Journal des Instituteurs - Institut français de l'éducation

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39» Année: — N° 38 Dimanche 16 Juin 1895
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CANAL DE SUEZ
. Assemblée du 5 juin 1895 .
Extrait du Rapport du Conseil d'administration
Le rapport entier est envoyé à toute personne qui le demandé
à la Compagnie, rue Çharras, 9, à Paris.
L'innée 1894 a été marquée par une perte qui a douloureusement affecté
notre Compagnie : Ferdinand de Lesseps s'en éteint doucement, dans sa
• quatre-vingt-dixième année. Nous ne saurions rien ajouter.aux hommages
qui lui ont été rendus de toutes parts. Nous garderons pieusement sa mémoire,
qui se transmettra glorieuse aux générations futures.
Nous avons eu également à déplorer la mort de l'ingénieur en chef de la
Compagnie, assassiné le 29 septembre au soir. M. C. Lemasson, qui comptait
28 années de services à la Compagnie, lui avait donné des preuves de son
dévouement et de son mérite. Votre Conseil tient à renouveler devant voua
l'expression des profonds regrets que lui a causés la fin tragique de cet ingénieur
distingué, tombé victime du devoir. ••-.-••
'
La recette de l'exercice 1894 s'est élevée à 76.951.153 fr. 91. Le Conseil
vous propose de distribuer 90 fr. nets aux actions et de porter au fonds de
réserve 754.000 fr. destinés soit à parer aux dépenses imprévues, soit à augmenter
pour les exercices futurs la masse distribuante des bénéfices.
Les frais d'administration et d'exploitation pour 1894 représentent 10,45 0/0
des recettes.
: y. ./ r i ,
La recette du transit a été de 74.127.055 fr. 79. La navigation de nuit
à l'aide de la lumière électrique a 46 effectuée par 94.9 0/0 des 3.352 navires
' transités. La moyenne du séjour total des navires a été de 19 h. 55 m. : c'est,
relativement à 1893, une diminution de 49 minutes.
La ligne entière du Canal.et ses gares, la rade et le chenal de Port-Saïd,
ont été entretenus en bon.état de navigabilité, à la profondeur normale, par
les dragages ordinaires. Les travaux de la premiers phase d'amélioration ont
: suivi leur progression. L'approfondissement du canal à 8 m. 50 est terminé ;
pour l'élargissement, il ne restait plus à draguer, au 31 décembre 189 i, que
38 kilom. 400 m., dont 18 kilom. 500 m. déjà élargis à demi-profondeur..
Les échanges avec les pays de l'au delà de Suez s'étant relevés, le canal .a
vu ses recettes du transit augmenter de 3.254.003 fr. 81 ou de 4.72 0/0 sur
1893. L'amélioration de la situation de l'Australie s'est accentuée. La clientèle
- régulière du canal continue & augmenter ; 185 navires ont transité pour la
',. -première fois en 1894. Par suite d'une convention entre le' gouvernement
français et la Compagnie des Messageries maritimes, lé nombre des traversées
du canal effectuées annuellement par les paquebots des Messageries doit être
porté de 100 à 126.
La conclusion de la paix entre le Japon et la Chine et l'expédition française
à Madagascar ne peuvent manquer d'avoir des conséquences importantes
pour le développement des échangés.. f"
N . " ' \
• Désireux d'apporter dans notre administration le plus sérieux espr it
d'économie et de contrôle, nous comptons sur le dévouement éprouvé de
notre personnel, en Egypte et en France, poer nous aider dans l'accomplissement
de notre tâche : abaissement progressif des.frais généraux ; augmentation
de la réserve pour parer aux, éventualités et pour, assurer,, autant que
possible, la stabilité des dividendes à venir ; amélioration constante des
moyens de transit dans ,1* canal. Tel est le but où tendent nos efforts. ,
Nous avons à vous demander de ratifier la nomination de M. le vicomte
de Bresson en qualité d'administrateur et à vous soumettre la réélection de
quatre membres du conseil dont le mandat est expiré : MM. Austin Lee,
t. Herbette, Armand Viellard et R. S. Donkin.
L'assemblée a approuvé toutes les résolutions présentées par le conseil
d'administration.
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PARIS
ANNÉE SCOLAIRE
1894-1895
Les abonnements partent
du i" Octobre ou dm" Janvier,
Abonnement d'un an : 6 fr. 50.
Documents officiels.
Revue des revues. .
Note concernant l'Ecole normale de la Bouzaréa.
Chronique de la semaine.
Chronique du bien.
Pensions de retraite.
La poésie à l'école.
Morale.
Ecole maternelle.
Langue française.
DOCUMENTS OFFICIELS
Nominations.
— Du 22 mai. —
Inspection primaire. — Sont promus à partir du
1" janvier 1895 :
De la troisième classe à la deuxième:
M. Auverl, inspecteur primaire du département de la
Seine.
i S O M M A I B E :
De la cinquième classe à la quatrième;
M. Bertrand, inspecteur primaire du département de
la Seine.
— Du 16 mai. —
M. Etienne, professeur à l'école normale de Valence,
pourvu du certificat d'aptitude à l'inspection primaire
et à la direction des écoles normales, est nommé inspecteur
primaire (5* classe) à Saint-Sever.
— Du 27 mai. —
Êcolenormale d'instituteurs de Besançon.—fi. Grappe,
instituteur adjoint titulaire à Morteau, est délégué dans
les fonctions d'instituteur adjoint à l'école annexe de
l'école normale de Besançon.
Écoles primaires supérieures (Direction).—M» Simon,
directrice (4* classe) de l'école primaire supérieure de
Commercy, pourvue du certificat d'aptitude à la direction
des écoles normales, est nommée directrice (même
classe) de l'école primaire supérieure de Nancy.
M 11 * Amet, professeur d'école normale (5* classe), en
congé, est nommée directrice (4° classe) de l'école primaire
supérieure de Commercy.
— Du 28 mai. —
Honorariat. — M. Gros, ancien directeur de l'école
normale d'Aucb, admis à faire valoir ses droits à la
retraite par arrêté en date du 28 août 1894, est nommé
directeur honoraire d'école normale.
Histoire.
Géographie
Arithmétique et géométrie.
Sciences physiques et naturelles.
Agriculture.
Apiculture.
Revue scientifique.
Les bons livres.
SUPPLÉMENT. — Examens divers.
Lecture du Samedi.
Postes vacants.
Inspection primairt.
Chàteauroux ; Morlaix.
REVUE DES REVUES
Le Volume (numéro du 1" juin 1895).
MBMENTO
L'article 23 du règlement scolaire modèle est
ainsi conçu : « L'instituteur ne pourra ni intervertir
les jours de classe, ni s'absenter, sans y avoir été
autorisé par l'inspecteur primaire, et sans avoir
donné avis de cette autorisation aux autorités locales.
« Si l'absence doit durer plus de trois jours, l'autorisation
de l'inspecteur d'Académie est nécessaire.
« Un congé de plus de quinze jours ne peut être
donné que par le préfet. Dans les circonstances
graves et imprévues, l'instituteur pourra s'absenter,
sans autre condition que de donner immédiatement
avis de son absence aux autorités locales et à l'inspecteur
primaire. »
Il en résulte que les directeurs d'école n'ont pas
le droit d'accorder un congé à leurs adjoints, ni de
les autoriser à s'absenter pendant une heure de
classe. Un instituteur adjoint — comme un instituteur
titulaire chargé de la direction d'une école —
ne doit pas s'absenter sans l'autorisation de l'inspecteur
primaire.
SENTINELLE.
UNE MAXIME PAR JOUR
(A lire et commenter au commencement de la classe
du matin.)
Mois de juin.
3. Quand vous aurez causé quelque peine à vos
parents, cûnsolez-les par un repentir sincère.

594 JOURNAL DES INSTITUTEURS
4. Le méchant n'est pas seulement celui qui a
commis une injustice, mais encore celui qui a eu
l'intention de la commettre.
(L. CII. BONNE.)
5. Le vrai moyen d'assurer le progrès de l'humanité,
c'est de contribuer d'abord au bien de sa patrie;
de même que pour assurer la grandeur de la patrie,
le mieux est de travailler à la prospérité de sa famille.
(U. GOMPAYBÉ.)
C. Accordons au malheur une aide intelligente en
secourant surtout les infortunés qui n'osent pas tendre
la main.
(LABIVE ET FLEHBV.)
7. La première et la plus rare des qualités sociales
est l'abnégation de soi-même.
(Du MOYSSAN).
8. Soyons pleins de pitié pour les douleurs d'autrui,
si nous ne voulons pas être délaissés dans les
jours de deuil et de larmes.
Bulletin du Lot. — L'enseignement de la
morale. — « Le maître chargé de l'enseignement de
la morale ne perdra pas de vue que les enfants ont
en eux la matière de cet enseignement ; on n'a pas
à leur fournir de notions nouvelles qu'ils confieront
à leur mémoire.
o On doit :
« 1° Les amener à se rendre compte des actes de
leur vie morale, à lire dans leur conscience, à vouloir
et à agir en connaissance de cause ;
« 2° Leur faire aimer ce qui est bon, goûter ce qui
est beau;
« 3° Les exercer à la pratique du devoir, diriger
leur volonté dans la voie du bien en exigeant d'eux
certains petits sacrifices, certains efforts qui les
aguerrissent et leur donnent la mesure de ce que
peut celui qui veut.
« De là une méthode particulière qui fait que cet
enseignement n'a rien de commun avec les autres
enseignements de l'école. »
Le Journal des Instituteurs se propose de traiter
cette importante question pendant la période des
vacances de septembre.
Bulletin de la Côte-d'Or. — L'enseignement
oral. — L'enseignement oral a eu pour but de substituer
en partie à la lettre morte du livre, dont
l'emploi était exclusif, la parole vivante, animée du
maître. Dans notre pensée, nous n'admettons donc
pas qu'on ait pu songer un instant à bannir le livre
de l'école, loin de là ! S'il faut le repousser comme
moyen exclusif d'enseignement, il faut le considérer
comme un auxiliaire indispensable ; tous les maîtres
sont du reste de cet avis. Cependant, à entendre cer- -
taines leçons orale», on est en droit de se demander si
l'instituteur se préoccupe suffisamment du caractère
de cet auxiliaire, d'autant plus utile qu'aujourd'hui
les bons livres ne manquent pas ; s'il lui a réservé
le rôle spécial qui lui revient ; s'il a fait en sorte que
l'enfant retrouve dans le manuel qui lui est donné
une leçon (règle, résumé, récit, développement) dont
l'exposé du maître a été l'introduction, la préparation.
La leçon exclusivement orale laisse des souvenirs
vagues, fugitifs, courant le risque de s'effacer
bientôt; le livre, ou à son défaut un résumé, lui
donne de la consistance et de la précision.
Si l'on veut que l'enfant puisse étudier personnellement
avec fruit, il faut que le livre lui offre une
leçon dont le plan ne diffère pas de celui qu'a suivi
le maître. Puis, en admettant que les élèves comprennent
le sens général du texte qu'ils ont à étudier.
dans leur manuel, est-on certain qu'ils ne se trouveront
pas en présence de quelques termes dont la
signification leur échappe? Dès lors, une fois la leçon
indiquée, l'idée générale dégagée, les principaux
points relevés et commentés, le maître fera lire et
expliquera le texte renfermé dans le livre, mais le
texte résumant ce que la leçon a d'essentiel, ce qui
doit être appris par cœur.
C'est à dessein que nous employons ces mots appris
par ca'ur, car trop souvent les jeunes maîtres surtout
se figurent qu'une leçon qui a été exposée oralement
doit avoir été retenue. C'est confondre le
rôle de l'entendement et celui de la mémoire, c'est
enlever à la leçon orale, en la rendant incomplète,
le bénéfice réel qu'elle présente, c'est faire tourner
un de ses plus précieux avantages au détriment de
l'éducation de i'enfant, comme nous l'établirons plus
loin.
Cette idée qu'une leçon orale, par cela môme
qu'elle a été exposée, doit cire retenue, parait tellement
ancrée dans l'esprit de certains maîtres, qu'ils,
ne tiennent pas quittes les élèves tant que ceux-ci
n'ont pas reproduit, et on y arrive à force de répétitions,
les parties de la leçon à confier à la mémoire.
Un peu de réflexion amènerait à comprendre que
si dans ces conditions les élèves ont retenu, c'est
uniquement par l'audition ; leur rôle a été purement
passif, et comme ils croient savoir, ils n'apprendront
pas, retiendront peut-ôtre, mais bien superficiellement
et pour peu de temps. Ils oublieront surtout parce
qu'ils n'ont pas produit d'effort pour retenir, l'effort
personnel pouvant seul développer celte qualité
importante de la mémoire : « la ténacité pour conserver
».
On a dit tellement de mal de celle pauvre
mémoire qu'on en est arrivé à la négliger. Elle est
pourtant bien utile puisque « c'est par elle que
l'homme unit le passé au présent, accumule des
connaissances et en fait uno riche provision pour
l'avenir. » Nous ne devons donc pas redouter de
recourir à la mémoire si préalablement toute satisfaction
a été donnée à l'entendement. Après le travail
en commun guidé par le maître, et qui a mis en
jeu le jugement et le raisonnement, vient le travail
personnel de l'élève, au moyen encore de ces deux
facultés, mais heureusement complélé cette fois par
l'action de la mémoire.
Notre crainte, on le comprend, est de voir l'enseignement
oral, comme il est enlendu dans un certain
nombre de classes, dispenser l'enfant de l'effort personnel.
Pour résumer ces quelques considérations, nous
dirons que l'enseignement oral n'exclut pas le rôle
du livre ; que toute leçon orale résumée dans ce
qu'elle a d'essentiel comporte une partie qui doit
être apprise par cœur ; que dans l'exposé oral, c'est
surtout la partie afférente à l'entendement qui doit
préoccuper le maître. A l'élève, par son effort personnel,
de chercher ensuite non seulement à comprendre
de nouveau, mais à retenir.
La Revue scolaire, n° 29. — Une chronique
de M. Jean Giré. — Après avoir constaté que le
recrutement des instituteurs devient de plus en plus
pénible, l'auteur indique en ces termes les remèdes
à apporter à cet état de choses.
« 11 est des palliatifs dont on doit user. Que le
personnel des écoles normales entreprenne ce qui a
bien réussi dans la Somme et en Ille-et-Vilaine ;

qu'il si; mette en contact avec les instituteurs, qu'il
aille faire sur divers points du déparlement des
leçons pratiques et donner des conseils, qu'il s'intéresse
à la préparation des candidats en corrigeant
des devoirs, et l'école élémentaire fournira de bonnes
recrue?.
« Je souhaiterais aussi que la section normale fût
méthodiquement organisée dans les écoles primaires
supérieures et que la moitié des bourses fussent
accordées aux futurs normaliens.
« Les administrateurs se doivent liàter de taire produire
tous ses bons effets à la loi du23 juillet 1893',
et nos représentants n'oublieront pas qu'il leur faut
nécessairement voter 2,8(10,000 francs en 189(1 et
'.') millions 1/2 en 1897 pour tenir l'engagement pris
vis à vis du corps enseignant. On s'apercevra alors
que la situation pécuniaire des instituteurs, sans être
brillante, ne sera plus à dédaigner. La durée du
stage ne dépassera jamais 4 années pour les maîtres
pourvus du C. A. P. Dans les départements populeux
le nombre des adjoints restera considérable ;
mais, si l'administration préfectorale veille à ce que
les logements soient convenables, si elle invite les
municipalités à voter les suppléments nécessaires,
certains instituteurs ne demanderont pas mieux qu'à
rester adjoints, préférant la classe urbaine à la
petite école rurale.
>• Enfin — et c'est sur ce point qu'il est bon d'insister
— par la parole et par la presse il faut agir
sur l'opinion publique. En dépit des épigrammes des
uns, des récriminations emphatiques des autres, la
profession d'instituteur est honorable et. honorée. Si
elle n'enrichit pas son homme, elle le fait vivre et,
chose précieuse, elle assure sa pleine indépendance.
Ce que l'on ne dit pas assez, c'est qu'avec les règlements
actuels, aucun fonctionnaire ne jouit de garanties
aussi fortes que l'instituteur. Il est dans la
situation de l'officier possesseur de son grade. La
révocation ne peut être prononcée qu'après avis du
Conseil départemental et tout déplacement pour
raisons disciplinaires entraîne une telle responsabilité
qu'il doit être fortement motivé. Oh ! je sais bien
qu'il y a des ombres à ce tableau. N'ayez crainte,
on les chargera plutôt que de les oublier et c'est
parce qu'on l'a déjà trop fait qu'il faut aujourd'hui
rappeler aux familles les avantages de l'école normale.
»
JEAN GIRÉ.
Le Radical, du 6 juin. — Une chronique très
intéressante d'Edouard Petit, ayant pour titre : Une
vulgarisation nécessaire.
" On ne concevrait pas, dit l'auteur, les professeurs
de facultés devenant, tout comme certains poètes,
dans leur tour d'ivoire, s'isolant de la société.
« Une fois la part faite à la recherche pour les'
hommes de science, à l'érudition pour les historiens,
le devoir social des uns et des autres s'impose.
« Il faut qu'ils prennent contactaveclafoule, qu'ils
la fasse profiter de leur savoir.
« Sans doute ils font des leçons publiques, on peut
y aller. Mais elles ont lieu dans la journée. Seuls
des étudiants, des personnes qui ont des loisirs y
peuvent assister.
« Mais c'est le soir, quand ceux de l'atelier, du bureau,
du comptoir sont libres, qu'il conviendrait de
les admettre à entendre la parole des maîtres. H
faut non pas choisir l'heure des professeurs, mais
l'heure des disciples volontaires qui peuvent assister
au cours, à la conférence, seulement quand la journée
de labeur est finie.
JOURNAL DES INSTITUTEURS 59:;
Il faut non pas imposer, certes, mais proposer —
non pas à tous — mais à quelques professeurs de
facultés, des futures universités, de consacrer, de
temps à autre, une ou deux heures de leurs soirées
chaque mois, pour vulgariser le savoir dont ils sont
les dépositaires. »
La Lanterne, du C juin. — La loi scolaire. —
Voici douze ans que la loi sur l'instruction obligatoire
est en vigueur ; on peut donc aujourd'hui' se
rendre compte des résultats qu'elle a produits puisque
les jeunes gens atteints maintenant par la loi
militaire ont dû ou auraient dû tous passer par
l'école. Il faut bien le dire, ces résultats sont loin
d'être satisfaisants.
Les statistiques établies en 1892 sur les 347,341
conscrits soumis à l'examen du conseil de revision
accusent, en effet, un chiffre de 23,011 illettrés,
c'est-à-dire près de 7 0/0. La même moyenne se
retrouve en 1893, avec 330,000 jeunes gens examinés
et 22,000 illettrés.
Il n'y a à ces résultats qu'une explication plausible:
c'est que la loi n'estpasou est mal appliquée.
Et pour quiconque a vécu on province, il est certain
que ce n'est pas par suite d'impossibilités matérielles.
Il y a partout des écoles et des instituteurs
en nombre suffisant. Seulement la fréquentation
scolaire n'est pas assurée. Les commissions spéciales
instituées par la loi à cet effet s'en désintéressent.
Dans beaucoup de localités elles ne se réunissent
même pas. Dans la plupart des autres, elles n'édictent
jamais les pénalités légales contre les parents
qui négligent d'envoyer leurs enfants à l'école.
Et il en sera ainsi tant qu'elles resteront composées
comme elles le sont d'éléments soumis à
toutes les influences locales et qui craignent de
s'attirer des inimitiés. La loi a trop compté sur le
sentiment du devoir qui anime les conseillers municipaux
de nos campagnes : on s'aperçoit aujourd'hui,
une fois de plus, qu'il est toujours imprudent
de placer un homme entre son devoir et son intérêt.
La conclusion de cette constatation, si on veut
que l'obligation scolaire devienne une vérité, c'est
qu'une réorganisation des commissions scolaires
s'impose. A tout le moins conviendrait-il de rechercher
le moyen de vaincre par certaines pénalités
la force d'inertie que nombre d'entre elles opposent
à l'exécution de la loi.
L'École laïque, du 2(1 mai 1893. — Dans un
article intitulé Directeurs et adjoints, YEcolela'ique
demande avec juste raison qu'on laisse plus d'initiative
aux adjoints, trop effacés derrière les directeurs,
réduits parfois à un rôle subalterne.
Le personnel enseignant d'une école doit composer
une famille bien unie dont le chef naturel est le
directeur. Rien ne sert à celui-ci de s'ériger en souverain.
, .
Voici d'ailleurs la .conclusion de cet excellent
article :
«Je conclus qu'il faut comprendre, autrement qu'on
ne l'a fait trop souvent jusqu'ici, le rôle du directeur.
Diriger n'est pas commander, ni humilier ; c'est
guider avec sûrelé-et prudence, d'un esprit très large,
et sans jamais s'imposer autrement que parles qualités
de l'intelligence et du cœur. C'est, pour tout
dire d'un mot, — et il faut donner à ce mot son
acceptation la plus étendue, — c'est élever les
adjoints, sans arrière-pensée et sans hypocrisie, au
rang de COLLABORATEURS.

-_,
'
596 JOURNAL DES INSTITUTEURS
NOTE
RELATIVE AU RBCRUTBMENT DE LA SECTION SPBCIALB
ANNEXÉE A L'ÉCOLE NOHMALB DE LA 110UZARÉA
Une section normale spéciale destinée ù former
des maîtres pour les écoles d'indigènes est annexée
à l'Ecole normale d'Alger-Bouzaréa.
Cette section comprend 40 jeunes instituteurs, qui
passent une année à l'Ecole.
Ils y apprennent l'usage de la langue kabyle (attendu
que c'est en Kabylie tout d'abord qu'un grand
nombre d'écoles doivent être créées i, un peu d'arabe,
un peu de travail manuel, beaucoup d'agriculture
pratique, des éléments de médecine usuelle avec
exercices dans un hôpital, enfin la pratique de l'enseignement
dans les écoles d'indigènes.
Cette section est recrutée parmi les stagiaires ou
titulaires en exercice en France ou en Algérie,
anciens élèves des écoles normales, autant que
possible, et très bien notés.
Tous les candidats doivent d'ailleurs, pour être
admis, être signalés par MM. les Inspecteurs d'Académie
comme possédant les qualités d'intelligence,
d'honnêteté, de patience, d'activité, de dévouement
et d'aptitude pédagogique qui leur seront nécessaires
pour occuper dignement les postes de confiance où
ils devront être appelés à la sortie de la section
spéciale.
Les candidats doivent être libérés du service militaire
ou dispensés en vertu d'un engagement décennal.
Ceux qui ont contracté l'engagement sous le régime
de la loi du 15 juillet 1889 ne peuvent être admis
qu'après avoir accompli leur année de service militaire.
Les élèves-maîtres de la section spéciale reçoivent
une indemnité de 900 francs, sur laquelle ils versent
500 francs pour leur entretien à l'Ecole normale. Ils
conservent le reste pour leur habillement et leurs
besoins personnels. La gratuité du passage leur est
accordée pour se rendre à l'Ecole normale.
Ils sont dans les mêmes conditions que les autres
élèves-maîtres des Ecoles normales, c'est-à-dire
qu'ils réalisent pendant leur séjour à l'Ecole l'engagement
décennal en vue de la dispense du service
militaire et que le temps qu'ils y passent après l'âge
de vingt ans entrera dans le compte des années de
services lors de la liquidation de leur pension de
retraite.
D'après le décret du 18 octobre 1892, les traitements
des instituteurs des écoles d'indigènes sont
fixés ainsi qu'il suit :
5 e classe 1,500
4 e — 1,700
Titulaires. .{ 3 e — 1,900
2° — 2,200
1" — 2,500
( 4° classe 1,200
„, . . \ 3 e — 1,300
Stagiaires, .j 2„ _ t> m
( l rc — 1,000
Ils reçoivent en outre des indemnités spéciales de
résidence plus ou moins élevées suivant l'importance
du poste qu'ils occupent et la difficulté des approvisionnements.
Les candidats sont priés d'adresser leur demande
au Recteur de l'Académie d'Alger, par l'intermédiaire
d c leur inspecteur d'Académie.
CHRONIQUE DE LA SEMAINE
(4-11 juin.)
FRANCE. — Chambre des Députés. —
Continuation de la discussion sur la réforme des
boissons. M. Dupon, député de la Charente-Inférieure,
et M. Kranlz, député des Vosges, combattent
le projet de la commission. M. Rivet le combat
également, tandis que M. Plichon, député du Nord,
déclare qu'il volera la réforme. Discours de M. Le
Chevallier, député de la Seine-Inférieure, et de
M. Delafosse, en faveur des bouilleurs de cru, et de
M. Salis, député de l'Hérault, et de M. Lannelongue,
député du Gers, contre l'envahissement et les dangers
de l'alcool. Cinq orateurs, partisans ou adversaires
du projet de réforme des boissons, défilent
encore à la tribune: MM. Le Gavriani, Mougeott,
Villejean, Henri Ricard et Fouquet.
M. Ribot prend enfin la parole. Un sévère contrôle
des alcools est indispensable. S'il s'agit des
alcools d'induslrie, il suffira au gouvernement
d'exiger un certain degré de rectification. Les
alcools de fruits ne peuvent pas être rectifiés ; il
faudra donc saisir chez les débitants les alcools
dangereux.
M. Jaurès traite la question au point de vue
spécial de l'hygiène. C'est à ce point de vue qu'il
est partisan du monopole de l'alcool. Il votera le
dégrèvement des vins et l'abolition du privilège des
bouilleurs de cru. Il ne s'associera pas à l'aggravation
de la taxe sur l'alcool qu'on vendra aussi
impur et aussi nuisible, mais plus cher. La discussion
générale est close par 421' voix contre 10G, la
Chambre décide de passer à la discussion des
articles.
Interpellation de M. Millerand à propos du traité
sino-japonais. M. Millerand détaille les origines de
l'entente franco-russe-allcmande. La Russie avait un
intérêt direct à ne pas permettre au Japon d'occuper
la presqu'île de Lia-Toung et de s'installer à Fort-
Arthur. Le gouvernement français a avisé la Russie
qu'elle pouvait compter sur son concours. A la
même heure, le gouvernement allemand donnait au
gouvernement russe les mêmes assurances. « Notre
action combinée avec l'Allemagne et la Russie au
Japon, — dit M. Millerand, — a souligné l'acceptation
antérieure de notre gouvernement pour les fêtes
de Kiel. « M. Millerand regrette cette acceptation,
qui lui parait un succès pour la politique allemande,
et, sinon une défaite pour la nôtre, peut-être bien,
dans tous les cas, une exagération de courtoisie.
Pour le maintien de la paix, M. Millerand voudrait
qu'on s'éloignât également d'une politique de provocation
et d'une politique de résignation. M. Le Senne
développe une. interpellation sur Kiel. M. Ernest
Roche fait aussi le procès de notre visite dans les
eaux allemandes et souligne l'embarras dans lequel
nou? nous trouverons pour rendre à nos vainqueurs
d'hier la politesse que nous avons le courage d'accepter
d'eux.
M. Il .totaux répond aux orateurs. « Le gouvernement
est resté fidèleàlapolitiquesuivicdepuisl871,
qui poursuit le relèvement graduel du pays «autrement
qui; par l'obstination et l'isolement. » L'invitation
qui nous a été faite d'aller à Kiel avait un
double raractère pacifique et international. « Le
monde ofttàl compris que la France, seule, l'interprétât
autrement et vint jeter dans ce concert
la note d -cordante de son abstention ? A une poli-

tcsse qui nous était faite, nous avons répondu par une
politesse. Deux de nos bâtiments iront à Kiel, un de
nos avisos traversera le canal. Nos navires lèveront
l'ancre le 21, pour revenir dans les eaux de la Franco
où les rappelle l'anniversaire d'un deuil national.
Nos marins vont à Kiel représenter non une France
humiliée et abattue, mais une Franco libre et forte,
assez sûre d'elle-môme pour être calme, assez Hère
et assez riche de gloire pour no craindre aucune
comparaison, pour ne désavouer aucun souvenir »
Discours de M. Flourens et de M. Goblet, relatifs
à l'alliance franco-russe.
Discours de M. Ribot, justifiant la politique extérieure
du cabinet.
L'ordre du jour de confiance de M. Trélat, auquel
s'était rallié le gouvernement, a été voté par 362 voix
contre lO.'J, sur 467 votants.
Sénat. — Discussion du projet de loi concernant
les responsabilités des accidents dont les ouvriers
sont victimes dans leur travail et l'organisation de
l'assurance obligatoire. Discours de M. Floquet, qui
fait l'historique de la question.
ÉTRANGER. — Roumanie. — Les Roumains
de Transylvanie, venus à Bucharest pour prendre
part au Congrès général de la Ligue roumaine, ont
été salués par des cris de : « Vive la République !
A bas la Hongrie ! » Sur l'intervention du baron de
Welsersheimb, ministre d'Autriche-Hongrie, le gouvernement
roumain a interdit la réunion publique
convoquée par la Ligue.
Formose.— Le nord de l'Ile est en complète
désorganisation. Des bandes d'insulaires et de soldats
parcourent le pays, pillant et saccageant tout sur
leur passage. — La République est tombée; le
président est en fuite.
FAITS DIVERS. — M. Dansette, candidat
réactionnaire, a été élu député du Nord, en remplacement
de M. des Rotours, réactionnaire également.
M m " Edgar Quinet a fait don à une société de
députés et d'universitaires de ses droits sur les
œuvres de son mari, afin que celte société civile
perpétue la publication et la diffusion des œuvres
de l'éminent penseur.
Le département des douanes vient d'autoriser
l'importation du sérum antidiphtérique.
CHRONIQUE DU BIEN
Actes de probité.
La jeune Limouzin (Antoniaj, âgée de 12 ans, élève
de l'école publique de filles de Lamagistère (Tarnet-Garonnc),
a trouvé sur la voie publique une
pièce d'or de 10 francs qu'elle s'est empressée de
déposer entre les mains de la directrice de l'école.
*
*
*
En janvier dernier, les jeunes Ecarlat et Gauthier,
de l'école de Gript (Deux-Sèvres), ont trouvé sur
la voie publique un porte-monnaie contenant
220 francs qu'ils se sont empressés de déposer entre
les mains de M. le maire de la commune. Ce portemonnaie
a pu être remis à la personne qui l'avait
perdu.
JOURNAL DES INSTITUTEURS] 597
'
PENSIONS DE RETRAITE
(Voir le numéro 30 et 37).
C. — Age d'admission à la retraite.
1° La limite de cinquante-cinq ans d'âge imposée
pour acquérir le droit à pension ne doit pas élro
maintenue. Tout membre de l'enseignement primaire
comptant vingt-cinq ans de service effectif, doit pouvoir
faire valoir ses droits à pension ;
2° Toutefois, aucun instituteur ne pourra ètro
maintenu en fonction au delà de cinquante-cinq ans ;
3° Le droit à la retraite proportionnelle ne peut
être acquis par le fonctionnaire valide comptant au
moins quinze ans de services effectifs, à moins qu'il
n'ait atteint la limite d'âge fixée ci-dessus;
4° Aucune condition d'âge pour obtenir pension
ne doit être exigée des fonctionnaires atteints d'infirmités
graves, pourvu cependant que ces fonctionnaires
comptent au moins quinze ans de services
effectifs.
D. — Montant de la pension.
1" La pension de retraito doit être basée sur le
traitement général moyen des trois meilleures années;
2° Il y a lieu de laisser aux com,munes la faculté
de voter des suppléments de retraite à leurs instituteurs.
E. — Droits des conjoints et des orphelins.
1° La pension de la veuve actuellement fixée au
tiers de celle de son mari, doit être portée aux deux
tiers ;
2° La veuve du fonctionnaire de l'enseignement,
décédé après quinze ans de services, recevra le tiers
de la pension qui aurait pu revenir à son mari,
proportionnellement à son temps d'exercice ;
3° L'institutrice veuve d'un instituteur retraité ou
ayant droit à la retraite, doit bénéficier de la part
de la pension do son mari qui lui reviendrait aux
termes de la loi, et non en être déchue comme cela
a lieu actuellement;
4° En cas de décès de l'instituteur retraité, la mère
étant elle-même décédée ou déchue de ses droits à
pension, les orphelins mineurs doivent jouir d'un
secours total annuel égal à la pension que la mère
aurait obtenue, c'est-à-dire égal aux deux tiers de
la pension dont jouissait le père.
F. — Justification du droit à pension. —
Mode de liquidation.
1° Il y a lieu de demander la création, pour chaque
fonctionnaire, d'un dossier établi par l'administration,
et permettant de simplifier les formalités
à remplir par l'instituteur, sa veuve ou ses orphelins,
pour justifier du droit à pension;
2° Le certificat de vie exigé pour la perception
des trimestres échus doit être remplacé par un
simple reçu du titulaire, dont la signature serait légalisée
par le maire.
CONCLUSIONS DE M. MADBUF, instituteur à Paris,
sur le premier point.
A. — Organisation.
I. — Il y a lieu d'établir une Caisse de retraites
spéciale au "personnel de l'enseignement primaire.

- ' • "
598 JOURNAL DES INSTITUTEURS
II. — Le capital de cette caisse sera formé :
1° D'une partie ou du total des retenues opérées
sur les traitements du personnel de l'enseignement
primaire ;
2° De dons et legs;
3° De subventions qui pourront être accordées
par l'Etat, les départements et les communes.
III. — La caisse sera administrée par un comité
formé :
1° De membres désignés par le ministre ;
2° De délégués des fonctionnaires intéressés: directeurs,
directrices et professeurs d'école normale ;
inspecteurs, instituteurs et institutrices.
IV. — Moyens de créer la Caisse spéciale:
Deux solutions sont possibles selon que les retenues
prélevées chaque année sont ou ne sont pas
supérieures au lolal des pensions de retraite servies
dans le même temps.
I e ' cas: Les retenues sont supérieures aux pensions.
Le montant des retenues servira chaque .année à
payer les pensions de retraites des fonctionnaires de
l'enseignement primaire ; l'excédent disponible formera,
puis augmentera le capital de la caisse. Ce
capital sera inaliénable.
Les revenus du capital serviront à augmenter,
dans la mesure du possible, les pensions de retraite
des fonctionnaires.
i
2° cas : Le montant des retenues n'est pas supérieur
à celui des pensions.
L'Etat versera, chaque année, à la caisse spéciale
des retraites, les retenues prélevées sur les traitements
; les intérêts seuls de ces versements serviront
à payer des pensions de retraite dont le nombre
viendra en déduction des pensions payées par l'Etat,
jusqu'au jour où les intérêts de la caisse permettront
de l'en débarrasser tout à fait.
Dans la suite, l'augmentation du capital et des
intérêts permettra, comme dans le cas précédent,
d'augmenter les pensions de retraite du personnel
de l'enseignement primaire.
(.1 suivre.) EMILE CORNOT,
Maître adjoint d'école professionnelle,
£& peÉgiE & L'iee&i
L ENTANT AU SEIN
Au bras qui le soutient sur le giron herceur,
L'enfant s'abreuve au sein généreux de sa mère.
Puis son rêve, suivant quelque rose chimère,
S'endort comme un oiseau dans un nid de douceur.
A cetto source, enfant, tu bois grâce et vigueur ;
Mais ta mère sait trop ton bonheur éphémère :
Dors, mon bel anjec, avant les jours de vie amère ;
Dors, le lait qu'elle t'offre est le sang de son cœur !
Plus tard,sois lier et doux ; qu'un noble amour t'anime!
Adore en la servant la nourrice sublime
(Jui t'a donné son âme en te donnant son sang.
Marche au chemin des bons ; travaille, lutte, espère,
Et que jamais de toi l'on ne dise en passant :
« Voilà l'enfant ingrat qui fait pleurer sa mère ! »
9 mai 1895. FRÉDÉRIC BATAILLE.
(Extrait d'un llecueil de poésiss en préparation.)
MORALE
FRATBRNITK
La société ne repose pas seulement sur l'égalité
qui est le principe de la justice, mais encore sur la
fraternité qui est le principe de la charité. Une
nation n'est pas seulement une association d'individus
sur la défensive cl retranchés derrière leurs droits,
elle forme aussi une grande famille dont tous les
membres doivent s'entr'aider comme des frères. Si
l'Etat a pour premier devoir de faire régner la justice
parmi les citoyens et de réprimer le mal, ce
n'est pas là son seul devoir, et il doit concourir
aussi à la réalisation du bien, faire œuvre de fraternité.
L'individu fait la charité suivant l'inspiration
de son cœur, il soulage dans la mesure de ses forces
les misères qui sont à sa portée, mais les ressources
de la charité individuelle sont bornées, elle
s'exerce d'une manière irrégulière, elle a ses défaillances
: l'Etat, c'est-à-dire la nation tout entière par
l'intermédiaire de ses gouvernants, devait intervenir
pour prondre les mesures d'humanité qui réclament
de grandes ressources et une action régulière. L'enfant
abandonné no peut périr, et cependant nul n'est
tenu en particulier de le recueillir, il fallait que la
nation l'adoptât. De là l'institution des hôpitaux
d'enfants trouvés. Il fallait que le malade sans ressources
fût soigné, que le vieillard pauvre eût un
asile pour ses dernières années, de là les hôpitaux
de malades, les asiles d'aliénés, les maisons de
refuge pour la vieillesse. Beaucoup de ces établissements
sont dus, il est vrai, à l'initiative privée,
mais l'Etat devait suppléer par l'action collective de
la société tout entière à l'insuffisance des efforts des
particuliers. C'est ainsi encore qu'il distribue à tous
les enfants le pain des intelligences, l'instruction
dont nul ne doit être privé dans une société civilisée.
Si un déparlement est soumis à une inondation, à
quelque fléau qui le ruine, en vertu de la solidarité
qui unit tous les Français, le gouvernement lui vient
en aide avec les deniers du Trésor public.
Il convient de remarquer que l'Etat, en agissant
ainsi, n'obéit pas moins à ses intérêts les plus pressants
qu'à un devoir sacré. Il en est d'une nation
comme d'un grand corps dont l'existence est menacée
si l'une des parties est gravement atteinte ; il
est nécessaire de prévenir le mal si l'on peut, et do
lui porter remède quand il éclate.
l'ourlant il y a un milieu à garder. Certaines personnes
ont le tort de compter en tout et pour tout
sur le gouvernement, de s'en prendre à lui de tous
les fléaux qui peuvent arriver dans un pays, tels que
mauvaises récoltes, épidémies, etc., et d'attendre
do lui comme d'une providence le remède de tous
les maux. L'Etat ne peut ni ne doit pourvoir à tout,
son action laisse subsister les responsabilités individuelles,
et chacun doit compter sur soi avant de
compter sur l'Etat.
Mais ces réserves faites, il reste établi que les
trois grandes idées exprimées par la devise républicaine
se tiennent et se complètent. Quiconque fait
partie du gouvernement doit autant qu'il est en lui
la mettre en pratique.
(éléments d'éducation civique et morale, par
G. COMPAVRÉ. — P. DEUPLANB, éditeur.)

ÉCOLE MATERNELLE
JOURNAL DBS
Historiette.
Fox cl Tom, deux chiens bons et doux, appartenaient
au même maître et s'aimaient beaucoup.
Jamais entre eux de ces vilaines querelles si fréquentes
entre toutous. Ils mangeaient ensemble,
dormaient côte à cote et étaient bien heureux. Mais,
hélas ! vint un jour où le pauvre Fox, qui était vieux,
vit sa santé s'ébranler; il n'avait plus d'appétit, pouvait
à peine marcher. Bref, son maître, importuné de
le voir ainsi, le fit tuer.
Depuis que son camarade n'est plus là, Tom est
triste à mourir. Il ne prend plus plaisir à rien ; la
pâtée ne lui semble plus ce qu'elle était quand il la
partageait avec Fox ; sa niche elle-même lui parait
horriblement vide. Enfin, Tom est très malheureux.
Espérons que son maître aura pilié de lui et, pour
atténuer sa peine, lui donnera un autre compagnon
qui lui fera oublier Fox. L. MASCLEF.
Exercices.
Dire comment se nomme L'habitation des personnes
ou des animaux suivants :
De l'évoque (un palais épiscopal). — De l'archevêque
(un palais archiépiscopal). — Du préfet (un
hôtel de préfecture). — Du soldat (une caserne). —
Du blaireau (un terrier). — De l'aigle (une aire).—
Du chien (un chenil). — Du pigeon (un pigeonnier).
— De la poule (un poulailler). — Du châtelain (un
château). — Du religieux (un couvent). — Du loup
(un repaire). — Du fermier (une ferme).—Du moine
(un cloître). — Du lapin (une garenne). — De la
guêpe (un guêpier). — Du cheval (une écurie).—De
l'insulaire (une île). — Du montagnard (une montagne).
— Du forçat (un bagne). — Du métayer (une
métairie). — Du meunier (un moulin). — Du gendarme
(la gendarmerie). — De l'artisan (un atelier).
— De la fourmi (une fourmilière). — Du curé (un
presbytère).
Calcul.
Additionner 2 fois 4, 3 fois 5 et 3 fois (i.
Additionner 1 franc 20 centimes et 2 francs 5 cenr
times.
Additionner 14 francs. 1G francs 40 centimes et
20 francs 18 centimes.
Récitation.
LA CIGALE, LA FOURMI ET LA COLOHDE
« Eli bien, dansez maintenant ! »
A dit la fourmi cruelle.
La colombe survenant:
« Pour la cigale, dit-elle,
J'ai des grains à son choix ;
Si la pauvre créature
Ne reçut de la nature
Pour tout trésor que sa voix,
De faim faut-il qu'elle meure ?
Vous travaillez ; à toute heure
Elle chante les moissons :
Ainsi, tous nous remplissons
Là loi que la nature impose. »
L'oiseau sans dire autre chose
A tire d'aile aussitôt
Part, et rapporte bientôt
Force grains dont la cigale
A son aise se régale.
0 fourmi, ta dureté
A l'égoïste peut plaire :
Colombe, moi je préfère
Ta tendre simplicité. LACIIAMBACDIK.
•
INSTITUTEURS
LANGUE
FRANÇAISE
59'J
COURS ÉLÉMENTAIRE
Programme. — Remarqués particulières sur l'accord det
verbes de la deuxième personne du singulier.
Exercices.
I. — Placer devant chacun des noms qui suivent
un verbe à la 2° personne du singulier en variant
le temps :
Sucre, fleur, colonies, encre, table, hirondelle,
lièvre, robe, chapeau. — Ex. : Tu casses du sucre.
—Tu arroses des fleurs. — Tu défendis nos colonies.
— Tu as versé de l'encre. — Tu rayes la table. —
Tu regardes une hirondelle. — Tu as eu la fièvre.—
Tu couds ta robe.— Tu mets ton chapeau.
II. — Indiquer le mode, le temps et la personne
dans les exemples ci-après :
Nous apercevrons. — Il aperçut. — J'apercevrai.
— Que lu aperçoives. — Qu'ils aperçoivent. — Ils
apercevraient. — Tu apercevras. — Il apercevait.
— J'aurais aperçu. — Ils ont aporçu.
III. — Faire l'analyse grammaticale de la phrase:
Si tu es raisonnable, tu auras soin de ton estomac.
Dictées.
I. — LE LANGAGE DE MES DÊTES
J'aime mes bêtes et jo comprends leur langage.
Mon chat miaule pour avoir une friandise et mon
chien aboie pour m'avertir qu'un étranger entre dans
la cour. Mon serin gazouille, heureux de voir revenir
le printemps, et ma tourterelle roucoule. Je cours au
poulailler, car ma poule blanche chante pour m'annoncer
qu'elle a pondu.
II. — L'AIGLE ET LE HIBOU
Mes jeunes amis, vos parents croient facilement
que vous possédez toutes les qualités. Le hibou n'é--
lait pas plus raisonnable quand il faisait à l'aigle un
charmant tableau de sa famille. Le roi des oiseaux
trouve dans le tronc d'un vieil arbre des petits
affreusement laids et il les dévore, ne se doutant pas
que ces petits monstres fussent les enfants de son
plus fidèle ami. L'aveuglement du père prépare le
malheur du fils.
III. — LE HARICOT
Le haricot est un légume. Comme le pois, il est
renfermé dans une cosse. On le mange vert en été
et sec en hiver. Les tiges de haricot grimpent le long
de hautes perches. Les haricots sont semés en ligne.
Questions et explications.
I. — Le langage est le moyen d'exprimer et de
communiquer sa pensée.
Les bêtes, tous les animaux en dehors de l'homme.
Une friandise est un mets recherché.
Quelles sont les friandises que vous préférez ?
Donner le féminin de chat, de chien, serin.
Etranger signifie, ici, celui qui n'est pas de la
famille.
Citer les différents sens du mot cour.
Quels sont les animaux qui pondent ?
Quels sont les plus gros œufs ? (Autruche).
Reconnaître à quelle personne sont les verbes.
II. — L'aigle est le plus fort des oiseaux de proie.
>

600 JOURNAL DES INSTITUTEURS
Ce mot est féminin quand il su dit du drapeau ou
des emblèmesde quelques nations(lesaigles romaines).
Citer trois qualités : franchise, bonté, courage.
Un charmant tableau, c'est-à-dire qu'il dépeignait
ses enfants comme ayant toutes les qualités, à commencer
par la beauté ; aussi comme ils étaient fort
laids, l'aigle ne les reconnut pas et les croqua.
A veuglement,cel\.c espèce d'obscurcissement de l'intelligence
qui nous empêche de juger sainement des
choses.
Mettre tous les verbes à la 2 a personne.
III. — Les légumes sont les fruits d'une famille
de plantes appelées légumineuses.
Cosse, enveloppe des graines des légumineuses.
Comment prépare-t-on les haricots verts ? secs ?
Relever les mots invariables.
Exercices d'élocution.
I
Lire et expliquer le petit récit suivant ; le faire
raconter ensuite aux enfants.
LE JUOEMBNT DE LA CHÈVRE
Un chef arabe s'aperçut qu'on lui avait dérobé une
pièco d'or. 11 était sûr que le voleur était de la
maison, mais il ne pouvait désigner personne. 11
réunit ses serviteurs et leur dit : u Vous subirez tous
ce soir le jugement de la chèvre. C'est une chèvre
merveilleuse; lorsqu'un coupable lui passe la main
sur le dos, elle laisse sur cette main une trace noiro.»
Le soir venu, il ordonna à ses serviteurs d'entrer
tour à tour dans une tente obscure. C'est là que la
chèvre était attachée. Chacun devait passer la main
sur le dos de l'animal, qui avait été frotté, en grand
secret, avec de la poudre de charbon. Debout, à
quelques pas de la tente, le maître examinait les
mains de ceux qui sortaient. Un seul montrait avec
orgueil sa main restée blanche. Le maître lui dit :
« C'est toi le voleur, car, seul, lu n'as pas osé toucher
le dos de la chèvre. »
II
LB PAPILLON
Description : Quatre ailes. — Six pattes. — Sur
la tête deux petites cornes (antennes). — Couleur
des ailes. — Trompe à l'aide de laquelle il puise sa
nourriture dans les fleurs. — Il faut détruire les
papillons. — Pourquoi?
COURS MOYEN
Programme. — Étude de Yadverbe.
Exercices.
I. — Relever les adverbes :
J'irai le voir avant qu'il parte. Il n'y a aucun
éléphant domestique qui n'ait été sauvage auparavant.
N'eiigeons pas le prix avant la victoire,
ni le salaire avant le travail. J'ignorais les événements
qui se passaient autour de moi (Âcad.).
II. — Remplacer les expressions en italique par
des adverbes de manière :
Manger avec avidité. — Aider avec obligeance.—
Secouer avec rudesse. — Corriger avec sévérité. —
Louer avec modération. — Payer avec exactitude.
— Servir avec fidélité. — S'accuser avec franchise.
^j Frapper avec vigueur. —Conduire avec adresse.
III. — Trouver et écrire les adverbes qui se forment
des adjecti/s suivanis:
Adjectifs :
Abondant.
Ardent.
Brillant.
Complaisant.
Conséquent.
Courant.
Décent.
Différent.
Diligent.
Elégant.
Eloquent.
Adverbes :
Abondamment.
Ardemment.
Brillamment.
Complaisamment.
Conséquemment.
Couramment.
Décemment.
Dilléremment.
Diligemment.
Elégamment.
Dictées. Eloquemmont.
I. — CE QUE DIT L'OISEAU
Perche sur la branche, l'oiseau parle à ses petits
qui n'ont pas encore assez de plumes pour prendre
leur essor. 11 leur dit comme la terre est grande et
féconde, et leur apprend tout doucement ce qu'ils
devront savoir le jour où ils auront des ailes.
« Quand l'homme au sarrau bleu, leur dit-il, se
penchera sur sa charrue et que le soc clincclant
s'enfoncera dans le sol, suivez-le, et profitez sagement
des trésors qu'il aura déterrés. C'est une belle
chose qu'un champ bien retourné, et l'on y trouve
en abondance vermisseaux et insectes. »
GlRARDIN.
II. — PHRASES DÉTACHÉES
Le libraire m'a vendu quantité d'in-folio, d'inquarto,
d'in-oclavo; voici des spécimens de tous ces
ouvrages. On a porté des toasts aux lauréats du concours
et aux élèves qui ont obtenu des accessits.
N'ajoutez pas de posl-scriptum à vos lettres, mon
enfant : c'est peu convenant. Pendant une journée
entière, le prêtre récita des pater, des ave, des credo
et des Te Deum.
Explications.
I. — Perché, posé sur une branche.
Pour prendre leur essor, c'est-à-dire pour s'envoler.
Féconde, productive.
L'homme au sarrau bleu, le laboureur en blouse
bleue. L'origine de ce mot est inconnue.
Lo soc est cette pièce de fer large et pointue qui
sert à fendre et à renverser la terre.
Elincelant, qui jette un vif éclat, qui brille au
soleil.
Trésor, richesse, ici, lesinsectes et les vermisseaux,
mis à découvert.
Mettre les verbes au participe passé.
II. — Un in-folio est un livre dont la feuille est
pliée en deux et fait quatre pages.
In-quarto, format des ouvrages dont la feuille
est pliée en quatre et fait huit pages.
In-octavo, format d'un livre dont la feuille, pliée
en huit, forme seize pages.
Ces mots ne prennent pas la marque du pluriel.
Post-scriptum, ce qui est écrit après.
Toast, mot d'origine anglaise. Proposition de boire
à la santé de quelqu'un, à la réussite d'une entreprise.
-

Spécimen, échantillon, modèle.
Citer trois noms d'origino italienne: aquarelle,
belvédère, macaroni.
Trois mots d'origine espagnole : épagneul, mantille,
algarade.
Trois d'origino anglaise: wagon, chèque, bifteck.
Relever les mots invariables dans les deux dictées.
,
Exercices de composition.
LBS PRAIMBS
Sommaire. — Ce quo c'est qu'une prairie. —
Prairies artificielles, prairies naturelles. — Récolte.
Où se plaît la luzerne, la lupulino, le sainfoin?
I
Développement.
Une prairie est un terrain qui produit des plantes
destinées à être mangées par l'es bestiaux, en vert
on fanées. — On distingue deux sortes de prairies:
les prairies naturelles ou prés, qui n'ont point été
ensemencées ; les prairies artificielles créées par
l'homme.
Les prairies fournissent le foin ordinaire : trèfle,
sainfoin, luzerne, lupulino, etc.
Le trèfle réussit bien dans les terres fraîches. Le
sainfoin et la lupulino préfèrent les terrains calcaires
; la luzerne a une racino pivotante. Elle se
plaît dans les sols de bonne qualité.
La récolte du foin s'appelle fenaison. On coupe
les. foins deux ou trois fois par an : en juin, en août
et vers la fin de septembre.
Quand les foins sont coupés, le cultivateur les
laisse faner et sécher ; puis il les met en meules et
les rentre dans le fenil.
II
CAUSBRIB SUR L'ÉTÉ
Sommaire. — Saison d'été. — Durée des jours,
des nuits. — Jardins : fleurs, roses, œillet, pensées;
fruits : fraises, cerises ; légumes : pois, carottes,
haricots verts.
Travaux dans les jardins : on sarcle, on bine, on
arrose ; on repique certains légumes : salade, poireaux,
choux.
Plaisirs de l'été : promenades, prairies en fleurs,
chant des oiseaux. Les pauvres souffrent moins.
Précautions à prendre : éviter les insolations ;
éviter de boire froid quand on est en transpiration.
JOURNAL DES INSTITUTEURS
COURS SUPERIEUR
Programme. — Les mots dérivés et les mots composés.
Exercices de récapitulation.
I. — Former un verbe dérivé de chacun des noms
suivants :
Naturel (naturaliser). — Assaut (assaillir).—Mur
(emmurer). — Corps (incorporer). — Grain (égrainer).
— Côte (côtoyer). — Van (vanner).
IL — Trouver cinq noms en âge et indiquer leur
signification :
Tage, péage, nuage, pliage, ramonage.
Cinq noms en aie:
Claie, raie, cerisaie, saussaie, haie.
III. — Former de chacun des verbes suivants des
COI
adjectifs et les mettre au féminin. — Ex.: adopter,
adoptif, adoplive.
Interroger,
Comparer,
Contempler,
Communiquor,
Expliquer,
Exécuter,
Défendre,
Inventer,
Hâter,
Opprimer,
Offenser,
Posséder,
Purger,
Penser,
Dictée.
Signifier,
Tarder,
Vomir,
Voter.
Décider,
Démontrer,
Vaincre.
UTILITÉ DBS MACHINES
C'est de l'usage des machines que dépend le succès
de l'industrie moderne. Suivez l'histoire d'un petit
pain. Le sol d'où il est sorti a été drainé au moyen
de tuyaux en terre faits à la mécanique ; la surface
de ce sol, si son étendue est considérable, a probablement
été retournée par une charrue à vapeur; la
blé a été fauché, battu et vanné par des machines ;
c'est à la machine qu'il a été moulu et bluté.
Regardez autour de vous, dans la chambre où vous
êtes. Si elle est de construction moderne, il est
presque certain que les briques de ses murs ont été
fabriquées par des machines, que le plancher en a
été scié et raboté par des machines, que, par des
machines encore, le manteau de la cheminéo a été
scié et poli, que le papier de tenture a été fabriqué
et imprimé. Le placage de la table, les pieds tournés
des chaises, les tapis, les rideaux, l'étoffe de
votre vêtement, les feuilles du livre que vous lisez,
les mots qui le couvrent, tout cela est le produit de
la machine. La machine a donc changé la face du
monde.
(D'après HBBBERT-SPBNCBR.)
Poésie à commenter.
JUSTICE ET CHARITÉ
Aimons-nous pour trouver notre tâche moins rude,
."Votre terre moins âpre et notre ciel plus beau,
Et malheur à celui qui, dans la solitude,
Va du seuil de la vie aux portes du tombeau.
Aimons l'homme, malgré son erreur ou sa faute
Consolons sa misère avec notre amitié ;
Ce qui rend le cœur bon fait aussi l'âme haute,
C'est d'avoir peu d'orgueil et beaucoup de pitié.
Donc pitié pour tous ceux que l'infortune assaille,
Pitié même à la haine et pardon au remords ;
Pitié pour les vaincus de la dure bataille ;
Aimons les malheureux comme on aime les morts.
Plaignons celui qui pleure, aidons celui qui lutte ;
Relevons doucement en lui tendant les bras
L'homme, même déchu, qui gémit de sa chute;
Baissons-nous jusqu'à lui s'il est tombé trop bas.
La justice a changé la face de la terre,
Mais, si la charité remontait dans les cieux,
L'homme se trouverait comme un enfant sans mère,
L'àme mélancolique et le front soucieux.
Servons-les l'une et l'autre : ardents d'un même zèle
Comme les habitants d'une même cité,
Resserrons fortement l'alliance éternelle
Dont le pacte solide a fait l'humanité.
H. CHA.NTAVOIHE.

00* JOURNAL DES INSTITUTEURS
HISTOIRE
COURS ÉLÉMENTAIRE
Programme. — Louis XI à l'éronne et à Beauvais.
COURS MOYEN
Programme. — Le second Empire. — Los guerres ;
leurs résultats. — L'opposition à l'Empire. — Le canal
de Suez. — Les expositions de 18.Ï5 et de 1867.
COURS SUPÉRIEUR
Programme. — Le second Empire. — Les traites de
commerce. — Les guerres de Crimée, d'Italie. — La
guerre de .Sécession, — L'expédition du Mexique.
Lecture.
LES TIUITÉS DB COMMERCE
En attendant que le règne, peut-être chimérique,
d'une bienveillance universelle se soit ouvert sur la
terre, la plupart des nations modernes ont demandé
à des traités commerciaux la sécurité pour leurs intérêts,
et une règle lixe pour les échanges.
Depuis deux siècles, près de deux cents traités de
commerce et de navigation, destinés à faciliter les
relations internationales du commerce continontal ou
maritime, ont été conclus par lus grands Etats de
l'Europe ou du monde.
Bien que le monde entier tende à devenir un
marché unique, les barrières élevées entre les Etats
ne sauraient s'abaisser soudainement en un jour. Le
monde civilisé traverse une période de crise, dans
laquelle les intérêts des consommateurs, c'est-à-dire
du plus grand nombre sont parfois en lutte avec la
nécessité de protéger une industrie qui fait partie du
patrimoine national. Les traités de commerce sont
nés du désir de concilier, dans une mesure légitime,
ces prétentions diverses et de satisfaire ces intérêts
parfois opposés.
La protection, qui supprime sur le marché national
la concurrence étrangère, fut longtemps le principe
fondamental de la politique commerciale de
l'Europe. L'Angleterre s'aperçut la première que les
entraves du système protecteur, en fermant à ses
produits les marchés européens, menaçaient son
industrie de mourir de pléthore.
Elle prit l'initiative d'une politique nouvelle, œuvre
des Cobden, des Robert Peel, des Gladstone. Ces
réformes appelèrent l'attention des autres Etats, et
on peut suivre d'année en année le mouvement de
recul du système prohibitif, refoulé par un courant
tout-puissânt de l'opinion publique.
Correspondance. — Histoire. — La question
d'Orient remonte aux temps les plus ancien;.
L'Europe, plus petite que l'Asie, a résisté avec énergie
aux invasions asiatiques soit lors des guerres médiques
(tans l'antiquité, soit lors des croisades au moyen
âge. Voilà la question d'Orient dans l'antiquité.
Aujourd'hui l'Europe semble prendre sa revanche de
l'Asie : elle cherche à détruire l'empire des Turcs qui
sont venus jadis d'Asie. En même temps, elle commence
à envahir et à dominer l'Asie. Mais de graves difficultés
naissent de cette situation nouvelle : les populations
chrétiennes, sujettes des Turcs, veulent leur indépendance
(Roumains, Slaves,Grecs). L'Autriche veut s'3grandir
à leurs dépens. La Russie convoite Constantinople et
les détroits. L'Angleterre ne peut consentir à laisser la
Russie s'avancer vers la Méditerranée, et, en Asie, ces
deux puissances se disputent la route de l'Inde. Voilà,
aujourd'hui, la question d'Orient. Elle est, depuis longtemps,
l'effroi des diplomates et des hommes d'Etat.
GÉOGRAPHIE
COURS ÉLÉMENTAIRE
Programme. — L'Afrique. — Bornes. — Contrée?. —
Fleuves. — Ville?.
COURS MOYEN
Programme.—Les gouvernements de l'Europe.—Grandog
lignes de chemin de fer. — Lignes de navigation.
COURS SUPÉRIEUR
Programme. — Le Mexique (revision).
Lecture.
LE MBXtQUB COKTBMPOIUIX
Le Mexique fut conquis par les Espagnols en 1521.
Il resta sous leur domination jusqu'en 1821, date à
laquelle il s'émancipa, comme les autres colonies
espagnoles d'Amérique. En 1824, son indépendance
fut assurée, et le Mexique devint une république.
Mais les coups d'Etat, ou pronunciamentos de plusieurs
dictateurs successifs le livrèrent à une longue
anarchie et à la guerre civile. C'est à la faveur de
ces troubles que les Etats-Unis lui enlevèrent le
Texas, le Nouveau-Mexique et la Californie (1840-
1847).
En 1803, le gouvernement de Napoléon III entreprit
au Mexique une expédition en vue d'y établir
comme empereur un prince autrichien, Maximilien.
Mais l'armée française dut évacuer le Mexique en
1807, etMaximilien futfusillé. La république fut rétablie,
non sans de nouvelles agitations. Toutefois, le
Mexique semble entré dans une période de calme et
de progrès.
C'est aujourd'hui un grand Etat de 1,940,000 kilomètres
carrés (équivalent en superficie à la France,
l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique et la Hollande
réunies). La république mexicaine est une
confédération composée de 27 États, d'un district
fédéral et d'un territoire. La population ne paraît
pas dépasser 11 millions d'habitants. C'est dans la
partie méridionale du plateau d'Anabuac qu'elle est
le plus dense ; là vit la moitié environ de la population
totale.
Les blancs ne forment guère que 1/5 de la population.
Le reste se compose de métis et d'Indiens.
Le Mexique a considérablement développé ses
échanges avec l'étranger, mais la plus grande part
de son trafic semble prendre la voie des Etats-Unis,
tandis que les relations avec l'Europe tendent à
fléchir.
Correspondance. — M. X. à J. — Puebla est
la seconde ville du Mexique par sa population
(112,000 liabitants). Guadalajara (95,000 habitants),
qui vient ensuite, est retardée dans son développement
par le mauvais état des chemins et par le
brigandage. Guanajuato (52,000 habitants) doit sa
naissance aux riches mines du voisinage.
Le développement de l'élevage a amené à la surface
du plateau la création de nombreuses haciendas
ou grandes fermes, et d'une foule de ranchos ou
petites fermes.

'•••
-—

,
604 JOURNAL DES INSTITUTEURS
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES
COURS ÉLÉMENTAIRE
Programme. — hçon de choses sur une mousse, un
champignon ou une fougère.
COURS MOYEN ET SUPÉRIEUR
Sciences physique*. — Programme. — Le soufre et
ses composés.
Sciences naturelles. — Programme. — Les principaux
groupes de plantes à Peurs.
Botanique
pratique.
LEÇONS PRATIQUES ÉLÉMENTAIRES SUR LBS PLANTES
VULGAIRBS
Nous allons continuer nos analyses de plantes, en
supposant que le maître a choisi trois plantes très
connues de la famille des Rosacées, le Fraisier, la
Ronce et le Rosier sauvage ou Eglantier.'
Il est très facile de se procurer en ce moment ces
trois plantes en nombre suffisant pour en donner
aux élèves de l'école. On les trouve partout dans
les bois.
Le maître fera remarquer aux élèves que ces trois
plantes ont toutes beaucoup d'étamines réunies au
calice par leur base; ce caractère suffît pour reconnaître
immédiatement une plante de la famille des
Rosacées (1).
(Nous reproduisons ci-contrelespages57 et 58 delà
Petite Flore des Ecoles, qui vont permettre au maître
de faire analyser ces plantes, le livre en main.)
1° ANALVSB DU FRAISIER
On pose d'abord les deux questions suivantes
précédées chacune du signe qui représente un triangle:
1° Arbre ou arbrisseau.
2° Plante herbacée, sans aiguillons sur la tige.
Le Fraisier n'a pas de tiges dures comme la Ronce
ou le Rosier et n'est pas muni d'aiguillon, comme
ces plantes. C'est donc la seconde qui convient; ce
qui nous conduit à la suite de l'analyse page 58, où
1 on nous pose les deux questions suivantes, précédées
chacune d'un point entouré d'un cercle.
Fleur ayant calice et corolle.
Fleur n ayant pas de corolle.
Le Fraisier a un calice vert et une corolle blanche
à cinq pétales; c'est donc la première question qu'il
faut diviser. On arrive alors aux deux questions
suivantes :
Calice doublé d'un calicule (fig. P.).
Calice sans calicule.
Il est facile de reconnaître, en regardant par-dessus
une fleur de Fraisier qu'il y a au-dessous des 5 sépales
d'autres sépales supplémentaires formant un
petit calice qui double le premier et appelé calicule.
(1) Voyez le tableau abrégé des familles principales,
. 2i, et Rosacées, p. 37 [Petite Flore des Ecoles de
M. Bonnier et de Laycns ; librairie Paul Dupont, cartonné
: 1 fr. 50.
&
C'est donc la première question qu'il faut prondre;
ce qui nous mène à:
Réceptacle non renflé-charnu, poilu (fig. G. PR).
Réceptacle renflé-charnu, sans poils (fig. F);
feuilles à 3 folioles (fig. FV.); Heurs blanches.
En coupant la fleur en deux avec un canif, dans
le sens de la longueur, on voit au centre de la fleur
une masse renflée-charnue jaunâtre, qui deviendra
plus tard la partie que l'on mange dans la fraise.
D'ailleurs les feuilles sont à 3 folioles et les fleurs
sont blanches. Pour toutes ces raisons, nous choisissons
la seconde question ; ce qui nous conduit à
Fraisier (plante alimentaire).
2° ANALYSE DE LA RONCE
Prenons maintenant la Ronce : nous avons à choisir
entre :
Arbre ou arbrisseau.
Plante herbacée, sans aiguillons sur la tige.
La Ronce est un arbrisseau à aiguillons. — Nous
adoptons la première question, d'où nous arrivons
à:
Un seul carpelle libre au milieu do la fleur (fig. P).
Plusieurs carpelles libres saillants (tig. RÙ).
Nous voyons que cette seconde question convient
à notre fleur; car, au milieu, entre lesétamines nous
voyons le pistil composé d'un grand nombre de
petits carpelles arrondis. La figure RU représente
précisément la coupe en long, faite avec un canif,
de la fleur que nous avons à analyser, Ceci nous
amène à Ronce, dont la suite de l'analyse est à la
page 59.
Prenons la page 59 de la Petite Flore des Ecoles ;
en haut et à gauche, à la suite du mot Ronce, on
nous donne à choisir entre les questions suivantes :
Folioles de côté sans pétiole; fleurs blanches;
fruits mûrs rouges.
Folioles de côté avec courts pétioles (fig. RF) ;
fleurs blanches ou roses ; fruits mûrs noirs.
Les feuilles ont leurs folioles de côté avec de
courts pétioles (1) ; les fruits mûrs de cet arbrisseau
en automne deviennent noirs après avoir été rouges
au lieu de rester rouges comme ceux du framboisier.
C'est donc la seconde question qui convient, ce qui
nous conduit à Ronce frutescente ou Mûre sauvage,
plante comestible et médicale. Au mot Ronce, à la
table (2) on voit que les fruits peuvent être employés
pour faire des confitures et que les fruits sont
astringents.
3° ANALVSB DU ROSIBR SAUVAGE OU ÉGLANTIBR
L'analyse du rosier sauvage sera conduite de la
même manière que la précédente sauf pour la question
:
i
Carpelles placés sur un réceptacle creux (fig. RO).
La figure RO, qui représente la coupe de la fleur en
long nous fait voir que notre plante est un Rosier
ou Eglantier. C'est ce rosier sauvage, comme on
sait, qui a été le point de départ de toutes les va-
(1) Voyez ce mot, p. 116 de la Petite Flore des Ecoles.
(2) Petite Flore des Ecoles, p. 141.

•
JÛUflNAL DBS iNSÏITUfÉURS
i;o:i
riélés de lloses obtenues dans les jardins et dont les pétales de "Roses et surtout ceux des Roses de Provins
sont employés comme astringents et contre les
étamines sont transformées en pétales.
Les Rosiers sauvages ou Eglantiers ont des fruits maladies des yeux. On en extrait enfin l'essence de
qui fournissent une conserve astringente. On greffe Rose (1).
sur les Rosiers sauvages les Rosiers cultivés. Les
ROSACÉES. — Celle famille e«l caractérisée, en général, par la présence de beOUCnup tt'êtaminex soudees avec le Calice i les fleura sont régulières; les
feuilles sonl souvent dentée* et munies de stipules. — Les Rosacées comprennent la plupart des arbres fruitiers cultivés dans les vergers.
I!q «rand nombre d'espèces de celte famille sont des plantes d'ornement. Beaucoup de Rosacées sont employées en médecin*'.
!
O Un seul carpelle libre
au milieu de l,i Heur 1';
O Plusieurs carpelles libres, saillants RU
ou placés dans une sorte de bouteille,
située au-dessous des pétales RO;
feuilles à plusieurs folioles séparées.
^
— Feuilles roulées en long quand elles sont jeunes; fruit à Prunier. -> Voyez la suite,
noyau lisse ou presque lisse.
page 59, à gauche, en bas.
— Feuilles pliées en long quand ( * Fruit Oeale, coriace. Amandier.
elles sont jeunes; fruit à noyau J
(alimentaire, médicinale).
irrégulièrement sillonné. ' ( * Pralt.arrondl, charnu. Pécher.
(alimentaire, médicinale).
ij< Carpelles placés sur un réceptacle saillant
?" Ronce. -> Voyez la suite,
RU ; fruit à plusieurs parties charnues.
S page 59, à gauche, en haut.
>} Carpelles placés sur un réceptacle creux
RO ; fruits secs dans le calice devenu charnu.
Rosier.
Eglantine.
(ornementale, médicinale).
= Fleurs isolées, grandes (environ 3 centimètres de largeur; feuilles entières ou presque Néflier.
entières.
(alimentaire).
o
•
o
M<
H
Ui
'
O Ovaire]
soudé au
calice
CO.
[Couper
fleur en
long]
la
= Fleurs |
groupées
(de moins.
de3centi-1
mètres de |
largeur).
X Arbrisseau; pétales
larges CO;
4»;
feuilles divisées CR. -^L-S^s
* Fleurs en grappe rameuse SA : 3 styles, rarement
5 ; feuilles ordinairement divisées.
Aubépine.
(ornementale).
Sorbier. -> Voyez la suite,
page 58, à gauche, en baa.
X Arbre l
* Fleurs en grappe simple C j ^ [ ' »#» réunis à la base. P O ^ J * . , ^
\
a petites dents. f^S> ( [a base. (alimentaire, indnitrtalle).
£ Plante herbacée, sans aiguillons sur la lige. ->. Voyez la suite de l'analyse, à la page suivante, p. r,S. S
•J* Suite de l'analyse des liosacées.
CO
•
w,
s
*—•
o
a
ï
tj *- *3
1
— ïl
0.) 1
1 S
M
i
i'
•cal
o
01
= Calice
doublé d'un
calicule P.
=
cMicule*"" I -
I-r- Styles très longs G, placés
* Réceptacle non\ au sommet des carpelles
renflé-charnu,
G, PR,
poilu.
/+Styles très courts PR, placés
sur le côté des carpelles
* Réceptacle renflé-charnu, F, sans poils ; feuilles
à 3 folioles r V ; fleurs blanches.
réceptacle allongé.
réceptacle globuleux
PR.
Fleurs blanches ou roses, en grappe rameuse; 3 à 12 carpelles séparés.
W«OT*•*•». en épi AE;
\ 1 pa^caîiclT entUréS - - ^ - e - ^ S P - -
I © Fleur n'ayant pas de corolle; étamines à la Cn pendantes PS; fleurs les unes
1 staminées, les autres pislillees ou stamino-pistillées.
Bonoite.
(industrielle, médicinale).
Potentillc, -> Voyez la suite,
page 59, à gauche.
Fraisier.
(alimentaire).
Splrée.
(médicinale).
Aigremoino.
(médicinale).
Pimpronelle.
(fourragère).
O
m
•
Sorbier. — (Suite de l'analyse).
•J Feuilles i folioles séparées AU. [ X Fruit en poire D ; f* 3^!
fXFruit globuleux A;
bourgeons tans poils, gommeux.
Sorbier domestique.
Cormier.
(comestible, industrielle).
bouiueons très poilus, blanchâtres. Sorbier des Oiseleurs.
^" (médicinale, induitrlelle).
* Feuillet dentée* ou divisées ST ; - ^ N \ . . _ feuilles non cotonneeses en dessous ; fruit brun, ovale. Sorbier Alisier.
^S S. 411 ST
A lisier de» bois.
(médicinale, induitrlelle)'
I0eltte Flore (les Écoles, p. 1*1.

dot; JOURNAL DES INSTITUTEURS
AGRICULTURE
LES PLANTES LEGUMINEUSES
Les légumineuses les plus répandues en France
sont les fèves, les haricots, les pois, les vesces, les
lentilles et les gesses. Les graines de ces plantes
sont très riches en principes azotés, c'est pourquoi
elles sontlrèsestiraéespour l'alimenlalionde l'homme
et des animaux.
Les lèves et les fôveroles se plaisent surtout dans
les terrains humides et dans les marais. On les considère
dans la culture comme plantes sarclées; elles
viennent dans l'assolement avant les blés pour lesquels
elles préparent très bien les terres. Dans certaines
régions on établit môme des alternatives de
fèves et de froments qui réussissent très bien. Les
terres doivent être préparées profondément par trois
labours. Le premier est donné avant l'hiver, le
second après l'hiver, le troisième ayant les Remaille* ;
re dernier est précédé do doux hersages H d'un roulage.
On fume généralement avec du fumier et avant
le second labour. Les semailles se font enmars avec
une quantité de semences qui varie d'un à trois hectolitres.
Il est préférable de semer en lignes distantes
de 30 centimètre. On entretient avec deux
binages à la houe. Dès que les corses inférieures
commencent à se former, on écime. Quand la plupart
des cosses ont noirci, on fauche et on luisse
sécher en ondins avant de rentrer. Le, rendement
s'élève en moyenne à 25 hectolitres de grains ut
2000 kilogrammes de liges.
Les haricots comprennent de nombreuses variétés
que l'on range en deux catégories : les haricots nains
et les haricots rames. Ils redoutent beaucoup plus
lo froid et l'humidité que la sécheresse, c'est pourquoi
ils sont surtout cultivés dans le Midi. Les
terres sablonneuses ou légèrement argileuses font
les plus favorables. Cette culture commence toujours
la rotation. Quelquefois on l'associe à celle du maïs,
du topinambour, de la vigne ou du mûrier. On prépare
avec deux labours exécutés l'un au commencement
du printemps et l'autre avant les semailles. Les
fumiers ne conviennent pas tandis que les engrais
phosphatés sont 1res favorables. Les semailles se
font au printemps avec un hectolitre et demi de
semences et en lignes distantes de 30 à 40 centimètres.
On fait un binage dès que les plantes ont
5 centimètres, un second binage suivi d'un bultage
quand les fleurs commencent à paraître. Un dernier
bullage se fait un mois après le second binage. On
récolle quand les gousses sont mûres pour la plupart
au moment de la rosée afin d'éviter l'égrenage. Le
rendement moyen est de 28 hectolitres de graines et
2000 kilogrammes de paille.
Les pois se plaisent dans tous les climats de la
France, et dans tous les sols à l'exception des sols
calcaires ou sablonneux. Us réussissent après toutes
les plantes et surtout après une céréale de printemps.
On prépare les terres par un labour profond et un
hersage. Les fumures doivent être faites avec des
engrais peu consommés. Les semailles se font à
l'automne et au printemps avec un heetolitre et demi
de graines et en lignes distantes de 35 centimètres.
Le premier binage se lait dès que les plantes ont
o centimètres et le second lorsqu'elles ont 10 centimètres
; ce dernier binage est suivi d'un bullage. Le
rendement moyen est de 12 hectolitres de graine et
de 2500 kilogrammes de paille.
Les vesces ne servent pas à l'alimenlalion
humaine. Les graines et la paille sont données
aux animaux. Celle plante réussit partout en France
et surtout dans les argiles compactes. On la place
entre une céréale de printemps et une céréale
d'hiver, après avoir donné un labour et un hersage.
Les semailles se font de mars en mai avec un hectolitre
et demi de semence. Le rendement moyen
est de 15 hectolitres de graines et de 3,000 kilogrammes
de paille.
Les lentilles redoutent l'humidité et les sols compacts.
Elles se plaisent surtout dans les terres
légères el sablonneuses. On leur donne la même
place dans l'assolement qu'aux pois, et on n'emploie
que des engrais très consommés. Los semailles se
font après un labour et un hersage au printemps
dans 1-i Nord et en hiver dans lo Midi en lignes
distantes Je 50 centimètres. L'entretien s'exécute
avec un binage et un bultage ; la récolte se fait
lorsque les gousses commencent à brunir. Le rendement
moyen est de 10 hectolitres do graines et de
1,700 kilogrammes de paille.
Les gesses sont surtout cultivées dans les régions
méridionales. Les semailles se font à l'automne dans
les pays où l'hiver n'est pas rigoureux, et au printemps
dans les autres contrées. On emploie deux
hectolitre» de semences, que l'on répand sur des
lignes distantes de 50 centimètres. L'entretien se
fait avec un binage exécuté avant la floraison. Cetle
plante réunit bien dans les terres médiocres.
RAYMOND BRUNBT.
APICULTURE
SAUVETAGE DES ABEILLES ENGLUÉES DE MIEL
Il m'est arrivé, en faisant la récolte, de rencontrer
des r.iycns construits en dehors des cadres, parce
que par hasard j'avais laissé là un vide. Le poids
decesrayons demiels'élevait jusqu'à 4 kilogrammes ;
ils se trouvaient quelque peu attachés aux parois de
la ruche et soudés dans le haul sous une planchette
remplaçant le cadre oublié.
Malgré la précaution que j'avais prise de les
détacher sur les côtés, la cire neuve étant très fragile
et les rayons très lourds, ils se sont effondrés
et ont englué le plus grand nombre des- abeilles qui
les recouvraient. Je pris le parti d'enlever alors
avec les mains toute cetle masse de miel et d'abeilles
et de la déposer dans un plat que je portai chez
moi, après avoir fermé la ruche pour éviter un
pillage.
Je me mis immédiatement à extraire les abeilles
du miel qui les engluait pour les déposer dans une
passoire que je plongeai dans l'eau tiède; puis
j'agitai la passoire pour faire fondre le miel et ainsi
laver les abeilles. Je les versai ensuite dans un
linge exposé au soleil où elles se séchèrent et d'où
elles s'envolèrent bientôt pour retourner à leur
ruche. Deux ou trois opérations semblables suffirent
pour les sauver toutes.
OBSERVATIONS SLR LA CIRE GAUFRÉE
Les abeilles utilisent la cire gaufrée, mais c'est
avec une certaine répugnance ; je les ai vues laisser,
là une feuille gaufrée pour porter leur miel dans les
cadres suivants qui étaient construits ; je les ai vues
laisser la cire gaufrée pour construire des rayons
dans un vide entre les cadres. Elles utilisent d'autant
plus la cire gaufrée que la récolte est plus
importante, et qu'elles n'ont ailleurs qu'une place
insuffisante pour loger le miel.
"

•
-
REVUE SCIENTIFIQUE
JOURNAL DES INSTITUTEURS
LES BONS LIVRES
UNE INVENTION NOrVGI.I.E
La cellulose soluble. — On sait que la cellulose
est réputée êire un corps parfaitement insoluble
dans l'eau, l'alcool, les éthcrs, les huiles fixes et
volatiles, etc.
Désormais, il n'en va plus être de môme.
MM. Cross et Bevau ont, en effet, réussi à la
transformer en un produit soluble clans l'eau.
A cet effet, ces chimistes soumettent la pâte de
bois chimique ou les libres de coton à l'action d'une
solution de soude à 15 0/0. Il se forme une combinaison
alcaline de cellulose appelée cellulosealcali.
Cette cellulose-alcali est traitée en vase clos par
du sulfure de carbone pendant deux ou trois heures.
Il se forme une masse jaunâtre, gluante, se dissolvant
dans l'eau et donnant un liquide visqueux.
C'est celte matière liquide qui constitue la cellulose
soluble.
Au point de vue chimique, elle est exactement un
Ihiocarbonale de cellulose-alcali pouvant se transformer
facilement en cellulose neutre et insoluble
sous l'influence de ccrlains réactifs.
La cellulose soluble, étendue avec un grand excès
d'eau, donne une masse boursouflée d'un jaune vif.
Elle se comporte comme la gélatine, mais avec cette
différence que ses solutions s'obtiennent à froid
sans le concours de la chaleur. •
La cellulose soluble est susceptible de recevoir de
multiples applications pratiques.
1° On peut l'employer comme substance adhésive
en remplacement des colles diverses ;
2° Elle est excellente pour l'apprêt des tissus et
textiles divers;
3° On peut l'utiliser avec avantage pour préparer
du papier imperméable, on faisant passer le papier
en rouleaux dans une solution acide et enfin entre
des rouleaux chauffes;
4° Pour la préparation des tissus philogènes, imperméables,
qui sont des tissus mixtes en caoutchouc
et en cellulose ;
5° Pour prendre des moulages et des empreintes;
6° Pour fabriquer, associée au liège en poudre,
d'excellent linoléum, etc.;
7° Pour servir à la peinture du bois, du fer, de
la pierre et du verre.
Ce produit, comme l'on voit, est donc appelé à un
avenir industriel vraiment du plus vif intérêt.
(Le Rappel.)
PlERRB GnANDSELVE.
Cerises à l'eau-de-vie. — On n'attendra pas
qu'elles soient complètement mûres pour les cueillir
et on leur coupera la moitié de la queue. Les dispositions
ainsi prises, on pèsera autant de fois
250 grammes de sucre qu'on aura de kilos de cerises ;
on en fera un sirop, puis on le mélangera avec de
l'eau-de-vie en quantité suffisante.
Après refroidissement on le mettra dans un bocal
avec les cerises, on y ajoutera, si l'on veut, quelques
morceaux de cannelle et deux ou trois clous de girofle
qui ne gâteront pas la sauce, et on bouchera
le bocal.
Hygiène et salubrité do
D r RAOUL LAFKO.N. Un volume
l'école, par le
Prix, 3 francs.
Envoi franco contre mandat postal adressé à M. le
Directeur de la Sociôlô d'Editions scientifiques,
4, rue Antoine-Dubois, Paris.
Cet ouvrage, qui est un véritable traité d'hygiène
scolaire, a été honoré d'une médaille d'argent
(1 er prix) au Concours de l'annéo 18'Jl delà Société
d'Hygiène de l'Enfance de Paris.
Celte distinction seule peut nous dispenser de
tout commentaire au sujet de ce livre. Elle suffit à
en faire comprendre la valeur au point de vue scientifique
et pratique. Aussi se rcrommande-t-il non
seulement au corps médical, mais encore au corps
enseignant tout entier et plus particulièrement aux
élèves des écoles normales, aux instilulcurs, aux
délégués cantonaux, aux municipalités, etc.
On y trouvera des renseignements exacts et précis
sur la* construction et la disposition des maisons
d'écoles, sur leur mobilier, avec des chapitres spéciaux
consacrés à la myopie scolaire, à l'éducation
physique, à la discipline. Les maladies contagieuses,
leurs premiers symptômes et leur prophylaxie à
l'école sont aussi étudiés avec soin ; enfin, l'ouvrage
se termine par des considérations intéressantes sur
l'inspection médicale des écoles, la statistique sanitaire
par les instituteurs, la vulgarisation de l'enseignement
de l'hygiène et la nécessité de la création
d'une direction de la santé publique.
Ce livre, fort complet, écrit d'une façon claire et
méthodique, est magnifiquement édile et devrait se
trouver dans toutes les bibliothèques.
LECTURE OU SAMEDI
LE DEPART DE DIDI
Au rappel de notre enfance lointaine, se retrace
l'image de cette vieille bonne tant aimée, qui en fut
la gardienne vigilante, le guide fidèle et dévoué.
Physiquement, Louise n'était pas attrayante, avec
son visage ridé, ses petits yeux gris, ses cheveux
rares d'une teinte imprécise et son gros nez dont,
parfois, clic médisait très drôlement pour nous faire
sourire. Mais la borné possède un chiirme incomparable!
Or, Louise était bonne, infiniment bonne,
et d'une abnégation touchante. Tous nos caprices,
toutes nos fantaisies, elle s'évertuait à les satisfaire,
avec une patience inlassable. Oh! comme elle nous
gâtait, l'excellente femme, comptant pour rien les
ennuis, s'ils nous valaient une joie, ou nous épargnaient
une peine !
Douée d'un heureux caractère et d'une humeur
toujours égale, Louise avait des moments de gaieté
juvénile, et un petit grain d'originalité. Ma sœur et
moi — très jeunes alors — nous l'avions surnommée
Didi, je ne sais plus pour quelle cause.
Avec elle, par les jours pluvieux, nous prenions
nos ébats, librement, dans une vaste pièce non meublée.
Kt pendant les longues soirées hivernales, nous
nous tenions devant un grand foyer ouvert, écoutant
Louise nous raconter des histoires fort étranges,
dans lesquelles les loups, les renards et les chiens
voyageaient de compagnie, vivant en vrais bohèmes,
•
•
-

^ m m—,—.. .... .•• 1—
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eus
jouant de vilains lours, et se livrant parfois à des
actes d'un b:m goût très contestable!
La vieille bonne avait de la verve, de l'entrain
et d'intarissables ressources. Pour varier le programme,
elle chantait des pastorales naïves sur des
airs de complainte :
Petite bergère, dans ce vallon,
Tu penses à ta peine eu gardant tes moutons !...
lit cela nous amusait, follement, de l'entendre,
nt du bisser ses couplets qu'elle recommsnçait, sans
fin, un peu fière du succès, de la meilleure grâce
du monde. A nos fêtes patronales, Louise nous offrait
invariablement une grande conque surmontée d'une
grosse rose artificielle ornée de feuilles d'or comme
celles des bouquets d'église, fit elle débitait un compliment,
appris par cœur, toujours le même :
Le petit papillon qui voltige autour de ma tête
M'a dit que c'était aujourd'hui votre fêtC4..
JOURNAL DES INSflTUtËURS
Nuit et jour, Louise veillait sur nous avec sollicitude.
Elle avait son lit dans une grande alcôve,
non loin de nos couchettes enfantines. Ktque souvent,
nous l'avons réveillée, peureux, quand brillait l'éclair,
quand grondait la foudre, que les chiens aboyaient
aux passanls attardés, ou que les monstres chimériques
des cauchemars nous avaient jetés en de nocturnes
épouvantes ! Doucement, Louise se levait et
rallumait la peiite lampe pour dissiper les craintes,
et mettre en fuite les fantômes. Jamais de plaintes,
jamais de récriminalions: des caresses, des baisers,
des paroles rassurantes.
Un soir Louise nous parut nerveuse et très préoccupée.
Et tout de suite, l'idée nous vint qu'il se
tramait un complot mystérieux. Impossible de dormir,
bien que la nuitfùt tranquille, sans le moindre orage.
A plusieurs reprises, la vieille bonne dut se lever,
rallumer la petite lampe, nous apporter de l'eau
sucrée, et calmer notre agitation. Enfin, le sommeil
triompha: il est irrésistible à cet âge.
Dès l'aube, cependant, nous étions réveillés. Et
repris de nos appréhensions de la veille, nous interrogions,
anxieux: « Didi, bonne Didi, es-tu là,
réponds, tu ne dors plus sans doute ?... »
Mais personne ne répondait; dans l'alcôve régnait
un inquiétant silence. Alors je me levai, tirai vivement
le rideau, et poussai un cri d'effroi en constatant
que le lit était vide.
— Didi est partie ! Elle nous a quittés, cette nuit,
et sans nous prévenir encore!... s'écria ma sœur,
éperdue.
Et tous deux, le visage dans l'oreiller sur lequel
tant de fois avait reposé la tôle de Louise, nous
nous mîmes à nous lamenter, tout haut, en versant
d'abondantes larmes.
Notre père parut, nous consola de son mieux,
dissimulant son émotion visible.
~- Louise a été rappelée subitement, sa vieille
mère infirme est gravement malade, dit-il...
Cette explication si vraie ne parvint pas à nous convaincre.
Incrédules, nous réclamions Louise, avec
des sanglots, de longues crises de larmes.
Rappelée, dans l'après-midi, la vieille bonne
s'empressa de revenir. Les veux rougis, l'air embarrassé,
presque confuse, tef un coupable pris en
faute, elle voulut s'excuser, parlant de l'état de santé
de sa mère. Nous lui sautâmes au cou, ravis de son
retour, sans môme vouloir l'entendre. Puis, triomphants,
nous nous écriâmes, en nous attachant à sa
robe:
— Tu ne partiras plus maintenant, Didi .. Nous
te tenons, ma bonne!...
Louise sourit, mélancoliquement, émue de nos
câlineiies. Biais notre père intervint sévère:
— Retenir Louise serait une action inhumaine!...
Sa mère a besoin d'elle...
Celte déclaration provoqua une nouvelle explosion
de larmes. Alors Louise, profondément touchée,
affirma nettement qu'elle ne nous quitterait pas...
Seulement, elle tenait à prévenir sa mère.
Croyant que c'était une ruse, pour s'échapper,
nous refusions obstinément de nous séparer d^lle.
C'est pourquoi la bonne femme nous proposa de
l'accompagner, prouvant ainsi que sa résolution était
sincère.
Elle nous prit parla main, selon sa coutume quand
nous sortions ensemble, nous nous acheminâmes
vers la maisonnette pauvreleuse.
Un silence d'abandon augmentait la tristesse de
cet intérieur misérable. Seul, un pâle rayon de soleil
couchant, pénétrant par l'étroite fenôtre) apportait un
semblant de vie dans cette morne désolation.
L'infirme reposait, inerte, sur une sorte de grabat
loqueteux.
Louise s'approcha, se pencha vers elle, indécise,
hésitante :
— M'an, dit-elle très bas, m'an, les enfants ne
veulent pas que je les quitte... Ils ne font que pleurer,
ils deviendront malades...
La vieille se souleva péniblement sur sa couche,
et nous vîmes apparaître une figurelivide, et comme
momifiée, dont les yeux caves nous cherchaient tandis
que les lèvres blêmes s'efforçaient de sourire.
D'un ton convaincu, mais d'une voix à peine saisissable,
et si lointaine, si voilée, qu'elle semblait
sortir d'une tombe, elle murmura :
— Il faut rester auprès d'eux, Louise... Je suis
trop vieille, moi, je m'en irai bientôt... 11 faut rester
auprès d'eux, Louise...
Elle voulut continuer. Mais ses forces la trahirent,
et elle laissa retomber sa pauvre tête de moribonde
sur l'oreiller sordide.
Extrêmement émus de cette scène navrante qui,
pour la première fois, nous mettait en présence des
poignantes tristesses de la vie, nous demeurâmes un
instant étonnés. Puis, par un élan de compalissance
instinctive, nous primes les mains de notre vieille
bonne, en prolestant avec une énergie inattendue :
— Non, Didi, lu ne la quitteras pas !.. Tu resteras
près de ta mère... Nous reviendrons souvent te
voir...
Louise nous regarda, un sourire sur les lèvres, des
larmes tremblant à ses paupières. Ensuite, elle nous
pressa contre son cœur qui battait à se rompre.
L'excellente femme demeura auprès de sa mère.
Mais chaque jour nous revenions la voir, apportant
quelque douceur à la pauvre agonisante.
Elc'est ainsi que.très involontairement, notre vieille
bonne nous apprit à soulager les obscures infortunes,
et de la sorte acquit un titre de plus à notre vive
reconnaissance.
José DE COPPIN.
Correspondance. — Insectes. — Le filet à papillons
le plus léger est, à notre avis, le meilleur. Voyci
donc à la maison Deyrolle, 46, rue du Bac, elle
possède un filet à ressort assez pratique et très léger.
Le gérant : PAUL DUPONT.
Paris. — Imp. PAUL DUPONT, 4, rue du Bouloi.

N» 38. — Supplément au « JOURNAL DES INSTITUTEURS » du 16, Juin 1895.
PRÉPARATION AUX EXAMENS
EXAMENS
DIVERS
Certificats d'études primaires.
Département de la Loire-Inférieure (Garçons, 1894.)
DICTÉE. — L'obéissance aux lois. — Il y a dans chaque pays des lois qui sont imposées a tous,
parce qu'elles ont pour objet la sécurité et l'intérêt de tous. Ces lois, on est tonu d'y obéir.
Ceux qui les violent tombent d'ailleurs sous le coup de punitions indicées pur les tribunaux.
Mais un bon citoyen ne se conforme pas à la loi par la seule crainte du châtiment. Il lui obéit par
espect et par patriotisme. Il lui obéit dans toutes ses prescriptions, lors même qu'il serait sûr que
sa désobéissance ne lui causera aucun dommage appréciable, ou restera toujours ignorée. Et il obéit
de bon cœur, avec une sorte d'allégresse, comme l'enfant doit obéir à ses parents. La loi est d'autant
plus respectable, dans les pays libres, qu'elle y est discutée, votée par des assemblées élues. Là ou
régnent, comme chez nous, le régime parlementaire et le suffrage universel, chaque citoyen doit se
dire qu'il contribue indirectement et pour sa' part à la confection de la loi. En lui obéissant, .c'est
donc, dans une certaine mesure, à lui-même qu'il obéit.
CABBEAU.
COMPOSITION FBANÇAISE. — Comparez les régences de Marie de Médicis, d'Anne d'Autriche et du
duc d'Orléans, et dites quelle est la plus favorable à la France.
Sujet développé.
Marie de Médicis était peu intelligente, mais très ambitieuse. Elle abandonna la politique de
Henri IV, fit épouser au jeune roi une princesse espagnole, l'infante Anne d'Autriche, et distribua aux
seigneurs tout l'argent que Sully avait eu tant de peine à économiser. La régente se laissa gouverner
par un Italien nommé CÔncini et par sa femme. Elle donna à cet aventurier des titres, des charges
et de grosses sommes d'argent.
La régence de Marie de Médicis fut remplie de troubles et d'intrigues. Concini fut tué, et un
jeune seigneur, Albert de Luynes, devient le favori du roi. Marie de Médicis fut disgraciée et essaya
de revenir au pouvoir. C'est elle qui fit entrer au Conseil royal l'évêque de Lucon, Richelieu, qui remit
la paix et l'ordre dans le royaume et dépouilla la reine-mère de toute son influence.
Les nobles se conduisirent à la mort de Louis XIII comme ils l'avaient fait à la mort de Henri IV.
Ils mendièrent les places, les honneurs, l'argent, et la régente leur donna ce qu'ils voulurent. Heureusement
pour la France le grand Richelieu avait laissé un ami et un confident pour continuer son
œuvre : c'était le cardinal Mazarin.
Le commencement de la régence d'Anne d'Autriche fut marqué par d'éclatantes victoires : Rocroy,
Fribourg, Nordlingen, Lens. Le traité de Westphalie, qui nous garantissait les'Trois-Evèchés et l'Alsace
donna à la France la première place en Europe.
Les discordes civiles reprirent, après la signature du traité. Le peuple et le Parlement se révoltèrent,
mais ils ne purent obtenir les droits qu'ils demandaient. Les seigneurs se soulevèrent à leur
tour, sous la conduite du grand Condé. Mais le ministre Mazarin résista aux orages des deux Frondes,
et continua à gouverner avec habileté. ' .
Louis XIV laissa la France appauvrie et découragée. Son arrière petit-fils Louis XV lui succéda,
et le duc d'Orléans gouverna comme régent. La minorité de Louis XV est connue sous le nom de
Régence. L'événement le plus important de cette époque est l'essai du financier Law.qui croyait enrichir
la France par des spéculations. Cette tentative ruina une foule de gens, mais eut quelques bons
résultats.
Le régent, qui était intelligent et généreux, avait un caractère faible et des mœurs déplorables.
Il fit élever le jeune roi dans l'amour de la puissance et des plaisirs et prépara ainsi le règne le
plus désastreux de notre histoire.
Des trois régences de Marie de Médicis, d'Anne d'Autriche et du duc d'Orléans, la plus favorable
à la France est celle d'Anne d'Autriche, car elle marque l'abaissement définitif de la noblesse et le
commencement de la grandeur de la France sous la monarchie absolue, qui devait atteindre son
apogée au milieu du règne de Louis XIV.
CALCUL. — I. Une propriété rectangulaire a une contenance de 7 hect. 3 a. S centiares, une
longueur de 225 mètres. On veut en mettre en prairies les 2/9, le 1/5 en vignes et le reste en cultures
diverses. Quelle sera la largeur de chaque parcelle, si la propriété est divisée dans le sens de
la largeur par des lignes parallèles aux petits côtés?

— 150 —
Solution : Surface 703 a. 35 centiares ou 70335 mètres carrés.
Longueur, 225 mètres ; largeur 70325 : 225 =. 312 m. 555.
Surface en prairies (70325 X 2) : 9 s= 15627 mq. 77.
Largeur de cetl» bande 15627,77 : 225 = 69 ta. 456.
Surface en vignes 70325 : 5 = 14065 mètres carrés.
Largeur de cette bande 14065 : 225 = 62 m. 511.
Surface occupée par les prairies et les vignes 15627,77 + 14065 — 29692 mq. 77.
Il reste pour les autres cultures 70325 — 29692,77 = 40632 mq. 23.
largeur de cette dernière bande 40632,23 : 225 = 180 m. 587.
Réponse : 1* La première bande a 69 m. 456 de largeur: 2" la deuxième 62 m. 511 ; la troisième
180 m. 587.
Preuve : D'où la largeur totale de la propriété 69,456 -+- 62,511 + 180,587 = 312 m. 54.
H. Quelle somme faut-il placer à 3 fr. 75 0/0 pour avoir au bout d'un an et 7 mois 95 francs
d'intérêt î
Solution : 100 francs en 12 mois rapportent 3 fr. 75 ; en 1 mois ils rapporteront 12 fois moins,
et en 19 mois ils rapporteront 19 fois plus ou (3,75 X 19 )
: l2
= s fr - 937S -
Si 5 fr. 9375 sont rapportés par 100 francs ; 1 franc sera rapporté 5,9375 fois moins, et 95 francs
seront rapportés par 95 fois plus ou (100 X 9i ) '• 5,9375 = 1600 francs.
Réponse: 1600 francs.
Département de la Meute (1894.;
DICTÉE. — Jeanne d'Arc. — Une enfant de douze ans, une toute jeune fille, n'écoutant que la
voix de son cœur et la voix du ciel, conçoit l'idée hardie d'exécuter la chose que les hommes ne
peuvent plus faire, de sauver son pays. Elle couve son idée pendant six ans sans la confier à
personne ; elle n'en dit rien, même à sa mère-. Elle attend qu'elle ait dix-huit ans, et alors elle
accomplit son dessein malgré les siens et malgré tout le monde. Elle traverse la France ravagée et
déserte, les routes infestées de brigands ; elle s'impose à la cour de Charles VII, se jette dans la
guerre ; et, dans les camps qu'elle n'a jamais vus, dans les combats, rien ne l'étonné ; elle plonge
intrépide au milieu des épées ; blessée toujours, découragée jamais, elle rassure les vieux soldats,
entraine tout le peuple, qui devient soldat avec elle, et personne n'ose plus avoir peur de rien.
Tout est sauvé.
MICHELET. •
COMPOSITION FRANÇAISE. — Racontez un voyage en chemin de fer de Nancy au Havre. — Principales
villes situées sur le parcours ; leur importance à divers points de vue : administration,
industrie, commerce, célébrités, souvenirs historiques, etc.
(Voir un livre de géographie.)
CALCUL. — I. Expliquer la manière de procéder pour établir la table de multiplication dite Table
de Pythagore. — Indiquer comment on peut, au moyen de celte table, trouver le produit de deux
nombres simples.
H. J'ai acheté 18 mètres 2/3 de drap pour 235 fr. 20. Je revends ce drap avec un bénéfice de
10 0/0. Dire le prix d'achat et le prix de vente du mètre.
Solution : Nombre de mètres 18 + (100 X 2 : 3 ) = 18,66.
Prix d'achat du mètre 235,20 : 18,66 = 12 fr. 60.
Bénéfice sur 1 mètre 12,60 X 10 : 100 = 1 fr. 26. *
Prix de vente d'un mètre 12,60 + 1,26 = 13 fr. 86.
Réponse: 1° 12 fr. 60; 2» 13 fr. 86.
^Département de la Manche (1894.)
DICTÉE. — Le temps n'est plus où l'on croyait pouvoir enseigner la géographie sans cartes, à
l'aide d'un simple livret donnant, sans caries, la nomenclature des mers, des lacs, des montagnes
s'il s'agissait de géographie physique, ou la non moins sèche nomenclature des contrées, des provinces
et des chefs-Ueux s'il s'agissait de géographie politique. La carte est à l'enseignement géographique
ce qu'est la collection d'images a l'étude d'histoire naturelle, ce qu'est la collection des poids
et mesures à l'étude du système métrique, ce qu'est encore le livre de lecture à l'enseignement de
la langue. Ce n'est pas seulement un moyen de représenter les objets à étudier, c'est le seul moyen
d'en acquérir une certaine notion, la condition sans laquelle on n'aura jamais que des mots dans la
mémoire et des idées dans la tête. — Si évidente que semble aujourd'hui cette vérité, il ne faudrait
pas croire qu'elle ait toujours paru telle. 11 ne serait pas nécessaire de remonter bien loin, pour
trouver les premiers exemples de l'emploi des cartes dans les écoles primaires.

COMPOSITION FRANÇAISE. — Les grands fleuves de France. Vous donnerez une idée générale du
régime fluvial de la France.
(Voir un traité de géographie.)
CALCUL. — I. Je prête à quelqu'un 3860 francs à 5 0/0. Au bout de combien de temps me serat-il
dû 100 francs d'intérêts ?
Solution .- Rapport de 3860 francs en 12 mois (3860 X 5) : 100 = 193 francs.
Si 3860 francs rapportent 193 francs en 12 mois.
3360 francs rapportent 1 franc en 193 fois moins.
3860 francs rapportent 100 francs en 100 fois plus (100 X i2) : 193 = 6 mois 42/193.
Réponse : 6 mois 42/193.
II. Un propriétaire a fait peindre sur les deux faces à raison de 0 fr. 9Û\Je mètre carré, 4 portes
et 5 fenêtres. Chaque porte a 2 m. 10 sur 0 m. 80 ; chaque fenêtre a 1 m. 8o sur 1 m. 10, et, à
cause des carreaux le peintre fait sur les fenêtres une réduction de 1/3. Calculer le montant de la
dépense ?
Solution: Surface d'une porte 2,10 X 0-80 = 1 mq. 68.
Surface de 4 portes 1,68 X 4 = 6 mq. 72.
Surface des 2 faces 0,72 x 2 = 13 mq. 44.
Prix 13,44 X 0,90 = 12 fr. 096. - .
Surface d'une fenêtre 1,85 X MO = 2 mq. 035.
Surface de 5 fenêtres 2,033 X 5 = 10 mq. 175.
Surface des 2 faces 10,175 X 2 = 20 mq. 35.
Prix 20,35 X 0,90 = 18 fr. 315.
Réduction 18,315 : 3 = 6 fr. 105.
Prix 18,315 — 6,105 = 12 fr. 21.
Prix total 12,21 + 12,096 = Brevet 24 fr. 306. supérieur.
Réponse : I.e montant de la dépense Département est de de 24 la fr. Manche 306. (1894.)
ASPIIUNTS ET ASPIRANTES.
COMPOSITION FRANÇAISE. — Dans la vie comme à l'école, il ne suffit pas d'être intelligent, il
faut encore être laborieux. Vous composerez un récit où vous montrerez que l'intelligence n'aboutit
à rien sans le travail. -
Sujet développé.
Si intelligent que l'on soit, on n'arrive à rien sans travail. A l'école, les enfants laborieux
quoique médiocrement doués dépassent souvent les brillants élèves qui, se fiant à leur facilité, ne
s'appliquent pas à leurs études comme ils le devraient. Un élève à la fois intelligent et travailleur
peut être sûr d'obtenir les premières places ; mais il est rare que des aptitudes remarquables soient
accompagnées de cette persévérance qui ne connaît pas d'obstacles. Au contraire, les enfants qui
savent que beaucoup de travail leur est indispensable pour vaincre les difficultés, s'appliquent de
toutes leurs forces et apportent à leurs études un esprit de suite qui les fait souvent réussir dans
les examens et dans les concours.
Il en est de même dans la vie : les hommes d'une intelligence vive et primesautière mais qui
se découragent facilement, voient prendre leur place par les hommes- laborieux et persévérants. De
deux camarades d'enfance qui se retrouvent dans l'âge mûr, ce n'est pas toujours celui qui brillait
sur les bancs de l'école qui a atteint la fortune et les honneurs.
On m'a raconté dernièrement l'histoire suivante : Dans la même école se trouvaient deux garçons
très inégalement doués : l'un, Paul, avait l'esprit vif et ouvert, une heureuse mémoire, enfin
il ne craignait pas de rivaux quand il voulait se donner la peine de travailler. Emile, au contraire,
apprenait difficilement et impatientait quelquefois ses maîtres ; mais il se donnait une peine infinie
pour se tenir en bon rang dans la classe. Il était judicieux et modeste, tandis que Paul était vain
et léger. De plus, Paul travaillait le moins possible, n'apprenait pas régulièrement ses leçons et
négligeait certaines branches du programme comme demandant trop d'application. Aussi, à la Un
de l'année, Emile avait-il toujours plus de récompenses que Paul ; il avait surtout plus d'acquis que
son paresseux camarade.
A l'examen du certificat d'études, Paul manqua son problème, parce que, l'arithmétique exigeant
beaucoup d'attention, il ne s'en était jamais sérieusement occupé. Cet échec découragea Paul e;
l'humilia d'autant plus qu'Emile avait été reçu avec de fort bonnes notes. Il perdit ainsi une
année, tandis qu'Emile se préparait courageusement à un autre examen qu'il passa avec succès.

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La distance entre les deux condisciples ne fit dès lors qu'augmenter : Paul abandonna l'école,
prit un métier, puis un autre et ne réussit dans aucun, parce que sa paresse et sa légèreté lui
faisaient perdre les avantages que lui valait son intelligence. Emile continua à travailler avec la
même persévérance et sut se faire une position quo lui envie à l'heure qu'il est son camarade
Paul.
ASPIRANTS
MATHÉMATIQUES ET SCIENCES PHYSIQUES EX NATURELLES. — I. L'acide sulfurique et ses applications
principales.
II. Les lois de la réflexion de la lumière.
III. Les surfaces du parallélogramme, du triangle et du trapèze.
ASPIRANTES
I. Le cœur (avec croquis).
II. La balance.
III. Avec deux lingots d'or et de cuivre avant respectivement pour titre 0,920 et 0,865, on veut
composer un alliage au titre de 0,900 et dont le poids soit de 500 grammes. Déterminer le poids de
chaque lingot qu'il faut employer.
Solution: 1 kilogramme à 0,920 que l'on transforme en 1 kilogramme à 0,900 renferme 20 grammes
d'or pur de moins.
I kilogramme à 0,865 que l'on transformé en 1 kilogramme à 0,900 renferme 35 grammes d'or
pur de plus.
II y aura compensation si l'on allie 20 kilogrammes à 0,865 et 35 kilogrammes à 0,920.
Les 500 grammes d'alliage à obtenir doivent être partagés proportionnellement à 20 et à 35.
Poids du lingot à 0,920 (500 X 35) : (20 + 35) = 318 gr. 181.
Poids du lingot à 0,865 (500 x 20) : (20 •+- 35) = 181 gr'. 818.
Réponse : On alliera 318 gr. 181 à 0,920 et 181 gr. 818 à 0,865.
ASPIRANTS
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE. — I. L'industrie française, la marine et les colonies sous Louis XIV.
II. La situation économique de l'Angleterre.
ASPIRANTES
I. Les révolutions de 1830 et do 1848. — Vous ferez connaître, en même temps que les principaux
événements de ces deux révolutions, les causes qui les ont produites et les conséquences
qu'elles ont eues.
II. Donner une idée des productions des mines, du commerce et de l'industrie de l'Allemagne.
ASPIRANTS ET ASPIRANTES (Périers et Coutances.)
LANGUES VIVANTES. — Salmon or sermon. — A clergyman in Pershshire, who was more skilful
as an angler tlian popular as a preacber, baving fallen inlo conversation with some ofjhis parisbioners
on the beneflis of early rising, mentionned as an instance that he had that very morning, before
breakfast, composed a sermon and kilied a salmon, an achievement of which he was very proud.
" Well, sir, " observed one of the company, " I would rather hâve your salmon than your
sermon. "
ASPIRANTS ET ASPIRANTES (Saint-Lô.)
I. An lrisbman was asked if his horse was timid " Not at ail," said he. " He frequently spends
the night, by bimself in a dark stable. "
II. A bishop, congratulating a poor parson, said he lived in a fine air. " Yes, mylord, replied he.
I should think so, too, if one coula 1 live upon it as well as in it. "
III. A little girl.in Norwich gave Ibis pretty définition of the word happy. " To feel as if you
wanted to give ail your things lo your little sister. "
ASPIRANTES (Coutances.)
DESSIN D'ORNEMENT. — Vase amphore.
ASPIRANTS (Périers.)
Chapiteau dorique, n° 2768.
ASPIRANTS ET ASPIRANTES (Saint-Lô.)
Denlicules.
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