Le journalisme à controverse

Cours électronique de journalisme scientifique – Leçon 6
6.6 Les exigences de base du journalisme à controverse
Il est toujours utile de maintenir de bons rapports avec les chercheurs et de gagner leur
confiance. Ils peuvent vous fournir des pistes sur des recherches controversées et vous
aurez besoin de leur collaboration pour confirmer vos informations au moment de rédiger
l’histoire.
En même temps, il est préférable de vous en tenir à des relations professionnelles avec vos
sources. Des relations trop intimes pourraient compromettre votre objectivité. S’il y a
conflit, vous devez être prêt à sacrifier une relation personnelle pour le bien de votre travail.
Le journalisme d’enquête de qualité demande beaucoup de temps - des jours, des semaines
et des mois - et il faut de la patience. Soyez prêts à envisager l’échec.
Le plus important, vous avez absolument besoin de l’appui de votre rédacteur en chef.
Gardez-le bien informé de vos démarches pour qu’il puisse résister à toute pression qui
pourrait vous empêcher de publier vos découvertes, et assurez-vous qu’il prendra charge de
votre défense en cas de poursuite.
Souvenez-vous que l'élément le plus caractéristique d’une bonne enquête, c’est qu’elle va
provoquer des réactions. Avant toute publication, conservez toutes les réponses et
documents en lieu sûr pour pouvoir répondre aux dénégations probables, aux répliques, aux
critiques et même aux poursuites en diffamation - comme l’auteur de ces lignes l’a constaté
en 1988 (voir l’histoire du tout-début de ce chapitre). Ne publiez donc aucun élément
controversé que vous n’êtes pas capable de prouver. Même s’il y a des choses croustillantes
que vous savez « vraies », vous ne devez pas les publier si vous n’êtes pas capable d’en
faire une preuve irréfutable devant un tribunal. Vous seriez alors passible d’une
condamnation pour diffamation. C’est pourquoi les grands médias ne publient aucun article
à controverse sans le soumettre d’abord à leurs avocats. (C’est bien connu, les avocats
seront plus exigeants que vous sur la solidité des preuves requises.) C’est frustrant pour le
journaliste qui doit souvent effacer des passa
ges dont il est fier. Par contre, cela vaut beaucoup mieux que de voir sa réputation
compromise parce que votre journal a dû faire des excuses publiques à des bandits que
vous avez accusés sans preuve irréfutable.
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