BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
BOUNFOUR, Abdellah, « Hemmu u Namir ou l'Œdipe berbère
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<strong>«</strong>L’e´ colier, te´ moin du spectacle, saisit fortement l’ange et lui dit (avec le s<strong>ou</strong>lagement<br />
de quelqu’un qui a réussi a` rés<strong>ou</strong>dre les myste`res d’une e´nigme). » (C’est moi qui<br />
s<strong>ou</strong>ligne.)<br />
C’est donc un proble` me de savoir qui est pose´ , un savoir diffe´ rent de celui<br />
qu’il acquiert à l’e´ cole coranique, c’est un savoir de la nuit.<br />
La trace de ce savoir est le henne´ . Certes, le maıˆ tre d’e´ cole signifie que<br />
cette parure est fe´ minine. Mais il <strong>ou</strong>blie que c’est une parure de fiance´ s,<br />
hommes et femmes. Elle annonce <strong>ou</strong> atteste la noce, l’am<strong>ou</strong>r et le contrat<br />
de mariage. En parant H. emmu de henne´ , Tanirt le de´ signe comme son<br />
bien-aime´ , son futur ép<strong>ou</strong>x. La question du savoir (e´ nigme a` re´ s<strong>ou</strong>dre p<strong>ou</strong>r<br />
H. emmu) est plus pre´ cise : la personne qui me pare ainsi m’aime, qui estelle<br />
? doit se dire H. emmu. Le conte n<strong>ou</strong>e le savoir à l’am<strong>ou</strong>r et semble<br />
orienter la lecture vers un savoir sur l’am<strong>ou</strong>r. C’est ainsi que le he´ ros va<br />
s’engager dans la voie d’en savoir plus. Comment ? En suspendant le sommeil.<br />
P<strong>ou</strong>r en savoir plus sur l’am<strong>ou</strong>r, il faut s’installer dans un e´ tat de<br />
veille. T<strong>ou</strong>tefois, cette veille n’est pas simple. Elle est obtenue <strong>ou</strong> par<br />
l’obe´ issance au maıˆ tre d’e´ cole, <strong>ou</strong> par des aphrodisiaques (amandes) <strong>ou</strong><br />
par la mutilation d’un doigt. Quoi qu’il en soit, H. emmu sacrifie quelque<br />
chose p<strong>ou</strong>r arriver à re´ s<strong>ou</strong>dre l’e´ nigme. Ce sacrifice marque l’importance<br />
de ce savoir et son mode d’acquisition. Il faut accepter de perdre quelque<br />
chose dont la plus commune est le sommeil.<br />
En effet, la perte dévoile l’énigme et H. emmu entre en contact avec Tanirt qui<br />
lui pose trois conditions (shshrud, dans t<strong>ou</strong>tes les versions) : un type d’habitation<br />
(chambre a` sept feneˆ tres, maison a` sept chambres, etc.), l’enfermement<br />
total dans cette habitation et l’interdiction d’eˆ tre vue par quiconque, particulie`<br />
rement par la me` re de H. emmu.<br />
On comprendra que la condition essentielle est la dernie` re, les autres n’e´ tant<br />
que des modalite´ s p<strong>ou</strong>r re´ ussir celle-ci. Ainsi donc le danger vient-il de la me` re<br />
de son bien-aime´ . Histoire banale de belle-me` re, certes, mais p<strong>ou</strong>rquoi y a-t-il<br />
danger ? Et lequel ?<br />
2. La rupture du contrat<br />
T<strong>ou</strong>tes les versions insistent sur la curiosite´ de la me` re p<strong>ou</strong>r péne´ trer dans la<br />
cachette de sa bru. La` encore, c’est une question de savoir, mais un savoir sur<br />
lequel pèse un interdit. H. emmu, en effet, a t<strong>ou</strong>t mis en œuvre et a averti sa me` re<br />
de ne pas pe´ nétrer et de ne laisser personne pe´ nétrer dans son jardin secret.<br />
Quand elle déc<strong>ou</strong>vre sa bru, la belle-me` re jal<strong>ou</strong>se se montre <strong>ou</strong> me´ prisante 3<br />
3. <strong>«</strong> h. ih. ! nnih. akk o ma iga H. emmu Unamir g uhanu ! » (<strong>«</strong> Hum ! C’est t<strong>ou</strong>t ce que H. emmu<br />
Unamir a caché dans la chambre ! ») (Version Amal<strong>ou</strong>, I.)<br />
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