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LE TRAIT D'UNION<br />
N° 24<br />
FÉVRIER-MARS 1954<br />
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES HUILES DE PÉTROLE BP
Sommaire<br />
Editorial par M. J. HURÉ 1<br />
La Succursale Paris-Est par M. BONDESEN 3<br />
La Sidérurgie lorraine par M. RIGARD 10<br />
La Champagne par M. A. VAUTRIN 17<br />
Notre couverture : Un beau site d'Alsace, la vallée entre Sainte-Odile et Barr (Photo Pierre Prévôt)<br />
Sur la route de Venise par M. TRICOIRE 21<br />
BP dans le monde 28<br />
La vie à la S. G. H. P. 30<br />
Le Trait d'Union des S tés d'Afrique du Nord 39
P<br />
Éditorial<br />
UISQUE ma charge me vaut le privilège d'occuper la<br />
première page de nos Trait d'Union, il m'incombe de dire<br />
à nos amis de Naphtachimie, au nom de tout le personnel de<br />
la S. G. H. P. de quel cœur fraternel nous avons compati à leur<br />
peine si douloureuse et comme nous avons été près d'eux dans<br />
la dure épreuve qu'ils ont traversée...<br />
L'accident du 2 février a coûté la vie à quatre chefs de poste<br />
ou ouvriers, victimes de leur devoir professionnel. Il n'est, j'en<br />
suis certain, personne dans la S.G.H.P. tout entière qui, en<br />
l'apprenant, ne se soit senti directement touché, personne dont<br />
la pensée ne se soit aussitôt portée vers les disparus, vers leurs<br />
parents proches, privés si brutalement d'un être très cher qui<br />
était leur soutien dans l'existence, personne dont la sympathie<br />
n'ait été profondément et sincèrement émue... Le deuil des<br />
familles des victimes fut vraiment notre deuil.<br />
A l'égard de celles-ci il est à peine besoin de dire que<br />
Naphtachimie a pris les dispositions nécessaires pour leur<br />
apporter une aide efficace et durable, sans préjudice des gestes<br />
touchants qui, venant de tant de côtés, ont fourni un si bel<br />
exemple de solidarité.<br />
<strong>En</strong> sus des quatre tués, un ingénieur, un contremaître et<br />
deux ouvriers ont été brûlés sérieusement ; ils sont heureusement<br />
tous en bonne voie de rétablissement.<br />
Une enquête est en cours pour déterminer les causes de<br />
l'accident. Elle hésite entre plusieurs hypothèses... Il semble bien<br />
établi toutefois que ni le matériel, ni ses conditions de travail ne<br />
sont en cause. Tout sera fait pour dégager les leçons, s'il en est,<br />
de ce qui s'est passé, afin de renforcer encore, si possible, les<br />
dispositifs de sécurité et d'éviter que les coups du sort les plus<br />
difficilement prévisibles puissent avoir à nouveau de si funestes<br />
conséquences.<br />
Tout est mis en œuvre également pour que l'arrêt de<br />
l'installation de cracking qui a été sérieusement endommagée,<br />
n'entraîne le chômage d'aucun ouvrier de Naphtachimie et j'ai<br />
les meilleures raisons d'espérer que ce résultat sera bien obtenu.<br />
1
Dans la vie les bons et les mauvais moments se succèdent, et<br />
puisque je viens d'évoquer cette tragique journée du<br />
2 février, je tiens à vous dire aussi quelques mots de plusieurs<br />
événements qui sont intervenus depuis la parution de notre<br />
dernier numéro et qui sont riches de promesses pour l'avenir de<br />
notre Société.<br />
Vous savez que nous avons commencé à ajouter à notre<br />
super-carburant un additif: le BP 08, mis au point par les<br />
laboratoires de l'A.I.O.C. Cet ajout, qui améliore sensiblement le<br />
comportement du carburant dans le moteur, sera certainement<br />
apprécié des consommateurs et doit faciliter le développement<br />
de nos ventes de supercarburant.<br />
A Lavera, les premiers travaux ont été entrepris pour la<br />
construction de notre future unité de platforming. Cette unité<br />
doit nous fournir, au début de l'année prochaine, de l'essence à<br />
haut nombre d'octane grâce à laquelle nous pourrons élever<br />
encore la résistance à la détonation de nos carburants.<br />
<strong>En</strong>fin notre filiale, l'Association Pétrolière, a passé commande<br />
aux Chantiers de France à Dunkerque, d'un troisième super-tanker<br />
de 33.000 T. qui entrera en service à la fin du premier semestre<br />
de 1956. Notre flotte s'enrichira ainsi d'une unité supplémentaire<br />
ultra-moderne ce qui réduira encore nos dépenses<br />
en devises étrangères pour notre approvisionnement.<br />
Vous voyez par cette brève énumération que la S. G. H. P. ne<br />
se repose pas sur les résultats qu'elle a obtenu et continue à<br />
faire preuve du plus franc dynamisme.<br />
J. HURÉ<br />
Vice-Président,Directeur Général<br />
2
PARIS<br />
EST<br />
M. BONDESEN<br />
DIRECTEUR DE LA SUCCURSALE<br />
PARIS EST<br />
I<br />
L échoit à la Succursale Paris-Est, dernière<br />
née de la « Distribution » puisque<br />
tel est le terme auquel il est fait si souvent<br />
allusion, de clore la série de ces<br />
reportages dans les diverses provinces de<br />
notre beau Pays,<br />
Je dois avouer que lorsque j'ai eu à établir<br />
l'historique de cette Succursale, à laquelle je<br />
suis si attaché, j'ai eu un moment d'hésitation<br />
car je pensais que c'était à mon prédécesseur,<br />
M. Delatte, qui l'a créée, que cette tâche<br />
revenait de droit : je suis en effet convaincu<br />
qu'il l'aurait accomplie avec l'ardeur, la foi et<br />
l'affection qu'il nous a communiquées ou témoignées<br />
tout au long des années où il est demeuré<br />
à la tête de Paris-Est.<br />
M. Delatte étant maintenant à Douai, j'ai dû<br />
HISTORIQUE DE LA<br />
SUCCURSALE<br />
me résoudre à faire appel à mes souvenirs et<br />
à ceux de quelques vieux camarades qui,<br />
comme moi, ont appartenu à l'équipe d'avantguerre.<br />
La Succursale Paris-Est a été créée en octobre<br />
1938 par la réunion des deux Secteurs<br />
Nevers de la Succursale Paris-Province, devenue<br />
à la même époque Paris-Ouest, et Nancy<br />
de la Succursale de Douai. Elle réunissait ainsi<br />
les riches régions agricoles de l'Indre, de<br />
l'Allier, de la Nièvre et du Cher à l'ensemble<br />
industriel — on n'employait pas encore le<br />
terme de « complexe » — que constitue la<br />
région communément appelée Bassin de Briey ;<br />
l'Alsace venait heureusement compléter ces<br />
territoires. La carte que vous trouverez cidessus<br />
reproduit la configuration de la Succursale<br />
d'alors.<br />
3
Son organisation se présentait comme<br />
suit :<br />
M, Delatte, Directeur.<br />
M. Ménatory, Sous-Directeur commun<br />
avec la Succursale Paris-Ouest,<br />
Secrétariat : Mlle Maufray, Mme Jeulin.<br />
Secteur NANCY<br />
M. Michard, Chef de Secteur.<br />
M. René-François Saint-Maur, 1 er adjoint.<br />
M. Vignes, 2° Adjoint.<br />
M. Notteghem, Kardex.<br />
M. Cheffer, Kardex.<br />
Mme Macary, Sténo-dactylographe<br />
Mme Vion, Sténo-dactylographe.<br />
Secteur NEVERS<br />
M. Delgua, Chef de Secteur.<br />
M. Juignet, 1 er Adjoint.<br />
M. Salle, 2 e Adjoint.<br />
M. Laroche, Kardex.<br />
Mme Meignan, Kardex.<br />
Mlle Bonn, Sténo-dactylographe.<br />
Mlle Michau, Sténo-dactylographe.<br />
Un Inspecteur en titre, M. Vivier<br />
De gauche à droits :<br />
1 M. Kachler, Chef du Secteur Nancy et<br />
son adjoint M. Sudre.<br />
2 Secteur Nancy : M. Emiliani, Adjoint<br />
administratif; Mmes Dubois, Jeandra,<br />
kardex.<br />
3 M. de Saint-Lager, Adjoint commercial<br />
et M. Dumont de Montroy, Chef du<br />
Secteur Nevers.<br />
4 Secteur Nevers : Mme de Ferrer,<br />
employée administrative; Mlle<br />
Supervielle, kardex; M. Bouleau, adjoint<br />
administratif: Mme Hennequin, kardex,<br />
5 Les dactylos du secteur Nancy :<br />
Mlle Ythier, Mme Veau<br />
6 Mlle Prunier, employée administrative<br />
Secteur Nancy<br />
7 Mlle Lucereau, sténo-dactylo. Exploitation<br />
8 et 9 Mlle Losa et Mme Benoit,<br />
dactylos, Secteur Nevers,<br />
M, Faugère, Sous-Directeur<br />
de la Succursale<br />
Le Personnel actuel<br />
de la Succursale
10 M.<br />
Hérouard, Ingénieur D.C.L.<br />
11 M. Cerneau, Inspecteur Lubrifiants<br />
12 Mlles Michau et Ercoli. Secré<br />
taires de Direction.<br />
13 M. P. Sohet et Mlle Poux. Service<br />
Technique.<br />
14 M, LeLohé. Chef de dépôt h.l.p.: M.<br />
Damez. Chef d'Exploitation.<br />
15 M, E. Mayrann, Adjoint Exploitation, M.<br />
Kamenzind, Stagiaire BP Suisse.<br />
M. Chanut.<br />
Ingénieur Succursale<br />
Deux Inspecteurs, en commun avec la Succursale<br />
Paris-Ouest, M. Dubet et moi-même, complétaient ces<br />
effectifs.<br />
<strong>En</strong> septembre 1939, à deux exceptions près, tout le<br />
personnel masculin rejoignit les Armées et la Succursale<br />
passa sous l'égide de l'Organisme de Liaison dirigé par M.<br />
Lacour.<br />
Après l'Armistice, une Agence fut reconstituée et<br />
l'unique Secteur d'alors avait son activité principalement<br />
axée sur la distribution du charbon de bois produit par les<br />
Groupes de Riaucourt, Saulieu et Sougy.<br />
L'existence des diverses <strong>ligne</strong>s de démarcation avait<br />
considérablement modifié son territoire et son personnel,<br />
réduit à sa plus simple expression, était composé de : M.<br />
Malterre, jusqu'au retour de captivité à fin 1941 de M,<br />
Delatte, M. Delgua, M. Dubet, M. Auffière, M. Orezoli, Mme<br />
Macary (depuis décédée à la suite d'un douloureux accident),<br />
Mlle Boquet (qui nous envoie de temps à autre des nouvelles<br />
du Liban),<br />
A la libération, M, Delgua fut affecté au Service<br />
Commercial du Siège et remplacé par le signataire qui,<br />
depuis 1942, avait été appelé au Service V/L afin de<br />
s'intéresser de près
à ces excellents lubrifiants, chers à MM. Le<br />
Boloch, Behr, Champagnat et dénommés huiles<br />
anthracéniques, M. Orezoli rejoignit sa bonne ville<br />
de Marseille et fut remplacé par M. Emiliani ; de<br />
nombreux jeunes vinrent étoffer ces effectifs<br />
jusqu'alors squelettiques.<br />
La Succursale vit ainsi passer dans ses rangs M.<br />
Dècle, enfin libéré de l'Oflag où il demeura cinq ans,<br />
MM. Roy, Gergaud, Vignes, Jossier, Renteux, Max<br />
Legrand, Louis Legrand, Guillard, de Muizon,<br />
Basque, Dupas, Hégésippe, Levassort, Robert-<br />
Peillard dans les Services Commerciaux —<br />
Durrande, Bougier, Fontaine, Faure, Eglin dans les<br />
Services Techniques — Issoulier, Labeyrie, Pinel,<br />
Lacour dans les Services Comptables. Comme la<br />
Succursale de Douai, la Succursale Paris-Est est fière<br />
d'avoir compté dans ses effectifs ces nombreux<br />
espoirs à qui, depuis, des postes importants ont été<br />
confiés.<br />
Actuellement, le rayon d'action de Paris-Est est<br />
assez différent de ce qu'il était avant-guerre; son<br />
territoire s'est accru des rayons de Sillery,<br />
Belfort, mais ne compte plus ceux de Vichy (qui<br />
dépend de la Succursale de Lyon depuis 1940) et<br />
de Châteauroux qui, après avoir été affecté à la<br />
Succursale de Paris-Ouest, est maintenant à la<br />
Succursale de Nantes. Le rayon de Gien enfin a été<br />
englobé par celui d'Orléans, La carte ci-dessus<br />
détermine les nouvelles limites de la Succursale.<br />
Ceux de nos lecteurs qui n'ont pas voyagé depuis<br />
fort longtemps dans l'Est de notre Pays seront,<br />
je pense, intéressés d'apprendre que ces régions<br />
sont en pleine transformation. Des usines immenses<br />
sont en cours de construction, d'autres se<br />
modernisent, de grands travaux sont en voie<br />
d'achèvement ou en projet. Conséquence des créations<br />
que sont la désignation de Strasbourg comme Siège<br />
du Conseil de l'Europe, l'organisation de la C.E.C.A.<br />
(Communauté Européenne du Charbon et de<br />
l'Acier), d'énormes Groupes Industriels ont mis en<br />
commun leurs moyens de production et ont donné<br />
naissance à Sidelor, Sollac, Lorraine-Escaut. Le projet<br />
de canalisation de la Moselle, l'édification de divers<br />
barrages sur le Rhin à proximité des frontières suisse<br />
et allemande, le développement du port de Strasbourg<br />
laissent, par ailleurs, présager un nouvel essor.<br />
Nul doute que la Succursale, grâce à l'action<br />
combinée de ses Services et de ses Représentants,<br />
ne prenne sa part de toutes ces activités ce qui,<br />
compte tenu de la proximité relative de la<br />
Raffinerie de Dunkerque, laisse bien augurer de<br />
son avenir,<br />
Le voyage que vous allez effectuer à travers ses<br />
bureaux, ses rayons et ses dépôts vous permettra de<br />
constater que si la Succursale Paris-Est est la plus<br />
jeune de toutes par sa. création récente, elle l'est<br />
également par l'âge de ses éléments, et je ne puis<br />
cacher que c'est un réel plaisir pour le sportif que<br />
j'étais, le dirigeant que je demeure, de collaborer<br />
avec une équipe aussi dynamique et aussi<br />
sympathique.<br />
Jean BONDESEN.<br />
Profitant de ce numéro réservé à Paris-Est,<br />
j'avais demandé à deux Représentants de la<br />
Succursale de bien vouloir préparer, chacun,<br />
un article sur l'une des activité les plus<br />
caractéristiques de ces régions, je suis<br />
heureux de remercier M. Rigard de son<br />
exposé sur la Sidérurgie de l'Est, M, André<br />
Vautrin de celui traitant de la fabrication du<br />
Champagne.<br />
J.B.<br />
16 M. Kulling. Stagiaire.<br />
17 M. Cabannes. Stagiaire,<br />
18 M. Vaucheret. Adjoint de l'Ingénieur de Succursale.
TROYES de g. à dr. : MM. Noble, Nottelet, Représentant; Guy, Chef de dépôt; Arnould.<br />
LES.<br />
DEPOTS<br />
STRASBOURG<br />
de g. à dr. : MM. Kolb, Brenner,<br />
David, Baltzinger, Chef de dépôt.<br />
MULHOUSE<br />
De g à dr : MM. Rigaud, conducteur et<br />
Heitzler, Chef de dépôt.<br />
CHIERRY<br />
De g. à dr.. : MM, Huvier, Laly, Lallemant.<br />
E. Vautrin Représentant; Legros. Moussin,
SILLERY<br />
De g. à dr.. : MM, A. Gallot,<br />
M Gallot. Bernard, Souply<br />
Tinot Gondouin. Basly.<br />
Macquet, Moreaux Boyard<br />
Chef de dépôt; Garitan<br />
Laporte, Gallot Boutilllat,<br />
Quenardel.<br />
CHALLUY<br />
de g. à dr. : MM. Durand, Bocquillon,.Chef<br />
du CE; Ruby,<br />
Corbeaux, Dameron. Corbisez,<br />
Chef de dépôt;<br />
Delancray. Varenne. Morlet,<br />
Corbeaux (fils), Sirot,<br />
Gondouin, Fonty,<br />
NOMEXY<br />
De g. à dr. : MM. Jacquot,<br />
Millot, Poure. Nolent. Chef du<br />
CE.: Mlle Croizier, MM.<br />
Julien. Vaucheret, Adj. Ing.<br />
Succursale: Malthierry, Husson,<br />
Chef de dépôt: Hoberdon,<br />
Petsche, Desanlis, Mme<br />
Desanlis MM Schweitzer,<br />
Rémy. Sibille. Marchal et<br />
Gelot.<br />
CHAUMONT<br />
de g. à dr. : MM. Bidal, conducteur<br />
et Bouhyer, Chef de<br />
dépôt.<br />
8
LES<br />
REPRESENTANTS<br />
Jeunes ou anciens, les représentants de la Succursale Paris-<br />
Est s'appliquent à développer nos affaires dans des<br />
conditions que l'éloignement du Siège et la rigueur du climat<br />
rendent souvent fort difficiles. Grâce à leur action notre<br />
implantation dans l'Est est en voie de nette amélioration et<br />
nous sommes heureux de présenter ci-dessous la toute<br />
récente station de Belfort que nous avons pu réaliser grâce<br />
aux nombreuses démarches de M. Lamielle, Ingénieur A, et<br />
M., notre représentant.<br />
1. M. Émile Vautrin, Chateau-Thlerry. — 2. M. Jean Conrard, Nevers.<br />
— 3. M. Armand Raynal, Verdun. — 4. M. Marius Robin. Auxerre. —<br />
5. M. André Jacquet, Epinal. — 6. M. Roger Sallé, Inspecteur-<br />
Vendeur à Bourges. — 7. M. Emile Reiser, Strasbourg. — 8. M.<br />
André Vautrin, Reims. — 9. M, Jean Rigard, lng. A.&M., Nancy. —<br />
10. M, Emile Notelet, Troyes. — 11. M. Marceau Bernaudat,<br />
Chaumont. — 12. M, Victor Klein. Metz.<br />
METZ<br />
De gauche à droite : MM. Renouard, David,<br />
Brecheisen, Drouot, chef de dépôt. Maurice et Arnoud.<br />
BELFORT<br />
La Station de Belfort et M, E. Lamielle.
LA SIDÉRURGIE LORRAINE<br />
V<br />
u<br />
e<br />
g<br />
é<br />
n<br />
Il serait excessif de dire que la<br />
Lorraine vient d'entrer dans<br />
l'histoire. Son passé riche<br />
d'aventures et de gloire lui a<br />
déjà assuré cette place.<br />
é<br />
Mais dans la r nuit du 9 au 10 février<br />
a<br />
1952, alors que le l ciel lorrain s'embrasait<br />
e<br />
comme à l'habitude, un événement capital<br />
d<br />
ouvrait une ère nouvelle e à deux industries<br />
s<br />
clef : Les Mines et la Sidérurgie. La C.E.C.A.<br />
u<br />
(Communauté Européenne s du Charbon et de<br />
i<br />
l'Acier) était née. n Elle était le fruit d'une<br />
e<br />
pensée lorraine, et s intéressait les domaines<br />
les plus importants d de l'industrie de cette<br />
e<br />
province.<br />
P<br />
<strong>En</strong> particulier, o la place prépondérante<br />
n<br />
dans la production t française de la<br />
-<br />
sidérurgie lorraine à la plaçait au premier<br />
-<br />
plan de cette « aventure M », et nous avons<br />
o<br />
pensé, au cours u de notre promenade à<br />
s<br />
travers la succursale s Paris-Est, nous<br />
o<br />
arrêter pour vous ntracer<br />
les grandes <strong>ligne</strong>s<br />
,<br />
de ce complexe industriel gigantesque.<br />
d<br />
e<br />
Remontons un instant l'histoire. « Nos<br />
ancêtres, les Gaulois l » qui peuplaient alors<br />
a<br />
les vallées lorraines, étaient déjà<br />
sidérurgistes et mineurs. Près de Nancy, au<br />
camp d'Affrique, subsistent encore les traces<br />
d'une grande exploitation minière gauloise,<br />
près de laquelle se trouvaient des fourneaux<br />
établis à proximité d'une source, ainsi que de<br />
grands ateliers où l'on martelait le métal.<br />
Car, à cette époque, et jusqu'à une période<br />
relativement récente, si le feu des forges<br />
étincelait déjà dans le ciel, les méthodes<br />
n'avaient que de lointains rapports avec<br />
celles de nos aciéries modernes. On<br />
amenait le minerai à l'état pâteux, on le<br />
chauffait, puis on le jetait dans l'eau. Un tri<br />
manuel séparait alors les particules métalliques<br />
de la gangue. <strong>En</strong>fin, le martelage à chaud<br />
soudait ensemble ces dernières. Ce semblant<br />
de fusion se faisait dans un « bas foyer », dont<br />
les agrandissements successifs conduisirent aux<br />
hauts fourneaux, qui étaient chauffés au début<br />
au charbon de bois. Et, c'est ainsi, qu'à la<br />
chute du Premier Empire, la France comptait<br />
environ 350 hauts fourneaux répartis sur<br />
l'ensemble de son territoire, et produisant<br />
110.000 tonnes par an. Les Anglais ayant<br />
inventé le coke, les fourneaux se<br />
modifièrent, et en 1850, il y avait 400 hauts<br />
fourneaux au charbon de bois, et une centaine<br />
au coke, produisant respectivement 150 et<br />
350.000 tonnes.<br />
Vers cette époque, deux inventions<br />
modifièrent radicalement les techniques, et<br />
par voie de conséquence, la répartition<br />
géographique des usines. Grâce à<br />
l'utilisation de la machine à vapeur, qui permit<br />
d'installer des souffleries plus puissantes, les<br />
fourneaux s'agrandirent, et l'emploi du coke<br />
se généralisa. Ces modifications entraînèrent la<br />
concentration des usines, et leur transfert vers<br />
les régions charbonnières.<br />
10
<strong>En</strong> 1864, Bessemer eut l'idée d'affiner la<br />
fonte en lui insufflant de l'air, et lorsque<br />
entre 1874 et 1880, Sidney Thomas et Percy<br />
Gilchrist rendirent possible, en partant de ce<br />
procédé, l'élimination facile du phosphore,<br />
l'industrie sidérurgique lorraine prit son<br />
essor.<br />
Jusqu'alors, en effet, on n'utilisait dans le<br />
gisement lorrain que les couches<br />
superficielles dont la teneur en fer était<br />
élevée et celle en phosphore réduite, ce<br />
que les mineurs appelaient la mine. Ils<br />
réservaient l'appellation péjorative de<br />
minette au reste du minerai. Mais celle-ci<br />
prit une éclatante revanche, et la minette<br />
lorraine contribue maintenant, pour une part<br />
importante à la puissance industrielle<br />
française. C'est ainsi que la France tient le<br />
deuxième rang dans le monde pour la<br />
production et l'exportation de minerai,<br />
11
et qu'en 1952, nous avons produit 42 millions<br />
de tonnes de minerai de fer, dont 39 en Lorraine<br />
.<br />
Et, maintenant, un voyageur non averti qui<br />
parcourerait les vallées verdoyantes de la<br />
Chiers, de la Fentch ou de l'Orne, serait étonné<br />
de pénétrer dans les cités industrielles où le feu<br />
est roi et où, au milieu de grondements<br />
assourdissants, l'acier est soumis au génie de<br />
l'homme.<br />
A la limite de l'ancienne province de<br />
Lorraine, une grande industrie est née sur un<br />
des plus importants bassins férifères du monde.<br />
Celui-ci est approximativement délimité par un<br />
quadrilatère dont les sommets seraient Longwy,<br />
Luxembourg, Metz, Fresnes-en-Woëwre. Il<br />
possède des résurgences plus au sud, dans un<br />
rayon de 25 à 30 km autour de Nancy, et l'on<br />
distingue maintenant quatre groupes d'usines :<br />
(1) Les Aciéries de Longwy à Mont-Saint-Martin,<br />
Les Hauts Fourneaux de la Chiers à Longwy,<br />
Les Forges de la Providence à Rehon,<br />
La Société métallurgique de Senelle-<br />
Maubeuge à Herserange,<br />
La Société Métallurgique de Gorcy,<br />
La Société des Hauts Fourneaux de Saulnes,<br />
La Société Métallurgique d'Aubrives-<br />
Villerupt,<br />
L'usine de Micheville (Sidelor),<br />
La Société des Terres Rouges à Audon-le-<br />
Tiche.<br />
(2) La Société Métallurgique de Knutange,<br />
Les différentes usines des Établissements de<br />
Wendel à Hayange,<br />
Un four Martin<br />
Un convertisseur Thomas.<br />
La dernière née de toutes : la Sollac,<br />
L'usine de Thionville des Aciéries de Longwy.<br />
(3) Les usines d'Homécourt,<br />
Celles d'Auboué.<br />
Les Aciéries de Rombas du groupe Sidelor,<br />
celles de Jeuf et de Moyeuvre des Établissements<br />
de Wendel.<br />
L'U.C.P.M.I. à Hagondange,<br />
12
Fabrication d'un tuyau de fonte de fort diamètre (Société des Fonderies de Pont-à-Mousson).<br />
La S.A.F.E.à Hagondange,<br />
Les hauts fourneaux de « Nord et Lorraine » à<br />
Uckange.<br />
(4) Les usines de Pont-à-Mousson et de Foug, de la<br />
Société des Fonderies de Pont-à-Mousson, Les<br />
Aciéries de Pompey, Les Établissements Noël, à<br />
Liverdun, L'usine de Neuves-Maisons des Forges<br />
et Aciéries de Chatillon, Commentry et Neuves-<br />
Maisons. Cet ensemble imposant assure la<br />
production<br />
Atelier des trains à fils (Aciéries de Longwy).<br />
annuelle d'environ 70% de la fonte et de l'acier<br />
français (respectivement 7.600.000 et 7 millions de<br />
tonnes). Son existence a entraîné la création d'industries<br />
connexes très importantes : Fabriques de<br />
réfractaires, par exemple, qui vendent 100.000 tonnes<br />
par an aux usines sidérurgiques, ateliers de constructions<br />
métalliques, etc..<br />
Malgré sa masse, ce complexe n'est pas un élément<br />
mort. Élément de premier ordre dans la stabilité de<br />
notre position au sein de la communauté Européenne,<br />
l'industrie sidérurgique procède, depuis la libération,<br />
à un effort de modernisation soutenu et à l'échelle<br />
de son importance : de 1946 à 1951, 250 milliards<br />
d'investissements ont été réalisés, soit 15% du<br />
chiffre d'affaires. Tous les stades de la production<br />
ont été atteints par ce courant. Des cokeries ont été<br />
construites, qui ont essayé avec succès l'utilisation<br />
des charbons lorrains, réduisant notre dépendance<br />
de l'étranger. Les usines se sont groupées<br />
constituant ainsi des groupes financiers plus puissants.<br />
Chacune d'elles s'est spécialisée de manière à<br />
améliorer le rendement des fabrications. Celui-ci a<br />
été également augmenté par l'aménagement des<br />
Hauts Fourneaux des Aciéries qui ont été modifiés<br />
pour accroître leur production et améliorer la qualité<br />
des produits. Des nouveaux laminoirs ont été installés<br />
qui assurent une production et une productivité plus<br />
grande. Parallèlement un effort social très important<br />
a été fait en faveur du personnel de ces usines<br />
(environ 7 % des investissements). Et c'est ainsi que<br />
l'industrie sidérurgique de Lorraine entend conserver<br />
son titre du plus important groupe industriel français.<br />
13
A L'USINE DE MONT-SAINT-MARTIN<br />
Nous pourrions, tout d'abord, examiner quelques<br />
chiffres : une usine comme celle de Mont-Saint-<br />
Martin des Aciéries de Longwy qui produit sensiblement<br />
450.000 tonnes de fonte par an, doit assurer<br />
la manutention de 450.000 tonnes de coke environ,<br />
et de 900.000 tonnes de minerai, auxquelles il convient<br />
d'ajouter les tonnages de castines, des différents<br />
produits d'addition qui interviennent dans<br />
l'élaboration de l'acier, des produits réfractaires,<br />
et enfin, tous les divers ingrédients et appareillages<br />
qui aident au fonctionnement de l'usine.<br />
Nous traverserons donc de prime abord des parcs<br />
de matières premières très importants, ainsi que<br />
des services de magasins généraux de dimensions<br />
analogues, et nous ferons mention, au passage, d'un<br />
service annexe dont le bon fonctionnement est vital,<br />
pour celui de l'usine : le Service Transports. Les<br />
moindres recoins sont desservis par un réseau de<br />
voies ferrées très dense. Prenons encore pour exemple<br />
Mont-Saint-Martin, une telle usine a plus de<br />
100 km de voies ferrées et 15 locomotives.<br />
Nous arrivons à la première phase de la fabrication,<br />
la fusion aux Hauts Fourneaux, une photo<br />
vous montre un des groupes de Hauts Fourneaux des<br />
Aciéries de Longwy. A l'intérieur de ces treillis<br />
métalliques, on trouve de hautes tours réfractaires,<br />
au sommet desquelles (Gueulards) on enfourne le<br />
coke et le minerai. Au cours d'un séjour d'une<br />
vingtaine d'heures, celui-ci mis en présence d'oxyde<br />
de carbone perd petit à petit son oxygène, pour<br />
donner naissance, à la partie basse, ou creuset, à<br />
la fonte liquide, qui est du fer additionné de carbone.<br />
Toutes les cinq heures, on procède a une coulée,<br />
dont vous pouvez admirer les jeux de lumière sur<br />
une photo obligeamment prêtée par la Société des<br />
Fonderies de Pont-à-Mousson. Dans le cours de<br />
l'opération, on évacue également la crasse ou laitier<br />
sur le bain de fonte; il s'agit d'un sous-produit<br />
qui constitue la majeure partie des crassiers qui<br />
salissent les alentours des usines. Il peut être également<br />
employé pour le revêtement des routes, la<br />
constitution des ballasts de voies ferrées ou dans la<br />
fabrication de ciments, dits de laitier.<br />
Au moment de sa coulée, la fonte peut être déversée<br />
dans des moules en sable, si l'on désire réaliser<br />
des gueuses de première fusion, ou dans des poches<br />
qui la transportent aux aciéries pour transformation.<br />
Vous remarquerez sur le cliché précité les tours<br />
métalliques qui flanquent chacun des Hauts Fourneaux.<br />
Il s'agit de cowpers qui sont utilisés pour réchauffer<br />
l'air soufflé à la base des fourneaux. L'alimentation<br />
en air est faite par des soufflantes généralement<br />
alternatives, qui constituent des organismes<br />
annexes, de l'usine les plus importants.<br />
Aux sommets des fourneaux s'échappe un gaz<br />
combustible que l'on recueille. Le gaz de hauts<br />
fourneaux est utilisé dans l'usine, soit pour la<br />
production de force motrice, soit pour le<br />
fonctionnement des soufflantes, soit pour le<br />
chauffage des fours. A titre d'indication, la<br />
production journalière de gaz à hauts fourneaux en<br />
Meurthe-et-Moselle pour une fusion de 400 tonnes<br />
par jour, assure une fourniture calorifique égale à<br />
celle du gaz consommé à Paris en un jour.<br />
Suivons maintenant la fonte à l'aciérie. On rencontre<br />
dans les différentes usines, deux types d'aciéries<br />
: l'aciérie Thomas et l'aciérie Martin.<br />
La première se trouve pratiquement dans toutes<br />
les usines qui fabriquent de l'acier en Lorraine,<br />
puisqu'elle résulte du procédé qui a permis le développement<br />
de la Sidérurgie de cette province. <strong>En</strong><br />
résumé le procédé consiste à souffler de l'air à travers<br />
de la fonte en fusion dans laquelle on a ajouté de la<br />
chaux. Cette opération, qui est pratiquée dans de<br />
grandes cornues ou convertisseurs, dure environ<br />
une vingtaine de minutes et donne lieu à des productions<br />
d'étincelles, de fumées très spectaculaires<br />
et qui contribuent pour une grande part-, au caractère<br />
féerique des nuits de Lorraine (voir photo).<br />
Selon les nuances d'acier que l'on désire, on<br />
préfère parfois l'acier Martin à l'acier Thomas. La<br />
cornue est alors remplacée par de grands fours à<br />
bassins dans lesquels on charge la fonte liquide, de<br />
la ferraille et divers produits d'addition éventuels<br />
qui sont soumis en général pendant une huitaine<br />
d'heures à l'action de gros brûleurs utilisant soit du<br />
gaz (gaz de gazogène, gaz de cokerie, ou gaz mixte),<br />
soit du Fuel. A chaque coulée, l'acier est déversé<br />
dans de grandes poches qui à leur tour, le répartissent<br />
dans des lingotières. Dès que le refroidissèment<br />
est suffisant, on dégage le lingot de celles-ci<br />
et on le place dans de grands fours (Fours Pitts) qui<br />
égalisent sa température, et le portent à celle nécessaire<br />
au laminage.<br />
Le laminoir transforme successivement les lingots<br />
en blooms puis selon leurs destinations, en brames ou<br />
billettes. Les premiers servent à la fabrication des<br />
tôles, qu'elles soient épaisses, moyennes ou fines, les<br />
secondes à celle des divers profilés destinés à la<br />
construction et à la menuiserie métalliques. Une<br />
photo vous montre une vue de l'atelier du train à fils<br />
des Aciéries de Longwy. Certaines usines n'ont pas<br />
toutes cette diversité de fabrication. Elles se sont<br />
spécialisées comme par exemple les Fonderies de<br />
Pont-à Mousson, dont l'activité essentielle est la<br />
fabrication de tuyaux de fonte; dans des moules<br />
tournés a grande vitesse, on coule la fonte en fusion,<br />
14
au bout de l'opération, on retire du moule un tuyau<br />
parfaitement régulier. Une autre photo vous montre<br />
l'extraction d'un tuyau de grand diamètre.<br />
D'autres se sont spécialisées dans la fabrication<br />
des tôles. C'est par exemple le cas de la Sollac, la<br />
dernière née du bassin, qui, grâce à un effort<br />
incroyable, a vu le jour en trois ans, et l'on peut<br />
maintenant visiter une installation ultra-moderne,<br />
dans laquelle un seul train de laminoir peut atteindre<br />
la production de 250 tonnes à l'heure, alors qu'une<br />
capacité de 50 tonnes était jusqu'à maintenant considérée<br />
comme fort satisfaisante.<br />
A la fin de ce long périple, l'acier sous ses diverses<br />
formes attend son départ dans de grands parcs de<br />
stockage, qu'une photo des Fonderies de Pontà-Mousson<br />
montre sous un jour fort original.<br />
Les multiples utilisations des produits<br />
sidérurgiques ont permis d'appeler notre époque :<br />
l'ère de l'acier. Le rôle considérable de ce matériau<br />
modérne dans l'expansion économique n'est plus, en<br />
effet, à démontrer; on ne peut que répéter après<br />
Pau Valéry :<br />
« Que serions-nous sans l'acier; tout serait bien<br />
différent dans notre existence si l'acier n'eût été créé<br />
comme tout serait différent dans nos sciences, si<br />
l'on n'eût inventé le verre. »<br />
Un des groupes de hauts-fourneaux des Aciéries de Longwy à Mont-Saint-Martin<br />
RIGARD, représentant de la<br />
Meurthe-et-Moselle.<br />
16
PETITE HISTOIRE DU VIN DE CHAMPAGNE PAR<br />
UN REPRESENTANT EN PETROLE<br />
CICÉRONE DE SES CLIENTS ET AMIS DANS LES CAVES<br />
CHAMPENOISES<br />
La vigne fut importée en Champagne par le colonisateur romain au III e siècle de<br />
notre ère et, par la suite, les ordres religieux y favorisèrent son développement. Mais<br />
c'est seulement sous le règne de Louis XIV que Dom Pérignon trouva le secret de la<br />
fabrication du Champagne, telle qu'elle est encore pratiquée de nos jours. Il introduisit également<br />
en Champagne les premiers bouchons de liège. Ce moine bénédictin était maître de chais de<br />
l'Abbaye d'Hautvillers, près d'Épernay, et nul mieux que lui ne connaissait les diverses et<br />
précieuses qualités des différents crus champenois. Cette compétence lui permit de découvrir le<br />
moyen de développer la mousse capricieuse du vin en conservant à ce dernier une blancheur et une<br />
limpidité incomparables alors que le Champagne est produit en grande partie avec du jus de raisin<br />
noir. Jusqu'à cette découverte, les vins champenois étaient d'ailleurs les rivaux des Bourgognes. Si,<br />
depuis sept siècles qu'elle existe, la cathédrale de Reims a attiré les touristes du monde entier et si les<br />
caves de Reims et d'Épernay ne sont maintenant pas moins visitées, le vignoble champenois<br />
pourtant tout proche est pratiquement inconnu.<br />
Couronné par la majestueuse forêt de la Montagne de Reims, ce dernier occupe les pentes<br />
de la falaise de l'Ile-de-France qui borde, à l'ouest, l'immense plaine crayeuse de<br />
Champagne. Et c'est en automne, pendant les vendanges, dans une féerie pourpre et or, qu'il faut<br />
parcourir ces belles campagnes, de la Montagne de Reims, au nord, à la côte Blanche, au sud de la<br />
Marne. Comme son nom l'indique, c'est sur les flancs de cette colline que l'on cultive le seul raisin<br />
blanc récolté en Champagne.<br />
Des milliers de familles cultivent la vigne avec amour. Ce travail demande des soins constants<br />
et très coûteux, car il s'agit de récolter un vin de tout premier ordre à la limite septentrionale de la<br />
culture de la vigne. Nulle part au monde, on ne dépense autant d'argent et autant de peine pour cette<br />
plante exigeante et délicate.<br />
Mais je veux surtout entretenir mes lecteurs du travail du vin, car la « méthode champenoise » est<br />
très particulière.<br />
Au fur et à mesure de la vendange, après que chaque grappe a été soigneusement triée<br />
et épluchée pour ne livrer au pressoir que des raisins rigoureusement sains, un<br />
« pressurage » est fait légèrement et rapidement afin d'éviter que la matière<br />
colorante rouge, contenue dans la peau des raisins de Pinot noir, ne vienne teinter le jus<br />
sucré qui s'écoule et s'appelle le «moût». Décantés, ces moûts sont mis en tonneaux de 200<br />
litres et rangés dans des celliers.<br />
Tout d'abord se produit la « fermentation » spontanée du moût qui transforme le sucre du raisin en<br />
alcool qui reste dans le liquide, et en gaz carbonique qui s'échappe. La fermentation dure un mois et<br />
le moût se trouve alors transformé en vin.<br />
17
Photo page précédente<br />
Le vignoble champenois (Photo René-Jacques)<br />
Aux premiers jours de l'hiver, on soutire le vin limpide<br />
pour le séparer du dépôt provoqué par la réaction<br />
chimique naturelle et l'on procède à des coupages qui<br />
consistent à mélanger les vins de différents crus<br />
champenois, et souvent d'années diverses, pour obtenir<br />
des cuvées dont la composition est déterminée par la<br />
dégustation.<br />
<strong>En</strong> effet, le Champagne doit son équilibre, sa qualité<br />
même à l'harmonieuse composition de la cuvée dont il<br />
provient. I1 est, en fait, une synthèse à laquelle chaque<br />
marque s'attache à donner un type défini et toujours<br />
suivi.<br />
<strong>En</strong> certaines années cependant les vins se distinguent<br />
par une plénitude de dons et une originalité telle que la<br />
date mérite d'en être rappelée : on obtient alors des<br />
champagnes millésimés.<br />
L'ensemble parfaitement homogène d'une cuvée est mis<br />
en bouteilles au printemps. Il s'y produit une seconde<br />
transformation de sucre en alcool et en acide carbonique<br />
qui, dans l'impossibilité de s'échapper, se dissout dans le<br />
vin et le rend mousseux. De cette réaction chimique,<br />
résulte un nouveau dépôt de levures. Après les quatre ou<br />
cinq années nécessaires au plein épanouissement de la<br />
qualité du vin, on devra l'expulser par les opérations de<br />
« remuage » et de « dégorgement ».<br />
19
La première se fait en renversant la bouteille sur un pupitre spécial où un<br />
ouvrier lui imprime chaque jour quelques oscillations courtes et rapides.<br />
Ainsi le dépôt qui s'est formé sur son flanc pendant le séjour en cave<br />
descend progressivement sur le bouchon. Cette opération dure quatre<br />
à cinq semaines.<br />
Le dégorgement est l'opération par laquelle le dépôt est éliminé de la bouteille<br />
et il y a deux façons d'y procéder. La première qui est encore employée par les<br />
petits producteurs consiste à éjecter rapidement le bouchon et les impuretés qui<br />
s'y sont déposées sans redresser la bouteille. La seconde, plus moderne, est utilisée<br />
par les grandes maisons de Champagne et consiste à congeler le vin contenu dans<br />
le goulot de la bouteille remuée dans une saumure à —20° centigrades. Au bout de<br />
quinze minutes, il se forme dans le col un glaçon de vin qui englobe la totalité du<br />
dépôt. I1 suffit alors de redresser la bouteille, d'enlever l'agrafe et de retirer le<br />
bouchon. L'explosion de la bulle de gaz carbonique sous pression chasse le glaçon et<br />
en même temps le dépôt.<br />
Le vin très mousseux ainsi obtenu a la limpidité du cristal, mais il est brut.<br />
Pour fabriquer toute la gamme des dosages (extra-sec, sec, demi-sec) on ajoute<br />
une liqueur sucrée obtenue en fondant à saturation du sucre candi de canne dans<br />
du vieux vin de Champagne non mousseux.<br />
La bouteille séjourne encore quelques mois en cave pour réaliser le mélange<br />
intime de la liqueur et du vin.<br />
Après un dernier examen, elle est remontée au jour pour recevoir dans la salle<br />
d'habillage une coquette parure. <strong>En</strong>fin, elle est placée dans son enveloppe de paille<br />
puis couchée dans la caisse ou le panier qui doit l'emporter vers sa destination<br />
finale : la cave du consommateur.<br />
Lecteurs du « Trait d'Union » qui passerez peut-être un jour par Reims,<br />
après la visite de sa cathédrale, arrêtez-vous à la maison Pommery où<br />
un service spécial pour la visite des caves guide chaque année plus de<br />
100.000 visiteurs.<br />
Ces caves ont été aménagées dans des carrières de craie galloromaines<br />
d'une profondeur moyenne de 30 mètres que l'on a reliées par 18<br />
kilomètres de galeries souterraines. Il y règne la température constante de + 10°<br />
nécessaire à la bonne conservation des vins. Elles contiennent un stock de plus de 8<br />
millions de bouteilles, sans compter les flacons spéciaux dans lesquels cette grande<br />
maison vinifie encore le Champagne, c'est-à-dire :<br />
Le quart soit 1/4 de litre pour un grand verre; la demi-bouteille pour un tête-àtête;<br />
le magnum soit 2 bouteilles ou encore le jéroboam soit 6 bouteilles pour une<br />
table d''apparat; le mathusalem soit 8 bouteilles pour de somptueux festins.<br />
Revenu dans Reims, vous dégusterez en gourmet ce Roi des Vins qui,<br />
non seulement satisfait le goût et l'odorat, mais agit, aussi, favorablement<br />
sur le caractère de l'homme qu'il rend gai, optimiste et sociable.<br />
Un vieux dicton, repris par un « slogan commercial », prétend du<br />
reste que le Champagne fait « briller l'esprit des hommes et les yeux des<br />
femmes ». La marquise de Pompadour ne disait-elle pas qu'il est « le seul vin qui laisse<br />
la femme belle après boire ».<br />
ANDRÉ VAUTRIN, Représentant à Reims.<br />
20
Sur la route de Venise<br />
PAR LES DOLOMITES ET LES LACS FLEURIS<br />
Salve, itala tellus ! PÉTRARQUE<br />
OUR respecter la vérité historique, c'est en passant au Mont Genèvre, il y a un an, que<br />
nous aurions dû lancer ce salut à la terre italienne. Mais comme le seul responsable de<br />
cette hérésie mineure est un louable souci de varier les itinéraires de mes compagnons<br />
de route, je suis sûr d'être facilement pardonné. Passons aux choses sérieuses.<br />
Puisque nous nous connaissons bien, depuis que nous avons suivi ensemble le chemin de Naples<br />
par Florence et Rome (1) P<br />
, les présentations sont superflues. A peine quelques mots d'explications<br />
préalables si vous le voulez bien.<br />
Notre voyage de l'an dernier, essentiellement consacré à l'art et à l'histoire, ne faisait guère<br />
qu'une petite place à la nature, vers Naples. Cette année notre parcours marquera la prédominance<br />
des beautés naturelles avec ses deux premières parties, de caractères d'ailleurs nettement différents<br />
: d'abord une visite aux trois principaux lacs, ensuite l'escalade des Dolomites. La troisième<br />
partie étant réservée aux villes d'art qui vont jalonner notre retour : Padoue, Vicence, Vérone,<br />
Milan... Quant à Venise vous la placerez, suivant votre goût, soit à la fin de notre aller touristique,<br />
soit au début de notre retour artistique, puisque la nature, l'art et l'histoire s'y sont donnés un<br />
fabuleux rendez-vous pour en faire une ville sans pareille.<br />
Et maintenant en route !<br />
Nous prendrons le chemin le plus court, les cols alpins venant d'être ouverts à la circulation. Par<br />
Pontarlier, Vallorbe, Lausanne et les calmes rives du Léman nous irons aborder, au delà de Martigny,<br />
le Simplon dont les tunnels et la rocaille nous feront mieux apprécier la descente, quelques instants<br />
plus tard, sur l'harmonieux panorama du lac Majeur, avant d'aller stopper à Stresa pour notre<br />
première étape. Nous nous y accorderons pour commencer, une soirée de repos bien mérité et<br />
d'agréable flânerie en récompense de notre randonnée fiévreuse à travers les lacets du Jura, puis<br />
des Alpes.<br />
(1) Voir précédent article dans le Trait d'Union n° 18 21
LES<br />
BORROMÉES<br />
II aimait à se figurer que cette<br />
brise odorante et tiède contenait<br />
toute la vertu de l'admirable<br />
paysage.<br />
René BOYLESVE<br />
Le lendemain nous naviguerons la journée<br />
entière sur le lac, ce qui est la meilleure façon<br />
de le découvrir. Après nous être, de notre<br />
balcon, rassasiés de la vue, tellement classique<br />
et pourtant toujours charmeuse, des Borromées<br />
dont le chapelet étalé dans l'extrême pointe du<br />
lac émerge de la brume matinale, nous nous<br />
Une prison ? Non. Mais cette échappée sur<br />
l'Ile des Pêcheurs consolerait plus d'un<br />
prisonnier, et puis le ciel est par-dessus le toit<br />
si bleu ! (Photo <strong>En</strong>it)<br />
embarquerons donc, sans espoir de<br />
retour avant la nuit tombante.<br />
Une première escale nous conduira<br />
à l'Isola Bella dont les terrasses<br />
superposées seront plus accueillantes<br />
avant que le soleil soit trop haut dans<br />
le ciel. Que dire de ces fameux<br />
jardins suspendus qui n'ait, déjà été<br />
dit? A mon sens ce n'est pas leur aspect<br />
floral qui est le plus remarquable (nous<br />
verrons beaucoup mieux ailleurs). Certes, les<br />
essences et les espèces les plus rares y sont<br />
rassemblées, mais je pense que pour goûter<br />
pleinement la flore délicate et découvrir le<br />
véritable « parfum des Iles Borromées » il<br />
faudrait y revenir en automne quand tout y est<br />
baigné de la senteur lourde et pénétrante de<br />
l'olea fragrens, ce petit olivier d'Extrême-Orient<br />
qui n'a pu s'acclimater en Europe qu'à deux<br />
endroits bénis des dieux : les lacs italiens et<br />
Corfou.<br />
Par contre, l'aspect architectural et<br />
panoramique de ces terrasses, peuplées de<br />
statues et bordées de balcons savamment<br />
étages, est unique sur ces eaux calmes où<br />
22
elles s'avancent comme la proue d'un navire face<br />
aux sommets neigeux des Alpes.<br />
De courtes escales nous conduiront ensuite à<br />
Baveno, puis à Pallanza, avant de recommencer<br />
notre navigation vers la minuscule île des Pêcheurs où,<br />
si vous le voulez, nous déjeunerons sur la terrasse de<br />
cette « Trattoria del Verbano » qui a vu défiler tant et<br />
tant d'amoureux de l'Italie, célèbres ou inconnus. Nous<br />
aurons garde de ne pas oublier ses délicieux et réputés<br />
filets de perche.<br />
Nous avons déjeuné face a l'Isola Madré toute<br />
proche, à quelques encablures dirons-nous puisqu'en<br />
ce jour nous avons fait vœu de naviguer. Alors<br />
pourquoi ne pas y aller faire une petite sieste et nous<br />
rafraîchir sous ses frais ombrages, laissant au soleil le<br />
temps d'abaisser un peu sa course? Dans cette fin<br />
d'après-midi nous ferons, avant de nous embarquer<br />
pour regagner Stresa, une très agréable promenade<br />
BELLAGIO ET SON LAC<br />
Quel ramo del lago di Como, che<br />
volge a mezzogiorno tra due catene di<br />
monti, tutto a seni e a golfi...<br />
Alessandro MANZONI<br />
Je crois que Bellagio, à l'extrême avancée qui en<br />
domine les trois bras, est plus caractéristique de<br />
ce lac que Côme enfoncée dans son recoin. C'est<br />
donc à Bellagio que nous ferons étape. Au<br />
passage nous irons jeter un coup d'œil à la<br />
cathédrale de Côme où les frères Rodari ont<br />
préfiguré en réduction leur œuvre maîtresse de<br />
Milan, comme pour nous donner un avant-goût<br />
de la débauche de gothique qui nous y attend.<br />
Puis nous prendrons l'étroite corniche qui nous<br />
conduira à la pointe de Bellagio. Je vous ai<br />
prévenu une fois pour toutes qu'en Italie, à moins<br />
de disposer de beaucoup de temps, il fallait se<br />
limiter avec une sévérité sans faiblesse car il y<br />
aurait trop de choses à voir. Ici, au bord de ce lac<br />
que d'aucuns (et je suis bien près d'être de leur<br />
avis) considèrent comme le plus beau du<br />
chapelet classique, tout au moins le plus<br />
typique, nous devrons nous contenter, en<br />
dehors d'un calme séjour à Bellagio et de la<br />
visite aux souvenirs napoléoniens de la Villa<br />
Melzi, de faire une traversée qui, en quelques<br />
minutes, nous conduira à la Tremezzina, cette<br />
rive occidentale du lac, la plus luxuriante et la<br />
plus belle sans conteste. Faute de temps nous n'en<br />
rapporterons qu'un aperçu, cependant<br />
remarquable, quand nous aurons admiré les<br />
magnifiques perspectives qui s'ouvrent sur le<br />
lac à travers les portiques de Balbianello et<br />
visité la Villa Carlotta.<br />
Ah! Surtout ne manquez pas cette visite de<br />
l'ancienne résidence des Somariva : la villa ellemême<br />
est fort jolie et contient de très beaux<br />
marbres, entre autres l'Amour et Psyché de<br />
Canova. Il est assez amusant de voir enfin<br />
l'original de ce fameux groupe qui, malgré l'obses-<br />
parmi les rochers et les chemins fleuris de l'île, plus<br />
capiteuse et aussi plus agreste que l'Isola Bella, sa sœur<br />
cadette un tantinet fardée. Après cette journée passée sur<br />
les eaux tranquilles du lac Majeur, nous quitterons Stresa<br />
de bon matin pour le lac de Côme, le second de la trilogie<br />
traditionnelle : Majeur, Côme, Garde. Même en allant<br />
vite, puisque nous sommes affreusement limités par le<br />
temps, il nous faudra marquer deux courts arrêts. L'un à<br />
Varèse où nous visiterons le jardin public, un des plus<br />
beaux que je connaisse, avec ses longs tunnels de verdure<br />
sous lesquels les « bambini » s'ébattent dans une<br />
fraîcheur quasi nocturne même en plein midi. Puis nous<br />
nous détournerons de quelques kilomètres pour monter<br />
en vrille jusqu'au sommet du Campo dei Fiori où, ayant<br />
sous nos yeux une demi-douzaine de lacs et comme toile<br />
de fond les glaciers du Mont Rosé, nous pourrons<br />
contempler à loisir les paysages qui consolèrent Stendhal<br />
dans la vaine attente de son Angelina Pietragrua.<br />
Redescendons la vrille et filons sans retard sur Côme.<br />
sion de milliers de reproductions, la plupart du temps en<br />
plâtre, dans tous les bazars du monde, nous apparaîtra<br />
quand même très beau et d'une rare élégance. Mais ce qu'il<br />
ne faut absolument pas rater ici c'est le parc : il ne s'agit<br />
pas de terrasses plus ou moins apprêtées, comme en face<br />
Ce bras du lac de Côme qui s'étire au Midi... (Photo <strong>En</strong>it)
à la Villa Serbelloni ou à l'Isola Bella, ni même<br />
encore à Tivoli, mais bien d'un parc d'une<br />
richesse et d'une luxuriance à ma connaissance<br />
sans égales en Italie. De véritables grottes de<br />
verdure au parfum presque accablant s'ouvrant<br />
sur les eaux étincelantes du lac, des collines<br />
entières d'azalées ou de lauriers, des hortensias<br />
sous chaque buisson et, tout au bout, une<br />
véritable vallée tropicale dont le climat<br />
généreux de la Tremezzina a permis la<br />
reproduction parfaite.<br />
Les amateurs d'histoire contemporaine<br />
pourront profiter de la proximité de Tremezzo<br />
pour grimper sur la colline où, à quelques cinq<br />
cents mètres de la rive, tout près d'une maison<br />
isolée, ils découvriront le petit chemin au creux<br />
duquel Benito Mussolini cessa naguère de<br />
compter parmi les vivants.<br />
La fraîcheur du soir va tomber. Il est bon de<br />
rentrer à Bellagio d'où, dînant au bord de l'eau<br />
maintenant d'un noir profond, nous pourrons, en<br />
suivant le scintillement de leurs lumières au pied<br />
des montagnes toutes proches et d'un noir<br />
encore plus opaque, énumérer les petites villes<br />
du rivage : Lenno, Tremezzo, Cadenabbia et<br />
tout là-bas, presque au loin, Menaggio.<br />
LA GARDESANA OCCIDENTALE<br />
Suso in Italia bella glace un laco,<br />
Appié de l'alpe che serra Lamagna<br />
Sovra Tiralli, ch'ha nome Benaco.<br />
DANTE.<br />
C'est à dessein que j'emploie ce titre pour<br />
vous parler du plus grand lac de la péninsule, le<br />
Benacus des Romains, car ici le spectacle n'est<br />
pas sur l'eau. Mais n'anticipons pas.<br />
Nous ne manquerons pas d'abord de faire<br />
une petite halte à Bergame car, j'allais oublier<br />
de vous le dire, nous avons de bon matin<br />
abandonné Bellagio au creux de son lac<br />
douillet. Nous voici donc à Bergame munis de<br />
D'un tunnel à l'autre sur la Gardesana (Photo de l'auteur)<br />
quelques minutes que nous utiliserons sans<br />
hésitation pour monter dans la ville haute à<br />
l'ancien Mercato delle Scarpe. Là battait le<br />
cœur de la vieille cité, sur cette « piazza<br />
vecchia » où toutes ses activités étaient<br />
rassemblées, mais nous n'y trouverons<br />
maintenant que cette sensation recueillie et<br />
délicatement morose que dégagent les vieilles<br />
pierres abandonnées ! <strong>En</strong> redescendant par les<br />
remparts circulaires nous aurons de magnifiques<br />
échappées sur les lointains montagneux.<br />
De Bergame nous mettrons le cap sur<br />
Gardone, par le chemin des écoliers, car il ne<br />
faut pas manquer de longer auparavant le petit<br />
24
(relativement) mais splendide lac d'Iseo et d'amorcer<br />
notre descente sur le lac de Garde par le col de Croce<br />
Domini où nous attend un panoroma absolument<br />
remarquable.<br />
Tout juste après Gardone nous ferons un très léger<br />
crochet d'à peine un ou deux kilomètres pour aller visiter<br />
la dernière, et à juste titre célèbre, résidence de Gabriele<br />
d'Annunzio.<br />
Je ne connaissais pas le « Vittoriale » mais le peu qu'on<br />
m'en avait dit me faisait escompter quelque chose de<br />
curieux, cadrant bien avec le comportement quasi<br />
légendaire et presque en marge de la vie du siècle du<br />
poète-condottiere. L'habitation et les jardins sont d'une<br />
élégance et d'un goût raffinés, et provisoirement discrète<br />
est la tombe où repose d'Annunzio, mais au haut d'un<br />
tertre commence à prendre forme un mausolée qui, à en<br />
juger par les prémices, sera quelque chose d'impérial.<br />
Cependant le « clou » de cette visite éclair est, sans<br />
conteste, ce fameux bateau de guerre, remonté pièce par<br />
pièce dans le parc en pente, la proue jaillissant des<br />
terrasses, dont la noble et majestueuse descente est<br />
bordée de cyprès qui semblent tracer au navire sa voie<br />
vers les eaux du lac à plusieurs centaines de mètres en<br />
contre-bas. Le moins qu'on puisse dire c'est que cela sort<br />
nettement de la banalité.<br />
Mais revenons au lac. J'ai dit plus haut qu'ici le<br />
spectacle n'est pas sur l'eau. Je veux que vous emportiez<br />
avec vous le plus beau souvenir possible de ce lac,<br />
majestueux par ses dimensions, son décor de rocailles<br />
escarpées, et qui n'offre aucune ressemblance avec les<br />
précédents, tous deux d'une beauté presque trop<br />
précieuse, Côme surtout.<br />
Nous allons donc suivre jusqu'à l'extrême fond du<br />
lac sa rive ouest : la « Gardesana » précisément.<br />
L'éclairage sera favorable en tous points puisque le<br />
soleil d'après-midi éclaboussera pendant tout ce trajet<br />
l'eau et la rive opposée (petite prévision d'horaire dont<br />
nous allons recueillir la récompense). Tout au long de ces<br />
cinquante kilomètres la route taillée en corniche dans le<br />
flanc de la montagne va dérouler pour la joie de nos<br />
yeux, comme dans un film à éclipses, quelques soixantedix<br />
tunnels entrecoupés d'autant de ravins profonds ou de<br />
balcons penchant leurs lauriers blancs et rosés sur l'eau<br />
intensément bleuie par la blancheur aveuglante des<br />
montagnes d'en face. C'est un des plus beaux morceaux<br />
de route que je connaisse et nous parviendrons<br />
véritablement saoulés de couleurs et de lumière à Riva,<br />
terme de notre étape, tout près du petit port de Torbole<br />
où Gœthe fit la connaissance de l'Italie.<br />
VERS LES DOLOMITES<br />
Grandes cathédrales de la terre, avec leurs portails de<br />
rocs, leurs chœurs de torrents, leurs autels de neige<br />
et leurs voûtes de pourpre traversées d'étoiles<br />
éternelles.<br />
RUSK1N.<br />
Il fait très chaud à cette pointe extrême du lac de<br />
Garde, très resserrée, adossée à une véritable muraille<br />
de montagnes rôties de plein soleil. Aussi, sans effort<br />
bien méritoire, nous serons levés à l'aube pour donner<br />
l'assaut aux Dolomites, ou tout au moins à leurs<br />
Les cîmes du Lavaredo sont-eltes assez verticales à votre goût? (Photo Rifaux)<br />
approches dans cette première journée de court<br />
kilométrage.<br />
Au passage, Trente, son château du Bon Conseil,<br />
nous retiendront quelques instants pour un rapide<br />
coup d'œil, et nous repartirons bientôt car il nous<br />
tarde de finir cette journée par une après-midi<br />
rafraîchissante dans les sapins de la Mendola. <strong>En</strong><br />
montant, certains détours de la route nous feront<br />
découvrir les Alpes et leurs glaciers miroitants auxquels<br />
nous tournons délibérément le dos, partis<br />
que nous sommes à la découverte des beautés si<br />
différentes du chaos dolomitique.<br />
Des lacets, encore des lacets, et nous voici dans les<br />
sapinières du col de la Mendola. L'endroit est parfait<br />
pour une pause après la fournaise d'en bas : fraîcheur<br />
et calme nous y accueillent. Après déjeuner je vous<br />
propose ; sieste ou excursion? Excursion bien sûr!<br />
Alors montons à longs pas de montagnard, mais sans<br />
nous presser outre mesure, au sommet du Penegal, par<br />
de jolis sentiers en balcons qui serpentent bien à<br />
l'ombre. Arrêtons-nous au hasard d'un détour, le<br />
souffle un peu coupé par la « grimpette »... et aussi<br />
par le spectacle : à mille mètres sous nos pieds les<br />
toits de Bolzano et un peu à droite le miroir du lac de<br />
Caldaro. Au fond, juste en face de nous, le panorama<br />
entier des Dolomites étendant leur chaîne des confins<br />
alpestres au Latemar. Bien assis dans l'herbe il nous<br />
suffira de déplier alors notre carte pour suivre à l'œil nu<br />
notre parcours de demain sur la chaîne fameuse,<br />
curieusement baptisée jadis par un de nos<br />
compatriotes en souvenir de son petit village du<br />
Dauphiné...<br />
De bon matin (comme toujours !) descente étourdissante<br />
sur Bolzano avant la remontée sur la corniche<br />
d'en face. Mais à partir d'ici et jusqu'au Pordoï, nous<br />
serons au carrefour des langages et il nous faudra au<br />
hasard du chemin utiliser, pour nous faire comprendre,<br />
un allemand même approximatif, car c'est quasiment<br />
la seule langue courante des habitants, agents de<br />
police et quelques fonctionnaires exceptés.<br />
25
Cette ancienne enclave autrichienne reproduit<br />
ici, et plus nettement que je l'aurais cru, les<br />
contrastes linguistiques de notre Alsace,<br />
Si pressés que nous soyons, il est absolument<br />
impossible de ne pas marquer d'un court arrêt<br />
notre passage au lac de Carezza, heureusement<br />
posé tout juste en contre-bas de notre route. Il<br />
n'est pas grand, il est même très petit, mais qu'il<br />
est beau, enserré dans son étroite vallée de sapins<br />
surmontée tout là-haut par les immenses rochers<br />
rosés du Latémar. Il faut le voir en plein milieu<br />
du jour quand le soleil le surplombe de plein<br />
fouet, ainsi que vous-mêmes du bord de la route.<br />
La flore qui en tapisse le fond et le reflet de celle<br />
qui l'entoure donnent à l'eau une irisation<br />
violemment colorée où tous les tons de vert, du<br />
plus limpide au plus sombre, du jade à l'émeraude<br />
sont même encadrés çà et là par de délicates<br />
touches de topaze et d'indigo : un vrai bijou à<br />
cette heure de soleil éclatent.<br />
Une légende locale ne prétend-elle pas qu'un<br />
amoureux éconduit, ayant dans sa colère brisé un<br />
arc-en-ciel, en jeta les tronçons dans cette<br />
eau? Se non e vero...<br />
NOUS Y SOMMES<br />
Sunt virtutis rupes iter<br />
(Inscription sur un monument à ceux<br />
qui trouvèrent la mort dans les Dolomites.)<br />
Cette fois-ci c'est fait. Nous l'avons<br />
empoignée cette route des Dolomites et nous ne<br />
Le lac de Carezza, en noir.<br />
malheureusement, car la transparence<br />
de ses eaux reflète la<br />
splendeur des pics qui ont donné<br />
leur nom à une variété géologique<br />
de roche: les "dolomies".<br />
(Photo Rifaux)<br />
sommes pas près de la lâcher. Mais au fait qui sera le<br />
tenant et qui sera le tenu au long de ces 200<br />
kilomètres d'escalades interminables et de<br />
descentes à tombeau ouvert?<br />
Les innombrables lacets par lesquels se précise<br />
notre premier assaut, il est vrai assez sérieux puisque<br />
le Col du Pordoï où nous devons déjeuner nous<br />
attend à 2.300 mètres, nous font hésiter sur la réponse<br />
à donner, et lorsque nos onze chevaux émergent<br />
enfin sur le « passo » je n'irai pas jusqu'à affirmer<br />
qu'ils sont dans un état de parfaite fraîcheur, malgré<br />
les champs de neige qui nous entourent.<br />
Quel spectacle ! Le massif de la Sella nous domine<br />
à la verticale (d'ailleurs, qui dit : Dolomites, pense :<br />
verticales) mais le quatuor caractéristique des Dolomites<br />
ce sont, de l'avis des connaisseurs : les Tours<br />
de Vajolet, la Furchetta et surtout les massifs de la<br />
Civetta et de sa commère la Marmolada.<br />
La Marmolada dans sa masse imposante est tout<br />
près à notre droite. A l'opposé voici les Tours de<br />
Vajolet, curieuses par leurs formes, leur groupement,<br />
et nous avons eu tout loisir pendant notre<br />
montée de contempler leurs doigts immenses pointés<br />
vers le ciel. La Furchetta, également à gauche un<br />
peu plus loin, se trouve masquée, mais je vous<br />
promets pour très bientôt la surprise d'un point de<br />
vue sensationnel sur la Civetta.<br />
Nous nous sommes restaurés pendant que notre<br />
moteur se rafraîchissait béatement. S'il a failli<br />
bouillir ce matin, il risque maintenant un refroidissement<br />
total dans la descente des épingles à cheveux<br />
qui vont se succéder pendant des dizaines de kilomètres,<br />
à vous faire tourner la tête comme une valse<br />
trop rapide. Stop. Nous voici à Pieve di Livinallungo<br />
26
et c'est la surprise annoncée. Rangeons<br />
notre voiture sur la petite place, puis à<br />
pied contournons l'église et préparons nos<br />
pellicules : engageons-nous sur la petite<br />
terrasse et voici dans le meilleur éclairage<br />
possible la masse des rochers mordorés de<br />
la Civetta.<br />
Vus d'ici, ils se contentent du haut de<br />
leurs quelque 3.200 mètres d'être<br />
imposants, mais plutôt beaux<br />
qu'inquiétants. Et pourtant... leur muraille<br />
sommitale représente un à-pic strictement<br />
vertical de 1.200 mètres sur une longueur<br />
de 6 km (800 m sur 4 km pour la<br />
Marmolada). Les Dolomites sont, à juste<br />
titre le paradis des grimpeurs ! Mais aux<br />
colosses que je viens de nommer seule peut<br />
oser s'affronter une petite poignée de<br />
champions capables d'escalades du sixième<br />
degré (les alpinistes comprendront... et les<br />
autres m'excuseront pour cette digression<br />
que mes origines doublement<br />
montagnardes ont peut-être un peu<br />
allongée). Quand, par chance, vous<br />
apercevrez d'en bas une ou deux de ces<br />
petites fourmis grimpant de corniche en<br />
piton le long d'une paroi haute comme trois<br />
ou quatre Tour Eiffel superposées et, qui<br />
plus est, avec la perspective d'y passer<br />
probablement une nuit suspendues à leurs<br />
cordes dans le vide, ces escalades<br />
nécessitant souvent trente-six heures,<br />
vous serez forcés d'éprouver un petit<br />
frisson, si intrépide ou indifférent que vous<br />
soyez. Et vous aurez du respect pour ces<br />
fanatiques qui ont mis en pratique la<br />
Mais non ce n'est pas une photo truquée. Seulement le Sorapis<br />
et son double dans le miroir de Misurina. (Cliché Ghedina)<br />
fameuse devise de l'Anglais Hudson,<br />
devenue celle des vrais alpinistes : "Where<br />
there's a will, there's a way."<br />
Mais il faut reprendre notre route et de<br />
nouveau un troisième col nous offre son<br />
écheveau de lacets : le passo Falzarego, un<br />
peu moins haut que le Pordoï mais très raide<br />
aussi. Et c'est la descente sur Cortina, ses<br />
chalets et le tohu-bohu de ses rues<br />
bruyantes que nous traverserons<br />
précipitamment en allant, au prix d'un<br />
quatrième col : « le Tre Croce », dénicher<br />
un havre splendide à deux pas de la<br />
frontière autrichienne.<br />
Impossible de trouver mieux, après cette<br />
étape d'escalades, de chaleur et de<br />
poussière, que la fraîcheur et le calme du<br />
soir qui tombe sur Misurina et son petit<br />
lac-bijou dans lequel se reflètent, comme en<br />
un miroir précieux, le Sorapis d'un côté et à<br />
l'opposé les trois cimes du Lavaredo.<br />
L'an dernier nous avions coupé notre<br />
randonnée par une sieste confortable sur les<br />
terrasses de Castel-gandolfo. Cette fois-ci<br />
j'ai choisi à votre intention ce coin délicieux<br />
pour quelques reposantes promenades au<br />
bord de l'eau entrecoupées de grimpettes<br />
aux alentours, avant de poursuivre notre<br />
route vers la mer. Vous êtes vraiment<br />
gâtés, croyez-moi. A bientôt.<br />
A. TRICOIRE<br />
Juin 1952
ADEN : Une des cours de l'unité<br />
de distillation qui produira des<br />
essences auto et des essences<br />
aviation.<br />
<strong>En</strong> haut à droite : A VAL D'ISÈRE,<br />
Sir John Hunt, Chef de l'expédition<br />
britannique qui a vaincu l'Everest, a<br />
séjourné en janvier dernier. On peut le voir<br />
ici (X) auprès des pompes de la Station<br />
Chaîne BP, la plus haute Station Service<br />
ADEN ; La mise en place<br />
l'élément central d ' u n e tour<br />
distillation qui aura une<br />
capacité de 2.500.000 tonnes<br />
Dans le monde<br />
Les quelques photographies que nous donnons sur ces<br />
deux pages témoignent de l'activité constante du groupe<br />
BP. C'est principalement à Aden et à Kwinana (en<br />
Australie) que se déroulent les travaux les plus<br />
spectaculaires. Sur le seul chantier d'Aden : travaillent<br />
2.500 techniciens britanniques, américains, européens et<br />
10.000 ouvriers arabes et hindous. Lorsque Aden et<br />
Kwinana seront achevés, le groupe BP disposera d'une<br />
capacité supplémentaire de raffinage de 8 millions de<br />
tonnes.
ADEN : Des millions de<br />
mètres cubes de sable<br />
sont ainsi amenés du<br />
rivage pour remblayer<br />
les terrains sur lesquels<br />
seront édifiés les stockages<br />
de lubrifiants.<br />
PARIS : La Sabena a organisé un voyage de<br />
démonstration Bruxelles-Paris : en 1 h. 55 le<br />
Sikorsky S-55 a relié le centre des deux capitales.<br />
C'est BP qui ravitaillait l'hélicoptère.<br />
29
OÙ EN SOMMES-NOUS<br />
DES AMÉNAGEMENTS DU SIÈGE SOCIAL?<br />
LA VIE A<br />
LA S.G.H.P.<br />
Ceux qui, de Province, viennent de temps à autre au Siège Social n'ont pas manqué de<br />
remarquer, ces trois dernières années, les multiples travaux qui y ont été entrepris. Quoi<br />
qu'en pensent de dignes descendants des « grognards », il ne s'agissait pas seulement de<br />
remettre en place les cloisons qu'on avait abattues deux mois plus tôt!<br />
Ces quelques photographies qui suivent suffiront pour aider nos lecteurs à faire le point<br />
sur ces fameux travaux dont on a tant parlé.<br />
N'oublions pas qu'il y a à peine plus de quatre ans, le 17 de la rue de la Bienfaisance<br />
était encore habité par des particuliers !<br />
Décoration des halls des 1 er et 2 e étages offrant un cadre agréable et digne de nos visiteurs.<br />
Hall du 1 er étage Hall du 2° étage<br />
Installation complète, avec nouveau mobilier, des Services Titres et Courrier au rez-de-chaussée.<br />
Une vue du service courrier Une vue du service Titres<br />
Installation d'une salle pour la Reproduction rapide de tout document (plans, stencils, photo, etc.).<br />
Type des nouvelles salles de dactylos, aménagées avec le nouveau mobilier.<br />
Une vue des machines de reproduction Une vue d'une salle des dactylos<br />
30
À LA S.G.H.P.<br />
ADDENDUM La succursale Paris-Centre nous signale que deux alinéas auraient dû figurer à la<br />
page 4 de notre dernier numéro sur les secteurs qui appartenaient anciennement à Paris-Ouest. C'est<br />
bien volontiers que nous les insérons :<br />
« <strong>En</strong> 1948, le Service D/CL fut reconstitué sous l'égide de Hérouard. »<br />
« <strong>En</strong> 1951, Marsaleix vint, comme Ingénieur Lubrifiants, compléter l'effectif. »<br />
Le « Trait d'Union » a déjà publié les photographies de ces deux ingénieurs, bien connus dans l'immeuble<br />
du Siège.<br />
DISTINCTIONS<br />
Nous avons appris avec plaisir,<br />
L'attribution de la médaille de l'Aéronautique à M. André Robyn, dans la promotion de janvier 1954. Il est<br />
inutile de présenter M. Robyn aux lecteurs du « Trait d'Union » qui ont certainement lu avec intérêt les deux<br />
articles que nous avons publiés dans les numéros 10 et 21. Il y relatait, sous le titre évocateur de « Pannes et<br />
Coups durs », différents incidents et accidents qui lui étaient survenus au cours de sa longue carrière de pilote. Le<br />
sympathique membre du Service Aviation totalise presque 9.000 heures de vol que doivent lui envier bien des<br />
pilotes confirmés de nos grandes compagnies de navigation aériennes. Avant d'entrer à la S.G.H.P. en 1930, il fut<br />
en effet pilote de bombardier (en 14-18) puis pilote de <strong>ligne</strong> dans différentes compagnies d'aviation (dont la<br />
C.I.D.N.A. devenue Air France par la suite).<br />
Avant guerre, M. Robyn était certainement un des pilotes de l'aviation privée qui voyageait le plus. A travers<br />
la France, sur tous les terrains, il est toujours connu grâce au Max Holste des années 49 et 50, et au Proctor<br />
qu'il pilote encore.<br />
Tous les lecteurs du « Trait d'Union » s'associeront avec nous pour dire à M, Robyn combien cette distinction leur<br />
paraît justifiée.<br />
M. Botté, Ingénieur en Chef de Fabrication à Lavera, dont nous avons, du reste, publié la photographie dans<br />
notre numéro précédent, vient d'être promu Officier d'Académie pour le service qu'il a rendu aux oeuvres<br />
scolaires et post-scolaires. Chacun connaît à la Société, et encore plus à Lavera, tout le dévouement de M. Botté<br />
qui est l'animateur du groupe théâtral de la raffinerie.<br />
•<br />
M. Vautrin, sympathique représentant du département de l'Aisne, vient de recevoir les palmes académiques. Cette<br />
distinction lui a été décernée en reconnaissance des services qu'il a rendus aux milieux de l'<strong>En</strong>seignement et du<br />
Sport. On sait que M. Vautrin est le Vice-Président du Club Sportif de Château-Thierry.<br />
LE F R O I D<br />
Après un début d'hiver doux et calme,<br />
vraiment inhabituel à Dunkerque, le froid a<br />
sévi pendant une quinzaine, rendu plus pénible<br />
encore par un vent violent.<br />
Les amateurs d'expéditions polaires, au<br />
cours d'une petite promenade sur la banquise<br />
bloquant le port de Dunkerque, pouvaient<br />
rêver à la Terre Adélie (voir photo à la page<br />
33).<br />
Côté spectaculaire mis à part, la Raffinerie vécut<br />
pendant quinze jours une vie nouvelle. La lutte<br />
contre le froid devint l'objectif numéro un de<br />
toutes les Unités : protection des conduites,<br />
surveillance redoublée des appareils de<br />
contrôle maintenus au-dessus de zéro par des<br />
lances de vapeur. Toute cette vapeur lâchée<br />
dans l'atmosphère formait des nuages opaques<br />
d'où émergeaient les tours. Par condensation,<br />
de magnifiques stalactites se formaient aux<br />
conduites, aux échelles, aux rampes : fines<br />
chandelles, guirlandes, magmas compacts. Les<br />
rayons du soleil y allumaient mille feux. Gare à<br />
celui qui recevait un glaçon sur la tête. Le<br />
port du casque était obligatoire.<br />
Les hommes luttaient. Le distributeur de<br />
boissons chaudes passait plusieurs fois par<br />
jour dans les Unités. Sa trompette et lui<br />
obtinrent plus de succès que le marchand de<br />
glaces sur la plage de Malo le 14 juillet.<br />
LA VIE A DUNKERQUE<br />
31
;Salle d'agrandissements du Photo-Ciné club<br />
Cellule de haute tension<br />
Bureau du Secteur Nevers<br />
Laboratoire destiné au ciné-photo-club<br />
permettant au personnel de développer,<br />
agrandir et projeter des photos ou films<br />
d'amateur.<br />
Salle de développement du Photo-Ciné club<br />
Remplacement de l'ancienne cabine électrique<br />
devenue insuffisante par une autre de 250 kilowatts<br />
avec cellules indépendantes pour la haute<br />
et la basse tension.<br />
Cellule de basse tension<br />
Aménagement type d'un Secteur de la Succursale<br />
PARIS-EST avec nouveaux classeurs rotatifs destinés<br />
à remplacer les KARDEX.<br />
Bureau du Chef de Secteur Nevers et de son adjoint<br />
Installation des salles de mécanographie<br />
pour l'établissement des statistiques.<br />
Salle de perforation Salle des tabulatrice, reproductrice, interclasseuse, trieuse<br />
32
U N E DOUCHE PAR -15<br />
DEGRÉS<br />
C'est à quoi se résolut M. Melsen Marius,<br />
Chef de poste d'entretien, dans la nuit du 3<br />
février alors que cette douce température régnait<br />
dans les installations du Furfurol.<br />
Une avarie étant survenue au collecteur<br />
alimentant les pompes de cette unité en eau de<br />
refroidissement, la pompe d'alimentation de<br />
Furfurol commençait à chauffer; s'il n'y était pas<br />
remédié immédiatement, c'était l'arrêt de l'unité.<br />
Il fallait donc isoler la partie défectueuse, établir<br />
une conduite provisoire sans arrêter. <strong>En</strong> temps<br />
ordinaire, visser un bouchon sur une conduite<br />
d'eau même d'un pouce qui gicle à 3 kg. de<br />
pression, n'est jamais très agréable, mais par<br />
—15° brrr...<br />
Prenant son courage à deux mains, Melsen y<br />
alla franchement. Il en ressortit ruisselant. Ses<br />
camarades d'équipe ne le laissèrent pas<br />
transformer en glaçon. <strong>En</strong>roulé dans une<br />
couverture, ils l'accompagnèrent au vestiaire. Ses<br />
vêtements sur le radiateur, il n'eut plus qu'à<br />
attendre. Bravo Melsen, (Les camarades d'équipe<br />
de M. Melsen étaient M. Moreau, M. Helvoet, M.<br />
Bartholomeus.)<br />
LE NOUVEAU CAMION INCENDIE<br />
Voici des photographies du nouveau fourgon-pompe<br />
dont nous parlions à la page 25 de notre dernier<br />
numéro. C'est un Berliet qui, grâce à ses 1.500 titres<br />
d'eau peut débiter de la mousse pendant 6 minutes (le<br />
temps de brancher sur une bouche incendie). Après<br />
quoi il peut produire 300 m :! de mousse sans autre<br />
apport de liquide pilote.<br />
Ci-dessus : Le port bloqué par les<br />
glaces ; en bas : le distributeur de<br />
boissons chaudes.<br />
33
LE "TRAINING" A LAVERA<br />
(Suite de l'article paru aux pages 26 et 28 de nofre dernier numéro)<br />
LES RELATIONS DE<br />
TRAVAIL (art de commander)<br />
Ce deuxième programme du T.W.I. vise à donner<br />
aux chefs la connaissance des règles qui, utilisées<br />
quotidiennement, permettent d'éviter que surgissent<br />
des problèmes dans les relations de travail.<br />
Qu'appelle-t-on problème dans ce cas? Les situations<br />
constituées par un ensemble de faits qui affectent<br />
personnellement le travailleur, c'est-à-dire le<br />
subordonné du chef et qu'il faut modifier afin d'obtenir<br />
une meilleure atmosphère de travail.<br />
Mais pour résoudre ces problèmes, il faut posséder<br />
les qualités de commandement qui permettront<br />
d'obtenir l'assentiment des travailleurs pour qu'ils<br />
réalisent, dans le temps voulu et de la manière dont<br />
il doit être fait, un certain travail.<br />
Les résultats satisfaisants ne sont obtenus que si le<br />
chef a su créer et maintenir une atmosphère de<br />
loyauté et de coopération amenant la confiance<br />
réciproque.<br />
Les bases de bonnes relations dans le travail<br />
sont fondées sur les constatations suivantes :<br />
« Un chef n'obtient de résultats qu'avec la coopé-<br />
« ration de son personnel.<br />
« II existe toujours des relations entre un chef et<br />
« ses travailleurs.<br />
« Si ces relations sont bonnes, les résultats peuvent<br />
« être bons, mais si ces relations sont mauvaises, les<br />
« résultats ne sont jamais satisfaisants ».<br />
Sur la connaissance et l'application de quatre<br />
règles simples qui agissent préventivement et qui<br />
permettent d'éviter les problèmes :<br />
— Faire le point périodiquement.<br />
— Féliciter ou blâmer les travailleurs lors<br />
qu'ils le méritent.<br />
— Les avertir à l'avance des changements<br />
qui les concernent.<br />
— Utiliser au mieux les aptitudes de chacun.<br />
<strong>En</strong>fin, troisième volet essentiel de ce triptyque,<br />
sur un élément psychologique indispensable :<br />
« traiter chaque travailleur en tant qu'homme<br />
« c'est-à-dire en tant qu'individu dont les caractères<br />
« physiques et psychiques diffèrent plus ou moins<br />
« des autres individus. »<br />
Si certains êtres humains peuvent présenter quelques<br />
ressemblances, s'ils ont quelques traits communs,<br />
il y a entre eux suffisamment de différences<br />
pour qu'il soit impossible de les traiter suivant une<br />
méthode standard. Il nous faut donc faire un sérieux<br />
effort sur nous-même pour combattre nos manies de<br />
cataloguer les gens, de les assimiler à d'autres personnes,<br />
de les ramener à des formules.<br />
On identifie quatre sortes de problèmes : les problèmes<br />
pressentis, prévus, posés et imprévus. Les<br />
deux premiers peuvent se traiter préventivement<br />
car ils laissent le temps de se livrer à un travail préparatoire,<br />
le troisième offre au chef deux possibilités :<br />
— ou bien le problème est simple et il peut<br />
répondre et agir immédiatement,<br />
— ou bien le problème est complexe et il<br />
peut remettre sa réponse à plus tard en<br />
ayant soin de préciser le délai et le tenir.<br />
Mais le problème imprévu qui, dans certains cas,<br />
aurait pu être pressenti, donc traité préventivement,<br />
est le plus difficile car il exige que le chef reste<br />
maître de lui-même, décide rapidement, sans cependant<br />
sauter à des conclusions hâtives.<br />
Aussi la méthode prévoit-elle pour traiter tous les<br />
problèmes et ces derniers en particulier, le processus<br />
suivant :<br />
Se fixer les buts à atteindre, tout d'abord, les buts<br />
initialement fixés pouvant être modifiés en cours<br />
d'étude.<br />
Rassembler les faits afin d'être sûr de posséder<br />
toute l'histoire. Il est essentiel de recueillir les points<br />
de vue et sentiment de l'intéressé au cours d'un<br />
entretien, car ce qu'il pense, vrai ou faux, est un fait<br />
pour lui.<br />
Peser et décider. Les décisions ne peuvent être<br />
bonnes que si elles s'appuient sur des bases solides.<br />
Il faut donc peser tous les faits pour en tirer les éléments<br />
de base de la décision et ne pas sauter aux<br />
conclusions. Un cheminement de pensée est alors<br />
imposé ; il part des faits groupés suivant un rapport<br />
commun, passe aux idées suggérées par ces faits<br />
groupés, et nous conduit aux actions possibles par<br />
la confrontation des idées suggérées.<br />
Plusieurs actions sont généralement envisagées.<br />
Il suffit de les examiner séparément pour voir celle<br />
qui permet d'atteindre les buts et quel sera son effet<br />
sur l'individu, les collègues, la production.<br />
Passer à l'action, car un chef ne doit pas se dérober<br />
à ses responsabilités. Si l'action prévue en dépasse<br />
(suite page 36)<br />
34
L<br />
DEUIL A LAVERA<br />
'accident survenu au cours de la période des grands froids dans l'usine de Naphtachimie a plongé<br />
Martigues et la cité dans la tristesse.<br />
On sait que l'usine de produits chimiques de Naphtachimie utilise des produits de base en provenance<br />
directe de la raffinerie de Lavera. Un pipe-line relie en effet ces deux usines.<br />
C'est le 2 février, vers 16 heures, que la catastrophe est survenue. On ne dira jamais assez la solidarité qui<br />
s'affirma aussitôt entre ceux de Naphtachimie et le personnel de notre raffinerie. Grâce aux efforts de tous,<br />
l'incendie put être stoppé en une heure environ.<br />
Nous tairons les noms des ingénieurs, des agents de maîtrise au courage à toute épreuve, des employés<br />
animés d'une rare audace en face des périls multiples, des sapeurs-pompiers et de tous ceux qui, sans aucune<br />
autre pensée que celle de secourir les blessés, de limiter les dégâts, luttaient contre le feu dans le froid<br />
intense de cette soirée du 2 février. Nous n'omettrons pas de mentionner avec gratitude l'aide spontanée reçue<br />
des différents organismes <strong>régionaux</strong>.<br />
Il fallut malheureusement déplorer la mort de quatre agents de l'usine : MM. Gabriel Rouquerol, chef de<br />
poste, Louis Fromentin, chef de poste, Cerafino Serrano, pompiste et père de deux enfants, Pierre Girardo,<br />
pompiste, père d'un enfant.<br />
D'autre part, quatre autres agents ont été gravement blessés. Ce sont : MM. Marcel Boursier, contremaître,<br />
Gilbert Mercier, ouvrier; Armand Colin, ouvrier et Armand Sauzé, ingénieur de l'Installation. Ils ont été<br />
hospitalisés à la clinique d'Aix-en-Provence et, heureusement, aux dernières nouvelles, leur état était<br />
satisfaisant. <strong>En</strong> particulier, nous avons eu le plaisir d'apprendre que M. Armand Sauzé qui avait été détaché de<br />
Lavera et affecté à Naphtachimie, se trouve maintenant hors de danger.<br />
Le vendredi 5 février à 10 heures, eurent lieu les obsèques devant une assistance nombreuse et émue.<br />
La S.G.H.P. tout entière tient à transmettre aux familles des victimes les condoléances très sincères de<br />
tout le personnel. Aux blessés, elle souhaite un prompt rétablissement.<br />
COURCHELETTES<br />
NOS RETRAITES<br />
La fermeture des ateliers de Courchelettes a amené la Direction à faire bénéficier le personnel de plus de<br />
60 ans des dispositions relatives aux retraites anticipées prévues à la Caisse de Prévoyance.<br />
C'est ainsi que 23 ouvriers et collaborateurs ont cessé leurs fonctions le 31 décembre 1953.<br />
Nous aimerions, suivant en cela une aimable tradition, mettre l'accent sur telle ou telle particularité de<br />
chacun, pour leur prouver qu'ils n'ont été indifférents à personne, mais la place qui nous est réservée dans le<br />
« Trait d'Union » n'est pas assez grande pour cela. Aussi nous contenterons-nous de les nommer en indiquant leur<br />
nombre d'années de bons services, ce sera le meilleur hommage.<br />
BAILLIEZ Ferdinand, 27 ans<br />
BRIFFART Eugène, 28 —<br />
BUIRETTE Pierre, 27 —<br />
COSTE Louis, 23 —<br />
DEFRANCQ Robert, 31 —<br />
DELECOURT Julienne, 27 —<br />
DETREZ Louis 48 —<br />
DEVIGNE Joseph 32 —<br />
DINCQ René, 32 —<br />
DORME François, 19 —<br />
DORME Pierre, 23 —<br />
DUCATILLON Alfred, 29 —<br />
ETARD Georges, 30 —<br />
GRUSON Gilbert, 24 —<br />
GUILBERT Jules 33 —<br />
HEROGUELLE Charles, 30 —<br />
KŒNIG Ernest 24 —<br />
LERMOYER François, 24 —<br />
LONNOY Georges, 16 —<br />
OGER Henri, 30 —<br />
SERGEANT Louis, 25 —<br />
TANTART François, 26 —<br />
TOURDOT Joseph, 31 —<br />
Total 639 ans... un beau record<br />
DEPARTS<br />
Cinq nouveaux Courchelettois sont arrivés,<br />
au début de février à Dunkerque : MM. Diélot,<br />
Cambray, Jouniau, Boulet et Danger où ils<br />
ont reçu un amical accueil de tout le personnel<br />
de la raffinerie. D'ici le 15 mars, une dizaine<br />
d'autres doivent rejoindre notre nouvelle<br />
raffinerie du Nord, ce qui portera à 29 le<br />
nombre de Courchelettois mutés à Dunkerque<br />
depuis la fermeture des ateliers. Une quinzaine<br />
d'autres est déjà à Lavera où ils ont certainement<br />
trouvé un ciel bien différent de celui du<br />
Nord mais un accueil tout aussi sympathique<br />
de leurs collègues de la S.G.H.P.<br />
35
TRAINING A LAVERA (suite de la page 34)<br />
les limites fixées, son action sera d'en référer à son<br />
propre chef puisqu'il ne peut agir lui-même, mais<br />
il se doit de le faire en présentant le problème parfaitement<br />
étudié.<br />
<strong>En</strong>fin, vérifier les résultats, pour contrôler si l'action<br />
prise a atteint ses buts. Il faut suivre attentivement<br />
les changements dans le rendement, l'attitude, les<br />
relations, vérifier aussi souvent que nécessaire afin<br />
de s'assurer qu'il ne s'est pas greffé un nouveau<br />
problème. Si l'action prise supprime tout problème<br />
ce sera vraiment la solution.<br />
Est-ce à dire qu'en agissant ainsi le chef pourra<br />
résoudre tous les problèmes qui peuvent se présenter<br />
à lui? Certes non, la méthode n'y prétend pas,<br />
elle facilitera seulement la résolution de certains<br />
d'entre eux. Elle permet en outre d'acquérir une<br />
méthode de pensée qui est applicable à toute question<br />
et concourt à faire ce que P. Valéry appelle une<br />
« éducation réfléchie de nos réflexes mentaux ».<br />
Puisque nous en sommes aux citations, mentionnons<br />
cette pensée de Montesquieu :<br />
« Pour conduire les hommes il n'est pas néces-<br />
« saire d'être un génie ou d'être au-dessus d'eux,<br />
« il faut être avec eux. »<br />
Disons aussi que cette méthode n'est pas nouvelle,<br />
qu'elle est logique et classique. C'est celle qu'emploient<br />
le chef du bureau d'études pour examiner<br />
un problème technique, l'avocat pour étudier un<br />
dossier, le médecin pour traiter un cas. Avant<br />
d'émettre un diagnostic (peser et décider) le médecin<br />
rassemble les faits, tous les antécédents médicaux,<br />
il passe à l'action en prescrivant un traitement et<br />
vérifie les résultats pour s'assurer qu'il a bien atteint<br />
son but : la guérison du malade.<br />
Ce que le médecin prend le temps de faire, même<br />
en cas d'extrême urgence, peut donc être fait aussi<br />
par le chef pour ses problèmes de relations de<br />
travail,<br />
Ainsi donc, par la connaissance de l'art d'instruire<br />
et de l'art de commander, le chef aura acquis deux<br />
notions indispensables à l'exercice de sa fonction<br />
et cela est surtout profitable au jeune chef dont la<br />
chance est de bénéficier d'un enseignement qui lui<br />
facilitera sa tâche, alors que son aîné a dû lui-même<br />
se forger les éléments de son expérience dans cet<br />
art si difficile de la conduite des hommes.<br />
Quels résultats en attendre et quand seront-ils<br />
sensibles?<br />
On a vu que pour l'art d'instruire (pour lequel des<br />
séances de contrôle ont déjà eu lieu), les résultats<br />
statistiques montrent une progression très satisfaisante<br />
six mois après les séances d'instruction. Cette<br />
progression s'affirmera encore.<br />
Il est important de sou<strong>ligne</strong>r que les résultats déjà<br />
acquis sont redevables à l'appui de la hiérarchie<br />
qui, à tous les échelons, et par stades successifs<br />
jusqu'à la Direction y comprise, s'assure de l'application<br />
effective de la méthode. Il est de fait que le<br />
training qui engage de gros frais n'est payant que si<br />
tout le monde y croit.<br />
Il est certain que l'effort qui commence et ne comporte<br />
pas de fin, car la formation d'un homme quel<br />
qu'il soit et surtout d'un chef n'est jamais terminée,<br />
ne donnera des résultats sensibles que lorsque<br />
l'application des méthodes sera complètement entrée<br />
dans les habitudes de chacun, et lorsque le stade<br />
des bonnes résolutions sera franchi pour atteindre<br />
le stade de l'application généralisée, c'est-à-dire<br />
pas avant trois ou quatre ans avec la connaissance du<br />
troisième programme : l'Art d'améliorer les méthodes<br />
ou les techniques d'organisation du travail.<br />
L'appréciation des résultats portera d'abord sur<br />
la résolution des problèmes humains favorables à la<br />
création dans l'entreprise de ce climat social dont tout<br />
le monde s'accorde à dire qu'il est un facteur important<br />
de productivité et qui se manifeste par :<br />
— la satisfaction qu'éprouve le personnel<br />
à travailler dans l'entreprise,<br />
— de meilleures liaisons de travail entre<br />
jeunes et anciens,<br />
— l'amélioration des rapports entre le per-<br />
sonnel et les chefs hiérarchiques,<br />
— la diminution du nombre d'accidents,<br />
— la prise de conscience de leurs respon-<br />
sabilités par les chefs de tous rangs.<br />
Il en résultera, avec l'accroissement de la productivité,<br />
l'élimination de quelques-unes des causes les<br />
plus fréquentes des conflits du travail.<br />
Parallèlement au T.W.I. a été lancé depuis le<br />
1 er octobre à Lavera, un important programme de<br />
Formation Professionnelle. Ce sera le propos d'un<br />
prochain article.<br />
A. CALLONICO.<br />
DE QUOI S'AGIT-IL?<br />
Si vous ne voyez pas ce que peut<br />
représenter la photographie ci-contre,<br />
nous vous suggérons de vous reporter tout<br />
simplement à la page 29, cliché en bas à<br />
droite.<br />
Il s'agit en effet d'une<br />
photo prise lors du<br />
ravitaillement d'un<br />
hélicoptère Sabena par le<br />
Service Aviation BP.<br />
36
Si nous reparlions de Noël...<br />
Le dernier numéro du Trait d'Union était sous presse lorsque nous<br />
sont parvenues la plupart des photographies prises aux Arbres de Noël<br />
BP.<br />
Bien que les beaux sapins ne soient déjà plus qu'un souvenir<br />
lointain, reprenons au hasard quelques photos :<br />
Celle d'en haut par exemple sur laquelle éclate la joie des jeunes de<br />
Dunkerque. Il fallut la salle du Casino de Saint-Malo pour recevoir,<br />
en deux séances, les 1.400 enfants et 2.000 adultes invités, les 3 et 4<br />
janvier 1954. Cette année c'est bien " en famille " que fut fêté Noël<br />
dans notre belle raffinerie<br />
La photo ci-contre nous ramène, elle, à la fête de Courchelettes,<br />
présidée par saint Nicolas en personne. Jongleurs, acrobates,<br />
danseuses, clowns se succédèrent entre deux sketches interprétés par<br />
les fillettes et par les garçons de la Colonie de vacances de St-Jeande-Maurienne.<br />
Ci-dessous enfin, une vue de la salle de Saint-Usage où se déroula la<br />
traditionnelle fête. Elle symbolise les très nombreux Arbres BP qui, à<br />
travers la France, et même le monde, mêlèrent, à cette époque, l'éclat<br />
des bougies de Noël à celui de nos couleurs jaune et verte.<br />
<strong>En</strong> haut ; Dans un grand<br />
élan d'enthousiasme, les<br />
enfants de Dunkerque<br />
invitent M. Behr à<br />
l'Arbre de Noël 1954.<br />
Au centre : Mlle<br />
Hobraiche, des Petits<br />
Rats des Flandres,<br />
exécute la Danse du<br />
Feu avec beaucoup de<br />
grâce (St-Nicolas à<br />
Courchelettes).<br />
<strong>En</strong> bas : Au dépôt de<br />
Saint-Usage on a fêté<br />
Noël joyeusement).<br />
37
NAISSANCES<br />
SIÈGE Catherine, 1 er enfant de Mme Mignon, 21 novembre.<br />
Catherine, 2 e enfant de M. Vadon, 30 décembre.<br />
Patrick, 1 er enfant de M. Duplan, 8 décembre.<br />
Evelyne, 2 e enfant de M. Jacqz, 13 janvier.<br />
Christine, 2 e enfant de Mme Banaszeck, 5 janvier.<br />
Annick-Linden, 1 er enfant de M. Foss, 16 janvier.<br />
Thierry, 1 er enfant de Mme Dulin. 16 janvier.<br />
Yves, 5 e enfant de M. Villetier, 10 février.<br />
DUNKERQUE Anne-Marie, 2 e enfant de M. Deschepper, 5 décembre.<br />
Jean-Marc, 3 e enfant de M. Demonchy, 31 décembre.<br />
Daniel, 1 er enfant de M. Trohiard. 3 janvier.<br />
Katty, 3 e enfant de M. Robyn. 2 janvier.<br />
Martine, 3 e enfant de M. Questroy, 3 janvier.<br />
Patrick, 2 e enfant de M. Carton, 5 janvier.<br />
Maria, 1 er enfant de M. Rioual, 12 janvier.<br />
Philippe, 4 e enfant de M. Fournier, 14 janvier.<br />
Patrick, 3 e enfant de M. Huyghe, 14 janvier.<br />
COURCHELETTES Régis, 1 er enfant de M. Deregnaucourt, 31 octobre.<br />
Gérard, 2 e enfant de M. Lampin, 18 janvier.<br />
LAVERA Abdelhafid, 4 e enfant de M. Mimouni, 22 octobre.<br />
Isabelle, 1 er enfant de M. Bonal 5 novembre.<br />
Martine. 3 e enfant de M. Livon, 24 novembre.<br />
Jocclyne, 5 e enfant de M. Mazet, 12 novembre.<br />
Elisabeth, 1 er enfant de M. Martinez. 25 décembre.<br />
Robert, 1 er enfant de M. Sotto, 29 décembre.<br />
Jean-Paul, 1 er enfant de M. Garcin, 23 décembre.<br />
Christian, 2 e enfant de M. Mazel, 13 janvier.<br />
BORDEAUX Marie-José, 3 e enfant de M. Lassignardie, 13 décembre.<br />
Alain. 1 er enfant de M. Brana, 15 janvier.<br />
LYON Martine, 1 er enfant de M. Parissier, 30 novembre.<br />
Gilles, 2 e enfant de M. Vanet, 10 novembre.<br />
Chantal, 1 er enfant de M. Thevenin, 1G janvier,<br />
Bernard, 2 e enfant de M. Beaupoil, 23 novembre.<br />
Michèle, 3 e enfant de Mme Sandre, 14 février.<br />
MARSEILLE Patricia, 1 er enfant de M. Brunet, 24 décembre.<br />
Gilbert. 3 e enfant de M. Monteleone, 19 janvier.<br />
Anne-Marie, 1 er enfant de M. Rigazzi, 10 janvier.<br />
NANTES Alain, 1 er enfant de Mme Gabory, 28 novembre.<br />
SARRE Alois-Reinhard, 3 e enfant de M. Thesen, 4 février<br />
Une omission s'est glissée également dans notre dernier numéro où<br />
nous aurions dû mentionner le décès du père de Mlle Prieur<br />
dactylo à la Succursale Paris-Centre (Ile-de-France).<br />
PARIS- Geneviève, 2 e enfant de M. Ory, 18 décembre.<br />
CENTRE Michelle, 3 e enfant de M. Aussourd, 5 décembre.<br />
Robert, 1 er enfant de M. Gless, 28 décembre.<br />
Jean-Paul, 2 e enfant de Mme Sinicco, 5 décembre.<br />
Sylvie, 1 er enfant de M. Bitran, 6 janvier.<br />
Jean, 1 er enfant de Mme de Heer, 12 janvier.<br />
PARIS-EST François, l er enfant de M. Gondouin, 9 décembre.<br />
Toutes nos félicitations aux heureux parents.<br />
MARIAGES<br />
SIÈGE Mlle Fransioli devient Mme Bonnet, 19 décembre<br />
Mlle Pernot devient Mme Brie, 5 décembre.<br />
M. Yves d'Aurelle de Paladines, 4 décembre.<br />
M. Antoine Lovisi, 9 novembre.<br />
Mlle Gabet devient Mme Courteaudon, 30 janvier.<br />
DUNKERQUE M. Kléber Ryckebusch, 8 août.<br />
M. Maurice Anquez, 15 décembre.<br />
M. Daniel Schrevel, 26 décembre.<br />
M. Gérard Duwel, 23 octobre.<br />
LAVERA M. Joseph Bechet, 21 décembre.<br />
BORDEAUX M. Jean-Paul Marquier, 9 décembre.<br />
Lvox Mlle Briant devient Mme Chomel, 20 février.<br />
NANTES M. Henri de la Fouchardière a épousé Mlle<br />
Ferrand, 26 décembre.<br />
M. André Panhaleux, 23 novembre.<br />
PARIS- Mme Bohars devient Mme Moreau, 16 janvier.<br />
CENTRE<br />
Tous nos vœux de bonheur aux nouveaux mariés.<br />
DÉCÈS<br />
LYON M. Edmond Charmat a perdu son frère.<br />
MARSEILLE M. Louis Cassagne, S janvier.<br />
NANTES Mlle Denis a perdu sa mère, 4 février.<br />
Nous assurons les familles des disparus de la vive sympathie avec<br />
laquelle le personnel de la S.G.H.P. prend part à leur peine.<br />
Erratum: Dans notre numéro précédent, nous avions annoncé que<br />
M. Millol, du Siège Social avait perdu son fils alors qu'il<br />
s'agissait du fils de M. Millol, du dépôt de Nomexy.<br />
Les suggestions qui nous parviennent des Raffineries ont<br />
déjà fait sur place l'objet d'une sélection et d'un examen. Aussi<br />
presque toutes sont-elles adoptées et primées.<br />
Comme, dans leur quasi-totalité, elles se réfèrent à des perfectionnements d'appareillages locaux, c'est bien dans la raffinerie<br />
même qu'il est normal d'étudier ces suggestions et d'apprécier l'intérêt pratique qu'elles présentent. Le plus souvent donc, le<br />
Comité des Suggestions (après avis du Département Raffinage) est amené à suivre les propositions qui lui sont faites par<br />
les Raffineries.<br />
Dans les autres établissements de la Société, c'est-à-dire les Services du Siège Social et de la Distribution, la situation est<br />
différente. Ces établissements n'ont pas les mêmes moyens d'examen que les raffineries et les suggestions émanant de leur<br />
personnel débordent généralement le cadre local. Elles doivent donner lieu à une étude des Services Centraux de la Société.<br />
L'absence d'un tri préalable conduit forcément le Comité des Suggestions à des éliminations plus nombreuses.<br />
Il faut bien dire aussi qu'on nous présente parfois comme suggestions de simples remarques qui ne peuvent pas donner<br />
lieu à une application. Dans notre règlement la suggestion est ainsi définie : « Toute proposition tendant a faire mieux, plus<br />
économiquement, plus vite, plus sûrement dans un domaine quelconque de l'activité de la S.G.H.P. »<br />
Cette définition est large et permet à toutes les bonnes idées de s'exprimer. Qu'attendez-vous pour l'utiliser, vous qui<br />
lisez ces <strong>ligne</strong>s et qui peut-être n'avez pas encore présenté de suggestions?<br />
Du 5 décembre 1953 au 5 février 1954, nous avons reçu 78 suggestions se décomposant comme suit : Siège 4,<br />
Lavéra 13, Dunkerque 20, Bordeaux 4, Douai 15, Lyon 7, Marseille 4, Nantes 1, Paris-Centre 2, Paris-Est 8,<br />
Sur ce total, 4 sont en suspens, 35 ont été adoptées,<br />
33 ont été primées (primes de 1.000 à<br />
30.000 fr.) pour un montant de 114.500 fr.; les<br />
35 suggestions adoptées sont les suivantes :<br />
Raffinerie de Lavera.<br />
Réf. 1350 - M. Laugier<br />
déplacement de 2 vannes à la Centrale vapeur.<br />
Réf. 1351 - Mme Toche<br />
envoi « Trait d'Union » sous enveloppe ouverte.<br />
Réf. 1352 - M. Alleaume<br />
épreuve à l'eau des fours des toppings I et III.<br />
Réf. 1354 - M, Agapidis<br />
montage d'une prise d'eau de mer à proximité<br />
des pompes Boosting.<br />
Réf. 1355 - M. Puerto<br />
mise en place d'un pot de garde entre l'épu-<br />
rateur butane et le rotamètre d'injection d'air.<br />
Réf. 1356 - M. Cauvin<br />
aménagement des brides ordinaires afin de<br />
poser facilement des platines.<br />
Réf. 1357 - M, Garcia<br />
aménagement de plateformes pour faciliter les<br />
manœuvres des véhicules.<br />
Réf. 1358 - M. Venture<br />
installation d'avertisseurs puissants pour<br />
annoncer les manœuvres d'incendie.<br />
Réf. 1359 - M. Ferrando<br />
amélioration du rendement des brûleurs à gaz<br />
Webster. Réf. 1360 -<br />
M. Laurent<br />
amélioration du fonctionnement des brûleurs<br />
à gaz.<br />
ETAT CIVIL<br />
vos suggestions<br />
Réf. 1362 - M. Charlemagne M. Pasquini<br />
topping I : mise en place de deux petits<br />
réfrigérants pour prise d'échantillons.<br />
Réf. 1369 - Succursale de Paris-Est, Mme Petit<br />
différence de signalisation entre conventions<br />
de graissage et marchés <strong>En</strong>ergol.<br />
Réf. 1370 - Suce, de Paris-Est, Mme Hennequin<br />
tiroir avec tablette à la table du nouveau kardex.<br />
Réf. 1371 - Suce, de Paris-Est, Mlle Supervielle<br />
distinction des fiches par rayon dans le nouveau<br />
kardex.<br />
Réf. 1372 - Suce, de Douai, M. Briquet à Amiens<br />
déplacement de l'insigne laveur-graisseur de<br />
station.<br />
Réf. 1378 - Succursale de Douai, M. Lorfanfant<br />
épreuve à l'air comprimé d'une tuyauterie d'aspiration<br />
dans le cas de pertes ou manquants.<br />
Raffinerie de Dunkerque.<br />
Réf. 1380 - M. Clarysse<br />
Centrale frigorifique : graissage pompes et<br />
compresseurs.<br />
Réf. 1381 - M. Pieters<br />
atelier mécanique : aménagement des rodoirs.<br />
Réf. 1382 - M. Lemesre<br />
topping II : aménagement brûleurs des fours.<br />
Réf. 1383 - M. Matthys<br />
bassin de décantage : aménag. des pompes.<br />
Réf. 1384 - M. Bankaert<br />
topping II : sécurité accession aux condenseurs.<br />
Réf. 1383 - M. Chastang<br />
reforming : amenag. des plombs de<br />
décamètre.<br />
Réf. 1386 - M. Boyard<br />
point. D. 32 : tableau de conversion circulaire.<br />
Réf. 1387 - M. Broccart<br />
entrepôt butane : vérification de l'étanchéité<br />
des bouteilles.<br />
Réf. 1389 - M. Debril<br />
Centrale frigorifique : récupération d'huile.<br />
Réf. 1390 - M. Babelaere<br />
augmentation de débit de la pompe J. 9.<br />
Réf. 1391 - M. Beauval<br />
M.E.K. : évacuation de la paraffine.<br />
Réf. 1392 - M. Calippe<br />
Serv. élect. : éclairage des poteaux phares.<br />
Réf. 1393 - M. Vandenbossche<br />
graissage en continu de la chaîne des loco-<br />
tracteurs.<br />
Réf. 1394 - M. Hennebique<br />
évacuation des gaz liquéfiés.<br />
Réf. 1396 - M. Picot<br />
doublage d'alarme.<br />
Réf. 1397 - M. Renaud<br />
bassin de décantation : déversoir collecteur<br />
entre filtres à foin.<br />
Réf. 1398 - M. Ultre<br />
recyclage des fonds de tour de rectification<br />
spéciaux.<br />
Réf. 1410 - Suc le , de Douai, M. Briquet à Amiens<br />
vérification présence d'eau dans réservoirs<br />
clientèle.<br />
Réf. 1421 - Succursale de Douai, M. Denis<br />
redressement erreur de codification sur DEP. 701.<br />
38<br />
C
Le réseau de distribution<br />
BP au Maroc<br />
Variations sur un même thème<br />
E D I T O R I A L<br />
Notre apéritif de fin d'année m'a permis de présenter<br />
au personnel BP les membres de la<br />
Raffinerie du Midi qui vont continuer leur carrière<br />
au sein de notre Groupe. A cette occasion, j'ai dit<br />
quelques mots dont je crois utile de répéter<br />
l'essentiel à l'intention des absents retenus à<br />
l'extérieur par les obligations du service ou les<br />
distances :<br />
« Nos amis R. M., j'y tiens absolument, doivent<br />
« se considérer sans délai, comme faisant partie<br />
« de la famille BP et tout doit être mis en œuvre pour<br />
« qu'ils ne soient pas amenés à faire « bande à part ».<br />
« La plupart d'entre eux s'intéressent depuis long-<br />
« temps à la distribution du pétrole et je leur demande<br />
« de faire profiter notre Société de leur expérience<br />
« en prodiguant sans réserve leurs conseils autour<br />
« d'eux. Je les assure qu'ils trouveront toujours<br />
pour « cela un accueil enthousiaste de la part de<br />
leurs « nouveaux amis BP. »<br />
M. Ucla, au nom de ses camarades, a répondu fort<br />
gentiment à mes paroles de bienvenue et nous avonspartage<br />
son émotion lorsqu'il a évoqué leur serrement<br />
de cœur à l'instant du départ d'une maison à<br />
laquelle ils étaient fortement attachés.<br />
Soyez tranquille mon cher Ucla, vos regrets bien<br />
compréhensibles pour nous seront rapidement<br />
atténués par la chaude sympathie dont vous allez<br />
tous être entourés.<br />
*<br />
■..................................<br />
<strong>En</strong> terminant cet éditorial, je renouvelle mes vœux<br />
de bonne et heureuse année à tout le personnel des<br />
Sociétés Nord-Africaines et à leurs chères familles.<br />
SOMMAIRE<br />
H. LEBRUN.<br />
Trente ans au service BP<br />
Vingt ans d'ancienneté<br />
Nos familles<br />
LE R E S E A U DE<br />
D I S T R I B U T I O N<br />
BP AU MAROC<br />
S'il est un caractère particulier qui mérite d'être<br />
mentionné en parlant de la naissance du réseau de<br />
distribution BP au Maroc c'est bien de la soudaineté avec<br />
laquelle on a pu voir ses stations sortir de terre. <strong>En</strong> effet, de<br />
l'ouverture en mai de la première d'entre elles, située route<br />
de Mazagan à Casablanca, à l'inauguration en novembre de<br />
la neuvième à Fkih Ben Salah sept mois à peine se sont<br />
écoulés. A la cadence de plus d'une par mois, six stations<br />
ont donc surgi en bordure des grandes avenues de la<br />
principale ville du Maroc, une à Meknès, une autre à Fès,<br />
et celle enfin que nous venons d'ouvrir à Fkih ben Salah,<br />
au centre de la plaine des Beni-Amir et Beni-Moussa, en<br />
même temps que les dernières touches étaient apportées<br />
au dépôt secondaire que nous construisons dans ce<br />
nouveau « grenier » du Maroc.<br />
Plusieurs autres « filling » ou stations service sont actuellement<br />
en voie d'achèvement à Agadir, Casablanca, et<br />
Meknès, et notre Service Technique a lancé ses consultations<br />
pour la construction des suivantes.<br />
Mais, restons-en à ce qui a été réalisé : encore peu de<br />
choses peut-être pour les gens, toujours pressés, du<br />
« Commercial » ; beaucoup cependant pour ceux qui, sur<br />
des parcelles de terrains plus ou moins hostiles, ont hissé<br />
l'écusson de notre Groupe au haut des tuyaux d'orgues<br />
qui complètent si agréablement le style de nos constructions.<br />
Car ces neuf stations déjà ouvertes ne sont heureusement<br />
pas tout le réseau BP au Maroc, et dans le courant<br />
de l'année 1953, à Casablanca, à Khouribga, Port-Lyautey,<br />
Mazagan, Meknès, Fès, Ifrane, etc., des revendeurs ont<br />
été équipés à nos couleurs, tandis qu'une vingtaine de<br />
consommateurs ont utilisé nos cuves.<br />
Comme on le remarquera, c'est surtout vers le Nord et<br />
l'Est que s'est développé notre réseau. Cela ne vient pas<br />
de ce que nous ayons plus particulièrement tenu, en<br />
premier lieu, à jalonner de nos pompes le chemin qui<br />
mène... à Alger. <strong>En</strong>core que cette orientation soit assez<br />
conforme à l'importance économique relative des diverses<br />
régions du Maroc, elle résulte aussi des circonstances.<br />
On ne trouve pas toujours, où on veut, des terrains bien<br />
placés et pas trop coûteux. Jusqu'à présent, Marrakech,<br />
Mazagan, Sari et Mogador nous ont été peu favorables. Ce<br />
n'est que partie remise. A Marrakech, nous construirons<br />
vraisemblablement cette année une grande station service<br />
en collaboration avec une agence de distribution d'automobiles<br />
; à Safi, nous venons d'acquérir un terrain que<br />
nous pourrons peut-être équiper en 1954, et comme nous<br />
l'avons dit plus haut, notre station service d'Agadir sera<br />
ouverte vers la mi-février. Ainsi, le Sud ne sera pas en<br />
reste. Il nous faudra songer à Rabat où la plus-value du<br />
mètre carré de terre nous a interdit, jusqu'à présent,<br />
l'achat d'un terrain convenable, ainsi qu'à des centres<br />
moins importants comme Petitjean, Settat, Oued Zem, Louis-<br />
Gentil, Kasbah Tadla et bien d'autres. A Oujda, nous avons<br />
acquis une parcelle au centre de la ville où nous espérons<br />
construire une station service d'ici la fin de l'année.<br />
Ainsi, en regard de ce qui a été réalisé, nous pouvons<br />
faire valoir un certain nombre de projets mais nous devons<br />
songer surtout aux efforts qui restent à accomplir. Nous<br />
comptons sur les photographies qui accompagnent ces<br />
<strong>ligne</strong>s pour dire, mieux qu'elles, ce qui a été fait par<br />
la BP Maroc dans le domaine des stations service. R. J.<br />
40
Variations sur un même thème<br />
Les Stations BP d'Afrique du Nord, adaptées aux emplacements qu'elles occupent, ont cependant<br />
un air de famille bien marqué.<br />
R u e de Vésole Casablanca<br />
Boulevard Camille Desmoulins à<br />
Casablanca<br />
Boulevard Paul Doumer à Casablanca<br />
Route de Mazagan à Casablanca<br />
41
T R E N T E A N S AU S E R V I C E BP<br />
M. Henri Lebrun vient de célébrer, le 1 er janvier 1954, son trentième anniversaire d'activité<br />
dans l'industrie du pétrole et dans le Groupe.<br />
Successivement employé à Paris, Chef de Secteur à Lyon, Sous-Directeur de la succursale<br />
de Lyon, puis Directeur de la succursale de Bordeaux, M. Lebrun s'est vu confier en 1947 la tâche<br />
de créer, puis de diriger, les Sociétés BP d'Afrique du Nord. Récemment le champ de son activité<br />
s'est encore étendu à la Direction Générale de la Société des Pétroles BP d'Afrique Occidentale.<br />
•<br />
M. Robert Chanat a célébré, lui aussi, son trentième anniversaire d'activité dans la Maison.<br />
Il est en effet entré le 2 juillet 1923 au Service des Pompes de la S.G.H.P. Ingénieur Régional,<br />
puis à la succursale de Paris et enfin au Siège Social lors de la création du Service Travaux et<br />
<strong>En</strong>tretien, il a été détaché en 1940 au Pool des Carburants.<br />
<strong>En</strong> janvier 1947, M. Chanat a été appelé à Alger auprès de M. Lebrun pour poser les premiers<br />
jalons du réseau BP d'Afrique du Nord. Il est actuellement Adjoint au Directeur Général A.F.N.<br />
Le « Trait d'Union » tient à présenter à MM. Henri Lebrun et Robert Chanat ses félicitations<br />
les plus sincères et les plus amicales.<br />
NOËL 1953<br />
AU MAROC<br />
Depuis plusieurs semaines,<br />
les allées et venues de l'équipe<br />
du Service Technique entre le<br />
Siège Social et le Dépôt d'Oukacha<br />
nous intriguaient. Que<br />
préparait-elle? Ces jeunes<br />
semblaient bien affairés et<br />
même inquiets lorsque le soir,<br />
après le travail, aucune voiture<br />
n'était disponible. D'un<br />
autre côté, la décision d'organiser<br />
un arbre de Noël au<br />
Lido, presque sur la plage,<br />
dans l'humidité des embruns<br />
ne paraissait guère favorable.<br />
Nous étions à vrai dire très<br />
sceptiques.<br />
L'après-midi du 19 décembre<br />
fut une agréable surprise, l'atmosphère<br />
et la décoration de la<br />
salle avec des flocons de neige<br />
à profusion et deux grandes<br />
cheminées flamboyantes nous<br />
ont mis tout de suite dans<br />
l'ambiance d'une telle fête.<br />
Derrière un amoncellement<br />
de paquets qui feront tout à<br />
l'heure la joie des enfants, un<br />
théâtre de Guignol laisse deviner<br />
l'objet des préoccupations<br />
de nos jeunes. Le résultat est<br />
remarquable et quand le rideau<br />
s'ouvre nous entrons dans le<br />
merveilleux d'un conte des<br />
Mille et Une Nuits : les décors,<br />
les personnages, leurs costumes<br />
sont dignes de vrais spécialistes.<br />
42
Nous tenons à féliciter ici les<br />
artisans d'une telle réussite, en<br />
particulier le chef de file : Bernard<br />
Thiébault.<br />
L'histoire d'Aladin qui se termine<br />
par un bal à la Cour du Roi avec une<br />
mise en scène somptueuse enthouiasme<br />
nos petits. Ils se dépêchent<br />
ensuite de goûter, craignant de<br />
manquer l'arrivée du Père Noël. Il<br />
apparaît enfin dans sa houppelande,<br />
sa barbe plus blanche que jamais.<br />
Quelques sages conseils pour savoir<br />
mériter mieux l'an prochain et la<br />
distribution commence. Tous sont<br />
émerveillés de sa générosité : pas<br />
de cœur gros, rien que de larges<br />
sourires. Mais ce n'est pas tout, le<br />
plus beau cadeau a été gardé pour la<br />
fin, une station-service « BP » avec les<br />
derniers perfectionnements est tirée<br />
au sort : les garçons sont déçus, c'est<br />
une fillette qui l'a gagnée.<br />
Les grands n'ont pas été oubliés.<br />
Des consommations de toutes sortes<br />
sont servies par petites tables et les<br />
airs entraînants d'un pick-up ont<br />
vite fait d'inviter à la danse. Chanteurs<br />
et prestidigitateurs bénévoles<br />
agrémenteront de leur talent cette<br />
soirée qui prend fin plus tard qu'il<br />
n'était prévu.<br />
Je ne terminerai pas cette chronique<br />
sans adresser, au nom du<br />
personnel, nos remerciements à tous<br />
ceux qui ont collaboré au succès de<br />
cette fête de famille et en particulier<br />
à Mmes Clausmann et Huré qui ont<br />
su si bien choisir et préparer les<br />
cadeaux de nos enfants.<br />
P.F.<br />
EN AL G É R I E<br />
Les mouvements de personnel<br />
qu'entraîne le développement<br />
rapide de la Société ne nous ont pas<br />
permis, à notre grand regret, d'organiser<br />
cette année nos arbres de<br />
Noël déjà traditionnels.<br />
Mais il ne fallait pas que nos<br />
petits pâtissent d'une situation dont<br />
ils n'ont cure. Ils ont donc reçu tout<br />
de même leurs jouets, à domicile,<br />
et nous voulons remercier ceux qui<br />
se sont donnés la peine de les choisir<br />
et de les répartir : Mme H. Lebrun<br />
et Mlle Uguet à Alger, M. Le Bail<br />
à Oran, M. Gledel à Constantine.<br />
Au cours de la soirée, une des tables<br />
Le tirage au sort de la Station BP<br />
43
V I N G T A N S D ' A N C I E N N E T É<br />
M. René Fontaine, Ingénieur en Chef des Sociétés BP d'Afrique du Nord et<br />
d'Afrique Occidentale, a déjà consacré au Groupe vingt ans de son activité, et le<br />
traditionnel bracelet-montre lui a été remis par M, Henri Lebrun au cours d'une<br />
réunion amicale. A cette occasion, nous adressons à M. René Fontaine nos très cordiales<br />
félicitations.<br />
NOS FAMI LLES<br />
NAISSANCES Geneviève, fille de notre Président Directeur Général et de Mme Henri<br />
Lebrun, est venue au monde le 7 janvier.<br />
Cet événement a donné l'occasion au personnel de nos Sociétés de<br />
manifester son attachement à un Patron qui sait faire sentir à chacun,<br />
même à ceux qui ne le voient que de loin en loin, qu'il a le sens de<br />
l'humain, qu'il ne considère pas ses collaborateurs, si modestes<br />
soient-ils, comme des machines et qu'il partage avec intensité leurs<br />
joies et leurs peines.<br />
Nous souhaitons à la petite Geneviève et à ses parents une<br />
longue existence heureuse, en même temps que nous leur<br />
présentons nos affectueuses félicitations.<br />
Les Délégués du Personnel.<br />
Jean-Claude, fils de Mme Rojas, Sténo-Dactylo Région Nord Maroc,<br />
Meknès le 19 août.<br />
Gilles, fils de M. Roehrich, Adjoint Exploitation Région Centre Maroc,<br />
Casablanca le 11 septembre.<br />
Marie-Claude, fille de M. Berlureau, Chauffeur Région Centre Maroc,<br />
Casablanca le 14 septembre.<br />
Danielle, fille de M. Bonroy, Adjoint Technique Région Nord Maroc,<br />
Meknès le 26 novembre.<br />
Serge, troisième enfant de M. Cassar, Gérant Station Saint-Eugène,<br />
Alger le 8 décembre.<br />
Philippe, fils deM. Rodenas, Chauffeur Région d'Alger, le 13 décembre.<br />
Pierre, fils de M. Fernandez, Chauffeur Région Nord Maroc, Meknès le<br />
16 décembre.<br />
Patrick, fils de M. Fluxia, Station Birkadem, Alger le 2 janvier.<br />
Que les heureux parents trouvent ici l'expression de nos très sincères<br />
félicitations.<br />
MARIAGES M. Morellini, Services Soutes Alger, a épousé Mlle Laurelli le 15 octobre.<br />
Mlle Torrens, Sténo-Dactylo Siège Social Algérie, est devenue, le<br />
12 décembre, Mme Derrien.<br />
M. de Gaulle, Service Soutes Alger, a épousé Mlle Rons le 5 janvier.<br />
Tous nos vœux de bonheur aux nouveaux mariés.<br />
DÉCÈS M. Aranda, Représentant Oran est décédé le 4 novembre.<br />
M. G. Alos, Station Maison-Carrée est décédé le 12 janvier.<br />
Nous assurons les familles des disparus de la vive sympathie avec<br />
laquelle le personnel de nos Sociétés prend part à leur peine.<br />
44
VOUS TROUVEREZ CI-JOINT :<br />
LE DIX-SEPTIÈME NUMÉRO DE<br />
N.R.J. JOURNAL DE JEUNES<br />
RÉDIGÉ PAR LES ENFANTS DU<br />
PERSONNEL ET DES<br />
DISTRIBUTEURS DE LA S. G.H. P.<br />
Alépée et Cie, Paris
R E V U E B I M E S T R I E L L E<br />
RÉSERVÉE AU PER SON NEL<br />
DE LA<br />
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DES HUILES DE PÉTROLE BP<br />
21, RUE DE LA BIENFAISANCE<br />
PARIS