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POLYTECH.NEWS - Université de Mons

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POLY T E C H .<strong>NEWS</strong><br />

Le journal <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />

19 e année | publié en mars 2010| www.umons.ac.be/polytech-news | n°43<br />

DOSSIER :<br />

CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />

La Polytech au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />

Recherche et doctorats<br />

en pleine effervescence !


Sommaire<br />

P OLY TECH.<strong>NEWS</strong><br />

Le journal <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />

19 e année | publié en mars 2010| www.umons.ac.be/polytech-news | n°43<br />

DOSSIER :<br />

CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />

La Polytech au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />

Recherche et doctorats<br />

en pleine effervescence !<br />

Éditeur Responsable<br />

Paul Lybaert<br />

Doyen <strong>de</strong> la FPMs<br />

Comité <strong>de</strong> Rédaction<br />

Diane Thomas<br />

Rédactrice en chef<br />

Jonathan Toubeau<br />

Secrétaire <strong>de</strong> rédaction<br />

Jean-Marc Baele, Eric Dumont,<br />

Viviane Grisez, Saïd Mahmoudi,<br />

Christine Martens, Edouard Rivière,<br />

Fabien Rogister, Alain Sabbe,<br />

Céline Thillou, Dominique Wynsberghe<br />

Comité <strong>de</strong> Rédaction<br />

Michel Bagein, Radhwan Ben Madhkour,<br />

Frédéric Bokwala, Quentin Bombled,<br />

Christophe Caucheteur, Laurence<br />

Chainaye, Kamil Chodzynski,<br />

Nicolas d’Alessandro, Pascal Damman,<br />

Guy De Weireld, Laurent Debailleux,<br />

Marc Debliquy, André Decroly,<br />

Christian Delvosalle, Thomas Dubuisson,<br />

Thierry Dutoit, Lahcen El Hiki,<br />

Hongying Fei, Moncef Gazdallah,<br />

Guillaume Goffaux, Anne-Lise Hantson,<br />

Jean-Marc Hilson, Jad Jalwan,<br />

Myriam Kamouh,Georges Kouroussis,<br />

Nicolas Linze, Patricia Lorent,<br />

ÉDITORIAL .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3<br />

INTERVIEW DU RECTEUR > Notre i<strong>de</strong>ntité au sein <strong>de</strong> l’UMONS .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />

LE MOT DU DOYEN .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />

DOSSIER : Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur .. . . . . . . 7<br />

> La marche <strong>de</strong> l’innovateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />

> Des matériaux innovants au service du plus grand nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />

> Développement <strong>de</strong> capteurs <strong>de</strong> vibrations à fibres optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

> Détecter <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong> gaz à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg fibrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />

> L’open innovation .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13<br />

> Greenrail : un rail moins énergivore .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />

> Le projet ARC-OLIMP ou comment exploiter la puissances<br />

<strong>de</strong>s architectures hétérogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

> L’ingénierie <strong>de</strong>s systèmes embarqués : l’exemple du robot insectoï<strong>de</strong> .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />

> Quand <strong>de</strong>s éditeurs belges <strong>de</strong> logiciels se donnent la main : projet MULTI PHI . . . . . . . . 17<br />

> « Bon pour le service » <strong>de</strong> l’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />

> Reproduire la mécanique pulsatile sanguine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

> Ingénieur et artiste : alchimie ou répulsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />

PÊLE-MÊLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />

SÉMINAIRES > Le Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure amorce 2010<br />

sur les chapeaux <strong>de</strong> roue ! .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

> Le 14 octobre 2009, l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a mis la qualité à l’honneur .. . 25<br />

> [Re]vie à ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

RECHERCHE > Participation <strong>de</strong> trois services <strong>de</strong> la FPMs<br />

au projet INTERREG IV « REDUGAZ » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

> Inauguration <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouvelles salles <strong>de</strong> culture pour le Pôle Biosys . . . . 27<br />

DIFFUSION DES SCIENCES > Étudiant d’un jour en Polytech .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />

> « Explorer l’invisible » à la Polytech . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />

> Y a-t-il un ingénieur dans la classe ? .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong> .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

LIAISONS > Ignace Gatare Gahangara : un Polytech <strong>de</strong>venu Ministre<br />

<strong>de</strong>s télécoms au Rwanda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />

> La fête du Roi 2009 : les chercheurs à l’honneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38<br />

LE MOT DU SERVICE LANGUES .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

LA FPMS PUBLIE .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

ACTIVITÉS ORGANISÉES PAR LA FPMS POUR LES ÉTUDIANTS DU SECONDAIRE . . . . 40<br />

Thibaut Lust, Sidi Mahmoudi,<br />

Pierre Manneback, Mohand Mezmaz,<br />

Christine Renotte, Valéry Saintghislain,<br />

Valérie Sciamanna, Paul Spagna,<br />

Pierre Tihon, Todor Todoroff,<br />

Daniel Tuyttens, François Vallée,<br />

Michel Vankerkem, Véronique Vitry,<br />

David Wattiaux, Giancarlo Zidda<br />

Rédacteurs invités


EDITORIAL<br />

EDITORIAL<br />

y Prof. Diane Thomas<br />

A ceux qui le pensaient <strong>de</strong>puis juin <strong>de</strong>rnier : « Non, le Polytech News n’est pas<br />

mort ! ». Car la Polytech <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> désire toujours, grâce à sa revue, communiquer<br />

sur ses actions, ses réalisations et ses spécificités.<br />

Vive dès lors le nouveau numéro du Polytech News, 43 ème <strong>de</strong> la série !<br />

Vous l’avouerez, cela aurait été dommage <strong>de</strong> s’arrêter en si bon chemin…<br />

Alexandre Amorison et Joëlle Tilmant, respectivement anciens rédacteur en<br />

chef et secrétaire <strong>de</strong> rédaction, ont jusqu’à leur <strong>de</strong>rnier numéro œuvré <strong>de</strong><br />

main <strong>de</strong> maître (en collaboration bien entendu avec une équipe dynamique<br />

<strong>de</strong> rédacteurs !) pour nous concocter une revue <strong>de</strong> qualité, variée dans son<br />

contenu et ses thématiques abordées. Qu’Alex et Joëlle soient ici chaleureusement<br />

remerciés pour l’« héritage » légué, patrimoine que nous désirons<br />

sauvegar<strong>de</strong>r en conservant globalement l’esprit du Polytech News. Tout au<br />

plus (et si vous êtes attentifs) décèlerez-vous quelques petites évolutions<br />

dans ce nouveau numéro.<br />

Le contenu <strong>de</strong> celui-ci se décline en plusieurs thèmes.<br />

Dès la rentrée académique 2009-2010, la FPMs et l’UMH ont décidé <strong>de</strong><br />

s’associer au sein <strong>de</strong> la nouvelle <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> pour s’imposer dorénavant<br />

dans le nouveau paysage universitaire <strong>de</strong> la Communauté française.<br />

Calogero Conti, Recteur <strong>de</strong> l’UMONS <strong>de</strong>puis le 1 er octobre <strong>de</strong>rnier, ex-recteur<br />

<strong>de</strong> la FPMs, nous parlera <strong>de</strong> sa vision <strong>de</strong> la fusion, <strong>de</strong> la nouvelle i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />

la Faculté Polytechnique, <strong>de</strong>s opportunités à saisir et <strong>de</strong>s nouveaux challenges<br />

à relever. Notre Recteur reste, très clairement, un ar<strong>de</strong>nt défenseur<br />

du développement <strong>de</strong> collaborations et <strong>de</strong> synergies pour promouvoir une<br />

recherche <strong>de</strong> qualité et garantir notre attractivité à l’échelle internationale.<br />

Paul Lybaert, Doyen <strong>de</strong> la FPMs, insiste quant à lui sur la contribution<br />

fondamentale <strong>de</strong> la Polytech à un enseignement s’adaptant à une société<br />

en perpétuelle évolution et formant <strong>de</strong>s ingénieurs polyvalents aux compétences<br />

diversifiées.<br />

Le dossier <strong>de</strong> ce numéro concerne « La Créativité et l’Innovation dans le métier<br />

<strong>de</strong> l’ingénieur ». Son but est <strong>de</strong> sensibiliser à ces concepts qui s’affirment<br />

comme d’essentiels moteurs <strong>de</strong> développement économique et social, mais<br />

aussi au niveau personnel.<br />

Carte blanche a été laissée aux divers groupes <strong>de</strong> recherches <strong>de</strong> la FPMs<br />

pour illustrer leur propre vision appliquée <strong>de</strong> cette thématique. Vous aurez<br />

ainsi le loisir <strong>de</strong> constater les très vastes domaines <strong>de</strong> l’ingénierie (conception<br />

<strong>de</strong> nouveaux matériaux, création <strong>de</strong> spectacles, applications en sécurité,<br />

gestion <strong>de</strong>s ressources humaines…) dans lesquels <strong>de</strong>s idées créatives et<br />

innovantes peuvent s’exprimer en toute liberté et efficacité.<br />

Le dossier est également complété <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux contributions plus générales.<br />

La première, qui se présente sous forme <strong>de</strong> fable, illustre la dualité entre<br />

les comportements traditionnaliste et innovant. La secon<strong>de</strong> porte sur l’Open<br />

Innovation, adoptée dans certaines sociétés adhérant à une recherche<br />

« extériorisée », en collaboration harmonieuse avec les universités.<br />

Un coup <strong>de</strong> projecteur est aussi braqué sur le doctorat à la FPMs.<br />

En effet, notre institution a diplômé, <strong>de</strong>puis juillet <strong>de</strong>rnier, dix docteurs dans<br />

divers domaines <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’ingénieur, ce qui constitue un record ! Nous<br />

profitons donc <strong>de</strong> cette tribune pour affirmer, à nouveau, la volonté <strong>de</strong> la FPMs<br />

<strong>de</strong> rendre plus intense la recherche appliquée dans le cadre <strong>de</strong> thèses <strong>de</strong><br />

doctorat en attirant <strong>de</strong>s étudiants motivés, en recherchant <strong>de</strong>s subsidiations<br />

diverses, en collaboration éventuelle avec <strong>de</strong>s industries pour renforcer le côté<br />

applicatif stimulant, à la quête <strong>de</strong> résultats scientifiques méritant leur publication<br />

dans <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> niveau international, leur protection par <strong>de</strong>s brevets et<br />

leur valorisation.<br />

Les témoignages <strong>de</strong> jeunes docteurs confirment que la réalisation d’une thèse<br />

<strong>de</strong> doctorat permet d’exprimer, <strong>de</strong> façon unique, son goût du challenge, sa<br />

créativité et sa pensée souvent novatrice, et d’accomplir un projet professionnel<br />

personnel et ambitieux, encadré par une équipe universitaire ou supervisé<br />

par un centre <strong>de</strong> recherches ou une entreprise.<br />

Enfin, la qualité <strong>de</strong> nos jeunes chercheurs et docteurs est indéniablement au<br />

ren<strong>de</strong>z-vous: par l’excellente valeur <strong>de</strong> leurs travaux ou l’originalité <strong>de</strong> leur carrière,<br />

<strong>de</strong>s docteurs se sont ainsi particulièrement distingués en Belgique et à<br />

l’étranger. L’occasion était trop belle que pour ne pas le mettre en évi<strong>de</strong>nce…<br />

Contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, les trois idées-clés développées<br />

dans ce numéro du Polytech News ne sont pas indépendantes. Elles<br />

relaient en effet un message cohérent : une volonté d’intensifier la recherche<br />

scientifique, faisant la part belle aux réalisations innovantes et aux projets<br />

créatifs, s’impose incontestablement à la FPMs, dans un nouveau contexte<br />

universitaire dynamisant !<br />

Laissez-vous convaincre par ce message …<br />

POLY TECH N EWS 43 3


INTERVIEW DU RECTEUR<br />

NOTRE IDENTITÉ AU SEIN DE L’UMONS :<br />

entretien avec <strong>Mons</strong>ieur le Recteur Calogero CONTI<br />

y Propos recueillis par Edouard Rivière<br />

4 POLY TECH N EWS 43<br />

PN : La Faculté a toujours été une institution monofacultaire.<br />

La fusion nous fait <strong>de</strong>venir l’une <strong>de</strong>s<br />

facultés <strong>de</strong> l’UMONS. Dans ce cadre, qu’en estil<br />

<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité propre ‘Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />

<strong>Mons</strong>’ et pensez-vous que cette i<strong>de</strong>ntité doit<br />

être maintenue ?<br />

C.C. : La Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a une<br />

i<strong>de</strong>ntité forte. Depuis <strong>de</strong> nombreuses<br />

années, elle s’implique dans la formation<br />

universitaire <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> la région et<br />

dans le développement régional. Son nom<br />

est associé à un label <strong>de</strong> qualité qui dure<br />

<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 170 ans et qui continuera<br />

à traverser le temps. Le décret <strong>de</strong> création<br />

<strong>de</strong> l’UMONS prévoit d’ailleurs explicitement<br />

que la dénomination ‘Faculté Polytechnique<br />

<strong>de</strong> <strong>Mons</strong>’ sera officiellement maintenue.<br />

Dans un contexte multifacultaire, la Faculté<br />

Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> dispose d’une autonomie<br />

<strong>de</strong> gestion basée sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong><br />

ses recettes et dépenses qu’elle gèrera durant<br />

les cinq prochaines années. Parallèlement,<br />

elle s’intègrera progressivement au sein d’une<br />

<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> consolidée qui pourra<br />

mieux œuvrer pour le développement <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur dans le Hainaut.<br />

PN : Quels sont les éléments principaux <strong>de</strong> synergie<br />

favorables à la Faculté Polytechnique au<br />

sein <strong>de</strong> l’UMONS suite à la fusion ?<br />

C.C. : Face à l’évolution actuelle <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong><br />

l’enseignement supérieur, j’ai toujours été<br />

convaincu que la principale logique à privilégier<br />

est la logique géographique. C’est ce que<br />

nous avons voulu appliquer car, comparativement<br />

à d’autres logiques – philosophiques ou<br />

autres – c’est la seule qui permet d’exploiter<br />

au maximum les complémentarités entre les<br />

institutions partenaires. La proximité favorise<br />

la mise en commun d’infrastructures<br />

et d’équipements ainsi que le renforcement<br />

<strong>de</strong>s potentiels administratifs et techniques.<br />

Des collaborations existaient déjà entre<br />

équipes <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions,<br />

mais la création <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Mons</strong> permettra <strong>de</strong> les renforcer. On peut<br />

citer, par exemple, le domaine <strong>de</strong>s matériaux<br />

qui constitue un réel point fort<br />

dans notre région : plusieurs centaines<br />

<strong>de</strong> chercheurs y sont impliqués quand<br />

on cumule le potentiel <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux institutions avec celui <strong>de</strong>s centres<br />

<strong>de</strong> recherche associés tels Materia Nova<br />

et INISMa. Celui <strong>de</strong>s nouvelles technolo-


INTERVIEW DU RECTEUR<br />

gies <strong>de</strong> l’information est aussi un autre<br />

exemple caractéristique, en collaboration<br />

avec le centre <strong>de</strong> recherche associé Multitel,<br />

les applications portant sur le traitement<br />

<strong>de</strong> la parole pouvant s’enrichir d’apports<br />

interdisciplinaires associant notamment<br />

Faculté Polytechnique, Faculté <strong>de</strong>s Sciences<br />

et Faculté <strong>de</strong> Sciences Humaines.<br />

Notre Vice-Recteur à la recherche, Philippe<br />

Dubois, mène d’ailleurs actuellement, en<br />

collaboration avec les différentes facultés,<br />

un travail d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s principaux axes<br />

forts <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> nature à renforcer les<br />

collaborations interfacultaires.<br />

PN : En quoi la fusion au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />

changera-t-elle la visibilité <strong>de</strong> la Faculté<br />

vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur ?<br />

C.C. : Il faut distinguer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> missions <strong>de</strong>s<br />

universités : les missions <strong>de</strong> proximité et les<br />

missions à large échelle.<br />

Les missions <strong>de</strong> proximité concernent<br />

l’enseignement, l’ai<strong>de</strong> à la société et le<br />

développement régional. Ces missions sortent<br />

évi<strong>de</strong>mment directement renforcées<br />

par la mise en commun <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux institutions. Les <strong>de</strong>ux institutions parlent<br />

aujourd’hui d’une même voix, l’UMONS<br />

se présentant comme la principale institution<br />

universitaire du Hainaut, avec plus <strong>de</strong> 5000 étudiants,<br />

pour une quarantaine d’habilitations. Elle<br />

entend y consoli<strong>de</strong>r sa présence et contribuer<br />

au développement d’une offre <strong>de</strong> formation<br />

raisonnable dans une province qui en a bien<br />

besoin. L’effet <strong>de</strong> proximité contribue en effet<br />

pour beaucoup à l’accès <strong>de</strong>s jeunes aux étu<strong>de</strong>s<br />

supérieures, surtout lorsque le niveau socioéconomique<br />

est défavorisé.<br />

Il m’apparaît important que l’UMONS<br />

contribue à combler le déficit que présente<br />

la province en terme d’accès aux<br />

étu<strong>de</strong>s universitaires. Il faut en effet savoir<br />

que si 30% <strong>de</strong>s francophones sont hainuyers,<br />

on ne retrouve que 20% d’hainuyers<br />

parmi les étudiants francophones en première<br />

année <strong>de</strong>s bacheliers universitaires<br />

<strong>de</strong> la Communauté française.<br />

D’autre part, les missions à large échelle<br />

concernent plus particulièrement la recherche<br />

et les relations internationales. Notre visibilité<br />

sort également renforcée par la création <strong>de</strong><br />

l’UMONS, mais en termes <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong><br />

relations internationales, il faut aller plus loin<br />

car l’environnement européen a beaucoup<br />

évolué. Il est <strong>de</strong>venu indispensable, et nous<br />

nous y attelons, d’accentuer les collaborations<br />

interuniversitaires, que ce soit au sein<br />

ou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la Communauté.<br />

PN : Quelles sont les opportunités liées à l’intégration<br />

<strong>de</strong> l’école d’architecture dans<br />

l’UMONS, qui forme déjà <strong>de</strong>s ingénieurs<br />

architectes ?<br />

C.C. : Cette intégration, qui sera opérationnelle<br />

pour la prochaine rentrée<br />

académique, permettra <strong>de</strong> développer<br />

au sein <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong>, <strong>de</strong>ux formations<br />

universitaires en Architecture. Les <strong>de</strong>ux<br />

formations intègrent certes <strong>de</strong>s aspects<br />

techniques et artistiques dans leurs cursus,<br />

mais avec <strong>de</strong>s approches et <strong>de</strong>s<br />

finalités différentes. Elles auront l’occasion<br />

<strong>de</strong> mieux exploiter leurs complémentarités<br />

tout en maintenant leurs spécificités.<br />

Plusieurs services <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions mettent<br />

d’ailleurs en place actuellement <strong>de</strong>s<br />

axes <strong>de</strong> recherche communs, sur lesquels<br />

<strong>de</strong>s travaux d’étudiants ou <strong>de</strong> doctorants<br />

viendront probablement se greffer.<br />

La loi ne prévoit actuellement pas <strong>de</strong> passerelles<br />

entre étu<strong>de</strong>s d’architectes et<br />

d’ingénieurs architectes. Il est toutefois<br />

possible qu’à l’avenir ces possibilités <strong>de</strong> passerelles<br />

soient réétudiées.<br />

PN : D’autres évolutions sont-elles en vue dans<br />

l’enseignement supérieur ?<br />

C.C. : Après la fusion annoncée pour 2010 <strong>de</strong>s<br />

institutions universitaires catholiques,<br />

le paysage universitaire en Communauté<br />

française comportera quatre universités,<br />

avec l’UCL, l’ULB, l’ULg et l’UMONS.<br />

Il faut également s’attendre au développement<br />

<strong>de</strong> collaborations entre Hautes Ecoles<br />

et <strong>Université</strong>s autour <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces 4<br />

universités. L’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, en collaboration<br />

avec plusieurs Hautes écoles<br />

hainuyères, vient d’ailleurs <strong>de</strong> créer le Pôle<br />

hainuyer. Celui-ci privilégie, lui aussi, la logique<br />

géographique pour son regroupement<br />

et constitue un pôle d’enseignement supérieur<br />

au sein duquel chacun <strong>de</strong>s partenaires<br />

pourra, tout en gardant ses spécificités, profiter<br />

du potentiel <strong>de</strong> ses partenaires.<br />

PN : Quel bilan peut-on tirer <strong>de</strong> la première rentrée<br />

académique UMONS ? Quelles sont les<br />

principales difficultés rencontrées ?<br />

C.C. : Cela se passe bien, car on ressent vraiment<br />

une gran<strong>de</strong> envie <strong>de</strong> travailler ensemble entre<br />

les personnels <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux institutions. On apprend<br />

à mieux se connaître et s’apprécier. Tout n’est<br />

évi<strong>de</strong>mment pas terminé : comme dans toute<br />

fusion, <strong>de</strong>s cultures d’entreprises différentes<br />

caractérisaient la vie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> les rapprocher en essayant d’en<br />

extraire le meilleur. Cela prendra probablement<br />

du temps mais ne constitue certainement pas<br />

un problème majeur.<br />

PN : Pour conclure cet entretien qui s’est<br />

déroulé dans votre nouveau bureau,<br />

regrettez-vous la porte <strong>de</strong> votre ancien<br />

bureau ?<br />

C.C. : J’ai envisagé un temps <strong>de</strong> la ramener avec<br />

moi à la Place du Parc, mais… je ne voulais<br />

pas en priver le Doyen !<br />

Les <strong>de</strong>ux institutions parlent aujourd’hui<br />

d’une même voix, l’UMONS se présentant<br />

comme la principale institution universitaire<br />

du Hainaut<br />

POLY TECH N EWS 43 5


LE MOT DU DOYEN<br />

y Prof. Paul Lybaert<br />

L’innovation est au cœur du travail <strong>de</strong> l’ingénieur, c’est ce dont veut témoigner<br />

ce numéro <strong>de</strong> Polytech News. Il illustre au travers <strong>de</strong> la présentation<br />

<strong>de</strong> quelques travaux réalisés à la faculté les différentes étapes <strong>de</strong> l’innovation<br />

technologique : être à l’écoute <strong>de</strong>s problèmes sociétaux et i<strong>de</strong>ntifier les<br />

nouveaux besoins qu’ils génèrent, s’appuyer sur ses compétences scientifiques<br />

pour trouver, inventer les solutions possibles, enfin les traduire en<br />

nouveaux produits, procédés ou services qui permettent <strong>de</strong> répondre aux<br />

besoins i<strong>de</strong>ntifiés.<br />

L’université est un <strong>de</strong>s acteurs clés <strong>de</strong> l’innovation. Par l’activité scientifique<br />

<strong>de</strong> ses chercheurs, elle contribue à la fois au développement <strong>de</strong>s connaissances<br />

scientifiques et à leur application à la création <strong>de</strong> nouveaux produits<br />

et procédés. Quelques projets <strong>de</strong> recherche présentés dans ce numéro<br />

en sont une bonne illustration. Le domaine <strong>de</strong>s nouveaux matériaux est<br />

particulièrement bien couvert à la Faculté Polytechnique, et le spectre <strong>de</strong>s<br />

applications est relativement large, <strong>de</strong>s vitrocéramiques piézoélectriques<br />

aux revêtements auto-cicatrisants permettant la protection <strong>de</strong> l’acier contre<br />

la corrosion, en passant par le développement <strong>de</strong> semi-conducteurs organiques<br />

pour la fabrication <strong>de</strong> capteurs solaires photovoltaïques. La mise au<br />

point <strong>de</strong> capteurs à base <strong>de</strong> fibres optiques est un autre exemple intéressant.<br />

Utilisées essentiellement dans le domaine <strong>de</strong>s télécommunications à<br />

haut-débit, les fibres optiques sont ici déviées <strong>de</strong> leur champ d’application<br />

traditionnel pour ouvrir un nouveau domaine d’applications, celui <strong>de</strong> la capture<br />

<strong>de</strong> différents paramètres physico-chimiques : températures, vibrations,<br />

concentrations… Les technologies <strong>de</strong> l’information sont également à la<br />

base <strong>de</strong> nombreuses innovations technologiques dans <strong>de</strong>s domaines extrêmement<br />

diversifiés comme, par exemple, améliorer l’efficience énergétique<br />

du transport ferroviaire.<br />

Mais si la recherche universitaire est à la base <strong>de</strong> création <strong>de</strong> nouvelles<br />

idées, il est une autre composante <strong>de</strong> son activité par laquelle l’université<br />

contribue <strong>de</strong> manière fondamentale à l’innovation, c’est l’enseignement et<br />

la formation <strong>de</strong> cadres qui seront les créateurs et les acteurs <strong>de</strong> l’innovation<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />

Ce quarante-troisième numéro du Polytech News marque les débuts d’une<br />

nouvelle direction éditoriale. Pendant plusieurs années, Alexandre Amorison<br />

et Joëlle Tilmant ont assuré cette responsabilité avec compétence et efficacité,<br />

je les en remercie chaleureusement. Appelés à <strong>de</strong> nouvelles fonctions<br />

au sein <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, ils ont passé le relais à Diane Thomas et<br />

Jonathan Toubeau, respectivement nouvelle rédactrice en chef et nouveau<br />

secrétaire <strong>de</strong> rédaction. Je les remercie d’avoir accepté, avec enthousiasme<br />

et dynamisme, <strong>de</strong> reprendre le flambeau <strong>de</strong> notre Polytech News.<br />

Le mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui est <strong>de</strong>venu extrêmement complexe et l’avenir <strong>de</strong><br />

l’humanité repose sur la capacité qu’elle aura à trouver <strong>de</strong>s solutions à<br />

<strong>de</strong>s problèmes sociétaux importants : freiner l’épuisement <strong>de</strong>s ressources<br />

naturelles, limiter l’impact <strong>de</strong>s activités humaines sur l’environnement et le<br />

climat, améliorer les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement<br />

et <strong>de</strong>s pays émergents, dont la population constitue encore aujourd’hui la<br />

majorité <strong>de</strong> la population mondiale. Plus que jamais, les sociétés humaines<br />

<strong>de</strong>vront faire preuve d’imagination pour trouver <strong>de</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s<br />

d’organisation, <strong>de</strong>s nouveaux services et <strong>de</strong>s nouvelles technologies qui<br />

permettent <strong>de</strong> faire face à ces défis.<br />

Former <strong>de</strong>s ingénieurs polyvalents – polytechniciens – innovants et ouverts<br />

au mon<strong>de</strong>, voilà le projet pédagogique <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />

<strong>Mons</strong>. Cet objectif a conduit, <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 90, à <strong>de</strong>s changements<br />

significatifs dans la formation <strong>de</strong>s ingénieurs. Auparavant basée<br />

quasi-exclusivement sur l’acquisition <strong>de</strong>s compétences techniques et<br />

non-techniques nécessaires à l’exercice du métier, la formation s’est<br />

progressivement ouverte à l’acquisition <strong>de</strong> compétences transversales,<br />

<strong>de</strong>s « soft-skills » favorisant l’ouverture et la capacité d’innovation : analyser<br />

et résoudre <strong>de</strong>s problèmes complexes, gérer <strong>de</strong>s projets, travailler<br />

en équipe, communiquer, s’ouvrir à d’autres cultures sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />

éléments importants <strong>de</strong> la formation. Un savoir scientifique et technique<br />

étendu et <strong>de</strong> haut niveau constitue encore le cœur <strong>de</strong> la formation mais<br />

une partie <strong>de</strong>s cours ex-cathedra ont cédé la place à <strong>de</strong>s projets, travaux<br />

personnels ou <strong>de</strong> groupe, qui permettent à la fois d’ancrer les compétences<br />

techniques dans le concret et d’acquérir, par la pratique, les compétences<br />

transversales visées. Cette mutation n’est pas terminée et la faculté poursuit<br />

ses réflexions en vue d’adapter ses formations aux besoins <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Un<br />

autre domaine dans lequel l’université se <strong>de</strong>vra d’être innovante à l’avenir<br />

est celui <strong>de</strong> l’éducation tout au long <strong>de</strong> la vie. Dans le mon<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment<br />

évolutif qui est le nôtre, l’actualisation <strong>de</strong>s compétences, la réorientation <strong>de</strong><br />

carrière voire le changement <strong>de</strong> profession <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s éléments importants,<br />

tant pour le développement personnel et professionnel <strong>de</strong>s individus<br />

que pour le fonctionnement harmonieux <strong>de</strong> notre société. Le développement<br />

<strong>de</strong> formations continues est donc un enjeu important pour les universités.<br />

L’une <strong>de</strong>s principales ressources <strong>de</strong>s pays européens est leur matière grise.<br />

Générer <strong>de</strong>s idées nouvelles et les transformer en produits, procédés ou<br />

services novateurs sont <strong>de</strong>venus les principaux moteurs du développement<br />

économique, social et culturel <strong>de</strong> l’Europe. A leur niveau, les enseignants, les<br />

chercheurs et l’ensemble du personnel <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />

y contribuent. Ce Polytech News vous permettra, je l’espère, <strong>de</strong> partager leur<br />

passion. Bonne lecture !<br />

6 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

DOSSIER :<br />

CRÉATIVITÉ ET INNOVATION<br />

DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />

Arrière-pensée<br />

LA MARCHE<br />

DE L’INNOVATEUR<br />

y Prof. Michel Vankerkem,<br />

Économie et Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />

Le matin, dans sa cuisine, il s’asseyait le dos tourné au jardin. Et sa femme,<br />

en face. Au début, il avait choisi ce côté <strong>de</strong> la table par égard pour elle…<br />

pour lui laisser la vue. Maintenant, c’était une habitu<strong>de</strong>. Lui, toujours du<br />

même côté. La cafetière électrique n’avait plus bougé non plus, ni le grillepain,<br />

ni sa femme… Encore heureux !<br />

La radio diffusait les nouvelles. Au <strong>de</strong>hors, rien ni personne ne semblait trouver<br />

sa place : <strong>de</strong>s empiètements <strong>de</strong> peuples sur d’autres, <strong>de</strong>s migrations humaines,<br />

<strong>de</strong>s convictions en lutte, <strong>de</strong>s produits partis eux aussi pour déloger les autres.<br />

Ces changements extérieurs rendaient précieux son immuable rituel matinal. Il<br />

se sentait à l’abri dans son aisance pru<strong>de</strong>nte. Il pouvait continuer ainsi - si l’on<br />

considérait que vivre, c’est vivre encore une fois la même chose.<br />

Il croyait avoir <strong>de</strong>ux esprits en parallèle. L’un appréciait la routine, s’en<br />

repaissait, l’intégrait en automatismes, transformait une partie <strong>de</strong> sa vie en<br />

réflexes. Ce premier esprit conduisait son être comme se conduit à la longue<br />

une automobile : sans y penser. Il l’ancrait aussi dans son existence passée.<br />

Il se souvenait, rappelait les vieilles histoires, se reliait aux anciennes<br />

connaissances, ne cherchait pas à en faire <strong>de</strong> nouvelles. Il agissait comme<br />

un agent <strong>de</strong> continuité. Il stabilisait. Il était fidèle. S’il avait pu déci<strong>de</strong>r seul, il<br />

serait toujours parti en vacances au même endroit.<br />

Son <strong>de</strong>uxième esprit aimait le changement. Il faisait table rase du passé. Il<br />

ne voulait rien savoir <strong>de</strong>s anciennes métho<strong>de</strong>s. Il prenait <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> traverse,<br />

faisait <strong>de</strong>s parenthèses, jouait les feux follets, disait <strong>de</strong>s choses dont<br />

il n’était pas sûr. Il doutait. Il envisageait plusieurs solutions à un problème.<br />

Il avait le culot d’abandonner une activité pour se lancer dans une autre.<br />

C’était un agent <strong>de</strong> rupture. Il contactait <strong>de</strong>s inconnus. Il était infidèle. Maître<br />

à bord, il serait parti en vacances dans <strong>de</strong>s contrées inconnues. Comme<br />

Prévert, il aimait être où ne pas être.<br />

Si Paris pouvait être mis en bouteille… rêvait son esprit novateur, tandis<br />

que son esprit traditionnaliste choisissait le fromage fondu Chalet pour sa<br />

tartine. L’un et l’autre, obligés <strong>de</strong> cohabiter, ne faisaient pas bon ménage. Son<br />

esprit novateur estimait que son opposé traditionnaliste empêchait son envol<br />

intérieur et enfermait son existence dans le déterminisme. Son esprit traditionnaliste<br />

jugeait que le novateur essayait <strong>de</strong> donner on ne sait quoi au mon<strong>de</strong><br />

et finalement, à coup <strong>de</strong> nouveautés, provoquait la disparition <strong>de</strong> ce qui avait<br />

réellement été donné auparavant. Ainsi, dès son lever, à cause <strong>de</strong> sa mentalité<br />

composite, l’homme oscillait entre mo<strong>de</strong>rnisation et modération.<br />

Avant-pensée<br />

Dans son entreprise, il n’avait pas le choix. Il <strong>de</strong>vait innover. Il imposait aussi ce<br />

principe à tout le personnel. Il voyait encore le moment où cette vérité l’avait<br />

pénétré comme une évi<strong>de</strong>nce. Un client lui avait dit : « C’est tout ce que vous<br />

avez <strong>de</strong> neuf ? ». Et son humeur avait basculé - sombre et inquiète. La pyrami<strong>de</strong><br />

d’âge <strong>de</strong> ses produits était plate. Depuis combien <strong>de</strong> temps n’avait-il pas créé<br />

quelque chose <strong>de</strong> franchement nouveau ? Qu’allait <strong>de</strong>venir son affaire ? Les<br />

gens ne voudraient plus acheter que le <strong>de</strong>rnier cri. Il n’y aurait plus <strong>de</strong> place pour<br />

les vieilles vaches à lait. Après chaque crise, chaque choc, chaque bond technologique,<br />

les clients déplaçaient leurs achats, le public changeait <strong>de</strong> goût, d’idéal.<br />

Les soubresauts s’accéléraient. C’était la mo<strong>de</strong> d’acheter un 4X4, le len<strong>de</strong>main<br />

c’était la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne plus en acheter. Sa gamme <strong>de</strong> produits, les succès d’une<br />

génération, la sienne, tout cela datait. Périmé ! En une secon<strong>de</strong>, il avait conclu<br />

comme s’il poussait un juron : il fallait innover.<br />

POLY TECH N EWS 43 7


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

Pour les clients qui aimaient « les œufs pondus comme autrefois », il faisait <strong>de</strong><br />

la rétro-innovation. Il s’inspirait <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> la Fiat 500. Il recyclait <strong>de</strong> la<br />

mémoire. Il vantait les solutions éprouvées. Dans ses produits semi-nouveaux, il<br />

conservait la valeur originelle <strong>de</strong>venue culturelle. Il vendait l’avenir du souvenir.<br />

Pour les clients avant-gardistes, il ne faisait plus dans l’originel, mais dans<br />

l’original. Il cherchait à surprendre. Il puisait son inspiration dans sa boîte<br />

<strong>de</strong> curiosités : le sparadrap noir pour les noirs, la braguette horizontale,<br />

le restaurant en libre-service qui commence par les <strong>de</strong>sserts, la paire <strong>de</strong><br />

chaussures coordonnées mais différentes, l’AZERTY musical qui joue <strong>de</strong> la<br />

musique quand on tape un texte. Et il ne tombait pas si loin <strong>de</strong> Rimbaud : « A<br />

noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu… naissances latentes. »<br />

Il offrait aux gens non pas ce qu’ils aimaient, mais ce qu’ils pourraient aimer.<br />

Cependant, il ne voulait pas dérouter. Il laissait ce plaisir aux auteurs incompris<br />

<strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> théâtre subsidiées, contents d’eux quand la salle est vi<strong>de</strong>.<br />

Lui voulait vendre absolument. Il vérifiait que son concept plaisait avant <strong>de</strong><br />

lancer un produit. Il connaissait beaucoup <strong>de</strong> ratés, beaucoup <strong>de</strong> mort-nés.<br />

Ce qui plaisait à un client ne plaisait pas à l’autre. Chez les avant-gardistes,<br />

hélas, personne n’est comme tout le mon<strong>de</strong>. Difficile <strong>de</strong> récolter un avis<br />

positif unanime. Difficile <strong>de</strong> dégager un segment <strong>de</strong> marché, même une<br />

niche. Il relançait donc infatigablement un nouveau concept dans le filtre <strong>de</strong><br />

l’avis <strong>de</strong>s clients potentiels. Et il rebouclait jusqu’à rencontrer un bon <strong>de</strong>gré<br />

d’acceptation - préfigurant une sanction positive du marché.<br />

Non seulement il respectait l’imaginaire du client, mais il l’exploitait. Le principe<br />

lui avait sauté aux yeux lorsqu’un dirigeant <strong>de</strong> Playmobil avait avoué<br />

où la firme trouvait les concepts <strong>de</strong> ses nouveaux jouets : dans les <strong>de</strong>ssins<br />

envoyés par <strong>de</strong>s enfants à <strong>Mons</strong>ieur Playmobil. Dès lors, il avait inclus certains<br />

clients dans le mécanisme d’innovation en position <strong>de</strong> co-concepteur.<br />

Lui aussi, il recueillait leurs <strong>de</strong>sseins. Il en faisait son miel. Les Rois Clients<br />

exprimaient tellement bien leur grand but royal : se satisfaire.<br />

Il s’était fait une raison aussi : une nullité qui se vend n’est pas une nullité. Le<br />

triomphe <strong>de</strong>s barres chocolatées en atteste. Les innovations ren<strong>de</strong>nt obèses. Mais<br />

si vous donnez <strong>de</strong> l’argent <strong>de</strong> poche à un adolescent, il n’achètera pas <strong>de</strong>s fruits.<br />

Les <strong>de</strong>ux écoles du marketing se réconciliaient dans son entreprise : celle<br />

qui prône le « push » et celle qui défend le « pull ». Les opportunités internes<br />

suggérées par ses collaborateurs se mêlaient, dans la même démarche d’innovation,<br />

aux opportunités externes venant <strong>de</strong>s clients. Au départ, il lançait<br />

les travaux à la recherche <strong>de</strong> l’originalité, <strong>de</strong> l’oiseau rare. Mais, à la fin, il<br />

sélectionnait le projet à retenir avec les critères classiques <strong>de</strong> satisfaction<br />

commerciale. Il obtenait <strong>de</strong> la sorte un concept original et vendable.<br />

Parfois aussi, il obtenait un concept banal et vendable. Alors, l’un ou l’autre<br />

<strong>de</strong> ses collaborateurs lui disait qu’on n’avait pas besoin <strong>de</strong> faire un détour par<br />

une démarche d’innovation pour aboutir à une idée si ordinaire. Il répondait :<br />

« On s’est donné une chance <strong>de</strong> trouver autre chose, au moins on n’a pas <strong>de</strong><br />

regret. ». De toute façon, il se <strong>de</strong>mandait si les réunions classiques, souvent<br />

peu créatives, si les commissions <strong>de</strong> tout acabit, qui empesaient les organisations,<br />

ne duraient pas aussi longtemps, voire plus. Il repensait aux idées les<br />

plus banales nées <strong>de</strong> sa fameuse métho<strong>de</strong>. Fin 1999, horriblement simple :<br />

une planche à pain avec imprimé <strong>de</strong>ssus le calendrier <strong>de</strong> l’an 2000, un gros<br />

succès commercial avec un référencement dans une chaine <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces.<br />

Encore plus élémentaire : l’idée d’aller voir le responsable d’un aéroport<br />

en construction pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il n’avait pas besoin <strong>de</strong> rambar<strong>de</strong>s et <strong>de</strong><br />

clôtures, eh bien si justement et <strong>de</strong>s kilomètres… Quand le gisement a été<br />

trouvé, les gens viennent vous dire : « comme c’est simple, il est là. »<br />

Celui qui fait tout son<br />

possible est le mieux placé<br />

pour faire l’impossible<br />

Sommes dépensées<br />

Il avait tendance à faire du soleil, sans se faire une place au soleil. Il chérissait<br />

ses prototypes, ses nouveautés comme <strong>de</strong>s enfants dont il était fier.<br />

Rien n’était trop beau pour le client. Il faisait confiance à ses collaborateurs.<br />

Personne ne surveillait personne. Bref, il travaillait pour rien.<br />

Heureusement, il cantonnait la plupart <strong>de</strong>s errements <strong>de</strong> la recherche d’innovations<br />

très en amont, au niveau <strong>de</strong>s concepts, <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong>s esquisses. Il évitait<br />

ainsi les échecs ruineux. Mais ensuite, il enjolivait ses innovations sans compter.<br />

L’affaire <strong>de</strong>s colorants marqua un tournant. Au départ, il avait annoncé que<br />

le produit prendrait trois couleurs seulement : blanc, noir et une couleur non<br />

encore choisie. Le prix <strong>de</strong> revient prévisionnel avait été calculé sur cette base.<br />

Puis, il s’était ravisé, décidant qu’on constituerait une gamme <strong>de</strong> tonalités très<br />

variées. Un ingénieur <strong>de</strong> fabrication avait opposé que ce n’était pas si facile.<br />

Il avait rétorqué que n’importe quel peintre est capable <strong>de</strong> créer une gamme<br />

en mélangeant trois couleurs. L’ingénieur soutint que, selon le processus, il en<br />

résulterait une gran<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> temps ou une large diversification <strong>de</strong>s stocks<br />

<strong>de</strong> colorants. Au lieu d’appliquer en toute tranquillité <strong>de</strong>s teintes plates, on<br />

serait contraint <strong>de</strong> séquencer <strong>de</strong>s lots successifs <strong>de</strong> nuances. Le directeur<br />

<strong>de</strong> production ne cachait pas son agacement. Le patron, avec son idée <strong>de</strong><br />

coloris savants, cédait une fois <strong>de</strong> plus à la tentation <strong>de</strong> la subtilité, au vertige<br />

artistique. Le directeur commercial en rajouta. Loin d’assurer le contentement<br />

du client, cet excès <strong>de</strong> zèle serait <strong>de</strong> nature à créer <strong>de</strong>s difficultés. Cela compliquerait<br />

la vente. Un homme à qui l’on sert trois couleurs n’a rigoureusement<br />

rien à dire. Mais si on lui offre <strong>de</strong>s nuances, il veut faire l’artiste lui aussi, et<br />

discute : « Vous ne trouvez pas ce bleu un peu froid ? ». Le directeur financier<br />

avait porté l’estoca<strong>de</strong>. Il avait recalculé le prix <strong>de</strong> revient prévisionnel : 17<br />

pourcents <strong>de</strong> hausse pour cette fantaisie d’arc-en-ciel.<br />

Ses directeurs ligués contre lui, il était enfoncé. De toute façon, il n’était pas<br />

homme à se croire au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la mêlée. Il argumenta que la couleur ajoutait<br />

<strong>de</strong> la valeur, mais en même temps il prenait conscience qu’il se trompait<br />

<strong>de</strong> logique. Il n’échapperait pas à son directeur financier, évaluateur, contrôleur,<br />

l’abominable <strong>Mons</strong>ieur Non. Il fit volte-face et se rangea du coté du<br />

raisonnement financier : « Vous avez raison, il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue la<br />

marge bénéficiaire et la rentabilité. »<br />

La controverse avait révélé la charnière avec la logique financière. Jusque<br />

là, quand il incorporait <strong>de</strong>s colorants et autres matières premières supplémentaires<br />

dans un produit, il estimait ajouter <strong>de</strong> la valeur. En revanche, en<br />

comptabilité, les matières premières venaient en déduction <strong>de</strong> la valeur<br />

ajoutée <strong>de</strong> l’entreprise. De même, quand il envisageait <strong>de</strong> faire appel à un<br />

bureau <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign pour profiler un modèle, il se voyait encore ajouter généreusement<br />

<strong>de</strong> la valeur. Cependant, ce poste <strong>de</strong>s biens et services divers<br />

venait aussi en réduction <strong>de</strong> la valeur ajoutée, celle, au passage, sur laquelle<br />

sa firme payait la taxe.<br />

Son personnel avait eu du mal à digérer le point <strong>de</strong> vue financier. Un retournement<br />

conjoncturel au moment du lancement d’un nouveau modèle avait<br />

fait glisser l’entreprise dans une mauvaise passe. Il avait dû revoir à la baisse<br />

sa politique <strong>de</strong> prix. Il avait <strong>de</strong>mandé à tous ses employés <strong>de</strong> redoubler<br />

d’efforts – ce qu’ils avaient consenti à faire au-<strong>de</strong>là du raisonnable. Après<br />

six mois d’un travail acharné, le verdict du tableau <strong>de</strong> bord était tombé<br />

comme un couperet : la valeur ajoutée par personne avait chuté gravement.<br />

Tout le mon<strong>de</strong>, s’étant impliqué avec ar<strong>de</strong>ur, croyait avoir ajouté <strong>de</strong> la valeur<br />

et l’indicateur financier semblait indiquer le contraire. Bizarre ! Il avait dû<br />

expliquer, avec délicatesse, la différence entre la valeur ajoutée au sens<br />

humain du terme et la valeur ajoutée reconnue financièrement.<br />

Heureusement, il ne prenait personne par surprise. Il avait proclamé son<br />

objectif partout. Il l’avait fait placar<strong>de</strong>r dans le hall, dans les salles <strong>de</strong> réunion,<br />

dans les bureaux et les ateliers. Une affiche sobre, un message court :<br />

« ORIGINAL – VENDABLE – RENTABLE ».<br />

8 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

Un homme qui a une idée<br />

Marie : Bonjour <strong>Mons</strong>ieur le directeur.<br />

Directeur : Bonjour Marie, vous <strong>de</strong>vinez pourquoi je vous ai convoquée ?<br />

Marie : Pas tellement non…<br />

Directeur : J’apprends que vous avez rassemblé <strong>de</strong>s collaborateurs pour faire<br />

un brainstorming.<br />

Marie : Oui, j’ai cru que c’était une bonne idée <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s idées.<br />

Directeur : Ne jouez pas sur les mots. Voilà qu’on se retrouve maintenant<br />

avec une centaine d’idées <strong>de</strong> nouveaux produits sur les bras.<br />

Marie : Deux cents plutôt. Mais je vous rassure tout <strong>de</strong> suite : quand j’aurai fait<br />

le tri, il n’en restera que quelques-unes.<br />

Directeur: Vous ne ferez rien du tout. Vous savez très bien que nous avons déjà<br />

trouvé notre nouveau concept <strong>de</strong> lavettes.<br />

Marie : Je voulais simplement explorer largement avant…<br />

Directeur : Le nouveau concept ne vous plaît pas ? Que reprochez-vous à la<br />

« lavette-poche » ?<br />

Marie : Rien.<br />

Directeur : Vous comprenez l’importance <strong>de</strong> son avantage ? Vous <strong>de</strong>vez imaginer<br />

notre lavette-poche comme un grand gant <strong>de</strong> toilette. Donc pour la nettoyer<br />

après usage, il suffira <strong>de</strong> la remplir d’eau. Puis, avec une main, <strong>de</strong> refermer l’entrée<br />

<strong>de</strong> la poche, et avec l’autre main <strong>de</strong> la presser pour que l’eau en s’évacuant<br />

à travers le tissu emporte la saleté vers l’extérieur. C’est un atout propreté-usage<br />

imparable.<br />

Marie : J’en suis convaincue.<br />

Directeur : Donc vous ne remettez plus ça en question.<br />

Marie : D’accord. Concernant la recherche <strong>de</strong>s autres idées, j’aurais aimé<br />

que vous me donniez carte blanche.<br />

Directeur : Certainement pas. Je suis justement en train <strong>de</strong> vous dire <strong>de</strong><br />

cesser <strong>de</strong> travailler <strong>de</strong>rrière mon dos.<br />

Marie : Ah ça c’est très gênant vis-à-vis <strong>de</strong>s collaborateurs qui ont participé<br />

au brainstorming. Que vais-je leur dire ?<br />

Directeur : Que vous vous êtes avancée trop loin, voilà tout. Il n’y a pas<br />

d’autre concept du même niveau que la lavette-poche. Et je ne dis pas ça<br />

parce que c’est mon idée.<br />

Marie : Quand même, on avait pensé créer <strong>de</strong>s lavettes en forme <strong>de</strong> moufles. Et<br />

aussi, une couleur pour chaque pièce <strong>de</strong> la maison : bleue pour la salle <strong>de</strong> bain,<br />

jaune pour la cuisine, verte pour la toilette. On vendrait trois fois plus peut-être.<br />

Directeur : Vous vous dispersez. Le seul objectif est <strong>de</strong> lancer la lavette-poche<br />

dans les trois mois. C’est clair ?<br />

Marie : Je vois. Je vois.<br />

Directeur : Tant mieux si vous voyez.<br />

Marie : Vous avez oublié le principe que vous m’avez appris vous-même.<br />

Directeur : Ah oui lequel ?<br />

Marie : Vous disiez : rien n’est plus dangereux qu’un homme qui a une idée,<br />

quand il n’en a qu’une.<br />

Directeur : C’est avocate que vous auriez dû être.<br />

La réunion innovante<br />

Entre la réunion classique et le brainstorming se trouve la<br />

réunion innovante.<br />

La réunion classique se caractérise par <strong>de</strong>ux types<br />

d’interventions majeures <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s participants :<br />

<strong>de</strong>s affirmations principalement (« Moi je pense<br />

que… ») et secondairement <strong>de</strong>s objections (« Moi je<br />

ne crois pas que… »).<br />

La réunion innovante se caractérise par cinq types<br />

d’interventions équilibrées : <strong>de</strong>s sollicitations (« Qu’en<br />

penses-tu ? »), <strong>de</strong>s propositions (« Une idée serait <strong>de</strong>… »),<br />

<strong>de</strong>s affirmations (« Moi je pense que… »), <strong>de</strong>s objections<br />

(« Moi je ne crois pas que… ») et <strong>de</strong>s reformulations (« Si je<br />

te comprends bien, tu trouves que… »).<br />

Le brainstorming se caractérise par un seul type d’intervention<br />

: <strong>de</strong>s propositions (« Une autre idée encore… »).<br />

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DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

DES MATÉRIAUX INNOVANTS<br />

AU SERVICE DU PLUS GRAND NOMBRE<br />

y Dr Eric Dumont, Thermodynamique et Physique Mathématique<br />

La Région wallonne et le Hainaut en particulier entretiennent une longue tradition d’innovation dans<br />

le domaine <strong>de</strong>s matériaux, tradition qui se poursuit avec force à la Faculté Polytechnique. En effet,<br />

la collaboration entre différents services scientifiques et pôles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la Faculté a permis<br />

l’émergence <strong>de</strong> nombreux projets <strong>de</strong> recherche sur les matériaux nouveaux, dont l’industrialisation<br />

pourrait bien révolutionner à terme notre vie quotidienne.<br />

Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s matériaux a <strong>de</strong> tout temps été un domaine propice aux innovations<br />

scientifiques, permettant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s avancées, aussi bien au niveau économique<br />

qu’au niveau du bien-être <strong>de</strong> la population d’une région ou d’un pays. C’est le cas<br />

en Région wallonne et en Hainaut en particulier. Il suffit <strong>de</strong> se souvenir que les premières<br />

réalisations <strong>de</strong> matériaux nouveaux remontent aux 17 e et 18 e siècles, avec<br />

la création <strong>de</strong> fabriques <strong>de</strong> verre plat et <strong>de</strong>s premiers haut-fourneaux. L’innovation<br />

s’est poursuivie tout au long <strong>de</strong>s 19 e et 20 e siècles avec le développement <strong>de</strong> la<br />

sidérurgie, <strong>de</strong>s alliages métalliques spéciaux et <strong>de</strong>s céramiques réfractaires. En ce<br />

début <strong>de</strong> 21 e siècle, la recherche <strong>de</strong> nouveaux matériaux <strong>de</strong>meure une activité très<br />

développée en Hainaut et plus particulièrement celle qui concerne les nanomatériaux.<br />

Les synergies entre services scientifiques et pôles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la Faculté<br />

Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS (Pôle Matériaux et Pôle Energie), du Centre d’Excellence<br />

Materia Nova et <strong>de</strong>s entreprises locales ont permis le développement d’un grand<br />

nombre <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche dont le but est d’introduire, dans les applications<br />

<strong>de</strong> tous les jours, <strong>de</strong>s matériaux toujours plus performants ou possédant <strong>de</strong>s propriétés<br />

inimaginables il y a une dizaine d’années.<br />

L’innovation introduite dans un procédé <strong>de</strong> fabrication industriel peut être due<br />

soit à une nouvelle application <strong>de</strong> matériaux aux propriétés connues, soit à<br />

l’utilisation <strong>de</strong> matériaux aux propriétés nouvelles. Dans la première catégorie,<br />

nous pouvons citer le projet ESCAPE. Il est réalisé dans le cadre <strong>de</strong> la directive<br />

européenne SEVESO, qui impose <strong>de</strong> recenser les établissements à risque afin,<br />

entre autres, <strong>de</strong> prévenir et maîtriser les dangers liés à ces sites. Sur les sites<br />

d’industries chimiques, par exemple, un réseau <strong>de</strong> capteurs <strong>de</strong> mesure est<br />

classiquement déployé au sein et aux alentours du site, réseau qui actuellement<br />

est <strong>de</strong> type filaire (capteurs reliés par <strong>de</strong>s câbles qui les alimentent en énergie<br />

et transmettent l’information). Le projet ESCAPE a pour but la mise au point <strong>de</strong><br />

capteurs énergétiquement autonomes (capteurs couplés à une capacité et à<br />

<strong>de</strong>s cellules photovoltaïques) qui communiqueront par une technologie sans fil.<br />

Cette innovation <strong>de</strong>vrait permettre, entre autres, la réduction <strong>de</strong>s coûts d’installation<br />

et l’amélioration <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>s sites. Un très grand nombre <strong>de</strong> projets<br />

appartiennent à la secon<strong>de</strong> catégorie. Le premier que nous pouvons mentionner<br />

consiste à développer <strong>de</strong>s vitrocéramiques piézoélectriques. La piézoélectricité<br />

(propriété qui consiste pour un matériau à se charger électriquement lors <strong>de</strong><br />

l’application d’une contrainte ou à se déformer lors <strong>de</strong> l’application d’un champ<br />

électrique) est utilisée dans un très grand nombre d’applications, par exemple,<br />

les consoles <strong>de</strong> jeux (détection <strong>de</strong> mouvement), l’automobile (déclenchement<br />

<strong>de</strong>s airbags), les appareils photos (stabilisateur d’images), les haut-parleurs <strong>de</strong>s<br />

chaînes hi-fi, etc. Les céramiques polycristallines utilisées traditionnellement<br />

ont le désavantage <strong>de</strong> perdre leurs propriétés piézoélectriques au cours du<br />

temps ou lorsqu’elles sont soumises à <strong>de</strong>s températures élevées. L’utilisation <strong>de</strong><br />

vitrocéramiques texturées (matériaux amorphes dans lesquels on a fait croître<br />

<strong>de</strong>s cristaux selon une orientation particulière), qui possè<strong>de</strong>nt une excellente<br />

stabilité dans le temps et à hautes températures, permet d’apporter une solution<br />

à ces problèmes. Le challenge <strong>de</strong>s recherches menées dans le Pôle Matériaux<br />

consiste, entre autres, à trouver une métho<strong>de</strong> simple d’industrialisation du procédé<br />

<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> ces vitrocéramiques particulières.<br />

Dans la même catégorie, on peut également citer un projet qui étudie<br />

<strong>de</strong>s prototypes <strong>de</strong> capteurs chimiques basés sur <strong>de</strong>s oxy<strong>de</strong>s métalliques<br />

Fabrication d’un écran OLED sur substrat flexible (HP)<br />

semi-conducteurs. Le but est <strong>de</strong> détecter différents gaz présents dans<br />

l’environnement dans lequel est placé le capteur avec, comme application<br />

possible, la détection <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong> gaz naturel. Les capteurs habituels<br />

utilisés pour la détection <strong>de</strong>s gaz doivent être portés à une température<br />

relativement élevée (200 à 500 °C) et sont souvent peu sélectifs (pas <strong>de</strong><br />

discrimination entre les différents gaz présents dans l’atmosphère). Les<br />

recherches menées au sein du Pôle Matériaux consistent à résoudre ces<br />

problèmes grâce à la maîtrise du processus <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong>s nanoparticules<br />

d’oxy<strong>de</strong>s utilisées dans les capteurs, afin <strong>de</strong> contrôler leur forme, leur<br />

orientation cristallographique et, <strong>de</strong> là, leurs propriétés.<br />

Enfin, nous pouvons mentionner le projet SmartFilm, qui consiste à développer<br />

<strong>de</strong> nouveaux semi-conducteurs organiques pour améliorer le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

cellules solaires photovoltaïques plastiques, alternative intéressante aux cellules<br />

classiques utilisant le silicium sur verre. Les applications sont évi<strong>de</strong>mment la<br />

production d’électricité à partir <strong>de</strong> la lumière du soleil, mais également la fabrication<br />

<strong>de</strong> LED basées sur <strong>de</strong>s composés organiques (OLED) et qui produisent<br />

<strong>de</strong> la lumière avec un ren<strong>de</strong>ment bien meilleur que les traditionnelles lampes à<br />

incan<strong>de</strong>scence ou tubes électroluminescents.<br />

Un autre grand domaine, où le citoyen lambda n’attend pas a priori <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

innovations, est le domaine <strong>de</strong>s matériaux métalliques. Pourtant, l’innovation y<br />

est tout aussi présente que pour les autres types <strong>de</strong> matériaux (polymères, céramiques).<br />

Le projet ClearZinc, par exemple, vise le développement d’un nouveau<br />

système <strong>de</strong> traitement contre la corrosion <strong>de</strong> l’acier, sans lui appliquer <strong>de</strong> couche<br />

<strong>de</strong> zinc. La combinaison d’un traitement <strong>de</strong> surface à base d’oxy<strong>de</strong>s protecteurs<br />

avec <strong>de</strong>s réservoirs à inhibiteurs <strong>de</strong> corrosion incorporés permet <strong>de</strong> protéger le<br />

métal mis à nu, au niveau <strong>de</strong> griffes par exemple, grâce à un mécanisme d’autocicatrisation.<br />

Le nouveau procédé assurera une protection active, performante et<br />

10 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

<strong>de</strong> longue durée <strong>de</strong> l’acier contre la corrosion, notamment dans les domaines <strong>de</strong><br />

l’automobile, <strong>de</strong> l’aérospatiale et <strong>de</strong> l’électroménager.<br />

Dans un domaine tout proche, une thèse <strong>de</strong> doctorat récemment défendue dans le<br />

Service <strong>de</strong> Métallurgie concerne la formation <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong> Nickel-Bore et l’étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> leurs propriétés mécaniques et tribologiques. Ces <strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong>s revêtements<br />

nanocristallins très prometteurs pour <strong>de</strong> nombreuses industries, telles que<br />

l’électronique (où ils sont utilisés pour leurs propriétés électriques et magnétiques),<br />

la chimie et la pétrochimie (qui apprécient leur résistance à la corrosion), les industries<br />

du transport et les outils <strong>de</strong> coupe (où leurs excellentes propriétés mécaniques<br />

et notamment leur résistance à l’usure sont particulièrement recherchées).<br />

Dans le même Service, une autre étu<strong>de</strong> porte, principalement, sur le développement<br />

d’un procédé innovant <strong>de</strong> fabrication d’une nouvelle nuance d’acier à<br />

haute teneur carbone, issue <strong>de</strong> la filière électrique. Ce nouveau produit permettra<br />

un laminage à froid direct du produit laminé à chaud. In fine, le projet vise donc<br />

à supprimer les recuits nécessaires avant et pendant le laminage à froid, recuits<br />

qui consomment <strong>de</strong> l’énergie. En effet, au vu <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production dans les<br />

pays émergents, la sidérurgie wallonne se doit <strong>de</strong> viser la production d’aciers qui<br />

présenteront une forte valeur ajoutée au terme <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> mise en œuvre.<br />

A ces considérations économiques se greffent <strong>de</strong>s considérations écologiques,<br />

Micrographie d’une vitrocéramique<br />

car la production par filière électrique se base sur la fusion <strong>de</strong> matières provenant<br />

du recyclage d’alliages à base <strong>de</strong> fer.<br />

On le voit donc, les matériaux innovants pénètrent <strong>de</strong> plus en plus les différents<br />

secteurs industriels avec une répercussion dans notre vie quotidienne, même là<br />

où on ne les attend pas !<br />

DÉVELOPPEMENT DE CAPTEURS DE VIBRATIONS<br />

À FIBRES OPTIQUES<br />

y Ir Nicolas Linze, Électromagnétisme et Télécommunications<br />

Ir Pierre Tihon, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />

Une collaboration entre les services d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunications (SET) et <strong>de</strong> Mécanique Rationnelle,<br />

Dynamique et Vibrations (Mécara) a pour objectif <strong>de</strong> mettre au point <strong>de</strong>s capteurs innovants, basés sur l’utilisation <strong>de</strong> fibres<br />

optiques, permettant <strong>de</strong> mesurer, <strong>de</strong> manière continue, les vibrations le long d’une fibre posée sur la structure à étudier.<br />

Ces <strong>de</strong>rnières années ont vu un développement<br />

important <strong>de</strong> capteurs basés sur les fibres optiques,<br />

conférant à celles-ci un nouveau champ d’applications.<br />

Ont été développés, entre autres, <strong>de</strong>s capteurs<br />

<strong>de</strong> température, <strong>de</strong> contraintes, d’indice <strong>de</strong> réfraction<br />

et d’humidité. Ces capteurs présentent plusieurs<br />

avantages par rapport aux capteurs classiques : un<br />

faible encombrement, une insensibilité aux perturbations<br />

électromagnétiques, la possibilité d’utilisation<br />

dans <strong>de</strong>s environnements difficiles tels qu’à haute<br />

température, en milieu inflammable ou explosif.<br />

Enfin, très légères, les fibres ne modifient pas les<br />

propriétés mécaniques <strong>de</strong> la structure et permettent<br />

ainsi une mesure non biaisée.<br />

C’est dans ce contexte que se situe un projet<br />

<strong>de</strong> recherche commun entre les services SET et<br />

Mécara, dans lequel s’inscrivent <strong>de</strong>ux nouvelles<br />

thèses <strong>de</strong> doctorat, supervisées par les Professeurs<br />

Marc Wuilpart et Olivier Verlin<strong>de</strong>n. Le but est <strong>de</strong><br />

concevoir <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> vibrations, utilisant la<br />

technologie <strong>de</strong>s fibres optiques, basés soit sur la<br />

mesure <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> polarisation <strong>de</strong> la lumière dans<br />

la fibre, soit sur l’utilisation <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg<br />

fibrés. L’état <strong>de</strong> polarisation est défini comme<br />

l’évolution <strong>de</strong> l’extrémité du vecteur champ électrique<br />

au cours du temps en un point donné <strong>de</strong><br />

l’espace. La fibre (ou le réseau <strong>de</strong> Bragg fibré)<br />

soumise à une vibration voit ses propriétés <strong>de</strong><br />

polarisation se modifier, notamment via le phénomène<br />

<strong>de</strong> biréfringence, propriété d’un matériau<br />

dans lequel la lumière se propage <strong>de</strong> manière<br />

anisotrope. Par exemple, si une fibre circulaire est<br />

écrasée et <strong>de</strong>vient elliptique, la composante <strong>de</strong><br />

la lumière polarisée suivant le grand axe ne se<br />

propage pas à la même vitesse que la composante<br />

polarisée suivant le petit axe, avec pour effet <strong>de</strong><br />

modifier l’état <strong>de</strong> polarisation. A la sortie <strong>de</strong> la<br />

fibre, avec un dispositif permettant <strong>de</strong> sélectionner<br />

un état <strong>de</strong> polarisation particulier et un détecteur<br />

mesurant ensuite la puissance lumineuse, on<br />

obtient une puissance optique variant au rythme<br />

<strong>de</strong> la vibration appliquée.<br />

Ce résultat établi, il s’agit d’expliquer quels sont<br />

les paramètres influençant la variation <strong>de</strong> la biréfringence,<br />

et la manière dont ils l’influencent. En<br />

effet, il faudra trouver une configuration du capteur<br />

permettant d’obtenir <strong>de</strong>s mesures présentant <strong>de</strong><br />

bonnes caractéristiques <strong>de</strong> répétabilité, <strong>de</strong> linéarité,<br />

et d’immunité par rapport à <strong>de</strong>s influences<br />

parasites comme la température. Les variations <strong>de</strong><br />

forme et <strong>de</strong> courbure <strong>de</strong> la fibre, les déformations<br />

ou les contraintes dues à la traction, la flexion ou<br />

la torsion peuvent exercer une influence. C’est<br />

là qu’intervient le Service <strong>de</strong> Mécara, qui effectuera<br />

l’étu<strong>de</strong> du mouvement d’une fibre soumise<br />

à <strong>de</strong>s vibrations. L’utilisation d’une caméra à haute<br />

vitesse permettra <strong>de</strong> vérifier les modèles.<br />

La réalisation <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> vibrations se déroulera<br />

en <strong>de</strong>ux étapes. Dans un premier temps, un capteur<br />

ponctuel (les vibrations sont mesurées en un point<br />

précis <strong>de</strong> la structure) sera développé. Dans un second<br />

POLY TECH N EWS 43 11


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

temps, un capteur distribué sera mis au point ; il permettra<br />

<strong>de</strong> mesurer l’évolution spatiale d’un paramètre<br />

le long <strong>de</strong> la fibre optique. Dans notre cas, les paramètres<br />

concernés sont la fréquence et l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

vibrations. Pour ce faire, un dispositif <strong>de</strong> type POTDR<br />

(Polarization Optical Time Domain Reflectometry) est<br />

envisagé. Ce dispositif, déjà développé au sein du SET,<br />

fournit une mesure <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la polarisation le<br />

long <strong>de</strong> la fibre, évolution qui, comme on le sait, est<br />

liée à la distribution <strong>de</strong>s vibrations. Les applications <strong>de</strong><br />

ce type <strong>de</strong> capteurs sont par exemple la mesure et la<br />

localisation <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vibrations posant problème<br />

dans une structure <strong>de</strong> génie civil, le long d’une chaîne<br />

<strong>de</strong> montage ou une aile d’avion. Ils pourraient également<br />

servir <strong>de</strong> détecteur d’intrusion (application liée<br />

à la sécurité), celle-ci se manifestant sous la forme<br />

d’une vibration appliquée sur une fibre installée le<br />

long d’une clôture. Il sera alors possible, grâce à un<br />

capteur distribué, <strong>de</strong> déterminer l’endroit <strong>de</strong> l’effraction.<br />

Un travail expérimental a déjà été effectué dans<br />

ce sens. Une application à plus long terme concerne<br />

les capteurs biomédicaux pour l’analyse <strong>de</strong> l’impact<br />

<strong>de</strong>s vibrations (par exemple lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong><br />

machines vibrantes) sur le corps humain.<br />

Puissance détéctée (u.a.)<br />

40<br />

35<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

5<br />

0<br />

100<br />

200 300 400<br />

Distance (m)<br />

Avec vibration<br />

Sans vibration<br />

100 200 300 400<br />

Distance (m)<br />

Illustration d’une tentative d’intrusion par relevés <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> polarisation : (a) relevés obtenus en présence et en l’absence <strong>de</strong><br />

vibration ; (b) : différence entre les <strong>de</strong>ux relevés.<br />

Puissance détéctée (u.a.)<br />

4<br />

2<br />

0<br />

-2<br />

-4<br />

-6<br />

-8<br />

-10<br />

-12<br />

-14<br />

-16<br />

DÉTECTER DES FUITES DE GAZ À L’AIDE<br />

DE RÉSEAUX DE BRAGG FIBRÉS<br />

y Dr Christophe Caucheteur, Électromagnétisme et Télécommunications<br />

Dr Marc Debliquy, Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />

Depuis 2004, le Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong><br />

Télécommunications développe, en collaboration<br />

avec le Service <strong>de</strong> Science <strong>de</strong>s Matériaux et l’ASBL<br />

Materia Nova (Driss Lahem) <strong>de</strong>s prototypes <strong>de</strong> capteurs<br />

chimiques basés sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> Bragg<br />

inscrits au sein <strong>de</strong> fibres optiques.<br />

De tels capteurs ont pour vocation <strong>de</strong> détecter <strong>de</strong>s<br />

fuites précoces <strong>de</strong> gaz toxiques et/ou inflammables.<br />

En outre, on peut appliquer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s telles que<br />

l’OTDR (Optical Time-Domain Reflectometer) ou la<br />

disposition en casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réseaux au sein d’une<br />

seule fibre optique pour assurer la localisation <strong>de</strong>s<br />

fuites. Ce type <strong>de</strong> capteur est particulièrement adapté<br />

pour sécuriser <strong>de</strong> vastes périmètres comme <strong>de</strong>s<br />

gazoducs ou <strong>de</strong> grands réservoirs.<br />

Un réseau <strong>de</strong> Bragg fibré est un tronçon <strong>de</strong> fibre<br />

optique dont le cœur présente une modulation permanente<br />

et périodique (le pas est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 500<br />

nanomètres) <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> réfraction le long <strong>de</strong> l’axe<br />

<strong>de</strong> propagation. Cette modulation d’indice s’obtient<br />

en exposant transversalement la fibre à un motif<br />

d’interférences <strong>de</strong> longueur d’on<strong>de</strong> voisine <strong>de</strong> 240<br />

nanomètres. Le SET dispose, à cet effet, d’un laser<br />

continu à argon, doublé en fréquence, émettant une<br />

on<strong>de</strong> continue à 244 nanomètres.<br />

Agissant comme un miroir sélectif en longueur<br />

d’on<strong>de</strong>, il couple, dans le sens contra-propageant,<br />

certaines longueurs d’on<strong>de</strong> autour d’une longueur<br />

d’on<strong>de</strong> centrale <strong>de</strong> résonance. Cette propriété fait<br />

d’un réseau <strong>de</strong> Bragg un filtre performant, très apprécié<br />

en télécommunications par fibres optiques. C’est<br />

également un composant <strong>de</strong> choix pour le mon<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s capteurs. En effet, en réponse à un changement<br />

<strong>de</strong> température et/ou à une déformation mécanique<br />

axiale, la périodicité <strong>de</strong> la modulation d’indice se<br />

modifie, entraînant un décalage <strong>de</strong> la longueur d’on<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> résonance. En pratique, c’est la mesure <strong>de</strong> ce<br />

décalage en longueur d’on<strong>de</strong> qui est généralement<br />

utilisée pour la réalisation <strong>de</strong> capteurs.<br />

Les capteurs chimiques sont obtenus par le dépôt,<br />

à la surface du réseau <strong>de</strong> Bragg fibré, d’une couche<br />

sensible au gaz à mesurer. Pour que le réseau <strong>de</strong><br />

Bragg y soit sensible, cette couche doit réaliser l’une<br />

<strong>de</strong>s fonctions suivantes : modification <strong>de</strong> volume,<br />

modification <strong>de</strong> température ou changement d’indice<br />

<strong>de</strong> réfraction. Elle doit également être spécifique<br />

à l’espèce chimique à mesurer.<br />

La mesure du décalage en longueur d’on<strong>de</strong> est<br />

généralement utilisée pour la réalisation <strong>de</strong>s capteurs<br />

L’aboutissement majeur <strong>de</strong>s recherches consiste<br />

en un prototype <strong>de</strong> capteur d’hydrogène utilisant<br />

<strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> Bragg fibrés associés à une couche<br />

sensible catalytique. Pour le capteur d’hydrogène<br />

développé, la couche sensible, constituée d’un<br />

métal noble dispersé sur un oxy<strong>de</strong> métallique, est<br />

le siège d’une réaction exothermique lorsque ce<br />

composé gazeux est présent dans l’air. La détection<br />

d’hydrogène se fait alors par la mesure <strong>de</strong> l’élévation<br />

<strong>de</strong> température subie par le réseau <strong>de</strong> Bragg<br />

fibré. Soulignons que la réaction est rapi<strong>de</strong> et réversible,<br />

ce qui se traduit par une bonne sensibilité du<br />

prototype <strong>de</strong> capteur et un temps <strong>de</strong> réponse court.<br />

Cette avancée s’est d’ailleurs concrétisée par la<br />

prise d’un brevet européen.<br />

Plus d’informations :<br />

C. Caucheteur, M. Debliquy,<br />

D. Lahem and P. Mégret,<br />

«Hybrid fiber gratings coated<br />

with a catalytic sensitive<br />

layer for hydrogen sensing<br />

in air,» Opt. Express 16,<br />

16854-16859 (2008).<br />

12 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

L’OPEN INNOVATION<br />

y Dr Céline Thillou, Administration et Valorisation <strong>de</strong> la Recherche UMONS<br />

L’université, par essence même, se doit d’être à la source <strong>de</strong> l’innovation. De par ses missions d’enseignement<br />

et <strong>de</strong> recherche, une université crée, modifie, transmet et insuffle l’innovation dans les entreprises à travers<br />

<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> recherche qu’elle encadre ou du personnel qu’elle forme.<br />

L’innovation revêt <strong>de</strong> multiples formes et il est maintenant d’usage <strong>de</strong> discerner<br />

l’innovation marketing <strong>de</strong> l’innovation technologique. En effet, au sens commun <strong>de</strong>s<br />

sociétés européennes, l’innovation dite « <strong>de</strong> rupture », celle qui permet d’ouvrir <strong>de</strong><br />

nouveaux marchés, est très souvent associée à l’innovation technologique. Or, bon<br />

nombre <strong>de</strong> produits ou services ont été créés par une innovation non technologique,<br />

comme par exemple la vague du « low cost », qui a permis <strong>de</strong> relancer l’économie<br />

dans différents marchés, sans aucune innovation technologique.<br />

Cependant, ces quelques paragraphes abor<strong>de</strong>ront plus facilement l’innovation<br />

technologique, celle qui, majoritairement, peut être issue d’une université.<br />

L’innovation ou la créativité, comme s’intitule ce dossier, peut être générée<br />

par différents aspects en recherche. L’émulation peut, en effet, venir<br />

<strong>de</strong> sujets <strong>de</strong> recherche porteurs, issus <strong>de</strong> nouveaux matériels ou <strong>de</strong> nouveaux<br />

partenaires, mais aussi <strong>de</strong> mixité dans les domaines technologiques.<br />

La création récente <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> permettra assurément <strong>de</strong> renforcer<br />

une démarche d’innovation entre les laboratoires <strong>de</strong> thématiques similaires mais<br />

également une innovation interdisciplinaire pour créer <strong>de</strong> nouvelles connexions<br />

<strong>de</strong> recherche. De plus, l’université est une vitrine ouverte pour les entreprises et<br />

<strong>de</strong> nombreux partenariats se créent aujourd’hui, à l’instar <strong>de</strong> l’open innovation.<br />

Ainsi, une différence est largement faite entre les années 70, où l’on considérait<br />

l’innovation comme un ensemble <strong>de</strong> pratiques développées au sein d’une<br />

entreprise, en secret, pour attaquer par surprise <strong>de</strong>s marchés porteurs, et<br />

aujourd’hui, où l’innovation peut émaner <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> recherche comportant<br />

<strong>de</strong> multiples partenaires.<br />

L’idée centrale <strong>de</strong> l’open innovation est <strong>de</strong> ne plus se baser uniquement sur sa propre<br />

recherche pour innover mais <strong>de</strong> capter les résultats <strong>de</strong>s recherches avoisinantes pour<br />

enrichir son savoir-faire et développer plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> nouvelles compétences,<br />

sources d’innovation. Le <strong>de</strong>uxième aspect <strong>de</strong> l’open innovation est qu’une fois les<br />

résultats atteints, ces <strong>de</strong>rniers ne doivent plus rester en interne mais être diffusés à<br />

l’extérieur par l’intermédiaire <strong>de</strong> brevets, entreprises conjointes (ou joint ventures)<br />

ou spin-off, sociétés émanant également d’universités.<br />

Il apparaît donc clairement que l’open innovation se fon<strong>de</strong> sur la collaboration<br />

entre universités et entreprises. Pour bien souligner l’importance <strong>de</strong> ces collaborations<br />

bilatérales, il est primordial d’expliquer la nette différence <strong>de</strong> l’innovation<br />

d’aujourd’hui avec celle d’hier, fermée, comme l’illustre le tableau ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

L’innovation ouverte, traduction du terme très répandu <strong>de</strong> l’open innovation, est un<br />

concept émanant du Prof. Henry Chesbrough, directeur du centre <strong>de</strong> l’innovation<br />

ouverte, situé à Berkeley.<br />

Innovation fermée Innovation ouverte<br />

Les meilleurs chercheurs doivent être engagés dans notre entreprise Nous <strong>de</strong>vons travailler avec les meilleurs chercheurs, <strong>de</strong> notre entreprise<br />

et d’ailleurs<br />

Pour avoir les bénéfices <strong>de</strong> la recherche, nous <strong>de</strong>vons inventer, développer<br />

et commercialiser tout nous-mêmes<br />

Si nous découvrons quelque chose, nous pourrons le porter sur le marché<br />

en premier<br />

La recherche externe peut aussi créer <strong>de</strong> la valeur ajoutée : la recherche<br />

interne est alors seulement nécessaire pour revendiquer certaines parties<br />

du profit<br />

Nous ne <strong>de</strong>vons pas nécessairement être à la source <strong>de</strong> la recherche pour<br />

en tirer <strong>de</strong>s profits<br />

L’entreprise qui pénètre le marché en premier gagne toujours Construire un meilleur modèle d’affaire est mieux que pénétrer le marché<br />

en premier<br />

Nous <strong>de</strong>vons contrôler notre propriété intellectuelle pour que nos<br />

concurrents ne profitent pas <strong>de</strong> nos idées<br />

Nous <strong>de</strong>vons profiter <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> notre propriété intellectuelle par les<br />

autres et nous <strong>de</strong>vons acheter la propriété <strong>de</strong>s autres pour enrichir notre<br />

modèle d’affaire<br />

(traduit <strong>de</strong> Chesbrough, H. (2003) : « Open Innovation : The New Imperative for Creating and Profiting from Technology », Harvard Business School Press)<br />

POLY TECH N EWS 43 13


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

Représentation <strong>de</strong> l’innovation fermée (à gauche) et<br />

<strong>de</strong> l’open innovation (à droite) - adapté <strong>de</strong> Chesbrough, 2003<br />

La différence, illustrée dans les images ci-contre, permet également <strong>de</strong><br />

mesurer le rôle important <strong>de</strong> la recherche universitaire pour les entreprises.<br />

En effet, les laboratoires <strong>de</strong> recherche peuvent apporter <strong>de</strong>s compétences<br />

<strong>de</strong> pointe aux industriels sous différentes formes (prestations<br />

<strong>de</strong> service, missions <strong>de</strong> consultance ou collaborations <strong>de</strong> recherche).<br />

Ces points ne sont pas seulement issus <strong>de</strong> la recherche d’un scientifique dans<br />

le mon<strong>de</strong> mais ont été démontrés par plusieurs étu<strong>de</strong>s récentes :<br />

Le cabinet Booz Allen Hamilton a montré qu’il n’existait pas <strong>de</strong><br />

lien direct entre un niveau élevé d’investissement en recherche<br />

et les bonnes performances d’une entreprise : en d’autres mots,<br />

pour innover, il ne suffit pas seulement d’augmenter le budget <strong>de</strong><br />

son département R&D en interne ;<br />

Une autre étu<strong>de</strong> d’IBM Global Business Services a mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

que les entreprises les plus performantes avaient plus <strong>de</strong> partenariats<br />

avec l’extérieur, dans une proportion <strong>de</strong> 30% supérieure<br />

aux autres.<br />

Les bénéfices <strong>de</strong> l’open innovation ne sont plus à démontrer et le<br />

rôle <strong>de</strong>s universités et <strong>de</strong>s laboratoires <strong>de</strong> recherche auprès d’entreprises<br />

<strong>de</strong> proximité <strong>de</strong>vient incontournable pour leur innovation.<br />

De plus, cela permet d’expérimenter, à moindres coût et risque, <strong>de</strong>s<br />

idées innovantes qu’il serait laborieux <strong>de</strong> développer en interne dans<br />

chaque entreprise.<br />

Cet enrichissement <strong>de</strong> savoir-faire et cette proximité avec les entreprises<br />

peuvent se développer et s’accroître encore plus dès lors que les rapports<br />

avec les entreprises ont été clairement définis. Assainir ces relations dès<br />

le début permettra <strong>de</strong> meilleures collaborations baséés sur la confiance<br />

et se développant sur le long terme.<br />

Il convient d’établir le plus tôt possible <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité. En<br />

effet, même si l’innovation est dite « ouverte », les entreprises restent<br />

néanmoins concurrentes entre elles et les idées <strong>de</strong> l’une ne doivent<br />

pas être mélangées avec les idées <strong>de</strong> l’autre. Une fois que les résultats<br />

sont atteints, l’adoption <strong>de</strong> modèles d’affaire adéquats permettra alors<br />

la mixité <strong>de</strong> l’innovation.<br />

Il en va <strong>de</strong> même avec les idées émanant <strong>de</strong> l’université. Les partenariats<br />

établis avec une entreprise en particulier apportent <strong>de</strong>s avantages<br />

en termes <strong>de</strong> recherche.<br />

D’autres accords peuvent également être conclus, comme <strong>de</strong>s accords<br />

<strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> matériel (ou <strong>de</strong> logiciel) et <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> collaboration,<br />

pour établir le plus tôt possible les droits et <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> chacun et optimiser<br />

les réussites d’une collaboration.<br />

Ces différents accords bilatéraux, ou multiples lorsqu’il y a plusieurs<br />

partenaires, permettront également à l’université d’enrichir son savoirfaire,<br />

<strong>de</strong> le protéger et <strong>de</strong> créer sa valeur ajoutée.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier point est primordial :<br />

pour créer <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> licence, à négocier avec les entreprises et leur<br />

permettre d’accé<strong>de</strong>r à plus d’innovation ;<br />

pour déposer <strong>de</strong>s brevets, à également revendre ou licencier à <strong>de</strong>s entreprises<br />

;<br />

et enfin, pour créer <strong>de</strong>s spin-offs, génératrices <strong>de</strong> nouveaux emplois, <strong>de</strong><br />

nouveaux marchés et <strong>de</strong> nouvelles innovations !<br />

L’université et ses laboratoires <strong>de</strong> recherche sont au centre <strong>de</strong> l’innovation <strong>de</strong> notre<br />

société et ses missions <strong>de</strong> recherche tournées vers les entreprises wallonnes et<br />

internationales continuent <strong>de</strong> croître chaque année. Cet enrichissement intra et<br />

inter-universitaire se doit d’être le plus encadré pour être optimal.<br />

L’idée centrale <strong>de</strong> l’open<br />

innovation est <strong>de</strong> ne plus<br />

se baser uniquement sur<br />

sa propre recherche pour<br />

innover mais <strong>de</strong> capter les<br />

résultats <strong>de</strong>s recherches<br />

avoisinantes<br />

Le département d’Administration et <strong>de</strong> Valorisation <strong>de</strong><br />

la Recherche (AVRE) <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> se tient<br />

à votre disposition pour vous soutenir dans votre démarche<br />

d’innovation.<br />

(http://portail.umons.ac.be/FR/universite/admin/dar/<br />

Pages/<strong>de</strong>fault.aspx).<br />

14 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

GREENRAIL : UN RAIL MOINS ÉNERGIVORE<br />

y Prof. Daniel Tuyttens, Dr Hongying Fei, Dr Mohand Mezmaz, Ir Jad Jalwan<br />

Mathématique et Recherche Opérationnelle<br />

La consommation énergétique du réseau ferroviaire entraîne <strong>de</strong>s factures d’électricité assez importantes. Le projet<br />

GreenRail, qui entre dans le cadre du développement durable, s’inscrit dans l’objectif « efficience énergétique » (Pôle<br />

<strong>de</strong> compétitivité LOGISTICS IN WALLONIA). Il vise à optimiser la consommation énergétique au niveau opérationnel du<br />

système ferroviaire.<br />

De nos jours, plus <strong>de</strong> 70% du réseau ferroviaire<br />

belge est électrifié. La facture d’électricité annuelle<br />

est estimée à 100 millions d’euros. 1% <strong>de</strong><br />

consommation en moins se traduit par 1 million<br />

d’euros d’économie : le potentiel <strong>de</strong> gain est par<br />

conséquent considérable ! Cependant, les opérateurs<br />

ferroviaires n’investissent pas suffisamment<br />

pour baisser la consommation électrique.<br />

GreenRail vise à réduire cette consommation en<br />

intervenant sur plusieurs paramètres du réseau<br />

ferroviaire. Il fait partie d’un projet plus vaste <strong>de</strong><br />

niveau européen visant à innover dans le domaine<br />

du rail. GreenRail étudie toutes les composantes<br />

nécessaires à la mise au point d’un système <strong>de</strong><br />

gestion temps-réel <strong>de</strong> la consommation énergétique<br />

du système ferroviaire. Le résultat sera<br />

intégré dans les systèmes existants, <strong>de</strong> manière<br />

compatible avec les standards européens d’interopérabilité.<br />

Ce projet permet un investissement<br />

mo<strong>de</strong>ste avec un retour rapi<strong>de</strong>, l’ambition étant <strong>de</strong><br />

réduire la consommation électrique <strong>de</strong> 10 à 15%.<br />

GreenRail réunit un large consortium regroupant 7<br />

partenaires: les sociétés Alstom, Infrabel, Multitel,<br />

Decizium, Logiplus et <strong>de</strong>s services universitaires<br />

<strong>de</strong> la FUCaM et <strong>de</strong> la FPMs (service MathRO-Pôle<br />

TI). Ce <strong>de</strong>rnier est appelé dans ce projet pour ses<br />

compétences en optimisation. En effet, son rôle<br />

est <strong>de</strong> développer les algorithmes d’optimisation<br />

les mieux adaptés au problème posé. Ce développement<br />

sera précédé par une modélisation <strong>de</strong> la<br />

structure <strong>de</strong> consommation énergétique. Les différents<br />

paramètres, les objectifs et les contraintes<br />

étant définis, un choix d’algorithme d’optimisation<br />

sera effectué, lié à la complexité <strong>de</strong> la modélisation<br />

du problème. La recherche <strong>de</strong> solutions quasi-optimales<br />

ne peut être envisagée qu’en utilisant <strong>de</strong>s<br />

algorithmes heuristiques ou méta-heuristiques.<br />

Une <strong>de</strong>s stratégies prises en compte pour réduire<br />

la consommation énergétique du rail est la façon<br />

<strong>de</strong> conduire le train. Les différentes actions effectuées<br />

par le conducteur (accélération, décélération,<br />

roulement sur l’air, freinage, etc.) lors d’un<br />

trajet influencent la consommation électrique du<br />

train. L’Ecodriving consiste à jouer sur ces paramètres<br />

afin <strong>de</strong> réduire la facture énergétique du<br />

trajet. Le système comportera une composante<br />

embarquée qui calculera et dictera en temps réel<br />

au conducteur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite optimal.<br />

Le Timetabling est un autre paramètre qui permet<br />

d’améliorer la consommation énergétique. En effet,<br />

un horaire <strong>de</strong> train optimal permet d’éviter les<br />

conflits sur une même voie et, par conséquent, <strong>de</strong><br />

réduire le nombre d’arrêts et <strong>de</strong> (re)démarrages<br />

<strong>de</strong>s trains. D’un autre côté, une synchronisation<br />

<strong>de</strong>s départs et arrivées <strong>de</strong>s trains dans les gares<br />

est nécessaire. Ceci permet d’utiliser le courant<br />

généré par le freinage d’un train pour le démarrage<br />

d’un autre. D’où la nécessité d’une <strong>de</strong>uxième<br />

composante centralisée qui gère les systèmes <strong>de</strong><br />

planification et le trafic existant.<br />

Les parties auxiliaires du train (éclairage, climatisation,<br />

signalisation, etc.) sont aussi prises en compte.<br />

En effet, la consommation <strong>de</strong> ces parties est estimée<br />

à 30% <strong>de</strong> la consommation totale. Une utilisation<br />

bien adaptée <strong>de</strong> ces parties permet <strong>de</strong> réduire leur<br />

consommation électrique et contribue à l’optimisation<br />

<strong>de</strong> la consommation énergétique du train.<br />

Le déploiement d’un tel système réduira à coup<br />

sûr le coût du transport ferroviaire, le rendant<br />

plus concurrentiel vis-à-vis <strong>de</strong>s autres moyens <strong>de</strong><br />

transport. De plus, ce rail moins énergivore aura un<br />

impact positif direct sur la consommation d’énergie<br />

en Belgique.<br />

Contrôler un environnement 3D avec le corps<br />

La créativité et l’innovation sont largement présentes dans<br />

les projets et travaux <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s réalisés par les étudiants<br />

<strong>de</strong> la section Informatique et Gestion.<br />

En particulier, le TFE d’Orlando Cassano a consisté à localiser la position<br />

<strong>de</strong>s doigts <strong>de</strong> l’utilisateur d’un ordinateur et ce, dans les trois directions<br />

<strong>de</strong> l’espace, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wiimotes. Un premier programme a été développé,<br />

permettant <strong>de</strong> contrôler le pointeur <strong>de</strong> la souris à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s doigts. Ainsi,<br />

l’utilisation <strong>de</strong> la souris est entièrement remplacée par un contrôle manuel.<br />

Ce procédé permet dès lors à l’utilisateur <strong>de</strong> contrôler le pointeur <strong>de</strong> la souris<br />

avec ses doigts. La secon<strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> ce travail est la création d’un<br />

espace 3D donnant un maximum d’informations sur le contenu du disque<br />

dur, à la manière du poste <strong>de</strong> travail. Enfin, le contrôle <strong>de</strong> cet espace 3D a été<br />

adapté aux mouvements <strong>de</strong>s doigts <strong>de</strong> l’utilisateur.<br />

POLY TECH N EWS 43 15


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

LE PROJET ARC-OLIMP<br />

ou comment exploiter la puissance<br />

<strong>de</strong>s architectures hétérogènes<br />

y Ir Sidi Mahmoudi, Prof. Pierre Manneback, Informatique<br />

Les PCs actuels comprennent <strong>de</strong>s cartes graphiques à haute performance (GPU), ainsi que plusieurs cœurs <strong>de</strong> traitement<br />

(dual-core, quadri-core). Ils pourront bientôt contenir <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> cœurs. Exploiter au mieux ces puissances GPU<br />

et multi-core, pour le bénéfice du traitement multimédia, tel est le défi que veut relever le projet d’Action <strong>de</strong> Recherche<br />

Concertée (ARC) OLIMP.<br />

Le projet OLIMP (pour Online Live Interactive Multimedia Processing) couvre<br />

les procédés <strong>de</strong> synthèse, <strong>de</strong> mixage et <strong>de</strong> rendu <strong>de</strong> compositions multimédias<br />

interactives (Live Interactive Multimedia ou LIM), en respectant les exigences<br />

<strong>de</strong> Qualité <strong>de</strong> Service, comme par exemple la netteté <strong>de</strong>s images, la vitesse <strong>de</strong><br />

traitement, ou la fluidité <strong>de</strong>s séquences vidéo. Il abor<strong>de</strong> plus spécifiquement la<br />

conception <strong>de</strong> composants logiciels optimisés, déployables sur <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong><br />

traitements spécifiques, notamment les GPU. Il touche aussi à la conception<br />

d’un logiciel <strong>de</strong> courtage intelligent (broker), qui ordonnancera au mieux les<br />

tâches <strong>de</strong> traitement, suivant les ressources informatiques disponibles (Multi-<br />

CPU, Multi-GPU).<br />

Durant la première année du projet, un travail en profon<strong>de</strong>ur a été mené afin<br />

<strong>de</strong> montrer l’intérêt <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s GPUs pour améliorer les performances<br />

<strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> traitement d’images. Ceci est particulièrement important<br />

dans plusieurs domaines <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> données multimédia, telles que<br />

l’imagerie médicale et le traitement et l’analyse <strong>de</strong>s mouvements en temps<br />

réel. Pour ce faire, plusieurs algorithmes <strong>de</strong> traitement d’images sur GPU ont<br />

été mis en œuvre. Des résultats expérimentaux ont ainsi été obtenus en utilisant<br />

plusieurs plateformes, telles que GPU GeForce8600 et GPU GTX280. Ces<br />

résultats montrent une accélération globale allant d’un facteur <strong>de</strong> 10 à 40 par<br />

rapport à une implémentation séquentielle sur CPU. Ceci est particulièrement<br />

prometteur pour atteindre le temps-réel dans <strong>de</strong>s applications multimédia, ou<br />

obtenir <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> calcul raisonnables pour <strong>de</strong>s simulations complexes, et<br />

cela sans recours à <strong>de</strong> coûteux super-ordinateurs.<br />

Plateforme Multi CPU-GPU<br />

L’INGÉNIERIE DES SYSTÈMES EMBARQUÉS :<br />

l’exemple du robot insectoï<strong>de</strong><br />

y Ir Michel Bagein, Informatique<br />

Ir Quentin Bombled, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />

Les systèmes embarqués sont vus comme <strong>de</strong>s ordinateurs enfouis dans les équipements<br />

électroniques (téléphones, voitures, avions, satellites, engins industriels) ;<br />

ils sont souvent soumis à <strong>de</strong>s contraintes fortes, telles que faible consommation,<br />

capacité-mémoire réduite, temps-réel, communication performante.<br />

Les Services d’Informatique et <strong>de</strong> Mécanique rationnelle<br />

ont conçu ensemble une toute nouvelle<br />

architecture informatique pour un robot insectoï<strong>de</strong>.<br />

L’enjeu est <strong>de</strong> mettre en place un système embarqué<br />

capable <strong>de</strong> piloter, en temps réel, les 18 moteurs<br />

nécessaires au pilotage <strong>de</strong> chaque articulation<br />

<strong>de</strong>s 6 pattes du robot. Le « temps-réel » prend<br />

ici tout son sens : chaque articulation doit être<br />

finement contrôlée en position et en vitesse, et les<br />

pattes doivent être mutuellement synchronisées<br />

pour garantir une marche normale, même lorsque<br />

l’une d’entre elles est ralentie par un obstacle.<br />

Même si en termes <strong>de</strong> technologies, les composants<br />

<strong>de</strong> base sont connus et éprouvés, l’innovation<br />

se situe dans leurs interactions, guidées par<br />

les principes fondamentaux <strong>de</strong> la programmation<br />

et <strong>de</strong> la communication/synchronisation en temps<br />

réel. Ceci permet au système informatique <strong>de</strong><br />

s’adapter aux contraintes physiques <strong>de</strong> la mécanique<br />

: c’est bel et bien l’ordinateur qui s’adapte<br />

au mon<strong>de</strong> réel.<br />

La nouvelle informatique embarquée est en cours<br />

d’évolution : un travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s (confié à<br />

Daniel Rozanski, étudiant en cours du soir à Charleroi)<br />

est entamé pour développer une comman<strong>de</strong><br />

interactive sans fil du robot par un contrôleur (PC<br />

portable). L’enjeu <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> s’affranchir<br />

<strong>de</strong> la discontinuité inhérente aux liaisons WiFi,<br />

sans perturber le système fortement synchronisé<br />

du contrôle <strong>de</strong>s articulations : il faudra non seulement<br />

assurer une communication lâche (non<br />

temps-réel), mais aussi imaginer <strong>de</strong>s scénarii <strong>de</strong><br />

repli en mo<strong>de</strong> dégradé et <strong>de</strong> reprise <strong>de</strong> marche<br />

lors d’aléas <strong>de</strong> communication.<br />

Le logiciel embarqué est le secteur <strong>de</strong>s<br />

TIC qui dispose du plus fort potentiel<br />

<strong>de</strong> croissance pour les années à venir :<br />

les activités <strong>de</strong> R&D <strong>de</strong>vraient connaître<br />

une croissance <strong>de</strong> 130 % entre 2002 et<br />

2015 sur les six secteurs d’application<br />

agrégés : aéronautique, transport routerail-mer,<br />

automatismes industriels, télécommunications,<br />

équipements <strong>de</strong> santé<br />

et électronique grand public.<br />

16 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

QUAND DES ÉDITEURS BELGES DE LOGICIELS SE<br />

DONNENT LA MAIN : PROJET MULTI PHI<br />

y Dr Moncef Gazdallah, Thermique<br />

Grâce aux résultats attendus du projet MULTI PHI, développé en association avec le Pôle Energie <strong>de</strong> la Polytech et financé dans<br />

le cadre du plan Marshall, différents partenaires vont pouvoir mettre au point, sur base <strong>de</strong> leur complémentarité d’expertise,<br />

une nouvelle génération <strong>de</strong> logiciels <strong>de</strong> modélisation industrielle et d’analyse multi-physique. Ils amélioreront <strong>de</strong> ce fait leur<br />

position concurrentielle sur le marché mondial, et pourront donc conquérir <strong>de</strong> nouvelles parts <strong>de</strong> marché, dans la mesure où il<br />

n’existe pas, actuellement, une offre industrielle complètement multi-physique en CAO (Conception Assistée par Ordinateur).<br />

Les trois PME concernées par ce projet (NUMFLO, SAMTECH et OPEN ENGI-<br />

NEERING) vont produire un premier logiciel multi-physique, intégrant la résolution<br />

<strong>de</strong> divers problèmes, dans les domaines <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> structures,<br />

du rayonnement thermique, <strong>de</strong> l’acoustique et <strong>de</strong> l’optique. Ces PME seront<br />

entourées <strong>de</strong> partenaires <strong>de</strong> recherche, qui apportent eux aussi leur savoirfaire<br />

dans diverses méthodologies numériques et informatiques nécessaires<br />

à la réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> ce projet. Les utilisateurs finaux sont, principalement,<br />

liés au domaine <strong>de</strong>s technologies spatiales.<br />

Le Pôle Energie est un <strong>de</strong>s partenaires universitaires qui participe aux développements<br />

spécifiques liés à la simulation <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> couplage<br />

flui<strong>de</strong>-structure et flui<strong>de</strong>-thermique qui nécessitent, entre autres, la modélisation<br />

<strong>de</strong>s transferts radiatifs.<br />

Le Pôle Energie s’intéresse <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années à cette problématique.<br />

Parmi l’ensemble <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution disponibles, certaines<br />

métho<strong>de</strong>s sont plus particulièrement adaptées au couplage <strong>de</strong> la résolution<br />

<strong>de</strong>s transferts radiatifs avec les équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> la mécanique<br />

<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s. Le savoir-faire du pôle sera donc mis à contribution pour développer<br />

les modules <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s transferts radiatifs utilisant la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

volumes finis.<br />

Ce projet ambitieux, qui a démarré en janvier 2009, s’étendra sur 3 ans. Ren<strong>de</strong>z-vous<br />

donc fin 2011 pour découvrir les nouveaux produits logiciels issus<br />

<strong>de</strong> cette collaboration inédite !<br />

Le rayonnement thermique est un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transfert que l’on associe essentiellement<br />

aux milieux semi-transparents. En combustion, dès que l’on observe<br />

un milieu gazeux à haute température avec <strong>de</strong>s capacités importantes<br />

d’absorption et <strong>de</strong> diffusion du rayonnement (c’est le cas <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> la<br />

combustion d’hydrocarbures tels que H 2<br />

O, CO 2<br />

et CO), il <strong>de</strong>vient nécessaire<br />

<strong>de</strong> s’attacher à une bonne <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s transferts radiatifs. Dans certaines<br />

configurations, le rayonnement peut <strong>de</strong>venir un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transfert énergétique<br />

non négligeable, voire prépondérant. Sa modélisation impose <strong>de</strong> tenir<br />

compte <strong>de</strong>s aspects spatiaux, directionnels et spectraux. La transmission <strong>de</strong><br />

chaleur à distance, caractéristique propre au rayonnement, se traduit ainsi<br />

par <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> type intégro-différentielles, qui ne peuvent être résolues<br />

que par voie numérique.<br />

Ren<strong>de</strong>z-vous fin 2011 pour<br />

découvrir les nouveaux<br />

produits logiciels issus <strong>de</strong><br />

cette collaboration inédite !<br />

Crédtis : NASA<br />

POLY TECH N EWS 43 17


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

« BON POUR LE SERVICE » DE L’INNOVATION<br />

y Prof. Michel Vankerkem, Économie et Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />

À la recherche<br />

<strong>de</strong> mon opposé<br />

L’innovation, au sens<br />

économique, est un<br />

continuum partant <strong>de</strong><br />

la naissance <strong>de</strong> l’idée<br />

et aboutissant à un<br />

produit, un service, un<br />

processus rentable.<br />

Elle résulte d’un travail<br />

collectif. Le choix <strong>de</strong>s personnes à réunir autour du<br />

berceau <strong>de</strong> l’innovation est déterminant pour sa<br />

survie, puis pour sa réussite.<br />

Une métho<strong>de</strong> originale a été développée dans le<br />

Service d’Economie pour sélectionner les personnes<br />

les plus aptes à constituer une équipe<br />

innovante : la « métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s opposés ». Il s’agit <strong>de</strong><br />

constituer l’équipe idéale en rassemblant les profils<br />

les plus dissemblables possibles. Pratiquement, il<br />

faut commencer par i<strong>de</strong>ntifier les opposés dans un<br />

groupe initial <strong>de</strong> personnes, par exemple, parmi les<br />

cadres d’une entreprise. Les composants d’un individu,<br />

qui le séparent le plus irrémédiablement d’un<br />

autre, sont son système <strong>de</strong> valeurs, son attitu<strong>de</strong><br />

face aux problèmes et ses rôles naturels. En outre,<br />

ils le différencient définitivement car ces constituants<br />

sont stables, durcis, du moins à l’âge adulte.<br />

L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> ces caractéristiques individuelles<br />

prend une <strong>de</strong>mi-journée pour une vingtaine <strong>de</strong><br />

cadres. La rapidité <strong>de</strong> cette détection vient du soin<br />

qui a été apporté antérieurement à la création <strong>de</strong>s<br />

questionnaires et au repérage <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

cas possibles et à leur hiérarchisation.<br />

Lorsque les caractéristiques dures <strong>de</strong>s cadres<br />

ont été extraites, la métho<strong>de</strong> éclaire les opposés<br />

et montre comment les marier. Par exemple, un<br />

cadre dont les valeurs se situent au nord <strong>de</strong> la rose<br />

<strong>de</strong>s valeurs, et un autre dont les valeurs se positionnent<br />

au sud, ne proposent pas spontanément<br />

les mêmes solutions. Tous <strong>de</strong>ux ne perçoivent déjà<br />

pas les problèmes <strong>de</strong> la même façon. Notre opposé<br />

ne voit pas le mon<strong>de</strong> « comme il est ». Il y aura<br />

donc un effort à fournir pour travailler ensemble,<br />

pour que les i<strong>de</strong>ntités différentes ne se repoussent<br />

pas. En contrepartie, dans ce vivier, la diversité <strong>de</strong>s<br />

approches sera maximale. Par exemple, connaissant<br />

les profils <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’entreprise, il<br />

sera facile <strong>de</strong> sélectionner les individus convenant<br />

le mieux pour participer à un brainstorming ou<br />

<strong>de</strong> composer l’équipe transversale la plus fertile<br />

pour rajeunir le portefeuille <strong>de</strong> produits. De même,<br />

il sera aisé <strong>de</strong> sélectionner les personnes adéquates<br />

pour prolonger l’exploitation <strong>de</strong>s produits<br />

anciens. La métho<strong>de</strong> dénonce aussi les chaînons<br />

manquants dans les équipes existantes et les personnes<br />

qui sont en contre-emploi. Dans tous ces<br />

cas, elle repère les dysfonctionnements professionnels<br />

qui affectent les équipes.<br />

A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> patrons français, la métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s opposés a été redéveloppée pour leur permettre<br />

<strong>de</strong> poser un diagnostic sur leur bras droit,<br />

leur comité <strong>de</strong> direction et chaque service <strong>de</strong> leur<br />

entreprise. 405 patrons ont été formés à ce jour,<br />

essentiellement en France.<br />

Les tests d’acceptation<br />

Dans le continuum <strong>de</strong> l’innovation, la phase <strong>de</strong><br />

marketing requiert aussi <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s particulières.<br />

La métho<strong>de</strong> commerciale la plus utile est<br />

le test d’acceptation. Il s’agit d’une enquête qualitative<br />

pour évaluer l’intérêt d’une nouveauté.<br />

Vingt personnes ayant un avis autorisé suffisent<br />

pour dire qu’une nouveauté atteint ou n’atteint<br />

pas le jugement « bon » porté sur les critères<br />

d’évaluation pertinents. La faiblesse du nombre<br />

<strong>de</strong> personnes interrogées est compensée par la<br />

hauteur du score exigé pour annoncer un feu vert.<br />

La métho<strong>de</strong> condamne <strong>de</strong>s nouveautés qui auraient<br />

peut-être pu passer si l’échantillon avait été représentatif.<br />

Cependant, il faut considérer qu’elle est<br />

habituellement couplée avec une démarche créative.<br />

Donc un échec, même immérité, ne renvoie<br />

jamais l’inventeur qu’au réservoir <strong>de</strong>s autres idées,<br />

qu’il avait dégagées d’un brainstorming. Il suffit dès<br />

lors <strong>de</strong> tester une autre idée, puis encore une autre,<br />

jusqu’à trouver une idée « bonne ».<br />

Les tests d’acceptation sont légers à organiser<br />

et peu coûteux. Ils sont idéaux pour les PME qui,<br />

renonçant à une enquête statistiquement représentative,<br />

faute <strong>de</strong> budget, se contentent autrement <strong>de</strong><br />

son<strong>de</strong>r leurs proches (avis biaisés). Ces tests sont<br />

fréquemment <strong>de</strong>mandés au Service d’Economie.<br />

Ils sont actuellement réalisés comme un service<br />

à la collectivité. La majorité <strong>de</strong> ces tests ont été<br />

jusqu’à présent organisés en collaboration avec La<br />

Maison <strong>de</strong> l’Entreprise et la Ville <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>. Les tests<br />

d’acceptation disponibles concernent les concepts<br />

<strong>de</strong> nouveaux produits ou services, les concepts <strong>de</strong><br />

nouvelles activités, les nouvelles marques, les nouveaux<br />

slogans ou signatures institutionnelles, les<br />

nouveaux logos et les nouvelles publicités.<br />

L’arbre <strong>de</strong> performance<br />

La phase financière<br />

<strong>de</strong> l’innovation vise à<br />

mesurer et à expliquer<br />

l’intérêt du nouveau<br />

projet. L’arbre <strong>de</strong> performance<br />

agrège, en<br />

les étageant par branches, tous les indicateurs<br />

<strong>de</strong> gestion nécessaires et suffisants pour qualifier<br />

financièrement un projet innovant. Il y a une multitu<strong>de</strong><br />

d’indicateurs financiers dans les ouvrages<br />

spécialisés. Cependant, ils sont décrits, parfois<br />

par familles, mais toujours juxtaposés, montrant<br />

les différentes faces <strong>de</strong> l’affaire. Ici, l’avantage<br />

<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> les lier tous par <strong>de</strong>s relations<br />

<strong>de</strong> causes à effets et même précisément<br />

par <strong>de</strong>s formules. L’arbre, avec la totalité <strong>de</strong> ses<br />

indicateurs, constitue ainsi une formule géante<br />

qui montre la contribution <strong>de</strong> toutes les parties<br />

du projet à la performance unique générale. Il<br />

permet <strong>de</strong> distinguer : la performance fiscale<br />

(abattement pour personnel supplémentaire en<br />

R&D, déduction pour investissement...), la performance<br />

du financement (conditions d’emprunt,<br />

subventions en capital, en intérêt...), la performance<br />

exceptionnelle (circonstances étrangères<br />

mais concomitantes au projet), la performance <strong>de</strong>s<br />

actifs financiers (conditions <strong>de</strong> placements, intérêts<br />

sur le compte courant…) et la performance<br />

<strong>de</strong>s activités d’exploitation (marges successives<br />

d’exploitation, rotation <strong>de</strong> l’actif d’exploitation, <strong>de</strong>s<br />

stocks…). Les diverses causes sont i<strong>de</strong>ntifiées<br />

isolément, exhaustivement et sans redondance.<br />

Cycle post-universitaire en Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />

Ces métho<strong>de</strong>s originales et exclusives sont pour l’essentiel données<br />

dans le programme du Certificat d’<strong>Université</strong> en Management <strong>de</strong> l’Innovation.<br />

Elles interviennent dans le mécanisme d’ensemble <strong>de</strong> l’innovation,<br />

baptisé « les 3 C <strong>de</strong> l’innovation-mix ». L’innovation y est abordée<br />

sous ses trois angles : la Créativité / les Clients / les Coûts. Il s’agit d’un<br />

cycle créé en 1988, qui accueille chaque année une cinquantaine <strong>de</strong><br />

participants (information sur le site http://mi.fpms.ac.be).<br />

18 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

REPRODUIRE LA MÉCANIQUE<br />

PULSATILE SANGUINE<br />

y Ir Kamil Chodzynski, Flui<strong>de</strong>s-Machine<br />

Prof. Edouard Rivière, Génie Mécanique<br />

Les maladies cardiovasculaires sont une <strong>de</strong>s premières causes <strong>de</strong> mortalité dans les pays développés (40 à 60% <strong>de</strong>s causes<br />

<strong>de</strong> décès en Belgique). Les phénomènes physiques liés à leur apparition sont encore mal connus et nécessitent une analyse<br />

fine <strong>de</strong>s phénomènes circulatoires et <strong>de</strong> leurs interactions avec <strong>de</strong>s moyens thérapeutiques. Des métho<strong>de</strong>s d’investigation<br />

innovantes sont actuellement mises au point dans ce domaine : le service Flui<strong>de</strong>s-Machines travaille sur un projet <strong>de</strong><br />

création et d’amélioration d’un banc d’essai qui reproduit la dynamique pulsatile du système circulatoire humain. Ce projet<br />

(financé initalement par Groza<strong>de</strong> cement, filiale du groupe Hei<strong>de</strong>lberg Cement-CBR) est réalisé en collaboration avec le CHU<br />

Vésale <strong>de</strong> Charleroi.<br />

Les mesures in vivo au niveau <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins, réalisées sur <strong>de</strong>s<br />

patients, sont extrêmement compliquées à mettre en œuvre. Ceci pose <strong>de</strong>s restrictions<br />

sur les observations nécessaires à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s<br />

phénomènes circulatoires. Pour éviter <strong>de</strong>s essais délicats in vivo et améliorer les<br />

capacités <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> nouvelles substances thérapeutiques et <strong>de</strong> prothèses visant<br />

à combattre <strong>de</strong>s pathologies vasculaires (athérosclérose et anévrisme), <strong>de</strong><br />

nouveaux développements techniques ren<strong>de</strong>nt possibles la réalisation <strong>de</strong> systèmes<br />

circulatoires in vitro (c’est-à-dire sur <strong>de</strong>s cellules vivantes maintenues en<br />

vie durant le déroulement du test) permettant d’investiguer les interactions <strong>de</strong>s<br />

médicaments et/ou <strong>de</strong> ces stents sur les tissus.<br />

A cette fin, le service Flui<strong>de</strong>s-Machines a conçu et réalisé une chambre in vitro<br />

permettant <strong>de</strong> contrôler l’écoulement sur <strong>de</strong>s tissus vasculaires formés <strong>de</strong> cellules<br />

endothéliales vivantes soumises à <strong>de</strong>s conditions physiologiques <strong>de</strong> flux pulsatile.<br />

Par sa collaboration étroite avec une équipe médicale du CHU Vésale <strong>de</strong><br />

Charleroi, le banc d’essai ainsi mis au point, imite in vitro les sollicitations<br />

rencontrées par une section <strong>de</strong> vaisseau sanguin. En particulier, il permet <strong>de</strong> reproduire<br />

le débit pulsatile, les variations <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> tensions tangentielles<br />

sur tissus vasculaires, tels que mesurés dans <strong>de</strong>s conditions physiologiques in<br />

vivo. Ce banc d’essai permet ainsi d’observer plus facilement les phénomènes<br />

circulatoires et l’impact <strong>de</strong> moyens curatifs sur le développement <strong>de</strong>s cellules<br />

endothéliales pour obtenir une meilleure compréhension <strong>de</strong> leur efficacité et<br />

<strong>de</strong>s phénomènes mis en jeu.<br />

Le banc d’essai consiste en un système mécanique dont les éléments (pompes,<br />

tuyauteries…) reprennent les fonctions <strong>de</strong> parties du corps humain<br />

(cœur, vaisseaux sanguins…). La sélection <strong>de</strong>s différents éléments s’est opérée<br />

sur base <strong>de</strong> mesures réalisées sur <strong>de</strong>s patients, permettant d’en obtenir<br />

les valeurs caractéristiques. Ce dispositif permet l’utilisation <strong>de</strong> techniques<br />

<strong>de</strong> mesures et d’analyses expérimentales qui ne sont pas envisageables pour<br />

<strong>de</strong>s tests in vivo.<br />

Le banc d’essai réalisé<br />

Le banc d’essai est capable <strong>de</strong> reproduire la pression et le débit sanguin,<br />

mais également la dynamique liée au rythme cardiaque. Pour cela, les <strong>de</strong>ux<br />

‘coeurs’ du système (une pompe péristaltique et une pompe à piston) sont<br />

contrôlés précisément par une boucle <strong>de</strong> régulation. La dynamique complexe<br />

du système, ainsi que les caractéristiques <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et la richesse<br />

du spectre fréquentiel <strong>de</strong>s phénomènes, ren<strong>de</strong>nt l’ajustement <strong>de</strong>s différents<br />

contrôleurs extrêmement complexe.<br />

La conception <strong>de</strong> ce système a nécessité <strong>de</strong>s compétences pluridisciplinaires<br />

au niveau <strong>de</strong> besoins médicaux, <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong> la dynamique pulsatile<br />

d’écoulement, <strong>de</strong> la conception mécanique, du contrôle automatique et <strong>de</strong><br />

son utilisation en laboratoire hospitalier.<br />

Un premier démonstrateur est installé au CHU Vésale. Grâce à cet équipement,<br />

l’équipe médicale pourra à l’avenir tester <strong>de</strong>s tissus vasculaires afin d’évaluer<br />

l’effet <strong>de</strong> différents traitements thérapeutiques sur <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins et,<br />

sans doute, d’observer <strong>de</strong>s phénomènes inaccessibles jusqu’ici.<br />

Mesure in vivo <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

<strong>de</strong> l’écoulement<br />

POLY TECH N EWS 43 19


DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />

INGÉNIEUR ET ARTISTE :<br />

ALCHIMIE OU RÉPULSION ?<br />

y Ir Radhwan Ben Madhkour, Ir Todor Todoroff, Prof. Thierry Dutoit<br />

Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> numediart, programmme d’excellence dans les technologies <strong>de</strong>s arts numériques, subventionné par la<br />

Région wallonne (dont nous avons déjà évoqué les gran<strong>de</strong>s lignes dans le PN 41), le Pôle TI a lancé, <strong>de</strong>puis septembre 2008,<br />

<strong>de</strong> multiples projets en collaboration avec <strong>de</strong>s artistes et <strong>de</strong>s industriels dans le but <strong>de</strong> favoriser l’innovation technologique<br />

à travers une démarche <strong>de</strong> recherche pour la création artistique.<br />

Par chance, cette démarche coïncidait alors avec une plus large dynamisation<br />

<strong>de</strong>s arts numériques dans notre région, grâce au développement <strong>de</strong> plusieurs<br />

structures d’appui, telles la toute nouvelle commission <strong>de</strong>s arts numériques <strong>de</strong><br />

la Communauté française, le Centre d’Ecritures Contemporaines Numériques<br />

(CECN), le Théâtre du Manège à <strong>Mons</strong> et l’Interactive Media Art Laboratory<br />

(IMAL) à Bruxelles. Plusieurs écoles d’art (le Studio National <strong>de</strong>s Arts Comtemporains<br />

Le Fresnoy à Tourcoing, la Cambre à Bruxelles et l’Ecole Supérieure<br />

<strong>de</strong>s Arts plastiques et visuels à <strong>Mons</strong>) ont également répondu présent,<br />

ce qui a permis <strong>de</strong> mettre rapi<strong>de</strong>ment en contact <strong>de</strong> nombreux porteurs <strong>de</strong><br />

projets artistiques, eux-mêmes en quête <strong>de</strong> partenariats. Nous présentons<br />

trois <strong>de</strong> ces aventures en cours, visant chacune à susciter l’émotion tout en<br />

s’attaquant à un vrai défi technologique : il s’agit <strong>de</strong>s projets Gioconda Painting<br />

Show, Fire Experiences, et GimpCast.<br />

Gioconda Painting Show<br />

Comme le souligne Natalia De Mello, partenaire artistique du projet : « La Jocon<strong>de</strong><br />

n’est pas qu’un tableau célèbre, elle en est venue à incarner et représenter la peinture<br />

elle-même et l’art <strong>de</strong> musée par excellence. A travers le Gioconda Painting Show,<br />

nous souhaitons animer ce tableau mythique, donner vie à la Mona Lisa. »<br />

Dans la proposition du collectif d’artistes METAmorphoz, l’interaction <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong><br />

est vue sous quatre aspects.<br />

Temporalité Tout comme les œuvres exposées dans les musées, la Jocon<strong>de</strong><br />

n’est visible qu’à certaines heures <strong>de</strong> la journée. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces heures, elle<br />

est absente du tableau. Seul le paysage est visible.<br />

A certains moments, elle apparaît ponctuellement, dans <strong>de</strong>s représentations<br />

originales (e.g. avec moustaches, portant une burka, habillée en militaire… ;<br />

une recherche <strong>de</strong> « Mona Lisa » sur Google TM images révèle d’ailleurs l’incroyable<br />

diversité <strong>de</strong>s versions du tableau disponibles)<br />

Environnement lumineux Le paysage évolue en fonction du moment <strong>de</strong> la<br />

journée et <strong>de</strong> la lumière. Du lever au coucher du soleil, il s’éclaircit puis s’assombrit.<br />

De plus, il tient compte <strong>de</strong> la lumière ambiante. La nuit, lorsque la<br />

lumière est allumée dans la pièce, le paysage reste clair.<br />

Environnement sonore La Jocon<strong>de</strong> apprécie le calme. Trop <strong>de</strong> bruit dans la<br />

pièce provoque un flou et une pixellisation du tableau.<br />

Morphing <strong>de</strong> Mona Lisa<br />

Nous croyons profondément<br />

que les interactions art-science<br />

permettent <strong>de</strong> stimuler une<br />

pensée intuitive qu’il n’est pas<br />

possible <strong>de</strong> développer par <strong>de</strong>s<br />

processus purement rationnels<br />

Luc Steels, directeur (belge) du Sony Computer Science Lab, Paris<br />

Présence humaine La Jocon<strong>de</strong> est sensible à la présence du spectateur. Elle<br />

sourit aux personnes l’observant. Ses paupières bougent ; elle est emplie d’une<br />

vie subtile et presque imperceptible. Au bout d’un moment, le visage du spectateur<br />

remplace celui <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong> pour un court instant, grâce à un subtil<br />

morphing progressif, juste assez lent pour que le spectateur ne soit jamais certain<br />

<strong>de</strong> le voir s’opérer, juste assez marqué pour qu’il soit clair que la Jocon<strong>de</strong> a<br />

changé. Si par contre le spectateur remue trop, la Jocon<strong>de</strong> tire la langue et ne<br />

fait plus rien. Durant les pério<strong>de</strong>s d’absence <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong>, lorsqu’une personne<br />

se présente <strong>de</strong>vant le tableau, elle consent à réapparaître. Enfin, comme dans<br />

un musée, une certaine distance doit être maintenue entre l’observateur et le<br />

tableau. La Jocon<strong>de</strong> quitte le tableau quand cette distance est trop faible.<br />

Ce projet est réalisé en partenariat avec la société Creaceed<br />

pour la partie morphing entre le visage du spectateur et celui<br />

<strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong>, et avec METAmorphoz pour la direction<br />

artistique. Côté numediart, Thierry Ravet, Matei Mancas,<br />

Ricardo Chessini, Sullivan Hidot, Caroline Machy (Multitel)<br />

et Radhwan Ben Madhkour y participent. Le projet doit être<br />

finalisé pour le mois d’avril et <strong>de</strong>vrait être présenté publiquement<br />

d’ici juin.<br />

20 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />

Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />

Fire Experiences and Projections :<br />

Ne jouez pas avec le feu…<br />

Jouez avec le feu !<br />

Fascinant pour certains, effrayant pour d’autres, le feu ne laisse personne indifférent.<br />

Le but du projet Fire Experiences and Projections est <strong>de</strong> permettre à un danseur<br />

d’interagir directement avec le feu, en contrôlant une rampe <strong>de</strong> flammes par ses<br />

mouvements et sa position sur un espace scénique.<br />

Rampe <strong>de</strong> projecteurs <strong>de</strong> flammes Un nouveau type <strong>de</strong> projecteur <strong>de</strong> flammes,<br />

muni d’une vanne proportionnelle, a été développé pour l’occasion. La hauteur <strong>de</strong> la<br />

flamme peut ainsi être contrôlée par ordinateur.<br />

Comme chaque projecteur <strong>de</strong> la rampe est contrôlé indépendamment, différents<br />

motifs peuvent être générés en temps réel en fonction <strong>de</strong> la position du danseur,<br />

obtenue à l’ai<strong>de</strong> d’un suivi vidéo, et <strong>de</strong> ses gestes, mesurés par <strong>de</strong>s capteurs.<br />

En jouant avec <strong>de</strong>s temps d’ouverture <strong>de</strong> vannes très courts, il est également possible<br />

<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> dimensions variables.<br />

Tracking 3D <strong>de</strong> la position du danseur Une technique classique <strong>de</strong> suivi vidéo<br />

est la soustraction <strong>de</strong> l’arrière-plan. Une simple soustraction entre l’image<br />

avec le danseur et celle <strong>de</strong> l’arrière-plan permet <strong>de</strong> le situer. Cette technique<br />

n’est cependant pas applicable ici : les jets <strong>de</strong> flamme modifiant en permanence<br />

l’arrière-plan, la soustraction ne fonctionne pas pour ce projet. Pour y remédier,<br />

une caméra stéréoscopique est utilisée, munie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux objectifs, qui permet <strong>de</strong><br />

récupérer une carte <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la scène filmée. Un seuillage sur la distance<br />

donne la position du danseur.<br />

Capteurs <strong>de</strong> mouvement Le danseur est également équipé d’un système <strong>de</strong> capteurs<br />

sans fil dont chaque nœud possè<strong>de</strong> un accéléromètre, un gyroscope et un magnétomètre<br />

à 3 axes. Les informations en provenance <strong>de</strong> ces capteurs sont analysées<br />

et permettent un contrôle interactif <strong>de</strong> la rampe <strong>de</strong> flammes <strong>de</strong> trois manières :<br />

par « mapping », c’est-à-dire par la mise en correspondance directe <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong><br />

capteurs avec les paramètres <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> motifs, par interpolation entre différents<br />

motifs, ou en passant par la reconnaissance <strong>de</strong>s gestes du danseur.<br />

Projection vidéo mobile Afin d’enrichir le rendu visuel <strong>de</strong>s mouvements du danseur,<br />

l’artiste a prévu une projection <strong>de</strong> flammes virtuelles qui suivrait ses déplacements.<br />

Connaissant la position du danseur, le système calcule les rotations nécessaires<br />

pour orienter un projecteur vidéo dans sa direction, quel que soit son déplacement<br />

sur scène. On peut également corriger l’image projetée sur le danseur, <strong>de</strong> manière à<br />

annuler les déformations dues aux variations <strong>de</strong>s angles <strong>de</strong> projection.<br />

GimpCast<br />

Dessin architectural A l’instar <strong>de</strong> numediart, le laboratoire <strong>de</strong> Vision3D <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong><br />

<strong>de</strong> Montréal offre un support technique et développe <strong>de</strong> nouveaux outils au<br />

service <strong>de</strong>s artistes québécois. Depuis plusieurs années, une collaboration est née<br />

entre nos laboratoires et l’auteur et metteur en scène Daniel Danis (http://compagniedanieldanis.blogpost.com).<br />

Pour la réalisation <strong>de</strong> sa nouvelle pièce <strong>de</strong> théâtre<br />

« Yukie », cette collaboration a débouché sur la réalisation du projet GimpCast. Ce<br />

projet original doit permettre à <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner en temps réel, sur <strong>de</strong> très<br />

gran<strong>de</strong>s surfaces, à l’ai<strong>de</strong> du programme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin Gimp (GNU Image Manipulation<br />

Program) et du système <strong>de</strong> projection Lighttwist (développé par le lab Vision3D<br />

http://vision3d.iro.umontreal.ca/projects/lighttwist/).<br />

Lighttwist C’est un logiciel open source, fonctionnant sur Linux et sur MacOS, qui<br />

permet <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s installations multi-projecteurs, évitant ainsi l’utilisation <strong>de</strong> gros<br />

projecteurs pour couvrir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces. Basé sur le principe <strong>de</strong> la lumière<br />

structurée, il permet une auto-calibration <strong>de</strong>s images à projeter en fonction <strong>de</strong>s espaces,<br />

ce qui évite à l’utilisateur <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir recaler les projecteurs à la main. Il <strong>de</strong>vient<br />

ainsi possible <strong>de</strong> projeter une image sur un écran <strong>de</strong> 16m x 1.5m, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre<br />

projecteurs alignés avec Lighttwist, en à peine quelques minutes.<br />

Gimp C’est un programme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin open source. Il a été modifié pour les besoins<br />

du projet afin d’envoyer sur le réseau (en multicasting) les modifications apportées<br />

à l’image, en temps réel, et permettre ainsi une connexion avec Lighttwist et un<br />

affichage instantané. Un feedback via une camera a également été implémenté, ce<br />

qui permet au <strong>de</strong>ssinateur <strong>de</strong> voir en temps-réel sur son écran, dans Gimp même,<br />

sur quelle partie <strong>de</strong> la scène il <strong>de</strong>ssine.<br />

L’idée globale est <strong>de</strong> pouvoir créer le décor d’une scène <strong>de</strong> théâtre en temps réel,<br />

permettant ainsi au spectateur d’assister à la construction <strong>de</strong> chaque scène d’un<br />

théâtre vivant.<br />

Essais <strong>de</strong> GimpCast réalisés lors du stage donné par Daniel Danis, du 26<br />

octobre au 7 novembre 2009, au Carthago Delenda Est à Bruxelles<br />

Motif <strong>de</strong> flammes<br />

Pierre D’Haenens est à l’origine <strong>de</strong> ce projet. Créateur d’effets<br />

<strong>de</strong> flammes, il a contribué <strong>de</strong>puis 10 ans à <strong>de</strong> multiples<br />

projets artistiques (voir son étonnant site web : www.showflamme.be).<br />

Todor Todoroff, Ricardo Chessini et Radhwan<br />

Ben Madhkour (numediart), Daniel Binon (SEMi), et Vincent<br />

Paesmans (Ingénieur et Artiste indépendant) y participent.<br />

Le projet doit être finalisé pour la fin mars et pourrait être<br />

présenté lors du Printemps <strong>de</strong>s Sciences.<br />

Exemple d’une installation multi-projecteurs réalisée par le Lab Vision3D <strong>de</strong><br />

l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Montréal<br />

Lucie Bélanger (Vision3D), Vincent Chap<strong>de</strong>laine-Couture<br />

(Vision3D), Sebastien Roy (Vision3D) et Radhwan<br />

Ben Madhkour (numediart) ont réalisé l’implémentation<br />

(http://vision3d.iro.umontreal.ca/projects/gimpcast/).<br />

POLY TECH N EWS 43 21


PÊLE-MÊLE<br />

PHOTO-REPORTAGES<br />

y Giancarlo Zidda, Unité Audiovisuelle<br />

Dernier Conseil d’Administration <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique<br />

<strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (24 septembre 2009)<br />

Examens publics <strong>de</strong> sortie (promotion 2008-2009)<br />

22 POLY TECH N EWS 43


PÊLE-MÊLE<br />

Polytech <strong>Mons</strong> Day (24 octobre 2009)<br />

«Sainte-Barbe<br />

2009», fête <strong>de</strong><br />

la Communauté<br />

Facultaire<br />

(2 décembre 2009)<br />

POLY TECH N EWS 43 23


SÉMINAIRES<br />

LE CENTRE DE DIDACTIQUE SUPÉRIEURE<br />

AMORCE 2010 SUR LES CHAPEAUX DE ROUE !<br />

y Myriam Kamouh, Responsable <strong>de</strong> la communication<br />

Prof. Christine Renotte, Prési<strong>de</strong>nte, Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure<br />

L’année qui vient <strong>de</strong> s’écouler a été fructueuse pour le CDS : ses activités <strong>de</strong> soutien<br />

pédagogique au corps enseignant et <strong>de</strong> réflexion sur les actions <strong>de</strong> promotion<br />

<strong>de</strong> la réussite se sont largement développées. Le Forum annuel d’échange <strong>de</strong><br />

pratiques pédagogiques a remporté un franc succès, et 2010 promet <strong>de</strong> nouveaux<br />

accomplissements. En effet, le lancement d’un site web flambant neuf est effectif<br />

dès ce mois <strong>de</strong> février. Celui-ci est envisagé comme une « vitrine » sur les activités<br />

du CDS et sur toutes les initiatives <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la réussite ayant cours à l’ULB<br />

et à l’UMONS.<br />

Forum d’échanges – 27 novembre 2009<br />

Christine Renotte, Prési<strong>de</strong>nte du CDS, accueille<br />

les participants et leur présente le CDS.<br />

L’appellation « Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure »<br />

vous dit-elle quelque chose ? Cette entité fondée en<br />

2004 au sein <strong>de</strong> l’Académie universitaire Wallonie-<br />

Bruxelles a pour objectifs principaux la formation<br />

du corps enseignant et la promotion <strong>de</strong>s activités<br />

d’ai<strong>de</strong> à la réussite dirigées vers les étudiants <strong>de</strong><br />

première année <strong>de</strong>s institutions partenaires.<br />

Concrètement, le CDS est piloté par un Conseil<br />

composé <strong>de</strong> 12 membres du corps académique<br />

<strong>de</strong> l’ULB et <strong>de</strong> l’UMONS, et présidé par l’un d’entre<br />

eux, Christine Renotte, Professeur à la Faculté<br />

Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS.<br />

En 2009, plusieurs projets ont été menés à terme<br />

alors que d’autres ont démarré en force. On retiendra<br />

tout d’abord la mutualisation <strong>de</strong>s formations<br />

existantes pour les enseignants <strong>de</strong> l’Académie, ainsi<br />

que la réalisation d’une enquête auprès du corps<br />

scientifique dans le but <strong>de</strong> connaître – et donc <strong>de</strong><br />

rencontrer – ses attentes en matière <strong>de</strong> formations<br />

pédagogiques. Notons également, l’édition d’un catalogue<br />

presque exhaustif <strong>de</strong> toutes les actions d’ai<strong>de</strong><br />

à la réussite existant à l’ULB et à l’UMONS, ainsi que<br />

la mise sur pied d’une « communauté <strong>de</strong> pratiques »<br />

entre encadrants <strong>de</strong> guidances et <strong>de</strong> remédiations.<br />

Last but not least, le CDS a clôturé l’année 2009<br />

en émettant, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s<br />

Sciences appliquées <strong>de</strong> l’ULB, un rapport d’évaluation<br />

sur un dispositif pédagogique nommé<br />

« Coach Polytech » 1 . Sans oublier le Forum annuel<br />

<strong>de</strong> réflexion et d’échange <strong>de</strong> pratiques (organisé<br />

en collaboration avec la Commission « Réussite »<br />

du CIUF), qui a enthousiasmé quelque 130 participants<br />

venus d’<strong>Université</strong>s et <strong>de</strong> Hautes Ecoles <strong>de</strong><br />

la Communauté française. La journée avait pour<br />

thème fédérateur : « Promotion <strong>de</strong> la réussite ou <strong>de</strong><br />

l’apprentissage ? » et a permis aux enseignants,<br />

assistants et responsables <strong>de</strong> cellules d’ai<strong>de</strong> à la<br />

réussite présents <strong>de</strong> confronter leurs pratiques<br />

avec <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s faites à l’étranger.<br />

Le sociologue Georges Felouzis, professeur à l’<strong>Université</strong><br />

<strong>de</strong> Genève, a ainsi concentré l’attention <strong>de</strong> son<br />

auditoire grâce à un exposé intitulé : « Les étudiants<br />

du premier cycle à l’université et dans l’enseignement<br />

supérieur. Qui sont-ils ? Quels sont les principaux<br />

constats en Europe ? Des évolutions récentes s’observent-elles<br />

? ». Le professeur Marie-Pierre Trinquier,<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Toulouse II Le Mirail a, quant à elle,<br />

interpellé les participants à l’occasion <strong>de</strong> son exposé<br />

sur les « représentations et pratiques étudiantes et enseignantes<br />

en première année ». L’occasion fut aussi<br />

offerte à Fabienne Ramon, assistante pédagogique à la<br />

Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS et collaboratrice du<br />

CDS, <strong>de</strong> présenter au public les premiers résultats du<br />

projet « Analyse Réflexive <strong>de</strong>s Pratiques pédagogiques<br />

au sein <strong>de</strong> l’AUWB ».<br />

Après un « walking dinner » fort convivial, au cours<br />

duquel les différents participants et les membres<br />

du CDS ont pu échanger quelques mots, plusieurs<br />

ateliers <strong>de</strong> discussions étaient proposés. Ceux-ci,<br />

organisés sur base <strong>de</strong> divers témoignages, avaient<br />

pour objectif <strong>de</strong> lancer le débat et <strong>de</strong> provoquer les<br />

échanges entre participants. Suite à une enquête<br />

<strong>de</strong> satisfaction menée auprès <strong>de</strong>s participants,<br />

74% d’entre eux ont estimé avoir découvert plus<br />

en profon<strong>de</strong>ur certaines initiatives d’ai<strong>de</strong> à la réussite<br />

entreprises dans l’enseignement supérieur.<br />

En 2010, le CDS sera « new look » ou ne sera pas,<br />

affublé <strong>de</strong> son nouveau logo et <strong>de</strong> son site web<br />

flambant neuf. Cette présence nouvelle sur la toile,<br />

dès février, est le fruit d’une collaboration étroite<br />

avec <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la communication<br />

multimédia. Le site est dédié à un public varié :<br />

il s’adresse à ceux qui cherchent à comprendre<br />

ce qu’est le CDS, mais plus particulièrement aux<br />

enseignants <strong>de</strong> l’Académie et <strong>de</strong>s Hautes Ecoles<br />

partenaires qui souhaitent connaître les activités<br />

<strong>de</strong> « formation-pédagogie » que le CDS leur propose.<br />

Les étudiants <strong>de</strong> l’ULB et <strong>de</strong> l’UMONS ne<br />

sont pas oubliés, puisqu’ils trouveront en ce nouveau<br />

site une « fenêtre ouverte interactive » sur les<br />

différentes actions d’ai<strong>de</strong> à la réussite que leur<br />

offre leur université.<br />

Enfin, en janvier 2010, une nouvelle conseillère<br />

pédagogique est venue rejoindre la Cellule opérationnelle<br />

du CDS : il s’agit <strong>de</strong> Coralie Delhaye,<br />

diplômée <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Sciences <strong>de</strong> l’Education<br />

<strong>de</strong> l’ULB. Nul doute que ces nouveaux éléments<br />

ai<strong>de</strong>ront à relever, en 2010, d’ambitieux défis !<br />

Visitez notre site web : www.cds-auwb.be<br />

1<br />

Ce dispositif global d’ai<strong>de</strong> à la réussite mis en œuvre en Faculté <strong>de</strong>s Sciences appliquées <strong>de</strong> l’ULB, et s’adressant<br />

principalement aux étudiants inscrits en première année, est à mettre en parallèle avec le projet pédagogique<br />

organisé à la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS.<br />

24 POLY TECH N EWS 43


SEMINAIRES<br />

LE 14 OCTOBRE 2009, L’UNIVERSITÉ DE MONS<br />

A MIS LA QUALITÉ À L’HONNEUR<br />

y Prof. Christian Delvosalle, Dr Lahcen El Hiki, Ir Patricia Lorent<br />

La formation à la Qualité dispensée<br />

par l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a fêté en<br />

2009 son vingtième anniversaire. Pour<br />

honorer l’événement comme il se doit,<br />

la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, à<br />

l’origine du projet, a organisé divers<br />

séminaires reprenant les principales<br />

thématiques liées à la Qualité. Le 14<br />

octobre 2009, une journée entière a été<br />

consacrée à la Qualité.<br />

Si la matinée a été consacrée à une réunion du Pôle<br />

Hainuyer sur la démarche qualité (pour rappel, ce Pôle<br />

rassemble, autour <strong>de</strong> la nouvelle UMONS, l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s institutions publiques d’enseignement supérieur<br />

<strong>de</strong> la province du Hainaut), l’après-midi était ouverte<br />

aux étudiants, aux professeurs, mais également à<br />

toute personne intéressée par la notion <strong>de</strong> Qualité.<br />

La matinée a consisté en la réunion <strong>de</strong>s représentants<br />

<strong>de</strong>s départements Qualité du Pôle Hainuyer<br />

qui ont pu échanger sur les démarches qualité<br />

mises en œuvre dans les institutions du Pôle.<br />

Au programme <strong>de</strong> l’après-midi, la diffusion d’un<br />

film intitulé « A la découverte <strong>de</strong> la qualité » (proposé<br />

par l’asbl Entreprise et Qualité) a été suivie d’un<br />

débat animé par un panel d’experts. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

était composé <strong>de</strong> professeurs, <strong>de</strong> correspondants<br />

Qualité mais également <strong>de</strong> représentants d’associations,<br />

telles que le Mouvement wallon <strong>de</strong> la<br />

Qualité ou l’asbl Entreprise et Qualité. Quelque 500<br />

personnes ont assisté à cet événement.<br />

Le discours académique a été prononcé par<br />

<strong>Mons</strong>ieur Jean Lecomte, ancien Directeur Général<br />

<strong>de</strong> Cockerill-Sambre et Prési<strong>de</strong>nt du Mouvement<br />

Wallon pour la Qualité.<br />

Le Professeur Christian Delvosalle a présenté ses<br />

conclusions en rappelant les étapes <strong>de</strong> la mise sur<br />

pied <strong>de</strong> cette formation qui nous amène, 20 ans<br />

plus tard, au résultat escompté.<br />

[RE]VIE À VILLE<br />

y Ir Laurent Debailleux, Architecture<br />

Rassemblée en août <strong>de</strong>rnier à l’initiative du service d’Architecture,<br />

une équipe interdisciplinaire <strong>de</strong> plusieurs pays (Belgique,<br />

France, Italie) a permis <strong>de</strong> mener à bien une série d’étu<strong>de</strong>s<br />

visant à la conservation et à la réhabilitation <strong>de</strong> l’ancien village<br />

abandonné <strong>de</strong> Ville, situé dans les Alpes-<strong>de</strong>-Haute-Provence.<br />

Constituant la clef <strong>de</strong> voûte <strong>de</strong> ce workshop, la rénovation <strong>de</strong> l’ancienne église<br />

romane très endommagée du site a retenu toute l’attention <strong>de</strong>s participants.<br />

La campagne <strong>de</strong> relevés réalisée au scanner laser 3D, préalablement nourrie<br />

du constat visuel <strong>de</strong>s pathologies, a permis d’étayer les hypothèses liées aux<br />

désordres structurels. Cet enregistrement rigoureux <strong>de</strong> la géométrie actuelle<br />

du bâti a conduit à formuler <strong>de</strong>s propositions curatives à court terme.<br />

Riches d’une connaissance plus approfondie du bâtiment, c’est dans le cadre<br />

d’une conférence-débat venant achever le workshop que les étudiants ont pu<br />

exposer, face au public, leurs propositions <strong>de</strong> réhabilitation du site. Celles-ci se<br />

sont articulées en <strong>de</strong>ux axes d’interventions interdisciplinaires : d’une part une<br />

approche globale visant à revitaliser les qualités paysagères du site, d’autre<br />

part une série <strong>de</strong> propositions spécifiques qui concernent la conservation et la<br />

réaffectation <strong>de</strong> l’ancienne église.<br />

Dans le premier cas, la réhabilitation <strong>de</strong>s anciennes cultures traditionnelles<br />

en terrasses pouvait s’inscrire dans une démarche participative impliquant<br />

les écoles et les collectivités locales, mêlant ainsi enseignement, culture<br />

et traditions. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la conservation du bâti, la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’ancienne église allait <strong>de</strong> pair avec une réaffectation fonctionnelle, durable<br />

et respectueuse <strong>de</strong> l’intégrité du lieu. La quiétu<strong>de</strong> du site et l’architecture<br />

particulière du monument justifiaient d’y implanter un espace d’exposition<br />

fonctionnant en synergie avec la réhabilitation d’un logement d’étape pour<br />

artistes et randonneurs <strong>de</strong> passage. Bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la programmatique,<br />

l’équipe s’est également penchée sur la problématique liée à la sauvegar<strong>de</strong><br />

Scannage et acquisition du nuage <strong>de</strong> points<br />

Coupe sud-ouest à travers le nuage <strong>de</strong> points<br />

d’urgence <strong>de</strong> l’église. Laissé jusqu’à présent dans un état <strong>de</strong> quasi abandon,<br />

l’édifice requiert un sauvetage d’urgence passant par le remplacement <strong>de</strong><br />

sa couverture largement effondrée. En respectant les principes phares <strong>de</strong><br />

la restauration, une proposition <strong>de</strong> structure métallique, indépendante <strong>de</strong> la<br />

construction existante et supportant une toiture vitrée, permettrait <strong>de</strong> protéger<br />

l’église à moindre coût, tout en minimisant l’impact visuel d’une telle intervention<br />

contemporaine.<br />

POLY TECH N EWS 43 25


RECHERCHE<br />

PARTICIPATION DE TROIS SERVICES DE LA FPMs<br />

AU PROJET INTERREG IV « REDUGAZ »<br />

Pour le développement d’une technologie plus durable<br />

<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> polluants gazeux<br />

y Prof. Diane Thomas, Prof. Guy De Weireld et Prof. André Decroly<br />

Groupe Chime - Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />

Le projet REDUGAZ (programme INTERREG IV) s’inscrit dans la continuité du projet Retrai (programme INTERREG<br />

III) et propose, aux entreprises transfrontalières, <strong>de</strong> mettre sur pied un atelier d’experts pour les ai<strong>de</strong>r à<br />

résoudre les problèmes <strong>de</strong> rejets <strong>de</strong> composés organiques volatils (COV) et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s adsorbants et<br />

catalyseurs performants pour la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> COV et <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2<br />

), responsables<br />

<strong>de</strong> problèmes environnementaux majeurs.<br />

L’intérêt manifesté par les industriels transfrontaliers, en particulier ceux présents<br />

aux workshops organisés dans le cadre du projet Retrai en juin 2005 (à<br />

Dunkerque), 2006 (à Lens) et 2007 (à <strong>Mons</strong>), a confirmé la nécessité <strong>de</strong> mener<br />

une recherche encore plus active.<br />

Actuellement, le traitement <strong>de</strong>s COV est <strong>de</strong>structif puisqu’il se fait à 80% par<br />

oxydation thermique ou catalytique. L’oxydation en présence <strong>de</strong> catalyseurs<br />

permet d’abaisser fortement la température <strong>de</strong> combustion et donc <strong>de</strong> réaliser<br />

<strong>de</strong>s économies d’énergie mais surtout d’éviter la formation <strong>de</strong> NO x<br />

. Par<br />

ailleurs, la gran<strong>de</strong> sélectivité <strong>de</strong> l’oxydation catalytique peut éviter la formation<br />

<strong>de</strong> composés intermédiaires plus toxiques que les COV <strong>de</strong> départ. L’adsorption<br />

permet, quant à elle, la récupération et la valorisation <strong>de</strong> certains COV.<br />

Dans le cadre du précé<strong>de</strong>nt projet, l’intérêt <strong>de</strong> certains matériaux catalytiques<br />

et adsorbants a été démontré. Il est à présent indispensable <strong>de</strong> produire ces<br />

matériaux très prometteurs en gran<strong>de</strong> quantité et <strong>de</strong> les mettre en forme en<br />

vue <strong>de</strong> les tester dans <strong>de</strong>s unités pilotes construites à l’image <strong>de</strong>s conditions<br />

réelles <strong>de</strong>s applications industrielles : tous ces aspects touchent à l’indispensable<br />

montée en échelle <strong>de</strong> l’application. Il convient aussi <strong>de</strong> mieux étudier les<br />

effets sur la santé <strong>de</strong> ces composés, pris séparément ou en combinaison, ainsi<br />

que ceux <strong>de</strong>s produits intermédiaires éventuellement formés par oxydation<br />

partielle (aspect toxicologique).<br />

En ce qui concerne le CO 2<br />

, le présent projet propose un nouveau concept<br />

permettant son élimination, voire même sa valorisation, via un processus <strong>de</strong><br />

photosynthèse biochimique inspiré <strong>de</strong> procédés naturels. Bien que cette réaction<br />

n’engendre que la production <strong>de</strong> glucose n’ayant qu’un très faible intérêt,<br />

celui-ci pourrait ensuite être transformé en produits plus intéressants.<br />

Les équipes universitaires actives dans ce projet sont :<br />

le Laboratoire <strong>de</strong> Catalyse et Environnement <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> du Littoral –<br />

Côte d’Opale ;<br />

le Laboratoire <strong>de</strong> Chimie <strong>de</strong>s Matériaux Inorganiques <strong>de</strong>s FUNDP ;<br />

l’Unité <strong>de</strong> Catalyse et Chimie du Soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong>s Sciences et<br />

Technologies <strong>de</strong> Lille ;<br />

les Services <strong>de</strong> Thermodynamique et Physique Mathématique (Prof. G.<br />

De Weireld), <strong>de</strong> Sciences <strong>de</strong>s Matériaux (Prof. A. Decroly) et <strong>de</strong> Génie <strong>de</strong>s<br />

Procédés Chimiques (Prof. D. Thomas) <strong>de</strong> la FPMs.<br />

Concrètement, à la FPMs, la subsidiation <strong>de</strong> ce projet a permis l’engagement<br />

<strong>de</strong>puis juillet d’un chercheur à temps plein développant <strong>de</strong> multiples compétences<br />

pour le relevé expérimental d’isothermes d’adsorption, la mise en forme<br />

<strong>de</strong> billes à partir <strong>de</strong> poudres, la mise sur pied d’une installation pilote d’adsorption/catalyse,<br />

ainsi que la réalisation et l’interprétation <strong>de</strong>s essais expérimentaux.<br />

La collaboration transfrontalière entre les quatre universités précitées se<br />

traduit par la mise en commun <strong>de</strong> compétences complémentaires, tant aux<br />

niveaux scientifique que technique, afin <strong>de</strong> créer un pôle <strong>de</strong> compétence dans<br />

ce domaine technologique et <strong>de</strong> mieux approcher les besoins <strong>de</strong>s entreprises<br />

régionales en leur proposant un savoir-faire technologique innovant, et ce<br />

dans la perspective du développement durable. Un programme d’échanges<br />

d’étudiants et d’enseignants est également prévu.<br />

Zéolite utilisée telle quelle pour l’adsorption, ou imprégnée d’éléments<br />

actifs pour l’oxydation catalytique <strong>de</strong>s COV<br />

Il est à présent indispensable<br />

<strong>de</strong> produire et mettre en<br />

forme, en plus gran<strong>de</strong>s<br />

quantités, certains matériaux<br />

adsorbants et catalytiques<br />

très prometteurs, et <strong>de</strong> les<br />

tester dans <strong>de</strong>s unités pilotes<br />

construites à l’image <strong>de</strong>s<br />

applications industrielles<br />

http://www.univ-littoral.fr/recherche/programmes_europeens.htm<br />

26 POLY TECH N EWS 43


RECHERCHE<br />

INAUGURATION DE DEUX NOUVELLES SALLES<br />

DE CULTURE POUR LE PÔLE BIOSYS<br />

y Prof. Anne-Lise Hantson, Chimie et Biochimie Appliquées<br />

Le 13 novembre 2009, le Pôle Biosys<br />

(représenté par les Professeurs A.<br />

Van<strong>de</strong> Wouwer et A.-L. Hantson)<br />

a inauguré <strong>de</strong>ux nouvelles salles<br />

dédicacées aux cultures <strong>de</strong> microorganismes,<br />

en présence du Recteur<br />

C. Conti et du Doyen P. Lybaert.<br />

On pouvait compter, parmi les participants à cet<br />

événement, <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la cellule valorisation<br />

<strong>de</strong> la recherche, <strong>de</strong>s partenaires industriels<br />

ainsi que <strong>de</strong>s universitaires. La visite <strong>de</strong>s laboratoires<br />

a été précédée d’une brève <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong>s différents axes <strong>de</strong> recherche du pôle, <strong>de</strong>s<br />

recherches réalisées et <strong>de</strong>s projets en cours dans<br />

le domaine plus spécifique <strong>de</strong>s biotechnologies.<br />

L’après-midi s’est clôturée par une discussion<br />

autour <strong>de</strong> posters proposés par les chercheurs du<br />

Pôle travaillant sur ces thématiques.<br />

Pour promouvoir les recherches touchant à la<br />

modélisation, à l’optimisation et au contrôle <strong>de</strong>s<br />

bioprocédés, le Fonds Spécial <strong>de</strong> la Recherche <strong>de</strong><br />

la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a alloué un budget<br />

spécial <strong>de</strong> 111 000 € dédié à l’installation <strong>de</strong><br />

salles <strong>de</strong> culture permettant <strong>de</strong> travailler dans un<br />

environnement adéquat, réduisant les problèmes <strong>de</strong><br />

contamination. Cette dotation a permis <strong>de</strong> rénover<br />

<strong>de</strong>ux laboratoires et <strong>de</strong> les équiper en matériel <strong>de</strong><br />

pointe, à la fois pour la culture cellulaire, mais aussi<br />

pour la culture bactérienne et <strong>de</strong> micro-algues.<br />

La disponibilité au sein du Pôle Biosys <strong>de</strong> ces<br />

laboratoires permet d’envisager <strong>de</strong> nouvelles collaborations,<br />

la participation à <strong>de</strong>s projets européens<br />

et offre aux chercheurs un outil <strong>de</strong> travail performant<br />

: <strong>de</strong>s réacteurs stérilisables contrôlés en<br />

terme <strong>de</strong> température, <strong>de</strong> pH, d’oxygène dissous,<br />

<strong>de</strong> lumière... pour la culture <strong>de</strong> micro-organismes<br />

(bactéries, levures, fungi, micro-algues) et la<br />

production <strong>de</strong> métabolites d’intérêt industriel (protéines,<br />

lipi<strong>de</strong>s…) ; <strong>de</strong>s analyseurs en ligne pour le<br />

suivi <strong>de</strong> la concentration en micro-organismes, <strong>de</strong>s<br />

teneurs en oxygène et en dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone dans<br />

la phase gazeuse et/ou liqui<strong>de</strong>, en glucose ou en<br />

autres substrats… ; <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> recirculation<br />

<strong>de</strong> la biomasse et <strong>de</strong> perfusion ; un microscope à<br />

fluorescence permettant <strong>de</strong> visualiser l’accumulation<br />

lipidique ; etc.<br />

Soit finalement toute une instrumentation essentielle<br />

à une recherche <strong>de</strong> qualité !<br />

Le Pôle Biosys est une unité <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la<br />

FPMs dédicacée aux sciences <strong>de</strong> la vie, dans le<br />

sens le plus large du terme, et qui développe<br />

<strong>de</strong>s recherches fondamentales et appliquées<br />

en ingénierie biomédicale et en biotechnologie.<br />

Les applications couvrent <strong>de</strong>s domaines très<br />

variés, allant <strong>de</strong>s industries agro-alimentaire et<br />

pharmaceutique à <strong>de</strong>s applications médicales et<br />

au traitement <strong>de</strong>s déchets.<br />

Les activités <strong>de</strong> recherche sont réparties en<br />

quatre domaines principaux :<br />

- la biomécanique et la bio-optique ;<br />

- l’analyse et la modélisation <strong>de</strong>s systèmes –<br />

l’optimisation et le contrôle <strong>de</strong>s bioprocédés ;<br />

- l’écologie et l’environnement ;<br />

- les biosignaux et le traitement d’images.<br />

Parmi les développements réalisés, nous pouvons<br />

citer l’analyse d’images médicales, avec<br />

CT-SCAN, PET-scan ou IRM, en tant qu’outils<br />

pour le diagnostic et le suivi thérapeutique, le<br />

suivi en ligne pour les anesthésistes, ainsi que<br />

le contrôle et l’optimisation <strong>de</strong>s processus<br />

biochimiques industriels.<br />

Le déploiement <strong>de</strong> ces différents aspects se réalise<br />

majoritairement au travers <strong>de</strong> divers projets<br />

subsidiés par la Région wallonne, le Fédéral ou<br />

l’Europe, ainsi qu’en collaboration étroite avec<br />

<strong>de</strong>s sociétés pharmaceutiques, environnementales,<br />

ou encore <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins.<br />

DIFFUSION DES SCIENCES<br />

ETUDIANT D’UN JOUR EN <strong>POLYTECH</strong><br />

La tête dans les étoiles...<br />

y Ir Dominique Wynsberghe, Cellule <strong>de</strong> diffusion scientifique – ApplicaSciences<br />

...mais les pieds bien sur terre : Yaël Nazé et<br />

Sergio Volonte ont fait rêver tout un auditoire<br />

d’élèves du secondaire.<br />

Le 5 novembre 2009 à 9h30, <strong>Mons</strong>ieur Sergio Volonte, coordinateur <strong>de</strong> missions<br />

à l’Agence Spatiale Européenne (ESA), nous a livré les secrets d’une mission<br />

spatiale réussie ! De la naissance <strong>de</strong> la mission à sa réalisation, <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> lancement<br />

à la mise en orbite, nous avons voyagé dans le temps et dans l’espace et<br />

croisé quelques chefs-d’œuvre technologiques auxquels <strong>de</strong>s sociétés (et donc <strong>de</strong>s<br />

ingénieurs) belges sont associées. A 11h, nous avons embarqué avec Madame<br />

Yaël Nazé pour un voyage dans l’univers. Et on peut dire que nous en avons vu<br />

<strong>de</strong> toutes les couleurs… et pas qu’avec les yeux ! Très visuel, très interactif, l’exposé<br />

<strong>de</strong> cette chercheuse astrophysicienne <strong>de</strong> l’ULG – bien connue <strong>de</strong> la Polytech<br />

puisque ingénieur civil FPMs <strong>de</strong> formation – nous a fait tourner la tête vers les<br />

étoiles et autres corps célestes. Elle nous a invités à parcourir l’univers grâce à <strong>de</strong>s<br />

technologies <strong>de</strong> pointe qui nous ont permis d’accé<strong>de</strong>r à l’invisible… pour nos yeux.<br />

L’après-midi, place à la pratique ! Une navette (<strong>de</strong> bus) nous a emmenés vers<br />

trois <strong>de</strong>stinations « spatiales » : la SABCA, la SONACA et Thales Alenia Space.<br />

Ces trois entreprises nous ont donné l’occasion <strong>de</strong> voir l’envers du décor, à<br />

savoir les spécifications, la conception, les tests… <strong>de</strong>s pièces qui composent<br />

notamment les satellites ou autres équipements spatiaux.<br />

POLY TECH N EWS 43 27


DIFFUSION DES SCIENCES<br />

« EXPLORER L’INVISIBLE »<br />

À LA <strong>POLYTECH</strong><br />

y Jonathan Toubeau, Commissaire adjoint <strong>de</strong> l’exposition<br />

Visible du 5 mars au 11 avril 2010 à la Salle St-Georges, la première<br />

exposition transdisciplinaire <strong>de</strong> l’UMONS met nos chercheurs à<br />

l’honneur !<br />

Cette exposition, à la frontière entre Art et Science, réunit plus <strong>de</strong> 20 laboratoires <strong>de</strong><br />

recherche, issus <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> Pharmacie, <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s Sciences<br />

et – bien sûr ! – <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique. Par ses nombreux clichés, et <strong>de</strong>s séquences<br />

vidéos, « Explorer l’invisible » entraine le visiteur dans une vertigineuse découverte… du<br />

réel. Ces images étonnantes, accessibles habituellement à quelques initiés, ont toutes été<br />

réalisées par les scientifiques dans le cadre <strong>de</strong> leurs travaux <strong>de</strong> recherche. En avant-première,<br />

découvrez ici quelques contributions <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong> la Polytech. Et pour une visite<br />

intégrale <strong>de</strong> l’exposition, ren<strong>de</strong>z-vous à la Salle St-Georges du 5 mars au 11 avril !<br />

Explorer<br />

l’Invisible<br />

05.03.10 >11.04.10<br />

Salle Saint-Georges • grand-place, <strong>Mons</strong><br />

www.explorer-invisible.be<br />

© Design by ex nihilo<br />

Infos : 065 37 34 90<br />

Affiche Explorer_2.indd 1 3/02/10 15:10:25<br />

Au cœur d’une vitrocéramique… (Jacques Dutrieux et Nathalie Maury) C’est une<br />

véritable pouponnière à cristaux qui est visible sur cette image… et pas n’importe<br />

lesquels ! Il s’agit <strong>de</strong> cristaux piézoélectriques, qui pourraient constituer à terme le<br />

matériau vitrocéramique du futur…<br />

Les secrets <strong>de</strong> la craie blanche (Sara Vandycke) La craie naturelle<br />

est constituée d’une accumulation <strong>de</strong> coccolithes entiers ou en morceaux<br />

– débris <strong>de</strong> coques <strong>de</strong> végétaux microscopiques vieux <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 65 millions d’années. Les anneaux <strong>de</strong> coccolithes s’agglomèrent<br />

entre eux pour former une craie blanche et homogène.<br />

L’exposition est accessible gratuitement et sans réservation<br />

du mardi au samedi <strong>de</strong> 12 à 18h et le dimanche <strong>de</strong> 14 à<br />

20h. Des visites guidées peuvent être organisées pour les<br />

élèves <strong>de</strong> 4 e , 5 e et 6 e années du secondaire, sur réservation<br />

uniquement. Des visites guidées sont également proposées<br />

au grand public, sans réservation, les dimanches à 15h et<br />

17h, ainsi que les samedi 28 et dimanche 29 mars à 15h,<br />

16h, 17h et 18h, dans le cadre du Printemps <strong>de</strong>s Sciences.<br />

Il est aussi possible <strong>de</strong> réserver <strong>de</strong>s visites guidées sur ren<strong>de</strong>z-vous,<br />

selon la disponibilité <strong>de</strong>s animateurs. Toutes ces<br />

visites sont gratuites.<br />

Plus d’infos ?<br />

065/37 34 90<br />

explorer-invisible@umons.ac.be<br />

www.explorer-invisible.be<br />

Carburant du futur ? (Amaury Massart et Elise Aubry) Les nombreuses sphères visibles<br />

sur ces clichés sont en réalité <strong>de</strong>s microalgues organismes composés d’une<br />

seule cellule, qui utilisent la lumière comme source d’énergie et qui absorbent du<br />

CO 2 pour se développer. Leur teneur élevée en huile en fait <strong>de</strong> bons candidats pour<br />

la production <strong>de</strong> biocarburants <strong>de</strong> nouvelle génération.<br />

Cette exposition a été développée par les cellules<br />

ApplicaSciences et Carré <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, avec le soutien <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, du<br />

Département technologique DGO6 du Service public <strong>de</strong><br />

Wallonie et <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>.<br />

28 POLY TECH N EWS 43


DIFFUSION DES SCIENCES<br />

Carte <strong>de</strong> luminance<br />

<strong>de</strong> la rue <strong>de</strong>s Clercs à<br />

<strong>Mons</strong> (Justine Decuypere)<br />

Créée à partir d’une photographie<br />

à gran<strong>de</strong> gamme<br />

dynamique (fusion HDR <strong>de</strong><br />

cinq photographies). Par<br />

transformation <strong>de</strong> système<br />

colorimétrique, on trouve la<br />

luminance pixel par pixel.<br />

L’image est ensuite recolorée<br />

en huit fausses couleurs d’après la luminance <strong>de</strong> chaque point <strong>de</strong> l’espace.<br />

Au-<strong>de</strong>là du tableau…<br />

(Aurélie Beys) Au <strong>de</strong>là<br />

du style pictural, du<br />

symbolisme et <strong>de</strong> la<br />

narration <strong>de</strong> l’Annonciation,<br />

cette œuvre <strong>de</strong><br />

Domenico Veneziano témoigne<br />

<strong>de</strong> notre histoire<br />

et <strong>de</strong> l’architecture du 15 e siècle. De par l’utilisation <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> perspective<br />

dans son tracé géométrique, cette scène peut être, en combinant les connaissances<br />

d’autrefois et les techniques d’aujourd’hui telles que la programmation,<br />

l’infographie et le traitement d’images, restituée en trois dimensions.<br />

Carte d’attention d’une image (Matei Mancas) Les zones claires matérialisent<br />

celles qui <strong>de</strong>vraient attirer le plus l’attention humaine. Ce calcul prend<br />

en compte à la fois l’attention «réflexe», qui utilise certaines caractéristiques<br />

<strong>de</strong> l’image, et l’attention «réfléchie», qui prend en compte le fait qu’il s’agit<br />

d’une photo <strong>de</strong> scène naturelle sur laquelle les sujets principaux ont une<br />

gran<strong>de</strong> probabilité d’être centrés.<br />

Segmentation <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales (Bernard Gosselin) L’acquisition à haute<br />

vitesse (2000 par secon<strong>de</strong>) d’images <strong>de</strong> vibration <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales est un<br />

outil très utilisé par les mé<strong>de</strong>cins pour affiner leur diagnostic lorsqu’une pathologie<br />

<strong>de</strong> la voix est soupçonnée chez un patient.<br />

Y A-T-IL UN INGÉNIEUR DANS LA CLASSE ?<br />

y Ir Dominique Wynsberghe, Cellule <strong>de</strong> diffusion scientifique – ApplicaSciences<br />

Enseignants du secondaire, les scientifiques <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique vous proposent leurs conférences<br />

« spécial secondaire ».<br />

Depuis <strong>de</strong> nombreuses années déjà, la FPMs propose <strong>de</strong>s exposés <strong>de</strong> nature<br />

scientifique aux enseignants <strong>de</strong> chimie, mathématique et physique <strong>de</strong><br />

l’enseignement secondaire. Ces exposés sont donnés par <strong>de</strong>s chercheurs<br />

ou <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> la Faculté. D’une durée d’environ 1 heure, ils sont<br />

<strong>de</strong>stinés à illustrer l’intérêt <strong>de</strong>s sciences ou leur utilité pour la société. Ils<br />

peuvent, selon les cas, être suivis par <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> 4 e , 5 e ou 6 e année<br />

secondaire. Ces exposés, gratuits, peuvent être organisés à la Faculté ou se<br />

dérouler au sein <strong>de</strong>s établissements secondaires. Le catalogue, qui est mis<br />

à jour chaque année, propose cette fois plus <strong>de</strong> 20 exposés, sur <strong>de</strong>s thèmes<br />

aussi variés que l’imagerie médicale, la robotique, la modélisation aéronautique<br />

ou les télécommunications numériques.<br />

Pour retrouver le programme complet <strong>de</strong> nos activités,<br />

ren<strong>de</strong>z-vous sur notre site web :<br />

http://www.umons.ac.be/applicasciences<br />

ApplicaSciences est la Cellule <strong>de</strong> Diffusion <strong>de</strong>s Sciences et <strong>de</strong>s Techniques<br />

<strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>.<br />

Nous contacter :<br />

9, rue <strong>de</strong> Houdain - 7000 <strong>Mons</strong><br />

Tél : 065/37 40 60 ou 61<br />

Fax : 065/37 40 63<br />

E-mail : applicasciences@umons.ac.be<br />

ApplicaSciences bénéficie du soutien du Service Public <strong>de</strong> Wallonie DGO6<br />

POLY TECH N EWS 43 29


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

CHRISTOPHE CAUCHETEUR, LAURÉAT D’UN AWARD<br />

DU CONSEIL CULTUREL MONDIAL<br />

Le Conseil Culturel Mondial (World Cultural Council - WCC), organisation internationale<br />

basée à Mexico, a organisé à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Liège, le 25 novembre 2009, sa<br />

26 e cérémonie <strong>de</strong> remise <strong>de</strong> ses prestigieux prix. Il a également décerné, comme<br />

il est <strong>de</strong> coutume, une «reconnaissance spéciale» à onze personnalités belges, ou<br />

actives en Belgique. Christophe Caucheteur, Chargé <strong>de</strong> Recherches F.R.S.-FNRS<br />

dans le Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunications, a reçu l’un d’eux<br />

dans la catégorie Science, pour ses recherches portant sur la fabrication <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg au sein<br />

<strong>de</strong> fibres optiques et sur leur utilisation à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> capteurs mécaniques et chimiques.<br />

Signalons que Jérôme Cornil, Chercheur Qualifié au F.R.S.-FNRS dans le Service <strong>de</strong> Chimie <strong>de</strong>s<br />

Matériaux Nouveaux (UMONS), a également été récompensé.<br />

ATTENTION, FRAGILE :<br />

électronique en orbite!<br />

y Dr David Wattiaux, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />

Simulation <strong>de</strong>s niveaux vibratoires générés par les chocs<br />

pyrotechniques en vue <strong>de</strong> prédire les dysfonctionnements<br />

électriques <strong>de</strong>s équipements embarqués<br />

Dispositif expérimental développé par<br />

l’entreprise Thales Alenia Space ETCA<br />

Les équipements électroniques embarqués à bord<br />

<strong>de</strong>s satellites sont soumis, lors <strong>de</strong> leur mise en orbite,<br />

à <strong>de</strong>s sollicitations vibratoires sévères pouvant<br />

occasionner <strong>de</strong>s défaillances d’éléments sensibles,<br />

tels que les relais. Depuis plusieurs années, l’entreprise<br />

Thales Alenia Space ETCA, localisée dans<br />

la région <strong>de</strong> Charleroi, développe <strong>de</strong>s dispositifs<br />

<strong>de</strong> test visant à reproduire, sur base <strong>de</strong> critères<br />

d’équivalence, ces environnements vibratoires. La<br />

qualification d’un nouvel équipement passe systématiquement<br />

par une phase <strong>de</strong> calibration, durant<br />

laquelle les paramètres opérationnels du dispositif<br />

<strong>de</strong> test sont ajustés empiriquement. Cette étape<br />

s’avère souvent fastidieuse et coûteuse, car la mise<br />

au point <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> chaque essai nécessite<br />

un temps <strong>de</strong> préparation non négligeable.<br />

L’objectif poursuivi par cette thèse <strong>de</strong> doctorat a<br />

été d’élaborer, en renfort <strong>de</strong> la démarche expérimentale,<br />

une métho<strong>de</strong> numérique <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong>s<br />

niveaux chocs causés par divers moyens d’excitation,<br />

notamment pyrotechniques (par utilisation<br />

d’une charge explosive) et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />

modèles <strong>de</strong> composants électriques, tels que <strong>de</strong>s<br />

relais, en vue <strong>de</strong> simuler leurs dysfonctionnements<br />

électriques lors <strong>de</strong> sollicitations vibratoires.<br />

Dans le contexte <strong>de</strong> sollicitations pyrotechniques,<br />

les sources d’excitation ne sont pas mesurables et<br />

doivent, <strong>de</strong> ce fait, être i<strong>de</strong>ntifiées indirectement à<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s inverses, c’est-à-dire à partir <strong>de</strong><br />

réponses vibratoires mesurées sur la structure et<br />

d’un modèle précis traduisant son comportement<br />

dynamique. Dans le cadre <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> recherche,<br />

quelques métho<strong>de</strong>s d’i<strong>de</strong>ntification, tirées <strong>de</strong><br />

la littérature, ont été implémentées et comparées.<br />

L’étu<strong>de</strong> a montré, sur base <strong>de</strong> données expérimentales<br />

issues <strong>de</strong> différentes configurations du<br />

dispositif <strong>de</strong> test, qu’une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s sources<br />

d’excitation pyrotechniques par une force ponctuelle<br />

équivalente permet <strong>de</strong> simuler les niveaux<br />

vibratoires avec une précision qui est du même ordre<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que les tolérances classiquement<br />

définies par les spécifications <strong>de</strong> l’équipement.<br />

Parallèlement à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s sources d’excitation<br />

pyrotechniques, ce travail <strong>de</strong> recherche s’est<br />

également intéressé à l’analyse <strong>de</strong> la sensibilité,<br />

aux vibrations et aux chocs, <strong>de</strong> relais électromécaniques.<br />

Une méthodologie permettant <strong>de</strong> simuler<br />

les niveaux <strong>de</strong> chocs à partir <strong>de</strong>squels <strong>de</strong>s pertes<br />

<strong>de</strong> contact se produisent a été mise au point, appliquée<br />

et validée au cas d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux relais: le<br />

relais monostable PED, utilisé dans <strong>de</strong>s applications<br />

industrielles classiques, et le relais bistable<br />

GP250, employé dans les boîtiers <strong>de</strong> comman<strong>de</strong><br />

du lanceur Ariane 5.<br />

30 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

MODÉLISATION DES EFFETS VIBRATOIRES<br />

DU TRAFIC FERROVIAIRE SUR L’ENVIRONNEMENT<br />

y Dr Georges Kouroussis, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />

Malgré <strong>de</strong> nombreux essors technologiques, le train (TGV, fret, corail, tram<br />

urbain…) est perçu comme une source multiple <strong>de</strong> problèmes environnementaux,<br />

qui sont <strong>de</strong> moins en moins bien supportés par le public : pollution, bruit,<br />

vibrations… La sensibilité vis-à-vis <strong>de</strong>s vibrations dues au trafic ferroviaire est<br />

<strong>de</strong> plus en plus importante.<br />

Plusieurs solutions existent pour atténuer ces vibrations mais leur coût important,<br />

sans garantie totale <strong>de</strong> résultat efficace, rebute souvent les exploitants <strong>de</strong><br />

matériel ferroviaire. Si la simulation du comportement dynamique <strong>de</strong>s véhicules<br />

est maintenant <strong>de</strong>venue incontournable dans l’industrie ferroviaire, il est plus<br />

rare d’intégrer, dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception, l’interaction avec la voie et la propagation<br />

<strong>de</strong>s vibrations dans le sol.<br />

L’objectif <strong>de</strong> ce travail était <strong>de</strong> mettre au point une méthodologie fiable dans<br />

le but <strong>de</strong> prédire, dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception d’un véhicule ou l’implantation<br />

d’une nouvelle voie ferrée, les efforts dynamiques que le véhicule est susceptible<br />

<strong>de</strong> transmettre au sol via la voie, et d’en estimer l’impact sur l’environnement.<br />

Pratiquement, il s’agit d’interfacer les méthodologies classiques <strong>de</strong> simulation<br />

<strong>de</strong> véhicules, qui s’appuient sur la théorie <strong>de</strong>s systèmes multicorps, et les<br />

techniques <strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>s voies et du sol. La modélisation <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier<br />

est ardue et les métho<strong>de</strong>s analytiques ou semi-analytiques montrent d’emblée<br />

leurs limitations. L’emploi <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s numériques s’avère donc une nécessité.<br />

L’originalité <strong>de</strong>s travaux se base ainsi sur plusieurs points, dont le découplage<br />

voie/sol, vérifié comme licite sous certaines conditions, et la simulation dynamique<br />

du sol par éléments finis, couplée aux éléments semi-infinis, dans le<br />

domaine temporel.<br />

Deux cas concrets ont été étudiés, par l’intermédiaire du trafic urbain (Tram<br />

T2000 <strong>de</strong> Bruxelles) et du trafic à gran<strong>de</strong> vitesse (Thalys et Eurostar), afin <strong>de</strong><br />

vali<strong>de</strong>r l’approche adoptée. Les résultats obtenus sont très satisfaisants lorsqu’ils<br />

sont comparés à <strong>de</strong>s mesures sur site. Une analyse paramétrique a permis <strong>de</strong><br />

vérifier, par ailleurs, la sensibilité <strong>de</strong>s paramètres du modèle complet sur les<br />

niveaux vibratoires. Tous ces résultats montrent l’influence importante <strong>de</strong> l’interaction<br />

véhicule/voie et la nécessité d’un modèle complet dans la problématique<br />

<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s vibrations dues au trafic ferroviaire.<br />

Exemple <strong>de</strong> simulation obtenue sur la propagation<br />

<strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s vibratoires issues du passage d’un train<br />

CAPTEURS LOGICIELS :<br />

LA COMBINAISON DES MODÈLES<br />

MATHÉMATIQUES ET DES MESURES<br />

y Dr Guillaume Goffaux, Automatique<br />

Exploration of robust software sensor techniques with applications<br />

in vehicle positioning and bioprocess state estimation<br />

Cette thèse traite <strong>de</strong> la mise au point <strong>de</strong><br />

métho<strong>de</strong>s d’estimation d’état robustes avec <strong>de</strong>ux<br />

domaines d’application en ligne <strong>de</strong> mire : le positionnement<br />

sécuritaire en transport, qui vise à<br />

fournir la position et la vitesse du véhicule sous<br />

la forme d’intervalles avec un grand <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

confiance, et la reconstruction <strong>de</strong>s concentrations<br />

<strong>de</strong> composants réactionnels pour bioprocédés<br />

à partir d’un nombre limité <strong>de</strong> mesures et d’un<br />

modèle mathématique interprétant le comportement<br />

dynamique <strong>de</strong> ces composants. L’objectif<br />

principal a été <strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s algorithmes<br />

qui fournissent <strong>de</strong>s estimations acceptables en<br />

dépit <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s provenant <strong>de</strong> la mauvaise<br />

connaissance du système, comme les incertitu<strong>de</strong>s<br />

sur les paramètres du modèle ou les<br />

incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mesure. Plusieurs algorithmes ont<br />

été étudiés et mis au point selon le contexte.<br />

Dans le cas du positionnement <strong>de</strong> véhicules, la<br />

recherche a principalement été dirigée vers les<br />

métho<strong>de</strong>s par intervalles, qui ont pour but <strong>de</strong> calculer<br />

les couloirs <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s variables position et<br />

vitesse en se basant sur la combinaison d’intervalles<br />

issus <strong>de</strong>s capteurs, d’une part, et sur l’utilisation<br />

conjointe d’un modèle dynamique et cinématique du<br />

véhicule, d’autre part.<br />

Concernant les capteurs logiciels pour bioprocédés,<br />

trois familles <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s ont été étudiées: le filtrage<br />

particulaire, les métho<strong>de</strong>s par intervalles et le filtrage<br />

par horizon glissant. Le filtrage particulaire est basé<br />

sur <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Monte-Carlo pour estimer la<br />

<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> probabilité conditionnelle <strong>de</strong> l’état connaissant<br />

les mesures. Il est pénalisé par sa sensibilité aux<br />

erreurs paramétriques. La métho<strong>de</strong> développée profite<br />

<strong>de</strong> la structure particulière <strong>de</strong>s modèles pour proposer<br />

une version du filtrage particulaire robuste aux<br />

incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s paramètres cinétiques. Des métho<strong>de</strong>s<br />

d’estimation par intervalles ont ensuite été adaptées à<br />

la situation où les mesures sont disponibles avec une<br />

fréquence d’échantillonnage faible, en développant<br />

<strong>de</strong>s prédicteurs appropriés. L’utilisation d’un faisceau<br />

<strong>de</strong> prédicteurs grâce à <strong>de</strong>s transformations d’état<br />

permet d’améliorer les résultats d’estimation. Enfin,<br />

une métho<strong>de</strong> basée sur le filtre à horizon glissant a été<br />

étudiée en recherchant la meilleure condition initiale<br />

pour le plus mauvais modèle.<br />

En conclusion, en dépit <strong>de</strong> certains problèmes<br />

rencontrés dans diverses applications – qui sont<br />

autant <strong>de</strong> challenges motivants et formateurs –<br />

les métho<strong>de</strong>s et résultats obtenus constituent un<br />

ensemble d’améliorations d’algorithmes robustes visà-vis<br />

<strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modèles et/ou <strong>de</strong> mesures.<br />

POLY TECH N EWS 43 31


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

LA THÈSE DE DOCTORAT AU SERVICE DES ENTREPRISES<br />

y Dr Valérie Sciamanna, Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />

Dr Véronique Vitry, Métallurgie<br />

Véronique Vitry et Valérie Sciamanna ont eu l’opportunité <strong>de</strong> réaliser<br />

leur thèse <strong>de</strong> doctorat en collaboration avec l’industrie. Véronique a<br />

travaillé sur les dépôts <strong>de</strong> nickel-bore, ce qui a suscité l’intérêt d’UCT<br />

Coatings (en Flori<strong>de</strong>). Quant à Valérie, elle a collaboré dans le cadre<br />

<strong>de</strong> sa thèse avec la cimenterie CBR (à Harmignies). Ayant finalisé leur<br />

thèse à quelques semaines d’intervalle, ce fut pour elles l’occasion <strong>de</strong><br />

se rencontrer pour discuter <strong>de</strong> leur sujet <strong>de</strong> recherche respectif.<br />

V.V. : Valérie, peux-tu me parler brièvement <strong>de</strong> ta thèse ?<br />

V.S. : J’ai travaillé en collaboration avec la cimenterie CBR d’Harmignies, qui produit<br />

du ciment Portland blanc à partir <strong>de</strong> clinker provenant du même site. Les<br />

granules <strong>de</strong> clinker sont obtenus par traitement thermique, vers 1450°C, d’un<br />

mélange <strong>de</strong> craie et d’argile. Du fait <strong>de</strong>s faibles teneurs en fer imposées pour<br />

la blancheur, la transformation en clinker blanc est plus difficile que celle du<br />

clinker gris. Mais si le clinker gris a fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s, peu <strong>de</strong><br />

publications font référence au clinker blanc. C’est pourquoi la première partie<br />

<strong>de</strong> mon travail fut consacrée aux mécanismes intervenant dans la synthèse<br />

du clinker blanc et, en particulier, à l’influence <strong>de</strong> la granulométrie du quartz<br />

sur la qualité <strong>de</strong> la cuisson (teneur en CaO libre et microstructure du clinker).<br />

Nous avons ainsi pu définir <strong>de</strong> nouveaux critères <strong>de</strong> sélection pour les matières<br />

premières argileuses exploitées par l’industrie. Une gestion rationnelle <strong>de</strong>s<br />

gisements est en effet nécessaire pour assurer la pérennité <strong>de</strong>s ressources<br />

en matières premières naturelles. Par ailleurs, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce<br />

l’influence <strong>de</strong>s éléments colorants, inévitablement présents dans les matières<br />

premières, sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> blancheur du clinker. Enfin, nous avons optimisé la<br />

dispersion <strong>de</strong>s matières premières industrielles.<br />

V.V. : Tu as donc dû reproduire à l’échelle du laboratoire le procédé industriel<br />

pour mieux le comprendre…<br />

V.S. : Nous avons essayé autant que possible <strong>de</strong> nous rapprocher <strong>de</strong> la réalité<br />

industrielle, même s’il est évi<strong>de</strong>nt que <strong>de</strong> nombreuses différences subsistent<br />

entre les conditions industrielles et <strong>de</strong> laboratoire. Malgré cela, une<br />

démarche intéressante dans mon travail fut <strong>de</strong> corréler les résultats <strong>de</strong><br />

laboratoire et certaines constatations industrielles.<br />

V.S. : Et toi Véronique, quel est ton sujet <strong>de</strong> thèse ?<br />

V.V. : J’ai travaillé sur les dépôts chimiques <strong>de</strong> nickel-bore. Ces dépôts sont<br />

obtenus <strong>de</strong> manière catalytique, en phase aqueuse, par un procédé d’oxydo-réduction<br />

sans apport externe <strong>de</strong> courant électrique. L’objectif <strong>de</strong> mes<br />

travaux était <strong>de</strong> décrire la façon dont le dépôt se forme sur le substrat, mais<br />

aussi d’en observer et d’en modéliser la structure.<br />

V.S. : As-tu également travaillé en collaboration avec l’industrie ?<br />

V.V. : Oui, j’ai travaillé en liaison avec UCT coatings (Flori<strong>de</strong>), qui commercialise<br />

cette technologie. Ils cherchent à mieux comprendre les aspects fondamentaux<br />

du procédé, pour améliorer sa fiabilité et la qualité <strong>de</strong>s produits<br />

Finalement, bien que nos sujets soient très différents, nos principaux objectifs<br />

sont très similaires.<br />

Parfois, on a l’impression que parce qu’un procédé est utilisé <strong>de</strong>puis<br />

longtemps, il est parfaitement connu et maîtrisé. Mais sans l’apport <strong>de</strong> la<br />

recherche «fondamentale», on fonctionne un peu en «boîte noire» !<br />

«Compréhension <strong>de</strong>s mécanismes intervenant dans la synthèse du clinker blanc<br />

– Critères granulométriques <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s matières premières et rôle <strong>de</strong>s éléments<br />

colorants» par V. Sciamanna (Promoteur : Prof. M. Gonon – co-promoteur :<br />

Prof. A. <strong>de</strong> Haan)<br />

«Electroless Nickel-Boron <strong>de</strong>posits: Synthesis, formation and characterization ;<br />

Effect of heat treatments ; Analytical mo<strong>de</strong>ling of the structural state» par V. Vitry<br />

(Promoteur : Prof. F. Delaunois)<br />

UN “BEST STUDENT PAPER AWARD” POUR THOMAS DRUGMAN<br />

Thomas Drugman, aspirant FNRS et doctorant dans le service TCTS, a reçu<br />

le prix du “Best stu<strong>de</strong>nt paper award” décerné par l’« International Speech<br />

Communication Association » lors <strong>de</strong> la conférence Interspeech’09, tenue à<br />

Brighton en septembre <strong>de</strong>rnier. Ce prix récompense sa contribution intitulée<br />

“A Deterministic plus Stochastic Mo<strong>de</strong>l of the Residual Signal for Improved<br />

Parametric Speech Synthesis”, co-signée avec G. Wilfart (<strong>de</strong> la société ACAPELA)<br />

et le Professeur Thierry Dutoit.<br />

La page web <strong>de</strong> Thomas : http://tcts.fpms.ac.be/~drugman/<br />

Les objectifs <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> Thomas sont l’amélioration <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong><br />

la voix humaine, avec comme applications la synthèse <strong>de</strong> parole, la reconnaissance<br />

du locuteur, l’analyse <strong>de</strong> voix expressive, ou encore la détection <strong>de</strong> pathologies<br />

vocales. Son travail est une continuation <strong>de</strong>s recherches d’un ancien doctorant du<br />

TCTS Lab, Baris Bozkurt, maintenant professeur à l’<strong>Université</strong> d’Izmir (Turquie).<br />

32 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

DÉCRYPTAGE D’UN TITRE DE THÈSE ABSCONS…<br />

New metaheuristics for solving MOCO problems: application to the<br />

knapsack problem, the traveling salesman problem and IMRT optimization<br />

y Dr Thibaut Lust, Mathématique et Recherche Opérationnelle<br />

Dans cette thèse, <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s heuristiques sont présentées,<br />

basées sur les métaheuristiques, pour résoudre <strong>de</strong>s problèmes d’optimisation<br />

combinatoire multiobjectifs (problèmes MOCO). Pour mieux comprendre,<br />

intéressons-nous aux différentes notions que cache le titre <strong>de</strong> ce travail…<br />

MOCO problems<br />

Dans les problèmes MOCO, une solution optimale<br />

n’existe pas, étant donné que <strong>de</strong>s critères conflictuels<br />

sont considérés pour évaluer les solutions. Par contre,<br />

un ensemble <strong>de</strong> solutions « compromis » (appelées<br />

solutions efficaces) peut être déterminé. Une solution<br />

efficace est telle qu’il est impossible <strong>de</strong> trouver une<br />

autre solution meilleure sur tous les critères. Le but <strong>de</strong><br />

l’optimisation multiobjectif est <strong>de</strong> fournir au déci<strong>de</strong>ur<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s solutions efficaces.<br />

New metaheuristics<br />

Trois nouvelles métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution, basées<br />

sur les métaheuristiques, ont été développées. Les<br />

métaheuristiques sont <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s générales<br />

permettant <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s heuristiques pour <strong>de</strong>s problèmes<br />

d’optimisation dits difficiles. L’objectif d’une<br />

heuristique est <strong>de</strong> fournir en un temps raisonnable<br />

une solution <strong>de</strong> bonne qualité. L’optimalité <strong>de</strong>s<br />

solutions n’est toutefois pas garantie. Les métaheuristiques<br />

étant à l’origine développées pour la<br />

résolution <strong>de</strong> problèmes à un seul objectif, elles ont<br />

ici été adaptées à l’optimisation multiobjectif.<br />

Knapsack problem<br />

Les métho<strong>de</strong>s développées ont tout d’abord été<br />

appliquées au problème du sac à dos multidimensionnel<br />

multiobjectif. Ce problème consiste<br />

à sélectionner, parmi un ensemble d’objets, un<br />

sous-ensemble d’objets à placer dans un sac sans<br />

dépasser la capacité du sac, tout en maximisant les<br />

sommes <strong>de</strong> profits générés par les objets (à chaque<br />

objet sont associés plusieurs profits).<br />

Traveling salesman problem<br />

Nous avons ensuite considéré la résolution du problème<br />

<strong>de</strong> voyageur <strong>de</strong> commerce biobjectif. Etant<br />

donné un ensemble <strong>de</strong> villes, ce problème consiste<br />

à effectuer un tour en visitant chaque ville une et<br />

une seule fois. A chaque tour sont associées <strong>de</strong>ux<br />

valeurs, servant à mesurer la qualité du tour. Ces<br />

<strong>de</strong>ux valeurs peuvent être, par exemple, la distance<br />

et l’attractivité touristique du tour réalisé.<br />

Pour ces <strong>de</strong>ux problèmes, les résultats obtenus avec<br />

les métho<strong>de</strong>s développées sont meilleurs que ceux<br />

issus <strong>de</strong> la littérature scientifique.<br />

IMRT optimization<br />

La <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> ce travail concerne un problème<br />

multiobjectif très spécifique, qui intervient dans<br />

le traitement du cancer par radiothérapie conformationnelle<br />

avec modulation d’intensité (RCMI, en<br />

anglais IMRT). Le problème MOCO associé à ce<br />

procédé est la décomposition <strong>de</strong> matrices entières<br />

positives en une combinaison linéaire <strong>de</strong><br />

matrices binaires <strong>de</strong>vant respecter la propriété <strong>de</strong>s<br />

uns consécutifs. Une <strong>de</strong>s métaheuristiques développées<br />

a été appliquée, dans le but <strong>de</strong> générer une<br />

bonne approximation <strong>de</strong>s solutions efficaces <strong>de</strong> ce<br />

problème. Les résultats obtenus sont prometteurs<br />

pour <strong>de</strong>s instances aussi bien aléatoires que réelles.<br />

RÉSEAUX ÉLECTRIQUES MODERNES ET PRODUCTION<br />

D’ÉLECTRICITÉ D’ORIGINE ÉOLIENNE : parlons fiabilité !<br />

y Dr François Vallée, Génie Électrique<br />

Modélisation et simulation <strong>de</strong> la production d’électricité d’origine éolienne pour<br />

l’analyse technico-économique <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> transport électrique mo<strong>de</strong>rnes<br />

Suite aux volontés politiques actuelles <strong>de</strong> réduire les émissions <strong>de</strong> CO 2<br />

, les<br />

énergies à caractère renouvelable se sont vues projetées sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong><br />

la scène en termes d’alternatives aux sources conventionnelles peu respectueuses<br />

<strong>de</strong> leur environnement. Parmi les diverses énergies « vertes » qui<br />

se sont ainsi développées ces <strong>de</strong>rnières années, l’énergie éolienne peut être<br />

cataloguée comme l’une <strong>de</strong>s solutions les plus en vogue, si l’on s’en réfère à<br />

ses croissances passées et à venir.<br />

Dans ce contexte, le présent travail s’est focalisé sur une étu<strong>de</strong> d’adéquation<br />

du réseau <strong>de</strong> transport électrique en présence d’une pénétration significative<br />

d’énergie électrique d’origine éolienne. Dans cet ordre d’idées, <strong>de</strong>s modèles stochastiques<br />

originaux <strong>de</strong> production éolienne ont été développés et validés (sous<br />

Matlab®), avant <strong>de</strong> les introduire dans l’outil informatique Scanner© (propriété<br />

<strong>de</strong> la société Tractebel Engineering).<br />

La fonction première <strong>de</strong> ce logiciel est <strong>de</strong> fournir une analyse technico-économique<br />

<strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> développement prévues sur un réseau <strong>de</strong> transport<br />

électrique donné. Par conséquent, ce travail a nécessité la modification <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux étapes du processus <strong>de</strong> résolution implanté au sein <strong>de</strong> Scanner©. En effet,<br />

d’une part, les modèles stochastiques proposés pour la production éolienne ont<br />

été insérés au niveau <strong>de</strong> la génération <strong>de</strong>s divers états du système à étudier. Par<br />

la suite, cette production a encore dû être intégrée <strong>de</strong> manière adéquate à l’algorithme<br />

d’analyse <strong>de</strong>s différents états générés. A ce niveau, <strong>de</strong> manière à refléter<br />

au mieux la réalité, un raisonnement basé sur un retour d’expérience a conduit<br />

à considérer l’énergie éolienne comme une énergie <strong>de</strong> coût nul, non prévisible<br />

à long terme et pouvant être influencée par les contraintes <strong>de</strong> fonctionnement<br />

relatives aux réseaux <strong>de</strong> transport électrique mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Enfin, afin <strong>de</strong> démontrer son applicabilité, l’outil informatique proposé a été<br />

testé sur le réseau <strong>de</strong> transport électrique belge. De la sorte, l’enjeu majeur que<br />

représente le renforcement du réseau électrique flamand, en vue d’assurer une<br />

intégration massive <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> type éolien en Mer du Nord, a pu être<br />

mis en évi<strong>de</strong>nce. En effet, les résultats <strong>de</strong> simulation collectés ont démontré que<br />

l’accroissement, simultané, <strong>de</strong> cette puissance offshore et <strong>de</strong>s échanges internationaux<br />

d’électricité entre la France et les Pays-Bas risquaient <strong>de</strong> conduire à une<br />

saturation <strong>de</strong>s lignes électriques situées entre Gand et Anvers.<br />

POLY TECH N EWS 43 33


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

SYNTHÉTISER UNE VOIX EXPRESSIVE,<br />

UN PROBLÈME DE CONTRÔLE GESTUEL<br />

y Dr Nicolas d’Alessandro, Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />

Les objectifs <strong>de</strong> la synthèse vocale ont largement évolué sur ce <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong><br />

recherche, rencontrant <strong>de</strong>s défis <strong>de</strong> plus en plus complexes. Le premier défi, l’intelligibilité,<br />

est d’être compréhensible pour autrui. Plus tard, émerge une volonté <strong>de</strong><br />

produire <strong>de</strong>s voix au timbre naturel, autrement dit suffisamment proche <strong>de</strong> la voix<br />

humaine pour être confondant, et donc confortable. Aujourd’hui, le défi majeur est<br />

l’expressivité. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> synthèse, la voie <strong>de</strong> la continuité a été<br />

choisie. En effet, l’expressivité peut être vue comme une plus gran<strong>de</strong> diversification<br />

du timbre vocal, nécessitant donc d’enregistrer plus <strong>de</strong> données. En dépit <strong>de</strong><br />

ses résultats impressionnants, cette approche a <strong>de</strong>ux sérieux désavantages : elle<br />

conduit à enregistrer une quantité colossale <strong>de</strong> données et impose <strong>de</strong> représenter<br />

l’expressivité sous la forme d’un ensemble fini « d’émotions type ». Il en résulte une<br />

expression vocale caricaturale, loin <strong>de</strong> son aspect contextuel dans la vie réelle.<br />

Le but <strong>de</strong> cette thèse a été <strong>de</strong> considérer l’expressivité vocale comme un problème<br />

global d’interaction homme-machine. En effet, si un modèle « paramétrique » <strong>de</strong><br />

l’expressivité vocale est encore quelque peu utopique, l’existence d’une expression<br />

au sein <strong>de</strong> toutes les modalités <strong>de</strong> la communication humaine – et notamment le<br />

geste – ne fait aucun doute. Ainsi, il est apparu comme nettement plus intéressant<br />

d’encourager l’expressivité globale <strong>de</strong> l’interaction entre un humain et une machine<br />

vocale, plutôt que <strong>de</strong> travailler strictement sur une « machine vocale expressive ».<br />

Cette hypothèse d’interactivité a guidé quatre années <strong>de</strong> recherche dans les<br />

domaines <strong>de</strong> l’interaction homme-machine et <strong>de</strong> la synthèse vocale en temps réel,<br />

au terme <strong>de</strong>squelles plusieurs résultats concrets peuvent être soulignés. D’abord,<br />

un outil d’analyse <strong>de</strong> la source glottique, moteur physiologique <strong>de</strong> l’expressivité<br />

vocale. Ensuite, un synthétiseur vocal en temps réel, baptisé RAMCESS, utilisant<br />

simultanément <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> production (basées sur un modèle <strong>de</strong> la source<br />

glottique) et une base <strong>de</strong> données <strong>de</strong> voix coarticulée. Enfin, un contrôleur gestuel<br />

adapté à la production <strong>de</strong> voix, sous la forme d’une tablette graphique augmentée,<br />

baptisé le HANDSKETCH.<br />

Cette thèse a trouvé écho aussi bien dans le théâtre (METAmorphoZ, Compagnie<br />

D. Danis) que dans la musique (Musiques Nouvelles). Précurseur à l’UMONS dans<br />

le champ <strong>de</strong>s technologies performatives, ce travail a servi <strong>de</strong> base <strong>de</strong> réflexion<br />

lorsqu’il s’est agi <strong>de</strong> définir l’axe COPI du projet numediart.<br />

Document <strong>de</strong> thèse, détails et vidéos : http://www.nicolasdalessandro.net<br />

Projet numediart – Axe COPI : http://www.numediart.org/copi<br />

TRANCHE DE VIE…<br />

y Propos recueillis par Fabien Rogister<br />

Sa thèse <strong>de</strong> doctorat à peine défendue, Nicolas d’Alessandro démarre un postdoctorat<br />

à l’University of British Columbia. Le Polytech News l’interviewe.<br />

PN : Nicolas, tu entames un post-doc <strong>de</strong> trois ans à l’University of British<br />

Columbia (UBC), à Vancouver. Quelles sont tes motivations à partir<br />

en post-doc à l’étranger ? Pourquoi avoir choisi cette université et ce<br />

laboratoire en particulier ? Quelles sont les difficultés (matérielles,<br />

culturelles…) que tu as déjà pu rencontrer ?<br />

NdA : En fait, tout s’est un peu déroulé dans l’autre sens. En effet, c’est le laboratoire<br />

MAGIC (Media and Graphics Interdisciplinary Centre) <strong>de</strong> UBC – et plus<br />

particulièrement son chef <strong>de</strong> département le Prof. Sidney Fels – qui m’a<br />

approché pour ce job en décembre 2008. À cette époque, j’étais loin <strong>de</strong><br />

clôturer ma thèse – je n’ai déposé qu’en septembre 2009 – et loin <strong>de</strong> tout<br />

projet d’expatriation sur le plan personnel. Lorsqu’on entre dans la phase<br />

<strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> sa thèse, le seul projet d’avenir qu’on ait est « déposer ».<br />

Tous les thésards qui liront ces lignes comprendront <strong>de</strong> quoi je parle !<br />

Nicolas au travail (Johnty Wang)<br />

Néanmoins, on ne reste pas indifférent à une telle proposition. Envisager<br />

une expatriation à 12000 km <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, qui n’était pas du tout planifiée,<br />

empêche vraiment <strong>de</strong> dormir. D’un coté, l’ultimatum du dépôt qui <strong>de</strong>vient<br />

crucial. De l’autre, une foule <strong>de</strong> démarches administratives à entamer. Il y<br />

a également ce tour <strong>de</strong>s proches et collègues où on prend la température,<br />

à l’annonce du projet. Je sais que la discussion avec le Prof. Thierry Dutoit<br />

(mon superviseur <strong>de</strong> thèse) a été émouvante, car ni lui ni moi n’envisagions<br />

<strong>de</strong> nous séparer si vite. Mon parcours avec Thierry va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />

34 POLY TECH N EWS 43


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

la collaboration scientifique, il s’agit d’un mentorat implicite qui s’échelonne<br />

sur les dix <strong>de</strong>rnières années, et s’éloigner <strong>de</strong> ça est difficile.<br />

Mais <strong>de</strong>rrière la complexité et l’agitation que soulève une telle décision,<br />

vient un enthousiasme hors norme. En effet, le Canada, pays que je<br />

connais déjà bien – mon TFE s’est en effet déroulé à Montréal en 2004 –;<br />

Vancouver, ville dont la qualité <strong>de</strong> vie est classée parmi les top 10 mondial ;<br />

UBC dont le nombre <strong>de</strong> collaborateurs (étudiants et staffs) dépasse la<br />

population <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>; et enfin DiVA, le projet dont je prends le gouvernail,<br />

un <strong>de</strong>s projets les plus intéressants que j’ai vus en contrôle temps-réel <strong>de</strong><br />

voix expressive.<br />

PN : L’University of British Columbia est une université très réputée qui<br />

semble possé<strong>de</strong>r une infrastructure gigantesque. Quelle est l’ambiance<br />

<strong>de</strong> travail dans une telle université ? L’insertion d’un chercheur<br />

étranger dans la vie du laboratoire est-elle aisée ?<br />

NdA : En effet, UBC est gigantesque, c’est le mot. En Belgique, une population<br />

<strong>de</strong> 60000 personnes, c’est une petite ville. Et bien voilà, le campus <strong>de</strong><br />

UBC, c’est une petite ville: ses habitu<strong>de</strong>s, son rythme, ses quartiers (les<br />

rési<strong>de</strong>nces, les bâtiments universitaires, les magasins, le « bus loop »,<br />

son jardin botanique, etc). Mais en fait, le campus est un écosystème en<br />

soi (on pourrait vraiment y vivre sans en sortir) qui, avec quelque 60000<br />

personnes, reste à une échelle relativement humaine. Si vous vous bala<strong>de</strong>z<br />

à <strong>Mons</strong>, vous reconnaîtrez <strong>de</strong>s visages, et si vous êtes un habitué <strong>de</strong><br />

certains lieux, les commerçants vous reconnaîtront. La vie sur le campus<br />

est un peu pareille, on <strong>de</strong>vient progressivement un habitué <strong>de</strong> son coin (et<br />

<strong>de</strong> son Starbucks), ce qui rompt un peu avec le sentiment <strong>de</strong> gigantisme.<br />

C’est toujours un peu amusant <strong>de</strong> parler d’étranger dans un pays dont<br />

l’histoire mo<strong>de</strong>rne est basée à 100% sur l’immigration ! C’est encore plus<br />

vrai avec Vancouver, qui est probablement une <strong>de</strong>s villes les plus cosmopolites<br />

d’Amérique du Nord. La majorité <strong>de</strong>s gens ici ne sont pas <strong>de</strong> type<br />

caucasien, mais plutôt asiatique, indien, hispanique, etc. La vie vancouverite<br />

est donc très multiculturelle. De plus, UBC a une politique scientifique<br />

tournée vers l’extérieur. Il y a donc ici une quantité phénoménale d’étudiants<br />

et <strong>de</strong> chercheurs étrangers. Au final, ça crée un sentiment curieux<br />

que tout le mon<strong>de</strong> vient plus ou moins d’ailleurs, sauf lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />

regar<strong>de</strong>r un match <strong>de</strong> Hockey, là on est tous canadiens !<br />

Vue partielle du campus universitaire.<br />

Au loin se détachent<br />

les gratte-ciels <strong>de</strong> Vancouver<br />

(justiceatlast)<br />

Habitations et commerces<br />

sur le campus<br />

(Nicolas d’Alessandro)<br />

EURODOCINFO10 : RENCONTRES FRANCO-BELGES<br />

DE DOCTORANTS EN INFORMATIQUE<br />

y Dr Saïd Mahmoudi, Prof. Pierre Manneback<br />

Informatique<br />

Les rencontres EuroDocInfo sont organisées chaque<br />

année conjointement par l’Ecole Doctorale Thématique<br />

en informatique Grascomp (Graduate School in Computer<br />

Science), <strong>de</strong> la Communauté Wallonie-Bruxelles, et par<br />

l’Ecole doctorale <strong>de</strong>s Sciences pour l’Ingénieur, <strong>de</strong> la<br />

région Lille-Nord <strong>de</strong> la France.<br />

Après une première édition à Lille, une <strong>de</strong>uxième<br />

à <strong>Mons</strong> (organisée conjointement par la Faculté<br />

Polytechnique et la Faculté <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> l’UMONS),<br />

la troisième édition EuroDocInfo10 (EDI’ 10) a eu lieu à<br />

Valenciennes les 21 et 22 janvier 2010.<br />

L’objectif premier <strong>de</strong> ces rencontres est <strong>de</strong> permettre<br />

à <strong>de</strong>s jeunes doctorants d’exposer, parfois pour la<br />

première fois, leurs résultats <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong>vant<br />

un public diversifié <strong>de</strong> la discipline. L’utilisation <strong>de</strong><br />

l’anglais dans les communications est encouragée,<br />

ce qui permet la participation <strong>de</strong> chercheurs flamands<br />

(cette année, d’Anvers et <strong>de</strong> Gand) et étrangers. Dans<br />

une ambiance conviviale propice à stimuler innovation<br />

et recherche, les espaces <strong>de</strong> discussions après les<br />

exposés, les pauses-café et les repas ont constitué<br />

<strong>de</strong>s moments privilégiés afin d’assurer un maximum<br />

d’échanges entre doctorants.<br />

Cette année encore, les montois ont répondu présents,<br />

avec une délégation <strong>de</strong> sept personnes<br />

et <strong>de</strong>ux exposés : Thomas Drugman, aspirant<br />

FNRS dans le Service <strong>de</strong> Théorie <strong>de</strong>s Circuits<br />

et Traitement du Signal : « On the Glottal Flow<br />

Estimation and its Usefulness in Speech<br />

Processing » et Sébastien Noël, assistant dans<br />

le Service d’Informatique : « Service Access<br />

Negotiation in Grids ».<br />

Ces journées ont attiré globalement 50 participants:<br />

24 doctorants <strong>de</strong> la Région Nord (Lille, Valenciennes),<br />

9 doctorants <strong>de</strong> Belgique, tant <strong>de</strong> Bruxelles, <strong>de</strong><br />

Flandres, que <strong>de</strong> Wallonie (<strong>Mons</strong>, Louvain-La-Neuve,<br />

Liège), 11 académiques, belges et français (membres<br />

ou non du Comité Scientifique) et 6 participants <strong>de</strong><br />

Centres <strong>de</strong> Recherche (INRIA) ou d’entreprises actives<br />

dans les Technologies <strong>de</strong> l’information (ATOS).<br />

Au total, 22 exposés ont été présentés par les doctorants.<br />

Ces exposés ont couvert un large spectre <strong>de</strong> la<br />

recherche en informatique, <strong>de</strong>s aspects théoriques aux<br />

systèmes et aux applications, par exemple en bio-informatique<br />

ou en recherche opérationnelle. Ils ont bien<br />

représenté les recherches effectuées en informatique<br />

dans les laboratoires <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière<br />

franco-belge. Ces présentations sont disponibles sur le<br />

site <strong>de</strong>s rencontres http://www.eurodocinfo.org.<br />

Une session a été consacrée, le jeudi 21 janvier en<br />

fin <strong>de</strong> journée, au témoignage <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ingénieurs<br />

<strong>de</strong> la société ATOS qui ont expliqué la place <strong>de</strong>s<br />

docteurs en informatique dans leur société. L’an prochain,<br />

l’organisation <strong>de</strong>vrait incomber à la Belgique.<br />

Le Comité <strong>de</strong> Grascomp en débattra prochainement.<br />

POLY TECH N EWS 43 35


<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />

LES FACIÈS WEALDIENS DU BASSIN DE MONS :<br />

PALÉOENVIRONNEMENTS, GÉODYNAMIQUE ET VALORISATION INDUSTRIELLE<br />

y Dr Paul Spagna, Géologie<br />

Les sédiments du Crétacé inférieur (faciès wealdiens) <strong>de</strong> la partie nord-ouest du<br />

Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> correspon<strong>de</strong>nt aux Formations <strong>de</strong>s Argiles d’Hautrage (FAH) et<br />

<strong>de</strong>s Argiles <strong>de</strong> Sainte-Barbe (FASB), associées aux célèbres iguanodons du « cran<br />

<strong>de</strong> Bernissart ».<br />

Ces dépôts continentaux d’âge barrémien supérieur ont été replacés dans le<br />

contexte paléoenvironnemental et géodynamique du Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> et, à plus<br />

gran<strong>de</strong> échelle, <strong>de</strong> la bordure orientale <strong>de</strong> la gouttière wealdienne. Sur le plan<br />

industriel, leur potentiel en tant que matière première dans la filière du ciment blanc<br />

a été réévalué sur base <strong>de</strong> nouveaux critères, principalement granulométriques.<br />

Le paléoenvironnement <strong>de</strong> plaine alluviale et son évolution dans le temps ont<br />

pu être précisés à partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> 230 mètres d’épaisseur cumulée <strong>de</strong><br />

dépôts <strong>de</strong> la FAH. Il s’agit d’une plaine d’inondation orientée est-ouest et parcourue<br />

<strong>de</strong> chenaux méandriformes. Six séquences d’évolution du milieu y ont<br />

été distinguées. Elles s’expliquent par l’action combinée <strong>de</strong>s variations du niveau<br />

eustatique, <strong>de</strong> la subsi<strong>de</strong>nce et <strong>de</strong>s apports sédimentaires. L’environnement évolue<br />

ainsi d’un milieu <strong>de</strong> bordure (séquences 1 et 2) à une plaine alluviale franche<br />

(séquences 3, 4 et 5) puis, à <strong>de</strong>s chenaux fluviatiles sableux (séquence 6).<br />

Les déformations synsédimentaires enregistrées à l’échelle <strong>de</strong> la carrière<br />

d’Hautrage documentent <strong>de</strong> façon inédite la géométrie particulière en « poches<br />

» et la localisation <strong>de</strong>s gisements wealdiens, actuellement perchées sur<br />

le bord Nord du Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>. Elles renforcent l’idée <strong>de</strong> la progression vers<br />

le sud d’un front <strong>de</strong> dissolution karstique à gran<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.<br />

Reconstitution <strong>de</strong> la géométrie <strong>de</strong>s dépôts sédimentaires <strong>de</strong> la carrière<br />

d’Hautrage et du sens <strong>de</strong>s paléo-courants (flèches)<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la FASB a abouti à la caractérisation du paléoenvironnement lacustre<br />

<strong>de</strong> Bernissart. Trois unités sédimentaires ont été définies au sein <strong>de</strong>s dépôts<br />

laminaires récupérés lors <strong>de</strong> récents forages. Elles reflètent essentiellement<br />

les variations du niveau du lac.<br />

L’intégration <strong>de</strong>s résultats à l’échelle du nord-ouest européen montre que la<br />

paléovallée hainuyère, dont <strong>de</strong>s témoins ont pu être conservés grâce à une<br />

subsi<strong>de</strong>nce karstique unique en son genre, peut être considérée comme un <strong>de</strong>s<br />

affluents majeurs <strong>de</strong> la gouttière wealdienne du continent crétacé inférieur.<br />

CONTRIBUTION À L’ANALYSE DES EFFONDREMENTS DANS LES GISEMENTS EN PLATEURE<br />

y Dr Frédéric Bokwala, Génie Minier<br />

Le gisement <strong>de</strong> Kamoto-Principal (République Démocratique<br />

du Congo) est une ressource importante en<br />

cuivre et en cobalt <strong>de</strong>puis 1954, mais dont l’exploitation<br />

se heurte à <strong>de</strong>s effondrements répétés.<br />

Les couches minéralisées subhorizontales (en plateures) se situent à plus ou moins<br />

500 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur et sont exploitées par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chambres et<br />

piliers. Le défruitement excessif <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 80%, ainsi que la structure particulière<br />

du gisement, causent l’effondrement <strong>de</strong>s ouvrages miniers. Cette thèse visait à<br />

réaliser une analyse <strong>de</strong>s conditions d’effondrements, en étudiant le comportement<br />

géomécanique <strong>de</strong>s chambres et piliers par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s numériques, afin <strong>de</strong> proposer<br />

une solution pour la reprise <strong>de</strong> l’exploitation du gisement.<br />

petite échelle, c’est-à-dire à l’échelle <strong>de</strong>s travaux miniers. Les simulations ont<br />

été précédées d’une étu<strong>de</strong> paramétrique, qui a permis d’ajuster les paramètres<br />

géométriques et mécaniques, lesquels ont servi <strong>de</strong> données <strong>de</strong> base pour les<br />

<strong>de</strong>ux modèles.<br />

Les résultats <strong>de</strong>s simulations ont permis d’appréhen<strong>de</strong>r le processus <strong>de</strong> propagation<br />

<strong>de</strong>s effondrements et d’en estimer l’étendue. Sur base <strong>de</strong> ces résultats,<br />

une métho<strong>de</strong> d’exploitation par foudroyage a été proposée, pour reprendre<br />

l’exploitation <strong>de</strong> la partie effondrée du gisement en minimisant les risques d’extension<br />

du mouvement.<br />

Sur l’image, qui représente le niveau d’exploitation à 500 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, on<br />

remarque que la largeur <strong>de</strong>s piliers 1 et 2 est suffisante par rapport à leur hauteur.<br />

Par contre, le pilier 3 montre un écaillage central très avancé ; c’est ce genre <strong>de</strong><br />

pilier qui a provoqué <strong>de</strong>s effondrements.<br />

Afin <strong>de</strong> modéliser une section imposante <strong>de</strong>s structures rocheuses et <strong>de</strong>s<br />

ouvrages miniers, l’étu<strong>de</strong> a été menée en <strong>de</strong>ux étapes. Dans la première étape,<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s panneaux miniers ont été modélisés. Les mécanismes susceptibles<br />

d’affecter la stabilité globale <strong>de</strong>s ouvrages à l’échelle <strong>de</strong> la mine ont alors<br />

été investigués : pression <strong>de</strong> terrain, élancements <strong>de</strong>s piliers, largeur <strong>de</strong>s chambres,<br />

etc. Dans l’étape suivante, le problème a été réduit à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> stabilité à<br />

Vue <strong>de</strong> piliers étudiés dans l’exploitation souterraine <strong>de</strong> Cu-Co <strong>de</strong> Kamoto<br />

36 POLY TECH N EWS 43


LIAISONS<br />

IGNACE GATARE GAHANGARA :<br />

UN <strong>POLYTECH</strong> DEVENU MINISTRE DES TÉLÉCOMS AU RWANDA<br />

y Prof. Thierry Dutoit, Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />

Ignace Gatare Gahangara, diplômé en 2004 <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique, a été récemment désigné Ministre chargé<br />

<strong>de</strong> la Mondialisation, <strong>de</strong> la Technologie, <strong>de</strong> la Recherche scientifique et <strong>de</strong>s Technologies <strong>de</strong> la communication <strong>de</strong><br />

son pays d’origine, le Rwanda, par le prési<strong>de</strong>nt Paul Kagamé. Pour la petite histoire, Ignace Gatare avait reçu <strong>de</strong>ux<br />

prix au terme <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à la Polytech: celui du meilleur travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s dans le domaine <strong>de</strong>s télécommunications<br />

(Prix «SEE Telecom») et celui <strong>de</strong> l’étudiant le plus méritant (prix Forbat).<br />

A l’époque, I. Gatare s’était distingué sous la direction du professeur Blon<strong>de</strong>l, au<br />

Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunication. Son travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s<br />

portait alors sur le «contrôle <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> polarisation d’un laser à semi-conducteur<br />

<strong>de</strong> type VCSEL par injection optique <strong>de</strong> lumière polarisée». Il avait<br />

ensuite approfondi ses connaissances dans ce domaine très pointu en poursuivant<br />

ses étu<strong>de</strong>s à la VUB, puis via l’obtention d’un doctorat à Supélec à Metz.<br />

Flash-back sur le parcours <strong>de</strong> cet ingénieur atypique, diplômé en 2004 <strong>de</strong> la FPMs,<br />

grâce à un entretien réalisé au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> sa défense <strong>de</strong> thèse, en 2008.<br />

PN : Parle-moi <strong>de</strong> ton enfance, <strong>de</strong> ton pays d’origine et <strong>de</strong>s événements qui<br />

t’ont décidé à <strong>de</strong>venir ingénieur.<br />

I.G. : Je suis né le 27 Mars 1969 à Goma, une petite ville du Nord Kivu en RDC.<br />

Très jeune, j’étais très passionné par le bricolage, le <strong>de</strong>ssin, les sciences<br />

et les mathématiques. Ceci a probablement dicté mon orientation vers<br />

les étu<strong>de</strong>s secondaires techniques à l’issue <strong>de</strong>squelles j’ai décroché, en<br />

1987, le diplôme d’étu<strong>de</strong>s secondaires <strong>de</strong> cycle long, option électricité<br />

industrielle. L’idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir ingénieur était alors en soi un rêve pour moi.<br />

Heureusement, j’avais tout <strong>de</strong> suite été admis à la Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />

l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Kinshasa (UNIKIN) pour y poursuivre mes étu<strong>de</strong>s.<br />

PN : Comment as-tu eu l’idée <strong>de</strong> venir faire tes étu<strong>de</strong>s à la FPMs ?<br />

I.G. : C’est à la suite d’un concours <strong>de</strong> circonstances plus ou moins complexes…<br />

Brièvement, après un parcours très instable à l’UNIKIN suite aux troubles<br />

politiques dans les universités du Congo, j’ai finalement été forcé d’interrompre<br />

mes étu<strong>de</strong>s à cause <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1996. Je suis donc retourné<br />

dans mon pays d’origine (Rwanda) où j’ai travaillé comme électricien indépendant<br />

dans le secteur du bâtiment. En 2000, j’ai bénéficié d’une bourse<br />

d’étu<strong>de</strong>s du Ministère Rwandais <strong>de</strong> l’Education pour poursuivre mes étu<strong>de</strong>s<br />

d’ingénieur à l’étranger. Je connaissais un peu la FPMs via mes anciens<br />

professeurs à l’UNIKIN, mais ma décision finale <strong>de</strong> venir à <strong>Mons</strong> a été<br />

surtout facilitée par les conseils d’un Professeur rwandais qui connaissait<br />

bien les universités belges.<br />

PN : Pourquoi es-tu parti à Metz après tes étu<strong>de</strong>s à <strong>Mons</strong> ?<br />

I.G. : J’ai décidé d’aller à Supélec-Metz pour travailler comme doctorant dans<br />

un projet <strong>de</strong> collaboration entre Supélec et la VUB. J’avais déjà pris goût à<br />

la recherche lors <strong>de</strong> mon séjour au laboratoire <strong>de</strong> photonique <strong>de</strong> la VUB où<br />

j’ai réalisé mon TFE sous l’encadrement <strong>de</strong> Mr Marc Sciamanna, ancien<br />

Docteur FPMs actuellement enseignant-chercheur à Supélec.<br />

PN : Avec le recul que tu as maintenant par rapport aux diverses institutions<br />

universitaires que tu as fréquentées, comment situerais-tu ta<br />

formation à la FPMs ?<br />

I.G. : C’est difficile d’établir une comparaison entre la FPMs et les institutions<br />

que j’ai fréquentées mais je dirais que la formation polyvalente offerte à la<br />

FPMs reste un point très positif qui m’a permis <strong>de</strong> m’adapter et d’évoluer<br />

dans plusieurs environnements différents.<br />

Sa priorité est <strong>de</strong> doter les<br />

régions rurales <strong>de</strong> son pays<br />

d’un réseau mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />

télécommunications<br />

PN : Comment vois-tu ton avenir professionnel ?<br />

I.G. : Je vois mon avenir professionnel comme chercheur et enseignant. A court<br />

terme, je compte étendre mes compétences dans le domaine <strong>de</strong> la photonique<br />

via une expérience postdoctorale. Je rêve également <strong>de</strong> contribuer<br />

au développement <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’ingénieur en Afrique et au Rwanda<br />

en particulier. J’ai accepté <strong>de</strong> contribuer très prochainement à une mission<br />

comme enseignant visiteur dans un établissement universitaire au Rwanda.<br />

Ce sera aussi une occasion intéressante pour moi d’entrer en contact avec<br />

le milieu académique Rwandais.<br />

PN : Quel message voudrais-tu faire passer à nos étudiants ou à nos<br />

chercheurs ?<br />

I.G. : J’aimerais particulièrement m’adresser aux étudiants qui souhaitent<br />

orienter leur carrière dans la recherche <strong>de</strong> ne pas hésiter à consulter les<br />

membres <strong>de</strong> différentes unités <strong>de</strong> recherche qui sont actives au sein <strong>de</strong><br />

la FPMs. En ce qui me concerne, par exemple, le choix <strong>de</strong> mon travail <strong>de</strong><br />

fin d’étu<strong>de</strong>s m’avait beaucoup aidé à mûrir ma décision <strong>de</strong> poursuivre <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s doctorales après mon gra<strong>de</strong> d’ingénieur. Je pense aussi qu’une<br />

vulgarisation « top-down » sur le métier <strong>de</strong> chercheur auprès <strong>de</strong>s élèves<br />

ingénieurs peut les ai<strong>de</strong>r dans leur choix à envisager cette expérience très<br />

intéressante.<br />

De la suite dans les idées…<br />

Devenu aujourd’hui Ministre, Ignace Gatare Gahangara a annoncé que sa<br />

priorité est <strong>de</strong> doter les régions rurales <strong>de</strong> son pays d’un réseau mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />

télécommunications.<br />

POLY TECH N EWS 43 37


LIAISONS<br />

LA FÊTE DU ROI 2009 :<br />

LES CHERCHEURS À L’HONNEUR<br />

y Prof. Edouard Rivière, Génie Mécanique<br />

En Belgique, le 15 novembre (jour <strong>de</strong><br />

la saint Léopold) est célébrée la Fête<br />

du Roi, durant laquelle les autorités<br />

du pays ren<strong>de</strong>nt hommage à notre<br />

souverain. Cette année, la recherche<br />

scientifique était mise à l’honneur.<br />

Ce thème a été choisi à l’occasion du<br />

100 e anniversaire <strong>de</strong> la prestation <strong>de</strong><br />

serment du Roi Albert I er , pour qui le<br />

progrès scientifique était un pilier important<br />

du développement <strong>de</strong>s nations.<br />

Dans ce contexte, <strong>de</strong>s représentants<br />

<strong>de</strong> notre Faculté ont été invités aux<br />

cérémonies civiles organisées au palais<br />

provincial et au palais <strong>de</strong> la Nation.<br />

« La science pure est la condition indispensable <strong>de</strong> la<br />

science appliquée… le sort <strong>de</strong>s nations qui négligeront<br />

la science et les savants est marqué pour la déca<strong>de</strong>nce<br />

». Cette phrase, extraite du discours prononcé<br />

le premier octobre 1927 dans les halls <strong>de</strong> l’entreprise<br />

Cockerill, illustre l’attachement du roi chevalier au développement<br />

scientifique <strong>de</strong> notre pays. Son initiative<br />

sera d’ailleurs à la base même <strong>de</strong> la création du Fonds<br />

National <strong>de</strong> la Recherche Scientifique.<br />

A l’occasion <strong>de</strong> la Fête du Roi, les Gouverneurs <strong>de</strong>s<br />

Provinces étaient encouragés à mettre à l’honneur <strong>de</strong>s<br />

représentants du mon<strong>de</strong> scientifique en les invitant à la<br />

Une partie <strong>de</strong>s chercheurs se sont installés sur les bancs du sénat<br />

(Source : www.senate.be ©Guy Goossens - Sénat <strong>de</strong> Belgique)<br />

cérémonie civile au palais <strong>de</strong> la Nation. Clau<strong>de</strong> Durieux,<br />

Gouverneur du Hainaut, a choisi <strong>de</strong> se faire accompagner<br />

par une vingtaine <strong>de</strong> chercheurs et d’étudiants représentant<br />

les universités et hautes écoles <strong>de</strong> la province.<br />

Dans la matinée, les chercheurs ont été invités au<br />

palais provincial pour une cérémonie protocolaire. On<br />

comptait parmi eux sept membres <strong>de</strong> notre Faculté<br />

(assistants, chercheurs et étudiants). Cette cérémonie<br />

a donné l’occasion à Thomas Dubuisson <strong>de</strong> présenter<br />

un discours décrivant sa vision personnelle du métier<br />

<strong>de</strong> chercheur. Un métier pour lequel le développement<br />

personnel et les échanges entre personnes prennent<br />

une place primordiale.<br />

La délégation a ensuite pris la route pour Bruxelles pour la<br />

cérémonie civile, en présence <strong>de</strong> la Famille Royale (mais<br />

pas du Roi ni <strong>de</strong> la Reine, traditionnellement absents) et<br />

<strong>de</strong>s hautes autorités du pays. Dans leurs discours, les<br />

prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Chambre, du Sénat ainsi que le Premier<br />

ministre ont insisté sur les gran<strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> notre<br />

petit pays et sur quelques scientifiques belges <strong>de</strong> renommée<br />

internationale. Frank De Winne a par ailleurs envoyé<br />

un message en direct <strong>de</strong> la station spatiale internationale<br />

dont il assurait le comman<strong>de</strong>ment.<br />

Nul doute que cette reconnaissance <strong>de</strong> la place<br />

<strong>de</strong>s scientifiques dans la société est une source <strong>de</strong><br />

motivation supplémentaire pour nos chercheurs…<br />

et pourquoi pas une ai<strong>de</strong> à la création <strong>de</strong> vocations !<br />

Discours <strong>de</strong> Thomas Dubuisson au Palais<br />

Provincial (©Frédéric Collart)<br />

Thomas Dubuisson :<br />

vision personnelle du métier <strong>de</strong> chercheur<br />

(extraits <strong>de</strong> son discours)<br />

« Être chercheur, c’est avoir l’opportunité <strong>de</strong> se consacrer pleinement à un sujet précis<br />

<strong>de</strong> recherche. On en <strong>de</strong>vient habité, on ne pense plus qu’à ça. (…) Cette passion<br />

pour un sujet <strong>de</strong> recherche va <strong>de</strong> pair avec une perpétuelle remise en question. »<br />

« Ce métier me permet aussi <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s choses concrètes. Ceci est fondamental<br />

<strong>de</strong> par ma formation d’ingénieur. J’ai besoin <strong>de</strong> voir que les connaissances scientifiques<br />

ont une application dans la vie <strong>de</strong> tous les jours et qu’elles ont une utilité<br />

pour les personnes. »<br />

« La communication entre chercheurs est selon moi l’aspect humain le plus intéressant<br />

dans la recherche. Cela se fait à plusieurs niveaux. A un niveau local, travailler<br />

dans un laboratoire me permet <strong>de</strong> confronter mes idées à celles <strong>de</strong> mes collègues,<br />

certains étant eux-mêmes experts dans leur domaine (…) A un niveau national ou<br />

international, j’ai eu à maintes reprises l’occasion <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s chercheurs et<br />

experts du mon<strong>de</strong> entier (…) Cela m’apporte beaucoup au point <strong>de</strong> vue humain<br />

(rencontre d’autres cultures, d’autres sensibilités) et au point <strong>de</strong> vue technique, car<br />

leurs idées sont parfois radicalement différentes <strong>de</strong>s miennes, mais intéressantes.<br />

On est donc loin <strong>de</strong> l’image du chercheur ermite dans son laboratoire! »<br />

« L’échange d’idées se réalise également entre chercheurs n’évoluant pas dans le<br />

même domaine <strong>de</strong> recherche. (…) Discuter avec ces personnes fournit un autre<br />

regard sur mon travail et m’amène parfois à concevoir <strong>de</strong> nouvelles techniques<br />

s’inspirant <strong>de</strong> leur travail ou à appliquer mes propres techniques à <strong>de</strong>s problèmes<br />

ne présentant pas a priori <strong>de</strong> connexion avec les miens. »<br />

« Être chercheur me permet <strong>de</strong> participer à la constitution d’un héritage scientifique. »<br />

« Être chercheur, c’est assurer la publicité <strong>de</strong> notre pays à l’étranger. »<br />

38 POLY TECH N EWS 43


LE MOT DU SERVICE LANGUES<br />

APPRENDRE LE NÉERLANDAIS ET LE FRANÇAIS GRATUITEMENT,<br />

OÙ ET QUAND VOUS VOULEZ<br />

y Viviane Grisez, Jean-Marc Hilson, Laurence Chainaye<br />

Franel (www.franel.eu), le site Internet d’apprentissage<br />

du néerlandais et du français, gratuit et accessible à<br />

tous, poursuit son développement pédagogique et technologique<br />

dans le cadre du projet INTERREG IV - COBALT<br />

et lance <strong>de</strong> nouveaux modules orientés métiers. Lors<br />

d’une conférence <strong>de</strong> presse, organisée à <strong>Mons</strong> le 29 janvier<br />

<strong>de</strong>rnier, l’équipe du Service <strong>de</strong> Langues <strong>de</strong> la Faculté<br />

Polytechnique, en étroite collaboration avec Le Forem, a<br />

présenté les facettes innovantes qui font <strong>de</strong> Franel une<br />

plateforme e-learning dynamique et attrayante.<br />

Créé en 2006 par la K.U. Leuven (campus <strong>de</strong> Courtrai) et l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Lille 3,<br />

dans le cadre du projet Lingu@tic, Franel est un site Internet d’apprentissage du<br />

français et du néerlandais comme langues étrangères. Il a pour objectif d’améliorer<br />

les connaissances linguistiques dans la région transfrontalière entre la France, la<br />

Flandre et la Wallonie. Soutenu par le FEDER (Fonds Européen <strong>de</strong> Développement<br />

Régional) et les Régions Nord-Pas <strong>de</strong> Calais, wallonne et flaman<strong>de</strong>, le développement<br />

<strong>de</strong> ce site a nécessité la collaboration <strong>de</strong> pas moins <strong>de</strong> 12 partenaires français<br />

et belges, dont l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (Faculté Polytechnique) et Le Forem, qui ont<br />

rejoint le projet en 2008.<br />

Destiné à toute personne désireuse d’améliorer son niveau <strong>de</strong> néerlandais ou <strong>de</strong><br />

français, ce site compte déjà plus <strong>de</strong> 25 000 utilisateurs, principalement basés en<br />

Flandre et en France.<br />

Un succès qui repose sur les nombreux<br />

atouts <strong>de</strong> Franel<br />

Franel est gratuit et facile d’utilisation (il ne nécessite aucune installation). En<br />

outre, il utilise <strong>de</strong>s reportages authentiques fournis par les télés régionales <strong>de</strong>s<br />

régions transfrontalières et offre une multitu<strong>de</strong> d’exercices interactifs. Il propose<br />

également Studio Franel, un outil pour permettre à l’enseignant ou au formateur<br />

<strong>de</strong> suivre sa classe.<br />

Aujourd’hui, Franel franchit une nouvelle étape<br />

D’une part, Franel étend sa gamme d’activités aux niveaux peu avancés (A2, A2+),<br />

vu la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue tant dans l’enseignement institutionnel que dans le marché<br />

<strong>de</strong> la formation professionnelle. C’est dans ce contexte que Le Forem a développé<br />

<strong>de</strong>ux modules A2+, lancés le jour <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> presse, consacrés aux métiers<br />

<strong>de</strong> cariste (heftruckbestuur<strong>de</strong>r) et d’agent <strong>de</strong> surveillance (bewakingsagent),<br />

qu’il compte intégrer dans son offre <strong>de</strong> formation. Par ailleurs, <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la vie<br />

courante vont être tournées sur base <strong>de</strong> dialogues semi-authentiques conçus par<br />

les équipes universitaires et joués par <strong>de</strong>s étudiants en art dramatique.<br />

D’autre part, Franel va mo<strong>de</strong>rniser son interface en intégrant <strong>de</strong> nouvelles technologies.<br />

Grâce à la collaboration d’Acapela Group, un nouveau partenaire technologique<br />

<strong>de</strong> renommée internationale, l’ « environnement » va parler à l’apprenant, mais aussi<br />

proposer <strong>de</strong>s activités d’expression orale et <strong>de</strong> prononciation via les solutions <strong>de</strong><br />

reconnaissance et <strong>de</strong> synthèse vocale. En outre, en exploitant les technologies Web<br />

2.0, le site va rendre l’apprentissage <strong>de</strong>s internautes personnalisé et collaboratif.<br />

Reste donc à Franel à conquérir la Région wallonne, territoire où il est encore<br />

trop peu utilisé!<br />

LA FPMs PUBLIE<br />

M. Benjelloun, S. Mahmoudi, « Semi-Automatique Vertebra<br />

Segmentation », chapter 5, pages 110-124, in Handbook of<br />

Research on Developments in E-health and Telemedicine:<br />

Technological and Social Perspectives, edited by IGI Global,<br />

Medical Information Science Reference, January 2010.<br />

ISBN-10: 1615206701, ISBN-13: 978-1615206704<br />

C. Bouquegneau, « External Lightning Protection System »,<br />

chapter 6, paged 307-354, in Lightning Protection, edited<br />

by V. Cooray, IET, Power and Energy Series 58, London,<br />

January 2010<br />

Y. Quinif, M. Frère, C. Havron, G. Quinif, « Les géothermies à<br />

basse temperature », in La géothermie, une énergie à creuser<br />

en Wallonie, IPH, mars 2009, ISBN: 978-0-387-74534-3.<br />

D. Thomas, « NOx (Oxy<strong>de</strong>s d’azote) », Techniques <strong>de</strong> l’Ingénieur<br />

– Paris, G 1805, ISSN 1282-9080 (16p)<br />

H. Wilquin, « Aluminium architecture » , Editions China<br />

Architecture and Building Press – Beijing ( Chine), octobre<br />

2009. 152 pages, 25 illustrations couleurs, 300 illustrations<br />

noir et blanc, relié, cartonné, ISBN 978-7-112-09-872-9<br />

POLY TECH N EWS 43 39


ACTIVITÉS ORGANISÉES PAR LA FACULTÉ <strong>POLYTECH</strong>NIQUE DE MONS POUR LES ÉTUDIANTS DU SECONDAIRE<br />

VOUS SOUHAITEZ…<br />

PARTICIPEZ À...<br />

Vous informer sur les étu<strong>de</strong>s<br />

et l’examen d’admission<br />

JOURNÉES PORTES OUVERTES 2010<br />

À <strong>Mons</strong><br />

Le 13 mars à l’amphithéâtre R. Stiévenart (53, rue du Joncquois)<br />

Information, inscription et démonstrations scientifiques (9h-12h30)<br />

Le 24 avril à l’amphitéatre R. Stiévenart (53, rue du Joncquois)<br />

Portes ouvertes sur les étu<strong>de</strong>s et les métiers d’ingénieur civil<br />

(9h-12h30)<br />

Le 26 juin sur les 2 campus « Grands Amphis » et « Place Warocqué »<br />

Information et inscription (9h-12h30)<br />

À Charleroi<br />

Le 5 mai sur le campus <strong>de</strong> Charleroi (38-40, bd Joseph II)<br />

Information et inscription (14h-18h)<br />

Faire le plein <strong>de</strong> sciences<br />

PRINTEMPS DES SCIENCES 2010<br />

À <strong>Mons</strong><br />

samedi 27 au dimanche 28 mars à l’Hôtel <strong>de</strong> Ville <strong>de</strong> la Grand-Place<br />

<strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (14h-18h) - gratuit et sans réservation<br />

Festival scientifique pour petits et grands<br />

À la Polytech<br />

le 23 mars : Fête <strong>de</strong>s sciences<br />

(amphithéâtre R. Stiévenart, 53, rue du Joncquois)<br />

Activités scientifiques pour le scolaire (primaire et le secondaire)<br />

Participation gratuite sur inscription préalable (complet!)<br />

Participer à un stage<br />

STAGES FPMS JEUNES - PÂQUES 2010<br />

À <strong>Mons</strong><br />

du mardi 13 au jeudi 15 avril<br />

12 stages proposés (dont 3 nouveaux), dans les différents domaines<br />

<strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’Ingénieur.<br />

Visiter une exposition<br />

EXPOSITION « EXPLORER L’INVISIBLE »<br />

À <strong>Mons</strong><br />

du 5 mars au 11 avril 2010<br />

Salle Saint-Georges, Grand-Place <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />

Organisateurs : ApplicaSciences et Carré <strong>de</strong>s Sciences.<br />

Vous préparer à l’examen<br />

d’admission<br />

À <strong>Mons</strong>, à Charleroi et à Tournai<br />

pour la 1 ère session <strong>de</strong> l’examen d’admission – inscriptions avant le 24 juin<br />

Les mercredis 21 et 28 avril 2010, <strong>de</strong> 14h à 17h<br />

Les mercredis 5, 12 et 19 mai 2010, <strong>de</strong> 14h à 17h<br />

Epreuves d’admission : du 28 juin au 6 juillet 2010<br />

À <strong>Mons</strong> uniquement<br />

pour la 2 ème session <strong>de</strong> l’examen d’admission – inscriptions avant le 27 août<br />

du lundi 16 août au vendredi 20 août 2010, <strong>de</strong> 9h à 17h<br />

Epreuves d’admission : du 30 août au 3 septembre 2010<br />

Pour toute information complémentaire à l’une <strong>de</strong> ces activités,<br />

nous vous invitons à visiter les pages <strong>de</strong> notre site internet :<br />

http://www.umons.ac.be/polytech ou à contacter la Cellule <strong>de</strong> Diffusion<br />

<strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> la Polytech par mail (applicasciences@umons.ac.be).

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