Lettre de la Fondation - Fondation de la Résistance
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<strong>de</strong>stiné aux musées <strong>de</strong> La résistance,<br />
Les 2, 3 et 4 Février 2010 à grenobLe , Lyon et izieu<br />
en 1943-1944), elle ne faisait l’objet d’aucune<br />
présentation il y a encore quatre ans. Ces<br />
<strong>la</strong>cunes étaient compensées par le recours aux<br />
témoignages d’anciens résistants ou déportés<br />
lyonnais venant au musée.<br />
Plusieurs initiatives sont progressivement mises<br />
en p<strong>la</strong>ce. D’abord, <strong>de</strong>s parcours dans <strong>la</strong> ville, consistant<br />
en <strong>de</strong>s promena<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 30 personnes avec un<br />
médiateur (durée : <strong>de</strong>ux à trois heures), réparties<br />
par quartier. Ensuite, est actuellement construite<br />
une base cartographique <strong>de</strong>s lieux et événements<br />
<strong>de</strong> résistance, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> répression, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ques<br />
commémoratives à Lyon (au nombre d’environ<br />
200), à partir d’un outil déjà utilisé par le service<br />
cartographique <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité. Enfin, <strong>la</strong><br />
refonte <strong>de</strong> <strong>la</strong> muséographie pourra s’appuyer sur<br />
une mise en réseau avec <strong>de</strong>ux initiatives nouvelles<br />
concernant <strong>la</strong> mémoire locale. C’est d’une part <strong>la</strong><br />
transformation du domicile du docteur Dugoujon<br />
à Caluire, lieu <strong>de</strong>s arrestations du 21 juin 1943, en<br />
un musée-mémorial rattaché au Conseil général<br />
du Rhône et dont l’inauguration est prévue en juin<br />
prochain. Par ailleurs, il est prévu d’« aménager »<br />
l’ancienne prison <strong>de</strong> Montluc et d’ouvrir au public<br />
39 cellules où seront évoquées 39 résistants ou<br />
groupes <strong>de</strong> résistants.<br />
Le Mémorial <strong>de</strong> Caen<br />
et le tourisme <strong>de</strong> mémoire<br />
Stéphane Grimaldi rappelle le contexte : volonté<br />
<strong>de</strong>s départements d’affirmer leur i<strong>de</strong>ntité culturelle<br />
par <strong>de</strong> grands musées (Péronne, Caen, etc.),<br />
raréfaction <strong>de</strong> l’argent public (État, collectivités<br />
locales) et donc approche plus quantitative <strong>de</strong>s<br />
publics pour engranger <strong>de</strong>s recettes. Le « tourisme<br />
<strong>de</strong> mémoire » apparaît dès lors comme<br />
une solution possible, mais à condition <strong>de</strong> ne pas<br />
perdre <strong>de</strong> vue les missions fondamentales <strong>de</strong>s<br />
établissements. Le Mémorial <strong>de</strong> Caen en est une<br />
illustration, puisqu’après une réussite initiale due à<br />
un parcours historique fort sur <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre<br />
mondiale, il a cru pouvoir accroître encore son<br />
public en consacrant une surface égale à un second<br />
thème : <strong>la</strong> Guerre froi<strong>de</strong>. Ce postu<strong>la</strong>t reposait sur<br />
<strong>de</strong>ux erreurs : croire que tous les sujets historiques<br />
peuvent être objet <strong>de</strong> mémoire collective, et que<br />
l’accroissement <strong>de</strong>s surfaces d’exposition est <strong>la</strong><br />
seule hypothèque matérielle à lever pour accroître<br />
<strong>la</strong> capacité d’accueil en visiteurs. Les cabinets<br />
d’étu<strong>de</strong> sont coutumiers <strong>de</strong> ce genre d’erreur : ils<br />
avaient prédit 130 000 visiteurs à l’Historial <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Gran<strong>de</strong> Guerre, qui p<strong>la</strong>fonne en fait à 70 000 visi-<br />
3 4<br />
3 – Une <strong>de</strong>s salles du musée <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Déportation <strong>de</strong> l’Isère à Grenoble présentant<br />
<strong>de</strong>ux niveaux <strong>de</strong> lecture dont l’un <strong>de</strong>stiné plus particulièrement au public sco<strong>la</strong>ire (cartel dans un<br />
losange jaune). 4 – Vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> muséographie actuelle du Centre d’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Déportation <strong>de</strong> Lyon qui utilise <strong>la</strong> reconstitution d’ambiance (ici <strong>de</strong>s grafitti <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong>).<br />
Le nouveau musée <strong>de</strong>s Troupes <strong>de</strong> montagne à Grenoble utilise abondamment les moyens<br />
audiovisuels.<br />
5 – Dans <strong>la</strong> première salle, une carte dynamique<br />
projetée sur le sol présente le cadre géographique<br />
et historique <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>s Troupes <strong>de</strong> montagne.<br />
6 – Dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière salle, <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions vidéo<br />
donnent <strong>la</strong> parole à <strong>de</strong>s soldats, à <strong>de</strong>s sousofficiers<br />
et à <strong>de</strong>s officiers <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> montagne<br />
qui expliquent les raisons et les formes <strong>de</strong> leur<br />
engagement.<br />
5<br />
6<br />
Photos Frantz Ma<strong>la</strong>ssis<br />
teurs à cause, notamment, d’un simple problème<br />
structurel : l’absence <strong>de</strong> gare à Péronne. À Caen, <strong>la</strong><br />
situation n’a pu être relevée qu’au prix d’un effort<br />
important <strong>de</strong> gestion. L’exposition permanente<br />
sur <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale est en train d’être<br />
refondue, avec 300 m² sur <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> Normandie<br />
et un discours historique actualisé.<br />
Concernant les publics, les enquêtes montrent<br />
que, l’été, 90 % <strong>de</strong>s visiteurs viennent attirés par<br />
<strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> guerre mondiale. Le musée consacre<br />
un personnel important (10 personnes) à <strong>la</strong><br />
prospection commerciale et touristique. Travailler<br />
avec les offices <strong>de</strong> tourisme est insuffisant, car en<br />
Basse-Normandie ceux-ci concentrent leur effort<br />
sur les p<strong>la</strong>ges et le tourisme vert plutôt que sur les<br />
musées. Pourtant, le « tourisme <strong>de</strong> mémoire » dans<br />
cette région concerne <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> visiteurs,<br />
dont un million pour le seul cimetière américain<br />
<strong>de</strong> Colleville. Il faut donc travailler aussi avec les<br />
professionnels du tourisme, mais en les rémunérant<br />
bien car leurs marges sont faibles, ce qui peut<br />
poser un problème si on est en régie directe ; le<br />
Mémorial, lui, est en société d’économie mixte<br />
et peut donc faire <strong>de</strong>s bénéfices commerciaux.<br />
Surtout, il faut se souvenir que le public visé est<br />
exigeant sur le p<strong>la</strong>n du contenu scientifique et<br />
pédagogique. Et pour préserver les conditions <strong>de</strong><br />
visite, il ne faut pas prétendre à un accroissement<br />
indéfini <strong>de</strong>s publics.<br />
Les musées <strong>de</strong> <strong>la</strong> Secon<strong>de</strong> Guerre<br />
mondiale en Haute-Savoie<br />
Marina Guichard-Crozet retrace le passage<br />
<strong>de</strong> re<strong>la</strong>is entre associations <strong>de</strong> résistants<br />
et collectivités locales, qui est en marche<br />
<strong>de</strong>puis dix ans pour les musées <strong>de</strong> Morette, <strong>de</strong><br />
Bonneville (en cours <strong>de</strong> réfection) et les sentiers<br />
<strong>de</strong> mémoire du p<strong>la</strong>teau <strong>de</strong>s Glières. Un projet<br />
<strong>de</strong> musée départemental éc<strong>la</strong>té entre ces sites est<br />
en cours. À l’heure actuelle, le site <strong>de</strong>s Glières<br />
(le p<strong>la</strong>teau + Morette), a reçu près <strong>de</strong> 50 000 visiteurs<br />
en 2009, avec un pic en été, les ¾ étant <strong>de</strong>s<br />
individuels, ¼ <strong>de</strong>s groupes. Les premiers sont<br />
difficiles à connaître puisque l’accès est gratuit.<br />
Les groupes représentent près <strong>de</strong> 8 600 sco<strong>la</strong>ires<br />
(moitié collège, moitié lycée) et environ 3 700 touristes<br />
venus par moitié grâce à <strong>de</strong>s voyagistes ou<br />
<strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> vacances, par moitié grâce à <strong>de</strong>s<br />
associations, amicales, clubs. Chaque site est<br />
équipé d’une salle <strong>de</strong> projection et <strong>de</strong>s ateliers<br />
pédagogiques ont été mis en p<strong>la</strong>ce avec l’IUFM<br />
<strong>de</strong> Bonneville. Le travail avec le Centre régional<br />
du tourisme est difficile, car celui-ci raisonne<br />
par filières (« tourisme vert », « parcs », etc.) : or, le<br />
« tourisme <strong>de</strong> mémoire » n’est pas une filière. Sur le<br />
p<strong>la</strong>n scientifique, comme il n’y a pas d’université en<br />
Haute-Savoie, il a fallu mettre en p<strong>la</strong>ce un comité<br />
scientifique ad hoc, qui a défini plusieurs axes : <strong>la</strong><br />
collecte d’archives orales du type « récit <strong>de</strong> vie », <strong>la</strong><br />
La <strong>Lettre</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Fondation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Résistance</strong> n° 61 - juin 2010 7