Le livre en intégralité - Energie EDF
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C<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
BP 13<br />
44360 Cordemais<br />
www.edf.com<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS - 40 ANS D’ÉNERGIE
Ouvrage réalisé <strong>en</strong> 2010 par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais (Loire-Atlantique)<br />
à l’occasion de son quarantième anniversaire.
...<br />
...<br />
<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts de la c<strong>en</strong>trale au 30 septembre 2010.
On s’étonne trop de ce qu’on voit rarem<strong>en</strong>t<br />
et pas assez de ce qu’on voit tous les jours.<br />
En 1966, Raymond Marcellin, Ministre de l’industrie<br />
sous la présid<strong>en</strong>ce du Général de Gaulle,<br />
autorisait officiellem<strong>en</strong>t la création de la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cordemais. C’était le point de départ d’une<br />
av<strong>en</strong>ture collective, humaine autant que technique.<br />
Parce qu’ « on s’étonne trop de ce qu’on voit rarem<strong>en</strong>t<br />
et pas assez de ce qu’on voit tous les jours »,<br />
quarante ans après la production des premiers<br />
kilowattheures <strong>en</strong> 1970, je souhaite r<strong>en</strong>dre hommage<br />
aux générations qui ont fait de notre c<strong>en</strong>trale<br />
un formidable outil qui chaque année, résolum<strong>en</strong>t,<br />
fait face à une consommation d’électricité <strong>en</strong> forte<br />
croissance, caractérisée par des pics de consommation<br />
toujours plus aigus et exigeants.<br />
Toutes générations confondues, ce sont plus de<br />
1 500 hommes et femmes qui ont construit la<br />
c<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong> ont assuré le fonctionnem<strong>en</strong>t. Ag<strong>en</strong>ts<br />
<strong>EDF</strong> et part<strong>en</strong>aires industriels, ce sont <strong>en</strong>core eux<br />
qui l’ont fait évoluer pour la fiabiliser, la r<strong>en</strong>dre<br />
toujours plus performante, sûre et respectueuse<br />
de son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t naturel et urbain.<br />
Aujourd’hui, la c<strong>en</strong>trale est souv<strong>en</strong>t considérée<br />
comme faisant partie du patrimoine industriel de<br />
l’estuaire de la Loire, dont la valeur écologique,<br />
économique et touristique, n’échappe à personne.<br />
Comtesse de G<strong>en</strong>lis<br />
Chacun se r<strong>en</strong>d compte de la mixité de cet espace<br />
et des intérêts multiples qui s’y conjugu<strong>en</strong>t ; c’est<br />
pour <strong>en</strong> préserver l’équilibre que nous travaillons<br />
avec nos part<strong>en</strong>aires : fournisseurs et prestataires de<br />
service, riverains, institutionnels et autorité de tutelle.<br />
En hommage à ce chemin éclairé par nos prédécesseurs,<br />
il est de la responsabilité de chacun de<br />
mettre ses tal<strong>en</strong>ts au service de la c<strong>en</strong>trale et de<br />
ses cli<strong>en</strong>ts. Pour cela, les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong> sont animés<br />
d’un même s<strong>en</strong>s du service. Notre culture est celle<br />
des producteurs d’énergie, <strong>en</strong> prise directe avec<br />
les réalités du terrain. C’est cela qui fonde notre<br />
volonté d’améliorer les installations, de les r<strong>en</strong>dre<br />
plus fiables <strong>en</strong>core et capables de relever les défis<br />
des années à v<strong>en</strong>ir.<br />
Depuis 1966, ce n’est pas une histoire mais de<br />
multiples histoires qui se sont déroulées sur le site<br />
de la c<strong>en</strong>trale. En éditant ce <strong>livre</strong> à l’occasion de<br />
notre quarantième anniversaire, nous vous invitons<br />
à retrouver ou à découvrir ces souv<strong>en</strong>irs au fil<br />
du temps, au fil des pages, dont beaucoup rest<strong>en</strong>t<br />
à écrire.<br />
D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty<br />
Directeur de l’Unité de<br />
Production de Cordemais
Remerciem<strong>en</strong>ts<br />
Ouvrage réalisé sous la direction de D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty,<br />
Directeur de l’Unité de Production de Cordemais.<br />
Coordination : Edith Fiolleau et Catherine Baumann.<br />
Ce <strong>livre</strong> n’aurait pu voir le jour sans la contribution de nombreux<br />
témoins. Hommes et femmes, jeunes ag<strong>en</strong>ts et plus anci<strong>en</strong>s, <strong>en</strong><br />
activité ou retraités, part<strong>en</strong>aires ou institutionnels, tous ont bi<strong>en</strong><br />
voulu pr<strong>en</strong>dre le temps, quelques instants ou de longues heures,<br />
pour fouiller leur mémoire et leurs tiroirs et nous permettre de vous<br />
raconter l’histoire de la c<strong>en</strong>trale, leur histoire. Nous leur adressons<br />
nos plus chaleureux remerciem<strong>en</strong>ts pour leur sourire, leur s<strong>en</strong>sibilité,<br />
leur disponibilité : leur bon accueil !<br />
Grégory Bazot, Nathalie Bertret, Nathalie Buatois, Philippe Charreyre,<br />
François Demoulin, Maxime D<strong>en</strong>iaud, Serge Doceul, Mathieu<br />
Dromard, Estelle Eti<strong>en</strong>ne, Philippe Gabriel, Jean-Pierre Guillet,<br />
Francis Harrosar<strong>en</strong>, H<strong>en</strong>ri Jestin, Jean-Louis Kérouanton, Anne <strong>Le</strong><br />
Déault, Christophe <strong>Le</strong> Drogo, Patrice Mainguy, Nathalie Mallard,<br />
Jean-Marc Maudet, Jean-Yves M<strong>en</strong>guy, Pascal Nicoullaud, Daniel<br />
Pedeau, Alain Péron, Josiane Rabu, Jean R<strong>en</strong>neteau, Christophe<br />
Sey, Elodie Vincelot, Philippe Violin, Jean Voisin.<br />
Jean Daubigny, Préfet de la région des Pays de la Loire<br />
et de Loire-Atlantique.<br />
Jean-Marc Ayrault, Député de la troisième circonscription<br />
de Loire-Atlantique, Maire de la ville de Nantes.<br />
Joël Geffroy, Maire de la ville de Cordemais.<br />
1970<br />
projet mise<br />
1966 - 1973<br />
Du<br />
à la<br />
<strong>en</strong> service<br />
La construction d’une tranche,<br />
c’est toujours une av<strong>en</strong>ture.<br />
D’une<br />
industrielle<br />
10<br />
1973 - 1985<br />
configuration‘‘tout fioul’’<br />
au développem<strong>en</strong>t charbon<br />
du<br />
Quand le prix du fioul a monté,<br />
le charbon est dev<strong>en</strong>u plus intéressant.<br />
20
30<br />
1985 - 1995<br />
Un<br />
<strong>en</strong><br />
semi-base et pointe<br />
Nous faisions ce qu’on<br />
appelle de la d<strong>en</strong>telle.<br />
Des<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
Loire<br />
1995 - 2008<br />
au<br />
investissem<strong>en</strong>ts service de<br />
la sécurité, lasanté,<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>Le</strong> site retrouvait les activités de construction qui<br />
avai<strong>en</strong>t marqué son histoire p<strong>en</strong>dant près de 20 ans.<br />
38<br />
56<br />
A partir de 2008<br />
Enjeux<br />
et<br />
perspectives<br />
Pour ce qui est de l’av<strong>en</strong>ir, il ne s’agit pas<br />
de le prévoir, mais de le r<strong>en</strong>dre possible.<br />
A. de Saint-Exupéry<br />
Sommaire<br />
Conclusion<br />
La c<strong>en</strong>trale au fil du temps<br />
Sources<br />
Crédits<br />
83<br />
84<br />
89<br />
91<br />
2010
DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />
Construction de la table de la turbine (octobre 1967).<br />
10
projet Du<br />
à la mise<br />
<strong>en</strong> service<br />
1966<br />
Autorisation officielle<br />
de construction<br />
1967<br />
1968<br />
Construction de la première cheminée<br />
Fondations<br />
de la tranche 1 (fioul)<br />
industrielle<br />
La construction d’une tranche,<br />
c’est toujours une av<strong>en</strong>ture.<br />
23 décembre 1970<br />
Premier couplage de la tranche 1 au réseau<br />
24 mai 1971<br />
1973<br />
Inauguration de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
25 ans du groupe <strong>EDF</strong><br />
Fondations des tranches 2 et 3 (fioul)<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 11
DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />
12<br />
L<br />
a c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais<br />
fut au rang des premières par sa<br />
puissance et son niveau de technologie<br />
: « avec la c<strong>en</strong>trale de Cordemais,<br />
nous passions un palier de puissance » 1 .<br />
En effet, comme Porcheville mise <strong>en</strong><br />
service <strong>en</strong> 1968, la tranche 1 de Cordemais<br />
est capable de produire 600 MW.<br />
Cette volonté stratégique de développer<br />
la production thermique s’inscrit<br />
dans un contexte de croissance forte<br />
de la demande d’électricité : à la fi n des<br />
années 60, on estime <strong>en</strong> effet que la<br />
consommation d’électricité <strong>en</strong> France<br />
double tous les dix ans. Il faut impérativem<strong>en</strong>t<br />
répondre à ce besoin et même<br />
anticiper son évolution. <strong>Le</strong> groupe <strong>EDF</strong><br />
se lance dans un vaste programme de<br />
construction de c<strong>en</strong>trales, réparties sur<br />
tout le territoire français.<br />
Mds de kWh<br />
150<br />
100<br />
50<br />
0<br />
24<br />
54<br />
109<br />
150<br />
1946 1956 1966 1971<br />
Evolution de la production électrique <strong>en</strong> France de<br />
l’après-guerre au début des années 70.<br />
Dans l’Ouest, les villes de Nantes et<br />
Saint-Nazaire se développ<strong>en</strong>t elles aussi.<br />
Par exemple, pour la seule agglomération<br />
nantaise, la population est passée de<br />
266 000 habitants <strong>en</strong> 1930 à 363 000 <strong>en</strong><br />
1960. Tr<strong>en</strong>te ans plus tard, elle atteindra<br />
presque les 500 000 habitants 2 .<br />
<strong>Le</strong>s besoins <strong>en</strong> électricité suiv<strong>en</strong>t cette<br />
croissance démographique, à laquelle les<br />
industries contribu<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t : alim<strong>en</strong>taires<br />
et agroalim<strong>en</strong>taires (Saupiquet,<br />
Biscuiterie Nantaise…), chimie lourde<br />
des <strong>en</strong>grais (Grande-Paroisse, Réno…),<br />
métallurgie et construction mécanique,<br />
et bi<strong>en</strong> sûr industries énergétiques avec<br />
la raffi nerie de Donges, le terminal<br />
méthanier de Montoir-de-Bretagne, sans<br />
oublier les chantiers navals, à Nantes et<br />
Saint-Nazaire.<br />
Assez vite, la commune de Cordemais<br />
est choisie. Ainsi la future c<strong>en</strong>trale sera<br />
aux portes du grand Ouest, à mi-chemin<br />
<strong>en</strong>tre Nantes et Saint-Nazaire, à proximité<br />
immédiate de son fournisseur, la raffi nerie<br />
de Donges : à l’époque, le principal<br />
combustible des c<strong>en</strong>trales thermiques<br />
est le fuel-oil lourd ; le choc pétrolier de<br />
1973 n’a pas <strong>en</strong>core eu lieu…<br />
Sur la commune de Cordemais, l’île de la<br />
Calotte et l’île de la Nation accueilleront la<br />
construction. Cette insularité va faciliter<br />
l’implantation de l’outil, notamm<strong>en</strong>t pour<br />
tout ce qui concerne les circuits d’eau<br />
de refroidissem<strong>en</strong>t.<br />
1 <strong>Le</strong>s citations sont issues des <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec les témoins m<strong>en</strong>tionnés dans les remerciem<strong>en</strong>ts.<br />
2 <strong>Le</strong>s sources docum<strong>en</strong>taires fi gur<strong>en</strong>t page 89.<br />
La Loire, source indisp<strong>en</strong>sable de refroidissem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong>s îles de la Calotte (au premier plan) et de la nation (mars 1968).
UNE pOSITION<br />
STRATEGIqUE<br />
« <strong>Le</strong> problème avec l’électricité, c’est que ça ne se stocke<br />
pas ; et pourtant, tous les cli<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> veul<strong>en</strong>t jour et nuit.<br />
Il faut la produire <strong>en</strong> temps réel ». Ce témoignage d’un<br />
anci<strong>en</strong> ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> résume à lui seul l’<strong>en</strong>jeu spécifique<br />
à la production d’électricité. Implantée <strong>en</strong>tre Nantes et<br />
Saint‑Nazaire pour répondre au mieux aux besoins des<br />
cli<strong>en</strong>ts, la c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais assume<br />
aujourd’hui <strong>en</strong>core une position stratégique dans le<br />
réseau électrique de l’Ouest.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 13
DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />
Tranche<br />
de vie Jean-Pierre Guillet, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> de 1961 à 1989, d’abord<br />
à Cheviré puis à Cordemais. Electrici<strong>en</strong> de maint<strong>en</strong>ance,<br />
Jean-Pierre Guillet a été détaché à la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />
d’<strong>EDF</strong> <strong>en</strong> 1969 et 1970, pour la construction de la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais.<br />
14<br />
Je travaillais à la c<strong>en</strong>trale de Cheviré lorsque nous avons <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du<br />
parler du projet de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais. Comme le bâtim<strong>en</strong>t<br />
administratif était <strong>en</strong> construction, le poste de commandem<strong>en</strong>t a<br />
dans un premier temps été installé à Cheviré, dans la grande salle<br />
de l’anci<strong>en</strong> tableau 2 . Il y avait le chef de c<strong>en</strong>trale, son adjoint, le<br />
chef du personnel, les contremaîtres principaux, les chefs de service,<br />
les secrétaires. Tout le monde était installé là, à part peut-être<br />
le patron qui avait un petit bureau.<br />
Cela a duré des mois, peut-être un an. Et p<strong>en</strong>dant ce temps là,<br />
le chef de c<strong>en</strong>trale et son équipe embauchai<strong>en</strong>t petit à petit ceux<br />
qui allai<strong>en</strong>t être les technici<strong>en</strong>s de Cordemais. J’ai postulé comme<br />
technici<strong>en</strong>, j’étais alors ouvrier professionnel. Je me suis dit que<br />
j’avais toutes mes chances car les chaudières de Cheviré étai<strong>en</strong>t<br />
les mêmes, <strong>en</strong> plus petit, que celle de la tranche qui allait être<br />
construite à Cordemais : 250 MW à Cheviré contre 600 MW à<br />
Cordemais.<br />
J’ai été reçu <strong>en</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> par mon patron de l’époque et le premier<br />
patron de Cordemais, M. Mossé, et j’ai été ret<strong>en</strong>u.<br />
En att<strong>en</strong>dant que les logem<strong>en</strong>ts soi<strong>en</strong>t prêts, nous v<strong>en</strong>ions de<br />
Cheviré <strong>en</strong> bus tous les jours. C’était un peu compliqué : quand on<br />
fait des essais, on fait du rab, on loupe le bus. Dés que cela a été<br />
possible, nous nous sommes installés avec nos familles à Sav<strong>en</strong>ay,<br />
dans la cité du Prince Bois, dans une petite maison avec un bout<br />
de pelouse ; on était bi<strong>en</strong>.<br />
2 A l’époque, les commandes c<strong>en</strong>tralisées de la chaudière et de la turbine<br />
n’intégrai<strong>en</strong>t pas la partie électrique, assurée par un « tableautiste » ou<br />
« tableautier ».<br />
23 décembre 1970, premier couplage de la tranche 1 au réseau :<br />
« Att<strong>en</strong>tion pour couplage. Tranche… couplée ! »
E<br />
n 1970, la construction des<br />
c<strong>en</strong>trales est prise <strong>en</strong> charge<br />
par la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />
d’<strong>EDF</strong>, des fondations jusqu’aux<br />
derniers essais. Chaque élém<strong>en</strong>t de la<br />
c<strong>en</strong>trale est alors mis <strong>en</strong> route, testé,<br />
monté <strong>en</strong> puissance progressivem<strong>en</strong>t,<br />
sous la surveillance des ingénieurs et<br />
technici<strong>en</strong>s qui perçoiv<strong>en</strong>t la moindre<br />
vibration anormale, le moindre dysfonctionnem<strong>en</strong>t.<br />
« L’effervesc<strong>en</strong>ce est<br />
particulière : le personnel de l’Equipem<strong>en</strong>t<br />
est là pour s’assurer que tout<br />
fonctionne bi<strong>en</strong> avant de remettre les<br />
clés de la c<strong>en</strong>trale aux exploitants. Et<br />
puis à un mom<strong>en</strong>t, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d dire : ‘‘le<br />
couplage, c’est pour demain, c’est sans<br />
doute pour demain’’ ».<br />
La c<strong>en</strong>trale est alors prête à fournir<br />
au réseau son premier kilowattheure.<br />
Il faut pour cela ‘‘coupler’’ l’alternateur<br />
au réseau : pour les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong> comme<br />
pour les prestataires, c’est un aboutissem<strong>en</strong>t,<br />
« comme un paquebot qu’on<br />
met à l’eau ». Dans la salle de contrôle,<br />
c’est l’afflu<strong>en</strong>ce : « il n’y a pas où passer,<br />
même si les g<strong>en</strong>s de l’Equipem<strong>en</strong>t font<br />
un peu la guerre : ‘‘pas trop de monde,<br />
pas trop de monde !’’ ».<br />
L’opération est délicate car elle nécessite<br />
un parfait phasage <strong>en</strong>tre le groupe<br />
turboalternateur et le réseau, sous<br />
peine de « casser tout le bazar ». Des<br />
automatismes exist<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sûr, mais<br />
pour le premier couplage, l’opération<br />
se fait manuellem<strong>en</strong>t. Lorsque l’objectif<br />
est atteint (machine à trois milles tours,<br />
t<strong>en</strong>sion réglée et synchronoscope à<br />
zéro), le chef de bloc « appuie sur le<br />
bouton » qui ferme un gros interrupteur<br />
appelé ‘‘coupleur’’.<br />
Avec le couplage de sa tranche 1,<br />
la mise <strong>en</strong> service de la c<strong>en</strong>trale de<br />
Cordemais a lieu le 23 décembre<br />
1970 à 10h54. <strong>Le</strong> palier thermique<br />
des 600 MW est alors à la pointe des<br />
possibilités techniques françaises.<br />
La pleine puissance sera atteinte le<br />
22 janvier de l’année suivante.<br />
UNE MARRAINE<br />
ET DU ChAMpAGNE<br />
A la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, les turbines sont toutes<br />
associées au nom de leur marraine. Celle de la première<br />
turbine se prénommait Josiane. Elle était la plus jeune de<br />
l’équipe et c’est la raison pour laquelle le responsable du<br />
projet, Monsieur Rousset, l’avait choisie. « J’avais 21 ans,<br />
je travaillais au standard et à l’accueil de l’Equipem<strong>en</strong>t.<br />
Ce n’est qu’au mom<strong>en</strong>t du couplage que j’ai appris que<br />
je serai la marraine de la turbine ! <strong>Le</strong> secret avait été bi<strong>en</strong><br />
gardé... J’ai été très surprise, mais aussi très touchée ». La<br />
turbine avait égalem<strong>en</strong>t un parrain, un collaborateur de la<br />
Compagnie électromécanique (CEM). Après le couplage<br />
avec toutes les équipes, la direction de l’Equipem<strong>en</strong>t a<br />
offert le champagne : « Ce jour là, la fête s’est terminée<br />
très tard, vers deux ou trois heures du matin ».<br />
Il est possible que cette tradition soit issue de la marine.<br />
En effet, les premiers exploitants du thermique classique<br />
étai<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t des anci<strong>en</strong>s de la Marine nationale : « après<br />
quinze ans de service, les gars étai<strong>en</strong>t de jeunes retraités.<br />
Ils connaissai<strong>en</strong>t les bateaux et leurs chaudières. <strong>Le</strong>s<br />
équipem<strong>en</strong>ts des c<strong>en</strong>trales étai<strong>en</strong>t un peu semblables,<br />
<strong>en</strong> plus gros ! D’ailleurs avant, à l’Exploitation, on parlait<br />
de ‘‘chef de quart’’, de ‘‘chef de bloc’’ ; il s’agit là aussi<br />
d’expressions issues de la marine ».<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 15
DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />
<strong>Le</strong>s fondations (juillet 1967).<br />
Ensemble du bloc usine, bâtim<strong>en</strong>t administratif, magasin, ateliers et installations de chantiers.<br />
16<br />
De gauche à droite : bâtim<strong>en</strong>t administratif, table du groupe turboalternateur et structure support<br />
de la chaudière (avril 1968).<br />
L<br />
es fondations sont réalisées<br />
<strong>en</strong> 1967. La construction de la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais représ<strong>en</strong>te<br />
à l’époque un investissem<strong>en</strong>t de 480<br />
millions de francs. <strong>Le</strong> tiers des marchés<br />
est attribué à des <strong>en</strong>treprises régionales<br />
pour des opérations de génie civil ou la<br />
construction de la chaudière (<strong>en</strong>treprise<br />
Babcock-Atlantique).
De gauche à droite : deux bacs fioul, cheminée, chaudière, magasin, ateliers et bâtim<strong>en</strong>t administratif<br />
(mars 1969).<br />
L’architecte principal du projet est Michel<br />
Homberg : déjà architecte de la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cheviré, il sera membre du groupe<br />
de travail sur l’architecture des c<strong>en</strong>trales<br />
nucléaires dans le milieu des années 70.<br />
Septembre 1969.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 17
DU pROJET A LA MISE EN SERVICE INDUSTRIELLE | 1966 - 1973<br />
18<br />
NANTES. — Haute de 150 mètres,<br />
la cheminée rouge et blanche de la<br />
c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais<br />
domine la vallée de la Loire depuis l’île<br />
de la Calotte où elle trouve ses assises<br />
à 30 kilomètres à l’aval de Nantes.<br />
E.D.F. a choisi d’inaugurer ce premier<br />
groupe — qui <strong>en</strong> comportera 6 ou 8<br />
— à l’occasion des fêtes de son 25 e<br />
anniversaire.<br />
Un train spécial a am<strong>en</strong>é hier de Paris<br />
à Cordemais d’importantes personnalités<br />
du monde économique, qui<br />
ont suivi dans une visite instructive<br />
MM. Olivier Guichard, mis à l’honneur<br />
Ouest France (25 mai 1971).<br />
<strong>en</strong> tant que premier délégué à l’aménagem<strong>en</strong>t<br />
du Territoire ; Delouvrier,<br />
présid<strong>en</strong>t du conseil d’administration<br />
d’E.D.F. ; Boiteux, directeur général.<br />
Cordemais porte à 5 le nombre des<br />
c<strong>en</strong>trales implantées sur le territoire<br />
de la région de Nantes. <strong>Le</strong>s autres<br />
sont la c<strong>en</strong>trale thermique de Brest<br />
(70 mégawatts), la c<strong>en</strong>trale nucléaire<br />
des Monts d’Arrée (70 MW), la c<strong>en</strong>trale<br />
marémotrice de la Rance (240 MW) et<br />
<strong>en</strong>fi n la c<strong>en</strong>trale thermique de Nantes-<br />
Cheviré (845 MW). Dans cette dernière,<br />
six groupes sont installés dont les deux<br />
plus réc<strong>en</strong>ts mis <strong>en</strong> service <strong>en</strong> 1968 et<br />
Après quasim<strong>en</strong>t six mois d’exercice,<br />
la turbine a déjà fourni 500<br />
millions de kilowattheures. La<br />
c<strong>en</strong>trale compte 120 ag<strong>en</strong>ts ; elle est<br />
offi ciellem<strong>en</strong>t inaugurée le 24 mai 1971<br />
à l’occasion des 25 ans du groupe <strong>EDF</strong>.<br />
<strong>Le</strong>s personnes prés<strong>en</strong>tes sont saisies<br />
par la démesure de l’équipem<strong>en</strong>t :<br />
des kilomètres de tuyaux et de tubes,<br />
un impressionnant turboalternateur<br />
de 50 mètres de long, une chaudière<br />
aussi haute que l’Arc de Triomphe (50<br />
mètres), susp<strong>en</strong>due à 70 mètres de<br />
haut, à une charp<strong>en</strong>te de 5 000 tonnes,<br />
et du combustible qui arrive de Donges<br />
par un oléoduc qui dessert égalem<strong>en</strong>t<br />
la c<strong>en</strong>trale de Cheviré, à Nantes.<br />
<strong>Le</strong> premier groupe de la c<strong>en</strong>trale thermique<br />
de Nantes-Cordemais inauguré hier<br />
1969 développ<strong>en</strong>t chacun une puissance<br />
de 250 MW. On voit à la lumière<br />
de ces chiffres le bond réalisé avec le<br />
groupe de Cordemais, ce « palier thermique<br />
des 600 MW » étant comme on<br />
le fait remarquer à l’E.D.F., à la pointe<br />
des possibilités techniques françaises.<br />
Tout laisse à p<strong>en</strong>ser, a déclaré hier M.<br />
Delouvrier, que la deuxième tranche<br />
de Cordemais — un groupe d’une<br />
puissance de 700 MW démarrera <strong>en</strong><br />
1972. Une troisième tranche est espérée<br />
avant la fi n du VIe Plan, elle-même<br />
suivie d’autres étapes qui pourrai<strong>en</strong>t<br />
être à vocation nucléaire.<br />
Construction de la chaudière de la tranche 1<br />
(février 1969).
1970<br />
600 MW<br />
La tranche 1 a un bon r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t : il est<br />
prévu de lui donner une petite sœur,<br />
construite à l’id<strong>en</strong>tique. C’est dans cette<br />
perspective qu’elle a été dotée d’une<br />
salle de contrôle double.<br />
Mais <strong>en</strong> ce tout début des années 70,<br />
le prix du pétrole est si bas qu’il est<br />
jugé plus intéressant de construire des<br />
tranches moins sophistiquées, qui consommeront<br />
peut-être un peu plus de<br />
fi oul mais seront moins onéreuses à la<br />
construction. C’est dans cette optique<br />
que seront conçus les plans des<br />
tranches 2 et 3 de Cordemais, dont les<br />
fondations seront posées à partir de<br />
mars 1973.<br />
Elles devai<strong>en</strong>t être les premières d’un<br />
palier de quarante tranches id<strong>en</strong>tiques,<br />
réparties sur tout le territoire : c’était<br />
sans compter le choc pétrolier<br />
d’octobre 1973.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 19
D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />
Parcs à combustibles : au premier plan les bacs fioul, au second plan le parc à charbon (septembre 1981).<br />
20
D’une<br />
Octobre 1973<br />
Choc pétrolier<br />
configuration‘‘tout fioul’’<br />
au développem<strong>en</strong>t charbon<br />
du<br />
1976<br />
Mise <strong>en</strong> service des tranches 2 et 3 (fioul)<br />
1979<br />
Quand le prix du fuel a monté,<br />
le charbon est dev<strong>en</strong>u plus intéressant.<br />
Avril 1981- Novembre 1982<br />
Transformation de la tranche 1 du fioul au charbon<br />
Fondations<br />
des tranches 4 et 5<br />
(charbon)<br />
1982<br />
Mise <strong>en</strong> service du parc à charbon<br />
1983<br />
Mise <strong>en</strong> service de la tranche 4<br />
1984<br />
Mise <strong>en</strong> service de la tranche 5<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 21
D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />
22<br />
<strong>Le</strong>s 16 et 17 octobre 1973,<br />
p<strong>en</strong>dant la guerre du Kippour,<br />
les pays arabes membres de<br />
l’OPEP annonc<strong>en</strong>t un embargo sur<br />
les livraisons de pétrole contre les<br />
Etats « qui souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t Israël ». <strong>Le</strong>urs<br />
rev<strong>en</strong>dications port<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t sur<br />
une augm<strong>en</strong>tation spectaculaire du<br />
prix du brut (plus précisém<strong>en</strong>t, la<br />
quote-part du prix leur rev<strong>en</strong>ant) et<br />
sur le contrôle absolu des niveaux de<br />
production afin de maint<strong>en</strong>ir un prix<br />
‘‘de pénu rie’’. En quelques semaines,<br />
le prix du baril de pétrole passe de 3<br />
à 18 dollars, obligeant le groupe <strong>EDF</strong><br />
comme beaucoup d’autres industries,<br />
à revoir sa stratégie de développem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong> destin de la c<strong>en</strong>trale de Corde mais<br />
allait <strong>en</strong> être changé radicalem<strong>en</strong>t.<br />
Mais dans l’immédiat, les fondations<br />
des tranches fioul ont comm<strong>en</strong>cé : la<br />
construction des nouvelles unités ira à<br />
son terme.<br />
Après les fondations <strong>en</strong> 1973, la<br />
construction des tranches 2 et 3 comm<strong>en</strong>ce<br />
<strong>en</strong> 1974.<br />
Construction de la cheminée des tranches 2 et 3.<br />
A gauche, station de pompage (juillet 1974).
Initialem<strong>en</strong>t, la tranche 2 devait être<br />
prête six à douze mois avant la tranche<br />
3. Mais lors des essais, un problème de<br />
rotor contrarie la mise <strong>en</strong> route : « nous<br />
v<strong>en</strong>ions de lancer la turbine, elle était<br />
montée à 3 000 tours et nous comm<strong>en</strong>cions<br />
à aimanter le rotor. La t<strong>en</strong>sion<br />
grimpait correctem<strong>en</strong>t, nous étions à<br />
20 000 volts quand tout d’un coup, une<br />
alarme s’est décl<strong>en</strong>chée sur le pupitre :<br />
‘‘Masse rotor’’ ! ». Cette alarme indiquait<br />
que la bobine électrique du rotor<br />
était ‘‘à la masse’’. Impossible quand on<br />
sait que tout est parfaitem<strong>en</strong>t isolé…<br />
Sur place, les ingénieurs et technici<strong>en</strong>s<br />
n’y croi<strong>en</strong>t pas, <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t toutes les<br />
solutions, y compris un problème de<br />
réglage des relais. Mais finalem<strong>en</strong>t,<br />
les électrici<strong>en</strong>s <strong>en</strong>lèv<strong>en</strong>t les balais graphites<br />
pour accéder au rotor, pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
leur magnéto et pos<strong>en</strong>t leur diagnostic :<br />
« Zéro, il est fichu ». <strong>Le</strong> rotor quasim<strong>en</strong>t<br />
neuf, qui n’avait jamais tourné que pour<br />
les essais, était défaillant. « Comme le<br />
rotor de la tranche 3 était arrivé mais pas<br />
installé, nous l’avons pris pour le mettre<br />
dans la tranche 2 ; il a fallu démonter le<br />
rotor défectueux, installer le nouveau, et<br />
refaire tous les essais… ».<br />
Tranche<br />
de vie<br />
Joël Geffroy, maire de la ville de Cordemais depuis 2003, conseiller<br />
municipal depuis 1989, cordemaisi<strong>en</strong> depuis 1973.<br />
La construction des tranches 2 et 3, c’était un peu la ‘‘ruée vers l’Ouest’’. C’était<br />
une période euphorique au cours de laquelle énormém<strong>en</strong>t de personnes sont<br />
arrivées sur Cordemais. Vous n’aviez pas un <strong>en</strong>droit ni une cour de ferme où il n’y<br />
avait pas de caravanes ! Tout comme dans les campings. Il a aussi fallu installer<br />
des préfabriqués dans les écoles. Il y avait du monde partout !<br />
Tout le commerce vivait très très bi<strong>en</strong>. Dans les fermes, on v<strong>en</strong>dait le lait, les œufs.<br />
Il y avait un bazar (qui existe toujours) qu’on appelait « <strong>Le</strong> p’tit Decré », <strong>en</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />
à la grande surface de Nantes. Il était t<strong>en</strong>u par Marguerite. Elle y v<strong>en</strong>dait de l’air<br />
liquide, des écrous, des boulons… Tout, on trouvait de tout !<br />
Marguerite était quelqu’un d’assez exceptionnel. Elle discutait avec tout le monde :<br />
p<strong>en</strong>dant ce temps là, chacun att<strong>en</strong>dait, patiemm<strong>en</strong>t. Marguerite racontait sa vie<br />
et écoutait la vôtre… Quand vous aviez besoin de quelque chose de particulier,<br />
elle montait dans son gr<strong>en</strong>ier <strong>en</strong> disant : « je crois que j’ai ça » et elle rev<strong>en</strong>ait<br />
effectivem<strong>en</strong>t avec ce dont vous aviez besoin. Pour le règlem<strong>en</strong>t, elle ouvrait une<br />
de ses deux grandes boîtes dans lesquelles se trouvai<strong>en</strong>t tous les carnets à souche<br />
des <strong>en</strong>treprises. Elle notait ce que vous aviez acheté : trois boulons, une bouteille<br />
de gaz, etc. et elle <strong>en</strong>voyait la facture à l’<strong>en</strong>treprise.<br />
Au fil du temps, des amitiés se sont créées <strong>en</strong>tre les nouveaux arrivants et les<br />
cordemaisi<strong>en</strong>s ‘‘de souche’’. Mais au début, ce n’était pas si évid<strong>en</strong>t. On peut<br />
même parler d’un choc culturel : Cordemais était un village rural ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
tourné vers l’agriculture. <strong>Le</strong>s premières tranches de la c<strong>en</strong>trale ont complètem<strong>en</strong>t<br />
modifié sa démographie.<br />
P<strong>en</strong>dant tout un mom<strong>en</strong>t, il y a eu un peu un clivage <strong>en</strong>tre les anci<strong>en</strong>s et les<br />
nouveaux, <strong>en</strong>tre les cordemaisi<strong>en</strong>s et les ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong>, qui arrivai<strong>en</strong>t avec leur vision<br />
des choses, leur niveau de salaire, et parfois leurs rev<strong>en</strong>dications. <strong>Le</strong> temps et<br />
la connaissance mutuelle ont <strong>en</strong>suite lissé tout cela. Aujourd’hui, la c<strong>en</strong>trale est<br />
parfaitem<strong>en</strong>t intégrée dans le paysage et dans la ville… A tel point que je suis<br />
souv<strong>en</strong>t obligé de rappeler que Cordemais, ce n’est pas que la c<strong>en</strong>trale…<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 23
D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />
24<br />
Ci-dessous et ci-contre, arrivée et déchargem<strong>en</strong>t du réservoir chaudière (juin 1974).<br />
C’est ainsi que les tranches 2 et 3 démarr<strong>en</strong>t à<br />
quelques semaines d’intervalle seulem<strong>en</strong>t,<br />
le 26 octobre 1976 pour la tranche 2 et le<br />
17 décembre pour la tranche 3. Elles atteindront leur<br />
pleine puissance le 24 avril et le 9 mai 1977.<br />
Ci-dessus, tranches 2 et 3 <strong>en</strong> construction (février 1975).<br />
1976<br />
2000 MW
La pleine puissance ne sera pas le<br />
rythme de croisière des tranches fioul.<br />
Pour <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre les raisons, il<br />
faut rev<strong>en</strong>ir à l’économie : <strong>en</strong> 1974,<br />
à la suite de la crise pétrolière, la<br />
facture énergétique de la France a été<br />
multipliée par quatre : le pays se tourne<br />
vers l’électricité nucléaire et annonce la<br />
construction de treize c<strong>en</strong>trales <strong>en</strong> deux<br />
ans. Dès 1977, la première tranche<br />
de Fess<strong>en</strong>heim (Alsace) est mise <strong>en</strong><br />
service, l’objectif étant qu’à terme,<br />
« l’électricité soit produite <strong>en</strong> base<br />
par le nucléaire, le charbon v<strong>en</strong>ant <strong>en</strong><br />
complém<strong>en</strong>t, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pour la<br />
saison hivernale, le fuel n’étant appelé<br />
qu’exceptionnellem<strong>en</strong>t, pour passer<br />
les pointes de forte consommation ».<br />
Mais dans l’Ouest, les projets de<br />
Plogoff, du Pellerin puis du Carnet<br />
ne se concrétiseront pas, r<strong>en</strong>forçant<br />
le rôle stratégique de la c<strong>en</strong>trale de<br />
Cordemais dans l’alim<strong>en</strong>tation de la<br />
Bretagne et des Pays de la Loire. « La<br />
situation géographique de nos régions,<br />
exc<strong>en</strong>trées, éloignées des c<strong>en</strong>tres de<br />
production, les fragilise sur le plan de<br />
leur approvisionnem<strong>en</strong>t électrique.<br />
Notre territoire est ainsi une zone de<br />
t<strong>en</strong>sion du point de vue énergétique .<br />
[...] La c<strong>en</strong>trale de Cordemais a <strong>en</strong>core<br />
de beaux jours devant elle » : c’est <strong>en</strong><br />
ces termes que s’exprimait Jean-Marc<br />
Ayrault, député de la circonscription,<br />
maire de Nantes, le 16 septembre<br />
2010 à l’occasion du quarantième<br />
anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.<br />
En att<strong>en</strong>dant la mise <strong>en</strong> service des<br />
c<strong>en</strong>trales du parc nucléaire, et pour faire<br />
face à l’augm<strong>en</strong>tation de la consommation,<br />
les tranches fioul ‘‘assur<strong>en</strong>t le relais’’,<br />
bi<strong>en</strong>tôt aidées par les tranches charbon.<br />
En effet, dans les années qui suiv<strong>en</strong>t,<br />
la c<strong>en</strong>trale de Cordemais ori<strong>en</strong>te ses<br />
équipem<strong>en</strong>ts d’exploitation vers la production<br />
charbon, et lance pour cela de<br />
nombreux chantiers :<br />
la mise <strong>en</strong> construction de deux<br />
tranches charbon (novembre 1979)<br />
et du parc à charbon (octobre 1980) ;<br />
le lancem<strong>en</strong>t de travaux de modification<br />
de la tranche 1 pour qu’elle<br />
puisse fonctionner elle aussi au<br />
charbon (avril 1981).<br />
pLOGOFF,<br />
LE pELLERIN,<br />
LE CARNET :<br />
« mEmE Combat ».<br />
Du milieu des années 1970 à 1997, la Loire‑Atlantique et<br />
le Finistère sont le terrain d’une mobilisation forte : pétitions,<br />
<strong>en</strong>quêtes publiques repliées dans des camionnettes<br />
baptisées "Mairie annexe", et protégées par des garnisons<br />
de CRS, registres d’<strong>en</strong>quête publique brûlés, démissions<br />
de conseils municipaux, fêtes anti‑nucléaires…<br />
<strong>Le</strong>s projets seront abandonnés les uns après les autres :<br />
plogoff <strong>en</strong> 1981 puis le pellerin <strong>en</strong> 1983 et <strong>en</strong>fin le Carnet<br />
<strong>en</strong> 1997. Mais les besoins <strong>en</strong> électricité demeur<strong>en</strong>t :<br />
la production de la c<strong>en</strong>trale thermique à flamme de<br />
Cordemais y répond <strong>en</strong> partie.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 25
D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />
26<br />
En haut, construction de la salle des machines de la tranche 4 (novembre 1980).<br />
Ci-dessus, construction de la station de pompage des tranches 4 et 5 (septembre 1981).<br />
Ci-dessus, construction des tranches 4 et 5 (1982).<br />
<strong>Le</strong> parc à charbon est « une grande<br />
ét<strong>en</strong>due à ciel ouvert, avec des milliers<br />
de tonnes de charbon acheminés<br />
jusqu’aux chaudières par un jeu d’aiguillages,<br />
de tapis et de roues pelles ».<br />
D’une capacité de 600 000 tonnes et<br />
d’une superficie de 7,168 hectares, il<br />
est un peu plus grand que neuf terrains<br />
de football ! <strong>Le</strong>s travaux comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t fin<br />
1979, sur la base de plans réalisés par<br />
les services Ingénierie d’<strong>EDF</strong>.<br />
En janvier 1982 ont lieu les premiers<br />
essais : « il y avait forcém<strong>en</strong>t un peu de<br />
décalage <strong>en</strong>tre le modèle théorique<br />
tel qu’il figurait sur le plan, et sa<br />
traduction dans les faits. Après les<br />
essais, nous avons donc procédé à<br />
des modifications et <strong>en</strong> novembre<br />
1982, nous étions prêts à accueillir<br />
le premier train de charbon ».
Fin de la construction du parc à charbon (juin 1982).<br />
« LE Charbon,<br />
IL faut LE sEntIr. »<br />
quel que soit le combustible, l’électricité est produite<br />
par la force de la vapeur, elle‑même produite par la<br />
combustion de fioul ou de charbon. pas de différ<strong>en</strong>ce<br />
fondam<strong>en</strong>tale à première vue, mais à première vue<br />
seulem<strong>en</strong>t.<br />
Dans les faits, le charbon nécessite quelques<br />
manipulations : avant d’être brûlé, il est broyé et réduit<br />
<strong>en</strong> farine, puis mélangé à de l’air (on parle de ‘‘charbon<br />
pulvérisé’’). Selon son origine, ses caractéristiques<br />
vari<strong>en</strong>t : il n’a pas le même pouvoir calorifique, est plus<br />
ou moins dur, produit davantage ou moins de résidus,<br />
etc. « Il faut t<strong>en</strong>ir compte de ces paramètres pour les<br />
opérations de broyage, de mélange et de chauffe.<br />
<strong>Le</strong>s gars du charbon ont l’habitude : par exemple, si le<br />
mélange est trop mouillé et qu’il se colle aux parois des<br />
broyeurs, ils <strong>en</strong> reconnaiss<strong>en</strong>t le bruit. »<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 27
D’UNE CONFIGURATION TOUT FUEL AU DEVELOppEMENT DU ChARbON | 1973 - 1985<br />
28<br />
<strong>Le</strong> charbon livré à la c<strong>en</strong>trale vi<strong>en</strong>t<br />
d’Amérique ou d’Afrique, via Montoir-<br />
de-Bretagne, à quelques kilomètres.<br />
Il est tout d’abord acheminé par rail<br />
à raison de 1 500 tonnes par train.<br />
Ensuite « comme la capacité des trains<br />
ne suffisait plus, un appontem<strong>en</strong>t<br />
charbonnier a été installé, mi-1984 ».<br />
Dès lors, le fleuve pr<strong>en</strong>d l’avantage sur<br />
le rail. Outre une capacité supérieure<br />
(5 000 tonnes pour une barge contre<br />
1 500 pour un train), ces conditions<br />
d’acheminem<strong>en</strong>t sont égalem<strong>en</strong>t plus<br />
faciles à gérer.<br />
Entre avril 1981 et novembre 1982,<br />
la tranche 1, tranche historique de<br />
la c<strong>en</strong>trale, est arrêtée pour être<br />
transformée <strong>en</strong> tranche charbon :<br />
« la combustion au charbon réclame<br />
des chambres de combustion bi<strong>en</strong><br />
plus importantes que la combustion<br />
au fioul ; mais techniquem<strong>en</strong>t, la<br />
tranche 1 pouvait supporter une telle<br />
modification. Il a donc été demandé à<br />
BabCok-Atlantique, le constructeur, de<br />
procéder à cette reconversion. Tous<br />
les brûleurs fioul ont été remplacés par<br />
des brûleurs charbon ; des broyeurs<br />
ont été ajoutés (pour pulvériser le<br />
charbon) ainsi que la partie contrôle<br />
commande qui allait avec ». L’<strong>en</strong>semble<br />
du site est impacté : les structures<br />
d’acheminem<strong>en</strong>t du charbon ainsi que<br />
le circuit de récupération des c<strong>en</strong>dres<br />
sont créés pour desservir la tranche 1.<br />
Roue pelle du parc à charbon (avril 1982).<br />
Locotracteur au parc à charbon (juillet 1982). L’approvisionnem<strong>en</strong>t par barge sera privilégié à partir de 1984.
1984<br />
3110 MW<br />
Beaucoup d’<strong>en</strong>treprises sont mobilisées<br />
; le chantier est colossal et<br />
réserve quelques surprises : « quand<br />
on a relancé au charbon, l’alternateur<br />
a explosé ! On <strong>en</strong> a repris pour<br />
six mois… ». Finalem<strong>en</strong>t, après un<br />
an et demi de travaux, « les hommes<br />
ont réalisé une véritable prouesse<br />
technique » et la tranche 1 est <strong>en</strong> ordre<br />
de marche.<br />
Après la mise <strong>en</strong> place du parc à<br />
charbon et la transformation de la<br />
tranche 1 <strong>en</strong> 1982, les tranches 4 et<br />
5 sont mises <strong>en</strong> service <strong>en</strong> novembre<br />
1983 et octobre 1984. Avec 3 110 MW<br />
de puissance installée, la c<strong>en</strong>trale<br />
thermique à fl amme de Cordemais<br />
est alors la plus importante de<br />
France ; elle représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong>viron 15%<br />
de la puissance du parc thermique<br />
classique EdF.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 29
UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />
30
Un<br />
1985<br />
Année charbon<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
1986<br />
12 janvier 1987<br />
Effondrem<strong>en</strong>t du réseau sur le grand Ouest<br />
Fermeture de la c<strong>en</strong>trale<br />
thermique de Cheviré<br />
Nous faisions ce qu’on<br />
appelle de la d<strong>en</strong>telle.<br />
Novembre 1990<br />
Vingtième anniversaire<br />
de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
1991<br />
Record de production (9,6 TWh)<br />
de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
<strong>en</strong><br />
semi-base pointe<br />
et<br />
1993<br />
Cap du milliard de kWh<br />
franchi par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 31
UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />
1985 :<br />
ANNEE ChARbON<br />
En raison du coût du combustible, les tranches charbon<br />
sont démarrées avant les tranches fi oul. 1985 est dite<br />
« l’année charbon », avec 1 600 000 tonnes de charbon<br />
consommées, deux fois plus que l’année précéd<strong>en</strong>te.<br />
Cela se traduit par une très nette réduction de l’utilisation<br />
des tranches 2 et 3.<br />
32<br />
En 1985, le nucléaire et l’hydraulique<br />
‘‘au fi l de l’eau’’ représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t déjà<br />
81% de l’électricité produite et<br />
fonctionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce : c’est la<br />
base. <strong>Le</strong> thermique est positionné sur<br />
les besoins de semi-base et pointe ; il<br />
fonctionne lorsque la demande des<br />
cli<strong>en</strong>ts est supérieure à la production<br />
de base.<br />
Cette évolution se traduit dans les<br />
programmes de production : les tranches<br />
sont désormais appelées, arrêtées,<br />
redémarrées <strong>en</strong> fonction de la demande :<br />
« nous faisions ce qu’on appelle de la<br />
d<strong>en</strong>telle ; c’était une nouvelle façon de<br />
travailler, plus exigeante pour le matériel<br />
qui, à la base, n’était pas prévu pour ça ».<br />
Elle se traduit égalem<strong>en</strong>t dans le mode<br />
de fonctionnem<strong>en</strong>t des ag<strong>en</strong>ts du<br />
thermique : « notre raison d’être, c’est<br />
d’être disponibles et réactifs quand on<br />
nous appelle. Si les tranches tourn<strong>en</strong>t,<br />
c’est qu’on a besoin de nous pour que<br />
des g<strong>en</strong>s ne soi<strong>en</strong>t pas dans le noir. Il<br />
faut donc que nous soyons prêts le jour<br />
et le mom<strong>en</strong>t où on nous appellera. A<br />
certaines périodes de l’année, c’est<br />
une t<strong>en</strong>sion perman<strong>en</strong>te : nous devons<br />
être capables de nous mobiliser très<br />
vite pour faire face à n’importe quel<br />
coup dur pour que la production soit<br />
assurée. »<br />
Mais cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t et ce fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> « mode pompier » ou<br />
« mode héroïque » n’empêch<strong>en</strong>t pas les<br />
hommes de se poser des questions,<br />
car les trois années qui suiv<strong>en</strong>t ‘‘l’année<br />
charbon’’, la production globale de<br />
Cordemais ne cesse de diminuer.<br />
La part relative de la production fi oul<br />
décline elle aussi : pour les équipes<br />
fi oul, les interrogations quant à l’av<strong>en</strong>ir<br />
sont <strong>en</strong>core plus fortes.<br />
PRODUCTION NETTE DE CORDEMAIS<br />
ET PART DU FIOUL DANS CETTE PRODUCTION<br />
Production nette<br />
annuelle <strong>en</strong> GWh<br />
10 000<br />
7 500<br />
5 000<br />
2 500<br />
0<br />
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991<br />
Production nette Part du oul<br />
Après l’année charbon, tandis que la production d’énergie nucléaire<br />
augm<strong>en</strong>te de 50%, la production globale de Cordemais diminue.<br />
La courbe repartira à la hausse <strong>en</strong> 1989 jusqu’<strong>en</strong> 1991, <strong>en</strong> raison d’une<br />
« politique volontariste à l’exportation et d’une croissance importante<br />
de la consommation d’électricité ».
C’est dans ce contexte qu’<strong>en</strong> 1986, la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais comme d’autres<br />
c<strong>en</strong>trales du parc <strong>EDF</strong>, intègre de<br />
nouveaux ag<strong>en</strong>ts. Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’horizons<br />
différ<strong>en</strong>ts mais tous ont un point<br />
commun : le fait d’avoir vécu le déclin<br />
voire la fermeture de leur outil de travail.<br />
Au plan national, tout d’abord : certaines<br />
industries comme les Charbonnages de<br />
France, sont <strong>en</strong> difficulté. <strong>Le</strong>s établissem<strong>en</strong>ts<br />
d’extraction ferm<strong>en</strong>t les uns après<br />
les autres : afin de favoriser la mobilité du<br />
personnel, différ<strong>en</strong>tes mesures sont proposées<br />
dont des reconversions à <strong>EDF</strong>.<br />
Au même mom<strong>en</strong>t (1982 et années<br />
suivantes), au sein de l’<strong>en</strong>treprise, le palier<br />
des tranches 125 MW (fioul et charbon)<br />
est progressivem<strong>en</strong>t mis à l’arrêt. Dans<br />
la région nantaise, le site de Cheviré est<br />
concerné : les derniers ag<strong>en</strong>ts le quitteront<br />
<strong>en</strong>tre 1985 et 1986. Globalem<strong>en</strong>t, un<br />
tiers des ag<strong>en</strong>ts de Cheviré rejoindra la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais.<br />
Au plan régional, c’est aussi à ce mom<strong>en</strong>t<br />
là que se tourne une page de l’histoire<br />
de la construction navale nantaise,<br />
avec <strong>en</strong> 1987 le départ du Bougainville,<br />
dernier bateau construit par les chantiers<br />
Dubigeon.<br />
On imagine aisém<strong>en</strong>t l’état d’esprit<br />
de ces nouveaux ag<strong>en</strong>ts, empreint de<br />
regret et de nostalgie, au moins dans un<br />
premier temps. « <strong>Le</strong>ur arrivée à la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cordemais ne relevait pas d’un choix.<br />
Bi<strong>en</strong> souv<strong>en</strong>t, ils sortai<strong>en</strong>t d’une période<br />
où l’activité sur leur site d’origine était<br />
ral<strong>en</strong>tie. Nous, nous étions sur notre<br />
production, avec un outil plus moderne.<br />
Cela n’a pas toujours été facile ».<br />
C’est donc dans une certaine inquiétude<br />
liée à l’activité même, et avec un collectif<br />
différ<strong>en</strong>t, que la vie de la c<strong>en</strong>trale se<br />
poursuit avec ses traditions et mom<strong>en</strong>ts<br />
de fête, mais aussi ses coups durs.<br />
C<strong>en</strong>trale thermique de Cheviré (1965).<br />
LA VIEILLE CENTRALE<br />
poème rédigé <strong>en</strong> 1985 par un anci<strong>en</strong> chef de bloc de la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cheviré, h<strong>en</strong>ri Guillet<br />
« arrachés un à un à la vieille c<strong>en</strong>trale<br />
Qui pour eux, du progrès, était la cathédrale.<br />
Ils s’<strong>en</strong> vont à regret vers d’autres horizons<br />
tirés par l’av<strong>en</strong>ir, poussés par la raison.<br />
Car de notre maison, les plus hautes instances<br />
ont mis, de Cheviré, un terme à l’exist<strong>en</strong>ce<br />
En alléguant, pour mieux justifier l’abandon,<br />
sa vétusté, son coût, le succès des neutrons… »<br />
Une c<strong>en</strong>trale et ses hommes, histoire de Cheviré.<br />
Editions ACL<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 33
UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />
34<br />
<strong>Le</strong> 12 janvier 1987 par exemple…<br />
Depuis quelques jours, une<br />
vague de froid s’est abattue sur<br />
la France ; il est 11h00 ce lundi matin<br />
et soudain, dix-neuf départem<strong>en</strong>ts de<br />
l’Ouest se retrouv<strong>en</strong>t sans courant. Dans<br />
le jargon des électrici<strong>en</strong>s, c’est ce qu’on<br />
appelle un black out. Pour certains, cela<br />
durera jusqu’à 20h00. Raymond Calle,<br />
alors chef de la c<strong>en</strong>trale, s’exprimait <strong>en</strong><br />
ces termes : « <strong>en</strong> trois quarts d’heure,<br />
de 10h30 à 11h15, nous avons cumulé<br />
tous les pépins. <strong>Le</strong> froid, et surtout<br />
le v<strong>en</strong>t glacial, nous ont fusillés. Mais<br />
la vraie poisse, c’est que sur les cinq<br />
tranches, deux ont ‘‘décl<strong>en</strong>ché’’ à<br />
cause du froid, et les trois autres pour<br />
des raisons techniques, totalem<strong>en</strong>t<br />
indép<strong>en</strong>dantes ».<br />
En effet, la tranche 5 avait décl<strong>en</strong>ché 3<br />
la veille <strong>en</strong> raison du gel d’une bouche<br />
d’alim<strong>en</strong>tation <strong>en</strong> eau ; puis ce fut le tour<br />
de la tranche 2, toujours à cause du gel,<br />
celui d’un capteur. Pourtant, les ag<strong>en</strong>ts<br />
n’économis<strong>en</strong>t pas leur peine : « on y a<br />
passé des jours et des nuits avec des<br />
chalumeaux, des moy<strong>en</strong>s de production<br />
de chaleur, pour essayer de réchauffer<br />
les niveaux. Mais à l’époque, les<br />
installations n’étai<strong>en</strong>t pas calorifugées à<br />
l’extérieur : les circuits gelai<strong>en</strong>t ».<br />
Ensuite, des <strong>en</strong>nuis techniques sans<br />
li<strong>en</strong> avec le froid provoqu<strong>en</strong>t l’arrêt des<br />
tranches 1 et 3 : explosion du coupleur<br />
3 On dit d’une tranche qu’elle décl<strong>en</strong>che lorsqu’elle se découple du réseau.<br />
de la tranche 1 et inc<strong>en</strong>die sur la tranche<br />
3, provoqué par une fuite de fuel sur<br />
des tuyauteries. Devant les sollicitations<br />
excessives, la tranche 4 finit elle aussi<br />
par décl<strong>en</strong>cher : la protection de l’alternateur<br />
a fonctionné.<br />
Dès lors, les choses vont très vite : pour<br />
satisfaire la demande d’électricité (<strong>en</strong><br />
période de grand froid…), il manque<br />
désormais les 3 110 MW de Cordemais.<br />
Sur le réseau de distribution, la fréqu<strong>en</strong>ce<br />
passe de 50 à 49 hertz : un<br />
hertz de différ<strong>en</strong>ce qui nécessite une<br />
coupure d’électricité pour 20% du pays,<br />
le seul moy<strong>en</strong> pour <strong>EDF</strong> de mettre <strong>en</strong><br />
sécurité le reste du réseau. « <strong>Le</strong> délestage<br />
<strong>EDF</strong> de lundi : c’était l’Ouest où la<br />
panne générale », titrait Ouest France<br />
deux jours plus tard.<br />
Lorsque ces incid<strong>en</strong>ts survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, un<br />
mouvem<strong>en</strong>t de grève est <strong>en</strong> cours :<br />
« mais à l’Exploitation, nous étions<br />
grévistes sans l’être : s’il y avait un<br />
incid<strong>en</strong>t, on y allait. <strong>Le</strong> 12 janvier 1987,<br />
nous étions tous dans la salle de<br />
commande de la tranche 1 quand les<br />
incid<strong>en</strong>ts ont comm<strong>en</strong>cé : nous avons<br />
pu réagir tout de suite ».<br />
Dans les mois qui suivront, un véritable<br />
plan d’actions correctives sera déployé,<br />
pour un montant global de 30 millions<br />
de francs.<br />
1985 : UN HIVER DEJA RIGOUREUX<br />
Station de pompage de la tranche 1.<br />
A l’arrière-plan, bac fioul.
Equipem<strong>en</strong>ts pris dans la glace.<br />
Une panne d’une telle ampleur ne s’est<br />
jamais reproduite mais aujourd’hui<br />
<strong>en</strong>core, lorsque les grands froids arriv<strong>en</strong>t,<br />
la vigilance est perman<strong>en</strong>te : chacun sait<br />
qu’il doit réagir vite.<br />
Dans l’Ouest, <strong>en</strong> amont des périodes<br />
hivernales, un plan de coordination<br />
est mis <strong>en</strong> place par les autorités<br />
préfectorales. Avant l’hiver et ses pics<br />
de consommation, le Préfet de la zone<br />
de déf<strong>en</strong>se réunit les représ<strong>en</strong>tants des<br />
producteurs d’électricité, du transport<br />
et de Météo France. Chacun explique<br />
son organisation interne, ses schémas<br />
d’alerte et procédures d’urg<strong>en</strong>ce. Si la<br />
situation le nécessite, c’est égalem<strong>en</strong>t le<br />
Préfet qui pilote l’action, <strong>en</strong> s’appuyant<br />
sur les responsables de chaque site.<br />
ZONE DE DEFENSE<br />
Il existe sept zones de déf<strong>en</strong>se. A leur tête se trouv<strong>en</strong>t<br />
les préfets de zone (égalem<strong>en</strong>t préfets de la région et<br />
du départem<strong>en</strong>t chef‑lieu de la zone). <strong>Le</strong>s zones de<br />
déf<strong>en</strong>se ont notamm<strong>en</strong>t pour mission l’élaboration des<br />
mesures non militaires de déf<strong>en</strong>se et la coopération<br />
avec l’autorité militaire, ainsi que la coordination des<br />
moy<strong>en</strong>s de sécurité civile.<br />
BRETAGNE<br />
CORDEMAIS<br />
BASSE<br />
NORMANDIE<br />
PAYS DE LA<br />
LOIRE<br />
Hte<br />
NOR-<br />
MANDIE<br />
CENTRE<br />
La c<strong>en</strong>trale de Cordemais est établie sur la<br />
zone de déf<strong>en</strong>se Ouest, qui compr<strong>en</strong>d les vingt<br />
départem<strong>en</strong>ts des régions Bretagne, Pays de la Loire,<br />
C<strong>en</strong>tre, Haute-Normandie et Basse-Normandie.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 35
UN FONCTIONNEMENT EN SEMI‑bASE ET pOINTE | 1985 - 1993<br />
UNE TRADITION qUI A<br />
MARqUE LA MEMOIRE<br />
COLLECTIVE :<br />
LA SAINT ELOI<br />
Dans les c<strong>en</strong>trales, le travail du métal est omniprés<strong>en</strong>t.<br />
C’est la raison pour laquelle les ag<strong>en</strong>ts ont longtemps<br />
fêté Saint Eloi, patron des chaudronniers, forgerons,<br />
serruriers, armuriers, orfèvres, maréchaux‑ferrants… qui<br />
tous travaill<strong>en</strong>t le métal.<br />
A la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, la Saint Eloi n’est plus<br />
célébrée comme par le passé. <strong>Le</strong>s fêtes organisées<br />
ont néanmoins laissé dans la mémoire collective de vifs<br />
souv<strong>en</strong>irs et beaucoup de nostalgie... « nous allions<br />
ouvrir les coquilles saint-Jacques le matin pour le soir.<br />
au début, tout le monde v<strong>en</strong>ait faire la fête, c’était<br />
comme une grande famille. Et puis petit à petit, le site<br />
s’est agrandi et il est dev<strong>en</strong>u plus difficile de retrouver<br />
cet état d’esprit ».<br />
D’après sa Vita rédigée par Saint Ou<strong>en</strong>, Saint Eloi serait<br />
né vers 588 à Chaptelat, près de Limoges. Au service<br />
de bobbon, orfèvre du roi, il se voit confier la réalisation<br />
d’un trône d’or orné de pierres précieuses pour le roi<br />
Clotaire II, père de Dagobert.<br />
« Eloi se hâta de comm<strong>en</strong>cer l’ouvrage, y travailla avec<br />
ardeur et le termina <strong>en</strong> peu de temps. mais il arriva que l’or<br />
qu’on lui avait confié pour un seul ouvrage servit à <strong>en</strong> faire<br />
deux. […] Clotaire fit paraître une grande admiration et<br />
demanda au jeune orfèvre comm<strong>en</strong>t il avait pu accomplir<br />
ces deux ouvrages avec la matière destinée à un seul. Et<br />
comme Eloi laissait percer beaucoup d’esprit dans ses<br />
réponses, le prince lui dit que désormais on pourrait avoir<br />
confiance <strong>en</strong> lui pour de grandes choses… ». La Saint<br />
Eloi est inscrite au cal<strong>en</strong>drier le 1 er décembre.<br />
36<br />
En 1989, 90 et 91, <strong>en</strong> raison<br />
d’une politique volontariste à<br />
l’exportation et d’une croissance<br />
importante de la consommation<br />
d’électricité, la courbe de production de<br />
la c<strong>en</strong>trale est à nouveau à la hausse,<br />
<strong>en</strong> grande partie tirée par le charbon<br />
(cf. schéma page 32). C’est dans ce<br />
contexte, plus favorable, que la c<strong>en</strong>trale<br />
fête ses 20 ans, <strong>en</strong> novembre 1990.<br />
Pour l’occasion, et pour la première<br />
fois, ses portes s’ouvr<strong>en</strong>t. Expositions<br />
photos, réalisation de vidéos et<br />
diaporamas, visites comm<strong>en</strong>tées du site,<br />
démonstrations d’utilisation de matériel :<br />
tous les services sans exception se<br />
sont organisés pour prés<strong>en</strong>ter leur<br />
savoir-faire : « chacun avait sorti son<br />
matériel et préparé des panneaux<br />
explicatifs. On avait même réquisitionné<br />
la locomotive utilisée normalem<strong>en</strong>t pour<br />
tracter les wagons d’huile, pour mettre<br />
<strong>en</strong> place un circuit <strong>en</strong> train autour du<br />
parc à charbon ».<br />
3 000 visiteurs étai<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dus, ils<br />
seront finalem<strong>en</strong>t 11 000, famille et amis<br />
d’ag<strong>en</strong>ts ou voisins de la c<strong>en</strong>trale. « Un<br />
trait d’union <strong>en</strong>tre le monde industriel<br />
et celui de la vie quotidi<strong>en</strong>ne des g<strong>en</strong>s<br />
al<strong>en</strong>tours » : c’est ainsi que s’exprimait<br />
alors Christian Uselle, directeur de la<br />
c<strong>en</strong>trale, pour parler de cette journée<br />
qui a indéniablem<strong>en</strong>t marqué la mémoire<br />
collective.<br />
Aux portes de la c<strong>en</strong>trale, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant la visite.
Stand du métier Chaudronnerie. Galets broyeurs des tranches 4 et 5.<br />
CoRdEMAis, vingt AnnEEs, C’Est…<br />
Extrait d’un poème rédigé pour l’occasion par R<strong>en</strong>é<br />
Fontaine (ingénieur exploitation)<br />
« Cordemais, vingt années, c’est…<br />
Un trois mâts situé sur l’estuaire<br />
Modelé au fil des ans par l’équipage<br />
Pour le meilleur et pour le pire.<br />
Une équipe de 600 durs à souder<br />
Mais, qui, dans des circonstances difficiles<br />
Sait ce que Cordemais veut dire.<br />
Plus de la moitié d’une vie professionnelle<br />
Huit directeurs<br />
Une fierté lorsque tout marche<br />
Des mom<strong>en</strong>ts difficiles<br />
De la colère<br />
Mais aussi<br />
De la joie. »<br />
Malgré tout, les inquiétudes demeur<strong>en</strong>t,<br />
comme le traduit cet extrait d’un article<br />
de Presse Océan paru le 22 novembre<br />
1990, quelques jours avant l’événem<strong>en</strong>t :<br />
« Vingt ans déjà, et dans vingt ans ?<br />
Techniquem<strong>en</strong>t, la longévité d’une<br />
c<strong>en</strong>trale de ce type oscille <strong>en</strong>tre tr<strong>en</strong>te<br />
et cinquante années. Techniquem<strong>en</strong>t<br />
mais théoriquem<strong>en</strong>t, car joue ici l’usure<br />
<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par les arrêts et redémarrages<br />
des unités de production […]. Comm<strong>en</strong>t<br />
se fera l’approvisionnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charbon<br />
dans les années à v<strong>en</strong>ir, à quel prix<br />
sera le fioul ? <strong>Le</strong>s inconnues sont de<br />
plusieurs ordres, à comm<strong>en</strong>cer sans<br />
doute par celle du Carnet : le nucléaire<br />
est appelé à remplacer rive sud le<br />
classique. L’échéance n’est pas connue.<br />
Mais Cordemais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />
sa flamme le temps qu’il faudra pour<br />
passer le relais ».<br />
L’av<strong>en</strong>ir fera m<strong>en</strong>tir ces propos mais <strong>en</strong><br />
1993, avec 2 000 gWh et un effectif<br />
de 616 ag<strong>en</strong>ts, la production<br />
tombe <strong>en</strong>-deçà du niveau de celle<br />
de 1983. <strong>Le</strong>s bonnes performances<br />
du parc nucléaire et une stagnation<br />
relative de la consommation électrique<br />
expliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> partie ce fléchissem<strong>en</strong>t…<br />
Heureusem<strong>en</strong>t, la même année,<br />
le site de Cordemais retrouvera le<br />
second souffle qu’il att<strong>en</strong>dait.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 37
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
2007<br />
38
Des<br />
1996<br />
Vote de la loi sur l’air et l’utilisation<br />
rationnelle de l’énergie et publication<br />
de la première norme ISO 14000<br />
investissem<strong>en</strong>ts au<br />
service de<br />
la sécurité, lasanté,<br />
l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
<strong>Le</strong> site retrouvait les activités de construction qui<br />
avai<strong>en</strong>t marqué son histoire p<strong>en</strong>dant près de 20 ans.<br />
1997<br />
Arrêt de la tranche 1<br />
et mise sous cocon<br />
de la tranche 3<br />
1997<br />
1999<br />
Première ouverture<br />
du marché français<br />
de l’électricité<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
de la désulfuration<br />
(tranches 4 et 5)<br />
2002<br />
Certification ISO 14001<br />
9 août 2004<br />
Transformation du statut<br />
d’<strong>EDF</strong> (de l’EPIC,<br />
Etablissem<strong>en</strong>t public<br />
à caractère industriel<br />
et commercial, à la SA,<br />
Société anonyme)<br />
2006<br />
Certification OHSAS 18001<br />
15 octobre 2007<br />
Remise <strong>en</strong> service<br />
de la tranche 3<br />
2008<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
de la dénitrification<br />
(tranches 4 et 5)<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 39
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
40<br />
<strong>Le</strong> programme d’investissem<strong>en</strong>ts<br />
annoncé <strong>en</strong> 1993 se traduit <strong>en</strong><br />
1995 par la construction de la<br />
désulfuration des tranches charbon. Ce<br />
premier chantier marque un tournant pour<br />
la c<strong>en</strong>trale de Cordemais avec l’installation<br />
« non plus de tranches supplém<strong>en</strong>taires,<br />
mais de moy<strong>en</strong>s de dépollution pour<br />
améliorer le fonctionnem<strong>en</strong>t de celles qui<br />
exist<strong>en</strong>t ».<br />
En janvier 1995, lorsque les travaux<br />
comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t, Olivier <strong>Le</strong>cointe, alors<br />
directeur de la c<strong>en</strong>trale, s’exprime <strong>en</strong><br />
ces termes : « l’unité de désulfuration<br />
permettra de diviser par dix les rejets<br />
des deux tranches les plus sollicitées de<br />
Cordemais. C’est une première nationale<br />
par la taille de l’installation (liée au volume<br />
de fumées traitées) qui fera du c<strong>en</strong>tre de<br />
production thermique de Cordemais un<br />
site de référ<strong>en</strong>ce, point d’appui pour le<br />
développem<strong>en</strong>t international d’<strong>EDF</strong> dans<br />
ce domaine ».<br />
« La désulfuration, une usine dans l’usine ! »<br />
Après avoir été dépoussiérées, les fumées pass<strong>en</strong>t dans<br />
une tour de lavage (l’absorbeur). <strong>Le</strong>s dioxydes de soufre<br />
y r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t de l’eau calcaire. <strong>Le</strong> calcaire associé<br />
au soufre se transforme alors <strong>en</strong> gypse. De cette façon,<br />
90% des dioxydes de soufre sont ret<strong>en</strong>us : la fumée peut<br />
être évacuée par la cheminée. Ci-contre, construction<br />
de l’installation de désulfuration.
RESEAU DE SURVEILLANCE<br />
DE LA QUALITE DE L’AIR DES<br />
PAYS DE LA LOIRE EN 2009<br />
Saint-Nazaire<br />
Yeu<br />
LOIRE<br />
ATLANTIQUE<br />
Nantes<br />
La Roche-sur-Yon<br />
VENDEE<br />
MAYENNE<br />
MAINE-ET-LOIRE<br />
Cholet<br />
Laval<br />
Angers<br />
la Tardière<br />
St-D<strong>en</strong>is d'Anjou<br />
SARTHE<br />
<strong>Le</strong> Mans<br />
0 25 50<br />
Kilomètres<br />
TYPOLOGIE DES SITES<br />
urbaine<br />
trac<br />
rurale régionale<br />
rurale nationale<br />
périurbaine<br />
météorologie<br />
industrielle<br />
Fonctionnant 24 heures sur 24, le dispositif de surveillance d’Air Pays de la Loire est constitué de tr<strong>en</strong>te-deux<br />
sites de mesure : principales agglomérations, zones industrielles et zones rurales. S’y ajout<strong>en</strong>t des moy<strong>en</strong>s<br />
mobiles et des systèmes de modélisation pour les secteurs non couverts par le réseau perman<strong>en</strong>t.<br />
En effet, dans les années 90, les<br />
exig<strong>en</strong>ces de l’Etat <strong>en</strong> matière<br />
d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t avec<br />
notamm<strong>en</strong>t la loi sur l’air et l’utilisation<br />
rationnelle de l’énergie (loi Laure) votée le<br />
30 décembre 1996. Ce texte reconnaît<br />
à chacun « le droit de respirer un air qui<br />
ne nuise pas à sa santé et d’être informé<br />
de la qualité de l’air qu’il respire ». Il<br />
impose une surveillance de la qualité<br />
de l’air depuis le 1 er janvier 1998 pour<br />
les agglomérations de plus de 100 000<br />
habitants, depuis le 1 er janvier 2000<br />
pour l’<strong>en</strong>semble du territoire.<br />
En 1996 est égalem<strong>en</strong>t publiée la première<br />
série de normes ISO 14000. La<br />
norme ISO 14001, qui concerne le<br />
managem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal, est la<br />
plus utilisée. Elle repose sur le principe<br />
d’amélioration continue et concerne<br />
<strong>en</strong> premier lieu ce qui est mis <strong>en</strong> place<br />
pour réduire les effets dommageables<br />
des activités sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
C’est dans ce contexte que s’inscrit<br />
le programme d’investissem<strong>en</strong>ts du<br />
groupe <strong>EDF</strong>. L’objectif est d’anticiper<br />
les contraintes réglem<strong>en</strong>taires pour<br />
m<strong>en</strong>er les changem<strong>en</strong>ts techniques<br />
dans de bonnes conditions, plutôt que<br />
de les subir.<br />
Mais pour l’heure, fin 1995, la c<strong>en</strong>trale<br />
et la France toute <strong>en</strong>tière, vont traverser<br />
un mom<strong>en</strong>t de t<strong>en</strong>sion sociale forte…<br />
LA pREOCCUpATION<br />
ENVIRONNEMENTALE :<br />
AVANT LES ANNEES 90<br />
L’augm<strong>en</strong>tation des contraintes réglem<strong>en</strong>taires a indé‑<br />
niablem<strong>en</strong>t incité les industriels à r<strong>en</strong>forcer leur prise <strong>en</strong><br />
compte de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. pour autant, à la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cordemais, cette préoccupation était déjà prés<strong>en</strong>te<br />
et intégrée aux outils dès que la technique le permettait.<br />
par exemple, <strong>en</strong> 1975, une dizaine de capteurs mesurant<br />
la qualité de l’air était déjà installée dans un périmètre de<br />
quinze kilomètres autour de la c<strong>en</strong>trale : « ces capteurs<br />
constituai<strong>en</strong>t un réseau de contrôle. a l’époque, chaque<br />
industriel avait son propre réseau jusqu’à la création de<br />
Loirestu’air <strong>en</strong> 1980 (aujourd’hui air Pays de la Loire).<br />
a ce mom<strong>en</strong>t là, tous les capteurs ont été repris pour<br />
constituer le réseau de Loirestu’air ».<br />
En 1984, quand les tranches 4 et 5 ont été mises <strong>en</strong><br />
service, elles ont été équipées de dépoussiéreurs. Dès<br />
1992, avec l’équipem<strong>en</strong>t des cheminées des tranches<br />
4 et 5, toutes étai<strong>en</strong>t désormais dotées d’appareils de<br />
mesure, <strong>en</strong> continu, des émissions d’oxydes d’azote et de<br />
soufre. La même année, les analyseurs de poussières ont<br />
tous été rénovés ou remplacés.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 41
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
42<br />
gaines fumées de la désulfuration.
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 43
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
UNE CULTURE<br />
SyNDICALE FORTE<br />
La c<strong>en</strong>trale de Cordemais a toujours eu la réputation<br />
d’être syndicalem<strong>en</strong>t très active. « <strong>Le</strong> premier blocage<br />
du site a eu lieu dans les années 70, <strong>en</strong> souti<strong>en</strong> à des<br />
salariés de babcok-atlantique, le constructeur de la<br />
chaudière ».<br />
44<br />
15<br />
novembre 1995 : Alain Juppé,<br />
alors premier ministre sous<br />
la présid<strong>en</strong>ce de Jacques<br />
Chirac, vi<strong>en</strong>t d’annoncer un plan de<br />
réforme de la Sécurité sociale. Celui-ci<br />
concerne notamm<strong>en</strong>t la retraite des<br />
régimes spéciaux (allongem<strong>en</strong>t de la<br />
durée de cotisations de 37,5 à 40 ans)<br />
et les modalités de gestion de la Sécurité<br />
sociale.<br />
Dans les jours qui suiv<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>ce un<br />
mouvem<strong>en</strong>t social de grande ampleur,<br />
dont le paroxysme sera atteint le 12<br />
décembre, lors d’une manifestation qui<br />
réunira deux millions de personnes. <strong>Le</strong><br />
15 décembre, le gouvernem<strong>en</strong>t retire<br />
sa réforme sur les retraites et mainti<strong>en</strong>t<br />
ses ori<strong>en</strong>tations sur la Sécurité sociale,<br />
dont le budget sera dorénavant voté<br />
au Parlem<strong>en</strong>t (fin de la gestion paritaire<br />
syndicats-patronat).<br />
Au plan national, la mobilisation décroît<br />
mais à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, le<br />
mouvem<strong>en</strong>t se durcit. Des préoccupations<br />
locales se sont greffées sur les préoccupations<br />
nationales : à la retraite et à<br />
la Sécurité sociale s’ajoute l’externalisation<br />
de la prestation de gardi<strong>en</strong>nage.<br />
L’accès au site est restreint ; les relations<br />
sont plus que t<strong>en</strong>dues. Seuls les<br />
grévistes sont autorisés à pénétrer dans<br />
l’<strong>en</strong>ceinte de la c<strong>en</strong>trale. L’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t<br />
s’organise malgré tout pour assurer une<br />
prés<strong>en</strong>ce sur site <strong>en</strong> continu, nuit et<br />
jour. <strong>Le</strong>s tranches tourn<strong>en</strong>t au minimum<br />
de leur puissance ; les ag<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> grève<br />
effectu<strong>en</strong>t la surveillance technique.<br />
Dans les équipes, il y a les grévistes<br />
et les non-grévistes : « après, quand<br />
on s’est retrouvé dans l’atelier ou au<br />
vestiaire, c’était un peu t<strong>en</strong>du ». Ce<br />
conflit, particulièrem<strong>en</strong>t dur, laissera<br />
longtemps des traces : « dans un conflit<br />
de ce type, tout le monde souffre ; que<br />
l’on soit gréviste ou pas, que l’on soit du<br />
côté des syndicats ou de la direction,<br />
ça laisse des traces ».<br />
<strong>Le</strong> conflit s’achèvera courant janvier 1996.<br />
Au plan local, le service de gardi<strong>en</strong>nage<br />
sera progressivem<strong>en</strong>t externalisé, au<br />
fur et à mesure du r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>t des<br />
effectifs.<br />
Après ce conflit, le plus dur dans l’histoire<br />
de la c<strong>en</strong>trale, la production et le<br />
programme de construction repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
leur cours avec l’unité de désulfuration<br />
des tranches charbon et les équipem<strong>en</strong>ts<br />
qui lui sont liés, mais aussi l’unité<br />
de traitem<strong>en</strong>t des eaux c<strong>en</strong>dreuses<br />
et le bâtim<strong>en</strong>t d’accueil. Ces actions<br />
s’ajout<strong>en</strong>t à celles déjà <strong>en</strong>gagées pour<br />
limiter l’impact sur l’air : rénovation des<br />
En 1998, la construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil et<br />
la mise <strong>en</strong> place du système de badges marqu<strong>en</strong>t<br />
l’<strong>en</strong>trée de la c<strong>en</strong>trale dans une démarche<br />
de sécurisation du site et des hommes. Ici, passerelle<br />
<strong>en</strong>tre le bâtim<strong>en</strong>t d’accueil et les unités de production.
installations existantes, remplacem<strong>en</strong>t<br />
du fuel lourd haute t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> soufre par<br />
un fioul très basse t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> soufre,<br />
surveillance continue automatisée des<br />
fumées (t<strong>en</strong>eurs <strong>en</strong> soufre, oxydes<br />
d’azote et c<strong>en</strong>dres volantes)...<br />
Moins directem<strong>en</strong>t lié à la production, un<br />
autre investissem<strong>en</strong>t impactera néanmoins<br />
le quotidi<strong>en</strong> des ag<strong>en</strong>ts : il s’agit<br />
de la construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil.<br />
Elle sera suivie peu après par la mise <strong>en</strong><br />
place d’un système de badges, d’abord<br />
pour les prestataires puis pour les<br />
ag<strong>en</strong>ts : « avant, il y avait bi<strong>en</strong> un système<br />
de gardi<strong>en</strong>nage mais les règles étai<strong>en</strong>t<br />
moins draconi<strong>en</strong>nes. J’ai même vu des<br />
ouvriers qui v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t chercher du travail<br />
directem<strong>en</strong>t sur les chantiers, un peu<br />
comme le faisai<strong>en</strong>t les ouvriers agricoles<br />
sur la place des villages. Alors quand<br />
nous avons fermé le site et contrôlé les<br />
accès, c’était vraim<strong>en</strong>t un changem<strong>en</strong>t<br />
de culture. Nous avons comm<strong>en</strong>cé par<br />
les prestataires, puis est v<strong>en</strong>u le tour des<br />
ag<strong>en</strong>ts. Aujourd’hui, c’est complètem<strong>en</strong>t<br />
r<strong>en</strong>tré dans les mœurs et il est naturel de<br />
‘‘badger’’ ».<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 45
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
46<br />
parallèlem<strong>en</strong>t à cette ‘‘vie de<br />
chantier’’, les tranches 2 et 3<br />
vont progressivem<strong>en</strong>t moins<br />
tourner et la tranche 1 sera arrêtée. Sur<br />
les tranches fioul, les effectifs sont peu<br />
à peu réduits : « à partir de 1995, 96,<br />
97, on a comm<strong>en</strong>cé à nous demander<br />
de réfléchir à ce qu’on voulait faire.<br />
<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts des services maint<strong>en</strong>ance<br />
étai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t concernés. Ces<br />
mom<strong>en</strong>ts là n’étai<strong>en</strong>t pas faciles à vivre :<br />
contrairem<strong>en</strong>t à maint<strong>en</strong>ant, on n’avait<br />
pas de visibilité sur les investissem<strong>en</strong>ts<br />
qui pouvai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir après et qui<br />
concernerai<strong>en</strong>t le fioul ».<br />
L’une des solutions était de passer<br />
sur les tranches charbon. C’est ce<br />
que la plupart ont fait : « ce n’était pas<br />
évid<strong>en</strong>t… D’accord, une c<strong>en</strong>trale<br />
thermique, c’est toujours une c<strong>en</strong>trale<br />
thermique : on y fait de l’électricité<br />
avec de la vapeur, qu’elle soit produite<br />
avec du fioul ou du charbon. Mais les<br />
circuits sont complètem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts ;<br />
il faut tout réappr<strong>en</strong>dre, se remettre <strong>en</strong><br />
question. Ceci dit, ceux qui l’ont fait ne<br />
l’ont pas regretté ». D’autres ont préféré<br />
« desc<strong>en</strong>dre du quart » pour intégrer<br />
les services qui avai<strong>en</strong>t besoin de<br />
r<strong>en</strong>fort pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> les nombreux<br />
chantiers <strong>en</strong> cours. D’autres <strong>en</strong>core<br />
ont rejoint le nucléaire, notamm<strong>en</strong>t la<br />
c<strong>en</strong>trale de Chinon : « dans le nucléaire,<br />
ils étai<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>eurs des compét<strong>en</strong>ces<br />
des ag<strong>en</strong>ts du thermique, qui savai<strong>en</strong>t<br />
parfaitem<strong>en</strong>t faire tourner la turbine,<br />
la partie classique de la c<strong>en</strong>trale<br />
nucléaire ». Ceux qui n’ont pas souhaité<br />
changer sont restés sur la tranche<br />
2 ou <strong>en</strong> surveillance de la tranche 3<br />
lorsqu’elle a été mise ‘‘sous cocon’’.<br />
En 1999, les unités de désulfuration des<br />
tranches 4 et 5 sont mises <strong>en</strong> service<br />
et <strong>en</strong> 2000, alors que les installations<br />
de dénitrification n’<strong>en</strong> sont qu’au stade<br />
de projet, la c<strong>en</strong>trale s’<strong>en</strong>gage dans un<br />
processus de certification ISO 14001.<br />
1999<br />
2600 MW<br />
La certification n’est jamais définitivem<strong>en</strong>t acquise.<br />
Elle est r<strong>en</strong>ouvelée tous les trois ans.
<strong>Le</strong> système de managem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tal<br />
s’appuie sur une prise <strong>en</strong><br />
compte de toutes les zones de risque<br />
liées à l’activité de la c<strong>en</strong>trale : l’eau<br />
et les efflu<strong>en</strong>ts, les combustibles<br />
et coproduits, la combustion et la<br />
production d’énergie, les produits<br />
dangereux, les déchets, les turbines<br />
à combustion. Au terme de deux ans<br />
de préparation, la première certification<br />
est obt<strong>en</strong>ue <strong>en</strong> février 2002.<br />
En 2004, deux ans après l’obt<strong>en</strong>tion<br />
de la certification ISO 14001 (<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t),<br />
la c<strong>en</strong>trale s’<strong>en</strong>gage dans<br />
un processus de certification OHSAS<br />
18001 : il s’agit cette fois de sécurité. <strong>Le</strong>s<br />
travaux de construction des unités de<br />
dénitrification vont bi<strong>en</strong>tôt comm<strong>en</strong>cer<br />
et il est primordial de r<strong>en</strong>forcer la maîtrise<br />
des risques. La première certification<br />
OHSAS (Occupational Health and<br />
Safety Assesm<strong>en</strong>t Series) sera obt<strong>en</strong>ue<br />
le 17 mai 2006 et reconduite trois ans<br />
plus tard.<br />
Tranche<br />
de vie Francis Harrosar<strong>en</strong>, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1975, à Cordemais à partir de 1991.<br />
F. Harrosar<strong>en</strong> a été le chef du service Qualité, Santé, Sécurité, Environnem<strong>en</strong>t<br />
(Q2SE) jusqu’à juin 2010.<br />
En matière de sécurité, trois points sont capitaux et incontournables pour atteindre l’objectif<br />
Zéro accid<strong>en</strong>t et préserver la santé et la sécurité de tous.<br />
<strong>Le</strong> premier, c’est l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de la direction : si vous n’avez pas ça, vous ne pouvez pas<br />
faire Zéro accid<strong>en</strong>t, c’est impossible. Et cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t doit se traduire dans les faits : le<br />
discours ne suffit pas, il faut le faire vivre.<br />
Concrètem<strong>en</strong>t, à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, lors de la réunion hebdomadaire du comité de<br />
direction, le premier thème traité est celui de la santé, de la sécurité et de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
<strong>Le</strong>s questions de sécurité sont abordées <strong>en</strong> premier lieu, avant toute autre chose : ça donne<br />
le ton. Autre exemple : sur le terrain, les membres de l’équipe de direction réalis<strong>en</strong>t 150<br />
visites de sécurité par an. C’est exigeant mais c’est porteur. L’exemple donné par la direction<br />
doit donner du s<strong>en</strong>s à ce qui est demandé sur le terrain. Ce niveau d’exemplarité est une<br />
des clés de la réussite.<br />
<strong>Le</strong> deuxième point, important lui aussi, c’est le principe fondam<strong>en</strong>tal de l’amélioration<br />
continue : c’est le noyau c<strong>en</strong>tral et vertueux du système de managem<strong>en</strong>t Q2SE. En fonction<br />
des objectifs de l’<strong>en</strong>treprise, vous planifiez des actions de maîtrise des risques et vous<br />
les mettez <strong>en</strong> place aux échéances prévues. Ensuite, vous <strong>en</strong> contrôlez l’efficacité et la<br />
pertin<strong>en</strong>ce, et vous corrigez si nécessaire. Il est évidemm<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel d’<strong>en</strong>gager des actions<br />
réalistes et assimilables par l’organisation de l’unité de production.<br />
<strong>Le</strong> troisième point, c’est l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t des personnels exposés aux différ<strong>en</strong>ts risques : les<br />
ag<strong>en</strong>ts, sur les chantiers, sont les mieux placés pour maîtriser les risques inhér<strong>en</strong>ts à leur<br />
activité. Ce sont eux qui doiv<strong>en</strong>t mettre <strong>en</strong> place les actions de maîtrise des risques ; leur<br />
<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t est complém<strong>en</strong>taire à celui de la direction et conditionne lui aussi l’atteinte du<br />
Zéro accid<strong>en</strong>t.<br />
L’équival<strong>en</strong>t de la norme OHSAS 18001 pour les petites et moy<strong>en</strong>nes <strong>en</strong>treprises (PME)<br />
est un standard allégé, le standard MASE (Manuel Assurance Sécurité Entreprise). Pour<br />
travailler sur nos chantiers, nous privilégions les <strong>en</strong>treprises certifiées MASE : c’est une<br />
spirale positive qui incite celles qui veul<strong>en</strong>t travailler avec nous, à r<strong>en</strong>forcer la vigilance de<br />
leurs équipes.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 47
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
48<br />
Site de Br<strong>en</strong>nilis.<br />
A partir de janvier 2000, les turbines à combustion (TAC) de Br<strong>en</strong>nilis et<br />
Dirinon ainsi que la c<strong>en</strong>trale de Cordemais, constitu<strong>en</strong>t une même unité<br />
de production. <strong>Le</strong>s turbines à combustion sont des équipem<strong>en</strong>ts de<br />
production ‘‘d’extrême pointe’’, capables de produire de l’électricité<br />
vingt minutes seulem<strong>en</strong>t après leur démarrage.
Site de Dirinon.<br />
DIRINON<br />
BRENNILIS<br />
CORDEMAIS<br />
BRETAGNE<br />
BASSE<br />
NORMANDIE<br />
PAYS DE LA<br />
LOIRE<br />
Hte<br />
NOR-<br />
MANDIE<br />
CENTRE<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 49
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
50<br />
A<br />
partir de 2005, la vie de chantier<br />
repr<strong>en</strong>d de plus belle. L’activité<br />
est int<strong>en</strong>se, rythmée par d’importants<br />
travaux, à comm<strong>en</strong>cer par<br />
l’installation des équipem<strong>en</strong>ts de dénitrification<br />
sur les tranches 4 et 5.<br />
« Des oreilles qui pouss<strong>en</strong>t sur les grandes<br />
tours de la c<strong>en</strong>trale ». C’est <strong>en</strong> ces termes<br />
qu’est prés<strong>en</strong>tée la construction des<br />
unités de dénitrification des tranches<br />
charbon dans le bulletin municipal de<br />
la ville de Cordemais, <strong>en</strong> octobre 2006.<br />
« Après les poussières et les dioxydes<br />
de soufre, <strong>EDF</strong> s’attaque aujourd’hui<br />
aux oxydes d’azote, ou Nox. L’opération<br />
consiste à installer des équipem<strong>en</strong>ts de<br />
5 000 tonnes <strong>en</strong> sortie de chaudière,<br />
<strong>en</strong>tre 60 et 100 mètres de haut ! ».<br />
A la sortie de la chaudière, de l’ammoniac est vaporisée dans<br />
les gaz de combustion. L’ammoniac et les oxydes d’azote<br />
réagiss<strong>en</strong>t et se transform<strong>en</strong>t <strong>en</strong> un gaz neutre non toxique.<br />
80% des oxydes d’azote sont ainsi captés, sans produire<br />
de résidu. Ci-contre, équipem<strong>en</strong>t de dénitrification de la<br />
tranche 5. Au premier plan à droite, dépoussiéreur.
Grâce à cet investissem<strong>en</strong>t (100 millions<br />
d’euros <strong>en</strong> 2007 et 2008), les<br />
tranches 4 et 5 répondai<strong>en</strong>t dès 2008<br />
aux exig<strong>en</strong>ces de la réglem<strong>en</strong>tation post<br />
2015. Mises <strong>en</strong> service au début des<br />
années 80, elles étai<strong>en</strong>t ainsi au niveau<br />
des meilleures c<strong>en</strong>trales europé<strong>en</strong>nes,<br />
souv<strong>en</strong>t plus réc<strong>en</strong>tes. Cela illustre un<br />
des <strong>en</strong>jeux pour les années qui suivront :<br />
faire évoluer les équipem<strong>en</strong>ts pour <strong>en</strong><br />
prolonger la durée de vie et anticiper<br />
les évolutions des exig<strong>en</strong>ces <strong>en</strong> matière<br />
d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
Initialem<strong>en</strong>t prévue pour être mise <strong>en</strong><br />
service à l’automne 2007, la dénitrification<br />
sera opérationnelle pour la tranche 5<br />
dans le courant de l’été 2007, et cela<br />
malgré un accid<strong>en</strong>t spectaculaire surv<strong>en</strong>u<br />
au début du chantier, heureusem<strong>en</strong>t<br />
sans conséqu<strong>en</strong>ce humaine mais qui a<br />
marqué la mémoire collective. Pour la<br />
tranche 4, le raccordem<strong>en</strong>t intervi<strong>en</strong>dra<br />
un an plus tard.<br />
LE RISqUE<br />
TOUJOURS pRESENT<br />
La vie de la c<strong>en</strong>trale a malheureusem<strong>en</strong>t été affectée<br />
d’accid<strong>en</strong>ts, parfois dramatiques. Cet ouvrage est<br />
l’occasion de r<strong>en</strong>dre hommage aux victimes ainsi qu’à<br />
leur famille.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 51
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
Tranche<br />
de vie Philippe Gabriel, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1975, à Cordemais, au<br />
service électrique. Il était à la c<strong>en</strong>trale le jour où une grue<br />
est tombée.<br />
52<br />
L’accid<strong>en</strong>t s’est produit le matin du 8 décembre 2006, vers 8h30. Il<br />
faisait <strong>en</strong>core nuit. <strong>Le</strong>s conditions climatiques étai<strong>en</strong>t exécrables, tant<br />
et si bi<strong>en</strong> que les ag<strong>en</strong>ts et prestataires retardai<strong>en</strong>t un peu leur prise de<br />
poste. La construction de la dénitrification était <strong>en</strong> cours avec son lot<br />
d’<strong>en</strong>gins de chantier, dont une grue. <strong>Le</strong> grutier est monté à son poste<br />
et quand il a vu qu’il y avait trop de v<strong>en</strong>t, il est redesc<strong>en</strong>du. Bi<strong>en</strong> lui <strong>en</strong><br />
a pris : à peine avait-il touché terre que la grue se couchait. Il y a eu un<br />
grand bruit sourd et immédiatem<strong>en</strong>t après, comme un bruit d’avion qui<br />
vole à basse altitude : une tuyauterie avait rompu sous le choc.<br />
Je suis sorti du bâtim<strong>en</strong>t Maint<strong>en</strong>ance et j’ai croisé le chef du projet<br />
de construction de la dénox : il était livide, il rev<strong>en</strong>ait <strong>en</strong> courant du<br />
bâtim<strong>en</strong>t administratif. Je suis allé voir le chantier et j’ai vu la grue. Elle<br />
était tombée sur les convoyeurs à charbon (les tapis qui achemin<strong>en</strong>t<br />
le combustible du parc à charbon jusqu’aux tranches 4 et 5) : moi<br />
qui ai participé à la construction du parc, quand j’ai vu tous ces tapis<br />
coupés, ça m’a fait quelque chose…<br />
<strong>Le</strong>s sirènes se sont mises <strong>en</strong> route pour appeler tous les ag<strong>en</strong>ts aux<br />
points de regroupem<strong>en</strong>t. Normalem<strong>en</strong>t, nous nous regroupons sur le<br />
site mais là, il y avait tellem<strong>en</strong>t de bruit que nous sommes tous allés au<br />
bâtim<strong>en</strong>t d’accueil pour procéder au comptage. A midi, nous savions<br />
qu’il n’y avait personne <strong>en</strong>-dessous ; nous savions aussi qu’un gros<br />
travail nous att<strong>en</strong>dait.<br />
A ce mom<strong>en</strong>t là, j’étais loin de p<strong>en</strong>ser que nous repartirions aussi<br />
vite : la tranche 5 a été remise <strong>en</strong> service le 8 janvier 2007, suivie de<br />
la tranche 4 le 2 février. On s’est vraim<strong>en</strong>t retroussé les manches :<br />
Cordemais, <strong>en</strong> situation de crise, on n’est pas mal !<br />
Ci-dessus, grue avant sa chute.
Ci-dessous <strong>en</strong> haut, sous l’amas de ferraille, le bâtim<strong>en</strong>t de traitem<strong>en</strong>t d’eau.<br />
Ci-dessous <strong>en</strong> bas, convoyeurs à charbon effondrés.<br />
Visuel Sécurité : la fleur dotée de tous ses pétales<br />
signifie qu’aucun accid<strong>en</strong>t avec arrêt n’est surv<strong>en</strong>u<br />
sur le site durant les 12 mois écoulés.<br />
En 2009, le nombre de ces accid<strong>en</strong>ts impliquant<br />
des prestataires a été divisé par deux (six accid<strong>en</strong>ts).<br />
Parmi les ag<strong>en</strong>ts, aucun n’a été à déplorer.<br />
SIRENES ET pOMpIERS<br />
Issus de différ<strong>en</strong>ts services, vingt‑deux ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong><br />
dont quatre femmes sont volontaires et formés comme<br />
les pompiers du même nom pour secourir les blessés<br />
et interv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> cas d’inc<strong>en</strong>die ou de pollution (troisième<br />
degré inc<strong>en</strong>die et secouristes <strong>en</strong> équipe). « Lorsqu’un<br />
incid<strong>en</strong>t survi<strong>en</strong>t dans la journée, l’alerte est décl<strong>en</strong>chée<br />
et les membres de l’équipe sont ‘‘bipés’’. Ils rejoign<strong>en</strong>t<br />
le local pompier toute affaire cessante et se prépar<strong>en</strong>t<br />
à interv<strong>en</strong>ir. Ils sont qualifiés pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge la<br />
situation, <strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant l’arrivée des secours extérieurs si<br />
besoin est ». Ce système est <strong>en</strong> place à la c<strong>en</strong>trale depuis<br />
les années 80.<br />
<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts du service Exploitation, prés<strong>en</strong>ts 24 heures<br />
sur 24, sont égalem<strong>en</strong>t secouristes du travail et formés au<br />
troisième degré inc<strong>en</strong>die. <strong>Le</strong>s relations avec les pompiers<br />
de Saint‑Eti<strong>en</strong>ne‑de‑Montluc, Sav<strong>en</strong>ay et Campbon<br />
sont régulières : « ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>trainer chez nous et <strong>en</strong><br />
cas de problème, nous sommes complém<strong>en</strong>taires : eux<br />
connaiss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> les techniques d’interv<strong>en</strong>tion et nous,<br />
nous les aidons sur les spécificités du site ».<br />
La formation au secourisme est systématiquem<strong>en</strong>t<br />
proposée aux nouveaux embauchés ; 70% des ag<strong>en</strong>ts<br />
de la c<strong>en</strong>trale sont titulaires du pSC1, premiers secours<br />
civiques 1, qui s’obti<strong>en</strong>t au terme d’une formation de<br />
quatre jours, après validation des acquis par un médecin.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 53
DES INVESTISSEMENTS AU SERVICE DE LA SECURITE, DE LA SANTE ET DE L’ENVIRONNEMENT | 1995 - 2008<br />
Bassin de récupération des eaux de pluie, primé lors des trophées du développem<strong>en</strong>t durable du groupe EdF <strong>en</strong> juin 2010.<br />
54
C’est égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2008 que sera<br />
construit un nouvel équipem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : le bassin de<br />
récupération des eaux de pluie, à<br />
l’initiative d’ag<strong>en</strong>ts de la c<strong>en</strong>trale :<br />
« notre projet consistait à collecter les<br />
eaux de pluie sur le parc à c<strong>en</strong>dres,<br />
pour pouvoir les réutiliser sur ce même<br />
parc, plutôt que d’utiliser un système<br />
d’arrosage classique avec pompage<br />
<strong>en</strong> Loire ».<br />
Entre 1995 et 2008, avec la désulfuration<br />
et la dénitrifi cation, plus de<br />
300 millions d’euros ont été investis.<br />
Aujourd’hui, les équipem<strong>en</strong>ts reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
90% des oxydes de soufre, 80% des<br />
oxydes d’azote et 99% des c<strong>en</strong>dres<br />
volantes cont<strong>en</strong>us dans les fumées de<br />
combustion du charbon. Derrière ces<br />
chiffres, l’ambition est de pr<strong>en</strong>dre de<br />
l’avance sur les exig<strong>en</strong>ces qui seront<br />
imposées par la réglem<strong>en</strong>tation,<br />
pour préparer l’av<strong>en</strong>ir.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 55
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
La c<strong>en</strong>trale <strong>en</strong> 2010. Au premier plan, convoyeurs à charbon.<br />
56
15 octobre 2007<br />
Remise <strong>en</strong> service de la tranche 3<br />
Enjeux<br />
et perspectives<br />
Pour ce qui est de l’av<strong>en</strong>ir, il ne s’agit pas<br />
de le prévoir, mais de le r<strong>en</strong>dre possible.<br />
2009<br />
Rénovation du système<br />
de contrôle commande de la tranche 2<br />
Juin 2009<br />
2010<br />
Grignotage de la cheminée<br />
de la tranche 1 et début du chantier<br />
de la tranche 0<br />
Ouverture du C<strong>en</strong>tre<br />
d’information du public (CIP)<br />
Juin 2010<br />
Antoine de Saint-Exupéry<br />
Obt<strong>en</strong>tion des certifications<br />
ISO 9001 et SA 8000<br />
2011<br />
Septembre 2010<br />
Quarantième anniversaire<br />
de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
...<br />
Mise <strong>en</strong> place du prototype<br />
Bas Nox de la tranche 3<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 57
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
Tranche<br />
de vie D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1992, a<br />
débuté sa carrière à la c<strong>en</strong>trale de Cordemais ;<br />
il y a travaillé jusqu’<strong>en</strong> 1996 puis y est rev<strong>en</strong>u<br />
pour pr<strong>en</strong>dre la direction de l’unité de<br />
production <strong>en</strong> avril 2009.<br />
58<br />
Quand je suis arrivé, tout jeune ingénieur <strong>en</strong> 1992,<br />
je dois reconnaître que j’éprouvais une certaine<br />
fierté. J’avais fait des stages dans des PME, des<br />
organisations plus petites, mais là… J’étais ébloui par<br />
la taille des structures, avec une curiosité technique<br />
qui me poussait à me balader partout dés lors que<br />
c’était ouvert, à poser des questions : on a beau être<br />
ingénieur, on ne peut pas tout compr<strong>en</strong>dre tout seul…<br />
Quand je suis rev<strong>en</strong>u <strong>en</strong> 2009, treize ans après avoir<br />
quitté la c<strong>en</strong>trale, j’ai été impressionné par ce qui avait<br />
été fait. Certes je reconnaissais des visages mais les<br />
installations avai<strong>en</strong>t complètem<strong>en</strong>t évolué : bâtim<strong>en</strong>t<br />
d’accueil, équipem<strong>en</strong>ts de dépollution, tranche 1 à<br />
l’arrêt… Deux choses n’avai<strong>en</strong>t toutefois pas changé :<br />
le rôle stratégique de l’unité de Cordemais dans<br />
l’alim<strong>en</strong>tation du grand Ouest ;<br />
son mode d’exploitation <strong>en</strong> semi-base et pointe.<br />
Ces élém<strong>en</strong>ts incontournables se traduis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> trois<br />
impératifs qui s’impos<strong>en</strong>t à tous au sein de la c<strong>en</strong>trale :<br />
construire des équipes compét<strong>en</strong>tes et au service<br />
des cli<strong>en</strong>ts ;<br />
garantir la fiabilité et la réactivité des moy<strong>en</strong>s de<br />
production ;<br />
conserver et r<strong>en</strong>forcer la bonne intégration de la<br />
c<strong>en</strong>trale dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.
En 1970, la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
a été construite pour faire face<br />
à une augm<strong>en</strong>tation forte de la<br />
demande d’électricité. Quarante ans<br />
après, les besoins continu<strong>en</strong>t de croître :<br />
« <strong>en</strong> Bretagne, les pics de consommation<br />
sont chaque hiver plus prononcés ».<br />
Compét<strong>en</strong>ce des équipes, fiabilité et<br />
réactivité des moy<strong>en</strong>s de production,<br />
intégration de la c<strong>en</strong>trale dans son<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t : c’est autour de ces trois<br />
axes qu’est organisée la feuille de route<br />
pour les années à v<strong>en</strong>ir.<br />
tranche 5, turbine corps basse pression. CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 59
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
60<br />
Construire des équipes compét<strong>en</strong>tes<br />
et au service des cli<strong>en</strong>ts.<br />
Entre 1970 et 2010, la composante<br />
humaine de la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cordemais a évidemm<strong>en</strong>t<br />
beaucoup évolué. <strong>Le</strong> collectif des<br />
quinze premières années est souv<strong>en</strong>t<br />
évoqué sur un ton de nostalgie, avec<br />
les écoles de métiers dont étai<strong>en</strong>t issus<br />
les nouveaux ag<strong>en</strong>ts, les maisons et<br />
le célibatorium de la cité Prince-Bois<br />
à Sav<strong>en</strong>ay, où ils étai<strong>en</strong>t logés, mais<br />
aussi les Saint Eloi, les sorties du<br />
week-<strong>en</strong>d, etc.<br />
Depuis, la c<strong>en</strong>trale a grandi, passant<br />
d’une à cinq puis quatre tranches.<br />
<strong>Le</strong>s nouveaux arrivants ne vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
plus des écoles de métiers ; les cités<br />
ont été rev<strong>en</strong>dues à des sociétés<br />
immobilières et le marché s’est ouvert à<br />
la concurr<strong>en</strong>ce.<br />
La politique suivie <strong>en</strong> matière de<br />
ressources humaines accompagne<br />
ces changem<strong>en</strong>ts : « aujourd’hui, notre<br />
politique est ori<strong>en</strong>tée vers la diversité,<br />
non pas pour satisfaire à un effet de<br />
mode ou de charte, mais parce que<br />
nous sommes convaincus que, pour<br />
un groupe comme le nôtre, l’av<strong>en</strong>ir<br />
passe par cette ouverture sur des<br />
populations différ<strong>en</strong>tes, des diplômes<br />
différ<strong>en</strong>ts, et un asc<strong>en</strong>seur social qui<br />
fonctionne <strong>en</strong> interne ».<br />
Pour toutefois unir ces profils autour d’un<br />
projet commun, les nouvelles recrues<br />
suiv<strong>en</strong>t un parcours d’intégration, un<br />
cursus d’un an au terme duquel elles<br />
laiss<strong>en</strong>t la place à la promotion suivante.<br />
Dans le même temps, « chaque personne<br />
embauchée est personnellem<strong>en</strong>t suivie<br />
par un tuteur, avec lequel elle peut<br />
échanger régulièrem<strong>en</strong>t ».<br />
Ce souci de l’intégration est particulièrem<strong>en</strong>t<br />
marqué sur les populations<br />
plus fragiles : stagiaires, intérimaires,<br />
appr<strong>en</strong>tis, personnes handicapées. Tant<br />
et si bi<strong>en</strong> qu’au sein de la direction des<br />
ressources humaines, une personne<br />
est chargée de leur suivi individuel.
c’est le taux d’emploi<br />
de personnes handicapées à la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais <strong>en</strong> 2010.<br />
L’intégration du handicap :<br />
pas seulem<strong>en</strong>t au mom<strong>en</strong>t<br />
de l’embauche<br />
Intégrer des personnes handicapées<br />
nécessite une adaptation des outils et<br />
façons de faire tout au long du parcours<br />
professionnel de la personne. Par<br />
exemple, avant d’accueillir une personne<br />
mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dante, une interv<strong>en</strong>ante explique<br />
à ses futurs collègues comm<strong>en</strong>t communiquer<br />
avec elle, les difficultés<br />
susceptibles d’être r<strong>en</strong>contrées, etc.<br />
Lors des réunions du personnel, un<br />
interprète est désormais prés<strong>en</strong>t pour<br />
permettre à ces personnes d’y participer<br />
vraim<strong>en</strong>t. « Nous avons la chance d’être<br />
dans une grande <strong>en</strong>treprise qui permet<br />
de structurer toutes ces démarches :<br />
nous progressons pas à pas sur<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t des postes, les doubles<br />
écrans, téléphones à l’oreille... »<br />
Tranche<br />
de vie Bruno Sorin, ag<strong>en</strong>t <strong>EDF</strong> depuis 1979, travaille à la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cordemais depuis cette date. Tout d’abord affecté à<br />
l’Exploitation puis au service Automatisme, il était égalem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong>gagé dans le syndicalisme jusqu’<strong>en</strong> 2000 ; il a<br />
depuis rejoint la direction des ressources humaines où il a<br />
notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> charge, les missions d’insertion-solidarité.<br />
Quand on fait de l’insertion, par définition, on travaille pour accueillir<br />
des personnes <strong>en</strong> situation difficile : jeunes <strong>en</strong> rupture avec l’école<br />
et parfois aussi avec leur famille, personnes souffrant de handicap<br />
ou dont la situation nécessite une reconversion professionnelle.<br />
Pour les connaître, il est nécessaire de s’appuyer sur un réseau car<br />
ce type de population p<strong>en</strong>se souv<strong>en</strong>t qu’une <strong>en</strong>treprise comme <strong>EDF</strong><br />
ne leur est pas accessible. Nous sommes donc <strong>en</strong> relation avec les<br />
collectivités, des écoles, des lycées professionnels et des structures<br />
d’insertion comme Handisup, CAP Emploi, AGEFIP, etc.<br />
En interne, lorsqu’on accueille quelqu’un <strong>en</strong> situation difficile,<br />
les managers et leur équipe sont prév<strong>en</strong>us. Si besoin, le niveau<br />
d’exig<strong>en</strong>ce et l’accompagnem<strong>en</strong>t de la personne accueillie sont<br />
adaptés : pour un jeune, pour peu qu’il n’ait jamais vu ses par<strong>en</strong>ts<br />
travailler, on peut par exemple se limiter à la découverte de<br />
l’<strong>en</strong>treprise et de ses contraintes.<br />
L’insertion n’est pas toujours facile mais quand ça fonctionne,<br />
tout le monde y trouve son compte : ceux qui transmett<strong>en</strong>t leurs<br />
connaissances autant que ceux qui sont formés. Nous avons par<br />
exemple accueilli une femme <strong>en</strong> contrat de professionnalisation :<br />
arrivée avec un CAP de couture, elle est repartie avec plusieurs<br />
lic<strong>en</strong>ces soudure, qualifiantes et reconnues par la profession.<br />
Pour que ça fonctionne, il ne faut pas verser dans la démagogie :<br />
il faut bi<strong>en</strong> évaluer le profil que l’on va aider et t<strong>en</strong>ir compte des<br />
contraintes et difficultés des g<strong>en</strong>s du terrain, ceux qui l’accueilleront.<br />
De temps <strong>en</strong> temps, il faut aussi savoir imposer : avoir un bon réseau<br />
<strong>en</strong> interne et connaître les g<strong>en</strong>s, ça facilite les choses.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 61
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
62<br />
Cette intégration des nouveaux<br />
arrivants ne résout pas la<br />
question du développem<strong>en</strong>t et<br />
de la transmission, parfois immatérielle,<br />
de savoir-faire. Pour cela, <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t<br />
de la formation continue (<strong>en</strong>tre 6<br />
et 7% de la masse salariale selon les<br />
années), des chantiers école sont <strong>en</strong><br />
place depuis 2008.<br />
Il s’agit de chantiers réels pour lesquels<br />
les délais d’exécution sont moins<br />
contraints, afin de permettre à un<br />
ag<strong>en</strong>t expérim<strong>en</strong>té de transmettre à<br />
quelques jeunes sa compét<strong>en</strong>ce et<br />
le geste technique. Déchargem<strong>en</strong>t<br />
des pétroliers (nouvel automate),<br />
distribution électrique sur la tranche 0 ,<br />
dépannage d’un brûleur … Selon les<br />
périodes, dix à vingt chantiers peuv<strong>en</strong>t<br />
être actifs.<br />
Dans le même objectif de transmission,<br />
des compét<strong>en</strong>ces ont été repérées, qui<br />
ne relèv<strong>en</strong>t ni de la formation classique<br />
ni de chantiers école. Il peut s’agir<br />
par exemple de localiser une fuite de<br />
vapeur dans une chaudière… Dans ce<br />
cas de figure, un ag<strong>en</strong>t de la c<strong>en</strong>trale<br />
est capable de repérer à l’oreille l’origine<br />
de la fuite, parce qu’il connaît très bi<strong>en</strong><br />
le matériel, la chaudière, le bruit de la<br />
combustion : autant de connaissances<br />
qui, pour être transmises, doiv<strong>en</strong>t être<br />
vécues. C’est la raison pour laquelle<br />
deux jeunes ag<strong>en</strong>ts ont été id<strong>en</strong>tifiés :<br />
chaque fois qu’un problème de fuite<br />
vapeur est détecté, ils interromp<strong>en</strong>t<br />
leurs travaux pour accompagner le<br />
plus anci<strong>en</strong> sur le terrain et ‘‘hériter’’ de<br />
son savoir.<br />
Parcours d’intégration, tutorat, chantiers<br />
école, transmission de compé-<br />
t<strong>en</strong>ces à des ‘‘héritiers’’… De jeunes<br />
ag<strong>en</strong>ts résum<strong>en</strong>t les bénéfices de ces<br />
différ<strong>en</strong>ts dispositifs : « quand on a<br />
besoin d’un coup de main, on sait qu’on<br />
a les anci<strong>en</strong>s qui sont là pour nous<br />
épauler ; on appr<strong>en</strong>d tous les jours ».<br />
La gestion des compét<strong>en</strong>ces et la<br />
transmission des savoir-faire sont<br />
des sujets d’autant plus importants<br />
qu’<strong>en</strong>tre 2008 et 2013, <strong>en</strong> l’espace<br />
de cinq ans, 50% des effectifs de la<br />
c<strong>en</strong>trale auront été r<strong>en</strong>ouvelés sous le<br />
seul effet de départs à la retraite. En<br />
outre les métiers du thermique sont<br />
techniques et la bonne exploitation de<br />
la c<strong>en</strong>trale nécessite l’interv<strong>en</strong>tion de<br />
compét<strong>en</strong>ces de précision.<br />
+ lég<strong>en</strong>de<br />
Installé <strong>en</strong> 2010, le simulateur permet aux équipes de conduite de se former<br />
aux divers scénarii d’exploitation.
Salle de commande des tranches 4 et 5.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 63
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
64<br />
<strong>Le</strong>s équipes de conduite pilot<strong>en</strong>t les<br />
tranches 24 heures sur 24 pour alim<strong>en</strong>ter<br />
<strong>en</strong> électricité le réseau national ; elles<br />
pilot<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t à distance les<br />
turbines à combustion de Br<strong>en</strong>nilis et<br />
Dirinon (Bretagne).<br />
<strong>Le</strong>s ag<strong>en</strong>ts de maint<strong>en</strong>ance, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
sollicités pour les arrêts<br />
annuels programmés, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l’outil<br />
industriel tout au long de l’année de<br />
manière prév<strong>en</strong>tive et curative (électricité,<br />
automatismes, essais, mécanique, chaudronnerie,<br />
robinetterie…).<br />
<strong>Le</strong>s équipes d’ingénierie assist<strong>en</strong>t<br />
les équipes de conduite et de maint<strong>en</strong>ance<br />
; elles s’appui<strong>en</strong>t sur l’analyse du<br />
comportem<strong>en</strong>t des matériels, l’expertise<br />
des services nationaux et l’expéri<strong>en</strong>ce<br />
des c<strong>en</strong>trales similaires pour améliorer<br />
l’outil de production.<br />
<strong>Le</strong>s chimistes analys<strong>en</strong>t régulièrem<strong>en</strong>t<br />
les coproduits ainsi que la qualité de<br />
l’air, de l’eau, mais aussi le débit et la<br />
température des eaux rejetées <strong>en</strong> Loire.<br />
<strong>Le</strong> service Qualité, santé, sécurité<br />
et Environnem<strong>en</strong>t met <strong>en</strong> place et<br />
veille à la bonne application des règles ;<br />
il intervi<strong>en</strong>t aussi auprès des <strong>en</strong>treprises<br />
extérieures pour que leurs interv<strong>en</strong>tions<br />
se déroul<strong>en</strong>t dans de bonnes conditions<br />
de sécurité.<br />
REPARTITION DES EFFECTIFS DE LA CENTRALE PAR SERVICE (2010)<br />
14<br />
6<br />
16<br />
120<br />
24<br />
166<br />
49<br />
43<br />
Environ 200 salariés d’<strong>en</strong>treprises prestataires travaill<strong>en</strong>t chaque jour aux côtés des ag<strong>en</strong>ts <strong>EDF</strong>.<br />
En période d’arrêt de tranche, ce nombre peut être multiplié par quatre.<br />
<strong>Le</strong> pôle Combustibles assure la réception<br />
et le stockage des combustibles<br />
(fi oul et charbon) ainsi que la gestion des<br />
coproduits issus de la combustion.<br />
<strong>Le</strong>s fonctions supports (logistique<br />
industrielle, approvisionnem<strong>en</strong>t, contrôle<br />
de gestion, ressources humaines,<br />
communication) appui<strong>en</strong>t les services<br />
techniques dans l’exercice de leurs<br />
missions.<br />
Direction<br />
Contrôle de gestion, Ressources humaines, Communication<br />
Qualité, Santé, Sécurité et Environnem<strong>en</strong>t<br />
Appui Process<br />
Combustibles - Logistique industrielle<br />
Ingénierie et méthodes<br />
Exploitation (C<strong>en</strong>trale et TAC)<br />
Réalisation
LA CERTIFICATION SA 8000<br />
Après l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 2002 et la sécurité <strong>en</strong> 2006,<br />
les équipes de la c<strong>en</strong>trale ont obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> juin 2010 les<br />
certifications SA 8000 (responsabilité sociétale) et ISO<br />
9001 (qualité).<br />
La norme SA 8000 a pour objectif de garantir le respect<br />
des droits fondam<strong>en</strong>taux des travailleurs. Elle est fondée<br />
sur la Déclaration universelle des droits de l’homme de<br />
l’ONU, la Conv<strong>en</strong>tion internationale des droits de l’<strong>en</strong>fant,<br />
la Conv<strong>en</strong>tion sur l’élimination de toutes les formes de<br />
discrimination à l’égard des femmes et sur différ<strong>en</strong>tes<br />
conv<strong>en</strong>tions de l’Organisation internationale du travail. Elle<br />
couvre huit domaines : travail des <strong>en</strong>fants, travail forcé et<br />
obligatoire, hygiène et sécurité, liberté d’association et<br />
droit à la négociation collective, discrimination, mesures<br />
disciplinaires, temps de travail et rémunération. Dans le<br />
cadre de la SA 8000, toute personne œuvrant sur le site<br />
peut produire une réclamation sur l’un de ces thèmes, par<br />
l’intermédiaire de deux correspondants qui sont une voie<br />
de recours supplém<strong>en</strong>taire, « une nouvelle porte ouverte<br />
pour les ag<strong>en</strong>ts et prestataires qui souhait<strong>en</strong>t déposer une<br />
réclamation ».<br />
pour être certifiée SA 8000, la c<strong>en</strong>trale et ses prestataires,<br />
cosignataires de la charte, doiv<strong>en</strong>t répondre aux<br />
exig<strong>en</strong>ces de la norme.<br />
Inclure les prestataires dans le dispositif est une spécificité<br />
de la SA 8000 : « on ne peut pas se cont<strong>en</strong>ter de passer<br />
commande et faire un chèque sans se soucier des<br />
conditions dans lesquelles travaill<strong>en</strong>t nos prestataires…<br />
surtout quand on cherche à stabiliser la relation, à inscrire<br />
dans le temps le recours à leurs compét<strong>en</strong>ces ». C’est <strong>en</strong> ces<br />
termes que D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty a lancé le débat sur la SA 8000,<br />
lors d’une table ronde organisée à l’occasion des quarante<br />
ans de la c<strong>en</strong>trale. « selon les périodes, ce sont <strong>en</strong>tre 200<br />
et 800 prestataires qui exerc<strong>en</strong>t chaque jour au côté des<br />
ag<strong>en</strong>ts EDf. si notre modèle social est plutôt satisfaisant,<br />
il peut être <strong>en</strong> décalage avec celui de nos prestataires.<br />
Dans la durée, a fortiori <strong>en</strong> temps de crise, un écart peut<br />
se creuser et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer un risque social réel : c’est l’une<br />
des motivations de l’équipe dans la mise <strong>en</strong> œuvre de la<br />
sa 8000 ».<br />
pour philippe Violin, gérant de l’<strong>en</strong>treprise Violin SARL,<br />
la certification SA 8000 s’inscrit dans la continuité de<br />
la démarche initiée <strong>en</strong> juin 2008 par Jean‑Luc pueyo,<br />
alors directeur de l’Unité de production de Cordemais.<br />
Une Commission Inter‑Entreprise Sécurité et Conditions<br />
de travail (C.I.E.S.C.T.) avait été mise <strong>en</strong> place ; elle est<br />
aujourd’hui intégrée au système de suivi des réclamations<br />
exprimées dans le cadre SA 8000 : « cinq <strong>en</strong>treprises<br />
sièg<strong>en</strong>t à cette commission, avec les organisations<br />
syndicales et la direction de la c<strong>en</strong>trale. on y parle de<br />
sujets très concrets comme l’accès au site, la sécurité».<br />
La démarche n’<strong>en</strong> est qu’à ses débuts ; elle se traduira<br />
sur le terrain par l’amélioration des structures d’accueil<br />
des prestataires, leur accès au restaurant d’<strong>en</strong>treprise ou<br />
<strong>en</strong>core la mise <strong>en</strong> place, à leur int<strong>en</strong>tion, de formations à<br />
la sécurité et aux process spécifiques à la c<strong>en</strong>trale.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 65
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
Manut<strong>en</strong>tion.<br />
66<br />
QUELQUES METIERS DE LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />
Performance.<br />
Electricité.<br />
Chaudronnerie.
Mécanique.<br />
Automatismes.<br />
Chimie.<br />
Exploitation des tranches.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 67
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
68<br />
Garantir la fiabilité et la réactivité<br />
des moy<strong>en</strong>s de production.<br />
La souplesse et la réactivité sont<br />
la raison d’être du thermique au<br />
sein du parc <strong>EDF</strong>. C’est ce qui<br />
motive, <strong>en</strong> 2005, la décision de sortir de<br />
son cocon la tranche 3, dont la remise<br />
<strong>en</strong> service aura lieu le 15 octobre 2007<br />
après plus d’un an de travaux : « réveiller<br />
une tranche qui est <strong>en</strong> sommeil, c’était<br />
vraim<strong>en</strong>t une bonne nouvelle, que ce soit<br />
pour l’emploi ou pour les mégawatts que<br />
cela allait nous permettre de produire.<br />
Par contre, ça a été un sacré travail car<br />
p<strong>en</strong>dant son sommeil, la tranche 3 avait<br />
servi de magasin pour la tranche 2 :<br />
quand cela était nécessaire, des pièces<br />
étai<strong>en</strong>t tout simplem<strong>en</strong>t prélevées<br />
pour faire fonctionner sa sœur jumelle.<br />
Donc au début du chantier, il manquait<br />
beaucoup de choses ».<br />
Ces travaux sur la tranche 3 sont aussi<br />
l’occasion de préparer la rénovation<br />
du système de contrôle commande<br />
des trois autres tranches fioul du palier<br />
700 MW (tranche 2 de la c<strong>en</strong>trale de<br />
Cordemais <strong>en</strong> 2009, mais aussi les<br />
tranches 1 et 2 d’Aramon dans le Gard).<br />
En effet, les systèmes sont <strong>en</strong> partie<br />
obsolètes : « il fallait les changer pour<br />
prolonger la durée de vie des tranches ».<br />
Un nouveau système numérique de<br />
contrôle commande (SNCC) est donc<br />
mis <strong>en</strong> place : informatisé, complètem<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>t de ce qui existait et de dernier<br />
cri : « un vrai motif de fierté d’utiliser un tel<br />
système qui, jusqu’à prés<strong>en</strong>t, n’existait<br />
que sur le nucléaire ».<br />
La rénovation est dite ‘‘partielle’’ car les<br />
automatismes séqu<strong>en</strong>tiels n’ont pas<br />
tous été remplacés ; la majorité reste<br />
constituée de relais électromécaniques.<br />
Mais les bénéfices sont bi<strong>en</strong> réels :<br />
commandes sur écrans, conduite<br />
automatisée, récupération et partage<br />
<strong>en</strong> temps réel des données, ce qui<br />
permet d’analyser et d’optimiser le<br />
fonctionnem<strong>en</strong>t de la tranche.
Aujourd’hui installé sur les tranches fioul, le système numérique de contrôle commande (SNCC)<br />
est plus fiable et plus compact. Un projet d’installation sur les tranches charbon est <strong>en</strong> cours.<br />
Réveil de la tranche 3, rénovation<br />
des systèmes de commande<br />
des tranches fioul, ces chantiers<br />
illustr<strong>en</strong>t la nécessité stratégique<br />
d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir les équipem<strong>en</strong>ts actuels,<br />
pour <strong>en</strong> améliorer la fiabilité et <strong>en</strong> prolonger<br />
la durée de vie . « On <strong>en</strong> revi<strong>en</strong>t<br />
toujours à notre rôle dans l’alim<strong>en</strong>tation<br />
du grand Ouest : avoir des équipem<strong>en</strong>ts<br />
<strong>en</strong> bon état de marche est impératif<br />
car la c<strong>en</strong>trale joue un rôle majeur.<br />
En perman<strong>en</strong>ce, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t<br />
des arrêts déc<strong>en</strong>naux, nous agissons<br />
pour fiabiliser les outils, nous repérons<br />
les points de fragilité pour les traiter<br />
avant tout incid<strong>en</strong>t : c’est ce que l’on<br />
appelle la maint<strong>en</strong>ance prév<strong>en</strong>tive. Par<br />
exemple, nous v<strong>en</strong>ons de changer<br />
les réchauffeurs tubulaires du circuit<br />
eau-vapeur : ils permett<strong>en</strong>t de réchauffer<br />
l’eau avant de l’<strong>en</strong>voyer <strong>en</strong> chaudière,<br />
pour <strong>en</strong> assurer un fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
optimal ».<br />
En 2009, avec quatre tranches<br />
<strong>en</strong> service et une puissance de<br />
2600 MW, la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
et ses 450 ag<strong>en</strong>ts produis<strong>en</strong>t 25%<br />
de la consommation annuelle des<br />
Pays de la Loire.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 69
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
dans les hauteurs d’une tranche...<br />
70
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 71
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
72<br />
A l’approche<br />
de ses quarante ans, la<br />
décision est prise de déconstruire<br />
l’historique tranche 1.<br />
Dans un premier temps, la déconstruction<br />
ne concerne que certains élém<strong>en</strong>ts : la<br />
cheminée, grignotée durant le premier<br />
semestre 2010, puis les dépoussiéreurs.<br />
Avant d’aller plus loin dans la<br />
déconstruction, il est nécessaire de<br />
transférer les auxiliaires de site : « la<br />
tranche 1 comporte des ‘‘communs de<br />
site’’ indisp<strong>en</strong>sables au fonctionnem<strong>en</strong>t<br />
de toutes les tranches. Pour la<br />
déconstruire dans de bonnes conditions<br />
de sécurité, il faut les supprimer de<br />
la tranche 1 et les reconstruire à neuf,<br />
dans une tranche 0 ».<br />
Ensuite, la tranche 1 sera mise <strong>en</strong> îlot<br />
et prête à être déconstruite, le mom<strong>en</strong>t<br />
v<strong>en</strong>u. « Même si notre objectif est de<br />
prolonger au maximum la durée de vie<br />
des tranches aujourd’hui <strong>en</strong> service,<br />
il faut dans le même temps préparer<br />
2010<br />
2600 MW<br />
l’av<strong>en</strong>ir. Or, du fait de notre implantation<br />
sur une île, notre marge de manœuvre<br />
est restreinte : si nous voulons préserver<br />
nos capacités d’évolution, il faut donc<br />
faire de la place. Parallèlem<strong>en</strong>t au<br />
projet Tranche 0, nous étudions <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce<br />
des scénarii différ<strong>en</strong>ts, sans<br />
nous <strong>en</strong>fermer dans l’un ou l’autre. <strong>Le</strong><br />
mom<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>u, l’arbitrage qui sera fait<br />
par la direction du groupe <strong>EDF</strong> ti<strong>en</strong>dra<br />
compte :<br />
des évolutions de la réglem<strong>en</strong>tation<br />
<strong>en</strong> matière d’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ;<br />
des progrès technologiques qui<br />
détrôneront forcém<strong>en</strong>t les solutions<br />
qui aujourd’hui, nous paraiss<strong>en</strong>t les<br />
plus modernes ;<br />
mais aussi de la configuration du<br />
marché de l’électricité…<br />
C’est un réel travail de prospective<br />
qui exige que nous étudiions toutes<br />
les solutions possibles, sans fermer<br />
aucune porte et qui se prépare aussi<br />
sur le plan humain ».<br />
Trois robots ont été hissés sur une plate-forme à 150 mètres de haut.<br />
Etude de risques à l’appui, sept opérateurs ont découpé le fût de béton<br />
rouge et blanc au rythme de trois mètres par jour. <strong>Le</strong>s panneaux de béton<br />
ont été poussés à l’intérieur de la cheminée. Après extraction des métaux,<br />
les 4 000 m 3 de gravats seront concassés puis recyclés <strong>en</strong> remblai, utilisé<br />
sur le site. <strong>Le</strong> métal sera quant à lui recyclé par les prestataires <strong>en</strong> charge<br />
du chantier. « Une telle opération de déconstruction sur un site industriel<br />
<strong>en</strong> activité est une première <strong>en</strong> France ».
« nous nE<br />
ConstruIsons Pas<br />
sEuLs notrE aVEnIr.»<br />
Exig<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tales, progrès technologiques,<br />
évolution du marché : la production d’électricité s’inscrit<br />
dans un contexte <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>te évolution. Ainsi <strong>en</strong><br />
est‑il du projet de loi pour une Nouvelle organisation<br />
du marché de l’électricité (NOME). Ce projet est nourri<br />
pour une grande part des travaux de la commission<br />
Champsaur, créée <strong>en</strong> octobre 2008 à la demande<br />
du gouvernem<strong>en</strong>t français, à la suite de procédures<br />
<strong>en</strong>gagées par bruxelles à l’<strong>en</strong>contre des tarifs<br />
réglem<strong>en</strong>tés proposés par <strong>EDF</strong> aux <strong>en</strong>treprises.<br />
L’une des recommandations de la commission est<br />
d’ « attribuer à tout fournisseur un droit d’accès à<br />
l’électricité de base, à un prix régulé reflétant les<br />
conditions économiques du parc nucléaire historique ».<br />
En d’autres termes, il pourrait s’agir pour <strong>EDF</strong> de<br />
rev<strong>en</strong>dre à ses concurr<strong>en</strong>ts et à prix coûtant, l’électricité<br />
produite par son parc nucléaire… Cette loi n’est pas<br />
sans susciter des interrogations au sein du Groupe.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 73
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
QUARANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA CENTRALE (SEPTEMBRE 2010)<br />
<strong>Le</strong> patrimoine industriel transformé <strong>en</strong> écrans géants le temps de quelques nuits.<br />
74
Etape « Point de vue » du son et lumière.<br />
De gauche à droite : Dominique <strong>Le</strong>strade, Déléguée régionale <strong>EDF</strong> Pays de la Loire ;<br />
Patrick Mareschal, Présid<strong>en</strong>t du Conseil général de Loire-Atlantique ; Jacques Auxiette,<br />
Présid<strong>en</strong>t du Conseil régional des Pays de la Loire ; Jean Daubigny, Préfet de la région<br />
des Pays de la Loire et de Loire-Atlantique ; Jean-Marc Ayrault, Député de la troisième<br />
circonscription de Loire-Atlantique, Maire de la ville de Nantes ; Joël Geffroy,<br />
Maire de la ville de Cordemais, et son épouse ; D<strong>en</strong>is Flor<strong>en</strong>ty, Directeur<br />
de l’Unité de Production de Cordemais.<br />
En att<strong>en</strong>dant, nous sommes <strong>en</strong><br />
2010 et la c<strong>en</strong>trale s’apprête à fêter<br />
ses quarante années d’exist<strong>en</strong>ce.<br />
Pour l’occasion, des événem<strong>en</strong>ts ont été<br />
organisés à l’att<strong>en</strong>tion des ag<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong><br />
sûr, mais aussi des institutionnels locaux<br />
et du grand public.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 75
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
76<br />
Conserver et r<strong>en</strong>forcer la<br />
bonne intégration de la c<strong>en</strong>trale<br />
dans son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
Célébration du vingtième puis du<br />
quarantième anniver saire, ouverture du<br />
C<strong>en</strong>tre d’information du public, visites<br />
guidées… Ces r<strong>en</strong>contres traduis<strong>en</strong>t<br />
la volonté d’ouverture de la c<strong>en</strong>trale de<br />
Cordemais. <strong>Le</strong>urs succès sont le reflet de<br />
l’intérêt du public et du niveau d’intégration<br />
des installations dans l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t.<br />
Quarante ans après sa mise <strong>en</strong> service,<br />
on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t dire que la c<strong>en</strong>trale<br />
« fait partie du paysage ». Elle inspire de<br />
nombreux artistes, notamm<strong>en</strong>t locaux,<br />
tels les peintres Yvon Labarre et Serge<br />
Doceul (pages 88 et 90).
2010<br />
DES VISITES LIbRES<br />
DU DIMANChE MATIN…<br />
Depuis toujours, la c<strong>en</strong>trale suscite la curiosité. Dans les<br />
années 70, des visites étai<strong>en</strong>t organisées le dimanche :<br />
« le matin, le gardi<strong>en</strong> balisait le circuit jusqu’à la tranche 1<br />
et l’après-midi, les g<strong>en</strong>s de l’extérieur v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t. Il y<br />
avait une salle visiteurs le long du parcours avec une<br />
exposition de photographies. Ils allai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite jusqu’à<br />
la salle de commande de la tranche 1 ».<br />
Avec le temps, les consignes de sécurité ont été<br />
r<strong>en</strong>forcées et l’accès au site davantage <strong>en</strong>cadré. En<br />
2001, après les att<strong>en</strong>tats du 11 septembre, le plan<br />
Vigipirate a été activé : son application a r<strong>en</strong>forcé <strong>en</strong>core<br />
les consignes de sécurité.<br />
… AU CENTRE<br />
D’INFORMATION<br />
DU pUbLIC (CIp)<br />
En 2009, la c<strong>en</strong>trale a inauguré son C<strong>en</strong>tre d’information<br />
du public : sur 300 m 2 , les animations ludiques et<br />
interactives du CIp sont « l’occasion pour les visiteurs<br />
et surtout pour les jeunes, de découvrir la c<strong>en</strong>trale<br />
thermique, ses métiers, et de mieux compr<strong>en</strong>dre les<br />
moy<strong>en</strong>s de production d’électricité ».<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 77
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
DES RELATIONS<br />
DE pROXIMITE AVEC<br />
L’ENVIRONNEMENT<br />
IMMÉDIAT<br />
La c<strong>en</strong>trale est <strong>en</strong> interaction perman<strong>en</strong>te avec son<br />
<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t. Ses représ<strong>en</strong>tants sièg<strong>en</strong>t dans différ<strong>en</strong>tes<br />
instances locales, départem<strong>en</strong>tales ou régionales :<br />
Commission locale de l’eau ou Conseil de développem<strong>en</strong>t<br />
du grand port maritime de Nantes – Saint‑Nazaire. Au plan<br />
local, les relations avec les riverains se traduis<strong>en</strong>t dès que<br />
nécessaire, par des échanges, des r<strong>en</strong>contres ou des<br />
visites du site.<br />
D’une manière générale, cette connaissance mutuelle<br />
ainsi qu’une écoute sincère favorise la compréh<strong>en</strong>sion et<br />
la prise <strong>en</strong> compte des <strong>en</strong>jeux, contraintes et requêtes des<br />
uns et des autres.<br />
78<br />
pour autant, cette intégration n’est<br />
pas le fruit spontané de l’histoire ;<br />
elle est égalem<strong>en</strong>t le résultat d’un<br />
travail sur les équipem<strong>en</strong>ts pour limiter<br />
au minimum les impacts <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>taux.<br />
Sur ce terrain, l’objectif est d’anticiper<br />
et d’aller au-delà des exig<strong>en</strong>ces<br />
att<strong>en</strong>dues, ce qui fait dire à un ag<strong>en</strong>t :<br />
« à chaque nouvelle norme, on fait mieux<br />
que le minimum imposé. C’est un vrai<br />
élém<strong>en</strong>t de fierté ».<br />
Il <strong>en</strong> sera ainsi des installations de la<br />
tranche 3 : « une directive europé<strong>en</strong>ne<br />
est parue dans le courant de l’été<br />
2010. En cours de déclinaison <strong>en</strong><br />
droit français, elle devrait abaisser les<br />
seuils réglem<strong>en</strong>taires de rejet d’oxydes<br />
d’azote au 1 er janvier 2016. Pour<br />
nous inscrire dès maint<strong>en</strong>ant dans<br />
cette perspective pourtant lointaine,<br />
nous expérim<strong>en</strong>terons <strong>en</strong> 2011 des<br />
brûleurs ‘‘Bas NOx’’ pour améliorer la<br />
combustion de la tranche 3 et réduire<br />
les émissions d’oxydes d’azote (NOx).<br />
Si l’expérim<strong>en</strong>tation est probante et si le<br />
contexte s’y prête toujours, l’opération<br />
pourrait être dupliquée sur les autres<br />
tranches fioul du parc <strong>EDF</strong> : huit tranches<br />
sont concernées ».<br />
L’activité de la c<strong>en</strong>trale est ainsi <strong>en</strong>cadrée<br />
par les Pouvoirs publics et nécessite un<br />
suivi quotidi<strong>en</strong>. L’équipe Chimie surveille<br />
continuellem<strong>en</strong>t l’impact de la production<br />
sur l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> particulier les<br />
émissions atmosphériques et les eaux<br />
de rejets (qualité et température). <strong>Le</strong><br />
site est régulièrem<strong>en</strong>t contrôlé par la<br />
Direction régionale de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t,<br />
de l’aménagem<strong>en</strong>t et du logem<strong>en</strong>t<br />
(DREAL) dont les inspecteurs veill<strong>en</strong>t au<br />
respect de la législation <strong>en</strong> vigueur.<br />
Pour les riverains, comme le dit Joël<br />
Geffroy, maire de la ville de Cordemais,<br />
« la cohabitation se fait <strong>en</strong> bonne<br />
intellig<strong>en</strong>ce. Des nuisances ponctuelles<br />
exist<strong>en</strong>t mais j’ai le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t qu’elles<br />
sont réduites autant que faire se peut,<br />
surveillées et assumées par <strong>EDF</strong> ».<br />
En effet, lorsqu’une tranche fioul est<br />
démarrée pour répondre à un pic de la<br />
demande <strong>en</strong> électricité, des particules<br />
peuv<strong>en</strong>t s’échapper de la cheminée et<br />
se déposer aux abords immédiats de la<br />
c<strong>en</strong>trale ; elles sont susceptibles d’abîmer<br />
ce sur quoi elles se dépos<strong>en</strong>t. « Ce type<br />
d’incid<strong>en</strong>t reste rare mais peut se produire<br />
<strong>en</strong> dépit de toutes les précautions que<br />
nous pr<strong>en</strong>ons, lorsque l’installation est à<br />
l’arrêt depuis longtemps et que certaines<br />
conditions climatiques sont réunies (froid,<br />
humidité et v<strong>en</strong>t) ».<br />
La c<strong>en</strong>trale est égalem<strong>en</strong>t équipée de<br />
soupapes, des systèmes de sécurité qui<br />
se décl<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cas de surpression<br />
dans les chaudières, afin de protéger<br />
les hommes et les installations. Dans ce<br />
cas de figure, qui heureusem<strong>en</strong>t reste<br />
rare lui aussi, le bruit émis est bref (de<br />
quelques secondes à quelques minutes)<br />
mais d’un niveau sonore élevé, qui peut<br />
surpr<strong>en</strong>dre les nouveaux riverains.
Stockage du gypse : <strong>en</strong> 2009, 50 000 tonnes de gypse ont été produites et recyclées.<br />
En aval du processus de production,<br />
des solutions sont égalem<strong>en</strong>t mises<br />
<strong>en</strong> œuvre pour valoriser les coproduits,<br />
c’est-à-dire ce qui reste après la<br />
combustion, lorsque l’électricité a été<br />
produite.<br />
<strong>Le</strong>s c<strong>en</strong>dres par exemple : les 200 000<br />
tonnes issues chaque année des<br />
tranches charbon possèd<strong>en</strong>t des propriétés<br />
voisines du sable et peuv<strong>en</strong>t être<br />
valorisées dans l’industrie cim<strong>en</strong>tière ou<br />
pour combler des tranchées dans lesquelles<br />
pass<strong>en</strong>t des canalisations (gaz,<br />
alim<strong>en</strong>tation électrique) ou <strong>en</strong>core <strong>en</strong><br />
remblai, lors de la construction de routes.<br />
<strong>Le</strong> gypse, quant à lui, provi<strong>en</strong>t de<br />
l’unité de désulfuration des tranches<br />
charbon. C’est un élém<strong>en</strong>t qui existe<br />
par ailleurs à l’état naturel, sous forme<br />
de roche sédim<strong>en</strong>taire et qui intervi<strong>en</strong>t<br />
dans la composition du plâtre. Mais<br />
il faut alors l’extraire de mines ou de<br />
carrières souterraines. <strong>Le</strong> gypse de<br />
Cordemais est disponible <strong>en</strong> quantité<br />
et facilem<strong>en</strong>t accessible ; issu de la<br />
réaction chimique <strong>en</strong>tre le calcaire et<br />
le soufre (on parle de sulfogypse), il est<br />
<strong>en</strong> outre particulièrem<strong>en</strong>t pur et valorisé<br />
dans les industries du bâtim<strong>en</strong>t.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 79
ENJEUX ET pERSpECTIVES | A partir de 2008<br />
80<br />
C’est égalem<strong>en</strong>t dans l’objectif<br />
de recycler les coproduits que<br />
la c<strong>en</strong>trale a été associée à une<br />
démarche initiée par la communauté de<br />
communes Cœur d’Estuaire, qui fédère le<br />
Temple-de-Bretagne, Saint-Eti<strong>en</strong>ne-de-<br />
Montluc et Cordemais. Joël Geffroy,<br />
maire de Cordemais, explique : « nous<br />
souhaitons créer une zone d’écoactivités<br />
avec des artisans, des PME<br />
et PMI, <strong>en</strong> utilisant les gisem<strong>en</strong>ts de<br />
matières disponibles localem<strong>en</strong>t : les<br />
coproduits de la c<strong>en</strong>trale mais aussi<br />
les fonds de marais, la rouche (herbe<br />
du marais)… Nous avons lancé un<br />
part<strong>en</strong>ariat de recherche avec une école<br />
d’agronomie et de chimie de Toulouse,<br />
part<strong>en</strong>ariat auquel nous avons proposé<br />
à la c<strong>en</strong>trale de s’associer ». <strong>Le</strong>s pistes<br />
d’action sont nombreuses, comme<br />
par exemple la fabrication de plaques<br />
de plâtre particulièrem<strong>en</strong>t résistantes à<br />
partir des fibres de la rouche prov<strong>en</strong>ant<br />
des marais, et du sulfogypse prov<strong>en</strong>ant<br />
de la c<strong>en</strong>trale.<br />
Ci-contre , avec sa fondation <strong>EDF</strong> Diversiterre,<br />
la c<strong>en</strong>trale est part<strong>en</strong>aire de l’Observatoire créé<br />
<strong>en</strong> 2007 par l’artiste japonais Tadashi Kawamata à<br />
Lavau-sur-Loire, dans le cadre de l’opération Estuaire.<br />
« Nous nous sommes appropriés cette c<strong>en</strong>trale.<br />
Son architecture, pourtant industrielle, est intégrée<br />
à notre imaginaire aussi bi<strong>en</strong> qu’à notre réel. Quand<br />
un artiste lui ajoute un pylône qui devi<strong>en</strong>t un amer<br />
supplém<strong>en</strong>taire, il nous démontre que la réalité<br />
la plus concrète peut être au service de nos rêves. »<br />
Jean Daubigny, Préfet de la région des Pays de la Loire<br />
et de Loire-Atlantique (16 sept. 2010,<br />
quarantième anniversaire de la c<strong>en</strong>trale)<br />
Ci-dessous, l’œuvre de l’artiste japonais Tatsu Nishi,<br />
installée au bout de l’île de la Nation depuis l’été 2009 ;<br />
elle s’inscrit dans le cadre de la bi<strong>en</strong>nale artistique Estuaire.
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 81
En 2010, quarante ans après la production<br />
de son premier kilowattheure,<br />
avec 2600 MW de puissance installée, la<br />
c<strong>en</strong>trale thermique de Cordemais est<br />
la plus importante de France. Chaque<br />
jour, ses 445 ag<strong>en</strong>ts assur<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><br />
et le fonctionnem<strong>en</strong>t des installations.<br />
Quadragénaire moderne, la c<strong>en</strong>trale<br />
innove <strong>en</strong>core et toujours pour sout<strong>en</strong>ir,<br />
<strong>en</strong> acteur responsable, le développem<strong>en</strong>t<br />
des terres de l’ouest.<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 83
84<br />
1968<br />
Construction de la<br />
première cheminée<br />
1966<br />
Autorisation officielle<br />
de construction<br />
23 décembre 1970<br />
Premier couplage de la<br />
tranche 1 au réseau<br />
24 mai 1971<br />
Inauguration de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
25 ans du groupe <strong>EDF</strong><br />
octobre 1973<br />
Choc pétrolier<br />
novembre 1982<br />
Remise <strong>en</strong> service de la<br />
tranche 1 (charbon)<br />
octobre et décembre 1976<br />
Mise <strong>en</strong> service des tranches 2 et 3 (fioul)<br />
1982<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
du parc à charbon<br />
novembre 1982<br />
Premier train de charbon<br />
novembre 1983<br />
Mise <strong>en</strong> service de la<br />
tranche 4 (charbon)<br />
octobre 1984<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
de la tranche 5 (charbon)<br />
1985<br />
Année charbon<br />
1991<br />
Record de production de la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
(9,6 TWh)<br />
Mi-1984<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
de l’appontem<strong>en</strong>t charbonnier 12 janvier 1987<br />
Effondrem<strong>en</strong>t du réseau<br />
sur le grand Ouest<br />
1986<br />
Fermeture de la<br />
c<strong>en</strong>trale de Cheviré novembre 1990<br />
Vingtième anniversaire de<br />
la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
1993<br />
Cap du milliard de kWh franchi<br />
par la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
1996<br />
Vote de la loi sur l’air<br />
et l’utilisation rationnelle<br />
de l’énergie et publication<br />
de la première norme<br />
ISO 14000<br />
1996<br />
Première ouverture<br />
du marché français<br />
de l’électricité<br />
1997<br />
Arrêt de la tranche 1<br />
et mise sous cocon<br />
de la tranche 3
1998<br />
Construction du bâtim<strong>en</strong>t d’accueil<br />
1999<br />
Mise <strong>en</strong> service de la<br />
désulfuration (tranches 4 et 5)<br />
2002<br />
Obt<strong>en</strong>tion de la première<br />
certification ISO 14001<br />
9 août 2004<br />
Transformation du statut d’<strong>EDF</strong><br />
2006<br />
Obt<strong>en</strong>tion de la première<br />
certification OHSAS 18001<br />
15 octobre 2007<br />
Remise <strong>en</strong> service de la tranche 3<br />
Quarante ans d’énergie<br />
2008<br />
Mise <strong>en</strong> service<br />
de la dénitrification<br />
(tranches 4 et 5)<br />
septembre 2010<br />
Quarantième anniversaire<br />
de la c<strong>en</strong>trale de Cordemais<br />
Juin 2009<br />
Ouverture du<br />
C<strong>en</strong>tre d’information<br />
du public (CIP)<br />
Juin 2010<br />
Obt<strong>en</strong>tion des premières<br />
certifications ISO 9001<br />
et SA 8000<br />
2009<br />
Rénovation<br />
du système de contrôle<br />
commande de la tranche 2<br />
Au fil du temps<br />
...<br />
2010<br />
Grignotage<br />
de la cheminée de la tranche 1<br />
et début du chantier<br />
de la tranche 0<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 85
86<br />
Construction de la cheminée de la tranche 1, bétonnage de la semelle (juin 1968).
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 87
88<br />
« Cordemais d’hier et d’aujourd’hui ». Huile sur toile 80 x 80 cm du peintre Yvon Labarre (1993). Collection Mairie de Cordemais.
CORDEMAIS EN ESTUAIRE<br />
Itinéraires du Patrimoine 104 – 1996<br />
Jean-Louis Kérouanton et Yves <strong>Le</strong> Maître.<br />
Photographies : D<strong>en</strong>is Pillet<br />
Direction régionale des affaires culturelles.<br />
Service régional de l’inv<strong>en</strong>taire général.<br />
Sources<br />
CHEVIRE, UNE CENTRALE ET SES HOMMES<br />
Groupe de recherches historiques de la c<strong>en</strong>trale<br />
de Cheviré, ACL Editions (1987)<br />
L’AGGLOMERATION NANTAISE :<br />
RéCITS D’ACTEURS<br />
Jacques Floch, Editions de l’Aube (1996)<br />
NANTES ET SON AGGLOMERATION<br />
Cahiers du C<strong>en</strong>tre nantais de recherche pour<br />
l’aménagem<strong>en</strong>t régional, n os 33-34 (1989-1990)<br />
L’ATOME CIVIL, TRENTE ANS DEJA<br />
Frédéric de Monicault, Historia n o 676 (avril 2003)<br />
L’EQUIPEMENT DES FRANçAIS<br />
EN BIENS DURABLES FIN 1968<br />
Economie et statistique n o 3 (juillet-août 1969)<br />
OUEST FRANCE<br />
Editions des 24 mai 1971, 13, 14, 17 et 28 janvier<br />
1987, 22 novembre 1990<br />
PRESSE OCEAN<br />
Editions des 22 novembre 1990 et 19 septembre 1997<br />
PARFUM D’ESTUAIRE<br />
Regards d’artistes, Cordemais (2007)<br />
MAGAzINE DE LA VILLE DE CORDEMAIS<br />
Editions de mars 1993, décembre 1994,novembre<br />
1995, juin 2000, octobre 2006 et octobre 2009<br />
SUR LA TOILE<br />
edf.com<br />
webcdf.brgm.fr (site des Charbonnages de France)<br />
interieur.gouv.fr (site du Ministère de l’intérieur,<br />
de l’Outre mer et des collectivités territoriales)<br />
ina.fr<br />
DOCUMENTS INTERNES A LA DIVISION<br />
PRODUCTION ET INGéNIERIE THERMIQUE<br />
(DPIT)<br />
Notre thermique, novembre 2006<br />
Rapport d’activité, 2009<br />
DOCUMENTS INTERNES<br />
à LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />
Editions du journal interne<br />
Editions de la lettre électronique hebdomadaire<br />
Comptes-r<strong>en</strong>dus des Forums<br />
Dossiers de presse<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 89
« L’année 2000 Cordemais »<br />
Huile sur toile 60 x 30 cm<br />
du peintre Serge Doceul<br />
90<br />
Collection privée.
MEDIATHEQUE <strong>EDF</strong><br />
S. <strong>Le</strong>goupi – Couverture. Page 3. Page 9. Page 42.<br />
Page 44. Page 50. Page 54. Page 55. Page 58 (grand<br />
format). Page 63. Page 66. Page 67. Page 68. Page 70.<br />
Page 72. Page 73. Page 75. Page 76. Page 79. Page 80.<br />
P. Eranian – Page 38. G. Huguet – Page 81.<br />
Direction des Services Partagés – Groupe Archives /<br />
Archives Historiques <strong>EDF</strong> : M. Brigaud – Page 27.<br />
M. Crépin – Page 30.<br />
ARCHIVES DE LA CENTRALE DE CORDEMAIS<br />
Droits Réservés – Page 8. Page 10. Page 12.<br />
Page 14. Page 16. Page 17. Page 18. Page 86.<br />
M. Blond – Page 20. Page 22. Page 24. Page 26.<br />
Page 28. Page 40. Y. Soulabaille – Page 49.<br />
Crédits<br />
CONCEPTION, ENTRETIENS, REDACTION ET GESTION DU PROJET<br />
Agnès Laur<strong>en</strong>t –<br />
Contact : agnes.laur<strong>en</strong>t@albedo.pro<br />
CREATION GRAPHIQUE ET REALISATION<br />
DeuxPointDeux<br />
Contact : www.deuxpointdeux.com<br />
PHOTOTHEQUE CENTRALE DE CORDEMAIS<br />
Page 6. Page 23. Page 34. Page 35. Page 36. Page 47.<br />
Page 48.Page 52. Page 53. Page 58 (vignette). Page 61.<br />
Page 62. Diazzo – Page 74. ICI (Image - Communication<br />
- Impressions) – Page 88. X. Trochu – Page 90.<br />
ARCHIVES MUNICIPALES DE RENNES<br />
Fonds Heurtier – Page 33 (350Fi40-2)<br />
IMPRESSION<br />
Achevé d’imprimé <strong>en</strong> décembre 2010 à Saint-Herblain (Loire-Atlantique)<br />
sur les presses de l’Atelier Des Couleurs<br />
CENTRALE DE CORDEMAIS – 40 ANS D’ÉNERGIE | 91
92<br />
RETROUVEz QUARANTE ANS D’éNERGIE<br />
DANS LE DVD PAGE SUIVANTE.<br />
Film réalisé par Première Image et prés<strong>en</strong>té à<br />
l’occasion du quarantième anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.<br />
Album photos de l’événem<strong>en</strong>t.<br />
Etape « Histoire » du son et lumière conçu et réalisé<br />
par Cap Image à l’occasion du quarantième<br />
anniversaire de la c<strong>en</strong>trale.