(1992) n°3 - Royal Academy for Overseas Sciences
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Bull. Séanc. Acad. r. Sci. Out re-Mer<br />
Meded. Zin. K. Acad, overzeese Wet.<br />
38 (<strong>1992</strong>-3): 403-419 (1993)<br />
Discussion du mémoire de A. Stenmans et F. Reyntjens :<br />
«La pensée politique du gouverneur général Pétillon» *<br />
1. I n t e r v e n t io n s d e MM. J. C o m h a i r e ,<br />
V. D r a c h o u s s o f f , J.-P. H a r r o y et J. S t e n g e r s<br />
J. Comhaire. — Au chapitre des Témoignages, p. 59, il me semble que la génération<br />
de la relève d ’après 1945 a droit à quelques mots en sa faveur. Elle a fait d ’ailleurs<br />
l’objet d ’éloges de la part non seulement de compatriotes mais d ’étrangers, d ’Américains<br />
même, comme Tom M arvel dans The New Congo et le R. P. Considine dans Africa,<br />
World o f New Men.<br />
Au sortir de quatre ou cinq pénibles années de guerre, la Relève s’est trouvée au<br />
Congo privée en grande partie de l’encadrem ent traditionnel des «Anciens». Parmi<br />
ces derniers, nom breux furent ceux qui restèrent en Belgique, morts ou vivants, et<br />
aussi bons connaisseurs que fussent ceux qui reprirent leur carrière du «Congo de<br />
Papa», ils n ’étaient guère au courant des bouleversements sociaux survenus durant<br />
leur absence. À ce défi, la Relève fit face dans l’ombre créée par l’incertitude de son<br />
avenir, comme de celui de toute la colonie, résultant d ’un esprit hostile incarné par<br />
PONU. D ’autres gouvernements, celui de Londres en particulier, ont moins hésité que<br />
celui de Bruxelles à reconnaître l’inévitable.<br />
D ’autre part, les querelles traditionnelles entre Belges avaient moins d ’importance<br />
que celles qui concernaient les problèmes coloniaux. Exemple : l’inauguration simultanée<br />
de deux universités, reflétant l’historique polarisation de la Métropole, a suscité au<br />
sein de chaque groupe des réactions dans les deux sens concernant ses effets en termes<br />
de politique «indigène».<br />
V. Drachoussoff. — L’étude que les confrères Alain Stenm ans et Filip Reyntjens<br />
ont consacrée à la pensée et à l’oeuvre du gouverneur général Pétillon est intéressante<br />
et im portante et m ’incite à me poser une question plus vaste : existe-t-il des décolonisations<br />
réussies et, si la réponse est positive, où ? comment ? pourquoi ?<br />
Ce sujet mériterait d ’être abordé par l’Académie et intéresserait les trois Classes.<br />
Il faudrait, bien entendu, se dem ander pour commencer ce qu’est une décolonisation<br />
«réussie». On pourrait ensuite dépasser le cadre de la seule Afrique ex-belge et examiner<br />
les décolonisations françaises (p. ex. Côte d ’ivoire, M adagascar, Indochine),<br />
britanniques (p. ex. Nigéria, Ouganda, sub-continent indien, Malaysia), hollandaise<br />
(Indonésie), portugaise (Angola).<br />
Les conclusions de cette étude seraient intéressantes non seulement pour le Tiers<br />
Monde (dont la décolonisation économique et culturelle est loin d ’être achevée), mais<br />
aussi pour les pays sortant de plusieurs décennies d ’une colonisation idéologique.<br />
* Discussion du mémoire de A. Stenmans et F. Reyntjens présenté à la séance de la Classe<br />
des <strong>Sciences</strong> morales et politiques tenue le 19 mai <strong>1992</strong>.