POLYTECH.NEWS - Université de Mons
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POLY T E C H .<strong>NEWS</strong><br />
Le journal <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />
19 e année | publié en mars 2010| www.umons.ac.be/polytech-news | n°43<br />
DOSSIER :<br />
CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />
La Polytech au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />
Recherche et doctorats<br />
en pleine effervescence !
Sommaire<br />
P OLY TECH.<strong>NEWS</strong><br />
Le journal <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />
19 e année | publié en mars 2010| www.umons.ac.be/polytech-news | n°43<br />
DOSSIER :<br />
CRÉATIVITÉ ET INNOVATION DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />
La Polytech au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />
Recherche et doctorats<br />
en pleine effervescence !<br />
Éditeur Responsable<br />
Paul Lybaert<br />
Doyen <strong>de</strong> la FPMs<br />
Comité <strong>de</strong> Rédaction<br />
Diane Thomas<br />
Rédactrice en chef<br />
Jonathan Toubeau<br />
Secrétaire <strong>de</strong> rédaction<br />
Jean-Marc Baele, Eric Dumont,<br />
Viviane Grisez, Saïd Mahmoudi,<br />
Christine Martens, Edouard Rivière,<br />
Fabien Rogister, Alain Sabbe,<br />
Céline Thillou, Dominique Wynsberghe<br />
Comité <strong>de</strong> Rédaction<br />
Michel Bagein, Radhwan Ben Madhkour,<br />
Frédéric Bokwala, Quentin Bombled,<br />
Christophe Caucheteur, Laurence<br />
Chainaye, Kamil Chodzynski,<br />
Nicolas d’Alessandro, Pascal Damman,<br />
Guy De Weireld, Laurent Debailleux,<br />
Marc Debliquy, André Decroly,<br />
Christian Delvosalle, Thomas Dubuisson,<br />
Thierry Dutoit, Lahcen El Hiki,<br />
Hongying Fei, Moncef Gazdallah,<br />
Guillaume Goffaux, Anne-Lise Hantson,<br />
Jean-Marc Hilson, Jad Jalwan,<br />
Myriam Kamouh,Georges Kouroussis,<br />
Nicolas Linze, Patricia Lorent,<br />
ÉDITORIAL .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3<br />
INTERVIEW DU RECTEUR > Notre i<strong>de</strong>ntité au sein <strong>de</strong> l’UMONS .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4<br />
LE MOT DU DOYEN .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6<br />
DOSSIER : Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur .. . . . . . . 7<br />
> La marche <strong>de</strong> l’innovateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />
> Des matériaux innovants au service du plus grand nombre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10<br />
> Développement <strong>de</strong> capteurs <strong>de</strong> vibrations à fibres optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />
> Détecter <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong> gaz à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg fibrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />
> L’open innovation .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13<br />
> Greenrail : un rail moins énergivore .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15<br />
> Le projet ARC-OLIMP ou comment exploiter la puissances<br />
<strong>de</strong>s architectures hétérogènes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />
> L’ingénierie <strong>de</strong>s systèmes embarqués : l’exemple du robot insectoï<strong>de</strong> .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />
> Quand <strong>de</strong>s éditeurs belges <strong>de</strong> logiciels se donnent la main : projet MULTI PHI . . . . . . . . 17<br />
> « Bon pour le service » <strong>de</strong> l’innovation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />
> Reproduire la mécanique pulsatile sanguine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />
> Ingénieur et artiste : alchimie ou répulsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />
PÊLE-MÊLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />
SÉMINAIRES > Le Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure amorce 2010<br />
sur les chapeaux <strong>de</strong> roue ! .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />
> Le 14 octobre 2009, l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a mis la qualité à l’honneur .. . 25<br />
> [Re]vie à ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />
RECHERCHE > Participation <strong>de</strong> trois services <strong>de</strong> la FPMs<br />
au projet INTERREG IV « REDUGAZ » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />
> Inauguration <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nouvelles salles <strong>de</strong> culture pour le Pôle Biosys . . . . 27<br />
DIFFUSION DES SCIENCES > Étudiant d’un jour en Polytech .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27<br />
> « Explorer l’invisible » à la Polytech . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28<br />
> Y a-t-il un ingénieur dans la classe ? .. . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong> .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />
LIAISONS > Ignace Gatare Gahangara : un Polytech <strong>de</strong>venu Ministre<br />
<strong>de</strong>s télécoms au Rwanda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />
> La fête du Roi 2009 : les chercheurs à l’honneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38<br />
LE MOT DU SERVICE LANGUES .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />
LA FPMS PUBLIE .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />
ACTIVITÉS ORGANISÉES PAR LA FPMS POUR LES ÉTUDIANTS DU SECONDAIRE . . . . 40<br />
Thibaut Lust, Sidi Mahmoudi,<br />
Pierre Manneback, Mohand Mezmaz,<br />
Christine Renotte, Valéry Saintghislain,<br />
Valérie Sciamanna, Paul Spagna,<br />
Pierre Tihon, Todor Todoroff,<br />
Daniel Tuyttens, François Vallée,<br />
Michel Vankerkem, Véronique Vitry,<br />
David Wattiaux, Giancarlo Zidda<br />
Rédacteurs invités
EDITORIAL<br />
EDITORIAL<br />
y Prof. Diane Thomas<br />
A ceux qui le pensaient <strong>de</strong>puis juin <strong>de</strong>rnier : « Non, le Polytech News n’est pas<br />
mort ! ». Car la Polytech <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> désire toujours, grâce à sa revue, communiquer<br />
sur ses actions, ses réalisations et ses spécificités.<br />
Vive dès lors le nouveau numéro du Polytech News, 43 ème <strong>de</strong> la série !<br />
Vous l’avouerez, cela aurait été dommage <strong>de</strong> s’arrêter en si bon chemin…<br />
Alexandre Amorison et Joëlle Tilmant, respectivement anciens rédacteur en<br />
chef et secrétaire <strong>de</strong> rédaction, ont jusqu’à leur <strong>de</strong>rnier numéro œuvré <strong>de</strong><br />
main <strong>de</strong> maître (en collaboration bien entendu avec une équipe dynamique<br />
<strong>de</strong> rédacteurs !) pour nous concocter une revue <strong>de</strong> qualité, variée dans son<br />
contenu et ses thématiques abordées. Qu’Alex et Joëlle soient ici chaleureusement<br />
remerciés pour l’« héritage » légué, patrimoine que nous désirons<br />
sauvegar<strong>de</strong>r en conservant globalement l’esprit du Polytech News. Tout au<br />
plus (et si vous êtes attentifs) décèlerez-vous quelques petites évolutions<br />
dans ce nouveau numéro.<br />
Le contenu <strong>de</strong> celui-ci se décline en plusieurs thèmes.<br />
Dès la rentrée académique 2009-2010, la FPMs et l’UMH ont décidé <strong>de</strong><br />
s’associer au sein <strong>de</strong> la nouvelle <strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> pour s’imposer dorénavant<br />
dans le nouveau paysage universitaire <strong>de</strong> la Communauté française.<br />
Calogero Conti, Recteur <strong>de</strong> l’UMONS <strong>de</strong>puis le 1 er octobre <strong>de</strong>rnier, ex-recteur<br />
<strong>de</strong> la FPMs, nous parlera <strong>de</strong> sa vision <strong>de</strong> la fusion, <strong>de</strong> la nouvelle i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />
la Faculté Polytechnique, <strong>de</strong>s opportunités à saisir et <strong>de</strong>s nouveaux challenges<br />
à relever. Notre Recteur reste, très clairement, un ar<strong>de</strong>nt défenseur<br />
du développement <strong>de</strong> collaborations et <strong>de</strong> synergies pour promouvoir une<br />
recherche <strong>de</strong> qualité et garantir notre attractivité à l’échelle internationale.<br />
Paul Lybaert, Doyen <strong>de</strong> la FPMs, insiste quant à lui sur la contribution<br />
fondamentale <strong>de</strong> la Polytech à un enseignement s’adaptant à une société<br />
en perpétuelle évolution et formant <strong>de</strong>s ingénieurs polyvalents aux compétences<br />
diversifiées.<br />
Le dossier <strong>de</strong> ce numéro concerne « La Créativité et l’Innovation dans le métier<br />
<strong>de</strong> l’ingénieur ». Son but est <strong>de</strong> sensibiliser à ces concepts qui s’affirment<br />
comme d’essentiels moteurs <strong>de</strong> développement économique et social, mais<br />
aussi au niveau personnel.<br />
Carte blanche a été laissée aux divers groupes <strong>de</strong> recherches <strong>de</strong> la FPMs<br />
pour illustrer leur propre vision appliquée <strong>de</strong> cette thématique. Vous aurez<br />
ainsi le loisir <strong>de</strong> constater les très vastes domaines <strong>de</strong> l’ingénierie (conception<br />
<strong>de</strong> nouveaux matériaux, création <strong>de</strong> spectacles, applications en sécurité,<br />
gestion <strong>de</strong>s ressources humaines…) dans lesquels <strong>de</strong>s idées créatives et<br />
innovantes peuvent s’exprimer en toute liberté et efficacité.<br />
Le dossier est également complété <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux contributions plus générales.<br />
La première, qui se présente sous forme <strong>de</strong> fable, illustre la dualité entre<br />
les comportements traditionnaliste et innovant. La secon<strong>de</strong> porte sur l’Open<br />
Innovation, adoptée dans certaines sociétés adhérant à une recherche<br />
« extériorisée », en collaboration harmonieuse avec les universités.<br />
Un coup <strong>de</strong> projecteur est aussi braqué sur le doctorat à la FPMs.<br />
En effet, notre institution a diplômé, <strong>de</strong>puis juillet <strong>de</strong>rnier, dix docteurs dans<br />
divers domaines <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’ingénieur, ce qui constitue un record ! Nous<br />
profitons donc <strong>de</strong> cette tribune pour affirmer, à nouveau, la volonté <strong>de</strong> la FPMs<br />
<strong>de</strong> rendre plus intense la recherche appliquée dans le cadre <strong>de</strong> thèses <strong>de</strong><br />
doctorat en attirant <strong>de</strong>s étudiants motivés, en recherchant <strong>de</strong>s subsidiations<br />
diverses, en collaboration éventuelle avec <strong>de</strong>s industries pour renforcer le côté<br />
applicatif stimulant, à la quête <strong>de</strong> résultats scientifiques méritant leur publication<br />
dans <strong>de</strong>s revues <strong>de</strong> niveau international, leur protection par <strong>de</strong>s brevets et<br />
leur valorisation.<br />
Les témoignages <strong>de</strong> jeunes docteurs confirment que la réalisation d’une thèse<br />
<strong>de</strong> doctorat permet d’exprimer, <strong>de</strong> façon unique, son goût du challenge, sa<br />
créativité et sa pensée souvent novatrice, et d’accomplir un projet professionnel<br />
personnel et ambitieux, encadré par une équipe universitaire ou supervisé<br />
par un centre <strong>de</strong> recherches ou une entreprise.<br />
Enfin, la qualité <strong>de</strong> nos jeunes chercheurs et docteurs est indéniablement au<br />
ren<strong>de</strong>z-vous: par l’excellente valeur <strong>de</strong> leurs travaux ou l’originalité <strong>de</strong> leur carrière,<br />
<strong>de</strong>s docteurs se sont ainsi particulièrement distingués en Belgique et à<br />
l’étranger. L’occasion était trop belle que pour ne pas le mettre en évi<strong>de</strong>nce…<br />
Contrairement à ce que l’on pourrait penser a priori, les trois idées-clés développées<br />
dans ce numéro du Polytech News ne sont pas indépendantes. Elles<br />
relaient en effet un message cohérent : une volonté d’intensifier la recherche<br />
scientifique, faisant la part belle aux réalisations innovantes et aux projets<br />
créatifs, s’impose incontestablement à la FPMs, dans un nouveau contexte<br />
universitaire dynamisant !<br />
Laissez-vous convaincre par ce message …<br />
POLY TECH N EWS 43 3
INTERVIEW DU RECTEUR<br />
NOTRE IDENTITÉ AU SEIN DE L’UMONS :<br />
entretien avec <strong>Mons</strong>ieur le Recteur Calogero CONTI<br />
y Propos recueillis par Edouard Rivière<br />
4 POLY TECH N EWS 43<br />
PN : La Faculté a toujours été une institution monofacultaire.<br />
La fusion nous fait <strong>de</strong>venir l’une <strong>de</strong>s<br />
facultés <strong>de</strong> l’UMONS. Dans ce cadre, qu’en estil<br />
<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité propre ‘Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />
<strong>Mons</strong>’ et pensez-vous que cette i<strong>de</strong>ntité doit<br />
être maintenue ?<br />
C.C. : La Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a une<br />
i<strong>de</strong>ntité forte. Depuis <strong>de</strong> nombreuses<br />
années, elle s’implique dans la formation<br />
universitaire <strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> la région et<br />
dans le développement régional. Son nom<br />
est associé à un label <strong>de</strong> qualité qui dure<br />
<strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 170 ans et qui continuera<br />
à traverser le temps. Le décret <strong>de</strong> création<br />
<strong>de</strong> l’UMONS prévoit d’ailleurs explicitement<br />
que la dénomination ‘Faculté Polytechnique<br />
<strong>de</strong> <strong>Mons</strong>’ sera officiellement maintenue.<br />
Dans un contexte multifacultaire, la Faculté<br />
Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> dispose d’une autonomie<br />
<strong>de</strong> gestion basée sur l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong><br />
ses recettes et dépenses qu’elle gèrera durant<br />
les cinq prochaines années. Parallèlement,<br />
elle s’intègrera progressivement au sein d’une<br />
<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> consolidée qui pourra<br />
mieux œuvrer pour le développement <strong>de</strong> l’enseignement<br />
supérieur dans le Hainaut.<br />
PN : Quels sont les éléments principaux <strong>de</strong> synergie<br />
favorables à la Faculté Polytechnique au<br />
sein <strong>de</strong> l’UMONS suite à la fusion ?<br />
C.C. : Face à l’évolution actuelle <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong><br />
l’enseignement supérieur, j’ai toujours été<br />
convaincu que la principale logique à privilégier<br />
est la logique géographique. C’est ce que<br />
nous avons voulu appliquer car, comparativement<br />
à d’autres logiques – philosophiques ou<br />
autres – c’est la seule qui permet d’exploiter<br />
au maximum les complémentarités entre les<br />
institutions partenaires. La proximité favorise<br />
la mise en commun d’infrastructures<br />
et d’équipements ainsi que le renforcement<br />
<strong>de</strong>s potentiels administratifs et techniques.<br />
Des collaborations existaient déjà entre<br />
équipes <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions,<br />
mais la création <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Mons</strong> permettra <strong>de</strong> les renforcer. On peut<br />
citer, par exemple, le domaine <strong>de</strong>s matériaux<br />
qui constitue un réel point fort<br />
dans notre région : plusieurs centaines<br />
<strong>de</strong> chercheurs y sont impliqués quand<br />
on cumule le potentiel <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux institutions avec celui <strong>de</strong>s centres<br />
<strong>de</strong> recherche associés tels Materia Nova<br />
et INISMa. Celui <strong>de</strong>s nouvelles technolo-
INTERVIEW DU RECTEUR<br />
gies <strong>de</strong> l’information est aussi un autre<br />
exemple caractéristique, en collaboration<br />
avec le centre <strong>de</strong> recherche associé Multitel,<br />
les applications portant sur le traitement<br />
<strong>de</strong> la parole pouvant s’enrichir d’apports<br />
interdisciplinaires associant notamment<br />
Faculté Polytechnique, Faculté <strong>de</strong>s Sciences<br />
et Faculté <strong>de</strong> Sciences Humaines.<br />
Notre Vice-Recteur à la recherche, Philippe<br />
Dubois, mène d’ailleurs actuellement, en<br />
collaboration avec les différentes facultés,<br />
un travail d’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s principaux axes<br />
forts <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> nature à renforcer les<br />
collaborations interfacultaires.<br />
PN : En quoi la fusion au sein <strong>de</strong> l’UMONS<br />
changera-t-elle la visibilité <strong>de</strong> la Faculté<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> l’extérieur ?<br />
C.C. : Il faut distinguer <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> missions <strong>de</strong>s<br />
universités : les missions <strong>de</strong> proximité et les<br />
missions à large échelle.<br />
Les missions <strong>de</strong> proximité concernent<br />
l’enseignement, l’ai<strong>de</strong> à la société et le<br />
développement régional. Ces missions sortent<br />
évi<strong>de</strong>mment directement renforcées<br />
par la mise en commun <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux institutions. Les <strong>de</strong>ux institutions parlent<br />
aujourd’hui d’une même voix, l’UMONS<br />
se présentant comme la principale institution<br />
universitaire du Hainaut, avec plus <strong>de</strong> 5000 étudiants,<br />
pour une quarantaine d’habilitations. Elle<br />
entend y consoli<strong>de</strong>r sa présence et contribuer<br />
au développement d’une offre <strong>de</strong> formation<br />
raisonnable dans une province qui en a bien<br />
besoin. L’effet <strong>de</strong> proximité contribue en effet<br />
pour beaucoup à l’accès <strong>de</strong>s jeunes aux étu<strong>de</strong>s<br />
supérieures, surtout lorsque le niveau socioéconomique<br />
est défavorisé.<br />
Il m’apparaît important que l’UMONS<br />
contribue à combler le déficit que présente<br />
la province en terme d’accès aux<br />
étu<strong>de</strong>s universitaires. Il faut en effet savoir<br />
que si 30% <strong>de</strong>s francophones sont hainuyers,<br />
on ne retrouve que 20% d’hainuyers<br />
parmi les étudiants francophones en première<br />
année <strong>de</strong>s bacheliers universitaires<br />
<strong>de</strong> la Communauté française.<br />
D’autre part, les missions à large échelle<br />
concernent plus particulièrement la recherche<br />
et les relations internationales. Notre visibilité<br />
sort également renforcée par la création <strong>de</strong><br />
l’UMONS, mais en termes <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong><br />
relations internationales, il faut aller plus loin<br />
car l’environnement européen a beaucoup<br />
évolué. Il est <strong>de</strong>venu indispensable, et nous<br />
nous y attelons, d’accentuer les collaborations<br />
interuniversitaires, que ce soit au sein<br />
ou en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la Communauté.<br />
PN : Quelles sont les opportunités liées à l’intégration<br />
<strong>de</strong> l’école d’architecture dans<br />
l’UMONS, qui forme déjà <strong>de</strong>s ingénieurs<br />
architectes ?<br />
C.C. : Cette intégration, qui sera opérationnelle<br />
pour la prochaine rentrée<br />
académique, permettra <strong>de</strong> développer<br />
au sein <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong>, <strong>de</strong>ux formations<br />
universitaires en Architecture. Les <strong>de</strong>ux<br />
formations intègrent certes <strong>de</strong>s aspects<br />
techniques et artistiques dans leurs cursus,<br />
mais avec <strong>de</strong>s approches et <strong>de</strong>s<br />
finalités différentes. Elles auront l’occasion<br />
<strong>de</strong> mieux exploiter leurs complémentarités<br />
tout en maintenant leurs spécificités.<br />
Plusieurs services <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions mettent<br />
d’ailleurs en place actuellement <strong>de</strong>s<br />
axes <strong>de</strong> recherche communs, sur lesquels<br />
<strong>de</strong>s travaux d’étudiants ou <strong>de</strong> doctorants<br />
viendront probablement se greffer.<br />
La loi ne prévoit actuellement pas <strong>de</strong> passerelles<br />
entre étu<strong>de</strong>s d’architectes et<br />
d’ingénieurs architectes. Il est toutefois<br />
possible qu’à l’avenir ces possibilités <strong>de</strong> passerelles<br />
soient réétudiées.<br />
PN : D’autres évolutions sont-elles en vue dans<br />
l’enseignement supérieur ?<br />
C.C. : Après la fusion annoncée pour 2010 <strong>de</strong>s<br />
institutions universitaires catholiques,<br />
le paysage universitaire en Communauté<br />
française comportera quatre universités,<br />
avec l’UCL, l’ULB, l’ULg et l’UMONS.<br />
Il faut également s’attendre au développement<br />
<strong>de</strong> collaborations entre Hautes Ecoles<br />
et <strong>Université</strong>s autour <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces 4<br />
universités. L’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, en collaboration<br />
avec plusieurs Hautes écoles<br />
hainuyères, vient d’ailleurs <strong>de</strong> créer le Pôle<br />
hainuyer. Celui-ci privilégie, lui aussi, la logique<br />
géographique pour son regroupement<br />
et constitue un pôle d’enseignement supérieur<br />
au sein duquel chacun <strong>de</strong>s partenaires<br />
pourra, tout en gardant ses spécificités, profiter<br />
du potentiel <strong>de</strong> ses partenaires.<br />
PN : Quel bilan peut-on tirer <strong>de</strong> la première rentrée<br />
académique UMONS ? Quelles sont les<br />
principales difficultés rencontrées ?<br />
C.C. : Cela se passe bien, car on ressent vraiment<br />
une gran<strong>de</strong> envie <strong>de</strong> travailler ensemble entre<br />
les personnels <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux institutions. On apprend<br />
à mieux se connaître et s’apprécier. Tout n’est<br />
évi<strong>de</strong>mment pas terminé : comme dans toute<br />
fusion, <strong>de</strong>s cultures d’entreprises différentes<br />
caractérisaient la vie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux institutions.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> les rapprocher en essayant d’en<br />
extraire le meilleur. Cela prendra probablement<br />
du temps mais ne constitue certainement pas<br />
un problème majeur.<br />
PN : Pour conclure cet entretien qui s’est<br />
déroulé dans votre nouveau bureau,<br />
regrettez-vous la porte <strong>de</strong> votre ancien<br />
bureau ?<br />
C.C. : J’ai envisagé un temps <strong>de</strong> la ramener avec<br />
moi à la Place du Parc, mais… je ne voulais<br />
pas en priver le Doyen !<br />
Les <strong>de</strong>ux institutions parlent aujourd’hui<br />
d’une même voix, l’UMONS se présentant<br />
comme la principale institution universitaire<br />
du Hainaut<br />
POLY TECH N EWS 43 5
LE MOT DU DOYEN<br />
y Prof. Paul Lybaert<br />
L’innovation est au cœur du travail <strong>de</strong> l’ingénieur, c’est ce dont veut témoigner<br />
ce numéro <strong>de</strong> Polytech News. Il illustre au travers <strong>de</strong> la présentation<br />
<strong>de</strong> quelques travaux réalisés à la faculté les différentes étapes <strong>de</strong> l’innovation<br />
technologique : être à l’écoute <strong>de</strong>s problèmes sociétaux et i<strong>de</strong>ntifier les<br />
nouveaux besoins qu’ils génèrent, s’appuyer sur ses compétences scientifiques<br />
pour trouver, inventer les solutions possibles, enfin les traduire en<br />
nouveaux produits, procédés ou services qui permettent <strong>de</strong> répondre aux<br />
besoins i<strong>de</strong>ntifiés.<br />
L’université est un <strong>de</strong>s acteurs clés <strong>de</strong> l’innovation. Par l’activité scientifique<br />
<strong>de</strong> ses chercheurs, elle contribue à la fois au développement <strong>de</strong>s connaissances<br />
scientifiques et à leur application à la création <strong>de</strong> nouveaux produits<br />
et procédés. Quelques projets <strong>de</strong> recherche présentés dans ce numéro<br />
en sont une bonne illustration. Le domaine <strong>de</strong>s nouveaux matériaux est<br />
particulièrement bien couvert à la Faculté Polytechnique, et le spectre <strong>de</strong>s<br />
applications est relativement large, <strong>de</strong>s vitrocéramiques piézoélectriques<br />
aux revêtements auto-cicatrisants permettant la protection <strong>de</strong> l’acier contre<br />
la corrosion, en passant par le développement <strong>de</strong> semi-conducteurs organiques<br />
pour la fabrication <strong>de</strong> capteurs solaires photovoltaïques. La mise au<br />
point <strong>de</strong> capteurs à base <strong>de</strong> fibres optiques est un autre exemple intéressant.<br />
Utilisées essentiellement dans le domaine <strong>de</strong>s télécommunications à<br />
haut-débit, les fibres optiques sont ici déviées <strong>de</strong> leur champ d’application<br />
traditionnel pour ouvrir un nouveau domaine d’applications, celui <strong>de</strong> la capture<br />
<strong>de</strong> différents paramètres physico-chimiques : températures, vibrations,<br />
concentrations… Les technologies <strong>de</strong> l’information sont également à la<br />
base <strong>de</strong> nombreuses innovations technologiques dans <strong>de</strong>s domaines extrêmement<br />
diversifiés comme, par exemple, améliorer l’efficience énergétique<br />
du transport ferroviaire.<br />
Mais si la recherche universitaire est à la base <strong>de</strong> création <strong>de</strong> nouvelles<br />
idées, il est une autre composante <strong>de</strong> son activité par laquelle l’université<br />
contribue <strong>de</strong> manière fondamentale à l’innovation, c’est l’enseignement et<br />
la formation <strong>de</strong> cadres qui seront les créateurs et les acteurs <strong>de</strong> l’innovation<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>main.<br />
Ce quarante-troisième numéro du Polytech News marque les débuts d’une<br />
nouvelle direction éditoriale. Pendant plusieurs années, Alexandre Amorison<br />
et Joëlle Tilmant ont assuré cette responsabilité avec compétence et efficacité,<br />
je les en remercie chaleureusement. Appelés à <strong>de</strong> nouvelles fonctions<br />
au sein <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, ils ont passé le relais à Diane Thomas et<br />
Jonathan Toubeau, respectivement nouvelle rédactrice en chef et nouveau<br />
secrétaire <strong>de</strong> rédaction. Je les remercie d’avoir accepté, avec enthousiasme<br />
et dynamisme, <strong>de</strong> reprendre le flambeau <strong>de</strong> notre Polytech News.<br />
Le mon<strong>de</strong> d’aujourd’hui est <strong>de</strong>venu extrêmement complexe et l’avenir <strong>de</strong><br />
l’humanité repose sur la capacité qu’elle aura à trouver <strong>de</strong>s solutions à<br />
<strong>de</strong>s problèmes sociétaux importants : freiner l’épuisement <strong>de</strong>s ressources<br />
naturelles, limiter l’impact <strong>de</strong>s activités humaines sur l’environnement et le<br />
climat, améliorer les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s pays en voie <strong>de</strong> développement<br />
et <strong>de</strong>s pays émergents, dont la population constitue encore aujourd’hui la<br />
majorité <strong>de</strong> la population mondiale. Plus que jamais, les sociétés humaines<br />
<strong>de</strong>vront faire preuve d’imagination pour trouver <strong>de</strong>s nouveaux mo<strong>de</strong>s<br />
d’organisation, <strong>de</strong>s nouveaux services et <strong>de</strong>s nouvelles technologies qui<br />
permettent <strong>de</strong> faire face à ces défis.<br />
Former <strong>de</strong>s ingénieurs polyvalents – polytechniciens – innovants et ouverts<br />
au mon<strong>de</strong>, voilà le projet pédagogique <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />
<strong>Mons</strong>. Cet objectif a conduit, <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 90, à <strong>de</strong>s changements<br />
significatifs dans la formation <strong>de</strong>s ingénieurs. Auparavant basée<br />
quasi-exclusivement sur l’acquisition <strong>de</strong>s compétences techniques et<br />
non-techniques nécessaires à l’exercice du métier, la formation s’est<br />
progressivement ouverte à l’acquisition <strong>de</strong> compétences transversales,<br />
<strong>de</strong>s « soft-skills » favorisant l’ouverture et la capacité d’innovation : analyser<br />
et résoudre <strong>de</strong>s problèmes complexes, gérer <strong>de</strong>s projets, travailler<br />
en équipe, communiquer, s’ouvrir à d’autres cultures sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />
éléments importants <strong>de</strong> la formation. Un savoir scientifique et technique<br />
étendu et <strong>de</strong> haut niveau constitue encore le cœur <strong>de</strong> la formation mais<br />
une partie <strong>de</strong>s cours ex-cathedra ont cédé la place à <strong>de</strong>s projets, travaux<br />
personnels ou <strong>de</strong> groupe, qui permettent à la fois d’ancrer les compétences<br />
techniques dans le concret et d’acquérir, par la pratique, les compétences<br />
transversales visées. Cette mutation n’est pas terminée et la faculté poursuit<br />
ses réflexions en vue d’adapter ses formations aux besoins <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Un<br />
autre domaine dans lequel l’université se <strong>de</strong>vra d’être innovante à l’avenir<br />
est celui <strong>de</strong> l’éducation tout au long <strong>de</strong> la vie. Dans le mon<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment<br />
évolutif qui est le nôtre, l’actualisation <strong>de</strong>s compétences, la réorientation <strong>de</strong><br />
carrière voire le changement <strong>de</strong> profession <strong>de</strong>viendront <strong>de</strong>s éléments importants,<br />
tant pour le développement personnel et professionnel <strong>de</strong>s individus<br />
que pour le fonctionnement harmonieux <strong>de</strong> notre société. Le développement<br />
<strong>de</strong> formations continues est donc un enjeu important pour les universités.<br />
L’une <strong>de</strong>s principales ressources <strong>de</strong>s pays européens est leur matière grise.<br />
Générer <strong>de</strong>s idées nouvelles et les transformer en produits, procédés ou<br />
services novateurs sont <strong>de</strong>venus les principaux moteurs du développement<br />
économique, social et culturel <strong>de</strong> l’Europe. A leur niveau, les enseignants, les<br />
chercheurs et l’ensemble du personnel <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />
y contribuent. Ce Polytech News vous permettra, je l’espère, <strong>de</strong> partager leur<br />
passion. Bonne lecture !<br />
6 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
DOSSIER :<br />
CRÉATIVITÉ ET INNOVATION<br />
DANS LE MÉTIER D’INGÉNIEUR<br />
Arrière-pensée<br />
LA MARCHE<br />
DE L’INNOVATEUR<br />
y Prof. Michel Vankerkem,<br />
Économie et Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />
Le matin, dans sa cuisine, il s’asseyait le dos tourné au jardin. Et sa femme,<br />
en face. Au début, il avait choisi ce côté <strong>de</strong> la table par égard pour elle…<br />
pour lui laisser la vue. Maintenant, c’était une habitu<strong>de</strong>. Lui, toujours du<br />
même côté. La cafetière électrique n’avait plus bougé non plus, ni le grillepain,<br />
ni sa femme… Encore heureux !<br />
La radio diffusait les nouvelles. Au <strong>de</strong>hors, rien ni personne ne semblait trouver<br />
sa place : <strong>de</strong>s empiètements <strong>de</strong> peuples sur d’autres, <strong>de</strong>s migrations humaines,<br />
<strong>de</strong>s convictions en lutte, <strong>de</strong>s produits partis eux aussi pour déloger les autres.<br />
Ces changements extérieurs rendaient précieux son immuable rituel matinal. Il<br />
se sentait à l’abri dans son aisance pru<strong>de</strong>nte. Il pouvait continuer ainsi - si l’on<br />
considérait que vivre, c’est vivre encore une fois la même chose.<br />
Il croyait avoir <strong>de</strong>ux esprits en parallèle. L’un appréciait la routine, s’en<br />
repaissait, l’intégrait en automatismes, transformait une partie <strong>de</strong> sa vie en<br />
réflexes. Ce premier esprit conduisait son être comme se conduit à la longue<br />
une automobile : sans y penser. Il l’ancrait aussi dans son existence passée.<br />
Il se souvenait, rappelait les vieilles histoires, se reliait aux anciennes<br />
connaissances, ne cherchait pas à en faire <strong>de</strong> nouvelles. Il agissait comme<br />
un agent <strong>de</strong> continuité. Il stabilisait. Il était fidèle. S’il avait pu déci<strong>de</strong>r seul, il<br />
serait toujours parti en vacances au même endroit.<br />
Son <strong>de</strong>uxième esprit aimait le changement. Il faisait table rase du passé. Il<br />
ne voulait rien savoir <strong>de</strong>s anciennes métho<strong>de</strong>s. Il prenait <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> traverse,<br />
faisait <strong>de</strong>s parenthèses, jouait les feux follets, disait <strong>de</strong>s choses dont<br />
il n’était pas sûr. Il doutait. Il envisageait plusieurs solutions à un problème.<br />
Il avait le culot d’abandonner une activité pour se lancer dans une autre.<br />
C’était un agent <strong>de</strong> rupture. Il contactait <strong>de</strong>s inconnus. Il était infidèle. Maître<br />
à bord, il serait parti en vacances dans <strong>de</strong>s contrées inconnues. Comme<br />
Prévert, il aimait être où ne pas être.<br />
Si Paris pouvait être mis en bouteille… rêvait son esprit novateur, tandis<br />
que son esprit traditionnaliste choisissait le fromage fondu Chalet pour sa<br />
tartine. L’un et l’autre, obligés <strong>de</strong> cohabiter, ne faisaient pas bon ménage. Son<br />
esprit novateur estimait que son opposé traditionnaliste empêchait son envol<br />
intérieur et enfermait son existence dans le déterminisme. Son esprit traditionnaliste<br />
jugeait que le novateur essayait <strong>de</strong> donner on ne sait quoi au mon<strong>de</strong><br />
et finalement, à coup <strong>de</strong> nouveautés, provoquait la disparition <strong>de</strong> ce qui avait<br />
réellement été donné auparavant. Ainsi, dès son lever, à cause <strong>de</strong> sa mentalité<br />
composite, l’homme oscillait entre mo<strong>de</strong>rnisation et modération.<br />
Avant-pensée<br />
Dans son entreprise, il n’avait pas le choix. Il <strong>de</strong>vait innover. Il imposait aussi ce<br />
principe à tout le personnel. Il voyait encore le moment où cette vérité l’avait<br />
pénétré comme une évi<strong>de</strong>nce. Un client lui avait dit : « C’est tout ce que vous<br />
avez <strong>de</strong> neuf ? ». Et son humeur avait basculé - sombre et inquiète. La pyrami<strong>de</strong><br />
d’âge <strong>de</strong> ses produits était plate. Depuis combien <strong>de</strong> temps n’avait-il pas créé<br />
quelque chose <strong>de</strong> franchement nouveau ? Qu’allait <strong>de</strong>venir son affaire ? Les<br />
gens ne voudraient plus acheter que le <strong>de</strong>rnier cri. Il n’y aurait plus <strong>de</strong> place pour<br />
les vieilles vaches à lait. Après chaque crise, chaque choc, chaque bond technologique,<br />
les clients déplaçaient leurs achats, le public changeait <strong>de</strong> goût, d’idéal.<br />
Les soubresauts s’accéléraient. C’était la mo<strong>de</strong> d’acheter un 4X4, le len<strong>de</strong>main<br />
c’était la mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne plus en acheter. Sa gamme <strong>de</strong> produits, les succès d’une<br />
génération, la sienne, tout cela datait. Périmé ! En une secon<strong>de</strong>, il avait conclu<br />
comme s’il poussait un juron : il fallait innover.<br />
POLY TECH N EWS 43 7
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
Pour les clients qui aimaient « les œufs pondus comme autrefois », il faisait <strong>de</strong><br />
la rétro-innovation. Il s’inspirait <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> la Fiat 500. Il recyclait <strong>de</strong> la<br />
mémoire. Il vantait les solutions éprouvées. Dans ses produits semi-nouveaux, il<br />
conservait la valeur originelle <strong>de</strong>venue culturelle. Il vendait l’avenir du souvenir.<br />
Pour les clients avant-gardistes, il ne faisait plus dans l’originel, mais dans<br />
l’original. Il cherchait à surprendre. Il puisait son inspiration dans sa boîte<br />
<strong>de</strong> curiosités : le sparadrap noir pour les noirs, la braguette horizontale,<br />
le restaurant en libre-service qui commence par les <strong>de</strong>sserts, la paire <strong>de</strong><br />
chaussures coordonnées mais différentes, l’AZERTY musical qui joue <strong>de</strong> la<br />
musique quand on tape un texte. Et il ne tombait pas si loin <strong>de</strong> Rimbaud : « A<br />
noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu… naissances latentes. »<br />
Il offrait aux gens non pas ce qu’ils aimaient, mais ce qu’ils pourraient aimer.<br />
Cependant, il ne voulait pas dérouter. Il laissait ce plaisir aux auteurs incompris<br />
<strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> théâtre subsidiées, contents d’eux quand la salle est vi<strong>de</strong>.<br />
Lui voulait vendre absolument. Il vérifiait que son concept plaisait avant <strong>de</strong><br />
lancer un produit. Il connaissait beaucoup <strong>de</strong> ratés, beaucoup <strong>de</strong> mort-nés.<br />
Ce qui plaisait à un client ne plaisait pas à l’autre. Chez les avant-gardistes,<br />
hélas, personne n’est comme tout le mon<strong>de</strong>. Difficile <strong>de</strong> récolter un avis<br />
positif unanime. Difficile <strong>de</strong> dégager un segment <strong>de</strong> marché, même une<br />
niche. Il relançait donc infatigablement un nouveau concept dans le filtre <strong>de</strong><br />
l’avis <strong>de</strong>s clients potentiels. Et il rebouclait jusqu’à rencontrer un bon <strong>de</strong>gré<br />
d’acceptation - préfigurant une sanction positive du marché.<br />
Non seulement il respectait l’imaginaire du client, mais il l’exploitait. Le principe<br />
lui avait sauté aux yeux lorsqu’un dirigeant <strong>de</strong> Playmobil avait avoué<br />
où la firme trouvait les concepts <strong>de</strong> ses nouveaux jouets : dans les <strong>de</strong>ssins<br />
envoyés par <strong>de</strong>s enfants à <strong>Mons</strong>ieur Playmobil. Dès lors, il avait inclus certains<br />
clients dans le mécanisme d’innovation en position <strong>de</strong> co-concepteur.<br />
Lui aussi, il recueillait leurs <strong>de</strong>sseins. Il en faisait son miel. Les Rois Clients<br />
exprimaient tellement bien leur grand but royal : se satisfaire.<br />
Il s’était fait une raison aussi : une nullité qui se vend n’est pas une nullité. Le<br />
triomphe <strong>de</strong>s barres chocolatées en atteste. Les innovations ren<strong>de</strong>nt obèses. Mais<br />
si vous donnez <strong>de</strong> l’argent <strong>de</strong> poche à un adolescent, il n’achètera pas <strong>de</strong>s fruits.<br />
Les <strong>de</strong>ux écoles du marketing se réconciliaient dans son entreprise : celle<br />
qui prône le « push » et celle qui défend le « pull ». Les opportunités internes<br />
suggérées par ses collaborateurs se mêlaient, dans la même démarche d’innovation,<br />
aux opportunités externes venant <strong>de</strong>s clients. Au départ, il lançait<br />
les travaux à la recherche <strong>de</strong> l’originalité, <strong>de</strong> l’oiseau rare. Mais, à la fin, il<br />
sélectionnait le projet à retenir avec les critères classiques <strong>de</strong> satisfaction<br />
commerciale. Il obtenait <strong>de</strong> la sorte un concept original et vendable.<br />
Parfois aussi, il obtenait un concept banal et vendable. Alors, l’un ou l’autre<br />
<strong>de</strong> ses collaborateurs lui disait qu’on n’avait pas besoin <strong>de</strong> faire un détour par<br />
une démarche d’innovation pour aboutir à une idée si ordinaire. Il répondait :<br />
« On s’est donné une chance <strong>de</strong> trouver autre chose, au moins on n’a pas <strong>de</strong><br />
regret. ». De toute façon, il se <strong>de</strong>mandait si les réunions classiques, souvent<br />
peu créatives, si les commissions <strong>de</strong> tout acabit, qui empesaient les organisations,<br />
ne duraient pas aussi longtemps, voire plus. Il repensait aux idées les<br />
plus banales nées <strong>de</strong> sa fameuse métho<strong>de</strong>. Fin 1999, horriblement simple :<br />
une planche à pain avec imprimé <strong>de</strong>ssus le calendrier <strong>de</strong> l’an 2000, un gros<br />
succès commercial avec un référencement dans une chaine <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces.<br />
Encore plus élémentaire : l’idée d’aller voir le responsable d’un aéroport<br />
en construction pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il n’avait pas besoin <strong>de</strong> rambar<strong>de</strong>s et <strong>de</strong><br />
clôtures, eh bien si justement et <strong>de</strong>s kilomètres… Quand le gisement a été<br />
trouvé, les gens viennent vous dire : « comme c’est simple, il est là. »<br />
Celui qui fait tout son<br />
possible est le mieux placé<br />
pour faire l’impossible<br />
Sommes dépensées<br />
Il avait tendance à faire du soleil, sans se faire une place au soleil. Il chérissait<br />
ses prototypes, ses nouveautés comme <strong>de</strong>s enfants dont il était fier.<br />
Rien n’était trop beau pour le client. Il faisait confiance à ses collaborateurs.<br />
Personne ne surveillait personne. Bref, il travaillait pour rien.<br />
Heureusement, il cantonnait la plupart <strong>de</strong>s errements <strong>de</strong> la recherche d’innovations<br />
très en amont, au niveau <strong>de</strong>s concepts, <strong>de</strong>s idées, <strong>de</strong>s esquisses. Il évitait<br />
ainsi les échecs ruineux. Mais ensuite, il enjolivait ses innovations sans compter.<br />
L’affaire <strong>de</strong>s colorants marqua un tournant. Au départ, il avait annoncé que<br />
le produit prendrait trois couleurs seulement : blanc, noir et une couleur non<br />
encore choisie. Le prix <strong>de</strong> revient prévisionnel avait été calculé sur cette base.<br />
Puis, il s’était ravisé, décidant qu’on constituerait une gamme <strong>de</strong> tonalités très<br />
variées. Un ingénieur <strong>de</strong> fabrication avait opposé que ce n’était pas si facile.<br />
Il avait rétorqué que n’importe quel peintre est capable <strong>de</strong> créer une gamme<br />
en mélangeant trois couleurs. L’ingénieur soutint que, selon le processus, il en<br />
résulterait une gran<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> temps ou une large diversification <strong>de</strong>s stocks<br />
<strong>de</strong> colorants. Au lieu d’appliquer en toute tranquillité <strong>de</strong>s teintes plates, on<br />
serait contraint <strong>de</strong> séquencer <strong>de</strong>s lots successifs <strong>de</strong> nuances. Le directeur<br />
<strong>de</strong> production ne cachait pas son agacement. Le patron, avec son idée <strong>de</strong><br />
coloris savants, cédait une fois <strong>de</strong> plus à la tentation <strong>de</strong> la subtilité, au vertige<br />
artistique. Le directeur commercial en rajouta. Loin d’assurer le contentement<br />
du client, cet excès <strong>de</strong> zèle serait <strong>de</strong> nature à créer <strong>de</strong>s difficultés. Cela compliquerait<br />
la vente. Un homme à qui l’on sert trois couleurs n’a rigoureusement<br />
rien à dire. Mais si on lui offre <strong>de</strong>s nuances, il veut faire l’artiste lui aussi, et<br />
discute : « Vous ne trouvez pas ce bleu un peu froid ? ». Le directeur financier<br />
avait porté l’estoca<strong>de</strong>. Il avait recalculé le prix <strong>de</strong> revient prévisionnel : 17<br />
pourcents <strong>de</strong> hausse pour cette fantaisie d’arc-en-ciel.<br />
Ses directeurs ligués contre lui, il était enfoncé. De toute façon, il n’était pas<br />
homme à se croire au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la mêlée. Il argumenta que la couleur ajoutait<br />
<strong>de</strong> la valeur, mais en même temps il prenait conscience qu’il se trompait<br />
<strong>de</strong> logique. Il n’échapperait pas à son directeur financier, évaluateur, contrôleur,<br />
l’abominable <strong>Mons</strong>ieur Non. Il fit volte-face et se rangea du coté du<br />
raisonnement financier : « Vous avez raison, il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue la<br />
marge bénéficiaire et la rentabilité. »<br />
La controverse avait révélé la charnière avec la logique financière. Jusque<br />
là, quand il incorporait <strong>de</strong>s colorants et autres matières premières supplémentaires<br />
dans un produit, il estimait ajouter <strong>de</strong> la valeur. En revanche, en<br />
comptabilité, les matières premières venaient en déduction <strong>de</strong> la valeur<br />
ajoutée <strong>de</strong> l’entreprise. De même, quand il envisageait <strong>de</strong> faire appel à un<br />
bureau <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign pour profiler un modèle, il se voyait encore ajouter généreusement<br />
<strong>de</strong> la valeur. Cependant, ce poste <strong>de</strong>s biens et services divers<br />
venait aussi en réduction <strong>de</strong> la valeur ajoutée, celle, au passage, sur laquelle<br />
sa firme payait la taxe.<br />
Son personnel avait eu du mal à digérer le point <strong>de</strong> vue financier. Un retournement<br />
conjoncturel au moment du lancement d’un nouveau modèle avait<br />
fait glisser l’entreprise dans une mauvaise passe. Il avait dû revoir à la baisse<br />
sa politique <strong>de</strong> prix. Il avait <strong>de</strong>mandé à tous ses employés <strong>de</strong> redoubler<br />
d’efforts – ce qu’ils avaient consenti à faire au-<strong>de</strong>là du raisonnable. Après<br />
six mois d’un travail acharné, le verdict du tableau <strong>de</strong> bord était tombé<br />
comme un couperet : la valeur ajoutée par personne avait chuté gravement.<br />
Tout le mon<strong>de</strong>, s’étant impliqué avec ar<strong>de</strong>ur, croyait avoir ajouté <strong>de</strong> la valeur<br />
et l’indicateur financier semblait indiquer le contraire. Bizarre ! Il avait dû<br />
expliquer, avec délicatesse, la différence entre la valeur ajoutée au sens<br />
humain du terme et la valeur ajoutée reconnue financièrement.<br />
Heureusement, il ne prenait personne par surprise. Il avait proclamé son<br />
objectif partout. Il l’avait fait placar<strong>de</strong>r dans le hall, dans les salles <strong>de</strong> réunion,<br />
dans les bureaux et les ateliers. Une affiche sobre, un message court :<br />
« ORIGINAL – VENDABLE – RENTABLE ».<br />
8 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
Un homme qui a une idée<br />
Marie : Bonjour <strong>Mons</strong>ieur le directeur.<br />
Directeur : Bonjour Marie, vous <strong>de</strong>vinez pourquoi je vous ai convoquée ?<br />
Marie : Pas tellement non…<br />
Directeur : J’apprends que vous avez rassemblé <strong>de</strong>s collaborateurs pour faire<br />
un brainstorming.<br />
Marie : Oui, j’ai cru que c’était une bonne idée <strong>de</strong> susciter <strong>de</strong>s idées.<br />
Directeur : Ne jouez pas sur les mots. Voilà qu’on se retrouve maintenant<br />
avec une centaine d’idées <strong>de</strong> nouveaux produits sur les bras.<br />
Marie : Deux cents plutôt. Mais je vous rassure tout <strong>de</strong> suite : quand j’aurai fait<br />
le tri, il n’en restera que quelques-unes.<br />
Directeur: Vous ne ferez rien du tout. Vous savez très bien que nous avons déjà<br />
trouvé notre nouveau concept <strong>de</strong> lavettes.<br />
Marie : Je voulais simplement explorer largement avant…<br />
Directeur : Le nouveau concept ne vous plaît pas ? Que reprochez-vous à la<br />
« lavette-poche » ?<br />
Marie : Rien.<br />
Directeur : Vous comprenez l’importance <strong>de</strong> son avantage ? Vous <strong>de</strong>vez imaginer<br />
notre lavette-poche comme un grand gant <strong>de</strong> toilette. Donc pour la nettoyer<br />
après usage, il suffira <strong>de</strong> la remplir d’eau. Puis, avec une main, <strong>de</strong> refermer l’entrée<br />
<strong>de</strong> la poche, et avec l’autre main <strong>de</strong> la presser pour que l’eau en s’évacuant<br />
à travers le tissu emporte la saleté vers l’extérieur. C’est un atout propreté-usage<br />
imparable.<br />
Marie : J’en suis convaincue.<br />
Directeur : Donc vous ne remettez plus ça en question.<br />
Marie : D’accord. Concernant la recherche <strong>de</strong>s autres idées, j’aurais aimé<br />
que vous me donniez carte blanche.<br />
Directeur : Certainement pas. Je suis justement en train <strong>de</strong> vous dire <strong>de</strong><br />
cesser <strong>de</strong> travailler <strong>de</strong>rrière mon dos.<br />
Marie : Ah ça c’est très gênant vis-à-vis <strong>de</strong>s collaborateurs qui ont participé<br />
au brainstorming. Que vais-je leur dire ?<br />
Directeur : Que vous vous êtes avancée trop loin, voilà tout. Il n’y a pas<br />
d’autre concept du même niveau que la lavette-poche. Et je ne dis pas ça<br />
parce que c’est mon idée.<br />
Marie : Quand même, on avait pensé créer <strong>de</strong>s lavettes en forme <strong>de</strong> moufles. Et<br />
aussi, une couleur pour chaque pièce <strong>de</strong> la maison : bleue pour la salle <strong>de</strong> bain,<br />
jaune pour la cuisine, verte pour la toilette. On vendrait trois fois plus peut-être.<br />
Directeur : Vous vous dispersez. Le seul objectif est <strong>de</strong> lancer la lavette-poche<br />
dans les trois mois. C’est clair ?<br />
Marie : Je vois. Je vois.<br />
Directeur : Tant mieux si vous voyez.<br />
Marie : Vous avez oublié le principe que vous m’avez appris vous-même.<br />
Directeur : Ah oui lequel ?<br />
Marie : Vous disiez : rien n’est plus dangereux qu’un homme qui a une idée,<br />
quand il n’en a qu’une.<br />
Directeur : C’est avocate que vous auriez dû être.<br />
La réunion innovante<br />
Entre la réunion classique et le brainstorming se trouve la<br />
réunion innovante.<br />
La réunion classique se caractérise par <strong>de</strong>ux types<br />
d’interventions majeures <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s participants :<br />
<strong>de</strong>s affirmations principalement (« Moi je pense<br />
que… ») et secondairement <strong>de</strong>s objections (« Moi je<br />
ne crois pas que… »).<br />
La réunion innovante se caractérise par cinq types<br />
d’interventions équilibrées : <strong>de</strong>s sollicitations (« Qu’en<br />
penses-tu ? »), <strong>de</strong>s propositions (« Une idée serait <strong>de</strong>… »),<br />
<strong>de</strong>s affirmations (« Moi je pense que… »), <strong>de</strong>s objections<br />
(« Moi je ne crois pas que… ») et <strong>de</strong>s reformulations (« Si je<br />
te comprends bien, tu trouves que… »).<br />
Le brainstorming se caractérise par un seul type d’intervention<br />
: <strong>de</strong>s propositions (« Une autre idée encore… »).<br />
POLY TECH N EWS 43 9
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
DES MATÉRIAUX INNOVANTS<br />
AU SERVICE DU PLUS GRAND NOMBRE<br />
y Dr Eric Dumont, Thermodynamique et Physique Mathématique<br />
La Région wallonne et le Hainaut en particulier entretiennent une longue tradition d’innovation dans<br />
le domaine <strong>de</strong>s matériaux, tradition qui se poursuit avec force à la Faculté Polytechnique. En effet,<br />
la collaboration entre différents services scientifiques et pôles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la Faculté a permis<br />
l’émergence <strong>de</strong> nombreux projets <strong>de</strong> recherche sur les matériaux nouveaux, dont l’industrialisation<br />
pourrait bien révolutionner à terme notre vie quotidienne.<br />
Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s matériaux a <strong>de</strong> tout temps été un domaine propice aux innovations<br />
scientifiques, permettant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s avancées, aussi bien au niveau économique<br />
qu’au niveau du bien-être <strong>de</strong> la population d’une région ou d’un pays. C’est le cas<br />
en Région wallonne et en Hainaut en particulier. Il suffit <strong>de</strong> se souvenir que les premières<br />
réalisations <strong>de</strong> matériaux nouveaux remontent aux 17 e et 18 e siècles, avec<br />
la création <strong>de</strong> fabriques <strong>de</strong> verre plat et <strong>de</strong>s premiers haut-fourneaux. L’innovation<br />
s’est poursuivie tout au long <strong>de</strong>s 19 e et 20 e siècles avec le développement <strong>de</strong> la<br />
sidérurgie, <strong>de</strong>s alliages métalliques spéciaux et <strong>de</strong>s céramiques réfractaires. En ce<br />
début <strong>de</strong> 21 e siècle, la recherche <strong>de</strong> nouveaux matériaux <strong>de</strong>meure une activité très<br />
développée en Hainaut et plus particulièrement celle qui concerne les nanomatériaux.<br />
Les synergies entre services scientifiques et pôles <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la Faculté<br />
Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS (Pôle Matériaux et Pôle Energie), du Centre d’Excellence<br />
Materia Nova et <strong>de</strong>s entreprises locales ont permis le développement d’un grand<br />
nombre <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche dont le but est d’introduire, dans les applications<br />
<strong>de</strong> tous les jours, <strong>de</strong>s matériaux toujours plus performants ou possédant <strong>de</strong>s propriétés<br />
inimaginables il y a une dizaine d’années.<br />
L’innovation introduite dans un procédé <strong>de</strong> fabrication industriel peut être due<br />
soit à une nouvelle application <strong>de</strong> matériaux aux propriétés connues, soit à<br />
l’utilisation <strong>de</strong> matériaux aux propriétés nouvelles. Dans la première catégorie,<br />
nous pouvons citer le projet ESCAPE. Il est réalisé dans le cadre <strong>de</strong> la directive<br />
européenne SEVESO, qui impose <strong>de</strong> recenser les établissements à risque afin,<br />
entre autres, <strong>de</strong> prévenir et maîtriser les dangers liés à ces sites. Sur les sites<br />
d’industries chimiques, par exemple, un réseau <strong>de</strong> capteurs <strong>de</strong> mesure est<br />
classiquement déployé au sein et aux alentours du site, réseau qui actuellement<br />
est <strong>de</strong> type filaire (capteurs reliés par <strong>de</strong>s câbles qui les alimentent en énergie<br />
et transmettent l’information). Le projet ESCAPE a pour but la mise au point <strong>de</strong><br />
capteurs énergétiquement autonomes (capteurs couplés à une capacité et à<br />
<strong>de</strong>s cellules photovoltaïques) qui communiqueront par une technologie sans fil.<br />
Cette innovation <strong>de</strong>vrait permettre, entre autres, la réduction <strong>de</strong>s coûts d’installation<br />
et l’amélioration <strong>de</strong> la sécurité <strong>de</strong>s sites. Un très grand nombre <strong>de</strong> projets<br />
appartiennent à la secon<strong>de</strong> catégorie. Le premier que nous pouvons mentionner<br />
consiste à développer <strong>de</strong>s vitrocéramiques piézoélectriques. La piézoélectricité<br />
(propriété qui consiste pour un matériau à se charger électriquement lors <strong>de</strong><br />
l’application d’une contrainte ou à se déformer lors <strong>de</strong> l’application d’un champ<br />
électrique) est utilisée dans un très grand nombre d’applications, par exemple,<br />
les consoles <strong>de</strong> jeux (détection <strong>de</strong> mouvement), l’automobile (déclenchement<br />
<strong>de</strong>s airbags), les appareils photos (stabilisateur d’images), les haut-parleurs <strong>de</strong>s<br />
chaînes hi-fi, etc. Les céramiques polycristallines utilisées traditionnellement<br />
ont le désavantage <strong>de</strong> perdre leurs propriétés piézoélectriques au cours du<br />
temps ou lorsqu’elles sont soumises à <strong>de</strong>s températures élevées. L’utilisation <strong>de</strong><br />
vitrocéramiques texturées (matériaux amorphes dans lesquels on a fait croître<br />
<strong>de</strong>s cristaux selon une orientation particulière), qui possè<strong>de</strong>nt une excellente<br />
stabilité dans le temps et à hautes températures, permet d’apporter une solution<br />
à ces problèmes. Le challenge <strong>de</strong>s recherches menées dans le Pôle Matériaux<br />
consiste, entre autres, à trouver une métho<strong>de</strong> simple d’industrialisation du procédé<br />
<strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> ces vitrocéramiques particulières.<br />
Dans la même catégorie, on peut également citer un projet qui étudie<br />
<strong>de</strong>s prototypes <strong>de</strong> capteurs chimiques basés sur <strong>de</strong>s oxy<strong>de</strong>s métalliques<br />
Fabrication d’un écran OLED sur substrat flexible (HP)<br />
semi-conducteurs. Le but est <strong>de</strong> détecter différents gaz présents dans<br />
l’environnement dans lequel est placé le capteur avec, comme application<br />
possible, la détection <strong>de</strong>s fuites <strong>de</strong> gaz naturel. Les capteurs habituels<br />
utilisés pour la détection <strong>de</strong>s gaz doivent être portés à une température<br />
relativement élevée (200 à 500 °C) et sont souvent peu sélectifs (pas <strong>de</strong><br />
discrimination entre les différents gaz présents dans l’atmosphère). Les<br />
recherches menées au sein du Pôle Matériaux consistent à résoudre ces<br />
problèmes grâce à la maîtrise du processus <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong>s nanoparticules<br />
d’oxy<strong>de</strong>s utilisées dans les capteurs, afin <strong>de</strong> contrôler leur forme, leur<br />
orientation cristallographique et, <strong>de</strong> là, leurs propriétés.<br />
Enfin, nous pouvons mentionner le projet SmartFilm, qui consiste à développer<br />
<strong>de</strong> nouveaux semi-conducteurs organiques pour améliorer le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />
cellules solaires photovoltaïques plastiques, alternative intéressante aux cellules<br />
classiques utilisant le silicium sur verre. Les applications sont évi<strong>de</strong>mment la<br />
production d’électricité à partir <strong>de</strong> la lumière du soleil, mais également la fabrication<br />
<strong>de</strong> LED basées sur <strong>de</strong>s composés organiques (OLED) et qui produisent<br />
<strong>de</strong> la lumière avec un ren<strong>de</strong>ment bien meilleur que les traditionnelles lampes à<br />
incan<strong>de</strong>scence ou tubes électroluminescents.<br />
Un autre grand domaine, où le citoyen lambda n’attend pas a priori <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
innovations, est le domaine <strong>de</strong>s matériaux métalliques. Pourtant, l’innovation y<br />
est tout aussi présente que pour les autres types <strong>de</strong> matériaux (polymères, céramiques).<br />
Le projet ClearZinc, par exemple, vise le développement d’un nouveau<br />
système <strong>de</strong> traitement contre la corrosion <strong>de</strong> l’acier, sans lui appliquer <strong>de</strong> couche<br />
<strong>de</strong> zinc. La combinaison d’un traitement <strong>de</strong> surface à base d’oxy<strong>de</strong>s protecteurs<br />
avec <strong>de</strong>s réservoirs à inhibiteurs <strong>de</strong> corrosion incorporés permet <strong>de</strong> protéger le<br />
métal mis à nu, au niveau <strong>de</strong> griffes par exemple, grâce à un mécanisme d’autocicatrisation.<br />
Le nouveau procédé assurera une protection active, performante et<br />
10 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
<strong>de</strong> longue durée <strong>de</strong> l’acier contre la corrosion, notamment dans les domaines <strong>de</strong><br />
l’automobile, <strong>de</strong> l’aérospatiale et <strong>de</strong> l’électroménager.<br />
Dans un domaine tout proche, une thèse <strong>de</strong> doctorat récemment défendue dans le<br />
Service <strong>de</strong> Métallurgie concerne la formation <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong> Nickel-Bore et l’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> leurs propriétés mécaniques et tribologiques. Ces <strong>de</strong>rniers sont <strong>de</strong>s revêtements<br />
nanocristallins très prometteurs pour <strong>de</strong> nombreuses industries, telles que<br />
l’électronique (où ils sont utilisés pour leurs propriétés électriques et magnétiques),<br />
la chimie et la pétrochimie (qui apprécient leur résistance à la corrosion), les industries<br />
du transport et les outils <strong>de</strong> coupe (où leurs excellentes propriétés mécaniques<br />
et notamment leur résistance à l’usure sont particulièrement recherchées).<br />
Dans le même Service, une autre étu<strong>de</strong> porte, principalement, sur le développement<br />
d’un procédé innovant <strong>de</strong> fabrication d’une nouvelle nuance d’acier à<br />
haute teneur carbone, issue <strong>de</strong> la filière électrique. Ce nouveau produit permettra<br />
un laminage à froid direct du produit laminé à chaud. In fine, le projet vise donc<br />
à supprimer les recuits nécessaires avant et pendant le laminage à froid, recuits<br />
qui consomment <strong>de</strong> l’énergie. En effet, au vu <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production dans les<br />
pays émergents, la sidérurgie wallonne se doit <strong>de</strong> viser la production d’aciers qui<br />
présenteront une forte valeur ajoutée au terme <strong>de</strong>s étapes <strong>de</strong> mise en œuvre.<br />
A ces considérations économiques se greffent <strong>de</strong>s considérations écologiques,<br />
Micrographie d’une vitrocéramique<br />
car la production par filière électrique se base sur la fusion <strong>de</strong> matières provenant<br />
du recyclage d’alliages à base <strong>de</strong> fer.<br />
On le voit donc, les matériaux innovants pénètrent <strong>de</strong> plus en plus les différents<br />
secteurs industriels avec une répercussion dans notre vie quotidienne, même là<br />
où on ne les attend pas !<br />
DÉVELOPPEMENT DE CAPTEURS DE VIBRATIONS<br />
À FIBRES OPTIQUES<br />
y Ir Nicolas Linze, Électromagnétisme et Télécommunications<br />
Ir Pierre Tihon, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />
Une collaboration entre les services d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunications (SET) et <strong>de</strong> Mécanique Rationnelle,<br />
Dynamique et Vibrations (Mécara) a pour objectif <strong>de</strong> mettre au point <strong>de</strong>s capteurs innovants, basés sur l’utilisation <strong>de</strong> fibres<br />
optiques, permettant <strong>de</strong> mesurer, <strong>de</strong> manière continue, les vibrations le long d’une fibre posée sur la structure à étudier.<br />
Ces <strong>de</strong>rnières années ont vu un développement<br />
important <strong>de</strong> capteurs basés sur les fibres optiques,<br />
conférant à celles-ci un nouveau champ d’applications.<br />
Ont été développés, entre autres, <strong>de</strong>s capteurs<br />
<strong>de</strong> température, <strong>de</strong> contraintes, d’indice <strong>de</strong> réfraction<br />
et d’humidité. Ces capteurs présentent plusieurs<br />
avantages par rapport aux capteurs classiques : un<br />
faible encombrement, une insensibilité aux perturbations<br />
électromagnétiques, la possibilité d’utilisation<br />
dans <strong>de</strong>s environnements difficiles tels qu’à haute<br />
température, en milieu inflammable ou explosif.<br />
Enfin, très légères, les fibres ne modifient pas les<br />
propriétés mécaniques <strong>de</strong> la structure et permettent<br />
ainsi une mesure non biaisée.<br />
C’est dans ce contexte que se situe un projet<br />
<strong>de</strong> recherche commun entre les services SET et<br />
Mécara, dans lequel s’inscrivent <strong>de</strong>ux nouvelles<br />
thèses <strong>de</strong> doctorat, supervisées par les Professeurs<br />
Marc Wuilpart et Olivier Verlin<strong>de</strong>n. Le but est <strong>de</strong><br />
concevoir <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> vibrations, utilisant la<br />
technologie <strong>de</strong>s fibres optiques, basés soit sur la<br />
mesure <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> polarisation <strong>de</strong> la lumière dans<br />
la fibre, soit sur l’utilisation <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg<br />
fibrés. L’état <strong>de</strong> polarisation est défini comme<br />
l’évolution <strong>de</strong> l’extrémité du vecteur champ électrique<br />
au cours du temps en un point donné <strong>de</strong><br />
l’espace. La fibre (ou le réseau <strong>de</strong> Bragg fibré)<br />
soumise à une vibration voit ses propriétés <strong>de</strong><br />
polarisation se modifier, notamment via le phénomène<br />
<strong>de</strong> biréfringence, propriété d’un matériau<br />
dans lequel la lumière se propage <strong>de</strong> manière<br />
anisotrope. Par exemple, si une fibre circulaire est<br />
écrasée et <strong>de</strong>vient elliptique, la composante <strong>de</strong><br />
la lumière polarisée suivant le grand axe ne se<br />
propage pas à la même vitesse que la composante<br />
polarisée suivant le petit axe, avec pour effet <strong>de</strong><br />
modifier l’état <strong>de</strong> polarisation. A la sortie <strong>de</strong> la<br />
fibre, avec un dispositif permettant <strong>de</strong> sélectionner<br />
un état <strong>de</strong> polarisation particulier et un détecteur<br />
mesurant ensuite la puissance lumineuse, on<br />
obtient une puissance optique variant au rythme<br />
<strong>de</strong> la vibration appliquée.<br />
Ce résultat établi, il s’agit d’expliquer quels sont<br />
les paramètres influençant la variation <strong>de</strong> la biréfringence,<br />
et la manière dont ils l’influencent. En<br />
effet, il faudra trouver une configuration du capteur<br />
permettant d’obtenir <strong>de</strong>s mesures présentant <strong>de</strong><br />
bonnes caractéristiques <strong>de</strong> répétabilité, <strong>de</strong> linéarité,<br />
et d’immunité par rapport à <strong>de</strong>s influences<br />
parasites comme la température. Les variations <strong>de</strong><br />
forme et <strong>de</strong> courbure <strong>de</strong> la fibre, les déformations<br />
ou les contraintes dues à la traction, la flexion ou<br />
la torsion peuvent exercer une influence. C’est<br />
là qu’intervient le Service <strong>de</strong> Mécara, qui effectuera<br />
l’étu<strong>de</strong> du mouvement d’une fibre soumise<br />
à <strong>de</strong>s vibrations. L’utilisation d’une caméra à haute<br />
vitesse permettra <strong>de</strong> vérifier les modèles.<br />
La réalisation <strong>de</strong>s capteurs <strong>de</strong> vibrations se déroulera<br />
en <strong>de</strong>ux étapes. Dans un premier temps, un capteur<br />
ponctuel (les vibrations sont mesurées en un point<br />
précis <strong>de</strong> la structure) sera développé. Dans un second<br />
POLY TECH N EWS 43 11
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
temps, un capteur distribué sera mis au point ; il permettra<br />
<strong>de</strong> mesurer l’évolution spatiale d’un paramètre<br />
le long <strong>de</strong> la fibre optique. Dans notre cas, les paramètres<br />
concernés sont la fréquence et l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
vibrations. Pour ce faire, un dispositif <strong>de</strong> type POTDR<br />
(Polarization Optical Time Domain Reflectometry) est<br />
envisagé. Ce dispositif, déjà développé au sein du SET,<br />
fournit une mesure <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la polarisation le<br />
long <strong>de</strong> la fibre, évolution qui, comme on le sait, est<br />
liée à la distribution <strong>de</strong>s vibrations. Les applications <strong>de</strong><br />
ce type <strong>de</strong> capteurs sont par exemple la mesure et la<br />
localisation <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vibrations posant problème<br />
dans une structure <strong>de</strong> génie civil, le long d’une chaîne<br />
<strong>de</strong> montage ou une aile d’avion. Ils pourraient également<br />
servir <strong>de</strong> détecteur d’intrusion (application liée<br />
à la sécurité), celle-ci se manifestant sous la forme<br />
d’une vibration appliquée sur une fibre installée le<br />
long d’une clôture. Il sera alors possible, grâce à un<br />
capteur distribué, <strong>de</strong> déterminer l’endroit <strong>de</strong> l’effraction.<br />
Un travail expérimental a déjà été effectué dans<br />
ce sens. Une application à plus long terme concerne<br />
les capteurs biomédicaux pour l’analyse <strong>de</strong> l’impact<br />
<strong>de</strong>s vibrations (par exemple lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong><br />
machines vibrantes) sur le corps humain.<br />
Puissance détéctée (u.a.)<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
100<br />
200 300 400<br />
Distance (m)<br />
Avec vibration<br />
Sans vibration<br />
100 200 300 400<br />
Distance (m)<br />
Illustration d’une tentative d’intrusion par relevés <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> polarisation : (a) relevés obtenus en présence et en l’absence <strong>de</strong><br />
vibration ; (b) : différence entre les <strong>de</strong>ux relevés.<br />
Puissance détéctée (u.a.)<br />
4<br />
2<br />
0<br />
-2<br />
-4<br />
-6<br />
-8<br />
-10<br />
-12<br />
-14<br />
-16<br />
DÉTECTER DES FUITES DE GAZ À L’AIDE<br />
DE RÉSEAUX DE BRAGG FIBRÉS<br />
y Dr Christophe Caucheteur, Électromagnétisme et Télécommunications<br />
Dr Marc Debliquy, Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />
Depuis 2004, le Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong><br />
Télécommunications développe, en collaboration<br />
avec le Service <strong>de</strong> Science <strong>de</strong>s Matériaux et l’ASBL<br />
Materia Nova (Driss Lahem) <strong>de</strong>s prototypes <strong>de</strong> capteurs<br />
chimiques basés sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> Bragg<br />
inscrits au sein <strong>de</strong> fibres optiques.<br />
De tels capteurs ont pour vocation <strong>de</strong> détecter <strong>de</strong>s<br />
fuites précoces <strong>de</strong> gaz toxiques et/ou inflammables.<br />
En outre, on peut appliquer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s telles que<br />
l’OTDR (Optical Time-Domain Reflectometer) ou la<br />
disposition en casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s réseaux au sein d’une<br />
seule fibre optique pour assurer la localisation <strong>de</strong>s<br />
fuites. Ce type <strong>de</strong> capteur est particulièrement adapté<br />
pour sécuriser <strong>de</strong> vastes périmètres comme <strong>de</strong>s<br />
gazoducs ou <strong>de</strong> grands réservoirs.<br />
Un réseau <strong>de</strong> Bragg fibré est un tronçon <strong>de</strong> fibre<br />
optique dont le cœur présente une modulation permanente<br />
et périodique (le pas est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 500<br />
nanomètres) <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong> réfraction le long <strong>de</strong> l’axe<br />
<strong>de</strong> propagation. Cette modulation d’indice s’obtient<br />
en exposant transversalement la fibre à un motif<br />
d’interférences <strong>de</strong> longueur d’on<strong>de</strong> voisine <strong>de</strong> 240<br />
nanomètres. Le SET dispose, à cet effet, d’un laser<br />
continu à argon, doublé en fréquence, émettant une<br />
on<strong>de</strong> continue à 244 nanomètres.<br />
Agissant comme un miroir sélectif en longueur<br />
d’on<strong>de</strong>, il couple, dans le sens contra-propageant,<br />
certaines longueurs d’on<strong>de</strong> autour d’une longueur<br />
d’on<strong>de</strong> centrale <strong>de</strong> résonance. Cette propriété fait<br />
d’un réseau <strong>de</strong> Bragg un filtre performant, très apprécié<br />
en télécommunications par fibres optiques. C’est<br />
également un composant <strong>de</strong> choix pour le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s capteurs. En effet, en réponse à un changement<br />
<strong>de</strong> température et/ou à une déformation mécanique<br />
axiale, la périodicité <strong>de</strong> la modulation d’indice se<br />
modifie, entraînant un décalage <strong>de</strong> la longueur d’on<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> résonance. En pratique, c’est la mesure <strong>de</strong> ce<br />
décalage en longueur d’on<strong>de</strong> qui est généralement<br />
utilisée pour la réalisation <strong>de</strong> capteurs.<br />
Les capteurs chimiques sont obtenus par le dépôt,<br />
à la surface du réseau <strong>de</strong> Bragg fibré, d’une couche<br />
sensible au gaz à mesurer. Pour que le réseau <strong>de</strong><br />
Bragg y soit sensible, cette couche doit réaliser l’une<br />
<strong>de</strong>s fonctions suivantes : modification <strong>de</strong> volume,<br />
modification <strong>de</strong> température ou changement d’indice<br />
<strong>de</strong> réfraction. Elle doit également être spécifique<br />
à l’espèce chimique à mesurer.<br />
La mesure du décalage en longueur d’on<strong>de</strong> est<br />
généralement utilisée pour la réalisation <strong>de</strong>s capteurs<br />
L’aboutissement majeur <strong>de</strong>s recherches consiste<br />
en un prototype <strong>de</strong> capteur d’hydrogène utilisant<br />
<strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> Bragg fibrés associés à une couche<br />
sensible catalytique. Pour le capteur d’hydrogène<br />
développé, la couche sensible, constituée d’un<br />
métal noble dispersé sur un oxy<strong>de</strong> métallique, est<br />
le siège d’une réaction exothermique lorsque ce<br />
composé gazeux est présent dans l’air. La détection<br />
d’hydrogène se fait alors par la mesure <strong>de</strong> l’élévation<br />
<strong>de</strong> température subie par le réseau <strong>de</strong> Bragg<br />
fibré. Soulignons que la réaction est rapi<strong>de</strong> et réversible,<br />
ce qui se traduit par une bonne sensibilité du<br />
prototype <strong>de</strong> capteur et un temps <strong>de</strong> réponse court.<br />
Cette avancée s’est d’ailleurs concrétisée par la<br />
prise d’un brevet européen.<br />
Plus d’informations :<br />
C. Caucheteur, M. Debliquy,<br />
D. Lahem and P. Mégret,<br />
«Hybrid fiber gratings coated<br />
with a catalytic sensitive<br />
layer for hydrogen sensing<br />
in air,» Opt. Express 16,<br />
16854-16859 (2008).<br />
12 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
L’OPEN INNOVATION<br />
y Dr Céline Thillou, Administration et Valorisation <strong>de</strong> la Recherche UMONS<br />
L’université, par essence même, se doit d’être à la source <strong>de</strong> l’innovation. De par ses missions d’enseignement<br />
et <strong>de</strong> recherche, une université crée, modifie, transmet et insuffle l’innovation dans les entreprises à travers<br />
<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> recherche qu’elle encadre ou du personnel qu’elle forme.<br />
L’innovation revêt <strong>de</strong> multiples formes et il est maintenant d’usage <strong>de</strong> discerner<br />
l’innovation marketing <strong>de</strong> l’innovation technologique. En effet, au sens commun <strong>de</strong>s<br />
sociétés européennes, l’innovation dite « <strong>de</strong> rupture », celle qui permet d’ouvrir <strong>de</strong><br />
nouveaux marchés, est très souvent associée à l’innovation technologique. Or, bon<br />
nombre <strong>de</strong> produits ou services ont été créés par une innovation non technologique,<br />
comme par exemple la vague du « low cost », qui a permis <strong>de</strong> relancer l’économie<br />
dans différents marchés, sans aucune innovation technologique.<br />
Cependant, ces quelques paragraphes abor<strong>de</strong>ront plus facilement l’innovation<br />
technologique, celle qui, majoritairement, peut être issue d’une université.<br />
L’innovation ou la créativité, comme s’intitule ce dossier, peut être générée<br />
par différents aspects en recherche. L’émulation peut, en effet, venir<br />
<strong>de</strong> sujets <strong>de</strong> recherche porteurs, issus <strong>de</strong> nouveaux matériels ou <strong>de</strong> nouveaux<br />
partenaires, mais aussi <strong>de</strong> mixité dans les domaines technologiques.<br />
La création récente <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> permettra assurément <strong>de</strong> renforcer<br />
une démarche d’innovation entre les laboratoires <strong>de</strong> thématiques similaires mais<br />
également une innovation interdisciplinaire pour créer <strong>de</strong> nouvelles connexions<br />
<strong>de</strong> recherche. De plus, l’université est une vitrine ouverte pour les entreprises et<br />
<strong>de</strong> nombreux partenariats se créent aujourd’hui, à l’instar <strong>de</strong> l’open innovation.<br />
Ainsi, une différence est largement faite entre les années 70, où l’on considérait<br />
l’innovation comme un ensemble <strong>de</strong> pratiques développées au sein d’une<br />
entreprise, en secret, pour attaquer par surprise <strong>de</strong>s marchés porteurs, et<br />
aujourd’hui, où l’innovation peut émaner <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> recherche comportant<br />
<strong>de</strong> multiples partenaires.<br />
L’idée centrale <strong>de</strong> l’open innovation est <strong>de</strong> ne plus se baser uniquement sur sa propre<br />
recherche pour innover mais <strong>de</strong> capter les résultats <strong>de</strong>s recherches avoisinantes pour<br />
enrichir son savoir-faire et développer plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> nouvelles compétences,<br />
sources d’innovation. Le <strong>de</strong>uxième aspect <strong>de</strong> l’open innovation est qu’une fois les<br />
résultats atteints, ces <strong>de</strong>rniers ne doivent plus rester en interne mais être diffusés à<br />
l’extérieur par l’intermédiaire <strong>de</strong> brevets, entreprises conjointes (ou joint ventures)<br />
ou spin-off, sociétés émanant également d’universités.<br />
Il apparaît donc clairement que l’open innovation se fon<strong>de</strong> sur la collaboration<br />
entre universités et entreprises. Pour bien souligner l’importance <strong>de</strong> ces collaborations<br />
bilatérales, il est primordial d’expliquer la nette différence <strong>de</strong> l’innovation<br />
d’aujourd’hui avec celle d’hier, fermée, comme l’illustre le tableau ci-<strong>de</strong>ssous.<br />
L’innovation ouverte, traduction du terme très répandu <strong>de</strong> l’open innovation, est un<br />
concept émanant du Prof. Henry Chesbrough, directeur du centre <strong>de</strong> l’innovation<br />
ouverte, situé à Berkeley.<br />
Innovation fermée Innovation ouverte<br />
Les meilleurs chercheurs doivent être engagés dans notre entreprise Nous <strong>de</strong>vons travailler avec les meilleurs chercheurs, <strong>de</strong> notre entreprise<br />
et d’ailleurs<br />
Pour avoir les bénéfices <strong>de</strong> la recherche, nous <strong>de</strong>vons inventer, développer<br />
et commercialiser tout nous-mêmes<br />
Si nous découvrons quelque chose, nous pourrons le porter sur le marché<br />
en premier<br />
La recherche externe peut aussi créer <strong>de</strong> la valeur ajoutée : la recherche<br />
interne est alors seulement nécessaire pour revendiquer certaines parties<br />
du profit<br />
Nous ne <strong>de</strong>vons pas nécessairement être à la source <strong>de</strong> la recherche pour<br />
en tirer <strong>de</strong>s profits<br />
L’entreprise qui pénètre le marché en premier gagne toujours Construire un meilleur modèle d’affaire est mieux que pénétrer le marché<br />
en premier<br />
Nous <strong>de</strong>vons contrôler notre propriété intellectuelle pour que nos<br />
concurrents ne profitent pas <strong>de</strong> nos idées<br />
Nous <strong>de</strong>vons profiter <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> notre propriété intellectuelle par les<br />
autres et nous <strong>de</strong>vons acheter la propriété <strong>de</strong>s autres pour enrichir notre<br />
modèle d’affaire<br />
(traduit <strong>de</strong> Chesbrough, H. (2003) : « Open Innovation : The New Imperative for Creating and Profiting from Technology », Harvard Business School Press)<br />
POLY TECH N EWS 43 13
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
Représentation <strong>de</strong> l’innovation fermée (à gauche) et<br />
<strong>de</strong> l’open innovation (à droite) - adapté <strong>de</strong> Chesbrough, 2003<br />
La différence, illustrée dans les images ci-contre, permet également <strong>de</strong><br />
mesurer le rôle important <strong>de</strong> la recherche universitaire pour les entreprises.<br />
En effet, les laboratoires <strong>de</strong> recherche peuvent apporter <strong>de</strong>s compétences<br />
<strong>de</strong> pointe aux industriels sous différentes formes (prestations<br />
<strong>de</strong> service, missions <strong>de</strong> consultance ou collaborations <strong>de</strong> recherche).<br />
Ces points ne sont pas seulement issus <strong>de</strong> la recherche d’un scientifique dans<br />
le mon<strong>de</strong> mais ont été démontrés par plusieurs étu<strong>de</strong>s récentes :<br />
Le cabinet Booz Allen Hamilton a montré qu’il n’existait pas <strong>de</strong><br />
lien direct entre un niveau élevé d’investissement en recherche<br />
et les bonnes performances d’une entreprise : en d’autres mots,<br />
pour innover, il ne suffit pas seulement d’augmenter le budget <strong>de</strong><br />
son département R&D en interne ;<br />
Une autre étu<strong>de</strong> d’IBM Global Business Services a mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
que les entreprises les plus performantes avaient plus <strong>de</strong> partenariats<br />
avec l’extérieur, dans une proportion <strong>de</strong> 30% supérieure<br />
aux autres.<br />
Les bénéfices <strong>de</strong> l’open innovation ne sont plus à démontrer et le<br />
rôle <strong>de</strong>s universités et <strong>de</strong>s laboratoires <strong>de</strong> recherche auprès d’entreprises<br />
<strong>de</strong> proximité <strong>de</strong>vient incontournable pour leur innovation.<br />
De plus, cela permet d’expérimenter, à moindres coût et risque, <strong>de</strong>s<br />
idées innovantes qu’il serait laborieux <strong>de</strong> développer en interne dans<br />
chaque entreprise.<br />
Cet enrichissement <strong>de</strong> savoir-faire et cette proximité avec les entreprises<br />
peuvent se développer et s’accroître encore plus dès lors que les rapports<br />
avec les entreprises ont été clairement définis. Assainir ces relations dès<br />
le début permettra <strong>de</strong> meilleures collaborations baséés sur la confiance<br />
et se développant sur le long terme.<br />
Il convient d’établir le plus tôt possible <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> confi<strong>de</strong>ntialité. En<br />
effet, même si l’innovation est dite « ouverte », les entreprises restent<br />
néanmoins concurrentes entre elles et les idées <strong>de</strong> l’une ne doivent<br />
pas être mélangées avec les idées <strong>de</strong> l’autre. Une fois que les résultats<br />
sont atteints, l’adoption <strong>de</strong> modèles d’affaire adéquats permettra alors<br />
la mixité <strong>de</strong> l’innovation.<br />
Il en va <strong>de</strong> même avec les idées émanant <strong>de</strong> l’université. Les partenariats<br />
établis avec une entreprise en particulier apportent <strong>de</strong>s avantages<br />
en termes <strong>de</strong> recherche.<br />
D’autres accords peuvent également être conclus, comme <strong>de</strong>s accords<br />
<strong>de</strong> transfert <strong>de</strong> matériel (ou <strong>de</strong> logiciel) et <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> collaboration,<br />
pour établir le plus tôt possible les droits et <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> chacun et optimiser<br />
les réussites d’une collaboration.<br />
Ces différents accords bilatéraux, ou multiples lorsqu’il y a plusieurs<br />
partenaires, permettront également à l’université d’enrichir son savoirfaire,<br />
<strong>de</strong> le protéger et <strong>de</strong> créer sa valeur ajoutée.<br />
Ce <strong>de</strong>rnier point est primordial :<br />
pour créer <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> licence, à négocier avec les entreprises et leur<br />
permettre d’accé<strong>de</strong>r à plus d’innovation ;<br />
pour déposer <strong>de</strong>s brevets, à également revendre ou licencier à <strong>de</strong>s entreprises<br />
;<br />
et enfin, pour créer <strong>de</strong>s spin-offs, génératrices <strong>de</strong> nouveaux emplois, <strong>de</strong><br />
nouveaux marchés et <strong>de</strong> nouvelles innovations !<br />
L’université et ses laboratoires <strong>de</strong> recherche sont au centre <strong>de</strong> l’innovation <strong>de</strong> notre<br />
société et ses missions <strong>de</strong> recherche tournées vers les entreprises wallonnes et<br />
internationales continuent <strong>de</strong> croître chaque année. Cet enrichissement intra et<br />
inter-universitaire se doit d’être le plus encadré pour être optimal.<br />
L’idée centrale <strong>de</strong> l’open<br />
innovation est <strong>de</strong> ne plus<br />
se baser uniquement sur<br />
sa propre recherche pour<br />
innover mais <strong>de</strong> capter les<br />
résultats <strong>de</strong>s recherches<br />
avoisinantes<br />
Le département d’Administration et <strong>de</strong> Valorisation <strong>de</strong><br />
la Recherche (AVRE) <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> se tient<br />
à votre disposition pour vous soutenir dans votre démarche<br />
d’innovation.<br />
(http://portail.umons.ac.be/FR/universite/admin/dar/<br />
Pages/<strong>de</strong>fault.aspx).<br />
14 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
GREENRAIL : UN RAIL MOINS ÉNERGIVORE<br />
y Prof. Daniel Tuyttens, Dr Hongying Fei, Dr Mohand Mezmaz, Ir Jad Jalwan<br />
Mathématique et Recherche Opérationnelle<br />
La consommation énergétique du réseau ferroviaire entraîne <strong>de</strong>s factures d’électricité assez importantes. Le projet<br />
GreenRail, qui entre dans le cadre du développement durable, s’inscrit dans l’objectif « efficience énergétique » (Pôle<br />
<strong>de</strong> compétitivité LOGISTICS IN WALLONIA). Il vise à optimiser la consommation énergétique au niveau opérationnel du<br />
système ferroviaire.<br />
De nos jours, plus <strong>de</strong> 70% du réseau ferroviaire<br />
belge est électrifié. La facture d’électricité annuelle<br />
est estimée à 100 millions d’euros. 1% <strong>de</strong><br />
consommation en moins se traduit par 1 million<br />
d’euros d’économie : le potentiel <strong>de</strong> gain est par<br />
conséquent considérable ! Cependant, les opérateurs<br />
ferroviaires n’investissent pas suffisamment<br />
pour baisser la consommation électrique.<br />
GreenRail vise à réduire cette consommation en<br />
intervenant sur plusieurs paramètres du réseau<br />
ferroviaire. Il fait partie d’un projet plus vaste <strong>de</strong><br />
niveau européen visant à innover dans le domaine<br />
du rail. GreenRail étudie toutes les composantes<br />
nécessaires à la mise au point d’un système <strong>de</strong><br />
gestion temps-réel <strong>de</strong> la consommation énergétique<br />
du système ferroviaire. Le résultat sera<br />
intégré dans les systèmes existants, <strong>de</strong> manière<br />
compatible avec les standards européens d’interopérabilité.<br />
Ce projet permet un investissement<br />
mo<strong>de</strong>ste avec un retour rapi<strong>de</strong>, l’ambition étant <strong>de</strong><br />
réduire la consommation électrique <strong>de</strong> 10 à 15%.<br />
GreenRail réunit un large consortium regroupant 7<br />
partenaires: les sociétés Alstom, Infrabel, Multitel,<br />
Decizium, Logiplus et <strong>de</strong>s services universitaires<br />
<strong>de</strong> la FUCaM et <strong>de</strong> la FPMs (service MathRO-Pôle<br />
TI). Ce <strong>de</strong>rnier est appelé dans ce projet pour ses<br />
compétences en optimisation. En effet, son rôle<br />
est <strong>de</strong> développer les algorithmes d’optimisation<br />
les mieux adaptés au problème posé. Ce développement<br />
sera précédé par une modélisation <strong>de</strong> la<br />
structure <strong>de</strong> consommation énergétique. Les différents<br />
paramètres, les objectifs et les contraintes<br />
étant définis, un choix d’algorithme d’optimisation<br />
sera effectué, lié à la complexité <strong>de</strong> la modélisation<br />
du problème. La recherche <strong>de</strong> solutions quasi-optimales<br />
ne peut être envisagée qu’en utilisant <strong>de</strong>s<br />
algorithmes heuristiques ou méta-heuristiques.<br />
Une <strong>de</strong>s stratégies prises en compte pour réduire<br />
la consommation énergétique du rail est la façon<br />
<strong>de</strong> conduire le train. Les différentes actions effectuées<br />
par le conducteur (accélération, décélération,<br />
roulement sur l’air, freinage, etc.) lors d’un<br />
trajet influencent la consommation électrique du<br />
train. L’Ecodriving consiste à jouer sur ces paramètres<br />
afin <strong>de</strong> réduire la facture énergétique du<br />
trajet. Le système comportera une composante<br />
embarquée qui calculera et dictera en temps réel<br />
au conducteur le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite optimal.<br />
Le Timetabling est un autre paramètre qui permet<br />
d’améliorer la consommation énergétique. En effet,<br />
un horaire <strong>de</strong> train optimal permet d’éviter les<br />
conflits sur une même voie et, par conséquent, <strong>de</strong><br />
réduire le nombre d’arrêts et <strong>de</strong> (re)démarrages<br />
<strong>de</strong>s trains. D’un autre côté, une synchronisation<br />
<strong>de</strong>s départs et arrivées <strong>de</strong>s trains dans les gares<br />
est nécessaire. Ceci permet d’utiliser le courant<br />
généré par le freinage d’un train pour le démarrage<br />
d’un autre. D’où la nécessité d’une <strong>de</strong>uxième<br />
composante centralisée qui gère les systèmes <strong>de</strong><br />
planification et le trafic existant.<br />
Les parties auxiliaires du train (éclairage, climatisation,<br />
signalisation, etc.) sont aussi prises en compte.<br />
En effet, la consommation <strong>de</strong> ces parties est estimée<br />
à 30% <strong>de</strong> la consommation totale. Une utilisation<br />
bien adaptée <strong>de</strong> ces parties permet <strong>de</strong> réduire leur<br />
consommation électrique et contribue à l’optimisation<br />
<strong>de</strong> la consommation énergétique du train.<br />
Le déploiement d’un tel système réduira à coup<br />
sûr le coût du transport ferroviaire, le rendant<br />
plus concurrentiel vis-à-vis <strong>de</strong>s autres moyens <strong>de</strong><br />
transport. De plus, ce rail moins énergivore aura un<br />
impact positif direct sur la consommation d’énergie<br />
en Belgique.<br />
Contrôler un environnement 3D avec le corps<br />
La créativité et l’innovation sont largement présentes dans<br />
les projets et travaux <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s réalisés par les étudiants<br />
<strong>de</strong> la section Informatique et Gestion.<br />
En particulier, le TFE d’Orlando Cassano a consisté à localiser la position<br />
<strong>de</strong>s doigts <strong>de</strong> l’utilisateur d’un ordinateur et ce, dans les trois directions<br />
<strong>de</strong> l’espace, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Wiimotes. Un premier programme a été développé,<br />
permettant <strong>de</strong> contrôler le pointeur <strong>de</strong> la souris à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s doigts. Ainsi,<br />
l’utilisation <strong>de</strong> la souris est entièrement remplacée par un contrôle manuel.<br />
Ce procédé permet dès lors à l’utilisateur <strong>de</strong> contrôler le pointeur <strong>de</strong> la souris<br />
avec ses doigts. La secon<strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> ce travail est la création d’un<br />
espace 3D donnant un maximum d’informations sur le contenu du disque<br />
dur, à la manière du poste <strong>de</strong> travail. Enfin, le contrôle <strong>de</strong> cet espace 3D a été<br />
adapté aux mouvements <strong>de</strong>s doigts <strong>de</strong> l’utilisateur.<br />
POLY TECH N EWS 43 15
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
LE PROJET ARC-OLIMP<br />
ou comment exploiter la puissance<br />
<strong>de</strong>s architectures hétérogènes<br />
y Ir Sidi Mahmoudi, Prof. Pierre Manneback, Informatique<br />
Les PCs actuels comprennent <strong>de</strong>s cartes graphiques à haute performance (GPU), ainsi que plusieurs cœurs <strong>de</strong> traitement<br />
(dual-core, quadri-core). Ils pourront bientôt contenir <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> cœurs. Exploiter au mieux ces puissances GPU<br />
et multi-core, pour le bénéfice du traitement multimédia, tel est le défi que veut relever le projet d’Action <strong>de</strong> Recherche<br />
Concertée (ARC) OLIMP.<br />
Le projet OLIMP (pour Online Live Interactive Multimedia Processing) couvre<br />
les procédés <strong>de</strong> synthèse, <strong>de</strong> mixage et <strong>de</strong> rendu <strong>de</strong> compositions multimédias<br />
interactives (Live Interactive Multimedia ou LIM), en respectant les exigences<br />
<strong>de</strong> Qualité <strong>de</strong> Service, comme par exemple la netteté <strong>de</strong>s images, la vitesse <strong>de</strong><br />
traitement, ou la fluidité <strong>de</strong>s séquences vidéo. Il abor<strong>de</strong> plus spécifiquement la<br />
conception <strong>de</strong> composants logiciels optimisés, déployables sur <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong><br />
traitements spécifiques, notamment les GPU. Il touche aussi à la conception<br />
d’un logiciel <strong>de</strong> courtage intelligent (broker), qui ordonnancera au mieux les<br />
tâches <strong>de</strong> traitement, suivant les ressources informatiques disponibles (Multi-<br />
CPU, Multi-GPU).<br />
Durant la première année du projet, un travail en profon<strong>de</strong>ur a été mené afin<br />
<strong>de</strong> montrer l’intérêt <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s GPUs pour améliorer les performances<br />
<strong>de</strong>s algorithmes <strong>de</strong> traitement d’images. Ceci est particulièrement important<br />
dans plusieurs domaines <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> données multimédia, telles que<br />
l’imagerie médicale et le traitement et l’analyse <strong>de</strong>s mouvements en temps<br />
réel. Pour ce faire, plusieurs algorithmes <strong>de</strong> traitement d’images sur GPU ont<br />
été mis en œuvre. Des résultats expérimentaux ont ainsi été obtenus en utilisant<br />
plusieurs plateformes, telles que GPU GeForce8600 et GPU GTX280. Ces<br />
résultats montrent une accélération globale allant d’un facteur <strong>de</strong> 10 à 40 par<br />
rapport à une implémentation séquentielle sur CPU. Ceci est particulièrement<br />
prometteur pour atteindre le temps-réel dans <strong>de</strong>s applications multimédia, ou<br />
obtenir <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> calcul raisonnables pour <strong>de</strong>s simulations complexes, et<br />
cela sans recours à <strong>de</strong> coûteux super-ordinateurs.<br />
Plateforme Multi CPU-GPU<br />
L’INGÉNIERIE DES SYSTÈMES EMBARQUÉS :<br />
l’exemple du robot insectoï<strong>de</strong><br />
y Ir Michel Bagein, Informatique<br />
Ir Quentin Bombled, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />
Les systèmes embarqués sont vus comme <strong>de</strong>s ordinateurs enfouis dans les équipements<br />
électroniques (téléphones, voitures, avions, satellites, engins industriels) ;<br />
ils sont souvent soumis à <strong>de</strong>s contraintes fortes, telles que faible consommation,<br />
capacité-mémoire réduite, temps-réel, communication performante.<br />
Les Services d’Informatique et <strong>de</strong> Mécanique rationnelle<br />
ont conçu ensemble une toute nouvelle<br />
architecture informatique pour un robot insectoï<strong>de</strong>.<br />
L’enjeu est <strong>de</strong> mettre en place un système embarqué<br />
capable <strong>de</strong> piloter, en temps réel, les 18 moteurs<br />
nécessaires au pilotage <strong>de</strong> chaque articulation<br />
<strong>de</strong>s 6 pattes du robot. Le « temps-réel » prend<br />
ici tout son sens : chaque articulation doit être<br />
finement contrôlée en position et en vitesse, et les<br />
pattes doivent être mutuellement synchronisées<br />
pour garantir une marche normale, même lorsque<br />
l’une d’entre elles est ralentie par un obstacle.<br />
Même si en termes <strong>de</strong> technologies, les composants<br />
<strong>de</strong> base sont connus et éprouvés, l’innovation<br />
se situe dans leurs interactions, guidées par<br />
les principes fondamentaux <strong>de</strong> la programmation<br />
et <strong>de</strong> la communication/synchronisation en temps<br />
réel. Ceci permet au système informatique <strong>de</strong><br />
s’adapter aux contraintes physiques <strong>de</strong> la mécanique<br />
: c’est bel et bien l’ordinateur qui s’adapte<br />
au mon<strong>de</strong> réel.<br />
La nouvelle informatique embarquée est en cours<br />
d’évolution : un travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s (confié à<br />
Daniel Rozanski, étudiant en cours du soir à Charleroi)<br />
est entamé pour développer une comman<strong>de</strong><br />
interactive sans fil du robot par un contrôleur (PC<br />
portable). L’enjeu <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> s’affranchir<br />
<strong>de</strong> la discontinuité inhérente aux liaisons WiFi,<br />
sans perturber le système fortement synchronisé<br />
du contrôle <strong>de</strong>s articulations : il faudra non seulement<br />
assurer une communication lâche (non<br />
temps-réel), mais aussi imaginer <strong>de</strong>s scénarii <strong>de</strong><br />
repli en mo<strong>de</strong> dégradé et <strong>de</strong> reprise <strong>de</strong> marche<br />
lors d’aléas <strong>de</strong> communication.<br />
Le logiciel embarqué est le secteur <strong>de</strong>s<br />
TIC qui dispose du plus fort potentiel<br />
<strong>de</strong> croissance pour les années à venir :<br />
les activités <strong>de</strong> R&D <strong>de</strong>vraient connaître<br />
une croissance <strong>de</strong> 130 % entre 2002 et<br />
2015 sur les six secteurs d’application<br />
agrégés : aéronautique, transport routerail-mer,<br />
automatismes industriels, télécommunications,<br />
équipements <strong>de</strong> santé<br />
et électronique grand public.<br />
16 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
QUAND DES ÉDITEURS BELGES DE LOGICIELS SE<br />
DONNENT LA MAIN : PROJET MULTI PHI<br />
y Dr Moncef Gazdallah, Thermique<br />
Grâce aux résultats attendus du projet MULTI PHI, développé en association avec le Pôle Energie <strong>de</strong> la Polytech et financé dans<br />
le cadre du plan Marshall, différents partenaires vont pouvoir mettre au point, sur base <strong>de</strong> leur complémentarité d’expertise,<br />
une nouvelle génération <strong>de</strong> logiciels <strong>de</strong> modélisation industrielle et d’analyse multi-physique. Ils amélioreront <strong>de</strong> ce fait leur<br />
position concurrentielle sur le marché mondial, et pourront donc conquérir <strong>de</strong> nouvelles parts <strong>de</strong> marché, dans la mesure où il<br />
n’existe pas, actuellement, une offre industrielle complètement multi-physique en CAO (Conception Assistée par Ordinateur).<br />
Les trois PME concernées par ce projet (NUMFLO, SAMTECH et OPEN ENGI-<br />
NEERING) vont produire un premier logiciel multi-physique, intégrant la résolution<br />
<strong>de</strong> divers problèmes, dans les domaines <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> structures,<br />
du rayonnement thermique, <strong>de</strong> l’acoustique et <strong>de</strong> l’optique. Ces PME seront<br />
entourées <strong>de</strong> partenaires <strong>de</strong> recherche, qui apportent eux aussi leur savoirfaire<br />
dans diverses méthodologies numériques et informatiques nécessaires<br />
à la réalisation <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> ce projet. Les utilisateurs finaux sont, principalement,<br />
liés au domaine <strong>de</strong>s technologies spatiales.<br />
Le Pôle Energie est un <strong>de</strong>s partenaires universitaires qui participe aux développements<br />
spécifiques liés à la simulation <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> couplage<br />
flui<strong>de</strong>-structure et flui<strong>de</strong>-thermique qui nécessitent, entre autres, la modélisation<br />
<strong>de</strong>s transferts radiatifs.<br />
Le Pôle Energie s’intéresse <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années à cette problématique.<br />
Parmi l’ensemble <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution disponibles, certaines<br />
métho<strong>de</strong>s sont plus particulièrement adaptées au couplage <strong>de</strong> la résolution<br />
<strong>de</strong>s transferts radiatifs avec les équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> la mécanique<br />
<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s. Le savoir-faire du pôle sera donc mis à contribution pour développer<br />
les modules <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s transferts radiatifs utilisant la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
volumes finis.<br />
Ce projet ambitieux, qui a démarré en janvier 2009, s’étendra sur 3 ans. Ren<strong>de</strong>z-vous<br />
donc fin 2011 pour découvrir les nouveaux produits logiciels issus<br />
<strong>de</strong> cette collaboration inédite !<br />
Le rayonnement thermique est un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transfert que l’on associe essentiellement<br />
aux milieux semi-transparents. En combustion, dès que l’on observe<br />
un milieu gazeux à haute température avec <strong>de</strong>s capacités importantes<br />
d’absorption et <strong>de</strong> diffusion du rayonnement (c’est le cas <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> la<br />
combustion d’hydrocarbures tels que H 2<br />
O, CO 2<br />
et CO), il <strong>de</strong>vient nécessaire<br />
<strong>de</strong> s’attacher à une bonne <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s transferts radiatifs. Dans certaines<br />
configurations, le rayonnement peut <strong>de</strong>venir un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> transfert énergétique<br />
non négligeable, voire prépondérant. Sa modélisation impose <strong>de</strong> tenir<br />
compte <strong>de</strong>s aspects spatiaux, directionnels et spectraux. La transmission <strong>de</strong><br />
chaleur à distance, caractéristique propre au rayonnement, se traduit ainsi<br />
par <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> type intégro-différentielles, qui ne peuvent être résolues<br />
que par voie numérique.<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous fin 2011 pour<br />
découvrir les nouveaux<br />
produits logiciels issus <strong>de</strong><br />
cette collaboration inédite !<br />
Crédtis : NASA<br />
POLY TECH N EWS 43 17
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
« BON POUR LE SERVICE » DE L’INNOVATION<br />
y Prof. Michel Vankerkem, Économie et Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />
À la recherche<br />
<strong>de</strong> mon opposé<br />
L’innovation, au sens<br />
économique, est un<br />
continuum partant <strong>de</strong><br />
la naissance <strong>de</strong> l’idée<br />
et aboutissant à un<br />
produit, un service, un<br />
processus rentable.<br />
Elle résulte d’un travail<br />
collectif. Le choix <strong>de</strong>s personnes à réunir autour du<br />
berceau <strong>de</strong> l’innovation est déterminant pour sa<br />
survie, puis pour sa réussite.<br />
Une métho<strong>de</strong> originale a été développée dans le<br />
Service d’Economie pour sélectionner les personnes<br />
les plus aptes à constituer une équipe<br />
innovante : la « métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s opposés ». Il s’agit <strong>de</strong><br />
constituer l’équipe idéale en rassemblant les profils<br />
les plus dissemblables possibles. Pratiquement, il<br />
faut commencer par i<strong>de</strong>ntifier les opposés dans un<br />
groupe initial <strong>de</strong> personnes, par exemple, parmi les<br />
cadres d’une entreprise. Les composants d’un individu,<br />
qui le séparent le plus irrémédiablement d’un<br />
autre, sont son système <strong>de</strong> valeurs, son attitu<strong>de</strong><br />
face aux problèmes et ses rôles naturels. En outre,<br />
ils le différencient définitivement car ces constituants<br />
sont stables, durcis, du moins à l’âge adulte.<br />
L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> ces caractéristiques individuelles<br />
prend une <strong>de</strong>mi-journée pour une vingtaine <strong>de</strong><br />
cadres. La rapidité <strong>de</strong> cette détection vient du soin<br />
qui a été apporté antérieurement à la création <strong>de</strong>s<br />
questionnaires et au repérage <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
cas possibles et à leur hiérarchisation.<br />
Lorsque les caractéristiques dures <strong>de</strong>s cadres<br />
ont été extraites, la métho<strong>de</strong> éclaire les opposés<br />
et montre comment les marier. Par exemple, un<br />
cadre dont les valeurs se situent au nord <strong>de</strong> la rose<br />
<strong>de</strong>s valeurs, et un autre dont les valeurs se positionnent<br />
au sud, ne proposent pas spontanément<br />
les mêmes solutions. Tous <strong>de</strong>ux ne perçoivent déjà<br />
pas les problèmes <strong>de</strong> la même façon. Notre opposé<br />
ne voit pas le mon<strong>de</strong> « comme il est ». Il y aura<br />
donc un effort à fournir pour travailler ensemble,<br />
pour que les i<strong>de</strong>ntités différentes ne se repoussent<br />
pas. En contrepartie, dans ce vivier, la diversité <strong>de</strong>s<br />
approches sera maximale. Par exemple, connaissant<br />
les profils <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l’entreprise, il<br />
sera facile <strong>de</strong> sélectionner les individus convenant<br />
le mieux pour participer à un brainstorming ou<br />
<strong>de</strong> composer l’équipe transversale la plus fertile<br />
pour rajeunir le portefeuille <strong>de</strong> produits. De même,<br />
il sera aisé <strong>de</strong> sélectionner les personnes adéquates<br />
pour prolonger l’exploitation <strong>de</strong>s produits<br />
anciens. La métho<strong>de</strong> dénonce aussi les chaînons<br />
manquants dans les équipes existantes et les personnes<br />
qui sont en contre-emploi. Dans tous ces<br />
cas, elle repère les dysfonctionnements professionnels<br />
qui affectent les équipes.<br />
A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> patrons français, la métho<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s opposés a été redéveloppée pour leur permettre<br />
<strong>de</strong> poser un diagnostic sur leur bras droit,<br />
leur comité <strong>de</strong> direction et chaque service <strong>de</strong> leur<br />
entreprise. 405 patrons ont été formés à ce jour,<br />
essentiellement en France.<br />
Les tests d’acceptation<br />
Dans le continuum <strong>de</strong> l’innovation, la phase <strong>de</strong><br />
marketing requiert aussi <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s particulières.<br />
La métho<strong>de</strong> commerciale la plus utile est<br />
le test d’acceptation. Il s’agit d’une enquête qualitative<br />
pour évaluer l’intérêt d’une nouveauté.<br />
Vingt personnes ayant un avis autorisé suffisent<br />
pour dire qu’une nouveauté atteint ou n’atteint<br />
pas le jugement « bon » porté sur les critères<br />
d’évaluation pertinents. La faiblesse du nombre<br />
<strong>de</strong> personnes interrogées est compensée par la<br />
hauteur du score exigé pour annoncer un feu vert.<br />
La métho<strong>de</strong> condamne <strong>de</strong>s nouveautés qui auraient<br />
peut-être pu passer si l’échantillon avait été représentatif.<br />
Cependant, il faut considérer qu’elle est<br />
habituellement couplée avec une démarche créative.<br />
Donc un échec, même immérité, ne renvoie<br />
jamais l’inventeur qu’au réservoir <strong>de</strong>s autres idées,<br />
qu’il avait dégagées d’un brainstorming. Il suffit dès<br />
lors <strong>de</strong> tester une autre idée, puis encore une autre,<br />
jusqu’à trouver une idée « bonne ».<br />
Les tests d’acceptation sont légers à organiser<br />
et peu coûteux. Ils sont idéaux pour les PME qui,<br />
renonçant à une enquête statistiquement représentative,<br />
faute <strong>de</strong> budget, se contentent autrement <strong>de</strong><br />
son<strong>de</strong>r leurs proches (avis biaisés). Ces tests sont<br />
fréquemment <strong>de</strong>mandés au Service d’Economie.<br />
Ils sont actuellement réalisés comme un service<br />
à la collectivité. La majorité <strong>de</strong> ces tests ont été<br />
jusqu’à présent organisés en collaboration avec La<br />
Maison <strong>de</strong> l’Entreprise et la Ville <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>. Les tests<br />
d’acceptation disponibles concernent les concepts<br />
<strong>de</strong> nouveaux produits ou services, les concepts <strong>de</strong><br />
nouvelles activités, les nouvelles marques, les nouveaux<br />
slogans ou signatures institutionnelles, les<br />
nouveaux logos et les nouvelles publicités.<br />
L’arbre <strong>de</strong> performance<br />
La phase financière<br />
<strong>de</strong> l’innovation vise à<br />
mesurer et à expliquer<br />
l’intérêt du nouveau<br />
projet. L’arbre <strong>de</strong> performance<br />
agrège, en<br />
les étageant par branches, tous les indicateurs<br />
<strong>de</strong> gestion nécessaires et suffisants pour qualifier<br />
financièrement un projet innovant. Il y a une multitu<strong>de</strong><br />
d’indicateurs financiers dans les ouvrages<br />
spécialisés. Cependant, ils sont décrits, parfois<br />
par familles, mais toujours juxtaposés, montrant<br />
les différentes faces <strong>de</strong> l’affaire. Ici, l’avantage<br />
<strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> les lier tous par <strong>de</strong>s relations<br />
<strong>de</strong> causes à effets et même précisément<br />
par <strong>de</strong>s formules. L’arbre, avec la totalité <strong>de</strong> ses<br />
indicateurs, constitue ainsi une formule géante<br />
qui montre la contribution <strong>de</strong> toutes les parties<br />
du projet à la performance unique générale. Il<br />
permet <strong>de</strong> distinguer : la performance fiscale<br />
(abattement pour personnel supplémentaire en<br />
R&D, déduction pour investissement...), la performance<br />
du financement (conditions d’emprunt,<br />
subventions en capital, en intérêt...), la performance<br />
exceptionnelle (circonstances étrangères<br />
mais concomitantes au projet), la performance <strong>de</strong>s<br />
actifs financiers (conditions <strong>de</strong> placements, intérêts<br />
sur le compte courant…) et la performance<br />
<strong>de</strong>s activités d’exploitation (marges successives<br />
d’exploitation, rotation <strong>de</strong> l’actif d’exploitation, <strong>de</strong>s<br />
stocks…). Les diverses causes sont i<strong>de</strong>ntifiées<br />
isolément, exhaustivement et sans redondance.<br />
Cycle post-universitaire en Management <strong>de</strong> l’Innovation<br />
Ces métho<strong>de</strong>s originales et exclusives sont pour l’essentiel données<br />
dans le programme du Certificat d’<strong>Université</strong> en Management <strong>de</strong> l’Innovation.<br />
Elles interviennent dans le mécanisme d’ensemble <strong>de</strong> l’innovation,<br />
baptisé « les 3 C <strong>de</strong> l’innovation-mix ». L’innovation y est abordée<br />
sous ses trois angles : la Créativité / les Clients / les Coûts. Il s’agit d’un<br />
cycle créé en 1988, qui accueille chaque année une cinquantaine <strong>de</strong><br />
participants (information sur le site http://mi.fpms.ac.be).<br />
18 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
REPRODUIRE LA MÉCANIQUE<br />
PULSATILE SANGUINE<br />
y Ir Kamil Chodzynski, Flui<strong>de</strong>s-Machine<br />
Prof. Edouard Rivière, Génie Mécanique<br />
Les maladies cardiovasculaires sont une <strong>de</strong>s premières causes <strong>de</strong> mortalité dans les pays développés (40 à 60% <strong>de</strong>s causes<br />
<strong>de</strong> décès en Belgique). Les phénomènes physiques liés à leur apparition sont encore mal connus et nécessitent une analyse<br />
fine <strong>de</strong>s phénomènes circulatoires et <strong>de</strong> leurs interactions avec <strong>de</strong>s moyens thérapeutiques. Des métho<strong>de</strong>s d’investigation<br />
innovantes sont actuellement mises au point dans ce domaine : le service Flui<strong>de</strong>s-Machines travaille sur un projet <strong>de</strong><br />
création et d’amélioration d’un banc d’essai qui reproduit la dynamique pulsatile du système circulatoire humain. Ce projet<br />
(financé initalement par Groza<strong>de</strong> cement, filiale du groupe Hei<strong>de</strong>lberg Cement-CBR) est réalisé en collaboration avec le CHU<br />
Vésale <strong>de</strong> Charleroi.<br />
Les mesures in vivo au niveau <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins, réalisées sur <strong>de</strong>s<br />
patients, sont extrêmement compliquées à mettre en œuvre. Ceci pose <strong>de</strong>s restrictions<br />
sur les observations nécessaires à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s<br />
phénomènes circulatoires. Pour éviter <strong>de</strong>s essais délicats in vivo et améliorer les<br />
capacités <strong>de</strong> tests <strong>de</strong> nouvelles substances thérapeutiques et <strong>de</strong> prothèses visant<br />
à combattre <strong>de</strong>s pathologies vasculaires (athérosclérose et anévrisme), <strong>de</strong><br />
nouveaux développements techniques ren<strong>de</strong>nt possibles la réalisation <strong>de</strong> systèmes<br />
circulatoires in vitro (c’est-à-dire sur <strong>de</strong>s cellules vivantes maintenues en<br />
vie durant le déroulement du test) permettant d’investiguer les interactions <strong>de</strong>s<br />
médicaments et/ou <strong>de</strong> ces stents sur les tissus.<br />
A cette fin, le service Flui<strong>de</strong>s-Machines a conçu et réalisé une chambre in vitro<br />
permettant <strong>de</strong> contrôler l’écoulement sur <strong>de</strong>s tissus vasculaires formés <strong>de</strong> cellules<br />
endothéliales vivantes soumises à <strong>de</strong>s conditions physiologiques <strong>de</strong> flux pulsatile.<br />
Par sa collaboration étroite avec une équipe médicale du CHU Vésale <strong>de</strong><br />
Charleroi, le banc d’essai ainsi mis au point, imite in vitro les sollicitations<br />
rencontrées par une section <strong>de</strong> vaisseau sanguin. En particulier, il permet <strong>de</strong> reproduire<br />
le débit pulsatile, les variations <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> tensions tangentielles<br />
sur tissus vasculaires, tels que mesurés dans <strong>de</strong>s conditions physiologiques in<br />
vivo. Ce banc d’essai permet ainsi d’observer plus facilement les phénomènes<br />
circulatoires et l’impact <strong>de</strong> moyens curatifs sur le développement <strong>de</strong>s cellules<br />
endothéliales pour obtenir une meilleure compréhension <strong>de</strong> leur efficacité et<br />
<strong>de</strong>s phénomènes mis en jeu.<br />
Le banc d’essai consiste en un système mécanique dont les éléments (pompes,<br />
tuyauteries…) reprennent les fonctions <strong>de</strong> parties du corps humain<br />
(cœur, vaisseaux sanguins…). La sélection <strong>de</strong>s différents éléments s’est opérée<br />
sur base <strong>de</strong> mesures réalisées sur <strong>de</strong>s patients, permettant d’en obtenir<br />
les valeurs caractéristiques. Ce dispositif permet l’utilisation <strong>de</strong> techniques<br />
<strong>de</strong> mesures et d’analyses expérimentales qui ne sont pas envisageables pour<br />
<strong>de</strong>s tests in vivo.<br />
Le banc d’essai réalisé<br />
Le banc d’essai est capable <strong>de</strong> reproduire la pression et le débit sanguin,<br />
mais également la dynamique liée au rythme cardiaque. Pour cela, les <strong>de</strong>ux<br />
‘coeurs’ du système (une pompe péristaltique et une pompe à piston) sont<br />
contrôlés précisément par une boucle <strong>de</strong> régulation. La dynamique complexe<br />
du système, ainsi que les caractéristiques <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et la richesse<br />
du spectre fréquentiel <strong>de</strong>s phénomènes, ren<strong>de</strong>nt l’ajustement <strong>de</strong>s différents<br />
contrôleurs extrêmement complexe.<br />
La conception <strong>de</strong> ce système a nécessité <strong>de</strong>s compétences pluridisciplinaires<br />
au niveau <strong>de</strong> besoins médicaux, <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong> la dynamique pulsatile<br />
d’écoulement, <strong>de</strong> la conception mécanique, du contrôle automatique et <strong>de</strong><br />
son utilisation en laboratoire hospitalier.<br />
Un premier démonstrateur est installé au CHU Vésale. Grâce à cet équipement,<br />
l’équipe médicale pourra à l’avenir tester <strong>de</strong>s tissus vasculaires afin d’évaluer<br />
l’effet <strong>de</strong> différents traitements thérapeutiques sur <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins et,<br />
sans doute, d’observer <strong>de</strong>s phénomènes inaccessibles jusqu’ici.<br />
Mesure in vivo <strong>de</strong>s caractéristiques<br />
<strong>de</strong> l’écoulement<br />
POLY TECH N EWS 43 19
DOSSIER | Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur<br />
INGÉNIEUR ET ARTISTE :<br />
ALCHIMIE OU RÉPULSION ?<br />
y Ir Radhwan Ben Madhkour, Ir Todor Todoroff, Prof. Thierry Dutoit<br />
Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> numediart, programmme d’excellence dans les technologies <strong>de</strong>s arts numériques, subventionné par la<br />
Région wallonne (dont nous avons déjà évoqué les gran<strong>de</strong>s lignes dans le PN 41), le Pôle TI a lancé, <strong>de</strong>puis septembre 2008,<br />
<strong>de</strong> multiples projets en collaboration avec <strong>de</strong>s artistes et <strong>de</strong>s industriels dans le but <strong>de</strong> favoriser l’innovation technologique<br />
à travers une démarche <strong>de</strong> recherche pour la création artistique.<br />
Par chance, cette démarche coïncidait alors avec une plus large dynamisation<br />
<strong>de</strong>s arts numériques dans notre région, grâce au développement <strong>de</strong> plusieurs<br />
structures d’appui, telles la toute nouvelle commission <strong>de</strong>s arts numériques <strong>de</strong><br />
la Communauté française, le Centre d’Ecritures Contemporaines Numériques<br />
(CECN), le Théâtre du Manège à <strong>Mons</strong> et l’Interactive Media Art Laboratory<br />
(IMAL) à Bruxelles. Plusieurs écoles d’art (le Studio National <strong>de</strong>s Arts Comtemporains<br />
Le Fresnoy à Tourcoing, la Cambre à Bruxelles et l’Ecole Supérieure<br />
<strong>de</strong>s Arts plastiques et visuels à <strong>Mons</strong>) ont également répondu présent,<br />
ce qui a permis <strong>de</strong> mettre rapi<strong>de</strong>ment en contact <strong>de</strong> nombreux porteurs <strong>de</strong><br />
projets artistiques, eux-mêmes en quête <strong>de</strong> partenariats. Nous présentons<br />
trois <strong>de</strong> ces aventures en cours, visant chacune à susciter l’émotion tout en<br />
s’attaquant à un vrai défi technologique : il s’agit <strong>de</strong>s projets Gioconda Painting<br />
Show, Fire Experiences, et GimpCast.<br />
Gioconda Painting Show<br />
Comme le souligne Natalia De Mello, partenaire artistique du projet : « La Jocon<strong>de</strong><br />
n’est pas qu’un tableau célèbre, elle en est venue à incarner et représenter la peinture<br />
elle-même et l’art <strong>de</strong> musée par excellence. A travers le Gioconda Painting Show,<br />
nous souhaitons animer ce tableau mythique, donner vie à la Mona Lisa. »<br />
Dans la proposition du collectif d’artistes METAmorphoz, l’interaction <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong><br />
est vue sous quatre aspects.<br />
Temporalité Tout comme les œuvres exposées dans les musées, la Jocon<strong>de</strong><br />
n’est visible qu’à certaines heures <strong>de</strong> la journée. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces heures, elle<br />
est absente du tableau. Seul le paysage est visible.<br />
A certains moments, elle apparaît ponctuellement, dans <strong>de</strong>s représentations<br />
originales (e.g. avec moustaches, portant une burka, habillée en militaire… ;<br />
une recherche <strong>de</strong> « Mona Lisa » sur Google TM images révèle d’ailleurs l’incroyable<br />
diversité <strong>de</strong>s versions du tableau disponibles)<br />
Environnement lumineux Le paysage évolue en fonction du moment <strong>de</strong> la<br />
journée et <strong>de</strong> la lumière. Du lever au coucher du soleil, il s’éclaircit puis s’assombrit.<br />
De plus, il tient compte <strong>de</strong> la lumière ambiante. La nuit, lorsque la<br />
lumière est allumée dans la pièce, le paysage reste clair.<br />
Environnement sonore La Jocon<strong>de</strong> apprécie le calme. Trop <strong>de</strong> bruit dans la<br />
pièce provoque un flou et une pixellisation du tableau.<br />
Morphing <strong>de</strong> Mona Lisa<br />
Nous croyons profondément<br />
que les interactions art-science<br />
permettent <strong>de</strong> stimuler une<br />
pensée intuitive qu’il n’est pas<br />
possible <strong>de</strong> développer par <strong>de</strong>s<br />
processus purement rationnels<br />
Luc Steels, directeur (belge) du Sony Computer Science Lab, Paris<br />
Présence humaine La Jocon<strong>de</strong> est sensible à la présence du spectateur. Elle<br />
sourit aux personnes l’observant. Ses paupières bougent ; elle est emplie d’une<br />
vie subtile et presque imperceptible. Au bout d’un moment, le visage du spectateur<br />
remplace celui <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong> pour un court instant, grâce à un subtil<br />
morphing progressif, juste assez lent pour que le spectateur ne soit jamais certain<br />
<strong>de</strong> le voir s’opérer, juste assez marqué pour qu’il soit clair que la Jocon<strong>de</strong> a<br />
changé. Si par contre le spectateur remue trop, la Jocon<strong>de</strong> tire la langue et ne<br />
fait plus rien. Durant les pério<strong>de</strong>s d’absence <strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong>, lorsqu’une personne<br />
se présente <strong>de</strong>vant le tableau, elle consent à réapparaître. Enfin, comme dans<br />
un musée, une certaine distance doit être maintenue entre l’observateur et le<br />
tableau. La Jocon<strong>de</strong> quitte le tableau quand cette distance est trop faible.<br />
Ce projet est réalisé en partenariat avec la société Creaceed<br />
pour la partie morphing entre le visage du spectateur et celui<br />
<strong>de</strong> la Jocon<strong>de</strong>, et avec METAmorphoz pour la direction<br />
artistique. Côté numediart, Thierry Ravet, Matei Mancas,<br />
Ricardo Chessini, Sullivan Hidot, Caroline Machy (Multitel)<br />
et Radhwan Ben Madhkour y participent. Le projet doit être<br />
finalisé pour le mois d’avril et <strong>de</strong>vrait être présenté publiquement<br />
d’ici juin.<br />
20 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> <strong>NEWS</strong><br />
Créativité et innovation dans le métier d’ingénieur | DOSSIER<br />
Fire Experiences and Projections :<br />
Ne jouez pas avec le feu…<br />
Jouez avec le feu !<br />
Fascinant pour certains, effrayant pour d’autres, le feu ne laisse personne indifférent.<br />
Le but du projet Fire Experiences and Projections est <strong>de</strong> permettre à un danseur<br />
d’interagir directement avec le feu, en contrôlant une rampe <strong>de</strong> flammes par ses<br />
mouvements et sa position sur un espace scénique.<br />
Rampe <strong>de</strong> projecteurs <strong>de</strong> flammes Un nouveau type <strong>de</strong> projecteur <strong>de</strong> flammes,<br />
muni d’une vanne proportionnelle, a été développé pour l’occasion. La hauteur <strong>de</strong> la<br />
flamme peut ainsi être contrôlée par ordinateur.<br />
Comme chaque projecteur <strong>de</strong> la rampe est contrôlé indépendamment, différents<br />
motifs peuvent être générés en temps réel en fonction <strong>de</strong> la position du danseur,<br />
obtenue à l’ai<strong>de</strong> d’un suivi vidéo, et <strong>de</strong> ses gestes, mesurés par <strong>de</strong>s capteurs.<br />
En jouant avec <strong>de</strong>s temps d’ouverture <strong>de</strong> vannes très courts, il est également possible<br />
<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> dimensions variables.<br />
Tracking 3D <strong>de</strong> la position du danseur Une technique classique <strong>de</strong> suivi vidéo<br />
est la soustraction <strong>de</strong> l’arrière-plan. Une simple soustraction entre l’image<br />
avec le danseur et celle <strong>de</strong> l’arrière-plan permet <strong>de</strong> le situer. Cette technique<br />
n’est cependant pas applicable ici : les jets <strong>de</strong> flamme modifiant en permanence<br />
l’arrière-plan, la soustraction ne fonctionne pas pour ce projet. Pour y remédier,<br />
une caméra stéréoscopique est utilisée, munie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux objectifs, qui permet <strong>de</strong><br />
récupérer une carte <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la scène filmée. Un seuillage sur la distance<br />
donne la position du danseur.<br />
Capteurs <strong>de</strong> mouvement Le danseur est également équipé d’un système <strong>de</strong> capteurs<br />
sans fil dont chaque nœud possè<strong>de</strong> un accéléromètre, un gyroscope et un magnétomètre<br />
à 3 axes. Les informations en provenance <strong>de</strong> ces capteurs sont analysées<br />
et permettent un contrôle interactif <strong>de</strong> la rampe <strong>de</strong> flammes <strong>de</strong> trois manières :<br />
par « mapping », c’est-à-dire par la mise en correspondance directe <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong><br />
capteurs avec les paramètres <strong>de</strong>s générateurs <strong>de</strong> motifs, par interpolation entre différents<br />
motifs, ou en passant par la reconnaissance <strong>de</strong>s gestes du danseur.<br />
Projection vidéo mobile Afin d’enrichir le rendu visuel <strong>de</strong>s mouvements du danseur,<br />
l’artiste a prévu une projection <strong>de</strong> flammes virtuelles qui suivrait ses déplacements.<br />
Connaissant la position du danseur, le système calcule les rotations nécessaires<br />
pour orienter un projecteur vidéo dans sa direction, quel que soit son déplacement<br />
sur scène. On peut également corriger l’image projetée sur le danseur, <strong>de</strong> manière à<br />
annuler les déformations dues aux variations <strong>de</strong>s angles <strong>de</strong> projection.<br />
GimpCast<br />
Dessin architectural A l’instar <strong>de</strong> numediart, le laboratoire <strong>de</strong> Vision3D <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong><br />
<strong>de</strong> Montréal offre un support technique et développe <strong>de</strong> nouveaux outils au<br />
service <strong>de</strong>s artistes québécois. Depuis plusieurs années, une collaboration est née<br />
entre nos laboratoires et l’auteur et metteur en scène Daniel Danis (http://compagniedanieldanis.blogpost.com).<br />
Pour la réalisation <strong>de</strong> sa nouvelle pièce <strong>de</strong> théâtre<br />
« Yukie », cette collaboration a débouché sur la réalisation du projet GimpCast. Ce<br />
projet original doit permettre à <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner en temps réel, sur <strong>de</strong> très<br />
gran<strong>de</strong>s surfaces, à l’ai<strong>de</strong> du programme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin Gimp (GNU Image Manipulation<br />
Program) et du système <strong>de</strong> projection Lighttwist (développé par le lab Vision3D<br />
http://vision3d.iro.umontreal.ca/projects/lighttwist/).<br />
Lighttwist C’est un logiciel open source, fonctionnant sur Linux et sur MacOS, qui<br />
permet <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s installations multi-projecteurs, évitant ainsi l’utilisation <strong>de</strong> gros<br />
projecteurs pour couvrir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s surfaces. Basé sur le principe <strong>de</strong> la lumière<br />
structurée, il permet une auto-calibration <strong>de</strong>s images à projeter en fonction <strong>de</strong>s espaces,<br />
ce qui évite à l’utilisateur <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir recaler les projecteurs à la main. Il <strong>de</strong>vient<br />
ainsi possible <strong>de</strong> projeter une image sur un écran <strong>de</strong> 16m x 1.5m, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> quatre<br />
projecteurs alignés avec Lighttwist, en à peine quelques minutes.<br />
Gimp C’est un programme <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin open source. Il a été modifié pour les besoins<br />
du projet afin d’envoyer sur le réseau (en multicasting) les modifications apportées<br />
à l’image, en temps réel, et permettre ainsi une connexion avec Lighttwist et un<br />
affichage instantané. Un feedback via une camera a également été implémenté, ce<br />
qui permet au <strong>de</strong>ssinateur <strong>de</strong> voir en temps-réel sur son écran, dans Gimp même,<br />
sur quelle partie <strong>de</strong> la scène il <strong>de</strong>ssine.<br />
L’idée globale est <strong>de</strong> pouvoir créer le décor d’une scène <strong>de</strong> théâtre en temps réel,<br />
permettant ainsi au spectateur d’assister à la construction <strong>de</strong> chaque scène d’un<br />
théâtre vivant.<br />
Essais <strong>de</strong> GimpCast réalisés lors du stage donné par Daniel Danis, du 26<br />
octobre au 7 novembre 2009, au Carthago Delenda Est à Bruxelles<br />
Motif <strong>de</strong> flammes<br />
Pierre D’Haenens est à l’origine <strong>de</strong> ce projet. Créateur d’effets<br />
<strong>de</strong> flammes, il a contribué <strong>de</strong>puis 10 ans à <strong>de</strong> multiples<br />
projets artistiques (voir son étonnant site web : www.showflamme.be).<br />
Todor Todoroff, Ricardo Chessini et Radhwan<br />
Ben Madhkour (numediart), Daniel Binon (SEMi), et Vincent<br />
Paesmans (Ingénieur et Artiste indépendant) y participent.<br />
Le projet doit être finalisé pour la fin mars et pourrait être<br />
présenté lors du Printemps <strong>de</strong>s Sciences.<br />
Exemple d’une installation multi-projecteurs réalisée par le Lab Vision3D <strong>de</strong><br />
l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Montréal<br />
Lucie Bélanger (Vision3D), Vincent Chap<strong>de</strong>laine-Couture<br />
(Vision3D), Sebastien Roy (Vision3D) et Radhwan<br />
Ben Madhkour (numediart) ont réalisé l’implémentation<br />
(http://vision3d.iro.umontreal.ca/projects/gimpcast/).<br />
POLY TECH N EWS 43 21
PÊLE-MÊLE<br />
PHOTO-REPORTAGES<br />
y Giancarlo Zidda, Unité Audiovisuelle<br />
Dernier Conseil d’Administration <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique<br />
<strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (24 septembre 2009)<br />
Examens publics <strong>de</strong> sortie (promotion 2008-2009)<br />
22 POLY TECH N EWS 43
PÊLE-MÊLE<br />
Polytech <strong>Mons</strong> Day (24 octobre 2009)<br />
«Sainte-Barbe<br />
2009», fête <strong>de</strong><br />
la Communauté<br />
Facultaire<br />
(2 décembre 2009)<br />
POLY TECH N EWS 43 23
SÉMINAIRES<br />
LE CENTRE DE DIDACTIQUE SUPÉRIEURE<br />
AMORCE 2010 SUR LES CHAPEAUX DE ROUE !<br />
y Myriam Kamouh, Responsable <strong>de</strong> la communication<br />
Prof. Christine Renotte, Prési<strong>de</strong>nte, Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure<br />
L’année qui vient <strong>de</strong> s’écouler a été fructueuse pour le CDS : ses activités <strong>de</strong> soutien<br />
pédagogique au corps enseignant et <strong>de</strong> réflexion sur les actions <strong>de</strong> promotion<br />
<strong>de</strong> la réussite se sont largement développées. Le Forum annuel d’échange <strong>de</strong><br />
pratiques pédagogiques a remporté un franc succès, et 2010 promet <strong>de</strong> nouveaux<br />
accomplissements. En effet, le lancement d’un site web flambant neuf est effectif<br />
dès ce mois <strong>de</strong> février. Celui-ci est envisagé comme une « vitrine » sur les activités<br />
du CDS et sur toutes les initiatives <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> la réussite ayant cours à l’ULB<br />
et à l’UMONS.<br />
Forum d’échanges – 27 novembre 2009<br />
Christine Renotte, Prési<strong>de</strong>nte du CDS, accueille<br />
les participants et leur présente le CDS.<br />
L’appellation « Centre <strong>de</strong> Didactique supérieure »<br />
vous dit-elle quelque chose ? Cette entité fondée en<br />
2004 au sein <strong>de</strong> l’Académie universitaire Wallonie-<br />
Bruxelles a pour objectifs principaux la formation<br />
du corps enseignant et la promotion <strong>de</strong>s activités<br />
d’ai<strong>de</strong> à la réussite dirigées vers les étudiants <strong>de</strong><br />
première année <strong>de</strong>s institutions partenaires.<br />
Concrètement, le CDS est piloté par un Conseil<br />
composé <strong>de</strong> 12 membres du corps académique<br />
<strong>de</strong> l’ULB et <strong>de</strong> l’UMONS, et présidé par l’un d’entre<br />
eux, Christine Renotte, Professeur à la Faculté<br />
Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS.<br />
En 2009, plusieurs projets ont été menés à terme<br />
alors que d’autres ont démarré en force. On retiendra<br />
tout d’abord la mutualisation <strong>de</strong>s formations<br />
existantes pour les enseignants <strong>de</strong> l’Académie, ainsi<br />
que la réalisation d’une enquête auprès du corps<br />
scientifique dans le but <strong>de</strong> connaître – et donc <strong>de</strong><br />
rencontrer – ses attentes en matière <strong>de</strong> formations<br />
pédagogiques. Notons également, l’édition d’un catalogue<br />
presque exhaustif <strong>de</strong> toutes les actions d’ai<strong>de</strong><br />
à la réussite existant à l’ULB et à l’UMONS, ainsi que<br />
la mise sur pied d’une « communauté <strong>de</strong> pratiques »<br />
entre encadrants <strong>de</strong> guidances et <strong>de</strong> remédiations.<br />
Last but not least, le CDS a clôturé l’année 2009<br />
en émettant, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s<br />
Sciences appliquées <strong>de</strong> l’ULB, un rapport d’évaluation<br />
sur un dispositif pédagogique nommé<br />
« Coach Polytech » 1 . Sans oublier le Forum annuel<br />
<strong>de</strong> réflexion et d’échange <strong>de</strong> pratiques (organisé<br />
en collaboration avec la Commission « Réussite »<br />
du CIUF), qui a enthousiasmé quelque 130 participants<br />
venus d’<strong>Université</strong>s et <strong>de</strong> Hautes Ecoles <strong>de</strong><br />
la Communauté française. La journée avait pour<br />
thème fédérateur : « Promotion <strong>de</strong> la réussite ou <strong>de</strong><br />
l’apprentissage ? » et a permis aux enseignants,<br />
assistants et responsables <strong>de</strong> cellules d’ai<strong>de</strong> à la<br />
réussite présents <strong>de</strong> confronter leurs pratiques<br />
avec <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s faites à l’étranger.<br />
Le sociologue Georges Felouzis, professeur à l’<strong>Université</strong><br />
<strong>de</strong> Genève, a ainsi concentré l’attention <strong>de</strong> son<br />
auditoire grâce à un exposé intitulé : « Les étudiants<br />
du premier cycle à l’université et dans l’enseignement<br />
supérieur. Qui sont-ils ? Quels sont les principaux<br />
constats en Europe ? Des évolutions récentes s’observent-elles<br />
? ». Le professeur Marie-Pierre Trinquier,<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Toulouse II Le Mirail a, quant à elle,<br />
interpellé les participants à l’occasion <strong>de</strong> son exposé<br />
sur les « représentations et pratiques étudiantes et enseignantes<br />
en première année ». L’occasion fut aussi<br />
offerte à Fabienne Ramon, assistante pédagogique à la<br />
Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS et collaboratrice du<br />
CDS, <strong>de</strong> présenter au public les premiers résultats du<br />
projet « Analyse Réflexive <strong>de</strong>s Pratiques pédagogiques<br />
au sein <strong>de</strong> l’AUWB ».<br />
Après un « walking dinner » fort convivial, au cours<br />
duquel les différents participants et les membres<br />
du CDS ont pu échanger quelques mots, plusieurs<br />
ateliers <strong>de</strong> discussions étaient proposés. Ceux-ci,<br />
organisés sur base <strong>de</strong> divers témoignages, avaient<br />
pour objectif <strong>de</strong> lancer le débat et <strong>de</strong> provoquer les<br />
échanges entre participants. Suite à une enquête<br />
<strong>de</strong> satisfaction menée auprès <strong>de</strong>s participants,<br />
74% d’entre eux ont estimé avoir découvert plus<br />
en profon<strong>de</strong>ur certaines initiatives d’ai<strong>de</strong> à la réussite<br />
entreprises dans l’enseignement supérieur.<br />
En 2010, le CDS sera « new look » ou ne sera pas,<br />
affublé <strong>de</strong> son nouveau logo et <strong>de</strong> son site web<br />
flambant neuf. Cette présence nouvelle sur la toile,<br />
dès février, est le fruit d’une collaboration étroite<br />
avec <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la communication<br />
multimédia. Le site est dédié à un public varié :<br />
il s’adresse à ceux qui cherchent à comprendre<br />
ce qu’est le CDS, mais plus particulièrement aux<br />
enseignants <strong>de</strong> l’Académie et <strong>de</strong>s Hautes Ecoles<br />
partenaires qui souhaitent connaître les activités<br />
<strong>de</strong> « formation-pédagogie » que le CDS leur propose.<br />
Les étudiants <strong>de</strong> l’ULB et <strong>de</strong> l’UMONS ne<br />
sont pas oubliés, puisqu’ils trouveront en ce nouveau<br />
site une « fenêtre ouverte interactive » sur les<br />
différentes actions d’ai<strong>de</strong> à la réussite que leur<br />
offre leur université.<br />
Enfin, en janvier 2010, une nouvelle conseillère<br />
pédagogique est venue rejoindre la Cellule opérationnelle<br />
du CDS : il s’agit <strong>de</strong> Coralie Delhaye,<br />
diplômée <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Sciences <strong>de</strong> l’Education<br />
<strong>de</strong> l’ULB. Nul doute que ces nouveaux éléments<br />
ai<strong>de</strong>ront à relever, en 2010, d’ambitieux défis !<br />
Visitez notre site web : www.cds-auwb.be<br />
1<br />
Ce dispositif global d’ai<strong>de</strong> à la réussite mis en œuvre en Faculté <strong>de</strong>s Sciences appliquées <strong>de</strong> l’ULB, et s’adressant<br />
principalement aux étudiants inscrits en première année, est à mettre en parallèle avec le projet pédagogique<br />
organisé à la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’UMONS.<br />
24 POLY TECH N EWS 43
SEMINAIRES<br />
LE 14 OCTOBRE 2009, L’UNIVERSITÉ DE MONS<br />
A MIS LA QUALITÉ À L’HONNEUR<br />
y Prof. Christian Delvosalle, Dr Lahcen El Hiki, Ir Patricia Lorent<br />
La formation à la Qualité dispensée<br />
par l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a fêté en<br />
2009 son vingtième anniversaire. Pour<br />
honorer l’événement comme il se doit,<br />
la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, à<br />
l’origine du projet, a organisé divers<br />
séminaires reprenant les principales<br />
thématiques liées à la Qualité. Le 14<br />
octobre 2009, une journée entière a été<br />
consacrée à la Qualité.<br />
Si la matinée a été consacrée à une réunion du Pôle<br />
Hainuyer sur la démarche qualité (pour rappel, ce Pôle<br />
rassemble, autour <strong>de</strong> la nouvelle UMONS, l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s institutions publiques d’enseignement supérieur<br />
<strong>de</strong> la province du Hainaut), l’après-midi était ouverte<br />
aux étudiants, aux professeurs, mais également à<br />
toute personne intéressée par la notion <strong>de</strong> Qualité.<br />
La matinée a consisté en la réunion <strong>de</strong>s représentants<br />
<strong>de</strong>s départements Qualité du Pôle Hainuyer<br />
qui ont pu échanger sur les démarches qualité<br />
mises en œuvre dans les institutions du Pôle.<br />
Au programme <strong>de</strong> l’après-midi, la diffusion d’un<br />
film intitulé « A la découverte <strong>de</strong> la qualité » (proposé<br />
par l’asbl Entreprise et Qualité) a été suivie d’un<br />
débat animé par un panel d’experts. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
était composé <strong>de</strong> professeurs, <strong>de</strong> correspondants<br />
Qualité mais également <strong>de</strong> représentants d’associations,<br />
telles que le Mouvement wallon <strong>de</strong> la<br />
Qualité ou l’asbl Entreprise et Qualité. Quelque 500<br />
personnes ont assisté à cet événement.<br />
Le discours académique a été prononcé par<br />
<strong>Mons</strong>ieur Jean Lecomte, ancien Directeur Général<br />
<strong>de</strong> Cockerill-Sambre et Prési<strong>de</strong>nt du Mouvement<br />
Wallon pour la Qualité.<br />
Le Professeur Christian Delvosalle a présenté ses<br />
conclusions en rappelant les étapes <strong>de</strong> la mise sur<br />
pied <strong>de</strong> cette formation qui nous amène, 20 ans<br />
plus tard, au résultat escompté.<br />
[RE]VIE À VILLE<br />
y Ir Laurent Debailleux, Architecture<br />
Rassemblée en août <strong>de</strong>rnier à l’initiative du service d’Architecture,<br />
une équipe interdisciplinaire <strong>de</strong> plusieurs pays (Belgique,<br />
France, Italie) a permis <strong>de</strong> mener à bien une série d’étu<strong>de</strong>s<br />
visant à la conservation et à la réhabilitation <strong>de</strong> l’ancien village<br />
abandonné <strong>de</strong> Ville, situé dans les Alpes-<strong>de</strong>-Haute-Provence.<br />
Constituant la clef <strong>de</strong> voûte <strong>de</strong> ce workshop, la rénovation <strong>de</strong> l’ancienne église<br />
romane très endommagée du site a retenu toute l’attention <strong>de</strong>s participants.<br />
La campagne <strong>de</strong> relevés réalisée au scanner laser 3D, préalablement nourrie<br />
du constat visuel <strong>de</strong>s pathologies, a permis d’étayer les hypothèses liées aux<br />
désordres structurels. Cet enregistrement rigoureux <strong>de</strong> la géométrie actuelle<br />
du bâti a conduit à formuler <strong>de</strong>s propositions curatives à court terme.<br />
Riches d’une connaissance plus approfondie du bâtiment, c’est dans le cadre<br />
d’une conférence-débat venant achever le workshop que les étudiants ont pu<br />
exposer, face au public, leurs propositions <strong>de</strong> réhabilitation du site. Celles-ci se<br />
sont articulées en <strong>de</strong>ux axes d’interventions interdisciplinaires : d’une part une<br />
approche globale visant à revitaliser les qualités paysagères du site, d’autre<br />
part une série <strong>de</strong> propositions spécifiques qui concernent la conservation et la<br />
réaffectation <strong>de</strong> l’ancienne église.<br />
Dans le premier cas, la réhabilitation <strong>de</strong>s anciennes cultures traditionnelles<br />
en terrasses pouvait s’inscrire dans une démarche participative impliquant<br />
les écoles et les collectivités locales, mêlant ainsi enseignement, culture<br />
et traditions. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la conservation du bâti, la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
l’ancienne église allait <strong>de</strong> pair avec une réaffectation fonctionnelle, durable<br />
et respectueuse <strong>de</strong> l’intégrité du lieu. La quiétu<strong>de</strong> du site et l’architecture<br />
particulière du monument justifiaient d’y implanter un espace d’exposition<br />
fonctionnant en synergie avec la réhabilitation d’un logement d’étape pour<br />
artistes et randonneurs <strong>de</strong> passage. Bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la programmatique,<br />
l’équipe s’est également penchée sur la problématique liée à la sauvegar<strong>de</strong><br />
Scannage et acquisition du nuage <strong>de</strong> points<br />
Coupe sud-ouest à travers le nuage <strong>de</strong> points<br />
d’urgence <strong>de</strong> l’église. Laissé jusqu’à présent dans un état <strong>de</strong> quasi abandon,<br />
l’édifice requiert un sauvetage d’urgence passant par le remplacement <strong>de</strong><br />
sa couverture largement effondrée. En respectant les principes phares <strong>de</strong><br />
la restauration, une proposition <strong>de</strong> structure métallique, indépendante <strong>de</strong> la<br />
construction existante et supportant une toiture vitrée, permettrait <strong>de</strong> protéger<br />
l’église à moindre coût, tout en minimisant l’impact visuel d’une telle intervention<br />
contemporaine.<br />
POLY TECH N EWS 43 25
RECHERCHE<br />
PARTICIPATION DE TROIS SERVICES DE LA FPMs<br />
AU PROJET INTERREG IV « REDUGAZ »<br />
Pour le développement d’une technologie plus durable<br />
<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> polluants gazeux<br />
y Prof. Diane Thomas, Prof. Guy De Weireld et Prof. André Decroly<br />
Groupe Chime - Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />
Le projet REDUGAZ (programme INTERREG IV) s’inscrit dans la continuité du projet Retrai (programme INTERREG<br />
III) et propose, aux entreprises transfrontalières, <strong>de</strong> mettre sur pied un atelier d’experts pour les ai<strong>de</strong>r à<br />
résoudre les problèmes <strong>de</strong> rejets <strong>de</strong> composés organiques volatils (COV) et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s adsorbants et<br />
catalyseurs performants pour la réduction <strong>de</strong>s émissions <strong>de</strong> COV et <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2<br />
), responsables<br />
<strong>de</strong> problèmes environnementaux majeurs.<br />
L’intérêt manifesté par les industriels transfrontaliers, en particulier ceux présents<br />
aux workshops organisés dans le cadre du projet Retrai en juin 2005 (à<br />
Dunkerque), 2006 (à Lens) et 2007 (à <strong>Mons</strong>), a confirmé la nécessité <strong>de</strong> mener<br />
une recherche encore plus active.<br />
Actuellement, le traitement <strong>de</strong>s COV est <strong>de</strong>structif puisqu’il se fait à 80% par<br />
oxydation thermique ou catalytique. L’oxydation en présence <strong>de</strong> catalyseurs<br />
permet d’abaisser fortement la température <strong>de</strong> combustion et donc <strong>de</strong> réaliser<br />
<strong>de</strong>s économies d’énergie mais surtout d’éviter la formation <strong>de</strong> NO x<br />
. Par<br />
ailleurs, la gran<strong>de</strong> sélectivité <strong>de</strong> l’oxydation catalytique peut éviter la formation<br />
<strong>de</strong> composés intermédiaires plus toxiques que les COV <strong>de</strong> départ. L’adsorption<br />
permet, quant à elle, la récupération et la valorisation <strong>de</strong> certains COV.<br />
Dans le cadre du précé<strong>de</strong>nt projet, l’intérêt <strong>de</strong> certains matériaux catalytiques<br />
et adsorbants a été démontré. Il est à présent indispensable <strong>de</strong> produire ces<br />
matériaux très prometteurs en gran<strong>de</strong> quantité et <strong>de</strong> les mettre en forme en<br />
vue <strong>de</strong> les tester dans <strong>de</strong>s unités pilotes construites à l’image <strong>de</strong>s conditions<br />
réelles <strong>de</strong>s applications industrielles : tous ces aspects touchent à l’indispensable<br />
montée en échelle <strong>de</strong> l’application. Il convient aussi <strong>de</strong> mieux étudier les<br />
effets sur la santé <strong>de</strong> ces composés, pris séparément ou en combinaison, ainsi<br />
que ceux <strong>de</strong>s produits intermédiaires éventuellement formés par oxydation<br />
partielle (aspect toxicologique).<br />
En ce qui concerne le CO 2<br />
, le présent projet propose un nouveau concept<br />
permettant son élimination, voire même sa valorisation, via un processus <strong>de</strong><br />
photosynthèse biochimique inspiré <strong>de</strong> procédés naturels. Bien que cette réaction<br />
n’engendre que la production <strong>de</strong> glucose n’ayant qu’un très faible intérêt,<br />
celui-ci pourrait ensuite être transformé en produits plus intéressants.<br />
Les équipes universitaires actives dans ce projet sont :<br />
le Laboratoire <strong>de</strong> Catalyse et Environnement <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> du Littoral –<br />
Côte d’Opale ;<br />
le Laboratoire <strong>de</strong> Chimie <strong>de</strong>s Matériaux Inorganiques <strong>de</strong>s FUNDP ;<br />
l’Unité <strong>de</strong> Catalyse et Chimie du Soli<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong>s Sciences et<br />
Technologies <strong>de</strong> Lille ;<br />
les Services <strong>de</strong> Thermodynamique et Physique Mathématique (Prof. G.<br />
De Weireld), <strong>de</strong> Sciences <strong>de</strong>s Matériaux (Prof. A. Decroly) et <strong>de</strong> Génie <strong>de</strong>s<br />
Procédés Chimiques (Prof. D. Thomas) <strong>de</strong> la FPMs.<br />
Concrètement, à la FPMs, la subsidiation <strong>de</strong> ce projet a permis l’engagement<br />
<strong>de</strong>puis juillet d’un chercheur à temps plein développant <strong>de</strong> multiples compétences<br />
pour le relevé expérimental d’isothermes d’adsorption, la mise en forme<br />
<strong>de</strong> billes à partir <strong>de</strong> poudres, la mise sur pied d’une installation pilote d’adsorption/catalyse,<br />
ainsi que la réalisation et l’interprétation <strong>de</strong>s essais expérimentaux.<br />
La collaboration transfrontalière entre les quatre universités précitées se<br />
traduit par la mise en commun <strong>de</strong> compétences complémentaires, tant aux<br />
niveaux scientifique que technique, afin <strong>de</strong> créer un pôle <strong>de</strong> compétence dans<br />
ce domaine technologique et <strong>de</strong> mieux approcher les besoins <strong>de</strong>s entreprises<br />
régionales en leur proposant un savoir-faire technologique innovant, et ce<br />
dans la perspective du développement durable. Un programme d’échanges<br />
d’étudiants et d’enseignants est également prévu.<br />
Zéolite utilisée telle quelle pour l’adsorption, ou imprégnée d’éléments<br />
actifs pour l’oxydation catalytique <strong>de</strong>s COV<br />
Il est à présent indispensable<br />
<strong>de</strong> produire et mettre en<br />
forme, en plus gran<strong>de</strong>s<br />
quantités, certains matériaux<br />
adsorbants et catalytiques<br />
très prometteurs, et <strong>de</strong> les<br />
tester dans <strong>de</strong>s unités pilotes<br />
construites à l’image <strong>de</strong>s<br />
applications industrielles<br />
http://www.univ-littoral.fr/recherche/programmes_europeens.htm<br />
26 POLY TECH N EWS 43
RECHERCHE<br />
INAUGURATION DE DEUX NOUVELLES SALLES<br />
DE CULTURE POUR LE PÔLE BIOSYS<br />
y Prof. Anne-Lise Hantson, Chimie et Biochimie Appliquées<br />
Le 13 novembre 2009, le Pôle Biosys<br />
(représenté par les Professeurs A.<br />
Van<strong>de</strong> Wouwer et A.-L. Hantson)<br />
a inauguré <strong>de</strong>ux nouvelles salles<br />
dédicacées aux cultures <strong>de</strong> microorganismes,<br />
en présence du Recteur<br />
C. Conti et du Doyen P. Lybaert.<br />
On pouvait compter, parmi les participants à cet<br />
événement, <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> la cellule valorisation<br />
<strong>de</strong> la recherche, <strong>de</strong>s partenaires industriels<br />
ainsi que <strong>de</strong>s universitaires. La visite <strong>de</strong>s laboratoires<br />
a été précédée d’une brève <strong>de</strong>scription<br />
<strong>de</strong>s différents axes <strong>de</strong> recherche du pôle, <strong>de</strong>s<br />
recherches réalisées et <strong>de</strong>s projets en cours dans<br />
le domaine plus spécifique <strong>de</strong>s biotechnologies.<br />
L’après-midi s’est clôturée par une discussion<br />
autour <strong>de</strong> posters proposés par les chercheurs du<br />
Pôle travaillant sur ces thématiques.<br />
Pour promouvoir les recherches touchant à la<br />
modélisation, à l’optimisation et au contrôle <strong>de</strong>s<br />
bioprocédés, le Fonds Spécial <strong>de</strong> la Recherche <strong>de</strong><br />
la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> a alloué un budget<br />
spécial <strong>de</strong> 111 000 € dédié à l’installation <strong>de</strong><br />
salles <strong>de</strong> culture permettant <strong>de</strong> travailler dans un<br />
environnement adéquat, réduisant les problèmes <strong>de</strong><br />
contamination. Cette dotation a permis <strong>de</strong> rénover<br />
<strong>de</strong>ux laboratoires et <strong>de</strong> les équiper en matériel <strong>de</strong><br />
pointe, à la fois pour la culture cellulaire, mais aussi<br />
pour la culture bactérienne et <strong>de</strong> micro-algues.<br />
La disponibilité au sein du Pôle Biosys <strong>de</strong> ces<br />
laboratoires permet d’envisager <strong>de</strong> nouvelles collaborations,<br />
la participation à <strong>de</strong>s projets européens<br />
et offre aux chercheurs un outil <strong>de</strong> travail performant<br />
: <strong>de</strong>s réacteurs stérilisables contrôlés en<br />
terme <strong>de</strong> température, <strong>de</strong> pH, d’oxygène dissous,<br />
<strong>de</strong> lumière... pour la culture <strong>de</strong> micro-organismes<br />
(bactéries, levures, fungi, micro-algues) et la<br />
production <strong>de</strong> métabolites d’intérêt industriel (protéines,<br />
lipi<strong>de</strong>s…) ; <strong>de</strong>s analyseurs en ligne pour le<br />
suivi <strong>de</strong> la concentration en micro-organismes, <strong>de</strong>s<br />
teneurs en oxygène et en dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone dans<br />
la phase gazeuse et/ou liqui<strong>de</strong>, en glucose ou en<br />
autres substrats… ; <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> recirculation<br />
<strong>de</strong> la biomasse et <strong>de</strong> perfusion ; un microscope à<br />
fluorescence permettant <strong>de</strong> visualiser l’accumulation<br />
lipidique ; etc.<br />
Soit finalement toute une instrumentation essentielle<br />
à une recherche <strong>de</strong> qualité !<br />
Le Pôle Biosys est une unité <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la<br />
FPMs dédicacée aux sciences <strong>de</strong> la vie, dans le<br />
sens le plus large du terme, et qui développe<br />
<strong>de</strong>s recherches fondamentales et appliquées<br />
en ingénierie biomédicale et en biotechnologie.<br />
Les applications couvrent <strong>de</strong>s domaines très<br />
variés, allant <strong>de</strong>s industries agro-alimentaire et<br />
pharmaceutique à <strong>de</strong>s applications médicales et<br />
au traitement <strong>de</strong>s déchets.<br />
Les activités <strong>de</strong> recherche sont réparties en<br />
quatre domaines principaux :<br />
- la biomécanique et la bio-optique ;<br />
- l’analyse et la modélisation <strong>de</strong>s systèmes –<br />
l’optimisation et le contrôle <strong>de</strong>s bioprocédés ;<br />
- l’écologie et l’environnement ;<br />
- les biosignaux et le traitement d’images.<br />
Parmi les développements réalisés, nous pouvons<br />
citer l’analyse d’images médicales, avec<br />
CT-SCAN, PET-scan ou IRM, en tant qu’outils<br />
pour le diagnostic et le suivi thérapeutique, le<br />
suivi en ligne pour les anesthésistes, ainsi que<br />
le contrôle et l’optimisation <strong>de</strong>s processus<br />
biochimiques industriels.<br />
Le déploiement <strong>de</strong> ces différents aspects se réalise<br />
majoritairement au travers <strong>de</strong> divers projets<br />
subsidiés par la Région wallonne, le Fédéral ou<br />
l’Europe, ainsi qu’en collaboration étroite avec<br />
<strong>de</strong>s sociétés pharmaceutiques, environnementales,<br />
ou encore <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins.<br />
DIFFUSION DES SCIENCES<br />
ETUDIANT D’UN JOUR EN <strong>POLYTECH</strong><br />
La tête dans les étoiles...<br />
y Ir Dominique Wynsberghe, Cellule <strong>de</strong> diffusion scientifique – ApplicaSciences<br />
...mais les pieds bien sur terre : Yaël Nazé et<br />
Sergio Volonte ont fait rêver tout un auditoire<br />
d’élèves du secondaire.<br />
Le 5 novembre 2009 à 9h30, <strong>Mons</strong>ieur Sergio Volonte, coordinateur <strong>de</strong> missions<br />
à l’Agence Spatiale Européenne (ESA), nous a livré les secrets d’une mission<br />
spatiale réussie ! De la naissance <strong>de</strong> la mission à sa réalisation, <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> lancement<br />
à la mise en orbite, nous avons voyagé dans le temps et dans l’espace et<br />
croisé quelques chefs-d’œuvre technologiques auxquels <strong>de</strong>s sociétés (et donc <strong>de</strong>s<br />
ingénieurs) belges sont associées. A 11h, nous avons embarqué avec Madame<br />
Yaël Nazé pour un voyage dans l’univers. Et on peut dire que nous en avons vu<br />
<strong>de</strong> toutes les couleurs… et pas qu’avec les yeux ! Très visuel, très interactif, l’exposé<br />
<strong>de</strong> cette chercheuse astrophysicienne <strong>de</strong> l’ULG – bien connue <strong>de</strong> la Polytech<br />
puisque ingénieur civil FPMs <strong>de</strong> formation – nous a fait tourner la tête vers les<br />
étoiles et autres corps célestes. Elle nous a invités à parcourir l’univers grâce à <strong>de</strong>s<br />
technologies <strong>de</strong> pointe qui nous ont permis d’accé<strong>de</strong>r à l’invisible… pour nos yeux.<br />
L’après-midi, place à la pratique ! Une navette (<strong>de</strong> bus) nous a emmenés vers<br />
trois <strong>de</strong>stinations « spatiales » : la SABCA, la SONACA et Thales Alenia Space.<br />
Ces trois entreprises nous ont donné l’occasion <strong>de</strong> voir l’envers du décor, à<br />
savoir les spécifications, la conception, les tests… <strong>de</strong>s pièces qui composent<br />
notamment les satellites ou autres équipements spatiaux.<br />
POLY TECH N EWS 43 27
DIFFUSION DES SCIENCES<br />
« EXPLORER L’INVISIBLE »<br />
À LA <strong>POLYTECH</strong><br />
y Jonathan Toubeau, Commissaire adjoint <strong>de</strong> l’exposition<br />
Visible du 5 mars au 11 avril 2010 à la Salle St-Georges, la première<br />
exposition transdisciplinaire <strong>de</strong> l’UMONS met nos chercheurs à<br />
l’honneur !<br />
Cette exposition, à la frontière entre Art et Science, réunit plus <strong>de</strong> 20 laboratoires <strong>de</strong><br />
recherche, issus <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> Pharmacie, <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong>s Sciences<br />
et – bien sûr ! – <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique. Par ses nombreux clichés, et <strong>de</strong>s séquences<br />
vidéos, « Explorer l’invisible » entraine le visiteur dans une vertigineuse découverte… du<br />
réel. Ces images étonnantes, accessibles habituellement à quelques initiés, ont toutes été<br />
réalisées par les scientifiques dans le cadre <strong>de</strong> leurs travaux <strong>de</strong> recherche. En avant-première,<br />
découvrez ici quelques contributions <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong> la Polytech. Et pour une visite<br />
intégrale <strong>de</strong> l’exposition, ren<strong>de</strong>z-vous à la Salle St-Georges du 5 mars au 11 avril !<br />
Explorer<br />
l’Invisible<br />
05.03.10 >11.04.10<br />
Salle Saint-Georges • grand-place, <strong>Mons</strong><br />
www.explorer-invisible.be<br />
© Design by ex nihilo<br />
Infos : 065 37 34 90<br />
Affiche Explorer_2.indd 1 3/02/10 15:10:25<br />
Au cœur d’une vitrocéramique… (Jacques Dutrieux et Nathalie Maury) C’est une<br />
véritable pouponnière à cristaux qui est visible sur cette image… et pas n’importe<br />
lesquels ! Il s’agit <strong>de</strong> cristaux piézoélectriques, qui pourraient constituer à terme le<br />
matériau vitrocéramique du futur…<br />
Les secrets <strong>de</strong> la craie blanche (Sara Vandycke) La craie naturelle<br />
est constituée d’une accumulation <strong>de</strong> coccolithes entiers ou en morceaux<br />
– débris <strong>de</strong> coques <strong>de</strong> végétaux microscopiques vieux <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 65 millions d’années. Les anneaux <strong>de</strong> coccolithes s’agglomèrent<br />
entre eux pour former une craie blanche et homogène.<br />
L’exposition est accessible gratuitement et sans réservation<br />
du mardi au samedi <strong>de</strong> 12 à 18h et le dimanche <strong>de</strong> 14 à<br />
20h. Des visites guidées peuvent être organisées pour les<br />
élèves <strong>de</strong> 4 e , 5 e et 6 e années du secondaire, sur réservation<br />
uniquement. Des visites guidées sont également proposées<br />
au grand public, sans réservation, les dimanches à 15h et<br />
17h, ainsi que les samedi 28 et dimanche 29 mars à 15h,<br />
16h, 17h et 18h, dans le cadre du Printemps <strong>de</strong>s Sciences.<br />
Il est aussi possible <strong>de</strong> réserver <strong>de</strong>s visites guidées sur ren<strong>de</strong>z-vous,<br />
selon la disponibilité <strong>de</strong>s animateurs. Toutes ces<br />
visites sont gratuites.<br />
Plus d’infos ?<br />
065/37 34 90<br />
explorer-invisible@umons.ac.be<br />
www.explorer-invisible.be<br />
Carburant du futur ? (Amaury Massart et Elise Aubry) Les nombreuses sphères visibles<br />
sur ces clichés sont en réalité <strong>de</strong>s microalgues organismes composés d’une<br />
seule cellule, qui utilisent la lumière comme source d’énergie et qui absorbent du<br />
CO 2 pour se développer. Leur teneur élevée en huile en fait <strong>de</strong> bons candidats pour<br />
la production <strong>de</strong> biocarburants <strong>de</strong> nouvelle génération.<br />
Cette exposition a été développée par les cellules<br />
ApplicaSciences et Carré <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, avec le soutien <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, du<br />
Département technologique DGO6 du Service public <strong>de</strong><br />
Wallonie et <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>.<br />
28 POLY TECH N EWS 43
DIFFUSION DES SCIENCES<br />
Carte <strong>de</strong> luminance<br />
<strong>de</strong> la rue <strong>de</strong>s Clercs à<br />
<strong>Mons</strong> (Justine Decuypere)<br />
Créée à partir d’une photographie<br />
à gran<strong>de</strong> gamme<br />
dynamique (fusion HDR <strong>de</strong><br />
cinq photographies). Par<br />
transformation <strong>de</strong> système<br />
colorimétrique, on trouve la<br />
luminance pixel par pixel.<br />
L’image est ensuite recolorée<br />
en huit fausses couleurs d’après la luminance <strong>de</strong> chaque point <strong>de</strong> l’espace.<br />
Au-<strong>de</strong>là du tableau…<br />
(Aurélie Beys) Au <strong>de</strong>là<br />
du style pictural, du<br />
symbolisme et <strong>de</strong> la<br />
narration <strong>de</strong> l’Annonciation,<br />
cette œuvre <strong>de</strong><br />
Domenico Veneziano témoigne<br />
<strong>de</strong> notre histoire<br />
et <strong>de</strong> l’architecture du 15 e siècle. De par l’utilisation <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> perspective<br />
dans son tracé géométrique, cette scène peut être, en combinant les connaissances<br />
d’autrefois et les techniques d’aujourd’hui telles que la programmation,<br />
l’infographie et le traitement d’images, restituée en trois dimensions.<br />
Carte d’attention d’une image (Matei Mancas) Les zones claires matérialisent<br />
celles qui <strong>de</strong>vraient attirer le plus l’attention humaine. Ce calcul prend<br />
en compte à la fois l’attention «réflexe», qui utilise certaines caractéristiques<br />
<strong>de</strong> l’image, et l’attention «réfléchie», qui prend en compte le fait qu’il s’agit<br />
d’une photo <strong>de</strong> scène naturelle sur laquelle les sujets principaux ont une<br />
gran<strong>de</strong> probabilité d’être centrés.<br />
Segmentation <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales (Bernard Gosselin) L’acquisition à haute<br />
vitesse (2000 par secon<strong>de</strong>) d’images <strong>de</strong> vibration <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s vocales est un<br />
outil très utilisé par les mé<strong>de</strong>cins pour affiner leur diagnostic lorsqu’une pathologie<br />
<strong>de</strong> la voix est soupçonnée chez un patient.<br />
Y A-T-IL UN INGÉNIEUR DANS LA CLASSE ?<br />
y Ir Dominique Wynsberghe, Cellule <strong>de</strong> diffusion scientifique – ApplicaSciences<br />
Enseignants du secondaire, les scientifiques <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique vous proposent leurs conférences<br />
« spécial secondaire ».<br />
Depuis <strong>de</strong> nombreuses années déjà, la FPMs propose <strong>de</strong>s exposés <strong>de</strong> nature<br />
scientifique aux enseignants <strong>de</strong> chimie, mathématique et physique <strong>de</strong><br />
l’enseignement secondaire. Ces exposés sont donnés par <strong>de</strong>s chercheurs<br />
ou <strong>de</strong>s enseignants <strong>de</strong> la Faculté. D’une durée d’environ 1 heure, ils sont<br />
<strong>de</strong>stinés à illustrer l’intérêt <strong>de</strong>s sciences ou leur utilité pour la société. Ils<br />
peuvent, selon les cas, être suivis par <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> 4 e , 5 e ou 6 e année<br />
secondaire. Ces exposés, gratuits, peuvent être organisés à la Faculté ou se<br />
dérouler au sein <strong>de</strong>s établissements secondaires. Le catalogue, qui est mis<br />
à jour chaque année, propose cette fois plus <strong>de</strong> 20 exposés, sur <strong>de</strong>s thèmes<br />
aussi variés que l’imagerie médicale, la robotique, la modélisation aéronautique<br />
ou les télécommunications numériques.<br />
Pour retrouver le programme complet <strong>de</strong> nos activités,<br />
ren<strong>de</strong>z-vous sur notre site web :<br />
http://www.umons.ac.be/applicasciences<br />
ApplicaSciences est la Cellule <strong>de</strong> Diffusion <strong>de</strong>s Sciences et <strong>de</strong>s Techniques<br />
<strong>de</strong> la Faculté Polytechnique <strong>de</strong> l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>.<br />
Nous contacter :<br />
9, rue <strong>de</strong> Houdain - 7000 <strong>Mons</strong><br />
Tél : 065/37 40 60 ou 61<br />
Fax : 065/37 40 63<br />
E-mail : applicasciences@umons.ac.be<br />
ApplicaSciences bénéficie du soutien du Service Public <strong>de</strong> Wallonie DGO6<br />
POLY TECH N EWS 43 29
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
CHRISTOPHE CAUCHETEUR, LAURÉAT D’UN AWARD<br />
DU CONSEIL CULTUREL MONDIAL<br />
Le Conseil Culturel Mondial (World Cultural Council - WCC), organisation internationale<br />
basée à Mexico, a organisé à l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Liège, le 25 novembre 2009, sa<br />
26 e cérémonie <strong>de</strong> remise <strong>de</strong> ses prestigieux prix. Il a également décerné, comme<br />
il est <strong>de</strong> coutume, une «reconnaissance spéciale» à onze personnalités belges, ou<br />
actives en Belgique. Christophe Caucheteur, Chargé <strong>de</strong> Recherches F.R.S.-FNRS<br />
dans le Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunications, a reçu l’un d’eux<br />
dans la catégorie Science, pour ses recherches portant sur la fabrication <strong>de</strong> réseaux <strong>de</strong> Bragg au sein<br />
<strong>de</strong> fibres optiques et sur leur utilisation à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> capteurs mécaniques et chimiques.<br />
Signalons que Jérôme Cornil, Chercheur Qualifié au F.R.S.-FNRS dans le Service <strong>de</strong> Chimie <strong>de</strong>s<br />
Matériaux Nouveaux (UMONS), a également été récompensé.<br />
ATTENTION, FRAGILE :<br />
électronique en orbite!<br />
y Dr David Wattiaux, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />
Simulation <strong>de</strong>s niveaux vibratoires générés par les chocs<br />
pyrotechniques en vue <strong>de</strong> prédire les dysfonctionnements<br />
électriques <strong>de</strong>s équipements embarqués<br />
Dispositif expérimental développé par<br />
l’entreprise Thales Alenia Space ETCA<br />
Les équipements électroniques embarqués à bord<br />
<strong>de</strong>s satellites sont soumis, lors <strong>de</strong> leur mise en orbite,<br />
à <strong>de</strong>s sollicitations vibratoires sévères pouvant<br />
occasionner <strong>de</strong>s défaillances d’éléments sensibles,<br />
tels que les relais. Depuis plusieurs années, l’entreprise<br />
Thales Alenia Space ETCA, localisée dans<br />
la région <strong>de</strong> Charleroi, développe <strong>de</strong>s dispositifs<br />
<strong>de</strong> test visant à reproduire, sur base <strong>de</strong> critères<br />
d’équivalence, ces environnements vibratoires. La<br />
qualification d’un nouvel équipement passe systématiquement<br />
par une phase <strong>de</strong> calibration, durant<br />
laquelle les paramètres opérationnels du dispositif<br />
<strong>de</strong> test sont ajustés empiriquement. Cette étape<br />
s’avère souvent fastidieuse et coûteuse, car la mise<br />
au point <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> chaque essai nécessite<br />
un temps <strong>de</strong> préparation non négligeable.<br />
L’objectif poursuivi par cette thèse <strong>de</strong> doctorat a<br />
été d’élaborer, en renfort <strong>de</strong> la démarche expérimentale,<br />
une métho<strong>de</strong> numérique <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong>s<br />
niveaux chocs causés par divers moyens d’excitation,<br />
notamment pyrotechniques (par utilisation<br />
d’une charge explosive) et <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s<br />
modèles <strong>de</strong> composants électriques, tels que <strong>de</strong>s<br />
relais, en vue <strong>de</strong> simuler leurs dysfonctionnements<br />
électriques lors <strong>de</strong> sollicitations vibratoires.<br />
Dans le contexte <strong>de</strong> sollicitations pyrotechniques,<br />
les sources d’excitation ne sont pas mesurables et<br />
doivent, <strong>de</strong> ce fait, être i<strong>de</strong>ntifiées indirectement à<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s inverses, c’est-à-dire à partir <strong>de</strong><br />
réponses vibratoires mesurées sur la structure et<br />
d’un modèle précis traduisant son comportement<br />
dynamique. Dans le cadre <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> recherche,<br />
quelques métho<strong>de</strong>s d’i<strong>de</strong>ntification, tirées <strong>de</strong><br />
la littérature, ont été implémentées et comparées.<br />
L’étu<strong>de</strong> a montré, sur base <strong>de</strong> données expérimentales<br />
issues <strong>de</strong> différentes configurations du<br />
dispositif <strong>de</strong> test, qu’une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s sources<br />
d’excitation pyrotechniques par une force ponctuelle<br />
équivalente permet <strong>de</strong> simuler les niveaux<br />
vibratoires avec une précision qui est du même ordre<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que les tolérances classiquement<br />
définies par les spécifications <strong>de</strong> l’équipement.<br />
Parallèlement à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s sources d’excitation<br />
pyrotechniques, ce travail <strong>de</strong> recherche s’est<br />
également intéressé à l’analyse <strong>de</strong> la sensibilité,<br />
aux vibrations et aux chocs, <strong>de</strong> relais électromécaniques.<br />
Une méthodologie permettant <strong>de</strong> simuler<br />
les niveaux <strong>de</strong> chocs à partir <strong>de</strong>squels <strong>de</strong>s pertes<br />
<strong>de</strong> contact se produisent a été mise au point, appliquée<br />
et validée au cas d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux relais: le<br />
relais monostable PED, utilisé dans <strong>de</strong>s applications<br />
industrielles classiques, et le relais bistable<br />
GP250, employé dans les boîtiers <strong>de</strong> comman<strong>de</strong><br />
du lanceur Ariane 5.<br />
30 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
MODÉLISATION DES EFFETS VIBRATOIRES<br />
DU TRAFIC FERROVIAIRE SUR L’ENVIRONNEMENT<br />
y Dr Georges Kouroussis, Mécanique Rationnelle, Dynamique et Vibrations<br />
Malgré <strong>de</strong> nombreux essors technologiques, le train (TGV, fret, corail, tram<br />
urbain…) est perçu comme une source multiple <strong>de</strong> problèmes environnementaux,<br />
qui sont <strong>de</strong> moins en moins bien supportés par le public : pollution, bruit,<br />
vibrations… La sensibilité vis-à-vis <strong>de</strong>s vibrations dues au trafic ferroviaire est<br />
<strong>de</strong> plus en plus importante.<br />
Plusieurs solutions existent pour atténuer ces vibrations mais leur coût important,<br />
sans garantie totale <strong>de</strong> résultat efficace, rebute souvent les exploitants <strong>de</strong><br />
matériel ferroviaire. Si la simulation du comportement dynamique <strong>de</strong>s véhicules<br />
est maintenant <strong>de</strong>venue incontournable dans l’industrie ferroviaire, il est plus<br />
rare d’intégrer, dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception, l’interaction avec la voie et la propagation<br />
<strong>de</strong>s vibrations dans le sol.<br />
L’objectif <strong>de</strong> ce travail était <strong>de</strong> mettre au point une méthodologie fiable dans<br />
le but <strong>de</strong> prédire, dès le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conception d’un véhicule ou l’implantation<br />
d’une nouvelle voie ferrée, les efforts dynamiques que le véhicule est susceptible<br />
<strong>de</strong> transmettre au sol via la voie, et d’en estimer l’impact sur l’environnement.<br />
Pratiquement, il s’agit d’interfacer les méthodologies classiques <strong>de</strong> simulation<br />
<strong>de</strong> véhicules, qui s’appuient sur la théorie <strong>de</strong>s systèmes multicorps, et les<br />
techniques <strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>s voies et du sol. La modélisation <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier<br />
est ardue et les métho<strong>de</strong>s analytiques ou semi-analytiques montrent d’emblée<br />
leurs limitations. L’emploi <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s numériques s’avère donc une nécessité.<br />
L’originalité <strong>de</strong>s travaux se base ainsi sur plusieurs points, dont le découplage<br />
voie/sol, vérifié comme licite sous certaines conditions, et la simulation dynamique<br />
du sol par éléments finis, couplée aux éléments semi-infinis, dans le<br />
domaine temporel.<br />
Deux cas concrets ont été étudiés, par l’intermédiaire du trafic urbain (Tram<br />
T2000 <strong>de</strong> Bruxelles) et du trafic à gran<strong>de</strong> vitesse (Thalys et Eurostar), afin <strong>de</strong><br />
vali<strong>de</strong>r l’approche adoptée. Les résultats obtenus sont très satisfaisants lorsqu’ils<br />
sont comparés à <strong>de</strong>s mesures sur site. Une analyse paramétrique a permis <strong>de</strong><br />
vérifier, par ailleurs, la sensibilité <strong>de</strong>s paramètres du modèle complet sur les<br />
niveaux vibratoires. Tous ces résultats montrent l’influence importante <strong>de</strong> l’interaction<br />
véhicule/voie et la nécessité d’un modèle complet dans la problématique<br />
<strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s vibrations dues au trafic ferroviaire.<br />
Exemple <strong>de</strong> simulation obtenue sur la propagation<br />
<strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s vibratoires issues du passage d’un train<br />
CAPTEURS LOGICIELS :<br />
LA COMBINAISON DES MODÈLES<br />
MATHÉMATIQUES ET DES MESURES<br />
y Dr Guillaume Goffaux, Automatique<br />
Exploration of robust software sensor techniques with applications<br />
in vehicle positioning and bioprocess state estimation<br />
Cette thèse traite <strong>de</strong> la mise au point <strong>de</strong><br />
métho<strong>de</strong>s d’estimation d’état robustes avec <strong>de</strong>ux<br />
domaines d’application en ligne <strong>de</strong> mire : le positionnement<br />
sécuritaire en transport, qui vise à<br />
fournir la position et la vitesse du véhicule sous<br />
la forme d’intervalles avec un grand <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
confiance, et la reconstruction <strong>de</strong>s concentrations<br />
<strong>de</strong> composants réactionnels pour bioprocédés<br />
à partir d’un nombre limité <strong>de</strong> mesures et d’un<br />
modèle mathématique interprétant le comportement<br />
dynamique <strong>de</strong> ces composants. L’objectif<br />
principal a été <strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s algorithmes<br />
qui fournissent <strong>de</strong>s estimations acceptables en<br />
dépit <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s provenant <strong>de</strong> la mauvaise<br />
connaissance du système, comme les incertitu<strong>de</strong>s<br />
sur les paramètres du modèle ou les<br />
incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mesure. Plusieurs algorithmes ont<br />
été étudiés et mis au point selon le contexte.<br />
Dans le cas du positionnement <strong>de</strong> véhicules, la<br />
recherche a principalement été dirigée vers les<br />
métho<strong>de</strong>s par intervalles, qui ont pour but <strong>de</strong> calculer<br />
les couloirs <strong>de</strong> confiance <strong>de</strong>s variables position et<br />
vitesse en se basant sur la combinaison d’intervalles<br />
issus <strong>de</strong>s capteurs, d’une part, et sur l’utilisation<br />
conjointe d’un modèle dynamique et cinématique du<br />
véhicule, d’autre part.<br />
Concernant les capteurs logiciels pour bioprocédés,<br />
trois familles <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s ont été étudiées: le filtrage<br />
particulaire, les métho<strong>de</strong>s par intervalles et le filtrage<br />
par horizon glissant. Le filtrage particulaire est basé<br />
sur <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Monte-Carlo pour estimer la<br />
<strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> probabilité conditionnelle <strong>de</strong> l’état connaissant<br />
les mesures. Il est pénalisé par sa sensibilité aux<br />
erreurs paramétriques. La métho<strong>de</strong> développée profite<br />
<strong>de</strong> la structure particulière <strong>de</strong>s modèles pour proposer<br />
une version du filtrage particulaire robuste aux<br />
incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s paramètres cinétiques. Des métho<strong>de</strong>s<br />
d’estimation par intervalles ont ensuite été adaptées à<br />
la situation où les mesures sont disponibles avec une<br />
fréquence d’échantillonnage faible, en développant<br />
<strong>de</strong>s prédicteurs appropriés. L’utilisation d’un faisceau<br />
<strong>de</strong> prédicteurs grâce à <strong>de</strong>s transformations d’état<br />
permet d’améliorer les résultats d’estimation. Enfin,<br />
une métho<strong>de</strong> basée sur le filtre à horizon glissant a été<br />
étudiée en recherchant la meilleure condition initiale<br />
pour le plus mauvais modèle.<br />
En conclusion, en dépit <strong>de</strong> certains problèmes<br />
rencontrés dans diverses applications – qui sont<br />
autant <strong>de</strong> challenges motivants et formateurs –<br />
les métho<strong>de</strong>s et résultats obtenus constituent un<br />
ensemble d’améliorations d’algorithmes robustes visà-vis<br />
<strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modèles et/ou <strong>de</strong> mesures.<br />
POLY TECH N EWS 43 31
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
LA THÈSE DE DOCTORAT AU SERVICE DES ENTREPRISES<br />
y Dr Valérie Sciamanna, Science <strong>de</strong>s Matériaux<br />
Dr Véronique Vitry, Métallurgie<br />
Véronique Vitry et Valérie Sciamanna ont eu l’opportunité <strong>de</strong> réaliser<br />
leur thèse <strong>de</strong> doctorat en collaboration avec l’industrie. Véronique a<br />
travaillé sur les dépôts <strong>de</strong> nickel-bore, ce qui a suscité l’intérêt d’UCT<br />
Coatings (en Flori<strong>de</strong>). Quant à Valérie, elle a collaboré dans le cadre<br />
<strong>de</strong> sa thèse avec la cimenterie CBR (à Harmignies). Ayant finalisé leur<br />
thèse à quelques semaines d’intervalle, ce fut pour elles l’occasion <strong>de</strong><br />
se rencontrer pour discuter <strong>de</strong> leur sujet <strong>de</strong> recherche respectif.<br />
V.V. : Valérie, peux-tu me parler brièvement <strong>de</strong> ta thèse ?<br />
V.S. : J’ai travaillé en collaboration avec la cimenterie CBR d’Harmignies, qui produit<br />
du ciment Portland blanc à partir <strong>de</strong> clinker provenant du même site. Les<br />
granules <strong>de</strong> clinker sont obtenus par traitement thermique, vers 1450°C, d’un<br />
mélange <strong>de</strong> craie et d’argile. Du fait <strong>de</strong>s faibles teneurs en fer imposées pour<br />
la blancheur, la transformation en clinker blanc est plus difficile que celle du<br />
clinker gris. Mais si le clinker gris a fait l’objet <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s, peu <strong>de</strong><br />
publications font référence au clinker blanc. C’est pourquoi la première partie<br />
<strong>de</strong> mon travail fut consacrée aux mécanismes intervenant dans la synthèse<br />
du clinker blanc et, en particulier, à l’influence <strong>de</strong> la granulométrie du quartz<br />
sur la qualité <strong>de</strong> la cuisson (teneur en CaO libre et microstructure du clinker).<br />
Nous avons ainsi pu définir <strong>de</strong> nouveaux critères <strong>de</strong> sélection pour les matières<br />
premières argileuses exploitées par l’industrie. Une gestion rationnelle <strong>de</strong>s<br />
gisements est en effet nécessaire pour assurer la pérennité <strong>de</strong>s ressources<br />
en matières premières naturelles. Par ailleurs, nous avons mis en évi<strong>de</strong>nce<br />
l’influence <strong>de</strong>s éléments colorants, inévitablement présents dans les matières<br />
premières, sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> blancheur du clinker. Enfin, nous avons optimisé la<br />
dispersion <strong>de</strong>s matières premières industrielles.<br />
V.V. : Tu as donc dû reproduire à l’échelle du laboratoire le procédé industriel<br />
pour mieux le comprendre…<br />
V.S. : Nous avons essayé autant que possible <strong>de</strong> nous rapprocher <strong>de</strong> la réalité<br />
industrielle, même s’il est évi<strong>de</strong>nt que <strong>de</strong> nombreuses différences subsistent<br />
entre les conditions industrielles et <strong>de</strong> laboratoire. Malgré cela, une<br />
démarche intéressante dans mon travail fut <strong>de</strong> corréler les résultats <strong>de</strong><br />
laboratoire et certaines constatations industrielles.<br />
V.S. : Et toi Véronique, quel est ton sujet <strong>de</strong> thèse ?<br />
V.V. : J’ai travaillé sur les dépôts chimiques <strong>de</strong> nickel-bore. Ces dépôts sont<br />
obtenus <strong>de</strong> manière catalytique, en phase aqueuse, par un procédé d’oxydo-réduction<br />
sans apport externe <strong>de</strong> courant électrique. L’objectif <strong>de</strong> mes<br />
travaux était <strong>de</strong> décrire la façon dont le dépôt se forme sur le substrat, mais<br />
aussi d’en observer et d’en modéliser la structure.<br />
V.S. : As-tu également travaillé en collaboration avec l’industrie ?<br />
V.V. : Oui, j’ai travaillé en liaison avec UCT coatings (Flori<strong>de</strong>), qui commercialise<br />
cette technologie. Ils cherchent à mieux comprendre les aspects fondamentaux<br />
du procédé, pour améliorer sa fiabilité et la qualité <strong>de</strong>s produits<br />
Finalement, bien que nos sujets soient très différents, nos principaux objectifs<br />
sont très similaires.<br />
Parfois, on a l’impression que parce qu’un procédé est utilisé <strong>de</strong>puis<br />
longtemps, il est parfaitement connu et maîtrisé. Mais sans l’apport <strong>de</strong> la<br />
recherche «fondamentale», on fonctionne un peu en «boîte noire» !<br />
«Compréhension <strong>de</strong>s mécanismes intervenant dans la synthèse du clinker blanc<br />
– Critères granulométriques <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s matières premières et rôle <strong>de</strong>s éléments<br />
colorants» par V. Sciamanna (Promoteur : Prof. M. Gonon – co-promoteur :<br />
Prof. A. <strong>de</strong> Haan)<br />
«Electroless Nickel-Boron <strong>de</strong>posits: Synthesis, formation and characterization ;<br />
Effect of heat treatments ; Analytical mo<strong>de</strong>ling of the structural state» par V. Vitry<br />
(Promoteur : Prof. F. Delaunois)<br />
UN “BEST STUDENT PAPER AWARD” POUR THOMAS DRUGMAN<br />
Thomas Drugman, aspirant FNRS et doctorant dans le service TCTS, a reçu<br />
le prix du “Best stu<strong>de</strong>nt paper award” décerné par l’« International Speech<br />
Communication Association » lors <strong>de</strong> la conférence Interspeech’09, tenue à<br />
Brighton en septembre <strong>de</strong>rnier. Ce prix récompense sa contribution intitulée<br />
“A Deterministic plus Stochastic Mo<strong>de</strong>l of the Residual Signal for Improved<br />
Parametric Speech Synthesis”, co-signée avec G. Wilfart (<strong>de</strong> la société ACAPELA)<br />
et le Professeur Thierry Dutoit.<br />
La page web <strong>de</strong> Thomas : http://tcts.fpms.ac.be/~drugman/<br />
Les objectifs <strong>de</strong>s recherches <strong>de</strong> Thomas sont l’amélioration <strong>de</strong> la modélisation <strong>de</strong><br />
la voix humaine, avec comme applications la synthèse <strong>de</strong> parole, la reconnaissance<br />
du locuteur, l’analyse <strong>de</strong> voix expressive, ou encore la détection <strong>de</strong> pathologies<br />
vocales. Son travail est une continuation <strong>de</strong>s recherches d’un ancien doctorant du<br />
TCTS Lab, Baris Bozkurt, maintenant professeur à l’<strong>Université</strong> d’Izmir (Turquie).<br />
32 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
DÉCRYPTAGE D’UN TITRE DE THÈSE ABSCONS…<br />
New metaheuristics for solving MOCO problems: application to the<br />
knapsack problem, the traveling salesman problem and IMRT optimization<br />
y Dr Thibaut Lust, Mathématique et Recherche Opérationnelle<br />
Dans cette thèse, <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s heuristiques sont présentées,<br />
basées sur les métaheuristiques, pour résoudre <strong>de</strong>s problèmes d’optimisation<br />
combinatoire multiobjectifs (problèmes MOCO). Pour mieux comprendre,<br />
intéressons-nous aux différentes notions que cache le titre <strong>de</strong> ce travail…<br />
MOCO problems<br />
Dans les problèmes MOCO, une solution optimale<br />
n’existe pas, étant donné que <strong>de</strong>s critères conflictuels<br />
sont considérés pour évaluer les solutions. Par contre,<br />
un ensemble <strong>de</strong> solutions « compromis » (appelées<br />
solutions efficaces) peut être déterminé. Une solution<br />
efficace est telle qu’il est impossible <strong>de</strong> trouver une<br />
autre solution meilleure sur tous les critères. Le but <strong>de</strong><br />
l’optimisation multiobjectif est <strong>de</strong> fournir au déci<strong>de</strong>ur<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s solutions efficaces.<br />
New metaheuristics<br />
Trois nouvelles métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> résolution, basées<br />
sur les métaheuristiques, ont été développées. Les<br />
métaheuristiques sont <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s générales<br />
permettant <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s heuristiques pour <strong>de</strong>s problèmes<br />
d’optimisation dits difficiles. L’objectif d’une<br />
heuristique est <strong>de</strong> fournir en un temps raisonnable<br />
une solution <strong>de</strong> bonne qualité. L’optimalité <strong>de</strong>s<br />
solutions n’est toutefois pas garantie. Les métaheuristiques<br />
étant à l’origine développées pour la<br />
résolution <strong>de</strong> problèmes à un seul objectif, elles ont<br />
ici été adaptées à l’optimisation multiobjectif.<br />
Knapsack problem<br />
Les métho<strong>de</strong>s développées ont tout d’abord été<br />
appliquées au problème du sac à dos multidimensionnel<br />
multiobjectif. Ce problème consiste<br />
à sélectionner, parmi un ensemble d’objets, un<br />
sous-ensemble d’objets à placer dans un sac sans<br />
dépasser la capacité du sac, tout en maximisant les<br />
sommes <strong>de</strong> profits générés par les objets (à chaque<br />
objet sont associés plusieurs profits).<br />
Traveling salesman problem<br />
Nous avons ensuite considéré la résolution du problème<br />
<strong>de</strong> voyageur <strong>de</strong> commerce biobjectif. Etant<br />
donné un ensemble <strong>de</strong> villes, ce problème consiste<br />
à effectuer un tour en visitant chaque ville une et<br />
une seule fois. A chaque tour sont associées <strong>de</strong>ux<br />
valeurs, servant à mesurer la qualité du tour. Ces<br />
<strong>de</strong>ux valeurs peuvent être, par exemple, la distance<br />
et l’attractivité touristique du tour réalisé.<br />
Pour ces <strong>de</strong>ux problèmes, les résultats obtenus avec<br />
les métho<strong>de</strong>s développées sont meilleurs que ceux<br />
issus <strong>de</strong> la littérature scientifique.<br />
IMRT optimization<br />
La <strong>de</strong>rnière partie <strong>de</strong> ce travail concerne un problème<br />
multiobjectif très spécifique, qui intervient dans<br />
le traitement du cancer par radiothérapie conformationnelle<br />
avec modulation d’intensité (RCMI, en<br />
anglais IMRT). Le problème MOCO associé à ce<br />
procédé est la décomposition <strong>de</strong> matrices entières<br />
positives en une combinaison linéaire <strong>de</strong><br />
matrices binaires <strong>de</strong>vant respecter la propriété <strong>de</strong>s<br />
uns consécutifs. Une <strong>de</strong>s métaheuristiques développées<br />
a été appliquée, dans le but <strong>de</strong> générer une<br />
bonne approximation <strong>de</strong>s solutions efficaces <strong>de</strong> ce<br />
problème. Les résultats obtenus sont prometteurs<br />
pour <strong>de</strong>s instances aussi bien aléatoires que réelles.<br />
RÉSEAUX ÉLECTRIQUES MODERNES ET PRODUCTION<br />
D’ÉLECTRICITÉ D’ORIGINE ÉOLIENNE : parlons fiabilité !<br />
y Dr François Vallée, Génie Électrique<br />
Modélisation et simulation <strong>de</strong> la production d’électricité d’origine éolienne pour<br />
l’analyse technico-économique <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> transport électrique mo<strong>de</strong>rnes<br />
Suite aux volontés politiques actuelles <strong>de</strong> réduire les émissions <strong>de</strong> CO 2<br />
, les<br />
énergies à caractère renouvelable se sont vues projetées sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong><br />
la scène en termes d’alternatives aux sources conventionnelles peu respectueuses<br />
<strong>de</strong> leur environnement. Parmi les diverses énergies « vertes » qui<br />
se sont ainsi développées ces <strong>de</strong>rnières années, l’énergie éolienne peut être<br />
cataloguée comme l’une <strong>de</strong>s solutions les plus en vogue, si l’on s’en réfère à<br />
ses croissances passées et à venir.<br />
Dans ce contexte, le présent travail s’est focalisé sur une étu<strong>de</strong> d’adéquation<br />
du réseau <strong>de</strong> transport électrique en présence d’une pénétration significative<br />
d’énergie électrique d’origine éolienne. Dans cet ordre d’idées, <strong>de</strong>s modèles stochastiques<br />
originaux <strong>de</strong> production éolienne ont été développés et validés (sous<br />
Matlab®), avant <strong>de</strong> les introduire dans l’outil informatique Scanner© (propriété<br />
<strong>de</strong> la société Tractebel Engineering).<br />
La fonction première <strong>de</strong> ce logiciel est <strong>de</strong> fournir une analyse technico-économique<br />
<strong>de</strong>s alternatives <strong>de</strong> développement prévues sur un réseau <strong>de</strong> transport<br />
électrique donné. Par conséquent, ce travail a nécessité la modification <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux étapes du processus <strong>de</strong> résolution implanté au sein <strong>de</strong> Scanner©. En effet,<br />
d’une part, les modèles stochastiques proposés pour la production éolienne ont<br />
été insérés au niveau <strong>de</strong> la génération <strong>de</strong>s divers états du système à étudier. Par<br />
la suite, cette production a encore dû être intégrée <strong>de</strong> manière adéquate à l’algorithme<br />
d’analyse <strong>de</strong>s différents états générés. A ce niveau, <strong>de</strong> manière à refléter<br />
au mieux la réalité, un raisonnement basé sur un retour d’expérience a conduit<br />
à considérer l’énergie éolienne comme une énergie <strong>de</strong> coût nul, non prévisible<br />
à long terme et pouvant être influencée par les contraintes <strong>de</strong> fonctionnement<br />
relatives aux réseaux <strong>de</strong> transport électrique mo<strong>de</strong>rnes.<br />
Enfin, afin <strong>de</strong> démontrer son applicabilité, l’outil informatique proposé a été<br />
testé sur le réseau <strong>de</strong> transport électrique belge. De la sorte, l’enjeu majeur que<br />
représente le renforcement du réseau électrique flamand, en vue d’assurer une<br />
intégration massive <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> type éolien en Mer du Nord, a pu être<br />
mis en évi<strong>de</strong>nce. En effet, les résultats <strong>de</strong> simulation collectés ont démontré que<br />
l’accroissement, simultané, <strong>de</strong> cette puissance offshore et <strong>de</strong>s échanges internationaux<br />
d’électricité entre la France et les Pays-Bas risquaient <strong>de</strong> conduire à une<br />
saturation <strong>de</strong>s lignes électriques situées entre Gand et Anvers.<br />
POLY TECH N EWS 43 33
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
SYNTHÉTISER UNE VOIX EXPRESSIVE,<br />
UN PROBLÈME DE CONTRÔLE GESTUEL<br />
y Dr Nicolas d’Alessandro, Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />
Les objectifs <strong>de</strong> la synthèse vocale ont largement évolué sur ce <strong>de</strong>mi-siècle <strong>de</strong><br />
recherche, rencontrant <strong>de</strong>s défis <strong>de</strong> plus en plus complexes. Le premier défi, l’intelligibilité,<br />
est d’être compréhensible pour autrui. Plus tard, émerge une volonté <strong>de</strong><br />
produire <strong>de</strong>s voix au timbre naturel, autrement dit suffisamment proche <strong>de</strong> la voix<br />
humaine pour être confondant, et donc confortable. Aujourd’hui, le défi majeur est<br />
l’expressivité. Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> synthèse, la voie <strong>de</strong> la continuité a été<br />
choisie. En effet, l’expressivité peut être vue comme une plus gran<strong>de</strong> diversification<br />
du timbre vocal, nécessitant donc d’enregistrer plus <strong>de</strong> données. En dépit <strong>de</strong><br />
ses résultats impressionnants, cette approche a <strong>de</strong>ux sérieux désavantages : elle<br />
conduit à enregistrer une quantité colossale <strong>de</strong> données et impose <strong>de</strong> représenter<br />
l’expressivité sous la forme d’un ensemble fini « d’émotions type ». Il en résulte une<br />
expression vocale caricaturale, loin <strong>de</strong> son aspect contextuel dans la vie réelle.<br />
Le but <strong>de</strong> cette thèse a été <strong>de</strong> considérer l’expressivité vocale comme un problème<br />
global d’interaction homme-machine. En effet, si un modèle « paramétrique » <strong>de</strong><br />
l’expressivité vocale est encore quelque peu utopique, l’existence d’une expression<br />
au sein <strong>de</strong> toutes les modalités <strong>de</strong> la communication humaine – et notamment le<br />
geste – ne fait aucun doute. Ainsi, il est apparu comme nettement plus intéressant<br />
d’encourager l’expressivité globale <strong>de</strong> l’interaction entre un humain et une machine<br />
vocale, plutôt que <strong>de</strong> travailler strictement sur une « machine vocale expressive ».<br />
Cette hypothèse d’interactivité a guidé quatre années <strong>de</strong> recherche dans les<br />
domaines <strong>de</strong> l’interaction homme-machine et <strong>de</strong> la synthèse vocale en temps réel,<br />
au terme <strong>de</strong>squelles plusieurs résultats concrets peuvent être soulignés. D’abord,<br />
un outil d’analyse <strong>de</strong> la source glottique, moteur physiologique <strong>de</strong> l’expressivité<br />
vocale. Ensuite, un synthétiseur vocal en temps réel, baptisé RAMCESS, utilisant<br />
simultanément <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> production (basées sur un modèle <strong>de</strong> la source<br />
glottique) et une base <strong>de</strong> données <strong>de</strong> voix coarticulée. Enfin, un contrôleur gestuel<br />
adapté à la production <strong>de</strong> voix, sous la forme d’une tablette graphique augmentée,<br />
baptisé le HANDSKETCH.<br />
Cette thèse a trouvé écho aussi bien dans le théâtre (METAmorphoZ, Compagnie<br />
D. Danis) que dans la musique (Musiques Nouvelles). Précurseur à l’UMONS dans<br />
le champ <strong>de</strong>s technologies performatives, ce travail a servi <strong>de</strong> base <strong>de</strong> réflexion<br />
lorsqu’il s’est agi <strong>de</strong> définir l’axe COPI du projet numediart.<br />
Document <strong>de</strong> thèse, détails et vidéos : http://www.nicolasdalessandro.net<br />
Projet numediart – Axe COPI : http://www.numediart.org/copi<br />
TRANCHE DE VIE…<br />
y Propos recueillis par Fabien Rogister<br />
Sa thèse <strong>de</strong> doctorat à peine défendue, Nicolas d’Alessandro démarre un postdoctorat<br />
à l’University of British Columbia. Le Polytech News l’interviewe.<br />
PN : Nicolas, tu entames un post-doc <strong>de</strong> trois ans à l’University of British<br />
Columbia (UBC), à Vancouver. Quelles sont tes motivations à partir<br />
en post-doc à l’étranger ? Pourquoi avoir choisi cette université et ce<br />
laboratoire en particulier ? Quelles sont les difficultés (matérielles,<br />
culturelles…) que tu as déjà pu rencontrer ?<br />
NdA : En fait, tout s’est un peu déroulé dans l’autre sens. En effet, c’est le laboratoire<br />
MAGIC (Media and Graphics Interdisciplinary Centre) <strong>de</strong> UBC – et plus<br />
particulièrement son chef <strong>de</strong> département le Prof. Sidney Fels – qui m’a<br />
approché pour ce job en décembre 2008. À cette époque, j’étais loin <strong>de</strong><br />
clôturer ma thèse – je n’ai déposé qu’en septembre 2009 – et loin <strong>de</strong> tout<br />
projet d’expatriation sur le plan personnel. Lorsqu’on entre dans la phase<br />
<strong>de</strong> rédaction <strong>de</strong> sa thèse, le seul projet d’avenir qu’on ait est « déposer ».<br />
Tous les thésards qui liront ces lignes comprendront <strong>de</strong> quoi je parle !<br />
Nicolas au travail (Johnty Wang)<br />
Néanmoins, on ne reste pas indifférent à une telle proposition. Envisager<br />
une expatriation à 12000 km <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>, qui n’était pas du tout planifiée,<br />
empêche vraiment <strong>de</strong> dormir. D’un coté, l’ultimatum du dépôt qui <strong>de</strong>vient<br />
crucial. De l’autre, une foule <strong>de</strong> démarches administratives à entamer. Il y<br />
a également ce tour <strong>de</strong>s proches et collègues où on prend la température,<br />
à l’annonce du projet. Je sais que la discussion avec le Prof. Thierry Dutoit<br />
(mon superviseur <strong>de</strong> thèse) a été émouvante, car ni lui ni moi n’envisagions<br />
<strong>de</strong> nous séparer si vite. Mon parcours avec Thierry va au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong><br />
34 POLY TECH N EWS 43
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
la collaboration scientifique, il s’agit d’un mentorat implicite qui s’échelonne<br />
sur les dix <strong>de</strong>rnières années, et s’éloigner <strong>de</strong> ça est difficile.<br />
Mais <strong>de</strong>rrière la complexité et l’agitation que soulève une telle décision,<br />
vient un enthousiasme hors norme. En effet, le Canada, pays que je<br />
connais déjà bien – mon TFE s’est en effet déroulé à Montréal en 2004 –;<br />
Vancouver, ville dont la qualité <strong>de</strong> vie est classée parmi les top 10 mondial ;<br />
UBC dont le nombre <strong>de</strong> collaborateurs (étudiants et staffs) dépasse la<br />
population <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>; et enfin DiVA, le projet dont je prends le gouvernail,<br />
un <strong>de</strong>s projets les plus intéressants que j’ai vus en contrôle temps-réel <strong>de</strong><br />
voix expressive.<br />
PN : L’University of British Columbia est une université très réputée qui<br />
semble possé<strong>de</strong>r une infrastructure gigantesque. Quelle est l’ambiance<br />
<strong>de</strong> travail dans une telle université ? L’insertion d’un chercheur<br />
étranger dans la vie du laboratoire est-elle aisée ?<br />
NdA : En effet, UBC est gigantesque, c’est le mot. En Belgique, une population<br />
<strong>de</strong> 60000 personnes, c’est une petite ville. Et bien voilà, le campus <strong>de</strong><br />
UBC, c’est une petite ville: ses habitu<strong>de</strong>s, son rythme, ses quartiers (les<br />
rési<strong>de</strong>nces, les bâtiments universitaires, les magasins, le « bus loop »,<br />
son jardin botanique, etc). Mais en fait, le campus est un écosystème en<br />
soi (on pourrait vraiment y vivre sans en sortir) qui, avec quelque 60000<br />
personnes, reste à une échelle relativement humaine. Si vous vous bala<strong>de</strong>z<br />
à <strong>Mons</strong>, vous reconnaîtrez <strong>de</strong>s visages, et si vous êtes un habitué <strong>de</strong><br />
certains lieux, les commerçants vous reconnaîtront. La vie sur le campus<br />
est un peu pareille, on <strong>de</strong>vient progressivement un habitué <strong>de</strong> son coin (et<br />
<strong>de</strong> son Starbucks), ce qui rompt un peu avec le sentiment <strong>de</strong> gigantisme.<br />
C’est toujours un peu amusant <strong>de</strong> parler d’étranger dans un pays dont<br />
l’histoire mo<strong>de</strong>rne est basée à 100% sur l’immigration ! C’est encore plus<br />
vrai avec Vancouver, qui est probablement une <strong>de</strong>s villes les plus cosmopolites<br />
d’Amérique du Nord. La majorité <strong>de</strong>s gens ici ne sont pas <strong>de</strong> type<br />
caucasien, mais plutôt asiatique, indien, hispanique, etc. La vie vancouverite<br />
est donc très multiculturelle. De plus, UBC a une politique scientifique<br />
tournée vers l’extérieur. Il y a donc ici une quantité phénoménale d’étudiants<br />
et <strong>de</strong> chercheurs étrangers. Au final, ça crée un sentiment curieux<br />
que tout le mon<strong>de</strong> vient plus ou moins d’ailleurs, sauf lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />
regar<strong>de</strong>r un match <strong>de</strong> Hockey, là on est tous canadiens !<br />
Vue partielle du campus universitaire.<br />
Au loin se détachent<br />
les gratte-ciels <strong>de</strong> Vancouver<br />
(justiceatlast)<br />
Habitations et commerces<br />
sur le campus<br />
(Nicolas d’Alessandro)<br />
EURODOCINFO10 : RENCONTRES FRANCO-BELGES<br />
DE DOCTORANTS EN INFORMATIQUE<br />
y Dr Saïd Mahmoudi, Prof. Pierre Manneback<br />
Informatique<br />
Les rencontres EuroDocInfo sont organisées chaque<br />
année conjointement par l’Ecole Doctorale Thématique<br />
en informatique Grascomp (Graduate School in Computer<br />
Science), <strong>de</strong> la Communauté Wallonie-Bruxelles, et par<br />
l’Ecole doctorale <strong>de</strong>s Sciences pour l’Ingénieur, <strong>de</strong> la<br />
région Lille-Nord <strong>de</strong> la France.<br />
Après une première édition à Lille, une <strong>de</strong>uxième<br />
à <strong>Mons</strong> (organisée conjointement par la Faculté<br />
Polytechnique et la Faculté <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> l’UMONS),<br />
la troisième édition EuroDocInfo10 (EDI’ 10) a eu lieu à<br />
Valenciennes les 21 et 22 janvier 2010.<br />
L’objectif premier <strong>de</strong> ces rencontres est <strong>de</strong> permettre<br />
à <strong>de</strong>s jeunes doctorants d’exposer, parfois pour la<br />
première fois, leurs résultats <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong>vant<br />
un public diversifié <strong>de</strong> la discipline. L’utilisation <strong>de</strong><br />
l’anglais dans les communications est encouragée,<br />
ce qui permet la participation <strong>de</strong> chercheurs flamands<br />
(cette année, d’Anvers et <strong>de</strong> Gand) et étrangers. Dans<br />
une ambiance conviviale propice à stimuler innovation<br />
et recherche, les espaces <strong>de</strong> discussions après les<br />
exposés, les pauses-café et les repas ont constitué<br />
<strong>de</strong>s moments privilégiés afin d’assurer un maximum<br />
d’échanges entre doctorants.<br />
Cette année encore, les montois ont répondu présents,<br />
avec une délégation <strong>de</strong> sept personnes<br />
et <strong>de</strong>ux exposés : Thomas Drugman, aspirant<br />
FNRS dans le Service <strong>de</strong> Théorie <strong>de</strong>s Circuits<br />
et Traitement du Signal : « On the Glottal Flow<br />
Estimation and its Usefulness in Speech<br />
Processing » et Sébastien Noël, assistant dans<br />
le Service d’Informatique : « Service Access<br />
Negotiation in Grids ».<br />
Ces journées ont attiré globalement 50 participants:<br />
24 doctorants <strong>de</strong> la Région Nord (Lille, Valenciennes),<br />
9 doctorants <strong>de</strong> Belgique, tant <strong>de</strong> Bruxelles, <strong>de</strong><br />
Flandres, que <strong>de</strong> Wallonie (<strong>Mons</strong>, Louvain-La-Neuve,<br />
Liège), 11 académiques, belges et français (membres<br />
ou non du Comité Scientifique) et 6 participants <strong>de</strong><br />
Centres <strong>de</strong> Recherche (INRIA) ou d’entreprises actives<br />
dans les Technologies <strong>de</strong> l’information (ATOS).<br />
Au total, 22 exposés ont été présentés par les doctorants.<br />
Ces exposés ont couvert un large spectre <strong>de</strong> la<br />
recherche en informatique, <strong>de</strong>s aspects théoriques aux<br />
systèmes et aux applications, par exemple en bio-informatique<br />
ou en recherche opérationnelle. Ils ont bien<br />
représenté les recherches effectuées en informatique<br />
dans les laboratoires <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière<br />
franco-belge. Ces présentations sont disponibles sur le<br />
site <strong>de</strong>s rencontres http://www.eurodocinfo.org.<br />
Une session a été consacrée, le jeudi 21 janvier en<br />
fin <strong>de</strong> journée, au témoignage <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ingénieurs<br />
<strong>de</strong> la société ATOS qui ont expliqué la place <strong>de</strong>s<br />
docteurs en informatique dans leur société. L’an prochain,<br />
l’organisation <strong>de</strong>vrait incomber à la Belgique.<br />
Le Comité <strong>de</strong> Grascomp en débattra prochainement.<br />
POLY TECH N EWS 43 35
<strong>POLYTECH</strong> DOCT’ <strong>NEWS</strong><br />
LES FACIÈS WEALDIENS DU BASSIN DE MONS :<br />
PALÉOENVIRONNEMENTS, GÉODYNAMIQUE ET VALORISATION INDUSTRIELLE<br />
y Dr Paul Spagna, Géologie<br />
Les sédiments du Crétacé inférieur (faciès wealdiens) <strong>de</strong> la partie nord-ouest du<br />
Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> correspon<strong>de</strong>nt aux Formations <strong>de</strong>s Argiles d’Hautrage (FAH) et<br />
<strong>de</strong>s Argiles <strong>de</strong> Sainte-Barbe (FASB), associées aux célèbres iguanodons du « cran<br />
<strong>de</strong> Bernissart ».<br />
Ces dépôts continentaux d’âge barrémien supérieur ont été replacés dans le<br />
contexte paléoenvironnemental et géodynamique du Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> et, à plus<br />
gran<strong>de</strong> échelle, <strong>de</strong> la bordure orientale <strong>de</strong> la gouttière wealdienne. Sur le plan<br />
industriel, leur potentiel en tant que matière première dans la filière du ciment blanc<br />
a été réévalué sur base <strong>de</strong> nouveaux critères, principalement granulométriques.<br />
Le paléoenvironnement <strong>de</strong> plaine alluviale et son évolution dans le temps ont<br />
pu être précisés à partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> 230 mètres d’épaisseur cumulée <strong>de</strong><br />
dépôts <strong>de</strong> la FAH. Il s’agit d’une plaine d’inondation orientée est-ouest et parcourue<br />
<strong>de</strong> chenaux méandriformes. Six séquences d’évolution du milieu y ont<br />
été distinguées. Elles s’expliquent par l’action combinée <strong>de</strong>s variations du niveau<br />
eustatique, <strong>de</strong> la subsi<strong>de</strong>nce et <strong>de</strong>s apports sédimentaires. L’environnement évolue<br />
ainsi d’un milieu <strong>de</strong> bordure (séquences 1 et 2) à une plaine alluviale franche<br />
(séquences 3, 4 et 5) puis, à <strong>de</strong>s chenaux fluviatiles sableux (séquence 6).<br />
Les déformations synsédimentaires enregistrées à l’échelle <strong>de</strong> la carrière<br />
d’Hautrage documentent <strong>de</strong> façon inédite la géométrie particulière en « poches<br />
» et la localisation <strong>de</strong>s gisements wealdiens, actuellement perchées sur<br />
le bord Nord du Bassin <strong>de</strong> <strong>Mons</strong>. Elles renforcent l’idée <strong>de</strong> la progression vers<br />
le sud d’un front <strong>de</strong> dissolution karstique à gran<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.<br />
Reconstitution <strong>de</strong> la géométrie <strong>de</strong>s dépôts sédimentaires <strong>de</strong> la carrière<br />
d’Hautrage et du sens <strong>de</strong>s paléo-courants (flèches)<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la FASB a abouti à la caractérisation du paléoenvironnement lacustre<br />
<strong>de</strong> Bernissart. Trois unités sédimentaires ont été définies au sein <strong>de</strong>s dépôts<br />
laminaires récupérés lors <strong>de</strong> récents forages. Elles reflètent essentiellement<br />
les variations du niveau du lac.<br />
L’intégration <strong>de</strong>s résultats à l’échelle du nord-ouest européen montre que la<br />
paléovallée hainuyère, dont <strong>de</strong>s témoins ont pu être conservés grâce à une<br />
subsi<strong>de</strong>nce karstique unique en son genre, peut être considérée comme un <strong>de</strong>s<br />
affluents majeurs <strong>de</strong> la gouttière wealdienne du continent crétacé inférieur.<br />
CONTRIBUTION À L’ANALYSE DES EFFONDREMENTS DANS LES GISEMENTS EN PLATEURE<br />
y Dr Frédéric Bokwala, Génie Minier<br />
Le gisement <strong>de</strong> Kamoto-Principal (République Démocratique<br />
du Congo) est une ressource importante en<br />
cuivre et en cobalt <strong>de</strong>puis 1954, mais dont l’exploitation<br />
se heurte à <strong>de</strong>s effondrements répétés.<br />
Les couches minéralisées subhorizontales (en plateures) se situent à plus ou moins<br />
500 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur et sont exploitées par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chambres et<br />
piliers. Le défruitement excessif <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 80%, ainsi que la structure particulière<br />
du gisement, causent l’effondrement <strong>de</strong>s ouvrages miniers. Cette thèse visait à<br />
réaliser une analyse <strong>de</strong>s conditions d’effondrements, en étudiant le comportement<br />
géomécanique <strong>de</strong>s chambres et piliers par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s numériques, afin <strong>de</strong> proposer<br />
une solution pour la reprise <strong>de</strong> l’exploitation du gisement.<br />
petite échelle, c’est-à-dire à l’échelle <strong>de</strong>s travaux miniers. Les simulations ont<br />
été précédées d’une étu<strong>de</strong> paramétrique, qui a permis d’ajuster les paramètres<br />
géométriques et mécaniques, lesquels ont servi <strong>de</strong> données <strong>de</strong> base pour les<br />
<strong>de</strong>ux modèles.<br />
Les résultats <strong>de</strong>s simulations ont permis d’appréhen<strong>de</strong>r le processus <strong>de</strong> propagation<br />
<strong>de</strong>s effondrements et d’en estimer l’étendue. Sur base <strong>de</strong> ces résultats,<br />
une métho<strong>de</strong> d’exploitation par foudroyage a été proposée, pour reprendre<br />
l’exploitation <strong>de</strong> la partie effondrée du gisement en minimisant les risques d’extension<br />
du mouvement.<br />
Sur l’image, qui représente le niveau d’exploitation à 500 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, on<br />
remarque que la largeur <strong>de</strong>s piliers 1 et 2 est suffisante par rapport à leur hauteur.<br />
Par contre, le pilier 3 montre un écaillage central très avancé ; c’est ce genre <strong>de</strong><br />
pilier qui a provoqué <strong>de</strong>s effondrements.<br />
Afin <strong>de</strong> modéliser une section imposante <strong>de</strong>s structures rocheuses et <strong>de</strong>s<br />
ouvrages miniers, l’étu<strong>de</strong> a été menée en <strong>de</strong>ux étapes. Dans la première étape,<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s panneaux miniers ont été modélisés. Les mécanismes susceptibles<br />
d’affecter la stabilité globale <strong>de</strong>s ouvrages à l’échelle <strong>de</strong> la mine ont alors<br />
été investigués : pression <strong>de</strong> terrain, élancements <strong>de</strong>s piliers, largeur <strong>de</strong>s chambres,<br />
etc. Dans l’étape suivante, le problème a été réduit à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> stabilité à<br />
Vue <strong>de</strong> piliers étudiés dans l’exploitation souterraine <strong>de</strong> Cu-Co <strong>de</strong> Kamoto<br />
36 POLY TECH N EWS 43
LIAISONS<br />
IGNACE GATARE GAHANGARA :<br />
UN <strong>POLYTECH</strong> DEVENU MINISTRE DES TÉLÉCOMS AU RWANDA<br />
y Prof. Thierry Dutoit, Théorie <strong>de</strong>s Circuits et Traitement du Signal<br />
Ignace Gatare Gahangara, diplômé en 2004 <strong>de</strong> la Faculté Polytechnique, a été récemment désigné Ministre chargé<br />
<strong>de</strong> la Mondialisation, <strong>de</strong> la Technologie, <strong>de</strong> la Recherche scientifique et <strong>de</strong>s Technologies <strong>de</strong> la communication <strong>de</strong><br />
son pays d’origine, le Rwanda, par le prési<strong>de</strong>nt Paul Kagamé. Pour la petite histoire, Ignace Gatare avait reçu <strong>de</strong>ux<br />
prix au terme <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à la Polytech: celui du meilleur travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s dans le domaine <strong>de</strong>s télécommunications<br />
(Prix «SEE Telecom») et celui <strong>de</strong> l’étudiant le plus méritant (prix Forbat).<br />
A l’époque, I. Gatare s’était distingué sous la direction du professeur Blon<strong>de</strong>l, au<br />
Service d’Electromagnétisme et <strong>de</strong> Télécommunication. Son travail <strong>de</strong> fin d’étu<strong>de</strong>s<br />
portait alors sur le «contrôle <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> polarisation d’un laser à semi-conducteur<br />
<strong>de</strong> type VCSEL par injection optique <strong>de</strong> lumière polarisée». Il avait<br />
ensuite approfondi ses connaissances dans ce domaine très pointu en poursuivant<br />
ses étu<strong>de</strong>s à la VUB, puis via l’obtention d’un doctorat à Supélec à Metz.<br />
Flash-back sur le parcours <strong>de</strong> cet ingénieur atypique, diplômé en 2004 <strong>de</strong> la FPMs,<br />
grâce à un entretien réalisé au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> sa défense <strong>de</strong> thèse, en 2008.<br />
PN : Parle-moi <strong>de</strong> ton enfance, <strong>de</strong> ton pays d’origine et <strong>de</strong>s événements qui<br />
t’ont décidé à <strong>de</strong>venir ingénieur.<br />
I.G. : Je suis né le 27 Mars 1969 à Goma, une petite ville du Nord Kivu en RDC.<br />
Très jeune, j’étais très passionné par le bricolage, le <strong>de</strong>ssin, les sciences<br />
et les mathématiques. Ceci a probablement dicté mon orientation vers<br />
les étu<strong>de</strong>s secondaires techniques à l’issue <strong>de</strong>squelles j’ai décroché, en<br />
1987, le diplôme d’étu<strong>de</strong>s secondaires <strong>de</strong> cycle long, option électricité<br />
industrielle. L’idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir ingénieur était alors en soi un rêve pour moi.<br />
Heureusement, j’avais tout <strong>de</strong> suite été admis à la Faculté Polytechnique <strong>de</strong><br />
l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Kinshasa (UNIKIN) pour y poursuivre mes étu<strong>de</strong>s.<br />
PN : Comment as-tu eu l’idée <strong>de</strong> venir faire tes étu<strong>de</strong>s à la FPMs ?<br />
I.G. : C’est à la suite d’un concours <strong>de</strong> circonstances plus ou moins complexes…<br />
Brièvement, après un parcours très instable à l’UNIKIN suite aux troubles<br />
politiques dans les universités du Congo, j’ai finalement été forcé d’interrompre<br />
mes étu<strong>de</strong>s à cause <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1996. Je suis donc retourné<br />
dans mon pays d’origine (Rwanda) où j’ai travaillé comme électricien indépendant<br />
dans le secteur du bâtiment. En 2000, j’ai bénéficié d’une bourse<br />
d’étu<strong>de</strong>s du Ministère Rwandais <strong>de</strong> l’Education pour poursuivre mes étu<strong>de</strong>s<br />
d’ingénieur à l’étranger. Je connaissais un peu la FPMs via mes anciens<br />
professeurs à l’UNIKIN, mais ma décision finale <strong>de</strong> venir à <strong>Mons</strong> a été<br />
surtout facilitée par les conseils d’un Professeur rwandais qui connaissait<br />
bien les universités belges.<br />
PN : Pourquoi es-tu parti à Metz après tes étu<strong>de</strong>s à <strong>Mons</strong> ?<br />
I.G. : J’ai décidé d’aller à Supélec-Metz pour travailler comme doctorant dans<br />
un projet <strong>de</strong> collaboration entre Supélec et la VUB. J’avais déjà pris goût à<br />
la recherche lors <strong>de</strong> mon séjour au laboratoire <strong>de</strong> photonique <strong>de</strong> la VUB où<br />
j’ai réalisé mon TFE sous l’encadrement <strong>de</strong> Mr Marc Sciamanna, ancien<br />
Docteur FPMs actuellement enseignant-chercheur à Supélec.<br />
PN : Avec le recul que tu as maintenant par rapport aux diverses institutions<br />
universitaires que tu as fréquentées, comment situerais-tu ta<br />
formation à la FPMs ?<br />
I.G. : C’est difficile d’établir une comparaison entre la FPMs et les institutions<br />
que j’ai fréquentées mais je dirais que la formation polyvalente offerte à la<br />
FPMs reste un point très positif qui m’a permis <strong>de</strong> m’adapter et d’évoluer<br />
dans plusieurs environnements différents.<br />
Sa priorité est <strong>de</strong> doter les<br />
régions rurales <strong>de</strong> son pays<br />
d’un réseau mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />
télécommunications<br />
PN : Comment vois-tu ton avenir professionnel ?<br />
I.G. : Je vois mon avenir professionnel comme chercheur et enseignant. A court<br />
terme, je compte étendre mes compétences dans le domaine <strong>de</strong> la photonique<br />
via une expérience postdoctorale. Je rêve également <strong>de</strong> contribuer<br />
au développement <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’ingénieur en Afrique et au Rwanda<br />
en particulier. J’ai accepté <strong>de</strong> contribuer très prochainement à une mission<br />
comme enseignant visiteur dans un établissement universitaire au Rwanda.<br />
Ce sera aussi une occasion intéressante pour moi d’entrer en contact avec<br />
le milieu académique Rwandais.<br />
PN : Quel message voudrais-tu faire passer à nos étudiants ou à nos<br />
chercheurs ?<br />
I.G. : J’aimerais particulièrement m’adresser aux étudiants qui souhaitent<br />
orienter leur carrière dans la recherche <strong>de</strong> ne pas hésiter à consulter les<br />
membres <strong>de</strong> différentes unités <strong>de</strong> recherche qui sont actives au sein <strong>de</strong><br />
la FPMs. En ce qui me concerne, par exemple, le choix <strong>de</strong> mon travail <strong>de</strong><br />
fin d’étu<strong>de</strong>s m’avait beaucoup aidé à mûrir ma décision <strong>de</strong> poursuivre <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s doctorales après mon gra<strong>de</strong> d’ingénieur. Je pense aussi qu’une<br />
vulgarisation « top-down » sur le métier <strong>de</strong> chercheur auprès <strong>de</strong>s élèves<br />
ingénieurs peut les ai<strong>de</strong>r dans leur choix à envisager cette expérience très<br />
intéressante.<br />
De la suite dans les idées…<br />
Devenu aujourd’hui Ministre, Ignace Gatare Gahangara a annoncé que sa<br />
priorité est <strong>de</strong> doter les régions rurales <strong>de</strong> son pays d’un réseau mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong><br />
télécommunications.<br />
POLY TECH N EWS 43 37
LIAISONS<br />
LA FÊTE DU ROI 2009 :<br />
LES CHERCHEURS À L’HONNEUR<br />
y Prof. Edouard Rivière, Génie Mécanique<br />
En Belgique, le 15 novembre (jour <strong>de</strong><br />
la saint Léopold) est célébrée la Fête<br />
du Roi, durant laquelle les autorités<br />
du pays ren<strong>de</strong>nt hommage à notre<br />
souverain. Cette année, la recherche<br />
scientifique était mise à l’honneur.<br />
Ce thème a été choisi à l’occasion du<br />
100 e anniversaire <strong>de</strong> la prestation <strong>de</strong><br />
serment du Roi Albert I er , pour qui le<br />
progrès scientifique était un pilier important<br />
du développement <strong>de</strong>s nations.<br />
Dans ce contexte, <strong>de</strong>s représentants<br />
<strong>de</strong> notre Faculté ont été invités aux<br />
cérémonies civiles organisées au palais<br />
provincial et au palais <strong>de</strong> la Nation.<br />
« La science pure est la condition indispensable <strong>de</strong> la<br />
science appliquée… le sort <strong>de</strong>s nations qui négligeront<br />
la science et les savants est marqué pour la déca<strong>de</strong>nce<br />
». Cette phrase, extraite du discours prononcé<br />
le premier octobre 1927 dans les halls <strong>de</strong> l’entreprise<br />
Cockerill, illustre l’attachement du roi chevalier au développement<br />
scientifique <strong>de</strong> notre pays. Son initiative<br />
sera d’ailleurs à la base même <strong>de</strong> la création du Fonds<br />
National <strong>de</strong> la Recherche Scientifique.<br />
A l’occasion <strong>de</strong> la Fête du Roi, les Gouverneurs <strong>de</strong>s<br />
Provinces étaient encouragés à mettre à l’honneur <strong>de</strong>s<br />
représentants du mon<strong>de</strong> scientifique en les invitant à la<br />
Une partie <strong>de</strong>s chercheurs se sont installés sur les bancs du sénat<br />
(Source : www.senate.be ©Guy Goossens - Sénat <strong>de</strong> Belgique)<br />
cérémonie civile au palais <strong>de</strong> la Nation. Clau<strong>de</strong> Durieux,<br />
Gouverneur du Hainaut, a choisi <strong>de</strong> se faire accompagner<br />
par une vingtaine <strong>de</strong> chercheurs et d’étudiants représentant<br />
les universités et hautes écoles <strong>de</strong> la province.<br />
Dans la matinée, les chercheurs ont été invités au<br />
palais provincial pour une cérémonie protocolaire. On<br />
comptait parmi eux sept membres <strong>de</strong> notre Faculté<br />
(assistants, chercheurs et étudiants). Cette cérémonie<br />
a donné l’occasion à Thomas Dubuisson <strong>de</strong> présenter<br />
un discours décrivant sa vision personnelle du métier<br />
<strong>de</strong> chercheur. Un métier pour lequel le développement<br />
personnel et les échanges entre personnes prennent<br />
une place primordiale.<br />
La délégation a ensuite pris la route pour Bruxelles pour la<br />
cérémonie civile, en présence <strong>de</strong> la Famille Royale (mais<br />
pas du Roi ni <strong>de</strong> la Reine, traditionnellement absents) et<br />
<strong>de</strong>s hautes autorités du pays. Dans leurs discours, les<br />
prési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la Chambre, du Sénat ainsi que le Premier<br />
ministre ont insisté sur les gran<strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> notre<br />
petit pays et sur quelques scientifiques belges <strong>de</strong> renommée<br />
internationale. Frank De Winne a par ailleurs envoyé<br />
un message en direct <strong>de</strong> la station spatiale internationale<br />
dont il assurait le comman<strong>de</strong>ment.<br />
Nul doute que cette reconnaissance <strong>de</strong> la place<br />
<strong>de</strong>s scientifiques dans la société est une source <strong>de</strong><br />
motivation supplémentaire pour nos chercheurs…<br />
et pourquoi pas une ai<strong>de</strong> à la création <strong>de</strong> vocations !<br />
Discours <strong>de</strong> Thomas Dubuisson au Palais<br />
Provincial (©Frédéric Collart)<br />
Thomas Dubuisson :<br />
vision personnelle du métier <strong>de</strong> chercheur<br />
(extraits <strong>de</strong> son discours)<br />
« Être chercheur, c’est avoir l’opportunité <strong>de</strong> se consacrer pleinement à un sujet précis<br />
<strong>de</strong> recherche. On en <strong>de</strong>vient habité, on ne pense plus qu’à ça. (…) Cette passion<br />
pour un sujet <strong>de</strong> recherche va <strong>de</strong> pair avec une perpétuelle remise en question. »<br />
« Ce métier me permet aussi <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s choses concrètes. Ceci est fondamental<br />
<strong>de</strong> par ma formation d’ingénieur. J’ai besoin <strong>de</strong> voir que les connaissances scientifiques<br />
ont une application dans la vie <strong>de</strong> tous les jours et qu’elles ont une utilité<br />
pour les personnes. »<br />
« La communication entre chercheurs est selon moi l’aspect humain le plus intéressant<br />
dans la recherche. Cela se fait à plusieurs niveaux. A un niveau local, travailler<br />
dans un laboratoire me permet <strong>de</strong> confronter mes idées à celles <strong>de</strong> mes collègues,<br />
certains étant eux-mêmes experts dans leur domaine (…) A un niveau national ou<br />
international, j’ai eu à maintes reprises l’occasion <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s chercheurs et<br />
experts du mon<strong>de</strong> entier (…) Cela m’apporte beaucoup au point <strong>de</strong> vue humain<br />
(rencontre d’autres cultures, d’autres sensibilités) et au point <strong>de</strong> vue technique, car<br />
leurs idées sont parfois radicalement différentes <strong>de</strong>s miennes, mais intéressantes.<br />
On est donc loin <strong>de</strong> l’image du chercheur ermite dans son laboratoire! »<br />
« L’échange d’idées se réalise également entre chercheurs n’évoluant pas dans le<br />
même domaine <strong>de</strong> recherche. (…) Discuter avec ces personnes fournit un autre<br />
regard sur mon travail et m’amène parfois à concevoir <strong>de</strong> nouvelles techniques<br />
s’inspirant <strong>de</strong> leur travail ou à appliquer mes propres techniques à <strong>de</strong>s problèmes<br />
ne présentant pas a priori <strong>de</strong> connexion avec les miens. »<br />
« Être chercheur me permet <strong>de</strong> participer à la constitution d’un héritage scientifique. »<br />
« Être chercheur, c’est assurer la publicité <strong>de</strong> notre pays à l’étranger. »<br />
38 POLY TECH N EWS 43
LE MOT DU SERVICE LANGUES<br />
APPRENDRE LE NÉERLANDAIS ET LE FRANÇAIS GRATUITEMENT,<br />
OÙ ET QUAND VOUS VOULEZ<br />
y Viviane Grisez, Jean-Marc Hilson, Laurence Chainaye<br />
Franel (www.franel.eu), le site Internet d’apprentissage<br />
du néerlandais et du français, gratuit et accessible à<br />
tous, poursuit son développement pédagogique et technologique<br />
dans le cadre du projet INTERREG IV - COBALT<br />
et lance <strong>de</strong> nouveaux modules orientés métiers. Lors<br />
d’une conférence <strong>de</strong> presse, organisée à <strong>Mons</strong> le 29 janvier<br />
<strong>de</strong>rnier, l’équipe du Service <strong>de</strong> Langues <strong>de</strong> la Faculté<br />
Polytechnique, en étroite collaboration avec Le Forem, a<br />
présenté les facettes innovantes qui font <strong>de</strong> Franel une<br />
plateforme e-learning dynamique et attrayante.<br />
Créé en 2006 par la K.U. Leuven (campus <strong>de</strong> Courtrai) et l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> Lille 3,<br />
dans le cadre du projet Lingu@tic, Franel est un site Internet d’apprentissage du<br />
français et du néerlandais comme langues étrangères. Il a pour objectif d’améliorer<br />
les connaissances linguistiques dans la région transfrontalière entre la France, la<br />
Flandre et la Wallonie. Soutenu par le FEDER (Fonds Européen <strong>de</strong> Développement<br />
Régional) et les Régions Nord-Pas <strong>de</strong> Calais, wallonne et flaman<strong>de</strong>, le développement<br />
<strong>de</strong> ce site a nécessité la collaboration <strong>de</strong> pas moins <strong>de</strong> 12 partenaires français<br />
et belges, dont l’<strong>Université</strong> <strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (Faculté Polytechnique) et Le Forem, qui ont<br />
rejoint le projet en 2008.<br />
Destiné à toute personne désireuse d’améliorer son niveau <strong>de</strong> néerlandais ou <strong>de</strong><br />
français, ce site compte déjà plus <strong>de</strong> 25 000 utilisateurs, principalement basés en<br />
Flandre et en France.<br />
Un succès qui repose sur les nombreux<br />
atouts <strong>de</strong> Franel<br />
Franel est gratuit et facile d’utilisation (il ne nécessite aucune installation). En<br />
outre, il utilise <strong>de</strong>s reportages authentiques fournis par les télés régionales <strong>de</strong>s<br />
régions transfrontalières et offre une multitu<strong>de</strong> d’exercices interactifs. Il propose<br />
également Studio Franel, un outil pour permettre à l’enseignant ou au formateur<br />
<strong>de</strong> suivre sa classe.<br />
Aujourd’hui, Franel franchit une nouvelle étape<br />
D’une part, Franel étend sa gamme d’activités aux niveaux peu avancés (A2, A2+),<br />
vu la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> accrue tant dans l’enseignement institutionnel que dans le marché<br />
<strong>de</strong> la formation professionnelle. C’est dans ce contexte que Le Forem a développé<br />
<strong>de</strong>ux modules A2+, lancés le jour <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> presse, consacrés aux métiers<br />
<strong>de</strong> cariste (heftruckbestuur<strong>de</strong>r) et d’agent <strong>de</strong> surveillance (bewakingsagent),<br />
qu’il compte intégrer dans son offre <strong>de</strong> formation. Par ailleurs, <strong>de</strong>s scènes <strong>de</strong> la vie<br />
courante vont être tournées sur base <strong>de</strong> dialogues semi-authentiques conçus par<br />
les équipes universitaires et joués par <strong>de</strong>s étudiants en art dramatique.<br />
D’autre part, Franel va mo<strong>de</strong>rniser son interface en intégrant <strong>de</strong> nouvelles technologies.<br />
Grâce à la collaboration d’Acapela Group, un nouveau partenaire technologique<br />
<strong>de</strong> renommée internationale, l’ « environnement » va parler à l’apprenant, mais aussi<br />
proposer <strong>de</strong>s activités d’expression orale et <strong>de</strong> prononciation via les solutions <strong>de</strong><br />
reconnaissance et <strong>de</strong> synthèse vocale. En outre, en exploitant les technologies Web<br />
2.0, le site va rendre l’apprentissage <strong>de</strong>s internautes personnalisé et collaboratif.<br />
Reste donc à Franel à conquérir la Région wallonne, territoire où il est encore<br />
trop peu utilisé!<br />
LA FPMs PUBLIE<br />
M. Benjelloun, S. Mahmoudi, « Semi-Automatique Vertebra<br />
Segmentation », chapter 5, pages 110-124, in Handbook of<br />
Research on Developments in E-health and Telemedicine:<br />
Technological and Social Perspectives, edited by IGI Global,<br />
Medical Information Science Reference, January 2010.<br />
ISBN-10: 1615206701, ISBN-13: 978-1615206704<br />
C. Bouquegneau, « External Lightning Protection System »,<br />
chapter 6, paged 307-354, in Lightning Protection, edited<br />
by V. Cooray, IET, Power and Energy Series 58, London,<br />
January 2010<br />
Y. Quinif, M. Frère, C. Havron, G. Quinif, « Les géothermies à<br />
basse temperature », in La géothermie, une énergie à creuser<br />
en Wallonie, IPH, mars 2009, ISBN: 978-0-387-74534-3.<br />
D. Thomas, « NOx (Oxy<strong>de</strong>s d’azote) », Techniques <strong>de</strong> l’Ingénieur<br />
– Paris, G 1805, ISSN 1282-9080 (16p)<br />
H. Wilquin, « Aluminium architecture » , Editions China<br />
Architecture and Building Press – Beijing ( Chine), octobre<br />
2009. 152 pages, 25 illustrations couleurs, 300 illustrations<br />
noir et blanc, relié, cartonné, ISBN 978-7-112-09-872-9<br />
POLY TECH N EWS 43 39
ACTIVITÉS ORGANISÉES PAR LA FACULTÉ <strong>POLYTECH</strong>NIQUE DE MONS POUR LES ÉTUDIANTS DU SECONDAIRE<br />
VOUS SOUHAITEZ…<br />
PARTICIPEZ À...<br />
Vous informer sur les étu<strong>de</strong>s<br />
et l’examen d’admission<br />
JOURNÉES PORTES OUVERTES 2010<br />
À <strong>Mons</strong><br />
Le 13 mars à l’amphithéâtre R. Stiévenart (53, rue du Joncquois)<br />
Information, inscription et démonstrations scientifiques (9h-12h30)<br />
Le 24 avril à l’amphitéatre R. Stiévenart (53, rue du Joncquois)<br />
Portes ouvertes sur les étu<strong>de</strong>s et les métiers d’ingénieur civil<br />
(9h-12h30)<br />
Le 26 juin sur les 2 campus « Grands Amphis » et « Place Warocqué »<br />
Information et inscription (9h-12h30)<br />
À Charleroi<br />
Le 5 mai sur le campus <strong>de</strong> Charleroi (38-40, bd Joseph II)<br />
Information et inscription (14h-18h)<br />
Faire le plein <strong>de</strong> sciences<br />
PRINTEMPS DES SCIENCES 2010<br />
À <strong>Mons</strong><br />
samedi 27 au dimanche 28 mars à l’Hôtel <strong>de</strong> Ville <strong>de</strong> la Grand-Place<br />
<strong>de</strong> <strong>Mons</strong> (14h-18h) - gratuit et sans réservation<br />
Festival scientifique pour petits et grands<br />
À la Polytech<br />
le 23 mars : Fête <strong>de</strong>s sciences<br />
(amphithéâtre R. Stiévenart, 53, rue du Joncquois)<br />
Activités scientifiques pour le scolaire (primaire et le secondaire)<br />
Participation gratuite sur inscription préalable (complet!)<br />
Participer à un stage<br />
STAGES FPMS JEUNES - PÂQUES 2010<br />
À <strong>Mons</strong><br />
du mardi 13 au jeudi 15 avril<br />
12 stages proposés (dont 3 nouveaux), dans les différents domaines<br />
<strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> l’Ingénieur.<br />
Visiter une exposition<br />
EXPOSITION « EXPLORER L’INVISIBLE »<br />
À <strong>Mons</strong><br />
du 5 mars au 11 avril 2010<br />
Salle Saint-Georges, Grand-Place <strong>de</strong> <strong>Mons</strong><br />
Organisateurs : ApplicaSciences et Carré <strong>de</strong>s Sciences.<br />
Vous préparer à l’examen<br />
d’admission<br />
À <strong>Mons</strong>, à Charleroi et à Tournai<br />
pour la 1 ère session <strong>de</strong> l’examen d’admission – inscriptions avant le 24 juin<br />
Les mercredis 21 et 28 avril 2010, <strong>de</strong> 14h à 17h<br />
Les mercredis 5, 12 et 19 mai 2010, <strong>de</strong> 14h à 17h<br />
Epreuves d’admission : du 28 juin au 6 juillet 2010<br />
À <strong>Mons</strong> uniquement<br />
pour la 2 ème session <strong>de</strong> l’examen d’admission – inscriptions avant le 27 août<br />
du lundi 16 août au vendredi 20 août 2010, <strong>de</strong> 9h à 17h<br />
Epreuves d’admission : du 30 août au 3 septembre 2010<br />
Pour toute information complémentaire à l’une <strong>de</strong> ces activités,<br />
nous vous invitons à visiter les pages <strong>de</strong> notre site internet :<br />
http://www.umons.ac.be/polytech ou à contacter la Cellule <strong>de</strong> Diffusion<br />
<strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> la Polytech par mail (applicasciences@umons.ac.be).