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Le livre en intégralité - Energie EDF

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C<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

BP 13<br />

44360 Cordemais<br />

www.edf.com<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS - 40 ANS D’ÉNERGIE


Ouvrage réalisé <strong>en</strong> 2010 par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais (Loire-Atlantique)<br />

à l’occasion de son quarantième anniversaire.


...<br />

...<br />

<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts de la c<strong>en</strong>trale au 30 septembre 2010.


On s’étonne trop de ce qu’on voit rarem<strong>en</strong>t<br />

et pas assez de ce qu’on voit tous les jours.<br />

En 1966, Raymond Marcellin, Ministre de l’industrie<br />

sous la présid<strong>en</strong>ce du Général de Gaulle,<br />

autorisait officiellem<strong>en</strong>t la création de la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cordemais. C’était le point de départ d’une<br />

av<strong>en</strong>ture collective, humaine autant que technique.<br />

Parce qu’ « on s’étonne trop de ce qu’on voit rarem<strong>en</strong>t<br />

et pas assez de ce qu’on voit tous les jours »,<br />

quarante ans après la production des premiers<br />

kilowattheures <strong>en</strong> 1970, je souhaite r<strong>en</strong>dre hommage<br />

aux générations qui ont fait de notre c<strong>en</strong>trale<br />

un formidable outil qui chaque année, résolum<strong>en</strong>t,<br />

fait face à une consommation d’électricité <strong>en</strong> forte<br />

croissance, caractérisée par des pics de consommation<br />

toujours plus aigus et exigeants.<br />

Toutes générations confondues, ce sont plus de<br />

1 500 hommes et femmes qui ont construit la<br />

c<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong> ont assuré le fonctionnem<strong>en</strong>t. Ag<strong>en</strong>ts<br />

<strong>EDF</strong> et part<strong>en</strong>aires industriels, ce sont <strong>en</strong>core eux<br />

qui l’ont fait évoluer pour la fiabiliser, la r<strong>en</strong>dre<br />

toujours plus performante, sûre et respectueuse<br />

de son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t naturel et urbain.<br />

Aujourd’hui, la c<strong>en</strong>trale est souv<strong>en</strong>t considérée<br />

comme faisant partie du patrimoine industriel de<br />

l’estuaire de la Loire, dont la valeur écologique,<br />

économique et touristique, n’échappe à personne.<br />

Comtesse de G<strong>en</strong>lis<br />

Chacun se r<strong>en</strong>d compte de la mixité de cet espace<br />

et des intérêts multiples qui s’y conjugu<strong>en</strong>t ; c’est<br />

pour <strong>en</strong> préserver l’équilibre que nous travaillons<br />

avec nos part<strong>en</strong>aires : fournisseurs et prestataires de<br />

service, riverains, institutionnels et autorité de tutelle.<br />

En hommage à ce chemin éclairé par nos prédécesseurs,<br />

il est de la responsabilité de chacun de<br />

mettre ses tal<strong>en</strong>ts au service de la c<strong>en</strong>trale et de<br />

ses cli<strong>en</strong>ts. Pour cela, les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong> sont animés<br />

d’un même s<strong>en</strong>s du service. Notre culture est celle<br />

des producteurs d’énergie, <strong>en</strong> prise directe avec<br />

les réalités du terrain. C’est cela qui fonde notre<br />

volonté d’améliorer les installations, de les r<strong>en</strong>dre<br />

plus fiables <strong>en</strong>core et capables de relever les défis<br />

des années à v<strong>en</strong>ir.<br />

Depuis 1966, ce n’est pas une histoire mais de<br />

multiples histoires qui se sont déroulées sur le site<br />

de la c<strong>en</strong>trale. En éditant ce <strong>livre</strong> à l’occasion de<br />

notre quarantième anniversaire, nous vous invitons<br />

à retrouver ou à découvrir ces souv<strong>en</strong>irs au fil<br />

du temps, au fil des pages, dont beaucoup rest<strong>en</strong>t<br />

à écrire.<br />

D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty<br />

Directeur de l’Unité de<br />

Production de Cordemais


Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Ouvrage réalisé sous la direction de D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty,<br />

Directeur de l’Unité de Production de Cordemais.<br />

Coordination : Edith Fiolleau et Catherine Baumann.<br />

Ce <strong>livre</strong> n’aurait pu voir le jour sans la contribution de nombreux<br />

témoins. Hommes et femmes, jeunes ag<strong>en</strong>ts et plus anci<strong>en</strong>s, <strong>en</strong><br />

activité ou retraités, part<strong>en</strong>aires ou institutionnels, tous ont bi<strong>en</strong><br />

voulu pr<strong>en</strong>dre le temps, quelques instants ou de longues heures,<br />

pour fouiller leur mémoire et leurs tiroirs et nous permettre de vous<br />

raconter l’histoire de la c<strong>en</strong>trale, leur histoire. Nous leur adressons<br />

nos plus chaleureux remerciem<strong>en</strong>ts pour leur sourire, leur s<strong>en</strong>sibilité,<br />

leur disponibilité : leur bon accueil !<br />

Grégory Bazot, Nathalie Bertret, Nathalie Buatois, Philippe Charreyre,<br />

François Demoulin, Maxime D<strong>en</strong>iaud, Serge Doceul, Mathieu<br />

Dromard, Estelle Eti<strong>en</strong>ne, Philippe Gabriel, Jean-Pierre Guillet,<br />

Francis Harrosar<strong>en</strong>, H<strong>en</strong>ri Jestin, Jean-Louis Kérouanton, Anne <strong>Le</strong><br />

Déault, Christophe <strong>Le</strong> Drogo, Patrice Mainguy, Nathalie Mallard,<br />

Jean-Marc Maudet, Jean-Yves M<strong>en</strong>guy, Pascal Nicoullaud, Daniel<br />

Pedeau, Alain Péron, Josiane Rabu, Jean R<strong>en</strong>neteau, Christophe<br />

Sey, Elodie Vincelot, Philippe Violin, Jean Voisin.<br />

Jean Daubigny, Préfet de la région des Pays de la Loire<br />

et de Loire-Atlantique.<br />

Jean-Marc Ayrault, Député de la troisième circonscription<br />

de Loire-Atlantique, Maire de la ville de Nantes.<br />

Joël Geffroy, Maire de la ville de Cordemais.<br />

1970<br />

projet mise<br />

1966 - 1973<br />

Du<br />

à la<br />

<strong>en</strong> service<br />

La construction d’une tranche,<br />

c’est toujours une av<strong>en</strong>ture.<br />

D’une<br />

industrielle<br />

10<br />

1973 - 1985<br />

configuration‘‘tout fioul’’<br />

au développem<strong>en</strong>t charbon<br />

du<br />

Quand le prix du fioul a monté,<br />

le charbon est dev<strong>en</strong>u plus intéressant.<br />

20


30<br />

1985 - 1995<br />

Un<br />

<strong>en</strong><br />

semi-base et pointe<br />

Nous faisions ce qu’on<br />

appelle de la d<strong>en</strong>telle.<br />

Des<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

Loire<br />

1995 - 2008<br />

au<br />

investissem<strong>en</strong>ts service de<br />

la sécurité, lasanté,<br />

l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>Le</strong> site retrouvait les activités de construction qui<br />

avai<strong>en</strong>t marqué son histoire p<strong>en</strong>dant près de 20 ans.<br />

38<br />

56<br />

A partir de 2008<br />

Enjeux<br />

et<br />

perspectives<br />

Pour ce qui est de l’av<strong>en</strong>ir, il ne s’agit pas<br />

de le prévoir, mais de le r<strong>en</strong>dre possible.<br />

A. de Saint-Exupéry<br />

Sommaire<br />

Conclusion<br />

La c<strong>en</strong>trale au fil du temps<br />

Sources<br />

Crédits<br />

83<br />

84<br />

89<br />

91<br />

2010


DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />

Construction de la table de la turbine (octobre 1967).<br />

10


projet Du<br />

à la mise<br />

<strong>en</strong> service<br />

1966<br />

Autorisation officielle<br />

de construction<br />

1967<br />

1968<br />

Construction de la première cheminée<br />

Fondations<br />

de la tranche 1 (fioul)<br />

industrielle<br />

La construction d’une tranche,<br />

c’est toujours une av<strong>en</strong>ture.<br />

23 décembre 1970<br />

Premier couplage de la tranche 1 au réseau<br />

24 mai 1971<br />

1973<br />

Inauguration de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

25 ans du groupe <strong>EDF</strong><br />

Fondations des tranches 2 et 3 (fioul)<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 11


DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />

12<br />

L<br />

a c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais<br />

fut au rang des premières par sa<br />

puissance et son niveau de technologie<br />

: « avec la c<strong>en</strong>trale de Cordemais,<br />

nous passions un palier de puissance » 1 .<br />

En effet, comme Porcheville mise <strong>en</strong><br />

service <strong>en</strong> 1968, la tranche 1 de Cordemais<br />

est capable de produire 600 MW.<br />

Cette volonté stratégique de développer<br />

la production thermique s’inscrit<br />

dans un contexte de croissance forte<br />

de la demande d’électricité : à la fi n des<br />

années 60, on estime <strong>en</strong> effet que la<br />

consommation d’électricité <strong>en</strong> France<br />

double tous les dix ans. Il faut impérativem<strong>en</strong>t<br />

répondre à ce besoin et même<br />

anticiper son évolution. <strong>Le</strong> groupe <strong>EDF</strong><br />

se lance dans un vaste programme de<br />

construction de c<strong>en</strong>trales, réparties sur<br />

tout le territoire français.<br />

Mds de kWh<br />

150<br />

100<br />

50<br />

0<br />

24<br />

54<br />

109<br />

150<br />

1946 1956 1966 1971<br />

Evolution de la production électrique <strong>en</strong> France de<br />

l’après-guerre au début des années 70.<br />

Dans l’Ouest, les villes de Nantes et<br />

Saint-Nazaire se développ<strong>en</strong>t elles aussi.<br />

Par exemple, pour la seule agglomération<br />

nantaise, la population est passée de<br />

266 000 habitants <strong>en</strong> 1930 à 363 000 <strong>en</strong><br />

1960. Tr<strong>en</strong>te ans plus tard, elle atteindra<br />

presque les 500 000 habitants 2 .<br />

<strong>Le</strong>s besoins <strong>en</strong> électricité suiv<strong>en</strong>t cette<br />

croissance démographique, à laquelle les<br />

industries contribu<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t : alim<strong>en</strong>taires<br />

et agroalim<strong>en</strong>taires (Saupiquet,<br />

Biscuiterie Nantaise…), chimie lourde<br />

des <strong>en</strong>grais (Grande-Paroisse, Réno…),<br />

métallurgie et construction mécanique,<br />

et bi<strong>en</strong> sûr industries énergétiques avec<br />

la raffi nerie de Donges, le terminal<br />

méthanier de Montoir-de-Bretagne, sans<br />

oublier les chantiers navals, à Nantes et<br />

Saint-Nazaire.<br />

Assez vite, la commune de Cordemais<br />

est choisie. Ainsi la future c<strong>en</strong>trale sera<br />

aux portes du grand Ouest, à mi-chemin<br />

<strong>en</strong>tre Nantes et Saint-Nazaire, à proximité<br />

immédiate de son fournisseur, la raffi nerie<br />

de Donges : à l’époque, le principal<br />

combustible des c<strong>en</strong>trales thermiques<br />

est le fuel-oil lourd ; le choc pétrolier de<br />

1973 n’a pas <strong>en</strong>core eu lieu…<br />

Sur la commune de Cordemais, l’île de la<br />

Calotte et l’île de la Nation accueilleront la<br />

construction. Cette insularité va faciliter<br />

l’implantation de l’outil, notamm<strong>en</strong>t pour<br />

tout ce qui concerne les circuits d’eau<br />

de refroidissem<strong>en</strong>t.<br />

1 <strong>Le</strong>s citations sont issues des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec les témoins m<strong>en</strong>tionnés dans les remerciem<strong>en</strong>ts.<br />

2 <strong>Le</strong>s sources docum<strong>en</strong>taires fi gur<strong>en</strong>t page 89.<br />

La Loire, source indisp<strong>en</strong>sable de refroidissem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s îles de la Calotte (au premier plan) et de la nation (mars 1968).


UNE pOSITION<br />

STRATEGIqUE<br />

« <strong>Le</strong> problème avec l’électricité, c’est que ça ne se stocke<br />

pas ; et pourtant, tous les cli<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> veul<strong>en</strong>t jour et nuit.<br />

Il faut la produire <strong>en</strong> temps réel ». Ce témoignage d’un<br />

anci<strong>en</strong> ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> résume à lui seul l’<strong>en</strong>jeu spécifique<br />

à la production d’électricité. Implantée <strong>en</strong>tre Nantes et<br />

Saint‑Nazaire pour répondre au mieux aux besoins des<br />

cli<strong>en</strong>ts, la c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais assume<br />

aujourd’hui <strong>en</strong>core une position stratégique dans le<br />

réseau électrique de l’Ouest.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 13


DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />

Tranche<br />

de vie Jean-Pierre Guillet, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> de 1961 à 1989, d’abord<br />

à Cheviré puis à Cordemais. Electrici<strong>en</strong> de maint<strong>en</strong>ance,<br />

Jean-Pierre Guillet a été détaché à la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />

d’<strong>EDF</strong> <strong>en</strong> 1969 et 1970, pour la construction de la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais.<br />

14<br />

Je travaillais à la c<strong>en</strong>trale de Cheviré lorsque nous avons <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />

parler du projet de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais. Comme le bâtim<strong>en</strong>t<br />

administratif était <strong>en</strong> construction, le poste de commandem<strong>en</strong>t a<br />

dans un premier temps été installé à Cheviré, dans la grande salle<br />

de l’anci<strong>en</strong> tableau 2 . Il y avait le chef de c<strong>en</strong>trale, son adjoint, le<br />

chef du personnel, les contremaîtres principaux, les chefs de service,<br />

les secrétaires. Tout le monde était installé là, à part peut-être<br />

le patron qui avait un petit bureau.<br />

Cela a duré des mois, peut-être un an. Et p<strong>en</strong>dant ce temps là,<br />

le chef de c<strong>en</strong>trale et son équipe embauchai<strong>en</strong>t petit à petit ceux<br />

qui allai<strong>en</strong>t être les technici<strong>en</strong>s de Cordemais. J’ai postulé comme<br />

technici<strong>en</strong>, j’étais alors ouvrier professionnel. Je me suis dit que<br />

j’avais toutes mes chances car les chaudières de Cheviré étai<strong>en</strong>t<br />

les mêmes, <strong>en</strong> plus petit, que celle de la tranche qui allait être<br />

construite à Cordemais : 250 MW à Cheviré contre 600 MW à<br />

Cordemais.<br />

J’ai été reçu <strong>en</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> par mon patron de l’époque et le premier<br />

patron de Cordemais, M. Mossé, et j’ai été ret<strong>en</strong>u.<br />

En att<strong>en</strong>dant que les logem<strong>en</strong>ts soi<strong>en</strong>t prêts, nous v<strong>en</strong>ions de<br />

Cheviré <strong>en</strong> bus tous les jours. C’était un peu compliqué : quand on<br />

fait des essais, on fait du rab, on loupe le bus. Dés que cela a été<br />

possible, nous nous sommes installés avec nos familles à Sav<strong>en</strong>ay,<br />

dans la cité du Prince Bois, dans une petite maison avec un bout<br />

de pelouse ; on était bi<strong>en</strong>.<br />

2 A l’époque, les commandes c<strong>en</strong>tralisées de la chaudière et de la turbine<br />

n’intégrai<strong>en</strong>t pas la partie électrique, assurée par un « tableautiste » ou<br />

« tableautier ».<br />

23 décembre 1970, premier couplage de la tranche 1 au réseau :<br />

« Att<strong>en</strong>tion pour couplage. Tranche… couplée ! »


E<br />

n 1970, la construction des<br />

c<strong>en</strong>trales est prise <strong>en</strong> charge<br />

par la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />

d’<strong>EDF</strong>, des fondations jusqu’aux<br />

derniers essais. Chaque élém<strong>en</strong>t de la<br />

c<strong>en</strong>trale est alors mis <strong>en</strong> route, testé,<br />

monté <strong>en</strong> puissance progressivem<strong>en</strong>t,<br />

sous la surveillance des ingénieurs et<br />

technici<strong>en</strong>s qui perçoiv<strong>en</strong>t la moindre<br />

vibration anormale, le moindre dysfonctionnem<strong>en</strong>t.<br />

« L’effervesc<strong>en</strong>ce est<br />

particulière : le personnel de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />

est là pour s’assurer que tout<br />

fonctionne bi<strong>en</strong> avant de remettre les<br />

clés de la c<strong>en</strong>trale aux exploitants. Et<br />

puis à un mom<strong>en</strong>t, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d dire : ‘‘le<br />

couplage, c’est pour demain, c’est sans<br />

doute pour demain’’ ».<br />

La c<strong>en</strong>trale est alors prête à fournir<br />

au réseau son premier kilowattheure.<br />

Il faut pour cela ‘‘coupler’’ l’alternateur<br />

au réseau : pour les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong> comme<br />

pour les prestataires, c’est un aboutissem<strong>en</strong>t,<br />

« comme un paquebot qu’on<br />

met à l’eau ». Dans la salle de contrôle,<br />

c’est l’afflu<strong>en</strong>ce : « il n’y a pas où passer,<br />

même si les g<strong>en</strong>s de l’Equipem<strong>en</strong>t font<br />

un peu la guerre : ‘‘pas trop de monde,<br />

pas trop de monde !’’ ».<br />

L’opération est délicate car elle nécessite<br />

un parfait phasage <strong>en</strong>tre le groupe<br />

turboalternateur et le réseau, sous<br />

peine de « casser tout le bazar ». Des<br />

automatismes exist<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr, mais<br />

pour le premier couplage, l’opération<br />

se fait manuellem<strong>en</strong>t. Lorsque l’objectif<br />

est atteint (machine à trois milles tours,<br />

t<strong>en</strong>sion réglée et synchronoscope à<br />

zéro), le chef de bloc « appuie sur le<br />

bouton » qui ferme un gros interrupteur<br />

appelé ‘‘coupleur’’.<br />

Avec le couplage de sa tranche 1,<br />

la mise <strong>en</strong> service de la c<strong>en</strong>trale de<br />

Cordemais a lieu le 23 décembre<br />

1970 à 10h54. <strong>Le</strong> palier thermique<br />

des 600 MW est alors à la pointe des<br />

possibilités techniques françaises.<br />

La pleine puissance sera atteinte le<br />

22 janvier de l’année suivante.<br />

UNE MARRAINE<br />

ET DU ChAMpAGNE<br />

A la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, les turbines sont toutes<br />

associées au nom de leur marraine. Celle de la première<br />

turbine se prénommait Josiane. Elle était la plus jeune de<br />

l’équipe et c’est la raison pour laquelle le responsable du<br />

projet, Monsieur Rousset, l’avait choisie. « J’avais 21 ans,<br />

je travaillais au standard et à l’accueil de l’Equipem<strong>en</strong>t.<br />

Ce n’est qu’au mom<strong>en</strong>t du couplage que j’ai appris que<br />

je serai la marraine de la turbine ! <strong>Le</strong> secret avait été bi<strong>en</strong><br />

gardé... J’ai été très surprise, mais aussi très touchée ». La<br />

turbine avait égalem<strong>en</strong>t un parrain, un collaborateur de la<br />

Compagnie électromécanique (CEM). Après le couplage<br />

avec toutes les équipes, la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t a<br />

offert le champagne : « Ce jour là, la fête s’est terminée<br />

très tard, vers deux ou trois heures du matin ».<br />

Il est possible que cette tradition soit issue de la marine.<br />

En effet, les premiers exploitants du thermique classique<br />

étai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des anci<strong>en</strong>s de la Marine nationale : « après<br />

quinze ans de service, les gars étai<strong>en</strong>t de jeunes retraités.<br />

Ils connaissai<strong>en</strong>t les bateaux et leurs chaudières. <strong>Le</strong>s<br />

équipem<strong>en</strong>ts des c<strong>en</strong>trales étai<strong>en</strong>t un peu semblables,<br />

<strong>en</strong> plus gros ! D’ailleurs avant, à l’Exploitation, on parlait<br />

de ‘‘chef de quart’’, de ‘‘chef de bloc’’ ; il s’agit là aussi<br />

d’expressions issues de la marine ».<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 15


DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />

<strong>Le</strong>s fondations (juillet 1967).<br />

Ensemble du bloc usine, bâtim<strong>en</strong>t administratif, magasin, ateliers et installations de chantiers.<br />

16<br />

De gauche à droite : bâtim<strong>en</strong>t administratif, table du groupe turboalternateur et structure support<br />

de la chaudière (avril 1968).<br />

L<br />

es fondations sont réalisées<br />

<strong>en</strong> 1967. La construction de la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais représ<strong>en</strong>te<br />

à l’époque un investissem<strong>en</strong>t de 480<br />

millions de francs. <strong>Le</strong> tiers des marchés<br />

est attribué à des <strong>en</strong>treprises régionales<br />

pour des opérations de génie civil ou la<br />

construction de la chaudière (<strong>en</strong>treprise<br />

Babcock-Atlantique).


De gauche à droite : deux bacs fioul, cheminée, chaudière, magasin, ateliers et bâtim<strong>en</strong>t administratif<br />

(mars 1969).<br />

L’architecte principal du projet est Michel<br />

Homberg : déjà architecte de la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cheviré, il sera membre du groupe<br />

de travail sur l’architecture des c<strong>en</strong>trales<br />

nucléaires dans le milieu des années 70.<br />

Septembre 1969.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 17


DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />

18<br />

NANTES. — Haute de 150 mètres,<br />

la cheminée rouge et blanche de la<br />

c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais<br />

domine la vallée de la Loire depuis l’île<br />

de la Calotte où elle trouve ses assises<br />

à 30 kilomètres à l’aval de Nantes.<br />

E.D.F. a choisi d’inaugurer ce premier<br />

groupe — qui <strong>en</strong> comportera 6 ou 8<br />

— à l’occasion des fêtes de son 25 e<br />

anniversaire.<br />

Un train spécial a am<strong>en</strong>é hier de Paris<br />

à Cordemais d’importantes personnalités<br />

du monde économique, qui<br />

ont suivi dans une visite instructive<br />

MM. Olivier Guichard, mis à l’honneur<br />

Ouest France (25 mai 1971).<br />

<strong>en</strong> tant que premier délégué à l’aménagem<strong>en</strong>t<br />

du Territoire ; Delouvrier,<br />

présid<strong>en</strong>t du conseil d’administration<br />

d’E.D.F. ; Boiteux, directeur général.<br />

Cordemais porte à 5 le nombre des<br />

c<strong>en</strong>trales implantées sur le territoire<br />

de la région de Nantes. <strong>Le</strong>s autres<br />

sont la c<strong>en</strong>trale thermique de Brest<br />

(70 mégawatts), la c<strong>en</strong>trale nucléaire<br />

des Monts d’Arrée (70 MW), la c<strong>en</strong>trale<br />

marémotrice de la Rance (240 MW) et<br />

<strong>en</strong>fi n la c<strong>en</strong>trale thermique de Nantes-<br />

Cheviré (845 MW). Dans cette dernière,<br />

six groupes sont installés dont les deux<br />

plus réc<strong>en</strong>ts mis <strong>en</strong> service <strong>en</strong> 1968 et<br />

Après quasim<strong>en</strong>t six mois d’exercice,<br />

la turbine a déjà fourni 500<br />

millions de kilowattheures. La<br />

c<strong>en</strong>trale compte 120 ag<strong>en</strong>ts ; elle est<br />

offi ciellem<strong>en</strong>t inaugurée le 24 mai 1971<br />

à l’occasion des 25 ans du groupe <strong>EDF</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s personnes prés<strong>en</strong>tes sont saisies<br />

par la démesure de l’équipem<strong>en</strong>t :<br />

des kilomètres de tuyaux et de tubes,<br />

un impressionnant turboalternateur<br />

de 50 mètres de long, une chaudière<br />

aussi haute que l’Arc de Triomphe (50<br />

mètres), susp<strong>en</strong>due à 70 mètres de<br />

haut, à une charp<strong>en</strong>te de 5 000 tonnes,<br />

et du combustible qui arrive de Donges<br />

par un oléoduc qui dessert égalem<strong>en</strong>t<br />

la c<strong>en</strong>trale de Cheviré, à Nantes.<br />

<strong>Le</strong> premier groupe de la c<strong>en</strong>trale thermique<br />

de Nantes-Cordemais inauguré hier<br />

1969 développ<strong>en</strong>t chacun une puissance<br />

de 250 MW. On voit à la lumière<br />

de ces chiffres le bond réalisé avec le<br />

groupe de Cordemais, ce « palier thermique<br />

des 600 MW » étant comme on<br />

le fait remarquer à l’E.D.F., à la pointe<br />

des possibilités techniques françaises.<br />

Tout laisse à p<strong>en</strong>ser, a déclaré hier M.<br />

Delouvrier, que la deuxième tranche<br />

de Cordemais — un groupe d’une<br />

puissance de 700 MW démarrera <strong>en</strong><br />

1972. Une troisième tranche est espérée<br />

avant la fi n du VIe Plan, elle-même<br />

suivie d’autres étapes qui pourrai<strong>en</strong>t<br />

être à vocation nucléaire.<br />

Construction de la chaudière de la tranche 1<br />

(février 1969).


1970<br />

600 MW<br />

La tranche 1 a un bon r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t : il est<br />

prévu de lui donner une petite sœur,<br />

construite à l’id<strong>en</strong>tique. C’est dans cette<br />

perspective qu’elle a été dotée d’une<br />

salle de contrôle double.<br />

Mais <strong>en</strong> ce tout début des années 70,<br />

le prix du pétrole est si bas qu’il est<br />

jugé plus intéressant de construire des<br />

tranches moins sophistiquées, qui consommeront<br />

peut-être un peu plus de<br />

fi oul mais seront moins onéreuses à la<br />

construction. C’est dans cette optique<br />

que seront conçus les plans des<br />

tranches 2 et 3 de Cordemais, dont les<br />

fondations seront posées à partir de<br />

mars 1973.<br />

Elles devai<strong>en</strong>t être les premières d’un<br />

palier de quarante tranches id<strong>en</strong>tiques,<br />

réparties sur tout le territoire : c’était<br />

sans compter le choc pétrolier<br />

d’octobre 1973.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 19


D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />

Parcs à combustibles : au premier plan les bacs fioul, au second plan le parc à charbon (septembre 1981).<br />

20


D’une<br />

Octobre 1973<br />

Choc pétrolier<br />

configuration‘‘tout fioul’’<br />

au développem<strong>en</strong>t charbon<br />

du<br />

1976<br />

Mise <strong>en</strong> service des tranches 2 et 3 (fioul)<br />

1979<br />

Quand le prix du fuel a monté,<br />

le charbon est dev<strong>en</strong>u plus intéressant.<br />

Avril 1981- Novembre 1982<br />

Transformation de la tranche 1 du fioul au charbon<br />

Fondations<br />

des tranches 4 et 5<br />

(charbon)<br />

1982<br />

Mise <strong>en</strong> service du parc à charbon<br />

1983<br />

Mise <strong>en</strong> service de la tranche 4<br />

1984<br />

Mise <strong>en</strong> service de la tranche 5<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 21


D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />

22<br />

<strong>Le</strong>s 16 et 17 octobre 1973,<br />

p<strong>en</strong>dant la guerre du Kippour,<br />

les pays arabes membres de<br />

l’OPEP annonc<strong>en</strong>t un embargo sur<br />

les livraisons de pétrole contre les<br />

Etats « qui souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t Israël ». <strong>Le</strong>urs<br />

rev<strong>en</strong>dications port<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t sur<br />

une augm<strong>en</strong>tation spectaculaire du<br />

prix du brut (plus précisém<strong>en</strong>t, la<br />

quote-part du prix leur rev<strong>en</strong>ant) et<br />

sur le contrôle absolu des niveaux de<br />

production afin de maint<strong>en</strong>ir un prix<br />

‘‘de pénu rie’’. En quelques semaines,<br />

le prix du baril de pétrole passe de 3<br />

à 18 dollars, obligeant le groupe <strong>EDF</strong><br />

comme beaucoup d’autres industries,<br />

à revoir sa stratégie de développem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong> destin de la c<strong>en</strong>trale de Corde mais<br />

allait <strong>en</strong> être changé radicalem<strong>en</strong>t.<br />

Mais dans l’immédiat, les fondations<br />

des tranches fioul ont comm<strong>en</strong>cé : la<br />

construction des nouvelles unités ira à<br />

son terme.<br />

Après les fondations <strong>en</strong> 1973, la<br />

construction des tranches 2 et 3 comm<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong> 1974.<br />

Construction de la cheminée des tranches 2 et 3.<br />

A gauche, station de pompage (juillet 1974).


Initialem<strong>en</strong>t, la tranche 2 devait être<br />

prête six à douze mois avant la tranche<br />

3. Mais lors des essais, un problème de<br />

rotor contrarie la mise <strong>en</strong> route : « nous<br />

v<strong>en</strong>ions de lancer la turbine, elle était<br />

montée à 3 000 tours et nous comm<strong>en</strong>cions<br />

à aimanter le rotor. La t<strong>en</strong>sion<br />

grimpait correctem<strong>en</strong>t, nous étions à<br />

20 000 volts quand tout d’un coup, une<br />

alarme s’est décl<strong>en</strong>chée sur le pupitre :<br />

‘‘Masse rotor’’ ! ». Cette alarme indiquait<br />

que la bobine électrique du rotor<br />

était ‘‘à la masse’’. Impossible quand on<br />

sait que tout est parfaitem<strong>en</strong>t isolé…<br />

Sur place, les ingénieurs et technici<strong>en</strong>s<br />

n’y croi<strong>en</strong>t pas, <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t toutes les<br />

solutions, y compris un problème de<br />

réglage des relais. Mais finalem<strong>en</strong>t,<br />

les électrici<strong>en</strong>s <strong>en</strong>lèv<strong>en</strong>t les balais graphites<br />

pour accéder au rotor, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

leur magnéto et pos<strong>en</strong>t leur diagnostic :<br />

« Zéro, il est fichu ». <strong>Le</strong> rotor quasim<strong>en</strong>t<br />

neuf, qui n’avait jamais tourné que pour<br />

les essais, était défaillant. « Comme le<br />

rotor de la tranche 3 était arrivé mais pas<br />

installé, nous l’avons pris pour le mettre<br />

dans la tranche 2 ; il a fallu démonter le<br />

rotor défectueux, installer le nouveau, et<br />

refaire tous les essais… ».<br />

Tranche<br />

de vie<br />

Joël Geffroy, maire de la ville de Cordemais depuis 2003, conseiller<br />

municipal depuis 1989, cordemaisi<strong>en</strong> depuis 1973.<br />

La construction des tranches 2 et 3, c’était un peu la ‘‘ruée vers l’Ouest’’. C’était<br />

une période euphorique au cours de laquelle énormém<strong>en</strong>t de personnes sont<br />

arrivées sur Cordemais. Vous n’aviez pas un <strong>en</strong>droit ni une cour de ferme où il n’y<br />

avait pas de caravanes ! Tout comme dans les campings. Il a aussi fallu installer<br />

des préfabriqués dans les écoles. Il y avait du monde partout !<br />

Tout le commerce vivait très très bi<strong>en</strong>. Dans les fermes, on v<strong>en</strong>dait le lait, les œufs.<br />

Il y avait un bazar (qui existe toujours) qu’on appelait « <strong>Le</strong> p’tit Decré », <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

à la grande surface de Nantes. Il était t<strong>en</strong>u par Marguerite. Elle y v<strong>en</strong>dait de l’air<br />

liquide, des écrous, des boulons… Tout, on trouvait de tout !<br />

Marguerite était quelqu’un d’assez exceptionnel. Elle discutait avec tout le monde :<br />

p<strong>en</strong>dant ce temps là, chacun att<strong>en</strong>dait, patiemm<strong>en</strong>t. Marguerite racontait sa vie<br />

et écoutait la vôtre… Quand vous aviez besoin de quelque chose de particulier,<br />

elle montait dans son gr<strong>en</strong>ier <strong>en</strong> disant : « je crois que j’ai ça » et elle rev<strong>en</strong>ait<br />

effectivem<strong>en</strong>t avec ce dont vous aviez besoin. Pour le règlem<strong>en</strong>t, elle ouvrait une<br />

de ses deux grandes boîtes dans lesquelles se trouvai<strong>en</strong>t tous les carnets à souche<br />

des <strong>en</strong>treprises. Elle notait ce que vous aviez acheté : trois boulons, une bouteille<br />

de gaz, etc. et elle <strong>en</strong>voyait la facture à l’<strong>en</strong>treprise.<br />

Au fil du temps, des amitiés se sont créées <strong>en</strong>tre les nouveaux arrivants et les<br />

cordemaisi<strong>en</strong>s ‘‘de souche’’. Mais au début, ce n’était pas si évid<strong>en</strong>t. On peut<br />

même parler d’un choc culturel : Cordemais était un village rural ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

tourné vers l’agriculture. <strong>Le</strong>s premières tranches de la c<strong>en</strong>trale ont complètem<strong>en</strong>t<br />

modifié sa démographie.<br />

P<strong>en</strong>dant tout un mom<strong>en</strong>t, il y a eu un peu un clivage <strong>en</strong>tre les anci<strong>en</strong>s et les<br />

nouveaux, <strong>en</strong>tre les cordemaisi<strong>en</strong>s et les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong>, qui arrivai<strong>en</strong>t avec leur vision<br />

des choses, leur niveau de salaire, et parfois leurs rev<strong>en</strong>dications. <strong>Le</strong> temps et<br />

la connaissance mutuelle ont <strong>en</strong>suite lissé tout cela. Aujourd’hui, la c<strong>en</strong>trale est<br />

parfaitem<strong>en</strong>t intégrée dans le paysage et dans la ville… A tel point que je suis<br />

souv<strong>en</strong>t obligé de rappeler que Cordemais, ce n’est pas que la c<strong>en</strong>trale…<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 23


D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />

24<br />

Ci-dessous et ci-contre, arrivée et déchargem<strong>en</strong>t du réservoir chaudière (juin 1974).<br />

C’est ainsi que les tranches 2 et 3 démarr<strong>en</strong>t à<br />

quelques semaines d’intervalle seulem<strong>en</strong>t,<br />

le 26 octobre 1976 pour la tranche 2 et le<br />

17 décembre pour la tranche 3. Elles atteindront leur<br />

pleine puissance le 24 avril et le 9 mai 1977.<br />

Ci-dessus, tranches 2 et 3 <strong>en</strong> construction (février 1975).<br />

1976<br />

2000 MW


La pleine puissance ne sera pas le<br />

rythme de croisière des tranches fioul.<br />

Pour <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre les raisons, il<br />

faut rev<strong>en</strong>ir à l’économie : <strong>en</strong> 1974,<br />

à la suite de la crise pétrolière, la<br />

facture énergétique de la France a été<br />

multipliée par quatre : le pays se tourne<br />

vers l’électricité nucléaire et annonce la<br />

construction de treize c<strong>en</strong>trales <strong>en</strong> deux<br />

ans. Dès 1977, la première tranche<br />

de Fess<strong>en</strong>heim (Alsace) est mise <strong>en</strong><br />

service, l’objectif étant qu’à terme,<br />

« l’électricité soit produite <strong>en</strong> base<br />

par le nucléaire, le charbon v<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />

complém<strong>en</strong>t, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pour la<br />

saison hivernale, le fuel n’étant appelé<br />

qu’exceptionnellem<strong>en</strong>t, pour passer<br />

les pointes de forte consommation ».<br />

Mais dans l’Ouest, les projets de<br />

Plogoff, du Pellerin puis du Carnet<br />

ne se concrétiseront pas, r<strong>en</strong>forçant<br />

le rôle stratégique de la c<strong>en</strong>trale de<br />

Cordemais dans l’alim<strong>en</strong>tation de la<br />

Bretagne et des Pays de la Loire. « La<br />

situation géographique de nos régions,<br />

exc<strong>en</strong>trées, éloignées des c<strong>en</strong>tres de<br />

production, les fragilise sur le plan de<br />

leur approvisionnem<strong>en</strong>t électrique.<br />

Notre territoire est ainsi une zone de<br />

t<strong>en</strong>sion du point de vue énergétique .<br />

[...] La c<strong>en</strong>trale de Cordemais a <strong>en</strong>core<br />

de beaux jours devant elle » : c’est <strong>en</strong><br />

ces termes que s’exprimait Jean-Marc<br />

Ayrault, député de la circonscription,<br />

maire de Nantes, le 16 septembre<br />

2010 à l’occasion du quarantième<br />

anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.<br />

En att<strong>en</strong>dant la mise <strong>en</strong> service des<br />

c<strong>en</strong>trales du parc nucléaire, et pour faire<br />

face à l’augm<strong>en</strong>tation de la consommation,<br />

les tranches fioul ‘‘assur<strong>en</strong>t le relais’’,<br />

bi<strong>en</strong>tôt aidées par les tranches charbon.<br />

En effet, dans les années qui suiv<strong>en</strong>t,<br />

la c<strong>en</strong>trale de Cordemais ori<strong>en</strong>te ses<br />

équipem<strong>en</strong>ts d’exploitation vers la production<br />

charbon, et lance pour cela de<br />

nombreux chantiers :<br />

la mise <strong>en</strong> construction de deux<br />

tranches charbon (novembre 1979)<br />

et du parc à charbon (octobre 1980) ;<br />

le lancem<strong>en</strong>t de travaux de modification<br />

de la tranche 1 pour qu’elle<br />

puisse fonctionner elle aussi au<br />

charbon (avril 1981).<br />

pLOGOFF,<br />

LE pELLERIN,<br />

LE CARNET :<br />

« mEmE Combat ».<br />

Du milieu des années 1970 à 1997, la Loire‑Atlantique et<br />

le Finistère sont le terrain d’une mobilisation forte : pétitions,<br />

<strong>en</strong>quêtes publiques repliées dans des camionnettes<br />

baptisées "Mairie annexe", et protégées par des garnisons<br />

de CRS, registres d’<strong>en</strong>quête publique brûlés, démissions<br />

de conseils municipaux, fêtes anti‑nucléaires…<br />

<strong>Le</strong>s projets seront abandonnés les uns après les autres :<br />

plogoff <strong>en</strong> 1981 puis le pellerin <strong>en</strong> 1983 et <strong>en</strong>fin le Carnet<br />

<strong>en</strong> 1997. Mais les besoins <strong>en</strong> électricité demeur<strong>en</strong>t :<br />

la production de la c<strong>en</strong>trale thermique à flamme de<br />

Cordemais y répond <strong>en</strong> partie.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 25


D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />

26<br />

En haut, construction de la salle des machines de la tranche 4 (novembre 1980).<br />

Ci-dessus, construction de la station de pompage des tranches 4 et 5 (septembre 1981).<br />

Ci-dessus, construction des tranches 4 et 5 (1982).<br />

<strong>Le</strong> parc à charbon est « une grande<br />

ét<strong>en</strong>due à ciel ouvert, avec des milliers<br />

de tonnes de charbon acheminés<br />

jusqu’aux chaudières par un jeu d’aiguillages,<br />

de tapis et de roues pelles ».<br />

D’une capacité de 600 000 tonnes et<br />

d’une superficie de 7,168 hectares, il<br />

est un peu plus grand que neuf terrains<br />

de football ! <strong>Le</strong>s travaux comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t fin<br />

1979, sur la base de plans réalisés par<br />

les services Ingénierie d’<strong>EDF</strong>.<br />

En janvier 1982 ont lieu les premiers<br />

essais : « il y avait forcém<strong>en</strong>t un peu de<br />

décalage <strong>en</strong>tre le modèle théorique<br />

tel qu’il figurait sur le plan, et sa<br />

traduction dans les faits. Après les<br />

essais, nous avons donc procédé à<br />

des modifications et <strong>en</strong> novembre<br />

1982, nous étions prêts à accueillir<br />

le premier train de charbon ».


Fin de la construction du parc à charbon (juin 1982).<br />

« LE Charbon,<br />

IL faut LE sEntIr. »<br />

quel que soit le combustible, l’électricité est produite<br />

par la force de la vapeur, elle‑même produite par la<br />

combustion de fioul ou de charbon. pas de différ<strong>en</strong>ce<br />

fondam<strong>en</strong>tale à première vue, mais à première vue<br />

seulem<strong>en</strong>t.<br />

Dans les faits, le charbon nécessite quelques<br />

manipulations : avant d’être brûlé, il est broyé et réduit<br />

<strong>en</strong> farine, puis mélangé à de l’air (on parle de ‘‘charbon<br />

pulvérisé’’). Selon son origine, ses caractéristiques<br />

vari<strong>en</strong>t : il n’a pas le même pouvoir calorifique, est plus<br />

ou moins dur, produit davantage ou moins de résidus,<br />

etc. « Il faut t<strong>en</strong>ir compte de ces paramètres pour les<br />

opérations de broyage, de mélange et de chauffe.<br />

<strong>Le</strong>s gars du charbon ont l’habitude : par exemple, si le<br />

mélange est trop mouillé et qu’il se colle aux parois des<br />

broyeurs, ils <strong>en</strong> reconnaiss<strong>en</strong>t le bruit. »<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 27


D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />

28<br />

<strong>Le</strong> charbon livré à la c<strong>en</strong>trale vi<strong>en</strong>t<br />

d’Amérique ou d’Afrique, via Montoir-<br />

de-Bretagne, à quelques kilomètres.<br />

Il est tout d’abord acheminé par rail<br />

à raison de 1 500 tonnes par train.<br />

Ensuite « comme la capacité des trains<br />

ne suffisait plus, un appontem<strong>en</strong>t<br />

charbonnier a été installé, mi-1984 ».<br />

Dès lors, le fleuve pr<strong>en</strong>d l’avantage sur<br />

le rail. Outre une capacité supérieure<br />

(5 000 tonnes pour une barge contre<br />

1 500 pour un train), ces conditions<br />

d’acheminem<strong>en</strong>t sont égalem<strong>en</strong>t plus<br />

faciles à gérer.<br />

Entre avril 1981 et novembre 1982,<br />

la tranche 1, tranche historique de<br />

la c<strong>en</strong>trale, est arrêtée pour être<br />

transformée <strong>en</strong> tranche charbon :<br />

« la combustion au charbon réclame<br />

des chambres de combustion bi<strong>en</strong><br />

plus importantes que la combustion<br />

au fioul ; mais techniquem<strong>en</strong>t, la<br />

tranche 1 pouvait supporter une telle<br />

modification. Il a donc été demandé à<br />

BabCok-Atlantique, le constructeur, de<br />

procéder à cette reconversion. Tous<br />

les brûleurs fioul ont été remplacés par<br />

des brûleurs charbon ; des broyeurs<br />

ont été ajoutés (pour pulvériser le<br />

charbon) ainsi que la partie contrôle<br />

commande qui allait avec ». L’<strong>en</strong>semble<br />

du site est impacté : les structures<br />

d’acheminem<strong>en</strong>t du charbon ainsi que<br />

le circuit de récupération des c<strong>en</strong>dres<br />

sont créés pour desservir la tranche 1.<br />

Roue pelle du parc à charbon (avril 1982).<br />

Locotracteur au parc à charbon (juillet 1982). L’approvisionnem<strong>en</strong>t par barge sera privilégié à partir de 1984.


1984<br />

3110 MW<br />

Beaucoup d’<strong>en</strong>treprises sont mobilisées<br />

; le chantier est colossal et<br />

réserve quelques surprises : « quand<br />

on a relancé au charbon, l’alternateur<br />

a explosé ! On <strong>en</strong> a repris pour<br />

six mois… ». Finalem<strong>en</strong>t, après un<br />

an et demi de travaux, « les hommes<br />

ont réalisé une véritable prouesse<br />

technique » et la tranche 1 est <strong>en</strong> ordre<br />

de marche.<br />

Après la mise <strong>en</strong> place du parc à<br />

charbon et la transformation de la<br />

tranche 1 <strong>en</strong> 1982, les tranches 4 et<br />

5 sont mises <strong>en</strong> service <strong>en</strong> novembre<br />

1983 et octobre 1984. Avec 3 110 MW<br />

de puissance installée, la c<strong>en</strong>trale<br />

thermique à fl amme de Cordemais<br />

est alors la plus importante de<br />

France ; elle représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 15%<br />

de la puissance du parc thermique<br />

classique EdF.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 29


UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />

30


Un<br />

1985<br />

Année charbon<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

1986<br />

12 janvier 1987<br />

Effondrem<strong>en</strong>t du réseau sur le grand Ouest<br />

Fermeture de la c<strong>en</strong>trale<br />

thermique de Cheviré<br />

Nous faisions ce qu’on<br />

appelle de la d<strong>en</strong>telle.<br />

Novembre 1990<br />

Vingtième anniversaire<br />

de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

1991<br />

Record de production (9,6 TWh)<br />

de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

<strong>en</strong><br />

semi-base pointe<br />

et<br />

1993<br />

Cap du milliard de kWh<br />

franchi par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 31


UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />

1985 :<br />

ANNEE ChARbON<br />

En raison du coût du combustible, les tranches charbon<br />

sont démarrées avant les tranches fi oul. 1985 est dite<br />

« l’année charbon », avec 1 600 000 tonnes de charbon<br />

consommées, deux fois plus que l’année précéd<strong>en</strong>te.<br />

Cela se traduit par une très nette réduction de l’utilisation<br />

des tranches 2 et 3.<br />

32<br />

En 1985, le nucléaire et l’hydraulique<br />

‘‘au fi l de l’eau’’ représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t déjà<br />

81% de l’électricité produite et<br />

fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce : c’est la<br />

base. <strong>Le</strong> thermique est positionné sur<br />

les besoins de semi-base et pointe ; il<br />

fonctionne lorsque la demande des<br />

cli<strong>en</strong>ts est supérieure à la production<br />

de base.<br />

Cette évolution se traduit dans les<br />

programmes de production : les tranches<br />

sont désormais appelées, arrêtées,<br />

redémarrées <strong>en</strong> fonction de la demande :<br />

« nous faisions ce qu’on appelle de la<br />

d<strong>en</strong>telle ; c’était une nouvelle façon de<br />

travailler, plus exigeante pour le matériel<br />

qui, à la base, n’était pas prévu pour ça ».<br />

Elle se traduit égalem<strong>en</strong>t dans le mode<br />

de fonctionnem<strong>en</strong>t des ag<strong>en</strong>ts du<br />

thermique : « notre raison d’être, c’est<br />

d’être disponibles et réactifs quand on<br />

nous appelle. Si les tranches tourn<strong>en</strong>t,<br />

c’est qu’on a besoin de nous pour que<br />

des g<strong>en</strong>s ne soi<strong>en</strong>t pas dans le noir. Il<br />

faut donc que nous soyons prêts le jour<br />

et le mom<strong>en</strong>t où on nous appellera. A<br />

certaines périodes de l’année, c’est<br />

une t<strong>en</strong>sion perman<strong>en</strong>te : nous devons<br />

être capables de nous mobiliser très<br />

vite pour faire face à n’importe quel<br />

coup dur pour que la production soit<br />

assurée. »<br />

Mais cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t et ce fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> « mode pompier » ou<br />

« mode héroïque » n’empêch<strong>en</strong>t pas les<br />

hommes de se poser des questions,<br />

car les trois années qui suiv<strong>en</strong>t ‘‘l’année<br />

charbon’’, la production globale de<br />

Cordemais ne cesse de diminuer.<br />

La part relative de la production fi oul<br />

décline elle aussi : pour les équipes<br />

fi oul, les interrogations quant à l’av<strong>en</strong>ir<br />

sont <strong>en</strong>core plus fortes.<br />

PRODUCTION NETTE DE CORDEMAIS<br />

ET PART DU FIOUL DANS CETTE PRODUCTION<br />

Production nette<br />

annuelle <strong>en</strong> GWh<br />

10 000<br />

7 500<br />

5 000<br />

2 500<br />

0<br />

1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991<br />

Production nette Part du oul<br />

Après l’année charbon, tandis que la production d’énergie nucléaire<br />

augm<strong>en</strong>te de 50%, la production globale de Cordemais diminue.<br />

La courbe repartira à la hausse <strong>en</strong> 1989 jusqu’<strong>en</strong> 1991, <strong>en</strong> raison d’une<br />

« politique volontariste à l’exportation et d’une croissance importante<br />

de la consommation d’électricité ».


C’est dans ce contexte qu’<strong>en</strong> 1986, la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais comme d’autres<br />

c<strong>en</strong>trales du parc <strong>EDF</strong>, intègre de<br />

nouveaux ag<strong>en</strong>ts. Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’horizons<br />

différ<strong>en</strong>ts mais tous ont un point<br />

commun : le fait d’avoir vécu le déclin<br />

voire la fermeture de leur outil de travail.<br />

Au plan national, tout d’abord : certaines<br />

industries comme les Charbonnages de<br />

France, sont <strong>en</strong> difficulté. <strong>Le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts<br />

d’extraction ferm<strong>en</strong>t les uns après<br />

les autres : afin de favoriser la mobilité du<br />

personnel, différ<strong>en</strong>tes mesures sont proposées<br />

dont des reconversions à <strong>EDF</strong>.<br />

Au même mom<strong>en</strong>t (1982 et années<br />

suivantes), au sein de l’<strong>en</strong>treprise, le palier<br />

des tranches 125 MW (fioul et charbon)<br />

est progressivem<strong>en</strong>t mis à l’arrêt. Dans<br />

la région nantaise, le site de Cheviré est<br />

concerné : les derniers ag<strong>en</strong>ts le quitteront<br />

<strong>en</strong>tre 1985 et 1986. Globalem<strong>en</strong>t, un<br />

tiers des ag<strong>en</strong>ts de Cheviré rejoindra la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais.<br />

Au plan régional, c’est aussi à ce mom<strong>en</strong>t<br />

là que se tourne une page de l’histoire<br />

de la construction navale nantaise,<br />

avec <strong>en</strong> 1987 le départ du Bougainville,<br />

dernier bateau construit par les chantiers<br />

Dubigeon.<br />

On imagine aisém<strong>en</strong>t l’état d’esprit<br />

de ces nouveaux ag<strong>en</strong>ts, empreint de<br />

regret et de nostalgie, au moins dans un<br />

premier temps. « <strong>Le</strong>ur arrivée à la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cordemais ne relevait pas d’un choix.<br />

Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, ils sortai<strong>en</strong>t d’une période<br />

où l’activité sur leur site d’origine était<br />

ral<strong>en</strong>tie. Nous, nous étions sur notre<br />

production, avec un outil plus moderne.<br />

Cela n’a pas toujours été facile ».<br />

C’est donc dans une certaine inquiétude<br />

liée à l’activité même, et avec un collectif<br />

différ<strong>en</strong>t, que la vie de la c<strong>en</strong>trale se<br />

poursuit avec ses traditions et mom<strong>en</strong>ts<br />

de fête, mais aussi ses coups durs.<br />

C<strong>en</strong>trale thermique de Cheviré (1965).<br />

LA VIEILLE CENTRALE<br />

poème rédigé <strong>en</strong> 1985 par un anci<strong>en</strong> chef de bloc de la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cheviré, h<strong>en</strong>ri Guillet<br />

« arrachés un à un à la vieille c<strong>en</strong>trale<br />

Qui pour eux, du progrès, était la cathédrale.<br />

Ils s’<strong>en</strong> vont à regret vers d’autres horizons<br />

tirés par l’av<strong>en</strong>ir, poussés par la raison.<br />

Car de notre maison, les plus hautes instances<br />

ont mis, de Cheviré, un terme à l’exist<strong>en</strong>ce<br />

En alléguant, pour mieux justifier l’abandon,<br />

sa vétusté, son coût, le succès des neutrons… »<br />

Une c<strong>en</strong>trale et ses hommes, histoire de Cheviré.<br />

Editions ACL<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 33


UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />

34<br />

<strong>Le</strong> 12 janvier 1987 par exemple…<br />

Depuis quelques jours, une<br />

vague de froid s’est abattue sur<br />

la France ; il est 11h00 ce lundi matin<br />

et soudain, dix-neuf départem<strong>en</strong>ts de<br />

l’Ouest se retrouv<strong>en</strong>t sans courant. Dans<br />

le jargon des électrici<strong>en</strong>s, c’est ce qu’on<br />

appelle un black out. Pour certains, cela<br />

durera jusqu’à 20h00. Raymond Calle,<br />

alors chef de la c<strong>en</strong>trale, s’exprimait <strong>en</strong><br />

ces termes : « <strong>en</strong> trois quarts d’heure,<br />

de 10h30 à 11h15, nous avons cumulé<br />

tous les pépins. <strong>Le</strong> froid, et surtout<br />

le v<strong>en</strong>t glacial, nous ont fusillés. Mais<br />

la vraie poisse, c’est que sur les cinq<br />

tranches, deux ont ‘‘décl<strong>en</strong>ché’’ à<br />

cause du froid, et les trois autres pour<br />

des raisons techniques, totalem<strong>en</strong>t<br />

indép<strong>en</strong>dantes ».<br />

En effet, la tranche 5 avait décl<strong>en</strong>ché 3<br />

la veille <strong>en</strong> raison du gel d’une bouche<br />

d’alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> eau ; puis ce fut le tour<br />

de la tranche 2, toujours à cause du gel,<br />

celui d’un capteur. Pourtant, les ag<strong>en</strong>ts<br />

n’économis<strong>en</strong>t pas leur peine : « on y a<br />

passé des jours et des nuits avec des<br />

chalumeaux, des moy<strong>en</strong>s de production<br />

de chaleur, pour essayer de réchauffer<br />

les niveaux. Mais à l’époque, les<br />

installations n’étai<strong>en</strong>t pas calorifugées à<br />

l’extérieur : les circuits gelai<strong>en</strong>t ».<br />

Ensuite, des <strong>en</strong>nuis techniques sans<br />

li<strong>en</strong> avec le froid provoqu<strong>en</strong>t l’arrêt des<br />

tranches 1 et 3 : explosion du coupleur<br />

3 On dit d’une tranche qu’elle décl<strong>en</strong>che lorsqu’elle se découple du réseau.<br />

de la tranche 1 et inc<strong>en</strong>die sur la tranche<br />

3, provoqué par une fuite de fuel sur<br />

des tuyauteries. Devant les sollicitations<br />

excessives, la tranche 4 finit elle aussi<br />

par décl<strong>en</strong>cher : la protection de l’alternateur<br />

a fonctionné.<br />

Dès lors, les choses vont très vite : pour<br />

satisfaire la demande d’électricité (<strong>en</strong><br />

période de grand froid…), il manque<br />

désormais les 3 110 MW de Cordemais.<br />

Sur le réseau de distribution, la fréqu<strong>en</strong>ce<br />

passe de 50 à 49 hertz : un<br />

hertz de différ<strong>en</strong>ce qui nécessite une<br />

coupure d’électricité pour 20% du pays,<br />

le seul moy<strong>en</strong> pour <strong>EDF</strong> de mettre <strong>en</strong><br />

sécurité le reste du réseau. « <strong>Le</strong> délestage<br />

<strong>EDF</strong> de lundi : c’était l’Ouest où la<br />

panne générale », titrait Ouest France<br />

deux jours plus tard.<br />

Lorsque ces incid<strong>en</strong>ts survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, un<br />

mouvem<strong>en</strong>t de grève est <strong>en</strong> cours :<br />

« mais à l’Exploitation, nous étions<br />

grévistes sans l’être : s’il y avait un<br />

incid<strong>en</strong>t, on y allait. <strong>Le</strong> 12 janvier 1987,<br />

nous étions tous dans la salle de<br />

commande de la tranche 1 quand les<br />

incid<strong>en</strong>ts ont comm<strong>en</strong>cé : nous avons<br />

pu réagir tout de suite ».<br />

Dans les mois qui suivront, un véritable<br />

plan d’actions correctives sera déployé,<br />

pour un montant global de 30 millions<br />

de francs.<br />

1985 : UN HIVER DEJA RIGOUREUX<br />

Station de pompage de la tranche 1.<br />

A l’arrière-plan, bac fioul.


Equipem<strong>en</strong>ts pris dans la glace.<br />

Une panne d’une telle ampleur ne s’est<br />

jamais reproduite mais aujourd’hui<br />

<strong>en</strong>core, lorsque les grands froids arriv<strong>en</strong>t,<br />

la vigilance est perman<strong>en</strong>te : chacun sait<br />

qu’il doit réagir vite.<br />

Dans l’Ouest, <strong>en</strong> amont des périodes<br />

hivernales, un plan de coordination<br />

est mis <strong>en</strong> place par les autorités<br />

préfectorales. Avant l’hiver et ses pics<br />

de consommation, le Préfet de la zone<br />

de déf<strong>en</strong>se réunit les représ<strong>en</strong>tants des<br />

producteurs d’électricité, du transport<br />

et de Météo France. Chacun explique<br />

son organisation interne, ses schémas<br />

d’alerte et procédures d’urg<strong>en</strong>ce. Si la<br />

situation le nécessite, c’est égalem<strong>en</strong>t le<br />

Préfet qui pilote l’action, <strong>en</strong> s’appuyant<br />

sur les responsables de chaque site.<br />

ZONE DE DEFENSE<br />

Il existe sept zones de déf<strong>en</strong>se. A leur tête se trouv<strong>en</strong>t<br />

les préfets de zone (égalem<strong>en</strong>t préfets de la région et<br />

du départem<strong>en</strong>t chef‑lieu de la zone). <strong>Le</strong>s zones de<br />

déf<strong>en</strong>se ont notamm<strong>en</strong>t pour mission l’élaboration des<br />

mesures non militaires de déf<strong>en</strong>se et la coopération<br />

avec l’autorité militaire, ainsi que la coordination des<br />

moy<strong>en</strong>s de sécurité civile.<br />

BRETAGNE<br />

CORDEMAIS<br />

BASSE<br />

NORMANDIE<br />

PAYS DE LA<br />

LOIRE<br />

Hte<br />

NOR-<br />

MANDIE<br />

CENTRE<br />

La c<strong>en</strong>trale de Cordemais est établie sur la<br />

zone de déf<strong>en</strong>se Ouest, qui compr<strong>en</strong>d les vingt<br />

départem<strong>en</strong>ts des régions Bretagne, Pays de la Loire,<br />

C<strong>en</strong>tre, Haute-Normandie et Basse-Normandie.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 35


UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />

UNE TRADITION qUI A<br />

MARqUE LA MEMOIRE<br />

COLLECTIVE :<br />

LA SAINT ELOI<br />

Dans les c<strong>en</strong>trales, le travail du métal est omniprés<strong>en</strong>t.<br />

C’est la raison pour laquelle les ag<strong>en</strong>ts ont longtemps<br />

fêté Saint Eloi, patron des chaudronniers, forgerons,<br />

serruriers, armuriers, orfèvres, maréchaux‑ferrants… qui<br />

tous travaill<strong>en</strong>t le métal.<br />

A la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, la Saint Eloi n’est plus<br />

célébrée comme par le passé. <strong>Le</strong>s fêtes organisées<br />

ont néanmoins laissé dans la mémoire collective de vifs<br />

souv<strong>en</strong>irs et beaucoup de nostalgie... « nous allions<br />

ouvrir les coquilles saint-Jacques le matin pour le soir.<br />

au début, tout le monde v<strong>en</strong>ait faire la fête, c’était<br />

comme une grande famille. Et puis petit à petit, le site<br />

s’est agrandi et il est dev<strong>en</strong>u plus difficile de retrouver<br />

cet état d’esprit ».<br />

D’après sa Vita rédigée par Saint Ou<strong>en</strong>, Saint Eloi serait<br />

né vers 588 à Chaptelat, près de Limoges. Au service<br />

de bobbon, orfèvre du roi, il se voit confier la réalisation<br />

d’un trône d’or orné de pierres précieuses pour le roi<br />

Clotaire II, père de Dagobert.<br />

« Eloi se hâta de comm<strong>en</strong>cer l’ouvrage, y travailla avec<br />

ardeur et le termina <strong>en</strong> peu de temps. mais il arriva que l’or<br />

qu’on lui avait confié pour un seul ouvrage servit à <strong>en</strong> faire<br />

deux. […] Clotaire fit paraître une grande admiration et<br />

demanda au jeune orfèvre comm<strong>en</strong>t il avait pu accomplir<br />

ces deux ouvrages avec la matière destinée à un seul. Et<br />

comme Eloi laissait percer beaucoup d’esprit dans ses<br />

réponses, le prince lui dit que désormais on pourrait avoir<br />

confiance <strong>en</strong> lui pour de grandes choses… ». La Saint<br />

Eloi est inscrite au cal<strong>en</strong>drier le 1 er décembre.<br />

36<br />

En 1989, 90 et 91, <strong>en</strong> raison<br />

d’une politique volontariste à<br />

l’exportation et d’une croissance<br />

importante de la consommation<br />

d’électricité, la courbe de production de<br />

la c<strong>en</strong>trale est à nouveau à la hausse,<br />

<strong>en</strong> grande partie tirée par le charbon<br />

(cf. schéma page 32). C’est dans ce<br />

contexte, plus favorable, que la c<strong>en</strong>trale<br />

fête ses 20 ans, <strong>en</strong> novembre 1990.<br />

Pour l’occasion, et pour la première<br />

fois, ses portes s’ouvr<strong>en</strong>t. Expositions<br />

photos, réalisation de vidéos et<br />

diaporamas, visites comm<strong>en</strong>tées du site,<br />

démonstrations d’utilisation de matériel :<br />

tous les services sans exception se<br />

sont organisés pour prés<strong>en</strong>ter leur<br />

savoir-faire : « chacun avait sorti son<br />

matériel et préparé des panneaux<br />

explicatifs. On avait même réquisitionné<br />

la locomotive utilisée normalem<strong>en</strong>t pour<br />

tracter les wagons d’huile, pour mettre<br />

<strong>en</strong> place un circuit <strong>en</strong> train autour du<br />

parc à charbon ».<br />

3 000 visiteurs étai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dus, ils<br />

seront finalem<strong>en</strong>t 11 000, famille et amis<br />

d’ag<strong>en</strong>ts ou voisins de la c<strong>en</strong>trale. « Un<br />

trait d’union <strong>en</strong>tre le monde industriel<br />

et celui de la vie quotidi<strong>en</strong>ne des g<strong>en</strong>s<br />

al<strong>en</strong>tours » : c’est ainsi que s’exprimait<br />

alors Christian Uselle, directeur de la<br />

c<strong>en</strong>trale, pour parler de cette journée<br />

qui a indéniablem<strong>en</strong>t marqué la mémoire<br />

collective.<br />

Aux portes de la c<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant la visite.


Stand du métier Chaudronnerie. Galets broyeurs des tranches 4 et 5.<br />

CoRdEMAis, vingt AnnEEs, C’Est…<br />

Extrait d’un poème rédigé pour l’occasion par R<strong>en</strong>é<br />

Fontaine (ingénieur exploitation)<br />

« Cordemais, vingt années, c’est…<br />

Un trois mâts situé sur l’estuaire<br />

Modelé au fil des ans par l’équipage<br />

Pour le meilleur et pour le pire.<br />

Une équipe de 600 durs à souder<br />

Mais, qui, dans des circonstances difficiles<br />

Sait ce que Cordemais veut dire.<br />

Plus de la moitié d’une vie professionnelle<br />

Huit directeurs<br />

Une fierté lorsque tout marche<br />

Des mom<strong>en</strong>ts difficiles<br />

De la colère<br />

Mais aussi<br />

De la joie. »<br />

Malgré tout, les inquiétudes demeur<strong>en</strong>t,<br />

comme le traduit cet extrait d’un article<br />

de Presse Océan paru le 22 novembre<br />

1990, quelques jours avant l’événem<strong>en</strong>t :<br />

« Vingt ans déjà, et dans vingt ans ?<br />

Techniquem<strong>en</strong>t, la longévité d’une<br />

c<strong>en</strong>trale de ce type oscille <strong>en</strong>tre tr<strong>en</strong>te<br />

et cinquante années. Techniquem<strong>en</strong>t<br />

mais théoriquem<strong>en</strong>t, car joue ici l’usure<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par les arrêts et redémarrages<br />

des unités de production […]. Comm<strong>en</strong>t<br />

se fera l’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charbon<br />

dans les années à v<strong>en</strong>ir, à quel prix<br />

sera le fioul ? <strong>Le</strong>s inconnues sont de<br />

plusieurs ordres, à comm<strong>en</strong>cer sans<br />

doute par celle du Carnet : le nucléaire<br />

est appelé à remplacer rive sud le<br />

classique. L’échéance n’est pas connue.<br />

Mais Cordemais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />

sa flamme le temps qu’il faudra pour<br />

passer le relais ».<br />

L’av<strong>en</strong>ir fera m<strong>en</strong>tir ces propos mais <strong>en</strong><br />

1993, avec 2 000 gWh et un effectif<br />

de 616 ag<strong>en</strong>ts, la production<br />

tombe <strong>en</strong>-deçà du niveau de celle<br />

de 1983. <strong>Le</strong>s bonnes performances<br />

du parc nucléaire et une stagnation<br />

relative de la consommation électrique<br />

expliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partie ce fléchissem<strong>en</strong>t…<br />

Heureusem<strong>en</strong>t, la même année,<br />

le site de Cordemais retrouvera le<br />

second souffle qu’il att<strong>en</strong>dait.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 37


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

2007<br />

38


Des<br />

1996<br />

Vote de la loi sur l’air et l’utilisation<br />

rationnelle de l’énergie et publication<br />

de la première norme ISO 14000<br />

investissem<strong>en</strong>ts au<br />

service de<br />

la sécurité, lasanté,<br />

l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />

<strong>Le</strong> site retrouvait les activités de construction qui<br />

avai<strong>en</strong>t marqué son histoire p<strong>en</strong>dant près de 20 ans.<br />

1997<br />

Arrêt de la tranche 1<br />

et mise sous cocon<br />

de la tranche 3<br />

1997<br />

1999<br />

Première ouverture<br />

du marché français<br />

de l’électricité<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

de la désulfuration<br />

(tranches 4 et 5)<br />

2002<br />

Certification ISO 14001<br />

9 août 2004<br />

Transformation du statut<br />

d’<strong>EDF</strong> (de l’EPIC,<br />

Etablissem<strong>en</strong>t public<br />

à caractère industriel<br />

et commercial, à la SA,<br />

Société anonyme)<br />

2006<br />

Certification OHSAS 18001<br />

15 octobre 2007<br />

Remise <strong>en</strong> service<br />

de la tranche 3<br />

2008<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

de la dénitrification<br />

(tranches 4 et 5)<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 39


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

40<br />

<strong>Le</strong> programme d’investissem<strong>en</strong>ts<br />

annoncé <strong>en</strong> 1993 se traduit <strong>en</strong><br />

1995 par la construction de la<br />

désulfuration des tranches charbon. Ce<br />

premier chantier marque un tournant pour<br />

la c<strong>en</strong>trale de Cordemais avec l’installation<br />

« non plus de tranches supplém<strong>en</strong>taires,<br />

mais de moy<strong>en</strong>s de dépollution pour<br />

améliorer le fonctionnem<strong>en</strong>t de celles qui<br />

exist<strong>en</strong>t ».<br />

En janvier 1995, lorsque les travaux<br />

comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t, Olivier <strong>Le</strong>cointe, alors<br />

directeur de la c<strong>en</strong>trale, s’exprime <strong>en</strong><br />

ces termes : « l’unité de désulfuration<br />

permettra de diviser par dix les rejets<br />

des deux tranches les plus sollicitées de<br />

Cordemais. C’est une première nationale<br />

par la taille de l’installation (liée au volume<br />

de fumées traitées) qui fera du c<strong>en</strong>tre de<br />

production thermique de Cordemais un<br />

site de référ<strong>en</strong>ce, point d’appui pour le<br />

développem<strong>en</strong>t international d’<strong>EDF</strong> dans<br />

ce domaine ».<br />

« La désulfuration, une usine dans l’usine ! »<br />

Après avoir été dépoussiérées, les fumées pass<strong>en</strong>t dans<br />

une tour de lavage (l’absorbeur). <strong>Le</strong>s dioxydes de soufre<br />

y r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t de l’eau calcaire. <strong>Le</strong> calcaire associé<br />

au soufre se transforme alors <strong>en</strong> gypse. De cette façon,<br />

90% des dioxydes de soufre sont ret<strong>en</strong>us : la fumée peut<br />

être évacuée par la cheminée. Ci-contre, construction<br />

de l’installation de désulfuration.


RESEAU DE SURVEILLANCE<br />

DE LA QUALITE DE L’AIR DES<br />

PAYS DE LA LOIRE EN 2009<br />

Saint-Nazaire<br />

Yeu<br />

LOIRE<br />

ATLANTIQUE<br />

Nantes<br />

La Roche-sur-Yon<br />

VENDEE<br />

MAYENNE<br />

MAINE-ET-LOIRE<br />

Cholet<br />

Laval<br />

Angers<br />

la Tardière<br />

St-D<strong>en</strong>is d'Anjou<br />

SARTHE<br />

<strong>Le</strong> Mans<br />

0 25 50<br />

Kilomètres<br />

TYPOLOGIE DES SITES<br />

urbaine<br />

trac<br />

rurale régionale<br />

rurale nationale<br />

périurbaine<br />

météorologie<br />

industrielle<br />

Fonctionnant 24 heures sur 24, le dispositif de surveillance d’Air Pays de la Loire est constitué de tr<strong>en</strong>te-deux<br />

sites de mesure : principales agglomérations, zones industrielles et zones rurales. S’y ajout<strong>en</strong>t des moy<strong>en</strong>s<br />

mobiles et des systèmes de modélisation pour les secteurs non couverts par le réseau perman<strong>en</strong>t.<br />

En effet, dans les années 90, les<br />

exig<strong>en</strong>ces de l’Etat <strong>en</strong> matière<br />

d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t avec<br />

notamm<strong>en</strong>t la loi sur l’air et l’utilisation<br />

rationnelle de l’énergie (loi Laure) votée le<br />

30 décembre 1996. Ce texte reconnaît<br />

à chacun « le droit de respirer un air qui<br />

ne nuise pas à sa santé et d’être informé<br />

de la qualité de l’air qu’il respire ». Il<br />

impose une surveillance de la qualité<br />

de l’air depuis le 1 er janvier 1998 pour<br />

les agglomérations de plus de 100 000<br />

habitants, depuis le 1 er janvier 2000<br />

pour l’<strong>en</strong>semble du territoire.<br />

En 1996 est égalem<strong>en</strong>t publiée la première<br />

série de normes ISO 14000. La<br />

norme ISO 14001, qui concerne le<br />

managem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal, est la<br />

plus utilisée. Elle repose sur le principe<br />

d’amélioration continue et concerne<br />

<strong>en</strong> premier lieu ce qui est mis <strong>en</strong> place<br />

pour réduire les effets dommageables<br />

des activités sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

C’est dans ce contexte que s’inscrit<br />

le programme d’investissem<strong>en</strong>ts du<br />

groupe <strong>EDF</strong>. L’objectif est d’anticiper<br />

les contraintes réglem<strong>en</strong>taires pour<br />

m<strong>en</strong>er les changem<strong>en</strong>ts techniques<br />

dans de bonnes conditions, plutôt que<br />

de les subir.<br />

Mais pour l’heure, fin 1995, la c<strong>en</strong>trale<br />

et la France toute <strong>en</strong>tière, vont traverser<br />

un mom<strong>en</strong>t de t<strong>en</strong>sion sociale forte…<br />

LA pREOCCUpATION<br />

ENVIRONNEMENTALE :<br />

AVANT LES ANNEES 90<br />

L’augm<strong>en</strong>tation des contraintes réglem<strong>en</strong>taires a indé‑<br />

niablem<strong>en</strong>t incité les industriels à r<strong>en</strong>forcer leur prise <strong>en</strong><br />

compte de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. pour autant, à la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cordemais, cette préoccupation était déjà prés<strong>en</strong>te<br />

et intégrée aux outils dès que la technique le permettait.<br />

par exemple, <strong>en</strong> 1975, une dizaine de capteurs mesurant<br />

la qualité de l’air était déjà installée dans un périmètre de<br />

quinze kilomètres autour de la c<strong>en</strong>trale : « ces capteurs<br />

constituai<strong>en</strong>t un réseau de contrôle. a l’époque, chaque<br />

industriel avait son propre réseau jusqu’à la création de<br />

Loirestu’air <strong>en</strong> 1980 (aujourd’hui air Pays de la Loire).<br />

a ce mom<strong>en</strong>t là, tous les capteurs ont été repris pour<br />

constituer le réseau de Loirestu’air ».<br />

En 1984, quand les tranches 4 et 5 ont été mises <strong>en</strong><br />

service, elles ont été équipées de dépoussiéreurs. Dès<br />

1992, avec l’équipem<strong>en</strong>t des cheminées des tranches<br />

4 et 5, toutes étai<strong>en</strong>t désormais dotées d’appareils de<br />

mesure, <strong>en</strong> continu, des émissions d’oxydes d’azote et de<br />

soufre. La même année, les analyseurs de poussières ont<br />

tous été rénovés ou remplacés.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 41


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

42<br />

gaines fumées de la désulfuration.


CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 43


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

UNE CULTURE<br />

SyNDICALE FORTE<br />

La c<strong>en</strong>trale de Cordemais a toujours eu la réputation<br />

d’être syndicalem<strong>en</strong>t très active. « <strong>Le</strong> premier blocage<br />

du site a eu lieu dans les années 70, <strong>en</strong> souti<strong>en</strong> à des<br />

salariés de babcok-atlantique, le constructeur de la<br />

chaudière ».<br />

44<br />

15<br />

novembre 1995 : Alain Juppé,<br />

alors premier ministre sous<br />

la présid<strong>en</strong>ce de Jacques<br />

Chirac, vi<strong>en</strong>t d’annoncer un plan de<br />

réforme de la Sécurité sociale. Celui-ci<br />

concerne notamm<strong>en</strong>t la retraite des<br />

régimes spéciaux (allongem<strong>en</strong>t de la<br />

durée de cotisations de 37,5 à 40 ans)<br />

et les modalités de gestion de la Sécurité<br />

sociale.<br />

Dans les jours qui suiv<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ce un<br />

mouvem<strong>en</strong>t social de grande ampleur,<br />

dont le paroxysme sera atteint le 12<br />

décembre, lors d’une manifestation qui<br />

réunira deux millions de personnes. <strong>Le</strong><br />

15 décembre, le gouvernem<strong>en</strong>t retire<br />

sa réforme sur les retraites et mainti<strong>en</strong>t<br />

ses ori<strong>en</strong>tations sur la Sécurité sociale,<br />

dont le budget sera dorénavant voté<br />

au Parlem<strong>en</strong>t (fin de la gestion paritaire<br />

syndicats-patronat).<br />

Au plan national, la mobilisation décroît<br />

mais à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, le<br />

mouvem<strong>en</strong>t se durcit. Des préoccupations<br />

locales se sont greffées sur les préoccupations<br />

nationales : à la retraite et à<br />

la Sécurité sociale s’ajoute l’externalisation<br />

de la prestation de gardi<strong>en</strong>nage.<br />

L’accès au site est restreint ; les relations<br />

sont plus que t<strong>en</strong>dues. Seuls les<br />

grévistes sont autorisés à pénétrer dans<br />

l’<strong>en</strong>ceinte de la c<strong>en</strong>trale. L’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t<br />

s’organise malgré tout pour assurer une<br />

prés<strong>en</strong>ce sur site <strong>en</strong> continu, nuit et<br />

jour. <strong>Le</strong>s tranches tourn<strong>en</strong>t au minimum<br />

de leur puissance ; les ag<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> grève<br />

effectu<strong>en</strong>t la surveillance technique.<br />

Dans les équipes, il y a les grévistes<br />

et les non-grévistes : « après, quand<br />

on s’est retrouvé dans l’atelier ou au<br />

vestiaire, c’était un peu t<strong>en</strong>du ». Ce<br />

conflit, particulièrem<strong>en</strong>t dur, laissera<br />

longtemps des traces : « dans un conflit<br />

de ce type, tout le monde souffre ; que<br />

l’on soit gréviste ou pas, que l’on soit du<br />

côté des syndicats ou de la direction,<br />

ça laisse des traces ».<br />

<strong>Le</strong> conflit s’achèvera courant janvier 1996.<br />

Au plan local, le service de gardi<strong>en</strong>nage<br />

sera progressivem<strong>en</strong>t externalisé, au<br />

fur et à mesure du r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des<br />

effectifs.<br />

Après ce conflit, le plus dur dans l’histoire<br />

de la c<strong>en</strong>trale, la production et le<br />

programme de construction repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

leur cours avec l’unité de désulfuration<br />

des tranches charbon et les équipem<strong>en</strong>ts<br />

qui lui sont liés, mais aussi l’unité<br />

de traitem<strong>en</strong>t des eaux c<strong>en</strong>dreuses<br />

et le bâtim<strong>en</strong>t d’accueil. Ces actions<br />

s’ajout<strong>en</strong>t à celles déjà <strong>en</strong>gagées pour<br />

limiter l’impact sur l’air : rénovation des<br />

En 1998, la construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil et<br />

la mise <strong>en</strong> place du système de badges marqu<strong>en</strong>t<br />

l’<strong>en</strong>trée de la c<strong>en</strong>trale dans une démarche<br />

de sécurisation du site et des hommes. Ici, passerelle<br />

<strong>en</strong>tre le bâtim<strong>en</strong>t d’accueil et les unités de production.


installations existantes, remplacem<strong>en</strong>t<br />

du fuel lourd haute t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> soufre par<br />

un fioul très basse t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> soufre,<br />

surveillance continue automatisée des<br />

fumées (t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> soufre, oxydes<br />

d’azote et c<strong>en</strong>dres volantes)...<br />

Moins directem<strong>en</strong>t lié à la production, un<br />

autre investissem<strong>en</strong>t impactera néanmoins<br />

le quotidi<strong>en</strong> des ag<strong>en</strong>ts : il s’agit<br />

de la construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil.<br />

Elle sera suivie peu après par la mise <strong>en</strong><br />

place d’un système de badges, d’abord<br />

pour les prestataires puis pour les<br />

ag<strong>en</strong>ts : « avant, il y avait bi<strong>en</strong> un système<br />

de gardi<strong>en</strong>nage mais les règles étai<strong>en</strong>t<br />

moins draconi<strong>en</strong>nes. J’ai même vu des<br />

ouvriers qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t chercher du travail<br />

directem<strong>en</strong>t sur les chantiers, un peu<br />

comme le faisai<strong>en</strong>t les ouvriers agricoles<br />

sur la place des villages. Alors quand<br />

nous avons fermé le site et contrôlé les<br />

accès, c’était vraim<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t<br />

de culture. Nous avons comm<strong>en</strong>cé par<br />

les prestataires, puis est v<strong>en</strong>u le tour des<br />

ag<strong>en</strong>ts. Aujourd’hui, c’est complètem<strong>en</strong>t<br />

r<strong>en</strong>tré dans les mœurs et il est naturel de<br />

‘‘badger’’ ».<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 45


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

46<br />

parallèlem<strong>en</strong>t à cette ‘‘vie de<br />

chantier’’, les tranches 2 et 3<br />

vont progressivem<strong>en</strong>t moins<br />

tourner et la tranche 1 sera arrêtée. Sur<br />

les tranches fioul, les effectifs sont peu<br />

à peu réduits : « à partir de 1995, 96,<br />

97, on a comm<strong>en</strong>cé à nous demander<br />

de réfléchir à ce qu’on voulait faire.<br />

<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts des services maint<strong>en</strong>ance<br />

étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t concernés. Ces<br />

mom<strong>en</strong>ts là n’étai<strong>en</strong>t pas faciles à vivre :<br />

contrairem<strong>en</strong>t à maint<strong>en</strong>ant, on n’avait<br />

pas de visibilité sur les investissem<strong>en</strong>ts<br />

qui pouvai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir après et qui<br />

concernerai<strong>en</strong>t le fioul ».<br />

L’une des solutions était de passer<br />

sur les tranches charbon. C’est ce<br />

que la plupart ont fait : « ce n’était pas<br />

évid<strong>en</strong>t… D’accord, une c<strong>en</strong>trale<br />

thermique, c’est toujours une c<strong>en</strong>trale<br />

thermique : on y fait de l’électricité<br />

avec de la vapeur, qu’elle soit produite<br />

avec du fioul ou du charbon. Mais les<br />

circuits sont complètem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts ;<br />

il faut tout réappr<strong>en</strong>dre, se remettre <strong>en</strong><br />

question. Ceci dit, ceux qui l’ont fait ne<br />

l’ont pas regretté ». D’autres ont préféré<br />

« desc<strong>en</strong>dre du quart » pour intégrer<br />

les services qui avai<strong>en</strong>t besoin de<br />

r<strong>en</strong>fort pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> les nombreux<br />

chantiers <strong>en</strong> cours. D’autres <strong>en</strong>core<br />

ont rejoint le nucléaire, notamm<strong>en</strong>t la<br />

c<strong>en</strong>trale de Chinon : « dans le nucléaire,<br />

ils étai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>eurs des compét<strong>en</strong>ces<br />

des ag<strong>en</strong>ts du thermique, qui savai<strong>en</strong>t<br />

parfaitem<strong>en</strong>t faire tourner la turbine,<br />

la partie classique de la c<strong>en</strong>trale<br />

nucléaire ». Ceux qui n’ont pas souhaité<br />

changer sont restés sur la tranche<br />

2 ou <strong>en</strong> surveillance de la tranche 3<br />

lorsqu’elle a été mise ‘‘sous cocon’’.<br />

En 1999, les unités de désulfuration des<br />

tranches 4 et 5 sont mises <strong>en</strong> service<br />

et <strong>en</strong> 2000, alors que les installations<br />

de dénitrification n’<strong>en</strong> sont qu’au stade<br />

de projet, la c<strong>en</strong>trale s’<strong>en</strong>gage dans un<br />

processus de certification ISO 14001.<br />

1999<br />

2600 MW<br />

La certification n’est jamais définitivem<strong>en</strong>t acquise.<br />

Elle est r<strong>en</strong>ouvelée tous les trois ans.


<strong>Le</strong> système de managem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal<br />

s’appuie sur une prise <strong>en</strong><br />

compte de toutes les zones de risque<br />

liées à l’activité de la c<strong>en</strong>trale : l’eau<br />

et les efflu<strong>en</strong>ts, les combustibles<br />

et coproduits, la combustion et la<br />

production d’énergie, les produits<br />

dangereux, les déchets, les turbines<br />

à combustion. Au terme de deux ans<br />

de préparation, la première certification<br />

est obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> février 2002.<br />

En 2004, deux ans après l’obt<strong>en</strong>tion<br />

de la certification ISO 14001 (<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t),<br />

la c<strong>en</strong>trale s’<strong>en</strong>gage dans<br />

un processus de certification OHSAS<br />

18001 : il s’agit cette fois de sécurité. <strong>Le</strong>s<br />

travaux de construction des unités de<br />

dénitrification vont bi<strong>en</strong>tôt comm<strong>en</strong>cer<br />

et il est primordial de r<strong>en</strong>forcer la maîtrise<br />

des risques. La première certification<br />

OHSAS (Occupational Health and<br />

Safety Assesm<strong>en</strong>t Series) sera obt<strong>en</strong>ue<br />

le 17 mai 2006 et reconduite trois ans<br />

plus tard.<br />

Tranche<br />

de vie Francis Harrosar<strong>en</strong>, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1975, à Cordemais à partir de 1991.<br />

F. Harrosar<strong>en</strong> a été le chef du service Qualité, Santé, Sécurité, Environnem<strong>en</strong>t<br />

(Q2SE) jusqu’à juin 2010.<br />

En matière de sécurité, trois points sont capitaux et incontournables pour atteindre l’objectif<br />

Zéro accid<strong>en</strong>t et préserver la santé et la sécurité de tous.<br />

<strong>Le</strong> premier, c’est l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la direction : si vous n’avez pas ça, vous ne pouvez pas<br />

faire Zéro accid<strong>en</strong>t, c’est impossible. Et cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t doit se traduire dans les faits : le<br />

discours ne suffit pas, il faut le faire vivre.<br />

Concrètem<strong>en</strong>t, à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, lors de la réunion hebdomadaire du comité de<br />

direction, le premier thème traité est celui de la santé, de la sécurité et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

<strong>Le</strong>s questions de sécurité sont abordées <strong>en</strong> premier lieu, avant toute autre chose : ça donne<br />

le ton. Autre exemple : sur le terrain, les membres de l’équipe de direction réalis<strong>en</strong>t 150<br />

visites de sécurité par an. C’est exigeant mais c’est porteur. L’exemple donné par la direction<br />

doit donner du s<strong>en</strong>s à ce qui est demandé sur le terrain. Ce niveau d’exemplarité est une<br />

des clés de la réussite.<br />

<strong>Le</strong> deuxième point, important lui aussi, c’est le principe fondam<strong>en</strong>tal de l’amélioration<br />

continue : c’est le noyau c<strong>en</strong>tral et vertueux du système de managem<strong>en</strong>t Q2SE. En fonction<br />

des objectifs de l’<strong>en</strong>treprise, vous planifiez des actions de maîtrise des risques et vous<br />

les mettez <strong>en</strong> place aux échéances prévues. Ensuite, vous <strong>en</strong> contrôlez l’efficacité et la<br />

pertin<strong>en</strong>ce, et vous corrigez si nécessaire. Il est évidemm<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel d’<strong>en</strong>gager des actions<br />

réalistes et assimilables par l’organisation de l’unité de production.<br />

<strong>Le</strong> troisième point, c’est l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des personnels exposés aux différ<strong>en</strong>ts risques : les<br />

ag<strong>en</strong>ts, sur les chantiers, sont les mieux placés pour maîtriser les risques inhér<strong>en</strong>ts à leur<br />

activité. Ce sont eux qui doiv<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> place les actions de maîtrise des risques ; leur<br />

<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t est complém<strong>en</strong>taire à celui de la direction et conditionne lui aussi l’atteinte du<br />

Zéro accid<strong>en</strong>t.<br />

L’équival<strong>en</strong>t de la norme OHSAS 18001 pour les petites et moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises (PME)<br />

est un standard allégé, le standard MASE (Manuel Assurance Sécurité Entreprise). Pour<br />

travailler sur nos chantiers, nous privilégions les <strong>en</strong>treprises certifiées MASE : c’est une<br />

spirale positive qui incite celles qui veul<strong>en</strong>t travailler avec nous, à r<strong>en</strong>forcer la vigilance de<br />

leurs équipes.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 47


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

48<br />

Site de Br<strong>en</strong>nilis.<br />

A partir de janvier 2000, les turbines à combustion (TAC) de Br<strong>en</strong>nilis et<br />

Dirinon ainsi que la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, constitu<strong>en</strong>t une même unité<br />

de production. <strong>Le</strong>s turbines à combustion sont des équipem<strong>en</strong>ts de<br />

production ‘‘d’extrême pointe’’, capables de produire de l’électricité<br />

vingt minutes seulem<strong>en</strong>t après leur démarrage.


Site de Dirinon.<br />

DIRINON<br />

BRENNILIS<br />

CORDEMAIS<br />

BRETAGNE<br />

BASSE<br />

NORMANDIE<br />

PAYS DE LA<br />

LOIRE<br />

Hte<br />

NOR-<br />

MANDIE<br />

CENTRE<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 49


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

50<br />

A<br />

partir de 2005, la vie de chantier<br />

repr<strong>en</strong>d de plus belle. L’activité<br />

est int<strong>en</strong>se, rythmée par d’importants<br />

travaux, à comm<strong>en</strong>cer par<br />

l’installation des équipem<strong>en</strong>ts de dénitrification<br />

sur les tranches 4 et 5.<br />

« Des oreilles qui pouss<strong>en</strong>t sur les grandes<br />

tours de la c<strong>en</strong>trale ». C’est <strong>en</strong> ces termes<br />

qu’est prés<strong>en</strong>tée la construction des<br />

unités de dénitrification des tranches<br />

charbon dans le bulletin municipal de<br />

la ville de Cordemais, <strong>en</strong> octobre 2006.<br />

« Après les poussières et les dioxydes<br />

de soufre, <strong>EDF</strong> s’attaque aujourd’hui<br />

aux oxydes d’azote, ou Nox. L’opération<br />

consiste à installer des équipem<strong>en</strong>ts de<br />

5 000 tonnes <strong>en</strong> sortie de chaudière,<br />

<strong>en</strong>tre 60 et 100 mètres de haut ! ».<br />

A la sortie de la chaudière, de l’ammoniac est vaporisée dans<br />

les gaz de combustion. L’ammoniac et les oxydes d’azote<br />

réagiss<strong>en</strong>t et se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un gaz neutre non toxique.<br />

80% des oxydes d’azote sont ainsi captés, sans produire<br />

de résidu. Ci-contre, équipem<strong>en</strong>t de dénitrification de la<br />

tranche 5. Au premier plan à droite, dépoussiéreur.


Grâce à cet investissem<strong>en</strong>t (100 millions<br />

d’euros <strong>en</strong> 2007 et 2008), les<br />

tranches 4 et 5 répondai<strong>en</strong>t dès 2008<br />

aux exig<strong>en</strong>ces de la réglem<strong>en</strong>tation post<br />

2015. Mises <strong>en</strong> service au début des<br />

années 80, elles étai<strong>en</strong>t ainsi au niveau<br />

des meilleures c<strong>en</strong>trales europé<strong>en</strong>nes,<br />

souv<strong>en</strong>t plus réc<strong>en</strong>tes. Cela illustre un<br />

des <strong>en</strong>jeux pour les années qui suivront :<br />

faire évoluer les équipem<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong><br />

prolonger la durée de vie et anticiper<br />

les évolutions des exig<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière<br />

d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

Initialem<strong>en</strong>t prévue pour être mise <strong>en</strong><br />

service à l’automne 2007, la dénitrification<br />

sera opérationnelle pour la tranche 5<br />

dans le courant de l’été 2007, et cela<br />

malgré un accid<strong>en</strong>t spectaculaire surv<strong>en</strong>u<br />

au début du chantier, heureusem<strong>en</strong>t<br />

sans conséqu<strong>en</strong>ce humaine mais qui a<br />

marqué la mémoire collective. Pour la<br />

tranche 4, le raccordem<strong>en</strong>t intervi<strong>en</strong>dra<br />

un an plus tard.<br />

LE RISqUE<br />

TOUJOURS pRESENT<br />

La vie de la c<strong>en</strong>trale a malheureusem<strong>en</strong>t été affectée<br />

d’accid<strong>en</strong>ts, parfois dramatiques. Cet ouvrage est<br />

l’occasion de r<strong>en</strong>dre hommage aux victimes ainsi qu’à<br />

leur famille.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 51


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

Tranche<br />

de vie Philippe Gabriel, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1975, à Cordemais, au<br />

service électrique. Il était à la c<strong>en</strong>trale le jour où une grue<br />

est tombée.<br />

52<br />

L’accid<strong>en</strong>t s’est produit le matin du 8 décembre 2006, vers 8h30. Il<br />

faisait <strong>en</strong>core nuit. <strong>Le</strong>s conditions climatiques étai<strong>en</strong>t exécrables, tant<br />

et si bi<strong>en</strong> que les ag<strong>en</strong>ts et prestataires retardai<strong>en</strong>t un peu leur prise de<br />

poste. La construction de la dénitrification était <strong>en</strong> cours avec son lot<br />

d’<strong>en</strong>gins de chantier, dont une grue. <strong>Le</strong> grutier est monté à son poste<br />

et quand il a vu qu’il y avait trop de v<strong>en</strong>t, il est redesc<strong>en</strong>du. Bi<strong>en</strong> lui <strong>en</strong><br />

a pris : à peine avait-il touché terre que la grue se couchait. Il y a eu un<br />

grand bruit sourd et immédiatem<strong>en</strong>t après, comme un bruit d’avion qui<br />

vole à basse altitude : une tuyauterie avait rompu sous le choc.<br />

Je suis sorti du bâtim<strong>en</strong>t Maint<strong>en</strong>ance et j’ai croisé le chef du projet<br />

de construction de la dénox : il était livide, il rev<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> courant du<br />

bâtim<strong>en</strong>t administratif. Je suis allé voir le chantier et j’ai vu la grue. Elle<br />

était tombée sur les convoyeurs à charbon (les tapis qui achemin<strong>en</strong>t<br />

le combustible du parc à charbon jusqu’aux tranches 4 et 5) : moi<br />

qui ai participé à la construction du parc, quand j’ai vu tous ces tapis<br />

coupés, ça m’a fait quelque chose…<br />

<strong>Le</strong>s sirènes se sont mises <strong>en</strong> route pour appeler tous les ag<strong>en</strong>ts aux<br />

points de regroupem<strong>en</strong>t. Normalem<strong>en</strong>t, nous nous regroupons sur le<br />

site mais là, il y avait tellem<strong>en</strong>t de bruit que nous sommes tous allés au<br />

bâtim<strong>en</strong>t d’accueil pour procéder au comptage. A midi, nous savions<br />

qu’il n’y avait personne <strong>en</strong>-dessous ; nous savions aussi qu’un gros<br />

travail nous att<strong>en</strong>dait.<br />

A ce mom<strong>en</strong>t là, j’étais loin de p<strong>en</strong>ser que nous repartirions aussi<br />

vite : la tranche 5 a été remise <strong>en</strong> service le 8 janvier 2007, suivie de<br />

la tranche 4 le 2 février. On s’est vraim<strong>en</strong>t retroussé les manches :<br />

Cordemais, <strong>en</strong> situation de crise, on n’est pas mal !<br />

Ci-dessus, grue avant sa chute.


Ci-dessous <strong>en</strong> haut, sous l’amas de ferraille, le bâtim<strong>en</strong>t de traitem<strong>en</strong>t d’eau.<br />

Ci-dessous <strong>en</strong> bas, convoyeurs à charbon effondrés.<br />

Visuel Sécurité : la fleur dotée de tous ses pétales<br />

signifie qu’aucun accid<strong>en</strong>t avec arrêt n’est surv<strong>en</strong>u<br />

sur le site durant les 12 mois écoulés.<br />

En 2009, le nombre de ces accid<strong>en</strong>ts impliquant<br />

des prestataires a été divisé par deux (six accid<strong>en</strong>ts).<br />

Parmi les ag<strong>en</strong>ts, aucun n’a été à déplorer.<br />

SIRENES ET pOMpIERS<br />

Issus de différ<strong>en</strong>ts services, vingt‑deux ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong><br />

dont quatre femmes sont volontaires et formés comme<br />

les pompiers du même nom pour secourir les blessés<br />

et interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> cas d’inc<strong>en</strong>die ou de pollution (troisième<br />

degré inc<strong>en</strong>die et secouristes <strong>en</strong> équipe). « Lorsqu’un<br />

incid<strong>en</strong>t survi<strong>en</strong>t dans la journée, l’alerte est décl<strong>en</strong>chée<br />

et les membres de l’équipe sont ‘‘bipés’’. Ils rejoign<strong>en</strong>t<br />

le local pompier toute affaire cessante et se prépar<strong>en</strong>t<br />

à interv<strong>en</strong>ir. Ils sont qualifiés pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge la<br />

situation, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant l’arrivée des secours extérieurs si<br />

besoin est ». Ce système est <strong>en</strong> place à la c<strong>en</strong>trale depuis<br />

les années 80.<br />

<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts du service Exploitation, prés<strong>en</strong>ts 24 heures<br />

sur 24, sont égalem<strong>en</strong>t secouristes du travail et formés au<br />

troisième degré inc<strong>en</strong>die. <strong>Le</strong>s relations avec les pompiers<br />

de Saint‑Eti<strong>en</strong>ne‑de‑Montluc, Sav<strong>en</strong>ay et Campbon<br />

sont régulières : « ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>trainer chez nous et <strong>en</strong><br />

cas de problème, nous sommes complém<strong>en</strong>taires : eux<br />

connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> les techniques d’interv<strong>en</strong>tion et nous,<br />

nous les aidons sur les spécificités du site ».<br />

La formation au secourisme est systématiquem<strong>en</strong>t<br />

proposée aux nouveaux embauchés ; 70% des ag<strong>en</strong>ts<br />

de la c<strong>en</strong>trale sont titulaires du pSC1, premiers secours<br />

civiques 1, qui s’obti<strong>en</strong>t au terme d’une formation de<br />

quatre jours, après validation des acquis par un médecin.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 53


DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />

Bassin de récupération des eaux de pluie, primé lors des trophées du développem<strong>en</strong>t durable du groupe EdF <strong>en</strong> juin 2010.<br />

54


C’est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2008 que sera<br />

construit un nouvel équipem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : le bassin de<br />

récupération des eaux de pluie, à<br />

l’initiative d’ag<strong>en</strong>ts de la c<strong>en</strong>trale :<br />

« notre projet consistait à collecter les<br />

eaux de pluie sur le parc à c<strong>en</strong>dres,<br />

pour pouvoir les réutiliser sur ce même<br />

parc, plutôt que d’utiliser un système<br />

d’arrosage classique avec pompage<br />

<strong>en</strong> Loire ».<br />

Entre 1995 et 2008, avec la désulfuration<br />

et la dénitrifi cation, plus de<br />

300 millions d’euros ont été investis.<br />

Aujourd’hui, les équipem<strong>en</strong>ts reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

90% des oxydes de soufre, 80% des<br />

oxydes d’azote et 99% des c<strong>en</strong>dres<br />

volantes cont<strong>en</strong>us dans les fumées de<br />

combustion du charbon. Derrière ces<br />

chiffres, l’ambition est de pr<strong>en</strong>dre de<br />

l’avance sur les exig<strong>en</strong>ces qui seront<br />

imposées par la réglem<strong>en</strong>tation,<br />

pour préparer l’av<strong>en</strong>ir.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 55


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

La c<strong>en</strong>trale <strong>en</strong> 2010. Au premier plan, convoyeurs à charbon.<br />

56


15 octobre 2007<br />

Remise <strong>en</strong> service de la tranche 3<br />

Enjeux<br />

et perspectives<br />

Pour ce qui est de l’av<strong>en</strong>ir, il ne s’agit pas<br />

de le prévoir, mais de le r<strong>en</strong>dre possible.<br />

2009<br />

Rénovation du système<br />

de contrôle commande de la tranche 2<br />

Juin 2009<br />

2010<br />

Grignotage de la cheminée<br />

de la tranche 1 et début du chantier<br />

de la tranche 0<br />

Ouverture du C<strong>en</strong>tre<br />

d’information du public (CIP)<br />

Juin 2010<br />

Antoine de Saint-Exupéry<br />

Obt<strong>en</strong>tion des certifications<br />

ISO 9001 et SA 8000<br />

2011<br />

Septembre 2010<br />

Quarantième anniversaire<br />

de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

...<br />

Mise <strong>en</strong> place du prototype<br />

Bas Nox de la tranche 3<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 57


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

Tranche<br />

de vie D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1992, a<br />

débuté sa carrière à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais ;<br />

il y a travaillé jusqu’<strong>en</strong> 1996 puis y est rev<strong>en</strong>u<br />

pour pr<strong>en</strong>dre la direction de l’unité de<br />

production <strong>en</strong> avril 2009.<br />

58<br />

Quand je suis arrivé, tout jeune ingénieur <strong>en</strong> 1992,<br />

je dois reconnaître que j’éprouvais une certaine<br />

fierté. J’avais fait des stages dans des PME, des<br />

organisations plus petites, mais là… J’étais ébloui par<br />

la taille des structures, avec une curiosité technique<br />

qui me poussait à me balader partout dés lors que<br />

c’était ouvert, à poser des questions : on a beau être<br />

ingénieur, on ne peut pas tout compr<strong>en</strong>dre tout seul…<br />

Quand je suis rev<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2009, treize ans après avoir<br />

quitté la c<strong>en</strong>trale, j’ai été impressionné par ce qui avait<br />

été fait. Certes je reconnaissais des visages mais les<br />

installations avai<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t évolué : bâtim<strong>en</strong>t<br />

d’accueil, équipem<strong>en</strong>ts de dépollution, tranche 1 à<br />

l’arrêt… Deux choses n’avai<strong>en</strong>t toutefois pas changé :<br />

le rôle stratégique de l’unité de Cordemais dans<br />

l’alim<strong>en</strong>tation du grand Ouest ;<br />

son mode d’exploitation <strong>en</strong> semi-base et pointe.<br />

Ces élém<strong>en</strong>ts incontournables se traduis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> trois<br />

impératifs qui s’impos<strong>en</strong>t à tous au sein de la c<strong>en</strong>trale :<br />

construire des équipes compét<strong>en</strong>tes et au service<br />

des cli<strong>en</strong>ts ;<br />

garantir la fiabilité et la réactivité des moy<strong>en</strong>s de<br />

production ;<br />

conserver et r<strong>en</strong>forcer la bonne intégration de la<br />

c<strong>en</strong>trale dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.


En 1970, la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

a été construite pour faire face<br />

à une augm<strong>en</strong>tation forte de la<br />

demande d’électricité. Quarante ans<br />

après, les besoins continu<strong>en</strong>t de croître :<br />

« <strong>en</strong> Bretagne, les pics de consommation<br />

sont chaque hiver plus prononcés ».<br />

Compét<strong>en</strong>ce des équipes, fiabilité et<br />

réactivité des moy<strong>en</strong>s de production,<br />

intégration de la c<strong>en</strong>trale dans son<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : c’est autour de ces trois<br />

axes qu’est organisée la feuille de route<br />

pour les années à v<strong>en</strong>ir.<br />

tranche 5, turbine corps basse pression. CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 59


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

60<br />

Construire des équipes compét<strong>en</strong>tes<br />

et au service des cli<strong>en</strong>ts.<br />

Entre 1970 et 2010, la composante<br />

humaine de la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cordemais a évidemm<strong>en</strong>t<br />

beaucoup évolué. <strong>Le</strong> collectif des<br />

quinze premières années est souv<strong>en</strong>t<br />

évoqué sur un ton de nostalgie, avec<br />

les écoles de métiers dont étai<strong>en</strong>t issus<br />

les nouveaux ag<strong>en</strong>ts, les maisons et<br />

le célibatorium de la cité Prince-Bois<br />

à Sav<strong>en</strong>ay, où ils étai<strong>en</strong>t logés, mais<br />

aussi les Saint Eloi, les sorties du<br />

week-<strong>en</strong>d, etc.<br />

Depuis, la c<strong>en</strong>trale a grandi, passant<br />

d’une à cinq puis quatre tranches.<br />

<strong>Le</strong>s nouveaux arrivants ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

plus des écoles de métiers ; les cités<br />

ont été rev<strong>en</strong>dues à des sociétés<br />

immobilières et le marché s’est ouvert à<br />

la concurr<strong>en</strong>ce.<br />

La politique suivie <strong>en</strong> matière de<br />

ressources humaines accompagne<br />

ces changem<strong>en</strong>ts : « aujourd’hui, notre<br />

politique est ori<strong>en</strong>tée vers la diversité,<br />

non pas pour satisfaire à un effet de<br />

mode ou de charte, mais parce que<br />

nous sommes convaincus que, pour<br />

un groupe comme le nôtre, l’av<strong>en</strong>ir<br />

passe par cette ouverture sur des<br />

populations différ<strong>en</strong>tes, des diplômes<br />

différ<strong>en</strong>ts, et un asc<strong>en</strong>seur social qui<br />

fonctionne <strong>en</strong> interne ».<br />

Pour toutefois unir ces profils autour d’un<br />

projet commun, les nouvelles recrues<br />

suiv<strong>en</strong>t un parcours d’intégration, un<br />

cursus d’un an au terme duquel elles<br />

laiss<strong>en</strong>t la place à la promotion suivante.<br />

Dans le même temps, « chaque personne<br />

embauchée est personnellem<strong>en</strong>t suivie<br />

par un tuteur, avec lequel elle peut<br />

échanger régulièrem<strong>en</strong>t ».<br />

Ce souci de l’intégration est particulièrem<strong>en</strong>t<br />

marqué sur les populations<br />

plus fragiles : stagiaires, intérimaires,<br />

appr<strong>en</strong>tis, personnes handicapées. Tant<br />

et si bi<strong>en</strong> qu’au sein de la direction des<br />

ressources humaines, une personne<br />

est chargée de leur suivi individuel.


c’est le taux d’emploi<br />

de personnes handicapées à la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais <strong>en</strong> 2010.<br />

L’intégration du handicap :<br />

pas seulem<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t<br />

de l’embauche<br />

Intégrer des personnes handicapées<br />

nécessite une adaptation des outils et<br />

façons de faire tout au long du parcours<br />

professionnel de la personne. Par<br />

exemple, avant d’accueillir une personne<br />

mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dante, une interv<strong>en</strong>ante explique<br />

à ses futurs collègues comm<strong>en</strong>t communiquer<br />

avec elle, les difficultés<br />

susceptibles d’être r<strong>en</strong>contrées, etc.<br />

Lors des réunions du personnel, un<br />

interprète est désormais prés<strong>en</strong>t pour<br />

permettre à ces personnes d’y participer<br />

vraim<strong>en</strong>t. « Nous avons la chance d’être<br />

dans une grande <strong>en</strong>treprise qui permet<br />

de structurer toutes ces démarches :<br />

nous progressons pas à pas sur<br />

l’aménagem<strong>en</strong>t des postes, les doubles<br />

écrans, téléphones à l’oreille... »<br />

Tranche<br />

de vie Bruno Sorin, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1979, travaille à la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cordemais depuis cette date. Tout d’abord affecté à<br />

l’Exploitation puis au service Automatisme, il était égalem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>gagé dans le syndicalisme jusqu’<strong>en</strong> 2000 ; il a<br />

depuis rejoint la direction des ressources humaines où il a<br />

notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge, les missions d’insertion-solidarité.<br />

Quand on fait de l’insertion, par définition, on travaille pour accueillir<br />

des personnes <strong>en</strong> situation difficile : jeunes <strong>en</strong> rupture avec l’école<br />

et parfois aussi avec leur famille, personnes souffrant de handicap<br />

ou dont la situation nécessite une reconversion professionnelle.<br />

Pour les connaître, il est nécessaire de s’appuyer sur un réseau car<br />

ce type de population p<strong>en</strong>se souv<strong>en</strong>t qu’une <strong>en</strong>treprise comme <strong>EDF</strong><br />

ne leur est pas accessible. Nous sommes donc <strong>en</strong> relation avec les<br />

collectivités, des écoles, des lycées professionnels et des structures<br />

d’insertion comme Handisup, CAP Emploi, AGEFIP, etc.<br />

En interne, lorsqu’on accueille quelqu’un <strong>en</strong> situation difficile,<br />

les managers et leur équipe sont prév<strong>en</strong>us. Si besoin, le niveau<br />

d’exig<strong>en</strong>ce et l’accompagnem<strong>en</strong>t de la personne accueillie sont<br />

adaptés : pour un jeune, pour peu qu’il n’ait jamais vu ses par<strong>en</strong>ts<br />

travailler, on peut par exemple se limiter à la découverte de<br />

l’<strong>en</strong>treprise et de ses contraintes.<br />

L’insertion n’est pas toujours facile mais quand ça fonctionne,<br />

tout le monde y trouve son compte : ceux qui transmett<strong>en</strong>t leurs<br />

connaissances autant que ceux qui sont formés. Nous avons par<br />

exemple accueilli une femme <strong>en</strong> contrat de professionnalisation :<br />

arrivée avec un CAP de couture, elle est repartie avec plusieurs<br />

lic<strong>en</strong>ces soudure, qualifiantes et reconnues par la profession.<br />

Pour que ça fonctionne, il ne faut pas verser dans la démagogie :<br />

il faut bi<strong>en</strong> évaluer le profil que l’on va aider et t<strong>en</strong>ir compte des<br />

contraintes et difficultés des g<strong>en</strong>s du terrain, ceux qui l’accueilleront.<br />

De temps <strong>en</strong> temps, il faut aussi savoir imposer : avoir un bon réseau<br />

<strong>en</strong> interne et connaître les g<strong>en</strong>s, ça facilite les choses.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 61


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

62<br />

Cette intégration des nouveaux<br />

arrivants ne résout pas la<br />

question du développem<strong>en</strong>t et<br />

de la transmission, parfois immatérielle,<br />

de savoir-faire. Pour cela, <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t<br />

de la formation continue (<strong>en</strong>tre 6<br />

et 7% de la masse salariale selon les<br />

années), des chantiers école sont <strong>en</strong><br />

place depuis 2008.<br />

Il s’agit de chantiers réels pour lesquels<br />

les délais d’exécution sont moins<br />

contraints, afin de permettre à un<br />

ag<strong>en</strong>t expérim<strong>en</strong>té de transmettre à<br />

quelques jeunes sa compét<strong>en</strong>ce et<br />

le geste technique. Déchargem<strong>en</strong>t<br />

des pétroliers (nouvel automate),<br />

distribution électrique sur la tranche 0 ,<br />

dépannage d’un brûleur … Selon les<br />

périodes, dix à vingt chantiers peuv<strong>en</strong>t<br />

être actifs.<br />

Dans le même objectif de transmission,<br />

des compét<strong>en</strong>ces ont été repérées, qui<br />

ne relèv<strong>en</strong>t ni de la formation classique<br />

ni de chantiers école. Il peut s’agir<br />

par exemple de localiser une fuite de<br />

vapeur dans une chaudière… Dans ce<br />

cas de figure, un ag<strong>en</strong>t de la c<strong>en</strong>trale<br />

est capable de repérer à l’oreille l’origine<br />

de la fuite, parce qu’il connaît très bi<strong>en</strong><br />

le matériel, la chaudière, le bruit de la<br />

combustion : autant de connaissances<br />

qui, pour être transmises, doiv<strong>en</strong>t être<br />

vécues. C’est la raison pour laquelle<br />

deux jeunes ag<strong>en</strong>ts ont été id<strong>en</strong>tifiés :<br />

chaque fois qu’un problème de fuite<br />

vapeur est détecté, ils interromp<strong>en</strong>t<br />

leurs travaux pour accompagner le<br />

plus anci<strong>en</strong> sur le terrain et ‘‘hériter’’ de<br />

son savoir.<br />

Parcours d’intégration, tutorat, chantiers<br />

école, transmission de compé-<br />

t<strong>en</strong>ces à des ‘‘héritiers’’… De jeunes<br />

ag<strong>en</strong>ts résum<strong>en</strong>t les bénéfices de ces<br />

différ<strong>en</strong>ts dispositifs : « quand on a<br />

besoin d’un coup de main, on sait qu’on<br />

a les anci<strong>en</strong>s qui sont là pour nous<br />

épauler ; on appr<strong>en</strong>d tous les jours ».<br />

La gestion des compét<strong>en</strong>ces et la<br />

transmission des savoir-faire sont<br />

des sujets d’autant plus importants<br />

qu’<strong>en</strong>tre 2008 et 2013, <strong>en</strong> l’espace<br />

de cinq ans, 50% des effectifs de la<br />

c<strong>en</strong>trale auront été r<strong>en</strong>ouvelés sous le<br />

seul effet de départs à la retraite. En<br />

outre les métiers du thermique sont<br />

techniques et la bonne exploitation de<br />

la c<strong>en</strong>trale nécessite l’interv<strong>en</strong>tion de<br />

compét<strong>en</strong>ces de précision.<br />

+ lég<strong>en</strong>de<br />

Installé <strong>en</strong> 2010, le simulateur permet aux équipes de conduite de se former<br />

aux divers scénarii d’exploitation.


Salle de commande des tranches 4 et 5.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 63


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

64<br />

<strong>Le</strong>s équipes de conduite pilot<strong>en</strong>t les<br />

tranches 24 heures sur 24 pour alim<strong>en</strong>ter<br />

<strong>en</strong> électricité le réseau national ; elles<br />

pilot<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à distance les<br />

turbines à combustion de Br<strong>en</strong>nilis et<br />

Dirinon (Bretagne).<br />

<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts de maint<strong>en</strong>ance, particulièrem<strong>en</strong>t<br />

sollicités pour les arrêts<br />

annuels programmés, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’outil<br />

industriel tout au long de l’année de<br />

manière prév<strong>en</strong>tive et curative (électricité,<br />

automatismes, essais, mécanique, chaudronnerie,<br />

robinetterie…).<br />

<strong>Le</strong>s équipes d’ingénierie assist<strong>en</strong>t<br />

les équipes de conduite et de maint<strong>en</strong>ance<br />

; elles s’appui<strong>en</strong>t sur l’analyse du<br />

comportem<strong>en</strong>t des matériels, l’expertise<br />

des services nationaux et l’expéri<strong>en</strong>ce<br />

des c<strong>en</strong>trales similaires pour améliorer<br />

l’outil de production.<br />

<strong>Le</strong>s chimistes analys<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t<br />

les coproduits ainsi que la qualité de<br />

l’air, de l’eau, mais aussi le débit et la<br />

température des eaux rejetées <strong>en</strong> Loire.<br />

<strong>Le</strong> service Qualité, santé, sécurité<br />

et Environnem<strong>en</strong>t met <strong>en</strong> place et<br />

veille à la bonne application des règles ;<br />

il intervi<strong>en</strong>t aussi auprès des <strong>en</strong>treprises<br />

extérieures pour que leurs interv<strong>en</strong>tions<br />

se déroul<strong>en</strong>t dans de bonnes conditions<br />

de sécurité.<br />

REPARTITION DES EFFECTIFS DE LA CENTRALE PAR SERVICE (2010)<br />

14<br />

6<br />

16<br />

120<br />

24<br />

166<br />

49<br />

43<br />

Environ 200 salariés d’<strong>en</strong>treprises prestataires travaill<strong>en</strong>t chaque jour aux côtés des ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong>.<br />

En période d’arrêt de tranche, ce nombre peut être multiplié par quatre.<br />

<strong>Le</strong> pôle Combustibles assure la réception<br />

et le stockage des combustibles<br />

(fi oul et charbon) ainsi que la gestion des<br />

coproduits issus de la combustion.<br />

<strong>Le</strong>s fonctions supports (logistique<br />

industrielle, approvisionnem<strong>en</strong>t, contrôle<br />

de gestion, ressources humaines,<br />

communication) appui<strong>en</strong>t les services<br />

techniques dans l’exercice de leurs<br />

missions.<br />

Direction<br />

Contrôle de gestion, Ressources humaines, Communication<br />

Qualité, Santé, Sécurité et Environnem<strong>en</strong>t<br />

Appui Process<br />

Combustibles - Logistique industrielle<br />

Ingénierie et méthodes<br />

Exploitation (C<strong>en</strong>trale et TAC)<br />

Réalisation


LA CERTIFICATION SA 8000<br />

Après l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2002 et la sécurité <strong>en</strong> 2006,<br />

les équipes de la c<strong>en</strong>trale ont obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> juin 2010 les<br />

certifications SA 8000 (responsabilité sociétale) et ISO<br />

9001 (qualité).<br />

La norme SA 8000 a pour objectif de garantir le respect<br />

des droits fondam<strong>en</strong>taux des travailleurs. Elle est fondée<br />

sur la Déclaration universelle des droits de l’homme de<br />

l’ONU, la Conv<strong>en</strong>tion internationale des droits de l’<strong>en</strong>fant,<br />

la Conv<strong>en</strong>tion sur l’élimination de toutes les formes de<br />

discrimination à l’égard des femmes et sur différ<strong>en</strong>tes<br />

conv<strong>en</strong>tions de l’Organisation internationale du travail. Elle<br />

couvre huit domaines : travail des <strong>en</strong>fants, travail forcé et<br />

obligatoire, hygiène et sécurité, liberté d’association et<br />

droit à la négociation collective, discrimination, mesures<br />

disciplinaires, temps de travail et rémunération. Dans le<br />

cadre de la SA 8000, toute personne œuvrant sur le site<br />

peut produire une réclamation sur l’un de ces thèmes, par<br />

l’intermédiaire de deux correspondants qui sont une voie<br />

de recours supplém<strong>en</strong>taire, « une nouvelle porte ouverte<br />

pour les ag<strong>en</strong>ts et prestataires qui souhait<strong>en</strong>t déposer une<br />

réclamation ».<br />

pour être certifiée SA 8000, la c<strong>en</strong>trale et ses prestataires,<br />

cosignataires de la charte, doiv<strong>en</strong>t répondre aux<br />

exig<strong>en</strong>ces de la norme.<br />

Inclure les prestataires dans le dispositif est une spécificité<br />

de la SA 8000 : « on ne peut pas se cont<strong>en</strong>ter de passer<br />

commande et faire un chèque sans se soucier des<br />

conditions dans lesquelles travaill<strong>en</strong>t nos prestataires…<br />

surtout quand on cherche à stabiliser la relation, à inscrire<br />

dans le temps le recours à leurs compét<strong>en</strong>ces ». C’est <strong>en</strong> ces<br />

termes que D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty a lancé le débat sur la SA 8000,<br />

lors d’une table ronde organisée à l’occasion des quarante<br />

ans de la c<strong>en</strong>trale. « selon les périodes, ce sont <strong>en</strong>tre 200<br />

et 800 prestataires qui exerc<strong>en</strong>t chaque jour au côté des<br />

ag<strong>en</strong>ts EDf. si notre modèle social est plutôt satisfaisant,<br />

il peut être <strong>en</strong> décalage avec celui de nos prestataires.<br />

Dans la durée, a fortiori <strong>en</strong> temps de crise, un écart peut<br />

se creuser et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer un risque social réel : c’est l’une<br />

des motivations de l’équipe dans la mise <strong>en</strong> œuvre de la<br />

sa 8000 ».<br />

pour philippe Violin, gérant de l’<strong>en</strong>treprise Violin SARL,<br />

la certification SA 8000 s’inscrit dans la continuité de<br />

la démarche initiée <strong>en</strong> juin 2008 par Jean‑Luc pueyo,<br />

alors directeur de l’Unité de production de Cordemais.<br />

Une Commission Inter‑Entreprise Sécurité et Conditions<br />

de travail (C.I.E.S.C.T.) avait été mise <strong>en</strong> place ; elle est<br />

aujourd’hui intégrée au système de suivi des réclamations<br />

exprimées dans le cadre SA 8000 : « cinq <strong>en</strong>treprises<br />

sièg<strong>en</strong>t à cette commission, avec les organisations<br />

syndicales et la direction de la c<strong>en</strong>trale. on y parle de<br />

sujets très concrets comme l’accès au site, la sécurité».<br />

La démarche n’<strong>en</strong> est qu’à ses débuts ; elle se traduira<br />

sur le terrain par l’amélioration des structures d’accueil<br />

des prestataires, leur accès au restaurant d’<strong>en</strong>treprise ou<br />

<strong>en</strong>core la mise <strong>en</strong> place, à leur int<strong>en</strong>tion, de formations à<br />

la sécurité et aux process spécifiques à la c<strong>en</strong>trale.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 65


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

Manut<strong>en</strong>tion.<br />

66<br />

QUELQUES METIERS DE LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />

Performance.<br />

Electricité.<br />

Chaudronnerie.


Mécanique.<br />

Automatismes.<br />

Chimie.<br />

Exploitation des tranches.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 67


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

68<br />

Garantir la fiabilité et la réactivité<br />

des moy<strong>en</strong>s de production.<br />

La souplesse et la réactivité sont<br />

la raison d’être du thermique au<br />

sein du parc <strong>EDF</strong>. C’est ce qui<br />

motive, <strong>en</strong> 2005, la décision de sortir de<br />

son cocon la tranche 3, dont la remise<br />

<strong>en</strong> service aura lieu le 15 octobre 2007<br />

après plus d’un an de travaux : « réveiller<br />

une tranche qui est <strong>en</strong> sommeil, c’était<br />

vraim<strong>en</strong>t une bonne nouvelle, que ce soit<br />

pour l’emploi ou pour les mégawatts que<br />

cela allait nous permettre de produire.<br />

Par contre, ça a été un sacré travail car<br />

p<strong>en</strong>dant son sommeil, la tranche 3 avait<br />

servi de magasin pour la tranche 2 :<br />

quand cela était nécessaire, des pièces<br />

étai<strong>en</strong>t tout simplem<strong>en</strong>t prélevées<br />

pour faire fonctionner sa sœur jumelle.<br />

Donc au début du chantier, il manquait<br />

beaucoup de choses ».<br />

Ces travaux sur la tranche 3 sont aussi<br />

l’occasion de préparer la rénovation<br />

du système de contrôle commande<br />

des trois autres tranches fioul du palier<br />

700 MW (tranche 2 de la c<strong>en</strong>trale de<br />

Cordemais <strong>en</strong> 2009, mais aussi les<br />

tranches 1 et 2 d’Aramon dans le Gard).<br />

En effet, les systèmes sont <strong>en</strong> partie<br />

obsolètes : « il fallait les changer pour<br />

prolonger la durée de vie des tranches ».<br />

Un nouveau système numérique de<br />

contrôle commande (SNCC) est donc<br />

mis <strong>en</strong> place : informatisé, complètem<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>t de ce qui existait et de dernier<br />

cri : « un vrai motif de fierté d’utiliser un tel<br />

système qui, jusqu’à prés<strong>en</strong>t, n’existait<br />

que sur le nucléaire ».<br />

La rénovation est dite ‘‘partielle’’ car les<br />

automatismes séqu<strong>en</strong>tiels n’ont pas<br />

tous été remplacés ; la majorité reste<br />

constituée de relais électromécaniques.<br />

Mais les bénéfices sont bi<strong>en</strong> réels :<br />

commandes sur écrans, conduite<br />

automatisée, récupération et partage<br />

<strong>en</strong> temps réel des données, ce qui<br />

permet d’analyser et d’optimiser le<br />

fonctionnem<strong>en</strong>t de la tranche.


Aujourd’hui installé sur les tranches fioul, le système numérique de contrôle commande (SNCC)<br />

est plus fiable et plus compact. Un projet d’installation sur les tranches charbon est <strong>en</strong> cours.<br />

Réveil de la tranche 3, rénovation<br />

des systèmes de commande<br />

des tranches fioul, ces chantiers<br />

illustr<strong>en</strong>t la nécessité stratégique<br />

d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir les équipem<strong>en</strong>ts actuels,<br />

pour <strong>en</strong> améliorer la fiabilité et <strong>en</strong> prolonger<br />

la durée de vie . « On <strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t<br />

toujours à notre rôle dans l’alim<strong>en</strong>tation<br />

du grand Ouest : avoir des équipem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>en</strong> bon état de marche est impératif<br />

car la c<strong>en</strong>trale joue un rôle majeur.<br />

En perman<strong>en</strong>ce, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t<br />

des arrêts déc<strong>en</strong>naux, nous agissons<br />

pour fiabiliser les outils, nous repérons<br />

les points de fragilité pour les traiter<br />

avant tout incid<strong>en</strong>t : c’est ce que l’on<br />

appelle la maint<strong>en</strong>ance prév<strong>en</strong>tive. Par<br />

exemple, nous v<strong>en</strong>ons de changer<br />

les réchauffeurs tubulaires du circuit<br />

eau-vapeur : ils permett<strong>en</strong>t de réchauffer<br />

l’eau avant de l’<strong>en</strong>voyer <strong>en</strong> chaudière,<br />

pour <strong>en</strong> assurer un fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

optimal ».<br />

En 2009, avec quatre tranches<br />

<strong>en</strong> service et une puissance de<br />

2600 MW, la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

et ses 450 ag<strong>en</strong>ts produis<strong>en</strong>t 25%<br />

de la consommation annuelle des<br />

Pays de la Loire.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 69


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

dans les hauteurs d’une tranche...<br />

70


CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 71


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

72<br />

A l’approche<br />

de ses quarante ans, la<br />

décision est prise de déconstruire<br />

l’historique tranche 1.<br />

Dans un premier temps, la déconstruction<br />

ne concerne que certains élém<strong>en</strong>ts : la<br />

cheminée, grignotée durant le premier<br />

semestre 2010, puis les dépoussiéreurs.<br />

Avant d’aller plus loin dans la<br />

déconstruction, il est nécessaire de<br />

transférer les auxiliaires de site : « la<br />

tranche 1 comporte des ‘‘communs de<br />

site’’ indisp<strong>en</strong>sables au fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

de toutes les tranches. Pour la<br />

déconstruire dans de bonnes conditions<br />

de sécurité, il faut les supprimer de<br />

la tranche 1 et les reconstruire à neuf,<br />

dans une tranche 0 ».<br />

Ensuite, la tranche 1 sera mise <strong>en</strong> îlot<br />

et prête à être déconstruite, le mom<strong>en</strong>t<br />

v<strong>en</strong>u. « Même si notre objectif est de<br />

prolonger au maximum la durée de vie<br />

des tranches aujourd’hui <strong>en</strong> service,<br />

il faut dans le même temps préparer<br />

2010<br />

2600 MW<br />

l’av<strong>en</strong>ir. Or, du fait de notre implantation<br />

sur une île, notre marge de manœuvre<br />

est restreinte : si nous voulons préserver<br />

nos capacités d’évolution, il faut donc<br />

faire de la place. Parallèlem<strong>en</strong>t au<br />

projet Tranche 0, nous étudions <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />

des scénarii différ<strong>en</strong>ts, sans<br />

nous <strong>en</strong>fermer dans l’un ou l’autre. <strong>Le</strong><br />

mom<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>u, l’arbitrage qui sera fait<br />

par la direction du groupe <strong>EDF</strong> ti<strong>en</strong>dra<br />

compte :<br />

des évolutions de la réglem<strong>en</strong>tation<br />

<strong>en</strong> matière d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ;<br />

des progrès technologiques qui<br />

détrôneront forcém<strong>en</strong>t les solutions<br />

qui aujourd’hui, nous paraiss<strong>en</strong>t les<br />

plus modernes ;<br />

mais aussi de la configuration du<br />

marché de l’électricité…<br />

C’est un réel travail de prospective<br />

qui exige que nous étudiions toutes<br />

les solutions possibles, sans fermer<br />

aucune porte et qui se prépare aussi<br />

sur le plan humain ».<br />

Trois robots ont été hissés sur une plate-forme à 150 mètres de haut.<br />

Etude de risques à l’appui, sept opérateurs ont découpé le fût de béton<br />

rouge et blanc au rythme de trois mètres par jour. <strong>Le</strong>s panneaux de béton<br />

ont été poussés à l’intérieur de la cheminée. Après extraction des métaux,<br />

les 4 000 m 3 de gravats seront concassés puis recyclés <strong>en</strong> remblai, utilisé<br />

sur le site. <strong>Le</strong> métal sera quant à lui recyclé par les prestataires <strong>en</strong> charge<br />

du chantier. « Une telle opération de déconstruction sur un site industriel<br />

<strong>en</strong> activité est une première <strong>en</strong> France ».


« nous nE<br />

ConstruIsons Pas<br />

sEuLs notrE aVEnIr.»<br />

Exig<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales, progrès technologiques,<br />

évolution du marché : la production d’électricité s’inscrit<br />

dans un contexte <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>te évolution. Ainsi <strong>en</strong><br />

est‑il du projet de loi pour une Nouvelle organisation<br />

du marché de l’électricité (NOME). Ce projet est nourri<br />

pour une grande part des travaux de la commission<br />

Champsaur, créée <strong>en</strong> octobre 2008 à la demande<br />

du gouvernem<strong>en</strong>t français, à la suite de procédures<br />

<strong>en</strong>gagées par bruxelles à l’<strong>en</strong>contre des tarifs<br />

réglem<strong>en</strong>tés proposés par <strong>EDF</strong> aux <strong>en</strong>treprises.<br />

L’une des recommandations de la commission est<br />

d’ « attribuer à tout fournisseur un droit d’accès à<br />

l’électricité de base, à un prix régulé reflétant les<br />

conditions économiques du parc nucléaire historique ».<br />

En d’autres termes, il pourrait s’agir pour <strong>EDF</strong> de<br />

rev<strong>en</strong>dre à ses concurr<strong>en</strong>ts et à prix coûtant, l’électricité<br />

produite par son parc nucléaire… Cette loi n’est pas<br />

sans susciter des interrogations au sein du Groupe.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 73


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

QUARANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA CENTRALE (SEPTEMBRE 2010)<br />

<strong>Le</strong> patrimoine industriel transformé <strong>en</strong> écrans géants le temps de quelques nuits.<br />

74


Etape « Point de vue » du son et lumière.<br />

De gauche à droite : Dominique <strong>Le</strong>strade, Déléguée régionale <strong>EDF</strong> Pays de la Loire ;<br />

Patrick Mareschal, Présid<strong>en</strong>t du Conseil général de Loire-Atlantique ; Jacques Auxiette,<br />

Présid<strong>en</strong>t du Conseil régional des Pays de la Loire ; Jean Daubigny, Préfet de la région<br />

des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique ; Jean-Marc Ayrault, Député de la troisième<br />

circonscription de Loire-Atlantique, Maire de la ville de Nantes ; Joël Geffroy,<br />

Maire de la ville de Cordemais, et son épouse ; D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty, Directeur<br />

de l’Unité de Production de Cordemais.<br />

En att<strong>en</strong>dant, nous sommes <strong>en</strong><br />

2010 et la c<strong>en</strong>trale s’apprête à fêter<br />

ses quarante années d’exist<strong>en</strong>ce.<br />

Pour l’occasion, des événem<strong>en</strong>ts ont été<br />

organisés à l’att<strong>en</strong>tion des ag<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong><br />

sûr, mais aussi des institutionnels locaux<br />

et du grand public.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 75


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

76<br />

Conserver et r<strong>en</strong>forcer la<br />

bonne intégration de la c<strong>en</strong>trale<br />

dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

Célébration du vingtième puis du<br />

quarantième anniver saire, ouverture du<br />

C<strong>en</strong>tre d’information du public, visites<br />

guidées… Ces r<strong>en</strong>contres traduis<strong>en</strong>t<br />

la volonté d’ouverture de la c<strong>en</strong>trale de<br />

Cordemais. <strong>Le</strong>urs succès sont le reflet de<br />

l’intérêt du public et du niveau d’intégration<br />

des installations dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />

Quarante ans après sa mise <strong>en</strong> service,<br />

on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t dire que la c<strong>en</strong>trale<br />

« fait partie du paysage ». Elle inspire de<br />

nombreux artistes, notamm<strong>en</strong>t locaux,<br />

tels les peintres Yvon Labarre et Serge<br />

Doceul (pages 88 et 90).


2010<br />

DES VISITES LIbRES<br />

DU DIMANChE MATIN…<br />

Depuis toujours, la c<strong>en</strong>trale suscite la curiosité. Dans les<br />

années 70, des visites étai<strong>en</strong>t organisées le dimanche :<br />

« le matin, le gardi<strong>en</strong> balisait le circuit jusqu’à la tranche 1<br />

et l’après-midi, les g<strong>en</strong>s de l’extérieur v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t. Il y<br />

avait une salle visiteurs le long du parcours avec une<br />

exposition de photographies. Ils allai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite jusqu’à<br />

la salle de commande de la tranche 1 ».<br />

Avec le temps, les consignes de sécurité ont été<br />

r<strong>en</strong>forcées et l’accès au site davantage <strong>en</strong>cadré. En<br />

2001, après les att<strong>en</strong>tats du 11 septembre, le plan<br />

Vigipirate a été activé : son application a r<strong>en</strong>forcé <strong>en</strong>core<br />

les consignes de sécurité.<br />

… AU CENTRE<br />

D’INFORMATION<br />

DU pUbLIC (CIp)<br />

En 2009, la c<strong>en</strong>trale a inauguré son C<strong>en</strong>tre d’information<br />

du public : sur 300 m 2 , les animations ludiques et<br />

interactives du CIp sont « l’occasion pour les visiteurs<br />

et surtout pour les jeunes, de découvrir la c<strong>en</strong>trale<br />

thermique, ses métiers, et de mieux compr<strong>en</strong>dre les<br />

moy<strong>en</strong>s de production d’électricité ».<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 77


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

DES RELATIONS<br />

DE pROXIMITE AVEC<br />

L’ENVIRONNEMENT<br />

IMMÉDIAT<br />

La c<strong>en</strong>trale est <strong>en</strong> interaction perman<strong>en</strong>te avec son<br />

<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Ses représ<strong>en</strong>tants sièg<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>tes<br />

instances locales, départem<strong>en</strong>tales ou régionales :<br />

Commission locale de l’eau ou Conseil de développem<strong>en</strong>t<br />

du grand port maritime de Nantes – Saint‑Nazaire. Au plan<br />

local, les relations avec les riverains se traduis<strong>en</strong>t dès que<br />

nécessaire, par des échanges, des r<strong>en</strong>contres ou des<br />

visites du site.<br />

D’une manière générale, cette connaissance mutuelle<br />

ainsi qu’une écoute sincère favorise la compréh<strong>en</strong>sion et<br />

la prise <strong>en</strong> compte des <strong>en</strong>jeux, contraintes et requêtes des<br />

uns et des autres.<br />

78<br />

pour autant, cette intégration n’est<br />

pas le fruit spontané de l’histoire ;<br />

elle est égalem<strong>en</strong>t le résultat d’un<br />

travail sur les équipem<strong>en</strong>ts pour limiter<br />

au minimum les impacts <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux.<br />

Sur ce terrain, l’objectif est d’anticiper<br />

et d’aller au-delà des exig<strong>en</strong>ces<br />

att<strong>en</strong>dues, ce qui fait dire à un ag<strong>en</strong>t :<br />

« à chaque nouvelle norme, on fait mieux<br />

que le minimum imposé. C’est un vrai<br />

élém<strong>en</strong>t de fierté ».<br />

Il <strong>en</strong> sera ainsi des installations de la<br />

tranche 3 : « une directive europé<strong>en</strong>ne<br />

est parue dans le courant de l’été<br />

2010. En cours de déclinaison <strong>en</strong><br />

droit français, elle devrait abaisser les<br />

seuils réglem<strong>en</strong>taires de rejet d’oxydes<br />

d’azote au 1 er janvier 2016. Pour<br />

nous inscrire dès maint<strong>en</strong>ant dans<br />

cette perspective pourtant lointaine,<br />

nous expérim<strong>en</strong>terons <strong>en</strong> 2011 des<br />

brûleurs ‘‘Bas NOx’’ pour améliorer la<br />

combustion de la tranche 3 et réduire<br />

les émissions d’oxydes d’azote (NOx).<br />

Si l’expérim<strong>en</strong>tation est probante et si le<br />

contexte s’y prête toujours, l’opération<br />

pourrait être dupliquée sur les autres<br />

tranches fioul du parc <strong>EDF</strong> : huit tranches<br />

sont concernées ».<br />

L’activité de la c<strong>en</strong>trale est ainsi <strong>en</strong>cadrée<br />

par les Pouvoirs publics et nécessite un<br />

suivi quotidi<strong>en</strong>. L’équipe Chimie surveille<br />

continuellem<strong>en</strong>t l’impact de la production<br />

sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> particulier les<br />

émissions atmosphériques et les eaux<br />

de rejets (qualité et température). <strong>Le</strong><br />

site est régulièrem<strong>en</strong>t contrôlé par la<br />

Direction régionale de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />

de l’aménagem<strong>en</strong>t et du logem<strong>en</strong>t<br />

(DREAL) dont les inspecteurs veill<strong>en</strong>t au<br />

respect de la législation <strong>en</strong> vigueur.<br />

Pour les riverains, comme le dit Joël<br />

Geffroy, maire de la ville de Cordemais,<br />

« la cohabitation se fait <strong>en</strong> bonne<br />

intellig<strong>en</strong>ce. Des nuisances ponctuelles<br />

exist<strong>en</strong>t mais j’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’elles<br />

sont réduites autant que faire se peut,<br />

surveillées et assumées par <strong>EDF</strong> ».<br />

En effet, lorsqu’une tranche fioul est<br />

démarrée pour répondre à un pic de la<br />

demande <strong>en</strong> électricité, des particules<br />

peuv<strong>en</strong>t s’échapper de la cheminée et<br />

se déposer aux abords immédiats de la<br />

c<strong>en</strong>trale ; elles sont susceptibles d’abîmer<br />

ce sur quoi elles se dépos<strong>en</strong>t. « Ce type<br />

d’incid<strong>en</strong>t reste rare mais peut se produire<br />

<strong>en</strong> dépit de toutes les précautions que<br />

nous pr<strong>en</strong>ons, lorsque l’installation est à<br />

l’arrêt depuis longtemps et que certaines<br />

conditions climatiques sont réunies (froid,<br />

humidité et v<strong>en</strong>t) ».<br />

La c<strong>en</strong>trale est égalem<strong>en</strong>t équipée de<br />

soupapes, des systèmes de sécurité qui<br />

se décl<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de surpression<br />

dans les chaudières, afin de protéger<br />

les hommes et les installations. Dans ce<br />

cas de figure, qui heureusem<strong>en</strong>t reste<br />

rare lui aussi, le bruit émis est bref (de<br />

quelques secondes à quelques minutes)<br />

mais d’un niveau sonore élevé, qui peut<br />

surpr<strong>en</strong>dre les nouveaux riverains.


Stockage du gypse : <strong>en</strong> 2009, 50 000 tonnes de gypse ont été produites et recyclées.<br />

En aval du processus de production,<br />

des solutions sont égalem<strong>en</strong>t mises<br />

<strong>en</strong> œuvre pour valoriser les coproduits,<br />

c’est-à-dire ce qui reste après la<br />

combustion, lorsque l’électricité a été<br />

produite.<br />

<strong>Le</strong>s c<strong>en</strong>dres par exemple : les 200 000<br />

tonnes issues chaque année des<br />

tranches charbon possèd<strong>en</strong>t des propriétés<br />

voisines du sable et peuv<strong>en</strong>t être<br />

valorisées dans l’industrie cim<strong>en</strong>tière ou<br />

pour combler des tranchées dans lesquelles<br />

pass<strong>en</strong>t des canalisations (gaz,<br />

alim<strong>en</strong>tation électrique) ou <strong>en</strong>core <strong>en</strong><br />

remblai, lors de la construction de routes.<br />

<strong>Le</strong> gypse, quant à lui, provi<strong>en</strong>t de<br />

l’unité de désulfuration des tranches<br />

charbon. C’est un élém<strong>en</strong>t qui existe<br />

par ailleurs à l’état naturel, sous forme<br />

de roche sédim<strong>en</strong>taire et qui intervi<strong>en</strong>t<br />

dans la composition du plâtre. Mais<br />

il faut alors l’extraire de mines ou de<br />

carrières souterraines. <strong>Le</strong> gypse de<br />

Cordemais est disponible <strong>en</strong> quantité<br />

et facilem<strong>en</strong>t accessible ; issu de la<br />

réaction chimique <strong>en</strong>tre le calcaire et<br />

le soufre (on parle de sulfogypse), il est<br />

<strong>en</strong> outre particulièrem<strong>en</strong>t pur et valorisé<br />

dans les industries du bâtim<strong>en</strong>t.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 79


ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />

80<br />

C’est égalem<strong>en</strong>t dans l’objectif<br />

de recycler les coproduits que<br />

la c<strong>en</strong>trale a été associée à une<br />

démarche initiée par la communauté de<br />

communes Cœur d’Estuaire, qui fédère le<br />

Temple-de-Bretagne, Saint-Eti<strong>en</strong>ne-de-<br />

Montluc et Cordemais. Joël Geffroy,<br />

maire de Cordemais, explique : « nous<br />

souhaitons créer une zone d’écoactivités<br />

avec des artisans, des PME<br />

et PMI, <strong>en</strong> utilisant les gisem<strong>en</strong>ts de<br />

matières disponibles localem<strong>en</strong>t : les<br />

coproduits de la c<strong>en</strong>trale mais aussi<br />

les fonds de marais, la rouche (herbe<br />

du marais)… Nous avons lancé un<br />

part<strong>en</strong>ariat de recherche avec une école<br />

d’agronomie et de chimie de Toulouse,<br />

part<strong>en</strong>ariat auquel nous avons proposé<br />

à la c<strong>en</strong>trale de s’associer ». <strong>Le</strong>s pistes<br />

d’action sont nombreuses, comme<br />

par exemple la fabrication de plaques<br />

de plâtre particulièrem<strong>en</strong>t résistantes à<br />

partir des fibres de la rouche prov<strong>en</strong>ant<br />

des marais, et du sulfogypse prov<strong>en</strong>ant<br />

de la c<strong>en</strong>trale.<br />

Ci-contre , avec sa fondation <strong>EDF</strong> Diversiterre,<br />

la c<strong>en</strong>trale est part<strong>en</strong>aire de l’Observatoire créé<br />

<strong>en</strong> 2007 par l’artiste japonais Tadashi Kawamata à<br />

Lavau-sur-Loire, dans le cadre de l’opération Estuaire.<br />

« Nous nous sommes appropriés cette c<strong>en</strong>trale.<br />

Son architecture, pourtant industrielle, est intégrée<br />

à notre imaginaire aussi bi<strong>en</strong> qu’à notre réel. Quand<br />

un artiste lui ajoute un pylône qui devi<strong>en</strong>t un amer<br />

supplém<strong>en</strong>taire, il nous démontre que la réalité<br />

la plus concrète peut être au service de nos rêves. »<br />

Jean Daubigny, Préfet de la région des Pays de la Loire<br />

et de Loire-Atlantique (16 sept. 2010,<br />

quarantième anniversaire de la c<strong>en</strong>trale)<br />

Ci-dessous, l’œuvre de l’artiste japonais Tatsu Nishi,<br />

installée au bout de l’île de la Nation depuis l’été 2009 ;<br />

elle s’inscrit dans le cadre de la bi<strong>en</strong>nale artistique Estuaire.


CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 81


En 2010, quarante ans après la production<br />

de son premier kilowattheure,<br />

avec 2600 MW de puissance installée, la<br />

c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais est<br />

la plus importante de France. Chaque<br />

jour, ses 445 ag<strong>en</strong>ts assur<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />

et le fonctionnem<strong>en</strong>t des installations.<br />

Quadragénaire moderne, la c<strong>en</strong>trale<br />

innove <strong>en</strong>core et toujours pour sout<strong>en</strong>ir,<br />

<strong>en</strong> acteur responsable, le développem<strong>en</strong>t<br />

des terres de l’ouest.<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 83


84<br />

1968<br />

Construction de la<br />

première cheminée<br />

1966<br />

Autorisation officielle<br />

de construction<br />

23 décembre 1970<br />

Premier couplage de la<br />

tranche 1 au réseau<br />

24 mai 1971<br />

Inauguration de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

25 ans du groupe <strong>EDF</strong><br />

octobre 1973<br />

Choc pétrolier<br />

novembre 1982<br />

Remise <strong>en</strong> service de la<br />

tranche 1 (charbon)<br />

octobre et décembre 1976<br />

Mise <strong>en</strong> service des tranches 2 et 3 (fioul)<br />

1982<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

du parc à charbon<br />

novembre 1982<br />

Premier train de charbon<br />

novembre 1983<br />

Mise <strong>en</strong> service de la<br />

tranche 4 (charbon)<br />

octobre 1984<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

de la tranche 5 (charbon)<br />

1985<br />

Année charbon<br />

1991<br />

Record de production de la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

(9,6 TWh)<br />

Mi-1984<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

de l’appontem<strong>en</strong>t charbonnier 12 janvier 1987<br />

Effondrem<strong>en</strong>t du réseau<br />

sur le grand Ouest<br />

1986<br />

Fermeture de la<br />

c<strong>en</strong>trale de Cheviré novembre 1990<br />

Vingtième anniversaire de<br />

la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

1993<br />

Cap du milliard de kWh franchi<br />

par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

1996<br />

Vote de la loi sur l’air<br />

et l’utilisation rationnelle<br />

de l’énergie et publication<br />

de la première norme<br />

ISO 14000<br />

1996<br />

Première ouverture<br />

du marché français<br />

de l’électricité<br />

1997<br />

Arrêt de la tranche 1<br />

et mise sous cocon<br />

de la tranche 3


1998<br />

Construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil<br />

1999<br />

Mise <strong>en</strong> service de la<br />

désulfuration (tranches 4 et 5)<br />

2002<br />

Obt<strong>en</strong>tion de la première<br />

certification ISO 14001<br />

9 août 2004<br />

Transformation du statut d’<strong>EDF</strong><br />

2006<br />

Obt<strong>en</strong>tion de la première<br />

certification OHSAS 18001<br />

15 octobre 2007<br />

Remise <strong>en</strong> service de la tranche 3<br />

Quarante ans d’énergie<br />

2008<br />

Mise <strong>en</strong> service<br />

de la dénitrification<br />

(tranches 4 et 5)<br />

septembre 2010<br />

Quarantième anniversaire<br />

de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />

Juin 2009<br />

Ouverture du<br />

C<strong>en</strong>tre d’information<br />

du public (CIP)<br />

Juin 2010<br />

Obt<strong>en</strong>tion des premières<br />

certifications ISO 9001<br />

et SA 8000<br />

2009<br />

Rénovation<br />

du système de contrôle<br />

commande de la tranche 2<br />

Au fil du temps<br />

...<br />

2010<br />

Grignotage<br />

de la cheminée de la tranche 1<br />

et début du chantier<br />

de la tranche 0<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 85


86<br />

Construction de la cheminée de la tranche 1, bétonnage de la semelle (juin 1968).


CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 87


88<br />

« Cordemais d’hier et d’aujourd’hui ». Huile sur toile 80 x 80 cm du peintre Yvon Labarre (1993). Collection Mairie de Cordemais.


CORDEMAIS EN ESTUAIRE<br />

Itinéraires du Patrimoine 104 – 1996<br />

Jean-Louis Kérouanton et Yves <strong>Le</strong> Maître.<br />

Photographies : D<strong>en</strong>is Pillet<br />

Direction régionale des affaires culturelles.<br />

Service régional de l’inv<strong>en</strong>taire général.<br />

Sources<br />

CHEVIRE, UNE CENTRALE ET SES HOMMES<br />

Groupe de recherches historiques de la c<strong>en</strong>trale<br />

de Cheviré, ACL Editions (1987)<br />

L’AGGLOMERATION NANTAISE :<br />

RéCITS D’ACTEURS<br />

Jacques Floch, Editions de l’Aube (1996)<br />

NANTES ET SON AGGLOMERATION<br />

Cahiers du C<strong>en</strong>tre nantais de recherche pour<br />

l’aménagem<strong>en</strong>t régional, n os 33-34 (1989-1990)<br />

L’ATOME CIVIL, TRENTE ANS DEJA<br />

Frédéric de Monicault, Historia n o 676 (avril 2003)<br />

L’EQUIPEMENT DES FRANçAIS<br />

EN BIENS DURABLES FIN 1968<br />

Economie et statistique n o 3 (juillet-août 1969)<br />

OUEST FRANCE<br />

Editions des 24 mai 1971, 13, 14, 17 et 28 janvier<br />

1987, 22 novembre 1990<br />

PRESSE OCEAN<br />

Editions des 22 novembre 1990 et 19 septembre 1997<br />

PARFUM D’ESTUAIRE<br />

Regards d’artistes, Cordemais (2007)<br />

MAGAzINE DE LA VILLE DE CORDEMAIS<br />

Editions de mars 1993, décembre 1994,novembre<br />

1995, juin 2000, octobre 2006 et octobre 2009<br />

SUR LA TOILE<br />

edf.com<br />

webcdf.brgm.fr (site des Charbonnages de France)<br />

interieur.gouv.fr (site du Ministère de l’intérieur,<br />

de l’Outre mer et des collectivités territoriales)<br />

ina.fr<br />

DOCUMENTS INTERNES A LA DIVISION<br />

PRODUCTION ET INGéNIERIE THERMIQUE<br />

(DPIT)<br />

Notre thermique, novembre 2006<br />

Rapport d’activité, 2009<br />

DOCUMENTS INTERNES<br />

à LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />

Editions du journal interne<br />

Editions de la lettre électronique hebdomadaire<br />

Comptes-r<strong>en</strong>dus des Forums<br />

Dossiers de presse<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 89


« L’année 2000 Cordemais »<br />

Huile sur toile 60 x 30 cm<br />

du peintre Serge Doceul<br />

90<br />

Collection privée.


MEDIATHEQUE <strong>EDF</strong><br />

S. <strong>Le</strong>goupi – Couverture. Page 3. Page 9. Page 42.<br />

Page 44. Page 50. Page 54. Page 55. Page 58 (grand<br />

format). Page 63. Page 66. Page 67. Page 68. Page 70.<br />

Page 72. Page 73. Page 75. Page 76. Page 79. Page 80.<br />

P. Eranian – Page 38. G. Huguet – Page 81.<br />

Direction des Services Partagés – Groupe Archives /<br />

Archives Historiques <strong>EDF</strong> : M. Brigaud – Page 27.<br />

M. Crépin – Page 30.<br />

ARCHIVES DE LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />

Droits Réservés – Page 8. Page 10. Page 12.<br />

Page 14. Page 16. Page 17. Page 18. Page 86.<br />

M. Blond – Page 20. Page 22. Page 24. Page 26.<br />

Page 28. Page 40. Y. Soulabaille – Page 49.<br />

Crédits<br />

CONCEPTION, ENTRETIENS, REDACTION ET GESTION DU PROJET<br />

Agnès Laur<strong>en</strong>t –<br />

Contact : agnes.laur<strong>en</strong>t@albedo.pro<br />

CREATION GRAPHIQUE ET REALISATION<br />

DeuxPointDeux<br />

Contact : www.deuxpointdeux.com<br />

PHOTOTHEQUE CENTRALE DE CORDEMAIS<br />

Page 6. Page 23. Page 34. Page 35. Page 36. Page 47.<br />

Page 48.Page 52. Page 53. Page 58 (vignette). Page 61.<br />

Page 62. Diazzo – Page 74. ICI (Image - Communication<br />

- Impressions) – Page 88. X. Trochu – Page 90.<br />

ARCHIVES MUNICIPALES DE RENNES<br />

Fonds Heurtier – Page 33 (350Fi40-2)<br />

IMPRESSION<br />

Achevé d’imprimé <strong>en</strong> décembre 2010 à Saint-Herblain (Loire-Atlantique)<br />

sur les presses de l’Atelier Des Couleurs<br />

CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 91


92<br />

RETROUVEz QUARANTE ANS D’éNERGIE<br />

DANS LE DVD PAGE SUIVANTE.<br />

Film réalisé par Première Image et prés<strong>en</strong>té à<br />

l’occasion du quarantième anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.<br />

Album photos de l’événem<strong>en</strong>t.<br />

Etape « Histoire » du son et lumière conçu et réalisé<br />

par Cap Image à l’occasion du quarantième<br />

anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.

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