius, de la valeur de ceux qui<br />
font dans le Midi, ou de la valeur de ceux qui<br />
habitent dans le Septentrion, ou bien de la valeur<br />
de mes Difciples, qui s'attachent à l'étude<br />
de la fagefle ? Agir avec douceur dans l'é<strong>du</strong>cation<br />
des enfans & des Difciples, avoir de l'in<strong>du</strong>lgence<br />
pour eux ; fuporter patiemment leurs
C O N F U C I U S; r4i<br />
'défobéïflances & leurs défauts, voilà en quoi<br />
confifte la valeur des habitans <strong>du</strong> Midi. Par<br />
cette valeur ils fur<strong>mont</strong>ent leur tempérament<br />
violent, & foumettent à la droite raifon leurs<br />
padions, qui font ordinairement violentes. Cour<br />
cher fans crainte dans un camp , repofer tranquillement<br />
au milieu <strong>du</strong> terrible apareil d'une<br />
armée ; voir devant fes yeux mille morts, fans<br />
s'enrayer ; ne s'ennuyer point même de cette<br />
forte de vie , s'en faire un plaifir : voilà ce que<br />
j'apelle la valeur des hommes <strong>du</strong> Septentrion.<br />
Mais, comme d'ordinaire il y a en tout cela<br />
beaucoup de témérité, & que le plus fouvent on<br />
ne s'y régie guéres fur ce milieu que tout le<br />
monde dévroit rechercher, ce n'eft point cette<br />
forte de valeur que je demande de mes Difciples»<br />
.Voici quel doit être leur caraâére.<br />
Un homme parfait, ( car enfin, il n'y a que<br />
les hommes parfaits qui puiflent avoir une véritable<br />
valeur, ) un homme parfait doit toujours<br />
être occupé à fe vaincre lui-même. Il doit<br />
s'accommoder aux mœurs & à l'efprit des autres<br />
; mais comme il doit être toujours maître de<br />
fon cœur & de fes actions , il ne doit jamais fè<br />
laitier corrompre par la converfation où les exemples<br />
des hommes lâches & efféminés ; il ne<br />
doit jamais obéir, qu'il n'ait examiné auparavant<br />
ce qu'on lui commande ; il ne doit jamais imiter<br />
les autres fans difcernement. Au milieu de tant
14* C O N F V C I V S.<br />
d'infenfés & de tant d'aveugles, qui marchent h<br />
travers champs , il doit marcher droit, & ne<br />
pancher vers aucun parti : c'eft la véritable va»<br />
leur. De plus, fi ce même homme eft apalé à<br />
la Magiftrature, dans un Royaume oti la vertu<br />
eu confidérée , & qu'il ne change point de<br />
mœurs, quelques grands quefoient les honneur»<br />
aufquels il eft élevé ; s'il y conferve toutes les<br />
bonnes habitudes qu'il avoit k>rfqu"il n'étoit<br />
que particulier ; s'il ne fe biffe pas emporter à la<br />
vanité & à l'orgueil, cet homme-là eft véritablement<br />
vaillant : ah ! que cette valeur efi grande t<br />
Que fi, au contraire, il eft dans un Royaume où<br />
la vertu & les Loïx foient méprifées, & que<br />
dans la confufion & le détordre qui y régnent, il<br />
foitlui-mêrçeprefféde la pauvreté, affligé, ré<strong>du</strong>it<br />
même à perdre la vie ; mais que cependant,<br />
au milieu de tant de miféres, il demeure ferme,<br />
il conferve toute l'innocence de fes mœurs, &<br />
ne change jamais de fentimens ; ah ! que cette valeur<br />
efl grande & illuftre ! Au lieu dont de la<br />
valeur des pays Méridionnaux, ou de celle <strong>du</strong><br />
Septentrion , je demande & j'attens de vous,<br />
mes chers Difciples, une valeur de la nature de<br />
celle dont je viens de parler.<br />
Voici quelque chofe que dît Confucius, qui<br />
n'eft pas moins remarquable. Il y a , dit-il, des<br />
gens qui partent les bornes de la médiocrité , eit<br />
affectant d'avoir des vertus extraordinaires : ils
CONFUCIU5, r4j<br />
veulent que dans leurs aâions U y ait toujours<br />
<strong>du</strong> merveilleux , afin que la poftérité les loue &C<br />
les exalte. Certes, .pour moi je ne m'entêterai<br />
jamais de ces avions éclatantes, où la vanité &<br />
Tamour-propre ont toujours plus de part que U<br />
vertu. Je ne veux fçavoir & pratiquer que ce<br />
qu'il eft à propos de fçavoir & de pratiquer pastout.<br />
Il y a quatre Régies, fur lefquelles l'homme<br />
parfait fe doit conformer, i. Il doit pratiquer<br />
lui-même à l'égard de" fon père, ce qu'il exige<br />
de fon fils. a. Il doit faire paroître dans le fervice<br />
de fon Prince, la même fidélité qu'il demande<br />
de ceux qui lui font fournis. 3. Il doit agir, à<br />
l'égard de fon aine, de la même rrpniére qu'il<br />
veut que fon cadet agiffe à fon égard. 4. Enfin »<br />
il en doit ufer envers fes amis, comme il fouhaite<br />
que fes amis en ufent envers lui. L'homme<br />
parfait s'acquite continuellement de fes devoirs ,<br />
quelques communs qu'ils paroiflent. S'il vient à.<br />
s'apercevoir qu'il ait manqué en quelque chofe ,<br />
il n'eft point en repos qu'il n'ait réparé fa faute ;<br />
s'il reconnoît qu'il n'a pas rempli quelque devoir<br />
confidérable , il n'y a point de violence qu'il ne<br />
fe faffe pour le remplir parfaitement. Il eft<br />
modéré & retenu dans fes difcours, il ne parle<br />
qu'avec circonfpeâion : s'il lui vient une grande<br />
affluence de paroles, il ne l'ofe pas étaler, il<br />
t'arrête : en un mot, il eft à lui-même un fi ri-
Ï44 CONFUCIUS.<br />
goureux cenCeur, qu'il n'eu point en repos que<br />
(es paroles ne répondent à fes aâions, & fes ao*<br />
tions à fes paroles. Or, le/noyen, s'écrie-t'il, -<br />
qu'un homme qui eu parvenu à cette perfeftion<br />
n'ait une vertu folide & confiante t<br />
Cufu ajoute ici à la Doârine de fon Maître<br />
nne Morale digne de la méditation de ceux qui<br />
défirent fe perfectionner. L'homme parfait,<br />
dit ce digne Difciple d'un fi grand Philofophe,<br />
l'homme parfait fe con<strong>du</strong>it félon fon état prefent,<br />
& ne fouhaite rien au-delà. S'il fe trouve<br />
au milieu des richefles, il agit comme un homme<br />
riche, mais il ne s'adonne pas aux voluptés<br />
illicites ; il évite le luxe , il n'a nul orgueil, il<br />
ne choque perfonne. S'il eu dans un état pauvre<br />
& contemptible, il agit comme doit agir un homme<br />
pauvre & méprifé ; mais il ne fait rien d'indigne<br />
d'un homme grave & d'un homme de<br />
bien. S'il eu éloigné de fon pays, il fe con<strong>du</strong>it<br />
comme un étranger fe doit con<strong>du</strong>ire ; mais il eft<br />
toujours femblable à lui-même. S'il eft dans l'afflicYion<br />
& dans les foum-ances, il ne brave pas<br />
fièrement fon deftin, mais il a de la fermeté &<br />
<strong>du</strong> courage ; rien ne fçauroit ébranler fa conftance.<br />
S'il eft élevé aux Dignités de l'Etat, il<br />
tient fon rang, mais il ne traite jamais avec févérité<br />
fes inférieurs : & s'il fe voit au-deffou*<br />
des autres, il eft humble, il ne fort jamais <strong>du</strong><br />
refpeâ qu'il doit à fes fupérieurs ; mais il n'achève
COK F u cru S. i4t<br />
tbete jamais leur faveur par des lâchetés & des<br />
flatteries. Il employé tous fes foins à fe perfectionner<br />
lui-même, & n'exige rien des autres avec<br />
févérité : c'eft pour cela qu'il ne témoigne <strong>du</strong><br />
mécontentement ni de l'indignation à perfonae.<br />
S'il élève les yeux vers le Ciel, ce n'eft<br />
point pour fe plaindre de ce qu'il ne hn envoyé<br />
pas la profpérité , ou murmurer de ce<br />
qu'il l'afflige : s'il regarde en bas vers la terre,<br />
ce n'eft point pour faire des reproches aux<br />
hommes, & leur attribuer la caufe de fes malheurs<br />
& de fes nécéflités ; c'eft pour témoigner<br />
fon humilité , c'eft pour dire qu'il eft toujours<br />
content de fon état, qu'il ne délire rien au-delà,<br />
& qu'il attend, avec foumiflion, & avec un efprit<br />
toujours égal;, tout ce que le' Ciel ordonnera<br />
de lui. Audi jouit-il d'une certaine tranquillité,<br />
qui né fçauroit être bien Comparée<br />
qu'au fommet de ces <strong>mont</strong>agnes , qui font plus<br />
élevées que la région où fe forment les foudres<br />
&les tempêtes.<br />
Dans la fuite de ce livre ,• il eft parlé <strong>du</strong> refpeâ<br />
profond que les anciens Chinois, & furtout<br />
les Rois & les Empereurs, avoient pour<br />
leuri pères & pour leurs mères, & de l'obéiflance<br />
éxaâe qu'ils leur rendoient. Si un Roi, difoient-ils,<br />
a <strong>du</strong> refpeft pour fon père & pour fa<br />
mère & leur obéît, certainement il tâchera de<br />
porter fes Sujets à fuivre fon exemple ; car ea,*,<br />
Tme III, N
146 C O N F 0 C I U S.<br />
fin, un homme qui aime la vertu, defire que<br />
-tous les autres l'aiment auiiï, fur-tout s'il eft de<br />
fon intérêt qu'ils foient vertueux : or , il importe<br />
fort à un Roi, que fes Sujets aiment la vertu &<br />
la pratiquent. En effet, comment pourroit-il efpérer<br />
d'être obéi de fes Sujets, s'il refufoit luimême<br />
d'obéir à ceux qui lui ont donné le jour:<br />
Après tout, fi un Prince fouhaite de porter fes<br />
.Sujets à êtteobéïflans à leurs pères & à leurs mères<br />
, il doit ufer envers eux de bienveillances<br />
& les traiter avec cette tendreue qu'ont les pères<br />
pour leurs enfans ; car on imite volontiers ceux<br />
que L'on aime ,& dont l'on croit être aimé. Que<br />
fi ce Prince,- par cette con<strong>du</strong>ite, porte fes Sujets<br />
à obéir à leurs pères & à leurs mères, & enfuhe<br />
à lui obéir à lui-même, comme à leur père com-<br />
• smm, à plus forte ration obéiront-ils au Ciel,<br />
: d'où viennent' les Couronnes & les Empires ;'au<br />
.Ciel, qui eu le Père fouverain de tous les hommes.<br />
Et qu'arrivera-t'il de cette obéiflance ? II<br />
arrivera que le Ciel répandra fes bénédictions<br />
fur ceux qui s'en feront fi bien acquîtes. U ré-<br />
«compenfera abondamment, une fi belle vertu, il<br />
fera régner par-tout la paix & la concorde; fi<br />
bien que le Roi & fes Sujets ne fembleront qu'il*<br />
ne feule famille, oh les Sujets obéïffant à leur<br />
Roi, comme à leur père, & le Rbi aimant fes<br />
Sujets, comme fes enfans , ils mèneront tous •<br />
.comme dans une feule maifon, mais une mai*
[CONFUCIUS- 147<br />
(on riche, magnifique , réglée & commode : la<br />
vie la plus heureufe & la plus douce que l'on<br />
puifle imaginer.<br />
Pour retourner à Confucius, comme il fçavoit<br />
tjue les exemples des Rois font une grande impreflion<br />
fur les efprits, il propofe encore celui<br />
de l'Empereur Xun, à l'égard de l'obéïffance que<br />
les enfans doivent à leurs pères & à leurs mères.<br />
O que Vobéîffance de cet Empereur a été<br />
grande ! s'écrie Confucius. Aufli, continue-t'il ,<br />
s'il a obtenu <strong>du</strong> Ciel la couronne Impériale, c'eft<br />
la récompenfe de cette vertu. C'efl cette vertu<br />
qui lui a procuré tant de revenus, ces richefles<br />
immenfes , & ces grands Royaumes qui n'ont<br />
pour bornes que l'Océan. C'eft cette vertu, qui<br />
a ren<strong>du</strong> par tout le Monde fon nom fi célèbre.<br />
Enfin, je ne doute point que cette longue &<br />
douce vie , dont il a joui, ne doive être regardée<br />
comme une récompenfe de cette vertu. A<br />
entendre parler ce Philofophe, ne diroit-on pas<br />
qu'il avoit lu le Décalogue, & qu'il fçavoit la<br />
promeffe que Dieu y a faite à ceux qui honoreront<br />
leur père & leur mère ? Mais fi, par ce<br />
que vient de dire Confucius, il femble que le<br />
Décalogue ne lui fut pas inconnu, il femblera<br />
bien mieux qu'il connoiflbit les Maximes de l'Evangile,<br />
lorsqu'on aura vu ce qu'il enfeigne<br />
touchant la charité , qu'il dit qu'il faut avoir<br />
pour tous les hommes.<br />
Ni
T4* C O N F U C I U S.<br />
Cet amour, dit-il, qu'il faut avoir pour tons<br />
les hommes <strong>du</strong> monde, n'eu: point quelque chofe<br />
d'étranger à l'homme , c'eft l'homme lui-même<br />
, ou, fi vous v.oulei , c'eft une propriété<br />
naturelle de l'homme, qui lui diète qu'il doit<br />
aimer généralement tous les hommes. Cependant,<br />
aimer par-deffus tous les hommes, fon pere&<br />
fa mère, c'eft fon premier & principal devoir,<br />
de la pratique <strong>du</strong>quel il va cnfuite, comme par<br />
degrés, à la pratique de cet amour univerfel,<br />
qui a pour objet tout le genre-humain. C'eft de<br />
cet amour univerfel que vient la juftice diftributive,<br />
cette juftice qui fait qu'on rend à chacun<br />
ce qui lui apartient, & que fur-tout on chérit<br />
& honore les hommes fages, & d'une probité<br />
éxafte, & qu'on les élève aux Charges &<br />
aux dignités de l'Etat. Cette différence, qui<br />
eu entre l'amour qu'on a pour fon père & pour<br />
fa mère, & celui que nous avons pour les autres;<br />
entré l'amour qu'on a pour les hommes vertueux<br />
& habiles, & celqi qu'on a pour les hommes<br />
qui n'ont pas tant de vertu ni d'habileté;<br />
cette différence, dis-je, eft comme une harmonie<br />
, comme une Symmétrie de devoirs que la<br />
raifon <strong>du</strong> Ciel a gardée, & à laquelle il ne faut<br />
rien changer.<br />
Confucius propofe cinq Régies pour la con<strong>du</strong>ite<br />
dé la vie, qu'il apelle Régies univerfelks.<br />
La première regarde la juftice qui doit être
C O N F U C I U S. 149<br />
pratiquée entre un Roi & fes Sujets. La féconde,<br />
regarde l'amour qui doit être entre un père &<br />
fes enfans. La troifiéme, recommande la foi conjugale<br />
aux maris & aux femmes. La quatrième»<br />
concerne la fubordination qui fe doit trouver entre<br />
les aînés & les cadets. La cinquième, oblige<br />
les amis à vivre dans la concorde , dans une<br />
grande union, ck à fe rendre fervice réciproquement.<br />
Voilà, ajoute,- t'il, les cinq Réglés gé-,<br />
nérales que tout le monde doit obférver ; voilà<br />
comme cinq chemins publics, par lefquels les<br />
hommes doivent paffer. Mais après tout, on<br />
ne peut obférver ces Régies , fi l'on n'a ces<br />
trois, vertus, la prudence, qui fait.difcerner ce<br />
qui eft bon d'avec ce qui eft mauvais, l'amour<br />
univerfel, qui fait que l'on aime_tous les hommes<br />
, & cette fermeté qui fait perfévérer conflamment<br />
dans l'attachement au bien, & dans l'averfion<br />
pour le mal. Mais de peur que quelques<br />
perfonnes timides ou peu éclairées dans la<br />
Morale ne s'imaginaffent qu'il leur feroit impoffible<br />
d'acquérir ces trois vertus, il affure<br />
qu'il n'y a perfonne qui ne les puiffe acquérir,<br />
que l'impuiffance de l'homme n'eft que volontaire.<br />
Quelque groffier que foit un homme, quand<br />
même, dit-il, il feroit fans nulle expérience, fi<br />
pourtant il defire d'aprendre , & qu'il ne fe laffe<br />
point dans l'étude de la vertu, il n'eft pas<br />
fort éloigné de la Prudence. Si un homme ,<br />
N 3
»«o CONFUCIUS.<br />
quoique tout plein encore de fon amour-propre,<br />
tâche de faire de bonnes aérions ; le voilà déjà<br />
tout près de cet amour univerfer, qui engage à<br />
faire <strong>du</strong> bien a tous les hommes. Enfin, fi un<br />
homme fent une fecrette honte, lorfqu'il entend<br />
parler de chofes fales & injuftes j s'il ne peut<br />
s'empêcher d'en rougir, le voilà fort près de<br />
cette fermeté d'ame, qui fait rechercher avec<br />
confiance le bien, & avoir de l'averfion pour<br />
lé mal.<br />
Après que le Philofophe Chinois a parlé de<br />
ces cinq Régies univerfelles, il en propofe neuf<br />
particulières pour les Rois, parce qu'il regarde<br />
leur con<strong>du</strong>ite , comme une fource publique de<br />
bonheur ou de malheur. Les voici, i. Un Roi<br />
doit travailler fans ceffe à orner fa perfonne de<br />
toutes fortes de vertus. a. Il doit honorer &<br />
chérir les hommes fages & vertueux. 3. Il doit<br />
refpeâer & aimer ceux qui lui ont donné la naiffance.<br />
4. Il doit honorer & eftimer ceux de<br />
/es Miniftresqui fe diftinguent par leur habileté,<br />
& ceux qui exercent les principales Charges de<br />
la Magiftrature. j. Il doit s'accommoder, autant<br />
qu'il eft poflible, aux fentimens & à la volonté<br />
des autres Miniftres, & de ceux qui ont<br />
des emplois un peu moins confidérables, il les<br />
doit regarder comme fes membres. 6. Il doit<br />
aimer fon peuple, même le petit peuple, comme<br />
fes enfans propres, & prendre part aux divers
C O tf F U C I US. t\t .<br />
lajets 'de joye ou de trifteffe qu'il peut avoir;<br />
7.Il doit tâcher defalire venir dans fon Royau-<br />
«ne plufieurs habiles ouvriers en toutes forte» ,.<br />
cl'Arts, pour l'avantage & la commodité de fes<br />
Sujets. 8. Il doit recevoir avec bonté & civilité<br />
les étrangers & les voyageurs, & les protéger T<br />
iiaftement. 9. Enfin, il doit aimer tendrement<br />
les Princes &Ies Grands de fon Empire*<br />
& avoir fi fort à cœur leurs intérêts, qu'ils l'aiment<br />
& lui (oient toujours fidèles.<br />
Pour bien entendre la Morale de Confuciu», '<br />
il eft néceflâire de dire ici un mot de la diftinction<br />
qu'il établit entre le Saint & le Sage. Il.<br />
attribue à l'un & à l'autre , en commun, certaines<br />
chofes : mais aufli il donne au Sage de»,<br />
avantages & des qualités, qu'il dit que le Sage.<br />
s'a point, 11 dit que la raifon & que l'innocence<br />
, ont été également communiquées au Sage &<br />
au Saint, & même à tous les autres hommes ;<br />
mais que le Saint ne s'eft jamais détourné tant<br />
foit peu de la droite raifon, & qu'il a confervé<br />
conftamment fon intégrité, au lieu que le Sage<br />
ne i'a, pas toujours confervée, n'ayant pas tou-«i<br />
jours fuivi la lumière de la raifon, à caufe de;<br />
divers obstacles qu'il a rencontré dans la pratique,<br />
de la vertu, & fur-tout à caufe de fes pallions r<br />
dont il s'eft ren<strong>du</strong> l'efclave. De forte, qu'il eft<br />
aéceflaire qu'il faffe de grands efforts , qu'il<br />
employé de grands travaux, & de grands foins,<br />
N 4
*î* C O N F U C I U S.<br />
ponr mettre fon cœur dans un bon état & fe<br />
con<strong>du</strong>ire félon les lumières de 1a droite raifon ><br />
& les régies de la vertu.<br />
Cufu raifonnant là - demis pour faire encore<br />
mieux entendre la Doârine de fon Maître , compare<br />
ceux qui ont per<strong>du</strong> leur première intégrité,<br />
& qui défirent la recouvrer, à ces arbres tout<br />
fecs & prefque morts, qui ne laiffent pas pourtant<br />
d'avoir dans le tronc & dans les racines, un<br />
certain fuc , un certain principe de vie, qui fait<br />
qu'ils pouffent des remettons. Si, dit-il, on a<br />
foin de ces arbres, fi on les cultive, fi on les<br />
arrofe, fi on en retranche tout ce qui eft inutile,<br />
il arrivera que cet arbre reprendra fon premier<br />
état. De même, quoique l'on ait per<strong>du</strong> fa première<br />
intégrité & fon innocence, l'on n'a qu'à<br />
exciter ce qui refte de bon, qu'à prendre de la<br />
peine, qu'à travailler; & infailliblementl'onparviendra<br />
à la plus haute vertu. Ce dernier état»<br />
dit Cufu, cet état <strong>du</strong> Sage s'apelle Gintao , c'ëftà-dire,<br />
le chemin & la raifon de l'homme , ou<br />
bien le chemin qui con<strong>du</strong>it à l'original de la<br />
première perfeâion. Et l'état <strong>du</strong> Saint, s'apelle<br />
Tien tao, c'eft-à-dire, la raifon <strong>du</strong> Ciel, ou la<br />
première Régie que le Ciel a donnée également à<br />
tous les hommes, & que les Saints ont toujours<br />
©bfervée, fans s'en détourner , ni à droite ni à<br />
gauche.<br />
Comme les Régies contiennent en abrégé les
CO--N F U C I U S. 155<br />
principaux devoirs , & qu'on peut les retenir<br />
aifément, Confucius en donne cinq à ceux qui .<br />
veulent choifir le bien 63c s'y attacher. 1. Il<br />
faut tâcher de connaître, d'une manière éxaâe<br />
& éten<strong>du</strong>e, les caufes, les propriétés & les<br />
différences de toutes chofes. 2. Parce que parmi<br />
les chofes que l'on connoît, il y en peut<br />
avoir que l'on ne connoit pas parfaitement, il<br />
les faut examiner avec foin, les confidérer en<br />
détail & dans toutes leurs circonftances, & enfin<br />
consulter les hommes fages, intelligens & expérimentés.<br />
3. Quoi qu'il femble que nous concevions<br />
clairement certaines chofes, néanmoins<br />
parce qu'il eft aifé de pécher par précipitation,<br />
dans le trop ou dans le trop peu, il eft néceffatre<br />
de méditer enfuite en particulier, fur les. chofes<br />
que l'on doit connoîtr e, & de pefer chaque<br />
fhofe au poids de la raifon , avec toute l'atten-.<br />
iion d'èfprit dont eft capable , avec la dernière.éxaftitude.<br />
4. Il faut tâcher de ne concevoir<br />
pas les chofes d'une manière confufe , il<br />
faut en avoir des idées claires , en forte que<br />
l'on puiffe difcerner fûrement le bien d'avec le<br />
mal, le vrai d'avec le faux. 5. Enfin, après<br />
qu'on aura obfervé toutes ces chofes , il en faut<br />
venir à I'aélion, agir fincérement & çonftamment,<br />
& exécuter, de toutes fes forces , les bonnes té-.<br />
folutions que l'on aura prifes.<br />
Nous ne fçau^ms mieux finir ce livre, que
1Ç4 CONFUCIUS.<br />
par ces belles paroles de Cufu ; Prenez garde,<br />
dit-il, comment vous a giflez , lorfque vous ête*<br />
feul. Quoique vous vous trouviez dans l'endroit<br />
le plus reculé 6c le plus caché de votre<br />
fnaifon, vous ne devez rien faire, dont vous<br />
pùffiez avoir honte, fi vous étiez en compagnie<br />
& en public. Voulez-vous, cominue-t'il, que<br />
je vous dife de quelle manière fe con<strong>du</strong>it celui<br />
qui a acquis quelque perfection. Il a une attention<br />
continuelle fur lui-même ; il n'entreprend<br />
rien, il ne commence rien , il ne prononce aucune<br />
parole , qu'il n'ait auparavant médité. Avant<br />
qu'il s'élève aucun mouvement dans fon cœur, il<br />
s'obferve avec foin , il réfléchit fur tout, il examine<br />
tout, il eft dans une continuelle vigilance..<br />
Avant que de parler, il eft convaincu que ce<br />
qu'il va dire eft vrai & raifoimable, & il croit<br />
qu'il ne fçauroit retirer un plus doux fruit de fa<br />
vigilance & de fon examen, que de s'accoutumer<br />
à fe con<strong>du</strong>ire avec circonfpeâion & avec<br />
retenue , dans les chofes mêmes qui ne font<br />
vûes^ ni fçûes de perfonne.<br />
Le trorfiéme Livre de Confucius eft de tout<br />
autre caractère que les deux précédens, pour le.<br />
tour & les expreffions ; mais dans le fond il contient<br />
la même Morale. C'eft un tiflu de plufieurs<br />
Sentences prononcées en divers tems &en divers<br />
lieux, par Confucius lui-même & par fes Difciples.<br />
Auflî eft-il intitulé Lhnyk, c'eft-à>-dire,
C O NFU C I U S. ijf<br />
Entretiens de plufieurs ptrfonnts qui rai/onnent 6V<br />
qui philofophient enfemble.<br />
On y voit d'abord un Difciple de ce célèbre<br />
Philosophe , qui déclare, qu'il ne fe paflè point<br />
de jour qu'il ne fe rende compte à lui-même de<br />
ces trois chofes. i. S'il n'a point entrepris quelque<br />
affaire pour autrui, & s'il l'a con<strong>du</strong>ite & pourfuivie<br />
avec la même fidélité & avec la même ardeur<br />
que fi c'eût été fon affaire propre, a. Si lorsqu'il<br />
a été avec fes amis , il leur a parlé avec<br />
fincérité ; s'il ne s'eft-point contenté de leur faire<br />
paraître quelque vaine aparence de bienveillance<br />
& d'eftime. 3. S'il n'a point médité la Doctrine<br />
de fon Maître ; & fi après l'avoir méditée r<br />
il n'a pas fait, pour la mettre en pratique , tous<br />
les efforts dont il efl^capable.<br />
Confucius y paroît enfuite, donnant des leçons<br />
à fes Difciples. Il leur dit, que le Sage<br />
doit être fi occupé de fa vertu, que lors même<br />
qu'il eft dans fa maifon , il n'y doit pas chercher<br />
fes commodités & fes délices ; que quand il entreprend<br />
quelque affaire , ri doit être diligent &<br />
éxaft, prudent & avifé dans fes paroles , & que<br />
quoiqu'il ait toutes ces qualités , il doit être<br />
pourtant celui à qui il doit fe fier le moins ; celui<br />
à qui il doit le moins plaire ; qu'en un mot ,<br />
le Sage /e défiant toujours de foi-même, doit<br />
confulter toujours ceux dont la vertu & la<br />
fagefle lui font connues, & régler fa con<strong>du</strong>ite
10 C O N F U C I U S .<br />
& fes aâions fur leurs confeils & fur leurs<br />
exemples.<br />
Que penfez-vous d'un homme pauvre, lui dit<br />
on de fes Difciples, qui pouvant foulager fa pauvreté<br />
par la flatterie, refufe de prendre ce parti,<br />
& foutient hardiment qu'il n'y a que les lâches<br />
qui flattent ? Que penfez-vous d'un homme riche,<br />
qui tout riche qu'il eft, eft fans orgueil ? Je dis,<br />
répond Confucius, qu'ils font tons deux dignes<br />
de louanges, mais qu'il ne faut pas pourtant les<br />
regarder, comme s'ils étoient parvenus au plus<br />
haut degré de la vertu. Celui qui eft pauvre<br />
doit être joyeux & content au milieu de fon indigence<br />
; voilà en quoi confifte la vertu <strong>du</strong> pauvre<br />
: & celui qui eft riche doit faire <strong>du</strong> bien à<br />
tout le monde. Celui, continue-t'il, qui a le<br />
cœur bas & mal fait, ne fait <strong>du</strong> bien qu'à certaines<br />
perfonnes ; certaines partions, certaines<br />
amitiés particulières le font agir, fon amitié eft<br />
«ntéreffée : il ne féme fes biens que dans la vue<br />
d'en recueillir plus qu'il n'en féme ; il ne cherche<br />
que fon propre intérêt : mais l'amour de l'homme<br />
parfait eft un amour uni verfel, un amour qiri<br />
a pour objet tous les hommes. Un foldat <strong>du</strong><br />
Royaume de Ci , lui difoit-on un jour, perdit<br />
fon bouclier, & l'ayant cherché long-tems inutilement,<br />
il fe confola enfin par cette réflexion, de la<br />
perte qu'il avoit faite. Un folj.it a per<strong>du</strong> fon bouclier,<br />
mais un foldat de notre camp l'aura trouve,
C O N F UX I (U S. iî7<br />
U s'en fervira. Il aureît bien mieux parlé, dit<br />
alors Confucius , s'il eût dit, un homme a per<strong>du</strong><br />
fon bouclier , mais un homme le trouvera ; voulant<br />
donner à entendre qu'il falloit avoir de l'afFeâion<br />
pour tous les hommes <strong>du</strong> Monde.<br />
Confucius avoît Famé tendre, comme on en<br />
peut juger par ce que nous venons de dire ,<br />
mais il Tavoit grande & élevée. Les anciens<br />
Chinob enfeignoient, qu'il y avoit deux Génies<br />
qui préfidoient dans leurs maifons, l'un apellé<br />
Ngao & l'autre Cao. Le premier étoit regardé<br />
comme le Dieu tutelaire de toute la famille, &<br />
le dernier n'étoit que le Dieu <strong>du</strong> Foyer. Cependant<br />
, quoique le dernier de ces Génies fût fort<br />
inférieur au premier , on lui rendoit de plus<br />
grands honneurs qu'à celui qui avoit fous fa<br />
proteâion toutes les affaires domeftiques : & il y<br />
avoit.même un Proverbe qui difoit, qu'il valait<br />
mieux rechercher la proteQion de Cao , que cellf de<br />
Ngao. Comme cette préférence avoit quelque<br />
chofe defortfingulier, & qu'elle fembloit même<br />
choquer, en quelque manière , ceux qui étoient<br />
élevés aux grandeurs, dans les Cours des Princes;<br />
Confucius étant dans le Royaume deGuéi,<br />
& Ce rencontrant un jour avec un Préfet , qui<br />
avoit une grande autorité dans ce Royaume, ce<br />
Miniftre enflé de l'éclat de fa fortune , ayant<br />
crû que le Philofophe avoit defïein d'obtenir<br />
quelque faveur <strong>du</strong> Roi, lui demanda, par ma-
*& C O N F U C I U S .<br />
niere de raillerie, ce que fignifioit ce Proverbe -<br />
qui étoit dans la bouche de tout le peuple , il vaut<br />
mieux rechercher la proteSion de Cao, que celle de<br />
Ifgao. Confucius qui vit bien d'abord , que le<br />
Préfet lui vouloit faire comprendre par cette<br />
queftion, qu'il devoit s'adrefler à lui, s'il vouloit<br />
obtenir ce qu'il defiroit <strong>du</strong> Roi fon Maître ,<br />
& qui en même-tems fit cette réflexion ,que pour<br />
gagner les bonnes grâces <strong>du</strong> favori d'un Prince,<br />
il faut encenfer jufqu'à fes défauts, & s'abaifler<br />
à des complaifances indignes d'un Philofophe,<br />
lui dit , fans détour , qu'il étoit entièrement<br />
éloigné des maximes <strong>du</strong> fiécle ; qu'il ne s'adrefleroit<br />
point à lui, de quelque détour qu'il Ce fût fervi<br />
pour lui faire connoître qu'il le devoit faire ;<br />
& pour l'avertir en même-tems, que quand jil ré -<br />
' pondroit à fa queftion , de la manière qu'il le<br />
pourroit fouhaiter, il n'en pourroit tirer aucun<br />
avantage, il lui dit : que celui qui avoit pichi con.<br />
tre le Ciel, ne sadreffoit qu'au Ciel: car, ajoutat'il,<br />
à qui fe pourroit-il adrefferpour obtenir le pardon<br />
de fon crime , puifqu'il n'y a aucune Divinité<br />
qui foit au-dejjus <strong>du</strong> Ciel ?<br />
Confucius ne recommande rien tant à fes Difciples,<br />
que la douceur & la débonnaireté ; fondé<br />
toujours fur cette maxime , que l'on doit aimer<br />
tous les hommes. Et pour leur faire mieux fentir<br />
la vérité de ce qu'il leur dit, il leur parle de<br />
deux illuûres Princes , qui s'étoient fait diftinr
C O N F U C I U S, r59<br />
gner par cet endroit-là dans le Royaume de Cucho.<br />
Ces Princes , leur dît-il, étoient fi doux & fi débonnaires<br />
, qu'ils oublioient, fans fe faire» effort,<br />
les injures les plus atroces , & les crimes pour<br />
lefquels ils. avoient le plus d'horreur , lorfque<br />
ceux qui les avoient commis donnoient quelque<br />
marque de repentance. Us regardoient ces<br />
criminels, tous dignes des derniers fuplices qu'ils<br />
étoient, de la même manière que s'ils euflent<br />
.été toujours innocens ; ils n'oublioient pas feulement<br />
leurs fautes , mais par leur procédé , ils<br />
faifoient que ceux qui les avoient commifes,<br />
pouvoient les oublier eux-mêmes, en quelque<br />
façon, & perdre une partie de la honte qui der<br />
meure après les grandes chûtes, & qui ne peut<br />
que décourager dans le chemin de la vertu.<br />
Comme l'un des grands deffeins de ce Philo*<br />
fopheétoitde former les Princes à la vertu, &<br />
de leur enfeigner l'art de régner heureufement,<br />
il ne faifoit pas difficulté de s'adreffer directement<br />
à eux, & de leur donner des avis. Un Prince»<br />
d'tfoit—il un jour à un Roi de Lu, apellé Timcum ,<br />
un Prince doit être modéré , il ne doit méprifer<br />
aucun de fes Sujets , il doit récompenfer ceux<br />
qui le méritent. H y a des Sujets qu'il doit<br />
traiter avec douceur, & d'autres avec févérité ; il<br />
y en a fur la fidélité defquels il fe doit repofer ,<br />
mais il y en a auffi, dont il ne fçauroit fe défier<br />
affei.
i6b C O N F U C I U S .<br />
Confucius veut même que les Princes ne fou»<br />
haitent rien de ce que les autres hommes fouhaitent,<br />
quoique ce (oient quelquefois des brens ,<br />
qu'il femble qu'ils pourraient defirer fans crime.<br />
Il veut qu'ils foulent aux pieds, pour ainfi dire»<br />
tout ce qui peut faire la félicité des mortels fur<br />
la terre ;& que fur-tout ils regardent les richeffes,<br />
les enfans, &'la vie même , comme des<br />
avantages qui ne font que paffer , & qui par<br />
conséquent ne peuvent pas faire la félicité d'un.<br />
Prince. L'Empereur Yao , dit ce Philofophe,<br />
s'étoit con<strong>du</strong>it par ces Maximes,& fous la con<strong>du</strong>ite<br />
d'un fi bon guide, il étoit parvenu à une<br />
perfection oh peu de mortels peuvent atteindre :<br />
car on peut dire, qu'il ne voyoit au-deflus de lui<br />
que le Ciel, auquel il s'étoit entièrement conformé.<br />
Ce Prince incomparable, ajoute-t'il , vifitoit,<br />
de tems en tems les Provinces de fon<br />
Empire; & comme il étoit les délices de fon<br />
peuple, un jour ayant été rencontré par une<br />
troupe de fes Sujets ; ces Sujets , après l'avoir<br />
apelié leur Empereur & leur père, & avoir fait<br />
éclater toute leur joie , à la vue d'un fi grand<br />
Prince, s'écrièrent à haute voix , pour joindre<br />
des voeux à leurs acclamations, Que le Ciel te<br />
comble de richejfes ! qu'il t'accorde une famille nom'<br />
breufe ! & qu'il ne te raviffi à ton peuple que tu<br />
*e fois rajfafii de jours ! Non, répondit l'Empereur,,<br />
poujfei d'autres vaux vers le Ciel. 'Les<br />
_ . . grandes.
C O N F U C I U S . ifiii<br />
grandes richejfes pro<strong>du</strong>ifent les grands foins 6> les<br />
pondes inquiétudes : le grand nombre d'en/ans pro<strong>du</strong>it<br />
Us grandes craintes : & une longue vie n'ejl<br />
ordinairement qu'une longue fuite de maux. Qu'il<br />
fe trouve peu d'Empereurs qui foient femblables<br />
à Yaol s'écrie après cela Confucius.<br />
Ce qui fait ordinairement de la peine aux<br />
Rois, ce qui redouble, en quelque manière, le<br />
poids <strong>du</strong> fardeau qui eft attaché à leur couronne ,<br />
c'eft ou le peu de Sujets fur lefquels ils régnent,<br />
oulepeudericheffes qu'ils poffédent : car enfla<br />
tous les Rots ne font pas de grands Rois, tous<br />
les Rois n'ont pas de vaftes Royaumes, & des<br />
rkheffes exceffives. Mais Confucius croit qu'un<br />
Roi eft trop ingénieux à fe tourmenter, lorfque<br />
ces réflexions font capables de lui caufer la moindre<br />
trifteffe. Il dit qu'un Roi a affez de Sujets,'<br />
lorfque les Sujets font contens, & que fon Royaume<br />
eft affez riche , lorfque la concorde 6c la<br />
paix y régnent. La paix & la concorde, dit ce<br />
Philofophe ,font Us mères de ^abondance.<br />
Enfin Confucius enfeigne, en parlant toujours<br />
des devoirs des Princes , qu'il eft fi néqeffaire<br />
qu'un Prince foit vertueux, que lorfqu'il ne l'eft<br />
point, unSujeteft obligé par les Loix <strong>du</strong> Ciel^<br />
de s'exiler volontairement, 6t d'aller chercher<br />
une autre Patrie.<br />
Il fe plaint quelquefois des défo/dres des Prit»»<br />
ces ; mais le.grandfujetde fes plaintes, eft les<br />
Tomt III. O
I6î C O N F U C I U S.<br />
défordres des particuliers. Ilfoupire des mœursde<br />
fon fiécle : il dit qu'il ne voit prefque perfonne<br />
qui fe diftingue, ou parla vertu , ou par<br />
quelque qualité extraordinaire ; que tout eft corrompu,<br />
que tout eft gâté, &que c'eft principalement<br />
parmi les Magiftrats & les Courtifans que la<br />
vertu eft négligée. Il eft vrai que Confucius Terrible<br />
quelquefois outrer les chofes. En effet t<br />
c'étoit peu pour ce Philo{ophe,lorfqu'il ne fe trouvoit<br />
dans la Cour d'un Prince , que dix ou douze<br />
perfonnes d'une fagefle éclatante ; il crioit, 6 tenu!<br />
6 meturs ! il gémifloit. Sous le régne de Vuvam , il<br />
y avoit dix hommes d'une vertu & d'une fuffifance<br />
confommées, fur lefquels cet Empereur fepou<br />
voit repofer de toutes les affaires de l'Empire :<br />
cependant Confucius fe récrioit fur un fi petit<br />
nombre, en difant , que les grands dons , la<br />
vertu fit les qualités de l'efprit, étoient des chofes<br />
fort rares dans fon fiécle. Il avoit fait les<br />
mêmes plaintes à l'égard de l'Empereur Zun, le<br />
premier de la famille de Cktu , quoique ce Prince<br />
eût alors cinq Préfets, <strong>du</strong> mérite defquels l'on<br />
peut juger par l'hiftoire de l'un de ces Miniftres,.<br />
qui étoit apellé Vu.<br />
Ce Sage Miniftre a ren<strong>du</strong> fa mémoire immortelle<br />
parmi les Chinois, non-feulement parce que<br />
ce fut lui qui trouva le fecret d'arrêter ou de<br />
détourner les eaux qui inondoient tout le Royaume,<br />
& qui le rendoient prefque- inhabitable ;
C O N F V C I 0 S. lôj<br />
«lais parce qu'étant devenu Empereur, il vécut<br />
toujours en Philofophe. Il étoit d'une famille<br />
illuftre ; car il pou voit compter des Empereurs parmi<br />
fes Ayeux. Mais fi par la décadence de fa<br />
maifon, il étoit déchu des prétentions qu'il pouvoit<br />
avoir fur l'Empire , fa fagefle & fa vertu<br />
lui acquirent ce que la fortune avoit refufé à la<br />
nobleflie de fon extraction. L'Empereur Zun avoit<br />
fi bien reconnu fon mérite , qu'il l'aflbcia £<br />
l'Empire : & dix-fept ans après , il le déclara<br />
fon légitime Succeffeur, à l'exclufion de fon propre<br />
fils. Yu refufa cet honneur ; mais comme il<br />
s'en défendoit en vain, & que fa générofité<br />
fouffroit dans les prefentes follicitations qui lut<br />
étoient faites de toutes parts ; il fe déroba aux<br />
jeux de la Cour ,_& alla chercher une retraite<br />
dans une caverne : mais n'ayant pu fe cacher, fi<br />
bien qa'il ne fût enfin découvert dans les rochers<br />
de fa iblitude, il fut élevé malgré lui fur le trône<br />
de fes Ancêtres. Jamais trône n'a été plusacceiïible<br />
que celui de ce Prince, jamais Prince<br />
n'a été plus affable. On dit qu'il quitta un jour<br />
jufqu'à dix fois fon repas, pour voir les requêtes<br />
qu'on hri prefentoit, ou écouter les plaintesdes<br />
miférables ; & qu'il quittoit même ordinairement<br />
fon bain, lorfqu'on lui demandoit audien-ce.<br />
Il régna dix ans avec tant de bonheur, avec<br />
tant de tranquillité , & dans une fi grande abondance<br />
de toutes chofes, qu'on peut dire cettai*<br />
a a
*64 C O N F U C I XT S.<br />
nement de ce fiécle, que c'étoit un fiécle d'or.<br />
Tu avoit cent ans lorfqu'il mourut ; & il mourut<br />
comme il avoit vécu : car préférant les intérêtsdé<br />
l'Empire aux intérêts de fa famille, il ne voulut<br />
pas que fon fils lui fuccedât ; il donna la couronne<br />
à un de fes Sujets v dont ta vertu lui étoit<br />
connue. Un Prince eft heureux, fans doute»<br />
lorfqu'il peut quelquefois fe décharger des foins,<br />
qui l'accablent fur un tel Miniftre : & Zun ne<br />
pouvoit que l'être , puifqa'il en avoit cinq tout<br />
à la fois, tous dignes d'être affis fur le trône ;<br />
mais ce nombre n'étoit pas affez grand pour Confucius,<br />
e'eft ce qui le faifoit foupirer..<br />
i Confucius dit qu'un Prince ne doit jamais<br />
accepter la couronne au préjudice de fon père,<br />
quelque indigne que fon père en foit ; que c'eft<br />
un des plus grands crimes dont un Prince puiffe<br />
être capable : & cela lui donne occafton défaire<br />
deux petites hifloires, qui font admirablement<br />
à fon fujet.<br />
Lirncum, dît ce Philo&phe , étoit un Roi<br />
de Gu«i qui fe maria en. fécondes noces.. Comme<br />
la chaûeté n'eft pas toujoursTe partage des Princeflès,<br />
la Reine eut des commerce illégitimes,<br />
avec un des Grands de fa Cour : & cela ne.s'étant<br />
pas fait avec fi peu d'éclat, qu'un des fils <strong>du</strong> prer<br />
mier lit de Limcum n'en eût connoiffance , ce jeune<br />
Prince, jaloux de l'honneur de fon père,<br />
en eut tant de reffentùnent , qu'il fit deffeûi
C O N F U C L U S . i6f<br />
tfe tuer la Reine, & ne cacha pas même fon<br />
deffein. L'adroite & criminelle Princefle. , qui<br />
fe vit découverte & qui avoit beaucoup d'afceadant<br />
fur l'efprit de fon vieux Epoux , allégua<br />
des raîfons fi plauûbles pour faire croire qu'elle<br />
étoit innocente , que ce pauvre Prince, loin<br />
d'ouvrir les yeux à la vérité , exila fon fils : mais<br />
comme les enfans ne font pas coupables des crimes<br />
des pères , il retint Chi auprès de lui : c'étok<br />
le fils <strong>du</strong> Prince difgracié.Ziffifu/n mourut queLque-tems<br />
après. Le peuple rapella le Princ*<br />
que les défordres de la Reine avoient fait bannir :<br />
& il alloit recevoir la Couronne ; mais fon lâche<br />
fils s'y opofa , alléguant que fon père étoit ur*<br />
parricide : il leva des armées contre lui » & fe fit<br />
proclamer Roi par le peuple^<br />
Les fils d'un Roi de Cucho, continue-iT\\, n*ea<br />
nférent pas de cette manière ; voici un exemple<br />
mémorable. Ce Roi , dont nous ferons en deux<br />
mots lTwftoire, eut trois fils: & comme les pères<br />
ont quelquefois plus de tendreffe pour les<br />
plus jeunes de leurs enfarrs qu«
i66 C O N F U C I U S.<br />
crime, d'élever fur le trâne l'ainé de la famulë*<br />
<strong>Royal</strong>e. Cela s'exécuta comme le peuple l'avoir<br />
projette : & cette aâion fut généralement aprouvée.<br />
Il n'y eut que le nouveau Roi, qui fe ref»<br />
fouvenant des dernières paroles de fon père ,<br />
n'y voulut jamais donner les mains. Ce généreux<br />
Prince prit la Couronne qu'on lui prefentoit,<br />
la mit fur la tête de fon jeune frère , &<br />
déclara hautement qu'ily renonçoit, & que même<br />
il s'en croyoit indigne , puifqu'il en avoit<br />
été exclus par la volonté de fon père , & que fon<br />
père ne pouvoit plus rétraâer ce qu'il avoit dit.<br />
Le frère , touché d'une aftion fi héroïque , le<br />
conjura dans le moment, de ne s'opofer pas à<br />
Pinclination de tout un peuple qui defiroit qu'il<br />
régnât fur lui. Il lui allégua que c'étoit lui feul,<br />
qui étoit le légitime Succeffleur de la Couronne<br />
qu'il méprifoit ; que leur père ne pouvoit pas<br />
violer les loix de l'Etat ; que ce Prince s'étoir<br />
JaifTé furprendre à une trop grande tendrefle , &<br />
qu'en un mot, c'étoit, en quelque manière, aux<br />
peuples à redreflèr les loix de leurs Rois lorfqu'elles<br />
n'étoient pas équitables. Mais rien ne<br />
fut capable de lui perfuader qu'il pouvoit s'opofer<br />
aux volontés de fon père. Il y eut, entre<br />
ces deux Princes, une louable conteftation ; aucun<br />
ne voulut prendre la couronne : & comme<br />
ils virent bien l'un &Fautre, que cette contefta^<br />
*ion <strong>du</strong>rerait long-teras, ils fe-retirèrent de h
C O N F U C I U S. r6r<br />
Cour ; vaincus & viâorieux tout enfemble, ilsallèrent<br />
finir leurs jours dans le repos d'une folir<br />
tude, &laifférent le Royaume à leur frère. Ce*<br />
Princes, ajoute-t'il, cherchoient la vertu ; mais<br />
ils ne la cherchèrent pas en. vain, ils la trou»<br />
vérent.<br />
Il fait, de .tems en tems, de petites hiftoires<br />
de cette nature, où l'on voit éclater par-tout<br />
une générofité héroïque. On y voit des femmes<br />
eu peuple, & même de grandes Princefles, qui<br />
aiment mieux fe laifler mourir, ou. fe donner la<br />
mort de leurs propres mains , que d'être expo
t«» CONFUCIOÎ.<br />
gardois comme mon fils; mais aujourd'hui tepuis-je<br />
regarder comme mon fils ? il a été enfévcli comme le<br />
autres hommes.<br />
Il défend de pleurer les morts avec excès , &<br />
fi forcé par fa propre douleur ,îl a verfé des larmes<br />
pour ce même Difciple, il avoue qu'il s'eft .<br />
oublié ; qu'à la vérité, les grandes douleurs n'ont<br />
point de bornes, mais que le Sage ne doit point<br />
être fu r<strong>mont</strong>é par la douleur ; que c'eft une foibleue<br />
en lui, que c'eft un crime.<br />
Il donne de grandes louanges à quelques-uns<br />
de fes Difcrples, qui, au milieu de ta plus grande<br />
pauvreté, étoient contens de leur deftinée,<br />
& comptoient pour de grandes richeffes les vertus<br />
naturelles qu'ils avoient reçues <strong>du</strong> Ciel.<br />
Il déclame contre l'orgueil, contre l'amourpropre<br />
, contre l'indifcrétion , contre la ridicule<br />
vanité de ceux qui affe&ent de vouloir être Maîtres<br />
par-tout, contre ces hommes remplis d'eurmêmes<br />
qui prônent à tpus momens leurs actions ><br />
contre les grands parleurs : & faifant enfuite<br />
le portrait <strong>du</strong> Sage, paropofition-à ce qu'il vient<br />
de dire, il dit que l'humilité , la modeftie, laretenue<br />
& l'amour <strong>du</strong> prochain , font des vertu»<br />
qu'il ne fçauroit négliger u» moment , faas fotr<br />
tir de fou Caractère.<br />
Il dit qu'un homme de bien ne s'afflige j*»<br />
«nais, ôt-qu'if ne craint rien ; qu'il méprife le»<br />
injures, qu'il n'ajoute jamais foi à lis médifance;<br />
qu'il
C O N F U C I U S. I6a<br />
te ; qu'il n'écoute pas même les raports.<br />
Il foutient que les fuplices font trop fréquens;<br />
que fi les Magiftrats étoient gens de bien, les<br />
méchans conformeroient leur vie à la leur, &<br />
. que fi les Princes n'élevoient aux Dignités que<br />
des perfonnes difiinguées par leur probité & par.<br />
une vie exemplaire, tout le monde s'attacheroit<br />
à la vertu, parce que les grandeurs, étant des<br />
biens que tous les hommes défirent naturellement<br />
, chacun voulant les pofleder, chacun tâcherait<br />
de s'en rendre digne.<br />
Il veut qu'on fuy e la parefle, qu'on foit compofé,<br />
qu'on ne précipite point fes réponfes ; &<br />
que fe mettant au-defïus de tout, on ne fe faHe<br />
jamais une peine, ou de ce que l'on eft méprifé,<br />
ou de ce que l'on n'eft point connu dans<br />
le Monde.<br />
U compare les hypocrites à ces fcélérats, qui<br />
pour mieux cacher leurs deffeins aux yeux des<br />
hommes, paroifTent fages & modeftes pendant<br />
le jour, & qui à la faveur de la nuit volent les<br />
maifons, & exercent les plus infâmes brigandages.<br />
U dit que ceux qui font leur Dieu de leur<br />
ventre, ne font jamais rien qui foit digne de<br />
l'homme ; que ce font plutôt des brutes que des<br />
créatures raifonnables : 6c revenant à la con<strong>du</strong>ite<br />
des Grands, il remarque fort bien, que leurs<br />
crimes font toujours plus grands que les crimes<br />
des autres hommes. Zam, dernier Em-<br />
Tome Ulx<br />
P
i?o C O N F U C I U S.<br />
pereur de la famille de Chcu, dit Confucius à<br />
cette occafion, a voit eu une con<strong>du</strong>ite fort irréguliére.<br />
Mais quelque irrégtriiére que fût fa<br />
con<strong>du</strong>ite, le» defordres de cet Empereur n'étoieht<br />
pourtant que les defordres de fou fiécle. Cependant<br />
, dès qu'on parle de quelque aftlon lâche<br />
, de quelque action criminelle & infâme, on<br />
dit que c'eft le crime de Zam, En voici la raifon :<br />
Zam était mickant, & Empereur.<br />
Confucius dit une infinité d'autres chofes de<br />
cette nature, qui regardent la con<strong>du</strong>ite de toutes<br />
fortes d'hommes ; mais comme la plupart des<br />
choies qu'il dit, ou que fes Difciples difent, font<br />
des Sentences & des Maximes, ainfi que nous<br />
l'avons déjà feit fentir, en voici quelques - unes<br />
dont on peut dire qu'elles étoient dignes d'être<br />
diâées dans l'école de Jefus-Chriftv<br />
^ ^
C O N F U C I U S. 'ift<br />
MAXIMES.<br />
i.<br />
Ravailles à imiter les Sages, & ne te re<br />
T butes jamais, quelque pénible que (bit ce<br />
travail. Si tu peux venir à tes fins , le plaifir,<br />
que tu goûteras te dédommagera de toutes ces<br />
peines.<br />
II.<br />
Lorfque tu travailles pour les autres, travailles<br />
avec la même ardeur que fiftu travaillois pour<br />
toi-même.<br />
III.<br />
La vertu, qui n'eft point foutenue par la<br />
gravité, n'acquiert point d'autorité parmi las<br />
nommes.<br />
IV.<br />
Souviens-toi toujours que tu es homme, que<br />
la Nature humaine eft fragile, & que tu peux<br />
aifément fuccomber, & tu ne fuccomberas jamais.<br />
Mais, fi venant à oublier ce que tu es,<br />
il t'arrive de fuccomber, ne-perds pas courage<br />
pourtant : fouviens-toi que tu te peux relever ;<br />
qu'il ne tient qu'à toi de rompre les liens qui<br />
t attachent au crime, & de fur<strong>mont</strong>er les obftades<br />
qui t'empêchent de marcher dans le cher<br />
min de la vertu.<br />
Pi
*7» CONFUCIUS.<br />
V.<br />
Prens garde fi ce que tu promets eft jufte;<br />
car après que l'on a promis quelque chofe, il<br />
n'eft point permis de fe rétraâer : on doit ton-,<br />
jours tenir fa promeffe.<br />
VI.<br />
Lorfque tu fais hommage à quelqu'un, fais<br />
que tes foumiuions foient proportionnées à<br />
l'hommage que tu lui dois : il y a de la grofliéreté<br />
& de l'orgueil à n'en faire pas alliez ; mais<br />
il y a de la baffeffe à en faire trop, il y a de<br />
l'hypocrifie.<br />
VII.<br />
Ne mange pas pour le plaifir que tu peux<br />
trouver à manger. Mange pour réparer tes forces<br />
; mange pour conferver la vie que tu as reçue<br />
<strong>du</strong> Ciel.<br />
VIII.<br />
Travaille à purifier tes penfées : fi tes penfées<br />
ne font point mauvaifes, tes aâions ne le feront<br />
point.<br />
IX.<br />
Le Sage goûte une infinité de plaifirs ; car la<br />
vertu a fes douceurs au milieu des <strong>du</strong>retés qui<br />
l'environnent.<br />
X.<br />
Celui qui d ans fes études, fe donne tout en*<br />
tier au travail & à l'exercice, & qui néglige la<br />
méditation, perd fon tems ; mais auffi celui qui
C O N F U C I U S: i7f<br />
s'aplique tout entier à la méditation & qui<br />
néglige le travail & l'exercice, ne peut que s'égarer<br />
& fe perdre. Le premier ne fçaura jamais<br />
rien d'exact., fes lumières feront toujours<br />
mêlées de ténèbres & de doutes ; & le dernier<br />
ne pourfuivra que des ombres ; fa fcience ne<br />
fera jamais fûre , elle ne fera jamais ,folide.<br />
Travaille, mais ne néglige pas la méditation.<br />
Médite, mais ne néglige pas le travail.<br />
XL<br />
Un Prince doit punir le crime, de peur qu'il<br />
ne femble le foutenir : mais cependant il doit<br />
contenir fon peuple dans le devoir, plutôt par<br />
des effets de clémence, que par des menaces &<br />
des fuplices.<br />
XII.<br />
Ne manque 'jamais de fidélité à ton Prince :<br />
Ne lui cache rien de ce qu'il eft de fon intérêr<br />
de fçavoir, & ne trouve rien de difficile , lorsqu'il<br />
s'agira de lui obéir.<br />
XIII.<br />
Lorfqn'on ne peut aporter à un mal aucun<br />
remède : il eft inutile d'en chercher. Si par tes<br />
avis & tes re<strong>mont</strong>rances, tu pouvois faire que<br />
ce qui eft déjà fait, ne le fut point, ton filence<br />
feroit criminel : mais il n'y a rien de plus<br />
froid qu'un confefl , dont il eft impoflible de<br />
profiter.<br />
P3
Vf* CONFUC1US;<br />
XIV.<br />
La pauvreté & les miféres humaines font des<br />
maux en foi ; mais il n'y a que les méchans qui<br />
les reflentenf. C'eft un fardeau fous lequel ils<br />
gémiffent, & qui les fait enfin fuccomber : ils<br />
it dégoûtent même de la fortune la plus riante.<br />
11 n'y a que le Sage qui fait toujours content :<br />
la vertu rend fon ame tranquille : rien ne le trouble,<br />
rien ne l'inquiète, parce qu'il ne pratique<br />
pas la vertu pour en être récompenfé. La pratique<br />
de la vertu eft la feule récompenfé qu'il<br />
«fpére.<br />
XV.<br />
Il n'y a que l'homme de bien , qui puiffe fùrement<br />
faire choix, qui puifTe ou aimer ou haïr<br />
avec raifon & comme il faut.<br />
XVI.<br />
Celui qui s'aplique à la vertu * & qui s'y<br />
aplique fortement , ne commet jamais rien<br />
d'indigne de l'homme, ni de contraire à la droite<br />
raifon.<br />
XVII.<br />
Les richefles & les honneurs font des biens.<br />
Le defir de les pofféder efi naturel à tous les<br />
hommes ; mais û ces biens ne s'accordent pas<br />
avec la vertu, le Sage les doit méprifer, & y<br />
renoncer généreufement. Au contraire , la pauvreté<br />
& l'ignominie font des maux : l'homme les<br />
fuit naturellement. Si ces maux attaquent le
C O N F U C I U S. ' i7Ç<br />
Sage, il lui eft permis de s'en délivrer, mais<br />
il ne lui eft jamais permis de s'en délivrer par un<br />
crime.<br />
XVIII.<br />
Je n'ai jamais vu encore d'homme qui fe félicitât<br />
de fa vertu, ou qui fût affligé de Tes défauts<br />
& de (es foibleflfes; mais je n'en fuis point<br />
furpris, parce que je voudroi* que celui qui.<br />
prend plaifir à la vertu , trouvât en la verta'<br />
tant de charmes , qu'il méprifât pour elle tout<br />
ce que le monde a de plus doux : & au contraire<br />
, que celui qui a. de l'horreur pour le<br />
vice, trouvât le vice fi hideux, qu'il n'y eût<br />
rien qu'il ne mit en œuvre pour fe défendre d'y<br />
tomber.<br />
XIX.<br />
Il n'eft pas. croyable que celui qui feroit tous<br />
les efforts dont il eft capable, pouf acquérir la<br />
vertu, ne l'acquit enfin, quand même il netravaillerait<br />
qu'un feul jour. Je n'ai jamais<br />
vu d'homme qui n'eût pour cela des forces fuffiïantes.<br />
XX.<br />
Celui qui le matin a écouté la voix de la verta<br />
, peut mourir le foir. Cet homme ne fe repentira<br />
point d'avoir vécu » & la mort ne lut<br />
fera aucune peine.<br />
XXI.<br />
Celui qui cherche le faite dans fes habits ;<br />
P4
176 C O N F U C I U S.<br />
& qui n'aime point la frugalité, n'eft pas encore<br />
difpofé pour l'étude de la fagefle : tu ne dois pas<br />
même t'en entretenir avec lui.<br />
XXII.<br />
Ne t'afflige point de ce que tu n'es pas élevé<br />
aux grandeurs & aux dignités publiques : gémis<br />
plutôt de ce que, peut-être, tu n'es pas<br />
orné des vertus qui te pourroient rendre digne<br />
d'y être élevé.<br />
XXIII.<br />
L'homme de bien n'eft occupé que de fa vertu<br />
: le méchant ne l'eft que de fes richefles. Le<br />
premier penfe continuellement au bien & à l'intérêt<br />
de l'Etat : mais le dernier a d'antres foucis ,<br />
il ne penfe qu'à ce qui le touche.<br />
XX.IV.<br />
Ne fais à autrui que ce que ta veux qui te<br />
foit fait : tu n'as befoin que de cette feule Loi »<br />
elle eft le fondement & le principe de toutes les<br />
autres.<br />
XXV.<br />
Le Sage n'a pas plutôt jette les yeux fur un<br />
homme de bien, qu'il tâche d'imiter fes vertus»<br />
mais ce même Sage n'a pas plutôt tourné fa tvne<br />
fur un homme abandonné à fes crimes, que<br />
fe défiant de foi-même, il fe demande, comme<br />
en tremblant, s'il n'eft pas femblable à cet<br />
homme.
CONFUCIUS. 177<br />
XXVI.<br />
Un enfant eft obligé de fervir fon père & de<br />
lui obéir. Les pères & les mères ont leurs défauts<br />
: un enfant eft obligé de les leur faire<br />
connoître, mais il le doit faire avec dtfuceur 8t<br />
avec prudence, & fi, quelques précautions qu'il<br />
prenne, il trouve touj ours de la réfiûance, il doit<br />
s'arrêter pour quelques nlomens, mais il ne<br />
doit pas fe rebuter. Les confeils donnés à un<br />
père, ou à une mère, attirent fouvent fur le<br />
fils des <strong>du</strong>retés & des châtimens ; mais un fils<br />
doit fouffrir dans cette occafion, il ne doit pas<br />
même murmurer.<br />
X X V I L<br />
Le Sage ne fe hâte jamais, ni en fes études ;<br />
ni en fes paroles ; il eft même quelquefois conv- "<br />
me muet. Mais lorfqu'il eft queftion d'agir & '<br />
de pratiquer la vertu, il précipite tout, pour<br />
ainfi dire.<br />
X X V 11 L .<br />
Le véritable Sage parle peu , il eft même<br />
peu éloquent. Je ne. vois pas auffi que<br />
l'Eloquence lui puifle être d'un fort grand<br />
ufage.<br />
XXIX.<br />
Il faut une longue expérience pour connoître<br />
le cœur de l'homme. Je m'imaginois, lorfque<br />
j'étois jeune, que tous les hommes étoient fia-
i7t CONFUGIUS:<br />
céres ; qu'ils «nettoient en pratique tout ce<br />
qu'ils difoient ; en un mot, que leur bouche<br />
étoit toujours, d'accord avec leur cœur ; mais<br />
maintenant que je regarde les chofes d'un autre<br />
œil, je fuis convaincu que je me trômpbis. Aujourd'hui<br />
j'écoute ce que les hommes difent,<br />
mais je ne m'en tiens jamais à ce qu'ils difent, je<br />
veux fçavoir fi leurs paroles font conformes à<br />
leurs actions.<br />
X X X.<br />
Il y eut autrefois dans le Royaume de Ci un<br />
Préfet qui tua fon Roi. Un autre Préfet <strong>du</strong><br />
même Royaume , regardant avec horreur le<br />
crime de ce Parricide , quitta fa Dignité ,<br />
abandonna fes biens, Se fe retira dans un autre<br />
Royaume. Ce fàge Mmiftre ne fut pas affez<br />
heureux pour trouver d'abord ce qu'il cherchoit,<br />
il ne trouva dans ce nouveau Royaume<br />
que des Minières iniques, & peu attachés aux<br />
intérêts de leur Maître. Ce ne fera pas ici le lieu<br />
«te mon rejour i dit-il aufli-tèt-, je chercherai<br />
ailleurs une retraite. Mais ay'an* rencontré<br />
toujours des hommes fembkWes- -à ce perfide<br />
Miniftre , qui l'avoit forcé par fon crime à<br />
abandonner fa Patrie , fa Dignité & tous fes<br />
biens, il courut par toute la terre. Si tu me<br />
demandes ce que je crois d'un tel homme, je ne<br />
puis refufer de te dire , qu'il mérite de grandes.
CQ'NTUCIUSf 179<br />
louanges, &. qu'il avoit une vertu diôinguée :<br />
c'eft le jugement que tout homme raifonnable en<br />
doit faire.' Mais comme nous ne fommes pas<br />
les fcrutateurs des cœurs, Se que c'eft proprement<br />
dans le cœur que la véritable vertu réfide,<br />
on ne doit pas toujours juger des hommes par les<br />
aâiens extérieures.<br />
XXXI.<br />
Je connois un homme qui pane pour fincére<br />
dans l'efprit <strong>du</strong> peuple, à qui l'on demanda,'<br />
l'un de ces jours, quelque chofe qu'il n'avoit<br />
pas. Tu t'imagines, peut-être, qu'il avoua ingénuement,<br />
qu'il étoit dans l'impuiffance de donner<br />
ce qu'on lui demandoit. Il l'eût dû faire *<br />
fi fa fincérité eût répon<strong>du</strong> au bruit qu'elle fait<br />
parmi le peuple : mais voici de quelle manière il<br />
s'y prit. Il fut adroitement chez un voifin ; it<br />
lui emprunta ce qu'on lui demandoit à luimême<br />
, & il le donna enfuite. Je ne fçauroi»<br />
jamais me convaincre que cet homme puifle eue<br />
fincére.<br />
XXXII.<br />
Ne refufes point ce qui t'effi donné par ton<br />
Prince, quelques richefles que tu poffédes. Donne<br />
ton fuperflu aux pauvres.<br />
XXXIII.<br />
Les défauts des pères ne doivent pas être iotputés<br />
aux en&ns. Parce qu'un père ie^fer*
i8o CONFUCIUS;<br />
ren<strong>du</strong> indigne, par fes crimes, d'être élevé aux<br />
Dignités, on n'en doit pas exclure le fils, s'il<br />
•e s'en rend pas lui-même indigne. Parce<br />
qu'un fils fera d'une naiffance obfcure, fa naiffance<br />
ne doit pas faire fon crime : il doit<br />
être «pelé aux grands emplois aufli-bien<br />
que les fils des Grands, s'il a les qualités néceiïaires.<br />
Nos pères ne facrifioient autrefois<br />
que des viâimes d'une certaine couleur , 6e<br />
l'on choififloit ces couleurs félon le gré de ceux<br />
qui étoient aflis fur le Trône. Sous le régne<br />
d'un de nos Empereurs, la couleur rouiïe étoit<br />
en vogue. Crois - tu que les Divinités , auxquelles<br />
nos Pères facrifioient fous le régne<br />
de cet Empereur, euflent rejette un taureau<br />
de couleur rouiïe , parce qu'il feroit forti d'une<br />
vache qui n'auroit pas été de la même couleur<br />
?<br />
XXXIV.<br />
- Préfère la pauvreté & l'éxil, aux Charges de<br />
l'Etat les plus éminentes, lorfque c'eft un homme<br />
méchant qui te les offre, & qu'il te veut contraindre<br />
de les accepter.<br />
XXXV.<br />
Le chemin qui con<strong>du</strong>it à la vertu eft long,'<br />
mais il ne tient qu'à toi d'achever cette longue<br />
carrière. N'allègue point pour t'excufer, qne<br />
px n'as pas affez de forces ; que les difficultés,
C O N F U C I U S. 181<br />
té découragent, & que tu feras obligé enfin de<br />
t'arrêter au milieu de ta courfe. Tu n'en fçais<br />
rien, commence à courir : c'eft une marque que<br />
tu n'a pas encore commencé , tu ne tiendrois<br />
pas ce langage.<br />
XXXVI.<br />
Ce n'eft pas allez de connoître la vertu , il la<br />
faut aimer : mais ce n'eft pas encore aiïez de l'aimer,<br />
il la faut pofféder.<br />
X XX VII.<br />
Celui qui perfécute un homme de bien , fait<br />
la guerre au Qel : le Ciel a créé la vertu , & il<br />
la protège ; celui qui la perfécute, perfécute le<br />
Ciel.<br />
XXXVIII.<br />
UnMagiftrat doit honorer fon père & fa mère<br />
, il ne doit jamais fe relâcher dans'cejuftedevoir<br />
: fon exemple doit infiruireje-peuple. U<br />
ne doit méprîfer ni les vieillards ni les gens de<br />
mérite : le peuple pouuokfimiter.<br />
,,- XXXIX.<br />
Un entant doit être dans une perpétuelle<br />
apréiîeniion de faire quelque ch.ofe.qui déplaife<br />
à fon père : cette crainte le doit occuper toujours.<br />
En un mot, il doit agir dans tout ce<br />
qu'il fait, avec tant de précaution, qu'il ne faffe<br />
jamais rien qui l'offenfe ou qui le puiffe affliger<br />
tant foit peu.
i8* CONFUCIUS.<br />
X L.<br />
La grandeur d'ame, la force 8c la persévérance<br />
doivent être le partage <strong>du</strong> Sage. Le fardeau<br />
dont il s'eft chargé eft pefant, fa carrière eu<br />
longue.<br />
X L I.<br />
Le Sage ne fait jamais rien fans confeil. Il<br />
confulte même quelquefois , dans les affaires<br />
les plus importantes, les hommes les moins intelligens,<br />
les hommes qui ont le moins d'efprit<br />
& le moins d'expérience. Lorfque les conseils<br />
font bons, on ne doit pas regarder d'oà<br />
ils viennent.<br />
X L I I.<br />
Evite la vanité & l'orgueil. -Quand tu aurois<br />
• toute la prudence & toute l'habileté des Anciens.,<br />
fi tu n'as pas l'humilité , tn n'as rien, tu<br />
es même l'homme <strong>du</strong> monde qui mérite le plus<br />
d'être méprifé.<br />
X L I I I.<br />
Aprens ce que tu (çais déjà , comme fi tu<br />
•ne l'avois jamais apris : on ne fçait jamais fi<br />
' bien les choies, qu'on ne pniffe bien les ou-<br />
-blier.<br />
X L I V.<br />
Ne fais rien qui foit malféant, quand même<br />
tu aurois. affez d'adreffe pour faire aprouver Ce<br />
que tu fais : tu peux bien tromper les yeux des
CONFUCIUS. i~gj<br />
Sommes, mais tu ne fçaurois tromper le Ciéf ,'<br />
il a les yeux trop clairvoyans. •<br />
X L V.<br />
Ne te lie jamais d'amitié avec un homme qui<br />
ne fera pas plus homme de bien que toi.<br />
XL. VI.<br />
Le Sage a honte de fes défauts, mais il n'a<br />
pas honte de s'en corriger.<br />
X L V I I. ' " _ " \<br />
. Celui qui Vit fans envie & fans convoitife. J<br />
peut afpirer à tout.<br />
X L V I I I.<br />
Veux-tu aprendre à bien mourir îaprens au-]<br />
paravant à bien vivre.<br />
XL-IX.'<br />
Un Miniftre d'Etat .ne doit jamais fervir fori<br />
Prince , dans fes ihjuftices Se dans fes défordres.<br />
Il dort plutôt renoncer 4 fon Mimftëre ;<br />
que de le flétrir par des actions lâches & crimi-;<br />
nellès.<br />
L.<br />
L'Innocence n'eft plus une vertu, la plupart<br />
des Grands en font déchus. Mais fi tu demandes<br />
ce qu'il faudroit faire pour recouvrer cette<br />
vertu, je répons qu'il ne faudroit que fe vaincre<br />
foi-même. Si tous les mortels remportoient<br />
fur eux, dans un même jour, cette heureufe<br />
yiâoiïe , tout l'Univers, dès ce même jour g
*«4 CONFUCIUS.<br />
reprendroit une nouvelle forme ; nous ferions<br />
tous parfaits, nous ferions tous innocens. La<br />
vi&oire eft difficile , .il eft vrai, mais elle n'eu<br />
pas impoffible ; car enfin, fe vaincre foi-même,<br />
'«feu que faire ce qui eft conforme à la raifon.<br />
Détourne tes veux, ferme tes oreilles,<br />
mets un frein à ta langue, & fois plutôt dans<br />
une éternelle inaâion , que d'occuper tes<br />
yeux à voir des fpe&acles où la raifon fe<br />
trouve choquée, que d'y donner ton attention,<br />
que d'en difcourir. Voilà de quelle manière<br />
' tu pourras vaincre ; la viftoire ne. dépend que<br />
de toi.<br />
L I.<br />
Ne fouhaite point la mort de ton ennemi, tu<br />
la fouhaiterois en vain ; fa vie eft entre les mains<br />
<strong>du</strong> CieL<br />
LU.<br />
Il eft facile d'obéir an Sage, ri ne commande<br />
*ien d'impofttble : mais il eft difficile de le divertir<br />
: fouvent ce qui réjouit les autres.le fait<br />
foupirer, ôt arrache de fes yeux des torrens de<br />
larmes.<br />
LUI.<br />
C O N F V C I U S. iSj<br />
obligé de pafler ta vie, fois en liaifon avec les<br />
plus fages, ne fréquente que les gens de bien.<br />
L V.<br />
Pécher & ne fe repentir point, c^ft propre*<br />
ment pécher.<br />
LV I.<br />
11 eft bon de jeûner quelquefois \ pour vaquer<br />
à la méditation & à l'étude de la vertu.<br />
Le Sage eft occupé d'autres foins, que des foins<br />
continuels de fa nourriture. La terre la mieux<br />
cultivée trompe l'efpérance <strong>du</strong> laboureur, lorfque<br />
les faifons font déréglées : toutes les régies<br />
de l'Agriculture ne le fçauroient garantis<br />
de la mort, dans le tems d'une <strong>du</strong>re famine ;<br />
mais la vertu n'eft jamais fans fruit.<br />
LVII.<br />
Le Sage doit «prendre à connoître le cœur<br />
de l'homme , afin qne prenant chaque homme<br />
par fon propre panchant, il ne travaille pas<br />
en vain, lorsqu'il lui parlera' de la vertu. Tous<br />
les hommes ne doivent pas être inftruits de la<br />
même manière. Il y a diverfes routes qui<br />
con<strong>du</strong>isent à la vertu, le Sage ne les doit pas<br />
ignorer.<br />
L V I I I.<br />
L'homme de bien pèche, quelquefois, la foibleue<br />
hw eft naturelle ; mais, il doit fi bien vçiîj<br />
Terne III. Q
J86 CONFUCIUS.<br />
1er fur foi, qu'il ne tombe jamais deux fois dans<br />
le même crime.<br />
L I X.<br />
Combats nuit & jour contre tes vices ;& fi par<br />
tes foins & ta vigilance , tu remportes fur toi la.<br />
victoire, attaque hardiment les vices des autres,<br />
mais ne les attaque pas avant cela,: Il n'y a rien<br />
de plus ridicule que de. trouver à redire aux défauts<br />
des autres, lorfque l'on a les mêmes défauts.<br />
L X,<br />
Nous avons trois amis ; qui n^us font utiles,<br />
On ami fincére, un ami fidèle , un ami qui<br />
écoute tout, qui.examine tout ce qu'on lut<br />
dit, & qui parle peu : mais nous en avons<br />
suffi trois dont l'amitié eft pernicieufe, un ami<br />
hypocrite» un ami flatteur, &un ami qui parle<br />
beaucoup.<br />
LXL<br />
Celuî quî s'aplique à la vertu , a trois ennemis<br />
à combattre, qu'il doit tâcher de fur<strong>mont</strong>er :<br />
l'incontinence, lorfqu'il!eft encore dans la vigueus<br />
defon âge 6c que lefang lui bout dans les veines ;<br />
les. conteftations- & les dtfputes , lorfqu'il eft<br />
parvenu à un âge mûr j. & l'avarice , lorfqait<br />
ft& vieux.<br />
L X U<br />
It y a trou cfcofes que le Sjrçjedbst révérerJ
C O N F U C I U S. rtT<br />
les Loix <strong>du</strong> Ciel, les grands hommes , & les paroles<br />
des gens de bien.<br />
LXIII.<br />
On peut avoir de l'averfion pour fon ennemi »<br />
fans pourtant avoir le defir de fe venger. Les<br />
mouvemens de la nature ne font pas toujour*<br />
criminels» -<br />
L X I V.<br />
Défie-toi d'un homme flatteur , d'un homme,<br />
qui eft affefté dans fes difcours , & qui fe pique,<br />
par-tout d'éloquence: ce n'eu pas te caraâére.d*<br />
la véritable vertu.<br />
L XV.<br />
Le filenoe eft abfolument néceffaire au Sa^<br />
ge. Les grands difcours , les : difcours- étudiés ,'<br />
les traits- d'éloquence, doivent être un langage<br />
inconnu pour lut , fes actions doivent;<br />
être fon- langage. Pour moi , je ne voudroi*<br />
jamais plus, parler. Le CieL parle, mais de<br />
quel langage fe fert-il , pour prêcher auxhommes<br />
, qu'il y a un fouverain principe<br />
d'où dépendent toutes chofes , un fouverain<br />
principe qui les fait agir & mouvoir. î Son<br />
mouvement' eft fon langage , il ramené le»<br />
faifons en leur teins , il émeut toute la nature,<br />
il la fait pro<strong>du</strong>ire : que ce filence eft élo^<br />
euent l .
188 C O N F U C I U S.<br />
L X V I.<br />
Le Sage doit fuir plufieurs fortes d'hommes.<br />
Il doit fuir ceux qui divulguent les défauts des<br />
autres , & qui fe font un plaifir d'en parler.<br />
Il doit fuir ceux qui n'étant ornés que de qualités<br />
fort médiocres, & qui d'ailleurs n'ayant<br />
aucune naiflance, médifent & murmurent témérairement<br />
, contre ceux qui font élevés aux<br />
Dignités de L'Etat. Il doit fuir un homme<br />
vaillant, lorfque fa bravoure n'eft accompagnée<br />
ni de civilité, ni de prudence. Il doit fuir ces<br />
fortes d'hommes qui toujours remplis de leur<br />
amour-propre , qui toujours entêtés de leur<br />
mérite, & idolâtres de leurs fentimens , attaquent<br />
tout, trouvent à redire à tout % & ne con*<br />
fultent jamais la raifon. U doit fuir ceux qui<br />
n'ayant que très-peu de lumières , fe mêlent<br />
pourtant de cenfurer ce que font les autres»<br />
U doit fuir les hommes fuperbes. Enfin il<br />
doit fuir ceux qui fe font une habitude<br />
d'aller déterrer les défauts, des autres pour le»<br />
publier..<br />
LXVIE<br />
Il eft bien difficile de fe ménager avec le petit<br />
peuple. Ces fortes d'hommes deviennent familiers<br />
& infalens, lorfqu'on a trop de commerce<br />
avec eux; & comme ils s'imaginent qu'on<br />
hi o\éprife , larfqu'on les néglige tant fait
C O N F V C I U & 183<br />
peu, on s'attire leur averfion.<br />
L XVIII.<br />
Celui qui eft parvenu à la quarantième année<br />
de fon âge , & qui jufqu'à ce tems-là , a étô<br />
Fefclave de quelque habitude criminelle, n'eft<br />
guéres en état de kvfur<strong>mont</strong>er. Je tiens fa maladieincurable,<br />
il perfévérera.jufqu'à la mort dan»<br />
fon crime.<br />
L X I X.<br />
Ne t'afflige point de la mort d'un frère;<br />
La mort & la vie font en la puiflance <strong>du</strong><br />
Ciel , auquel 4e Sage «û obligé de fe foumettre.<br />
D ailleurs , tous les hommes de la<br />
terre font tes frères : pourquoi pleurerôis-tu<br />
pour un feul, dans le tems qu'il t'en refte tan£<br />
d'autres,<br />
L X X.<br />
La lumière naturelle n'eft qu'une perpé'tuel"te<br />
conformité de notre ame avec les loix <strong>du</strong>?<br />
Ciel. Les hommes ne peuvent jamais perdre<br />
cette lurniér-e. II eft vrai que comme le cœur<br />
de l'homme eft mconftant & rmrable , elle efl<br />
couverte quelquefois de tant de nuages, qu'el*<br />
le femblë entièrement éteinte. Le Sageréprou—<br />
ve lui - même : car il peut tomber dans de<br />
petites erreurs, & commettre des fautes légères.<br />
Cependant le Sage ne fçauroit être<br />
jertueux » tandis qull eft dans cet état • Il »
\$> C O N F U C I U S.<br />
il y auroit de la contradiction à le dire,<br />
L X X I.<br />
Il eft bien difficile, lorfqu'on eft pauvre, de<br />
lie haïr point la pauvreté ; mais on peut être ri<br />
foi-même : mais le foû fe fuyant foi-même, la,<br />
cherche par-tout ailleurs que chei foi.<br />
L X X I V.<br />
Le Sage doit avoir une gravité févére, mai*<br />
il ne doit pas être farouche & intraitable. Il<br />
doit aimer la fociété,, mais il doit fuir les grandes<br />
affemblées,<br />
L X X V.<br />
L'amour oir la haine <strong>du</strong> peuple , ne doit pas.<br />
itre la régie de ton amou* ou. de ta: haine: iéâ^<br />
mine s-'tfo ont raifonv
C O N F U C I U & 13*<br />
LXXVL<br />
Lie-toi d'amitié avec un homme qui ait le<br />
cœur droit, & qui foit fincére; avec un homme<br />
qui aime à aprendre, & qui te puiffe aprendre<br />
à fon tour, quelque chofe. Les autres homme*<br />
font indignes de ton amitié.<br />
L X X V I I.<br />
Celui qui a des défauts, & qui ne travaille v<br />
point à s'en défaire , doit au moins faire tousfes<br />
efforts pour les cacher. Les défauts <strong>du</strong>*<br />
Sage font comme les Eclipfes <strong>du</strong> Soleil , ils<br />
viennent à la connoiffance de tout le monde.<br />
Le Sage dans cette occafien. doit tâcher de fe<br />
couvrir d'un nuage. Je dis la même chofe des.<br />
Princes»<br />
L X X VI I L<br />
Abandonne fans, balancer ta Patrie, lorfque<br />
la vertu y eft oprimée , & que le vice y »<br />
le deffus. Mais fi tu n'as pas fait deffein de<br />
renoncer aux maximes <strong>du</strong> fiécle dans ta te—<br />
traite & dans ton exil , demeure dans ta miférable<br />
Patrie ; à quel deffein en fortirois-tu £<br />
L X X I X.<br />
Lorfqull s'agit <strong>du</strong> falut de ta Patrie, ne con><br />
fcke pas, expofe ta vie»
*9* C O N F U C I V S»<br />
LXXL<br />
Le Ciel n'abrège pas la vie de l'homme, c r eft<br />
l'homme qui abrège fa vie par fes crimes. Ta<br />
peux éviter les calamités qui viennent <strong>du</strong> Ciel,<br />
mais tu ne fçaurois éviter celles que tu t'attires par<br />
tes crimes.<br />
ABRÉGÉ
ABREGE<br />
D E<br />
V H ISTO IRE<br />
D E L A V I E<br />
DES FEMMES<br />
P H I L O S O P H E S<br />
D E L'A NTlQUlTÉ,<br />
Tra<strong>du</strong>it <strong>du</strong> Latin de Gilles Ménage,,<br />
Tome 111,
AV. î:-/;
A<br />
MADAME DACIER,<br />
NÉE LE FE VRE.<br />
ii&lî ADAME '<br />
********<br />
Le nombre des Femmes qui ont écrit, efl fi considérable<br />
, que le catalogue qu'on en pourroit dreffer,formeroit<br />
luifeul un ouvrage tris - éten<strong>du</strong> ; mais<br />
la plupart £ entf elles fe font apliquées a des études<br />
agréables, telles que la Rhétorique , la Poëjîe, tHiftoire<br />
, la Mythologie, »u le Commerce Epiftplaire<br />
qui a tant de charmes. Il s'en eft cependant trouvé<br />
plufieursy qui , capables d'une étude plus grave ,<br />
ont tourné toute leur attention <strong>du</strong> côté de la Philofophie.<br />
Les extraits de Sopatre, trouvés dans Phot'au,<br />
nous aprcnntnt que U Stoïcien Apollonius<br />
Ra
196<br />
a fait un Trahi des Femmes qui fe font diftinguèes<br />
dans ce genre d'étude. Au raport de Suidas, Philochore<br />
, célèbre Grammairien, écrivit un Ouvrage<br />
tout entier fur les Femmes qui avoient adopté les feutimens<br />
de Pythagore : & Juvinal nous eft témoin<br />
que de fon tems il y en avoit qui cultivaient lu<br />
Philofophie. Il eft donc furprenant que Didyme,<br />
le plus fçavant Grammairien de fon fiécle , nous<br />
parle de Théano comme de Punique Femme qui<br />
eût écrit fur la Philo fophie ; & que LaClance, Auteur<br />
Eecléjîaftique, homme d'une profonde Littérature<br />
, n'accorde cet honneur qu'à la feule Thémifte»<br />
J'ai trouvé moi-même foixante-cinq Femmes Phi'<br />
lofophes, dont il eft parlé dans les Ecrits qui nous<br />
refient des Anciens. M étant déterminé à écrire V histoire<br />
de ces Femmes célèbres, à qui pouvois -je<br />
mieux Vadreffert qu'à vous, MADAME, voust<br />
qui furpajfe[ en jçavoir toutes les Femmes de notre<br />
fiécle ij'ofeméme dire, celles desfièclespaffès ? Cejl<br />
à ce mérite perfonnel.,fi rare dans votre Sexe, qut<br />
je donne cette marque de confédération , que je ne<br />
crois pas vous avoir ajfe^ témoignée en vous dédiant<br />
ma Dijffirtationfur /Héauton-Timorumenos de<br />
Térence.<br />
Ceux qui fçavent qjue Diogène Laerce A adrejje<br />
fes Vies des Hommes Philofophes à une Femme, ne<br />
feront point furpris, • MADAME, que je vous dir.<br />
die celles des Femmes Philofophes,
DESSEIN<br />
DE L A UT E U R.<br />
L'Hftoire des Femmes qui fe font diftinguées<br />
par l'étude de la Philofophie, étant le fufet<br />
que j'entreprens de traiter ici, je parlerai<br />
premièrement de celles qu'on ne peut ranger<br />
fous aucune SeGte , parce qu'on ne fçait pas précisément<br />
laquelle elles ont embraffée ; enfuite<br />
après avoir diftingué les différentes Sectes qui<br />
ont partagé la Philofophie , je placerai fous<br />
chacune de ces Sedes les Femmes qui les ont<br />
fuivies.<br />
Rî
f^^Ç^S— sssrss ï*»»^^^;^??**—<br />
CHAPITRE I<br />
Des Femmes Pkilofophes qu'on ne range fous ait'<br />
cune Selle.<br />
H I P P ( O.<br />
tIPPO, fille <strong>du</strong> Centaure Chiron, inf-<br />
I truifit jEole dans la contemplation<br />
| de la Nature, ainfi que le reportent<br />
{Clément d'Alexandrie au premier livre<br />
de fes Stromates, & Cyrille dans fon IV. livre<br />
contre Julien. Or l'étude de la Nature eft, fans<br />
doute, la principale partie de la Philofophie.<br />
Euripide auffi nous dépeint Hippo, comme s'étant<br />
exercée dans la feience de la divination, &<br />
l'annonce comme une femme verfée dans l'Aftro.<br />
lqgie ; c'eft ce qu'on peut voir encore dans les<br />
Stromates de Clément, livre IV.<br />
*k,M*
FEMMES PHILOSOPHES; 1931<br />
A R I S T O C L É E .<br />
" Il fera parlé de cette femme Philofophe, fou»<br />
k nom de Thémijloclce, dans la clafle de celle»<br />
qui ont adopté la Sefte de Pythagore.<br />
C L E O BULINE.<br />
CLEOBULINE, étoit fille de Cléobule, l'un<br />
des fept fages de la Grèce. C'eft ce qui la fit nom*<br />
mer ordinairement Cléobuline, car fon père, félon<br />
ce qu'en dit Plutarque, l'apelloit Eumétide.<br />
Elle compofa des Enigmes en vers hexamètres, à<br />
t'occafion defquels Athénée , livre X. chapitre<br />
XV. parle d'elle avec éloge. Ariftote dans fa<br />
Rhétorique , livre III. chapitre II. raporte cette<br />
Enigme célèbre qu'elle fit fur Implication d'une<br />
ventoufe.<br />
Tai vu F Airain & le Feu unis enfembie fur h<br />
torps £un homme. (1)<br />
Plutarque, dans fon Banquet des fept Sages,'<br />
attribue expreffément cette Enigme à Cléobuline;<br />
& dans le même livre , Thaïes la décore <strong>du</strong> titre<br />
de Sage : titre, qui félon l'auteur de l'indice de<br />
Plutarque, fignifie l'étude qu'elle faifoit de la Phi-:<br />
(1) la Tra<strong>du</strong>âion d'Amiot eft ,<br />
jTui v» ciller 4» cuivre avec le /«»,<br />
Dtjfiti le ctrfi d'un homme en fini d'un lieu.<br />
R4
Swo F E M M E S<br />
lofophie. C'eft aufli dans un pareil fens que l'a<br />
pris Charles Caton, homme dont le fçavoir égaloit<br />
la modeftie. Cratinus n'a point oublié cette<br />
fçavante femme, dans la Pièce qu'il a intitulée de<br />
fon nom, ks Cléobuline s, Car il paroît par le témoignage<br />
de Diogène Laërce , dans la vie de<br />
Cléobule, & par celui d'Athénée, au chapitre<br />
XXI. de fon IV. livre, que le titre de cette Pièce<br />
doit être mis au plurier, & Pollux s'eft trompé<br />
lorfque dans le chapitre XI. de fon VII. livre,<br />
il la cite au fingulier la Cléobuline. Au refte,<br />
outre ce que difènt de Cléobuline , Plutarque<br />
& Diogène Laërce, dans les ouvrages que nous<br />
avons cités ; outre ce qu'en a dit Suidas , fous le<br />
titre de Cléobule , il faut encore voir Clément<br />
d'Alexandrie, au IV. livre des Stromates, où<br />
>1 nousaprend que Cléobuline lavoit les pieds des<br />
étrangers qui venoient chez fon père. C'étoit<br />
autrefois la coutume, que les femmes lavaflent<br />
les pieds des hommes : nous l'aprenons dans<br />
l'Odiffée d'Homère, livre XIX. l'Apôtre S. Paul<br />
dans fa I. Epître à Timothée, chapitre V. Samuel<br />
, livre I. chapitre XXV. & Plutarque,<br />
Traité des Venus des Femmes , nous font tous<br />
autant de garans de cet ufage ; enfin on y peut<br />
«ncore joindre l'Oracle qui fut donné aux Mile"<br />
Tiens, dont Hérodote a fait [mention.
P H IL OS O P HE S. aoi<br />
A S P A S I E.<br />
ASPASIE, Miléfienne, fut fille d'Axioçus ; elle<br />
énfeigna la Rhétorique à Pérklè^ & à Socrate »<br />
& ce fut encore fous elle que ce dernier étudia<br />
la Philofophie:voyez Platon dans le Menexeme, &<br />
Clément d'Alexandrie au IV. livre de fes<br />
Stromates. Le talent de bien tourner un a>gument,&le<br />
don de l'éloquence, fi rare dans fon<br />
fexe, lui font attribués par Suidas, fous le titre<br />
Afpafie , 5c par le fcôliafte d'Ariftophane, fur la<br />
Comédie des Acharniens ; Athénée, dans fon livre<br />
V. dit auffi qu'elle fit des vers,& en cite<br />
plufieurs d'après Herodicus Cratetius. Elle<br />
fut d'abord la concubine de Pérklès., mais<br />
enfuite elle devint fa femme. Périclès l'époufa<br />
lorfqu'elle fut prife par les Athéniens, & fit ea<br />
cela un mariage très-funefte à fa Patrie ; puisqu'il<br />
fut l'occafion de deux grandes guerres, celle<br />
de Samos & celle <strong>du</strong> Péloponèfe. Voici ce qu'en .<br />
dit Ariftophane dans fa Comédie des Acharniens;<br />
Des jeunes gens ivres & pleins des jeux qu'ils<br />
avoient faits pendant lefeflin , partent pour Méga -<br />
re, & en enlèvent la Courtifanne Simoïthe. Les<br />
Mégariens irrités , enlèvent à leur tour deux filles<br />
de joie apartenantes à Afpafie. Cefi ainfi que trois<br />
femmes de mauvaife vie firent naître une cruellt<br />
guerre en Grèce, ce fut là ce qui excita la colirt.
Se* F E M M E S<br />
de rOlimpien Pir'ulis : il faifoit pronier le ton*<br />
«erre, il lançoit la fondre, & mettoit toute la Gréée<br />
en combuftion. Il publia des décrets , qui itoitnt<br />
écrits comme des chknfons de table. Il vouloit qu'on<br />
étoffât les Mégariens <strong>du</strong> pays , des marchés , des<br />
mers, 6» <strong>du</strong> continent. Ceux-ci preffés par la faim »<br />
prièrent les Lacédémoniens défaire révoquer un décret,<br />
qui n'étoit fait qu 4 toccafion de trois Courtifannes;<br />
mais nous rejettdmes leurs prières :de là vint<br />
ce bruit terrible de boucliers.<br />
Athénée s'eft auffi fervi de ce pafiage d'Ariftophane,<br />
dans fon III. livre.<br />
Plutarque mérite bien d'être enten<strong>du</strong> fur le<br />
fujet d'Afpafîe. Voici de quelle façon il s'exprime<br />
, en parlant de cette femme dans la vie de<br />
Péricles. Comme on croit que ce fut pour Vamour<br />
m*Afpa/te quePir'iclis fe déclara ennemi desSamiens,<br />
il ne fera pas hors de propos , de dire quelque chofe<br />
de ladreffe de cette femme , €r de Vafcendant<br />
qu'elle fut prendre fur les principaux de la République<br />
; & même fur tes Phitofophes , qui ont parlé<br />
d'elle dans des termes tris - honorables. On convient<br />
qu'elle étoit originaire de Milet , & fille<br />
fAxiochus. On dit qu'elle marcha fur les traces<br />
d'une certaine Thargelie, ainfi que des anciennes<br />
femmes de rionie , recherchant & cultivant avec<br />
foin tamitié des perfonnes , que leurs r'uhcjfcs<br />
rendoient confidèrables. Cette Thargelie douée<br />
d'une beauté, que Us grâces accompagno'unt y c*
P H I L O S O P H E S ; 10?<br />
ornée d'une ponde dêlicateffed'efprit, avait entretenu<br />
des liaifons avec plufîeurs Grecs, & les avoit<br />
fait entrer dans les intérêts <strong>du</strong> Roi ; elle s'étoit<br />
même fervie d'eux pour répandre fecretement Us<br />
principes defafe&e che{ les Meics. Mais on die<br />
que ce fut la prudence d'Afpafie , 6» fa capacité<br />
.dans ce qui concernait les affaires <strong>du</strong> Gouvernement,<br />
qui lui attachèrent Périclès. Socrate , lui •même ,<br />
& fes amis la fréquentèrent ; 6>les difciples de Ce<br />
Philofophe lui amendent leurs femmes, pour qu'elles<br />
profitaient de fa converfation, quoique fa maifon ne<br />
fit pas fort honnête,puifqu'elle entretenait des Courtifannes<br />
che{ elle. JEfchine raporte que Lyciclès ,<br />
qui trafiquoit en befliaux, & qui après la mort d e<br />
Périclès eut commerce avec Afpafie, devint par<br />
fon moyen , malgré la baffeffe de fi condition ô»<br />
un efpr'u des plus médiocres ,l'homme le plus confîdérable<br />
d'Athènes. Il y a un Dialogue de Platon ,<br />
intitulé le Ménéxene, qui, quoique dans fon commencement<br />
il foi t écrit d'un flile affe^ jovial, ne laiffi<br />
pas de dire avec vérité , que plufîeurs Athéniens-<br />
'paffoientpour avoir recherché le commerce d'Afpafie<br />
£ caufe de fa capacité dans Fart de bien dire: mais<br />
il eft vraifemblable que Vamour que Périclès eut<br />
pour elle , vint d'une fource moins eftimabte. It<br />
avoit une femme, qui était même fa pa rente : elle<br />
avoit été mariée, en premières noces avec Hippon'r<br />
eus , <strong>du</strong>quel elle avoit eu Callids , qui fut dtpui*<br />
Jifiingué par fes grandes ticheffes. Périclès lui.
Ho4 .; F E M M E S<br />
avait aujjl donné deux fils, Xantippus & Paraius ;<br />
mais comme il ne taimoit point, 6* que pareillement<br />
elle n'avait point de tendrefftpour lui, Piricjès<br />
la donna à un autre , à quoi elle confentit ellemême.<br />
Il époufa enfuite Afpafie , qu'il aima d'une<br />
manière furprenante ; car fait qu'il fortît de fa<br />
maifon , foit qu'il y rentrât, illafaluoit toujours<br />
par un baifer. On lui donnoit dans les Comédies,<br />
tes noms de nouvelle Omphale, de Dijanire & dt<br />
Junon. Cratinus Va traitée dt concubine , en (e<br />
fervant de ces mots.<br />
. Au rtfle cette Afpafie fut fi célèbre, &fi diftinguée<br />
, que Cyrus, qui difputa la couronne au Roi<br />
de Perfe, donna le nom
P H I L O S O P H E S , aoj<br />
mot ASPASOU , & au-deflbus l'image d'une belle<br />
ïemtne, ayant une longue chevelure qui lui totnboit<br />
fur la poitrine & les épaules : elle étoit OH<br />
née d'un collier. & de pendans d'oreilles, arméo<br />
d'un cafque & d'une cuiraffe : le cafque étoit<br />
fur<strong>mont</strong>é.d'un char attelé de quatre chevaux ï le<br />
haut <strong>du</strong> char étoit orné d'unPégafe & d'un Sphinx.<br />
Caninius & Bellorius qui ont reprefenté cette An-;<br />
tique,celui-ci àznsfes Images desHommes Illuftres »<br />
& l'autre dans/o» Traité des images,,ont crû quet<br />
cette femme étoit Afpafie de Milet, qui inftruifit<br />
Scrate; mais, n'en déplaife à cejsfçavans hom«<br />
mes, je ne vois pas comment Afpafos peut figni-<br />
&tT\Afpafie. J'ajoute que le mot d'A/pa/osae fe<br />
trouve nulle part dans les livres des Anciens , &v<br />
que fi on l'y trouvoit, ce feroit le nom d'un,<br />
homme , & non pas celui [d'une femme. S'il yt<br />
avoit Afpafoo, on pourroit l'interpréter tolérable*<br />
ment par Afpafée, &. je.m'imagine que le Gra.<br />
veura voulu dire Afpafous , au génitif, au moins<br />
le devoit-il.<br />
D I O T I ,M E.<br />
DIOTIME enfeigna à Socrate cette partie de U<br />
Phîlefophle-, quïâprend à'régler l'amour,' comme<br />
on le lui fait dire à,lui-même dans le Ban-*<br />
quet de Platon. II faut lire les Platoniciens fur<br />
cette partie de l'ancienne Phîlofophie, & prihç'i-'
M6 F E M M E S<br />
paiement Maxime dt Tyr. Pour ce qui regard*<br />
Diotime ; outre ce qu'en a dit Platon dans<br />
l'endroit que nous venons de citer , voyez LUT<br />
tien dans fon Traité de* Images.<br />
B É R O N I C E.<br />
Photius, dans fa Bibliothèque, met BERONICE<br />
au nombre des Philofophes, qui ont fourni des<br />
maximes à Stobée. Quatre Reines ont porté ce<br />
nom, mais aucune d'elles n'eft celle dont nous<br />
parlons. Il ne la faut pas confondre non plus<br />
avec cette Bérénice, dont Valere, Maxime, Pline<br />
6c Paufanias ont parlé, & dont on raconte<br />
qu'elle fut la feule femme qui eut la permiffion<br />
d'affifter aux jeux de la Lutte, parce qu'elle avoit<br />
con<strong>du</strong>it fon fils Euclée aux combats Olympiques ;<br />
{tant de plus née d'un père qui piufieurs fois y<br />
avoit remporté la viôoire : & ayant des frères qu><br />
avoient eu part à la même gloire. Au refte ,<br />
Béronice,Bérénice & Phérénice eft le même nom.<br />
P A M P H I L A.<br />
/<br />
. PAMPH1LA étoit d'Epidaureen Egypte, elle<br />
eut pour père Stotéride, célèbre Grammairien.<br />
Suidas l'apelle la fçavante d'Epidaure, & Photius<br />
dit que fes ouvrages font pleins dePhflofophie.<br />
Elle a écrit huit livres At. Mélanges, dont Pho-
P H I L O S O P H E S . «07<br />
tins parle dans fa Bibliothèque. Suidas dit qu'il<br />
y en ayoit trente , & qu'elle a traité plufieur*<br />
autresfujets, commet'Airegé de Cufias, des Abrégés<br />
fjffiftoires, un ouvrage fur les Difputts , Se<br />
un autre fur la fête de Vénus. Elle vivoit <strong>du</strong><br />
tenu de Néron : Diogène Laërce cite fort fouvent<br />
fes ouvrages : Aulugelle y renvoyé auffi,<br />
Voyez fon livre XV. chapitres XVIII. 6c XXIII*<br />
Sotéride fon père lui dédia' fes Commentaires ,<br />
voyez Suidas à l'article Sotéride. Elle époufa So.<br />
cratide, comme Suidas le raporte , à l'article<br />
Pamphila ; & Photius dit qu'elle vécut trtize<br />
ans avec fon mari.<br />
C L É A.<br />
C'eft celle à qui Plutarque a dédié fon livre<br />
Des vertus des femmes ; 6c dans cet ouvrage il lui<br />
attribue une grande le<strong>du</strong>re. Il dit auffi que<br />
lorfque la mort l'eut privée de l'excellente Léon*<br />
tide, que nous conjecturons avoir été la mère<br />
de Cléa, il eut avec elle une converfation, dans<br />
laquelle il lui adreflades confolations philosophiques,<br />
d'où Fon peut conclure qu'elle avoit <strong>du</strong><br />
goût pour la Philofophie.<br />
i^wrti
to2 ' F E M M E ; S : :<br />
E U R Y D I C E .<br />
r* - - -<br />
EU RYDICE étoït femme de PolKàn. PlutarqW<br />
leur a dédie en commun fes Préceptes fur le nia.<br />
riage ; & il dit aufli qu'Eurydice avoit été élevée<br />
dans l'étude de la Philofophie. Joncius dans<br />
fon III. livre des Ecrivains qui ont traité l'hiftoire<br />
de la Philofophie , chapitre VI , la fait<br />
"fille de Plutarque ; mais je nefçais d'où il peut<br />
avoir pris cela. Au refte il ne faut pas-la confondre<br />
avec une autre 'Eurydice , qui, étant<br />
étrangère , & comme Plutarque l'apelle tris*<br />
étrangère , puifqu'elle étoit Illyrienne & de la<br />
ville d'Hiérapolis, s'apliqua pourtant dans un âge<br />
déjà avancé, à l'étude desfciences, afin de pouvoir<br />
donner une meilleure é<strong>du</strong>cation à fes énf ans.<br />
Elle a fait elle-même àxe fujet^ une belle Epir<br />
gramme, que Plutarque rapoïte à la fin de fou<br />
livre fur tE<strong>du</strong>cation 'des Ertfans.' :<br />
" • ' : ' " ' !•->•• •'--•.:.::<br />
J Ul I E' & XX M N ,'AJ-...: ii»<br />
*",' ' • ' '•' - 1 :; "'•' ••- ^-'> '• \j\\r; '.'.•'. :'i i'i;nis;<br />
'*• JULÎE DOMNA avdipf eponfé'i KEmp^mp<br />
Sévère. Dion Caffius p*rlë l -d5tHéi en:.
P H I L O S O P H E S . 109<br />
Philifcus ; Anton'm , dit-il, ê toit fils de. Jupe Philofophe,<br />
il parloit d'Antonin Caracalla; & c'eft<br />
ainfi qu'il faut lire ce paffage, fuivant l'excellente<br />
correâion de Claude SaumaHe , fur iElius<br />
Lampridius y car auparavant on lifoit, Antonin .<br />
«toit fils <strong>du</strong> Philofophe. Philoftrate continue<br />
ainfi en parlant <strong>du</strong> même Logicien , Philifcus<br />
ayant augmenté le nombre des Géomètres & des ,<br />
Philofophesquifrèquentoient Julie, obtintparfafaveur<br />
que l'Empereur Caracalla lui donnât la chaire<br />
Philofoph'ique d'Athènes ; car c'eft encore de cette<br />
manière que ce paffage doit être lu, fuivant la<br />
correâion de Saumaife ; au lieu de ce qu'on lifoit<br />
auparavant, par leur faveur. L'Impératrice<br />
Julie connoiffoit Philoftrate, auffi-bien que quan-*,<br />
thé d'autres gens d'étude qui paffoient des jours<br />
entiers auprès d'elle. T{etires raporte dans la.<br />
quarante-cinquième Hiftoire de fa fixiéme Chiliar-'<br />
de, qu'elle étoit fouvent dans leur compagnie.'<br />
Julie étoit de Syrie, de la ville d'Emeffa, Se<br />
on l'amena de ce pays pour lui faire époufer Sévère.<br />
Spatien raporte fur Sévère, que ce Prin-ce<br />
ayant per<strong>du</strong> fa femme, faifoit tirer r horofeop^detcutes<br />
celles qu'il penfoit à époufer, & Véxaminoit<br />
lui-même', étant habile Mathématicien; qu'il aprit<br />
qu'il y avait en Syrie une femme dont l'horofeope<br />
lui pouvait faire efpèrer un heureux hymen avec<br />
elle, & la demanda en mariage.<br />
On prétend qu'apsès la mort de Sévère, el-j<br />
Tome /IL S
21» F E M M E S<br />
le époufa Antonin Caracalla, fils de ce Prince,<br />
d'un premier lit. Spartien , fur Caracalla , raporte<br />
ainfi cette hiftoire. // efi important defçavoir<br />
de quelle manière il fe maria avec fa belle-nure<br />
Julie. Elle itoit tune grande beauté, &• ayant<br />
un jour exprès négligé fon habillement, Caracalla:<br />
lui dit, qu'il F aimerait s'il lui était permis? il fera<br />
permis, lui répondit-elle , fi vous le vo*le\ : n'êtesvous<br />
pas Empereur ? c'tfi À vous de donner des<br />
loi», 6» non point d'en recevoir. Ce difeours ayant<br />
augmentélapaffion de Caracalla-, il époufa Julie»<br />
fans faire attention que fi c'étoit en effet à lui de<br />
donner des loix, c'étoit encore plus à lui d'empêcher<br />
de femblables allions ? car dans le fond c'étoit famère<br />
qu'il prenait pour femme. U joignit par - là.<br />
l'incefte au parricide, n'y ayant pat long-ttms qu'il<br />
avoit fait mourir le fils de celle qu'il prenait pour<br />
ipoufe. AureliusViâor,Eutrope StQrofe font d'ac*<br />
cord fur ce fait avec Spartien ; mais des témoins,<br />
qui font au -deflus de toute exception , aceufenc<br />
Ceux-là de faufleté ; fçavoir.Hérodien, Oppien Se<br />
Philoftrate, écrivains contemporains de Julie, &<br />
qui s'accordent à dire que Julie étoit propre mere-<br />
& non belle-mere de Caracalla. D'anciennes.<br />
Jhonnoies & inscriptions témoignent la- même<br />
chofe ; en forte que perfonne ne doute à prefent<br />
que Caracatla n'ait été fils de Iulie Dorana, &<br />
soa d'un premier lit de Sévère» && de-quoi les<br />
pavana ont déjà fait paît au Public ; Cafauboa fit
P H I L O S O P H E S , m<br />
Saumaife,fur l'Hiftoire d'Augnfte;Triftan,dans fes<br />
Commentaires Hiftoriques ; Spanheim, dans fa<br />
feptiémeDiflertationfuiT
lu F E M M E S<br />
M Y R O .<br />
On trouve ces paroles à fon fujet dans Suidas.<br />
MYRO Rhodienne , étoit Philofaphe. Elle<br />
a écrit des pièces de Rhétorique fur les femmes<br />
qui ont été Reines. Elle a aufli écrit des<br />
Fables. Ceft Suidas qui la raporte. Il faut<br />
la diftinguer d'une autre Myro, célèbre Poëte,<br />
qui fut fille , ou mère d'un Auteur tragique<br />
nommé Homère, & l'un des Poëtes de la Pléiade<br />
; ( i) car celle-ci étoit de Byfance comme le<br />
raporte Suidas. Athénée la fait aufli originaire<br />
de cette ville , dans fon livre XI. chapitre XII»<br />
suffi-bien qu'Euftathe , fur l'Iliade d'Homére<br />
, Kvre XXIV. vers 310» «xcepté que dans<br />
ce dernier partage on lit le nom de Moirotu<br />
Ken de Myro. Elle a écrit, pour le dire aufli en<br />
paflant, des vers élégiaques & lyriques au raport<br />
de Suidas , outre un- outrage que, félott<br />
Athénée, elle a intitulé Anèmofyne» & un livre<br />
fur les DiaUttcs, fuivant ce que dit Euftathe»<br />
{O Ou apelloit ainfi firpt Portes .contemporains, pu<br />
alUifion aux fepe Etoile, de 11 Pléiade : fçavoir, Théocii»<br />
te , Aratui , Apollonius, ilantii, Philicuj > Homère I»<br />
jeune, Po?te tragiquey Se. Lycophroa : voyez le Tréli*<br />
d*£ticnne au mot Pléiade-, & ie f tVie , Poètes Grecs»
PHILOSOPHES. aiï<br />
SOSIPATRE.<br />
SOSIPATRE étoit d'Afie. C'étoit une femme<br />
fçavante, riche, belle & remplie de générofité :<br />
elle avoit époufé Euftathe, Gouverneur de Cappadoce.<br />
Après fa mort elle fut aimée de Philo-"<br />
metor fon parent : c'eft ce que raporte Eunapius<br />
parmi d'autres chofes ; c'eftlui auflî qui nou s<br />
iaprend que Sofipatre s'étoit apliquée à la Philo^<br />
fophie, & en avoit enfeigné les principes à fes<br />
enfans.<br />
A N T H U S E.<br />
Voyex comment Photius parle d'elle dans fo<br />
Bibliothèque , en faifant les extraits de la vie <strong>du</strong><br />
Philofophe Ifidore écrite par Damafcius. // raporte<br />
que la divination par les nuées, dont les Anciens<br />
n'avoient aucune connoiffance,. avoit été inventée<br />
par une femme r qui vivoit <strong>du</strong> temsde Lion<br />
Empereur de Rome. On la difoit née à JEgé de<br />
Ciliùeielle prétendait être defeen<strong>du</strong>e dtsCappadocci,<br />
qui habitaient près de Comane, au <strong>mont</strong> Orefiiade,<br />
& elle faifoit re<strong>mont</strong>er fon origine jufjuà Pelops.<br />
Inquiète dy.fortde fon mari\ qui avoit un emploi<br />
militaire, & qui avoit été envoyé avec d'autres â<br />
la guerre• de'Sitili , elle -pria en fo-hge , qu y elle pût<br />
connaître taveniry & fit fa prière en fe tournant<br />
vers CQritati. mais fan père Zavertie en fonge » dd
114 F E M M E S<br />
prier auffi en fe tournant vers le foleit couchant. Il<br />
arriva donc, que pendant qu'elle itoit en prière , il<br />
fe forma une nuée autour <strong>du</strong> foleit, quoique le tems<br />
fûtferein, & cette nuée s'étant augmentée, prit la<br />
forme d'un homme. En mîme-tems , il fi fornut<br />
une autre nuée, qui devint de la mime grandeur<br />
que la première & fut changée en un lion d'une<br />
aparence terrible , qui dévora F homme : cet homme<br />
avoit aujjt la reffemblance d'un Goth. Peu après<br />
l'Empereur Léon fit mourir en trahifon Afper , chef,<br />
des Goths, & fesfils ; 6» depuis ce tems-lâ Anthwfe<br />
étoit continuellement à réfléchir fur les moyens Ëe<br />
prédire l'avenir par la contemplation des nuées.<br />
Gaflfarel dans Tes Curiofités inouïes , chapitre<br />
H. , (outient qu'on peut lire plusieurs choies<br />
dans les nuées. La contemplation des nuées<br />
étant une partie de la Phyfique, & la Phyfique<br />
faifant partie de la Philosophie ; l'Aftrologie d'aiL<br />
leurs étant une Philofophie théorétique, comme<br />
Fapelle Ariftote dans le XII. livre de fa Metaphyfique,<br />
chapitre VIII. » rous avons crû devoir<br />
compter Anthufe parmi les femmes qui ont été<br />
Philofophe»..<br />
A G A N I C E.<br />
AGANI€Epeut être jointe à Anthufé pour Ta<br />
conformité de goût. Elle étoit fille dfHégétor ,<br />
Theflâlîei», & ayant obfërvé le» pleines. lunes ,
P H I L O S O P H E S. ir$f<br />
<strong>du</strong>rant lefquelles cet aftre s'éclipfe , & compris<br />
par raifonnement les tems où il fe trouve couvert<br />
de l'ombre de la terre, elte perfuada aux<br />
femmes de fon pays qu'elle pouvoit faire descendre<br />
la lune <strong>du</strong> ciel. Voyet Plutarque dans fe»<br />
Préceptes- fur te mariage, vers la fin»<br />
. E V D O C I E.<br />
EUDOÇIE, étoit Athénienne; elle s'apelloi*<br />
auparavant Athénaïs. Elle étoit fille d'Heraclite ,.<br />
Philofophe d'Athènes , ou comme d'autres veulent<br />
, <strong>du</strong> Rhéteur Léonce » & devint époufe de<br />
l'Empereur Théodofe le jeune. Voici comme<br />
l'auteur de la Chronique Pafiale y taporte foa<br />
hùtoire , à la CGC» Olympiade»<br />
„ Théodofe, le plus jeune Augufte, croiffant<br />
», en âge , fut élevé dans le-palais fous les yeux<br />
,, de fon père, auffi tong-tems que celui-ci vé-<br />
„ eut. Après làr mort de fon père, on.élev*<br />
„ avec lui le jeune Paulin,. qui- étoit fils d'un.<br />
y, Comte de fa maifon, & pour lequel Théodofe<br />
„ avoit beaucoup d'amitié» Le jeune Augufte»<br />
y, étant devenu homme fait, fouhaita de fe ma»<br />
„ rier, & en partait fouvent à fa feeur Pulché*<br />
»» rie Augufte »qui ne s'étoit point mariée, pouo-<br />
^ pouvoir prendre plus de foin de foi» frère.<br />
,. Pulchérîe de fon côté raflembloit beaucoup de<br />
»» jeunes filles.» iflues. de familles patriciennes.»
*i6 F E M M E S<br />
» ou de, fang royal, qu'elle vouloit feîre élever<br />
» dans le palais, fuivant en cela l'intention de<br />
» Théodofe, qui lui avoit dit qu'il founaitoit de<br />
»? trouver quelque fille , dont la beauté fût fi<br />
«éclatante, qu'elle effaçât toutes les filles de<br />
» Conftantinople ; il fouhahort aufli qu'elle fût<br />
» de fang royal ; mais, avoit-il ajouté , c'eft en<br />
» vain qu'elle feroit d'une illuftre naiflânce: je ne<br />
» ferai cas ni de fon rang , ni de fa nobleffe ,<br />
a ni de fes richeffes , fi en même - tems elle n'eft<br />
» pas d'une beauté extraordinaire : en un mot<br />
» je me déterminerai pour la plus belle, quand<br />
» même fa naiflânce ne feroit pas relevée. La<br />
» Princeffe Pulchérie, qui tâchoit de fervir cette<br />
y> inclination de fon frère , envoyoit de tous cô«<br />
rt tés des gens qui avoient commiffion de cher-<br />
» cher quelque fille qui eût les qualités que de-<br />
» mandoit Théodofe, & elle étoit aidée en cela<br />
» par Paulin ,favori de l'Empereur, qui, pour<br />
» plaire à fon maître, faifoit toutes les perquifir<br />
»» tions pofiibles.<br />
» Il arriva dans ce tems-laqu'une jeune fille, Grec-<br />
» que de nahTance,d'une beauté finguliére,ck d'un,<br />
n efprit fort cultivé, vint à Conftantinople. EU*<br />
n s'apeloit Athénaïs, & elle étoit fille <strong>du</strong> Philofo-<br />
» phe Heraclite: elle venoit voir unetante, fœur.<br />
» de fon peré ; & voici l'occafion de fon voyage.<br />
irLe Philofophe Heraclite, père d'Ath-énaïs.,<br />
» avoit deux fils- qui s'apeUoient Yalériea & Ge-
PHILOSOPHES. tvf<br />
n néfius : étant près de mourir, il fit fontefta-<br />
» ment, par lequel il déclaroit fes deux fils heri-<br />
» tiers de fes biens ; & pour ce qui eft d'Athé*<br />
'» naïs, voici ce qu'il en àifoit : quant à mâché-<br />
» re fille, je veux qu'on ne lui donne que ctntfeft><br />
tercet '.fa beauté & fan 4fprit fuffifant pour i'é-<br />
» tablir, puifqu''elle furpaffe tout fonfexe dans cet<br />
»> avantages. Après avoir ainfi réglé fes affai-<br />
» res, Heraclite mourut. Son testament fut ou-j<br />
» vert, & Athénaïs voyant qu'il avoit eu fi pett<br />
» de foin d'elle, fe mit à faire de fort tendres<br />
» prières à fes frères, qui étoient fes aînés : el-<br />
» le fe jetta à leurs genoux, & les fuplia inf-<br />
»> tamment qu'ils voulurent bien n'avoir pas<br />
» égard au teftament de leur pere,& lui donner la<br />
» troifiéme partie de fon héritage, dtfant qu'elle<br />
>> n'a voit point commis de faute qui dût la faire<br />
» traiter ainfi ; qu'ils n'ignoroient pas eux-mâ-<br />
!» mes quelle avoit été fa tendrefle pour fon<br />
>» père. Je ne puis comprendre, ajoutoit• elle ,<br />
J» pourquoi il m'a déshéritée à fa mon, & m'aen-<br />
.*> vie une portion de fes biens. Mais fes frères<br />
» ne firent aucun cas de fes prières, & fe livrant<br />
» à leur emportement, la chafférent de la mai-<br />
» fon paternelle. Athénaïs fut recueillie par fa<br />
». tante, foeur de fa mère, qui en agit avec elr<br />
» le, non-feulement comme envers une pupille,<br />
;» mais lui donna même toute l'attention dont<br />
.»•' avoit befoin,une jeune fille, quj.luiapattenoit<br />
Tome III. T v
*i& . F JE M- M E S<br />
•» comme fille de fa fœur. Non contente de<br />
» cela elhe la con<strong>du</strong>isit chez la fœur d'Heraclite,<br />
» 6k. ces deux tantes d'Àthéaaïs, ayant pris fa<br />
» caufc en main, réfolucent de tra<strong>du</strong>ire fes fren<br />
res en juftice. Pour cet effet, elles s'adref-<br />
» firent à la PrrncetfePulchérie, fœur de Théoaï<br />
dofe, qui paffoit pour être fort reUgieufe.<br />
•> Elles lui reprefentérent les mauvais traitemens<br />
» qu'Aihéaaïs a voit reçus de fes frères, & en<br />
s> même-.tenu elles lui parlèrent de l'efprit de<br />
*> cette jeune fille.. Polchérie voyant dans cette<br />
» fille une grande beauté jointe à un grand<br />
» efprit, & l'entendant parler avec tant de<br />
» jufteffe & de feas, demanda à fes parens<br />
*> fielleétoit vierge r & ayant apris qu'elle l'éu<br />
toit, qu'elle, aroit été gardée avec foin chez<br />
» fon père, ÔCqu'il a voit pris beaucoup de peine<br />
» à lui enfeigner la Philofophie, elle voulut<br />
»> qu'elle demeurât dans le Palais avec les autres<br />
n Dames, & les Demoifelles d'honneur qui y<br />
» étoient. Elie ajouta qu'elle agréoit la prière<br />
M de fes tantes, ck. étant allée trouver l'Empe-<br />
»> reur Théodore, elle lui dit, qu'elle a voit trou-<br />
» vé une jeune fille comme il la foùhaitoit, &<br />
» lui en fit le portrait. EHe eft, dit-elle, fa-<br />
» ge & pleine d'agrémens, elle a le front bien<br />
*> pris , les traits réguliers, le nez proportionné ><br />
*> -la peau blanche, «te grands yeux, le porffor*<br />
» beau, les cheveux btoftds & boudés , ta dé-
PHILOSOPHES. ai*<br />
•n marche pofée ; elle eft avec cela bien élevée r<br />
» c'eft une jeune Grecque. A peine Théodofe<br />
»> eut enten<strong>du</strong> cette description, qu'il fouaaita<br />
» de juger par lui-même de' lafincérité <strong>du</strong> por-t<br />
» trait, il manda /on favori Paulin, & pria: fit<br />
» foeur de faire venir Athénaïs dans fa chambre ,<br />
» fous prétexte de quelque affaire, afin qu'il<br />
» pût la voir avec Paulin au travers d'une ja-<br />
» loufie. ' Athénaïs fut mandée dans la cham-<br />
M bre de Pulchérie, elle plut à Théodofe , Ô£<br />
,J> Paulin ne fut pas moins étonné de fa beauté.<br />
» On l'inftruifit dans le Chriftianifme, car elle<br />
n étoitpayenne & grecque de religion , Se elle<br />
» fut nommée EuietU.<br />
Socrate raporte la même hiftoire avec<br />
quelque variété, dans fon Hîftoirt EccUJîœfti*<br />
que, livre VII. chapitre XXI. -H parie de<br />
la victoire que les Romains avoient remportée<br />
fur les Perfes ; & voici comment il s'ex*<br />
prime. •• .<br />
» Comme on ne pouvoit douter que ce ne<br />
» fût par une proteâion fpéciale <strong>du</strong> Ciel, que<br />
u les Romains avoient obtenu une fi glpricufe<br />
» viâoire, plufiaurs grands hommes employé-,<br />
M- cent leur éloquence à, relever les louanges de<br />
*> l'Empereur par des panégyriques qu'ils reei-<br />
» toient en public. L'Impératrice elle-même,<br />
J> femme de Théodofe le jeune, fit un Poëme en<br />
M vers héroïques, car ellejétoit fort fçavante,<br />
T 2
MS F E M M E S<br />
» étant fille <strong>du</strong> Rhéteur Léonce qui l'avoit éle*<br />
»> vée avec beaucoup de foin, & inftruite dans<br />
» toutes les Sciences. Lorfque l'Empereur Théon<br />
dofe voulut l'époufer, l'Evéque Atticus la<br />
• convertit, au Chriftianifme, & elle reçut an<br />
w baptême le nom d'Eu do cie au lieu de celui<br />
t> d'Athénaïs.<br />
Evagre dans le I. livre de Ton Hiftoire ,'<br />
Chapitre XX. en parle ainfi. « Théodo-<br />
» fe époufa par le confeil de Pulchérie fa<br />
>> fceur Eudocie, née Athénienne, fort belle<br />
» perfonne, & très-habile en Poëfie; elle reçut<br />
m auparavant les eaux <strong>du</strong> faint baptême, &c.<br />
» Long-tems après, Eudocie allant à la fainte<br />
*> cité de notre Seigneur, paflfapar Amiocheoù<br />
•> elle harangua le peuple, & finit Ton difcours<br />
•» par ce mers. J'ai fouhaitè de paffhr pour être<br />
•> nie de voire fang , & je me réjouis de Pitre.<br />
•»> Elle vouloit parler de* Colonies qu'on avoit<br />
» envoyées de Grées à Antioche, &c. En re-<br />
M connoiffance les habitans d'Antioche lui éle'<br />
- vérent une ftatue d'airain qui fubfifte encore.<br />
Ecoutons aufli le récit de Nicéphore , livre<br />
XIV. Chapitre XX III. Pulchérie Au-<br />
» gufte étant fort fage, & voyant que t'Empe*<br />
» reur devenoit d'un âge mûr , penfa à lui<br />
•> choifir une époufe, & elle jetta les yeux fur<br />
. » des filles de toutes fortes de familles, prin-<br />
, » cipalement fur celles qui étoient diftinguée*
PHILOSOPHES. aar<br />
* par la nobleffe, la beauté", les rkhefles &<br />
» d'autres dons pareils. Comme eUe étoit dans<br />
» cette penfée, il arriva fort à propos, qu'une<br />
» perfonne qui s'apelloit Athénaïs, & qui étoit<br />
» encore fille, vint d'Athènes auprès d'elle. Elle<br />
» étoit fille <strong>du</strong> Philofophe Léonce, & avoit beau.<br />
» coup de génie. Son père l'avoit inftruite dans<br />
» les lettres grecques & latines , de manière<br />
» qu'elle avoit fait plus de progrès que perfonne<br />
« dans la Philofophie pratique & contemplative,<br />
» & dans toutes les fubtilités de la Logique.<br />
» Elle furpaflbit toutes les perfonnes de foa<br />
.».» âge par la capacité qu'elle avoit dans l'Af-<br />
» tronomie, la Géométrie, St h Science des<br />
» nombres. Après que fon père l'eut élevée , &<br />
» inftruite de cette manière , il vint à mourir, &<br />
» fit fes fils Valerius & JEùus héritiers de fes<br />
» biens, deshéritant fa fille, fous prétexte que<br />
» fon efprit & fa beauté fuffiroient pour l'établir*<br />
» Athénaïs ayant par-là beaucoup de peine à vi-<br />
» vre, vint fe prefenter à Pulchérie, pour fe<br />
» plaindre <strong>du</strong> tort qui lui étoit fait par fes fre-<br />
» res, & Pulchérie voyant fa prudence, fes agré-<br />
» mens & fon admirable dextérité en toutes<br />
» chofes, forma le deffein de la marier à fon fre-<br />
» re. Après lui avoir donc perfuadé d'embrafn<br />
fer la religion chrétienne, elle fit venir l'Eve-<br />
» que Atticus, lui fit adminiftrer le baptême,<br />
» dans le temple de S. Etienne, premier mat*<br />
T3
fcaa F E M M E S<br />
» tyr, l'adopta pour fa fille , la fit époufer à fort<br />
» frère, & changea fon. nom d'Athénaïs en ce-<br />
•» lni d'Eudocie.<br />
Il faut obferver en paffant, que le père d'Athénaïs<br />
qui eft apellé Heraclite , par l'Auteur de la<br />
Chronique P a fi aie, eft nommé Léonce par" Socra.<br />
te, Nicéphore & Zonare. Elle eft auffi apellée<br />
elle-même Léontias, c'eft-à-dire , fille de Léonce,<br />
dans un diftique qui eft ajouté à la fin de la<br />
Métaphrafe Oâateuque , dont nous parlerons<br />
ci-deflbus.<br />
Ses frères que Socrate & Nicéphore apellent<br />
.Valerius & jEtius, font auffi apellés par l'Auteur<br />
de la Chronique Pafcale,Valérien & Généfius»<br />
mais Zonare, dans fes Annales, livre XIII. les<br />
,110mme Généfius & Valérius. Il ajoute qu'Eu-<br />
«locie obtint de l'Empereur le gouvernement d'II-<br />
Jyrie pour Généfius, & donna le rang de maître<br />
à Valérius. Elle ne fut point irritée contr'eux,<br />
& elle difoit que s'ils ne l'avoient pas chaffée,<br />
«lie ne feroit point venue à Conftantinople, ni<br />
parvenue à l'Empire.<br />
Il faut obferver auffi, que Socrate & Eragre<br />
font Athéaaïs, habile en Poëfie, & que l'Auteur<br />
«le la Chronique Pafcale , l'apelle Philofophe.<br />
£fous avons vu ce que Nicéphore dit <strong>du</strong> Poëase<br />
Héroïque qu'elle fit, pour célébrer les louantes<br />
de fou époux Théodofe. Il y en a qui dj-
PHILOSOPHES. »*$<br />
î ent qu'elle a fait auffi le Centon ( i ) fur notre<br />
Sauveur, qui eft vulgairement attribué à Probe<br />
Falcone, fur quoi on peut voir Lilius Giral<strong>du</strong>s.<br />
Zonare dit que les Centons d'Homère , font un<br />
ouvrage ébauché par un certain Patrucius, &<br />
achevé parEudocie. Il eft certain qu'elle a écrit<br />
la Métaphrafe Oâateuque, en vers grecs héroïques<br />
, qui compofehuit livres, & une Métaphrafe<br />
de Zacharie & de Daniel, outre trois livres de<br />
Ste Cyprienne martyre. Il faut voir fur ces<br />
Poëmes Photius dans fa Bibliothèque.<br />
SAINTE CATHERINE.<br />
On croit parmi le commun des Chrétiens.que<br />
Ste C AT HERINE, Vierge martyre, qui vécut<br />
fous l'Empereur Maxence, étoit fort habile dans<br />
les qûëftïons Philofophiques, jufques - là qu'elle<br />
combattit folidement les Philofophes Payens ,<br />
dont elle en engagea plusieurs par fes raifons à<br />
embrafler le Chriftianifme. Le fondement de cette<br />
opinion , eft qu'il y a une Hiftoire <strong>du</strong> Martyre de<br />
cette fainte, écrite en Grec , & qui fe trouve<br />
dans Sirnéon le Métaphrafte. On y lit ce que<br />
nous venons de- dire , & elle s'y donne elle.-mêtae<br />
pour avoir apris la Rhétorique, la Philofo-<br />
(i) P< ëme conipoK de pluiknrs vers, tiré 1 * de c6'.ê $c<br />
d'aune , & liés de tsl.e force . qu'ils font un fens comme 1»<br />
T4
»4 F E M M E S<br />
phie, îa Géométrie & plofieurs autres Sciences J<br />
& de là vient qu'à Paris les Profeffeurs en Philosophie,<br />
ont choifi fa in te Catherine pour leur patrone,<br />
& donnent vacances le jour de fa fête,<br />
qui eft au(B célébrée par les antres écoles, à l'imitation<br />
de celle de Paris.<br />
Le plus ancien écrivain qui a parlé de cette<br />
fille, eft l'auteur anonyme qui a écrit en Grec la<br />
vie de S. Paul de Latres, Hermite d'Elée près<br />
de Pèrgame, qui mourut le 5. Décembre 956»<br />
dans le mohaftére d'Aphafe, fur les frontières de<br />
la Phrygie. Mais cet auteur L'apelle JEC a tenue<br />
au lieu de Catherine. Voici fes paroles fuivant<br />
la verfion de Sirmond, qui trouva cette<br />
vie à Rome dans la bibliothèque de Sforze, & la<br />
tra<strong>du</strong>ifit en Latin pour le Cardinal Baronius. Le<br />
fouvcnirdcs autres faints eau/oit de lajoye à Paulj<br />
mais le ma rtyre d'JEcaterïne ne lui caufoit pas feulement<br />
de la joye , il en reffintoil même des tranfports.<br />
Baronius dans fes Annales, tome X.<br />
apelle cet écrivain un auteur fidèle. Euthyme te<br />
Moine , dit Zygabene y dans fes Commentaires far<br />
les Pfeaumes, ouvrage que l'on conferve en manuscrit<br />
dans la Bibliothèque <strong>Royal</strong>e, & dans celte<br />
"de Bigot, apelle aufli cette fàinte ^caterme,<br />
Pfeaume XLIV. Le Moyne en a publié l'a<br />
préface , dans fon Recueil intitulé Varia far.<br />
era-, &c. Cet Euthyme vivoit vers le commencement<br />
<strong>du</strong> quatorzième fiéde, Cette faune eûauflj
PHILOSOPHES. -M?<br />
apelée jEcaterine dans le Tableau de l'ancienne<br />
Grèce, qu'a donné le célèbre Du Cange, à la fin<br />
»6 F E M M E S<br />
d'Eufebe Renaudot, plus verfé que qui que ce foie<br />
dans l'Arabe, que ce ne font point des noms Arabes,<br />
comme le veulent quelques-uns, fondés fur<br />
ce que SainteuEcatherine a été enterrée far un de»<br />
fommets <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Sinaï, ou il y a encore un monaftére<br />
qui lui eft dédié. Ce qu'il y a de certain ,<br />
c'eft qu'elle eft apelée Catherine dans tous les<br />
Bréviaires eccléfiaftiques , &. dans, le Martyrologe<br />
de Baro/iius. Dans Pachiméie fur Andronic T<br />
livre II. chapitre XVIII. & livre III. chapitre<br />
I. Catherine, fille de Philippe , Empereur<br />
titulaire de Conftantinople, qui époufa depuis<br />
Charles de Valois, eft apelée iEcatherine, d'où<br />
l'on peut inférer que Catherine & jEcatherine<br />
font le même nom.<br />
- Voilà pour ce qui. regarde le nom de Sainte<br />
Catherine : difons quelque chofe de fon hiftoire.<br />
Baronius paraît la taxer de fauffeté, voici comme<br />
il en parle dans fes Annales à l'année 317»<br />
ieâ. XXIII. „ Si nous avons fujet de regretter<br />
M qu'Eu'èbe ait négligé les aûes de cette Mar-<br />
1» tyre, nous avons encore plus fujet d'être fait<br />
chés qu'ils ayent été écrits par un Auteur in-<br />
•t connu , qui l'a fait d'autant moins fidèlement,<br />
*» qu'il s'y eft plus éten<strong>du</strong> ; car il vaut mieux que<br />
s* dans ce qui regarde les Martyrs & les autres<br />
» Saints, il y ait des lacunes, que d'accumuler de<br />
k> tous côtés plufieurs faits dont on n'eft pas af-<br />
*» furé. Ea effet, on rend plus de ferviceàla
PHILOSOPHES. 247<br />
1» vérité de l'hiftoire eccléfiaftique, en fe taifant<br />
» fur les chofes qu'on n'a pas bien pu apro-<br />
» fondir, que par des menfonges , quand même<br />
» ils feroient mêlés avec des vérités, & par<br />
J> une éloquence qui manque de fincérité.,, C'eft<br />
donc avec raifon, que François de Harlay, illuftre<br />
Archevêque de Paris, ayant ordonné l'an<br />
feize.cens quatre-vingt, qu'on réformât le bréviaire<br />
de Paris, cette hiftoire en a été retranchée<br />
comme fabuleufe, par les Sçavans qui ont<br />
travaillé à cette réformation. Jacques de Sainte*<br />
Beuve, Profeffeur en Théologie à la Sorbonne ;<br />
Guillaume Brunetier , alors Archidiacre de Brie<br />
dans l'Eglife de Paris , aujourd'hui Evêque de<br />
Saintes ; Claude Caftellan, Chanoine de Paris;<br />
Nicolas Gobilio, Do&eur de Sorbonne, & Cure<br />
de Saint Laurent à Paris ; Léonard Lamet, Docteur<br />
de Navarre, alors Chanoine de Paris, à pre»<br />
fent Curé de Saint Euftache à Paris -, Claude Amelina,<br />
Archidiacre de Paris ; Nicolas Cocquelin ,<br />
Chancelier de Paris ; Nicolas le Tourneux, Théologien<br />
& célèbre Prédicateur.<br />
A N N E COMNENE.<br />
ANNE COMNENE étoit Elle de l'Empereur<br />
Alexis , & femme de Nicéphore Brienne<br />
Céfar. Elle dit elle-même, livre XV. de fon<br />
Ahxiade , quelle s'étoit apliquée à la Phi-
xx8 F E M M E S<br />
lofophie. Nicétas, fur Jean Comnene, dit-auflï<br />
. qu'elle fe donna beaucoup à la Philofophie, quieft<br />
la mère de toutes les Sciences, & qu'elle étoit<br />
habile dans tous les Arts. Et, Zonare , livre<br />
XVIII. de fes Annales, où il parle de Brienne<br />
ion mari, s'exprime ainfi fur Anne Comnene.<br />
Il étoit fort apliqué â tétude des Sciences, & fa<br />
femme ne s'y livrait pas moins , elle le faifoit<br />
même davantage. Elle entendoit parfaitement bits<br />
la Dialc&c Afrique , elle étoit douée d'un grand<br />
génie , d» propre aux méditations les plus abfirai'<br />
tes , don qu'elle pofjedoit en partie naturellement;<br />
& qu'elle avoit en partie acquis ; car elle étoit toit'<br />
jours apliquée â la leSure, & rtcherchoit beaucoug<br />
la conversation des Sf avons.<br />
E V D o c r E.<br />
EUDOCIEétoit femme de Conftantin Palceologue<br />
le Defpote,-fécond fils de l'Empereur Palceologue.<br />
Voici ce que Nicéphore Grégoras dit<br />
d'elle , dans le VIII. livre de fes Hiftoires »<br />
chapitre V. Elle n'était pas non plus -ignorante<br />
dans la Philofophie étrangère. Elle étoit belle<br />
^éloquente,& avoit beaucoup de douceurdansles<br />
moeurs. Elle était fort inftruite dans les humanités ,<br />
& elle difoit avec pla'tfir dans la converfation.,, les<br />
çhofes quelle avoit lues auaprifes ;„dc forte que le*^
PHILOSOPHES. MJT<br />
Sçavans la comparoicnt à la Pythagoricienne Thia~<br />
no , ou à Hypatk.<br />
j<br />
TANYPERSEBASTE.<br />
PANYPERSEBASTE étoit fille de Théodore<br />
Métochite, qui fut grand Tréforier fous le régne<br />
d'Andronic le vieux. L'Empereur la donna en<br />
mariage à Jean Panyperfébafte, fils de Ton frère.<br />
C'eft pour cela qucNicéphore Grégoras lui donne<br />
ce nom dans fon Hiftoire Romaine , livre<br />
VIII. Cet Auteur raporte aufli dans le même<br />
endroit , qu'elle avoit fait une harangue ;<br />
d'où on peut inférer qu'elle étoit Philofophe.<br />
Grégoras lui-même parle d'elle en ces termes : elle<br />
était d'un âge ajfeç jeune, mais d'un e[prit fi formé,<br />
que C éloquence qu'elle avoit reçue de la naturet<br />
fervoit non-feulement à la relever, mais auroit<br />
même fait honneur à Platon, à Pythagore & â<br />
quelqii'autres Philofophes que c'eût été. Dans un<br />
autre endroit il l'apelle CaefarhTe, parce que<br />
fon mari après avoir eu la dignité de Panyperfébaft»,<br />
eut enfuite celle de Caefar. Son époux<br />
étant mort che*. les Triballes, Grégoras fut envoyé<br />
auprès d'elle, & <strong>du</strong> Roi des Tiibatles,<br />
pour la confoler, & l'engager à revenir à Byfan»<br />
ce. C'eft lui aufli qui avoit été fon précepteur,<br />
& il dit plufieurs chofes de fon efprit, de fon<br />
érudition & de fon éloquence. Elle eut une fille
*;o F E M M E S<br />
As Jean Panyperfébafte, qui époufa le Knal d'Ef-<br />
«lavonie, c'eft-à-dire, le Roi des Triballes. Knal<br />
eft un mot Efdavon, qui veut dire Roi : c'eft le<br />
titre que l'Empereur desTaresdonae aujourd'hui<br />
dans fes lettres aux Electeurs de l'Empire, & celui<br />
qu'il donnoit il n'y a pas encore long-tems à<br />
l'Empereur d'Allemagne lui-même.<br />
N O V E L L E.<br />
" NOVELLE étoit Jurifconfulte , & ce qui fait<br />
que nous la mettons parmi les femmes qui ont été<br />
Philofophes, c'eft qu'Ulpien , loi première, Digeftes<br />
de la juftice & <strong>du</strong> droit, apelle les Jurifconfultes<br />
des Philofophes qui profejfent une Philofophie<br />
véritable & non feinte. Novelle étoit fille<br />
de Jean André, célèbre Profeffeur à Boulogne :<br />
Chriftine de Pifan raporte d'elle une chote fin-:<br />
guliére dans fon ouvrage intitulé : La Cité des<br />
Femmes, partie II. chapitre XXXVI. Je vais<br />
la raporter dans les propres termes de Chriftine,<br />
de peur dé ne pas paroître croyable dans<br />
une chofe qui furpaife, la,croyance.<br />
» Pareillement ( dit-elle ) à parler de plus nou-<br />
» veaux tems, fans querre les anciennes hiftoi-<br />
» res, Jean Andry, folempuel Légifte à Boulogne<br />
» la Grade, n'a mie foixante ans n'étoit pas<br />
* d'opinion que mal fût que femmes fuflent letn<br />
trées, quant à fa belle, & bonne fille que il
PHILOSOPHES. *j*<br />
n tant ama qui ot nom Nouvelle fit aprendre iet-<br />
» très , & fi avant es Loix ,
%j* ¥ * M M E S<br />
tes les deux il fit un commentaire fur les Décrétâtes<br />
, qu'il intitula Nouvelles, ouvrage dont<br />
Balde a fait un grand éloge. Guido Panzirolle<br />
a écrit fa vie dans fon ouvrage lies plus cilibres<br />
Interprètes des Loixt livre III. chapitre<br />
XIX.<br />
ChrîiYme vécut en "France fous le régne de<br />
Charles V. Ma rot dans fes Poéfics* Du Verdier<br />
dans fa Bibliothèque , & Jean Mabillon<br />
dans fon Voyage d'Italie j ont parlé d'elle avec<br />
de grands éloges.<br />
Ê L O I S E.<br />
ÊLOISE fut d'abord amie dePierreAbaîlard,<br />
célèbre Théologien, elle devintenfuite fon époufe.<br />
Après cela elle fe fit Religieufe, & fut Prieure<br />
<strong>du</strong> couvent d'Argenteuil près de Paris , enfin,<br />
elle fut AbbeflTé <strong>du</strong> couvent <strong>du</strong>Paraclet, près de<br />
Nogent-fur-Seine, depuis l'an 1130. ïufqu'àTan<br />
1 164. Je la mets au nombre des femmes Philosophes,<br />
après François Ambroife quia publié fes<br />
ouvrages & ceux d'Abailard.Voici comme il parle<br />
d'elle dans fa Préface apologétique pour A bailard.<br />
» Eloïfe, comme une au*rç Sufanne ou<br />
M une nouvelle Efther, étoit belle & vertueufe :<br />
» Elle defeendoit légitimement de la famille des<br />
P anciens Montmorency, &. n'étoit,point fille<br />
» naturelle
PHILOSOPHES. 133<br />
» naturelle d'un Chanoine de Paris,mais fa nièce.<br />
» Dès fon enfance elle fçavoit chanter les Pfeau-<br />
» mes en Hébreu. Elle fut l'a gloire & l'orne*<br />
» ment de fon fexe ; & fon mari l'ayant inftrui-<br />
» te dans les Langues, les Mathématiques, la<br />
» Philofophie & la ThéolQgie, elle ne fut infié-<br />
» rieure qu'à lui feul.<br />
Je ne parle point de Phiftoîre de fes 'amours<br />
avec Abailard , parce qu'elle eft connue ,de tout<br />
le monde.<br />
Tome HZ] »
i34 F E M M E S<br />
X>ooooocxxxxxxxxxxxxxxxx<br />
CHAPITRE IL<br />
DES PLATONICIENNES.<br />
L A S T H E N I E .<br />
LAfthénie de Mantinée en Arcadie, & Axio.<br />
thée de Phliafie, furent difciples de Platon.<br />
Dioglne Laërce parle de l'une & de l'autre dans<br />
h vie de Platon , aufli-bien que Clément d'Alexandrie*<br />
dans le IV. livre de fes Stromates ,<br />
& Thémifte dans fa douzième harangue intitulée<br />
le Sophiflc. Voyez ci-deffous.le chapitre des<br />
femmes Pythagoriciennes.<br />
A R R I A.<br />
L'auteur <strong>du</strong> livre de la, Thèriaque, dédié *<br />
Pifon, dit, chapitre IJ. qu'Arria s'apliqua beaucoup<br />
à étudier les livres de Platon, & que ce<br />
tut fous cette qualité de favante , qu'on la recommanda<br />
aux Empereurs. Elle vivoit fous<br />
Alexandre Sévère , comme l'a fort bien remarqué<br />
Jonfius dans fon ffijloiri de la. Philosophie* Je
PHILOSOPHES. 2jj<br />
croîs avec Reinefius, que c'eft la même que Dio*<br />
gène Laërce apelle admiratrice de Platon, & à<br />
laquelle il a dédié fon Hiitoire Philofophique.<br />
.Voyez ce que j'ai dit fur la Préface de l'ouvrage;<br />
de Diogène Laërce.<br />
G E M I N E .<br />
GÉMINÉ, mère & fille, étoient difciplesde<br />
florin, le plus célèbre Platonicien de fon fiécle.<br />
Voyez Porphyre dans la vie de Plotin.<br />
A M P H I C H I E.<br />
Elle étoit fille cFArifton, & époufe <strong>du</strong> filsde<br />
Jamblique. Voyez Porphyre dans la vie dePlo'tin.<br />
Jamblique fut difciplè de Porphyre, & Pot*<br />
phyre l'a voit été de Plotin' & de Longin.<br />
H Y P A T I E.<br />
HYPATIE étoit d'Alexandrie, elle poffédoft<br />
b Philofophie & les Mathématiques. Son père,<br />
qui fut en même-tems fon maître, étoit Théo»<br />
d'Alexandrie, Philofophe, Géomètre & Mathématicien<br />
; mais on peut dire qu'elle le fnrpafla. '<br />
Eunaoius dans fon Jonicus , parle d'un •Théo»<br />
q iî fe fit un grand nom en France , <strong>du</strong> terris<br />
d'ionicusSardien, célèbre Médecin , & il y »<br />
y »
a36 F E M M E S<br />
des gens qui croient que c'eft le même que notre<br />
Théon ; mais félon moi cela n'eft pas vraïfemblable.<br />
Il y a plus de probabilité dans la<br />
conjecture de Henri Savile, qui croit que celui<br />
dont nous parlons eft le même Théon qui a<br />
commenté Ptolomée. C'eft ce que nous aprenti<br />
Henri Valois, fur l'hiftoite ecçléûaftique de S»r<br />
crate, Livre XXVII. chapitre XV. Ifmaël Bouillaud,<br />
célèbre Aftronôme de France ^ de qui on<br />
peut dire qu'il fçavoit le nombre & les noms de<br />
toutes les étoiles , étoit <strong>du</strong> même fentimenr.<br />
C'eft Socrate qui nous aprend, dans l'endroit<br />
de fon hiftoire que nous venons de citer, qu'Hypatie<br />
étudia-la Philofophie de Platon. Voici fe*<br />
paroles de la tra<strong>du</strong>ction de Valois : elles font<br />
dignes d'être raponées. » Ityavoit à Alèxan-<br />
» drie une femme nommée Hypatie, elle éttfit<br />
» fille d» Philofophe Théon, & avoitfaitde fi<br />
» grands progrès dans les Sciences, qu'elle fur:<br />
» pafloit de beaucoup tous les Philofophes de<br />
» fontems,. &_fuccédaà la chaire-dans l'école<br />
» de Platon , fondée par Plotin , expliquant à<br />
s» ceux qui venoient l'écouter, toutes les partie*<br />
» de la Philofophie ; ce qui fit que tous ceux<br />
v qui aimoient cette Science, vinrent de toutes<br />
s> parts , fe mettre au nombre- de fes difciples-î<br />
» & comme fon fçavoir lut avoit donné delà gr*i<br />
» vite, & de l'autorité, elle parut quelquefois<br />
« devant les.Juges, en témoignant une grand»
PHILOSOPHES. 137^<br />
» modeftie , & fans paroître intimidée de fi<br />
» trouver parmi tant d'hommes.<br />
Nicéphore confirme ce rech dans le cfiaphre<br />
XVI. de fôn quatorzième livre ; & comme H<br />
nous aprend en même-tems d'autres chofes, oh ,<br />
ne fera pas fâché de voir fes propres paroles'<br />
voici le pafTage tra<strong>du</strong>it <strong>du</strong> latin. » Il y avoifà<br />
» Alexandrirune femme nommée Hypatie , fillb<br />
„ <strong>du</strong> PhilofopheThéon qui 1 avoit fi bien inflrm»<br />
„ te dans toutes les Sciences, qu'elle ne furpafl-<br />
„ foit pas feulement les Philofophes de fon<br />
,» tems, mais un grand nombre de ceux mêmes<br />
„ qui l'àvoient précédée : qui lui mérita la<br />
„ chaire- de Philofophie .dans l'Ecole Platonr-<br />
»» cienne de Plotin. Elle étoit habile à donner<br />
„ des lumières fur toutes les Sciences , de forte<br />
r, que tous ceux qui avoient <strong>du</strong> goût pour la<br />
„ Philofophie, venofentl'écouter, attirés non-<br />
„ feulement par l'honnêteté de fes manières & la<br />
>r gravité de fbn éloquence-, mais auffi par 1*<br />
,, pureté de fes mœurs 5c là décence avec laquef-<br />
„ le elle aprochoit des grands Seigneurs, ne re-.<br />
„ gardant point comme contraire à l'honnêteté,<br />
„ de fé trouver dans des compagnies d'hommes.<br />
» En un mot fa con<strong>du</strong>ite fage là faifoit refpe&er<br />
» de tout le monde. Elle étoit ainfi l'objet dé<br />
t> l'admiration générale , quand l'envie s'éleva<br />
» contr'elle. Comme elle voyoit fouvent Oreftè »<br />
» Préfet d'Alexandrie » oa l'accufà fiiuTemsaf
t38 F E M M E S<br />
'» auprès <strong>du</strong> Clergé de Cyrille, Archevêque d'A-<br />
» lexandrie, d'empêcher la réconciliation de Cy-<br />
» riiïe avec le Préfet. Cela fut jufques-là , que<br />
t» quelques perfonnes le livrant à un zèle trop<br />
j> ardent pour Cyrille, & fe biffant con<strong>du</strong>ire par<br />
n un leâeur nommé Pierre, l'attendirent un jour<br />
M comme elle revenoit de quelque part, &<br />
» l'ayant tirée de fon chariot, la traînèrent dan»<br />
.» l'églife nommée Céfaréon, ou ils la dépouillé-<br />
» rent & la tuèrent à coups de pots caffés. Après<br />
a» cela ils hachèrent fon corps en plusieurs pièces,<br />
» qu'ils portèrent dans un lieu apellé Cinaron , oie<br />
J» ils les brûlèrent. Socrate raporte la mort d'Kypatie<br />
de la même manière, livre VIL chapitre<br />
X V. de fon Hijtoire Eccléfïaflique, & c'eft de<br />
lui que Nicéphore a emprunté fon récit ; mais Philoftorge<br />
dit dans Photius, qu'elle fut déchirée par<br />
les Homooufiens , ce que Photius lui reproche<br />
comme une impiété. Hefychius furnommé l*Illuftre.,<br />
dit que ce malheur lui arriva par l'envie<br />
que lui attira fon fçavoir,particulièrement dan*<br />
J'Aftronomie.<br />
Synéfîus faifoit un cas extraordinaire d'Hypatie.<br />
Il lui a écrit plufieurs lettres, dans lefquel-<br />
Ies il lui donne toujours le titre de Philofophe.<br />
Dans la feiziéme il l'apelle fa mère , la feeurv<br />
fon doâeur , fa bienfaitrice , e» difant qu'ellemérite-<br />
des titres plus refpeètables encore^slly<br />
«m a. Dans la. quinzième il la pria de lui faire
PHILOSOPHES. 239<br />
foire un contrepoids.efpéce d'hydrofcope, qui fert<br />
à connoître la pureté de l'eau : on peut voir ce<br />
«jue nous avons cfit de ce mot ( i) dans nos Aménités<br />
<strong>du</strong> Droit, chapitre X IV. La vingt-quatrième<br />
lettre de Synéfius commence ainfi : Quand il<br />
feroit vrai que les morts perdent le fouvenir les uns<br />
des autres , encore pourrai-je alors conferver la mémoire<br />
d'Hypatie , pour qui j'ai eu tant d'amitié*<br />
Grégoras a parlé d'elle fort honorablement,<br />
livre XIII. de fon Hiftoire , chapitre V. nous<br />
avons raporté fes expreffions ci-deflus en parlant<br />
d'Eudocie , femme de Conftantin Paléologue<br />
le Defpote.<br />
Suidas dit qu'Hypatie étoit belle , ou plutôt<br />
l'Anonyme qui parle dans Suidas. Il ajoute qu'un<br />
de fes difciples étant devenu amoureux d'elle,<br />
elle lui <strong>mont</strong>ra un linge taché, en lui difant : jeune<br />
homme, voilà ce que tu aimes, & que ce fpeâacle<br />
le guérit de fa paffion.<br />
Le même hrftorien dit qu'elle époufa le philoïbphe<br />
Mdore, & que cependant elle demeura fille<br />
dans ce mariage. Damafcius la fait aulli femme<br />
d'Ifidore, enfaifant la vie decePhilofophedans<br />
Photius.IIyditauffi qu'Hypatie étoit verfée<br />
dans la Géométrie. Sur ce qui regarde le<br />
Philofophé Ifidore, on peut voit Damafcius dans<br />
{*.) U mot ili &»rfUimiK-
s* F E M M E S<br />
h bibliothèque de Photius.<br />
Suidas raporte qu'elle a écrit un commentai*<br />
*e fur Diophante , fur le canon aûronomique ,<br />
& fur les coniques- d'Apollonius.<br />
Etienne Baluze , tome I. des ConeUet, raporte<br />
dans le Synodïque contre là tragédie d'Irenée f<br />
chapitre C CX VI. cette lettre adreffée fous<br />
fe nom d'Hypatie, au bienheureux Cyrille Ar*<br />
cbevêqae d'Alexandrie.<br />
, « » En lifant les hiftoires j'ai trouvé que lé<br />
» Chrift eft aparu, il y a pafle cent quarante<br />
» ans. IT eut pour difciples ceux qui furent en»<br />
» fuite nommés Apôtres, & qui après fon afïbmp-<br />
» tion dans le ciel ont prêché la doârine chré-<br />
»» tienne, & ont enfeigné des chofes fort fimples ,<br />
» & où il n'entroit point de vaint curiofité ; ce<br />
» qui donna occafion à la plupart des Gentils de<br />
» blâmer cette doârine, & de rapeller peu<br />
» folide ; car fur ce que dit l'Evangélifte , que<br />
» perfonne n'a jamais vu Dieu, ils faifoient cet-<br />
» te difficulté. Comment donc dites-vous que<br />
» Dieu a été crucifié ? Us ajoutaient,, celui qu'on<br />
» n'a jamais vu, .comment a-t*il été attaché à la<br />
» croix? Comment eft-il mort,& a-t'ilpûêtre<br />
» enfeveli ? Or Neflorius qui vient d'être en-<br />
» voyé en exil,. a rétabli la doârine des- Apô*.<br />
» très ; car comme j'apris il y a déjà long-tems ;<br />
» qu'il établuToit deux natures dans le Chrift r<br />
» jLe répondis à celui qui œ'iaftruiût. de cela,<br />
» VoilÀ
PHILOSOPHAS. 24»<br />
» Voilà les difficultés des Gentils levées. Je dis<br />
» donc que votre faînteté a mal fait de penfer<br />
» autrement que lui t d'aflembler un Synode &<br />
*• de travailler à fa. déposition fans difputepréa-<br />
» lable. Pour moi, relifant fes explications il n'y<br />
» a encore que peu de jours , & les comparant<br />
» avec ,1a doârine des Apôtres ; j'ai fait réflé-<br />
» zion que ce feroit un bonheur pour moi de<br />
» devenir chrétienne» & j'efpére d'être digne<br />
» de ia régénération <strong>du</strong> baptême <strong>du</strong> Seigneur.<br />
Mais comme il paroît par l'hiftoire de Socrate<br />
, que la mort d'Hypatie arriva la IV. année<br />
de l'Epifcopat de Cyrille, fous le Confulatd'Honorius<br />
X. & de Théodofe VI. c'eft-à-dire, l'année<br />
de notre Seigneur 415. & que l'éxil de Neftorius,<br />
dont il eft parlé dans cette même lettre,<br />
arriva Tan 436. comme il paroît par l'hiftoire d'Evagre.<br />
tEtienne Baluze croit que cette lettre<br />
d'Hypatie à Cyrille eft fauffe & fupofée , &<br />
je me range à fon fentiment.<br />
On trouve dans l'Anthologie, Liyre I. titre<br />
fur la fageffe, cette épigramme à l'honneur<br />
d'Hypatie Philofophe,<br />
En te voyant, j'admire ta personne & tes discours<br />
, &je crois voir le palais étoile de la vierge ,<br />
car toute ta con<strong>du</strong>ite , rcfpeâable Hypatie , a le<br />
Ciel pour objet. Tu es l'ornement de l'éloquence ,<br />
& un aftre incorruptible de l'Empire de la fag
aqi F E M M E S<br />
Grotius a tra<strong>du</strong>it ces vers en Latin, & Jacques<br />
Godefroy fur PhiloAorge, a publié une ancienne<br />
Epigramme Grecque à la louange d'Hypatie, quj<br />
n'avoitpas encore vu le jour.<br />
Claude Saumaife dans fon Epître dédicatoire<br />
a Mrs. Du Puy, qui eft à la tête de fes obfervationsfur<br />
le Droit Athénien & Romain, parlant<br />
de Mlle Schuurman, Hollandoife, &. fille fçavante,<br />
a nommé notre Hypatie , Hippia : c'eft une<br />
faute d'hnpreffion ou une erreur de mémoire.
PHILOSOPHES- *4J<br />
CHAPITRE IIL<br />
i<br />
DES ACADÉMICIENNES.<br />
C JERELLIE ou CJERELIE , car fon nom fe<br />
trouve écrit de ces deux manières dans les<br />
livres de l'Antiquité , fut Philofophe, comme il<br />
paroit par le douzième livre des Lettres de<br />
Cicéron à Atticus, lettre LI. Dans cette<br />
lettre , Cicéron lui attribue un grand defir<br />
de; s'inftruire dans la Philofophie. Il y dit au/S<br />
qu'elle avait copié. Tes livres , fur les Fins des<br />
biens & dés maux : d'où l'on peut inférer qu'elle<br />
fit de la Secte Académicienne ; car Cicéron étoit<br />
de cette Sefte. Laâance l'en apelle même le<br />
tdéfenfeur, & on en trouve les principes dans fes<br />
livres* Cicéron parle encore de Caerellie, dans<br />
}a lettre qui fuit celle que nous avons citée •<br />
auffi-bien que dans la LXXII. <strong>du</strong> XIII. livre des<br />
Lettres à fes amis, où il la recommande à Ser~<br />
vilius;& l'apelle fa parente. Fufius Calenus reproche<br />
à Cicéron d'avoir dans fa vienleffe aiméCaerellie<br />
: celafe tsouvedans le XLVL. livre de Dion ,<br />
dans une harangue qui fort kle réponfe à une autre,<br />
que Cœrellie-a voit faite coqfre Antoine^en prefen-<br />
X a
244 F E M M E S<br />
ce de Cicéron. Au refte, cela fait honneur à Carellie<br />
: rien ne pouvoit lui en faire davantage ,<br />
que d'être aimée de Cicéron, homme d'un génie<br />
fupérieur, & excellent en tout genre : homme<br />
confulaire, confidéréde tout le monde, & dont<br />
l'éloquence fe f aifoit refpeâer des Grecs ; mais<br />
ce qu'ajoute Calenus, que Cicéron vécut dans<br />
le défordre avec elle, n'eft pas plus vrai que de<br />
dire que lui & Donat font calomniés dans Servius<br />
fur ce vers de Virgile , Epoux de fa fille, il<br />
fe rendit coupable d'un hymen criminel. Corrado<br />
dans fes remarques fur la LI. lettre <strong>du</strong><br />
XII. livre des Lettres à Atticus, dit que<br />
Fabius dans fon livre V I. chapitre IV. ne'nie<br />
point que Cicéron déjà vieux , n'ait aimé<br />
Caerellie , non plus qu'Aufone dans fon<br />
•Centum Nuptial : mais pour ce qui eft de celui-ci,<br />
il ne me paroit pas qu'il dife rien de pareil<br />
: voici fes paroles. Il faut fe fouvenir de ce<br />
qu'on aprend dans Pline , auteur très - aprouvi ,<br />
que des vers libres peuvent fubfijler avec des<br />
moeurs rigides : l'ouvrage de Sulpicius eft gai,<br />
& ne fait point rider le front ; Appulèe eft jovial<br />
dans fes ipigrammes, & Philofophe dans fa vit;<br />
fes préceptes font fèvires , quoique fes lettres i<br />
Carellie paroiffent libertines. Ces dernières paroles<br />
d'Aufone.doivent s'entendre, non de Cicéron<br />
, mais des j. lettres qu'Appulée a«oit<br />
écrites à «quelque .[perfonne qui. portoit le
PHILOSOPHES. *4î<br />
llom de Caerellie ; & c'eft aufli ainfi que les<br />
i enten<strong>du</strong>es Elie Vinet, Sçavant très-çélébre»<br />
qui a expliqué Aufone. Le paflage de Fabius<br />
ne preuve pas non plus que Cicéron ait aimé<br />
Casrellie : voici fes paroles. // faut confidirer<br />
aujjî ce que Cicéron écrivit à Ceerellit & qui contient<br />
la rai/on de la patience avec laquelle elle<br />
fuportoit les tems <strong>du</strong> régne de C. Céfar. Pour<br />
en<strong>du</strong>rer de pareilles chofes, il faut ou le cœur<br />
de Caton ou l'eftomac de Cicéron. Car le met<br />
d'eftomae renferme ici une allufion. Fabius veut<br />
dire qu'il n'y a d'autre parti à prendre errpareillé<br />
occafion , que de mourir comme fît Caton d'Utique,<br />
qui s'ôta la vie pour ne pas tomber entre<br />
les mains de Céfar, ou biea de tout digérer comme<br />
faifoit Cicéron. C'eft une métaphore, prife<br />
de ce que l'eftomac digère même les mets les<br />
plus defagréables Scies plus mal fains: on voit que<br />
cela n'a aucun raport avec les amours de Cicéron*<br />
Cenforin a. dédié fon livre Du jour Natal, à<br />
un certain Quintus Cœreliius , qu'il dit être aufli<br />
riche en vertus qu'en biens ; & Martial a aufli<br />
adreffé l'épigramme foixante-troifiéme de fon<br />
IV. livre à une perfonne nommée Caereilie»<br />
*W#<br />
ti
M6 F E M M E S<br />
CHAPITRE IV-<br />
DES DIALECTICIENNES.<br />
D IODORE, furnommé Cronus, Philofophe<br />
Dialecticien, eut des filles Philofophes. On<br />
les nomme Argie,Théognide, Artémife & Pantac<br />
We : c'eftfaint Clément, Prêtre d'Alexandrie,<br />
qui le raporte, livre IV. de fes Stromates, Le<br />
même auteur dirawfli dans le même endroit,<br />
que Philon, Dialecticien , raporte dans fon<br />
Ménexène , que ces quatre filles de Diodore<br />
Cronus etoient de la Secte Dialecticienne. S. Jérôme<br />
dans fon I. Livre contre Jovinien.dit qu'el»<br />
lesétoient au nombre de cinq, voici fes paroles.<br />
On raporte que Diodore, qui itoit de l'école de<br />
Socrate , tut cinq filles Dialefticitnnts : toutes cinf<br />
d'une grande fageffe.Philon, maître de Carnia.it,»<br />
écrit Iturkiftoire d'une manière fort éten<strong>du</strong>e. Ce Phi<br />
lon, Dialecticien, fut difciple de Diodore Cronus,<br />
& compagnon d'étude de Zenon Cittien.
V<br />
P H~I LOS OPH ES. a4?,<br />
CHAPITRE V.<br />
DES C Y R É N A 1 Q V E S.<br />
A<br />
Rète fut fille & difciple d'Ariftippe de Cyrène,<br />
fondateur de la Seâe Cyrénaïque.<br />
Elle inftruifit fon fils nommé Ariftippe : ce qui<br />
lui fit donner un furnom , qui fignifie enfiigné<br />
por fa mère. Voyez Diogène Laërce dans la vie<br />
d'Ariftippe , & Clément dans le IV. livre de fes<br />
Stromates, Ce furnom a été commun à plufieurs<br />
autres, entre lefquels eft le Roi Lemuel, dont<br />
il eft parlé dans le dernier chapitre des Proverbes<br />
; Les paroles <strong>du</strong>Roi Lemuel, & la vlfion félon<br />
laquelle fa mère l'inftruifiu<br />
On dit la même, chofe-. de l'Empereur Marc-<br />
Aurèle Antonin. J'ai apris de ma mère, dit-il,<br />
dans le I. livre de fes Réflexions fur luimême,<br />
à être religieux , libéral , & retenu ;<br />
car quoi qu'en cet endroit le mot, j'ai apris 9<br />
ne foit point dans le grec, il faut le fous-entendre,<br />
comme le remarque Suidas. Le même auteur<br />
cite aufli fur le mot d'occupation frivole,'<br />
ces autres paroles de Marc-Antonin : L'Empereur<br />
Marc,le pjiilofophe^dit qu'il avoit apris de Diognt-<br />
X 4
a48 F E M M E S<br />
tus à éviter les occupations frivoles 6" la cré<strong>du</strong>lité:<br />
car c'eft ainfi qu'il faut lire, en corrigeant un<br />
mot dans Suidas ; car les paroles de Marc-Anto-><br />
Iiin font : Diognetus m'a apris à ne point m'arrcter<br />
À des chofes frivoles, 6» à ne point ajouter foi aux<br />
Charlatans & aux Enchanteurs. Et c'eft ainfi qu'on<br />
lit aufli ce paûage dans le Suidas manufcrit,<br />
qui fe trouve dans la bibliothèque <strong>du</strong> Roi.
PHILOSOPHES. *49<br />
CHAPITRE VI<br />
DES MÊG ARIENNES.<br />
-KXICARÈTE de Mégare fut amie & difciple de<br />
•*^ Stilpon,PhilofophedelàSeâeMégarienne*<br />
(i) Voici ce qu'en dit Athénée dans le chapitre<br />
VIL de fon XUI. livre: Nicarète itoitunc Courufannt<br />
de Mégare, de fort bonne naiffance , & tant<br />
parcelle raifonqu'à caufe de fon fcavoir elle itoît<br />
fortconfiiirèe : elle fut difciple <strong>du</strong>PhilofoheSùlponi<br />
Athénée remarque que dans laGréce la plupart des<br />
petfonnes de cette forte s'apUquoient aux lettresSc<br />
à l'étude desMathématiques.Onétor dit dans la vie<br />
deStilpon, qui Te trouve dans DiogèneLaërce, que<br />
quoique ce Philofophe fut marié, il avoit commerce<br />
avec Nicarète ; mais Cicéron explique cela<br />
autrement, dans fon livre Du Deftin. Voici<br />
les paroles ; „ On parle de Stilpon de Mégare;<br />
» Philofophe, comme d'un homme fçavant &<br />
9 eftimé dans ce tems-là. Ceux qui l'ont con-<br />
» nu difent qu'il étoit fujet au vin & aux fem-.<br />
» mes ; mais ce n'eft pas dans le deffein de le<br />
(\) Sur es nom de Sefte 8c les autres < voyez. Diog&ie<br />
Uéice (Uns û Préface Se ailleurs.
j5o F E M M E S<br />
» blâmer, c'eft plutôt pour relever par-là f*<br />
» vertu ; car ils difent qu'il avoit A bien dompté<br />
n fon tempérament par l'étude, que jamais on<br />
» ne le vit ni pris de vin, ni fe laifler aller à une<br />
» aâion de libertinage*
PHILOSOPHES. a*,*<br />
CHAPITRE VII<br />
DES CYNIQUES.<br />
HIPPARCHIE, 4&\s de Maron, fut fœur de<br />
Métrocle de Maronnée , ( i ) Philofophe<br />
Cynique, & femme de Cratès, auffi Philofophe<br />
de la même Secte* Pierre (a) Petit a fait<br />
un beau Poëme fur fon mariage avec Cratès, qu'il<br />
a dédié àFerdinand de Furftemberg, Evéque ds<br />
Paderborn & deMunfter. Ses noces furent célébrées<br />
dans le Pœcile (3), qui étoit un Portique<br />
renommé à Athènes : c'eft Clément d'Alexandrie<br />
qui nous aprend cette circonstance dans le IV.<br />
livre de fes Stromatts. Diogène Laërce a. écrit<br />
la vie d'Hipparchie , oh l'on peut voir qu'elle<br />
étoit bien vraie Cynique, c'eft-à-dire , qu'elle<br />
n'avoit aucune honte, puifqu'elle permettoit àfoo<br />
mari de prendre publiquement toutes les libertés<br />
qu'il vouloit avec elle : chofe révoltante dans<br />
(1) Ville de Thrace. Minage dans la vie d'Hipparchie,<br />
par Diogène Laërce & Harpocration.<br />
(x) Poëte Latin 8c François, mort en 1 «87. Diâionnaire<br />
portatif des beaux Arts.<br />
(l) Apslé ainfi à caufe de Ces peintures. Panf*ni»t 1»
*$» F E M M E S<br />
des femmes, dont la pudeur eft l'apanage partie<br />
entier ; d'autant pras que cette qualité peut êtra<br />
dite la garde de la beauté , comme s'exprime<br />
Demade dans Stobée. -<br />
Suidas dit qu'Hipparchie a écrit des ouvrages<br />
intitulés : Hypothlfes Philofophiques & Epicherimes<br />
; outre des queftions adreffées à Théodore,<br />
furnommé Athée.<br />
On trouve dans le III. livre de Y Anthologie,<br />
su titre, Des femmes, cette Epigramme d'Antipather<br />
fur Hipparchie.<br />
» Je n'ai point imité les moeurs délicates des<br />
*» femmes , j'ai fuivi la vie <strong>du</strong>re & auftére des<br />
» Cyniques. Je n'aime ni à voir des agraffes<br />
» au manteau, ni à mettre des ornemens aux<br />
w pieds, ni à moindre le front. Je marche avec<br />
w un bâton , je vais nuds pieds , je porte un<br />
n habit doublé, & la terre me fert de lit. Cette<br />
» vie eft d'autant plus préférable à celle des<br />
w chafleufes <strong>du</strong> <strong>mont</strong> Ménale , qu'il vaut mieux<br />
w s'occuper de la fagefle, que courir les <strong>mont</strong>ait<br />
gnes»<br />
fc»
PHILOSOPHES. 155<br />
XXXXXXXXXXXXXXXXXX3000OC<br />
CHAPITRE VIIL<br />
DES PÉRIPATÉTICIENNES.<br />
LA FILLE D'OLYMPIODORE.<br />
M Arin de Naples raporte dans la Vie de<br />
Proclus de Lycie , que ce Philofophe<br />
étant allé à Alexandrie pour s'inftruire dans la<br />
doârined'Ariftote, 8cayant été entendre Olympiodore,<br />
Philofophe d'Alexandrie, il gagna tellement<br />
foa amitié, qu'Olympiodore voulut lut<br />
faire épouferfa fille , qu'il avoit inftruice dans la<br />
Philofophie, Suidas dit les mêmes chofes, 6c<br />
les a aprifes mot à mot de Marin. Olympiodore<br />
vivoit fous l'Empereur Théodofell. à qui même<br />
il a dédié vingt-deux livrés de fes Commentaires<br />
hiftoriques; nous en avons les extraits dans<br />
Photius. Il a écrit la vie de Platon , que Méric<br />
Cafaubon a ajoutée à la fin de mes observations<br />
fur Diogène Laërce. Il a auflî écrit des Commentaires<br />
fur les quatre livres des Météores d'Ariftote.<br />
Aide Manuce les a publiés in-folio à Venife<br />
l'an 1551 ,-avec les Scholies de Jean Philoponùt<br />
furie livre I. Il a paru une tra<strong>du</strong>ction
*54 F E M M E S<br />
latine de ces quatre livres, par Jean-Baptifte Camoti,<br />
à Venife, in-folio, l'an 1555 & 1557. On<br />
trouve auffi dans la bibliothèque <strong>du</strong> Roi un Commentaire<br />
<strong>du</strong> même Olympiodore, fur le •hilhbt<br />
de Platon : il eft maqué 8580. On y trouve encore<br />
un Commentaire <strong>du</strong> même Philofophe fur le<br />
Gorgias de Platon , le premier Alcibiade & le<br />
Phctdon :il eft marqué 1101 & 2103. & écrit de<br />
la main <strong>du</strong> célèbre Littérateur Angélus Vergerius;<br />
enfin, il y a un autre CommentairecTOlympiodore<br />
fur le Philibe & le Phxdon, écrit l'an 1536,<br />
& marqué 2101.<br />
T H É O D O R A .<br />
C'eft à THÉODORA que Damafctus, de Damas<br />
en Syrie, a dédiéfonlivre De la vie <strong>du</strong> Philo»<br />
fophe IJîdore.Voici là-deflus un paffage de Photius<br />
dans fa bibliothèque. „ S'étant déterminé à écriai<br />
re laviedlfidore, il adrefla fon ouvrage à une<br />
» femme nommée Théodora, payenne, & qui ne<br />
M manquoit pas de connoiflances dans la Philo-<br />
» fophie, dans la Poëfie & dans ce qui regarde<br />
» la Grammaire, s'étant même élevée jufqu a la<br />
» Géométrie & l'Arithmétique. Iudore & Da-<br />
,, mafeius avoient en différens tems été fes mai-<br />
„ très, ainfi que de fes Sœurs plus jeunes qu'elle.<br />
„ Elle étoit fille de Cyrine & de Diogène, fils<br />
„ d'Eufebe, & petit-fils de Flavian, qui tiroit
PHILOSOPHES. a5j<br />
;, ton origine de Zampligerame & de Monime ,<br />
„ ancêtre de Jamblique , tous fort attachés à<br />
„ l'Idolâtrie. Cela fe trouve dans la fe&ion<br />
CLXXXI. de Photius. Je remarquerai ici en<br />
paflant, que Photius a auffi raporté des extraits<br />
de cette vie d'Ifidore dans fa feclion CCXLII.<br />
Il a de même raporté en deux endroits, c'eft.<br />
à-dire , dans les feftions CLXXXV. & CCXI.<br />
les Dy&iaques de Denis jEgéen. Ayant confulté<br />
là - deffus Henri de Valois, homme d'un<br />
fçavoir univerfel ; il m'a répon<strong>du</strong>, qu'il croyoit<br />
que les extraits qui font à prefent dans la bibliothèque<br />
de Photius, ne font pas d'un même auteur.<br />
Suidas fait le Philofophe Damafcius de<br />
Damas, Stoïcien ; mais d'autres croyant qu'il a<br />
été Péripatéticien, comme le raporte Jonfius, qui<br />
a traité l'hiftoire de la Philofophie d'une manière<br />
auffi fçavante qu'éxaâe, cela fait que nous avons<br />
crû devoir mettre Théodora, difciple de Damafcius<br />
, parmi les femmes Péripatéticiennes. Au refte,<br />
ce que dit Photius, qu'elle s'apliqua à la Grammaire<br />
, me fait fouvenir de remarques, qu'il y<br />
a eu des femmes.qui fe font aufli apliquées à<br />
cette Science. Le faux Didyme cite la Grammairienne<br />
Heftioce fur le III. livre de l'Iliade.
»56 F E M M E S<br />
xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx<br />
CHAPITRE IX-<br />
DES ÉPICURIENNES.<br />
T H É M I S T O ,<br />
THÊMISTOouThémifte, étoit de LampGique<br />
: elle fat femme de Léontée de Lampfaque,<br />
& fille de Zoïle de Lampfaque. Voyez Clément<br />
dans le IV. livre de fes Stromates. Léontée<br />
eut d'elle un fils qui fut nommé Epicure : c'eft<br />
Diogène Laërce qui nous l'aprend. Au refte, ce<br />
Léontée n'eft pas bien nommé Léonce par notre<br />
célèbre Gaffendi, dans le I. livre de la Vie &<br />
des moeurs d'Epicure, chapitre VIII. Il faut distinguer<br />
aufli Zoïle de Lampfaque <strong>du</strong> Zoïle qui fut ennemi<br />
d'Homère,car ce dernier étoit d'Amphipolis.DiogèneLaërce<br />
nous aprend dans la vie d'Epienre<br />
, que Thémifto fut fort liée d'amitié avec ce<br />
Philofophe : il parle aufli de deux lettres qu'Epicure<br />
lui écrivit, dans une defquelles il s'exprime<br />
ainfi : Si vous ne v«
PHILOSOPHES. 457<br />
fat dé cette expreflion, quoique vous foye^ plus<br />
fçavant que Thémifte : on peut voir là-deflus Gaffendi,<br />
livre VII. de la Pi* & des mœurs
*58 F E M M E S<br />
certaine. Cet Heimefianaxeftlemêmequiafaïe<br />
un beau Poème fur Colophon fa patrie. Paufanias<br />
a parlé de ce Poëme. (i) Pline , livre<br />
XXXV. chapitre XL dit, que le peintre Théodore<br />
reprefenta Léonce, dans l'état d'une perfonne<br />
qui penfe : ce qui peut former une preuve dé<br />
fon goût pour les méditations phiiofbphfcraes.<br />
Elle écrivit contre Théophrafte : Cicérones<br />
parle ainfi dans le I. livre de la Nature des Dieux»<br />
WeJUce pas en fe fiant fur ces fonges que non-feulement<br />
Epicure, Mitrodort & Hermachus ont contredit<br />
Pytkagore, Platon bEmpédoclc ; mais que<br />
même une petite Courtifanne, Lèontium , a ofh écrir<br />
contre TAéopAraJtt ? Sonflyle ejlpur& Attique ,/Y<br />
tavoue^mais pourtant fie. & Pline dans fa préface r<br />
Je nef fais comment une femme a ofè écrire contre<br />
Téophrafie , homme /? éLaqucaf, qu'il en a mériter»<br />
fithéte de divin. C'efi de 1$ qu'ejl venu le proverbe;<br />
de choifir un arbre pour fe pendre.<br />
Léonce eut une fille nommée Danaé, qui fut<br />
auffi une célèbre Courtifanne : elle fut aimée de<br />
Sophron, Préfet d'Ephèfe, commeîe prouvent les<br />
«arêtes d'Athénée à l'endroit que nous avons cir<br />
(i) Jfe n'ai pu trouver cet endroit dans le Paufanks del'Abbé<br />
Gedoyn , & arec quelque foift que j'aie cherché,<br />
je n'ai trouve que ces mots : Peur Hirmefîanax qui a fait<br />
des Bligies, je ne mis pas qu'il ait vécu jufqn'à ce terni-là ;<br />
tar il '.'aurtit pas manqué de pleurer U ruine deCtlefbmen.<br />
efuhjuendtnt it.fci emirages. Voyage de l'Attique , cb_ IX,
PHILOSOPHES:, vfr<br />
té. Danaé, dit-il, fille de Léonce VEpicurienne ,<br />
célèbre Courtifanne , 6» Courtifanne elle-même ,fut<br />
aimée de Sophron, Préfet PEphefe. Voyez aûflr léi<br />
paroles qui fuivent,<br />
T H É O P H I L E . 'k '<br />
Martial dans fon VIL livre parle de THEO<br />
PHILE en ces termes, dans une Epigramme<br />
adreffée à Canius :<br />
Cejlàvous, Canius, qu'ejlpromife cette Théophile,<br />
dont l'efprit fçavant ejl orné des plus beaux<br />
talens ; que le jardin de l'illuflre vieillard d'Athènes<br />
& r école ftotc'unnefe vantent également à'avoir<br />
eue pour difciple. Tout ce que vous confierez à. foi<br />
mémoire^ fera <strong>du</strong>rable : fon jugement ne ft refftat<br />
ni de la foiblejfe de fon Sexe ni des préjugés dt$.vul*<br />
gaire : que votre Pantctnis ne fe préfère point'trop<br />
à elle , quoi qu'elle foit affe\ connue des Mufes*<br />
Sapho r célèbre par fit tendre [fe, donnera des huanA<br />
ges àfis vers r elle fut plus chafle que Sapho, &ne.<br />
hti fut pointinférieure en fçavoir.<br />
. Tout le monde fçait qu'Epicure, dont il eft pat*<br />
lé dans cette Epigramcne, donnoit les Leçon»<br />
Philofophiques dans un Jardin»<br />
Y »
Mo . F E M M E S .<br />
CHAPITRE X-<br />
DES STOÏCIENNES.<br />
JE n'ai trouvé dans les livres des Anciens aucune<br />
femme qui ait profefTé la Philofophie Stoïcienne<br />
; mais comme, ainfî que le raporte Pho-<br />
*ius dans fa bibliothèque, Apollonius, Stoïcien, a<br />
écrit un livre de* femmes Philofophes.il eft vraisemblable<br />
qu'il y en a eu quelques-unes qui ont<br />
été Stoïciennes ; & je panche à le croire , quoique<br />
i^4/>
PHILOSOPHES. afir<br />
ïbphe Stoïcien, qui fat le précepteurde l'Empe»<br />
reur Marc-Aurele, & <strong>du</strong>quel ont parlé Eufebe<br />
dans fa Chronique , Gapitolin for Marc-Antonin ^<br />
& Marc-Antonin, dans le livre I. de Tes Réflexions^<br />
fur- lui-même j car c'eft ainfi qu'il faut entendre le<br />
titre de cet ouvrage, que d'autres ont mal tra<strong>du</strong>it<br />
par ces mots de fa vie, quoique «Suidas apelle<br />
ainff ces livres de Marc-Antonin, en difant qu'il<br />
a écrit douze livres <strong>du</strong> court de fa vie. Capito-<br />
Krr a auffi parlé de cet Apollonius fur Antonin le<br />
Pieux : je raporterai fes paroles pour y ajouter<br />
quelque chofe :. » il dit qn'Antonius le Pieux, qui<br />
•n avoit fait venir Apollonius de Chalcis , l'ayant<br />
y> mandé au Palais de Tibère ou il demeuroit,<br />
» pour lùr remettre Marc-Antonin entre les<br />
M mains , ce Philosophe lui dit, que ce n'étoit<br />
n pas au maître à venir auprès <strong>du</strong> difçiple, mais<br />
» au difçiple à venir trouver le maître ; fur quof<br />
» l'Empereur fé mit à rire, & lui répondit : il' a<br />
ti donc été plus aîfé à Apollonius de venir de<br />
» Chalcis à Rome, que d'aller de fa maiforr aa<br />
» palais. » La même chofe arriva à Haroun Rafchid<br />
, avec Malec. Ce Calife ayant demandé au<br />
Do&eur de venir chez lui pour inftruire fes enfans<br />
, Malec lui dit, que la fcience n'avoit pas<br />
coutume de chercher des difciples, mais d'en être<br />
recherchée. Rafchid lui répondit, qu'il avoit<br />
BÙfaa, & ordonna à fes fils de fe rendre dam
»fe F E M M E S<br />
le temple ponr entendre Malec, (t) avec fes an*<br />
très difcipïes. Ceft Edouard Pococq qui raporte<br />
ce trait dans fon eûai fur l'hiftoire d'Arabie»<br />
P O R C I A.<br />
PORCIA étoit fille de Caton,& femme de<br />
Brutus. Plutarque dans la vie de Bratus , l'apelle<br />
Philofophe. Son hiftoire eft trop connue<br />
pour la mettre ici.<br />
A R R I A.<br />
Ceft une opinion très-certainement fondée<br />
qu'ARRIA , femme de Caecina Pœtus ; Arria fa<br />
fille, femme de Thrafea, & Fannia, fille de Thra*<br />
fea & femme d'Helvidius, ont pratiqué les maximes<br />
de la Philofophie Stoïcienne , quoiqu'elles<br />
ne l'ayent pas profeflee. Leur hiftoire eft auft<br />
trop connue pour en parler.<br />
THÉOPHILE.<br />
Nous avons parlé d'elle dans le chapitre dès<br />
femmes Epicuriennes»<br />
f
PHILOSOPHES. sré*<br />
U paraît auffi que les Femmes Romaines ainoient<br />
à lire des livres Stoïciens, par les vers<br />
d'Horace dans fes odes, Epode huitième.<br />
Quoi ! croira-t'on qut les Livres Stoïciens fe plaident<br />
à être couchés parmi les Couffins de foie ? (i)<br />
Cl) Cette Epode"eft une de celles qui ne font point<br />
clans l'Horace de le Batteux : fans doute à ca'ufe des obfcénités<br />
qu'elle renferme. Elle eft adrefëe a une vieille débauchée<br />
; 8c je crois que Ménage a fait ici une mépiife, car lct<br />
mot d'Horace eft une ûtyie.
«4 F E M M E S<br />
CHAPITRE XL<br />
DES PYTHAGORICIENNES,<br />
T L y a eu tantdefemmesPythagorkiennes, que<br />
* Philochore, Grammairien d'Athènes, en a fair<br />
•n livre, comme le raporte Suidas fur le mot<br />
de Fhilochore , où il intitule ce livre : Recueil def<br />
femmes Héroïques* Ce Philochore a vécu <strong>du</strong> tems<br />
d'Eratofthène r & H pouvoit être encore jeune<br />
torfque celui-ci étoir déjà vieux : c'eft-à-dire,<br />
qu'il fieuriflbit fous le régne de Ptolomée Philopator.<br />
Il peut paroître furprenant qu'il y. ait eit<br />
tant de femmes Pythagoriciennes, fi l'on confidére<br />
que les Pythagoriciens obfer voient un filence<br />
de cinq ans, & qu'ils avoient plufieurs dogmes<br />
fecrets, qu'il n'étoit pas permis de révéler ;<br />
ce qui s'accorde difficilement avec le goût de<br />
parler fi naturel aux femme», & la peine qu'elles<br />
©nt à garder un fecret» Il y avoit des gens qui<br />
legardoiem Pythagore , comme un homme û<br />
rempli dès chofes fpirituejles, qu'ils lui dbftaoieat<br />
leurs femmes & leurs filles à instruire.<br />
Ccft
P H I L O S O P H E S . aSj<br />
C'eft Diogène Laërce & Porphyre qui nous l'aprennent.<br />
Hefmippe dit dans Diogène Laërce<br />
qu'on apelloit ces femmes Pythagoriciennes. Le<br />
même Diogène cite aufli un ouvrage de Cratinus,<br />
intitulé , La Pythagorifante : ce qui donne lieu<br />
de croire que les femmes qui cultivoient cette<br />
Phiiofophie , furent attaquées par les Poëtes co.<br />
iniques. Voici les noms des femmes Pythago-,<br />
riciennes que j'ai pu découvrir.<br />
T.HÉMISTOCLÉE.<br />
THÉMISTOCLÉE étoit fœur de Pythagore,<br />
fi l'on ajoute foi à Diogène Laërce & à Suidas.<br />
Voici les paroles de Diogène Laërce dans la<br />
Vie de Pythagore : Ariftçxène dit que Pythagore<br />
ejl redevable de la plupart de fes principes de<br />
Morale à fa fœur Thémifloclêe. Il faut ajouter fur<br />
cepaffage, qu'Aldobrandinafl'ure que cette leçon<br />
eft confirmée par l'autorité d'un très-ancien manufcrit<br />
de la bibliothèque de Farnàife. Suidas<br />
s'accorde à cela, dans l'article Pythagore, excepté<br />
qu'il apelle Théoclée, celle que Diogène<br />
Laërce nomme Thémiftoclée. Il prit, dit-il,<br />
fes principes de fafœurThéoclée. Pour dire cependant<br />
ce que je penfe, j'aimerois mieux lire ces paffages<br />
de Diogène Laërce & de Suidas de cette manière<br />
: // reçut fes principes de la îrîtreffe deDcl-<br />
. phes, conformément à ce qui fuit ce paffage dans la<br />
Vie de Pythagore par Diogène Laërce. Le même<br />
Tome III. • Z
a66 F E M M E S<br />
dit auffi, comme cela a été remarqué plus haut, ( if<br />
s'agit d'Ariuoxène dont il avoit parlé , & il faat<br />
obferver ces mots comme cela a été remarqué plut<br />
haut ) que Pytkagore a reçu fis principes de Tkimiftoclce<br />
de Delphes. Il eft vrai que Cafaubon & Se*.<br />
liger fe fondant fur le premier pàfiage que nous<br />
avons cité, ont changé dans celui-ci le mot ai<br />
Delphes en celui de fœur, ( i ) le premier dans<br />
fes notes, & le fécond à la marge <strong>du</strong> livre ; mais,<br />
comme je l'ai déjà dit, je fuis pour laifler le<br />
mot de Delphes dans cet endroit, tant parce que<br />
les anciens Législateurs donnoient leurs Loix<br />
comme les ayant reçues de quelque - Divinité,<br />
(c'eftainfi queLicurgue confultoit Apollon, ROFmulus<br />
le Dieu Confus, Numa la Nymphe Egérie)<br />
(a) que parce qu'on croyoit qu'Apollon avoit de<br />
fréquentes communications avec Pythagore ; &<br />
c'eft Suidas qui raporte cette opinion. Il eft<br />
d'ailleurs plus croyable que Pythagore a attribué<br />
fes principes à la Prêtreffe de Delphes, qui paflbit<br />
pour infpirée , qu'à fa fœur, qui ne lui pouvoit<br />
donner aucune autorité. Outre cela , fi Py thagote<br />
avoit eu une fœur aflez fçavante , pour que ce PM-<br />
( i ) Le» mou de Delpbet fie de foeït en Grec > différent<br />
fort psu.<br />
(i) Les anciens remarquent que ces Légifliteurs ne ptewtidoient<br />
pu faire cela, pat un principe d'impofture., il» croyojerit<br />
que les idées de juftice étoient l'effet d'une inspiration continuelle<br />
ou particulière. Voyez Spantteim dans les Celui de'<br />
Julien, 8c lUodiglntit Aoi. pag. 6>S>
PHILOSOPHES. a6><br />
lofophe eût pu la faire paffer pour auteur defe*<br />
fentimens, il n'y .a perfonne qui n'çût parlé d'elle,<br />
& ne l'eût nommé. Or, perfonne ne parla<br />
d'elle expreflement, excepté Diogène Laërce ÔC<br />
fou copifte Suidas. Porphyre, Jamblique, l'Anonyme<br />
, quoiqu'ils àyent tous écrit la vie de Pythagore,<br />
n'en font point mention. Enfin, ce qui<br />
confirme tout-à-fait la correction d'Aldobrandin,<br />
Porphyre dit. dans la rie de Pythagore, que ce<br />
Philofophe répandoit que fa doctrine lui avoit<br />
été enfeignée à Delphes par Ariftoclée. Remarquez<br />
en partant ces différentes leçons. Porphyre<br />
apelle Ariftoclée celle que Diogène Laërce nom-j<br />
Me Thémiftoclée, & qui porte le nom de Théoclée<br />
dans Suidas.<br />
T H E A N O.<br />
Porphyre apelle THEANO la plus célèbre des<br />
Femmes Pythagoriciennes : il la fait fille de Pythonna£re,&<br />
Crétoife de naiflance; mais Diogène<br />
Laërce, & Suidas la difent fille de Brotin, ou<br />
plutôt de Brontin Crotoniate. Didyme dans fon<br />
livre de la Philofophie Pythagoricienne, dont il<br />
eft fait mention dans Clément d'Alexandrie, la<br />
dit native de Crotone. Diogène Laërce ajoute<br />
qu'elle fut femme dePythagore, mais que quelques-uns<br />
la font femme de Brontin, difciple<br />
de Pythagore. Porphyre la fait auffi femme de<br />
Zi
46» F E M M E S<br />
Pythagore; mais l'auteur incertain de la vie de<br />
ce Philofophe dans Photius, l'apelle fille &<br />
difciple de Pythagore. Hermélianax de Colophon<br />
, Poëte élégiaque , dont nous avons parlé<br />
à l'occafion de Léonce , fe joint à ceux qu'<br />
croyent qu'elle fut femme de Pythagore : cat<br />
dans le III. livre des Elégies qu'il fit pour cette<br />
Léonce, courtifanne d'Athènes qu'ilaimoit,<br />
il fait un catalogue de ceux qui ont eu des amours<br />
trop paffionnés, & dit que Pythagore brûla d'un<br />
amour infenfé pour Théano. Voici fes paroles<br />
qu'Athénée raporte dans fon IV. livre. Théano<br />
jetta dans cette folie Pythagoras de Samos, qui<br />
a découvert les détours compliqués de la Géomi'<br />
trie, la circonférence de l'Air , & qui a renfermé<br />
toutes chofts dans les dimenfions d'une petite<br />
Sphère.<br />
Elle eut deux fils de Pythagore, Télauges &<br />
Damon , outre Mnefarque, félon quelques-uns,&<br />
deux filles fuivant Suidas,nommées Mya & Arignote.<br />
Malchus ( % ) ou Porphyre compte auffi<br />
deux fils dePythagore, Arimnefte&Télauges,&<br />
deux fiiles Myà & Arignote ; ajoutez-y Damo<br />
qui fut suffi fille de ce Philofophe « comme nous<br />
le prouverons plus bas.<br />
Suidas dit queTélaugés fut le maître d'Empé-'<br />
docle. Diogène Laërce le cite comme auteur<br />
(i) Ls premier nom de Porphyre. Moriri.
PHILOSOPHES.. i&9<br />
d'une lettre à Philolatts : voyez la Vie d'Empédode.<br />
Suidas dit auffi qu'il écrivit quatre livres<br />
<strong>du</strong> Quattrnion. Godefroi Wendelin vous dira<br />
ce que fignifie ce mot, dans fa diflertation fur la<br />
Tetrarchie Pythagoricienne (i). Marc-Antonin a<br />
'auffi parlé de Télauges dans fon VII. livre, foivant<br />
une correction q\ie nous avons faite (a) fur<br />
un endroit de ce livre. L'auteur <strong>du</strong> livre de<br />
l'Interprétation , fauffement attribué à Démétrius<br />
de Phalére, a dit auffi quelque chofe de Télauges.<br />
Le Dialogue qui porte le titre de Télauges<br />
a été écrit par Efchine, de l'école de Socrate ,<br />
comme nous l'aprenons de Diogène Laërce dans<br />
la Vie de cet Efchine , & d'Athénée , livre V.<br />
Vous ferez bien de voir les remarques que nous<br />
avons faites fur cet endroit de. Diogène<br />
Laërce (3)..<br />
Pour revenir à Théano , c'eft elle qui étant<br />
interrogée, quand on pouvoit fupofer qu'une<br />
femme n'avoit point de commerce avec les hommes<br />
, répondit T s'il s'agit de fon mari, d'abord:<br />
fi c'eft d'autres que lui, jamais. Ce trait eft.<br />
raporté par Diogène Laërce & par Suidas , ou-<br />
(>T Ce terme & le priaient font jeux termes relatifs à la<br />
yhilolophie des Nombres.<br />
(1) Voyez leMirc-A jtonin de Dacier, Liv. 7. n. Si.<br />
(j) Il n'y a prefque lien de plus que ce (fur eft<br />
dans la note dff Mad.ime Dacier fur Marc • Antonii, Liv*<br />
7- ,n- 6t.<br />
Z3
ty> • |F E M M E S<br />
tre Plutarque dans fes Préceptes <strong>du</strong> mariage, &<br />
Clément, Kvre IV. de fes Stromates. Diogène<br />
8c Suidas ajoutent, que quand elle voyoit<br />
de nouvelles mariées, qui alloienttrouver leurs<br />
époux, elle les exhortoit de quitter la réferve<br />
en fe donnant à leurs maris : expreffion que Plutarque<br />
a condamnée dans fon excellent livre des<br />
Préceptes <strong>du</strong> mariage, où il l'attribue à Héxodote.<br />
Ses paroles font : Hérodote n'a pas bien<br />
parlé lorjqu'il a dit, qu'une femme fe dépouille de<br />
la pudeur en ôtantfes habits , car Une femme chafte<br />
revit la mode/He en étant les habits qui la couvrent.<br />
Le paflage d'Hérodote eft au commencement<br />
de fon I. livre.<br />
Pour le dire en paffant, Michel Montagne,<br />
livre I. de fes EJfais , chapitre XX. attribue<br />
ce mot à la bellê-fille de Pythagore, en<br />
quoi il a commis une erreur de mémoire.<br />
Quelqu'un ayant vu Théano <strong>mont</strong>rer le coude,<br />
pendant qu'elle s'habilloit, & lui ayant dit : Voilà<br />
vn beau bras, eHerépondit : // neflpas au public.<br />
Plutarque raporte cela dans fes Préceptes <strong>du</strong><br />
mariage , ainfi que Clément d'Alexandrie,<br />
livre IV. de fes Stromates , & Anne Comnene,<br />
. livre XII. de fon Alexiade. Plutarque ajou- -<br />
te, que non - feulement le bras d'une perfonne<br />
fage, mais même fes. difcours, ne doivent, pas<br />
«tre une chofe publique , & il raporte dans le
P H I L O S O P H E S. *7i<br />
\ '<br />
même endroit que Théano ayant été interrogée,<br />
quel étoit le devoir d'une femme vertueufe, répondit<br />
: que c'étoit de plaire à fon mari : ce qui<br />
me fait foovenir d'un mot de Dion dans fon livre<br />
intitulé Oeconom'tque, que la vertu d'une femme<br />
cpnfifte dans l'Amour qu'elle doit porter à foa<br />
mari.<br />
Elle a beaucoup écrit : Stobée rapoite un<br />
fragment de fes livres fur la piété, dans lequel<br />
HOUS aprenons y que Pythagorc a crû, non que<br />
toutes choies fe font des nombres, comme le<br />
veulent la plupart des Grecs, mais félon le»<br />
régie* des nombres. Clément d'Alexandrie dit<br />
qu'elle a écrit des Poëfies, & Suidas le con6rme,<br />
en difant, qu'elle a lahTé un Poëme en vers<br />
héroïques. Pollux, livre VI. chapitre III. cite<br />
une Lettre qu'elle a écrite à Timarete. Il y a<br />
aufli dans l'édition de Diogène Laërce par Henri<br />
Etienne,quelques lettres fous fon nom & avec<br />
-cette infcription, Lettres de Théano apellée la<br />
' fille de la fagejfe de Pythagore. Luc Holftenius ,<br />
dans fes notes fur la vie de Pythagore,écrite par<br />
un auteur incertain , a publié quatre autres lettres<br />
d'elle , qui font tirées d'un Manufcrit <strong>du</strong> Vatican,<br />
entre lefqueîles il s'en trouve une adreflée à<br />
Timéonide , oh elle lui dit : Pourquoi continuerions<br />
à me calomnier? ne fçave^vous donc pas que je<br />
fie çtjfe de publier vos louanges , quoique vousfaf-<br />
J!f{ le contraire? mais il faut que je vous aprtnne<br />
Z4
»7i F E M M E S<br />
que perfonne ne me croit quand je vous loue, &que<br />
perfonne auflinc vous croit quand vous me calomnie^.<br />
Libanius dit quelque chofe de pareil dans une<br />
lettre à Ariftaenetus ; vous dites <strong>du</strong> mal de moii<br />
& moi je vous loue ; mais perfonne n'ajoute<br />
foi ni à vos midifances ni à mes louanges»<br />
Ce n'eft donc point d'une épigramme de Buchanan<br />
que j'ai emprunté ce trait , comme<br />
quelques-uns m'en accufent. Zoïle, tnvainvous<br />
me blameç é» en vain je vous loue : il n'y a de vérité<br />
ni dans vos difcours ni dans Us miens. Je<br />
dois cette penfée à Théano & à Libanius.<br />
Théodoret dit, livre 11. de fes Thérapeutiques,<br />
que Pythagore mari de Théano étant,<br />
mort, elle prit la con<strong>du</strong>ite de fon école avec fes<br />
fils Télauges & Mnefarque.<br />
Clément d'Alexandrie raporte, que Didyme<br />
dit dans fon livre de la Philofophie Pythagoricienne,<br />
que Théano eft la.feule femme qui s'eft<br />
apliquée à la Philofophie & qui a écrit des Poëues:<br />
il fe trompe à l'un & à l'autre égard.<br />
Plutarqne a parlé d'elle fort honorablement<br />
dans fes Préceptes <strong>du</strong> mariage. Voici fes paroles :<br />
Vous ne pouve[, dit-il, en s'adrefTant à Eurydice,<br />
acquérir qu'à grands frais les perles que portent<br />
les femmes riches, ou les habits de foye des<br />
étrangères, afin de vous en parer; mais vous pour<br />
vei acquérir pour rien la parure de Théano, de<br />
Cléobulint, de Gorgus.l'époufe de Léonidas , dt,
PHILOSOPHES. 473<br />
T'moctée, faur de Théagène, del'ancienne Claudia,<br />
de Corne lie , faur de Scipion, & des autres femmes<br />
qui fe font ren<strong>du</strong>es célèbres ; & de pareils orne»<br />
mens vous feront mener une vie heureufe & MU*<br />
verte de gloire.<br />
Voyez ce qui fera dit plus bas dans l'artrcle<br />
de Timycha , Si. ce qui a été dit plus haut dans<br />
celui d'Eudocie, femme <strong>du</strong> Defpote Conftanti»<br />
Palaeologue.<br />
- Lucien, dans fon Traité des Images , dit que<br />
Théano avoit une grande Ame.<br />
M Y I A,<br />
MYIA fut fille de Pythagore & de Théano :<br />
voyez Clément d'Alexandrie , livre IV. de fej<br />
Stromates. Diogène Laërce, Porphyre & Suidas<br />
à l'article Pythagore , Jamblique à la fin de la<br />
•ie de ce Philofophe , difent qu'elle étoit femme<br />
de Milon Crotoniace : il faut donc corriger<br />
Jamblique lui-même, qui, livre II. chapitre XXX;<br />
de cette Vie de Pythagore , dit qu'il eut une<br />
fille qui fut mariée à Milon Crotoniate. Ce Milon<br />
de Crotone n'eft pas différent de celui dans la mai.<br />
fon <strong>du</strong>quel Pythagore fut brûlé v car quoique<br />
fbn nom foit écrit Mylon dans les éditions de-<br />
Diogène Laërce, c'eft une faute d'impreffion.<br />
Il y â Milon dans le manuferit de la bibliothèque<br />
<strong>du</strong> Rot, & c'eft ainû que Cafauboà a
274 F E M M E S<br />
corrigé ce mot dans Diogène Laërce , & que<br />
Rittershufius l'a corrigé dans Porphire. On ne<br />
peut douter que cette correftion ne fort bonne,<br />
6 on fait attention à ce partage de Porphire dans<br />
ta Vie de Pythagore. Les amis de Pythagore<br />
étant ajfemblis dans la maifon de Milon F Athlète.<br />
Strabon la confirme auffi, livre VI. Milon,<br />
dit-il, le plus célèbre Athlète qu'il y ait eu, fut<br />
difciple de Pythagore Mais un des dogmes des<br />
Pythagoriciens étant de s'abftenir de manger<br />
des animaux, comment cerameux Athlète, qu'on<br />
dit avoir une fois mangé un Taureau dans un<br />
jour, a-t'il pu être Pythagoricien r Aulu-Gelle<br />
répondra à cette queftion ; c'tfl, dit cet Auteur,<br />
une ancienne Ymais fauffe opinion qui s'efi établie ,<br />
que le Philofophe Pythagore nt mangeoit point dt<br />
fhair d'animaux (i).<br />
C'efl je crois de cette fille de Pythagore, que<br />
rouloit parler Porphyre, lorfque dans la Vie de<br />
ce Philofophe, il attribue à Timée, d'avoir dit<br />
[ue la fille de Pythagore étant jeune inftruifoit<br />
S<br />
es filles, & qu'étant mariée elle inftruifoit les<br />
femmes. Jamblique dit quelque chofe de pareil<br />
dans la Vie de Pythagore, livre I. chapitre<br />
XXX. de même que Saint Jérôme, livre I.<br />
contre Jovinien ; Timéeajoute que les Crbtonia-<br />
(i) Cela eft réfuté pu DoJVvel , Bibliothèque choifi:*<br />
tome io. p. 144.
PHILOSOPHES. i7f<br />
tes firent un temple à Cérès de la mai (on de cette<br />
jeune fille , & en apelérent la ruelle <strong>du</strong> nom<br />
d'Académie.<br />
- Lucien, dans fort Eloge des Mouches , après<br />
avoir parlé deMya, perfonne belle & fça vante en<br />
Poëfie, (ce qu'il faut entendre de celle deThefpie<br />
non de celle de Sparte ) & de Myia, célèbre courtifanne<br />
d'Athènes, ajoute qu'il pourroit dire<br />
auffi beaucoup de chofes de Myia Pythagoricienne<br />
, fi fon hifloire n'étoit pas connue de tout le<br />
monde. On ignore aujourd'hui cette hiftoire :<br />
ainfi je fouhaiterois que Lucien ne fe fût pas difpenfé<br />
de la publier. Tacite a fait la même chofe<br />
que lui, parlant de Sénéque : il dit, lorfqu'ilfut à<br />
fes derniers momens, fon éloquence s'anima 6> lui fit<br />
difter plufieurs chofes qui font publiées dans fes propres<br />
termes ; de forte qu'il n'efl pas rtéceffaire de<br />
leur donner un autre tour en les répétant. Cependant<br />
ces dernières paroles de Sénéque font per<strong>du</strong>es<br />
, & c'eft dommage pour la Philofophie.<br />
Il y a dans les Monumens Pythagoriciens, publiés<br />
par Henri Etienne, & dans les Lettres<br />
Grecques , dont on attribue fauffement à Jacques<br />
Cujas, d'avoir fait une verfion latine , une 1er.<br />
tre fous le nom de Myia Pythagoricienne, qui<br />
eft adreffée à une certaine Phyllis , & qui roule<br />
fur le choix d'une bonne nourrice.
%j6 F E M M E S<br />
A R I G N O T Ë .<br />
ARIGNOTE étoit de Samos.ék fut auffi fille de<br />
Pythagore & de Théano : elle étoit dans les principes<br />
de Pythagore, & elle écrivit beaucoup.<br />
Suidas dit qu'elle écrivit des vers bacchiques,<br />
c'eft-à-dire, des Epigrammes fur les myftéres de<br />
Cérès, ou de* chants facrés, & l'enfance de Bacchus.<br />
Ses autres écrits font philofophiques.<br />
Clément d'Alexandrie dît auffi qu'elle a écrit des<br />
vers bacchiques ; mais ceux que Suidas fupofe<br />
être la même chofe que les myftéres de Cérès,<br />
femblent en avoir été différens. Porphyre, dans<br />
la Vie de Pythagore, dit que fes écrits fur la Phir<br />
fofophie Pythagoricienne fubfiftoient encore de<br />
(on tems. Pythagore étant de Samos, il n'eft<br />
pas furprenant qu'Arignote fa fille en fut auffi.<br />
Suidas dit que Télauges, fils de Pythagore , étoit<br />
pareillement de Samos.<br />
D A M O.<br />
Suivant Porphyre, dans la Vie de Pythagore;<br />
PAMO étoit auffi fille de cePhilofophe, & cela<br />
eft confirmé par Lyfis Pythagoricien , dans fa<br />
lettre à Hipparchus, ou à Hippafe ; car voici ce<br />
que ce Philofophe dit à Hipparchus : Tcntens<br />
dire à beaucoup de gens que vous enfeigne^ la Phi-
PHILOSOPHES* %77<br />
lofopkie publiquement, ce que Pythagore a défen<strong>du</strong>;<br />
car il a laiffé fes Commentaires à fa fille Damo, avec<br />
ardre de ne les point communiquer à des étrangers ;<br />
& quoique Damo ah pu gagner beaucoup d'argent<br />
en les vendant, elle n'a pas voulu le faire, préférant<br />
à ce gain la pauvreté 6* l'obéïjfance aux ordres de<br />
fon Père. Diogène Laërce, dans la Vie de Pythagore,<br />
après avoir raporté ces paroles de Lyfis en<br />
Grec , y ajoute ces mots, comme étant de ce<br />
Philofophe , quoi quelle ne fût qu'une femme ;<br />
mais ces mots ne font point de Lyfis, comme le<br />
prouve fa lettre même , ou ils ne font pas : eHe<br />
fe trouve toute entière dansBeftarion contreGeorges<br />
deTrébifonde, &dans les anciens monumens<br />
Pythagoriciens publiés par Henri Etienne à la fin<br />
de Diogène Laërce. Ce Lyfis fut le plus célèbre<br />
des Philofophes Pythagoriciens, & Plutarque<br />
raporte qu'il était fort eftimé d'Epaminondas ,<br />
dont il fut le précepteur. Ceft à luj qu'on attribue<br />
les vers dorés de Pythagore ; ce qui fait voir<br />
que fa lettre eft un précieux monument de l'Antiquité.Les<br />
autres pièces de ce recueil d'HenriEtienne<br />
ne font pas moins belles, de forte que Gérard<br />
JeanVoflius, dans fon Traité des Settes des Philofophes<br />
, a raifon de témoigner être furpris &<br />
fâché de ce que ce recueil n'eft pas plus recherché.<br />
J'aurois prefque oublié une chofe qui mérite<br />
d'être ajoutée : c'eft- que Damo étant près de
ft7S F E M M E S<br />
mourir envoya à fa fille Biftalie la lettre de Pythagore,<br />
dans laquelle ce Pbilofophe défend de<br />
communiquer fes écrits à des étrangers. Les paroles<br />
de Lyfis qui raporte cela , font.: On dit<br />
qu'étant mourante elle envoya cette mime lettre à<br />
.Biftalie fa fille. On fait mal de lire communément<br />
dans ces paroles le mot de mourante, comme<br />
s'il fe raportoit à Biftalie. Au refte, c'eft à<br />
cette défenfe de Pythagore , par raport à fes<br />
écrits, que Saint Jérôme a égard dans fa dernière<br />
apologie adreflee à Rufin, où il fe fert de ces<br />
mots : Ainfi, quand mime -je ne pourrois pas<br />
prouver qu'il y a des écrits de Pythagore lui-mime,<br />
& faire voir que ce ne font pas fimplement des chofcfquiaycnt<br />
été ditespar fon fils ou fa fille , oufet<br />
autres difciples, &c.<br />
S A R A .<br />
L'Auteur anonyme de la Vie de Pythagore,<br />
fait de cette SARA encore une fille de ce<br />
Philofophe.<br />
T I M Y C H A.<br />
TIMYCHA étoit Lacédémonienne & femme<br />
de Myllias de Crotone. Jamblique à la fin<br />
<strong>du</strong> livre de la Vie de Pythagore , parle de<br />
quinze femmes qui ont été Philofophes Pythago-
PHILOSOPHES. »7*<br />
ticiennes, & met à la tête Timycha , femme<br />
de Myllias de Crotone. Porphyre, dans la Vie<br />
de Pythagore, ayant raporté l'hiftoire de Phyntia<br />
6t de Damo, ajoute qu'Hippobote&Néanthe<br />
raportent l'hiftoire de Myllias & de Timycha-<br />
Cette hiftoire n'eft point dans Porphyre, le manufcrit<br />
étant imparfait dans cet endroit ; mais<br />
on peut y fupléer par ce morceau de Jamblique<br />
dans la Vie de Pythagore, chapitre L.<br />
,, Lorfque ces deux époux qui étoient dans les<br />
„ fentimens de Pythagore , eurent été amenés<br />
,, devant Denys le Tyran, il leur fit des offres<br />
„ confidèrables, jufqu'à leur promettre de par-<br />
,, tager fon autorité avec eux ; mais ayant mé-<br />
,, prifé ces faveurs, il s'adreffa premièrement<br />
„ au mari & enfuite à la femme, pour fçavoir<br />
,, quelle raifon les Pythagoriciens pouvoient<br />
„ avoir d'aimer mieux mourir que de fouler des<br />
,, fèves aux pieds, les affinant que fi-tôt qu'ils<br />
„ auroient fatisfait fa curiofité là-deffus, il leur<br />
„ donneroit un congé honorable, puifqu'ils ne<br />
„ vouloient pas refter auprès de lui. Myllias<br />
„ fans balancer lui répondit : les Pythagoriciens<br />
„ aiment mieux mourir, que de fouler des fèves<br />
„ aux pieds, & moi plutôt que devousdécou-<br />
,, vrir la raifon qui les fait agir ainfi , je fuis<br />
,, prêt de fouler des fèves aux pieds. Là-deflus<br />
„ le Tyran ayant fait retirer le mari, s'adreffa à<br />
,, Timycha, efpérant qu'il obtiendroit plusaifc-
*»*> F E M M E S<br />
ï, ment d'elle ce qu'il fouhaitoit de fçavoîr ,"<br />
„ tant à caufe de la foiblefle de fon fexe, que<br />
,, parce qu'elle étoit alors enceinte , & qu'il la<br />
„ menaçait outre cela de la faire tourmenter ;<br />
„ mais il fut bien trompé dans fon attente, car<br />
,, Timycha, par un exemple étonnant de réfoj,<br />
lution, s'étant mor<strong>du</strong>e le bout de la langue,<br />
l „ le cracha au vîfage <strong>du</strong> Tyran, de peur que<br />
,, les tourmens ne lui fiflent dire des chofes<br />
j, qu'elle devoit taire.<br />
C'eft cette hiftoire que Saint Ambroife avok<br />
en vue dans fon Traité de la Virginité, livre II.<br />
chapitre IV. voici fes paroles. ^ „ On fait<br />
i, l'hiftoire d'une Vierge Pythagoricienne, qui<br />
„ étant fortement follicitée par un Tyran-de. lai<br />
,, dire une chofe qu'elle devoit tairje, & crai-<br />
',, gnant que les tourmens ne lui en arrachaffent<br />
,, la confeffion, fe coupa la langue avec les<br />
,, dents & la cracha au vifage <strong>du</strong> Tyran, afin<br />
„ de n'en être plus queftionnée. Cependant<br />
„ avec une ame fi grande elle étoit enceinte,<br />
,, exempte à la fois de force à retenir fa langue ,<br />
„ & de foibleffe fur l'article de la chafteté. La<br />
„ volupté fçut vaincre celle que les tourmens<br />
'„ trouvèrent invincibles. Capable de garder<br />
„ un fecret qui concernoit l'efprit, elle fe troutt<br />
va incapable de couvrir l'oprobre <strong>du</strong> corps.<br />
Mais comme cette Pythagoricienne étoit légitimementmariée,<br />
Saint Ambroifen'avoit point Aijet
P H I L O S O P H E S . aSi<br />
jet de lui reprocher un oprobre ; 'de forte qu'il<br />
eft vraifemblable que ce célèbre Saint avoitpris<br />
cette hiftoire dans quelque auteur, qui l'aura<br />
raportée autrement que Porphyre & Jamblïque.<br />
(i)<br />
Remarquons en paffant que Tertullien raporte<br />
quelque chofe de pareil de Leaene, courtifanne<br />
d'Athènes. C'eft dans un Sermon adreiTé<br />
aux martyrs. „ A-t'elle, dit-il, cédé aux bour-<br />
„ reaux, cette courtifanne d'Athènes , qui fa-<br />
,, chant le fecret d'une confpiration pour laquel-<br />
„ le un Tyran la faifoit tourmenter, ne voulut<br />
„ jamais en'trahirjes complices ,& cracha enfin<br />
„ fa langue qu'elle avoit coupée avec les dents ,<br />
„ au vifage <strong>du</strong> Tyran |, afin qu'il ne crût pas<br />
„ qu'il la feroit parler en continuant de latour-<br />
,, menter ? Mais les autres auteurs qui parlent<br />
de la confiance de Leœne , Pline , Plutarqu»;<br />
Paufanias , Athénée , ne difent point qu'elle fe<br />
foit coupé la langue. Valere Maxime , Pline ,<br />
Diog'ne Laërce &Philon Juif, attribuent la même<br />
aftion à Anaxarque. Tite-Live l'attribue<br />
aufli à Théodore de Syracufe, & S. Jérôme dans<br />
la Vie de S. Paul premier Hermite, dit qu'un jeune<br />
(t) 11 n'eft pasbefoin , me fembfe . de faire eerte fnpa»<br />
fuion, la cltf des réflexions de S. AinhroiTeed qu'il tegar.<br />
doit mn feulement la chafteté dans le célibat, mai le cé!ir<br />
liât m'me comme une v«icu, & le maria je comme ans<br />
efpéce d'orr"bre.<br />
Tome III, A a
a8a F E M M E S<br />
homme en fit autant, mais pour un autre fujet..<br />
,, Il ordonna , dh-il, qu'un autre jeune homme<br />
„ qui étoit à la fleur de l'âge, fut mené dans un<br />
„ jardin délicieux & couché fur un lit qu'il fit<br />
„ drefler entre des Lis Se des Rofes , auprès<br />
-,, d'un RukTeau & à l'ombre des arbres ; puis<br />
„ l'ayant tait attacher arec des liens de (ojeSt<br />
„ fait éloigner les témoins , il le lirra à ose<br />
M courtjfanne qui fit fe s efforts pour le vaincre.<br />
„ Alors cet Athlète de Jefns-Chrift ne
P H U O S ' Ô P H E S. a8î<br />
,, pour l'obliger a révéler les fécrets defa patrie,<br />
-,, elle fe coupa la langue, & la jetta au Tyran :<br />
„ elle étoit bien réfolue de ne point parler ,,<br />
„ ma» eHe fentoit que la néceffité l ? y ofcligeroit ;<br />
„ s'étant donc Ôté l'organe de la parole , pour<br />
», étouffer fa voix, cette vïolenêe la mh en état<br />
it d'exécuter le deffein qu'elle avoit formé de ne<br />
„ point découvrir les fecrets de fa patrie.<br />
P H I L T A T 1 &<br />
PHILTATIS étoit fille de Théophride Çrotoniate,<br />
&f«eurde Bynthaïcus, voyez Jarnblique :<br />
ni l'un ni l'autre de ces deux homiaes «e me font<br />
connus d'ailleurs.<br />
Comme Philtatis eft un nom de femme, Phil<br />
tatius eft un nom d'homme. Olympiodore P&*lofophe<br />
d'Alexandrie , raporte dans Photius, qujer<br />
Philtatius homme fçavant &fonami,avoittt^a.vé<br />
l'art à Athènes de faire tenir des cahiers de<br />
livres enfemfele,<br />
O C C E î, L O-<br />
' OCCELLO étoït de la Lucanîe : vpyw FamBSfijue..<br />
Elle paroît avoir été fille d'OcelÎH* Lucairf,<br />
qui a fait uil fivre de la Nature de ï'Umvers ,<br />
& cela ne devient pasincertain.par ;la remarque; r<br />
«pie cetEccivauteûnomméOcellus dansl'édiuo»<br />
A» x-
o84. F E M M E S<br />
de Commelin, & dans celle de Boulogne, auffibien<br />
que dans le livre de Philon intitulé , <strong>du</strong><br />
monde. On ne peut pas objeâernon plus qu'il<br />
eft nommé Oicellus dans plusieurs leçons de cette<br />
édition de Commelin', dans la plupart des<br />
éditions de Diogène Laërce, au chapitre d'Archytas,<br />
& dans Lucien, Traité de la falutation ; car il<br />
paroît qu'Ocellus eft la vraie leçon par ces paroles^de<br />
Stobée , livre I. de fes Extraits de<br />
Phyfique , chapitre XVIII. Ocellus>dit-il, apctf'<br />
Caufe, ce qui pro<strong>du</strong>it quelque chofe, car il dit dans<br />
fon livre fur la Loi, &c. Cela paroît encore par<br />
ce paflage de JambKque, dans la Vie de Pythagore<br />
: Ocellus & Oculus frères , ètoient de la Ltf<br />
tanie, &c. Jamblique fait là le catalogue des<br />
Pythagoriciens qui étoient I.ucaniens de naiflance.<br />
Une autre preuve de ce que nous difons, fe trouve<br />
dans l'édition de Diogène Laërce par'Aldobrandin,<br />
où dans la lettre d'Archytas à Platon<br />
on lit, Ocellus. Nous vînmes, dit-il, dans la Lucanie<br />
&• no'us eûmes une- conférence avec l'es fils<br />
d'Ocellus. Le Manufcrit <strong>du</strong> Roi a dans cet endroit<br />
Occellus. La leçon qui porte Ocellus eft<br />
confirmée- par te mot Latin qui Cigmde petit oeil,<br />
& qui vient de ce mot grec Ocellus, comme le<br />
mot latin qui fignifie œil , -vient.<strong>du</strong>- mot grec<br />
Oculus. Ocellus & Occellus font le même mot :<br />
voyez Hefychhis qui dit que le mot grec Occuf<br />
%nifie r«il; &. cette leçon n'eft pas fautive,
P H I L O S O P H E S . a*f<br />
comme le croyoit Voffius dans fon Etymologique<br />
fur le mot œil. D'Occus vient le diminutif Ooecllus,<br />
tout comme à'Ocus vient Ocellus & Ocur<br />
lus. Les Romains apelloient de ce norad'Ocellus<br />
, ceux qui avoient de petits yeux.<br />
On trouve ces paroles 'dans Cenforiir , Kvre<br />
<strong>du</strong> Jour Natal, chapitre III. Mais le premier fentiment,fçavo'tr,que<br />
Ugenre-humain a toujours éxifté,<br />
a pour fes défenfeurs Pythagore de Samos , Cereius»<br />
Lucain & Archytas de Tarente. Mais il faut lire<br />
Ocellus Lucain, ,fuivant Paul Manuce fur ce paffage,<br />
& Canterus x livre I. de fes diverfes leçons<br />
chapitre XVIL<br />
E C C E L O.<br />
ECCELO étoit de Lucanie : voyez Jamblique,<br />
Elle paraît avoir été la fille d'Eccelus comme le<br />
Père d'Occello s'apelloit Ocellus.Syrien dans fâs<br />
Commentaires fur le XIII. livre de la Métaphyfique<br />
d'Ariftote fait mention d'un livre dTïccellus fur<br />
la Nature de l'UniveTS , que Nogarole dans un«<br />
tettr,e à. Adam Fumée , chanoine de Vérone, fur<br />
les hommes rlluftres d'Italie qui ont écrit en Grec,<br />
croyoit avec beaucoup de vraifemblance être le<br />
même, que le livre d'Ocellus' dont nous avons*<br />
parlé plus haut. Il fe peut pourtant qu'il y ait eu<br />
' un Ecellus Pythagoricien, qui a écrit un livre<br />
fwjs U même, titre, que celui qu'à employé Qtr
aSS F E M M E S<br />
relias; car Smplichis dans fes remarques fur le»<br />
Catégories d'Ariftote , cite auffi un livre d'Archytas<br />
Pythagoricien, fur l'Univers , & Suida»<br />
«dit que Timée de Locres, auffi Philofophe Pythagoricien<br />
, a fait pareillement un livre fur te<br />
Nature.<br />
C H I L O N I S.<br />
. CHILONIS étoitfflle de Cbilonde Lacédémoae<br />
: voyez Jamblique ;mais ce Chilon de Lacédé-<br />
Bione eft-il ce Chilon Lacédémonien qui fut un<br />
des fept Sages de Grèce r H me le paroît ainfu<br />
T H E A N O.<br />
THEANOtut la femme de Brontin de Metapont,<br />
fuivant Jamblique. Nous avons parlé d'elle<br />
plus haut. Ily eut plusieurs Métapootins quiembrafférent<br />
la Seâe de Pythagore ; ce Brontin dont<br />
nous parlons, Hippafus dont Diogène Laerce a<br />
écrit la vie , & Métopus dont Stobée raporte os<br />
fragment dans fon premier difcours-<br />
M Y I A.<br />
MYIA étoh femme de Mïlon de Crotone r .<br />
•oyez J»mblique & ce que nous avons dit plu*<br />
nwittaochaot cette- GJVWIK.
P H I L O S O P H E S . »«£<br />
L A S T H E N I E .<br />
LASTHENIE étoit Arcadienne : Voyez Jamfclique.<br />
Elle paroît être la même que la Lafthéaie<br />
Arcadienne, qui fut Platonicienne & dont<br />
nous avons parlé dans l'article des femmes Platoniciennes.<br />
Si nous en parlons encore , c'efl<br />
que Platon a pris tant de chofes de Pythagore,<br />
qu'on pourroit l'apeller Pythagoricien. Diogène<br />
Laërce dans la Vie de Platon, dit qu'il a fait un<br />
mélange des Dogmes d'Heraclite , de Pythagore<br />
& de Socrate. Ajoutez qu'Ariftote, livre I. de<br />
fa Métâphyfique, chapitre V I. dît que la doctrine<br />
de Platon eft prefque toute formée fur celle<br />
de Pythagore. Aulu-Gellë dit auffi qu'il acheta<br />
les trois livres de Philolaiis Pythagoricien, pour<br />
dix mille deniers, & Diogène Laërce dit qu'il<br />
donna quarante mines d'Alexandrie pour un feul<br />
de fes livres. L'Auteur Anonyme de la Vie de<br />
Pythagore, raporte encore , qu'on difoit que<br />
Platon avoit apris la Philofophie contemplative<br />
& naturelle de Pythagore en Italie; mais cela<br />
n'eftpas fans difficulté, car comment Platon aéla<br />
quatre-vingt-huitième Olympiade, comme le<br />
dit Diogène, a-t'il pâ enteadrePythagore,qui,.<br />
félon Eufebe dans fa Chronique, eft mort dans<br />
la. foixante-dixiéme Olympiade: i
*8 F E M M E S<br />
A B R O T E L I E .<br />
Jamblique dit qu'ÂBROTELIE étoit fille d'Abrotele.<br />
Tarentin. Stanley, Auteur Anglois, dans<br />
ton Traité des SeSes des Philo fophes ,' la confond<br />
avec Lafthenie Arcadienne.Il paroît donc avoir lu<br />
ainfi le paflage de Jamblique , Lafthenie Arcadien*<br />
ne fille cTAbrotele de Tarcntc»<br />
ECHECRATIE.<br />
ECHECRATIE étoit de Phliafie félon Jamblique,<br />
& je croirais qu'elle fut fille d'Echécrate<br />
Phliafien, Philofophe Pythagoricien dont Diogène<br />
Laërce fait mention dans ces paroles , les derniers<br />
Pythagoriciens, 6» ce font ceux qu'Arifloxent<br />
a vus ,font Xinophile de Chalcis de Thrace , Phanton<br />
Phliafien, E choc rat es, Diodes & Polymnejle,<br />
aujfi Phliafiens.<br />
T Y R S E N E.<br />
TYRSENE «toit de Sybaris t voyez Jamblîr<br />
que.<br />
BISORRONDE.<br />
BTSORRONDE étoit de Tarente : voyeranf-<br />
£ Jamblique,<br />
NESTHÉADUSE,
PHILOSOPHES; i8«<br />
NESTHEADUSE.<br />
NESTHEADUSE étoit de Lacédémone,<br />
voyez Jamblique. Stanley la confond avec Bifortonde<br />
qu'il fait fille de Nefthiade.<br />
B Y O.<br />
BYO étoit d'Argos ,fuivant Jamblique;<br />
B A B E L Y M E .<br />
Suivant le même auteur, BABELYME étoit;<br />
auffid'Argos.<br />
CLEOECHMA.<br />
CLEOECHMA, étoit fœur d'Autocharide Lacédémonien,voyez<br />
Jambique. Il faut que cet Au-'<br />
tocharide ait été illuftre, puifque Jamblique, pour<br />
faire connoître Cléœchma, dit qu'elle fut fa fœur.<br />
On ne fçait aujourd'hui qui il a été. Nous avons<br />
fiiivi Jamblique, fur tous ces derniers articles :<br />
voicifes paroles beaucoup plus correctes qu'elles<br />
n'ont été publiées, & rectifiées en partie par conjectures<br />
, en partie félon le Manufcrit de la Bibliothèque<br />
<strong>du</strong> Roi.<br />
» Les femmes Pythagoriciennes qui fe font<br />
TomcIII^ Bfe
aoo F E M M E S<br />
» ren<strong>du</strong>es célèbres font i. Thimycha femme de<br />
» MylliasleCrotomate.t. PhirtatpfiUe.de Théo.<br />
» phrieCrotoniate,&fœurdeBunthaicus. 3. Oc.<br />
» cello, & 4. Eccello, de Lucanie. f.Chilonis<br />
M fille de Chilon Lacédémonien. 6. Théano fem-<br />
» me deBrontinde Métapont.7.Myia,femme<br />
»> de Milon Crotoniate. 8. Lafthénie Arcadien-<br />
» ne.9. Abrotélie,fiited*AbrotéleTarentin. 10.<br />
>» Echécratie Philiafienne. 11. Tyrfene de Syba-<br />
» ris. ix- Bkforrcndfi de Tareate. 13. Neftéa-<br />
» <strong>du</strong>fe de Lacédémone. 14. Byo d'Argos. 15.<br />
» Cléoechma {œur d'Autocharide de Lacédémone<br />
» en tout dix-fept. Mais il faut lire , en toutfciçc,<br />
» en fupofant que le w>jn deia dixième a étéou-<br />
» blié qui eft Babélyme d'Argos. (1)<br />
Il faut fe foûvenir que-cJefluious qui avons ajouté<br />
dés nombres à ces noms des femmes Pythagoriciennes<br />
, & nous en avertirons afin qu'on ne<br />
croye pas qu'ils font dans le Manufcrit <strong>du</strong> Roi.<br />
P H I N T H Y S.<br />
Nous aprenoris des Extraits de Stobée^difcours<br />
. LXXII. que PHINTHYS fut fille de Callicrate &<br />
Pythagoricienne/Elle aécrit un Traité de laTempè'<br />
rance des Femmes, & on a un aflez long extrait de<br />
(
PHILOSOPHES. 191<br />
«touvrage dans Stobée, ou plutôt Stobienjcar<br />
«eft ainfi qu'il faut prononcer le nom de cet<br />
Auteur , fuivant Henri de Valois , & Hok<br />
tenius. Etienne au mot Strobot eft <strong>du</strong> même,<br />
«vis.<br />
P E R J C T I O N E-<br />
PERICTIONE , eft fouvent nommée dans<br />
Stobée qui l'apelle Pythagoricienne, elle a écrit<br />
un livre fur la fagefle, & Stobée raporte deux<br />
exellens endroits de ce livre qui font écrits en<br />
Dialecte Dorique, ainfi il faut énoncer fuivant 1*<br />
même Dialefte un autre livre de Périâione , dont<br />
parle Stobée & qui eft intitulé , De la conftitution<br />
des Femmes. Périftione eft nommée dans<br />
la Bibliothèque de Photius, parmi les Philosophes<br />
dont Stobée a pris les fentences ; & il<br />
faut remarquer que le nom de Périftione qu'on<br />
lit dans cet endroit eft vicieux ; car il n'eft pas<br />
Un mot grec. La Mère de Platon s'apelloit Pé-.<br />
ri&ione. > '<br />
M É L I S S E .<br />
Il y a une lettre de MELISSE adreffée à Clarete,'<br />
Çc écrite en langue T)orienne, fur les habits qui<br />
conviennent aux femmes modeftes, où elle dit*<br />
que la couleur rouge qui eft celle que donne h<br />
Bba
201 F E M M E S<br />
pudeur eft la feule qui doit paroître fur le vftage<br />
d'une femme honnête. En effet, c*eft un trait de<br />
vertu de rougir, comme le difoit Diogène le Cynique<br />
à un jeune homme qu'il voyoit rougir:<br />
voyez Diogène Laërce dans la vie de ce Philosophe<br />
, Synefius dans fon Traité de la Royauté,<br />
dit auffi que de rougir eft quelquefois une mar.<br />
que de repentance qui ramène à la vertu. PythiaS<br />
fille d'Ariftote , interrogée quelle étoit la plus<br />
belle couleur, dît de même , que c'étoit celle<br />
que la modeftie donne aux perfonnes bien nées.<br />
Stobée raporte ce trait dans fon difcours de la<br />
Modeftie. Voyez aufli faint Ambroife , livre<br />
premier de la Virginité, Chapitre VI.<br />
Comme cette lettre de Melifle fe trouve parmi<br />
les lettres Pythagoriciennes, on ne peut conjecturer<br />
que Melifle étoit de cette Secte de Philo-,<br />
fophie.<br />
Plutarque, dans la vie de Périclès, parle de<br />
Meliflus préfet de Samos, homme qui aimoit la<br />
Philofophie: il étoit aparemment parent de Melifle<br />
dont nous parlons.<br />
R H O D O P E.<br />
Nous avons déjà remarqué qu'il y a dans les<br />
obfervations de Luc Holftenius, fur la vie de<br />
Pythagore écrite par un Auteur incertain , quatre<br />
lettres deThéano PhilofophePythagoricienne,
PHILOSOPHES. ao*<br />
"qui forlt tirées d'un Manufcrit <strong>du</strong> Vatican , &<br />
dont la dernière [eft adreffée à RHODOPE , la<br />
Philofophe. Nous pouvons conclure de là qu'elle<br />
fut Pythagoricienne. Je n'ofe pas dire que toutes<br />
ces lettres ne font pas de Théano femme de<br />
Pythagore. Il eft certain que celle dont nous<br />
parlons eft fupofée, car Théano s'y excufe auprès<br />
de Rhodope de ce qu'elle ne lui a pas encore<br />
envoyé le livre des idées de Platon , intitulé<br />
, Parminide. Or Théano femme de Pythagore<br />
a vécu pludeurs années avant Platon.<br />
Cette Rhodope eft donc différente d'une autre<br />
Rhodope Thracienne, fervante de Jadmon,<br />
compagne d'efclavage d*Efope, amante de Charax<br />
frère deSappho & courtifanne célèbre. Hérodote<br />
a parlé d'elle daps le livre de fon Hijloirt,<br />
intitulé , Eutcrpe , & Athénée dans fon livre<br />
quinzième.<br />
P T O L E M A I S .<br />
PTOLEMAIS, étoit de Cyrene ; il eft parlé<br />
d'elle dans l'inftitution de la Mufique Pythagoricienne<br />
, par Porphyre dans fon commentaire<br />
fur les Harmoniques de Ptolomée. Ce livre de<br />
Porphyre écrit à la main eft confervé dans la bibliothèque<br />
<strong>du</strong> Roi & dans celle <strong>du</strong> Vatican. Les<br />
Pythagoriciens ont beaucoup cultivé la mufique :<br />
voyez là-deffus Modératus Gaditanus, qui a re-<br />
Bb3
»94 F E M M E S<br />
cueilli les opinions de Pythagore en onze livre*<br />
très-fçavans, comme le raporte Porphyre dan»<br />
la vie de Pythagore. Remarquons en paffant que<br />
ce Modératus a vécu fous Néron. Ceft Plutarque<br />
qui nous l'aprend dans le huitième livre de<br />
fes Dïfcours de Table, chapitre VII. On ne fçait<br />
pas dans quel tems a vécu cette Ptolémaïs de<br />
Cyrene : feulement eft-il certain qu'elle a vécu<br />
avant Porphyre, puifqu'il fe fert de fon témoignage<br />
. Or Porphyre a vécu fous Aurélien. Peutêtre<br />
a-t'elle été contemporaine de l'impératrice<br />
Julie Domna, dont il eft probable que l'exemple<br />
engagea d'autres femmes às'apliquer à l'étude<br />
des fciences. Or dans ce tems-làil y avoit longtems<br />
que la Sefte de ^Pythagore étoit éteinte. En<br />
effet, Porphyre, dans la vie de Pythagore , fe<br />
plaint de ce que la Philofophie Pythagoricienne<br />
n'avoit plus de Difciples, & nous pouvons con_<br />
tlure de fa harangue que cette Sefte étoit éteinte<br />
Jbeaucoop avant fon tems. Ainfi en mettant Ptolémaïs<br />
de Cyrene au nombre des Femmes Pythagoriciennes,<br />
nous ne voulons pas dire qu'elle ait<br />
été Pythagoricienne à tous égards, mais qu'elle<br />
a fuivi les principes de Pythagore fur la Philofophie<br />
des nombres.
ÎPHILO S OP H ES. ajy<br />
C ONCLUSION.<br />
Voilà, fçavante 6» éloquente DACIER,« que fal<br />
recueilli des Livres des Anciens fur les Femmes Philofophes^b.dont<br />
j'ai crû .devoir vous faire hommage.<br />
Je n'ai fait pour ainfi dire qu'effleurer ta matière ;<br />
c ar il faut goûter la Phitofophie, & non pas la<br />
dévorer : & comme difo'tt quelqu'un , il eft bon de<br />
philofopker, mais il faut que ce foit en peu de mots.<br />
Aimant comme vous faites,l'hifloire delà Philofophie<br />
, la poffidant mime, comme le. prouvent<br />
vos fcavantes notes fur les Livres de F Empereur<br />
MarcAurele, j'efpire , MADAME, f«« ce petit<br />
Ouvrage vous fera agréable ; <strong>du</strong> moins je le fou-_<br />
haiu.<br />
•nç*<br />
BM
TABLE GÉNÉRALE<br />
DES MATIÈRES<br />
Contenues dans les trais Volumes des Vies<br />
des Philofopbes.<br />
Lt chiffre Romain marque le volume, & le chiffre<br />
Arabe les pages.<br />
A.<br />
A BROTELiE.fille d'Abrotele Tarentin IIL i2S.<br />
Académie, d'où elle tire fbn nom. 1.193.<br />
A fiions, mauvaifes aérions néchapent point à la<br />
connoiflance des Dieux 1.23.<br />
'Afflittion, nepoint s'abbatre dans l'affliction 1.64.<br />
AGANICE , (on père, fa patrie. III. 214. perfuada<br />
aux femmes de l'on pays qu'elle pouvoit faire<br />
defcéndre la Lune <strong>du</strong> Ciel. 215.<br />
ALCMEON,fa patrie. II. a«7< fut difciple de Pythagore,<br />
ibid. a traité de la Médecine, ibid. fut le<br />
premier qui enfanta un fyftême de Phyfique, ib.<br />
difoit que l'ame efl immortelle & qu'elle le meut<br />
continuellement comme le Soleil, ibid.<br />
'Ame, Thaïes eft le premier qui enfeigne l'immortalité<br />
de l'ame 1.14. eft attribuée aux chofes<br />
inanimées par le même 15. connoit les chofes<br />
fenfibles par le(moyen <strong>du</strong>corps,& les chofes intelligibles<br />
fans le fecours <strong>du</strong> corps 195. comment<br />
définie par Platon, obfcurite de fon Syftême<br />
2 20. renferme trois parties dans fa nature<br />
«37. fentiment d'Ariftote fur la nature 3op.les<br />
Stoïciens la djyjfent en huit parties. II. 143*
TABLE GENERALE DES MATIERES. 297<br />
r *i4me , ion principe s'étend depuis le cœur jufqu'au<br />
cerveau 223. pourquoi elle eft invifiblei*. quels •<br />
font lès liens ibid. ce quepenfoit Heraclite de fa<br />
nature 273. comment définie par Xénophane<br />
2.81. ce qu'en penfoit Zenon 289. quelle eft fa<br />
vraye fituation félon Démocrite 301. eft un<br />
corpscompofé de parties fort menues & difparfées<br />
dans tout l'affemblage <strong>du</strong> corps 385. eft fujet<br />
à beaucoup de changement ibid. en quoi<br />
paroifient fes ufages 286. périt avec le corps ib.<br />
n'eft point incorporelle 388. Ames vulgai»<br />
res évitent quelquefois la mort, pourquoi425.<br />
Grandeur d'ame eft le partage <strong>du</strong> fage III. 183.<br />
r ui /»i*,nous leur devons toujours les mêmes égards<br />
I. 23. on n'en doit point faire légèrement j<br />
mais conferver ceux que Ton a faits 38. dans<br />
quel tems le devoir nous apelle chez nos amis<br />
46. ce qu'il faut faire pour fe les rendre plus<br />
intimes 64. fe <strong>mont</strong>rer toujours le même envers<br />
eux 69. il eft difficile de dire ceux que l'on a<br />
m. fentimens des Cyrénéens fur la manière<br />
dont on doit chérir un ami 150. on n'en doit<br />
point avoir uniquement pour l'utilité qu'on en<br />
peut retirer 154. fentiment des Anicériens fur<br />
ta manière dont on leur doit être attaché ibid.<br />
Comment définis par Ariftote 301. ce que c'eft<br />
qu'un ami H. 89. doivent avoir toutes chofes<br />
communes 211. ami fidèle & vertueux préfér<br />
able à de l'argent III. 77.<br />
'Amitié, comment eft définie par Ariftote I. 308.<br />
définition qu'en donne Pythagore II. 211. eft<br />
une égalité harmonique. 225.<br />
'Amour, eft l'occupation de ceux qui n'ont rien à.<br />
faire II. 3.5 s'apaife finon par le tems » <strong>du</strong><br />
moins par la faim 6a.
*9* TABLE GéNéRALE<br />
AMHAICLE, fon père III. 235. époufalefils de<br />
Jamblrque. ibid.<br />
'ANACHARSIS , fa Patrie, fes parens T.71 , fa noblefle'ibid.<br />
il compofe un poëme ibid. fa hardieffe&<br />
fa fermeté à parler fait naître un proverbe<br />
ibid. Il vient à Athènes ibid. fait amitié avec<br />
Solon ibid. retourne en Scythie ibid. il en veut<br />
changer les loix ibid. eft tué par fon frère 73<br />
plaintes qu'il fait à fa mort. ibid. différente ,<br />
manière dont on la raporte ibid. fon Epitaphe<br />
par Diogène Laërce ibid. fes paroles ibid. infcription<br />
de fes ftatues 74. réponfe qu'il fit à un<br />
jeune homme75. Inventions qui lui font attribuées<br />
, ibid. lettre qu'il écrivit a Crefus.<br />
ANAXARQUE , fa Patrie II. 305. fut Difciplede<br />
Diomene de Smytne ibid. tems auquel ilflorîffoit<br />
ibid. eut pour ennemi Nicocréon Tiran de<br />
Cypre ibid. pourquoi ibid. fa mort ibid. paroles<br />
remarquables qu'ilprononçaen mourantiWi.<br />
Vers de D. L. à ce fujet 306. mérita le nom de<br />
Fortuné, ibid. fit revenir Alexandre de la préemption<br />
qu'il avoit de fe croire un Dieu ibid.<br />
prédiction qu'il fait à ce Prince ibid.<br />
ANAXIMANDRE, fon père , fa patrie I. 80. admtttoit<br />
l'infini pour élément de toutes chofes, fes<br />
fentimens à ce fujet. ibid. il inventa les Cadrans<br />
folaires, fit des inftrumens' pour marquer les<br />
Solftices &les Equinoxes 90. décrivit la circonférence<br />
de la Terre 5c de la Mer ibid. écrivit<br />
un abrégé de fes opinions ibid. fon âge,<br />
fa mort ibid.<br />
ANAXIMANDRE de Milet, Hifforien I. 90.<br />
ÀNAXAGORE , fa patrie , fes ancêtres 1.94. eft lé<br />
premier Philofophe qui joignit un elprit à la<br />
matière ibid. exhorde de fon ouvrage ibid. furaom<br />
qu'il reçut ibid. fa noblefle, fes r-ichefles»'
DES MATIÈRES: 299<br />
fa grandeur d'ame itid. réponfe qu'il fait à fes<br />
proches ibid. il quitte fesparens pour s'occuper<br />
de la contemplation de la Nature ibid.<br />
A.NAXAGORE,fa réponfe au reproche qu'on lui faifoit<br />
de ne fe point foncier de fapatrie95 .fon âge,<br />
tems de fa naiflance & de fa mort ibid. il exerça<br />
la Philofophie dès l'âge de vingt ans ib. fes fentimensfurlaftruaure.de<br />
l'Univers & fes phénomènes<br />
ib. fes pf€dîét*ôrts 96. i* réponfe à quelqu'un<br />
quMui demandoît pour quelle fin il étoit<br />
né 97. ce qu'il dit en voyant le fépulcre de<br />
Maufole ibid. il eft lé premier qui croit que le<br />
fujet <strong>du</strong> Poème d'Homère éte-it de recommander<br />
la vertu fie la juftice 97. il dit que le firmament<br />
étoit pierreux 98. feotîmens partagés fur<br />
fa condamnation iWi. il eft envoyé en exil/£/
30o TABLE GENERALE<br />
qu'il fait à quelqu'un qui lut reprochait que fa<br />
mère n'étoit point citoyenne d'Athènes ibid.<br />
femocque des'Athéniens qui faifoient valoir<br />
leur naiffance ibid.<br />
ANTISTHENE , eut pour premier maître le Rhéteur<br />
Gorgias %. fut difciple de Socrate ibid. fat<br />
le premier auteur de la Philofophie Cynique ïb>.<br />
réponfes qu'il fait en différentes occafions 3 .<br />
taxoit Platon d'orgueil 5. bon mot qu'il dit à<br />
ce fujet ibid. confeil qu'il donne aux Athéniens<br />
6. Socrate lui reproche fa vanité ibid. fait ban—<br />
nirAnytus & condamner Mélitus à mort 7. fentimens<br />
& maximes d'Amiftheae ib. fut le premier<br />
qui doubla fon manteau 9. eft le feul des<br />
. difciples de Socrate qui ait été loué par Théopompe<br />
i£ù/. paraît avoir été le premier chef de<br />
la Seâe Stoïque 10. Vers d'Athénée à ce fujet<br />
ibid. a ouvert les voies aux différens Syftêmes<br />
de Diogène , de Cratès & de Zenon ibid. Ses.<br />
ouvrages ibid. fa mort 1 a. Vers de D. L. à ce<br />
fujet ibid.<br />
ANTISTHENE ,difciple d'Heraclite IL 13*<br />
ANTISTHENE , d'Ephèfe. IL 13-.<br />
ANTISTHENE de Rhodes Hiftorien. IL 13.<br />
ANTHUZE , Extrait de la Bibliothèque de Photius<br />
au fujet de cette femme Philofophe. III. 213.<br />
ANYTUS, ennemide Socrate L n6> indifpofe<br />
Ariftophane contre lui ibid. Suborne Mélitus<br />
ibid. eft chaffé d'Héraclée. 119.<br />
r jtpitit , homme qui mange avec apétit,. fçait fe<br />
palier d'aprêt. L 10.<br />
r Arc-en-Qitl, d'où provient IL 408.<br />
ARCESILAS , fon père , fa patrie L164. fonda la<br />
moyenne Académie ibid. admit le principe <strong>du</strong><br />
doute ibid. difputa le premier pour & contre<br />
ibid. s'attacha à Crantor .comment ibid. Théo-
D E 5 M ATI ERES. 30*<br />
" pHrafte eft fenfible à fa pêne 165. eut <strong>du</strong> goût<br />
pour la poëfie ibid- a fait des Epigrammes ibid.<br />
-eftimoit particulièrement Homère 0.66. fut auteur<br />
d'Hipponicus le Géomètre ibid. fuccéda à<br />
Cratès dans fon Ecole ibid.<br />
ARCESILAS , airoit beaucoup derefpeâ pour Platon<br />
267. a imité Pyrrhon ib. entendoit la logique<br />
& connpîfloit les opinions desErétréens ib.<br />
bon mot d'Arifton à ce fujet ib. étoit fentencieux*<br />
terré dans fes difcours, fatyrique & hardi<br />
ib. il en eft repris par Timon ib. cenfure un<br />
jeune homme qui parloit trop effrontément ib.<br />
diverfes réponfes 268. fait taire un grand parleurii.réponfe<br />
qu'iltfaità un ufurier îéçj.blâmoit<br />
ceux qui négligeoient l'étude des Sciences dans<br />
l'âge où ils y font propres ibid. formule dont<br />
il fe fervoit dans (es difcours ibid. inventoit<br />
avec fuccès & prévenoit les objeâions qu'on<br />
pouvoit lui faire ibid. favoit s'accommoder aux<br />
circonftances & perfuadoit ce qu'il vouloit ib,<br />
fon école étoit nombreufe ibid. étoit de fort<br />
bon caraôére ibid. étoit libéral fans orientation<br />
270. comment il en ufe avec Ctéfibe ibid. procure<br />
beaucoup de crédit à Arcbias ibid. Exem-<br />
Îiles de fa généralité ibid. eut toujours de l'éoignement<br />
pour le Roi Antigone 271. n'eut<br />
jamais de goût pour les charges de l'Etat ibid.<br />
étoit magnifiquei72.eut des liaifons avecThéodete<br />
& Philete fameufes débauchées d'Elée ib.<br />
fut enclin à l'amour ibid. eft taxé d'avoir eu<br />
des panchans plus vicieux ib. accufé de recher*<br />
cherl'amitié<strong>du</strong> Peuple &la gloire ibid. raillerie<br />
de Timon fur fon goût pour les aplaudiflejnens<br />
273. Exemple de fa modération ibid.difpofa<br />
de fes biens en faveur de Pylades 274.<br />
ne fut jamais marié & ne laifla point d'enfans
jo« TABLE GENERALE<br />
ibid. fil trois Teftamens ibid. Lettre qu'il écrit<br />
à TaumafiasiAii.famort 275. les Athéniens lui<br />
font beaucoup d'honneur ibid. Vers de D.L. fur<br />
. cePhilofophe ibid. teins auquel il floriflbit. ib.<br />
ARCEsiLAs,Poëtede l'ancienne Comédie 1.275.<br />
ARCFSILAS , Poëte Elégiaque I. 275.<br />
ARCESILAS , Sculpteur I. 175.<br />
ARêTE , fille & difciple d'Ariftippe III. 247.<br />
inftruifit fon fils. ibid.<br />
ARCHELAUS , on varie fur fa Patrie & fes parens<br />
I. 101. difciple d'Anaxagore & maître de Socrate<br />
ibid. aporta le premier la phyfique de<br />
l'Ionie à Athènes ibid. cette partie de la Philofophie<br />
s'éteint avec lui ibid. a touché aufli la<br />
morale ibid. afligne deux caufes à la génération<br />
ibid. foutient.que les animaux font formés <strong>du</strong><br />
limon ib. fon raifonnement fur les principes de<br />
l'Univers ibid. fon fentiment fur la formation<br />
première des animaux & des hommes 102. ce<br />
qu'il penfoit de la Mer ibid. il croyoit l'Univers<br />
infini I. 102.<br />
ARCHELAUS , Géographe a décrit les provinces<br />
qu'Alexandres a parcourues I. 10*.<br />
ARCHELAUS , Naturalise. I. 102.<br />
ARCHELAUS , Orateur a donné des préceptes fur<br />
l'Eloquence I. 102.<br />
ARCHYTAS , fa patrie, fes parens II. 254. fauva<br />
' Ja vie à platon ibid. exerça fept fois la Régence<br />
. ibid. lettre qu'il écrivit à Platon ibid. réponfe<br />
qu'il en reçut 255.<br />
ARCHITAS , de Mitylene Muficien de profeflîon<br />
II.255.<br />
ARCHYTAS,Ecrivaina traitéderAgriculturelI 256<br />
ARCHYTAS, PoëteacompofédesEpigramesII.256.<br />
ARCHYTAS Architecte , à îaiffé un ouvrage fur la<br />
Mécanique II. a 5 6.
DES MATIERES. 3oj<br />
AK&IA, femme de Cajcina Parnis III. î^a.fuïvit<br />
les maximes des Stoïciens ibid.<br />
AH-R*A,s'apliqua à l'étude deslivres de PlatonlII.<br />
aj4. fut recommandée aux Empereurs comme<br />
fçavante ibid. tems auquel elle vécut ibid.<br />
ARIGNOTE, de Samos.fille dePythagore III. 176.<br />
ARIGNOTE , écrivit beaucoup ibid. compofa des<br />
Epigrammes fur les miftéres de Bacchus ibid.<br />
ARISTOCLéE , voyez Thémiftoclée.<br />
ARISTIPPE , fa patrie I. 134. vient à Athènes attiré<br />
par la réputation de Socrate ibid. fut le premier<br />
des Seftateurs de ce Philofophe qui enfeigna<br />
par intérêt, ibid. envoyé vingt mines à<br />
Socrate ibid. réponfe qu'il en reçoit ibid. fut<br />
haï de Xenophon ibid.dk maltraité par Théodore<br />
& Platon ibid. fçavoit s'accommoder aux<br />
lieux, aux tems & au génie des perfonnes<br />
. ibid. plaifoit beaucoup à Denys ibid. furnom<br />
que lui donnoit Diogène ibid. Raillerie piquante<br />
de Timon contre Arifiippe 135. paye une<br />
perdrix cinquante drachmes ibid. fa réponfe à<br />
qu'elqu'un qui l'en blâmoit ibid. Denys lui préfente<br />
trois courtifannes pour en choifir une ibidi<br />
il les garde toutes trois ibid. raifon qu'il en donne<br />
ibid. ce qu'il fait de ces filles ibid. bon mot<br />
que lui dit Straton ibid. Denys lui crache au<br />
vifage ibid. il le fouffre fans fe plaindre ibid. fa<br />
réponfe à quelqu'un qui en étoit choqué ibid.<br />
fa réponfe à Diogène qui lui reprochoit de fréquenter<br />
la courdes'Tyrans 136, ce qu'il répondit<br />
lorfqu'on lui demandoit quelle utilité il retiroit<br />
delà Philofophie ibid. réponfe qu'il fit à<br />
quelqu'un qui le blâmoit de vivre trop fomptueuiement<br />
ibid. Platon lui fait le même reproche<br />
ibid. argument par lequel il s'excufe i£. différence<br />
qu'U met entre.les fçayans 6c les igno-
304 TABLE GENERALE<br />
rans ibid. fonfentiment fur les lieux de débauche<br />
137 fa réponfe à quelqu'un qui lui propofoit<br />
une Enigme à réfoudre ibïi. fa penfée fur la pauvreté<br />
iiii.il foitdevant un homme qui lui dit des<br />
injures, ce qu'il lui répond ib. compare lès Philofophes<br />
aux médecins ibid. attaqué fur mer par<br />
un gros rems il s'émeut,raifon qu'il en donne ib.<br />
ARISTIPPE , ce qu'il dit à un qui fe vantoit d'avoir<br />
apris beaucoup de chofes. 138. fa réponfe<br />
à un Orateur qui lui demandoit à quoi loi<br />
avoient fervi les leçons de Socrate ibid. il infpiroit<br />
de grands fentimens à fa fille Arête ibid.<br />
eft confulté par un père fur l'avantage que fon<br />
fils retireroit de l'étude des fciences, ce qu'il<br />
lui répond ibid. autre réponfe qu'il fait à un<br />
homme qui trouvoit trop cher ce qu'il lui demandoit<br />
pour l'é<strong>du</strong>cation de fon fils ibid. difoit<br />
qu'il prenoit de l'argent de fes amis pour leur<br />
aprendre à l'employer utilement ibid. on lui<br />
reproche de prendre un Rhéteur pour défendre<br />
fa caufe, ce qu'il répond, ibid. Réponfes qu'il<br />
fait à Denys 139. mortifie la vanité d'un homme<br />
qui fe piquoit de fçavoir bien nager, ibid.<br />
en quoi il fait différer le fage de l'infenfé. ibid.<br />
comment il fe moque d'un buveur qui s'aplaudiflbit<br />
de ce qu'il fçavoit beaucoup boire fans<br />
' s'eny vrer. ibid. on le cenfure d'avoir commerce<br />
• avec une femme débauchée, ce qu'il y répond<br />
ibid. comment il fe lave <strong>du</strong> reproche qu'on lui<br />
faifoit d'avoir l'ame mercenaire 140. il entretenoit<br />
la Courtifanne Laïs. ibid. ce qu'il dit à ce<br />
fujet. ibid. il mortifie un Avare.iWi. il crache au<br />
" vlfagedeSimus Tréforier de Denys. ibid. ni'<br />
fon de ce fait 141. ce qu'il répond à quelqu'un<br />
qui lui demandoit qui étaient ceux qui fe fervoient<br />
d'onguens ibid. il fouhaitok de mourir<br />
comme
D E S M A T I É R E S. vrç<br />
comme Socrate. ibid. comment il reprend le Sophifte<br />
Polixène qui déciamoit contre le luxe<br />
ibid. il fait jetter en voyage une partie de l'argent<br />
que portoit fon valet, ibid. embarqué fur<br />
le vaiffeau d'un Corfaire, il laiffe tomber fon<br />
argent dans l'eau. 142. ce qu'il dit à ce fujet<br />
ibid. il eft interrogé par Denys fur le fujet qui<br />
I'amenoit à fa cour , fa réponfe. ibid.<br />
ARISTIFPE, blâmoit les hommes, pourquoi ibid.<br />
danfe en robe de pourpre dans un feftin<br />
que donnoit Denys ibid. ce qu'il dit à ce<br />
fujet ibid. il fe jette aux genoux de Denys ,<br />
pourquoi ibid. on lui reproche cette baffeffe,<br />
ce qu'il répond 143. il eft pris par Artapherne<br />
Gouverneur d'Afie ibid. fa conûance dans cette<br />
difgrace ibid. compare aux amans de Pénélope<br />
ceux qui négligent de joindre la Philofophie<br />
à la connoiffance des arts libéraux<br />
ibid. Interrogé fur ce qui étoit le plus néceffaire<br />
d'enfeigner aux jeunes gens ibid. fa réponfe<br />
ibid. ce qu'il répond à quelqu'un qui lui reprochait<br />
que de l'école de Socrate il étoit paffé<br />
à la cour de Denys ibid. une femme de mauvaise<br />
vie fe déclare enceinte de lui 144. ce qu'il<br />
lui répond ibid. réponfe qu'il fait à quelqu'un<br />
qui le blâmoit d'abandonner fon fils ibid. convient<br />
que le Sage n'a pas befoin d'argent*i£i
306 TABLE GENERALE<br />
comment ils définiffent le plaiur 6k la doulenr<br />
ibid. fentiment que leur attribue' Pansetius ibid.<br />
ne croyent pas que le fouvenir, ou l'attente d'un<br />
bien puifle créer <strong>du</strong> plaifir 149. difent que le plai-<br />
•fir & la douleur ne peuvent venir des feuts objets<br />
qui frapent les organes de fouie & de la vùer<br />
pourquoi ibid. comment ils nomment la-privation<br />
deplaifirôtdedouleuri£ii.plaçoient les plaifirs<br />
<strong>du</strong> corps fort audeflus de ceux dei'àme ibid*<br />
ARISTIPPE , regardoient les maux corporels comme<br />
pis que ceux de l'efprit ibid. aportoient plusde<br />
foin a gouverner lajoïeque la douleur,pourquoi<br />
150. ce qu'ils penfoient de la fagefle.iWi.,<br />
ne s'attachoient point à la connoiffance des chofes<br />
naturelles, pourquoi 151. cultivoient la Lo- \<br />
giquei£;V.méprifoient également la PhyfiqueSt<br />
la Dialeâique, pourquoi ibid. difoient que rien<br />
de fa nature n'eft jufte, honnête, ou honteux,,<br />
que la coutume 8c les loix avoientintro<strong>du</strong>it ces<br />
fortes de diftlnôions ibid. fentimeiis des Hégéfiaques<br />
fur l'amitié, la bonté, & la bénéficence<br />
15a. anéantiflfoient l'ufage des fèns par rapdrt<br />
au jugement 153. établiffoient pour régie delà,<br />
vérité ce qui paraît le pins raifonnable ibid.<br />
prétendotent que les fautes font pardonnables<br />
ibid. fentiment des Aniceriens, ibid. en quoi ils<br />
s'é«artoient de l'opinion des autres ibid. Théo-<br />
' dore rejette toutes les opinions qu'on avoit des<br />
J5ieux 15 4. fon ouvrage intitulé des Dieux ibid.<br />
Sesfentimens i^.fubtilitédefesargumensiW.<br />
court rifque d'être cité à l'Aréopage I5.6.dirfirfes<br />
réponfes 'de ce Philofophe 158*<br />
ARISTIPPE , Ecrivain auteur de l'Hiftoired'Arca?die<br />
L 145.<br />
ARISTIPPE r furnomrné Métrodidaflus I. 145-<br />
ARISTIPPE ^PhUofophe. de la. nouvelle Académie»<br />
I» 145^»
DES MATIERES. 307-<br />
%RÏSTON, fa patrie II. 175. en quoi faifoit confifter<br />
la fin ibid. à quoi vouloitque le fage reffemblât<br />
ibid. tenoit la morale pour le feul gerire<br />
d'étude qui fût propre à l'homme ibid. comparent<br />
les raifonnemens de la Dialectique aux Toiles<br />
d'araignées ibid. comment il définiflbit la<br />
vertu 176. enfeignoit dans le Cynoferge ib. devint<br />
chef de fette ib. avoit beaucoup de talent à.<br />
perfuader & étoit extrêmement populaire ibid.<br />
ARISTON, changea defentimentàl'occafiond'une<br />
grande maladie où tomba Zenon ibid. critiquoit<br />
& haïffoit Arcefilas ibid. Tes ouvrages 177.<br />
fa mort ibid. vers de D. L. à ce fujet. ibid.<br />
ARISTON , natif d'Ioulis, Philofophe Péripatéti» "<br />
cîen. II.. 178.<br />
ARISTON , Muficien d'Athènes. II. 178.<br />
ARISTON, Poète Tragique. II. 178.<br />
ARISTON, <strong>du</strong> bourg d'Alace^ écrivit des fyftême*<br />
de Rhétorique IL 178.<br />
ARISTON , d'Alexandrie Philofophe Péripatéti*<br />
cien ibid.<br />
ARISTOPHANE , le Comique, loue Socrate en<br />
voulant le blâmer I. 100.<br />
ARISTOTE , fa patrie, fes paren» I. apo.fagénéa*<br />
logie ibid. il vécut long-tems à la Cour d'Amyntas<br />
ibid. fit (es études fous Platon ibid. fon portrait<br />
ibid. eut un fils naturel d'Herpilis fa Concubine<br />
ibid. quitte Platon <strong>du</strong> vivant de ce Philofo—<br />
phe açj.i. d'où vient qu'il fut nommé Péripatéticien<br />
ibid. éxercoit fes difciples à foutenir des<br />
propofitions,& les éxercoit en même-tems à la<br />
Rhétorique ibid. part d'Athènes pour fe rendre<br />
auprès de l'Eunuque- Hermias ibid. époufe la<br />
con nbine de^ce Tiran 292. fait une Hymne à.<br />
fon honneur pour le remercier ibid. paffe ens<br />
Macédoine à la Cbur de Philippe qui iui confie<br />
C" t %•
jo8 TABLE GENERALE<br />
l'é<strong>du</strong>cation d'Alexandre ibid. récompenfe qu'il<br />
en obtient ibid. donne des Loix à S t agira ibid.<br />
retourne à Athènes ibid. fe retire en Chalcide<br />
293. motif de cette retraite ibid. meurt empoifonné<br />
'ibid. fon âge ibid. Hymne qu'il fît pour<br />
Hermias ibid. Epigramme de D. L. fur la mort<br />
«TAriftote 294. leûament de ce Philofophe<br />
496. circonftances de fa façon de vivre 199. fies<br />
fentences ibid. fes livres 302. fes lettres 30 5. fes<br />
poëfies ibid. fes opinions 306.<br />
ARISTOTE , adminiftrateur de la République<br />
d'Athènes I. 310. a fait des Harangues judiciaires<br />
ibid.<br />
ARISTOTE , Ecrivain qm a traité de l'Illiade<br />
d'Homère I. 310.<br />
ARISTOTE, Orateur de Sicile 1.310. a écrit contre<br />
le Panégyrique d'Ifocrate ibid.<br />
ARISTOTE, furnommé Mythus, parent d'Efchine<br />
& difciple de Socrate I. 311.<br />
ARISTOTE, Cyrénien a écrit de l'art Poétique. I.<br />
311.<br />
ARISTOTE, Maître d'exerciceI. 311.<br />
ARISTOTE , Grammairien peu célèbre L 311.<br />
ASPASIE , fa patrie, fon père IIL 201. enfeigna la<br />
Rhétorique à Périclès & à Socrate ibid. eut le<br />
talent de bien tourner un argument & le don de<br />
l'éloquence ibid. fut concubine & après femme<br />
de Périclès ibid. occafionna deux grandes guerres<br />
ibid. paflage de Plutarque au fujet de cette<br />
femme 202.fut accufée d'Impiété 204. antique<br />
trouvé à Rome, qu'on croit être le portrait de<br />
cette femme ibid.<br />
[djlrologie Marine? doit fon ong'M à Phocos de<br />
Samos I. 13. Aftrologie , Thaïes paffe pour<br />
avoir frayé la route de cette fcience I. 14.<br />
'Athéniens > ont maltraité plufieuis grands hommes
DES MATIERES. 309. .<br />
. I. 119. reproche que leur fait Euripide, ibid.<br />
'atomes, font dans un mouvement continuel II.<br />
374- fe meuvent toujours avec la même viteffe<br />
. ibid. n'ont point de principe ibid.<br />
'jfvares, ne jouiflent pas pli» de leurs Tréfori<br />
que s'ils n'étoient pas à eux L 279»<br />
JJABELYMH fa patrie III. 289.<br />
B~eautê, en quoi elle confifte I. 22. eu un biétt<br />
pour les autres 277.<br />
Beauté, eft la plus forte de toutes les recommandations<br />
300. comment eft définie par difFéren»<br />
Philofophes ibid.<br />
BERONICE, femme Philofophe a fourni des maxi»<br />
mes à Stobée III. 206. ne doit point être confon<strong>du</strong>e<br />
avec plufîeurs autres femmes qui ont<br />
porté ce nom. ibid.<br />
Bi AS , fa Patrie, fon père 1.57. cas que Satyrus fait<br />
de lui ibid. eu eftimé riche ibid. acheté des filles<br />
captives, les fait élever avec foin, les dote & les<br />
, renvoyé à leurs parens ibid. oit lui envoyé le-<br />
Trépiéd d'or i£i
*«> TABLE GENERALE<br />
BlOK, fa patrie, fes parens I. 276. étoit fonple Se<br />
fertile en fubtilités 277. étoit civil ibid. a laifTé -<br />
beaucoup de commentaires & des fentences ingénieufes<br />
ibid. fentences diverfesde ce Philo fpphe<br />
ibid. reproche qu'il fait à un prodigue ibidi<br />
blâmoit ceux qui brûloient les morts , & les.<br />
pleuroient 278.blâmoit Socrate au fujet d'Alcibiade<br />
278. eftimoit que le chemin depuis cer<br />
monde jufqu'en enfer étoit facile , puifqu'on y<br />
defcendoit les yeux fermés ibid. blâmoit Alcibiade,<br />
pourquoi ibid. diverfes paroles qu'il die<br />
ibid.<br />
BlON, regardoit la préfomptioncomme un obfta—<br />
cle aux progrès dans les feiences 279. méprifa.<br />
d'abord les inftiturions de l'Ecole Académicienne,<br />
& choifit la feâe des Cyniques ibid. fuivit<br />
après la doftrine de Théodore 280. prit enfin<br />
les préceptes de Théophrafte Philofophe péripatéticien<br />
ibid. étoit Théâtral , aimoit à faire;<br />
rire, & employoit fouvent des quolibets ibid,<br />
avoit <strong>du</strong> talent pour les parodiées ibid. fe mocquoit<br />
de la Mufîque & de la Géométrie ibid.<br />
aimoit la* magnificence ibid. s'aimoit beaucoup<br />
lui-même ibid. tomba malade à Chalets 281; le<br />
laiffa perfuader d'avoir recours aux ligatures<br />
ibid. louffre beaucoup par l'indigence de cent<br />
qui étoient chargés <strong>du</strong> foin des malades ibid*<br />
Antigone lui envoyé deux domeftiques pour le<br />
fervir ibid. il fuit ce Prince dans une litière<br />
ibid. il meurt ibid. Vers de D. L. contre lui ibid.<br />
BION , natif <strong>du</strong> Proconefe contemporain de Phé-<br />
récide. I. 282.<br />
BION, Syracufain, écrivit de la Rhétorique. I.282»<br />
BION, Difciple de Démocrite & Mathématicien!<br />
d'Abdete E 28a. a écrit en langue Attique &<br />
Ionique ikicL. eifc le premier qui ait dit qu r eni
DES MATIERES. jtt<br />
certain pays il y a fix mois de nuit & fix mois<br />
de jour 283.<br />
BION, de Soles a traité de l'Ethiopie. I. 283.<br />
BION, Rhétoricien a laiffé neuf livres intitulés<br />
des Mit/es I. 283.<br />
BION, Poëte Lyrique I. 483. •<br />
BION , Sculpteur de Mîlét I. 283.<br />
BION, Poëte Tragique de ceux qu'on apelloit<br />
Tharfien*I. 283.<br />
B1 ON ,.Sculpteur de Glazorrrene ou de Chio.I.283.-<br />
BISORONDE, de TarenteIII. 288.<br />
Bonheur, vrai bonheur impoffiblè à trouver L1
Ji* TABLE GENERALE<br />
ibid. il a écrit des lettres ibid. fon Epitaphe par<br />
D.L.ibid.<br />
CAKNEADE, Poète Elégiaque & froid. 1.288.<br />
CATHERINE , fainte, vierge & martyre III. 223;<br />
tems auquel elle vécut ibid. était habile dans les<br />
queftions philosophiques ib. engagea plufieurs<br />
philofophes payens àembrafferieChriftianifme<br />
ibid. pofléda plufieurs fciences 224. eft apellée<br />
•£catherine par différens auteur» ibid. Baronius<br />
taxe fon hiftoire de faufleté 226.<br />
CEBES, fa patrie I. 176- a écrit trois dialogues<br />
ibid.<br />
CEMçU. difciple fameux de Confucius UL 111. a<br />
commenté le premier livre de fon maître ibid.<br />
CEMçU , autorités & exemples qu'il allègue pour<br />
expliquer & étendre ce que ce Philofophe eir-,<br />
feigne 116. chofe remarquable qu'il raporte.<br />
no. Hiftoire qu'il fait <strong>du</strong> Roi Vcnvâm. 120.<br />
Cerveau, eft le fiége de la raifon & de l'efprit. IL<br />
223.<br />
CHILONIS , fon père. III. 286.<br />
CHILON, fa patrie, fon père. 1.4j.a compofé des<br />
Elégies, ibid. réponfe qu'il fait à fon frère ; il eft<br />
hit Jijthore ibid. Confeil qu'il donne à Hipr<br />
pocrate, divers préceptes de Chilon.. 47.<br />
il ne s'eft jamais écarté de la raifon, fon inquiétude<br />
fur un jugement qu'il avoit porté, ibid,<br />
eft particulièrement eftime des Grecs,pourquoi<br />
48. il s'exprimoit en peu de paroles, ibid. fa<br />
mort, lieu on elle arriva, ibid. à quoi elle eft<br />
attribuée 50. fes obféques. ibid. Epigrammede<br />
Diogène Laerce à ce lu jet. ibid. Infcription de<br />
la Statue <strong>du</strong> Philofophe, lettre qu'on.a de lut<br />
ibid.<br />
CHRISIPPK, C6a père, fa patrie IL 19.1»s'exerça<br />
au combatde la lance ibid, avoit beaucoup de<br />
génie
DES MATIERES. 315<br />
génie ibid. étoit bon Dialeâicien ibid. avoit<br />
une grande confiance & affi<strong>du</strong>ité au'travail ibid.<br />
étoit de compléxion délicate & de taille courte^!,<br />
avoit une haute opinion de lui-même 193.<br />
fe joignit à Arcéfilas &à Lacydes 194. fa mort,<br />
fon âge ibid. Epigramme de D. L. à ce f 11 jet.<br />
, ibid. étoit d'un caraâére méprifant 196. raifonnemens<br />
dont il avoit coutume de fe fervir ibid.<br />
eft condamné pour avoir mis au jour plufieurs<br />
ouvrages honteux & obfcènes 196. Catalogue<br />
de fes ouvrages 198.<br />
CHRYSIPPE de Gnide Médecin II. 19$.<br />
CHRYSIPPE , fils <strong>du</strong> précédent, Médecin de.Ptolomée<br />
IL 195.<br />
CHRYSIPPE , difciple d'Erafiflrate II. 195.<br />
CHRISIPPE , écrivit fur les occupations de la<br />
Campagne IL 19c.<br />
CLEA , Piutarque lui a dédié fon livre des vertus<br />
3»4 TABLE GENERALE<br />
fille compofe des Enigmes ibid. il renouvelle<br />
le Temple de Minerve ibid. compofe des<br />
chants & des queftions énigmatiques , on le<br />
croit Auteur de l'infcription <strong>du</strong> Tombeau de<br />
Midas, fentiment de Simonide à ce fujet ibid.<br />
.Enigme qu'on lui attribue ibid. Tes fentences<br />
poétiques ibid. fes confeils 64. fon âge, fa mort,<br />
ion Epitaphe 65. lettre qu'il écrivit à Solon<br />
ibid.<br />
GLEOBULINE , fon père III. 199. compofa des<br />
Enigmes ibid. eft décorée par Thaïes <strong>du</strong> titre<br />
de fage ibid. lavoit les pieds des étrangers qui<br />
• venoient chez fon père 200.<br />
CLEŒCHMA,fœurd'Autocharjde Lacédémonien<br />
III. 289.<br />
CLITOMAQUE,fa patrieI.i8o.fonpremiernom;*£.<br />
vient à Athènes ibid. étudiefous Carnéadeibid,<br />
CLITOM AQUE , il remplace fon maître ibid. a acquis<br />
une éxaâe connoiffance des fentimens des<br />
Académiciens, des Péripatéticiens & des Stoïciens<br />
i£ii.<br />
Colère, il importe beaucoup de la vaincre I. 48.<br />
Comédie, on diftinguoit la Comédie Ancienne,<br />
Moyenne & NouvelleI. 130.<br />
Cornettes, fentiment d'Epicure à ce fujet II. 409.<br />
Con<strong>du</strong>ite, moyen de bien régler fa con<strong>du</strong>ite1.22.<br />
quelle on doit tenir avec fes amis 302.<br />
CONFUCIUS, tems auquel il naquit III. io3.étoit<br />
d'une extraftion noble ibid. defcendoit <strong>du</strong> dernier<br />
Empereur de la féconde famille ibid. fît<br />
voir des difpofitions à la vertu dès fon Enfance<br />
ibid. à l'âge de quinze ans s'attacha à la lecture<br />
des anciens ibid. fe maria à l'âge de vingt<br />
ans 104. eut un fils ibid. exerça la Magiftrature<br />
en divers lieux ibid. eut jufqu'à trois mille difciples<br />
ibid. divifa fa doârine en quatre parties
DES MATIERES. 31c<br />
'05. n'avoitpour but que de difliper les ténèbres<br />
de l'efprit, bannir les vices & rétablir l'intégrité<br />
ibid. exhortations qu'il faifoit à fes difciples<br />
ibid. ne recommandent rien aux autres<br />
qu'il ne pratiquât lui-même 106. exemple de<br />
ia vénération que fes difcipleslui portoient ibid.<br />
avoit coutume de dire que l'homme faint étoit<br />
dans l'occident ibid. tems de fa mort 108. font<br />
âge ibid. déploroit les defordres de fon tems<br />
ibid. vers qu'il proféroit à cette occafion ibidà<br />
fes dernières paroles ibid. fut enféveli dans fa<br />
patrie ibid, deuil & affliction de fes difciples<br />
- 109. collèges bâtis à fon honneur , inferiptions<br />
qu'on y voit ibid. paroles remarquables<br />
d'un Empereur allant vifiter un de ces collée<br />
ges 110.fon portrait ibid. fes ouvrages 111. idéa<br />
de fon premier livre 112. il propofe de quelle<br />
manière les anciens Rois fe con<strong>du</strong>ifoient 114.<br />
CoNFUCius,maximequ'ilinculquoitfouventi26.<br />
analyfe de fon fécond livre 136. Eloge qu'ily<br />
fait de la médiocrité 137. déplore la faufle prudence<br />
des gens de fon tems 139. réponfe qu'il<br />
fait à un de fes difciples qui lui demandoient en<br />
quoi confiftoit la valeur 140. établit quatre régies<br />
fur lefquelles l'homme parfait doit fe conformer<br />
143. portrait de l'homme parfait 144.<br />
recommande le refpeft profond & robéïffance<br />
envers les pères & les mères 145. propofe à ce<br />
fujet l'exemple de l'Empereur Xun 147. propofe<br />
cinq régies pour la con<strong>du</strong>ite de la vie 148.<br />
.régies qu'il preferit aux Rois 150. diftinétion<br />
qu'il établit entre le faint & lefage 151. détail<br />
abrégé de fon troifiéme livre 154. réponfe qu'il<br />
{ait à un Préfet <strong>du</strong> Royaume de Guci 157. ne rer<br />
commandoit rien tant à fes difciples'que la douceur<br />
& la débonnaire té 158. exemple qu'il pro-<br />
D d z
Ji6 TABLE GENERALE<br />
pofe à ce fujet ibid. fon plus grand deilein étott<br />
de former les Princes à la vertu 159. fe plaint<br />
quelquefois des defordres des princes 161. enfeigne<br />
de quelle manière on doit enfévelir les<br />
morts 167. foutlent que les fuplices font trop<br />
fréquens 169. veut qu'on fuie la pareffe ibid.fes<br />
maximes 171.<br />
CRANTOR, quitte fa patrie pour aller à Athènes<br />
1.161. eut Xénocrate pour ma>tre & Polémon<br />
pour condifciple ibid. a compofé des commentaires<br />
ibid. il tombe malade & fe retire dans le<br />
Temple d'Efculape ibid. étant rétabli va étudier<br />
fous Polémon ibid. laiffe tout fon bien à Arcéfilas<br />
ibid. a compofé des ouvrages poétiques<br />
262. fon éloge par le Poëte Théatéte ibid. admiroit<br />
Homère & Euripide ibid. avoit un génie<br />
propre à inventer des termes 263. fa mort ibid.<br />
fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />
CRATèS , fon père , fa patrie IL 59.<br />
CRATèS , Vers qu'on lui attribue ibid. eft furnommé<br />
l'ouvreur de portes , pourquoi ibid.<br />
autres ijers qu'on lui attribue 60. tems auquel<br />
il floriflbit ibid. occafion qui le fit s'apliquerà<br />
la Philofophie cynique ibid. confeil<br />
que lui donna Diogène ibid. il chatte de fon<br />
bâton quelques-uns de fes parens qui venoient<br />
exprès le détourner de fon deffein 61. conditions<br />
auxquelles il dépofe de l'argent.,chez un<br />
Banquier ibid. eut un fils d'HIpparchie i£i
DES MATIERES. 317<br />
Alexandre ïbid. manière dont il maria fes filles<br />
à fes difciples ïbii.<br />
CR ATèS, fon pere.fa patrie I. 259. fut difciple de<br />
Polémon ibid. lui fuccéda dans fon école ibid.<br />
ces deuxPhilofophes extrêmement attachés l'un<br />
à l'autre font enlévelis dans le même tombeau<br />
ibid. leur Epitaphe commune ibid. Arcéfilas dit<br />
qu'ils étoient des Dieux ou des reftes de l'âge<br />
d'or iiri.il a laiffé des ouvrages phifofophiques<br />
& comiques, & des harangues 160. a fait des<br />
difciples de grande réputation, ibid.<br />
CRATèS , Poëte de l'ancienne Comédie I. 260.<br />
CRATèS , de Tralles, Orateur I. 260.<br />
CRATèS , Pionnier d'Alexandre I. a6cr.<br />
CRATèS , Philofophe Cyniquel 260.<br />
CRATèS , Philofophe Péripatéticien 1.160.<br />
CRATèS , de Mallos Grammairien. I. 260.<br />
CRITON , fa patrie 1.172. fut difciple de Socrate<br />
ibid. eut beaucoup d'amitié pour ce Philofophe<br />
ibid. il lui confia l'é<strong>du</strong>cation de fes enfans ibid.<br />
a laide dix - fept dialogues, ibid.<br />
n<br />
D<br />
XJAMO, fille de Pythagore III. 276. près de f»<br />
mort elle envoyé à fa fille Biftalie la lettre par<br />
laquelle Pythagore défend de communiquer fes<br />
écrits à des étrangers 277.<br />
DéMéTRIUS , fa patrie , fon père 1.335". fut difciple<br />
de Théophrafte ibid. adminiftra la ville<br />
d'Athènes ibid. nombre des ftatues qu'on lui<br />
érigea ibid. embellit les édifices ib. dëfcendtltt<br />
(de la race de Conon ibid. avoit commerce avec<br />
Lamia ibid. fut furnommé l'enforceleur & 1er<br />
rayonnant ibid. pourquoi 336. perd la vue S{<br />
la recouvre ibid. compofa des hymnes à l'honneur<br />
d Apollon ibid'. eftcondamné à mort ibid,<br />
Ddj
Ji8 TABLE GENERALE<br />
fes ftatues détruites ibid. fujet de cette réirolution<br />
ibid. fe retire à la Cour de Ptolomée Soter<br />
ibid. confeil qu'il lui donne ibid. eft mor<strong>du</strong> d'un<br />
Afpic 337. fa mort ibid. eft enterré à Bufiris<br />
ibid. fon Epitaphe par D. L. ibid. a furpaffé le»<br />
Philofophes Peripatéticiens de fon tems par le<br />
nombre des livres qu'il a faits ibid. fes ouvrages<br />
ibid. paroles qn'il dit en. aprenant que les-<br />
Athéniens avoient abattu fes Statues 338. ce<br />
qu'il dit en voyant un jeune débauché ibid. maximes<br />
qu'on lui attribue 339. on compte vingt<br />
Démétrius tous remarquables ibid.<br />
DEMOCRITE,fon père,fa patriell. 290. fut difcipie<br />
de quelques Mages & des Philofophes Ghaldéens<br />
ibid. aprit la Théologie & l'Aftrologie<br />
dès fon bas âge ibid. s'attacha à Leucippe Ôc fréquenta<br />
Anaxagore ibid. aprit la Géométrie de*<br />
Prêtres d'Egypte ibid, fe rendit en Perfe & pénétra<br />
jufqu'a la Mer-Rouge 191. eut beaucoup<br />
de paflîon pour l'étude ibid. vient 4 Athènes &<br />
• en fort inconnu ibid,<br />
IPzMOCRiTE,fuivitlesopinionsdésPythagoriciens<br />
292. s'éxerçoit l'efprit de différentes manières<br />
393. dépenfa tout fon bien dansiesvoyagesiAÀft.<br />
on le juge digne des honneurs divins ibid. on lui<br />
dreffe des ftatues d'airain ibid. tems auquel il naquit<br />
294. exemples de la jufteue de fon discernement<br />
295.famortiA.fon âge ib. vers de D. L. à.<br />
ce fujet 296. fesfentimens ib. fes ouvrages 297.<br />
DEMOCRITE , Muficren de Chio IL 299.<br />
DEMOCRITE , Statuaire II. 299.<br />
DEMOCRITE , Ecrivain qui a traité <strong>du</strong> Temple<br />
d'Ephèfe & de la ville de-Samothrace IL 199;<br />
DEMOCRITE , Poëte célèbre, a compofé des Épigrammes<br />
II. 299.<br />
DEMocRiTE.fameiuc Orateur dePergatae II.290.
DES MATIÈRE S. $tç<br />
EENYS , furnommé le Transfuge II. 181. établiffoit<br />
la volupté pour fin ibid. occafion qui lui fit<br />
embrafler ce fyftême ibid. fon père , fa patrie<br />
ibid. eut pour maître Héraclide, Alexinus, Ménédefne<br />
& Zenon ibid. Eut beaucoup d'amour<br />
pour les lettres & s'apliqua à la Poèfie ibid. prit<br />
les fentimens des cyrénaïqnes ibid, fon âge, fa<br />
mort ibid. fes ouvrages ibid.<br />
Dialogue, geme d'écrire perfectionné par Platon<br />
1.114. fa définition ibid. deux caractères généraux<br />
dans ceux de Platon zi 5,<br />
Dieu eft le plus ancien des Etres I. ai. fans commencement<br />
•& uns fin ix. principe de toutes<br />
choies 126. Efprit & caufe ibid. comment eft<br />
défini par les Stoïciens II. rî>6. fon éxiftence<br />
eft tout-à-fait différente de celle qu'il trouve<br />
dans l'imagination des hommes 415). fe réfigner<br />
en tout à fa volonté III. 10t.<br />
DIODORE, fa Patrie, fon Père 1.165. eft furnommé<br />
Cronos ibid. eft tourné en ridicule par Callimaque<br />
ibid. inventa la manière d'argumenter<br />
apelée cornue ibid.<br />
DIODORE , Stilponlui prooofe quelques difficultés<br />
dans la Dialectique ibid. il ne peut y répondre<br />
far le" champ ibid. le Roi Ptolomée Soter<br />
l'en raille JAii. il en meurt de chagrin ibid. Epigramme<br />
de D. L. à ce (u)etibid. autres Philoiopbes<br />
de l'Ecole d'Eubulide 166.<br />
DIODORE, Cronus Philofophe Dialecticien III<br />
246. eut quatre filles Philosophes ibid.<br />
DIOGENE , fon père, fa patrie II. 14, fe fait difciple<br />
d'Antifthène 15. mené une vie fort fimple<br />
ibid. réflexion qu'il fait à la vue d'une fou ris<br />
ibid» prend une beface & unbâton ibid. fe fait<br />
une mai fon d'un tonneau 16. s'exerce à la patience<br />
par les voies les plus <strong>du</strong>res ibid. était<br />
Dd4,
3»o TABLE GENERALE<br />
d'un caraâére mordant & tnéprifant ibid. diverfes<br />
paroles de cePhiiofophe ibid. manière dont<br />
il inflruifit les enfans de Xéniade 20. il jette le<br />
vafe dans lequel H buvoit & fa cailler 24 raifonnement<br />
qu'il avoit coutume défaire 25. il<br />
corrige une femme qui fe profternoit d'une manière<br />
deshenaête devant les Dieux ibid. il confacre<br />
un tableau à Efculape ibid. réponfe qu'il<br />
fit à Alexandre îé.fesplaifanteries & bons mots<br />
ibid. il étoit beaucoup aimé des Athéniens 29.<br />
ils font puifir un garçon qui avoit brifé fon tonneau<br />
& lui en donnent un autre ib. réponfe qu'il<br />
fait à Philippe ibid. comment il fe venge d'une<br />
infulte 32. obfervation qu'il fait fur une maifon<br />
qui étoit à vendre ibid. réponfe qu'il fait à Hégéfias<br />
33. demande qu'on lui érige une ftatae ,<br />
pourquoi 34. bon mot qu'il dit à un diffipateur<br />
3 5. exclamation qu'il fait en voyant des femmes<br />
pen<strong>du</strong>es à des Oliviers 36. on lui reproche d'avoir<br />
fait de la faiifle monnoïe, ce qu'il répond<br />
39.il refufe Cratérusqui le prioit de fe rendre<br />
auprès de \a\ibid. il encourage un jeune garçon<br />
qui s'apliquoit à la Philofophie 40.<br />
DIOGENE , H raille les Athéniens d'avoir décerné<br />
k Alexandre les honneurs de Bacchus 43. il<br />
diftînguoit deux fortes d'exercices , celui de<br />
- l'ame & celui <strong>du</strong> corps 43. comment il prouvoit<br />
que la Société ne peut être gouvernée fans loix<br />
49. croyoit que les femmesdevoient être communes<br />
50.penfoit qu'il étoit permis de manger<br />
de la chair humaine ibidi croyoit que toutes<br />
chofes font les unes dans les autres & les unes<br />
pour les autres ibid. négligeoit la Mufique, la<br />
Géométrie , l'Aftrologie & autres fciences de<br />
ce genre ibid. efl pris par les corfaires en allant<br />
à 4igine , 6c ven<strong>du</strong> à Xéniade s 1, fes amis veo;
DÉS M AT IERESv 3M<br />
lent le racheter, il les refufe ibid. «voit au fuprême<br />
degré le talent de la perfuafion ibid. fa<br />
mort,fon âge ja.fes amisfe difputent l'honneur<br />
de l'enfévelir 53.,on lui érige un tombeau &<br />
des ftatues d'airain ibid. Infcrïption que l'on y<br />
met ibid. Epigramme de D. L. à ce fujet 54. eft<br />
mort à Corinthe le même jour qu'Alexandre ,<br />
mourut à Babylone ibid. fes ouvrages ibid*<br />
DroGENE d'Apollonie, Phyficien ibid.<br />
' DIOGENE de Sicyone, a écrit fur le PéloponèfeII5S.<br />
DIOGENE , Stoïcien IL 55. fa patrieib. funtommé<br />
Babylonien , pourquoi ibid.<br />
DIOGENE , de Tarfe, à écrit des Quefiions Poétiques<br />
II. 55.<br />
DIOGENE APOLLONIATE, fon père, fa patrie II.<br />
304. fut grand Phyficien & fort célèbre par ionéloquence<br />
ibid. contemporain d'Anaxagore ib*<br />
fes opinions ibid.<br />
DIOGENE LAERCE , auteurs qui ont p-rlé de cet<br />
écrivain III. 6. tems auquel il vécut 7..fa patrie<br />
10. fa famille 13. fon caraftére 17. fes ouvrages<br />
& fon ftyle IL. éloges-que les fçavans lut<br />
ont donné 23.<br />
DIOGENE LAERCE , apologie de l'obfcurité qui<br />
régne dans quelques-uns de fes partages 16.<br />
DIOTIME y enfeigne à Socrate une partie de la<br />
Philofophie III. 105.<br />
Difgrace Tmoyen de la fuporter avec moins- de<br />
douleur I. %%.<br />
Divination, ne doit point être rejettée I. 47.<br />
Douleur, mouvement violent qui accable l'ame<br />
L 147. tous les animaux la fuient ibid. nous<br />
avons pour elle une répugnance naturelle 148.<br />
privation de la douleur n'eftpoint un bienjpourquoi<br />
ibid. toute douleur neconûfle point dans
j»i TABLE GENERALE<br />
les'fenfations corporelles 149. ne peut venir<br />
des feuls objets qui frapent les organes de<br />
l'ouïe & de la vue .pourquoi ibid. ne doit point<br />
Sur<strong>mont</strong>er le Sage III. 168.<br />
J—ICCELLO , fa patrie m. 285. fon père ibid.<br />
ECHECRATIE, fa patrie III. 288. fon père ibid'.<br />
Eclypfcs de foleil, Thaïes eft le premier qui les ait<br />
prédit I. 15. ce qu'en penfoit Epicure II. 401.<br />
E<strong>du</strong>cation, on- doit pourvoir à celle des enfans<br />
I. 64.<br />
ELOïSE,femme de Pierre Abailard III. 131. fut<br />
Relisieufe & prieure <strong>du</strong> Couvent d'Argenteuil<br />
près Paris ibid. devint abbefle do Paraclet ibid.<br />
polTédoit plufieurs fciences 233.<br />
EMPFDOCLE , fa patrie, fes parens II. 238. fon<br />
origine ibid. fut difciple de Pythagôre 239. on<br />
loi attribue l'invention de la Rhétorique 241.<br />
compofa un poëme fur la defcente de Xerxès<br />
en Grèce ibid. a aufll écrit des tragédies & desouvrages<br />
de politique ibid.ed qualifié de Médecin<br />
& d'excellent orateur 242. fe fit admirer à<br />
beaucoup d'égards ibid.<br />
JEMPEDOCLE, eutbeaucoup d'amitié pour Paufanias<br />
243. bon mot qu'il dit fur la molefledes<br />
Agrigentins 244. refufa la Royauté 245*<br />
convoque le confeil & fait condamner deux<br />
hommes à mort , pourquoi ibid. abolit le<br />
Confeil des Mille 246. eft critiqué par Timon<br />
247. différentes opinions fur fa mort ibid. fentimens<br />
partagés fur fon âge 250. tems auquel<br />
U florifloit ibid. versfurfamort 25 r. admettoit<br />
quatre élémensibid. fes fentimens furies aftre*<br />
252. ce qu'il penfoit de lame ibitL
_ DES MATIERES. 31 j<br />
JEnvîe , n'a, aucune prife fur le Sage I.-150.<br />
£nvieux,Cont confumés par leur propre cara&ére<br />
II. 4.<br />
JEnfans, ont befoin de trois chofes , quelles L<br />
joo.font obligés d'obéir à leurs pères III. 177.<br />
on ne leur doit point imputer les défauts de<br />
leurs pères 179. doivent être dans une crainte<br />
perpétuelle de faire quelque chofe qui déplaife<br />
a leurs pères 181.<br />
Entendement, connoît de différentes manières le»<br />
chofes qu'il aperçoit H. 108.<br />
EPICHARME, fa patrie, fon père II. 253. étudia<br />
fous Pythagore ïbid. infeription qui fe trouve<br />
- au bas de fa ftatue ibid. a laifTé des Commentaires<br />
&. des vers acroftiches ibid. fon âge. ibid.<br />
EPICTETE, fa patrie III. a8. naquit furlafinde<br />
l'empire de Néron ibid. Ces parens font inconnus<br />
ibid. étoit de baffe extraction ibid. rut efclave<br />
d'Epaphrodite ibid. fe retire à Nicopolis 30*<br />
•écut très-familiérement avec l'Empereur Hadrien<br />
ib. penfoit que le mariage étoit un grand<br />
empêchement pour parvenir à la perfeâion 31.<br />
n'eut point d'enfans ibid. fut toujours très-pâuvre<br />
ibid. avoit une grande modeftie 31. parole»<br />
qu'il difoit à ce fujet ibid. n'avoit ni fafte, ni<br />
ambition ibid.<br />
EPICTETE, principaux enfeignemens qu'il donnoit<br />
à fes difciples 3 3. croyoit qu'un véritable Philofophe<br />
devoit faire & non pas dire ibid. paroles<br />
qu'il adreffe à un débauché qui fe mê-<br />
Joit d'étude & de Philofophie 341. aimoit<br />
extrêmement la propreté ibid. étoit mal fait defa<br />
perfonne & infirme de corps 3
514 TABLE GENERALE<br />
fifter la Phiîofophie 38. paroles qu'il répétort<br />
fou vent ibid. ne pouvoir felafler d'admirer Lrcurgue<br />
, pourquoi ibid. fit profeflïon de la Phiîofophie<br />
Stoïque 39. imitoit Socrate, Zenon &<br />
Diogène ibid. n'aimoit pas les Pyrrhoniens 40.<br />
à qioicomparoit la Fortune 41. avoit renoncé<br />
à tous les autres plaiûrs pour fe livrer feulement<br />
à ceux de Pefprit ibid. ne pouvoit fouâcir<br />
ceux qur cherchoient quelque prétexte pour cacher<br />
ou autorifer leurs crimes 43. fa modération<br />
envers Rutus qui le reprenoit aigrement<br />
ibid. étoit extrêmement délicat dans l'amitié 44.<br />
fes fentimens & fes paroles'à ce fujet ibid.e&<br />
celui de tous les Philofophes Payens qui a pénétré<br />
le plus avant dans les myftéres de la Religion<br />
Chrétienne46.futen grande eftime 6c réputation<br />
47. fon difciple Arrien 48. incertitude<br />
fur le genre & le tems de famort 50.Tab!e chronologique<br />
pour l'intelligence <strong>du</strong> temsoùileft<br />
mort 57. fes caraâéres 6a»<br />
EPICVKE, fes parens, ù. patrie IL 34a. navoit<br />
que quatorze anslorfqu'ilcommença à s'attacher<br />
à la Phiîofophie 343. fut maître d'école ibid.<br />
pafTage de Timon à ce fujet ibid., eut trois frères<br />
ibid. le Stoïcien Diotime le veut faire pafler<br />
pour voluptueux 344. eft mal traité par Deny»<br />
d'Halicarnafle ibid.<br />
EPicuRE.Timocrate & Hérodote lai reprochent<br />
qu'il n'étoit pas bon citoyen ib, quelques paffages<br />
de fes lettres qu'on lui reproche 345.. autre<br />
paflaee de fon livre de la fin qu'on lui reproche<br />
pareiïlementii.Epiâete l'accable d'injures 346.<br />
eft calomnié par Timocrate frère deMétrôdore<br />
ibid.voulait que les Sectateurs de Platon fuflent<br />
nommés lesF/aeewsdeDenys,&L qu'on donnât à<br />
Platon l'£pithéte de.Oorc347.nom qu'il donnait
DES MA T I E RE S. 3a*<br />
à Protagore & à Démocrite it.traitoit Heraclite<br />
A'y vrogne ib. fon école triomphe de fes envieux<br />
348. eut beaucoup de piété & de douceur envers<br />
fes parens ibid. donna univerfellement à<br />
tout le monde des marques d'honnêteté & de<br />
•bienveillance 349. eut une modeftie extraordinaire<br />
ibid. Pafla toute fa vie_en Grèce ibid. n'aprouvoit<br />
pas la communauté de biens entre fes<br />
Seftateurs ib. Epigramme d'Athénée à la louan-<br />
• ge de-ce Philofophe 350. s'attachoit à l'opinion<br />
d'Anaxagore & d'Archelaiis ibid. exerçoit<br />
fes écoliers à aprendre par cœur ce qu'il avoit<br />
écrit 351. infcription qu'il mettoit à les lettres<br />
ibid. tems auquel il naquit 35 a. fa mort ibid.<br />
fon âge ibid. laifla la con<strong>du</strong>ite de fon Ecole à<br />
Hermachus de MityleneiA/V. Vers de D. L. fur "<br />
ce fujet ibid. fon Teftament 3^3. fes difciples<br />
356. fes ouvrages 357. Analyfe de fes principaux<br />
ouvrages 360. divife la Philofophie en<br />
trois parties 361. moyen qu'il établit de connoître<br />
la Vérité 36a. ce qu'il dît des fens ibid,<br />
reconnoît deux parlions auxquelles tous le*<br />
• animaux font fujets 364. lettre d'Epicure à Hérodote<br />
365. fon fyftême de l'Univers 368. éta-<br />
. felit le mouvement continuel des atomes 370.<br />
admet des mondes à l'infini ibid. ce qu'il dit de<br />
la formation des fens 375. rejetta la diyifihilké<br />
à l'infini 377.définition qu'il donne de l'arné, 381<br />
EpicuRE.lacroitfujetteàbeaucoupdechangemen»<br />
ibid. penfe qu'elle périt avec le corps 382. difperfe<br />
dans tout le corps la partie irraifonnable<br />
de l'ame, & place dans la poitrine fa partiéraifonnable<br />
383. en quoifaifoit confifterla'corruptibilité<br />
des mondes 387. ce qu'il penfoit
S** TABLE GENERALE<br />
noménes 398. ce qu'il dit <strong>du</strong> déclin & <strong>du</strong> renouvellement<br />
de la Lune 399, ce qu'il penfoit<br />
des Eclipfes 401. Ion opinion fur la longueur<br />
différente des jours & des nuits 40a. comment<br />
expliquent la formation des nuées 403. ce qu'il<br />
dit <strong>du</strong> Tonnerre ibïd. pourquoi l'éclair le précède<br />
404. d'où procède la foudre 405. fa penfée<br />
fur les tremblemens de Terre 406. comment il<br />
croit que fe forment les vents & la grêle ib.<br />
il explique la formation de la neige 407. celle<br />
de la gelée, de la glace & de l'arc-en-ciel 408,<br />
explication qu'il donne des Cornettes 409. il<br />
exhorte Pytoclès à s'imprimer toutes ces idées<br />
pour fe préferver des opinions fabuleufes 416.<br />
croit que le fage peut être outragé, mais qu'il<br />
ne dépend que de lui de fe mettre au-deflus de<br />
tout préjudice par la force de fa raifon 413.<br />
qu'ileft fujet aux partions ibid. defeription qu'il<br />
fait <strong>du</strong> vrai fage ibid..croit que tous les vices<br />
{ont inégaux 415. que la nature ne donne point<br />
une magnanimité achevée ibid. quePamitié doit<br />
être contractée par l'utilité qu'on en efpére ibid.<br />
établit deux fortes de félicitésii/V.fa lettre à Menecée<br />
4a 1. préceptes qu'il lui donne418.ee qu'il<br />
entend par volupté424.définition qu'il en donne<br />
425.croitque la prudence l'emporte furlaPhilofophie<br />
ib. rejette la néceffité <strong>du</strong> deftin 427 abolit<br />
entièrement l'art de deviner 428. diffère des<br />
Cyrena'iques fur la nature de la volupté ibid,<br />
EPICURE, n'eft pas non plus de leur fentiment fur<br />
la douleur 429. comment il prouve que la volupté<br />
eft la fin de tout 430. croit que les vertus<br />
n'ont rien qui les faffe fouhaiter par raport à<br />
elles-mêmes ibid. fes maximes. 431.<br />
EPICURE fils de Léonte&de Thémifta II. 359.<br />
EPICURE, natif de Magnéfie II. 359.
DES MATIERES. 317.<br />
IEPICURE , Gladiateur II. 359.<br />
Epicuriens, rejettent la Dialeâiquell. 362. pourquoi<br />
ibid. ce qu'ils entendent par notions antécédentes<br />
363. reconnoiflent deux paffions aufquellestous<br />
les animaux font fujets364.<br />
- EPIDEMIDE , les fentitnens varient fur fon père &<br />
fa patrie 1.78. il dort cinquante-fept ans;ce qu'il<br />
en arrive ibid. on le croit favorifé <strong>du</strong> Ciel ,<br />
ib. les Athéniens le font chercher, pourquoi ib,<br />
comment il délivre Athènes de la perte79. libéralité<br />
des Athéniens ibid. défintéreflement<br />
d'Epiménide ibid. ce qu'il exige pour récompense<br />
iïiif. il retourne dans fa patrie & meurt peu<br />
•après , fon âge ibid. fentimens partagés à cet<br />
égard €0. fes ouvrages ibid. on le croit le<br />
premier qui purifia les maifons & les champs ,<br />
&qui éleva des Temples ibid. ce que l'on croit<br />
de fon long fommeil ibid. Lettre qu'il écrivit à<br />
Solon 81. manière dont il fe nourriflbit ibid.<br />
eft déifié par les Cretois 82. étoit doué d'une<br />
connoiiïance extraordinaire, prédirions qu'il<br />
fit aux Athéniens & aux Lacedémoniens ibid.<br />
il fe fait palier pour être reffufcité ibid. comment<br />
ibid.<br />
ESCHINE, fon père, fa patrie 1.131. étoit extrêmement<br />
laborieux dès fa'jeuneffe ibid. s'attacha<br />
à Socrate ibid, parole de ce dernier à cette occafion<br />
ibid. confeille à Socrate de s'enfuir de<br />
fa prifon ibid. eft calomnié par Ménédeme<br />
ibid.<br />
ESCHINE, caraôére diftindif des vrais dialogues<br />
d'Efchine & leur nombre 13 3. la pauvreté l'oblige<br />
d'aller en Sicile ibid. Platon le méprife ibid.<br />
Ariftippe le recommande au Tyran ibid. il en<br />
obtient quelques libéralités & revient à Athènes<br />
ibid. il n'ofe y enfeigner la Philofophie ,
ja« TABLE GENERALE<br />
pourquoi ibid. il fe met à plaider ibid. parole<br />
de Timon à ce fujet ibid. confeil que lui donne<br />
Socrate ibid. Ariftippe léfoupçonne deirwuvaife<br />
foi au fujet de (es dialogues ibid. étoit<br />
grand Orateur 133. imita l'éloquence deGorgias<br />
de Leonte ibid. Lyfias "répand un libelle<br />
contre lui ibid.<br />
EsCHiNE.Auteurquî atraitédel'éloquencel.133.<br />
ESCHINE, imitateur de Démofthène I. 133.<br />
EscHïNE,natifd*ArcadiedifcipledlfocrateI.i33.<br />
ESCHINE, furnommé le fléau des Orateurs 1.133.<br />
ESCHINE , de Naples.Phiiofophe delaSeéte Académicienne<br />
I. 133.<br />
ESCHINE , de Milet écrivit for la Politique 1.133.<br />
ESCHINE , Sculpteur 1.13 3.<br />
Efpérance, eft ce qu'il y a de plus doux pour les<br />
hommes I. 60. eft le fonge d'un homme qui<br />
veille 330.<br />
EfpritjentencedeTnalèsàcefujetl.u. gtffticuler<br />
en marchant eft une marque de peu d'efprit 47.<br />
efprit humain peut comprendre les qualités des<br />
parlions, mais n'en connok pas l'origine 151. fa<br />
culture fer* d'ornement dans la profpérité & de<br />
confolation dans l'adverfité 300; apartient aux<br />
animauxll.223. doit être rempli de la penfée<br />
de l'avenir 41a. on doit avoirplus d'égard à fes<br />
fcefoins -qu'à ceux <strong>du</strong> Corps III. 88. on doit<br />
mettre toute fon attention à le cultiver 94.<br />
Etude , eft préférable à l*lgn
DES M A T I E R E S. 329.;<br />
cfifputes ib. il eft attaqué parTimon 13 5 .a fait fis<br />
dialogues ii.eutpourfucceffeu'rEubulide deMilet<br />
qui eut pour difciple Demofthènes ib. Alexinusd'Elée<br />
violent difputeurétudiefousEubalide<br />
%6y. ce Philofophe étoit ennemi de Zenon ibid.<br />
il vient à Olimpie dans le deffein d'y former .<br />
une Seâe ibid. un r-ofeau le bleffe lorfqu'il febaignoit<br />
dans la rivière d'Alphée ibid. il en<br />
meurt ibid. Epigramme de D. L. àcefujet ib.<br />
Ouvrages d'Alexinus ibid. Euphante autre Sectateur<br />
d'Eubulide ibid. eft chargé de Té<strong>du</strong>ca-tion<br />
<strong>du</strong> Roi Antigone 164. il lui dédie un traité<br />
fur la Royauté ibid. meurt de vieilleffe ibid»<br />
eut un grand nombre de condifciples. ïbièi<br />
EUDOCIE , femme de Conftantin Paleologue le.<br />
Defpote III. 228 extrait des Hiftoires de Ni-.<br />
céphore Grégoras à (on fujet ibid.<br />
EUDOCIE , fa patrie III. 215. fon père ibid. épottfa<br />
l'Empereur Théodofe ibid. récit que fait>à<br />
ce fujet l'auteur de la Chronique Pafcale. ibid.<br />
fit unpoëme en vers héroïques ai9»EvagreôC.<br />
Nicéphore ont parlé d'elle 120. fut aufC a pelée<br />
Léontias 222. a écrit la Métaphrafe Octateuque<br />
223..<br />
EUDOXE » fon père , ùL patrie II. 261. fut Aftrologue,<br />
Géomètre, Médecin & Législateur ibid»<br />
il va à Athènes ibid. part pour l'Egypte ibid'»^<br />
y compofe un ouvrage de Mathématique 262.<br />
le rend à Cyfique & dans laPropontide Si. y<br />
exerce la Philolophie ibid. revient à Athènes<br />
avec un grand nombre de diiciples ibid. fut ex-r<br />
traordinairement eftimé de fa patrie ibid.<br />
EVDOXE, eut trois filles ibid. fon fils 263.<br />
EUDOXE,Rhodien & Hiftorien IL 263.<br />
EUDOXE, de Sicile Poëte Comique IL 26}.<br />
EUDOXE , deGnide Médecin IL 263 Jems'auqucl<br />
Tome 111» Ê e
330 TABLE GENERALE<br />
il fleurit ib. découvrit les régies des lignes courbes<br />
ibid. Vers de D. L. fur fon fujet. 264.<br />
EuRlDICE , fut femme de Pollian III. 208. fut<br />
élevée dans l'étude de la Philofophie ibid. ne<br />
doit point être confon<strong>du</strong>e avec une autre Euridice<br />
Illirienne ibid.<br />
EURIPIDES , bon mot de ce Poëte fur les vieux<br />
Athlètes I. 36. reproche aux Athéniens la mort<br />
de Socrate 119. tems de la naiflance de ce Poète<br />
, il fut difciple d'Anaxagore 120.<br />
Exercice, <strong>du</strong> corps utile à la vertu I. 150.<br />
jT Autcs, font pardonnables, pourquoi L 153..<br />
Félicité, n'eft point à fouhaiter pour elle-même,,<br />
mais à caufe des plaifirs particuliers qui en résultent<br />
I. 148. fa perfection confine en trois •<br />
chofes, quelles elles font 397. Epicureen établit<br />
deux fortes II. 415.<br />
femmes méchantes , comment il en faut tirer parti<br />
I. 115.femme laide faitlefuplicede fon mari<br />
477. s'en abftenir avant le mariage autant que<br />
l'on peut III. 88. n'en faire qu'un ufage légitime.<br />
& félon la loi ii/i. donner trop de foin au plaifir<br />
des femmes eu la marque d'un efprit groflïer 94.<br />
Filles, comment doivent être mariées I. 63. fillefans<br />
bien eft un grand fardeau pour un père 3 29.<br />
préfervatif contre les attraits d'une belle fille-<br />
III. 69. pourquoi font coquettes dès leur première<br />
jeunefle 94.<br />
'Flatteur , eft de tous les animaux domeftiques.<br />
celui qui mord le plus dangereufement II. 35:.<br />
Force, <strong>du</strong> corps, don de la Naturel. 59.<br />
Fortune, revers de Fortune eft ce qu'il y a de plut.<br />
difficile à en<strong>du</strong>rer L 60. fuporter courageufe*
DE S M A T I E R E S. 33*<br />
ment fes changemens62. nous ravit fouvent les<br />
biens que nous efpérons 15a. à qui comparée<br />
par Epiérete III. 41.<br />
Frugalité, eft un bien qu'on ne fçauroit trop efti»<br />
mer II. 423,<br />
G,<br />
VT Elit blanche, eft un effet de la rofée qui<br />
s'eft fixée par un air froid II. 408.<br />
GéMINé, mère & fille III. 235. furent difciple»<br />
de Plotin ibid.<br />
Génie, annonce l'avenir à Socrate I. na.<br />
Géométrie, confeil de Socrate à ce fujet L 111;<br />
Génération, a deux caufes 1.101.<br />
Glace, comment fe forme II. 408!<br />
GLAUCON, fa patriel. 176. a compofé neuf dialogues<br />
ibid.<br />
Gloire, eft immortelle I. 69.'eft la mefe des années<br />
277.<br />
Gouvernement, eft la pierre de touche <strong>du</strong> cœur de<br />
l'homme I. 52. le populaire vaut mieux que le<br />
tyrannique 69.<br />
Grêle, comment fe forme II. 406.<br />
H,<br />
JT1 Abitude, n'eft pas peu de chofe 1.109*<br />
Maine, fe déguife fouvent fous un vifage riant I*<br />
39-<br />
HERACLIDE, fon père, fa patrie L 340; fut difci»<br />
pie de Speufippe ibid. fréquenta l'École des Pythagoriciens<br />
ibid, fut en dernier lieu difciple<br />
d'Ariftotç ibid.<br />
HERACUDE , furnom que lui dbnnérentlës Athé'»-niens<br />
ibid. fes ouvrages ibid. délivra fa. patrie<br />
342. agrivoife- un' Dïagpn ibid. pourquoi i£i&-<br />
E-e.*
jjt TABLE GENERALE<br />
ce qu'il en réfulte ibid- Epigramme de D. L. à<br />
ce lu jet ibid. fa mort ibid. eft critiqué par dtfférens<br />
Auteurs 343.<br />
HERACLIDE , qui a compofé des pièces I. 344.<br />
HERACLIDE de Cumes a publié l'Hiftoire de Perfe<br />
1.344.<br />
HERACLIDE, de Cumes, Orateur, a écrit de la<br />
Rhétorique 1. 344.<br />
HERACLIDE de Calatie a parlé de la Succeflion<br />
I- 344*<br />
HERACLIDE d'Alexandrie, a décrit les particularités<br />
de la Perte I. 344.<br />
HERACLIDE Diale&icien de Bargyla, combat la<br />
morale d'E'picure I. 344.<br />
HERACLIDE d'Hicée, Médecin I. 344»<br />
HERACLiDEdeTarenteMédecinEmpiriqueI.J44<<br />
HERACLIDE a donné des Préceptes fur la Poëûe<br />
!• 344.<br />
HERACLIDE de Phocée, Sculpteur I. 344.<br />
HERACLIDE habile Poëte Epigrammatifte I. 344,<br />
HERACLIDE de Magnéfie a donné la vie de Mîthridate<br />
t. 344.<br />
HERACLIDE a traité de l'Aftfologie 1.344.<br />
HERACLITE,fon père, fa patrie II. 265. étott<br />
haut & décifif dans fes idées ibid. en quoi faisait<br />
confifter la fageffe ibid. ce qu'il penfoit<br />
d'Homère & d'Archiiochus ibid. reprend aigrement<br />
les Ephéfiens, pourquoi 266. refufe de<br />
donner des loix à-fes concitoyens ibid. devient<br />
Mifanthrope & fe cetire dans les <strong>mont</strong>agnes<br />
ibid. il y contrafte une Hydropifie qui l'oblige<br />
de revenir en ville ibid. demande énigmatique<br />
qu'il fait aux Médecins ibid. fà mort 167. Epigramme<br />
de D. L. à ce fujet ibid. ce qu'en dit<br />
Hermippe ibid. fe fit admirer dès l'enfance ibid:<br />
HERACLITE , n'«ut point de maître
DES MATIERES^ 333*<br />
qui porte fon nom 168. eft critiqué par Timon<br />
ibii. fes Seâateurs ibid. fes opinions ibid. analy^<br />
fe de fes fentimens 269. fon fyftême <strong>du</strong> Ciel<br />
270. lettre que hii écrivit Darius 272. réponfe<br />
qu'il lui fit 273. fes Commentateurs 274,<br />
HERACLITE , Poëte Lyrique II. 37^<br />
HERACt.iTEd'HaticarnaffePoëteElégiaqueII.37^<br />
HEIIACLITE , de Lesbos a écrit l'Hiftoire de Macédoine<br />
II. 375.<br />
HERACLITE, Joueur de Cithre II. 37c.<br />
Heureux, qui on peut apeler heureux I. 22. il<br />
fufEt pour être heureux qu'on éprouve <strong>du</strong> plaLfir<br />
à quelque égard 150.<br />
HIPPASUS , fa patrie II. 258. fon fentiment fur le<br />
monde ibid. n'a laiffé aucun ouvrage ibidt<br />
HIPPASUS , de Lacédémonea traité de la Repu»<br />
blique II. 258.<br />
HIPPO , fon père III. 180. inftruifit Mole dansla<br />
contemplation de la Nature ibid. s'exerça à<br />
la divination, ibid'. fut verfée dans l'Aftrologie<br />
ibid^<br />
HIPPARCHIE, fœur de Métroclèll. 67. fà patrie<br />
ibid. devient éper<strong>du</strong>ment amoureufe de Cratès.<br />
ibid. s'habille comme le Philofophe & le fuir<br />
par-tout ibid. difpute contre Théodore ibid^ reproche<br />
qu'il lui fait 681 ce qu'elle y répond iWJ»<br />
Voyez auffi vol; III. 251.<br />
HERILLE » fa patrie IL. 179. en quoi faifoit confifter<br />
la fin qu'on doit fe proposer ibid'. comment<br />
définiffoit la ftiencè ibid. tenoit pourindiffêrent<br />
ce qui eft entre le vice & la vertu ibid. prend<br />
à tâche de contredire Zenon, ibid. fes ouvrages.<br />
*8er<br />
tfomme, courageux doit être doux, pourquoi L<br />
47. comment on doit aimer les hommes 6tttomme<br />
ell fuje ta deux galions 147»
3U TABLE GENERALE<br />
Hommes, hommes font plus fenfibles à la douleur<br />
les uns que les autres 151. homme doit fe propofer<br />
pour fin de devenir femblable à Dieu 122.<br />
eft compofé de froid & de chaud II. vi^rkomme<br />
jnfte vit fans trouble 8c fan» défordre II.<br />
43 j. on doit aimer tous les hommes III. 153,<br />
homme de bien ne s'afflige jamais & ne craintrien<br />
168. homme qui fait Ion Dieu de fon ventre<br />
, ne fait jamais rien qui foit digne de l'homme<br />
169. homme de bien n'eft occupé que de<br />
fa vertu 176.<br />
HOMèRE , traité d'infenfé par les Athéniens, eft"<br />
condamné à une amende de cinquante drachmes<br />
I. 119.<br />
HOMèRE , auteur tragique, l'un des Poètes de<br />
la Pléiade III.-212.<br />
Honte, il n'y en a point à s'inftruire de ce qu'on 1<br />
ne fçait pas I. 112. il n'y en a point à entrer<br />
dans un lieu de débauche, mais a n'en pouvoir<br />
fortir 137. "~<br />
HYPATIE , fa patrie III. 23 f. pofféda la Philofophie<br />
& les Mathématiques ibid. fon père ibid.<br />
extrait de l'Hiftoire de Socrate qui parle d'elle-<br />
1361 autre extrait de Nicéphore qui confirme<br />
le récit de Socrate 237. fut beaucoup eftimée<br />
de Synéfius 238. étoit belle 239. manière dont<br />
elle guérit un jeune homme qui étoit amoureux<br />
d'elle ibid. époufa le Philofophe Iïïdore ibid.<br />
fut verfée dans la Géométrie ibid. a écrit plufieurs<br />
commentaires 240. lettre qu'elle écrivit<br />
à Cyrille, Archevêque d'Alexandrie ibid. Epigramme<br />
tirée de l'Anthologie, à fon honneur-<br />
T £•<br />
JE D'Us, (ont dans l'a nature-comrrre dés modèle*<br />
dbntles.autrfi&chofes./ojudes cogies- L.L9.6».
DES MATIERES, jjf<br />
Idées, idée n'eft ni une chofe qui fe meut ni une<br />
chofe en repos 223. eft l'a même, eft une & eft<br />
plufieurs 224. viennent des fens II. 363»<br />
Jeunes gens , confeil que Socrate leur donne<br />
I. 113. doivent être inftruits des chofes qui<br />
peuvent leur être utiles dans l'âge viril 143. il<br />
eft ridicule d'exhorter un jeune nomme à bienvivre<br />
IL 4îr.<br />
Ignorans, différence qui eft entr'eux & les Savans<br />
I. 136.<br />
Ignorance,eft un mail. m. eft pire que la pauvreté,<br />
pourquoi 137.<br />
Impatience, dans la douleur, eft un mal plus grandi<br />
que de l'en<strong>du</strong>rer I. 276.<br />
Infortune , on eft malheureux de ne pas la fçavoir;<br />
fuporter I. 59..<br />
Injures, fuporter les injures, chofe des plus difficile<br />
1.46. doivent être étouffées avec plus defoin<br />
qu'une incendie IL 265.<br />
Injuftice, n'eft point un mal en foi. IL 439.<br />
Injlruttion , eft un guide qui nous mené heureu—<br />
fement à la vieilleffe I. 302.<br />
Juges, Chinois III. 124. précautions extraordinaires<br />
qu'ils prenoient lorfque quelque caufe;<br />
étoit portée devant leurs tribunaux ibid.<br />
IvLiEl>OMNA,époufal'EmpereurSévereIII.2o8:.<br />
s'apliqua à la Philofophie ibid. fit donner la-.<br />
chairephilofophique d'Athènes à Philifcus 209fa<br />
patrie ibid. fut mère d'AntoninCâracalla î 10..<br />
eut une f«ur nommée Julie Mcefa. 211.<br />
Jùjlc, & injufte n'eft pastel en lui-mêmeI. ioiv<br />
l'homme jufie vit fans trouble IL 435.<br />
luft'ue, eft une vertu de l'ame qui nous fait agit<br />
avec chacun félon fon mérite I. 302.<br />
Tvrogner'u y moyen d'en- préierver L 74^.
5J6* TABLE GENERALE<br />
JLI_ACYDES , fon père r fa patrie 1.284. fut chef,<br />
de la nouvelle Académie ibid. eut beaucoup de<br />
difciples ibid. étoit gracieux & agréable dansfes<br />
difcours ibid. meuire qu'il prend pour n'être<br />
pas volé dans fon ménage, leur inutilité ib.<br />
'•A. cède fon Ecole à Télécles & à Evandre Phocéens<br />
ibid. eft apellé à la Cour d'Attale ibid.<br />
téponfe qu'il fait à ce fujet 285. fa mort ibid..<br />
fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />
Langue , ne doit pas prévenir la penfée I. 47doit<br />
être employé à dire <strong>du</strong> bien 64. eft ce que<br />
l'homme a de bon & de mauvais ibid,<br />
LASTHENIE , fà patrie IIL 234. fut difciple de<br />
Platon ibid.<br />
LEONCE.Courtifanne d'AthènesIII.2$,7.fut amie<br />
d'Epïcure ibid. extrait d'une lettre que ce Philofophe<br />
lui écrivit ibid. eut auffi pour amis MétrodoreAthénien<br />
& Hermefianax deColophon><br />
ibid. écrivit contre Théophrafte 25.8. extrait <strong>du</strong><br />
premier livre de la Nature des Oieux ou Ciceron<br />
en fait mention ibid. fa fille ibid.<br />
LEUCiPPe »fa patrie IL 287. fut difciple de Zénorr<br />
ibid. croyoit le monde infini ibid. fon fyftême<br />
de l'Univers ibid. a le premier établi les atomes<br />
pour principes ibid. détail de fes fentimens<br />
ibid.<br />
Loix, refïemblent aux toifes d'araignées I- 37;<br />
moyen indiqué par Salon pour empêcher les<br />
hommes de] violer les loix 38. Il leur faut obéir<br />
47. Loi de Pittaccus contre l'Yvrefle 52.<br />
Lune y eft. la fept cent vingtième partie <strong>du</strong>- foleil<br />
félon Thaïes I. 14. ce que dit Epicure de foi»,<br />
déclin. 6c de fon. renouvellement II. 3994 d'où<br />
procé-de
DES MATIERES. 337<br />
procède le cercle que l'on voit au tour 409. '<br />
LYCON , fa patrie, fan père I. 319. fuccéda à<br />
Staton ibid. fut éloquent & habile à con<strong>du</strong>ira<br />
la jeunefle ïbid. fut fort utile aux Athéniens<br />
par fes bons confeils 330. s'éxerçoit beaucoup<br />
& étoit d'un bonne conftitution de corps ibid»<br />
fut grand ennemi de Jérôme le Péripatéticien<br />
ibid.gouverna fon Ecole pendant quarante-quatre<br />
ans 331. fa mort & fon âge ibid. Epigramme<br />
de D. L. à ce fujet ibid. fon Teftament ikid9<br />
LYCON , Philofophe Pythagoricien I. 331.<br />
LYCON, Poè'te Epique I. 331.<br />
LYCON , Epigrammatifte I. 331.<br />
LYSiPPUS,ftatuaire,fait la ftatuede Socratel. 119Î<br />
M.<br />
M.<br />
Al, oublier le mal eft de toutes les choies la<br />
plus néceffaire II. 5.<br />
Manière, eft ce qu'il y a de meilleur en toute»<br />
•chofes I. 65.<br />
Mariage, bon mot de Socrate à ce fujet I. 1 ta.<br />
Marchés, lieux deftinés à autorifer la fupercherie<br />
I- 7\- n<br />
Médifance, il faut s'en abftenir, pourquoi 1.46.<br />
MéLISSE, Pythagoricienne III.491. a écrit une<br />
lettre fur les habits qui conviennent aux femmes<br />
modeftes ibid.<br />
MELisse, fa patrie, fon père II. a8a. fut auditeur<br />
de Parmenide ibid. Heraclite le îecommande<br />
aux Ephéfiens ibid. fut fort chéri & eftimé de<br />
fes concitoyens ïbid. fut Amiral ibid. fes fentimens<br />
fur l'Univers ïbid. n'admettoit point de<br />
mouvement réel ibid. tems auquel il floriffoit<br />
ibid.<br />
Menaces, n'apartienaent qu'aux femmes I. 4$.<br />
Tome III, F f
3^8 TABLE GENERALE<br />
MENEDEME , Philofophe de la feâe de Phédon I.<br />
177. fon père ibid.<br />
MENEDEME , étoit defamille noble, mais pauvre<br />
I. 177. fut architecte, & faifeur de tentes de<br />
profeflion i/>i^, propofe un décret au peuple<br />
ibid. eft blâmé par Alexinus ibid. va à Mégare<br />
ibid. fréquente l'Académie de Platon ibid. quitte<br />
le métier des armes pour l'étude ibid. s'attache<br />
à Stilpon ibid. pafle à Elis, & fait Société<br />
avec Anchipille & Mofchus ibid. étoit fort grave<br />
ibid. eft raillé par Cratès à ce fujet 178. eft<br />
auffi cenfuré par Timon fur fon air (èx'itux ibid.<br />
infpiroit beaucoup de retenue par fa gravité<br />
ibid. manière dont il reprit un jeune homme<br />
qui parloit avec infolence ibid. diverfes réponles<br />
qu'il fît ibid. Cenfure la fomptuoûté d'an<br />
repas où il fe trouve en ne mangeant que des<br />
olives 179. fa franchife manque à le perdre en<br />
Cypre ibid. il enfeignoit amplement & fans aucun<br />
des argumens ordinaires dans les écoles<br />
180. étoit timide & glorieux ibid. parvenu au<br />
ouvernement de la République fut craintif &<br />
S<br />
iftrait ibid. il fait emprisonner Cratès ibid. re<br />
proche que lui fait ce Cynique ibid. avoit <strong>du</strong><br />
panchant à la fuperftition ibid. marque qu'il en<br />
donne 181. avoit l'ame grande & généreufe ib.<br />
fut vigoureux & ferme jufques dans fa vieilleffe<br />
ibid. fon portrait ibid. rempliffoit tous les<br />
devoirs de l'amitié i&ù/. s'égayoit avec les Poètes<br />
& les Muiiciens ibid. Vers d'Achée Poète<br />
Saryrique qu'il recitoit fort fouvent ibid. n'eftimoit<br />
point Platon , Xénocrate ni Parebatede<br />
Cyrène 182. admiroit beaucoup Stilpon ibid,<br />
louange qu'il lui donne ibid. employoit des expreflions<br />
obfcures ibid. étudioit ce qu'il difoit<br />
•vcc tant de Yoin, qujl étoit difficile dedifputer
DES MATIERES. 339<br />
«vec lui ibid. traitait toutes fortes de fujets Se<br />
avoit la parole aifée ibid. étoit plein de force<br />
& d'ardeur dans les affemblées publiques ibid.<br />
MENEDEME, faifoit des argumens fimplesl. 181.<br />
rejettoit les proportions négatives ibid. fui voit<br />
les opinions de Platon, & n'eftimoit point la<br />
Dialeâique ibid. Alexinns l'en reprend ibid,<br />
comment il y répond 183.parole qu'il dit àBion<br />
ibid. n'a rien compofé ibid. fut ardent dans la<br />
difpute & modéré dans fes aâions ibid. rendit<br />
fervice à Alexinus ibid. eut beaucoup de goût<br />
pour l'amitié ibid. divers exemples de fon amitié<br />
pour Afclepiade 184. ces deux amis eurent<br />
pour Protecteurs Hipponicus de Macédoine &C<br />
Agetor de Lamia ibid. préfens qu'ils en reçurent<br />
ibid. Menedeme eut trois filles d'Orope fa<br />
femme ibid. manière dont il régloit les repas<br />
qu'il donnoit à fes amis 185. ce qu'en dit Lycophron<br />
dans fes Satyres ibid. effuya dans le commencement<br />
beaucoup de mépris ibid.bxi dans la<br />
fuite fort eftimé ib. reçut beaucoup d'honneurs<br />
de Ptolomée & de Lyfimaque ibid. eft accufé<br />
auprès de Démétrius d'avoir fait un complot<br />
pour livrer la ville à Ptolomée 186. il fe purge<br />
de cette calomnie par une lettre ibid. fut aimé<br />
d'Antigone ibid. décret qu'il fait à la louange<br />
de ce Prince ibid. Ariftodeme-l'accuie de<br />
trahifon 187. il fe retire àOrope,& de là auprès<br />
d'Antigone ibid. fa mort ibid. fentimens varient<br />
fur ce fujet ibid. Il eut toujours de la haine<br />
contre Perfée, pourquoi ibid. ce qu'il dit de<br />
ce Philofophe ibid. fon âge 188. fonEpitaphe<br />
par D. L. ibid.<br />
MENEDEME , drfciple de Colotes de Lampfaqoe<br />
II. 71. fon goût pour les prodiges le rend extravagant<br />
ibid. fa iaçon de s'habiller ibid. por-<br />
Ff a
54». TABLE GENERALE<br />
toit une baguette de bois de frêne ibid.<br />
MEMPPE, fa patrie IL 69. fut efclave ibid. n'a<br />
rien fait qui foit digne d'éloge ibid. s'attira le<br />
nom d'Ufurier de journée ibid.<br />
MENiPPE.amafla beaucoup debienll.69.perd tout<br />
ce qu'il avoit & fe pend de defefpoir ibid. Vers<br />
de D. L. à ce fujet ibid. (es ouvrages 70.<br />
MENIPPE, auteur de l'Hiftoire des Lydiens & de<br />
l'Abrégé de Xanthus IL 70.<br />
MENIPPE , de Stratonice Sophiue IL 70.<br />
MENIPPE , Statuaire IL 70.<br />
MENIPPE, deux peintres de ce nom II. 70.<br />
JAtntturs, ce qu'ils gagnent en déguifant la vérité<br />
1.199.<br />
Mer, lave tous les maux des hommes L 292.<br />
J^ETROCLE , difciple de Cratès 6k frère d'Hipparchie<br />
II. 65. le dérangement de fa fanté lui fait<br />
prendre la réfolution defe laiffer mourir de faim<br />
ibid. Cratès lui ôte cette idée ib. jette fes écrits<br />
au feu ibid. fa mort 66. fes difciples ibid.<br />
Monde, fentences de Thaïes à ce fujet I. 21.<br />
MONIME , fa patrie IL 56. fut difciple de Diogène<br />
ibid. fréquenta auffi Cratès le Cynique ibid.<br />
fe rendit fort célèbre ibid. Ménandre Poète<br />
Comique fait mention de lui dans une de fes<br />
pièces ibid. a compofé des ouvrages 57.<br />
Mort_, fentence de mort, prononcée à tous les<br />
hommes parla nature 1.114.eft préférableà la vie<br />
152. n'eu rien à notre égard, pourquoi II 419.<br />
opinion que l'on en a eftce qui la rend affreufe<br />
III. 66. il faut l'avoir toujours devant les<br />
yeux & ne la point perdre de vue 75. ne fait<br />
aucune peine à l'homme vertueux 175.<br />
Morts, il ne faut point flétrir leur mémoire 1.46.<br />
chemin pour aller vers eux eft le même pafc<br />
tout 97.
DES MATIERES. 34Ï<br />
Moeurs, fuperbes font fou vent nuiftbles I. 59-.<br />
mœurs mal réglées de ceux que l'on fréquente<br />
corrompent les nôtres III. 88.<br />
MYRO, fà patrie III. 21a. étoit Philofophe ibid.<br />
a écrit des pièces deRhétorique & des fables ib.<br />
MYRO, doit être diftingué de Myro poëte & fille<br />
d'Homère,auteur tragique III.212. écrivitaufli<br />
des vers élégiaquesSc lyriques,outre un ouvrage<br />
intitulé Anémofyne, & un livre fur les Dialectes<br />
ibid.<br />
MysON,fon pere,fa patrie 1.76. eflt recherché par<br />
Anacharfis, pourquoi ibid. réponfe qu'il fait<br />
à ce Philofophe ibid. fentimens partagés fur<br />
le lieu de fa naiffance ibid. il étoit mifantrope<br />
77. fa réponfe à quelqu'un qui lui demandoit<br />
pourquoi il rioit feul ibid. d'où vient qu'il<br />
fut moins célèbre ibid. ce que dit de lui Platon<br />
ibid. fes paroles ibid. fa mort ibid.fon âge ibid.<br />
MYIA, fille de Pythagore & de Théano 111.173.<br />
fut femme de Milon Crotoniate ibid.<br />
N.<br />
Ni ÉceJJîté, fentence de Thaïes à ce fujet I. ai;<br />
c'eft être fage que de lui céder habilement<br />
III. 101.<br />
NESTHEADUSE , fa patrie III. 289.<br />
NICARETE, fa patrie III, 249. fut amie & difciple<br />
de Stirpon ibid.<br />
NU, fentimens de Thaïes fur les débordemens<br />
réguliers de ce fleuve I. 23.<br />
NOVELLE, fut Jurifconfulte III. 230. fonpere,<br />
. fi patrie ibid. Extrait <strong>du</strong> livre de la Cité des<br />
femmes de Chriftine Pifan ibid. fa fœur 231.<br />
pourquoi fut apellée Novelle ibid. teras auquel<br />
elle vécut 332.<br />
Ff>
W TABLE GENERALE<br />
Ifuies, comment elles fe forment félon l'opinion<br />
d'Epicure IL 403.<br />
O<br />
O.<br />
CCELLO , fa patrie III. i. 7 i. fon père ibid.<br />
OLTMPiODOR£,Philofophed'AléxandrieIII.2f3.<br />
ONESICRITE , fa patrie II. 58. fut un des plus célèbres<br />
difciples deDiogèneiiùf. conformité qui<br />
fe trouve entre-ce Philofophe & Xénophon<br />
ibid.<br />
Or, répan<strong>du</strong> parmi les hommes, fait connoître<br />
les bons & les méchans 1.47.<br />
Oracle, de Delphes confuité par ceux de Milet, fa<br />
réponfel. 17. confuité par Chilon , faréponfe<br />
18. fa réponfe aux infulaires deCos 20. Oracle<br />
de la Pythoniffe juge Socrate le plus fage<br />
de tous les hommes 116. ne doit être confuité<br />
. que fur des chofes qui dépendent purement <strong>du</strong><br />
hazard III. 86. on ne doit point le confulter<br />
pour fçavoir fi l'on doit fecourir fon ami ou fa<br />
patrie ibid.<br />
JL Aix, la paix & la concorde font les mères de<br />
l'abondance dans un Royaume III. 161.<br />
PAMPHILA , fa patrie , fon père III. 206. eft apellée<br />
la Sçavante d'Epidaure ibid.. a écrit nuit<br />
livres de mélanges ibid. a traité pluûeurs autres<br />
fujets 207. vécut <strong>du</strong> tems de Nérort ibid. époufa<br />
Socratide ibid. vécut treize ans avec lui. ib..<br />
PANYPERSEBASTE, fon père III. 229. eponfele<br />
fils <strong>du</strong> frère de l'Empereur ibid. fit une harangue<br />
ibid. témoignage que rend d'elle Nicépho^<br />
xe Grégorat ibid, eut une fille ibid.
DES MATIERES. 34*<br />
PARMENIDE , fon père , fa patrie II. 279. fat difciple<br />
de Xénophane ibid. Ce lie avec Aminias Se<br />
Diochete Pythagoriciens ibid. eft auteur <strong>du</strong> fyftême<br />
que la terre eft ronde & fituée au centre<br />
<strong>du</strong> monde ibid. admet deux élémens ibid, ce<br />
qu'il penfoit de la compofition de l'homme ibid.<br />
pARMENiDEjCroyoitquel'ame&refpritn'étoient<br />
qu'une feule chofe ibid. diftinguoit une double<br />
Philofophie 280. établiflbit la raifon dans le jugement<br />
ibid. tems auquel il florifloit ibid. donna<br />
des loix à fes concitoyens 28 t.<br />
PARMENIDE , auteur d'un traité de l'art oratoire<br />
II. 281.<br />
Parole, flux -de paroles, n'eft point une marque<br />
d'efprit I. 21. elles prefentent une image des<br />
aérions 37.doivent être déterminées par 1 étude<br />
des choies 77. eft le (buffle de l'âme II. 223.<br />
pourquoi eft invifible ibid.<br />
PaJJîon , apartient aux Animaux comme à l'homme<br />
II. 223. eft la partie de l'âme qui réfida<br />
dans le cœur ibid. 1<br />
Patrie, c'eft lui rendre fer vice que de lui donner<br />
un citoyen honnête & vertueux III. 77.<br />
Pauvreté, vaut mieux que l'ignorance, pourquoi<br />
I. 137.<br />
Peau, la peau le <strong>mont</strong>re, origine de ce proverbe<br />
, en quelle part il le faut prendre 1.85.<br />
PéRI ANDRE,fapatrie,fonperel.67.defcenddelafamille<br />
de»Héraclidesi£. époufeLyfis dont il change<br />
le nom//>ii. nobleûe de fa femme ibid.tes&l»<br />
, ibid. différence qu'il y avoit entr'eux ibid. il tue*<br />
fa femme ib. fait brûler fes concubines ibid. bannit<br />
un de fes fils ib. mort de ce fils ib. vengeance<br />
quePériandre en veut tirer ii/i.il n'y réuffit pas<br />
ibid. il en meurt de chagrin 66. fon âge,tems auquel<br />
fa mort arriva ibidy vœu qu'il fît pour rem-j<br />
Ff4
544 TABLE GENERALE<br />
porter le prix de la courfe des chars aux jeux<br />
Olimpiques, comment m'accomplit ibid. expédient<br />
dont il fe fervit pour qu'on ignorât ce<br />
qu'étoit devenu Ton coips après fa mort ibid.<br />
Infcription de fon Tombeau 69. autre Epitaphe<br />
par Diogène Laërce ibid. fes paroles 70. fes Sentences<br />
ibid. il fut le premier qui fournit l'autorité<br />
de la Magistrature à la Tyrannie ibid.<br />
PERIANDRE , tems auquel il floriffoit ibid. quelques<br />
auteurs distinguent deux Périandres 71. on<br />
les fait coufins Germains ib. fentimens partagés<br />
fur leur fujet ibid. il a voulu percer l'Ifthme da<br />
Corinthe ibid. Lettres qu'on lui attribue ibid.<br />
Lettre qu'il reçut de Thrafibule 72.<br />
PERICTIONE, Pythagoricienne III. 191. a écrit un<br />
livre de la fageSTe 6k un de la Constitution des<br />
femmes ibid.<br />
'Phénomènes, comment expliqués par Epicure IL<br />
398.<br />
PHEDON, fa patrie 1.160. étoit noble ibid. pris<br />
par les ennemis & contraint de faire un honteux<br />
trafic ibid. eSt racheté par Alcibiade ouCriton<br />
à la requête de Socrate ibid. ne fe fert de fa<br />
liberté que pour donner tout fon tems à l'étude<br />
de la Philofophie ibid. a compoSé des dialogues<br />
ibid. eut pour fucceffeur Pliftan d'Elée ibid.<br />
PHERECTDE , fon père , fa patrie I. 84. fut difeiple<br />
de Pittacus ibid. a été le premier qui ait<br />
traité de la nature des Dieux ibid. diverfes prédictions<br />
qu'il fit ibid. fa mort raportée de dif-<br />
» férentes manières 8 5 .fragment de fes ouvrages,<br />
fon Cadran Agronomique 86. Epitaphe de fon<br />
tombeau ibid. autre par Jion de Chio ibid. celle<br />
que D. L. fit pour lui 87. tems auquel il vivoit<br />
ibid. lettre qu'il écrivit à Thaïes ibid.<br />
PHILOLAVS, fa patrie, II, a 59, fut PytbagariçieA
DES MATIERES. 34t<br />
ihid. Platon fait acheter fes ouvrages ibid. fa<br />
mort ibid. Epigrammede D. L. àcefujetiMi.<br />
fon opinion fur la manière dont tout fe fait ibid.<br />
enfeigna le premier que la terre fe meutcirculairement<br />
ibid. fut le premier qui publia les<br />
dogmes des Pythagoriciens fur la nature ï6j.<br />
Philofophie, à. quoi elle eft utile I. 301. en quoi<br />
elle confifte félon Epi&ete III. 38.<br />
Philofophie, fe divife en trois parties III. 101.<br />
Philofophes, ce qu'ils ont de plus extraordinaire<br />
que les autres hommes 1.137. fçavent de qui ils<br />
ont befoin ibid. font comparés aux Médecins<br />
138. n'ont pas à conferver la même vie que le<br />
commun des hommes ibid. trouvent dans leur<br />
propre fond leur utilité ou leur défavantage 8c<br />
ne l'attendent de perfonne III. 97.<br />
PHINTHYS , fon père III. 200. fut Pythagoricienne<br />
ibid. a écrit un traité de la tempérance des femmes,<br />
ibid.<br />
PHILTATIS , fille de Théophride Crotoniate III.<br />
283.<br />
PITTACUS , fa patrie, fon père, fon origine 1.50•<br />
Il défait les troupes <strong>du</strong> Tyran de Lesbos ibid.<br />
tue Phrynon Général des Athéniens dans un<br />
combat fingulier ibid. obtient le gouvernement<br />
delà ville ibid. il dépofe volontairement fon autorité<br />
5 1. refufe l'argent de Crœfus ibid. mort<br />
de fon fils ibid. clémence de Pittacus , fes paroles<br />
à ce fuj et ibid. fa loi contre les gens yvres f 2.<br />
fes réponfes, fes maximes ibid. a lait des Elégies<br />
& un difcours en profe 5 3. tems auquel il floriffoit,fa<br />
mort, fon âge^fon Epitaphe 54. Hiftorre<br />
d'un jeune homme qui le confultoit fur fon mariage<br />
ibid. réponfe de Pittacus , fondée fur quoi<br />
ibid. Epithétes qu'on lui donne 55. quel étoit<br />
fon exercice ordinaire ibid. lettre qu'il écrivit à<br />
Crçefus, ibid.
J4« TABLE GENERALE<br />
Plaijîr, mouvement agréable qui fatisfait l'ame<br />
I. 147. tous les animaux le recherchent ibid.<br />
plaifir particulier défirable pour lui-même 148-.<br />
la nature nous y porte dès l'enfance ibid. il eft<br />
un bien, lors même qu'il naît d'une chofe deshonnête<br />
ibid. privation <strong>du</strong> plaifir n'eft point unmal<br />
, pourquoi ibid. tout plaifir ne confifle pas<br />
dans les fenfations corporelles 149.<br />
Plaifir, ne peut venir des feuls objets qui frapent<br />
les organes de l'ouie & de la vue , pourquoi I»<br />
149. aflemblage de tous les plaifirs particuliers<br />
qui constituent le bonheur, difficile à faire 150.<br />
plaifirs éprouvé à quelque égard fuffit pour être<br />
heureux ibid. pauvreté & opulence ne contribuent<br />
point à former le plaifir 152. efclavageou<br />
liberté ^naiffance relevée ou obfcure, gloire ou<br />
deshonneur ne font rien pour le degré <strong>du</strong> plaifir<br />
iiii.par-tout où il fe trouve il n'y a jamais de mal<br />
ni de trifteffe II. 43 t. fe modérer lorfque fon<br />
idée nous flatte, de peur qu'elle ne nous entrai*<br />
ne III. 91.<br />
PLATON , les parens, fa patrie I.189. fa généalogie<br />
ibid. tems auquel il naquit 190. tems de fa<br />
mort ibid. fentimens varient furie lieu de fa<br />
naifTance ibid. fes frères 191. fa fœur ibid. eut<br />
Denys pour maître de fes études ibid. fît fes<br />
exercices chez Arifton d'Argos ibid. pourquoi<br />
nommé Platon ibid. nom qu'il portoit auparavant<br />
ibid. combattit pour le prix de la lutte<br />
ibid. s'apliqua à la peinture & à la poëfie ibid.<br />
prêt à difputer l'honneur de la Tragédie il brûle<br />
fes poëlies , pourquoi 19a. aroit près de vingt<br />
ans lorfqu'il devint difciple de Socrateii/V. après<br />
la mort de Socrate il s'attache à Cratyle &à<br />
Hermogene ibid. il fe rend à Mégare , de là à<br />
Cy rené, puis pafle en Italie ibid. Il va en Egyp-.
DES MATIERES.- 347<br />
te Ibid. il tombe malade ibid. tfa guérifon ibid.<br />
la guerre allumée dans l'Afie l'empêche d'aller<br />
voir les Mages ibid. de retour à Athènes il<br />
fe fixe dans l'Académie ibid. ce qu'en difent Eupolis<br />
& Timon 193. fut ami d'Ifocrate ibid.<br />
porta les armes dans trois expéditions ibid. fit<br />
un mélange de la doftrine d'Heraclite, de Pythagore<br />
& de Socrate ibid. acheté de Philolaus<br />
trois livres de Pythagore ibid.<br />
PLATON a extrait plufieurs chofes des œuvre»<br />
d'Epicharme I. 194. comment il inféroit qu'on<br />
pou voit parvenir a la connoiflance des principes<br />
de l'Univers i9Ô.fes fentimens fur les idées 197.<br />
s'eft auflî beaucoup fervi des ouvrages de §0phron<br />
198. fut trois fois de Grèce en Sicile 199.<br />
motif de fon premier voyage ibid. Denys forme<br />
le deflein de le faire mourir ibid. fe laine fléchir<br />
& le livre à Polide envoyé de Lacédémone qui<br />
le vend comme efclave ibid. il eft accufé de crime<br />
capital ibid. eft reven<strong>du</strong> comme efclave &<br />
racheté par Anicerus qui le renvoyé à Athènes<br />
100. trille fin de Polide & remords de Denys<br />
qui avoient perfécuté Platon ibid. motif <strong>du</strong> fécond<br />
voyagede ce Philofophe en Sicile ibid. il<br />
eft accufé auprès de Denys le jeune 201. Lettre<br />
d'Archytas Pythagoricien en fa faveur ibid.<br />
Difgrace de Dion l'oblige de repaffer en Sicile<br />
pour la troifiéme fois aoa. retourne en fa patrie<br />
ibid. refufe d'avoir part au gouvernement<br />
- ibid. accompagne Chabrias dans fa fuite ibid.<br />
réponfe qu'il fait à un délateur ibid. enfeiena<br />
. la manière de connoître les chofes en faifant<br />
• l'Analyfe 103. fut le premier qui fe férvit en<br />
Philofophiedes noms d'Antipodes, d'Elément,<br />
de Dialectique, &c. ibid. vient aux jeux Olym-<br />
. piques & s'attire les regards des Grecs ibid. Mir
148 TABLE GENERALE<br />
thrtdate de Perfe lui fait élever une ftatue iBid.<br />
Infcription de cette Aitue ibid. étoit fort retenu<br />
dans fa jeunette ibii. fa modeftie ne le garantit<br />
pas des traits des Poëtes Comiques 204.<br />
divers exemples de leur raillerie fur Platon ïb'td.<br />
eut beaucoup d'amitié pour After, Dion 8c Phèdre<br />
205. Epigrammes qu'il fit pour eux ïbïd. eut<br />
auffi beaucoup d'attachement pour Alexis 206.<br />
vers dans lefquels il en parle ïbïd. aima Archéanaffe<br />
deColophon, Agathone & Xanttpe. ibid*<br />
PLATON , vers qu'il fit pour elles 1.206. Epitaphe<br />
qu'il fit pour les Erétrieris 207. poëfies diverses<br />
de ce Philofophe ibid. il fut haï de Molon<br />
& de Xénophon ibid. fe brouille avec Antifthène,<br />
pourquoi 208. a prêté beaucoup de chofes<br />
à Socrate ibid. n'aima pas Ariftippe ibid. fa manière<br />
d'écrire tenoit <strong>du</strong> Poëme & de la Profe<br />
209. examen de quelques-uns de fes ouvrages<br />
ibid. il reprend un joueur de dés ibid. exemples<br />
de fa modération 21 o.blâmoit ceux qui aimoient<br />
lefommeil ibid. ce qu'il penfoit delà vérité ibid.<br />
fbuhaitoit beaucoup de perpétuer la mémoire<br />
defonnom ibid. Tems auquel il mourut au."<br />
fut enterré dans l'Académieibid.hn Teftament<br />
ibid. Epitaphes qu'on lui fît ara. fes difciples<br />
ibid. a perfectionné la manière d'écrire en dialogue<br />
214. caractères de fes dialogues 215. Auteurs<br />
varient fur la manière de les diftinguer<br />
216. on difpute fi cette partie des œuvres de<br />
Platon contient des Dogmes ibid. examen de<br />
cette matière iiii.il ajouta la Dialectique à la<br />
Philofophie 219. écrivit fes dialogues fur le modèle<br />
<strong>du</strong> Quadriloque tragique ibid. nombre de<br />
fes Dialogues ibid. fa République diviféeendix<br />
livres ibid. foa Traité des JLoix divifé en douze<br />
livres 220. Noms & Ayets de fes dialogues ibidk
DES MATIERES. 149<br />
Epîtres de Platon an. à qui adreflées ibid.<br />
autres divifion des ouvrages de ce Philofophe '<br />
in. ouvrages qui lui font fauflement attribués<br />
ibid. a emprunté à deffein différens noms pour<br />
empêcher que les gens non lettrés entendirent<br />
facilement l'es ouvrages ibid. en quoi il fait confifter<br />
la fagefle 223. ce qu'il entend par ce mot<br />
ibid. s'eft fervi des mêmes termes pour fignifier<br />
différentes[chofes ibid. s'eft aufli fervi de termes<br />
contraires pour exprimer la même chofe. ibid.<br />
PI,ATON , fes ouvrages demandent trois fortes<br />
d'explicationsl.224.Explication des marquesqui<br />
fe trouvent dans différens partages des oeuvres<br />
de Platon ibid. croyoit l'ame immortelle225 .définition<br />
qu'il en donne ibid. obfcurité de ce<br />
Syftême ibid. établit deux principes de toutes<br />
chofes 226. comment il définit la matière ibid.<br />
Siftême de la matière 227. Siftême <strong>du</strong> 'monde<br />
ibid. Siftême <strong>du</strong> tems 229. ce qu'il croyoit <strong>du</strong><br />
bien & <strong>du</strong> mal 23 t. ce qu'il penfoit <strong>du</strong> Sage<br />
232. comment il diftribuoit les biens 233-divife<br />
l'amitié en trois efpéces ibid. partage le gouvernement<br />
civil en cinq Etats ibid. admettoit<br />
trois genres dejuftice 234. diftingue trois efpéces<br />
de Sciences ibid. diftinguoit cinq parties<br />
dans la Médecine 235. ce qu'il entend par loi<br />
écrite & non écrite 236. établit cinq gen_res de<br />
Difcours ou d'Oraifon ibid. compta trois for- •<br />
tes de Mufique ibid. envifage la noblefle fous<br />
quatre faces ibid. compte trois fortes de beauté<br />
537. diftingue trois parties dans la nature de<br />
l'ame ibid. établit quatre efpéces de vertus confommées<br />
ibid. comprend les différentes efpéces<br />
de gouvernement fous cinq dénominations 238.<br />
compte fix efpéces de Rhétorique ibid. compte<br />
quatre différentes manières d'obliger 239. dit;
3fO T A B L E G E N E R A L E.<br />
tingue quatre fortes de Fins 240. diflingue quatre<br />
efpéces de puiffances ibid. remarque principalement<br />
trois marques de civilité ibid. compte<br />
divers dégrés de félicité 141. range les Arts<br />
fous trois clafles ibid. divife le bien en quatre<br />
genres 142. fait confifter la bonté <strong>du</strong> gouvernement<br />
en trois chofes ibid. diftingue les contraires<br />
des trois manières ibid. compte trois fortes<br />
de biens 243. donne trois objets à la réflexion<br />
ibid. diftingue la voix en animée & en<br />
inanimée 244.<br />
PLATON, diftingueles chofes divifibles d'avec les<br />
indi vifibles L 244. dit qu'en tout ce qui éxifte il<br />
y a des chofes qui font par elles-mêmes, & des<br />
chofes qui ont relation à d'autres 245. divifoit<br />
auffi de même les premières notions ibid.<br />
PLATON , de Rhodes , difciple de Pancetius I.<br />
245.<br />
PLATON , Philofophe Péripatéticien , difciple<br />
d'Ariftote I.245.<br />
PLATON ,élevé de Praxiphane 1.245.<br />
PLATON , Poëte de l'ancienne Comédie I. 245.<br />
POLEMON , fon père , fa patrie I. 256. fut fort débauché<br />
dans fa \euneiïe ibid. entre dans l'école<br />
de Xénocrate yvre& avec une couronne fur la<br />
tête ibid. ce qu'il en réfulte ibid. devient fort<br />
attentif à lui-même ibid. exemples de fa tranquillité<br />
ibid. & 257. étoit honnête homme &<br />
avoit des fentimens nobles ibid. fui fort eftimé<br />
à Athènes 258. eut une amitié particulière pour<br />
Xénocrate ibid. eftimoit beaucoup Sophocles<br />
ibid.h mort ibid. a lai (Té un grand nombre d'ouvrages<br />
ibid. fon Epitaphe par D. L. ibid.<br />
PORCIA , 611e de Caton 6c femme de Brutus III.<br />
262.<br />
POSSIDOMVS, fa patrie II. 44a, fit commerce &
DES M A T I E R E S . 351<br />
«nfeigna la Philofophie ibid. eut Panetius pour<br />
«naître ibid. vint à Rome ibid. profeflbit plusieurs<br />
fciences ibid. fut fort eftimé de Ciceron<br />
fon Difciple ibid. Pompée lui rend vifite ibid.<br />
exemple de fa fermeté dans les douleurs 443.<br />
inventa une Sphère artificielle ibid. fes écrits<br />
ibid.<br />
Préfomption, met obftade aux progrès dans les<br />
Sciences I. 179.<br />
Probité, plus fidèle que les fermens I. 38.<br />
Profpérité, ne pas s'enorgueillir dans la profpérité<br />
I. 64.<br />
Promeffes, s'en acquiter toujours quelles qu'elles<br />
foient I. 69.<br />
PROTAGORE, fon père, fa patrie III. 304. fut difciple<br />
de Démocrite ibid. fut furnommé le fage<br />
ibid. foûtint le premier qu'en toutes chofes on<br />
pouvoitdifputerlepour&lecontrei&i.croyoit<br />
que l'ame & les fens ne font qu'une même chofe<br />
ibid. propofition qui lui attira la difgrace des<br />
Athéniens 305. il eft chaffé de.la ville & fes<br />
oeuvres condamnées à être brûlées en plein marché<br />
ibid. a traité des parties <strong>du</strong> tems & des<br />
propriétés des Saifons ibid. intro<strong>du</strong>irais difpute<br />
& inventa l'art des Sophifmes ibid. manière<br />
dont il divifa le difcours 306. fes ouvrages ibidm<br />
fa mort 307. fon âge ibid. tems auquel il floriffoit<br />
ibid. Epigramme de D. L. fur ce Philofor<br />
phe ibid.<br />
PROTAGORE , Aftrologue II. 303.<br />
PROTAGORE, Philofophe Stoïcien II. 303.<br />
Prudence , l'emporte fur la Philofophie, pourquoi<br />
1I.415-<br />
Puiffance , eft ce qui fait le droit des Rois I. 37.<br />
PTOLEMAIS, fa patrie III. 193. tems où elle a vér.<br />
eu 294. fut Pythagoricienne ibid.
J> TABLE GENERALE<br />
f TRRHON , fa patrie, fon père II. 307. fut peintre<br />
ibid. s'attacha à Anaxarque ibid. intro<strong>du</strong>ifit<br />
l'incertitude ibid. foutenoit que rien n'eft honnête<br />
ou honteux, jufte ou injufte ibid. que rien<br />
n'eft tel qu'il paroît ibid. n'accordoit rien aux<br />
fens ibid. fon âge 308. particularités de la vie<br />
de cePhilofophe raportées par Antigone de Carifte<br />
ibid. portoit 1 indifférence jufqu'à ne s'émouvoir<br />
d'aucun accident 309. remplit les fonctions<br />
de Grand-Prêtre ibid. décret public ren<strong>du</strong><br />
à fa confidération ibid. Vers de Timon à fa<br />
louange ibid. les Athéniens lui accordent le<br />
droit de bourgeoifie 310.<br />
PYRRHON, tint ménage avec fa foeur qui faifoit<br />
métier de fage-femme II. 310. exemple defa<br />
confiance 311. vers d'Homère qu'il citoit fouvent<br />
ibid. exemple de fa tranqsillité dans le danger<br />
312, fes difciples ibid. noms qu'on leur donnent.313.<br />
ces Philofophes renverfent les opinions<br />
de toutes les Seâes 315. leur doctrine<br />
316. ce que leur opofent les -Dogmatiftes 332.<br />
leurs réponfesàces objections 333. fin qu'ils<br />
croyent que l'on doit fepropofer 336.<br />
PYTHAGORE, fondateur de la Secle Italique II.<br />
205. fon père, fa patrie ibid. fes frères 206. fut<br />
difciple de Phérécide de Scyros ibid. quitte fa<br />
iatrie & fe fait initier à tous les miftéres.tant de<br />
Î<br />
a religion des Grecs que des Etrangers ibid.<br />
paffe en Egypte ibid. aprend la langue Egyptienne<br />
& fréquente les Chaldéens ibid. vient à<br />
Crotone où il donne des loix aux Italiotes 207.<br />
fables qu'il fait des différens corps qu'il avoit<br />
animés ibid. s'eft exercé à l'Hiftoire 208. ouvrages<br />
qu'on lui attribue 209. réponfe qu'il fait<br />
à Léonte Tiran de Phliafi 210. délaprouvoit<br />
les prières que l'on adreiïoit pour foi-même<br />
aux
DES MATIERES. 35 j<br />
Vax Dieux ibid. fonfentiment fur l'amour ibid.<br />
manière dont il partageoit les différens tems de<br />
la vie an. fes difciples dévoient obferver un<br />
filence de cinq ans ibid. pafle pour avoir été<br />
fort beau defaperfonne 212. fables à ce fujet<br />
ibid. porta la Géométrie à fa perfection ibid. fut<br />
le premier qui forma des Athlètes 213. recomtnandoit<br />
Tabilinence de toute viande ibid. avança<br />
le premier que l'ame change alternativement<br />
de cercle de néceffité, & revêt différemment<br />
d'autres- corps d'animaux 214. fut le premier<br />
qui intro<strong>du</strong>ira parmi les Grecs.l'ufage des poids<br />
& des mefures ibid. dit le premier que l'étoile<br />
<strong>du</strong> matin & celle <strong>du</strong> foir font le même aftre ibid»<br />
PYTHAGOTIE , fes dogmes inconnus jufqu'au tems<br />
dePhilolaus H. 214. forma en Italie plusieurs<br />
grands hommes célèbres par leur vertu 215. fut<br />
zélé partifan de l'amitié ibid. fes fymboles ibid.<br />
leur explication 216. fa faconde vivre 217. tenoit<br />
fes dogmes de Thémiftoclée Prêtrefle de<br />
Delphes 218. fable de fa defcénte aux Enfers<br />
ibid. défendoit d'offriraux Dieux des viftimes<br />
égorgées ibid. interdifoit les juremens par les<br />
Dieux 219. vouloit qu'on honorât les vieillards ,<br />
pourquoi ibid. exclùoit les fèves des alimens ,•<br />
pourquoi aao. enfeignoit que l'unité eft- le principe<br />
de toutes chofes ibid. dé<strong>du</strong>ction qu'il en fait<br />
ibid. divifoit l'ame humaine en troisparties223»<br />
ce qu'il penfoit de la pureté <strong>du</strong>- corps 225. ne<br />
vouloit point qu'on ramaflât ce qui tomboit de<br />
la table pendant le repas 226. pourquoi défendoit<br />
de manger d'un coq blanc ibid. eft cenfuré<br />
par plufieurs écrivains 227/fa mort racontée?<br />
«le différentes manières 229. fa defcénte fa bu—<br />
leufe aux Enfers raportée par Hermippe 230.<br />
fa femme 231, fort fils ibid.fon âge 232. Vets><br />
leme ILL 6 g,
JÏ4 TABLE GENERALE<br />
de D. L. fur ce Philofophe ibid. tems auquel?<br />
il fleurit 133. tems que <strong>du</strong>ra fon Ecole ibid.<br />
quels furent les derniers Pythagoriciens ibid.<br />
lettre de Pythagore à Anaximène 436.<br />
PTTHAGORE , de Crotone II. 134.<br />
PTTHAGORE, de Phliafie maître d'Exercices IL<br />
»34.<br />
PTTHAGORE , de Zacynthe enfeignoit des myf~<br />
téres de Philofophie II. 134.<br />
PTTHAGORE, de Reggio Statuaire II. 134.<br />
PTTHAGORE , de Samos Statuaire II. 434.<br />
PTTHAGORE , Rhéteur peu eftimé II. 234*<br />
PTTHAGORE, Médecin II. 134.<br />
PTTHAGORE , Ecrivain en langueDoriqueII.234*<br />
Q><br />
Y£ Ueflîon* Syliogiftiques,inventées par Eubultde,<br />
comment nommées L 162, ont fourni<br />
matière à la plume des Poètes comiques ibid.<br />
R<br />
R.<br />
Aifon , doit toujours être notre guidé L 39*.<br />
notre raifon eft trop foible pour nous fier uniquement<br />
fur nous-mêmes 155. ne point juger,<br />
fans raifon II; 180. il n'y en a point à laquelle:<br />
en ne puiffe enopofer une autre 316. n'agit pas<br />
en tout d'une manière uniforme 328..<br />
Raifonnement; tems <strong>du</strong> raifonnement ne doit point<br />
être prefcrit L 139.<br />
Repos , eft agréable L 69. eft le plus grand bie»<br />
qu'on puiUepofleder 1 ri.<br />
Riches » ignorent ceux qui leur font néceffaires-<br />
I. 136. ne goûtent pas plus le plaifir que les<br />
gauyres xja. Riche.avare nepofféde point fes,
DES MATIERES. 35^<br />
tïcheffes, mais il en eft poffédé 179'.<br />
r JRicheffes,aflbuviffent les deiirs & pro<strong>du</strong>ifentl'or-gueill.<br />
38. ne renferment rien de recommandable<br />
m.-font les fources de tous les malheurs<br />
ibid. on ne doit pas les fouhaiter par<br />
raport à ce qu'elles font en elles-mêmes 150»<br />
font le nerf de toutes chofes 277. le Corps e»<br />
doit être la mefure III. 93,. font des biens donc<br />
le defir eft naturel à tous les hommes 174,<br />
RHODOPE, Pythagoricienne III. 292. doitêtr*.<br />
diftinguée de Rhodope Thracienne Courtifan»<br />
ne célèbre 293.<br />
'Royaume, eft aflez riche lorfque la concorde- &.<br />
la paix y régnent III. I6L»<br />
S,<br />
«3 Age, en quoi diffère de l'infenfé T. 139. n'eft<br />
pas toujours heureux 150. eft à l'épreuve de<br />
Fimpétuofité des parlions ibid. peut reffentir de<br />
la crainte & dé la douleur ibid-, fait tout pour<br />
• l'amour de lui-même 153. penfe moins à fepro«curer<br />
des biens qu'à fe préferver des maux<br />
ibid. dans l'occasion peut commettre un vol *<br />
un a<strong>du</strong>ltère, unfacrilége, &c. 155-. peut fans><br />
honte avoir commerce avec des proftituées ib~<br />
peut femêler <strong>du</strong> gouvernement 23ï.n'eft point<br />
exempt de parlions 308. fe fuffit à lui-même ,,<br />
pourquoi II. 8. ne fe fie nullement à la For tu-*<br />
ne73. peut être outragé par la haine, l'envie ou<br />
par le mépris des hommes 413. fçait feul obliger<br />
véritablement fes amis ibid. goûte une infi- 1<br />
nité de plaifirs III. 172. eft toujours content<br />
174. véritable fage par le peu 177. m fait jamais<br />
rien fans confeil 182. n'a pas honte defecorri*»gec<br />
d$ fe» de&UtS- igj, doit, aprendre à> «Wf
35« TABLE GENERALE<br />
nottre le coeur de.l'horhme 185. doit révérer<br />
trois chofes 188. doit fuir plufieurs fortes d'horrrmes<br />
190. cherche la caufe de fes défauts en foimême<br />
192. ne doit pas être farouche & intraitable<br />
ïbid.<br />
Sage, lesfcpt, fort maltraités par Damon de Cyréne<br />
dans fon hiftoire des Philofophes I. 2-4.<br />
fentimens fort partagés fur leurs maximes & fur<br />
leur nombre 25.<br />
Sageffe , ne doit point être defîrée relativement à<br />
elle-même, mais pourle&avantages qui en reviennent<br />
I. 150. n'eft point particuliéreà l'homme<br />
feul 198k. en quoi confifte félon Platon 215»<br />
en quoi la faifoit confifter Heraclite II. 26 t.<br />
SageJJe , eftun bien fi fofide, qu'elle ôte à celui qui:<br />
fa en partage toute difpofition à changer d'état<br />
& l'empêche de fortir de fon caraftére IL 4*3.<br />
ne s'en point vanter à tout propos, III.<br />
89.<br />
Sang, ferta nourrir l'ameIL223.<br />
SARA , fille de Pythagore III. 278»<br />
Schnee, feule eft un bien I. m. a des racines<br />
arriéres, mais porte des fruits doux.299.<br />
Secret, taire un fecret, chofe des-plus difficile I»<br />
46. ne divulguer jamais un fecret confié 69.<br />
SENEQUE , beaucoup de gens font peu de cas defa<br />
morale, pourquoi 111.2. fes grands biens doivent<br />
contribuer a faire fon éloge, pourquoi 3.<br />
Sens , ne font pas toujours de furs earans de.la:<br />
vérité de ce que nous penfons 1. 151. font<br />
trompeurs IL 328. ce qu'en dit Epicure 362.<br />
comment fe forment 375..<br />
Senfatian , comment définie par les Stoïciens IL<br />
1C7. fa réalité établit la certitude des fens 363..<br />
Senfualiti.UeRbeAu d'y réûfter fans fe otnteç<br />
' d«s plaiûrs 1.14p.
DES MATIERES, «7?<br />
"Sentiment, nous prouve que le plaifir doit être<br />
notre fin I. 148.<br />
Silence, eft absolument néceffaireau fagelll. 189.<br />
SIMMIAS , fa- patrie I. 176. a écrit vingt-trois<br />
Dialogues ibid.<br />
SIMON, fapatriel. 173. fut tanneur de profeffion<br />
ibid. recevoit quelquefois les vifites de<br />
Socrate ibid. mettoit en écrit tout ce qu'il fe<br />
fouvenoit de lui avoir oui dire ibid. fes Dialogues<br />
, comment nommés ibid. il fut le premier<br />
?[ui répandit les difcoursde Socrate iW.répone<br />
qu'il fait aux offres de Périclès 174.<br />
SIMON , Rhéteur I. 174.<br />
SIMON , Médecin contemporain de Séléucu* &<br />
de Nicanor I. 174,<br />
SIMON , Sculpteur I. 174.<br />
Société, ne peut être gouvernée fans loixll. 49,<br />
SOCRATE, fes parens, fa patrie, fon lieu natal<br />
L 10}. on croit qu'il aidait Euripide dans la<br />
compofition de fes pièces, divers paffagesà ce<br />
fujet ibid. il fut difciple d'Anaxaeore & deDamon<br />
104. il fréquenta Técole a'Archelaiïs le-<br />
Phyficien ibid. il fut tailleur de pierre, ouvrages<br />
qu'on lui attribue dans cette profeffion ibid.<br />
inve&ive de Timon à ce fujet ibid. il étoit fort<br />
habile dans la Rhéthorique ibid. eft blâmé par<br />
Ariftophane, pourquoi ibid. lui & fon difciplejEfchine<br />
enfeignent les premier*la Rhétorique<br />
ibid. il prêtoit à intérêt 105. il quitte, la Physique<br />
pour fe donner à la morale ibid. il fouffroit<br />
les mépris & la raillerie, exemple de: fa<br />
patience ibid. convertit -avec fes amis moins<br />
pour- combattre leurs opinions que pour démêler<br />
la vérité 106. jugement quiil porte fur un<br />
ouvrage d'Heraclite ibid. il étoit d'une bonne*<br />
C0AÛiuuioaifr
)J8 TABLE GENERALE<br />
ditions militaires, fon courage ibid. fes voya^-<br />
es 107. avoit des fenfimens fermes & répuflicains<br />
ibid. s'opofe à Cririas & fes collègues<br />
ibid. fa frugalité oc la pureté de fes mœurs ibid.<br />
Alcibiade lui veut donner un terrein pour y<br />
bâtir une maifon, réponfe dont Socrate accompagne<br />
fon refus ibid. fa penfée en voyant la multitude<br />
des chofes qui le vendoient à l'enchère<br />
108. vers qu'il recitoit fouvent ibid. fon défintéreflement<br />
fur les offres que lui firent Archelaiis<br />
de Macédoine, Scopas de Cranon, & Euriloque<br />
de Larifle ibid. fes deux femmes, fes<br />
enhnsibid. Hiftoire que l'on fait à ce fujet i^ii.<br />
fa force d'efpritle mettoit au-deffus de ceux qui'<br />
le blàmoient 109. fe contentoit de peu de nourriture<br />
ibid.<br />
SOCRATE , il eft loué par les auteurs comique»<br />
lors même qu'ils veulent le blâmer, fragment<br />
d'Ariftophanes & d'Amipfias à ce fujet ibid.preffé<br />
par la faim il ne peut fe réfoudre à devenir<br />
flatteur III. fçavoit s'accommoder aux circonftances/éii.<br />
poiTédoit au fuprême degré l'art<br />
de perfuader & de difluader ib. divers exemples<br />
à ce fujet iiii.jugement &comparai(on que fait<br />
de lui GJauconides 11 a. faifoit peu de cas- <strong>du</strong>:<br />
Barreau ibid. réponfe qu'il fit au fujet d'Antifrhène<br />
ibid. fait de i'efclave Phédon un grands<br />
Philofophe 113. jouoit de la Lyre & s éxerçoitàladanfe<br />
ibid. avoit un Génie qui lui an»<br />
nonçoit l'avenir ibid'. fon humilité ibid. ce'qu'il<br />
dit au fujet d'une pièce d'Euripide ibid\ cenfcroit<br />
les fculpteurs en pierre .pourquoi 114».<br />
oonfeils qu'il donnoit au jeunes gens ibid. fes.<br />
paroles fur la fobriété ibid. fon indifférence fur<br />
la mort n.f. réponfe qu'il fait à Apollodore-'<br />
Miuk. la. modération, «aver* un. homme qui- le:
DES MATIERES. M<br />
ehargeoit de malédiction ibid. cenfureAntîfthè-<br />
_»e ibid. fa confiance i fouffrir les injures de fa<br />
femme 116. fa réponfe à un qui lui confeilloit<br />
de la fraper ibid. la Pythoniffe loue fa con<strong>du</strong>ite<br />
& le juge le plus (âge de tous les hommes<br />
117. cet oracle excite la jaloufie contre lui ibid*<br />
fes accufateurs »£*rf. chefs d'accufation atteftés^<br />
par ferment contre lui 1 i8.Lypfias fait fon apologie<br />
ibid. ce qu'en penfe Socrate ibid. Platon,<br />
entreprend fa défenfe, on l'empêche de pourfuivre<br />
fon difcours ibid. il eft condamné à la pluralité<br />
des voix, fe taxe lui-même à une amende<br />
119. ce qu'il dit voyant les juges balancer ibid..<br />
il eft condamné à mort, i! boit de la ciguë ibid*<br />
fait un difeours avant fa mort ibid. a compofé<br />
un Hymne & une Faille ibid. eft regretté des-<br />
Athéniens 110.<br />
SOCRATI , vengeance qu'ils prennent de fes ennemis<br />
1.119. lui élèvent une {tatue d'airain ibid*.<br />
tems où il naquit 120. fon âge ibid. a traité des<br />
chofes naturelles ibid. fa fin tragique lui eft prédite<br />
par un Mage de Syrie ibid. fon Epitaphe.:<br />
par D. L. ibid. quels furent fes principaux fectateurs<br />
ibid.<br />
SOCRATE Hiftorien, donne la defcription <strong>du</strong>,<br />
pays d'ArgosL 121*<br />
SOCRATE , de Bithynie Philofophe Pértpatéti»<br />
cien L 12.2.<br />
SOCRATE , Epigrammatifte L i*a-»<br />
SOCRATE , Ecrivain de Cos a compofé un livrer<br />
des furnoms des Dieux 12a.<br />
SotON, fa patrie, fes parensJ. 19.. il abolit l'ufage<br />
d'engager fon corps & fon bien: à des ufu-»<br />
tiers ibid. belle aôion qu'il fait à ce fujet ibid'*.<br />
H fait écrire'fes loix fur des tablettes de bois.<br />
ik'id* artifice, dont, il fe, fext gour. engage* Je»
6V> T A B L E G E tf E R A t E<br />
Athéniens à" recouvrer Salamine 30. il y fuit<br />
ouvrir les tombeaux, pourquoi ibid. ajoute un<br />
vers à Homère, pourquoi 31. Eftime que le<br />
Peuple fait de lui ibid, il refufe le gouvernement<br />
& s'opofe à l'élévation de Pifmrate ibïd.<br />
difcours qu'il fait au peuple à ce fujet ïbii. on le<br />
traite d'in(en(éibid. vers élégiaques deSolon fur<br />
la Tyrannie ïbii. il dit adieu à fa Patrie, s'embarque<br />
pour l'Egypte & paffe en Chypre 3a. réponfes<br />
qu'il fait à Crojfus ibid. il bâtit une ville<br />
ibid. lettre qu'il écrit aux Athéniens 33. lettre<br />
qu'il reçoit de Pififtrate ibid. fes excellentes ordonnances<br />
35 , 36. il eft le premier qui défigne<br />
le trentième <strong>du</strong> mois par un nomrelatif au changement<br />
de la Lune 37. il ne fait point de loicontre<br />
les Parricides , fa réponfe à ce fujet 38.<br />
il confeille aux Athéniens de régler l'année félon<br />
le cours de la Lune ibid.<br />
SOLON ,.il fait interdire les Tragédies deThefpis'<br />
ibid. il cenftireMimnerme 39. on- lui érige une<br />
ftatue ibid. infcription qu'on y mit 40. temsauquel<br />
il fleurit ibid. fa mort, en quel tems & enquel<br />
lieu arrivée ibid. fes dernières volontés<br />
ibid. vers de Cratinus & Epigramme de Diogène<br />
Laërce à ce fujet ibid. Lettres qu'on lut<br />
attribue 41, 42, 43^.44.<br />
S'olécifiru, origine.de ce mot L 34. fa définition<br />
II. 11a.<br />
Sommeil,.eft. l'effet de la laffitude qu'éprouvent<br />
les parties de l'ame qui font difperfées dans le<br />
corps II. 383.<br />
Sophifme, quel en fut le premier mventeurlï. 301V<br />
SOSIPATRE, fa patrie III. 113. fut fça vante, riche<br />
& belle ibid. époufa Euftate Gouverneur de<br />
Cappadoce ibïd. fut aimée de Philométoraprès<br />
la:mortde ion mari ibid*<br />
&PEUSIP-PE,
DES MATIERES. 36*<br />
SPEUSIPPE , fes parens, fa patrie I. 246. fuccéda<br />
à Platon ibid. mit des marques de fa reconnoiffance<br />
envers ce Philofophe dans l'école qu'il<br />
avoit fondée ibid. étoit colère & voluptueux<br />
ibid. exemple de l'un & de l'autre ibid. EnfeignaLafthéniede<br />
Mantinée &AxiothéedePhlias<br />
247. reproche que lui fait Denys ibid. examina<br />
le premier ce que les Sciences ont de commun<br />
entr'elles ibid. trouva la manière de faire de<br />
petits tonneaux arrondis ibid. attaqué d'un accès<br />
deParalyfie,il remêtle foin de fon Ecole<br />
à Xénocrate ibid. Diogène lui reproche d'aimer<br />
la vie ibid. il fe donne la mort 248. Epigrammede<br />
D. L. à ce fujet ibid. Plutarque raporte<br />
la mort de ce Philofophe d'une autre manière<br />
ibid. il étoit d'une compléxion délicate ibid.<br />
Catalogue de fes ouvrages ibid. Simonide lui a<br />
adreffé fes Hiftoires des faits de Bion 249.<br />
Ariftote achète fes œuvres ibid.<br />
SPEUSIPPE d'Alexandrie , Médecin I. 149.<br />
SPHOERUS,fa patrie II. 189.fut difciplede Cléanthe<br />
ibid. fe rend à Alexandrie ibid. réponfe<br />
qu'il faij: à Mnéfiftrate ibid. fes ouvrages<br />
ibid.<br />
STILPON, fa patrie I. 167. fut dîfciple de quelquêsPhilofophesSeérateurs<br />
d'Euclide ibid. étoit<br />
très-inventif & fort éloquent ibid. témoignage<br />
qu'en rend Philippe de Mégare ibid. étoit naturellement<br />
honnête & obligeant ibid. entretenoit<br />
une concubine ibid. on l'avertit de la mauvaife<br />
con<strong>du</strong>ite de fa fille 168. ce qu'il répond<br />
ibid. fut eftimé de Ptolomée Soter ibid. il s*excufe<br />
de faire le voyage d'Egypte avec ce Roi<br />
ibid. autre preuve d'eftime que lui donne Démétriusfilsd'Antigonei^irf.<br />
comment il y répond<br />
ibid. il eft banni par l'Aréopage 169. rail-<br />
TomelII, H h
36» TABLE GENERALE<br />
lerîe de Théodore furnommé Théos, à ce fujet<br />
iiid. fon caraâére ibid. réponfe qu'il fait à un<br />
homme qui lui demandoh fi les prières étoient<br />
agréables aux Dieux ibid. il reçoit une figue<br />
de Cratès 170. ce qu'il lui dit après l'avoir<br />
mangée ibid.aMtre raillerie qu'il dit à ce Cynique<br />
ibid. réponfe de Cratès ibid. gagne l'affection<br />
des Athéniens ibid. réponfe qu il fait à ce<br />
fujet ibid. étoit fubtil dans la difpute ibid. a<br />
laiffé neuf dialogues 171. il fut maître de Zenon<br />
ibid. fa mort ibid. fon Epitaphe par D. L.<br />
ibid. il a été cenfuré par Sophile Poëte comique<br />
ibid.<br />
Stoïciens y divifent la Philofophie en trois parties<br />
IL 100. la comparent à un animal ibid. affignent<br />
trois parties à la Rhétorique 102. manière dont<br />
ils partagent un difcours oratoire ibid. admettent<br />
deux fortes d'imagination 104. foutiennent<br />
que le fage ne fçauroit faire un bon ufage de fa<br />
raifon fans le fecours de la Dialectique 105.<br />
Stoïciens, diflinguent les impref&ons de l'imagination<br />
en fenfibles & infenfîbles,en raifonnabïes&<br />
nonraifonnabies107.ce qu'ils enten^entparpropofition<br />
116. comment ils définiffent le raifonnement<br />
121. diflinguent plufieurs fortes de vertus<br />
13a. ce qu'ils entendent en général par le<br />
bien 13 3. tiennent que tous les biens font égaux<br />
137. divifent l'ame en huit parties 143. comment<br />
ils divifent & définiffent les parlions 144.<br />
prétendent que le fage efl fans panions 147.<br />
comment ils le définiffent 150. n'admettent<br />
point de milieu entre le vice & la vertu 153.<br />
croient que le fage doit avoir communauté de<br />
femmes 15 6. divifent le Syrtême de la Phyiîque<br />
en plufieurs parties 1Ç7. étabirflent deux principes<br />
de l'Univers 158. prennent le mot de mon-
DES MATIERES. 363<br />
de en trois fens 160. ce qu'ils penfent <strong>du</strong> mouvement<br />
des aftres 164. comment ils définiflent<br />
Dieu i66.diverfes aplications qu'ils font <strong>du</strong> mot<br />
de nature 167. difent que la fubftance de tous<br />
les êtres eft la matière première 168. croyent<br />
qu'il y a des Démons 169. leurs fentimens fur<br />
les effets qui arrivent dans l'air ibid. comment<br />
ils conçoivent l'arrangement <strong>du</strong> monde<br />
171.<br />
STRATON, fa patrie, fon perel. 315. hérita de<br />
l'Ecole de Théophrafte ibid. fat fort éloquent<br />
ibid. s'apliqua plus à la Phyfique qu'aux autres<br />
fciences ibid. enfeigna Ptolomée Philadelphe<br />
ibid. fes livres ibid. fa mort 326. Vers deD. L.<br />
à ce fujet ibid. fon Teftament ibid.<br />
STRATON, difcipled'Ifocrate I. 326.<br />
STRATON, Médecin I. 316.<br />
STRATON, Hiftorianl. 326.<br />
STRATON , Epigrammatifte 1.326.<br />
STRATON, Ancien MédecinI. 326.<br />
STRATON, PhilofophePéripatéticien I. 326.<br />
Sup'trjlition, ne peut avoir d'empire fur l'efprit<br />
<strong>du</strong> fage I. 151.<br />
JL Entérite, eft périlleufe I.69,<br />
Tems, fentence de Thaïes a ce fûjet I. 11. bien<br />
employer fon tems, chofe des plus difficiles<br />
• 46. il inftruit les hpmmes 63. dilupele mouvement<br />
de l'âme 149. l'homme n'a rien de plus<br />
précieux 314.<br />
Terre, eft ronde, fyftême dû à Parménide II. 283.<br />
fentiment de Leucippe fur fa formation 288. ce<br />
; qu'en penfoît Diogene Apolloniate 304.<br />
THALèS, Philofophe, ientimentd'Héiodote.Du-<br />
Hh a
3«4 TABLE GENERALE<br />
ris & Démocrite fur fes parensl. 13.fa noblefle<br />
très-aocienne ibid. il eft le premier qui porta le<br />
nom defage ibid. il floriffbit fous Damafias Archonte<br />
d'Athènes ibid. il fuit Nilée ib. obtient le<br />
droit de bourgeoifieà Milet ibid. on conjecture<br />
u'ily naquit ibid.il s'aplique à la contemplation<br />
3<br />
e la nature ibid.il n'a iaiffé aucun ouvrage ibid.<br />
il fait connoître la petite Ourfe 14. il pafle pour<br />
«voir frayé la route de l'Aftroloeie ibid. il eft le<br />
premier qui prédit les Eclypfes <strong>du</strong> foleil & qui<br />
marque le tems où eft cet aftre dans les Tropiques<br />
ibid. il eft le premier qui enfeigne l'im-*<br />
mortalité de l'ame ibid. il intro<strong>du</strong>it l'étude de la<br />
Nature ibid. il attribue une ame aux chofes inanimées,<br />
pourquoi 15 .il étudie laGéométrie chez<br />
les Egyptiens ibid. eft le premier qui trouve le<br />
Triangle rectangle dans un demi-cercle ibid. il<br />
fait un facrifice à cette occafion, fes grandes<br />
découvertes fur l'ufage <strong>du</strong> Triangle Scalene<br />
& de la fcience des lignes ibid. fes bons confeils<br />
utiles à fa patrie ibid. il empêche les Miléfiens<br />
de faire alliance avec Créfus ibid.<br />
THALèS , réponfe qu'il fait à fa mère qui le<br />
preflbit de le marier 16. ce qu'il fait pour s'enrichir<br />
ibid. il admet l'eau pour principe de toutes<br />
chofes ibid.il divife & fuodi vile l'annéei£i
DES MATIERES. 36"?<br />
âge ibid. circonftance de fa mort 24. Infcriptioa<br />
de fon tombeau ibid. vers de D. L. ibid.<br />
THEANO, fon père III. 267. pafle pour la phis<br />
célèbre des femmes Pythagoriciennes ibid. fa<br />
. patrie ibid. eut deux fils de Pythagore 268. eft<br />
interrogée quand on peut fupofer qu'une fem-*<br />
. me n'a point de commerce avec les hommes<br />
469. réponfe qu'elle fait ibid. autre réponfe<br />
«u'elle fit 270. a beaucoup écrit 271. extrait'de<br />
Plutarque dans fes Préceptes <strong>du</strong> Mariage, à la<br />
louange de cette femme 272.<br />
THEMISTOCLEE , fceur de Pythagore III. 26$.'<br />
pafle pour lui aVoir fourni fes principes ibid.<br />
THEMISTO, fa patrie III.256. fut femme de Léon-,<br />
tée ibid. fut fort liée d'amitié avec Epicure ibid.<br />
paflage d'une lettre que ce Philofophe lui écrivit<br />
ibid. eft apellée la feule femme Philofophe<br />
parLaâance 257.<br />
THEODORA , paflage de la Bibliothèque de Photius<br />
qui fait mention d'elle III. 254. s'apliqua à<br />
la Grammaire 2 5 5.<br />
THéOPHILE, Epigramme de Martial à fa louange<br />
III. 259.<br />
THEOPHRASTE , fa patrie, fes parens I, 312. fit<br />
fes premières études fous Leucippe ibid. eftdifciple<br />
de Platon, & pafle à l'Ecole d'Ariftote<br />
ibid. eut un efclave qui fut Philofophe ibid*<br />
fut très* agréable aux Athéniens ibid. eut plus<br />
de deux mille difciples ibid. fon premier nom<br />
313. pourquoi eft apellée Théophrafte ibid. (3.<br />
mort, fon âge 314. Vers de D. L.à ce fujet<br />
ibid. fes dernières paroles ibid. fes ouvrages315.<br />
fon Teftament 320.<br />
TIMON , fon père, fa patrie-II. 3 37. va à Mégare<br />
auprès de Srilpon ibid. revient dans fa patrie,<br />
H>id, s'y marie ibid. jfe rend avec fa femme h<br />
Hh3
j66 TABLE GENERALE<br />
Elis chez Pirrhon ibid. inftruit dans la Médecine<br />
l'aîné de Ces fils ibid. fut illuftre par fon éloquence<br />
ibid. fe retire dans l'Hellefpont & dans<br />
la Propontide ibid. enfeigne la Philofophie à<br />
Chalcédoine ibid. part de là pour Athènes ibid.<br />
fut connu & eftimé <strong>du</strong> Roi Antigone & de Ptolomée<br />
Philadelphe ibid. compofa des Poèmes<br />
338. fa mort ibid. fon âge ibid. étoit différent<br />
dé Timon Mifantrope 3 39. aimoit les jardins<br />
& la folitnde ibid. avoit l'efprit fubtil & piquant<br />
ibid. n'avoit aucun tems marqué pour fes repas<br />
340. prendit ordinairement le ton railleur ibid.<br />
n'eut point de fucceffeur itid, fes difciples<br />
341.<br />
TIMYCHA, LacédémoniennellI. 178. fut femme<br />
de Myllias de Crotone ibid. extrait de Jamblique<br />
dans la vie de Pythagore , où il eft<br />
fait mention de cette femme 279. paffage de<br />
S. Ambroife fur le même fujet 280.<br />
Tonnerre, comment expliqué par Epicure II.<br />
403* pourquoi eft prétédé par l'éclair404.<br />
Travail, vient à bout de tout I. 70.<br />
Trépied, Hiftoire <strong>du</strong> Trépied de Delphes I. 17.<br />
Triangle, reâangle trouvé par Thaïes I. 15.<br />
Tyran, vieux Tyran , chofe difficile à trouver I.<br />
az. Favoris des Tyrans reffemblent aux jettons<br />
37.<br />
tyrannie, il eft également dangereux d'y renoncer<br />
volontairement & d'être contraint à la<br />
quitter 1.69.<br />
V,<br />
V.<br />
£wi*t,Prince Chinois dont parleCernçu dans<br />
fon commentaire <strong>du</strong> premier, livre de Confucius<br />
III, i»o. étoit d'une charité «xtràordinai-
DES MAT 1ER ES. 367<br />
re 121.avertiffemensqu'il donne enmourant à<br />
fon fils 123.<br />
Vertu, fond inépuifabl e de rie heffes I. 19. fa rè«<br />
commandation eft le fujet <strong>du</strong>.Poëme d'Homére<br />
97. quelle doit être la principale vertu des<br />
jeunes gens 112. ne doit point être jugée par<br />
les avis <strong>du</strong> peuple 119. il y a des vertus communes<br />
aux fages & aux extravagans 150. ne<br />
fuffit pas pour rendre heureux 307. peut s'enfeigner<br />
IL 7. eft une arme qui ne peut être<br />
- ravie 8. en quoi confifte félon les Stoïciens<br />
129. eft un ornement qui embellit toute la<br />
perfonne de celui qui la. pofféde III. 26. attributs<br />
divers que lui donne Confucius ièii. a fes<br />
. douceurs au milieu des <strong>du</strong>retés qui l'environnent<br />
172. rend l'ame dû fage tranquille 174.<br />
le chemin qui y con<strong>du</strong>it eft long 180. celui<br />
qui s'y aplique a trois ennemis à combattre.<br />
188.<br />
Vertueux, homme vertueux n'eft jamais pauvre<br />
I. 19. il eft difficile de l'être 52. gens vertueux<br />
font en même-tems nobles II. 7. font<br />
les images des Dieux 3 5. on ne le devient pas<br />
fans qu il en coûte 70. la mort ne fait, aucune<br />
peine à l'homme vertueux 175.<br />
Vérité, eft la chofela plus agréable qu'on puifl*e<br />
entendre I. 210. fa xonnoifîance eft réferyé*<br />
aux Dieux II. 318.<br />
Vice, fuffit pour rendre malheureuxI. 308. les<br />
Stoïciens le diftinguent e» primitif & fubordonnéll.<br />
133.<br />
Vie, fentence de Thaïes à ce fujet I. 21. Terme<br />
de la vie fixé par Sôlon 3 5. comment elle doit<br />
être eftimée 60. Vie heureufe confifte' dans<br />
l'aflemblage de tous les plaifirs particuliers 148.<br />
Vie tout-à-fait heureufe n'eu pas pofllble,ponr-<br />
Hh 4
3«8 TABLE GENERALE<br />
quoi 15». eft nn bien pour l'infenfé , non pont<br />
lefege 15J.<br />
Vieillejfi, doit être refpeâée 1.46". eft le port oit<br />
abordent tous les maux 277. ne doit être reprochée<br />
à perfonne comme un défaut 179. doit être<br />
honorée, pourquoi IL 219. il eft ridicule d'a-<br />
- prendre à celui qui en aproche qu'il doit mourir<br />
avec fermeté 421.<br />
Vigne, porte trois fortes de fruits I. 73.<br />
Voix, eft nn effet de la répercuffion de l'air L<br />
102. comment définie par les Stoïciens IL 110.<br />
Volupté, 'doit être réfrénée L 64. eft paflagére 69.<br />
établie pour dernière fin, & définie par Ariftippe<br />
un mouvement agréable que l'ame communique<br />
aux fens 146. eft de deux fortes IL<br />
438. on ne doit point fe laiffer fé<strong>du</strong>ire par fes<br />
charmes III. 92.<br />
Violence, ne doit être employée en quoi que ce<br />
f oit L 64.<br />
X.<br />
X ÉNOPHON, fon père, fa patrie L 113. é toit<br />
modefte & fort bel homme ibid. rencontre Socrate<br />
ibid. comment il devient Ton difciple ibid.<br />
' écrivit le premier l'hiftoire des Philofophesiii/.<br />
XiuoPHON, fon amitié pour Clinias ibid. fes paroles<br />
à ce fujet ibid» il gagne l'amitié de Cyrus<br />
ibid. comment il s'y prit 124. tromperie qu'il<br />
fait à Socrate ibid. fa haine contre Ménon<br />
ibid. reproches qu'il lui fait ibid: il blâme Apollonide,<br />
pourquoi ibid. Il fe retire enAfie au-<br />
>rès d'Agéûïas 12,6.fe dévoue à fon fer vice ibid.<br />
Î<br />
es Athéniens le condamnent à l'éxil ibid. il va<br />
àEphèfe/iirf. y met une partie de fon argent<br />
en dépôt iHd. confeat qu'il foit employé à faire
DES MATIERES. 36*$<br />
une ftatuë de Diane en cas qu'il ne revienne<br />
jamais dans le pays ibid. il retourne en Grèce<br />
à l'occafién de la guerre ibid. il fe fépare d'Agéfilas<br />
& vient dans la campagne d'Êlée ibid.<br />
fa femme, fes enfans ibid. il retire fon argent<br />
des mains de fon dépofitaire ibid. il en achète<br />
une portion de terre, & la confacre à la<br />
Déefle ibid. fes occupations dans cet endroit<br />
126. les Eliens attaquent Scillunte & ravagent<br />
le pays de Xenophon ibid. fes enfans fe fauventaLéprée<br />
ibid. il s'y rend lui-même ibid. *<br />
il part avec fa famille pour Corinthe ibid. fon<br />
fils Gryllus fe fait diftinguer par fa valeur, &<br />
perd lavie à la bataille de Mantinée ibid. fentimens<br />
de Xenophon en aprenant cette nouvelle<br />
128. fa mort ibid. fon éloge 128. catalogue de<br />
fe* ouvrages ibid.ù probité à l'égard deThucydide<br />
129. furnom qu'on lui donna ibid. Vers<br />
de D. L. à fa louange ibid. temi auquel il floriffoit<br />
ibid.<br />
XENOPHON, Auteur <strong>du</strong> Poëme de ThéféîsL iaj. 1<br />
XENOPHON de Cos, Médecin I. 129.<br />
XENOPHON, Hiftoriend'Hannibal I. 130.<br />
XENOPHON , Auteur qui a traité des prodiges I.<br />
130.<br />
XENOPHON de Paros, ftatuairel. 130.,<br />
XENOPHON, Poëte de l'ancienne Comédie 1.130.'<br />
XENOPHANE , fon père, fa patrie II. 276. fe retire<br />
en Sicile ibid. fut contemporain d'Anaximandre<br />
ibid. compofa des Poëfies ibid. combattit les<br />
femimens de Thaïes, de Pythagore & d'Epiménides<br />
ibid. mourut fort âgé ibid. fesfentimens<br />
ibid. réponfe qu'il fait à Empédqtcle 277. tems<br />
auquel il fleuriflbit ibid. enterra fes fils de fa<br />
propre main ibid.<br />
XENOPHANE de Lesbos, Poète II. 278.
17° TABLE GENERAL!<br />
XENOCRATE, foh père, fa patrie I. 250. fuiyit<br />
• Platon en Sicile ibid. avoit la conception lente<br />
ibid. avoit l'air févére ôc retenu ibid. bon mot<br />
de Platon à ce fujet ibid. vécut la plupart <strong>du</strong><br />
tems dans l'Académie ibid. les débauchés s'écartoient<br />
de Ton chemin pour le briffer pafler<br />
ibid. il eft inutilement tente parPhrynée fameufecourtifanne<br />
ibid.aatte éxempledefa continent<br />
ce ibid. avoit la réputation d'être d'une grande<br />
bonne-foi 251. fe contentoit de ce qui eft néceffaire'<br />
aux befoins de la Nature ibid, exemple<br />
de fon déûntéreffement ibid. eft envoyé en<br />
ambaffade auprès de Philippe ibid. eft infenfible<br />
aux faveurs de ce Prince ibid. de retour à<br />
Athènes eft accufé par fes collègues 252. il<br />
. fejuftifie ibid. témoignage que Philippe rend<br />
. de lui ibid. fa réponfe à Antipater qui l'invitoit<br />
chez lui ibid. il fauve la vie à un moineau<br />
. ibid. ce qu'il dit.àBion qui i'avoit offenfé de<br />
- paroles ibid. il étoit exempt de gloire 253. méditait<br />
plufieurs fois le jour, & donnoit tons les<br />
jours une heure.au filence ibid. catalogue de<br />
fes ouvrages ibid. eft ven<strong>du</strong> par les Athéniens<br />
a^.Démétrius dePhalére l'achète & lui rend faliberté<br />
ibid. fon âge 25 5. fa mort ibid, fon Epitaphe<br />
par t>. L. ibid. ,<br />
XENOCRATE l'ancien, a écrit de l'art militaire'<br />
.1. 259.<br />
XENOCRATE Philofophe, a fait des ElégiesL 259.<br />
XENOCRATE, Statuaire I. 25$.<br />
XENOCRATE Poète, a écrit des Odesl. 259.<br />
I Ao, Prince Chinois, parvint à l'Empire 2357<br />
ans avant J. C. III. iao. régna cent ans Md.pvt-
DES MATIERES. 371<br />
trait de ce Prince ibid. paroles admirables qu'il<br />
proféroitfouvent 130. choifit-Xiuj pour fonfuccefleursu<br />
préjudice de fonpropre fils ibid. rép<br />
onfe qu'il fit à cette occafion ibid. vifitoit de<br />
temsen tems les provinces de Ton empire 160.<br />
acclamations de fes peuples ibid. réponfe qu'il<br />
y fait ibid.<br />
Yu, Miniftrede l'Empereur Zun III. 162. rendit<br />
fa mémoire immortelle parmi les Chinois<br />
ibid. vécut toujours en Philofophe 163. comptoit<br />
des Empereurs parmi fes ayeux ibid. fut<br />
atfbcié à l'empire ibid. fe dérobe aux yeux de<br />
la Cour, pourquoi ibid. fut élevé malgré lui fur<br />
le trône ibid. exemple de fon extraordinaire affabilité<br />
ibid. régna dix ans ibid. mourut à l'âge<br />
de cent ans 164.<br />
z.<br />
JLt ÉNON, fon père, fa patrie II. 74. fon portrait<br />
ibid. eut Cratès pour maître , prit des le»<br />
çons de Stilpon, & fut dix ans auditeur de Xénocrate<br />
75. il confulte l'Oracle pour fçavoir<br />
. quel étoit le meilleur genre de vie qu'il pourroit<br />
embrafler, réponfe qu'il en reçoit ibid.<br />
avanture qui lui fait quitter Cratès 76. choifit<br />
ie Pascile pour y tenir fes difcours 77. ,<br />
ZENON, reçoit une couronne d'or des Athé-<br />
. niens qui lui dreflent une ftatue 78. Antigone<br />
le vient écouter ibid. Lettre qu'il reçut<br />
de ce Prince ibid. réponfe à cette lettre<br />
79. Zenon lui envoyé Perfée & Philonide<br />
. Thébain 80. Décret que les Athéniens rendent<br />
à fon honneur ibid. fa nourriture 8a. fai-<br />
- foit peu d'attention aux filles ibid. évitoit d'af-<br />
: Sembler beaucoup de monde autour de lui 8j.
)7* TABLE GENERALE<br />
aportoit beaucoup de foin à fes recherches 84;<br />
avoit l'air truie & chagrin 85. reprenoit les<br />
gens d'une manière concife & modérée ibid. fes<br />
paroles en punuTant un efclave pour caufe de<br />
• vol. 89. ce qu'il dit à Cratès qui le tiroit par<br />
fon habit pour l'empêcher de fuivre Stilpon 90.<br />
pour dompter fon amour-propre couroit aux in*»<br />
truâions de Polémon 91. il paye deux cens<br />
drachmes pour unSillogifme ibid. tft le premier<br />
qui employa le mot de devoir ibid. change deux<br />
vers d Héfiode ibid. fa manière de vivre 92.<br />
traits envenimés des Poètes Comiques tournent<br />
à fa louange ibid. fon grand âge 93. préfida cinuante-huit<br />
ans à fon Ecole ibid. fa mort ibid.<br />
Î<br />
ipigramme d'Antipater à fa louange ibid. Vers<br />
de Zenodote & d'Athénée fur le même fujet
DES MATIERES. 375<br />
de D. L. à ce fujet 285.'avoit l'ame élevée ibid.<br />
eft le premier qui dans la difpute fe foit fervi<br />
de l'argument connu fous le nom A'Achille ibid.<br />
penfoit qu'il y avoit plufieurs mondes ibid.<br />
froyoit l'hoonme engendré de la terre ibid. ce<br />
qu'il penfoit de l'ame ibid. tems auquel il floriffoit<br />
2S6.<br />
F I N.<br />
^^g^i«
A FIS ALT RELIEUR.<br />
Le ReHeur aura foin de placer les Portraits fui-<br />
•ant cette Table , de forte que chaque Portrait<br />
foit toujours vis-à-vis de la page où<br />
commence la Vie <strong>du</strong> Philofophe, afin que d'un<br />
feul coup d'oeil on puiffe voir le Portrait & le<br />
commencement.<br />
T O M E P R E M I E R .<br />
Le Portrait de Thalis à la Page 13<br />
_ Solon. «9<br />
, Pittacus. 5°<br />
, Anacharfis. 7 a<br />
Phiricydes, 84<br />
i Socrate. 103<br />
— Xenophon, 113<br />
. . Mfchint. . 13 l<br />
• Ariftippe. 134<br />
• Euclides. 161<br />
Platon. 189<br />
——'— Xenocrates. . ^5°<br />
— Carntadcs. 286<br />
• " Ariftotc. *9<br />
— Théophrafte. 31a<br />
T O M E S E C O N D .<br />
Le Portrait d'AnùJlhène, à la Page 1<br />
» Diogcne. - M<br />
— Moniwc, 56<br />
- Zenon. 74<br />
1 Chryfippts. 191<br />
'. Pythagorc. aoj
u4FJ S A U RELIEUR.<br />
— Empcdocle. a 38<br />
— Archytas. a 54<br />
— Heraclite. â6y<br />
~ Démocrite. 490<br />
— Epicure. 342<br />
** Pojidonius. 44»<br />
TOME TROISIÈME»<br />
— Confucius. 103<br />
SER1CHT an den BUCHB1NDER.<br />
Der Euchbinder wir forge tragen dit Portraits<br />
nach vorflehender Table einçufetçen, damit jedes<br />
Portraits gegen der Pagina Zuftehenkommt wo die<br />
Lelens befchreibungdes Philofophen anfangt,damit<br />
rnàn den Anfang derfelben unddas Portait çugleich<br />
fehen kan. Noch wird derfelbe erinner die darinnen<br />
kommende verbejjirte Blatter, rrierlich an geborigen,<br />
ert undftelle ^ufet^en.<br />
AAN DEN BOEKB1NDER.<br />
DeBœkbindermœtzorge dragen de Portretten<br />
te plaatfen volgens de voorftaande Tafel, alzo<br />
dat yder Portret altoosjçome tegen over de<br />
Pagina daar het Leven *an den Philofooph begon»<br />
jien word , op dat men met den eerften opflag het<br />
Portret zien en de Befchryving kan beginnen te<br />
leezen : 00k moet hy, de daarin verbeeterde Bladen<br />
netjes ter behoorlyker plaats tragten in te<br />
paffen. . , , , - . •
T A B L E<br />
Des noms des Philofophes contenus dans ce<br />
Ttoifiéme Volume.<br />
XJ Iogène Laërce. Page i<br />
Epiâete. a8<br />
Confucius. 103<br />
FEMMES PHILOSOPHES.<br />
CHAPITRE I. des Femmes qu'on ne range fous<br />
aucune Seûe. 198<br />
m II. Des Platoniciennes. 234<br />
•• III. Des Académiciennes. 243<br />
-—-— IV. Des Dialeâiciennes. 146<br />
• V. Des Cyrenaïques. 147<br />
•— VI. Des Mégariennes. 249<br />
' VII. Des Cyniques. 151<br />
•—— VIII. Des Péripatéticiennes. 153<br />
• IX. Des Epicuriennes. 256<br />
* X. Des Stoïciennes. 260<br />
"»» • " XI. Des Pythagoriciennes. 264<br />
} FIN.<br />
adam renne