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Des frappes iraniennes provoquent un exode
au Kurdistan irakien
MONT QANDIL (Irak). 22 août 2007 (AFP) - 07h26 - Plusieurs
séparatiste proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles
centaines de villageois des montagnes du nord de l'Irak ont pris le chemin
kurdes de Turquie).
de l'exode pour échapper aux bombardements de l'armée iranienne qui
Depuis la chute de l'hélicoptère iranien, de nombreux civils kurdes qui
traque dans la zone frontalière les séparatistes kurdes.
vivaient sur le Mont Qandil ont décidé de redescendre à dos de mule,
"Quelque 150 familles ont fui huit villages. Nous sommes très Inquiets
quant à la situation dans la zone. Si les bombardements se poursuivent,
quittant leurs villages pour se réfugier dans la vallée, dans des abris de
fortune hors de portée des canons iraniens.
nous devrons peut-être décréter l'état d'urgence", a déclaré Hussein
Jhader Whatman, un berger de 57 ans, explique que sa maison de Cheikh
Ahmed, chef du district de Qalaa Diza, dans la région autonome du
Eich a été détruite par des tirs d'artillerie. Sa famille a sauvé ce qu'elle
Kurdistan irakien.
pouvait, avant de marcher pendant deux jours et deux nuits en suivant le
"Il y a eu aujourd'hui des tirs d'artillerie à Hadj Oumran, sur le Mont
Qandil. Deux obus sont tombés dans la nuit", a précisé Ahmed Qader, le
cours d'un ruisseau. Son village abritait bien des combattants du PKK,
confie-t-il.
responsable du district d'Hadj Oumran, à une journaliste de l'AFP qui a pu
"Les membres du PKK se cachaient, comme nous, mais ils nous ont
se rendre en début de semaine dans la région.
avertis que notre village risquait d'être bombardé. Quand nous avons été
Samedi, un hélicoptère de l'armée iranienne s'était écrasé dans les
bombardés, le PKK a riposté à la mitrailleuse et à la kalachnikov", dit-il.
montagnes de Qandil, dans le nord-ouest de l'Iran, près de la frontière
"J'étais en train de manger quand le bombardement a commencé. J'ai
irakienne, provoquant la mort de six Gardiens de la révolution. La guérilla
couru. Ma maison a été touchée et détruite. Nous avons sauvé ce que
kurde a affirmé que l'appareil avait explosé en se posant sur une mine,
nous avons pu. Un de mes fils a pris la fuite avec les moutons. Nous
tandis que l'armée iranienne incriminait le mauvais temps.
avons suivi en emportant ce que nous pouvions, de la nourriture et des
Quelle que soit la cause de l'incident, il semble qu'il ait entraîné une
couvertures", raconte de son côté Aman Amed, 57 ans.
intensification des combats dans la zone, provoquant la fuite de nombreux
Buvant son thé à petites gorgées sous une tente, elle ne peut s'empêcher
civils.
de se remémorer la première fois où elle a dû fuir son village, aux heures
Qalaa Diza, en territoire irakien, se trouve très près de la province
iranienne d'Azerbaïdjan occidental, qui compte une importante minorité
kurde.
Cette province est le théâtre depuis plus d'un an d'affrontements réguliers
les plus sombres du régime de l'ancien président Saddam Hussein, qui
avait mené une répression féroce contre les Kurdes.
"J'ai accouché dans une grotte, car Saddam avait détruit notre village.
Cette fois, cela va peut-être être la même chose. Peut-être allons nous
entre l'armée iranienne et les activistes kurdes, dont beaucoup
voir des femmes accoucher dans cette vallée?
appartiennent au Parti de la vie libre au Kurdistan (Pejak), un groupe
Soulaimaniyeh, havre de paix pour les sunnites
au Kurdistan d'Irak
SOULAIMANIYEH (Irak). 24 août 2007 (AFP) - 06h58 -
Riches ou pauvres, éduqués ou analphabètes, les arabes sunnites
"L'Armée du Mahdi (la milice du chef radical chiite Moqtada Sadr) nous a
donné 24 heures pour partir. Ils ont dit: +Partez ou vous serez maudits+.
irakiens affluent à Soulaimaniyeh pour échapper aux violences et trouver
un havre de paix au sein d'une communauté kurde pourtant sauvagement
réprimée par le régime de Saddam Hussein.
Nous avons laissé notre maison, nos meubles pour sauver nos vies",
raconte Jalal al-Wan.
Sa famille vivait depuis 30 ans à Bagdad. Sa tribu, qui rassemble chiites
Des centaines de familles s'entassent dans un camp de fortune sur un
et sunnites, est devenue la cible des bandes armées des deux
terrain vague de la banlieue de cette ville située à flanc de montagne dans
confessions. "Nous avons choisi Soulaimaniyeh car c'est la ville la plus
le Kurdistan, dans le nord de l'Irak, une région épargnée par la violence.
sûre d'Irak", ajoute cet homme de 59 ans.
Thaer Mahjoub Aziz, un fermier père de neuf enfants qu'il envoie chaque
Tous les réfugiés assurent avoir été bien accueillis dans le Kurdistan,
jour en ville pour mendier, accuse le gouvernement à majorité chiite
pourtant victime de la répression sauvage du régime sunnite de l'ancien
d'ignorer ces déplacés.
président Saddam HUssein.
"Ils ont parlé des Irakiens réfugiés en Syrie ou en Jordanie, mais pas de
Des associations comme le Croissant rouge ou des organisations
ceux déplacés à l'intérieur de l'Irak", dit-il, montrant sa carte de
caritatives kurdes ont fourni tentes, eau, nourriture, vêtements et
rationnement mensuelle inutilisable car personne ne peut recevoir de
couvertures. Pour le maire-adjoint Gortiar Nori, tout le monde fait de son
nourriture ici.
Le fermier s'est installé dans ce camp boueux avec d'autres habitants de
mieux.
Pendant que les pauvres s'entassent en banlieue, les plus riches se sont
la province de Diyala, au
sud du Kurdistan et théâtre de violences
installés dans des hôtels et des appartements du centre-ville, où ils
confessionnelles quotidiennes. La plupart sont des paysans ayant
trouvent la sécurité, des magasins pleins et des restaurants.
abandonné fermes, champs et bétail pour survivre dans la pénurie.
"Nous n'avons pas de vêtements pour les enfants, parfois nous faisons du
Plus d'une centaine de réfugiés ont un doctorat et 5.500 sont étudiants,
selon le recensement.
riz ou ce que nous trouvons. Il n'y a pas de légumes, nous avons vraiment
Assise dans les salons du meilleur hôtel de la ville. Ban Ayoub regarde
besoin d'aide", supplie Oum Douaa, qui doit bientôt accoucher dans un
ses deux enfants, orphelins de père, s'amuser. Venue pour quatre jours
camp sans dispensaire.
depuis Bagdad, elle veut désormais s'installer à Soulaimaniyeh.
"Depuis 18 mois, 3.672 familles, soit environ 18.500 personnes, se sont
"J'étais une femme au foyer, je vivais comme une reine, dit-elle. Tout a
installées à Soulaimaniyeh. Et il
y a aussi 12.000 célibataires venus
changé quand mon mari est mort dans une explosion il y a quatre ans".
chercher du travail", explique Mahmoud Othman, le patron des services
de recensement de la ville.
Devenue traductrice, elle quitte son domicile, situé dans un quartier
sunnite de Bagdad, â 07H00 pour revenir le soir préparer le repas et
Selon lui, 70% des arrivants sont des arabes sunnites. Ils fuient
s'occuper des enfants. Ceux-là sont considérés comme chiites, la
l'insécurité chronique qui mine le pays depuis l'invasion américaine en
confession de leur père.
mars 2003. Walid Chiad Nief, représentant des réfugiés originaires de
Bagdad, précise que sur les 53 familles venues de Bagdad, seules trois
"C'est très difficile d'être veuve, lance-t-elle. Je suis comme un homme,
sont chiites.
en fait je suis Superman".
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