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La résistance des plantes à la sécheresse - Inra

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<strong>La</strong> <strong>résistance</strong> <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong><br />

<strong>La</strong> compréhension <strong>des</strong> mécanismes d'adaptation <strong>à</strong> une alimentation en eau déficitaire est nécessaire pour<br />

orienter <strong>la</strong> recherche d'espèces ou de variétés cultivées moins exigeantes en eau et pour piloter l'irrigation de<br />

<strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus économe possible.<br />

En physiologie végétale, <strong>la</strong> <strong>résistance</strong> <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong> a souvent été étudiée en soumettant les végétaux<br />

brusquement et sur un temps très court <strong>à</strong> <strong>des</strong> conditions de stress hydrique, ce qui expose les cellules <strong>à</strong> un<br />

stress sévère. Mais en conditions agronomiques, et particulièrement sous nos climats tempérés, les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> ont<br />

rarement <strong>à</strong> faire face <strong>à</strong> de telles situations car elles mettent en oeuvre <strong>des</strong> régu<strong>la</strong>tions précoces qui <strong>la</strong> plupart du<br />

temps préservent les cellules <strong>des</strong> stress.<br />

Les régu<strong>la</strong>tions physiologiques et morphologiques qui permettent<br />

aux <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> de s'adapter <strong>à</strong> une alimentation en eau<br />

déficitaire s'opèrent <strong>à</strong> différentes échelles. Dès qu'un déficit<br />

hydrique apparaît, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte ajuste, rapidement et de façon<br />

réversible, les flux d'eau qui <strong>la</strong> traversent par <strong>la</strong> fermeture de<br />

ses stomates (petits orifices <strong>des</strong> feuilles, qui règlent les<br />

échanges gazeux entre p<strong>la</strong>nte et atmosphère). Des déficits<br />

hydriques plus longs induisent <strong>des</strong> changements plus irréversibles,<br />

notamment de morphologie (réduction <strong>des</strong> surfaces<br />

d’évaporation). Dans les situations de <strong>sécheresse</strong> très longue<br />

et sévère, cette réduction peut devenir complète, <strong>la</strong> question<br />

alors posée est celle de <strong>la</strong> survie <strong>des</strong> organes essentiels<br />

(méristèmes, racines) pour assurer une reprise de croissance<br />

lorsque les conditions hydriques sont <strong>à</strong> nouveau favorables<br />

(cas <strong>des</strong> espèces pérennes soumises aux climats méditerranéens).<br />

L'évapotranspiration d'un couvert végétal<br />

Les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> "consomment" <strong>des</strong> quantités d'eau bien supérieures<br />

<strong>à</strong> celles qu'elles fixent dans leurs tissus ; elles sont<br />

en fait constamment traversées par un flux d'eau dont <strong>la</strong><br />

majeure partie est transpirée et donc re<strong>la</strong>rguée dans l'atmosphère.<br />

On nomme évapotranspiration (grandeur<br />

exprimée, comme les précipitations, en hauteur d'eau) l'ensemble<br />

de l'eau perdue par <strong>la</strong> végétation (transpiration) et<br />

par le sol (évaporation). En été, un m 2 de couvert végétal<br />

évapotranspire ainsi plusieurs litres d'eau par jour.<br />

L'évapotranspiration potentielle (ETP) est déterminée par<br />

les conditions climatiques : rayonnement, température et<br />

humidité de l'air, vent... L'évapotranspiration réelle (ETR)<br />

n'est égale <strong>à</strong> l'ETP que lorsque l'alimentation en eau n'est<br />

pas limitante ; <strong>la</strong> différence entre ETR et ETP constitue une<br />

mesure du déficit hydrique auquel est soumis le peuplement<br />

végétal.<br />

Régu<strong>la</strong>tion immédiate de <strong>la</strong> transpiration<br />

Lorsque l'évapotranspiration potentielle, déterminée par les<br />

caractériques de l'atmosphère, devient supérieure <strong>à</strong> ses possibilités<br />

d'alimentation en eau, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte réagit en fermant ses<br />

stomates pour éviter de se <strong>des</strong>sécher. On a longtemps<br />

considéré que cette fermeture était provoquée, mécaniquement,<br />

par une modification de <strong>la</strong> turgescence <strong>des</strong> cellules de<br />

<strong>la</strong> feuille, induite par <strong>la</strong> déshydratation (contrôle hydraulique).<br />

Les mécanismes en jeu sont en fait plus complexes.<br />

<strong>La</strong> fermeture <strong>des</strong> stomates est notamment déclenchée par un<br />

signal chimique racinaire : <strong>la</strong> molécule-signal est une phytohormone,<br />

l'acide abscissique (ABA), synthétisé par les<br />

racines soumises <strong>à</strong> un déficit hydrique, et qui est véhiculé<br />

jusqu'aux feuilles par <strong>la</strong> sève brute. Ce mécanisme est vérifié<br />

expérimentalement par le fait qu'un apport d'ABA exogène<br />

dans <strong>la</strong> sève provoque bien <strong>la</strong> fermeture <strong>des</strong> stomates. Le<br />

même effet est également obtenu si une partie <strong>des</strong> racines est<br />

soumise <strong>à</strong> une <strong>des</strong>sication alors que le reste de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte est<br />

maintenu dans <strong>des</strong> conditions hydriques non limitantes.<br />

Cette mise en évidence du rôle de l'ABA n'exclut pas l'intervention<br />

d'autres mécanismes de contrôle stomatique, réagissant<br />

<strong>à</strong> d'autres paramètres que l'état hydrique du sol (ex : le<br />

déficit de saturation en vapeur d'eau de l'air), ni l'existence de<br />

rétroactions plus complexes dans <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion de l'état<br />

hydrique <strong>des</strong> parties aériennes de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte. Ces régu<strong>la</strong>tions<br />

diffèrent d'ailleurs selon les espèces, leur capacité <strong>à</strong> maintenir<br />

un état hydrique presque constant étant variable (cf.<br />

encadré “Potentiel hydrique”). Par exemple, elle est bonne<br />

chez le maïs et le pois (espèces dites isohydriques) et<br />

moindre chez le tournesol (espèce anisohydrique).<br />

Une modélisation du contrôle conjoint de <strong>la</strong> conductance stomatique<br />

(qui exprime <strong>la</strong> <strong>résistance</strong> <strong>des</strong> stomates aux<br />

échanges gazeux), <strong>des</strong> états hydriques <strong>des</strong> feuilles et <strong>des</strong><br />

racines et de <strong>la</strong> concentration en ABA a été développée. Ce<br />

modèle mathématique associe 5 équations traduisant les re<strong>la</strong>-


tions identifiées entre variables d'entrée environnementales<br />

(potentiel hydrique du sol, rayonnement so<strong>la</strong>ire et déficit de<br />

saturation en vapeur d'eau de l'air) et variables biologiques<br />

(conductance stomatique, potentiels hydriques foliaire et<br />

racinaire, flux d'eau dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte et concentration de <strong>la</strong> sève<br />

en ABA). Pour <strong>des</strong> valeurs données <strong>des</strong> paramètres environnementaux,<br />

ce système de 5 équations <strong>à</strong> 5 inconnues (les<br />

variables biologiques) ne possède qu’une “solution” (un seul<br />

jeu de valeurs pour les 5 variables biologiques), et ces résultats<br />

sont cohérents avec les valeurs enregistrées chez les<br />

<strong>p<strong>la</strong>ntes</strong>. Ce modèle permet de simuler différentes situations,<br />

et notamment les comportements anisohydrique et isohydrique<br />

: le premier est obtenu lorsque les stomates ne dépendent<br />

que du message racinaire ; dans le second, le potentiel<br />

foliaire intervient dans <strong>la</strong> fermeture <strong>des</strong> stomates, mais indirectement,<br />

en accroissant leur sensibilité <strong>à</strong> l'ABA.<br />

Si <strong>la</strong> fermeture <strong>des</strong> stomates permet <strong>à</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte de réduire <strong>la</strong><br />

sortie d'eau, elle limite aussi l'entrée de CO2 et donc <strong>la</strong> photosynthèse<br />

et <strong>la</strong> production de biomasse.<br />

Le potentiel hydrique<br />

<strong>La</strong> notion de "potentiel hydrique" permet de comparer les<br />

états hydriques <strong>des</strong> milieux physiques (sol et ses différentes<br />

strates) et biologiques (p<strong>la</strong>nte et ses différents<br />

organes), et de déterminer le sens de circu<strong>la</strong>tion de l'eau.<br />

Le potentiel hydrique (s’exprime en mégapascals ou en<br />

bars) est une grandeur négative, qui représente l’énergie<br />

de <strong>la</strong> liaison de l’eau avec un milieu, le potentiel de l’eau<br />

libre étant égal <strong>à</strong> zéro. L'eau se dép<strong>la</strong>ce dans le sens <strong>des</strong><br />

potentiels décroissants.<br />

Le potentiel hydrique de l’air est presque toujours plus bas<br />

que celui du sol, ce qui explique que les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> soient traversées<br />

par un courant d’eau ascendant. Le potentiel<br />

hydrique dans les feuilles dépend de celui du sol et <strong>des</strong><br />

<strong>résistance</strong>s au transfert d'eau <strong>à</strong> travers <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte.<br />

Adaptation de <strong>la</strong> morphologie<br />

aux contraintes hydriques<br />

Les déficits hydriques longs se traduisent par <strong>des</strong> changements<br />

progressifs dans <strong>la</strong> structure de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte, qui visent <strong>à</strong><br />

réduire sa surface transpirante (surface foliaire), mais qui<br />

induisent également une baisse de sa production. Au début<br />

du cycle végétatif, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte ajuste sa taille <strong>à</strong> l'eau disponible<br />

dans le milieu en réduisant <strong>la</strong> surface et/ou le nombre de ses<br />

feuilles, et le nombre de ses organes d'accumu<strong>la</strong>tion. Ainsi,<br />

ses besoins en eau sont plus faibles mais sa biomasse réduite ;<br />

elle reste capable de produire <strong>des</strong> semences, mais moins<br />

nombreuses. Durant <strong>la</strong> seconde partie du cycle végétatif, c'est<br />

par une sénescence accélérée <strong>des</strong> feuilles et l'avortement de<br />

graines que les réductions de taille s'opèrent.<br />

C<strong>la</strong>ssiquement, les modèles de simu<strong>la</strong>tion du fonctionnement<br />

<strong>des</strong> cultures décrivent les effets <strong>des</strong> déficits hydriques sur <strong>la</strong><br />

transpiration, <strong>la</strong> production de biomasse et le développement<br />

<strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> en se référant au développement en conditions<br />

hydriques non limitantes : le stress hydrique est intégré sous<br />

<strong>la</strong> forme d'une fonction de réduction de <strong>la</strong> production journa-<br />

lière de biomasse (via celle de <strong>la</strong> photosynthèse) chez les<br />

<strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> stressées. Si ces modèles rendent <strong>des</strong> services importants,<br />

par exemple dans le pilotage de l'irrigation, ils parviennent<br />

cependant mal <strong>à</strong> rendre compte de l'effet <strong>des</strong> déficits<br />

modérés et re<strong>la</strong>tivement courts. Ainsi, ils ont tendance <strong>à</strong><br />

surestimer les effets d'un déficit hydrique donné (probablement<br />

par sous-estimation <strong>des</strong> régu<strong>la</strong>tions précoces mises en<br />

oeuvre par <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte), et ils ne prennent pas en compte les<br />

arrière-effets <strong>des</strong> déficits (qui peuvent se manifester sur <strong>la</strong><br />

croissance foliaire plusieurs jours ou semaines après le retour<br />

<strong>des</strong> conditions favorables).<br />

L'objectif <strong>des</strong> travaux menés par le <strong>la</strong>boratoire d'écophysiologie<br />

<strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> sous stress environnementaux est de renouveler<br />

les bases <strong>des</strong> modèles de simu<strong>la</strong>tion du fonctionnement<br />

<strong>des</strong> cultures grâce <strong>à</strong> <strong>la</strong> modélisation <strong>des</strong> différents éléments<br />

et étapes du développement de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte. Il ne s'agit plus de<br />

quantifier globalement <strong>la</strong> réduction de biomasse induite par<br />

un stress hydrique, mais de rendre compte en détail <strong>des</strong><br />

modifications du schéma de développement induites par ce<br />

stress. Les recherches sont menées sur plusieurs espèces<br />

annuelles de grande culture, présentant différents types de<br />

développement et de capacité de régu<strong>la</strong>tion de l’état hydrique :<br />

maïs (monocotylédone <strong>à</strong> développement déterminé, isohydrique),<br />

tournesol (dicotylédone <strong>à</strong> développement déterminé,<br />

anisohydrique) et pois (dicotylédone <strong>à</strong> développement indéterminé,<br />

isohydrique).<br />

<strong>La</strong> première étape a consisté <strong>à</strong> analyser les phénomènes <strong>à</strong><br />

l'échelle de l'organe. L'étude du contrôle de l'expansion <strong>des</strong><br />

feuilles et <strong>des</strong> racines a ainsi permis de préciser et de modéliser<br />

les effets, immédiats et différés, <strong>des</strong> différents<br />

paramètres environnementaux (état hydrique du sol, déficit<br />

de saturation de l'air, température ressentie par les organes...)<br />

et <strong>des</strong> régu<strong>la</strong>tions mises en oeuvre par <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte (synthèse<br />

d'ABA) sur les vitesses de division cellu<strong>la</strong>ire et d'expansion<br />

<strong>des</strong> différents organes en croissance. Il apparaît ainsi, par<br />

exemple, que <strong>la</strong> réduction de surface foliaire en cas de déficit<br />

hydrique ne peut être prévue <strong>à</strong> partir de <strong>la</strong> réduction de <strong>la</strong><br />

photosynthèse : ce sont <strong>la</strong> concentration en ABA de <strong>la</strong> sève<br />

et le déficit de saturation en vapeur d'eau de l'air qui déterminent<br />

<strong>la</strong> réduction de vitesse d'expansion <strong>des</strong> feuilles.<br />

L'étape suivante consiste <strong>à</strong> intégrer <strong>à</strong> l'échelle de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte et<br />

du cycle végétatif, l'ensemble <strong>des</strong> réponses <strong>des</strong> différents<br />

organes aux contraintes environnementales et internes. Le<br />

type de modèle développé repose sur le fait qu’une p<strong>la</strong>nte se<br />

construit par <strong>la</strong> formation de phytomères successifs (un phytomère<br />

étant l’ensemble comprenant l'entre-noeud, <strong>la</strong> feuille<br />

et son bourgeon axil<strong>la</strong>ire). <strong>La</strong> connaissance <strong>des</strong> paramètres<br />

qui déterminent <strong>la</strong> vitesse et <strong>la</strong> durée de l'émission de nouveaux<br />

phytomères, <strong>la</strong> coordination de <strong>la</strong> croissance sur plusieurs<br />

phytomères et <strong>la</strong> sénescence <strong>des</strong> feuilles doit permettre<br />

de reconstituer le développement de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte et ses adaptations<br />

en fonction du niveau d’alimentation en eau tout au<br />

long du cycle.<br />

L'objectif de tels modèles est, <strong>à</strong> terme, de fournir une aide au<br />

pilotage de l'irrigation, prenant en compte les effets directs<br />

<strong>des</strong> déficits hydriques, mais aussi leurs arrière-effets après le<br />

rétablissement d’une alimentation en eau optimale. Ils sont


aussi applicables au diagnostic au champ, l’analyse de <strong>la</strong><br />

structure <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> permettant de déterminer les éventuelles<br />

pério<strong>des</strong> de déficit hydrique et leur impact.<br />

Survie <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> pérennes herbacées<br />

aux <strong>sécheresse</strong>s sévères<br />

<strong>La</strong> capacité de survie <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> est leur aptitude <strong>à</strong> rester<br />

vivantes pendant une <strong>sécheresse</strong> sévère et prolongée (plusieurs<br />

semaines <strong>à</strong> plusieurs mois), et <strong>à</strong> reprendre développement<br />

et croissance en cas de réhydratation. Chez les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong><br />

herbacées vivaces, les <strong>sécheresse</strong>s quasi-totales <strong>des</strong> étés<br />

méditerranéens provoquent un arrêt rapide de <strong>la</strong> croissance et<br />

de l'initiation d'organes, puis <strong>la</strong> sénescence <strong>des</strong> feuilles<br />

matures ; <strong>la</strong> survie n'est ensuite assurée que par le maintien<br />

de méristèmes aériens (bourgeons, feuilles encloses) et de<br />

racines. <strong>La</strong> problématique ici n’est plus une question de<br />

modu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> croissance, mais de survie et de pérennité.<br />

Dans les zones sèches <strong>des</strong> pays sud-européens, les peuplements<br />

herbacés méditerranéens remplissant de nombreuses<br />

fonctions (production fourragère, lutte contre l'érosion <strong>des</strong><br />

sols et les risques d'incendie), pour lesquelles <strong>la</strong> pérennité<br />

constitue un enjeu important.<br />

Plusieurs mécanismes rendent compte de <strong>la</strong> capacité de survie<br />

<strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong> : adaptation du cycle de développement de<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte au cycle climatique, accumu<strong>la</strong>tion de réserves glucidiques<br />

en début de <strong>sécheresse</strong>, tolérance <strong>des</strong> bourgeons <strong>à</strong><br />

<strong>des</strong> niveaux élevés de déshydratation... Afin d'analyser et<br />

hiérarchiser ces mécanismes, <strong>des</strong> expérimentations ont été<br />

réalisées sur <strong>des</strong> espèces (dactyle et luzerne) utilisées pour <strong>la</strong><br />

production fourragère ou <strong>la</strong> protection <strong>des</strong> sols dans les<br />

milieux secs méditerranéens, en comparant, au sein d'une<br />

espèce, <strong>des</strong> génotypes sensibles ou au contraire résistants <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>sécheresse</strong>.<br />

Ces travaux mettent en évidence que <strong>la</strong> survie aux <strong>sécheresse</strong>s<br />

sévères est assurée par une combinaison de mécanismes.<br />

L’aptitude <strong>à</strong> <strong>la</strong> survie estivale et <strong>à</strong> <strong>la</strong> reprise automnale<br />

est corrélée avec une précocité de l'épiaison, un ralentissement<br />

physiologique estival de <strong>la</strong> croissance <strong>des</strong> parties<br />

aériennes, un système racinaire plus développé en profondeur,<br />

une accumu<strong>la</strong>tion de sucres hautement polymérisés <strong>à</strong> <strong>la</strong><br />

base <strong>des</strong> talles, une meilleure protection <strong>des</strong> méristèmes et<br />

une tolérance plus grande aux températures élevées. Au<br />

contraire, les vitesses d'arrêt de croissance et de sénescence<br />

<strong>des</strong> feuilles, et <strong>la</strong> teneur en eau <strong>des</strong> parties survivantes ne présentent<br />

pas de différences significatives entre variétés sensibles<br />

et résistantes <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong>.<br />

L'objectif est maintenant de parvenir <strong>à</strong> une représentation<br />

quantifiée <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions entre les différentes variables étudiées,<br />

puis d'é<strong>la</strong>borer un modèle permettant de prévoir le taux<br />

de survie et <strong>la</strong> repousse de peuplements composés d'espèces<br />

dont les caractéristiques physiologiques seraient connues, en<br />

fonction de <strong>la</strong> durée et de l’intensité de <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong>.<br />

Le déficit hydrique, voie d’entrée<br />

pour une modélisation plus générale<br />

de l’effet de stress abiotique<br />

Les recherches menées au <strong>La</strong>boratoire d'écophysiologie <strong>des</strong><br />

<strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> sous stress environnementaux sur l'adaptation au<br />

déficit hydrique s'inscrivent dans une démarche plus globale<br />

d’étude de <strong>la</strong> modu<strong>la</strong>tion, par différents types de stress (déficits<br />

minéraux et lumineux), du développement, de <strong>la</strong> croissance<br />

et de <strong>la</strong> production <strong>des</strong> couverts végétaux cultivés.<br />

L’approche se fait par une démarche analytique fine <strong>des</strong><br />

effets sur l’initiation, <strong>la</strong> division cellu<strong>la</strong>ire et l’expansion de<br />

tous les organes. Les hypothèses qui sous-tendent cette<br />

approche sont que les réponses morphologiques <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong><br />

sont en partie communes <strong>à</strong> plusieurs contraintes, et que<br />

l'adaptation <strong>à</strong> un déficit donné modifie le fonctionnement<br />

vis-<strong>à</strong>-vis <strong>des</strong> autres.<br />

Cette approche très analytique, <strong>à</strong> l’échelle <strong>des</strong> différents<br />

organes et sur de courts pas de temps, pose de façon récurrente<br />

le problème de l’intégration <strong>à</strong> l’échelle du cycle cultural.<br />

D’où l’accent mis sur <strong>la</strong> modélisation, qui constitue<br />

l’autre caractéristique de ces travaux. A terme, celle-ci<br />

devrait permettre de pallier certaines limites de l’expérimentation.<br />

En effet, étant donné <strong>la</strong> variabilité spatiale et interannuelle<br />

<strong>des</strong> climats, et l’évolution rapide <strong>des</strong> techniques<br />

culturales (ex : les variétés), une approche purement expérimentale<br />

ne permet pas de rendre compte ou de prévoir les<br />

effets <strong>des</strong> pratiques culturales (variétés, date de semis, irrigation)<br />

dans tous les scénarios climatiques possibles (période et<br />

intensité de chaque période stresante).<br />

<strong>La</strong>boratoires INRA concernés<br />

• <strong>La</strong>boratoire d'écophysiologie <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> sous stress environnementaux<br />

(LEPSE), UMR ENSAM-INRA - Centre de Montpellier.<br />

• <strong>La</strong>boratoire de modélisation <strong>des</strong> <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> (AMAP), UMR CIRAD-<br />

INRA - Centre de Montpellier.<br />

Pour en savoir plus<br />

• Tardieu F., Dreyer E., 1997. "Régu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> échanges gazeux par<br />

les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong> soumises <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>sécheresse</strong>". in L'eau dans l'espace rural.<br />

Production végétale et qualité de l'eau.p.41-59. INRA-Editions.<br />

• Lelièvre F., 1999. “L’eau et les <strong>p<strong>la</strong>ntes</strong>”. in L’eau, tome 1 (Milieu<br />

naturel et maîtrise), p.137-158. INRA -Editions.<br />

Contact<br />

Direction de l’Information et de <strong>la</strong> Communication - 147, rue de l’Université - 75338 PARIS cedex 07<br />

Téléphone : 01 42 75 90 00 - Télécopie : 01 47 05 99 66<br />

• Pascale Scheromm - Chargée de communication du centre de<br />

Montpellier - Tél : 04 99 61 22 00<br />

février - mars 2000

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