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BULLETIN DE LA CRYPTE - Paroisse de la Sainte Trinité

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COMMUNAUTÉ ORTHODOXE FRANÇAISE <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> SAINTE TRINITÉ<br />

B U L L E T I N D E L A C R Y P T E<br />

"Descendu aux Enfers par <strong>la</strong> croix, afin <strong>de</strong> parfaire en Lui toutes choses, Il a dissipé les angoisses <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mort." (Divine Liturgie <strong>de</strong> saint Basile le Grand)<br />

<strong>CRYPTE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> CATHÉDRALE SAINT-ALEXANDRE-<strong>DE</strong>-<strong>LA</strong>-NÉVA<br />

12, Rue Daru - 75008 Paris<br />

Nº 352 AVRIL 2007 PRIX : 2,5 Euros


Editorial<br />

Pâques et Pentecôte communes<br />

Cette année tous les chrétiens fêtent <strong>la</strong> Pâque du salut à <strong>la</strong> même date. Ensemble nous voulons<br />

annoncer au mon<strong>de</strong> que le Christ est ressuscité, que <strong>la</strong> Mort n’a pas d’empire sur Lui et que les semences<br />

<strong>de</strong> résurrection germent dans nos cœurs et illuminent nos vies. De siècle en siècle, <strong>de</strong> génération en<br />

génération et jusqu’à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s temps ce message <strong>de</strong> résurrection résonne dans le mon<strong>de</strong>. Ce matin <strong>de</strong><br />

Dimanche où <strong>de</strong> Rome je compose cet éditorial toutes les cloches <strong>de</strong>s innombrables églises <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ville<br />

sonnent à toute volée et “annoncent <strong>la</strong> bonne nouvelle du salut <strong>de</strong> notre Dieu“ (Ps.95, 2).<br />

Combien nous désirerions que cette coïnci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s dates <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fête <strong>de</strong>s fêtes re<strong>de</strong>vienne <strong>la</strong> loi<br />

immuable <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> chrétienté, comme le symbole <strong>de</strong> l’unité rétablie <strong>de</strong> toutes nos églises, comme le signe<br />

tangible <strong>de</strong> l’amour <strong>de</strong> tous les enfants <strong>de</strong> Dieu ! Mais qui dit Pâque commune dit aussi Pentecôte<br />

commune, quand l’Esprit d’amour, <strong>de</strong> sagesse et d’unité embrase <strong>de</strong> Son Feu divin toutes nos églises,<br />

abolit nos frontières et nous jette dans les bras les uns <strong>de</strong>s autres, ou plutôt nous jette tous ensemble à <strong>la</strong><br />

fois avec <strong>la</strong> Mère du Sauveur au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix, avec les femmes myrrhophores <strong>de</strong>vant le Tombeau vi<strong>de</strong>,<br />

et enfin, avec les disciples dans <strong>la</strong> Chambre haute où les <strong>la</strong>ngues <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte nous pénètrent<br />

pour annoncer au mon<strong>de</strong> l’Evangile du salut. Mais cette annonce n’est crédible que si elle jaillit <strong>de</strong>s cœurs<br />

régénérés par le feu <strong>de</strong> l’amour divin et par <strong>la</strong> nostalgie <strong>de</strong> l’unité.<br />

Cette quête <strong>de</strong> l’unité est notre vocation à tous et les Eglises orthodoxes ne peuvent s’y dérober et<br />

l’ignorer. En effet nous ne pouvons être les artisans <strong>de</strong> l’unité dans <strong>la</strong> chrétienté tout entière que si nous<br />

cherchons avant tout à surmonter nos antagonismes et nos rivalités dans le mon<strong>de</strong> orthodoxe. Cette tâche<br />

est à <strong>la</strong> fois actuelle, ardue et urgente. Que l’Esprit du Christ mort et ressuscité manifeste en nous et à<br />

travers nous (et aussi malgré nous !) ce don <strong>de</strong> l’unité pour lequel le Christ a prié avant Sa Passion et pour<br />

lequel Il a versé Son Sang, “afin <strong>de</strong> rassembler dans l’unité les enfants <strong>de</strong> Dieu dispersés“ (Jn.11,52).<br />

2 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


Jeudi 5 avril –Jeudi Saint<br />

HYMNES <strong>DE</strong> L’EGLISE<br />

Tandis qu'à <strong>la</strong> Cène, au Lavement <strong>de</strong>s pieds,<br />

les glorieux disciples étaient emplis <strong>de</strong> lumière,<br />

Judas l'impie, ma<strong>la</strong><strong>de</strong> d'avarice, se couvrait <strong>de</strong> ténèbres<br />

et aux juges iniques il Te livrait, Toi le juste Juge.<br />

Vois donc, toi qui t'attaches aux richesses,<br />

comment à cause d'elles il s'est pendu !<br />

Fuis l'âme insatiable qui osa un tel crime contre le Maître.<br />

Toi qui es bon envers tous, Seigneur, gloire à Toi.<br />

Vendredi 6 avril –Vendredi Saint<br />

Venez, chantons tous Celui qui a été crucifié pour nous ;<br />

car Marie Le vit sur le Bois et dit :<br />

Même si Tu endures <strong>la</strong> Croix, Tu es mon fils et mon Dieu<br />

(Tropaire, ton 8)<br />

(Kondakion, ton 8)<br />

Dimanche 8 avril – PÂQUES — Résurrection <strong>de</strong> notre Seigneur Jésus-Christ<br />

Le Christ est ressuscité <strong>de</strong>s morts,<br />

par <strong>la</strong> mort Il a vaincu <strong>la</strong> mort ;<br />

à ceux qui sont dans les tombeaux, Il a donné <strong>la</strong> vie.<br />

Que Dieu se lève et ses ennemis seront dispersés.<br />

(Tropaire, ton 5)<br />

Pâque, une Pâque sainte nous est apparue aujourd'hui,<br />

Pâque nouvelle et sainte, Pâque mystérieuse, Pâque très vénérable,<br />

Pâque le Christ libérateur, ô Pâque immaculée, Pâque très gran<strong>de</strong>,<br />

Pâque <strong>de</strong>s croyants, Pâque qui nous ouvre les portes du Paradis,<br />

Pâque qui sanctifie tous les fidèles.<br />

Qu'ils se dissipent comme <strong>la</strong> fumée.<br />

Femmes annonciatrices <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne nouvelle<br />

revenez <strong>de</strong> votre vision et dites à Sion :<br />

Reçois <strong>de</strong> nous <strong>la</strong> bonne et joyeuse nouvelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résurrection du Christ.<br />

Exulte <strong>de</strong> joie et réjouis-toi, Jérusalem,<br />

voyant le Christ Roi sortir du tombeau comme un époux.<br />

(Stichères <strong>de</strong> Pâques, ton 5)<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 3


Dimanche 15 avril – <strong>de</strong> Thomas (2 ème dimanche après Pâques)<br />

Vou<strong>la</strong>nt s'assurer<br />

<strong>de</strong> ta résurrection,<br />

Thomas toucha <strong>de</strong> sa main<br />

ton côté vivifiant,<br />

ô Christ Dieu ;<br />

aussi, lorsque Tu entras,<br />

les portes étant fermées,<br />

il Te c<strong>la</strong>ma avec les autres apôtres :<br />

Tu es mon Seigneur et mon Dieu.<br />

(Kondakion, ton 8)<br />

Incrédulité <strong>de</strong> Thomas. Mosaïque. XIème siècle. Eglise <strong>de</strong> Daphni, Grèce.<br />

Dessin extrait <strong>de</strong> « Le mon<strong>de</strong> chrétien », éd . Office du Livre, 1982, page 162<br />

Mardi 17 avril – Saint hiéromartyr Siméon le Perse et ses compagnons (vers 341)<br />

Annonciateur <strong>de</strong>s divins enseignements,<br />

tu as entraîné à <strong>la</strong> lutte sacrée,<br />

par tes paroles et ta vie,<br />

une armée <strong>de</strong> Témoins ;<br />

avec eux, pontife Siméon, tu as lutté<br />

et tu es monté vers le Christ,<br />

t’écriant avec eux :<br />

Comme brebis d’abattoir,<br />

voici que pour toi, Sauveur, nous sommes comptés.<br />

(Tropaire, ton 4)<br />

Lundi 23 avril – Saint et illustre mégalomartyr Georges le Victorieux (303)<br />

Libérateur <strong>de</strong>s captifs,<br />

toi qui assures aux pauvres ta protection,<br />

en qui les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s trouvent aussi leur mé<strong>de</strong>cin<br />

et les princes, leur défenseur,<br />

saint Georges, victorieux et grand martyr,<br />

intercè<strong>de</strong> auprès du Christ notre Dieu<br />

pour le salut <strong>de</strong> nos âmes.<br />

(Tropaire, ton 4)<br />

4 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


SAINT NIZIER, ARCHEVÊQUE <strong>DE</strong> LYON<br />

Une vie <strong>de</strong> saint Nizier fut rédigée par un prêtre <strong>de</strong> son clergé peu d’années après sa mort à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’Éthère, évêque <strong>de</strong> Lyon. Plus tard, saint Grégoire <strong>de</strong> Tours 1 qui était fils <strong>de</strong> sa nièce en composa une<br />

autre beaucoup plus détaillée formant le chapitre VIII <strong>de</strong> sa « Vie <strong>de</strong>s Pères ».<br />

Saint Nizier était fils d’un riche sénateur, appelé Florentius, et d’une femme fort pieuse nommée Artémie.<br />

Son père avait envisagé que, si son épouse y consentait, il se consacrerait au Seigneur après <strong>la</strong> naissance<br />

<strong>de</strong> son troisième enfant, il espérait <strong>de</strong>venir évêque <strong>de</strong> Genève. Mais durant sa grossesse Artémie révé<strong>la</strong> à<br />

son époux qu’elle avait eu le pressentiment qu’elle portait en son sein un évêque. À <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa<br />

femme, Florentius renonça à l’épiscopat afin <strong>de</strong> s’appliquer avec <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> attention à l’éducation <strong>de</strong><br />

son fils. Très tôt, Nizier se rendit capable <strong>de</strong>s premières charges <strong>de</strong> l’Église mais, par humilité se contenta<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés inférieurs. Après le décès <strong>de</strong> son père, Nizier continua à mener une existence pieuse et paisible<br />

auprès <strong>de</strong> sa mère. Fils obéissant et dévoué, ayant en horreur l’oisiveté, il se p<strong>la</strong>isait à participer avec les<br />

autres serviteurs aux tâches les plus ordinaires, n’hésitant pas à travailler <strong>de</strong> ses mains suivant ainsi le<br />

conseil <strong>de</strong> saint Paul « Nous vous exhortons, frères, à abon<strong>de</strong>r toujours plus dans cet amour,et à mettre<br />

votre honneur à vivre tranquilles, à vous occuper <strong>de</strong> vos propres affaires, et à travailler <strong>de</strong> vos mains,<br />

comme nous vous l’avons recommandé. » 2<br />

Un jour, il eut à souffrir d’une vi<strong>la</strong>ine tumeur au visage ; elle grossit et s’enf<strong>la</strong>mma au point <strong>de</strong> mettre sa<br />

vie en péril. Sa mère, qui vouait une gran<strong>de</strong> dévotion à saint Martin <strong>de</strong> Tours, l’invoqua avec beaucoup <strong>de</strong><br />

ferveur. L’enfant rapporta qu’au second jour « Le bienheureux Martin, après avoir fait sur moi le signe <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

croix, m’a ordonné <strong>de</strong> me lever parce que je ne suis plus ma<strong>la</strong><strong>de</strong> ». Seule subsista une méchante cicatrice<br />

qui témoigna toute sa vie <strong>de</strong> cette guérison miraculeuse.<br />

À l’âge <strong>de</strong> trente ans, il fut ordonné prêtre par saint Agricole, évêque <strong>de</strong> Chalon-sur-Saône. Afin d’ai<strong>de</strong>r<br />

les pauvres, il continua à travailler manuellement comme l’enseigne saint Paul 3 . Soucieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse, il<br />

éduquait tous les enfants <strong>de</strong> ses proches et <strong>de</strong> ses domestiques dans les <strong>Sainte</strong>s Écritures. Il mettait<br />

l’accent sur les Psaumes et les exhortait à <strong>la</strong> chasteté. C’est par <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong> ces vertus, que le saint<br />

prêtre Nizier se prépara à l’épiscopat.<br />

Vers 550, lors d’un syno<strong>de</strong> à Paris, son oncle, saint Sacerdos, archevêque <strong>de</strong> Lyon tomba gravement<br />

ma<strong>la</strong><strong>de</strong>. Le roi Chil<strong>de</strong>bert l’Ancien –fils <strong>de</strong> Clovis et <strong>de</strong> Clotil<strong>de</strong>– vint le visiter et l’évêque lui dit : « Je<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> que le prêtre Nizier, mon neveu, me succè<strong>de</strong> comme évêque <strong>de</strong> Lyon. Car mon témoignage peut<br />

dire <strong>de</strong> lui qu’il est chaste, qu’il aime les églises, qu’il est porté à l’aumône et qu’il se p<strong>la</strong>ît dans ses œuvres<br />

et dans ses mœurs à faire tout ce qui convient aux serviteurs <strong>de</strong> Dieu. » Le roi répondit « Que <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong><br />

Dieu soit faîte ! » Nizier fut donc consacré évêque <strong>de</strong> Lyon, avec l’assentiment <strong>de</strong> tout le clergé et du<br />

peuple. Il était âgé d’environ quarante ans.<br />

1<br />

L’Église fait mémoire <strong>de</strong> saint Nizier (on dit aussi Nicet) <strong>de</strong> Lyon le 2 avril et <strong>de</strong> saint Grégoire <strong>de</strong> Tours le 17<br />

novembre.<br />

2<br />

Cf. première épître aux Thessaloniciens IV, 10-11.<br />

3<br />

Voir notamment l’épître aux Éphésiens IV, 27-29.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 5


Archevêque avisé, honoré et doué <strong>de</strong> nombreux charismes, véritable imitateur du Christ, ami <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> concor<strong>de</strong>, enclin au pardon mais sans aucune faiblesse, Nizier montrait en toute chose une charité<br />

surnaturelle. Le saint pré<strong>la</strong>t gouverna ainsi l’illustre Métropole <strong>de</strong> Lyon pendant vingt-<strong>de</strong>ux ans environ. Il<br />

participa activement au second Concile <strong>de</strong> Lyon (en 567) où il contribua au rétablissement du bon ordre<br />

dans l’Eglise <strong>de</strong>s Gaules.<br />

Enfin, après avoir mis bon ordre à ses affaires et fait son testament, il acheva sa vie par un heureux<br />

décès, à l’âge <strong>de</strong> soixante ans, le 2 avril 573.<br />

Les reliques <strong>de</strong> saint Nizier, son tombeau et même les objets lui ayant appartenu ont, immédiatement,<br />

donné lieu à d’innombrables miracles. Très tôt, une pieuse vénération s’est développée au point qu’on<br />

donna son nom à <strong>la</strong> basilique <strong>de</strong> Lyon, édifiée par saint Eucher 1 et initialement consacrée aux Saints<br />

Apôtres Pierre et Paul.<br />

À présent, nous vous proposons ci-<strong>de</strong>ssous quelques traits rapportés par saint Grégoire <strong>de</strong> Tours.<br />

Sacerdos, évêque <strong>de</strong> Lyon, étant mort à<br />

Paris, après le syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette ville qui<br />

expulsa Saffaracus, saint Nizier comme nous<br />

l’avons dit dans sa vie, fut élevé à cet<br />

évêché. C’était un homme, éminent en toute<br />

sainteté et d’une vie chaste. Il exerça autant<br />

qu’il lui fut possible, à l’égard <strong>de</strong> tous, cette<br />

charité que l’apôtre ordonne d’observer, si<br />

on le peut, envers tous ; en sorte qu’on<br />

pouvait découvrir dans son cœur Dieu même<br />

qui est <strong>la</strong> pure charité. Lorsque quelqu’un<br />

l’avait irrité par sa mauvaise conduite, sitôt<br />

qu’il était corrigé, il le recevait comme si on<br />

ne l’eût jamais offensé. Il châtiait les<br />

coupables, se montrait clément à <strong>la</strong><br />

pénitence, aumônier et assidu au travail. Il s’appliquait avec activité à ériger <strong>de</strong>s églises, réparer les<br />

maisons, ensemencer les champs et cultiver les vignes. Cependant ces choses ne le détournaient pas <strong>de</strong><br />

l’oraison. Après vingt-<strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> ministère pontifical il al<strong>la</strong> trouver Dieu, qui maintenant accor<strong>de</strong> <strong>de</strong> grands<br />

miracles à ceux qui viennent prier sur son tombeau, car l’huile <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe qu’on allume chaque jour sur son<br />

sépulcre a rendu <strong>la</strong> lumière aux yeux <strong>de</strong>s aveugles, chasse les démons <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong>s possédés, redonne <strong>la</strong><br />

santé aux membres estropiés et exerce <strong>de</strong> nos jours une gran<strong>de</strong> puissance sur toutes sortes <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies.<br />

In « HISTOIRE <strong>DE</strong>S FRANCS », Livre IV.<br />

S’il était offensé par quelqu’un, il pardonnait aussitôt cette offense <strong>de</strong> lui-même ou il insinuait par quelque<br />

autre qu’on <strong>de</strong>mandât pardon. Je vis un jour le prêtre Basile, envoyé par lui au comte Armantaire, alors<br />

investi <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance judiciaire dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Lyon, pour lui dire : « Notre pontife a terminé par son<br />

jugement telle affaire qui néanmoins revient <strong>de</strong> nouveau, et il t’avertit <strong>de</strong> ne pas t’occuper <strong>de</strong> <strong>la</strong> reprendre. »<br />

Le comte enf<strong>la</strong>mmé <strong>de</strong> colère répondit au prêtre : « Va lui dire qu’il y a bien <strong>de</strong>s causes portées en sa<br />

présence qui se termineront par le jugement d’un autre que lui. » Le prêtre étant <strong>de</strong> retour, rapporta<br />

1 Saint Agricole est commémoré le 26 février, saint Sacerdos le 9 mars et saint Eucher le 16 novembre.<br />

6 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


simplement <strong>la</strong> chose comme il l’avait entendue. Alors saint Nizier fâché contre lui : « En vérité, dit-il, tu ne<br />

recevras pas <strong>de</strong> ma main les eulogies, parce que tu as fait entendre à mes oreilles <strong>de</strong>s paroles dictées par<br />

<strong>la</strong> colère. » II était en ce moment à table, et j’étais le plus proche <strong>de</strong> lui à sa gauche, exerçant alors l’office<br />

<strong>de</strong> diacre, et il me dit tout bas : « Parle aux prêtres afin qu’ils me prient pour lui. » Je leur par<strong>la</strong>i, mais ils se<br />

taisaient, ne comprenant pas l’intention du saint. Ce que voyant, il me dit : « Toi, il faut te lever et solliciter<br />

pour lui. » M’étant donc levé en tremb<strong>la</strong>nt, je baisai ses saints genoux et je priai pour le prêtre. Il accorda <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et présentant à celui-ci les eulogies, il dit : « Je vous prie, frères, que <strong>de</strong>s paroles inutiles qui ne<br />

sont qu’un grossier murmure ne viennent pas frapper mes oreilles, parce qu’il n’est pas convenable que <strong>de</strong>s<br />

hommes raisonnables retiennent les vains discours d’hommes déraisonnables. Seulement vous <strong>de</strong>vez vous<br />

appliquer à confondre par vos arguments ceux qui s’efforcent d’intriguer contre l’intérêt <strong>de</strong> l’Eglise ; quant<br />

aux paroles déraisonnables, non seulement je n’en fais aucun cas, mais je ne veux même pas les<br />

entendre. » Heureux homme qui vou<strong>la</strong>it <strong>de</strong> toutes ses forces éviter le scandale ! Que ceux-là enten<strong>de</strong>nt ces<br />

choses, qui, s’ils sont offensés, ne savent pas pardonner, mais appe<strong>la</strong>nt toute une ville à partager leur<br />

vengeance, ne craignent pas aussi d’avoir <strong>de</strong>s témoins qui par <strong>de</strong> perfi<strong>de</strong>s rapports disent : « Nous avons<br />

entendu celui-ci disant <strong>de</strong> vous ceci et ce<strong>la</strong>. » Et ainsi il arrive que les pauvres <strong>de</strong> Jésus-Christ sont<br />

opprimés, sans qu’on soit touché d’aucune miséricor<strong>de</strong>. [...]<br />

Aigulfe, notre diacre, revenant <strong>de</strong> Rome, nous en rapportait <strong>de</strong> bienheureuses reliques <strong>de</strong>s saints. Il se<br />

rendit en passant, seulement pour y prier, au lieu où le saint reposait, et, étant entré dans l’édifice, il<br />

examinait le registre <strong>de</strong>s miracles illustres qui s’y étaient passés, lorsqu’il vit une immense foule <strong>de</strong> peuple<br />

auprès du tombeau et qui s’y amassait comme <strong>de</strong>s essaims d’abeilles autour <strong>de</strong> leur ruche. Les uns prenant<br />

du prêtre, qui se tenait là pour les leur donner, <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> cire qu’ils emportaient comme bénédiction,<br />

les autres un peu <strong>de</strong> poussière, quelques-uns s’emparant <strong>de</strong> quelques brins <strong>de</strong> frange qu’ils tiraient <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

couverture du tombeau, croyant tous emporter pour ce<strong>la</strong> une même grâce <strong>de</strong> santé applicable à <strong>de</strong>s cas<br />

différents. Ce que le diacre plein <strong>de</strong> foi ne put voir sans verser <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes, et il dit : « Si <strong>la</strong> dévotion <strong>de</strong> mon<br />

évêque m’a fait traverser <strong>la</strong> mer pour aller visiter les sépulcres <strong>de</strong>s martyrs <strong>de</strong> l’Orient et en rapporter <strong>de</strong>s<br />

reliques, pourquoi n’en prendrai-je pas d’un saint confesseur <strong>de</strong>s Gaules, par lesquelles je conserverai ma<br />

santé et celle <strong>de</strong>s miens ? » Et en même temps s’approchant, il reçut quelques herbes <strong>de</strong> celles que <strong>la</strong><br />

dévotion du peuple avait déposées sur le saint tombeau et que le prêtre lui donna <strong>de</strong> sa main enveloppée<br />

dans un linge. Il les porta soigneusement dans sa maison, et tout aussitôt l’action <strong>de</strong>s miracles justifia <strong>la</strong> foi<br />

<strong>de</strong> l’homme. Car ayant fait prendre une infusion <strong>de</strong> ces feuilles à <strong>de</strong>s gens qui avaient <strong>la</strong> fièvre, ils en furent<br />

guéris sur-le-champ, aussi bien que beaucoup d’autres qui le furent plus tard. En nous racontant ce<strong>la</strong>, il<br />

nous dit que, par le même moyen, il avait déjà rendu <strong>la</strong> santé à quatre personnes atteintes du même mal.<br />

Jean, notre prêtre, revenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Marseille avec <strong>de</strong> <strong>la</strong> marchandise <strong>de</strong> son commerce, vint faire<br />

son oraison au tombeau du saint ; puis, se levant, il aperçut <strong>de</strong>s chaînes brisées et <strong>de</strong>s fers rompus qui<br />

avaient retenu le col ou les jambes <strong>de</strong> criminels et <strong>de</strong> captifs, et il fut plein d’admiration ; mais cette<br />

contemp<strong>la</strong>tion même ne fut pas privée <strong>de</strong> miracles. En effet, lorsqu’il revint vers nous, ce prêtre affirmait<br />

avec serment que trois aveugles y avaient recouvré <strong>la</strong> vue en sa présence et s’en étaient revenus chez eux<br />

guéris. Et comme on portait les reliques du saint avec honneur, en chantant <strong>de</strong>s hymnes, à Orléans, ville<br />

<strong>de</strong>s Gaules, le Seigneur y fit paraître tant <strong>de</strong> grâces que, se prosternant <strong>de</strong>vant elles, les aveugles<br />

recouvrèrent <strong>la</strong> lumière et les boiteux marchèrent droit ; et personne ne saurait douter que le saint<br />

confesseur ne fût présent quand on voyait <strong>de</strong> tels dons accordés aux infirmes. […]<br />

Toutefois, puisqu’il faut mettre une fin à ce livre, nous rapporterons encore un miracle admirable re<strong>la</strong>tif au<br />

livre qu’on a écrit sur sa Vie et dont nous avons parlé plus haut. La divine vertu sortie <strong>de</strong> ce livre, loin <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong>isser Nizier sans gloire, manifeste à beaucoup <strong>de</strong> gens combien il est glorieux, en prouvant l’efficacité <strong>de</strong>s<br />

merveilles racontées dans le volume. Un diacre d’Autun, affligé d’une douloureuse cécité, apprit ce que<br />

faisait au tombeau <strong>de</strong> Nizier, le Dieu glorificateur <strong>de</strong>s saints, et dit à sa famille : « Si j’al<strong>la</strong>is à son tombeau et<br />

que je prenne quelque chose <strong>de</strong> ses reliques, ou si au moins je touchais le manteau qui couvre ses<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 7


membres, je serais guéri. » Et comme il répétait ce<strong>la</strong> et autres choses semb<strong>la</strong>bles à ses amis, il se trouva là<br />

un clerc qui dit : « Tu as raison <strong>de</strong> croire ce<strong>la</strong> ; mais pour affermir encore ton opinion au sujet <strong>de</strong> ces<br />

miracles, voici un volume <strong>de</strong> parchemin qui y est re<strong>la</strong>tif et qui te fera croire plus facilement encore ce que tes<br />

oreilles ont entendu dire. » Mais celui-ci, avant même d’avoir le désir <strong>de</strong> le lire, dit par une divine inspiration :<br />

« Je crois que Dieu a le pouvoir d’opérer <strong>de</strong>s merveilles par ses serviteurs. » Et en même temps il posa le<br />

volume sur ses yeux. Aussitôt <strong>la</strong> douleur et les ténèbres furent dissipées et par <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> ce volume il<br />

recouvra <strong>la</strong> vue, et avec tant <strong>de</strong> netteté qu’il put lire <strong>de</strong> ses propres yeux ces récits <strong>de</strong> miracles. Ainsi c’est le<br />

Seigneur seul qui opère toutes ces choses et qui se glorifie dans ses saints, qu’il rend glorieux par <strong>de</strong>s<br />

miracles illustres. À lui soient le règne et <strong>la</strong> gloire dans les siècles <strong>de</strong>s siècles ! Ainsi soit-il.<br />

In « VIE <strong>DE</strong>S PERES », chapitre VIII.<br />

8 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


RÉ<strong>DE</strong>MPTION ET DÉIFICATION<br />

PAR V<strong>LA</strong>DIMIR LOSSKY<br />

« Dieu s'est fait homme, afin que l'homme puisse <strong>de</strong>venir dieu ».<br />

Ces paroles puissantes que nous trouvons pour <strong>la</strong> première fois chez<br />

saint Irénée 1 reviennent sous <strong>la</strong> plume <strong>de</strong> saint Athanase 2 , <strong>de</strong> saint<br />

Grégoire <strong>de</strong> Naziance 3 , <strong>de</strong> saint Grégoire <strong>de</strong> Nysse 4 (4). Les Pères et<br />

les théologiens orthodoxes les répéteront <strong>de</strong> siècle en siècle, avec <strong>la</strong><br />

même insistance, vou<strong>la</strong>nt exprimer dans cette phrase <strong>la</strong>pidaire<br />

l'essence même du christianisme : une <strong>de</strong>scente ineffable <strong>de</strong> Dieu<br />

jusqu'aux <strong>de</strong>rnières limites <strong>de</strong> notre déchéance humaine, jusqu'à <strong>la</strong><br />

mort, - <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> Dieu qui ouvre aux hommes une voie<br />

d'ascension, les horizons illimités <strong>de</strong> l'union <strong>de</strong>s êtres créés avec <strong>la</strong><br />

Divinité. La voie <strong>de</strong>scendante (katabasis) <strong>de</strong> <strong>la</strong> Personne divine du<br />

Christ rend possible aux personnes humaines une voie ascendante,<br />

notre anabasis, dans l'Esprit-Saint. Il a fallu que l'humiliation<br />

volontaire, <strong>la</strong> kénose ré<strong>de</strong>mptrice du Fils <strong>de</strong> Dieu ait lieu, afin que les<br />

hommes déchus puissent accomplir leur vocation, celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

déification (théosis) <strong>de</strong> l'être créé par <strong>la</strong> grâce incréée. Ainsi l'oeuvre<br />

ré<strong>de</strong>mptrice du Christ - ou plutôt, d'une manière plus générale,<br />

l'Incarnation du Verbe, semble mise ici en rapport direct avec <strong>la</strong> fin<br />

<strong>de</strong>rnière proposée aux créatures, à savoir l'union avec Dieu. Si cette<br />

union est réalisée dans <strong>la</strong> Personne Divine du Fils, Dieu <strong>de</strong>venu<br />

homme, il faut qu'elle soit réalisée dans chaque personne humaine, il<br />

faut que chacun <strong>de</strong> nous, à son tour, <strong>de</strong>vienne dieu par <strong>la</strong> grâce ou<br />

participant <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature divine, selon l'expression <strong>de</strong> saint Pierre (2 P<br />

1,4).<br />

Puisque l'Incarnation du Verbe se trouve si étroitement liée avec notre déification finale dans <strong>la</strong> pensée<br />

<strong>de</strong>s Pères, on pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si elle aurait eu lieu dans le cas où Adam n'aurait pas péché. Cette<br />

question, que l'on a posée quelquefois, nous paraît oiseuse, irréelle. En effet, nous ne connaissons d'autre<br />

condition humaine que celle qui a suivi le péché originel, condition dans <strong>la</strong>quelle notre déification -<br />

l'accomplissement du p<strong>la</strong>n divin - <strong>de</strong>vient impossible sans l'Incarnation du Fils qui revêt nécessairement un<br />

caractère <strong>de</strong> ré<strong>de</strong>mption. Le Fils <strong>de</strong> Dieu est <strong>de</strong>scendu <strong>de</strong>s cieux pour accomplir l'oeuvre <strong>de</strong> notre salut,<br />

pour nous libérer <strong>de</strong> <strong>la</strong> captivité du démon, pour détruire <strong>la</strong> domination du péché dans notre nature, pour<br />

terrasser <strong>la</strong> mort, tribut du péché. La Passion, <strong>la</strong> Mort et <strong>la</strong> Résurrection du Christ, par lesquelles s'accomplit<br />

son œuvre ré<strong>de</strong>mptrice, occupent donc une p<strong>la</strong>ce centrale dans l'économie divine envers le mon<strong>de</strong> déchu.<br />

De ce chef, il n'est que trop compréhensible que le dogme <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption reçoive une importance capitale<br />

dans <strong>la</strong> pensée théologique <strong>de</strong> l'Église.<br />

Pourtant lorsqu'on veut traiter à part le dogme <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption en l'iso<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong><br />

l'enseignement chrétien, on court toujours le risque <strong>de</strong> limiter <strong>la</strong> tradition en l'interprétant exclusivement en<br />

fonction <strong>de</strong> l'œuvre du Ré<strong>de</strong>mpteur. La pensée théologique évolue alors entre trois termes : le péché<br />

1 Contre les hérésies, V, praef. (PG 7, 1120).<br />

2 I er Discours contre les Ariens, 54 (PG 25, 192 B).<br />

3 Poèmes dogmatiques, X, 5-9 (PG 37, 465).<br />

4 Gran<strong>de</strong> oraison catéchétique, 25 (PG 45, 65D).<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 9


originel, sa réparation sur <strong>la</strong> croix et l'appropriation <strong>de</strong> l'effet salutaire <strong>de</strong> l'œuvre du Christ aux chrétiens.<br />

Dans ces perspectives rétrécies d'une théologie dominée par l'idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption, <strong>la</strong> sentence<br />

patristique : « Dieu s'est fait homme, afin que l'homme puisse <strong>de</strong>venir dieu », paraît étrange et insolite. On<br />

oublie l'union avec Dieu en se préoccupant uniquement <strong>de</strong> son propre salut, ou, plutôt, on ne voit l'union<br />

avec Dieu que sous son aspect négatif, qui a trait à notre misère présente.<br />

C'est saint Anselme <strong>de</strong> Cantorbéry (XI e siècle), avec son traité Cur Deus homo (« Pourquoi Dieu [s’est<br />

fait] homme »), qui tenta le premier, sans doute, <strong>de</strong> développer à part le dogme <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption en<br />

retranchant le reste. Les horizons chrétiens se trouvent limités par le drame qui se joue entre Dieu,<br />

infiniment offensé par le péché, et l'homme, incapable <strong>de</strong> satisfaire aux exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice vindicative.<br />

Ce drame se résout dans <strong>la</strong> mort du Christ, Fils <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong>venu homme pour se substituer à nous et payer<br />

notre <strong>de</strong>tte à <strong>la</strong> justice divine. Qu'advient-il <strong>de</strong> l'économie du Saint-Esprit ? son rôle est réduit à celui d'un<br />

auxiliaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption, nous faisant jouir du mérite expiatoire du Christ. La perspective finale <strong>de</strong> notre<br />

union avec Dieu se trouve exclue, du moins fermée à nos yeux par les voûtes austères d'une pensée<br />

théologique s'édifiant à partir <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute originelle et <strong>de</strong> sa réparation. Le prix <strong>de</strong> notre<br />

ré<strong>de</strong>mption ayant été versé par <strong>la</strong> mort du Christ, <strong>la</strong> résurrection et l'ascension ne représentent qu'une fin<br />

glorieuse <strong>de</strong> son œuvre, une sorte d'apothéose, sans rapport direct avec notre <strong>de</strong>stinée. Cette théologie<br />

ré<strong>de</strong>mptioniste, en mettant l'accent sur <strong>la</strong> Passion, semble se désintéresser du triomphe du Christ sur <strong>la</strong><br />

mort. L'œuvre même du Christ-Ré<strong>de</strong>mpteur, dans <strong>la</strong>quelle elle reste confinée, apparaît tronquée, appauvrie,<br />

réduite à un changement d'attitu<strong>de</strong> divine vis-à-vis <strong>de</strong>s hommes déchus, sans aucun rapport avec <strong>la</strong> nature<br />

même <strong>de</strong> l'humanité.<br />

Nous rencontrons une toute autre conception <strong>de</strong> l'œuvre ré<strong>de</strong>mptrice du Christ dans <strong>la</strong> pensée d'un saint<br />

Athanase par exemple. Le Christ, dit-il 1 , ayant livré à <strong>la</strong> mort le temple <strong>de</strong> son corps, a offert un sacrifice<br />

pour tous les hommes, afin <strong>de</strong> les rendre innocents et libres <strong>de</strong> <strong>la</strong> faute originelle d'une part, et, d'autre part,<br />

afin <strong>de</strong> se montrer victorieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort et faire <strong>de</strong> l'incorruptibilité <strong>de</strong> son propre corps les prémices <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

résurrection générale. Ici l'image juridique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ré<strong>de</strong>mption est complétée par une autre - une image<br />

physique ou plutôt biologique : celle du triomphe <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie sur <strong>la</strong> mort, <strong>de</strong> l'incorruptibilité triomphant dans <strong>la</strong><br />

nature corrompue par le péché.<br />

En général, chez les Pères comme dans les Écritures, nous trouvons plusieurs images pour exprimer le<br />

mystère <strong>de</strong> notre salut accompli par le Christ. Ainsi, dans 1'Évangile, le Bon Pasteur est une image<br />

« bucolique » <strong>de</strong> l'œuvre du Christ 2 , l'homme fort, vaincu par quelqu'un <strong>de</strong> plus fort qui lui enlève ses armes<br />

et détruit sa domination, est une image guerrière 3 qui revient souvent chez les Pères et dans <strong>la</strong> liturgie : le<br />

Christ victorieux <strong>de</strong> Satan, brisant les portes <strong>de</strong> l'enfer, faisant <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix sa bannière 4 . Une image médicale,<br />

celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature infirme guérie par l'antidote du salut 5 ; une image que l'on pourrait appeler<br />

« diplomatique » - celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruse divine qui déjoue l'astuce du démon 6 , etc... Enfin, l'image employée le<br />

plus souvent, puisée par saint Paul dans l'Ancien Testament, est empruntée au domaine <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions<br />

juridiques 7 . Prise dans ce sens particulier, <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption est une image juridique <strong>de</strong> l'œuvre du Christ, à côté<br />

<strong>de</strong> plusieurs autres images possibles. En employant le mot ré<strong>de</strong>mption, comme nous le faisons<br />

actuellement, dans le sens d'un terme générique désignant l'œuvre salutaire du Christ dans toute son<br />

ampleur, il ne faut pas oublier que cette expression juridique a un caractère figuré : le Christ est Ré<strong>de</strong>mpteur<br />

1 I er Discours contre les Ariens, 20 (PG 25, 129D-132 A).<br />

2 Mt 18,12-14 ; Lc 15,4-7 ; Jn 10,1-16.<br />

3 Mt 12,29 ; Mc 3,27 ; Lc 11,21-22.<br />

4 S. ATHANASE, Op. cit, 30 (PG 25, 148).<br />

5 S. Jean DAMASCÈNE, III or. sur les icônes, 9 (PG 94, 1332 D). L'image du Christ - mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature humaine<br />

vulnérée par le péché, se trouve souvent en rapport avec <strong>la</strong> parabole du bon Samaritain, qui fut interprétée dans ce<br />

sens, pour <strong>la</strong> première fois, par Origène. Voir sa 34e homélie sur Saint Luc et le Commentaire sur Saint Jean XX, 28 (PG<br />

13, 1886-88 et 14, 656A).<br />

6 S. Grégoire <strong>de</strong> NYSSE, Gr.oOr. catéchét., 22-24 (PG 45, 60-65).<br />

7 Rm 3,24 ; 8,23 ; 1 Co 1,30 ; Ép 1,7 ; 14,30 ; Col 1,14 ; Hé 9,15 ; 11, 35 avec le sens <strong>de</strong> délivrance. 1 Tm 2,6 ; 1 Co<br />

6,20 ; 7,22 ; Ga 3,13 avec le sens <strong>de</strong> rançon payée.<br />

10 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


au même titre qu'il est un guerrier victorieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, un sacrificateur parfait 1 .<br />

L'erreur d'Anselme ne consistait pas tellement en ce qu'il avait développé une théorie juridique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Ré<strong>de</strong>mption, mais bien dans le fait qu'il a voulu voir dans les rapports juridiques impliqués dans le terme<br />

« ré<strong>de</strong>mption » une expression adéquate du mystère <strong>de</strong> notre salut accompli par le Christ. En rejetant les<br />

autres expressions <strong>de</strong> ce mystère comme <strong>de</strong>s images inadéquates (quasi quaedam picturae), il a cru<br />

trouver dans l'image juridique - celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption - le corps même <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité, sa « solidité rationnelle »<br />

(veritatis rationabilis soliditas), une nécessité prouvant que Dieu <strong>de</strong>vait mourir pour notre salut 2 .<br />

L'impossibilité d'exprimer rationnellement <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> l'œuvre ré<strong>de</strong>mptrice en exploitant <strong>la</strong> teneur<br />

juridique du terme « ré<strong>de</strong>mption » fut montrée par saint Grégoire <strong>de</strong> Naziance dans une réduction à<br />

l'absur<strong>de</strong> magistrale :<br />

« Il faut que nous examinions un problème et un dogme souvent passés sous silence, mais qui pour moi<br />

n'en exigent pas moins une étu<strong>de</strong> approfondie. Le sang répandu pour nous, sang très précieux et glorieux<br />

<strong>de</strong> Dieu, ce sang du Sacrificateur et du Sacrifice, pourquoi fut-il versé et à qui fut-il offert? Nous étions sous<br />

<strong>la</strong> domination du démon, vendus au péché, après avoir acquis <strong>la</strong> corruption par notre concupiscence. Si le<br />

prix <strong>de</strong> notre rançon est payé à celui qui nous tient sous son pouvoir, je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> : à qui et pour quelle<br />

raison est offert un tel prix ? S'il est offert au démon, combien c'est outrageant ! Le brigand reçoit le prix <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption ! Non seulement il le reçoit <strong>de</strong> Dieu, mais il reçoit Dieu lui-même. Pour sa violence il exige un<br />

prix si démesuré qu'il aurait été plus juste <strong>de</strong> nous gracier.<br />

« Mais si ce prix est offert au Père, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> avant tout pour quelle raison? Ce n'est pas le Père<br />

qui nous a tenus captifs. Ensuite, pourquoi le sang du Fils Unique serait-il agréable au Père qui n'a pas<br />

voulu accepter Isaac offert en holocauste par Abraham, mais remp<strong>la</strong>ça ce sacrifice humain par celui d'un<br />

bélier ? N'est-il pas évi<strong>de</strong>nt que le Père accepte le sacrifice non parce qu'il l'exigeait ou en éprouvait quelque<br />

besoin, mais par économie : il fal<strong>la</strong>it que l'homme fût sanctifié par l'humanité <strong>de</strong> Dieu, il fal<strong>la</strong>it qui lui-même il<br />

nous libérât en triomphant du tyran par sa propre force, qu'il nous rappelât vers lui par son Fils qui est le<br />

Médiateur accomplissant tout pour l'honneur du Père, auquel il est obéissant en tout... Que le reste soit<br />

vénéré par le silence... 3 » (14).<br />

Ce qui ressort avec évi<strong>de</strong>nce du texte que nous venons <strong>de</strong> citer, c'est que pour saint Grégoire <strong>de</strong><br />

Naziance <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption, loin d'impliquer l'idée d'une nécessité imposée par <strong>la</strong> justice<br />

vindicative, se présente comme l'expression <strong>de</strong> l'économie dont le mystère ne peut être explicité d'une<br />

manière adéquate dans une série <strong>de</strong> concepts rationnels. « Il nous a fallu, dit-il plus loin, que Dieu s'incarne<br />

et meure pour que nous puissions revivre » (§ 28). « Rien ne peut égaler le miracle <strong>de</strong> mon salut : quelques<br />

gouttes <strong>de</strong> sang reconstituent l'univers entier » (§ 29).<br />

Après les horizons rétrécis d'une théologie exclusivement juridique, nous retrouvons chez les Pères une<br />

notion extrêmement riche <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption qui comprend <strong>la</strong> victoire sur <strong>la</strong> mort, les prémices <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

résurrection générale, <strong>la</strong> libération <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature captive du démon, non seulement <strong>la</strong> justification, mais aussi<br />

<strong>la</strong> restauration <strong>de</strong> <strong>la</strong> création dans le Christ. Ici <strong>la</strong> Passion ne peut être séparée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résurrection, le corps<br />

glorieux du Christ assis a <strong>la</strong> droite du Père - <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s chrétiens ici-bas. Pourtant, si <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption<br />

apparaît comme le moment central <strong>de</strong> l'Incarnation, c'est-à-dire <strong>de</strong> l'économie du Fils par rapport au mon<strong>de</strong><br />

déchu, elle ne reste pas moins un moment d'une économie plus vaste <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong> <strong>Trinité</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> l'être<br />

1 L'image sacrificielle ou sacerdotale <strong>de</strong> l'œuvre du Christ chez Saint Paul est au fond i<strong>de</strong>ntique avec l'image juridique,<br />

celle du rachat ou ré<strong>de</strong>mption proprement dite, mais elle <strong>la</strong> complète et l'approfondit. En effet, l'idée <strong>de</strong> propitiation dans<br />

le sang (Rm 3,26) noue ensemble les <strong>de</strong>ux images - juridique et sacrificielle - dans <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort expiatoire d'un<br />

juste, notion propre aux prophéties messianiques (Is 53).<br />

2 Cur Deus homo, 1,4 (PL 158, 365).<br />

3 Or. XLV (Jour <strong>de</strong> Pâques), 22 (PG 36, 653).<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 11


créé ex nihilo et appelé à réaliser librement <strong>la</strong> déification, l'union avec Dieu, afin que Dieu <strong>de</strong>vienne tout en<br />

toutes choses (1 Co 15,28). La pensée <strong>de</strong>s Pères ne ferme jamais cette perspective finale. La ré<strong>de</strong>mption<br />

ayant pour but immédiat notre salut, le salut se présentera, dans sa réalisation <strong>de</strong>rnière, dans le siècle à<br />

venir, comme notre union avec Dieu, comme <strong>la</strong> déification <strong>de</strong>s êtres créés rachetés par le Christ. Mais cette<br />

réalisation <strong>de</strong>rnière suppose l'économie d'une autre Personne divine, envoyée dans le mon<strong>de</strong> après le Fils.<br />

L'œuvre <strong>de</strong> l'Esprit Saint est inséparable <strong>de</strong> celle du Fils. Pour pouvoir dire avec les Pères, « Dieu s'est<br />

fait homme pour que l'homme puisse <strong>de</strong>venir dieu », il ne suffit pas <strong>de</strong> suppléer aux insuffisances <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

théorie d'Anselme en revenant à une notion plus riche <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption, propre aux Pères. Il faut avant tout<br />

retrouver <strong>la</strong> vraie p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l'économie du Saint-Esprit, distincte mais non séparée <strong>de</strong> celle du Verbe<br />

incarné 1 . Si <strong>la</strong> pensée d'Anselme a pu s'arrêter sur l'œuvre ré<strong>de</strong>mptrice du Christ, en l'iso<strong>la</strong>nt du reste <strong>de</strong><br />

l'enseignement chrétien, en rétrécissant les horizons <strong>de</strong> <strong>la</strong> tradition, c'est justement parce qu'à cette époque<br />

l'Occi<strong>de</strong>nt avait déjà perdu <strong>la</strong> vraie notion <strong>de</strong> <strong>la</strong> Personne du Saint-Esprit, en le reléguant au second p<strong>la</strong>n, en<br />

faisant <strong>de</strong> lui une sorte d'auxiliaire ou <strong>de</strong> vicaire du Fils. Nous <strong>la</strong>isserons <strong>de</strong> côté cette question puisque<br />

nous avons déjà tenté d'analyser le dogme <strong>de</strong> <strong>la</strong> « procession ab utroque » et <strong>de</strong> ses conséquences pour<br />

toute <strong>la</strong> théologie occi<strong>de</strong>ntale. Bornons-nous à une tâche positive, celle <strong>de</strong> montrer pourquoi <strong>la</strong> notion <strong>de</strong><br />

notre déification finale ne peut être exprimée uniquement sur une base christologique et réc<strong>la</strong>me un<br />

développement pneumatologique.<br />

En Occi<strong>de</strong>nt, <strong>la</strong> pensée théologique <strong>de</strong> nos jours fait un grand effort <strong>de</strong> retour vers les sources<br />

patristiques <strong>de</strong>s premiers siècles - et particulièrement, celle <strong>de</strong>s Pères grecs, - que l'on veut réintégrer dans<br />

une synthèse catholique. Non seulement <strong>la</strong> théologie post-tri<strong>de</strong>ntine, mais aussi <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>stique médiévale,<br />

malgré sa richesse philosophique, apparaît aujourd'hui comme théologiquement insuffisante. On s'efforce<br />

surtout <strong>de</strong> remettre en valeur <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> l'Église comme corps du Christ, comme créature nouvelle<br />

récapitulée par le Christ, une nature ou un corps ayant le Christ ressuscité pour Chef.<br />

Le premier Adam ayant failli à sa vocation - celle d'atteindre librement à l'union avec Dieu - c'est le<br />

<strong>de</strong>uxième Adam, le Verbe divin, qui accomplit cette union <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux natures dans sa Personne, en<br />

s'incarnant. En s'intégrant à <strong>la</strong> réalité du mon<strong>de</strong> déchu, il épuisa <strong>la</strong> puissance du péché dans notre nature et,<br />

par sa mort, qui marque le <strong>de</strong>gré extrême <strong>de</strong> cette intégration à notre déchéance, Il triompha <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> corruption. Dans le baptême, nous mourons symboliquement avec le Christ, pour ressusciter<br />

réellement en lui dans <strong>la</strong> vie nouvelle <strong>de</strong> son corps victorieux, pour <strong>de</strong>venir membres <strong>de</strong> ce corps unique,<br />

existant concrètement, historiquement sur <strong>la</strong> terre, mais ayant son Chef dans les cieux, dans l'éternité, au<br />

sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong> <strong>Trinité</strong>. Sacrificateur et Sacrifice en même temps, le Christ offre sur l'autel céleste ce<br />

sacrifice unique qui s'accomplit ici-bas, sur les nombreux autels terrestres, dans le mystère eucharistique.<br />

Ainsi il n'y a point <strong>de</strong> coupure entre l'invisible et le visible, entre le ciel et <strong>la</strong> terre, entre le Chef assis à <strong>la</strong><br />

droite du Père et l'Église, son corps, dans lequel coule sans cesse son sang très précieux.<br />

« Ce qui était visible en notre Ré<strong>de</strong>mpteur est passé maintenant dans les sacrements » (saint Léon le<br />

Grand 2 ).<br />

Cette conception <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong>s chrétiens formant le corps unique du Christ renaît en ce moment un peu<br />

partout en Occi<strong>de</strong>nt. C'est une pensée surtout liturgique et sacramentelle qui met en relief le caractère<br />

organique <strong>de</strong> l'Église, sous l'aspect <strong>de</strong> notre unité dans le Christ total. Il est inutile <strong>de</strong> souligner toute<br />

l'importance <strong>de</strong> cette théologie du corps du Christ qui récupère, sur un p<strong>la</strong>n nouveau, les richesses <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tradition patristique. Ce qui importe à présent, c'est le fait que dans cette perspective <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

1 Nous trouvons chez saint Athanase quelques ébauches d'une explication pneumatologique <strong>de</strong> <strong>la</strong> sentence : « Dieu est<br />

<strong>de</strong>venu homme, pour que l'homme <strong>de</strong>vienne dieu ». C'est surtout manifeste dans <strong>la</strong> célèbre opposition du Christ « Dieusarcophore<br />

» et <strong>de</strong>s chrétiens « hommes pneumatophores ». Le Verbe a assumé <strong>la</strong> chair pour que nous puissions<br />

recevoir l'Esprit Saint (De incarn. 8, PG 26, 996C).<br />

2 Serm. 74, 2 (PL 54, 398).<br />

12 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


é<strong>de</strong>mption s'ouvre <strong>de</strong> nouveau à une christologie et une ecclésiologie plus <strong>la</strong>rges, où <strong>la</strong> question <strong>de</strong> notre<br />

déification, <strong>de</strong> notre union avec Dieu, peut <strong>de</strong> nouveau prendre p<strong>la</strong>ce.<br />

De nouveau nous pouvons dire avec les Pères : « Dieu est <strong>de</strong>venu homme, afin que l'homme puisse<br />

<strong>de</strong>venir dieu ». Mais lorsqu'on essaie d'interpréter ces paroles en restant sur une base uniquement<br />

christologique et sacramentelle, où le rôle <strong>de</strong> l'Esprit-Saint est celui d'un agent <strong>de</strong> liaison entre le Chef<br />

céleste <strong>de</strong> l'Église et ses membres, on se heurte à <strong>de</strong>s difficultés très graves, à <strong>de</strong>s questions insolubles 1 .<br />

Dans cette conception <strong>de</strong> l'Église - Corps du Christ, le Christ total, contenant en lui les êtres humains,<br />

membres <strong>de</strong> l'Église (conception que nous acceptons pleinement d'ailleurs), dans ce totalitarisme chrétien,<br />

peut-on sauvegar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> notion <strong>de</strong>s personnes humaines, distinctes entre elles et, surtout, distinctes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Personne unique du Christ qui semble s'i<strong>de</strong>ntifier ici avec <strong>la</strong> personne <strong>de</strong> l'Église ? Ne risque-t-on pas aussi<br />

<strong>de</strong> perdre <strong>la</strong> liberté personnelle, et, après avoir été sauvés du déterminisme du péché, <strong>de</strong> tomber dans une<br />

espèce <strong>de</strong> déterminisme sacramentel, où un processus organique du salut s'accomplissant dans <strong>la</strong><br />

collectivité <strong>de</strong> l'Église tend à supprimer <strong>la</strong> rencontre personnelle avec Dieu ? Dans quel sens sommes-nous<br />

tous un seul corps dans le Christ et dans quel autre sens ne le sommes-nous pas et ne pouvons-nous l'être,<br />

sans cesser d'exister comme <strong>de</strong>s personnes ou hypostases humaines, dont chacune est appelée à réaliser<br />

en elle l'union avec Dieu ? Car, semble-t-il, il y a autant d'unions avec Dieu que <strong>de</strong> personnes humaines,<br />

supposant chacune un rapport absolument unique avec <strong>la</strong> Divinité ; autant <strong>de</strong> saintetés possibles dans les<br />

cieux qu'il y a <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinées personnelles sur terre.<br />

Lorsqu'on veut parler <strong>de</strong>s personnes humaines en rapport avec <strong>la</strong> question du corps du Christ dont nous<br />

sommes membres, il faut renoncer résolument au sens du mot « personne D propre à <strong>la</strong> sociologie et à <strong>la</strong><br />

majorité <strong>de</strong>s philosophes, - pour aller chercher <strong>la</strong> règle, le « canon » <strong>de</strong> notre pensée plus haut, dans <strong>la</strong><br />

notion <strong>de</strong> personne ou hypostase, telle qu'elle se présente dans <strong>la</strong> théologie trinitaire. Ce dogme qui pose<br />

notre esprit <strong>de</strong>vant l'antinomie <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité absolue et <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité non moins absolue, s'exprime par une<br />

distinction entre <strong>la</strong> nature et les personnes ou hypostases.<br />

Chaque personne existe ici, non par l'exclusion <strong>de</strong>s autres, non par opposition à ce qui n'est pas « moi »,<br />

mais (pour parler un <strong>la</strong>ngage psychologique très impropre lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Trinité</strong>) par un refus <strong>de</strong><br />

possé<strong>de</strong>r <strong>la</strong> nature pour soi ; c'est-à-dire que l'existence personnelle pose un rapport à l'autre, une personne<br />

existe vers l'autre : O Logos en pros ton theon, dit le prologue <strong>de</strong> saint Jean. Pour être bref, disons que <strong>la</strong><br />

personne ne peut être pleinement personne que dans <strong>la</strong> mesure où elle n'a rien qu'elle veuille possé<strong>de</strong>r à<br />

elle seule, par exclusion <strong>de</strong>s autres ; c'est-à-dire lorsqu'elle a une nature commune avec les autres. C'est là<br />

seulement qu'intervient dans toute sa pureté <strong>la</strong> distinction entre les personnes et <strong>la</strong> nature ; autrement nous<br />

sommes en présence d'individus divisant entre eux <strong>la</strong> nature. Il n'y a aucun partage, aucune division <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nature Une entre les trois Personnes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Trinité</strong> : les Hypostases ne sont pas trois parties d'un tout, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nature Une, mais chacune comprend en soi <strong>la</strong> nature entière, chacune est le tout, parce qu'elle n'a rien pour<br />

soi : même <strong>la</strong> volonté est commune aux Trois.<br />

Si nous nous tournons à présent vers les êtres humains, créés à l'image <strong>de</strong> Dieu, nous pourrons trouver,<br />

à partir du dogme trinitaire, une nature commune existant en plusieurs hypostases créées. Cependant, dans<br />

<strong>la</strong> réalité du mon<strong>de</strong> déchu, les êtres humains ten<strong>de</strong>nt à exister par exclusion mutuelle, en s'affirmant chacun<br />

par opposition aux autres, c'est-à-dire en divisant, en morce<strong>la</strong>nt l'unité <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature, en possédant chacun<br />

pour soi une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature que ma volonté oppose à tout ce qui n'est pas moi. Sous cet aspect, ce que<br />

nous appelons habituellement une personne humaine n'est pas vraiment une personne mais un individu,<br />

c'est-à-dire une partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature commune, plus ou moins semb<strong>la</strong>ble à d'autres parties ou individus<br />

1 Pour avoir l'idée <strong>de</strong>s difficultés dans lesquelles se débat <strong>la</strong> théologie catholique romaine <strong>de</strong> nos jours, peu capable <strong>de</strong><br />

concilier <strong>la</strong> déification personnelle et <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> l'Église - corps du Christ, on consultera avec utilité le P. Louis<br />

BOUYER, Mystère pascal, 1945, pp. 180-194.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 13


humains dont se compose l'humanité. Mais, en tant que personne dans le vrai sens, dans le sens<br />

théologique <strong>de</strong> ce mot, un être humain n'est pas limité par sa nature individuelle ; il n'est pas seulement une<br />

partie du tout, mais chacun contient virtuellement le tout, l'ensemble du cosmos terrestre 1 , dont il est<br />

l'hypostase ; ainsi chacun est l'aspect unique, absolument original, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature commune à tous. Le<br />

mystère d'une personne humaine, ce qui <strong>la</strong> rend absolument unique, irremp<strong>la</strong>çable, ne peut être saisi dans<br />

un concept rationnel, défini par les mots. Toutes nos définitions se rapporteraient inévitablement à un<br />

individu, plus ou moins semb<strong>la</strong>ble aux autres, et le <strong>de</strong>rnier nom pour désigner <strong>la</strong> personne dans sa diversité<br />

absolue fera toujours défaut. Les personnes, en tant que telles, ne sont pas <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature ; tout en<br />

étant liées à <strong>de</strong>s individuations <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> réalité créée, elles contiennent en elles virtuellement,<br />

chacune à sa manière, le tout, l'ensemble <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. Dans notre expérience habituelle, nous ne<br />

connaissons ni <strong>la</strong> vraie diversité personnelle, ni <strong>la</strong> vraie unité <strong>de</strong> nature : nous voyons <strong>de</strong>s individus humains<br />

d'une part, <strong>de</strong>s collectivités humaines <strong>de</strong> l'autre, en conflit perpétuel.<br />

Nous retrouvons dans l'Église l'unité <strong>de</strong> nature se réalisant perpétuellement, car l'Église est quelque<br />

chose <strong>de</strong> plus uni qu'une collectivité : saint Paul l'appelle corps. C'est <strong>la</strong> nature humaine dont l'unité n'est<br />

plus représentée par le vieil Adam, chef du genre humain dans son extension en individus ; cette nature<br />

rachetée, renouvelée, est rassemblée, récapitulée dans l'Hypostase, dans <strong>la</strong> Personne divine du Fils <strong>de</strong><br />

Dieu <strong>de</strong>venu homme. Si, dans cette réalité nouvelle, nos natures individualisées s'affranchissent <strong>de</strong> leurs<br />

limitations (Hellènes ou Scythes, libres ou esc<strong>la</strong>ves... - cf. 1 Co 12,13), si l'individu existant par opposition à<br />

ce qui n'est pas le moi est appelé à disparaître en <strong>de</strong>venant membre d'un corps unique, ce<strong>la</strong> ne veut pas<br />

dire que les personnes ou hypostases humaines se trouvent par là supprimées. Bien au contraire : c'est là<br />

seulement qu'elles peuvent se réaliser dans leur vraie diversité. N'étant pas <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<br />

commune comme c'est le cas <strong>de</strong> l'individu, les personnes ne se confon<strong>de</strong>nt pas entre elles du fait <strong>de</strong> l'unité<br />

naturelle qui se réalise, en <strong>de</strong>venir, dans l'Église 2 . Elles ne <strong>de</strong>viennent pas, non plus, <strong>de</strong>s parcelles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Personne du Christ, ne sont pas contenues en elle comme dans une « sur-personne » - ce<strong>la</strong> serait contraire<br />

à <strong>la</strong> notion même <strong>de</strong> personne. Nous sommes donc un dans le Christ par notre nature, en tant qu'il est Chef<br />

<strong>de</strong> notre nature, formant en lui un seul Corps.<br />

Une conclusion s'impose : si nos natures individuelles s'incorporent dans l'humanité glorieuse du Christ,<br />

entrent dans l'unité <strong>de</strong> son corps par le baptême, en se conformant à <strong>la</strong> mort et à <strong>la</strong> résurrection du Christ, -<br />

nos personnes, pour que chacune puisse réaliser librement son union avec <strong>la</strong> Divinité, doivent être<br />

confirmées dans leur dignité personnelle par le Saint-Esprit : le sacrement du baptême - celui <strong>de</strong> l'unité dans<br />

le Christ, doit être complété par le sacrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> chrismation - celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité dans l'Esprit-Saint.<br />

Le mystère <strong>de</strong> notre ré<strong>de</strong>mption aboutit à ce que les Pères appellent <strong>la</strong> récapitu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> notre nature par<br />

le Christ et dans le Christ. C'est le fon<strong>de</strong>ment christologique <strong>de</strong> l'Église, s'exprimant par excellence dans <strong>la</strong><br />

vie sacramentaire, avec son caractère d'objectivité absolu. Mais si l'on veut sauvegar<strong>de</strong>r un autre aspect <strong>de</strong><br />

l'Église, ayant un caractère <strong>de</strong> subjectivité non moins absolue, il faudra le fon<strong>de</strong>r sur l'économie d'une autre<br />

Personne divine, indépendante, dans son origine, <strong>de</strong> celle du Fils incarné 3 . Sinon, on risquera <strong>de</strong><br />

dépersonnaliser l'Église, en soumettant <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> ses hypostases humaines à une sorte <strong>de</strong> déterminisme<br />

sacramentel. Par contre, si l'on veut insister sur le côté subjectif, on perdra, avec <strong>la</strong> notion du corps du<br />

Christ, le terrain « logique » <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vérité et l'on tombera dans les divagations <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi « individuelle ».<br />

1 En par<strong>la</strong>nt du « cosmos terrestre », nature dont l'homme est l'hypostase (ou les hypostases), nous <strong>la</strong>issons <strong>de</strong> côté <strong>la</strong><br />

question du « cosmos céleste » ou mon<strong>de</strong> angélique. C'est un tout autre sujet qui n'est pas en rapport direct avec le<br />

problème dont nous avons à nous occuper ici<br />

2 « Divisés en quelque sorte en personnalités bien tranchées, par quoi un tel est Pierre, ou Jean ou Thomas ou Matthieu,<br />

nous sommes comme fondus en un seul corps dans le Christ en nous nourrissant d'une seule chaire » (S. Cyrille<br />

d'ALEXANDRIE, Commentaire sur S. Jean XI, II (PG 74, 560).<br />

3 « ...l'Esprit se trouve présent dans chacun <strong>de</strong> ceux qui le reçoivent, comme s'iI n'était communiqué qu'à lui seul, et<br />

cependant il déverse sur tous <strong>la</strong> grâce totale » (S. BASILE, Traité <strong>de</strong> l'Esprit Saint, IX, 2 (PG 32, 108-109).<br />

14 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


Nous voulons dire que l'Incarnation et l'œuvre ré<strong>de</strong>mptrice du Christ, prises à part <strong>de</strong> l'économie du Saint<br />

Esprit, ne peuvent justifier <strong>la</strong> multiplicité personnelle <strong>de</strong> l'Église, aussi nécessaire que son unité naturelle<br />

dans le Christ. Le mystère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte est aussi important que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré<strong>de</strong>mption. L'œuvre<br />

ré<strong>de</strong>mptrice du Christ est une condition indispensable <strong>de</strong> l'œuvre déificatrice du Saint-Esprit. Le Seigneur<br />

l'affirme lui-même lorsqu'il dit : Je suis venu pour jeter le feu sur <strong>la</strong> terre et que voudrais-je, sinon qu'il fût<br />

allumé (Lc 12,49). Mais d'autre part, on peut dire que l'œuvre <strong>de</strong> l'Esprit Saint est, à son tour, soumise à<br />

celle du Fils, car c'est en recevant l'Esprit que les personnes humaines peuvent en pleine conscience rendre<br />

témoignage à <strong>la</strong> divinité du Christ. Le Fils est <strong>de</strong>venu semb<strong>la</strong>ble à nous par l'Incarnation ; nous <strong>de</strong>venons<br />

semb<strong>la</strong>bles à lui par <strong>la</strong> déification, en participant à <strong>la</strong> divinité dans l'Esprit-Saint, qui <strong>la</strong> communique à<br />

chaque personne humaine en particulier. L'œuvre ré<strong>de</strong>mptrice du Fils se rapporte à notre nature ; l'œuvre<br />

déificatrice <strong>de</strong> l'Esprit Saint s'adresse à nos personnes. Mais les <strong>de</strong>ux sont inséparables, impensables l'une<br />

sans l'autre, car elles se conditionnent mutuellement, sont présentes l'une dans l'autre, - ne sont finalement<br />

qu'une seule économie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong> <strong>Trinité</strong>, accomplie par <strong>de</strong>ux Personnes divines envoyées par le Père<br />

dans le mon<strong>de</strong>. Cette double économie du Verbe et du Paraclet a pour but l'union <strong>de</strong>s êtres créés avec<br />

Dieu.<br />

Considéré du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> notre déchéance, ce but <strong>de</strong> l'économie divine s'appelle salut ou<br />

ré<strong>de</strong>mption. C'est l'aspect négatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>rnière considérée par rapport à notre péché. Considéré du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> vocation <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s êtres créés, elle s'appelle déification. C'est <strong>la</strong> définition positive du<br />

même mystère qui doit s'accomplir en chaque personne humaine dans l'Église et se révéler pleinement<br />

dans le siècle futur, lorsque, après avoir tout réuni dans le Christ, Dieu <strong>de</strong>viendra tout en toutes choses (cf.<br />

1 Co 15,28).<br />

V<strong>la</strong>dimir Lossky,<br />

Extrait <strong>de</strong> : « À l’image et a <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> Dieu »<br />

Aubier Montaigne, 1967.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 15


HOMELIES<br />

INSTITUTION <strong>DE</strong> L’EUCHARISTIE<br />

GRAND JEUDI<br />

1Co XI,23-32 Mt XXVI,1-20 ; Jn XIII,3-17 ; Mt XXVI,21-39 ; Lc XXII,43-45 ; Mt XXVI,40-XXVII,2.<br />

Homélie prononcée par Père Jean Breck le jeudi 20 avril 2006 à <strong>la</strong><br />

crypte,<br />

Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, Amen.<br />

Dans <strong>la</strong> synagogue à Capharnaüm Jésus a prononcé <strong>de</strong>s paroles qui ont suscité une réaction très forte<br />

et même hostile : « Si vous ne mangez pas ma chair, disait-il, si vous ne buvez pas mon sang, vous n’aurez<br />

pas <strong>la</strong> vie en vous. » 1 Pour ses contemporains Juifs un tel propos était scandaleux. Pour tous ceux qui<br />

aiment le Christ et cherchent en Lui le sens ultime <strong>de</strong> leur vie, ces paroles se situent au cœur même du<br />

mystère eucharistique. Au lieu <strong>de</strong> provoquer, elles invitent les fidèles à entrer en <strong>la</strong> communion <strong>la</strong> plus intime<br />

avec Lui et en Lui.<br />

Le grand Jeudi Saint nous commémorons dans l’Église ce que l’on appelle l’Institution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong><br />

Cène ou l’Eucharistie. Suivant le mouvement <strong>de</strong> notre célébration liturgique, nous nous trouvons dans <strong>la</strong><br />

Chambre haute, là où Jésus partage avec Ses disciples le repas pascal. Repas qui commémore <strong>la</strong> libération<br />

du peuple d’Israël <strong>de</strong> l’esc<strong>la</strong>vage en Égypte par <strong>la</strong> main puissante <strong>de</strong> Dieu. Comme il l’avait fait <strong>de</strong>puis son<br />

enfance, Jésus suit le rituel juif qui donne à ce repas son caractère unique. Pourtant, à <strong>de</strong>ux reprises il<br />

modifie le rituel traditionnel. Prenant du pain, Il bénit Dieu par <strong>de</strong>s paroles d’action <strong>de</strong> grâce, paroles<br />

eucharistiques ; puis Il le rompt et le donne à Ses disciples en l’i<strong>de</strong>ntifiant avec Son propre être : « Ceci est<br />

Mon corps, donné pour vous ! » Par <strong>la</strong> suite Il prend le calice, <strong>la</strong> « Coupe <strong>de</strong> Bénédiction ». Rendant grâce<br />

<strong>de</strong> nouveau, Il donne <strong>la</strong> coupe à Ses disciples en ajoutant : « Buvez-en tous ; ceci est Mon sang répandu<br />

pour vous et pour <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong>... ».<br />

Quatre gestes accompagnés <strong>de</strong> quatre paroles explicatives : Il prend, Il bénit (Dieu le Père), Il rompt, Il<br />

distribue. Ses disciples reconnaissaient en ces actions l’accomplissement <strong>de</strong>s gestes et <strong>de</strong>s paroles<br />

prophétiques exprimés dans le lieu désertique où Jésus avait multiplié les cinq pains, afin <strong>de</strong> nourrir plus <strong>de</strong><br />

cinq mille personnes. Là aussi Il a pris du pain en rendant grâce au Père, puis Il l’a rompu et l’a donné à<br />

ceux qui avaient faim.<br />

Selon le témoignage <strong>de</strong> saint Luc, le Christ ressuscité répétera ces mêmes gestes dans <strong>la</strong> maison<br />

d’Emmaüs 2 . L’histoire d’Emmaüs nous fournit en fait une image remarquable du déroulement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Divine<br />

Liturgie. La première partie, <strong>la</strong> "liturgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole", a lieu sur <strong>la</strong> route qui mène <strong>de</strong> Jérusalem à Emmaüs.<br />

Plongés dans <strong>la</strong> détresse et l’incompréhension, les <strong>de</strong>ux disciples sont en train <strong>de</strong> discuter entre eux <strong>de</strong> tout<br />

ce qui s’est passé concernant <strong>la</strong> condamnation et <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> leur Maître. Jésus s’approche d’eux, tout en<br />

restant incognito, puisque leurs yeux sont empêchés <strong>de</strong> Le reconnaître. Les interrogeant sur <strong>la</strong> cause <strong>de</strong><br />

leur tristesse, Jésus « parcourt tous les prophètes », démontrant que l’Ancien Testament dans son<br />

ensemble Lui porte témoignage à Lui et à Sa mission <strong>de</strong> salut. Mais les yeux <strong>de</strong>s disciples restent voilés,<br />

incapables <strong>de</strong> percevoir l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> leur interlocuteur.<br />

1 Cf. évangile selon saint Jean VI, 54.<br />

2 Cf. évangile selon saint Luc XIV, 30.<br />

16 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


Ce n’est qu’en arrivant à <strong>la</strong> maison d’Emmaüs, où Jésus assume le rôle <strong>de</strong> pater familias, que les yeux<br />

<strong>de</strong>s disciples s’ouvrent et ils voient en cet étranger le Seigneur ressuscité. Cette révé<strong>la</strong>tion s’accomplit, elle<br />

aussi, par <strong>de</strong>s gestes eucharistiques. De nouveau Jésus prend du pain et offre Son action <strong>de</strong> grâce ; puis Il<br />

rompt le pain et le distribue. C’est par ces gestes-là que les disciples Le reconnaissent. La Liturgie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Parole s’achève donc dans <strong>la</strong> Liturgie Eucharistique. Désormais tous les lecteurs <strong>de</strong> l’Évangile <strong>de</strong> Saint Luc<br />

sauront que <strong>la</strong> rencontre <strong>la</strong> plus intime avec le Ressuscité se fait par moyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> célébration <strong>de</strong> ce repas<br />

unique, sacramentel, par lequel Jésus se manifeste comme Emmanuel, "Dieu avec nous". Et saint Paul<br />

d’ajouter dans l’épître <strong>de</strong> ce jour, « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe,<br />

vous annoncez <strong>la</strong> mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’Il vienne ». Sa venue à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s temps, pourtant,<br />

s’annonce et se réalise "proleptiquement", c’est-à-dire par anticipation, toutes les fois que <strong>la</strong> communauté<br />

<strong>de</strong>s croyants se réunit autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Table du Seigneur, afin <strong>de</strong> partager Son Corps et Son Sang vivifiants.<br />

Au cœur <strong>de</strong> notre Liturgie eucharistique se trouve un triptyque comprenant les Paroles d’Institution,<br />

l’Anamnèse ou Mémorial, et l’Epiclèse ou invocation <strong>de</strong> l’Esprit Saint. Ces éléments essentiels <strong>de</strong><br />

l’Anaphore, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> prière <strong>de</strong> consécration, expriment tout le mystère <strong>de</strong> l’action divine accomplie pour <strong>la</strong><br />

vie <strong>de</strong> tous ceux qui cherchent le Christ, qui le désirent d’un amour ar<strong>de</strong>nt. Pour en saisir le sens profond, il<br />

faut se rappeler que le vrai célébrant du mystère eucharistique n’est pas le prêtre (qui ne fait que<br />

représenter <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s fidèles). Le vrai Célébrant <strong>de</strong> l’eucharistie, c’est le Christ glorifié, « Celui qui<br />

offre et qui est offert ». Lorsque le prêtre, au nom du peuple, prononce les paroles d’institution, il reprend les<br />

paroles du Christ : « Ceci est mon corps... Ceci est mon sang. » Ce premier panneau du triptyque nous rend<br />

donc contemporains <strong>de</strong>s disciples dans <strong>la</strong> Chambre Haute, comme <strong>de</strong> ceux qui ont accueilli le Christ à<br />

Emmaüs.<br />

Le troisième et <strong>de</strong>rnier panneau, l’Épiclèse, représente l’invocation adressée à Dieu le Père par le prêtre<br />

au nom <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> communauté. Par cette supplication le prêtre implore le Père d’envoyer sur l’assemblée<br />

<strong>de</strong>s fidèles, ainsi que sur les dons sacramentels <strong>de</strong> pain et <strong>de</strong> vin, l’Esprit Saint, le Donateur <strong>de</strong> vie, afin qu’il<br />

transforme – "métamorphose" – et le peuple et les saints dons en Corps du Christ. Cette prière, peut-être<br />

plus que toute autre, affirme une vérité essentielle : que le peuple <strong>de</strong> Dieu constitue l’Église universelle et<br />

que le fon<strong>de</strong>ment même <strong>de</strong> l’Église, c’est <strong>la</strong> communion <strong>de</strong>s fidèles au Corps et au Sang du Christ. C’est <strong>la</strong><br />

raison pour <strong>la</strong>quelle l’apôtre Paul emploie l’expression sôma tou Christou, "Corps du Christ", pour désigner<br />

et les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté ecclésiale et le saint pain "donné pour vous" 1 . Dans son essence même<br />

l’Église est eucharistique...<br />

Le panneau central <strong>de</strong> ce triptyque, qui constitue le point culminant <strong>de</strong> <strong>la</strong> célébration eucharistique, est<br />

l’Anamnèse ou Mémorial. Il commémore « tout ce qui a été fait pour nous », du sacrifice du Christ sur <strong>la</strong><br />

Croix, jusqu’à son ascension dans <strong>la</strong> gloire, y compris ce qui n’est pas encore arrivé : le second et glorieux<br />

avènement du Christ à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s temps.<br />

Cette anamnèse se termine par le geste d’offran<strong>de</strong> qui culmine toute l’action eucharistique. Croisant les<br />

mains pour saisir le calice et <strong>la</strong> patène sur <strong>la</strong>quelle repose l’Agneau ou Pain eucharistique, le prêtre (ou le<br />

diacre) les élève en disant : « Ce qui est à Toi, le tenant <strong>de</strong> Toi, nous Te l’offrons en tout et pour tout ! »<br />

Il est significatif que, sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure littéraire <strong>de</strong> l’office, ces paroles se situent au centre même<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Divine Liturgie. Elles en constituent le véritable centre d’intérêt, l’achèvement <strong>de</strong> l’œuvre humaine qui<br />

n’est qu’une réponse, sous forme <strong>de</strong> supplication et d’action <strong>de</strong> grâce, offerte à l’Auteur du mystère<br />

sacramentel. C’est Lui qui recevra ces saints dons, pour en faire, pour nous et pour le mon<strong>de</strong> entier, <strong>de</strong>s<br />

éléments qui nous nourrissent à <strong>la</strong> vie éternelle. « Ce qui est à Toi, le tenant <strong>de</strong> Toi... »<br />

Dieu nous offre les humbles dons <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre, le blé et <strong>la</strong> grappe ; nous en faisons du pain et du vin, que<br />

nous Lui offrons en retour. Lui, Il les reçoit, afin <strong>de</strong> les métamorphoser, <strong>de</strong> les transformer, en Dons<br />

eucharistiques. Nous faisons le geste d’offrir à Dieu ce qu’Il nous a déjà donné ; c’est à Lui <strong>de</strong> les recevoir et<br />

<strong>de</strong> nous les redonner comme Source <strong>de</strong> vie.<br />

1 Cf. Première épître aux Corinthiens X, 16-17 puis XI, 23-29.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 17


Ce geste d’offran<strong>de</strong>, fait par le prêtre, est en réalité fait par <strong>la</strong> communauté toute entière. Car <strong>de</strong> par notre<br />

baptême, chacun est prêtre, membre d’un sacerdoce royal, universel. L’offran<strong>de</strong> eucharistique <strong>de</strong>vient donc<br />

le symbole – qui veut dire l’actualisation – <strong>de</strong> l’offran<strong>de</strong> que nous faisons <strong>de</strong> nous mêmes et du mon<strong>de</strong><br />

entier à Celui qui seul est capable <strong>de</strong> transformer et le pain et notre vie en Corps du Christ.<br />

Faire offran<strong>de</strong> <strong>de</strong> nous mêmes et <strong>de</strong>s éléments du pain et du vin, c’est faire offran<strong>de</strong> également du<br />

mon<strong>de</strong> qui nous entoure. Sans se confier « nous-mêmes, les uns les autres » et le mon<strong>de</strong> entier au Christ<br />

notre Dieu, l’eucharistie reste inachevée, incomplète. « Ce qui est à Toi, le tenant <strong>de</strong> Toi, nous Te l’offrons<br />

en tout et pour tout ». Ce qui signifie non seulement pour "toutes choses", mais pour tous, pour chaque être<br />

humain, porteur le l’Image divine. Si nous nous rassemblons à l’église pour célébrer le mystère<br />

eucharistique, ce n’est point en communauté close, en petit groupe d’élus, distingués et coupés du reste <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> société ambiante. Nous célébrons aussi pour nos proches non-croyants, pour nos ennemis, pour les<br />

démunis et les personnes marginalisées, pour les victimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre et <strong>de</strong> l’injustice sociale, pour tous<br />

ceux qui nous ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> prier pour eux, « indignes que nous soyons ». Notre prière eucharistique est<br />

une prière « pour <strong>la</strong> vie et le salut du mon<strong>de</strong> ».<br />

Les paroles du Christ, « mangez ma chair, buvez mon sang », nous les recevons comme une invitation.<br />

Invitation adressée à nous-mêmes en tant que membres <strong>de</strong> Son Corps, mais adressée également à ce<br />

pauvre mon<strong>de</strong>, cassé et tourmenté, qui, selon l’apôtre Jean, « gît entre les mains du Mauvais » 1 . Que tout le<br />

peuple <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, par nos gestes et nos prières, enten<strong>de</strong> lui aussi cette invitation et qu’il l’accepte, afin<br />

<strong>de</strong> communier avec nous à toute <strong>la</strong> joie et à toute <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie éternelle.<br />

Amen.<br />

DIMANCHE <strong>DE</strong> SAINT THOMAS<br />

Deuxième dimanche après Pâques<br />

Livre <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong>s apôtres V, 12-20 ; évangile selon Jean XX, 19-31<br />

Homélie prononcée par le Père Boris le 18 avril 2004 à <strong>la</strong> crypte.<br />

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.<br />

Le Christ est ressuscité ! En vérité Il est ressuscité !<br />

Voici déjà <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Semaine qui est passée. Et, j’oserais dire qu’elle est passée comme un jour. Ce<br />

n’est pas une simple figure <strong>de</strong> style, je ne dis pas ce<strong>la</strong> à <strong>la</strong> légère : La Gran<strong>de</strong> Semaine Lumineuse est<br />

passée comme un jour car nous vivons ce mystère <strong>de</strong> Pâques bien au-<strong>de</strong>là du temps et <strong>de</strong> l’espace.<br />

"Bien au-<strong>de</strong>là du temps et <strong>de</strong> l’espace" tout d’abord parce que – comme nous le rappelons toujours –<br />

nous sommes en Église, par et dans l’Esprit Saint, les contemporains et les témoins du Ressuscité : Ce que<br />

nous avons vu, ce que nous avons entendu <strong>de</strong> nos oreilles, ce que nous avons touché <strong>de</strong> nos mains nous<br />

vous l’annonçons pour que vous ayez <strong>la</strong> foi en Christ, <strong>la</strong> foi en le Ressuscité 2 .<br />

Mais, il y a beaucoup plus que ce<strong>la</strong>. Étant les témoins du Ressuscité nous réalisons que ce mystère <strong>de</strong><br />

Pâques transcen<strong>de</strong> infiniment le temps, notre temporalité, ce déroulement successif et répétitif <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

semaine, du premier au septième jour puis <strong>de</strong> nouveau du premier au septième jour, sans fin… Ce<strong>la</strong> peut<br />

1 Cf. Première épître <strong>de</strong> saint Jean V, 19.<br />

2 Voir notamment le début <strong>de</strong> <strong>la</strong> Première Épître <strong>de</strong> saint Jean.<br />

18 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


s’appeler "le temps cyclique". Or, ce temps cyclique est un temps clos, un temps <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>-ci. Il s’agit,<br />

certes, d’un temps béni car c’est un temps tel que le Seigneur a voulu qu’il le soit et le Seigneur veut, en<br />

effet, que nous puissions célébrer ce temps et le vivre chaque jour au rythme <strong>de</strong> cette semaine porteuse<br />

d’un sens si particulier. Néanmoins, il y a autre chose, quand le Seigneur vient dans Sa résurrection, alors<br />

on peut dire qu’Il brise le cadre clos <strong>de</strong> ce temps cyclique : Au terme du septième jour, après le sabbat, le<br />

Seigneur introduit un Huitième Jour.<br />

Non seulement ce Huitième Jour est le jour qui annonce <strong>la</strong> Résurrection mais encore ce Huitième Jour<br />

est figure du Royaume <strong>de</strong> Dieu, là où il n’y aura ni soleil ni lune, là où l’Agneau Lui-même sera notre<br />

luminaire, et là où désormais nous serons dans une résurrection et dans une contemp<strong>la</strong>tion incessante du<br />

Ressuscité et <strong>de</strong> Sa gloire.<br />

Par conséquent, l’Église vit très profondément ce Huitième Jour. Elle le vit tout d’abord dans cette<br />

Semaine Lumineuse. Après le samedi nous sommes aujourd’hui dimanche, mais désormais ce n’est plus le<br />

premier jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine mais le huitième, ce Huitième Jour que nous vivons comme signe, annonce et<br />

figure du Royaume éternel. Approfondissons cette question : il y a, <strong>de</strong> surcroît, les sept semaines du temps<br />

pentecostal, du pentecostaire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cinquantaine pascale comme il faudrait dire plus exactement. Si nous<br />

ajoutons un jour à ces sept semaines alors, <strong>de</strong> nouveau, nous obtenons le chiffre huit. Sept semaines et un<br />

jour, et vous avez <strong>la</strong> Pentecôte elle-même, c’est-à-dire le cinquantième jour du Pentecostaire. Et ce<br />

dimanche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte est, lui aussi, signe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résurrection et <strong>de</strong> <strong>la</strong> plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> venue du Christ.<br />

À ce<strong>la</strong> je voudrais ajouter qu’assurément nous attendons <strong>la</strong> venue <strong>de</strong> l’Esprit Saint au terme <strong>de</strong> ces<br />

cinquante jours. Nous l’attendons et nous l’invoquons : « Viens Esprit Saint, illumine nos cœurs », mais, en<br />

vérité, si l’Esprit Saint n’était pas déjà en nous, nous ne pourrions pas annoncer et c<strong>la</strong>mer au mon<strong>de</strong> entier<br />

et à nos proches <strong>la</strong> Résurrection du Christ car « Nul, dit saint Paul, ne peut confesser Jésus comme le<br />

Seigneur – c’est-à-dire comme le Ressuscité, comme Dieu –, sinon dans l’Esprit Saint » 1 . Par conséquent<br />

nous sommes dans l’Esprit Saint ; si l’Esprit Saint s’était absenté l’Église elle-même s’effondrerait. Nous<br />

attendons <strong>la</strong> venue <strong>de</strong> l’Esprit Saint et, pourtant, en ce temps pascal, c’est à dire en ce mystère <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

résurrection, en cette cinquantaine, c’est par <strong>de</strong> multiples manières que l’Esprit Saint se communique à<br />

nous.<br />

Je vais peut-être vous étonner en vous disant que <strong>la</strong> première manière c’est sur <strong>la</strong> Croix. Quand<br />

l’Évangéliste Jean témoigne qu’en ce temps-là « Un <strong>de</strong>s soldats Lui perça le côté <strong>de</strong> sa <strong>la</strong>nce et aussitôt il<br />

en sortit du sang et <strong>de</strong> l’eau » 2 : le sang, symbole <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, est aussi le symbole <strong>de</strong> l’Esprit Saint, et l’eau est<br />

également ce qui <strong>de</strong>viendra le lieu du baptême c’est-à-dire le lieu du renouvellement <strong>de</strong> <strong>la</strong> créature par<br />

l’Esprit Saint.<br />

C’est ainsi que les Pères <strong>de</strong> l’Église commentent cet écoulement du sang et <strong>de</strong> l’eau du côté transpercé<br />

du Christ, c’est déjà pour eux l’annonce du don du Saint Esprit. Pourquoi une telle lecture ? Parce que, pour<br />

le saint évangéliste Jean, il y a coïnci<strong>de</strong>nce, cumul, on pourrait dire une véritable interpénétration <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix<br />

et <strong>de</strong> l’Exaltation : <strong>la</strong> Croix, en effet, ce n’est pas seulement <strong>la</strong> souffrance mais c’est déjà <strong>la</strong> victoire<br />

« Maintenant, dit Jésus avant <strong>de</strong> mourir, le Fils <strong>de</strong> l’Homme est glorifié et Dieu est glorifié en Lui » 3 , c’est<br />

déjà <strong>la</strong> Glorification. Par conséquent, dès que Jésus, d’une voix forte, prononce ces mots « Père, je remets<br />

Mon Esprit entre Tes mains », c’est-à-dire « quand tout est accompli » 4 alors plus rien ne peut empêcher<br />

l’Esprit <strong>de</strong> venir puisque le Père n’a pas d’autre intention que d’envoyer Son Esprit Saint. Déjà dans cet<br />

écoulement du sang et <strong>de</strong> l’eau, le Père donne en annonce l’Esprit Saint.<br />

Le second moment pentecostal, comme on peut dire, du don <strong>de</strong> l’Esprit vient le soir même <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Résurrection. Cette fois encore, l’évangéliste Jean anticipe <strong>la</strong> Pentecôte lucanienne. En effet chez<br />

l’évangéliste Luc – dans son évangile et au début du Livre <strong>de</strong>s Actes – il y a les quarante jours avant <strong>la</strong><br />

1 Cf. Première épître <strong>de</strong> saint Paul aux Corinthiens XXII, 3.<br />

2 Cf. évangile selon saint Jean XIX, 34.<br />

3 Voir l’évangile selon saint Jean XIII, 31-32.<br />

4 Cf. évangiles selon saint Luc XXIII, 46 et saint Jean XIX, 30.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 19


montée aux Cieux du Seigneur, puis il y a encore cette attente jusqu’à <strong>la</strong> Pentecôte. L’Église célèbre et<br />

respecte pieusement ces cinquante jours et, avec elle, nous les vivons véritablement comme l’attente <strong>de</strong><br />

l’Esprit Saint. Cependant, dès le premier jour chez saint Jean tout est annoncé. Déjà le matin, le Ressuscité<br />

dit à Marie « Ne me touche pas, car Je ne suis pas encore monté vers Mon Père mais va dire à Mes<br />

disciples "Voici Je monte vers Mon Père et votre Père, vers Mon Dieu et votre Dieu" », ce<strong>la</strong> signifie qu’aux<br />

yeux <strong>de</strong> l’évangéliste Jean cette montée a, pour ainsi dire, déjà eu lieu lorsque, au soir <strong>de</strong> Sa résurrection,<br />

Jésus apparaît à Ses disciples. Le soir même, Il leur donne l’Esprit Saint : il souff<strong>la</strong> sur eux et leur dit<br />

"recevez l’Esprit Saint" 1 . Voilà le second signe du don <strong>de</strong> l’Esprit Saint.<br />

La troisième fois où l’Esprit Saint Se communique avant <strong>la</strong> Pentecôte, c’est aujourd’hui, lorsque Jésus dit<br />

à Thomas « Mets ton doigt ici dans Mes mains avance ta main et mets <strong>la</strong> dans Mon côté et ne sois plus<br />

incrédule mais croyant. » Thomas est souvent appelé "Thomas l’incrédule", mais j’ajouterais qu’il est aussi<br />

"Thomas le croyant". Je dirais aussi que l’incrédulité <strong>de</strong> Thomas est une incrédulité bienheureuse qui a été<br />

voulue par le Seigneur. En effet, Thomas n’était sûrement pas plus incrédule que les autres mais le<br />

Seigneur a voulu que ce<strong>la</strong> se fasse pour qu’il puisse témoigner, pour que soit proc<strong>la</strong>mée cette merveilleuse<br />

confession <strong>de</strong> foi, mais aussi pour que Jésus rappelle à notre intention que « Bienheureux ceux qui ont cru<br />

sans avoir vu ! » car en un certain sens nous n’avons pas vu, mais en un certain sens nous avons vu, c’est<br />

à dire avec les yeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi. Ainsi, Thomas avance sa main et <strong>la</strong> met dans les p<strong>la</strong>ies du Sauveur. Ce sont<br />

<strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ies qui étaient, on peut le dire, sanguinolentes mais ce sont surtout <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ies par lesquelles sourd<br />

une trouée <strong>de</strong> Lumière, <strong>de</strong> Grâce et <strong>de</strong> Vie. C’est ainsi que, dès aujourd’hui, Thomas et les disciples sont<br />

bénéficiaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Résurrection et du don <strong>de</strong> l’Esprit Saint.<br />

Enfin, après l’Ascension du Sauveur les disciples retourneront à Jérusalem. Puis, le cinquantième jour<br />

selon l’évangéliste Luc, quand les disciples seront réunis dans <strong>la</strong> chambre haute dans <strong>la</strong> joie et dans<br />

l’attente, le Seigneur accomplira Sa promesse « Je vous enverrai l’Esprit, Il vous annoncera toutes choses<br />

et vous rappellera tout ce que Je vous ai dit. »<br />

Ainsi vous voyez on ne peut pas simplement limiter <strong>la</strong> Pentecôte en un seul moment historique. Il y a,<br />

bien sûr, le moment historique mais il y a <strong>la</strong> réalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte qui est surabondante et qui submerge<br />

tout le champ temporel, toute <strong>la</strong> temporalité, toute <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> l’Église. C’est ainsi que nous le savons et nous<br />

l’annonçons : Dès à présent l’Esprit Saint est déjà là. Il est déjà présent en nous mais nous <strong>de</strong>vons<br />

impérativement prendre conscience qu’il nous faut, encore et encore, nous préparer et nous purifier pour Le<br />

recevoir dans une plus gran<strong>de</strong> et toujours plus gran<strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>. Nous voici en marche. Il nous faut<br />

comprendre que le mystère du Christ est un mystère d’ascension, un mystère <strong>de</strong> dynamisme dans lequel<br />

nous sommes, toujours et toujours, en marche, toujours plus haut, offrant nos cœurs et les di<strong>la</strong>tant <strong>de</strong> plus<br />

en plus pour accueillir l’Esprit qui vient en nous.<br />

Et, quand l’Esprit vient en nous, alors selon les paroles <strong>de</strong> saint Paul « Ce n’est plus moi qui vis, mais<br />

Jésus le Christ qui vit en moi. » 2<br />

Le Christ est ressuscité !<br />

En vérité Il est ressuscité !<br />

1 Cf. évangile selon saint Jean XX, 17-22.<br />

2 Cf. Épître <strong>de</strong> saint Paul aux Ga<strong>la</strong>tes II, 20.<br />

20 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


REUNION DU CONSEIL PAROISSIAL DU 17 FEVRIER 2007<br />

Sont présents : Révérends Pères : Alexis STRUVE (prési<strong>de</strong>nt), Elisée GERMAIN, René DORENLOT,<br />

diacre Joseph QUEMERAYE ; mesdames et messieurs : Hélène ARISTOFF, Lucia BEUDIN (trésorière),<br />

Marina COPSIDAS (marguillière), Michel FEUILLEBOIS (secrétaire), Jean MALLIARAKIS, Xénia<br />

TCHEKAN, , Didier VI<strong>LA</strong>NOVA.<br />

Absent et excusé : Révérend Père Boris BOBRINSKOY ; messieurs Remy GUERINEL, Nils KUHN <strong>de</strong><br />

CHIZELLE, Georges TROUBNIKOFF<br />

Après <strong>la</strong> récitation <strong>de</strong> l’hymne Roi céleste, le Père Alexis ouvre <strong>la</strong> séance à 16 h 05.<br />

Date du prochain conseil : Le samedi 12 mai 2007 à 16 heures.<br />

Calendrier liturgique :<br />

Contrairement à ce qui a été primitivement annoncé, le chant <strong>de</strong> l’Acathiste à <strong>la</strong> Mère <strong>de</strong> Dieu aura lieu<br />

pendant les vigiles <strong>de</strong> l’Annonciation, le samedi 24 mars.<br />

Lundi <strong>de</strong> Pâques à 10 h 15 : heures pascales, liturgie et procession <strong>de</strong>s icônes<br />

Ceci est possible car c’est <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vacances sco<strong>la</strong>ires. Les enfants <strong>de</strong> <strong>la</strong> catéchèse sont attendus. Une<br />

invitation sera <strong>la</strong>ncée aux enfants <strong>de</strong>s paroisses francophones. Une col<strong>la</strong>tion sera préparée pour <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

matinée.<br />

Lundi <strong>de</strong> Pentecôte : une liturgie pourra être célébrée, selon les possibilités du clergé. Dans ce cas,<br />

l’annonce sera faite en temps utile.<br />

Fête <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse.<br />

Elle est maintenue le dimanche 27 mai, jour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pentecôte.<br />

Assemblée Générale du dimanche 11 mars.<br />

Il faudra élire trois membres du conseil paroissial (les sortants sont Lucia Beudin, Michel Feuillebois, Nils<br />

Kuhn <strong>de</strong> Chizelle) ainsi que les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong>s comptes.<br />

Il faudra élire les quatre représentants <strong>la</strong>ïcs <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse à l’assemblée diocésaine avec leurs quatre<br />

suppléants. Puisque <strong>la</strong> paroisse dispose d’autant <strong>de</strong> représentants <strong>la</strong>ïcs qu’elle a <strong>de</strong> clercs.<br />

On pourra, dans les questions diverses, avoir <strong>de</strong>s explications sur <strong>de</strong>s points liturgiques, théologiques ou<br />

spirituels.<br />

Information sur <strong>la</strong> prochaine Assemblée diocésaine.<br />

Pour <strong>la</strong> première fois un rapport d’activité sera joint au rapport moral. Un rapport d’audit sera présenté, <strong>de</strong><br />

même que le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s différentes commissions (Institut <strong>de</strong> théologie, S.D.O., <strong>la</strong> revue Le messager<br />

diocésain, etc…).<br />

L’Assemblée aura à voter sur le règlement intérieur re<strong>la</strong>tif aux vicariats ; et à élire un nouvel évêque<br />

auxiliaire.<br />

Il faudra élire six membres (trois clercs et trois <strong>la</strong>ïcs) du conseil diocésain et leurs six suppléants, ainsi que<br />

les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission d’audit.<br />

Rencontre informelle.<br />

Il sera possible d’en organiser une après <strong>la</strong> Pentecôte, par exemple pour une pédagogie <strong>de</strong> l’office <strong>de</strong>s<br />

vigiles, en espérant ainsi en augmenter le nombre d’assistants…<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 21


Réunion sur le bulletin.<br />

Une réunion a eu lieu avec le P. Alexis, le P. Elisée, Marina Copsidas, Nils Kuhn <strong>de</strong> Chizelle, Jean<br />

Malliarakis et Georges Troubnikoff.<br />

Un abonnement électronique est déjà possible, mais il semble que le site internet <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse et le bulletin<br />

soient appelés à fusionner à terme. Le bulletin pourrait être reproduit sur le site, pour commencer, avec un<br />

déca<strong>la</strong>ge d’un mois.<br />

Si <strong>de</strong>s extraits d’ouvrages sous copyright y étaient inclus à l’avenir, une autorisation serait <strong>de</strong>mandée à<br />

l’éditeur, ou bien un lien avec son site permettrait aux lecteurs du bulletin <strong>de</strong> pouvoir comman<strong>de</strong>r l’ouvrage.<br />

Pour les informations paroissiales, les adresses personnelles et les patronymes ne seraient pas indiqués,<br />

afin <strong>de</strong> respecter les règles <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité.<br />

Des rubriques nouvelles sont envisagées : <strong>de</strong>s recensions d’ouvrages, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur les grands<br />

personnages <strong>de</strong> l’Ancien testament, à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à une paroissienne spécialiste.<br />

Le P. Alexis remercie Nils et Jean <strong>de</strong> leur travail.<br />

Semaine <strong>de</strong> l’unité.<br />

Fort peu <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse étaient présents lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> veillée <strong>de</strong> prière qui s’est tenue à <strong>la</strong> crypte :<br />

quelques membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chorale surtout. Mais Monseigneur Gabriel a bien voulu prési<strong>de</strong>r <strong>la</strong> soirée qui<br />

comportait un office et <strong>de</strong>s témoignages sur le thème <strong>de</strong> l’accueil <strong>de</strong> l’étranger. Il est vrai que plusieurs<br />

paroissiens participaient à <strong>de</strong>s veillées dans d’autres lieux…<br />

Le gui<strong>de</strong> iconographique <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte.<br />

Il faudra trouver un équilibre entre <strong>la</strong> simple présentation <strong>de</strong>s peintures <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte et celle d’une paroisse<br />

orthodoxe francophone. Ce <strong>de</strong>rnier aspect, ainsi que <strong>de</strong>s indications sur <strong>la</strong> disposition canonique <strong>de</strong>s<br />

peintures dans une église, pourront être rappelés par l’introduction à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au P. Boris.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier texte, le gui<strong>de</strong> est prêt à être réalisé : imprimeur choisi, <strong>de</strong>vis établi, financement<br />

trouvé.<br />

Enquête diocésaine.<br />

A <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> marguillière, le P. Alexis précise que cette enquête statistique concerne toutes les<br />

paroisses et vise à améliorer l’administration du diocèse. Ainsi seront mieux connus les effectifs, les <strong>la</strong>ngues<br />

liturgiques employées, le nombre <strong>de</strong> choristes, etc…<br />

Questions diverses.<br />

La visite à paris du patriarche œcuménique Bartholomée n’a été annoncée que <strong>de</strong>ux jours avant : <strong>de</strong>s<br />

membres du conseil regrettent que, par conséquent, fort peu <strong>de</strong> fidèles aient pu y participer.<br />

Pour l’accueil <strong>de</strong>s nouveaux, <strong>la</strong> marguillière le fait, quand elle est mise au courant. Le P. Alexis remarque<br />

qu’il faut être discret, et que certains ne <strong>de</strong>viendront pas paroissiens, pour <strong>de</strong>s raisons diverses. Le principe<br />

d’une réunion spécifique annuelle, vers le mois d’octobre est retenu.<br />

Hélène Aristoff insiste pour que <strong>la</strong> pièce où est entreposé le matériel soit débarrassée avant <strong>la</strong> semaine<br />

<strong>de</strong> Pâques.<br />

Xénia Tchékan <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que l’on trouve à stocker <strong>la</strong> caisse <strong>de</strong>s jouets <strong>de</strong> <strong>la</strong> catéchèse <strong>de</strong>s tout-petits.<br />

Les ampoules sont remp<strong>la</strong>cées progressivement et un panneau mobile pour les affiches <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse<br />

sera bientôt installé.<br />

Plus rien n’étant à l’ordre du jour, <strong>la</strong> séance est levée à 17 h 40, après le chant <strong>de</strong> l’Hymne à <strong>la</strong> Mère <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

Le prési<strong>de</strong>nt le secrétaire<br />

Archiprêtre Alexis STRUVE Michel FEUILLEBOIS<br />

22 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


COMPTE-RENDU <strong>DE</strong> L’ASSEMBLEE GENERALE DU 11 MARS 2007<br />

Le Père Boris Bobrinskoy déc<strong>la</strong>re <strong>la</strong> séance ouverte à 13 h 45 après <strong>la</strong> récitation <strong>de</strong> l’hymne Roi céleste.<br />

RAPPORT MORAL DU RECTEUR<br />

(qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l’intervention éventuelle <strong>de</strong>s responsables <strong>de</strong>s services)<br />

En introduction, P. Boris remercie chaleureusement Armelle Le Goff qui a préparé efficacement <strong>la</strong><br />

documentation <strong>de</strong> ce rapport moral.<br />

VIE LITURGIQUE ET SACRAMENTAIRE.<br />

Les prêtres.<br />

Père Boris Bobrinskoy protopresbytre, est notre recteur. Père Alexis Struve,archiprêtre est le vice-recteur.<br />

Père Alexis travaille à plein temps et a aussi une mission à <strong>la</strong> paroisse <strong>de</strong> Biarritz. Père hiéromoine Elisée<br />

(Germain), <strong>de</strong>ssert notre paroisse <strong>de</strong>puis septembre 2005. (iI travaille aussi à <strong>Sainte</strong>-Geneviève <strong>de</strong>s bois),<br />

Les paroissiens lui sont très reconnaissants pour sa disponibilité et pour avoir été présent tout l’été. Père<br />

René Dorenlot, archiprêtre malgré sa retraite canonique, ai<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ment pour les confessions, les<br />

dépannages liturgiques. Père André Jacquemot <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s Trois Saints Hiérarques <strong>de</strong> Metz<br />

vient <strong>de</strong> temps en temps concélébrer ainsi que Père André Berrega, originaire <strong>de</strong> Moldavie (<strong>de</strong>puis janvier)<br />

qui <strong>de</strong>ssert habituellement l’église <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Trinité</strong> à Montargis-Chalette, <strong>de</strong> même que le Père Jean<br />

Cateloin. Nous avons eu <strong>la</strong> joie d’avoir avec nous pendant <strong>la</strong> Grand et <strong>Sainte</strong> Semaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion et pour<br />

le Saint, Lumineux et Grand Dimanche <strong>de</strong> Pâques le Père Jean Breck <strong>de</strong>s Etats-Unis. Nous exprimons<br />

aussi notre reconnaissance à Père Michel Evdokimov qui est venu célébrer en août comme chaque été.<br />

Les diacres.<br />

Père protodiacre Georges Krjivoblotsky s’est endormi dans le Seigneur le 3 février. Il fut avec sa femme<br />

Tatiana l’un <strong>de</strong>s membres du petit groupe <strong>de</strong> fidèles qui, autour du Père Pierre Struve et du Père Alexandre<br />

Nelidov a fondé notre communauté paroissiale. Il a accompli pendant plus <strong>de</strong> trente cinq ans son ministère<br />

dans notre paroisse. Père diacre Joseph Quemeraye toujours très présent est assisté maintenant <strong>de</strong> Père<br />

Diacre Dominique (actuellement en convalescence après une opération). Le 9 juin 2006, Mgr Gabriel a<br />

reçu en effet dans l’obédience <strong>de</strong> l’Exarchat, Père diacre Dominique Beaufils et l’a nommé diacre non<br />

titu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> notre paroisse.<br />

Marguillière.<br />

Marina Copsidas a assisté cette année à une réunion <strong>de</strong>s marguilliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> région parisienne. Nous<br />

remercions Danielle Gousseff toujours très présente.<br />

Chantre.<br />

Hélène Aristoff que le P. Boris remercie pour son ai<strong>de</strong> efficace.<br />

Chefs <strong>de</strong> chœur.<br />

Lecteur Didier Vi<strong>la</strong>nova et Anne-Marie Graffion, aidés régulièrement <strong>de</strong> Serge Rehbin<strong>de</strong>r et Brian Ahier.<br />

Didier rappelle l’importance <strong>de</strong>s répétitions et signale que <strong>de</strong>s voix d’hommes seraient les bienvenues.<br />

A une intervention qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que les textes <strong>de</strong>s prières soient distribués, Didier souligne <strong>la</strong> tradition<br />

orthodoxe qui privilégie l’écoute collective et non <strong>la</strong> lecture individuelle. Pour les vigiles, Xénia Tchékan<br />

organise toujours un second lutrin où l’on peut suivre les textes <strong>de</strong>s lectures du jour.<br />

Danielle Gousseff <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que soit indiqués avec précision les moments où il est possible <strong>de</strong> chanter avec<br />

le chorale (Credo, Notre Père…) et les moments où c’est déconseillé (hymne <strong>de</strong>s chérubins, p. ex.). Le P.<br />

Boris est d’accord, il rappelle qu’à son initiative l’ensemble <strong>de</strong>s assistants récite l’invocation du début : Roi<br />

céleste, et non plus le seul clergé.<br />

Le service au sanctuaire.<br />

Il est assuré par Jean-Paul Bléré, Etienne Mounga<strong>la</strong> et <strong>de</strong> nombreux enfants. P. Boris les remercie tous<br />

pour leur assiduité.<br />

Visites pastorales.<br />

Nous avons eu <strong>la</strong> joie <strong>de</strong> <strong>la</strong> visite <strong>de</strong> Mgr Gabriel qui a présidé à <strong>la</strong> Divine Liturgie le dimanche 28 mai. Lors<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Divine Liturgie, Mgr Gabriel a ordonné à <strong>la</strong> prêtrise le Père Gerasime (Frère Jean), fondateur du skite<br />

<strong>Sainte</strong>-Foy dans les Cévennes.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 23


Mgr Gabriel était aussi avec notre communauté les vendredi 5 et samedi 6 janvier 2007 pour <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong><br />

Théophanie. A cette occasion, il a ordonné lecteur pour <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s Trois Saints Hiérarques <strong>de</strong><br />

Metz, Emmanuel Colin.<br />

LES PAROISSIENS<br />

Naissances.<br />

Que le Seigneur bénisse et fasse grandir dans <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> l’Esprit-Saint: Simon Sollogoub, fils <strong>de</strong><br />

Matthieu et d’Émilie (avril) ; Andreas Benedict, fils <strong>de</strong> Michaël et d’Eleni (février). Nous signalons aussi les<br />

naissances aux Pays-Bas en juin <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Chater, fils <strong>de</strong> James et <strong>de</strong> Nathalie (née Meaupin) et à<br />

Meudon en février d’Olga Kharchenko, fille <strong>de</strong> Kyril et <strong>de</strong> Sophie (née Kouklevski). Nathalie et Sophie ayant<br />

été pendant longtemps <strong>de</strong>s fidèles <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte.<br />

Baptêmes.<br />

Que le Seigneur gui<strong>de</strong> et protège tout au long <strong>de</strong> leur vie: Éléonore Girves (5 mois) fille <strong>de</strong> Sylvain et <strong>de</strong><br />

Lara (née Struve) (avril) ; Christophe Guérin (adulte) (avril) ;Alexandre Réverzy, fille <strong>de</strong> Jean-François et<br />

<strong>de</strong> Josiane (mai) ;Mattéo et Andréa Casa<strong>la</strong>spro (8 et 4 ans) fils <strong>de</strong> Nunzio et Muriel (mai) ;Grégoire<br />

Feuillebois, fils <strong>de</strong> Michel et d’Eve (juin) ;Aliona (Hélène) Doumenc fille d’igor et <strong>de</strong> Laure et petite-fille<br />

d’Alexandra (septembre) ;Daria Kriucov, fille d’igor et d’Ekaterina (septembre) ; Lou, Anaëlle, Thaïs Bouvet<br />

(1 an), petite-fille <strong>de</strong> Jean Bouvet et fille d’Emmanuel et <strong>de</strong> Carine (octobre) ; Stéphane (4 mois), fils <strong>de</strong><br />

Gabriel Glover-Bon<strong>de</strong>au et <strong>de</strong> Marie Efstathiou (novembre) ;Alexandra (6 ans), Barbara (4 ans) et Sophia<br />

(9 mois) Commarmond, filles <strong>de</strong> Christian et d’Anna (née Fédiakova) (février).<br />

Nous signalons aussi <strong>de</strong>ux autres baptêmes qui concernent <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> fidèles <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte mais<br />

célébrés pour différentes raisons dans d’autres paroisses : Nico<strong>la</strong>s Stojanovic, fils <strong>de</strong> Marc et <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ire (née<br />

Ludwig) baptisé à <strong>la</strong> paroisse Saint-Séraphin-<strong>de</strong>Sarov et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Protection-<strong>de</strong>-<strong>la</strong>-Mère-<strong>de</strong>-Dieu en juin et<br />

Simon Sollogoub, fils <strong>de</strong> Matthieu et d’Emilie baptisé par le Père Nico<strong>la</strong>s Rehbin<strong>de</strong>r en septembre.<br />

Entrée dans l’Orthodoxie.<br />

Prions le Seigneur pour qu’il fasse grandir <strong>de</strong> jour en jour <strong>la</strong> foi <strong>de</strong>: Denise Ndazi (fiancée d’Étienne<br />

Mounga<strong>la</strong>) entrée dans l’orthodoxie le 2 avril ; Friedrich LLihl entré dans l’orthodoxie le samedi 17juin ;<br />

Michel Kryus-Foyt reçu dans l’orthodoxie le 13 décembre ; Jean Cerisier reçu dans l’orthodoxie le samedi<br />

10 février.<br />

Mariage.<br />

Prions le Seigneur, <strong>de</strong>vant qui ils ont unis leurs vies, <strong>de</strong> fortifier et <strong>de</strong> faire croître dans l’amour le nouveau<br />

couple:<br />

Nathalie Beslé et François Morin, nos paroissiens <strong>de</strong> Pékin se sont mariés à <strong>la</strong> Crypte le dimanche 7 mai<br />

et participent régulièrement à <strong>la</strong> Divine Liturgie à <strong>la</strong> Crypte lors <strong>de</strong> leurs séjours en France.<br />

Ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

Nous avons prié et prions pour nos ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et en particulier cette année pour: Olivier Clément, Joseph<br />

Loyer, Vsevolo<strong>de</strong> Gousseif ainsi que pour Père Nico<strong>la</strong>s Lacaille, Père diacre Dominique récemment opéré,<br />

Nicole Debrane, Maurice Charmois, Serge Morozov, Anka <strong>de</strong> MoréeCrivez, Marie Loskoff, Barbara<br />

Chpiganovitch et Nils Kuhn <strong>de</strong> Chizelle, Alexandra Doumenc, Jean-Paul Dard.<br />

Décès.<br />

Paroissiens ou amis <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse, ils se sont endormis dans le Seigneur. Nous les portons dans nos<br />

prières. Mémoire éternelle! Roger Ludwig, père <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ire Stojanovic décédé en avril à Thessalonique. Et<br />

cet été: Christine, nièce <strong>de</strong> Jean-Paul Bléré, Alexandra, mère <strong>de</strong> Serge Morozov, Françoise Bélier, Henri<br />

Molina qui avait été baptisé Joseph par Père P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong>. Et bien sûr Père protodiacre Georges Krjivoblotsky.<br />

Bienvenue à tous nos nouveaux paroissiens.<br />

Christophe Guérin et sa fiancée Rodica ; Patrick, Anne-Laure Brispot et à leur petite Véra et les autres…<br />

LES DIFFERENTS SERVICES <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> PAROISSE<br />

Ornements liturgiques.<br />

Hélène Aristoff précise que les ornements <strong>de</strong> lutrin vieillissent doucement. P. Alexis rappelle que les<br />

vêtements <strong>de</strong> chœur jaunes ont été achetés l’année <strong>de</strong>rnière, <strong>de</strong>s bleus cette année et que <strong>de</strong>s violets sont<br />

prévus pour l’an prochain.<br />

Catéchèse <strong>de</strong>s enfants.<br />

Xénia Tchékan est aidée <strong>de</strong> Grégoire As<strong>la</strong>noff, Clémentine Lacaille, Jean-Jacques Laham, Laurence<br />

Muguet (qui vient chaque fois <strong>de</strong> Toulouse…), Erna Goronoff (qui doit rentrer en Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> l’année prochaine<br />

et qu’il faudra donc remp<strong>la</strong>cer), Eleni Benedict-Cambourelis ; Anne Struve donne une initiation au chant.<br />

Une quarantaine d’enfants sont inscrits, une bonne moitié est présente chaque fois. La section <strong>de</strong>s tout<br />

petits (3 et 4 ans) a commencé, à <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong> tous.<br />

24 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


Une participation <strong>de</strong>s enfants est prévue, après consultation <strong>de</strong>s familles (c’est en cours), à <strong>la</strong> liturgie du<br />

lundi lumineux, elle serait suivie d’un en-cas.<br />

P. Boris signale que l’on peut compter l’année prochaine sur Ivan Karagiogiev, étudiant à Saint Serge.<br />

Irène Schidlovski suggère que soit <strong>de</strong> nouveau organisée une initiation à <strong>la</strong> confession (causerie suivie <strong>de</strong>s<br />

confessions individuelles) avant Pâques. P. Boris est d’accord.<br />

Catéchèse <strong>de</strong>s adultes.<br />

Elle n’existe plus. P. Boris et quelques paroissiens suggèrent qu’elle reprenne, toujours sous forme d’un<br />

groupe <strong>de</strong> réflexion théologique (lecture commune <strong>de</strong> grands textes) au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse même. Des<br />

tentatives pour associer <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> plusieurs paroisses ayant échoué.<br />

Bulletin et site Internet.<br />

Jean Malliarakis parle en l’absence <strong>de</strong> Nils Kuhn <strong>de</strong> Chizelle. Le site internet n’aura <strong>de</strong> vie que couplé avec<br />

le bulletin (voir le C.R. du <strong>de</strong>rnier conseil paroissial). Le site lui-même est visité à une moyenne <strong>de</strong> 50 fois<br />

par jour.<br />

Nils <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à être prochainement déchargé <strong>de</strong> sa fonction <strong>de</strong> rédacteur en chef. On étudiera son<br />

remp<strong>la</strong>cement.<br />

Pas <strong>de</strong> remarque sur le contenu, mais on regrette <strong>la</strong> non reprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> rubrique Paroles <strong>de</strong> nos saints Pères.<br />

Alexandre Rehbin<strong>de</strong>r, responsable administratif, indique que le bulletin est distribué à 214 abonnés,<br />

domiciliés outre mer, en province, en Europe occi<strong>de</strong>ntale, en plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> région parisienne. Ceci indique<br />

l’importance <strong>de</strong> son rayonnement. Quatre personnes seulement sont abonnées à <strong>la</strong> version électronique. les<br />

finances ne posent pas <strong>de</strong> problème.<br />

Café.<br />

Marina Copsidas est aidée <strong>de</strong> six autres personnes : Bassema, C<strong>la</strong>ire, Danielle, Maria, Sophie, Valérie. Ce<br />

nombre rend <strong>la</strong> fonction assez légère, les permanences sont choisies harmonieusement.<br />

Cependant il faudra ca<strong>de</strong>nasser les cantines : le matériel a tendance à disparaître entre <strong>de</strong>ux dimanches.<br />

Des paroissiens soulignent les dérangements causée par le sans gène <strong>de</strong> certaines personnes extérieures<br />

à <strong>la</strong> paroisse.<br />

Ciergerie et Prosphores.<br />

Lucia Beudin est aidée <strong>de</strong> Philippe-Alexandre Ellenbogen, Bruno Pépin, Georges Troubnikoff, Armandine<br />

Ba<strong>de</strong>y. Tout se passe bien. Les prosphores sont faites chez P. Alexis, par une dame Ukrainienne, on<br />

souligne leur excellente qualité.<br />

Bibliothèque<br />

Jean Malliariakis signale un peu moins <strong>de</strong> visites (250 contre 300 environs), viennent beaucoup d’enfants.<br />

les visiteurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt aussi <strong>de</strong>s conseils. Il n’y a pas <strong>de</strong> livres nouveaux. On peut envisager une offran<strong>de</strong><br />

volontaire et facultative <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s usagers ou <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong> paroissiens.<br />

Ménage.<br />

Père Alexis remercie Christos et Etienne (qui arrive le dimanche vers 7 heures…). P. Boris se joint aux<br />

remerciements. La paroisse ai<strong>de</strong>ra Etienne pour <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à Saint Serge.<br />

Fleurs.<br />

P. Boris remercie madame Gilberte Beaux qui fleurit l’église, ceux et celles qui assurent <strong>la</strong> décoration lors<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s fêtes en particulier Jeanne Rehbin<strong>de</strong>r<br />

Pour les Rameaux et aussi <strong>la</strong> Pentecôte, il serait bon <strong>de</strong> coopérer avec <strong>la</strong> cathédrale ; en s’entendant sur<br />

les modalités : don ou vente <strong>de</strong>s bouquets aux paroissiens ?<br />

Entrai<strong>de</strong> paroissiale.<br />

Père Alexis rappelle que nous vivons surtout d’un legs important, dont il a été décidé d’user sans chercher à<br />

thésauriser. Certains principes sont appliqués. 1° <strong>de</strong>s dons pour <strong>de</strong>s situations très graves (parfois en<br />

<strong>de</strong>mandant un remboursement, même partiel, ou <strong>de</strong>s petits travaux en contre partie, dans <strong>de</strong>s cas moins<br />

désespérés); 2° ou bien plus simplement payer quelques séjours au camp <strong>de</strong> l’ACER à <strong>de</strong>s enfants<br />

nécessiteux ; 3° <strong>de</strong> petits dons ou bien <strong>de</strong>s prêts sans intérêt à <strong>de</strong>s organisme ou <strong>de</strong>s paroisses,<br />

généralement pour travaux ; 4° l’entrai<strong>de</strong> peut servir aussi au transit <strong>de</strong> certaines sommes (p. ex. <strong>la</strong> collecte<br />

récente pour le Liban).<br />

Questions diverses concernant <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté<br />

Le P. Alexis assure, en lien avec d’autres prêtres, un accompagnement <strong>de</strong> jeunes orthodoxes, dont<br />

beaucoup <strong>de</strong> nos paroissiens. Ce groupe se réunit souvent, notamment pendant le carême, à <strong>la</strong> paroisse<br />

roumaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Jean <strong>de</strong> Beauvais. Ce site est choisi parce qu’il est central.<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 25


Hélène Bléré continue à animer l’atelier d’icônes Saint-Joseph, hébergé par <strong>la</strong> paroisse catholique du<br />

même nom. Elle prononce une conférence sur <strong>la</strong> symbolique <strong>de</strong>s couleurs, en prenant appui sur l’icône <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Résurrection, le mardi 20 mars prochain.<br />

Irène Schidlovski suggère que certains porte-cierges soient réparés. C’est accepté.<br />

Danielle Gousseff fait part <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation difficile du jeune Iouri et <strong>de</strong> sa maman, rentrés en Russie<br />

l’année <strong>de</strong>rnière. Il est prévu <strong>de</strong> leur organiser un séjour en France, à mettre au point financièrement et<br />

surtout administrativement. Il est aussi prévu <strong>de</strong> trouver du travail en France pour <strong>la</strong> maman : il serait<br />

souhaitable que les actions <strong>de</strong>s paroissiens soient coordonnées dans ce cas.<br />

Une assemblée informelle se tiendra dans <strong>la</strong> mesure du possible un dimanche après midi, avant l’été.<br />

ELECTION AU CONSEIL PAROISSIAL<br />

Trois conseillers voient leur mandat se terminer. Lucia Beudin et Michel Feuillebois qui acceptent <strong>de</strong> se<br />

représenter, Nils Kuhn <strong>de</strong> Chizelle qui ne souhaite pas se représenter. Jean-Jacques Laham a accepté <strong>de</strong><br />

se porter candidat.<br />

Dans ces conditions le vote est organisé à main levée : Abstention = 0 voix ; Contre = 0 voix ; Pour =<br />

unanimité. Lucia Beudin, Michel Feuillebois et Jean-Jacques Laham sont élus conseillers jusqu‘en 2010.<br />

ELECTION <strong>DE</strong>S <strong>DE</strong>LEGUES <strong>LA</strong>ÏCS <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> PAROISSE<br />

A L’ASSEMBLEE DIOCESAINE<br />

Il faut désigner 4 représentants et 4 suppléants. Il est décidé que chaque bulletin <strong>de</strong> vote portera 4 noms au<br />

maximum. Les 4 candidats qui auront recueilli le plus <strong>de</strong> suffrages seront délégués titu<strong>la</strong>ires, les 4 suivants<br />

seront suppléants.<br />

Sont candidats : Marina Copsidas, Vsévolo<strong>de</strong> Gousseff, Jean Malliarakis, Alexandre Rehbin<strong>de</strong>r, Michel<br />

Stavrou, Xénia Tchékan, Georges Troubnikoff, Didier Vi<strong>la</strong>nova.<br />

Le vote a lieu à bulletins secrets. Sont élus :<br />

Titu<strong>la</strong>ires : Vsévolo<strong>de</strong> Gousseff, Michel Stavrou, Didier Vi<strong>la</strong>nova, Marina Copsidas ;<br />

Suppléants : Alexandre Red <strong>de</strong>er, Jean Malliarakis, Georges Troubnikoff, Xénia Tchékan.<br />

RAPPORT FINANCIER 2006<br />

(par <strong>la</strong> trésorière Lucia Beudin)<br />

BI<strong>LA</strong>N<br />

A l’actif : Le montant <strong>de</strong>s SICAV est inchangé. Nous avons pu préserver notre petit portefeuille dont <strong>la</strong><br />

valeur s’élève, au 31/12/06, à 5.954 € (contre 5.808 € au 31/12/05).<br />

Les disponibilités <strong>de</strong> banque et caisse ont augmenté: 10.929€ contre 6.667€ au 31/12/05.<br />

Au passif : Les fonds associatifs ont augmenté grâce au résultat positif <strong>de</strong> l’exercice et s’élèvent à 11.486 €<br />

contre 7.548 € au 31/12/05.<br />

Les <strong>de</strong>ttes sociales correspon<strong>de</strong>nt aux cotisations URSSAF du quatrième trimestre 2006 réglées en janvier<br />

2007 et les charges à payer à <strong>la</strong> participation Archevêché <strong>de</strong> 7% sur les cotisations, collectes et dons que<br />

nous allons régler courant avril 2007.<br />

COMPTE <strong>DE</strong> RESULTAT<br />

Produits : Les cotisations et dons ont considérablement augmenté : 26.138€ contre 20.665€ en 2005, soit +<br />

26.5%.<br />

Le montant <strong>de</strong>s collectes St Serge est quasiment stable.<br />

La vente <strong>de</strong>s prosphores a augmenté <strong>de</strong> 487 € ce qui correspond à environ 600 prosphores <strong>de</strong> plus<br />

vendues dans l’année.<br />

Charges : Elles ont peu varié, sauf les voyages et dép<strong>la</strong>cements qui ont augmenté <strong>de</strong> 20% environ. En<br />

revanche, <strong>la</strong> Bourse St Serge a diminué <strong>de</strong> 34% (un étudiant au lieu <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux).<br />

Le bon résultat <strong>de</strong> l’exercice a été obtenu grâce à l’effort <strong>de</strong> tous les fidèles et au plus grand nombre <strong>de</strong><br />

cotisants.<br />

BUDGET 2007<br />

Le budget pour le nouvel exercice est encore une fois établi sur <strong>la</strong> base du résultat <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte et<br />

est un peu plus optimiste car nous espérons réaliser les mêmes recettes qu’en 2006.<br />

26 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


RAPPORT <strong>DE</strong>S COMMISSAIRES AUX COMPTES<br />

Au nom <strong>de</strong>s commissaires aux comptes, Jean Malliarakis donne quitus à <strong>la</strong> trésorière : les comptes sont<br />

loyaux, sincères et véritables. Ils sont approuvés à l’unanimité par l’assemblée.<br />

Jean fait cependant remarquer que pour une paroisse qui compte environs 200 fidèles adultes, on constate<br />

que, même en tenant compte du fait qu’un seul foyer fiscal peut représenter <strong>de</strong>ux paroissiens mariés,<br />

certaines personnes ne paient pas ; alors que c’est une obligation morale pour chaque paroissien. Les<br />

rentrées sont en croissance <strong>de</strong> 30 %, pour qu’elles soient ce qu’elles <strong>de</strong>vraient être, cette progression<br />

<strong>de</strong>vrait se poursuivre au même rythme pendant trois ans.<br />

Plus rien n ‘étant à l’ordre du jour, <strong>la</strong> séance est levée à 15 h 55 après le chant <strong>de</strong> l’hymne à <strong>la</strong> Mère <strong>de</strong><br />

Dieu.<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt<br />

Protopresbytre Boris BOBRINSKOY<br />

Paray-Le-Monial<br />

(Saône-et-Loire)<br />

17-20 mai 2007<br />

Le Secrétaire<br />

Michel FEUILLEBOIS<br />

Le V è Congrès Liturgique International<br />

se tiendra au monastère <strong>de</strong> Bose, en Italie,<br />

du jeudi 31 mai au samedi 2 juin 2007<br />

thème : "le Baptistère"<br />

Ce Congrès se fera en col<strong>la</strong>boration avec l'Office national pour les biens culturels ecclésiastiques <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Conférence épiscopale italienne. Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion sur le rapport entre <strong>la</strong> liturgie et<br />

l'architecture, l'évolution théologique et liturgique du baptême à travers les siècle se révèlera à <strong>la</strong> fois<br />

condition et cause du passage <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> l'initiation chrétienne <strong>de</strong> l'Eglise ancienne à <strong>la</strong> chapelle<br />

baptismale tri<strong>de</strong>ntine. Le colloque , qui s'adresse en particulier aux architectes, liturgistes, théologiens,<br />

artistes et responsables <strong>de</strong>s biens culturels ecclésiastiques, est ouvert à tous ceux qui désirent réfléchir à<br />

ces thèmes.<br />

Le programme détaillé du Congrès peut être consulté sur le site du Monastère :<br />

www.monasterodibose.it<br />

La méditation aimante <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole <strong>de</strong> Dieu est pratiquée dès<br />

l’origine <strong>de</strong> l’Église. Elle reste un <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

monastique. Elle est aussi à l’origine <strong>de</strong> mouvements <strong>de</strong> renouveau<br />

dans l’Église tels que l’Action Chrétienne <strong>de</strong>s Étudiants Russes, <strong>la</strong><br />

Fraternité Orthodoxe en Europe occi<strong>de</strong>ntale ou le Mouvement <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Jeunesse Orthodoxe dans le Patriarcat d’Antioche. Si Dieu est<br />

parole, nous <strong>de</strong>vons nous mettre à l’écoute <strong>de</strong> celle-ci. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

lecture mène à <strong>la</strong> véritable prière car le Verbe <strong>de</strong> Dieu est le<br />

moyen <strong>de</strong> pressentir <strong>la</strong> présence même <strong>de</strong> Dieu. Mais sommesnous<br />

disposés à accepter les conséquences qu’une telle pratique<br />

peut apporter dans nos vies ?<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 27


La Rencontre que nous vous proposons <strong>de</strong> vivre pour <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> l’Ascension autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Foi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Parole a<br />

aussi pour but <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> retrouver les voies <strong>de</strong> <strong>la</strong> pratique traditionnelle du ressourcement à <strong>la</strong> parole <strong>de</strong><br />

Dieu aussi connue sous le nom <strong>de</strong> lectio divina. Celle-ci peut nous ai<strong>de</strong>r à retrouver <strong>la</strong> lecture contemp<strong>la</strong>tive<br />

<strong>de</strong> l’Écriture qui <strong>de</strong>venait comme une secon<strong>de</strong> nature pour les Pères et tous ceux qui tentaient d’approfondir<br />

leur foi. Plus <strong>la</strong>rgement, elle peut nous faire sentir que chaque chose et chaque situation sont autant <strong>de</strong><br />

paroles que Dieu nous adresse. Ces rencontres sont organisées par <strong>la</strong> Fraternité orthodoxe en Europe<br />

occi<strong>de</strong>ntale, sous les auspices <strong>de</strong> l'Assemblée <strong>de</strong>s Évêques Orthodoxes <strong>de</strong> France.<br />

Jeudi 17 mai 2007<br />

16h30 : Accueil<br />

19h00 : Dîner<br />

20h30 : 1re Conférence plénière, La communauté<br />

chrétienne, parole incarnée par Andrea Riccardi,<br />

<strong>de</strong> Sant Egidio (Italie)<br />

Vendredi 18 mai 2007<br />

8h00 : Liturgie<br />

10h00 : Petit déjeuner<br />

11h00-13h00 : 2e conférence plénière, La Parole<br />

et <strong>la</strong> Foi, par Frère Adalberto (Mainardi),<br />

Communauté <strong>de</strong> Bose (Italie)<br />

13h30-14h30 : Déjeuner<br />

15h00-17h00 : Ressourcement à <strong>la</strong> Parole <strong>de</strong><br />

Dieu : Introduction, Lecture par groupes<br />

17h30 : Vêpres, sermon sur le texte étudié et lu<br />

en assemblée<br />

19h30 : Dîner<br />

21h30 : Complies<br />

PROGRAMME<br />

Contact : Père Serge et Anne Sollogoub, tél.: 01 46 32 97 33<br />

Courriel : fratortho2007@yahoo.fr<br />

Date limite d’inscription le 30 avril 2007.<br />

Samedi 19 mai 2007<br />

8h00 : Matines<br />

9h00 : Petit déjeuner<br />

10h00-12h00 : 3e conférence plénière, Le Silence <strong>de</strong><br />

Dieu, par Bertrand Vergely<br />

12h30-13h30 : Déjeuner<br />

14h30-17h00 : Ressourcement à <strong>la</strong> Parole <strong>de</strong> Dieu par<br />

groupes, suivi d’une exégèse par le père Michel<br />

Evdokimov<br />

19h00 : Dîner<br />

20h30 : Vigiles<br />

Dimanche 20 mai 2007<br />

8h00 : Liturgie<br />

10h30 : Petit déjeuner<br />

11h30-13h30 : 4e conférence plénière, La Foi et les<br />

œuvres par Père Syméon (Cossec), Père Nico<strong>la</strong>s<br />

Lacaille, Tatiana Morozoff, André Lossky animée par<br />

Christophe D’Aloisio<br />

Conclusion, père Jean Gueit<br />

13h30 : Déjeuner<br />

15h00 : Fin<br />

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------<br />

AI<strong>DE</strong>Z-NOUS À OFFRIR <strong>DE</strong>S BOURSES<br />

Pour que le prix <strong>de</strong>s Rencontres ne soit pas un obstacle à <strong>la</strong> venue <strong>de</strong> tous ceux qui veulent<br />

y participer, ai<strong>de</strong>z-nous à offrir <strong>de</strong>s bourses.<br />

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------<br />

<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> SOUTIEN<br />

à adresser au secrétariat <strong>de</strong>s Rencontres : Marie Khananié, 4, p<strong>la</strong>ce Nationale 75013 Paris<br />

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

Souhaitant soutenir l’organisation <strong>de</strong>s Rencontres Foi et Parole et, tout particulièrement,<br />

d’offrir <strong>la</strong> possibilité d’accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s bourses à <strong>de</strong>s personnes qui sans ce<strong>la</strong> ne pourraient<br />

y participer, je fais un don <strong>de</strong> :<br />

200 € 100 € Autre montant : . . . . . . . . . . . . . .€<br />

50 € 20 € Souhaite recevoir un reçu fiscal.<br />

Par chèque à l’ordre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fraternité orthodoxe<br />

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------<br />

28 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


A propos du film "Le Grand Silence" <strong>de</strong> Philip Gröning<br />

Depuis quelques semaines, on peut voir en France dans quelques rares cinémas un film étonnant, "Le<br />

Grand Silence" du cinéaste allemand Philip Gröning. Etonnant d'abord <strong>de</strong> par son sujet : le réalisateur a pris<br />

sa caméra numérique et une énorme réserve <strong>de</strong> cassettes vidéo et est entré en clôture au monastère <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Grand Chartreuse, dans le massif du même nom <strong>de</strong>s Alpes françaises pendant près <strong>de</strong> six mois. Et il a<br />

filmé... Le projet avait mis fort longtemps à aboutir. Philip Gröning avait voulu le réaliser pour le millénaire <strong>de</strong><br />

l'ordre en 1984... mais ce n'est que seize ans plus tard que les moines l'avaient recontacté, en lui disant<br />

qu'ils étaient prêts...<br />

Le couvent <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Chartreuse, fondé par Saint Bruno au 10ème siècle est l'un <strong>de</strong>s plus secrets au<br />

mon<strong>de</strong>, les visites <strong>de</strong> l'extérieur sont rarissimes, et <strong>la</strong> règle suivie par les Chartreux, faite d'un immense<br />

dépouillement et d'un voeu <strong>de</strong> silence presque total rendait l'expérience démesurée. Le cinéaste a d'ailleurs<br />

reconnu qu'il a souvent perdu pied et failli tout abandonner, tant l'avait tourmenté <strong>de</strong> se retrouver ainsi face à<br />

lui-même. Mais, comme il le raconte lui-même, à chaque fois un miracle l'avait rattrapé au vol, comme un<br />

rayon <strong>de</strong> soleil inattendu se posant sur <strong>la</strong> fenêtre <strong>de</strong> sa cellule, livrant tout à coup dans sa beauté sauvage<br />

et intacte le paysage sublime qui entoure le monastère. Alors <strong>la</strong> foi revenait, et le projet fut mené à son<br />

terme. Ne nous en p<strong>la</strong>ignons pas : le résultat est à couper le souffle. Pas <strong>de</strong> lumière artificielle, aucun <strong>de</strong>s<br />

trucages habituels auxquels le cinéma nous a tant habitués. L'image, si elle est soignée - car il s'agit bien<br />

d'un film d'auteur, d'une oeuvre très personnelle - frappe surtout par sa nudité lumineuse (même dans <strong>la</strong><br />

pénombre - voire les ténèbres - <strong>de</strong>s offices nocturnes dans l'église). On suit les moines dans leur vie<br />

quotidienne : leurs repas solitaires en cellule, le travail intellectuel sur <strong>la</strong> Parole, les quelques instants <strong>de</strong><br />

détente lors <strong>de</strong>s Fêtes principales...<br />

Si le texte est quasiment absent, le silence s'emplit d'une plénitu<strong>de</strong> qui donne le vertige, mais un vertige<br />

<strong>de</strong> douceur et <strong>de</strong> joie, comme les visages sereins et graves <strong>de</strong>s moines qui se sont <strong>la</strong>issés fimer en p<strong>la</strong>n<br />

serré. Car, et c'est peut-être ce qui est le plus frappant, on trouve ici tout le tissu <strong>de</strong>s humeurs humaines<br />

(sauf peut être <strong>la</strong> colère ?), et même l'humour n'est pas absent comme dans les longues batailles <strong>de</strong> boules<br />

<strong>de</strong> neige et <strong>de</strong>scentes en luges auxquelles les moines se livrent en récréation dominicale dans le désert <strong>de</strong><br />

Chartreuse. "Si vous ne <strong>de</strong>venez comme <strong>de</strong>s petits enfants..." (Mat. 18.3) a dit le Christ. Il y a bien là une<br />

fenêtre sur le Ciel et un instant <strong>de</strong> grâce où souffle l'Esprit. Je suis sorti <strong>de</strong> cette expérience grandi et<br />

bouleversé. Et aussi renforcé dans <strong>de</strong>ux convictions. La première, c'est qu'il est bien peu probable que j'aie<br />

en moi <strong>la</strong> force démesurée que <strong>de</strong>man<strong>de</strong> l'état monastique. La secon<strong>de</strong>, c'est que je voudrais faire tout ce<br />

que je pourrai pour que le trésor spirituel du monachisme, sans aucun doute l'un <strong>de</strong>s plus éblouissants que<br />

Dieu nous ait offert dans notre vie terrestre, puisse continuer à éc<strong>la</strong>irer notre temps <strong>de</strong> sa f<strong>la</strong>mmèche<br />

vivifiante.<br />

Laurent Mazliak<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 29


MA<strong>LA</strong><strong>DE</strong>S<br />

Vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté<br />

Nous prions le Seigneur pour tous nos ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et particulièrement pour Olivier Clément,<br />

Joseph Loyer, Vsevolo<strong>de</strong> Gousseff ainsi que pour Père Nico<strong>la</strong>s Lacaille, Père diacre<br />

Dominique récemment opéré, Nicole Debrane, Maurice Charmois, Serge Morozov, Anka <strong>de</strong><br />

Morée-Crivez, Marie Loskoff, Barbara Chpiganovitch et Nils Kuhn <strong>de</strong> Chizelle. Que Notre<br />

Seigneur et Sauveur Jésus-Christ leur accor<strong>de</strong> une prompte guérison !<br />

NAISSANCE Nous avons appris avec joie <strong>la</strong> naissance le 6 février d’Andreas Alexan<strong>de</strong>r Bénédikt. Que le<br />

Seigneur le bénisse, le protège et gui<strong>de</strong> ses pas tout au long <strong>de</strong> sa vie. Qu’Il accor<strong>de</strong> à ses<br />

parents Michael et Eleni et à Katerina sa sœur une vie paisible en Christ !<br />

COLLECTE <strong>DE</strong><br />

CAREME<br />

CATÉCHISME<br />

<strong>DE</strong>S ENFANTS<br />

Nous sommes entrés dans le Grand Carême après les vêpres du Pardon, le 18 février. La<br />

« collecte <strong>de</strong> carême » est un <strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong> ce temps <strong>de</strong> préparation et d’ascèse. L’argent que<br />

nous avons économisé par le jeûne et l’ascèse doit être remis par chacun, sous une<br />

enveloppe avec <strong>la</strong> mention « collecte <strong>de</strong> carême », à un <strong>de</strong> nos prêtres ou déposé à <strong>la</strong><br />

ciergerie. La somme collectée, comme chaque année, sera répartie entre différentes œuvres<br />

et monastères.<br />

Le Lundi Radieux, soit le lundi 9 avril étant congé cette année, il est proposé aux enfants <strong>de</strong><br />

se retrouver à 10h30 pour participer à <strong>la</strong> Liturgie pascale qui sera suivie d’un déjeuner festif<br />

(merci aux parents <strong>de</strong> penser à apporter <strong>de</strong> quoi manger et boire pour le déjeuner).<br />

La prochaine catéchèse aura lieu exceptionnellement un samedi après-midi soit le samedi 28<br />

avril (au lieu du dimanche) pour les grands, les moyens et les petits 12 rue Daru, dans <strong>la</strong><br />

petite salle en face du "café" (maison <strong>de</strong> gauche, 1 ère salle à droite). Le groupe <strong>de</strong>s plus<br />

petits <strong>de</strong> 3-4 ans animé par Erna et Eleni n’est pas concerné par cette date.<br />

Les parents doivent confirmer le plus tôt possible <strong>la</strong> participation <strong>de</strong> leur(s) enfant(s) à chacun<br />

<strong>de</strong> ces événements auprès <strong>de</strong> Xénia Tchekan, tél : 01 43 33 52 48 qu’ils peuvent contacter<br />

pour tout renseignement.<br />

CHORALE Ceux qui désirent chanter dans le chœur doivent s’adresser impérativement aux chefs <strong>de</strong><br />

chœur Didier Vi<strong>la</strong>nova, tél : 01 60 14 53 87 ou Anne-Marie Graffion, tél : 01 43 24 29 91.<br />

Les choristes sont invités à venir régulièrement aux répétitions.<br />

BIBLIOTHÈQUE<br />

SITE WEB<br />

ANNONCES<br />

Nos bibliothécaires Jean Malliarakis et Olga Pointurier assurent une permanence pendant<br />

l’année sco<strong>la</strong>ire les dimanches avant et après <strong>la</strong> Divine Liturgie.<br />

Pour tout renseignement, s’adresser à Jean Malliarakis au 06 72 87 31 59.<br />

L’adresse du site web <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse est : www.crypte.fr<br />

Ce site est votre site ! Ai<strong>de</strong>z-nous à l'enrichir ! Vous pouvez adresser vos suggestions à<br />

Laurent Mazliak sur : contact@crypte.net. et à Jean Malliarakis, responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion<br />

technique : j.malliarakis@free.fr<br />

Soyez attentifs aux annonces faites par nos prêtres après <strong>la</strong> Divine Liturgie. Elles ont trait à <strong>de</strong>s<br />

nouvelles intéressant <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse et <strong>de</strong> l’archevêché ou peuvent concerner <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>rnière minute dans les différentes dates <strong>de</strong> réunions annoncées.<br />

Toute information concernant <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté est à signaler sur bulletin.crypte@<strong>la</strong>poste.net (ou<br />

à Armelle à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Divine Liturgie).<br />

30 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007


PAROISSE <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> SAINTE TRINITE<br />

CALENDRIER LITURGIQUE<br />

Samedi 7 avril 09 h 30 VEPRES avec les 15 lectures <strong>de</strong> l’Ancien Testament,<br />

suivies <strong>de</strong> <strong>la</strong> LITURGIE <strong>de</strong> Saint Basile le Grand<br />

22 h 30 NOCTURNE<br />

23 h 00 PROCESSION,<br />

suivie <strong>de</strong>s MATINES PASCALES et <strong>de</strong> <strong>la</strong> LITURGIE<br />

Agapes pascales<br />

TON 1 dimanche 8 avril Saint, Lumineux et Grand Dimanche <strong>de</strong> Pâques<br />

18 h 00 VEPRES pascales (à <strong>la</strong> cathédrale)<br />

TON 2 lundi 9 avril 10 h 15 Lundi Radieux<br />

LITURGIE <strong>de</strong> Saint Jean Chrysostome<br />

suivie <strong>de</strong> <strong>la</strong> procession pour les enfants<br />

Ac I, 12-17,21-26; Jn I, 18-28.<br />

Ton 8 samedi 14 avril 18 h 00 VIGILE<br />

dimanche 15 avril 10 h 15 LITURGIE 2 e dimanche après <strong>la</strong> Pâques<br />

Dimanche <strong>de</strong> Thomas<br />

Ac V, 12-20; Jn XX, 19-31<br />

St Crescent, martyr à Myre en Lycie (III),<br />

Stes Anastasie et Basilisse, martyres à Rome (I).<br />

Ton 2 samedi 21 avril 18 h 00 VIGILE<br />

dimanche 22 avril 10 h 15 LITURGIE 3 e dimanche après <strong>la</strong> Pâques<br />

<strong>de</strong>s Myrrhophores et du Juste Joseph d'Arimathie.<br />

Ac VI, 1-7; Mc XV, 43-XVI, 8<br />

Rencontre <strong>de</strong> l’apôtre St Nathanaël avec le Christ (I),<br />

Sts Epipo<strong>de</strong> et Alexandre, martyrs à Lyon (178),<br />

St Léon, évêque <strong>de</strong> Sens (541).<br />

Ton 3 samedi 28 avril 18 h 00 VIGILE<br />

dimanche 29 avril 10 h 15 LITURGIE 4 e dimanche après <strong>la</strong> Pâques<br />

Dimanche du Paralytique.<br />

Liturgie: Ac IX, 32-42; Jn V, 1-15.<br />

Les 9 martyrs <strong>de</strong> Cyzique : Sts Théogni<strong>de</strong>, Rufus, Théostique,<br />

Antipater, Artème, Magnus, Théodote, Thaumase et Philémon<br />

(III); Ste En<strong>de</strong>llion, moniale en Cornouailles (VI).<br />

Ton 4 samedi 5 mai 18 h 00 VIGILE<br />

dimanche 6 mai 10 h 15 LITURGIE 5 e dimanche après <strong>la</strong> Pâques<br />

Dimanche <strong>de</strong> <strong>la</strong> Samaritaine<br />

Liturgie: Ac XI, 19-26,29-30;Jn IV, 5-42.<br />

St Job le Juste, prophète (V av. J.- C.),<br />

St Juste, évêque <strong>de</strong> Vienne (168),<br />

St Michée <strong>de</strong> Radonège (1385).<br />

Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007 31


XXXV ème ANNÉE ISSN 1140 – 860 X<br />

SOMMAIRE<br />

Editorial : Pâques et Pentecôte communes, Père Boris 2<br />

Hymnes <strong>de</strong> l'Eglise 3<br />

Vies <strong>de</strong>s saints : saint Nizier, archevêque <strong>de</strong> Lyon 5<br />

Ré<strong>de</strong>mption et déification, V<strong>la</strong>dimir Lossky 8<br />

Homélie : Institution <strong>de</strong> l’Eucharistie, père Jean Breck 15<br />

Homélie : Dimanche <strong>de</strong> saint Thomas, père Boris 18<br />

Reunion du Conseil Paroissial du 17 fevrier 2007 21<br />

Compte-rendu <strong>de</strong> l’Assemblee Générale du 11 mars 2007 23<br />

Vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté 31<br />

Calendrier liturgique 32<br />

Le Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Crypte est une revue d'informations au service <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté orthodoxe <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong>-<strong>Trinité</strong>.<br />

Les opinions exprimées dans les articles publiés n'engagent que leurs auteurs et en aucun cas <strong>la</strong> rédaction.<br />

ABONNEMENT ANNUEL IMPRIME (10 numéros) : FRANCE 25 Euros (soit 2,5 Euros par numéro)<br />

EUROPE 30 Euros (soit 3 Euros par numéro)<br />

ÉTRANGER 33 Euros (soit 3,3 Euros par numéro)<br />

ABONNEMENT ANNUEL PAR ENVOI E-MAIL : TOUS PAYS 20 Euros (soit 2 Euros par numéro)<br />

Important : Tous les nouveaux abonnements sont souscrits jusqu'au décembre suivant. Pour une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'abonnement en cours<br />

d'année, merci <strong>de</strong> nous régler le prix correspondant au nombre <strong>de</strong> numéros jusqu'à décembre (attention : 1 seul n° pour juillet-août & 1<br />

seul pour septembre-octobre). Ex.: <strong>de</strong> juin à déc. régler 2,5 x 5 = 12,5 Euros.<br />

Adresser les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'abonnement et toute <strong>la</strong> correspondance concernant le Bulletin à : Monsieur Alexandre REHBIN<strong>DE</strong>R, "Bulletin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Crypte", 12 rue Daru, 75008 Paris (France) ou sur bulletin.crypte@<strong>la</strong>poste.net. Pour <strong>la</strong> souscription à l’abonnement électronique<br />

avec envoi mail, indiquer <strong>la</strong> boite mail <strong>de</strong> réception. Règlement à l'ordre <strong>de</strong> : "Association Orthodoxe <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Sainte</strong> <strong>Trinité</strong>", soit par<br />

chèque bancaire, soit par versement au compte CCP 2 254 26 J PARIS.<br />

NB : Les dons et les cotisations versés au Trésorier <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Paroisse</strong> sont aussi à régler à l'ordre <strong>de</strong> "Association Orthodoxe <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte<br />

<strong>Trinité</strong>", soit par chèque bancaire, soit par versement au CCP, mais au compte CCP suivant : <strong>LA</strong> SOURCE 34 104 60 M.<br />

Commission Paritaire 0508 G 83144- Dépôt légal N° 48478. Bulletin tiré par nos soins.<br />

Directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication : Père Boris BOBRINSKOY ; responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> rédaction : Nils KUHN <strong>DE</strong> CHIZELLE.<br />

Ont participé à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> ce numéro : Hélène BLÉRE, Michel FEUILLEBOIS, Pierre PONCET, Mère Anastasia (WEULERSSE)†,<br />

Armelle LE GOFF, Isabelle KUHN <strong>DE</strong> CHIZELLE.<br />

Expédition : Ioury TROUBNIKOFF (resp.), Alexandre REHBIN<strong>DE</strong>R et Pierre PONCET.<br />

E-mail : bulletin.crypte@<strong>la</strong>poste.net<br />

Illustrations :<br />

Couverture : "Descente aux limbes" Manuscrit cod. 5. XIIIè siècle. Monastère d'Iviron Mont Athos<br />

Dessins d’Hélène Bléré :<br />

Incrédulité <strong>de</strong> Thomas. Mosaïque. XIème siècle. Eglise <strong>de</strong> Daphni, Grèce.<br />

32 Bulletin <strong>de</strong> <strong>la</strong> crypte n°352 - Avril 2007

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