ilHOEL HÉiÉHÂL - Institut français de l'éducation
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51» Année. - 5» Série. Tome XX
M» 8
83 FEVRIER t884
ilHOEL HÉiÉHÂL
DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE
JOURNAL HEBDOMADAIRE
DES INSTITUTEURS T":^ ^^S INSTITUTRICES
On s'abonne à Paris, cbez MM. Hachette et Cle,
libraires-éditeiirs, honleva/d Satnt-Oermatn, 19,
et dans les départements, cher tous les libraires. — Le
prix devra être payé d'avance, soit en un mandat sur la
poste, soit en timbres-poste, soit par l'intermédiaire d'un
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FRANCE. . . ' 7 fr. 75
DNION ROSTALÏ . MENT I Enseignement primaire ^
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supérieur, enseignement c,. n, 5 francs.
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!••• de chaque mois. — On n». seuï^
Les abonnements se prennent à partir du
pour un an. — On ne reçoit pas d'abonnement pour le supplément
IL étt indUpentabU de joindre la bande d'un det derniers numéros du journal aux demande*
de chanoements d'adresse.
En raison de l'importance des débats parlementaires de cette semaine,
nous avons dii retarder d'un jour le départ du journal.
SOMMAIRE
Partie générale.
ACTES OFFICIELS RELATIFS L'INSTRUCTION PRIMAIRE : Arrêtés : nommant des membres de conseils départementaux _ . ^ ;
modifiant une circonscription d'inspection primaire. — r.ïr'PTTlfiir'c» Circulaire rpla^ivD relative à h l'inspection l'incnonfînTi /la de l'enseignement' — i. du
dessin dans les écoles normales. — Personnel : nominations ; promotions. — Avis administratifs.
COMPTES RENDUS DES DÉBATS PARLEMENTAIRES ET DocmiEKTs LÉGISLATIFS : Chambre des députés : Lecture, par M. Paul Bert
d'un rapport supplémentaire sur le projet de loi relatif à l'organisation de l'enseignement primaire ; fixation dû
jour de la discussion (IG février). — Suite de la discussion : 1° de la proposition de loi de M. Paul Bert sur l'organisation
de l'enseignement primaire ; 2° du projet de loi relatif à la nomination et au traitement des instituteurs
et des institutrices (19 février).
QUESTIONS ADMINISTRATIVES : La suite de la discussion sur la nomination et le traitement des instituteurs (Ch. DEFODON).
PÉDAGOGIE : Doutes sur la discipline, suite (T.).
CORRESPOSDAKCE : Questions scolaires (C. D.).
LIVRES ET MATÉRIEL D'ENSEIGNEMENT : Elémeiits usuels des sciences physiques et naturelles, cours supérieur, par M le
DI- SAFFRAT (C.
D.).
ANNONCES ET AVIS DIVERS.
Partie scolaire.
SEMAINE SCOLAIRE, année 1883-1884 : Directions et exercices, d'après les programmes officiels du 'il juillet
pow les trois cours, élémentaire, moyen, supérieur, de l'école primaire : — Instruction civique (Ch. DEFODON); —
Langue française (Ch. DEFODON, h. TRAUTNER, et J. MASSON) ; — Histoire, Géographie (L. TRAUTNER) ; — Arithmétique
et système métrique (S. MAIRE) ; — Géométrie (E. BORAT) ; — Sciences physiques et naturelles (D' SAFFRAÏ) .
— Agriculture et horticulture (Henry SAGNIER); — Hygiène (D' EliePÉCAUT); — Morale (Ch. DEFODON). — Travaux
manuels (écoles de filles) (Mme GIRODX).
SOMMAIRE DU SUPPLÉMENT, N» 4, du MANUEL GÉNÉRAL : Partie générale : CHRONIQUE LITTÉRAIRE : La langue
française dans les colonies. — De Pontoise à Stamboul, par M. Edmond About. — Un touriste dans l'Extrême
Orient: M. Cotteau (C. D.). — AGRICULTURE : Revue agricole (Henry SAGNIER). — Partie scolaire : Préparation aux
examens : Sujets de composition proposés par le Manuel généi-al : Sujets traités : Sujet de langue française :
Analyse de la fable de Lafontaine : Le Chat, la Belette et le petit Lapin (C. D.). — Sujets de langues vivantrs
(L. Kocii). — Sujets à traiter. — Préparation aux examens de brevet simple : compte rendu des copies envoyées au
Journal. —Sty'eisdiwî's; Géométrieet arithmétique (E. BURAT). — Z)e«s/(ï linéaire .-Question d'examen (A. BOUGUERET).
ACTES
ARRÊTÉ nommant des membres de conseil département
taux.
Corrèze, 21 janvier. — Sont nommés, pour trois ans,
membres du conseil départemental de l'instruction publique
de la Corrèze, ù dater du 25 janvier 1884 :
OFFICIELS
RELATIFS A L'INSTRUCTION PRIMAIRE
MM. Guériteau,président du tribunal civil de Tulle;—'i®
Longy, conseiller général ; — Brugeilles, conseiller géni'
ral; — Renaudie, conseiller général; — Lacombe, anciè""
archiviste du département ; — Plagne, inspecteur pri ^ dimimaire
à Tulle.
Lozère, 21 janvier. — Sont nommés, pour trois an'
66 MANUEL GÉNÊI'^AL DE L'INSTRUCTION PRIMA I^E.
membres du conseil déparlemenlal de rjnsfi'Heiion pu -normales. Je.désire,,qu'à leuir» dans chaque établissement
ils trouvent remplis à li'a\,'=n'=e les questionnaires
blique de la Lozère, à dater du 25 janvier ISSIt
• MM. Cardel, juge d'instruction au tribunal civil de contenus dans les trois tableaux ej-i'o'iHs. Vous voudrez
Mende; — Geminard, pasteur protestant; — Boiirrillon, bien transmettre sans retard ces fàBi''mulaires à chaque
député, conseiller général ; — Teissier, conseiller général ; directeur ou directrice d'école noïmafe, . en les priant de
— Daudé, conseiller général ; — Rouviére, conseiller général
; — Cordier, inspecteur primaire à Meiidé.
i®® intéressés, de manière à ce qu'il ne reste plus
les remplir immédiatement ou de les faire remplir par
a 31M. les inspéctéùrs du dessin qu'à y ajouter leurs
Tienne, 21 janvier. — Sont nommés pour trois ans,, observatjcàis personnelles et l'expression de leurs desiderata-
i'im de ces tableaux ewitient des instructions
membres du conseil départemental de l'instruction publique
de la Vienne, à dater du 25 janvier 1884 :
relatives à l'inspection des cours de dessin; il sera remis,
MM. Salmon, président de la chambre à la cour d'appel en iriylej aux directeurs et directrices, afin qu'ils en
de Poitiers; — Gassan, conseiller à la .cour d'appel; — cons'gfYept \in exemplaire dans leurs archives. Les autres
Guitton, pasteur protestant; — Trouvé, conseiller général • '^eronl dressés eh double expédition. Vous voudrez bien
— Simonneau, conseiller généi'al; — Bolly, adjoin> ' conserver dans vos bureaux un exemplaire de chacun.
maire de Poitiers; — Barreau, inspecteur pri'»-
.le n'ai pas besoin d'ailleurs de vous recommander de
Poitiers.
-""H'e donner à MM. les inspecteurs toutes les informations ijue
vous possédez sur l'enseignement du dessin et sur les
Seine-et-Marne, 1" février. — Sont n/-
améliorations qu'il vous paraîtra comporter non seulement
dans les écoles normales, mais encore dans les
ans, membres du conseil départemp"' ./mmes, pour trois
^publique de Seine-et-Marne, à da*' -'tal de l'instruction écoles primaires et supérieures. La connaissance que
. -, . , .er du 14 janvier 1884 :
MM. Louiche, président d'' ,, ,
vous avez de votre département, de ses ressources et de
Falle. pasteur protestant ' tribunal civil de Melun ; —
ses besoins, sera d'un très précieux secours pour MM. les
seiller général; — lia'-" a Fontainebleau; — Droz, concier
conseiller .don, conseiller général;—Penan-
Recevez, monsieur l'inspecteur, l'assurance de ma con-
inspecteurs désignés par l'administration des beaux-arts.
à Meiun. ^ .iiéral; — Hanriot, inspecteur primaire sidération très distinguée,
Le ministre de l'inslruction publique
•7.11^/7 •/•—>* .
, A-Loire, M février. — Sont nommés, pour trois
membres du conseil départemental de l'instruction
^ .-clique d'Indre-et-Loire, à dater du 15 février 1884 :
iSlM. Gctiih, président du tiibu'nal civil de Toiirs; —
Dupin de Saint-André, pasteur protestant; ,— Goûin (Eugène),
sénateur, conseille^' géné.ral; —Belle, député, conseiller
général ; — Dardy,conseiller général; —Typhaine,
,, conseiller général; — Savarry, inspecteur primaire à
Tours.
Loiret, 11 février. — Sont nommés, pour trois ans,
membres du conseil départemental de l'instruction pu-
' blique du Loiret, à dater du Iti février 1884:
MM. Dumas, premier président de la cour d'appel d'Orléans;
— "Weatcrolt, pasteur protestant; — Robert de
Massy, sénateur; — Bernier, député, conseiller général ;
,— Sainjon, ingénieur en chef; — Beaugendre, inspecteur
primaire à Orléans.
ARRÊTÉ transférant au l'uy le chef-lieu de la circonscription
d'inspection primaire du Monastier
(9 février).
Le ministre de linstruction publique et des beaux-arts,
Vu la délibération du conseil départemental de l'iristruction
publique de la Haute-Loire ;
Vu les rapports du préfet de la Ilaute-Loire et du recteur
de l'académie de Glermorit, en date des IS janvier
et 2 février 1884,
.Arrête :
Le chef-lieu de la circonscription d'inspection primaire
fixé au Monaitier, par arrêté du 24 décembre 1880, est
transféré au Puy.
.4. F.\ï:firitriiL
CIRCULAIRE relative à l'inspection de. l'enseignement
du dessin dans les écoles normales (6 février).
.Monsieur l'inspecteur, l'étude du dessin a pris et méritait
de prendre une place beaucoup plus larye qu'autrefois
dans les écoles normales primaires d'où elle doit se
répandre jusque dans les moindres écoles prirtiairès.
11 importe de ne rien négliger pour qlie les sacrifices
consentis par l'Etat en vue de développer cet enseignement,
à .certains égards nouveau, produisent tous les
rësmtals qu'dn est, en toit d'en attendi'e. Aussi é'st-il
iiécessàire av'aht fôilt 'iitte des ériquètes régulières et "pé-
•iodiqués line tiennèht aii cqurailt 'des efforts accomplis
etdësla'cunës qiii siiïisistént'éiiébre. Afifa d'avoir 'sdUs les
yeux des renseignements nouveaux et précis, j'ai décidé
qtip MM., les inspecteurs spéciaux du dessin feraient'très
irochainement une tournée d'inspection dans les écoles
et des
beatix-arls,
A. FALLIÈEES.
PERSONNEL. — NOMINATIONS.
Adininîstpation
cehti-'ale.
12 février. — M. Maillé, inspecteur primaire du département
de la Seine (hors cadre), est délégué à l'administration
centrale, dans les fonctions de sous-clief du
deuxième bureau de la direction de l'enseignement primaire.
Administrationi
académiqnc.
Coifiniis d'académie, commis d'inspection académique.
Mâcon, 7 février. — M. Drouillot (Louis), pourvu du
brevet supérieur, instituteur adjoint, est délégué dans
les fonctions de commis auxiliaire de l'inspection académique
de Saone-et-Loire.
Rennes, 11 février. M. Lemoine (Alfred-Alpbonse-
Alexandre), délégué dans les fonctions . de commis de
facadémie de Renues, est nommé titulaire (2° classe) de
ses fonctions. •
Inspectears de l'enseignement
primaire.
Paris, 11 février. — M. Gaillard, chargé par intérim
des fonctions d'inspecteur primaire à Paris, par ,arrêté
du 22 avril 1880, est nommé inspecteur primaire à Paris.
Paris, 12 février. — M. Maillé, inspecteur primaire
(1" classe) à Bordeaux, est nommé inspecteur primaire "t
du département dè la Seine (hors cadre).
Ecoles normales
kàiti •esse
FItLtiS
primaires.
adjointe.
Ecoles nornlales,.0 février. — Mlle Dubuisson, déléguée,
à titre provisoire, dans les fonctions de maîti'esse
adjointe à f école normale d'institutrices de Nantes, est
déléguée dans les mêmes fonctions (ordre des lettres) à
l'école normale de Rouen, en remplacement do Mlle Pruvot,
qui à reçu une autre destination.
AVIS ADMINISTRATIFS.
NNIITI.'U
Inspection lyvihïalrè —Ëtiibrun; — Laiigeac ; — P'ont-
'Audémer; '—'Sarléne.
Tiifpplïnn /IfR t^rnlpa •nni'ntnl t'H /V In.v f Uni fnvft ^ — Nice.
PARTIE
GÉNÉRALE.
6,5
COMPTES RENDUS DES DÉBATS PARLEMENTAIRES
ET
D O C U M E N T S L É G U S L A . T I F S
CONCBBMT L'instruction PRIMAIRE
CHAMBRE DES DÉPUTÉS.
Séance du samedi 16 février 1884.
PNÉSIDENCE DE ÎI. IIENJII BEISSON.
tiÇcUire, par M. i>aul Bert, d'un rapport supplémentaire
sur le projet de loi relatifs
l'organisation de l'cnsei^rnement primaire.
— Fixation du jour de la discussio».
M. i.E PRÉSIDEST dit que l'ordre du jour appellerait la
.spite.,de la discussion des projets et proposition de loi
concernant renseignement, priniaire; la Chambré s'est
arrêtée à l'article ; mais M. Paul Bert, rapporteur de
la commission, demande une suspension de séance pour'
terminer un rapport supplémentaire.
Après le délai demandé par l'honorable membre, la parole
lui est donnée pour la lecture de son rapport.
M. PAUL BERT lit' ce rapport. La commission du budget
a émis un avis déclarant « qu'il n'est pas possible, devant
l'état actuel de nos ressources budgétaires, d'imposer au
budget les chai'ges financières résultant des articles du
projet de.loi qui lui ont été renvoyés. «
« Ces charges, dit, M. Paul Bert, lisant son rapport,.
avaient été estimées par M. le rapporteur Jules Roche à,
.une dépense de 26 millions (25874200) pour l'année qui
. suivrait le vote de. la loi, avec une progression qui porterait
la dépense totale annuelle, soit à 81 millions
(81066 500), soit à 118 millions (117 724 000), dans le laps
. de dix à douze ans.
ff En présence de l'avis de la commission du budget,
nous avons dû soumettre la loi que nous vous présentions
à un examen nouveau; il en est'résulté des modifications
importantes sur lesquelles nous devons des explications
à la Chambre.
..-'sjfo;) —-•a-iijf^
« Les augmentations de dépenses résultant de notre loi
, peuvent être classées so.us trois rubriques différentes :
« Création et entretien d'écoles maternelles et primaires
.supérieures;
« 2° Modifications dans la direction et l'inspection de
l'enseignement primaire ; „ .„
« 3° Traitem.ent des instituteurs.
« Examiiions successivenient ces trois points :
« 1» Création et entretien d'écoles maternelles et pri-
,.maires supérieures ;
f Notre article 9 indiq;uait qu'il devait être créé « une
école maternelle où une classe enfantine dans chaque
commune comptant 1500 habitants de population agglomérée
»; notre articlq 10 « qu'il serait établi, dans cha-
, que canton, pour chaque sexe, une école primaire supé-
; rieure ou un cours d'enseignement primaire complémentaire.
»
« Ces créations étaient subordonnées dans l'exécution
.aux prescriptions de notre article 80 ét dernier, c'està-dire
qu'elles dépendaient des ressources que chaque
année les Chambres jugeraient à propos de mettre dans
ce but à la disposition du ministre.
« C'est ce. qui se fait aujourd'hui. Eu réalité, rien n'é-
, tait changé à l'état de choses actuel, et il n'y avait de ce
chef aucune crainte à concevoir sur l'exagération des
. dépenses.
« M. le rapporteur de la commission du budget a cru
•cependant utile de calculer avec soin les charges que pouvait
entraîner l'exécution complète du programme. Elles
partent, selon lui, de 2 440000 fr., dans l'année, pour
1. Voir le Manuel général de 1883.
aboutir en dix à douze ans à 31 700 000 fr. au maximum
et 14 052.500 fr. au minimum.
« Nous aurions de ce chef des observations à faire, f
les chiffres ci-dessus rapportés nous paraissent excessifs
« Mais comme, ainsi que nous venons d'avoir l'honneur
de vous le faire remarquer, nous ne changions en réalité
absolument rien aux dépenses que chaque année vous
jugez à propos de voter, comme nous indiquions seulement
le but vers lequel il nous semblait bon de tendre
dans un temps indéterminé, comme en résumé nos arti-
.cles 9 et 10 n'étaient que des programmes théoriques
nous préférons né pas discuter et couper court aux contestations
en les supprimant purement et simplement.
« 2° Direction et inspection de l'enseignement primaire.
« L'introduction dans la loi du titre « Directeur départemental
de l'enseignement primaire » n'entraînerait
nullement, comme le dit le rapport de M. Jules Roche, « la
« création de 90 directeurs » , puisque ces directeurs
n'étaient autres que les inspecteurs actuels d'académie
ayant changé de titre et un peu d'attributions. 11 était
donc inutile.de faire ressortir « cju'ils ne pourraient pas
« avoir une situation inférieure à celle des inspecteurs
« d'académie » puisque ce devaient être les inspecteurs
d'académie eux-mêmes.
« Si le changement d'attribution pouvait avoir une
conséquence budgétaire, c'était, comme nous l'avons
expliqué dans nos rapports antérieurs, en rendant plus
évidente la nécessité d'une inspection sérieuse de l'enseignement
secondaire. Mais ce contre-coup ne pouvait se
faire sentir de suite et était, en tout cas, de peu d'importance
pécuniaire.
a Ici encore, nous avons préféré éviter la discussion et
supprimer de notre proposition le directeur départemental.
Rien n'émpêchera le ministre, s'il le juge à pro -
pos, de faire dans un plus grand nombre de départe
ments ce qui se fait dans le Nord et la Seine, en organisant
des directions départementales.
« Nous avons égaleinenf, pour les mêmes raisons, renoncé
à la création des postes d'inspectrices départementales
primaires ; mais, bien entendu, les inspectrices
départementales de salle d'asile, que nous remplacions
par elles, continuent d'exister et d'être installées au fur et
à mesure des. besoins et d'après les ressources budgé •
taires annuelles.
« Enfin, nous renonçons à l'augmentation progressive
du nombre des inspecteurs primaires que nous avions
cru devoir indiquer dans la loi ; elle restera, comme elle
l'a été jusqu'ici, réglée par la loi annuelle de finances.
« Eu résumé, sans accepter les critiques dirigées contre
cette partie de notre loi, nous y renonçons plutôt que
de discuter, et nous faisons disparaître tout entier le chapitre
1" du titre IV. Du même coup est supprimée la dépense
de 3 200000 fr. à laquelle l'honorable 51. Jules
Roche estimait les conséquences de ses dispositions.
« 3.» Traitement des instituteurs :
« Nous avons, dans notre rapport supplémentaire, estimé
à 22 millions la dépense nécessaire, dès la première
année qui suivra la promulgation de la loi, pour faire
profiter les instituteurs de la classification nouvelle.
« Cette somme devait, d'après nos estimations, monter
à 41 millions quand la loi serait dans son plein, c'fistà-dire
dans un laps de 12 à 15 ans.
« Les calculs de l'honorable M. Jules Roche lui donnent
une dépense immédiate de 23 484500 francs, et l'amènent
à un chiffre de 54 200 000 Ir., dans le laps de dix
à douze ans.
« Nous sommes donc à peu près d'accord pour la dé-
,pense initiale. Cependant, nous avons été amenés à diminuer
nos chiffres primitifs. •
iOO MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
« Le total de l'augmentation de crédit nécessaire pour
faire face, vis-à-vis des 9273 instituteurs actuels, à l'application
des deux premiers paragraphes de l'ancien article
40, est, d'après les calculs duministère, de 19 284 000 fr.
Ce chitfre doit être abaissé notablement, en tenant
compte de deux éléments : 1° les calculs portent au minimum
de 1000 francs un nombre- considérable (environ
2600) de stagiaires qui, en réalité, ne toucheront que
800 tr. Il y a donc là une défalcation de 5 200 000 francs.
« 2° Les instituteurs ne jouiront de l'augmentation des
traitements que s'ils ont déjà le temps de service qui leur
donnerait droit à l'avancement de classe. Or, le calcul du
ministère avait été fait sur tous, sans distinction. En
estimant à 800 000 la diminution de ce chef, on ne serait
pas, je pense, au delà de la vérité.
« Entin, au 3° paragraphe, nous avions inscrit une
dépense supplémentaire de 2 millions, destinée à faire
face à certaines situations exceptionnelles. Nous vous
proposons de la réduire à 1 million.
« C'est donc une diminution de 7 millions sur le chiffre
primitif, ce qui le ramène à 12 2S4 000 francs.
« Les charges résultant de l'article 41 ont été évaluées
par nous à 2 millions, et la commission du budget a accepté
ce chiffre.
''
« Enfin, un amendement, qui a été accepté à l'unanimité
par votre commission, naccorde l'augmentation
qu'aux instituteurs laïques, les seuls qui aient à supporter
des charges de famille, et pour lesquels on soit sûr
du moins que c'est bien le fonctionnaire lui-même qui
bénéficie de la loi.
« Or, il restera, après l'application totale de la loi sur
les titres de capacité, 12 à 15 000 instituteurs congréganistes.
Si nous supposons que la loi actuelle leur donnait
à chacun une augmentation de 250 francs, nous arrivons
Uiie dimuiution d'environ 2 millions,
i Enfin, les charges résultant de l'article 46, qu'elle estime
à 200 000 francs, nous paraissent devoir être considérées
comme nulles dans l'état actuel des choses. 11 n'y
a pas, en dehors du brevet supérieur, déjà rémunéré en
vertu de la loi de 1875, cinquante certificats d'aptitude à
l'inspection et au professorat entre les mains de simples
instituteurs. Le rapport de la commission du budget en
les estimant à 2000 est donc bien au-dessous des estimations
réalisables.
« En résumé, nous partons d'une dépense totale immédiate,
de 12 284 000 francs et non de 23484500 francs.
« Et où allons-nous ?
« A 54 millions, dit M. le rapporteur de la commission
du budget, et cela en huit ans (p. 12); à 31 millions,
avions-nous dit, et cela en douze ou quinze ans.
(c L'honorable M. Jules Roche suppose que la progression
actuelle dans le nombre des instituteurs continuera
suivant la même raison, et que les 92 732 deviendront en
huit ans 121 752.
« Mais nous devons vous faire observer que cette progression
sera ce que vous voudrez qu'elle soit, puisqu'elle
n'a lieu qu'en vertu des lois de finances votées chaque
année. En 1884, il sera créé 3000 postes nouveaux, qui
emploieront la somme de 3 millions portée à notre budget.
Tout fait penser qu'au projet de budget de 1885 ce crédit
sera beaucoup réduit.
s 11 n'est donc pas possible de déterminer à l'avance
ia loi de progression. Quant au chiffre de l'honorable
PARTIE
GÉNÉRALE.
6,5
de la commission spéciale, devançant, en quelque sorte, '
la décision de la Chambre. Elle s'est réunie aujourd'hui
et elle a supprimé la plupart des dispositions qui entraînaient
des conséquences financières ; elle n'a réservé que
le chapitre 5, relatif au traitement du personnel enseignant.
« D'après le rapport que vient de lire l'honorable
M. Paul Bert, il résulte qu'il n'y a plus de dispositions
entraînant des conséquences financières que dans le chapitre
5 du projet, intitulé : « Du traitement du personnel
enseignant, s
« Cette décision a simi)lifié les choses, mais elle ne saurait
modifier les résolutions du Gouvernement. Décidé,
comme je l'ai dit tout à l'heure, à ne pas demander la
création de nouveaux impôts, mais désireux de voir discuter
une loi qui organise le régime de l'enseignement
primaire public et privé, il attendra que la discussion le
conduise à l'examen du chapitre 5, pour poser devant la
Chambre la question qu'il a déjà posée devant la commission
du budget et devant la commission spéciale, et pour
vous demander de ne pas voter ce qui reste des dispositions
qui entraîneraient des conséquences financières, et
que la commission a cru devoir maintenir.
« Telles sont, messieurs, les explications que je crois
devoir fournir à la Chambre, afin qu'il soit bien entendu
que, de la part du Gouvernement, l'attitude d'hier est
celle d'aujourd'hui et qu'elle restera l'attitude de demain. »
Par 2G0 voix contre 220 sur 480 votants, la Chambre
repousse le renvoi de la discussion à jeudi, réclamé par
quelques membres et fixe cette discussioii au mardi
19 février.
Séance du mardi -19 février 1884.
finances,
Suite de la dl.scnssîon : t° de la proposition
de loi de IH. Paul Bert, sur l'organisation
de l'enseignement primaire; du projet
de loi relatif à la nomination et au traitement
des instituteurs et institutrices'.
M. LE PRÉSIDENT fait Connaître que l'ordre du jour appelle
la suite de la discussion : 1» de la proposition de
loi de M. Paul Bert, sur l'organsisation et l'enseignement
primaire ; 2° du projet de loi relatif à la nomination et au
traitement des instituteurs et institutrices.
La Chambre s'est arrêtée au titre II. — De l'enseignement
public. — Chapitre premier. — De l'établissement
des écoles pubhques.
Avant de donner lecture des articles, le président prie
les orateurs de suivre attentivement le débat, à cause du
nouveau numérotage de certains articles sur lesquels ils
ont l'intention de prendre la parole; il prie également les
auteurs des amendements de vérifier si leurs textes cadrent
avec la nouvelle rédaction de la commission.
L'article 7 proposé par la commission est ainsi conçu :
_ 8 Art 7.— Toute commune doit être pourvue an moins
d'une école pritnaire publique. Toutefois, le conseil départemental
peut, sous réserve de l'approbation du ministre,
autoriser une commune à se réunir à une ou plusieurs
communes voisines pour l'entretien, d'une école.
« Lorsque la commune ou la réunion de communes
compte 400 habitants et au-dessus, elle doit avoir au
moins une école spéciale pour les filles, à moins d'être
autorisée par le conseil départemental à remplacer ses
écoles spéciales par des écoles mixtes quant au sexe. »
« L'article 7, mis aux voix, est adopté.
M. LE rniSsiDENT lit le texte de l'article 8.
« La circonscription des écoles de hameau créés par
application de l'article 8 de la loi du 20 mars 1883 pourra
s'étendre sur plusieurs communes.
« Les communes intéressées contribuent aux frais de
construction et d'entretien de ces écoles dans des proportions
déterminées par le conseil départemental. »
M. BouiiGEois, à l'occasion de l'article 8, dit qu'il désirerait
que, lorsque l'administration songe à créer une école
de hameau, il soit tenu compte d'une manière un peu
sérieuse et du vote des conseils muncipaux, et, dans une
mesure plus large, des appréciations du conseil général.
« Il regrette qu'aux termesde la loi existante, l'adniinis-
1. Voir Manuel général, année 1885, n°" du 24 novembre,
p. 455.
tration puisse créer une école de hameau alors mênie ^e
le conseil municipal s'y oppose, et que le conseil général
a donné un avis défavorable. Dans son département, ditil,
le département de la Vendée, on suit, pour la construction
des écoles de hameau, une sorte de règle géométrique.
a On prend un compas, on met le point d'une dçs
branches sur le chef-lieu de la localité et on fait tourner
l'autre branche du compas ; tout ce qui n'est pas commis
dans un périmètre à distance de 3 kilomètres 'est gratilie
d'une école de hameau. » Il résulte de l'application de ce
procédé de graves inconvénients. L'école du hameau dans
ces conditions est bien souvent une superfètatioti. Et ce
sont ces dépenses inutiles qui empêchent aujourd hui la
proposition de loi de M. Paul Bert de recevoir une complète
satisfaction.
d Si on avait moins prodigué l'argent des contribuables,
vous ne vous trouveriez pas dans cette triste situation
d'avoir peut-être à refuser aux instituteurs le pain dont
ils ont besoin. .4.vant de faire des bâtiments scolaires
dont la nécessité ne s'imposait pas, il fallait se souvenir
— permettez-moi une comparaison familière — qu après
avoir doré la cage, il n'y aurait plus de pain pour 1 oiseau,
il ne resterait plus rien pour le pauvre instituteur.
Voilà la situation à laquelle on nous a acculés. »
En procédant comme l'a indiqué l'orateur, il arrive
cette monstruosité 'que l'on englobe dans le périmètre
acquis à l'école de hameau le chef-lieu d'une^ commune
voisine, or, lorsque dans une commune, il n'y a qu une
classe, un seul instituteur, et que 80 à 90 petits enfants
peut-être sont entassés dans l'école, il serait plus sage, au
point de • vue des intérêts de l'instruction primaire,
comme au point de vue de la bonne administration des
de doter cette commune d'un maître adjoint et
d'une seconde classe, et de forcer les. petits enfpts qui
demeurent près de la commune voisine à aller a 1 école
de cette commune. . . •,
M. BOURGEOIS rapporte d'autre part, un bruit qui, dit-it,
a couru, et qu'il espère voir démentir. Peut-être a-t-on
mal rapporté les faits, peut-être est-ce lui qui a mal compris,
mais on a représenté les inspecteurs primaires
et les inspecteurs de l'instruction publique comme des
courtiers qui toucheraient une sorte de prime par chaque
école de hameau. , . .
« On a dit que, pour épargner à l'inspecteur des frais
de tournée, auxquels il a droit, il était plus facile de lui
allouer cent francs par chaque école de hameau qui serait
construite. , . .
« Enfin, l'orateur se sépare de M. Paul Bert sur le point
suivant : lorsqu'il s'agit d'instituteurs, il ne mesure pas
leurs mérites et leurs besoins à la longueur ou a la forme
de leurs vêtements, et tous ceux qui rendent des services
aux pères de famille, qui se livrent à l'instruction, qui
travaillent, doivent, suivant lui, être payés , retirez-letir
leur qualité d'instituteur si vous voulez, retirez-leur te
droit d'enseigner, mais, jusqu'à ce que vous l'ayez tait, ils
sont égaux aux yeux de la loi, aux yeux de l instruction,
aux yeux du devoir, et vous leur devez une part égalé.
M. FiLLiiiKES, ministre de Vinstruction publique et des
beaux-arts, rappelle à la Chambre que les ecoles de
hameau n'ont pas été instituées par la loi qui est; aujourd'hui
en discussion, mais par l'article 8 de la loi nu
20 mars 1883; c'est cette loi qui a décidé que les ccoles
de hameau devaient être créées dans un centre de population
distant de trois kilomètres au moins du chet-lieu,
à la condition, dont n'a pas parlé M. Bourgeois, — que
ces écoles devront, pour être ouvertes, réunir un ettectit
de 20 enfants. ,
Quant à la question de savoir comment la procédure
suit son cours, c'est encore la loi du 20 mars 188o, qui
l'a réglée. ,
« Cette loi, dit le ministre, a été faite dans un moment
où l'administration se trouvait en présence du mauvais
vouloir de cerlains conseils municipaux et de certains
conseils généraux; on a décidé alors, et très sagemen ,
que, s'il était indispensable de prendre l'avis des consens
même établi, comme garantie, que, lorsque le ministre
serait appelé à décider la création d'une école de hameau,
contrairement à l'avis du conseil général, il serait oblige
MANUEL GÉNÉRAL OÉ Jt.,'INSÎRUyT10N
PKIMAIRE.
^^e spumptlre flréa'aWf ment i',affaire à l'avis, du cofts.qi}
•,4:Etat. B
. Voilà cqm^ept Ips .c}io?es .clflivfnt se paf.s,er,.et si, d.an^
Je département dont p^pie (Jl. Bçiipgepjs, des faits COJJ-
Jtraires à .cette proçéçîiire étaiçpt portés à ma çonnaissanc
îe ministre'n'a pas besoin de dire que son premier devo
serait rte r.appelpr les administrateurs a,u respect; de
• Ipi. .Mais rien de pareil.i)e m'a été. signalé,
M..Bourgeois,s'e.^t dem?,n,dé ,fi ,P,n ne pn.uyait pas,,çc»pT
• sidérer nos inspecteurs d'aça.démie et nos inspecteui-s
• iprimaires comme de .yérifatles courtiers d'écoles tie
.•Ji^my^Ur . .... .
(( Je ne sais p9S, répond le ministre, où l'bonorpbte
;M. BoiirgeoiS;a pris cette e^pressi^ip, mài^ .aucune qu,ali-
-Àçation n'est plus inju^^te,.car ni tes inspecteurs d'académie,
ni les inspecteurs primaires n'ont re.ç" de personne,une
mission qui puisse la l(ur attirer. Dévoués à
^urs devoirs, ils .éclairent les, communes sur leur situation
: scolaire. »
Quant à la somme de iOO (riancs .que l'on considérait
tout à l'heure comme la pri.ijje ,de ce prétendu courtage,
M. Fallières rappelle qu'il .a élé institué par spn pr.édé-
-cesseur, il y a 3 on .4 ans,.une. çoijjmi.sgi.pn départern.entale
pour examii^er les plans fit fl.u'elle .cçmprepait, .clans
son sein, un inspecteur .chargé.de Viéritipr les travaux à
mesure qu'ils se ppursuiyaiept. Quand il s'est agi de
, SPlder les pemptes, , on les a . trouvés, .au ministère de
l'instruction publique, beaucoup trpp.élevés ; ils atte>
gnaient pour chaque inspecteur des travaux jusqu'à '5
et 400 fr. par .maison d'école. On pensé alors qu'pn
pouvait contier cette missiOin de.suryeillançe aux inspecteurs
prim,aires. Et, cornjne l'on s'est aperçu qu'elle en-
.tr.ainait pour eux certaines dépenses, on a décidé qu'il
leur serait alloué une spmrne de fOO francs peur ces
visites qui leur étaient imppsé.es, soit par leur chef,
l'inspecteur d'académie, spit par le ministre. Voilà quel
est le caractère de cette indemnité.
« Il ne saurait êti'e q.u,ef.tîDn,. dit 51. J^àllières, d'un
courtage, quand il s'agit de c.es fonctionnaires Ijpflnètes
et dévpués, que je tenais, à .défepidre.ici. »
M. Bo.DB.EEI)IS. dit flu'il n'a pas .eu )a pençée .d'attaquer
les inspecté.urs; il.répète, dlaqtre'.part, gu.e...suivant Ipi,
on peut plus utilement fl.yÇil.quefpis emplpyer les deniers
de l'Etat en agrandissant l'écple commun,aie' primaire
d^une commune linaitropiie, placée dans le périmètre fatidique
de 3 kilomètres des p,e);it.s ;gro.i|pes..d'habit3pt.s soisins.
M. Loaoïs critique l'indemnité de dOO fr£\nçs, accordée
aux inspecteurs de l'enseigne,m.ent .primaire, phargés de
l'examen des travaux d.es écoles à, construire. « .11 est impossible
de placer plus mal fies 100 francs ; il ^st impossible
également qu'un inspecteur .del'in^truRtionp.rimaire
.puisse inspecter la cpnstructipn des écples.
« Cette mission ne rentre pas /ians sa spécialité; tout
le mpnde sait cela ; il peut .être un très bpn inspecteur
de l'enseignement primaire et ne se connaître, en rien
aux qualités du mortier, des maçonneries et constructions.
Les tournées qu'il doit faire pour inspecter les écoles
ne lui laissent pas .sulfisamment le temps de se livrer à
l'inspection des travaux. Il ne peut rien voir et ne voit
rien en tait de cpnstructipn d'écples.... En réalité et en
fait, cette prime de 100 francs est uniquement un encpuragement
aux inspecteurs primaires pour pousser à la
construction des écoles. »
L'article 8 est adopté.
M. LE PRÉSIDENT lit l'article 9 (ancien 11).
« Le conseil départemental de' l'instruction publique,
après avoir pris l'avis des conseils municipaux et celui
des comités cantpnaux, détermine, sous réserve de l'approbation
du ministre, le nombre, la nature et le siège
des écoles primaires publiques de tput degré qu'il y a lieu
d'établir pu de maintenir dans chaque cpmmune, ainsi
que le npmbre des maîtres qui y sent attachés.
« Le cpnseil départemental ppurra, après avis du cpnseil
municipal et du comité cantpnal, a'utpriser un instituteur
PU une institutrice à recevoir des élèves internes
en nombre déterminé et dans des conditions déterminées.
»
L'article 9, mis aux voix, est adopté.
•< Art. 10 (ancien 12). — L'établissement des écoles
primaires publiques de tout prdre, le Ipgement de chacun
des membres du nerspnnel enseignarjt attachés à ces
é.çples. rçnlrelien pu la locaiipu. des Làtimeufs et de leurs
dépendances, i'^cquîisilion et l'entréMen du mobilier fcpjà'iré','le
chauffage et' i;éclairi)ge des classes, la-rémunéraiion
des gens dp service, soiit des d'épenses iobligatoires
pour Ips communfs^ Elles , sont acquittées sur'des ressources
autres que celles qui proviennent des quatre
fçntimes spéciaux, de l'enseignement primaire.
Tout.etois,'1''F,ltat peutintèrvehir dans les dépenses de
const-n'Ction. d'acquisitipq et d'appropriation des locaux,
ainsi que dans l'acq.ùisition du mftbîli.er scolaire, par'des
subventions réglées conformément aux dispositions des
lois du l»'juin 1878, du 2 aoiit 1881 et du 20 mars lS8ô. »
'-:-•• (Adopté:)
« Art.'11 (ancien 79).—Jns.qu'au 51 décembre lS8u,et
pour les cpmmunos qui n'auront pu jusque là se rendre
propriétaires!des immeubles destinés à leurs écoles,l''lîfat
pourra continuer de prendre à sa charge tout ou partie
de la dépense résultant de la location des bâtiments servant
à la tenue des classes ou au lo?ement des maîtres.
Passé ce délai, l'article 10 de la présente loi recevra son
entière exécutipn. »
M. r.oKOis ne.-Voit pas d'application possible de l'article ll
en discussion «'Jusqu'au 31 décembre 18S.5.... » dit cet
article, les cpmmunes pourront continuer à louer des
bâtiments pour les maisr ns d'écolç, mais passé ce délai
du 51 décembre l'885. elles devront être propriétaires de
leurs maisons d'école, c'est-à-dire dans un délai de-dixhuit
ou'vingt mpis. Or, d'après les renseignements dpnnés
par le Gpuvernement lui-mime, la construction des
maisons d'école exigerait à peu près 700 millions; il
faudra donc que ies communes trouvent cette spmrne
pour se cpnformer aux prescriptipns do la loi? Or, ou
sait, quel est l'élat de la caisse des écoles : elle n'a plus de
fonds ni po.ur allocations de subventions ni pour consentir
des emprunts. L'orateur demande comment la commission
peut supppser que d'ici au 51 décembre 1885 les
cpmmunes aurpnt pu cpnstruire leurs maispns d'école,
aux termes.de cet article 11.
M. P.voL CERT, rapporteur, dit que -d'accerd avec le
ministre, la ccmmission abandonne cet article.
« Art. 11 (anci.en article 15). — L'établissement des
écoles normales avec leur école annexe, l'entretien des
bâtiments,l'acquisition et l'entretien du mpBiliét' çcp/aire,
le chauffage et l'éclairage dçs différents services, ' sont
des dépenses obligatoires oourles départements.'Il y' est
pourvu à l'Mde d'è ressources départementales autres flue
les quatre centimes sjDéciaux de l'enseignement primaire.
« Il en est de'même pour les dépenses,nécessitées par
l'installation et le fonctionnement du conseil départemental
et du bureau de l'inspecteur d'acadéniie. »'
L'article ii, mis aux voix, est adopté.
CHAPITRE II
De Ventretien des écoles primaires publiques. |
« Art. 12 (ancien 14). ,— La dépense scolaire annuelle
de ,l'enseignement primaire public à tous les degrés,
comprend :
« l?Les, traitements du perspnnel enseignant de tout
ordre;
«2» Le traitement des fonctionnaires chargés de'l'inspection
et de l'administration;
« 5° L'entretien et le renouvellement du matériel d'enseignement.
« Un règlement d'administration publique et des arrêtés
ministériels rendus après avis du conseil supérieur,
fixeront, pour chaque catégorie d'écoles publiques, le
.nombre et la,nature desphjets formant le matériel obligatoire
d'enseignement, ainsi que les conditions dans ,lès-
quelles il seramisà la disposition desicoles, des maîtres
et des élèves. » — (Adopté.)
« Art. 15 (ancien 15). — Il est pourvu aux dépenses
ordinaires de l'enseignement primaire public au .moyen :
« 1° Des dons et legs;
« 1° Des quatre centimes communaux spéciaux à l'instruction
primaire, pu d'une somme égale prélevée sur
les revenus ordinaires des communes, conformément aux
dispositions de l'article 2 de la loi du 10 juin 1881 sur la
gratuité ;
« 3" Des quatre centimes départementaux créés par les
arfintpsî /iR dp tn tni fin 't.^i in;ii'(ï '1 R?iO -t A fin tn loi fin
^
EARTIE GEJSIÉRALE.
¥
10 avril -1807 e.t ^ dg la loi du J.D.JuiUef. 'IÇTSj.et rendus
obligatoires pàv l'arMclé -{'de là l'pi'dtt ie jùiti WSl ;
bu'préïèïçmpnjt's^rjfe. cmrmiéfc.e/de^' revqnùs ordinaires,
institué par l'articlfi 3 de la loi du ICjum 1,881.
dans les communes, 9Ù, la d,u
iOO
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
mande à la Chambre la permission de rappeler, car elle
intéresse un grand nomire de nos communes.
« Voici ce que je disais à M. le ministre de l'instruction
publique, dans la séance du 8 décembre 1882 :
« Avant de passer au vote sur l'ensemble du chapitre 54,
je veux appeler l'attention de M. le ministre sur une
question d'une importance pratique considérable, qui se
rattache à l'application de la loi nouvelle sur la gratuité
de l'enseignement primaire.
« Je demande quelle situation est faite, par la loi nouvelle,
aux communes au profit desquelles des dons et legs
ont été ou seront consentis au profit de l'enseignement
primaire.
« La loi du 16 juin 1881 donne aux communes la faculté
de s'exonérer des quatre centimes obligatoires pour le
service de l'enseignement primaire, en exerçant im prélèvement
de même somme sur le montant des dons et legs.
« Mais cet article ne donne qu'une partie de la solution ;
car, quand le prélèvement des quatre centimes sera opéré,
s'il reste un reliquat sur le montant des dons et legs, à
qui sera attribué cet excédent?
« Sera-t-il attribué à la commune? Continuera-t-elle à
en bénéficier comme par le passé? La subvention à laquelle
la commune a droit sera-t-elle fi.xée sans avoir égard à ce
reliquat, ou, en d'autres termes, entend-on imputer ce
reliquat sur la subvention accordée à la commune?... »
« Et je terminais en disant :
(X L'excédent doit rester à la disposition des communes,
car une solution contraire créerait à celles-ci une situation
souverainement injuste en droit et en équité ; elle irait à
rencontre de la volonté incontestable des testateurs, des
donateurs, de laire profiter de leurs libéralités non pas
l'Etat, mais les communes.... Dans une pareille question,
qui intéresse à un si haut point un grand nombre de nos
communes, il faut une règle fixe et invariable, qui ne
prête pas à controverse.... »
« Et M. le ministre de l'instruction publique me répondait
: « Comme je partage absolument l'opinion qui vient
« d'être développée, je ne crois pas avoir besoin d'entrer
« dans de longs détails,
« Pour moi, les dons et legs faits aux communes doivent
« entrer en déduction des 4 centimes ordinaires, et, quand
• il y a excédent, cet excédent doit être acquis aux com-
K munes ; il ne vient pas en déduction des subventions de
i l'Etat. Telle est la réponse que je suis heureux d'avoir
PARTIE GÉNÉRALE 73
« Il est pourvu aux dépenses ordinaires de l'enseignement
primaire puljlic au moyen....
« 2» Des 4 cenlimes communaux spéciaux à l'instruction
primaire ou d'une somme égale prélevée sur les revenus
ordinaires de communes conformément aux dispositions
de l'article 2 de la loi du Ifi juin 1881 sur la gratuité. »
Et, d'autre part, l'article 2 de la loi du 16 juin 1881
porte ce qui suit, dans son deuxième alinéa :
« Les communes auront la faculté de s'exonérer de tout
ou partie de ces 4 centimes en inscrivant au budget, avec
la même destination, une somme égale au produit des
centimes supprimés, somme qui pourra être prise, soit
sur les revenus des dons et legs, soit sur une portion.quelconque
de leurs ressources ordinaires et extraordinaires. »
Le produit des dons et legs devra donc, dans la pensée
du Gouvernement comme dans la pensée de la commission,
décharger d'autant les 4 centimes communaux, et ce ne
sera qu'autant que ce produit ne serait pas suffisant pour
parfaire le montant de ces 4 centimes, que l'on prendra
sur les 4 centimes eux-mêmes la somme nécessaire pour
assurer le complément. S'il y a excédent, les communes
pourront employer cet excédent aux autres besoins scolaires.
M. BERNARD dit que cette réponse lui donne toute satisfaction.
M. JULES ROCHE se déclare satisfait par la nouvelle rédaction
de M. Paul Bert.
M. LE PRÉSIDENT cousulte la Chambre, la demande de
renvoi à la commission étant maintenue par M Drumel.
Le renvoi à la commission est mis aux voix et prononcé.
M. LE PRÉSIDENT lit le tcxtB de l'article 14.
Art. 14. — Les conseils municipaux sont autorisés à
voter six centimes additionnels au principal des quatre
contributions directes, qui seront exclusivement consacrés
soit à des suppléments de traitement aux instituteurs
et institutrices, soit à des améliorations au service de
l'enseignement primaire. »
M. Louois demande que la commission donne une explication
sur le sens de cet article.
« Tous les conseils municipaux ont le droit de voter des
centimes additionnels dans les limites de la loi des
finances, c'est-à-dire au nombre de 20,'pour les appliquer
à l'instruction primaire, ou à tout autre service communal
; ils n'ont besoin, pour cela, d'une autorisation spéciale.
Je demande à la commission si elle entend dire par
son article 14 que les comrnunes peuvent voter ces 6 centimes
dans la limite de 20 centimes qu'elles sont autorisées
à voter, et, dans ce cas, l'article serait inutile, ou si
cès 6 centimes qu'elles voteront pour l'instruction primaire
seront considérés comme des csntimes spéciaux,
en dehors des 20 centimes. Il faudrait le dire d'une manière
formelle, car il est impossible de le savoir en présence
d'une rédaction aussi vague.
« D'un autre côté, je ne sais pas si M. le ministre des
finances approuvera cette faculté donnée aux communes
de créer, en dehors de' 20 centimes autorisés par la loi
de finances, de nouveaux centimes spéciaux, qui s'ajouteront
aux centimes spéciaux pour l'enseignement primaire
et aux centimes spéciaux pour les chemins vicinaux.
« Dans tous le§ cas il faut savoir si ces 6 centimes rentrent
dans les 20 centimes que nous accordons tous les
ans aux communes, ou si ce sont des centimes spéciaux.
0 Dans-ce dernier cas, j'y verrais, pour moi, un certain
danger, parce que cela permettrait d'augmenter
d'une manière considérable les centimes additionnels qui
pèsent lourdement sur la propriété foncière.
« M. LE RAPPORTEUR. Je répouds d'un mot : ils sont en
dehors des 20 centimes.
« M. LOROIS. 11 n'était pas inutile de le dire. La propriété
foncière aura alors à supporter une nouvelle charge. »
M. GuicRARDdit que l'article critiqué par 51. Lorois n'est
ilue la remise en vigueur de la loi de 1876, qui, en outre
des centimes obligatoires, accordait aux communes 6 centimes
purement facultatifs, afin de les mettre à même de
compléter le bienfait de la loi sur la gratuité de l'enseignement
primaire.
Les dispositions de l'article 4 de cette loi, qui n'a soulevé
aucune difficulté lorsqu'il a été voté, font aujourd'hui
absolument défaut; « car, lorsqu'une commune
sent qu'il est juste d'augmenter le traitement de son instituteur
ou de son institutrice ou d'ajouter un perfectionnement,
une amélioration à son matériel scolaire, et
qu'elle a épuisé ses centimes facultatifs, elle est obligée
de demander au préfet l'autorisation de s'imposer extraordinairement,
et, souvent la multiplicité des affaires qui
se pressent dans les bureaux de la préfecture occasionne
des retards prolongés qui rendent impossible la réalisation
de ses délibérations ; ainsi lorsqu'une commune veut
récompenser les longs services d'un bon instituteur,
lorsqu'elle juge que son matériel scolaire est insuffisant,
elle n'a même pas la faculté de subvenir à ses besoins
avec ses propres ressources.
« Mais l'autorité la plus grande est celle de la loi qui a
été votée en 1870. L'article 4 de la loi du 20 décembre
1876, après avoir énuméré les différentes ressources qui
étaient obligatoires et qui devaient subvenir'aux nécessités
de la gratuité, dans la supposition que ces centimes
obligatoires seraient insuffisants, se termine par cette
dernière disposition :
« Si ces ressources réunies ne suffisaient pas à sub-
« venir à toutes les dépenses d'entretien de la gratuité,
« la commune pourrait encore y affecter une nouvelle
« imposition extraordinaire et spéciale de six centimes
« additionnels au principal des quatre contributions di-
« rectes. »
« Voilà ce qui existait et n'a jamais été abrogé. Or,
faute d'exécuter cette loi, un certain nombre de communes
ne peuvent faire face aux nécessités de l'enseignement.
Je ne comprends pas, lorsque l'Etat reconnaît luimême
qu'il est dans l'impossibilité de subvenir à tous les
services de l'instruction primaire, qu'il refuse aux communes
de faire volontairement des sacrifices dans ce but.
(Très bien ! très bien ! ) »
L'orateur appuie l'article^de la commission.
M. LE COMTE DE LANjDiMAislînsiste pour que la Chambre
ne vote pas l'article 14, les communes étant déjà surchargées
d'impôts.
Par 424 voix contre 61, sur 485 votants, l'article 14 est
adopté.
M. LE PRÉSIDENT dît que la commission lui a fait savoir
que c'est par erreur que l'article 16.— devenu article 15
— a été réimprimé dans la nouvelle distribution. On
passe donc au chapitre 3.
« Du personnel enseignant. — Conditions requise,^
Je lis l'article 17 qui prend le n° 15 à la place de l'article
qui avait été reproduit par erreur dans la nouvelle
distribution.
« Art. 15. —L'enseignement dans les écoles publiques
est donné conformément aux prescriptions de la loi du
28 mars 1882 et d'après un plan d'études qui sera délibéré
en conseil supérieur.
c Pour chaque département, le conseil départemental
arrêtera l'organisation pédagogique des diverses catégories
d'établissements par des règlements spéciaux qui
seront soumis au conseil supérieur de l'instruction publique.
»
M. CoMPAYBÉ demande que le libellé de cet article soit
modifié, le plan d'études ayant été délibéré par le conseil
supérieur.
M. LE PRÉSIDENT met aux voix l'article modifié ainsi qu'il
suit :
« L'enseignement dans les écoles publiques est donné
conformément aux prescriptions de la loi du 28 mars
1882 et d'après le plan d'études délibéré en conseil supérieur.
« Pour chaque département, le conseil départemental
arrête l'organisation pédagogique des diverses catégories
d'établissements par des règlements spéciaux soumis au
conseil supérieur de l'instruction publique. »
L'article 15, ainsi rédigé, est mis aux voix et adopté.
Article 18, devenu article 16.
« Dans les écoles publiques de tout ordre, l'enseignement
est exclusivement conlié à un personnel laïque. »
M. FREPPEL demande la suppression pure et simple de
cet article.
« 51. le rapporteur, dit l'orateur, ne s'est pas trompa
dans son exposé des motifs en disant que cet article contient
la disposition la plus importante du projet de loi.
Cet article proclame en effet la laïcisation complète du
personnel dans les écoles publiques; c'est lui qui donnera
au projet de loi en discussion son véritable caractère,
en venant aggraver la loi du 28 mai:,sl882. au risqu
iOO
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
de soulever dans le pays les mêmes difficultés, sinon des
difficultés plus considérables encore, et d'ajouter uii nouvel
aliment à la division des esprits. (Très bien ! très
bien ! à droite.)
a II est vrai qu'après avoir énoncé le principe de la
laïcisation complète des écoles publiques, on renoncé à
en poursuivre l'application immédiate, d'après l'article 17,
c'est dans un délai de cinq ans pour les .écoles publiques
de garçons et dans un délai plus considérable encore pour
les écoles publiques de jeunes filles, que devra s'effectuer
la laïcisation proclamée dans l'article 16.
PARTIE GÉNÉRALE.
6,5
« Ma conviction n'a fait que se fortifier sur ces trois
points, et j'espère bien que le temps n'est pas éloigné, où,
de concert, nous abrogerons dans cette enceinte une loi
dont l'expérience aura démontré les vices et l'inanité.
(Très bien! très bien! et applaudissements à droite.
~ Inlçrruptions ironiques sur plusieurs bancs à
gauche.)
a Mon Dieu, mèssieurs, si l'espérance est restée au fond
de la boîte de Pandore, elle n'est pras non plus sortie, que
je sache, des urnes de la Chambré des députés. (Rires à
drbite). Il s'est passé dans cette enceinte, depuis cent ans,
des choses tellement contradictoires, que je ne désespère
pas de voir' niôn désir se réaliser cômpléteniient. (Rires
et applaudissements à droite.)
« Mais enfin quoi qu'il faille penser de la loi du 28
mars 1882, je la prends telle qu'elle est et je soutiens
qu'il n'est pas exact de dire avec M. le rapporteur qu'elle
a pour conséquence nécessaire d'interdire les écoles publiques
aux instituteurs et aux institutrices congréganistes.
Permettez-moi, en effet, de vous faire remarquer
tout d'abord que les membres des congrégations religieuses
sont les meilleurs juges de ce qu'ils se doivent à
eux-mômes, de leur honneur et de leur dignité ; s'ils
avaient pensé que l'observation de la loi du 28 mars 1882
fût incompatible avec leur caractère religieux, ils auraient
abandonné vos écoles au lendemain même de la promulgation
de cette loi; s'il né l'ont pas fait, c'est qu'ils ont
estimé que la loi du 28 mars 1882 n'avait pas pour résultat
nécessaire de leur interdire les écoles publiques.
Né soyez donc pas plus congréganistes que les eongréganistes
eux-mêmes. (Rires approbatifs à droite). Quittez ce
souci, laissez aux intéressés le soin de décider si leur
situation est devenue ou non impossible..
«A cette première observation j'en ajouterai une autre.
« Le conseil supérieur de l'instruction publique, agissant
dans la plénitude de- son mandat légal, a placé, parmi
les matières obligatoires de l'enseignement primaire, les
devoirs envers Dieu, tels que les dicte la raison naturelle.
Or, messieurs, c'est là un point fort important et
que pour ma part, je suis loin de dédaigner, car la religion
révélée a son fondement dans la raison et dans la. ,
conscience' humaine. (Très bien 1 très bieml èt droite. —
Intenruptlons à gauche.)
« Je^ sais très blêii qUe le^ instituteurs et institutrices
côngféganistes ont le devoir d'aller plus loin- et de donner
à leurs élèves l'éducation et l'instruction chrétienne.
M. le ïapporteur a eu raison-de'citer dans son travail' Ifes
Statuts des'frères des écoles chrélîennes qui' sont fbrmelsà
cet égard; mais ces statuts né-disent pas'â quelle heure,
ni dans quel local l'instruction chrétiemlB devra être
donnée» La loi du 28 mars 1882, — j'en appelle à M. le
ministre de l'instruction publique, — est également
muette à cet égard : elle n'interdit ni à l'instituteur
laïque ni à Vinstituteur congréganiste de donner à' ses
élèves, sur la demande des parents, en dehors de l'heure
et du local des classes, l'instruction religieuse.
« Donc; tant que vous ii'aurpz pas fait une autre loi leur
défendant de donner l'instruction chrétienne dans les
conditions que je viens d'indiquer, la loi du 28 mars 1882
restera, pour les congréganistes, une grande gêne, une
grande entrave, un grand' obstacle, une grande difllcuHé;
mais elle n'aura pas pour conséquence néde'ssaire de leur
fermer les écoles publiques; et, par conséquent, le premier
motif allégué par M. le rapporteur, son motif le plus
important et le plus spécieux, n'a aucune éspèce de valeur.
Très bien ! très bien ! à droite.)
« J'arrive au second motif invoqué par M. le rapporteur
pour exclure des écoles publiques les instituteurs et
les institutrices congréganistes.
« A l'entendre, l'obéissance qui les lie envers leurs
supérieurs conventuels serait inconciliable avec la sou*-
mission qu'ils doivent à leurs chefs universitaires. Messieurs,
je ne vois aucune espèce de raison à cette prétendue
incompatibilité, car les supérieurs religieux et les
chefs universitaires opèrent sur deux terrains tout à-lait
différents, et dans doux sphères qui ne se touchent par
aucun côté.
« Les supérieurs conventuels ont pour mission de
tracer aux membres de leurs communautés les devoirs de
lu vie spirituelle, de veiller à l'observation de la règle en
ce qui regarde la conduite morale et les exercices religieux;
mais quant aux programmes, quant aux méthodes.
à_la direction des études, à la distribution du travail, ils
n'ont rien à y voir dans les écoles publiques; tout cela
est du ressort du chef universitaire.
« M. le rapporteur a cité, dans son travail, un passage
des statuts des frères de la doctrine chrétienne;
mais ce passage s'applique aux écoles libres, aux
écoles indopendantes de l'Etat, aux écoles où les frères
peuvent se mouvoir à leur gré en toute liberté, mais nullement
aux-écoles de l'Etat qui, en 1810, n'existaient pasmême
dans le sens où-nous l'entendons aujourd'hui.
« Oui,.j'ose l'affirmer sans- crainte, en ce qui regarde la,
matière pédagogique, la seule en question, les inspecteurs'
d'académie et les inspecteurs primaires rencontrent chez
les instituteurs et les institutrices congréganistes autant
de docilité que chez les instituteurs et institutrices
laïques; et même peut-être un peu plus, à cause du secrétariat
de mairie qùe vous enlèverez, je l'espère du moins,
aux instituteurs laïques, ou, pour mieux dire, dont vous
les délivrerez, parce que c'est une source incessante de
conflits, l'instituteur étant porté tout naturellement à s'appuyer
sur le maire, sur le conseil municipal, dont il esfc
le délégué, contre l'inspecteur d'académie et contre l'inspecteur
primaire.
« Eh bien, y a-t-il rien de pareil chez les instituteurs
congréganistes ? J'ai l'honneur, si ce n'est pas plutôt une
charge, d'être le supérieur de six congrégations religieuses,
et mon mot d'ordre a été invariablement celui-ci.
Quant aux programmes, aux méthodes, à la direction des
études, et à la distribution du travail, vous n'avez d'ordi-es
à recevoir que de l'inspecteur d'académie et de l'inspecteur
primaire. Ah I si l'on vous ordonnait des choses
contraires à votre conscience, la question changerait de
face. (Interruptions ironiques à gauche.)
« Mais, messieurs, est-ce que par hasard l'instituteur
laïque-n'a pas non plus sa conscience... (Très bien! très
bien ! a droite), contre laquelle viendraient échouer également
des ord'res injustes?
« Donc le deuxième motif invoqué par M. le rapporteur
n'a pas plus de valeur que le premier. ([Nouvelle approbation
à droite,)
« Le troisième motif tiré des grades etdes diplômes tombe
de lui-même. C'est une argumentation surannée en présence
delà loi du 17 juillet 1881, qui impose les mêmes
brevets de capacité aux laïques- et aux congréganistes. Il
ne faut plus en>parler, et la comparaison des succès dans
les examens et dans les- concours prouve- que la parité
n'existe pas moins pour la force de l'enseignement que
pour l'exigence des grades. (Trè bien ! très bien à droite.)
« Je voudrais également n'avoir pas à discuter les raisons
d'ordre moral alléguées par M. le rapporteur pour
interdir les écoles publiques aux instituteurs et institutrices
congréganistes; mais du moment que ces objections se
produisent dans un document aussi considérable qu'im
rapport présenté à la Chambre,-je dois y répondre.
« Pour justifier l'exclusion qu'il demande, M. le rappoiV
teur prétend que les instituteurs et lés'institutrices congréganistes
sont peu propres à former les enfants à la vie
de ramilie et à l'activité sociale parce- qu'ils ne sont pas
engagés dans l'état de mariage: Je lui ferai remarquai'
d'abord, que si, afin de préparer les enfants à la vie dt
famille, il était nécessaire de s'engager dans l'état de mariage,
pour être conséquent avec lui-même, il devrait
commencer par fermer les écoles publiques à bon nombre
d'instituteurs et aux tois' quarts des institutrices laïques,
qui sont célibataires. (C'est évident! à droite.) Et, si l'on
me répond que ceux-là du moins peuvent se marier, je
répliquerai : Toujours est-il qu'ils ne le sont pas. Vous
devriez donc attendre qu'ils fussent mariés avant de leur
ouvrir vos écoles; Voilà ce qu'exige la logique. (Très bien
très bien ! à droite.)
« Mais, franchement, messieurs, qu'est-ce qu'on entend
par préparer les enfants à la vie de famille? S'agirait-il
par hasard d'enseigner gravement à des enfants de dix à
douze ans le code domestique, le code familial, le code
conjugal avec tous ses articles? (On rit.) Est-ce que par
hasard, vous allez prétendre, comme je le lisais tout à
l'heure dans un déplorable i manuel d'instruction civique,
que, pour préparer les- enfants à la vie de- tamillei il
faut leur expliquer le rôle de l'époux et celui dé l'épouse?
« Un pareil procédé serait grotesque s'il n'était odieux-!
, (Très bien ! très bien ! à droite. — Interruptions à gauche.)
iOO
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
Ce qu'il faut inculquer à cet enfant qui \ient à peine de
quitter les genoux de sa mère, ce sont des sentiments d'amour,
de respect et d'obéissance envers ses parents ; ce
sont des sentiments de fraternité à l'égard de son frère et
de sa sœur. Yoilà, messieurs, la Traie préparation à la vie
de famille. (Très bien ! très bien ! à droite.) Or, un instituteur
célibataire est tout aussi apte à donner cet enseignement
que l'instituteur marié. (Interruptions à gauche.)
« Etrange prétention que la vôtre, messieurs ! Savez-
•vous ce qui se passe à ce propos dans l'Etat d'Europe
qui tient le premier rang dans i'ensei|;nement primaire,
la Saxe? La Saxe a établi, par l'article 18 de la loi scolaire
du 26 avril 1873, ce qui suit :
« Les institutrices en fonctions qui se marient doivent
immédiatement, sans pouvoir prétendre à un traitement
de disponibilité, déposer leur mandat. « (Exclamations
sur divers bancs.)
« C'est qu'en Saxe on a le bon esprit de comprendre
qu'un instituteur exempt des soucis et des préoccupations
de la famille a l'esprit plus libre pour se donner tout entier
et sans partage aux enfants étrangers qu'on confie à
ses soins, (nouvelles interruptions à gauche. — Très
bien I très bien ! à droite.)
« C'est que la Saxe a le bon esprit de comprendre, en particuher,
que, pour une institutrice, les obligations de famille
se concilient difficilement avec les exigences scolaires.
Et, aux Etats-Unis, dans la grande république américaine,
que pense-t-on sur ce point? Voici ce que je lis
dans le rapport sur l'instruction primaire à l'exposition
de Philadelphie par M. Buisson :
- « Aux Etats-Unis l'opinion publique est en général tout
a fait opposée au maintien des femmes mariées dans le
personnel scolaire. Il y a même des villes où la question
à été tranchée par des dispositions réglementaires. Ainsi
à New York en 1876. »
« 'Vous pouvez trouver qu'en Saxe, que dans les Etats-
Unis oh est trop exclusif à cet égard : soit ; mais vous le
seriez encore davantage, vous vous engageriez bien plus
loin dans la voie de l'intolérance si vous faisiez du célibat
religieux un motif d'exclusion des écoles publiques.
(Trèsbien! très bien! à droite.)
« La deuxième raison d'ordre moral mise en avant par
M. le rapporteur, pour fermer les écoles publiques aux
instituteurs et aux institutrices congréganistes, est celleci
: « Ceux-là sont peu propres à former des hommes libres,
à qui le respect de la loi n'enlève rien de leur dignité
personnelle, et qui se sont liés par des vœux d'humilité
et d'obéissance passive, s
a Je ne fais en vérité pour quoi M. Paul Bert en veut
tant à l'humilité? (Sourires.) 11 y revient dans chacun de ses
rapports. L'humilité est pourtant une vertu fondamentale
qui sied à tout le monde, qui est le caractère distinctif
du vrai mérite et de la véritable science. Sans doute,
il ne faut pas comprendre l'humilité avec la bassesse, ni
l'obéissance avec la servilité. L'humilité qu'enseignent les
instituteurs et les institutrices congréganistes par leurs
paroles comme par leurs vœux, c'est le «connais-toi toimême
B des Anciens avec la perfection que l'Evangile y
a ajouté; c'est comme le disait un orateur de génie, saint
Bernard, c'est la véritable connaissance de soi-même. C'est
une appréciation équitable de ses défauts, de ses faiblesses
dans le but d'y chercher un remède. Et, véritablement,
qu'est-ce que vous trouvez donc de dangereux
dans tout cela? (Vifs applaudissements à droite.)
« Si les instituteurs et les institutrices congréganistes
parvenaient à infuser .dans cette société une certaine dose
d'humilité et d'obéissance, serait-ce donc là un si grand
mal? Ne voyez-vous pas que l'orgueil et l'esprit,d'insubordination
sont les deux plaies de la société moderne, que
l'on ne sait plus rien respecter, que l'on ne sait plus
objir à personne?
« Est-ce que l'obéissance et l'humidité empêchent de
former des hommes libres dont la conscience résiste aux
séductions comme à la peur? Vous savez bien le contraire,
et vous l'avez éprouvé depuis quelques années; pour mériter
d'être libre, il faut apprendre à obéir, comme le disait
le plus célèbre des républicains de l'ancienne Rome,
Cicéron : « Legum omiies servi sunius ul liberi esse possimus.
» (Très bien! très bien! adroite.)
« illessieurs, je vous demande bien pardon de tous ces
développements; mais je suis obligé de suivre M. le rapporteur
sur le terrain qu'il s'est choisi. (Parlez! parlez !)
« Ceux-là sont peu propres à parler de la patrie qui
ont juré d'obéir aveuglément à des chefs étrangers. »
« Voilà bien l'objection que l'on formule d'ordinaire
contre les instituteurs et les institutrices congréganistes;
et j'ai le droit de m'en étonner, quand je pense qu'elle
s'adresse à ces frères des écoles chrétiennes qui, en fait
de patriotisme, n'ont plus leurs preuves àfaire... (Applaudissements
à droite), eux qui, il y a quelques années, sous
les balles de l'ennemi, recueillaient les blessés et ensevelissaient
les morts, forçant ainsi l'admiration et le respect
de tous par leur dévouement horo'ique. (Nouveaux applaudissements
sur les mêmes bancs.)
« Mais vous-même, monsieur le rapporteur, il y a quelques
jours, dans un discours que j'ai fort approuvé, vous
avez rendu un hommage public à une religieuse de
Chàteaudun, à la sœur Jeanne, pour son courage et son
dévouement patriotique en face de l'ennemi en 1870.
M. i.E RAPPONTEUN. Et je suis prêt à recommencer !
(t M. FnErpEL. Vous me direz : C'est une exception. Non!
c'est la règle; car ces mêmes sentiments vous les retrouveriez
chez tous les membres des congrégations religieuses.
(Très bien! très bien! et vive adhésion à droite.)
« Maintenant, serrant l'objection de plus près et examinons-la
dans son principe. Je commence d'abord par écarter
le mot « aveuglément », qui ne peut être que l'effet
d'une méprise, car la doctrine catholique n'admet pas
l'obéissance aveugle pas plus de la part des religieux que
du reste des fidèles. « Que votre obéissance soit raisonnable,
disait saint Pierre.
« Et puis qu'entendez-vous par ces chefs étrangers,
monsieur le rapporteur ? Les chefs des congrégations enseignantes
ne r&ident pas à l'étranger; ils sont à côté de
vous ; ils résident au milieu de vous ; ils demeurent rue
Oudinot, rue du Bac, etc. Car je ne suppose pas que vous
vouliez entendre par ce chef étranger le souverain pontife
lui-même. Dans ce cas-là, votre objection passerait pardessus
les chefs des congrégations pour atteindre tous les
catholiques de France ; et alors je vous demanderais de
quelle souveraineté vous voulez parler. Est-ce de la souveraineté
spirituelle? Le pape, chef spirituel de tous les
catholiques, n'est un étranger nulle part. (Très bien ! très
bien! à droite.)
8 Voulez-vous parler de la souveraineté temporelle?
Eh bien, pour nous catholiques français, le souverain temporel
n'est pas à Rome ; il est en France, dans l'ensemble
des pouvoirs publics... (Interruptions sur divers bancs à
gauche.)
« Je suis bien aise de profiter de ma présence à la tribune
pour détruire tous ces préjugés. En fait de lois civiles
^et temporelles, nous ne connaissons que les lois
françaises. Voilà notre doctrine. C'est la doctrine qu'enseignent
toutes les congrégations religieuses; autrement l'oji
nierait la distinction des deux puissances; qui est un des
principes fondamentaux du catholicisnne.
« J'espère que, sur ce point, ma réponse vous paraîtra
absolument satisfaisante...
« Eh bien, messieurs, qu'est-ce qu'il reste donc des
imputations dirigées contre les congrégations religieuses?
J'espère qu'il n'en reste rien à vos yeux; et,
cependant, je n'ai pas touché à une dernière raison
d'ordre moral, je vais vous dire pourquoi, non pas que je
sois embarrassé le moins du monde pour la réfuter ; j'ai
là, sous la main, les documents officiels émanés du ministère
de la justice; mais j'estime qu'il n'est bon, qu'il
n'est utile, qu'il n'est convenable pour personne, de venir
à cette tribune, dresser le bilan comparatif de la criminalité
des instituteurs laïques et des instituteurs congréganistes.
Que la presse se livre à ce travail avec plus ou moins
de passion, c'est son affaire; mais quand je pense que
ces chiffres, après avoir été portés à la tribune, peuvent
tomber sous les yeux des enfants, j'estime, messieurs,
que le respect dû aux maîtres et aux maîtresses de l'une
et de l'autre catégorie n'a rien à gagner à ce que la tribune
nationale se fasse sur ce point l'écho de la presse.
(Très bien ! très bien ! à droite.)... »
L'orateur laissera donc de côté cette question, sauf à y
revenir si la réplique l'amenait sur ce terrain: reprenant
son argumentation au point où il l'avait laissé, il
prévoit une objection.
« Vos raisons peuvent être bonnes, me diront mes
honorables contradicteurs, mais il v a une considération
PARTIE
GÉNÉRALE.
6,5
qui domine tout le reste : En interdisant les écoles publiques
aux instituteurs et aux institutrices congréganistes,
nous déférons, dites-vous, aux vœux des populations,
nous remplissons.la volonté nationale. Yoilà l'argument
que M. le rapporteur a développé tout au long dans
le travail auquel j'ai l'honneur de répondre. Comment!
vous le prétendez que, vous avez pour vous le vœu des
populations, alors qu'il est de notoriété publique que
•chaque fois que vous laïcisez une école et qu'il s'ouvre à
•côté une école libre dirigée par les mêmes maîtres ou les
mômes maîtresses, à l'instant même les parents s'y portent
en foule, de telle sorte qu'à Paris comme en province
ces écoles nouvellement créées sont insuffisantes â
contenir les élèves qui s'y pressent de toutes parts ! (Dénégation
à gauche. — Très bien! très bien! à droite.)
« Permettez, ici je ne suis plus retenu par des scrupules
de délicatesse, je vais faire parler les chiffres. Car
les chiffres sont à cet égard la meilleure de toutes les
démonstrations. Je prends donc d'abord le département
de la Seine, pour donner l'effectif des écoles avant la
laïcisation et l'effectif des écoles après la laïcisation, et
vous allez voir, par cette simple comparaison, si, comme
vous avez osé le dire, le sentiment populaire est hostile
aux congréganistes. »
M. FKEPPEI. cite une série de chiffres statistiques à l'appui
de son argumentation, pour les. écoles de filles et
pour les écoles de garçons à Paris st dans différentes
villes des départements.
L'orateur conclut que devant de pareils résultats les
adversaires des congrégations ne peuvent pas prétendre
qu'ils défèrent au vœu des populations.
« Ah ! je sais bien, continue l'orateur, que M. le rai>
porteur dans son travail d'ensemble a constaté une diminution
de l'élément congréganiste dans les écoles publiques.
Je crois bien avec les écoles que vous laïcisez tous
les jours avec les moyens de pression qu'on exerce pour
dépeupler les écoles congréganistes (Exclamations à gauche.
— Vive approbation à droite).
« La raison de cette diminution, si diminution il y a,
n'est pas là où on la cherche, dans la libre volonté des
parents, mais dans ce fait notoire, patent, qu'à l'heure
actuelle il n'y a plus un seul fonctionnaire, plus un seul
employé, dépendant de l'Etat, du département oudela commune,
que dis-je, pas un manœuvre, pas un balayeur
des rues, qui puisse mettre son enfant dans une école
congréganiste de préférence à l'école laïque sans être à
l'instant même dénoncé par les purs et révoqué de son
emploi comme clérical, ce qui sous la troisième république
est un crime impardonnable (Nouvelles dénégations
à gauche. — Très bien 1 très bien! à droite).
« Il va sans dire que les chefs des administrations civiles
ne sont pas assez simples ni assez naïfs pour laisser entre
les mains de leurs administrés la preuve écrite do leurs
menaces et de leurs intimidations, mais ce que je dis là,
tout le monde le sais ; j'en appelle à tous mes collègues de la
droite qui sont témoins de tout ce qui se passe tous les
jours dans leurs départements. (Oui ! oui ! à droite.)
« Je vais vous en donnw une preuve si vous le désirez.
8 Jusqu'à ces dernières années, les enfants de troupe
dont nous parlions hier étaient envoyés indifféremment
soit à des écoles congréganistes, soit à des écoles laïques
; une circulaire d'un ministre de la guerre, M. le
général Farre, est venue interdire aux enfants de troupe
l'accès des écoles congréganistes.
« M. RANC. Il a bien fait.
« M. FREITEL. Soit. Mais ces agissements de l'autorité
militaire ou civile montrent précisément que, s'il y a eu
certaine diminution dans l'ensemble des écoles congréganistes,
il ne faut pas en chercher la raison dans la
volonté libre des parents, mais dans le despotisme de
ceux qui placent le père de famille entre ses préférences
personnelles et le danger de perdre son emploi. (Très
bien ! très bien ! à droite.)
« Yous vous récriez, messieurs ; eh bien, il y a un
moyen bien simple de me confondre, de confondre en
même temps tous mes collègues de la droite, c'est de
consulter les populations. Faites voter les pères et les
mères de famille
« Comment I vous osez prétendre que les mères de
famille n'ont rien à voir dans l'éducation de leurs enfants
!
« M. GUSTAVE UIVIÎT. iS'ous demandons à donner des
droits aux femmes, parfaitement, mais quand elles seront
instruites.
« M. FREPPEL. Eh bien, messieurs, soit! Yous ne voulez
pas employer ce moyen pourtant si démocratique et
si républicain ; consultez au moins les conseils m.uHicipaux.
(Applaudissements adroite.—Vives ipterruptionsà
gauche et au centre.)
« ...Oui consultez les conseils municipaux sur la question
de savoir quelle est la catégorie d'instituteurs quedésirent
les communes. Mais c'est précisément ce quevous
ne voulez pas, et vous ne le voulez pas, parce que
vous savez d'avance que dans la plupart des communes,
les conseillers municipaux, représentants légaux, autorisés
des populations, se prononceraient pour ces dignes
religieuses qui sont entourées de l'estime et de la confiance
de tous. (Applaudissements à droite. — Réclamations
à gauche et à l'extrême gauche.)
« Cette sympathie, si vive, si profonde des populations
pour les congrégations religieuses, vous la constatez
vous-mêmes dans votre rapport. Vous en faites l'aveu à
la page 16 quand vous dites :
«... Or on sait, la pratique le montre chaque jour, combien
le conseil municipal se montre, dans les petites
communes, timoré quand il s'agit, alors même qu'il le
désire, de demander le remplacement des bonnes sœurs
par des institutrices laïques ; et il n'est personne dans
cette Chambre .à qui des maires de campagnes, les plus
radicaux du monde, n'aient répondu : « Nous souhaitons
vivement que la loi nous impose la laïcisation de l'école,
mais nous ne la demanderons pas. »
« Ah ! nous ne la demanderons pas ! Vous ne la demanderez
pas parce que voiis craignez de mécontenter
les populations et de ne pas être réélus. (Très bien ! très
bien ! à droite.)
« Vous ne la demanderez pas, parce que vous êtes sûrs
d'avance de heurter l'opinion publique. Ces maires de
campagnes, « les plus radicaux du monde », sont vraiment
charmants. (On rit.) Ils ne demandent pas mieux
que de rejeter sur les épaules des députés une mesm-e
dont ils redoutent les conséquences pour eux-mêmes.
(Très bien ! très bien ! à droite.)
« Si ce raisonnement ne brille pas par la fierté, il se
recommande à tout le moins par un caractère de prudence
auquel il serait injuste de ne pas rendre hommage.
(Très bien ! rires à. droite.)
« Ils n'oublient qu'une chose, « ces maires de campagne,
les plus radicaux du monde t, quand ils veulent se
décharger ainsi sur la Chambre des députés d'une mesure
odieuse, c'est que vous aussi, vous êtes soumis à la
réélection ; et que les flots du suffrage universel sont
aussi changeants que les flots de la mer.
« Yoilà pourquoi ils veulent nous renvoyer à nous, la
responsabilité de cette mesure de proscription et d'intolérance.
(Très bien ! à droite.)
c Oui, mesure de proscription et d'intolérance, voila
le caractère de l'article 16, et c'est pourquoi j'espère que
la Chambre le repoussera, pour maintenir dans les écoles
publiques entre e personnel laïque et le personnel congréganiste,
une émulation qui ne peut que profiter au
développement et au progrès de l'instruction primaire....
(Vif assentiment à droite), car l'expérience a démontré
que cette concurrence est féconde et que partout où les
deux catégories d'écoles se trouvent en présence l'une de
l'autre, chacune en retire son gain.
« En effet, on s'observe davantage sous le coup d'une
comparaison toujours possible. C'est à qui l'emportera sur
son rival dans les examens et dans les concours. Les uns
stimulent les autres pour la partie scientifique; ceux-ci
empêchent ceux-là de se relâcher pour la disciplme
matérielle et morale. Tous bénéficient d'un voisinage qui
ne nuit à personne. Voilà l'avantage de cette présence
simultanée, de ce concours parallèle des deux personnels,
laïque et congréganiste dans les écoles publiques. (Très
bien I très bien ! à droite.)
« Si donc, messieurs, vous vous laissiez entramer a
une exclusion systématique que rien ne justifie, vous
montreriez par là même que ce n'est pas l'intérêt de
l'instruction primaire qui vous inspire, mais un motif
d'hostilité contre la religion... (Très bien! très bien! à
droite.) Yous ne feriez absolument que poursuivre cette
campagne à outrance contre l'Eglise ([ui n'a rapporté
jusqu'ici à la Républi(iue ni honneur ni profit.
MANUEL aENÉRAL DE L'INSTRDGTION
PRIMAIRE.
«.ai honneur, ear il n'y a ;pas d'iioameur à oppiumer
Sesifaibles....
« Ni profit, car v®«s amoiiateissez ainsiides forces idont
TOUS pourrez avoir grandemeat iesoin dans l'avenir.
« ae dis plus ; à la veille des élections municipales,,
vous feriez en acte soBveraxaenient imprudent et impnlitique,
car lorsqu'on saura daîssle pays qu'il y aura une
époque fixe, déterminée., où les mères de famiile devront
reeoadulre aux frontières du ïillage ces saintes lilles
qui ont élevé leurs enfants, qui les ont élevées ellesmêmes.,
qui ont visité, secouru, soulagé leurs malades;
quand «on saura d'avance que de pareilles scènes se
renouvelleront sur tous les points da territoire français,
eh. bien ! je ne crains pas de le dire, La simple annonce
d'une pareille mes,ure causera une vive inquiétude dans
le pays et aura un retentissement plus profond que vous
ne le pensez. (Très bien ! très bien ! à droite.)
« Enfin, messieurs — c'est par là que je termine —
«st-ce bien un article tel que l'article 16, par un article
qui froissera au plus haut degré tous les catholiques de
France, est-ce bien un pareil article qui convient à cette
majorité, â cette Chambre, de répondre au langage, si
conciliant, si modéré, que faisait entendre, hier encore^
le souverain pontife? Vos journaux ont tous applaudi,
vous avez applaudi vous-même à cette parole si pleinei de
mesure et de réserve. Eh bien, qu'est-ce que vous allez
répondre à l'encyclique du Saint-Père2...
« Vous allez lui répondre en expulsant des écoles publiques.
toutes les congrégations religieuses. Eli bien ! si
c'est là toute la réponse que vous avez à faire à l'encyclique
du saint père, iaites-la ! Mais le monde entier saura
qu'à des avances vous avez répondu par des provocations,
qu'à une parole.de paix vous avez répondu par un cri de
guerre ; vous en aurez toute la responsabilité. (Applaudissements
répétés à droite. — L'orateur, en retournant à
son banc, est félicité par ses collègues de la droite.)' s
M. LE RAPPORTEUR dit qu'ii répondra très brièvement aux
observations fort modérées qui viennent d'être faites à
rencontre de l'article proposé par la commission.
•« S'il est une question sur laquelle presque tous les
membres de la majorité républicaine se soient montrés
d'accord aux élections dernières; s'il est une question
d'ont la solution, avec des tempéraments divers, qui sont
du reste indiqués dans notre projet de loi,, ait été unanimement
reconnue, unaniment proclamée et inscrite même
dans les programmes électoraux sur lesquels a voté la
France-qui nous a envoyés ici, c'est la question de la laïcisation,—
permettez-moi cette expression bien mauvaise
et bien dure, mais qui est devenue monnaie courante,—
de là laïcisation des écoles publiques.
« M. l'évêque d'Angers a eu raison d'intervenir, et personne
ne s'est étonné de son intervention en cette mafiére,
car c'est bien une question-qui regarde exclusivepientrEgli^ç
çatholique en tant qu'Eglise, et non pas en
tant que religion.
(( Il n'est pas étonnant qu'un haut dignitaire de l'Eglise
soit venu s'opposer à l'exécution d'une partie — la pins
importante peut-être du programme de la Révolution
française. (Exclamations à droite.)
,(< Malgré les quelques sourires d'étonnement qui ont
accueilli son discours au moment où il se réclamait de
la « Déclaration des droits de l'homme », personne n'a
trouvé inopportune son intervention, et tout le monde en
a compris l'importance. Il s'agit, en etfet, d'une disposition
qui peut être considérée comme la clef de voûte de la loi
que nous vous soumettons.
« C'est la plus importante de toutes, non point parce
qu'elle va changer considérablement et immédiatement la
composition du personnel, non point parce qu'elle est, à
ce qu'on dit, à ce qu'on annonce, à ce qu'on prédit, de
naturp à susciter les passions publiques, mais parce
qu'elle est un nouveau pas en avaut, et l'un des plus considérables
qu'aura faits la Chambre et qu'auront taits nos
prédécesseurs vers cette séparation, qui, tous les jours, fait
iin progrès nouveau, des églises et de l'Etat.... (Très
bien! très bien! à gauche.)... vers cette sécularisation
des services publics que, il y a un millier d'années, l'Egliso
détenait à peu près tous, et qui successivement lui ont
été enlevés.
« Elle a perdu et la judicature et l'administration et
maints autres services qui dépendaient d'elle quand ils
n'étaient pas directement et immédiatement entre ses
mains. Il ne lui reste plus aujourd'iiui qu'un seul do ces
services laïques : c'est, pour partie au moins, le service
de l'instruction publique. Vous ou vos prédécesseurs —
mais la plupart d'entre vous se sont associés à ces votes
vous avez déjà décidé de lui arracher, poiu- partie, ce dernier
reste de sa puissance ancienne ; vous lui avez enlevé
l'enseignement lui-même, et vous avez décidé logiquement
que, l'enseignement religieux disparaissant du programme
des écoles publiques, le prêtre ne devait plus intervenir
dans cet enseignement; vous avez abrogé les articles des
lois anciennes qui en faisaient un supérieur, un inspecteur
de l'instituteur laïque. (Très bien! très bien!: à.
gauche.)
« Eh bien, cette œuvre, — on nous l'a fait remarquer
à ce moment et beaucoup d'entre nous l'ont bien senti, —
cette œuvre était incomplète, insuffisante, arrêtée à michemin.
Par le fait seul que vous enleviez l'enseignement
religieux des écoles publiques, par le l'ait seul que vous
décidiez que le prêtre n'aurait plus entrée dans l'école^
à aucun litre, vous décidiez ipso facto que ce prêtre ou
ceux qui ont à un certain degré le caractère de prêtre...,
(Interruptions à droite), ne pourraient plus enseigner dansl'école,
ei. que la sécularisation du programme entraînaiÈ
par .une conséquence logique et fatale la laïcisation dtii
personnel. (Applaudissements à gauche.)
« C'est là la raison fondamentale.
« Je ne veux pas suivre l'honorable préopinant dans le
détail des critiques qu'il a élevées contre les raisons secondaires
que j'ai fait valoir à l'appui de la proposition
qui vous est soumise ; cela nous mènerait trop loin, il
nous suffit de nous placer en présence de ce fait inéluctable
: que nécessairement et le plus rapidement possible,
il convient de séculariser tous les services de l'Etat.,
(Très bien ! très bien !)
8 C'est cette pensée qui nous a dirigés et guidés ; mais
on interpréterait bien mal et votre sentiment et notre
acte législatif, si l'on disait, comme l'a fait tout à l'iieurei
M. Ereppel, que nous déclarons ainsi la guerre à l'Eglise
et surtout que nous déclarons la guerre à la religion.
(Exclamations ironiques à droite.)
Œ Nous n'attaquons pas l'Eglise, puisque nous laissons'
l'Eglise et les hommes d'Eglise maîtres chez eux ; [nous^
n'attaquons^ pas la religion; càr je ne sache pas que nous
ayons dit dans notre projet dfe l'oi qu'il-faudrait faire
jiroléssion de n'être pas catholique pour pouvoir enseigner
dans une école publique. (Interruptions à droite.)
« Nous avons dit que ce.... — j'hésit'e à employer la
quaUflcaiion dë prêlre, car ce-n'est pas un prêtre proprement
dit....
« Nous avons dit que ce congréganiste, qui a fait un
certain nombre de vœuï que nous connaissons tous et
qui, évidemment, s'est ainsi mis en dehors de la situation
commune à tous les citoyens que cet homme qui s'est mis
par le vœu d'obéissance entre autres' — je ne relève que
celui-là — en lutte avec la loi civile, toutes les fois qu'il
pense que celte loi civile est en contradiction avec les-ordres
de ses chefs nous avons décidé qu'il n'entrerait plus
dans l'école à titre de professeur, qu'il n'enseignerait
plus.
« Mais il ne faut pas nous dire que nous avons portéatteinte
à la liberté de conscience.... (Interruptions à
droite), et ([ue nous avons déclaré que désormais les
fidèles ne pourraient plus être instituteurs, iNous ne nousoccupons
pas de la caractéristique religieuse des fonctionnaires
de l'Etat; c'est là ce qu'exprime cette sécularisation
qu'on ne veut pas comprendre. Elle consiste à dire que
lorsqu'il s'agit d'une fonction de l'Etat, lorsqu'il s'agit de
droit public, nous ne connaissons pas la classification religieuse,
lâ confession religieuse do nos concitoyens.
(Très hien l très bieni à gauclio.)
M. LE coM-TEDE MAII.LÉ. Mais si, puisque vous les excluez!
« M. LE RAPPonTEUR. Kous ne les excluons à aucun
degré en tant que catholiques ; nous les excluons en tant
que religieux, c'est-à-dire pris dans les liens d'une disciphne
particulière.
« Avons-nous raison de le iaire? C'est une autre question.
Vous voyez combien j'évite tout ce qui peut irriter
les passions et susciter des protestations violentes. Vousne
pouvez pas nier que nous ne faisons pas de la laïcisation
des écoles une question religieuse : c'est une aues-
PARTIE GÉNÉRlLE. W:
lion d'un tout' autre ordre, une question de discipline
générale. (Très bien I très Ijien! à gauclle. — Réclamations
à droite).
« Vous dites que nous avons tort; vous soutenez que
les griefs que nous avons soulevés contre les instituteurs
et les institutrices congrôganistes ne sont pas fondés ;
vous avez discuté avec soin'les allégationis contenues dans
mon rapport. Eh Ijien, quoi que j'aie dit que je ne vous
suivrais pas dans tous les détails de votre argumentation,
il ne'm'e paraîtras possible de laisser saris réponse cette
affirrriation vraiment un peu extraordinaire, quëlés cnets
dél'Université rencontrent'parmi leurs subordonnés d'ordre
religieiix la mêine docilité, la même soumission, non seulement
aux lois générales du pays, mais aux décrets et
arrêtés interprétatif qu'a rendus l'autorité compétente.
a En'vérité, il nsus est bien difficile d'élever affirmation
contre affirmation. Vous dites que oui ; nous pourrions,
en invoquant notre expériende, répondre que non; ces
affirmations personnelles contradictoires ne porteraient
la conviction dans l'esprit de personne.
« Prenons l'avis d'hommes extrêmement môdérés, auxquels
est confiée l'inspection da nos écoles et qui, tous
les ans, rendent compte à leurs chefs universitaires de
ce qu'ils ont observé ; consultons las rapports d'inspection
générale; nous constatons ^ue tous sont d'accord pour
montrer que sur tous les points du territoire ils trouvent
auprès des congxéganistës dès difficultés singulières, et
que rinsjîecteur n'est oibéi que lorsque le visiteur a
trouvé qu'il avait raison.
c( Voilà ce dont dis témoignent tous, et j'en ai quantité
de preuves empruntées à cettè source dont oa nè peut
récuser l'importance èt l'autorité. i>
M. PAUL HEUT cite à l'appui dé sa thèse un passage tiré
d'un rapport d'inspection, générale fait en 1881 sur les
académies de Clermont et de Lyon. .
_
iOO
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
la bonne voie et que nous marchons bien directement
vers l'exécution complète du programme de la Révolution
française. (Applaudissements à gauche.) »
M. FEBDISAND BOÏER prend la parole après M. l'évêque
d'Angers, parce que la question, suivant lui, n'intéresse
pas seulement les évêfjnes et les prêtres, mais bien tous
les hommes qui ont au fond du cœur quelques principes
religieux.
Suivant une expression aussi spirituelle que juste, la
laïcisation consiste à laïciser le laïque, — bientôt, le
maître d'école qui sera soupçonné d'avoir des convictions
religieuses sera proscrit comme un danger.de l'école publique.
Et, lorsqu'on aura fait le vide dans les écoles publiques,
on arrivera aux écoles privées. « Il faut en effet
être logique : si affirmer ou laisser paraître des idées
chrétiennes dans l'école est un danger, il faut aussi
proscrire un pareil maître des écoles privées Sans cela,
nous verrons reparaître le fantôme, si habilement exploité,
des deux France : la France chrétienne et la France qui
ne croit pas. D
L'orateur n'admet pas les griefs articulés par M. Paul
Bert ; si tous ces griefs étaient vrais, on ne s'expliquerait
vraiment pas que des récompenses nombreuses, — des
médailles, des décorations mêmes, — aient été données
aux frères des écoles chrétiennes, aux sœurs de Saint-
A'incent de Paul et aux autres ordres enseignants. (Très
bien ! très bien ! à droite.) Il faut oublier des reproches
qui ne sont ici mis en avant que pour faire passer ce que
l'orateur n'hésite point à appeler, avec la permission de
son auteur, une mauvaise proposilion.
La laïcité du- personnel est le dernier terme des propositions
de M. Paul Bert.
d Yous savez tous, dit M. Ferdinand Boyer, — ceux qui
étaient avec moi à l'assemblée nationale ou à la Chambre,
depuis le commencement de ces discussions, peuvent se
le rappeler, — comment les choses se sont passées.
M. Paul Bert avait rédigé un vaste projet comprenant à la
fois 1 obligation, la laïcité complète et la gratuité. Le ministrede
l'instruction publique, l'honorable M. Jules Ferry,
ne voulut pas aller aussi vite ; quelles que fussent ses symjathies
pour de pareilles nouveautés, il fut effrayé de la
lardiesse de M. Paul Bert. Le projet d'ensemble fut retiré,
et l'on nous présenta à la place une série de propositions,
on eut recours à ce qu'avec infiniment d'esprit l'honorable
M. Paul Bert a appelé t le système diviseur ». On vous
disait alors : Votez d'abord la gratuité, ceci n'engage à
rien de plus; vous pourrez toujours repousser plus tard
l'obligation. Et vous avez voté la gratuité, puis l'obligation
et la laïcité des programmes. Cela, messieurs, c'est
l'engrenage : le doigt, le bras, la tête, tout le corps y a
passé. « Achevez votre œuvre, vous dit-on aujourd'hui. »
Je vous demande, moi, de vous arrêter : l'œuvre est mauvaise.
prendre
que M. Ferry est réfuté par lui-même et avec lui
le cabinet dont il est le chef. Et puisqu'il a cité Mi-afbeau,
il me sera bien permis de lui rappeler cette paiDl®
du grand orateur : « Je ne demande pas aux hommes
d'être de mon opinion; je leur demande d'être de la leur, s
r< Aujourd'hui, ce sontnOn seulemeni les congrégal^ns
autorisées que l'on veut exclure de l'enseignement, mais
les congrégations autorisées et le clergé séculier.
PARTIE GÉNÉRALE. 81
« Est-il possible d'opposer aux congrégations autorisées
les arguments, même mauvais, qu'on faisait valoir
contre les congrégations non autorisées? l'eut-on dire
aux congrégations autorisées, aux prêtres, comme on le
disait aux congrégations non autorisées et aux jésuites,
vous êtes dans la main de vos supérieurs, -perinde ac cadaver?
Non, messieurs! non seulement ces religieux sont
Français, mais ils sont autorisés. Tous lés|^rétextes anciens
ont disparu.
« Vous trouviez bon en 1879 de ne pas proscrire le
prêtre qui, comme le disait Mirabeau, est «un officier de
« morale »; vous ne pouvez pas aujourd'hui proscrire des
congrégations enseignantes d'hommes et de femmes qui
se sont soumis à l'autorité, qui ont présenté leurs statuts
au conseil d'Etat et qui ont été autorisés à résider en
France à l'état d'ordre religieux. Ces hommes sont citoyens
français comme nous tous, ils sont en règle avec
la loi.
« En vertu de cette autorisation qui leur a été accordée
ils se sont destinés à une carrière, ils ont embrassé une
profession qui doit leur donner ies moyens d'existence.
Et maintenant, par une fantaisie du législateur, on les
chasse, on leur enlève, il le faut dire, leur gagne-pain, on
leur interdit l'enseignement dans les écoles publiques. On
dira qu'il leur reste les écoles libres; mais vous savez
bien que les écoles publiques sont les plus nombreuses en
France, et que les écoles libres ne peuvent être établies
et vivre que dans quelques grandes villes. Vous créeriez
ainsi une indignité légale nouvelle, et vous méconnaîtriez
absolument les droits acquis.
« Laissez-moi rappeler un exemple, qui est la condamnation
delà loi nouvelle. Dans la loi relative aux brevets de
capacité, vous avez fait une distinction; vous avez exigé le
brevet de tous les instituteurs et institutrices, mais vous
avez laissé en possession de leur qualité d'instituteurs
ceux qui exerçaient depuis un certain temps. Yous avez
donc respecté les droits acquis. On vous propose aujourd'hui
de faire un Ipas de plus dans la voie de l'illégalité,
de méconnaître des situations anciennes et légales, de
véritables droits acquis, de proscrire des citoyens, des
Français qui sont soumis aux lois. Faut-il rappeler les
chefs d'ordre : saint Vincent de Paul et le bienheureux
La Salle ? C'est impossible !
L'orateur espère que la Chambre, après avoir réfléchi,
n'hésitera pas à repousser l'article 16 qui n'est pas digne
de figurer dans une loi française.
Par 370 voix contre 155, sur 503 votants, la Chambre
adopte l'article 16.
La suite de la discussion est renvoyée à jeudi.
QUESTIONS
ADMINISTMTIYES
LA SUITE DE LA DISCUSSION SUR LES TRAI-
TEMENTS ET LA NOMINATION
TEURS.
DES INSTITU-
Pour que nos lecteurs comprennent bien comment
la commission du budget et le gouvernement,
représenté non seulement par le ministre des
finances, mais par le ministre de l'instruction publique
et par M. Jules Ferry lui-même, ont pu être
amenés à prendre les résolutions que signalent les
débats parlementaires dont nous venons de donner
le compte rendu, il convient que nous reprenions
d'un peu loin les choses.
Le 11 février, en prévision des difficultés budgétaires
qui ne menaçaient que trop le projet de loi
sur l'instruction primaire, M. Paul Bert a présenté à
la Chambre un rapport, supplémentaire au nom de la
commission, rapport exclusivement consacré à indiquer
les conséquences financières du projet de loi.
Nous reproduisons ici la partie la plus importante
de ce document.
« La situation individuelle de chacun de nos 92 752 instituteurs,
dit M. Paul Bert, au point de vue du traitement
actuel et de la durée des services, a été jelevée exactement,
ce qui permet de savoir juste, pour chacun d'eux,
ce que coûterait l'application de la loi actuellç.
« Or, en plaçant,, comme le veut l'article 40, chaque instituteur
dans la classe immédiatement supérieure à celle
à laquelle lui donnerait droit son traitement actuel, on
arrive à une augmentation de 19 millions (19 284200 fr.).
« Cette classification nouvelle a pour effet d'augmenter
le traitement de chaque instituteur d'une somme qui varie
(l'écart des classes étant de 300 fr.) de 299 fr. à 1 fr. Nous
avons pensé qu'il convenait de permettre à l'autorité universitaire
de faire un peu plus pour de vieux serviteurs à
82 MANUEL GÉNÉRAL M. L'.IN;$TRÏÏGTION PRIMAIRE.
pcernièiîiî nous; a^ons à ; ojputer.,ijjpç d^penpe; dç
•l inill.ion ij.e fraws, env;ii;pi^.
a L'article 9 sUr les éooigs malemrelles.ua dpit,.. d'après
W perisfeîghements venus du- ministère, entnainep- qa'àuç
•dépense ipsigniliante.
k Les autres cônse'imënces financières de la loi sont peu
importuntçs. Nous créons un? plaçe d'inspectrice, primaire
par dièRartement; c'est unç dépense maximum de i à
aOO 000 fr. ; en out^e, le, nombre des inspecteurs primaires
doit être augmenté. Mais les prescriptions; de l'article 89
dominent l'exécution. En inscrivant encore, pour la première
année, une somme de 500000 fr. pour tout ce qui
regarde l'inspection, ftons faisons largemeiit la part du
néc,ç.ssa,ife.,
« La création des directions départementales i|i'enti-aîçe
aucune charge nouvelle, puisque ces fonctions sont actuellement
remplies par les inspecteurs d'académie. Mais peutêtre
le ministre de l'instruction publiijue jugera-t-il bon
d'organiser de nouvelles inspections de l'enseignement
secondaire, remplaçant avec avantage celles qu'accomplissent
maintenant lés inspecteurs d'académie.
« Il peut y avoir là une dépense de 500 000 fr. à 400 000 fr.
Mais elle ne présente aucune urgence, surtout au regard
du deuxième paragraphe de l'article 59 et, d'ailleurs, ne
ressort pas directement et nécessairement de notre loi.
« En résumé, l'addition de toutes les dépenses nouvelles
accessoires à la dépense principale de Î2 millions
donne une somme totale de 25 millions au ]>lus. »
Voilà pour la dépense immédiate; mais cette dépense
ira en augmentant chaque année. M. Paul Bert
a calculé quelle serait la dépense maxima lorsque la
réforme aurait été entièrement réalisée. II arrive à
•il raillions pour le traitement des instituteurs et à
9 millions pour les services accessoires, soit au total
30 millions. M. Paul Bert estime que la période de
réalisation complète sera comprise entre dix ans et
dix-huit ans.
« Maintenant, ditril en terminant, commeut l'aire face
à cette augmentation des dépendes'? Les ressources du
budget le permettent-elles'? Faudra-t-il créer des ressources
nouvelles? Votre commission a dû se poser ces
•questions et envisager divers systèmes. Mais il ne lui
appartient pas de vous faire de proposition de cet ordre.
• C'est affaire à régler entre le' gouvernement et vos commissions
de budget. »
La commission du budget s'est, en effet, préoccupée,
elle aussi, des conséqnences fmancières du
projet de loi de M. Paul Bert et, le lendemain même
du jour où M. Paul Bert présentait son rapport supplémentaire,
M. iules Roche en lisait un attire sur le
même sujet à celte commission.
Dans ce rapport, M. Jules Roche exarnine d'abord
quelle augmentation le budget actuel de l'instruclion
primaire devrait subir naturellement en raison des
créations nouvelles déjà prévues par la législation
existante et sans s'occuper de la loi complémentaire
en préparation.
Dans cette hypothèse, le budget de l'instruction
primaire, qui est actuellement de 95 millions, arriverait,
suivant lui, au chilfre de 130 millions, rien
que par l'application progressive des lois existantes.
Si l'on considère maintenant l'effet de la loi Paul
Bert sur l'élévation du traitement des instituteurs
et les mesures correspondantes, Jl. -Iules Hoche
calcule que, suivant au'on appliquera cette loi par-
:t^elleraeut o,utQtalçrQenl., Iç; ^uppl/jipçoA ,de;4éfiepses
sera de I75 OM de i06 TOIIIIOIIS.
•I|I en résulte que, si' I'OM cpmibi'ne ces deux' causes
'd\'vtjgwfental:io.n, celle , tire^e dje la lé'^i?lai;^ç!n. ; ç,X|îs-
. tante et celle ré.suUa,nt dç ^ loi coBiplémentaw en
préparatiom, le budget de l'instruction primaire va-
riera entre 202 et 253 millions.
Comcne on le voit, il j a unénornae çwt entrç les
conclusions des .deux rapporteurs.
D'autre part, à la date du 1.4 février, avait lieu un
conseil des ministres, dont le journal le Temps a
donné en ces ternies le compte rendu :
14 février. — Les ministres se sont réunis ce malin en
conseil de cabinet, sous la présidence de M. Jules Ferry,
au ministère des affaires élrangères.
•La séance, qui a été fort longue, tio s'çst terminée qu'à
midi; elle a été presque exclusivement GQflsapvée à la
discussion des questions que soulève la préparation du
budget de 1883....
D'une manière générale, le gouvernement a résolu
d'écarter toute dépense nouvelle et, par suite, d'ajourner
tout projet de loi qui entraînerait en 1885 de nouvelles
charges pour le Trésor.
Enfin, le même jour, le'président du conseil, M. Jules
Ferry, le ministre .des finances, M. ïirard, et le ministre
de l'instruction publique, M. Fallières, avaient
une entrevue avec la commission du budget, et il y
était pris des résolutions fort importantes : c'est encore
au Temps que nous emprunterons, à quelques
mots près, le résumé de cette entrevue.
n II s'agissait, dit ce journal, de déterminer à l'aide de
quelles ressources on ferait face aux dépenses nouvelles
et considér^iles qu'entraînerait l'application de la loi
complémentaire sur l'pqseignement prin(ia|re, si l'çin çe
f^écidait à en demander le vote aux Chambres.
a ÎN'ous avons donné ici même, il y a pliisieurs jours, le
chiffre exact de ces dépenses. I)ès 1885, il y Èjurait 55 millions,
peut-être 30 millions de dépenses nouvelles, et le
budget de l'instruction primaire, qui est actuellement de
95 millions, irait grossissant d'année en année, jusqu'à
dépasser 200 millions, rien que par l'effet combiné de la
législation existante et de la loi nouvelle projetée.
« MM. Jules Ferry et Tirard ont déclaré nettement à la
commission du budget qu'ils demandaient rajournement
du projet de loi sur l'enseignement primaire.
« M. Tirard, en particulier, a fait un tafeleau résumé
de la situation financière pour démontrer que celle-ci ne
comportait aucune dépense nouvelle, à raison de l'absence
de ressources disponibles.
« Toutes les recettes sont absorbées par les services
publics, et, pour faire face à des dépen-ses nouvelles, il
faudrait créer de nouveaux impôts. Or, cette création serait
absolument impolitique et, d'autre part, notre sifuation
financière l'interdit. M. Tirard a indiqué à ce propos
que les impôts indirects avaient donné, pour le mois de
janvier 1«84, une insuffisance de 9394000 francs, par
rapport aux prévisions budgétaires....
« lîn outre, les statistiques de l'importation et de l'exportation
font ressortir une diminution considérable en
janvier 1884 sur les importations de matières premières
nécessaires à l'industrie. Cette situiition commande donc
une prudence extrême.
« Le président du conseil a appuyé la déclaration du
ministre des finances touchant l'impossibilité d'établir de
nouvelles taxes. Il a dit que l'état 4e crise économique et
industrielle aui ne sévit pas particulièrement chez nous.
^
'
'P.i'.'s ,9"', II® 'iW® (jn alffint.fia? .WWIjf^, ilifiçr^isaff d'^Pr
croître les charges des conitn|)uables.
« A cette occasion, le niinistre de^'iinances a été amené
ài donner ^avance'quelques indications à la commission
aur (esîcoaditioris dansiiesquelles lei budget de'l«85 serait
présçnffi.parie .gouvernement.
En yet^ti des considérations exposées i p-lus haut, fe
a sp^rié de^^p faiffig^t louf.es les prppositiçns
de dépenses ijouyçU^'s. Ce biiclget Siçra pvf,sqn,e
exactement calqué sur celui de 1884. 11 aura qu.elques
légères dépenses supplémentaires, résultant de ïa mise
en vigueur des lois déjà votées. Mais, pour y îàiré face,
le gouvernement ne créera aucune nouvelle taxe : il se
bornera à apporter ([uelques modifications à la perception
de cerlaiiis droits, pour rectilier cerlaines inégalités,
l'aire cesser certains privilèges, ou enlin écarter certaines
causes de fraudes au préjudice du Trésor. *
« A la suite des déclarations des ministres, la commission
a émis à i;unanimité moins une voix, et conformément
à la demande du gouvernement, l'avis suivant :
« La commission du budget ne pense pas qu'il soit possible,
dans l'état actuel des ressources budgétaires, de
donner un avis favgrable à celles des dispositions d» projet
de loi concernant l'enseignement primaire qui entraîneraient
des dépendes nouvelles.
«il restait à.régler un.autre .point : le:projet en.ques-
•tioR, à .cûté.ci.e d,ii;ppsilio;iS:linanfiièFe,s, rsiiferme des dispositiqns
o.rgi|niques q(ii, jf'ayant auicun effet.jji((^gétaii;e,
ppurpaigni êirs XP.iée? .açtu.ell,emer),t. J|aig cpjninissipn
dit b^get n'était .pas compéfente pour décider si ces
dispositions devraient êlre exceptées'de l'ajpiirnemenl. Il
a été seulement convenu avec le ministre.de l'instruction
publique, qui assistait également 'à l'entrevue, que le
gouvernement demanderait;â la Chambre de -renvoyer le
projet de loi tout entier à la commission §péfiiale qui Ta
élaboré. Cette commission verra s'il est ppsable de détacher
les articles sans caractère financier pour en ïaire
un ensemble coordonné qui pourrait être voté au cours
de cette :session. »
C'est à la .suile .de ces circonstances que M. Paul
Uer.t, dans la séance du 16 l'év-mer. est venu lire à la
•CharabEe ion .troisième rapport, lequel a .donné lieu
au.x explications de M. Jules Rochie et à la déclara-
'tioii du ministre, que .nous avons.reproduites plus
. haut.
Conformément à la décision de la Chambre a eu
lieu aussi la séance du 19 l'éTrier, dans laquelle,
comme nos lecteurs l'auront pu voir, on n'a point
.encore abordé les questions .ffinancières résultant du
projet Paul Bert.
La .cam.ii;iission du .budget reste, d'ailleurs, en présence
du deu.\ièine rapport de W. Paul Bert, dans les
mêmes dispositions; à ses évaluations M. .Roche a
. opposé, daqs une séance tenue le 18, des chiffres
(lo\i.Yeaux d'après lesquels le rapporteur de la commission
spéciale continuerait à se placer bien au-
•desgous de la réalité.
« M. Jules npche, dit le Temps, dans son résumé fie
cette séance, établit d'abord que la dépense immédiate
qu'entraînerait la loi Paul Bert, la première année de son
fipplicalion, serait exactement de 24 643 900 fr., rien
qu'en ce qui ooncei-ne le traitement des instituteurs, et
•non de 21 millions, comme le prétend M. Bert.
« Sur les 9 millions que i\L Paul Bert propose d'abandontier,
51. .lulps lloclie proi^vp que la rè.duction ne peut
atteindre en réalité que 5 000 000 fr. D'pù il résulte que
•la dépense immédiate provoquée par la loi Paul Bert
sera, en 18S3, de 'iOSKOOO fr., soit en chiffres ronds
21 millions. ,M.' Jt}les Roche s'est préoccijpé ajjssl (Jeis
Ç9r(s,é^qy^nc^s u ltprieur.es, •
« pn tient à la législatipn .existante, le
tuè.L'de l'instruction pfimairé, qui s'élève a'9'7. mijiîons,
devra, par des augmentations sùccéssi-Yes, être'^phé à
l''49'millions, rien que par l'applicàtioii ' progressive dés
lois existantes.
« La loi Paul Bert, réduite comme on le sait, d'autre
part, entraînera, à elle seule des dépenses supplémentaire-^
s^éleyant à 07 millions, dont ô7.pour les traitements et
10 ppur les retr,?itps.
.« De spfte gue, si l'on vote la loi Paul Bert, les deux
causes d'^ugmefltalion devant néc.essairement se combiner,
le budget de l'instruction primaire sera porté 'à
216 millions lorsque la réforme! aura atteint son plein.
« C'est dans ces conditions que la commission du budget
était appelée, à délibérer de nouveau sur la question.
(I Voici le compte rendu de la délibération qui s'est engagée
:
« M. Rouvier rappelle que le gouvernement s'était engagé
à demander le renvoi du projet de loi à la commission
spéciale de l'enseignement primaire pour qu'elle en
détacliàt et coprdonnât les dispositions sans caractère
financier, ll paraît avoir changé d'avis, puisqu'il a consenti
à aborder la discussion des articles du projet. Dans
ces conditions,'la cotnmission du budget devrait se borner
à faire ressortir les conséquences, financières du projet,
sans s'engager à fond iJans le débat.
« M. Hérault fait remarquer que le gouvernement s'est
montré opposé à foute création'd'impôts. II n'a pas'dbaiidonné
ce terrain. Pourquoi la commission du budget reviendrait-elle
sur l'avis qu'elle a exprimé'?
a M. Jules Rpohe dit qu-ii a été frappé de la différence
entre le langage que le ministre de l'instruction publiqiie
a tenu au sein de la commission du budget et celui qu'il
a.porté à la tribune. Devaiit la commission,.le ministre
avait déclaré qu'il s'opposerait absolument à toute dépense
nouvelle ; à la tribune, le ministre a paiùi se soumettre
d'avance au vote de la Chambre, quel quÙl fût. En
conséquence, M. Jules Roche propose iie demander au
ministre de l'instruction publique s'il est décidé à poser
la questipn de confiance.
« M. Wilson demande s'il y a lieu d'émettre un nouvel
avis.
« M. Sadi Carnot estime que la commission doit se
borner à maintenir les chiffres du rapport de M. Jules
Roche.
« M. Ribot appuie l'opinion de M. Sadi Carnot et déclare
que la commission n'a pas à remettre en question
l'avis qu'elle a exprimé.
s La motion de MM. Sadi Carnot et Ribot est adoptée.
jBn conséqupnce, M. Jules Roche se bornera, dans son rapport
supplémentaire, à rectifier les erreurs de chilfres
contenues dans le rapport de M. Paul Bert au nom de la
commission spéciale de l'enseignement primaire et (iont
11 a été donné lecture à la Chambre same.ii. »
Voilà où en sont actuellement les choses. Elles
paraîtront certainement très tristes aux instituteurs.
Nous leur demandons cependant, nous qui ne les
avons jamais encouragés qu'à des revendications
légitimes, de ne pas se laisser aller aux suggestions
mauvaises du découragement. Ils savent que, quoi
qu'il arrive, ils ont pour eux les sympathies très Sincères
de tous les pouvoirs publics, des Chambres
comme du gouvernement ; ils savent qu'ils ont aussi
les sympathies plus puissantes encore de l'opinion
publique, que les prétentions exagérées de quelques
imprudents n'ont pas réussi à leur faire perdre.
MANOEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMA [KE.
Leur situation est extrêmement intéressante, personne
ne l'ignore; les minimums des traitements,
surtout des traitements les plus faibles, sont notoirement
insuffisants, et le provisoire des dernières
années a établi un très regrettable trouble, qui empêche
la plupart des maîtres d'être rétribués suivant
leurs efforts. Malgré les dispositions très significatives
de la commission du budget, malgré les déclarations
du ministre, sera-t-il permis à la Chambre
de trouver, — ce que n'a pas su faire sa commission
spéciale, — quelque coin oublié du budget qui
permette de subvenir aux nécessités les plus pressantes
des dernières catégories d'instituteurs ; nous
voulons, pour notre part, l'espérer encore. Quoi qu'il
en soit, nous sommes très frappés de cette pensée
qu'exprimait le journal le Temps dans un de ses derniers
numéros : « Le moyen le plus sûr de procurer
aux instituteurs l'augmentation de traitement qu'ils
attendent, n'est-ce pas de refaire à la République de
bonnes finances? » Kous voudrions pouvoir faire
entrevoir à nos maîtres quelque chose de plus positif
qu'une espérance; nous leur demandons, dans tous
les cas, de ne pas oublier, en présence des circonstances
que traverse le pays, qu'ils doivent à tous
l'exemple de la soumission virile et du dévouement
patriotique.
Charles
DEFODON.
PÉDAGOGIE
DOUTES TOUCHANT LA DISCIPLINE
(Suite de la deuxième lettre).
MOYENS DISCIPLINAIRESI (suite). — Emploi des
nionileurs.
M. C. — En résumé, nous voulons donner à no s
élèves un commencement d'éducation militaire et,
pour atteindre ce résultat, leur apprendre l'obéissance,
telle qu'on la pratique au régiment. Mais, au
régiment, l'on apprend de plus à commander. Pourquoi
n'en serait-il pas de même chez nous?
M. LE D. — Si nos petits moniteurs, caporaux et
sous-officiers en herbe, prenaient tous à la fois la
parole, il ne me serait guère possible de me faire en-
• tendre moi-même. Cependant, je trouve bonne, quan t
au fond, l'idée que M. C. vient d'émettre. Je l'appliquerai
volontiers, en chargeant, de temps à autre,
tel ou tel chef de section, de commander certains
exercices faciles : Par le flanc droit ! Front ! Par le
flanc gauche ! En avant, marche ! etc.
M. A. — Ces moniteurs auront-ils un rôle à jouer
dans la salle de classe ?
ÎI. LE D. — Sans doute.
M. B. — Je crois qu'il ne faut user de leur concours
qu'avec la plus grande réserve. Les uns manquent
totalement d'énergie et de vigilance. On entend
du bruit... Demandez-leur d'où vient ce tapage :
ils l'ignorent. Ils n'ont vu personne remuer. Ou, s'ils
ontvu les coupables, ils ne veulent pas les désigner,
parce que ceux-ci leur font peur;
D'autres se laissent aisément corrompre ou profitent
de leur situation pour satisfaire quelques petites
rancunes. — Tu me marqueras aux sagés : je te donnerai
une belle toupie qui ronfle. — Oui ; donne. —
Toi, tu n'as pas voulu me prêter ton porte-plume, tu
verras, je te marquerai aux dissipés.
D'autres enfin sont beaucoup trop zélés. A tout
instant, ils vous présentent des listes de 20, 50, 40
bavards. Si vous les écoutiez, la plupart de vos élèves
seraient perpétuellement punis.
Et puis, les injustices des moniteurs provoquent
parfois de regrettables discussions entre les maîtres
fit Ip.s fannillps
1. Voirie n" 52 du Manuel oéndrnl de 1883.
' M. D. — En raison de ces inconvénients, je ne me
sers jamais de moniteurs.
M. LE D. — L'emploi de ce genre d'auxiliaires a pourtant,
selon moi, de sérieux avantages. Pour une cause
quelconque, l'instituteur peut être obligé, pendant
quelques instants, de se relâcher de sa surveillance
ou de quitter la salle de classe. Qui le remplacera?
Laissera-t-il, par défiance contre les moniteurs, ses
élèves complètement abandonnés à eux-mêmes?
M. D. — Dans ce cas seul, je prierais l'un des enfants
de me suppléer.
M. A. — Il fera mal son service.
M. D. — Pourquoi?
M. A. — Parce que les fonctions de moniteur,
comme toutes les fonctions possibles, ne sont exercées
convenablement qu'après un certain apprentissage.
Aucun de vos élèves n'ayant appris à vous aider,
votre surveillant provisoire ressemblerait un peu au
roi Soliveau de la fable.
M. LE D. — M. A. me paraît dans le vrai. Les moniteurs
ne s'improvisent pas; il faut les former et,
d'abord, bien les choisir. En les choisissant parmi
les plus sages, les plus fermes et les plus laborieux,
on évitera presque sûrement une partie des difficultés
que M. B. signalait tout à l'heure, celles qui résultent
de l'esprit injuste et partial de quelques écoliers.
M. C. — Beaucoup de maîtres, cependant, prétendent
que les plus mauvais sujets font les meilleurs
moniteurs.
M. LE D. — Comme le loup ferait le meilleur berger!...
A vrai dire, il peut arriver qu'un moniteur,
dont le caractère nous inspirait toute confiance, se
laisse dominer par cet esprit d'injustice et manque
gravement à ses devoirs. Qu'on lui inflige, sans hésiter,
une punition exemplaire, et, de longtemps, il
ne trouvera point d'imitateurs ! Du reste, je pense,
avec M. B., qu'il ne faut pas abuser du concours des
élèves surveiflants. Suivant moi, le maître doit se
charger lui-même, toutes les fois que cola lui est possible,
du soin de faire respecter la disciphne.
M. C. — Dans certaines classes, le moniteur a,
d'une manière constante, la plus grande part de la
besogne.
M. I.E D. — Son rôle v est exaeéré.
PARTIE GÉNÉRALE.
6,5
c. _ El pénible.... C'est le rôle d'un homme
et non celui d'un enfant.
M. i.E D. — Aussi importe-t-il de bien définir les
attributions des moniteurs.
M. A. — Aurons-nous deux catégories d'aides, ceux
de la cour et ceux de la classe 2
M. LE D. — ÎN'ous serions trop aidés !... Ceux de la
classe seront les mêmes que ceux de la cour?
M. B. — Que feront les caporaux?
M. LE D. — Ils pourront être chargés de divers
emplois secondaires, par exemple, de distribuer les
livres de lecture, les cahiers de compositions, etc.
Nous réserverons au sergent une mission plus importante
: il devra surveiller ses camarades, dans les circonstances
où le maître aura besoin d'être suppléé,
au point de vue disciplinaire.
Ces fonctions, remarquez-le bien, messieurs, sont
très enviées par les élèves ; elles constituent donc de
sérieuses récompenses pour ceux qui sont appelés à
les remplir.
(A suivre.) T.
Nous avons reçu de M. Denis, instituteur àHendicourt
(Somme) une lettre très intéressante sur la discipline
scolaire. Malheureusement, celte communication est
trop longue pour que nous puissions l'insérer tout
entière dans nos colonnes. Nous voulons, du moins,
indiquer les principales idées qu'elle renferme.
M. Denis commence par mettre en regard de notre
discipline actuelle celle du temps passé ; il reconnaît
que les principes pédagogiques appliqués aujourd'hui
sont meilleurs que ceux d'autrefois, mais il fait observer
aussi que l'esprit d'obéissance et de respect
tend à s'affaiblir chez les enfants de nos écoles.
« Vous savez, dit-il, comment les vieux instituteurs
triomphaient des volontés, mataient les élèves récalcitrants,
en un mot surmontaient tous les obstacles. Qui
sait si, comme votre humble serviteur, vous n'avez pas
eu plus d'une ibis des démêlés avec Martin-bâton? En voilà
un qui faisait consciencieusement sa besogne. Aussi,
quel silence dans les classes ! Comme on prêtait attention
au moindre signe du maître ! Dans la rue même, le souvenir
du terrible Martin était encore devant les yeux. Bien
des petites libertés, qui forment aujourd'hui la monnaie
courante des écoliers, étaient pour nous le fruit défendu :
défense de ghsser, de courir sur la place, d'aller voir
danser, etc. C'était le temps où l'on guettait au passage le
villageois pour lui adresser un coup de chapeau, de casquette
ou de bonnet : ragoût fort estimé dans les campagnes
et qui devient de plus en plus rare.
8 Pour moi, j'aurais fait un long détour afin de ne pas
rencontrer mon maître d'école. Venait-il à surgir inopinément,
il semblait qu'un courant électrique vous eût vivement
secoués... Lui, digne et grave, passait en nous
lançant ces mots ; « Soyez bien sages I » Et ma foi, l'on
faisait son possible pour l'être.
« Maintenant, plus de frayeur chez les écoliers ; ils sont
avec nous d'une familiarité charmante. Sommes-nous
réellement leurs amis ou nous considèrent-ils seulement
comme des fonctionnaires payés pour les instruire ? Toujours
est il que les casquettes semblent de plomb sur les
tètes, les jeux sont bruyants, les farces, les bons tours se
multiplient. Et que disent les villageois, avides de toutes
les marques de détérence? — « Non, s'écrient-ils, jamais
les enfants n'ont été si mal instruits. Tas de libertins!
Mauvais sujets! » Et, là-dessus, de frapper sur le dos du
pauvre instituteur.
1 Eh ! maïs veut-on que nous nous immiscions dans les
affaires des familles, nous constituant juges des actions
commises en dehors de notre surveillance? Et voudrions-nous
quand même nous faire le commissaire de
police du quartier ou de la commune, que nos efforts
demeureraient infructueux. Autre temps, autres mœurs ;
nous ne sommes pas armés pour cela. »
En somme, M. Denis trouve que les règlements
scolaires ne laissent pas assez d'autorité à l'instiluleur.
Nous sommes un peu de son avis.
« Quelles punitions la loi met-elle à notre disposition?
La réprimande, les mauvais points, la prîvatioxi partielle
de recréation, la retenue, l'exclusion temporaire.
Je ne vous engage pas à essayer de celle-ci : elle est impraticable
Pour mo:, toutes ces peines sont le plus
souvent illusoires; elles ont à peu près autant de valeur
qu'un signe de convention auquel serait attachée la désapprobation
du maîlre
a II faudrait un missionnaire pour convertir les parents,
pour leur persuader qu'ils doivent surveiller attentivement
leurs enfants, les accoutumer à l'obéissance, à la
régularité, aux privations — puisque dans ce nionde, on
ne fait ni tout ce qu'on veut, ni tout ce qui plaît. Alors
seulement notre attirail de punitions sera toujours assez
bien fourni ; la leçon sera faite au milieu du plus profond
silence et de l'attention générale ; la tâche imposée
sera exécutée sincèrement et ponctuellement Ce serait
plaisir de traiter le premier bambin venu comme un futur
électeur, de lui laisser son initiative de futur souverain,
guidant le développement normal de ses facultés, sans le
contrarier.
a Cela, c'est l'idéal. La réalité, la voici : avant d'établir
notre système disciplinaire sur la raison et les sentiments,
nous avons justement pour mission de les faire naître, ces
sentiments, de faire jaillir cette raison des profondeurs où
elle se tient cachée. En attendant, jetez un coup d'œil sur
cette classe que je veux vous dépeindre. Je ne blesserai
personne en indiquant cet exemple.
« Les élèves sont arrivés depuis une heure et plus. Le
signal retentit ; ils viennent tous s'aligner pour la visite
de propreté. Regardons leurs pieds Ils ne comprennent
pas qu'on use des brosses pour décrotter les souliers,
le rôle des souliers étant de séjourner dans la boue. A
supposer qu'une force quelconque nettoie et cire leurs
chaussures, pour sûr, nos enfants émerveillés les tiendraient
à la main ou sur leurs têtes. Les habits ne sont
pas mieux tenus Et les mains? Peut-on souffrir un
pareil laisser-aller ? Non ; n'est-ce pas ? La propreté, la
bonne tenue préparent à l'éducation morale. A quel moyen
aura recours l'instituteur qui prend la direction u'une
pareille classe? Il exposera les meilleures raisons du
monde pour démontrer les avantages de la propreté : autant
décrire la lumière à un aveugle ou les sons à un
sourd !
« Prenons un autre exemple; ici, c'est un concert de
toux qut s'élève des quatre côtés de la salle! tes billes
roulent, les pieds reniueht, les poings tombent en cadence
sur les tables Je me suis trouvé à pareille fête. Qu'on
se mette à la place du patient (c'est de l'instituteur que je
parle), et qu'on me dise si, dans un pareil moment, on
penserait à se passer tranquillement les mains dans les
poches !
« On répondra peut-être : Ce cas est exceptionnel; il
est rare de rencontrer des enfants insubordonnés à c
point Le prédécesseur du maître actuel avait laissé
péricliter l'autorité entre ses mains, ou bien les enfants,
habitués jusque là à des moyens énergiques,de répression,
prennent pour de la faiblesse les procédés plus doux de
leur nouveau professeur. Tout ce que l'on voudra ;
3227
MANUEL GÉNÊBAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
• reconnaissons qnela loi ne nous permet pas de sortir de
•cette impasse. Le professeur de cours publics, l'orateur
•de conférence ont la facïiltô.de s'interrompre, dans les cas
ide force majeure. l'our ''l'inslituteur, il serait souverai-
•nement ridicule et funeste de quitter la place.
« Oui, l'instituteur dont ,jo parle sera tenu d'attendre
le rétablissement de l'ordre et du silence. Alors, il pourra
commencer sa leçon au risque de la voir fréquemment
interrompue par ses petits auditeurs. .. Où est le bon
•vieux temps, lorsque l'écolier docile se laissait coiffer de
l'ignoble bonnet d'âne? Prenons garde que les rôles ne
soient bientôt intervertis.
CORRESPONDANCE
« Loin de moi la .pensée de réhabiliter à un titre quelconque
l'absurde discipline de nos pères. Je ne sais^ rim
de plus abominable qu'un système disciplinaire fpndé sur
les souftrances physiques. S'ensuit-il que le système,opjiosé
soit le meilleur? »
La conclusion de.M.Denis, c'est qu'il l'aut r;enforcer
notre discipline, quant au.v moyens àemplojer, nqtre
correspondant avoue qu'il ,ne les a pas trouvés encore.
Nous dirons, quelque chose sur ceiSujet dans
un, prochain numéro. — T.
QUESTIONS
M. N., à L. (Gironde).
SCOLAIRES.
Le percepteur est dans son droit en refusant de remettre
le montant de votre mandat à toute personne qui n'est
point régulièrement pourvue'de votre procuration.
. 3L B., à B. (Tarn).
Une institutrice libre qui entre dans l'enseignement pufblic
est nécessairement de.la dernière classe, les années
qu'elle a passées dans l'enseignement libre étantconsidérées
comme non avenues au point de vue de son avancement
dans les écoles communales.
M. G., à G. (Seine-et-Marne).
« J'ai contracté mon engagement décennal l'année dernière
et cet engagement a été accepté. Je tire au sort cette
année. Ai-je quelque nouvelle formaUté à remplir? » —
Pas d'autre que de faire valoir votre engagement décennal
devant le conseil de revision.
« L'année pendant laquelle Je viens d'exercer après avoir
contracté mon engagement décennal, compte-t-elle pour
l'accomphssement dudit engagement? » — Il n'y a point
de.doute à cet.égard.
•
M. P. C. IL, à A.
« J'ai passé 1 an 2; mois et 26 jours à l'école normale
après mes 20 ans. Ce temps doit-il être porté comme
temps de services et entrer .en hgne.de compte pour la
liquidation de ma reti'aite? »
^ Nullement. Les seules années qui. puissent entrer en
ligne de compte pour la liquidation de. votre retraite sont
celles pendant lesquelles vous avez subi des retenues au
profit de la caisse des pensions civiles.
M. T. M. T. —.R.
Dans l'état de la réglementation actuelle, « Les. commissions
d'examen tiennent au moins deux sessions par
an pour le brevet élémenlaire et le brevet supérieur,
(décret du 4 janvier 1881, art. 8.) Beaucoup de candidats
dites-vous, désireraient que la commission pour l'examen
du certificat d'aptitude pédagogique tînt également deux
sessions par an, dont une en mars. Nous nous associons
volontiers à ce vmu; mais il n'appartient qu'au-ministre
f d'y dormer,suite. C'est donc au ministre luirmême que
. les candidats intéressés doivent s'adrasser.
M. V., à V. (Dordogne). .
a Dans, quelle, catégorie serajrje classé, si; la. loi P, Eêrt
• est votée? » — On ne saurait interpréter, mie loi avant ' 11 est regrettable- qu'une maison' d'école iréeemment
qu'elle n'existe, et vous avez pu voir, dans ce numéro •construite contienne à peine le strict.noeessaireV'Mais la
même, qu'elle soulève bien des diflicultés.
commune ne peut vous oUntr quence qu'elle^ a...Kous
croyons que, mettant à votre disposition la maison
« Un instituteur qui compte 25 années de service (à par-
qu'elle possède, elle est en droit de ne noint vous conli-
tir de l'âge de 20 ans) et 45 ans d'âge, peut-il prendre sa
retraite, bien qu'il n'ait aucune inlirmité résultant de
l'exercice de ses fonctions .et le mettant hors d'état de les
continuer?» Non, assurément. Dans les condilions,ordinaires,
les droits à la retraite ne sont acquis qu'à cinquante-cinq
ans.
M. R., à,A.
Sans doute on peut, sans, être pourvu du brevet de. capacité,
contracter un engagement décennal en qualité de
maiire d'étude dans un lycée ou collège. Mais à tout le
•moins faut-il posséder un titre qui donne accès à ces
fonctions, le baccalauréat, par exemple.
-Mlle M. L., à C. (Corse).
.Votre école contenant -104 élèves, il y a lieu certainement
d'y créer un poste d'adjointe. Si des propositions
pour cetie création ont été régulièrement faitesj, il • est
étonnant qu'elles .soient restées jusqu'ici sans effet et .
.sans réponse. 11 appartient au maire de voire commune
de's'enquérir à ce sujet auprès de M. le préfet et, au besoin,
auprès de M. le ministre.
. M. X.
8 lin élève-maître d'école normale appelé à satisfaire à
la loi sur le recrutement de l'armée, a-t-il le droit d'aller
tirer au sort au clief-lieu du canton habité par ses parents?
» — Nous le pensons.
« Si oui, à qui doit-il s'adresser , en cas de refus de la
part du directeur de l'école? » — Il peut faire intervenir
ses parents, qui, au besoin, s'adresseront à M. l'inspecteur
d'académie.
M. G., à S.-E. (Aveyron).
« La commune a fait construire un .bâtiment'pour
imairie et maison d'école ; on a .ménagé,pour le logement j
de l'instituteur .une cuisine et deux petites cbamlires seulement;
le reste de la maison est absorbé parles deux
salles de classe, le cabinet du maire et la salle du conseil
municipal. Or, je suis marié et j'ai, outre mes vieux parents,
sept enfants et une servante. Impossible de nous
loger dans un local si insuffisant, qui n'a, du reste, ni oave
ni bûcher. Dans ce cas, je suis logé dans.-mai• propre
maison et la commune m'avait alloué, jusqu'à ,présenti une
indemnité de logement. Or, le conseil ,umnicipal a supprimé
au budget cette indemnité, sous prétexte.que la ,
maison, d'école est terminée; il.suit si bien que je ne puis
habiter ce local avec ma famille, qu'on y a installé mon
adjoint. Ai-je le droit dans cette situation de demaiider
au conseil'municipal la continuation deil'allocalion que
• 'ai touchée jusqu'à ' ce jour commeiindemnitél de^logement?
»
'
P'ARTIE fiÉNÉRALË. 87"
nuer, au moins intégrâlefflent, l'indemnité de logement
qu'elle vous pnyait jusqu'ici. H en serait autrement si ce
n'était sur votre refus d'occuper ladite maison, qu'elle en
dispose en laveur des maîtres adjoints. C'iîst à vous
d'abord qu'elle doit un logement ou une indemntté eom-
:pensatrice. 11 appartiendi'ait à l'administration de placer
un instituteur si chargé de famille que vous l'ctes, dans
une commune'OÙ le local scolaire serait moin» insuffisant.
Peut-être po.ufriez-vous l'aire des démarches- en ce
sens auprès de vos chefs hiérarchiques.
M. E. M., à P. (Calvados).
« Un instituteur qui quitte l'enseignement après-l'expiration
de son engagement décennal, et qui compte, par
censéquent.-pl'uis de sept ans de-sâïrices i^endas à l'Etat,
peut-iî êlre perceptearit »
^ En principsv rien ne s'y oppjose, croyons-nous. Mais
l'adtainistration compétente peut n'avoir point de posteà
donner. Elle- a, d'àMeurs, son^ propre personnel-à
pourvoir.
MS.J., à 0.- (Gorse).
Un'instituteur qui, pendant la» dairêe d'un-'oongé, cèdeà
son suppléa-ut une paîAie de son. tratternent,-rentre dansl'int^i'alité
de ce traitemeat dès que-son coagé est expiréet
qui''ii repreaâson ser-vies-- Q'. D.
Le Qévimt : A>TÈ3IILIER.
LÏÏRES ET MATÉRIEL B'ENSEMMiKf
ÉLÉMENTS VSOELS DES SCIENCES PHYSIQUES
•ET NATURELLES, rédigés conformément aux
programmes de 1882, avec de nombreuses figures;
cours supérieur, par M; le D' SAFFRAY. 2 vol. iii-16
-cartonnés; livre de l'élève, 1 vol., 1 fr. 50 c..;
livre du maître, 1 vol., 2 fr. 50 c. Hachette et Cie.
_Notre -ami et collaborateur M. le docteur Saffray
vièn-t dè terminer les six volumes qui constituent
ses éléments u&uels des sciences phyHqiiés et naturelles,
à l'-usage des écoles primaires, et rédigés conformément
aux programmes officiels du 27 juillet
1882.
Prenant le petit élève à l'école enfantine et à la
classe d'initiation, il le conduit pas à pas, dans cet
enseignement si nouveau pour lui, si nouveau aussi
pour les maitres de nos écoles, Jusqu'au certificat
d'études et mêiïie, on pëut le dire, un peu au delà,
le laissant, s'il a su comprendre et s'approprier ses
leçons, solidement et largement prépré à recevoir
les doctrines plus hautes de l'eïiseignement primaire
supérieur.
L'unité de vues est très sensible dans ces trois
cours qui s'appuient l'un sur l'autre, qui s'appellent
et qui se complètent; l'unité de méthode est sensible
aussi : c'est la méthode même de l'école primaire
appliquée à tout ordre de connaissances dérivant
des sens et supposant à la fois l'Observation et
le raisonnement ;. c'es't la ieçon de choses, la leçon de
choses successivement et progressivement dévelop-
. pée, en quelque sorte hiérarchisée.
Les deux volumes du Coiirs supé)'iéttr;tim viennent
de paraître, complètent, selon la lettre et l'esprit
d'es programmes officiels, les volumes du Cours
moyen et du Cours élémenlaife.
Bacouragé l'eaRéiTsence, qui s'est pirésentée à?
lui sous la foFnae dassiiccès. Mi Jé-doctew Saffray .y.'
a conservé la;, forme farailière du-.c®urs aïoyen. Dansces
îeçpns qui, tout enr-s'élevant,..restent néanmoinsélémentaires^
le maître n'a pas à se préoccuper de
développer avec tOHle- sa rigsieur le raisonnement-;
scieHtifique : il se propose seuieœent d'eacourager
- le cours moyen et le co«)'« e'Zemeniaire comprennent et de-diriger l'esprit d'observ'ali.&n ; d'ësposer des
i vdlumes, savoir : COUHS MOYEN : livre de l'élève. 1 vol. faits applicables à la=vie de cliaque jour.,
.iil-16, oart., 90 c.; livre du maUre, i vol. in-16, cart., (» Pour arriver à ee résultat éducatif etî pratique; le
1 fr. 30 c. — COURS ÉLÉMENTAIRE : livre de l'élève, 1 vol. maître;, dit M. Safîi'-ay dans sa-, préface-, doit limiterson
programme, choisir les- faits susceptibles- de-
in-16, cart., 60 c. ; livre du maître, 1 vol., in-16, cart.,
1 fr. 50 c., même librairie.
produire «ne vive-impression,., les exposer dans-un
langage accessible- à son jeune auditoire.. Pour cela,,
il lui- faut mettre de côté le vocabulaire scientifiquecomposé
de mots latins et gisees plus ou moins habillés-
à la française. L'abas- des mats techniquesprésente
deux iaconvénients : il entrave la vulgarisation
en rebutant l'élève; iitfait illusion sur les résultats
acq-uis, en. laissant confondre là. mémoire des
mots avec la mémoire des idées, des faits et de lewrs
applications. »
iHiprimerie A. LaLure, 9, rue de Fleuras, à Paris.
Pour l'enseignement de ^ Physique-et de la iliimie,
encore plus nouveau, s'il est possible, que tout le
reste du programme des sciences d-observation dans
récole primaire, M. le docteur Saffray s'est attaché à
choisir des expériences très simples, faciles à exécuter
au moyen d'objets usuels et d'appa>reils peu coiiteux.
Dans le livre du maître et dans eelui de l'élève, ces
leçons ont reçu un développement plus considérable
que celles des autres parties : les maîtres devront en
tenir compte dans la répartition des heures destinées
à l'enseignement des sciences physiques et naturelles,
afin de leur consacrer tout le temps nécessaire.
Les qualités d'exposition qui caractérisent le.style
scientifique de M. le docteur Saffray sont bien connues
de nos lecteurs. Il,a, avec l'exactitude et la
précision, la clarté et l'agrément : nous ne croyons
pas que les maitres puissent trouver meilleur guide
à proposer ou à suivre,.ni meilleur texte àànterpréter,
C. fi.
3229 MANUEL GÉNÊBAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
Librairie HACHETTE et Cie,
PKirtIe scolaire M» 8 «3 FEÏ'RIER t884
SEMAINE
SCOLAIRE
DIRECTIONS ET EXERCICES
D'APRÈS LES PROGRAMMES OFFICIELS DU 27 JUILLET 1882,
ANNÉE 1883-1884
COURS
ÉLÉMENTAïaE
LANGUE FRANÇAISE. - Programme et directions.^—
L'adjectif. — Continuation des exèrcices
indiqués dans le dernier numéro. — Le maître appellera
l'altenlion dos enfants sur les adjectifs trouvés par eux ou
donnés par lui, et qui forment leur féminin d'après la
règle générale ; il leur fera formuler cette règle à la suite
de nombreux exemples écrits au tableau noir. — C. D.
Exercice de copie. — Rlotre rivière — Noire rivière
n'est pas bien large, mais elle est assez profonde et
les eaux en sont claires. Sur le bord, il y a de loin en
loin de grands arbres et de petites plantes,, des .joncs qui
sortent leur tête de l'eau. La passerelle qui sert de pont
est légère et tremble sous les pieds, je n'aime pas trop à
y passer.
(Mme P. BEBGEB et E. BEDHABD, Leçons de gra-nimaire
et de langue française^).
Dictées (à l'usage des plus avancés). — Ilîots. —
Rivière, large; profond, profonde; clair, claire; bord,
jonc, tête, passerelle, pont; léger, légère; tremble (il),
trembler ; pied.
Phrases. — \. La rivière déborde. — Nous avons à
traverser un lac profond et large. — Louis est tombé dans
mie profonde. — Le ciel est clair et bleu. — Les
ânes ne boivent que de l'eau claire.
II. René a la téle légère. — Cette passerelle est peu
solide. — Le bord de la rivière- est couvert de joncs. —
Des.planches barrent l'entrée du pont; on est entrain de
le réparer. — Le bois est plus léger que l'eau. — Le coup
de canon a fait trembler nos vitres. — Je ne veux pas aller
en bateau ; j'aime mieux voyager à pied.
ÎIL Notre rivière n'est pas bien larg'e ; mais elle es*-
claire et assez prolonde. Il y a sur le bord des grands arbres
et des joncs qni sortent leur tête de l'eau. La passerelle
est légère et tremble sous les pieds; j'ai toujours
peur quand je marche sur les planches de bois dont elle
est faite.
Dictées méthodiques (à l'usage des moins avancés).
— Son et sont. — Mots. — Carton, Léon, Victor,
école (!'), livre, lecture, vache, chèorc, pré, Emile, frère,
dispute.
Phrases. — SOH père lui a acheté \m carton.— Léon
et Victor sont à l'école. — A'ictor est à l'école; il a perdu
son livre de leclurc. — Notre vache et noire chèvre sont
dans le p)ré. — Emile a grondé son frère. — Emile et
son Irère sont en dispute. — L. T.
dire. J'ai remercié ma bonne petite mère et je me suis
empressée d'ouvrir la boite. 11 y avait dedans une belle
image : c'était le petit Chaperon rouge partant chez sa
grand'mère malade, pour lui porter un pot de beurre et
une galette. Je ne pus m'empêclier de m'éorier ; « Oh!
les belles couleurs! » et je voulus prendre l'image; mais
elle s'en alla jiar morceaux : d'un côté était la tête de l'enfant,
de l'autre un bras, ici une jambe, là un pied, .l'allais
pleurer, quand maman me dit : « Essaye de raccommoder
la pauvre petite. — Mais je ne puis pas, mère. » Alors,
essayons ensemble. Et, maman aidant, j'ai remis les morceaux
on place.
Sous celle première image, j'en trouvai d'autres qui
représentaient la suite de l'histoire du petit Chaperon
rouge. Je les ai démontées et remontées toule seule. Cela
est très amusant! Je me suis bien impatientée une ou
deux foisj mais maintenant, je dérange toutes les pièces
de ma boîte et je les replace en quelques minutes.
J'ai montré ce jeu à mon amie Jeanne. Sa mère va lui
en acheter un pareil au mien; seulement, il représentera
l'histoire du Petit Poucet. Quel bonheur! nous jouerons
ensemble à la patience; si cela pouvait nous en donner.
— L. D. (Copie, un peu retouchée, d'une petite fille.)
Redites, de mémoire, l'histoire que vous avez entendu
lire. — Qu'est-ce qu'un jeu de patience? — D'oii vient ce
nom? — Connaissez-vous l'histoire du petit Cliaperoii
rouge? — Racontez-la-nous.
IL. La Sirène (conte breton). — Il y avait une fois
à l'Isle-Aval* im sabotier; il se maria, bien qu'il n'eût
pour toute fortune que ses deux bras ; il eut beaucoup
d'enfants et il n'avait pas toujours du pain à leur donner.
Souvent il allait à la pêche avec ses petits garçons, car ils
demeuraieni tout près de la mer.
Un jour, un des enfants dit au père :
(i Nous entendons chanter, mais si bien que jamais on
n'a ou'i ^ une musique pareille. »
Le sabotier vint auprès d'eux, et, comme il n'entendait
rien, il dit à celui qui l'avait appelé :
s Tu rêves, petit, tu me ferais manquer ma pêche si je
restais à t'écouter. »
Le lendemain, ils ouïrent encore le chant et ils vinrent
prévenir leur père, qui l'entendit aussi.
Un jour qu'il péchait des crevettes", il surprit la Scraine^
qui flottait endormie sur les eaux, et il la prit dans
ses filets. Il était bien content de sa capture, car il voyait
un poisson qui était temme jusqu'au milieu du corps ;
mais il fut bien plus surpris quand il l'enlendit parler.
« Je suis, dit-elle, la Seraine des mers; laisse-moi aller
et je t'apporterai tout ce que tu voudras.
Sujets de composition française. — I. Mou jeu
«le patience. — Maman m'a apporté hier une jolie
•1. Village de Bretagne.
uoîte assez lourde. Sur le couvercle on lisait ces mats : 2. Entendu.
« Jeu de Viatience ». Je ne savais pas ce oue cela voulait 3. Petite écrevisse de mer.
4. Sirène. On appelle ainsi un monstre fabulenf; moiiié
femme, moilié poisson, qui, par la douceur de son chant,
1. Libraire llachelte et Cie. Cours élémentaire (livre de attirait les navigateurs sm' les écueils de la mer de Sicile.
} élève), -1 vol. in-16 cart., 0 fr.GO ; livre du maître, 1 vol. La plupart des peuples qui habitent les rivages de la mer
in-10 cart.. 1 fr.
placent aussi des sirènes dans leurs contes et légendes.
3231
MANUEL GÉNÊBAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
— Je vais, répondit le saboliev, te faire voir à ma
femme, ensuite je te re^iorterai ii l'eau. »
Il l'emporta dans sa cabane, et dit â sa femme :
« Vois quel poisson j'ai pris. »
Elle en eut presque peur, et elle s'écria :
« Ah! quel singulier poisson, on dirait une femme : elle
Ta peut-être nous jeter des sorts.
— Non, dit la Seraine, je suis la Seraine des mers, et,
loin de vous faire du mal, si vous me remettez à l'eau, je
vous donnerai ce que vous voudrez. »
Le sabotier alla la reporter ; autour d'elle la mer était
belle, toute jaune et toute bleue, et, avant de quitter le
rivage, elle dit :
« Je te remercie ; tu poux me demander ce que tu voudras,
je te l'accorderai.
— Merci, répondit le sabotier;'pour le moment, je n'ai
besoin de rien. »
Mais il survint une année où tout était clier, et le sabotier
ne savait comment nourrir ses enfants; il alla
guetter la Seraine, qu'il revoyait de temps en temps, et,
quand il l'aperçut, il lui dit :
« 5Ia Seraine, je n'ai rien à manger aujourd'hui, ni mes
enfants non plus; nous laisserez-vous mourir de faim?
— Tends tes filets, répondit-elle. »
Dès qu'ils furent à l'eau, ils se remplirent de tant de
poissons, que. le sabotier fut obligé d'en laisser. Il revint
à la maison et dit à sa femme :
« Vois, comme j'ai bien péché; c'est la Seraine qui m'a
valu cela.
— Ah! répondit-elle, voilà du poisson en abondance,
mais nous n'avons pas de beurre pour le frire, ni de pain
pour manger avec. »
Le sabotier retourna au bord de la mer, et dit à la Seraine
ce qui lui manquait.
« Retourne à ta maison, lui répondit-elle, je t'assure
qu'il y a maintenant chez toi du pain et du beurre à discrétion.
s
Quand il arriva chez lui, sa femme lui. dit qu'un monsieur
était venu apporter un gros tourteau de pain et une
forte motte de beurre. Ce jour-là, ils mangèrent tous à
leur faim.
Peu apfès il tit grand froid, et les enfants du sabotier
E'avaient que de pauvres habits tout percés : il alla trouver
la Seraine, et lui dit :
« !\Ia Seraine, comment faire? Je n'ai point d'argent et
rien à mettre sur le dos de mes petits enfants.
— Retourne chez toi, répondît-elle; dans quelques
heures tu vas avoir de quoi les vêlir chaudement. »
Quelques heures après arriva de Paris, un gros paquet
pour le sabotier, où il trouva du linge, des lainages, et,
jusqu'à des poupées pour les petites iilles. Les enfants et
leurs parents lurent bien vêtus pour tout l'hiver.
Le sabotier alla remercier la Seraine, qui lui dit :
« Tu m'as prise, et tu ne m'as pas tuée ; pour te récompenser,
tu seras heureux jusqu'à la fin de tes jours, et tous
les tiens avec toi. »
Le sabotier vécut jusqu'à un âge avancé, et ses enfants
devinrent tout à fait riches.
P. SÉCULOT [Contes des paysans et des •ptcheurs).
«Le maître fora d'abord comprendre aux ^enfants que
les contes sont des récits absolument faux, inventés à
plaisir, soit pour amuser simplement ceux qui les écoutent
ou les lisent, soit pour leur donner quelque bonne
leçon dont ils puissent tirer profit. Il aura soin de dire
et de répéter, au besoin, que les fées, les enchanteurs,
les animaux parlants, etc., n'ont jamais existé; mais que
ces personnages imaginaires, qui font des choses prodigieuses,
nous divertissent beaucoup. M. Ch. Defodon, dans
un très remarquable article sur VEnseignement de La langue
maternelle axix petits enfants, publié par Y Ami de
l'Enfance, dit à ce sujet : « Les histoires merveilleuses,
î,(s contes de fées, par exemple, doivent-elles être écartées
de l'éducatioii de la première enfance? Pour ma part, je
ne le crois pas, à la condition que vous fassiez comprendre
à l'enfant que vous ne croyez pas « pour de bon » à
l'existence réelle de ces êtres et de ces faits que voira
imagination évoque devant lui et pour son plaisir. Luimême,
remarqutz-la bien, va aussi loin et plus loin que
vous en fait (ie procédés imaginatifs. Lui-m!ême est personnage
et acleur, dans les mille drames de ses jeux, et
il suffira de l'averlir poui' qu'il se prêle, si elle l'amuse,
à la. fiction de Cendrillon ou de la Belle au Bois dormani,
sachant bien et dûment que c'est une ficlion, tout aussi
bien qu'il se prête au rôle de cocher ou de genclarme, do
cheval ou de biche au bois, ayant parfaitement conscience
qu'il n'est véritablement ni cocher, ni gendarme, ni cheval,
ni biche au bois'. »
HISTOIRE. — Programme. — I. Revision générale.
— II. L'an 1000. Le repas de chair humaine. — Voir,
pour plus de détails, dans le Manuel de 18S1-82 et dans
celui de 1882-83, les programmes
élémentaire. — L. T.
d'histoire du cours
GÉOGRAPHIE. — Programme. — ILa «erre (suite)
— I. Interrogations sur les leçons précédentes. — II. Hiviéres,
cascades, lacs, étangs, ruisseaux, canaux. — GHAvonES.
Diverses sortes de bateaux pour la navigation lluviale.
Une rivière. Une mare. Une source. Une cascade,;
Un lac. Un ruisssau.
tes canx ilonccs. — Développement. — Vous'
savez, mes enfants, ce que c'est qu'un bateau?
— Oui, monsieur.
— Une espèce de voiture, n'est-ce pas?
— Son, monsieur; avec les voitures on va sur les chemins,
tandis qu'on se' sert des bateaux pour voyager sur
les rivières. <
— Paul nous parle de rivières... mais en a-t-il vu?
— Oui, monsieur :. il y en a une tout près d'ici.
— Eh bien,! supposez que je ne l'aie pas vue, moi, que
je n'aie vu aucune rivière. Je voudrais bieu savoir quelle
est la chose que vous appelez ainsi : pourriez-vous me le
dire?
— Sans doute, monsieur ; figurez-vous de l'eau...
beaucoup d'eau...
— Je ne comprends pas très bien. La mare où barbotent
lès oies et les canards du père Guillaume contient
aussi de l'ean. Quelle différence faites-vous entre une
mare et une rivière?
— L'eau de la mare est tellement sale qu'on n'en voit
pas le fond; elle sent mauvais, surtout pendant les grandes
chaleurs; et puis, elle ne marche point, cette eau-là...
—• La mauvaise odeur qu'elle a lui vient précisépient
de son immobilité. Alors l'eau de la rivièi-e retii.ue?
— Oui, monsieur.
— Elle s'en va, tantôt vers la droite, tantôt vers la
gauche, comme un balancier d'horloge...?
— Vous vous trompez, monsieur ; elle coule toujours du
même côté.
— Je commence à mieux comprendre; une rivière,
c'est de l'eau courante, ou, si vous voulez, un cours d'eau.
Mais d'où sort-il, ce cours d'eau? D'une immense cuve
dont on .aurait laissé le robinet ouvert?...
— N'est-ce pas plutôt de la terre qu'il sort?
— Il s'échappe, en effet, des profondeurs du soi. Le
point de départ d'une rivière — ordinairement un simple
trou — se nomme source. Les sources sont, -en général,
situées sur des hauteurs. Plus l'endroit d'où jaillit la
source est élevé,^ plus le cours d'eau est rapide. Souvent
même l'eau tombe de rocher en rocher, avec un grand
bruit, et forme ainsi de superbes cascades. D'autres fois,
elle arrive dans un creux, dans une espèce de bassin ou
de cuvette qu'elle remplit. Cette nappe d'eau, qui se
trouve là comme emprisonnée, prend, suivant sa grandeur,
le nom d'étang ou celui de lac.
. Un étang, c'est un petit lac.
Les lacs et surtout les rivières lournissent aux hommes
de précieuses ressources. D'abord, l'eau qu'on en tire
remplace avantageusement celle des puits; elle est, presque
toujours, agréable à boire; elle est excellente pour lo
blanchissage,.
— lit l'on y trouve des que pêcheurs at-
Irappenl et qu'ils vont vendre à la ville.
— C'est juste : la pêche fait vivre un certain nombre de
personnes.
1. Extrait des Ea;erciccs de composition française, par
J. Masson. 1 vol. iii-IO, cart., 1 fr. 25. Ilachetle et Cio.
PARTIE
SCOLAIRE.
139-
On péiU aussi, à l'aidé dé tel ou tel cours d'eau, transporter
très loin, sans chevaux ni voitures, des voyageurs
ou des marchandises. De sorte que si je vous demandais :
(t Qu'est-ce qu'une rivière? » il vous serait permis de
me répondre : « 5Ïà foi, inonsieur, c'est un chemin qui
marche ! »
Je dois ajouter que beaucoup de rivières ne sont que
de simples )-«(sse(2Ma:, ce qui veut dire qu'elles ne sont ni
assez larges, ni assez protondes pour qu'on puisse naviguer
dessus.
Outre les cours d'eau naturels, il y à des canaùt. Ke
confondez pas un canal avec une rivière. Le lit du canal
a été creusé par la main des hommes, tandis que celui de'
la rivière s'est creusé tout seul.
Un canal remplace une rivière où joint deux rivières
entre elles.
Résumé de la leçon. — On appelle rivière un cours
à'eau naturel. L'endroit où cornmence_ la rivière se
nomme source.
Plus lé lieu d'où jaillit la source est élevé, plus le
cours d'eau est rapide. Quelquefois, en descendant une
pente, l'eau tombe de rocher en rocher avec un grand bruit;
elle forme alors une cascade. On nomme lac une nappe
d'eau qui se trouve comme emprisonnée au milieu des
ferres. Un étang est un petit lac. Un cours d'eau étroit,
peu profond et sur lequel il est impossible de naviguer,
se nomme un ruisseau. On désigne sous le nom de canal
une espèce de cours d'eau dont le lit a été creusé par la
main de l'homme.
Explications et eseroioes. — Bateau : les différentes
espèces de bateaux ? (bateaux de promenade : canots,
barques à voiles, périssoires, etc.; bateaux de
pêche; péniches; bateaux à vapeur: transports et remorqueurs,
etc.) — Rivière : dire comment s'appellent les
bords d'un cours d'eau? {Bives). — Immobilité : voir les
explications jointes au texte de notre première leçon de
géographie (octobre 1883). Les eaùx immobiles sont appelées
encore...? (eaux dormantes, eaux stagnantes, eaux
croupissantes). — Balancier : rapprocher balancer. A
quoi sert le balancier d'une horloge ? — Courante, cours :
rapprocher course, courir, etc. — Source : les qualités de
l'eau de source? (limpidité, fraîcheur, etc.). — Jaillir.
Rapprocher jet. De quoi peut dépendre la force d'un jet
d'eau. — Cuvette : petite cuve. — Poisson, pêche : nommer
quelques-unes dés espèces de poissons qui habitent
lês lacs et lès rivières [carpe, brochet, trruit'e, taiiché,
ablette, goujon, etc.), et les principaux engins dé la p&v
che fluviale (épervier, nas^e, 'lïgrie, etc.). —• t!n chemin
gui màrche : cette expression est dé l'illustré Pascal. —
Ruisseaux ': ne jjas confondi'e lés ruisseaux 'naturels EiveC
ceux que forment dans'les rues lës eâUx ménagères. —
Cours d'eau naturels : ceux qui ont une source èt dont le
lit s'est créusé sans le secours de l'homme. — Lit : l'espace
dans lequel l'eau de la rivière s'étend naturellement
Le mot lit, employé au figuré, éveille ici l'idée de s'étendre
mollement, tranquillement. — Canal : description
sommaire d'un canal (quais, barrages, etc.). — L. T.
Erratum : dans la dernière leçon de géographie, au
lieu de : reflets de lave, lire : flots de lave. — L. T.
INSTRUCTION CIVIQUE. — Directions. — Sous
avons cherché à montrer que dans un village, dans le
village que nous habitons, chacun, outre ses affaires particulières
et personnelles, a encore d'autres affaires, dont
il doit s'occuper en même temps que tous les autres habitants
du village, parce qu'elles répondent à des intérêts
qui sont communs. Nous avons dit, par exemple, qu'il
n'importe pas seulement à Pierre ou à Jacques qu'il y ait
une école dans le village, mais que cela importe aussi,
et de la même manière, à Thomas, à Lucien, en définitive,
à tous les pères de famille du vill.ige. Suivons maintenant
cette idée, en gardant, si l'on veut, le même
exemple. 11 faut qu'il y ait une écolo dans le village ;
mais où la bâtira-t-on? — Sur mon terrain, dit Isidore.
— Non, sur le iaien, dit Philippe. — Celui de Durand vaudrait
mieux, dit Antoine, — Je préfère celui de Dufour, dit
Ailolplie. Voilà des compétitions, des disjussions. On ne
s'entend pas. Et cependant l'affaii'e est urgente et èlle est
d'intérêt général. Comment se départager et comniént se
décider? Une idée! Nous allons réunir tous les habitants
du village; puis, devant tout le monde, Isidofe, Philippe,
Durand et Dufour expliqueront les avantages de leur terrain
pour la construction de l'école ; ensuite, qUaitd on
aura bien entendu leurs explications, on dira à chacun
des habitants : êtes-vous jDour le terrain d'Isidore, pbur
celui de Philippe, pour celui de Durand, pour celui de
Dufour? Eh bien! quand on appellera successivement les
noms d'Isidore, de Philippe, de Durand, de Dufour, vou.s
lèverez la main au nom que vous aurez choisi, et celui
qui aura le plus de mains levées l'emportera, ce sera sur
son terrain que l'on bâtira l'école. C'est un moyeu d'accord.
cela, et un bon moyen; il s'appelle le suffrage et
on dit que ceux qni lèvent ainsi la main pour Isidore,
Philippe, Durand, Dufour ou tout autre, votent pour
Isidore, Philippe, Durand, Dufour ou tout autre. On dit
aussi que la décision se prend à la pluralité ou à la majorité
des suffrages, à moins qu'il n'y ait unanimité.^
quand tout le monde est d'accord. Quand tout lé monde
n'est pas d'accord, ceux qui ne l'etaportent point, cetix
dont les votes sont les moins noiiibrénx forment la minorité.
On dit encore que Philippe,' Isidore, Dtirand, Dufour
qui se présentent, comme dâns l'eSéinple' que noùs avbus
supposé, pour obtenir les suffrages d'une population,
sont des candidats. On se sert enfin du mot de voix à la
place du mot suffrage; on dit à un candidat: je vous
donnerai ma voix, c'est-à-dire mon suffrage, c'est-à-dire
je voterai pour vous. — C. D.
ARITHMETIQUE.—Programme.—îtiifSsîoiirsuite).
— Di\'ision d'un nombre inférieur à 10 000 par un nombi-e
inférieur à 100, dont le chiffre;des unités soit très taiblé.
Nous avons publié, dans le Manuel général de l'année
dernière, de très nombreuses séries d'exercices 'suf ks
quatre opérations; on pourra litilement s'y reporter.
• Caïcral meœtaS. —• l» Addition de deux n'ombres
inférieurs à 71.
2° Soustraction d'un nombre inférieur à 71 d'un nombre
inférieur à 150.
sur les quatre opéra-
Calcul éci'it. —• I. Exercices
tions.
II. Problèmes. — 4. On achète pour 144''une caisse de
tapioca du poids de 77 Kilog. La caitese seule pèse 5 Kg. ;
quel est le prix de revient du Kilog. de tapioca?
Solulion.l^e poids du tapioca seul est 7 7—-5 = 72 Kilog. ;
Le prix du ICilog. est 144' : 72 = 2 francs.
S. Un ouvrier doit fabriquer 144 objets. I! m a déjà
fait 56. Combien lui faudra-t-il de'temps pour, faire le
reste s'il en confectionne 9 par jour?
Sdlution. Il lui resté à faire 144 — 56="10S objets.
Cela lui demandera 108 : 9 = 12 journées.
3. Un train doit parcourir une distance de l7Ô Kilbnj.;
il marche avec une viteëée de?2 Kiîoiii. à l'héui'e ë't a déjà
parcouru 42 Kilomètres. Dans combien de temps seTa-t-A
au terme de sa course ?
Solution. 11 lui reste à ïaire 170 — 42 =128 Kilom.
Ce pai'cours exigera 128 : 32 = 4 hëtu-es,
4. Voici des pigeons à 0',Ï5, des poulets à o',2o et s
perdrix à 2',75. Coinbièh aevrai-;te pa'yèr si j'aciîéle 2 perdrix,
5 potllefs'et 4 pigeons? (Sons avons introduit depuis
plusieurs semaines dans les exercices dn coiU'S éléiiieiitaire
la nniltiplication dè nombres tepritaant des francs
et des centimes).
Solution. Perdrix 2',75 X 2 = S'',50; poulets 5',23 X ô
= 9'.;5. '
Pigeons 0',73 X 4 = 5^00.
On devra payer 5^50 9',75 -j- = IS',25.
5. Un ouvrier a travaillé du 7 janvier inclus, qui était
un lundi, jusqu'au 9 février inclus, à raison de 4' par
jour. Combien a-t-il gagné'pendant cette période, dont les
(Hmandhes ont été oo'iisaerés au repos?
Solution. Les dates des jours de travail ont été 7, 8, 0,
irt .H -19. i.i .ir> Ifl 17 IS -19 — 21. 99.23.24.25.
2ii'— 28, 29, 50,' 51 'janvier,' 1"' février,{.2
fih a.
-V.v fi.
3233
MANUEL GÉNÊBAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
En tout 5 semaines de G jours de travail, soit 50 jours.
L'ouvrier a gagné X 30 = 120 francs.
C. Autour d'un terrain carré dont le côté mesure 28 mètres,
on a lait poser un Ireillage qui coûte 3' le mètre.
A combien s'élève la dépense?
Solution. Le treillage mesure 4 fois 28 mètres=112 me-
La dépense s'élève à 5'x 112 = 336 francs.
PARTIE
SCOLAIRE.
139-
enfants, bordés d'un ruban de soie, de laine ou de coton
de couleur (ce travail ijourrait être fait par des enfants
(lu cours supérieur).
L'ouvrage sera tenu par la main gaucbe entre les
quatre doigts et le pouce; ce dernier maintenant l'étoffe
dessus, les autres doigts placés dessous.
La main droite, armée du dé, prendra l'aiguille qui
devra dès le début être parfailemenl tenue et dans la
position indiquée par la ligure 2. Le milieu de l'aiguille
maintenu entre le pouce et l'index, le- chas appuyé sur
le dé par lequel sera poussée l'aiguille. Avec les deux premiers
doigts on abaissera la pointe de l'aiguille pour l'introduire
dans le tissu et former le point. Puis lorsque
celle-ci sera entrée suffisamment dans l'étoffe, et pendant
que le dé la poussera, on saisira de nouveau avec les deux
mêmes doigts la partie de l'aiguille qui sortira, après
avoir fait le point, et on tirera le fil.
Kous nous étendons un peu longuement sur ces détails,
car les enfants ont presque toujours la mauvaise habitude
de lever la main entièrement avant d'aller reprendre
l'aiguille, ce qui est long et disgracieux. — Mme GIROUX.
COURS
MOYEN
LANGUE FRANÇAISE. —Directions. — Le ïcrbe.
— La conjugaison. — La seconde, la troisième et la quatrième
conjugaison. — Faire conjuguer des verbes de ces
trois conjugaisons à certaines formes données, en ayant
soin qu'ils soient enclavés dans une petite phrase. —
Exercices oraux. — Exercices au tableau noir.
Exercices au tableau noir sur le nom et l'article, l'adjectif,
le pronom. — C. D.
Dictées. — I. lia maison de Jeanoe d'Arc. —
11 existe à Domrémy, près de Yaucouleurs. en Lorraine,
une maison de modeste apparence, qui n'attire les regards
par aucun ornement extérieur, et qui ne se distingue
des habitations voisines que par la couleur plus
sombre qu'elle doit à son ancienneté. Cependant, les
jeunes filles du village la saluent en passant ; quand les
jeunes garçons la contemplent, leurs yeux brillent d'enthousiasme
; les vieillards la montrent à leurs enfants en
versant des larmes d'attendrissement, et les voyageurs
s'inclinent avec respect devant cet humble toit : c'est la
maison de Jeanne d'Arc. Elle appartenait, il y a quelques
années, à un paysan nommé Girardin, qui la regardait
avec raison comme son plus précieux héritage, et qui en
était aussi fier que du plus riche domaine.
En 18-17, un Anglais fort riche, voyageant en France, se
détourna de plusieurs lieues pour visiter cette maison.
Girardin se lit un plaisir de la lui montrer dans le plus
grand détail'.
Explications. — Domrémy : village du département
des Vosges. — Vaucouleurs : chef-lieu de canton du département
de la Meuse. Jeanne d'Arc vint s'y présenter au
sire de Baudricourt, pour lui demander de la conduire
auprès de Charles Vil. — Lorraine : situation de cette
province. — Apparence : état d'une chose telle qu'elle
apparaît aux regards.— Extérieur : l'opposé de ce mot?
[intérieur : remarquer la dilïérence de signification des
préfixes in, dans et ex, hors). Rapprocher d'extérieur :
cxierne, externat, exil, exiler, etc., etc. — Ancienneté :
le radical de ce substantif? (l'adjectif ancien). — Enthousiasme
: sens primitif : ardeur, transports provenant
d'une inspiration'divine'-^ ; chaleur extrême de sentiment.
— Jeanne d'Arc : énumérer les principaux faits accomplis
par cette héroïne. — Paysan : le radical de ce mot ? (pays ;
paysage, paysagiste, dépayser, etc.). — Héritage :
ce qu'on recueille par la mort de quelqu'un. Rapprocher
héritier, hoir (vieux français), déshérence, etc. — Domaine
: synonyme de propriété (racine dom, signifiant
' tantôt maitre, tantôt maison : dominical, domicile, dominer,
domination, etc.). •— Dans le plus grand détail :
sans omettre la moindre chose. — L. T.
II. ta foua-mî. —La fourmi paraît savoir que l'hiver
est long, et que. le blé même n'est pas longtemps exposé
dans les champs. Aussi, durant la moisson, elle ne dort
plus. Elle traîne, avec de petites serres qu'elle a il la tête,
•1. Certilicat d'études primaires. Canton de Laigle (Orne).
Communiqué par M. Vilbert, inspecteur primaire de
Mortagne.
2. F,n. rlnriG. Ihj>ns T^ipn • n.dhtnn tînnfnp.
des grains qui pèsent trois fois plus qu'elle, et elle avance
comme elle peut, à reculons. Quelquefois elle trouve eu
chemin quelque amie qui lui prête secours, mais elle ne
s'y attend pas.
Le grenier où tout doit être porté est public et aucune
ne pense à faire sa provision à part. Ce grenier est composé
de plusieurs chambres, qui toutes conimuniquen;
par des galeries, et qui sont toutes creusées si avant, que
les pluies et les neiges de l'hiver ne pénètrent point jusqu'à
leur voûte. Ceux qui ont essayé de détruire les fourmilières
qui avaient eu le loisir de se perfectionner, n'y
ont presque jamais réussi, parce que les rameaux s'en
étendent trop au large, pour qu'elles se sentent du ravage
qu'on fait à l'entrée'. — L. T.
Sujets de composition française. — I. le Pertas ^
doré (conte — Il était une fois un bonhomme qui
avait coutume d'aller faire des fagots dans la forêt ; il ne
gagnait pas beaucoup à ce métier et souvent il se plaignait
de son malheureux sort.
Un soir qu'il s'en revenait à la tombée de la nuit, il vit
sur une clairière une belle dame vêtue de blanc ; il ôta
son bonnet en passant devant elle, et lui souhaita le bonsoir,
comme c'est l'usage à k campagne.
« Bonsoir, mon brave homme, lui répondit la dame,
d'où venez-vous si tard ?
— De faire des fagots dans la forêt, répondit le bonhomme
; c'est un métier qui ne vaut guère.
— Seriez-vous content d'être plus à votre aise ?
— Oui, madame, et pour cela il ne me faudrait guère.
— Si je remplissais d'or ce que vous tenez à la main,
dit-elle enmontrantun petit pot qui servait au bonhomme
à porter sa soupe, seriez-vous bien content ?
— Oh I oui, madame.
— Eh bien, ôtez son couvercle et regardez. »
Le bonhomme découvrit son petit pot et vit qu'il était
plein de belles pièces d'or. Il fut d'abord ébloui de cette
fortune inattendue, puis il pensa : « Si j'avais eu un grand
pot, il n'en aurait pas plus coûté à la fée de l'emplir
d'or. »
11 se gratta l'oreille et dit.
« Je vous remercie bien, madame, mais mon pot est
tout petit, et je n'aurai pas pour longtemps de ce qui est
dedans. Je voudrais bien aller jusqu'à la maison chercher
un vase un peu plus grand.
— A vos souhaits », répondit la fée.
Le bonhomme courfat à sa cabane et revint le plus vite
qu'il put à la clairière, apportant avec lui aapotaplou, ou
si vous aimez mieux, un de ces pots à puiser de l'eau qui
sont, comme chacun le sait, de grande dimension ; et il
pensait en lui-même à la grande quantité de pièces d'or
qu'il pourrait contenir. Mais quand il arriva à l'endroit
où il avait vu la fée, elle avait disparu et la seule chose
qu'il vit, c'est un peu de mousse jaunâtre qui garnissait
1. Certificat d'études primaires. Canton de Moulins
(Grue). Communiqué par M. Yilbertj inspecteur primaire
de Mortagne.
2. Ou pertuis : le trou doré.
S. Voir les observations faites au cours élémentaire
Riir Ifls nnnlpçî.
118 MANUEL GÉNÊBAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE.
iinç Jente d'un gro.s rocUer que depuis on a appelé, le
l'ertus doré.
Quand il regarda ddn^ spp petit pot, au lieu d y trouver
de l'or, il n'y vit qu'un reatq de soupe, et il s'en reloiirna
chez lui, ï"'®" marri d'avoir, }?ar trop
perdu ce que la fée lui avait d'a,bor
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 119
jour^ 2030 francs, que gagneraient 42 liommes en
92iW'a*?
Solution. 2030' est le prix de 2!) X 35 ï= 1015 journées
(l'ouvriers.
Et l'on demande le prix de 92x42 = 3864 journées.
t,e prix d'une journée est 2030' : 1015 = 2',
Donc 42 hommes en 92 jours gagneraient 3864 fois 2',
soit 7728 francs.
fiO. On veut carreler une pièce rectangulaire de 4"°,20
(lelonçjsur 3",6D delai-geavec des carreaux carrés de0°',20
(le côté. Combien çoi}tera cse travail, si le raille de carreaux
v.5iit 22',50 et si l'on paye 0/.,80 par mètre carré pour la
iliain d'œuvre®?
Solution, La superficie de la pièce est 4»',2x3°',6
Celle d'un carreau est 2^»x2'''° = 4 décim. carrés.
Eu 1512 dm®, combien de fois 4 dm-?
Nombre de carreaux 1512 : 4 = 378 à 2',25 le 100,
Valeur des carreaux 2',25 X 3,78 = 8',50,.
Main-d'œuvre 0',8 X 15,12 = 12',10.
Dépense totale 8',50 4-12',10 = 20',60.
SYSTÈME MÉTRIQUE- — Programme. —UJesuires
rte .Çiupcriicîe et mçiiipres de volume. (Revision-)
Exercices et problèmes-
1. Exercices. ^ f, Exprimer :
24 Ares en mètres carrés,
liô 740 décim. çarrég en Déeam. carrés,
745 Ares en Hectares,
8'î 600 mètres carrés en Hectares,
l'ia,4 en mètres carrés.
0"'®,725 en décimètres carrés.
0Ha,7 en mètres çarrès.
6420 mètres carrés en Ares,
29 dm^ en centim. carrés.
©•""^Ogs en millim. carrés.
8. Combien y a-t-il :
De mètres carrés dans un demi-Hectare? R. 5000 nl^.
R. 2400 m2.
R. 6Dm2,574
Jl. 7Ha,45.
n. 8Ha,76.
R. 14 000 m-.
R.
R. '/OOO
R. 64A,20.
R. 2900 cm2.
R. 930 mm^.
De centiares dans 6 Décamètres carrés? R. 600 centiares.
D'Hectares dans 2 Kiiom. carj,'{s? R. 200 Hectares,
lie décim. carré? dans un d^-m®? R. 50 dm^.
De centim. carrés dans 5460 lilm^?' R. 54°»^,6.
De Kilom. carrés dans 700 Hectares? R. 7 Km«.
De décim. carrés dans un 10» de m-? fi. 10 dm®.
S. Exprimer.:
2 décim. cubes en centim". R. 2000 cm'-
4 stères en décim. cubes. R. 4000 dm».
0'°®,74 en décim. cubes-
R. 740 dm^.
18 570 centim. cubes en décim,cubes- R. 18'i"»,37'.
4doubl9S Décastéres en riiètr. çubes. R. 80 m- cubes.
4. Combien y a-t-il :
De décistères dans 2 mètres cubes'? R. 20 décistères.
De Décastéres dans 28 mètres cubes? R. 2Dst;8.
De décim. cubes dans un dixième dem^. R. 100 dm'.
Decentim.cubesdansuncentièmedem^? R. 10000cm°.
Demillim.cubesdansunmillièmedem'? Ji. -lOOOOOOmm^.
II. Problèmes. — 1. Que valent 7 demi-Décastères de
bois à 57' le double stère ?
Solution. 7 demi-Décastères font 7' fois 5 = 35 stères.
Le stère valant 57'-: 2 = 28',50,
35 stères valent 28', 5 x 35 997'; 50.
2. Quel est le prix d'un terrain rectangulaire estimé
8500' l'Hectare et mesurant 108 de long sur 85» de large?
Solution. Superficie 108» x 85"»—9180 mètres carrés
= 91A 80.
Valeur, à raison de 85' l'Are. 85'x 91,8 = 7803'.
3. Calculer, à raison de 80' le mètre cube, la valeur
totale de deux blocs de pierre dont l'un mesure 3 mètres
cubes 96 décim. cubes et l'autre 36 décim. cubes de moins.
Solution. Le 2° bloc mesure 3»=,09G —0"'=,036=3'»=,000 ;
. Le volume- total des deux blocs est S^^ Ogo + 5«>5 QGO
= 6»Mas.
Leur valeur totale est 80' x 6,156 = 492i',48 ou 492';50.
S. MAIRE:
1. Laigle(Orne), filles. Communiqué par H. Vilbert, inspecteur
primaire de Mortagne.
2. Paris. Compositions générales du, 21 novembre 18S"i.
— Cours supéi-ieur. — Communiqué par H. Ilardveck,,
mstitnfpni-
GÉOMÉTRIE. — Directions et exercices.
ANGLE INSCKIT DANS UN DEMI-CERCLE
PiioposiTios. Étant donné une demi-circonférence décrite
sur AS comme diamètre, si l'on joint un point quelconque C
de la demi-circonférence aux extrémités k et B de ce
diamètj-e, l'angle C est droit.
Ou plus simplement :
Tout angle inscrit dans une demi-circonférence eet
droit.
Démonstration.
Menons le rayon 00, les triangles AOC
Fig. 51.
et BOÇ sont isocèles, par suite, le® angles opposés aux
côtés égaux sont égaux; nous avons donc
ACO = CAO,
ECO = CBO,
Et, en ajoutant ces égalités membre à membre, nous
avons donc
ACB — A -I- B.
Mais la somme des trois angles A, B, C du triangle est
égale à 2 droits ; l'angle C étant égal à la nloitié de ceitte
somme est un angle droit.
TANGENTE
DÉFinmoN. On appelle tangente à une circonférence
(fig. 51) une droite qui n'a qu'un seul point commun
avec cette courbe.
On voit que si une droite CD qui coupe le cercle 0 aux
points C et D se transporte parallèlement à elle-même et
prend les positions CD',... de plus en plus éloignées du
centre, les deux points de rencontre primitivement situés
en C et D se rapprocheront de plus en plus du point A et
Fig. 52.
Fig. èS.
finiront par se confondre avec lui ; la droite BAC n'aura
plus alors qu'un seul point commun avec la circonféi-ence;
elle lui sera tangente en A. De là résulte la proposition suivante
:
PROPOSITION. La droite perpendiculaire à l'extrémité
d'un rayon est tangente à la circonférence.
DÉJIOKSTRATIOS. Ainsi la droite BC (fig. 52) perpendiculaire
à l'extrémité A du rayon OA est tangente à la circonférence
0.
Remarque.
On arrive également à la notion de la tan-
Fig. 34.
gente et à la propriété précédente en faisant tourner une
sécante CD autour de l'un des points d'intersection A qui
120 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
reste fixe de manière que le second point vienne se confondre
avec le premier.
En effet, la perpendiculaire OG abaissée de 0 sur CD
passe par le milieu G de la corde AD et, si celle corde Ali
devient de plus en plus petite, le point G se rapproche
de A et finit par se confondre avec lui lorsque la sécante CD
est devenue la tangente EF, — Si, à partir de la position
EF, en continuait à faire tourner la droite mobile CD
elle couperait de nouveau la circonférence en deux points
A et B'; elle cesse d'être tangenle dès qu'elle n'e.'it plus
perpendiculaire sur le rayon de contact OA.
CONSÉQUENCE. Toiiie tangente à la circonférence est "pcrpendiculaire
au rayon mené au point de contact.
TRACÉ DE .LA TAKGEISTE AU CERCLE
PROIILÈME I. Étant donné un cercle et un point A sur
la circonférence de ce cercle, mener par ce point une
tangente à ce cercle.
Solution. On mène le rayon OA el l'on élève au point A
la perpendiculaire EF sur ce rayon ; d'après la proposition
précédente, cette droite est tangente au cercle.
rBOnLÈMElI. D'un point A donné hors d'un cercle 0, mener
des tangentes à ce cercle.
Solution. On joint le point A au cenire 0 (fig. 55) et
sur la droite AO on décrit une circonférence; elle coupe
0 aux poinis E et D; AD, AE sont les deux langenles
cherchées..Eu effet, traçons les rayons OD, OE, les angles
ODA, 0E.\ sont droits puisqu'ils sont inscrits chacun dans
une demi circonférence.
Conséquence. Les deux tangentes menées d'un point
extérieur à un cercle sont égales et la ligne qui joint leur
point de concours au cenire est la bissectrice de leur angle.
En effet, la figure est syméirique par rapport à OA ;
si on la plie suivant le diamètre OA, la partie supérieure
peut êlre appliquée exactement sur la partie qui est audessous
de OA.
PEOI!I.ÈJIE IN. Mener à un cercle 0 des tangentes parallèles
à une droite donnée AB.
Solution. On abaisse du centre 0 (fig. 56) une perpendiculaire
OCD sur AB; elle coupe le cercle aux points C
etD; ce sont les poinis de contact des deux tangentef
A
E c I'
0
y
G U II
Fig. H6.
cherchées. Pour les tracer, il suffit de mener EF perpendiculaire
sur OC au point C et Gll perpendiculaire sur OD
au point D.
Ces lignes EF, Gll seront langenles puisqu'elles seront
perpendiculaires chacune à l'extrémité d'un rayon. De
plus, elles seront parallèles à AB, car AB et l'une d'elles.
EF, sont perpendiculaires au même diamètre CD. — E. B^
B
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. - Directions.
— Organisation et foiiction.s . «les
feiiilU'S et des lleurs. — Vous commencerez par
rappeler brièvement les notions acquises sur la slructure
des familles. Vous aborderez ensuite l'intéressante question
de la transformation des feuilles en écailles, en
vrilles, en e'pines.
Donnez quelques développemrnt.s sur la structure de
l'épiderme des feuilles et sur le i 61e des stomates.
Tout on consacrant à cette revision le temps qu'elle
comporte, rèsorvez-cn suffisamment pour expliquer et
faire bien comprendre le rôle que joue, dans la feuille,
la matière verte {chlorophylle). Prenant pour exemple
une plante potagère étiolée par ligature ou recouvrement,
indiquez tout d'abord que les feuilles produisent,
sous l'influence de la lumière, une matière verte douée
d'une vitalité toute particulière, et qui cesse de se produire
dans l'obscurité.
Cette matière est fort curieuse à étudier. Aussitôt
qu'elle est formée, elle se met A travailler au prolit: de la
[liante, et cela tant que le jour luit. Voici en quoi consiste
son travail. Les petites bouches des feuilles absorbent
un des gaz de l'air : le gaz carbonicpje. Avec ce ga
et l'eau de la sève, la matière veite tiouve moyen de
fabriquer de Xamidon, qu'elle emmagasine pendant
toute la journée. Pour fabriquer l'amidon, les feuilles
emploient seulement le carbone du gaz carbonique, qui
est composé de carbone et d'oxygène; il en résulte un
excédent d'oxygène qui s'e'chappe par les bouches.
La nuit venue, il ne se forme plus de matièie verte, et
celle qui a travaillé pendant le jour se repose. Pendant ce
temps l'amidon se transforme en sucre, comme il se transforme
dans les cotylédons d'une graine en germination.
Pour qu'une graine entre en germination, il lui faut
de l'humidité, de la chaleur et de l'oxygène. Eh bien,
pour que l'amidon des feuilles se transforme en sucre il
faut aussi tous ces éléments. L'oxygène est puisé dans
l'air par les petites bouches ou stomates; cet oxygène est
employé à brûler certains matériaux pour les transformer,
et, puisqu'il y a combustion, il doit y avoir aussi
dégagement de pz carbonique.
Ainsi les feuilles absorbtnt pendant le jour du gaz
carbonique et exhalent pendant la nuit de l'oxygène : ou
du moins, pendant ces deux périodes, ces gaz sont
absorbés et exhalés en grand excès, ce qui nous permet
de les considérer comme seuls en cause.
Pour prouver que les feuilles dégagent de l'oxygène
quand elles sont exposées à la lumière, on fait l'expérience
suivante. Dans uii flacon à large goulot on introduit
des feuilles en pleine végétation, on remplit d'eau et l'on
ferme au moyen d'un bouchon dans lequel s'engage un
tube recourbé qui se prolonge jusqu'au fond" d'un réservoir
d'eau. Dans ce rébervoir est placé, au-dessus de
l'orifice dii tube, un flacon plein d'eau et renversé. Tel
est l'appareil le plus simple que l'on emploie, en chimie,
pour recueillir les gaz. On place l'appareil au soleil, et
bientôt les feuilles, remplissant leuis fonctions ordinaires,
se couvrent de petites bulles de gaz qui passent
dans le fiacon récepteur. Poir prouver que ce gaz est de
l'oxygène, on introduit dans le flacon retourné une allumette
qui ne présente plus qu'un point en igiiition, et
aussitôt elle s'enflamme et produit une lumière éclatante.
Le sucre qui se forme dans les cotylédons pendant la
germination sert à nourrir la jeune plante. Ce sucre,
dissous par l'eau dont l'embryon est imprégné, et associé
à une très petite quantité d'autres substances qui accompagnaient
l'amidon dans les cotylédons, tbrme une véritable
sève, complète de tout point, dans laquelle la plante
naissante puise les éléments nécessaires à rorganisation
de toutes ses parties : elle en fait des. cellules, des fibres,
de la matière verte, etc.
De même, le sucre qui se forme, la nuit, aux dépens
de l'amidon des feuilles sert à nourrir la plante. Eu elfet,
il se dissout dans l'eau minéralisée que fournissent les
racines, et le mélange produit la sève parfaite. Dans cette
sève les organes do la plante puisent les matériaux
nécessaires à leur accroissement.
Les racines absorbent l'eau du sol pour la fournir à la
plante. Si leur travail est continu, il faut que la plante
perde au fur et à mesure l'eau qu'elle reçoit des racines ;
il faut qu'il se produise, à sa surlace, une évaporation
considérable.
PARTIE SCOLAIRE.
139-
Il serait très inWressant de faire l'expérience suivante
pour montrer connliien est considérable l'évaporation à la
surface des feuilles.
« Dans ce bocal plonge un gros tube de verre qui se
ti'ouvn lierméliqiiement fermé à ta parlie supérieure par
ce rameau leuillu entouré de mastic. .Après avoir renversé
le tube pour le remplir d'eau, je l'ai retourné dans
le bocal, et la pression de l'air a sulfi pour le maintenir
plein, comme un tube de baromètre. Il y a quelques
heures le bocal, dont l'orifice est couvert, était plein
d'eau : vous voyez qu'il en manque déjà une certaine
quantité: dans deux jours il sera vide :les feuilles auront
tout aspiré et (eut rendu à l'atmosphère.
« four vous donner une idée de la quantité d'eau évaporée
par les plantes je vous dirai qu'un champ de blé
d'hiver évapore d'avril à juin une couche d'eau de 0'°,'i5,
et que pour obtenir 1 gramme de grains de blé il a fallu
que la plante évaporât' 1800 grammes d'eau, n
La chaleur, le vent et la fécheresse de l'air activent
l'évaporation à la surface dos feuilles, mais l'agent principal
est la lumière. Pendant la nuit l'évaporation devient
presque insensiiile. Alors l'appel, ïaspiralion cessant à
la partie supérieure, l'absorption se ralentit ou cesse
dans les racines.
.4insi, pendant la nuitla plante semble livrée à un repos
complet. Les feuilles ne travaillent plus à fabriquer
de l'amidon, l'évaporation cesse presque entièrement et
par suite les racines font relâche.
Mais pendant ce repos apparent l'amidon se change en
sucre, le sucre se dissout dans la sève, et chaque portion
de la plante, puisant dans cette sève, travaille à
s'organiser, à s'accroître : en un mot, c'est pendant la
nuit que la plante rf/père et se nourrit.
Pour digérer, pour transformer les matériaux de la
sève, la plante doit absorber de l'oxygène etl'employerà des
combuslions qui produisent, comme résidus, du gaz carbonique
et de la vapeur d'eau : cette vapeur et ce gaz
sont exhalés en-même temps. Pendant les nuits froides,
cette transpiration de la plante devient sensible, la vapeur
se condense en gouttelettes qui couvrent les feuilles
de'rosée.
Quoique les feuilles soient destinées à dégager de la
vapeur d'eau, elles peuvent, en cas d'urgence, suppléer
les racines et absorber de l'eau jSour la mêler à la sève.
Si l'on plonge dans un vase plein d'eau un rameau d'une
brandie détachée, cette branche se maintient longtemps
fraîche par suite de l'absorption qui se fait à travers les
feuilles immergées.
Pour ce qui concerne la seconde partie de cctie leçon,
vous procéderez également par une revision des notions
élémentaires, suivie de quelques développements spéciaux
sur l'organisation de la fleur et la fécondation.
^ Les explications que vous donnerez sur la structure et
l'organisation des fleurs ne seront bien comprises, et ne
se graveront dans la mémoire que si vous adoptez une
définition de la fleur à la fois très correcte, très simple
et très courte. Nous proposons celle-ci : la fleur est une
partie de la plante qui contient un ou plusieurs orgaiies
néiiessaires à la production des fruits.
Pour qu'un fruit se forme, il faut deux organes : un
pistil et une étamine. Tantôt ccs deux organes se trouvent
réunis dans une même fleur; tantôt ils existent isolément
sur des fleurs isolées.
En faisant l'analyse descriptive de fleurs complètes,
et de fleurs incomplètes, que vous pouvez nommer demifleurs,
vous ferez facilement coniprendre en quoi consiste
essentiellement une fleur pour le botaniste.
Ceci étant bien compris, vous donnerez quelques détails
sur lâ manière dont le pollen se trouve disséminé
de manière à féconder l'ovaire, sur les lleurs complètes ou
incomplètes; comment il arrive même sur les ovaires de
fleurs portées par un individu pistillé, très éloigné de
l'individu t'taminé.
Pour expliquer la fécondation, vous ferez bien de dessiner
au tableau sur une grande échelle, chacune des
phases que vous décrirez. La fleur de Stfamoine est un
des meilleurs exemples que vous puissiez choisir.
Au point de vue de la fécondation, c'est-à-dire de la
production des fruits, il y a trois sortes de fleurs ; celles
qui sont pourvues du pistil et au moins d'une étamiue;
celles qui possèdent seulement le pisiil; celles qui possèdent
snntpTnnnf t'pfnmiiip. les fJpuY flfirniprPR sortes.
qui sont incomplètes, se trouvent soit réunies sur un
même individu comme chez le châtaignier, soit séparées
sur deux individus comme chez le chanvre.
La parlie du pisiil qui est fixée au réceptacle de la
fleur constitue l'ovaire. Coupez en deux un ovaire de giroflée.
Bien. Que voyez-vous à l'intérieur? Des rangées
de petits organes qui ne sont pas encore des graines, mais
qui sont appelés à le devenir. Comme la graine représente,
en quelque sorte, un œuf de plante, on appelle
petits œufs, ovules, ces points blanchâtres qui se trouvent
dans l'ovaire ou réservoir d'ceufs.
_ Si l'on supprimait le stigmate d'un pistil, l'ovaire se
sécherait, au lieu de devenir un fruit.
^ En supprimant le stigmate, nous empêchons le pollen
d'entrer en communication avec l'ovaire, et celui-ci, demeurant
stérile, sèche et se détache. Pour qu'un ovaire
soit fécond, il faut que son stigmate intact reçoive des
grains de pollen et que ce pollen entre en communication
avec l'ovaire.
Les anthères, arrivées à maturité, se sont ouvertes, et
le stigmate, couvert de grains de pollen, ressemble assez
à une pelote garnie d'épingles.
, La surface du stigmate, veloutée et moite, est imprégnée
d'un suc gluant qui retient le pollen et l'humecte peu à peu.
Quand un grain de pollen se trouve exposé à l'humidité,
il se conduit en quelque sorte comme une graine
en germination : il végète, et l'on voit sortir d'un petit
orifice un tube très délié qui croît rapidement. Je représente
ici un grain de pollen émettant son tube.
Le pollen, trouvant sur le stigmate les conditions favorables,
entre en végétation : son tube s'introduit dans la
matière spongieuse du stigmate, y puise de nouveaux
ahments et, cheminant le long du style, pénètre dans
l'ovaire. Là il rencontre un ovule, perce son enveloppe et
demeure stationnaire pendant quelque temps, puis se
trouve absorbé dans la sève et disparaît. Voilà en quoi
consi.'te la fécondation d'une fleur.
Après la fécondation l'ovaire grossit, les ovules grandissent,
la vie du fruit est assurée ; il est noue, comme
disent les jardiniers.
Voyons un peu quelles causes peuvent produire la coulure,
c'est-à-dire la stérilité des fleurs à pistil. Supposons
d'abord qu'il s'agisse de fleurs complètes.
Souvent la température devient trop basse, la nuit surtout,
pour que la fleur puisse continuer de vivre : elle
ne se congèle pas, mais elle meurt de froid. La température
étant convenable, il peut se produire un retard dans
le développement des organes. On constate alors que le
stigmate n'est pas à point quand s'ouvrent les anthères,
ou bien que les anthères s'ouvrent quand le stigmate est
déjà flétri. Dans les deux cas le pollen demeure inutile.
Supposons que tout ait marché à souhait : le stigmate
est couvert de pollen. Mais voici une pluie inopportune
qui détrempe sa glu, ramollit le pollen, le gonfle outre mesure
et lui fait rompre son enveloppe: voila un fruit perdu.
Les fleurs incomplètes situées sur le même pied courent
un autre risque. Il peut se faire que le pollen des fleurs
étaminées ne tombe pas sur le stigmate des fleurs pîsZîYees.
Enfin, lorsque les fleurs des deux sortes se trouvent sur
deux individus séparés par une assez grande distance, les
chances de stérilité sont encore plus nombreuses, puisque
la fécondation dépend de la direction du vent qui emporte
le pollen.
Les mouches, les abeilles et d'autres insectes qui vivent
du suc des fleurs se couvrent plus ou moins de pollen en
passant sur les étamines. Ensuite elles transportent ce
pollen sur d'autres fleurs oii il se trouve englué par le
s'igmate.
Voilà un service éminent que nous rendent les insectes,
et principalement les abeilles; nous leur devons, en
grande partie, nos récoltes de fruits.
Parfois aussi elles jouent un mauvais tour aux horticulteurs.
Si l'une de ces visiteuses dépose sur le stigmate
d'un pétunia rouge un peu de pollen cueilli sur un pétunia
blanc, il se produit une variété hybride, c'est-à-dire
qui tient de l'un et de l'autre. Souvent les horticulteurs
secouent sur uiie fleur, dont ils ont coupé les étamines,
le pollen d'une fleur de la même espèce, afin d'obtenir des
variétés par ce procédé, nommé hybridation. S'ils veulent,
au contraire, conserver pure une variété ils la tiennent
à distance dts plantes dont ils redoutent le pollen et la
mpffpnf à l'nhri rlp In viçjitp rtp.K'insftCtes. — D'' S.
122 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
COURS
SUPÉRIEUR
LANGUE FRANÇAISE. — Directions. —le verl>e.
— Emploi des modes et des temps, suite. — Concordwiee
des temps du subjonctif a-^eo ceux de. l'indicatif et du
conditionnel. — Voir toutes les grammaires.— Nombreux
exercices, au tableau noir.
Exercices de reyision sur le nom et l'article, l'adjectif,
le pronom.
Exercices d'analyse logique; décomposer en propositions
des phrases choisies dans les dictées ou dans le livre
de lecture (exercices oraux). — C. D.
Dictée. — les inoMMuneiits Islstorlqiies en
France. — Les monuments historiques dont le sol de
la France est couvert font l'admiration et l'envie de
l'Europe savante. Aussi nombreux et plus variés que ceux
de quelques pays voisins, ils n'appartiennent pas seulement
à telle ou telle phase isolée de l'histoire, ils forment
une série complète et sans lacune ; depuis les Druides
jusqu'à nos jours, il n'est pas une époque mémorable de
l'art et de la civilisation qui n'ait laissé dans nos contrées
des monuments qui la représentent et l'expliquent. Ainsi,
à côté de tombeaux gaulois et de pierres celtiques, nous
avons des temples, des aqueducs, des amphithéâtres et
autres vestiges de la domination romaine qui peuvent le
disputer aux cliefs-d'œuvre de l'Italie : les temps de décadence
et de ténèbres nous ont aussi légué leur style
bâtard et dégradé ; mais lorsque le onzième et le deuxième
siècle ramènent en Occident la vie et la lumière, une
architecture nouvelle apparaît, qui revêt dans chacune
de nos provinces, une physionomie distincte, quoique
empreinte d'un caractère commun : mélange singulier de
l'ancien art des Romains, du goût et du caprice oriental,
des inspirations encore confuses du génie germaniqiie.
Cp genre d'architecture sert de transition aux merveilleuses
constructions gothiques qui, pendant les treizième,
quatorzième et quinzième siècles, se suivent sans interruption,
chaque jour plus légères, plus hardies, plus
ornées, jusqu'à ce qu'enfin, succombant sous leur propi'e
richesse elles s'affaissent, s?alourdissent et finissent par
céder la place à la grâce élégante, msi? passagère, de la
Renaissance. Tel est le sppctacle que présente cet admirable
enchaînement de nos antiquités nationales et qui fait
de notre sol un si précieux objet de recherchas et d'études.
GDIZOT.
Explications. — Monuments histiriques : ifionuments
dpnt il est parlé dans ïhUtoire. — L'Europe savante ; les
savants de l'Europe ; expression figurée. Plus nombi'eux
et plus variés que ceiix de quelques pays voisins : les
moniiments de l'Allemagne ne forment guère que deux
grandes catégories : édifices féodaux et cathédrales gotliiqites
(celle de Worms, celle de Cologne, etc.) ; ceux de
l'Italie, pour la plupart magnifiques, datent principalement
de l'époque romaine de la Renaissance; l'Espagne a des
monastères, des églises chrétiennes et des spécimens de
l'architecture mauresque. Nommer quelques-mis des monuments
remarquables, de l'Italie et de l'Espagne (à Rome :
le cotisée, la colonie Trajane, les ruines de divers temples ;
kl basiliqiie de Saint-Pierre, te Vatican, le Quirinal, etc. ;
» Pise : la Tour peiichée, le Campo-Sanio ; à Milsn : je
Dôme; etc., etc. ; à Cordoue : la mosquée ; à géville : l'Alcazar;
à Grenade : l'Alhambra; près de Madrid : l'Escurial;
etc.). — Telle ou telle phase : le sens propre du
mot phases est : apparences diverses de la lune et de
quelques autres astres, suivant la manière dont ils reçois
vent la lumière du soleil ; au figuré, on appelle phases des
cliangements successifs qui interviennent daps certaines
choses. — Us forment u,ne série complète : leurs caractères
différents marquent d'une manière précise la succession
des âges. — Lacune : solution de continuité, interruption.
— Mémorable : digne de conserver une grande place dans
nos souvenirs. — Pas une époque mémorable de l'art et
de la civilisation : indiquer quelques-unes de ces époques
importantes (l'époque romaine, l'époque féodale, le treizième
siècle, la Renaisstjnce, le. siècle de Louis XIY, etc.),
— Et l'expliquent : et en montrent le caractère. Ainsi,
par exemple, les édifices gallo-romains signifient la puissance
des Césars; les châteaux forts synbolisent les
défiances et les discordes des temps féodaux; le style
gothique est l'emblème de la piété ardente des populations
du moyen âge. — Tombeaux gaulois ; ces tomlieaux,
nommés aussi tumuli (au singulier : tumulus], sont des
tertres ou cônes de terre; quelques-uns, désignés sous le
nom de cairn, sont des amas de piçrres. — Pierres celtiques
: ces pierres (men-hir ou pierre longue ; peul-van,
pilier de pierre; dol-men, pierre levée ou table de pierre;
crom-lekk, pierre de Groni ou â'Eésus. etc.) ne méritent
peut-être pa.n la qualilieation de celtiques ou celle de
druidiques, qu'on leiu' donne communément. On a trouvé,
en divers lieux do l'Europe et de l'Asie, des monuments
semblables à ceux de l'ancienne Gaule; ils semblent appartenir
à l'époque primitive que les savants nomment l'âge
de pierre. Notre Bretagne possède encore un grand nomhre
de ces pierres (alignements de GarasiC. dolmens et menhirs
de Lok'Maria-Ke.r, de la lande du Ilaut-Brien, etc.).—
Des temples : entre autres, celui d'Auguste et de Livie', à
Vienne; celui de Diane, à Autun; la Maison-Cai-rée de
Kîmes, etc. — Des aqueducs : par exemple, le fameux
•pont du Gard. — Des amphithéâtres : les arènes d'Arles,
de iSîmes, etc. — Les temps de décadence et de ténèbres :
les époques où l'esprit humain se trouva pour ainsi dire
plongé dans une nuit profonde (temps mérovingiens;
neuvième et dixième siècles). — Leur style bâtard ; l'architecture
romane, faible dérivation de l'art romain. —
Ramènent la lumière : répandent une certaine clarté dans
les intelligences. — Physionomie : au propre, expression
du visage; caractère, aspect. Remarquer la racine grecque
phys, natui'e (la nature morale, le caractère, l'esprit de
quelqu'un étant exprimés, dit-on, par la physionofuie de
cette personne). Rapprocber physique, physiologie, etc.
— Les merveilleuses constructions gothiques : citer quelques-unes
des producticjns les plus remarquables de cet
ordre ai'cliilectural, improprement qualifié de gothique'^
(NotrC'-Dame de Paris, la Sainte-Chapelle, les cathédrales
d'Amiens, de Rouen, de Laon, etc., etc.). -- La grâce élégante
de la Renaissance : les principaux monuments de
la Renaissance, en notre pays? (les châteaux de BloiSi de
Ghambord, de Fontainebleau; les Tuileries, le Louvre de
Pierre Lescot, etc.). — Antiquités : comment appellet-on
la science qui a pour objet l'étude des monuments
antiques ? {archéologie : littéralement, science (le ce qui
est ançien). ^ L. T.
Sujets de jsomposition française. —I. la houille.
— Sommaire. — Ce que c'est que la houille. — Où on la
trouve. — De quoi elle se compose. — D'oii eUe provient.
— Comment on l'extrait. — Ses usages. — Quels sont les,
pays du monde qui fournissent le plus de houille. Les'
principaux bassins hoiiillers. de la France.
Sujet traité. La houille,, vulgairement appelée charbon
de terre, est une substance minérale, qui se trouve
par couches superposées dans le sein de la terre. Elle se
compose de charbon, de bituma, et d'une petite> quantité
de matières terreuses. Elle provient de -végétaux que les.
révolutions du globe ont enfouis par masses considérables,
il y a un grand nombre de siècles. Pour extraire
la houille, on creuse dans les terrains qui en contiennent
des puits, souvent très profonds, et des. galeries horizontales
appelées galeries d'exploitation.' •
Arrivés au milieu dos couches do houille, les mineurs
détachent celle-ci à l'aide d'outils spéciaux, la conduisent
jusqu'aux puits d'extraction dans des wagonnets qui roulent
sur un chemin de fer et la montent à l'orifice des
puits dans des bennes ou chariots.
La houille sert à nous chauffer et à faire cuire nos
aliments. Elle est surtout très usitée comme combustible
dans la plupart des industries. On en extrait le gaî
•1. Epouse d'Auguste.
2. Car le^ GotUs n'ont pa? eu d'îrcJùteçtHre spéciale.
PARTIE SCOLAIRE. 139-
(l'éclairage, le coke,, le goudron, etc. Gjtons,. patmi les
pays du monde qui fournissent,acUiellemeutr le^plus de
liouille : l'Angleterre,, les lîjats-Unis,. l'Allemagne, la,
Francci la Belgique et l'Autriclie-IIongrie..
Les principaux bassins-,Itouillers . de; notre pays sont
ceux de Valenciennesiet d'Anzia (Nord), de Saint-Etienne
(Loire), d'Epinac et, de Blanzy (Sa/jneiet-Loire), d'Alais
(Gard), de Commentry (Allier).
Paris, Cours supérieur,. (Corrigé du sujet. propos,é, fait
au tableau noir; par leg, élèyes, sous,la .direction
maître.)
II. {Ecoles de filUs). — Coxiuiien.t préparert-aaithé'î.
— Le thé, est une excellente boisson hygiénique
quand il est bien ,préparé,, aussi la ménagère doitelle
apporter le plus grand soin à la confectionner, ,
Klle n'emploiera que, du thé de première qualité, choisi
daus les thés noirs mélangés, parce que ceux-ci conviennent
à tous-les,tempéraments, tandis que le thé vert est
un excitant;trop actif poiur Ies,per.s0nnes;nei'veu5es.
Il faut environ un.e cuillerée à. café, de thé pour faire
une tasse de cette:boisson.
Après s'être assuré qi,ie. l'eau qu'on, emploie est bien,
Clti-éeet sans aucun goût, on la verse, bouillante dans la
théière, avant d'y introduire le thé? On jette ensuite cette
eau, puis, aussitôt, on met le thé, ^t on ferme la théière..
La vapeur humide.et chaude, qui se. trouve dans celle-ci
force la plante à rendre ,son, ar.ome. Au bout d'un instant,,
on pourra jeter un peu d^eau .bouillante sur le thé, et on.
le laissera infuser ainsi pendant cinq piinutes environ ayant
de remplir la théière de cette même eau bouillante. Apres
huit ou diximinutes d'infusion, .on sert le. thé dans des.
tasses tiédies au préalable par un bain d'eau chaude.
A. Ei (Cours complémentaire.).
III. te papîer. — Sommaire. —^ Avec quoi et comment
fabriquera-t-on le papier? — Différentes, sortes dé
papier. — Principaux usages du papier. {Certificat
d'études primaires^.]
HISTOIRE. — Programme. — 1. Revision des,matières
étudiées- précédemment. — II. Conquête de l'Angleterre
pan les Normands.,Première période^ de«la hitie
du Sacerdoce et de l'Empire : la Querelle des Investitures.
La premiÈi"e,croi.sade. — Voir, pour plus de;détails,
dans le n°30 àwManuel.généralàs
d'histoire -universelle.
du
1885, nos ,programmes
Lectures. — Bataille dlUastings. — L'invasion
prenant ainsi, le caractère d',une croisade, une. foule
d'hommes d'armes, affluèrent de toute l'Europe près, de
Guillaume. 11 en.vint de.la Flandre et du.Ehin, de la Bourgogne.,.
du.Piémont. et.de l'Aquitaine, Les Normands, au
contraire, hésitaient à aider leur seigneur dans une entreprise
hasardeuse.dont le.succès.poxivait faire de.leur.pays;
une province de l'AngleteiTe. La Normandie était,, d^ail-.
leurs, menacée par Conau,. duc de Bretagne. Ce.jeune
homme avait adressié à, Guillaume le plus outrageant déli.
Toute la Bretagne s'était mise en. mouvement comme'
pour conquérir la. Normandie pendant que celle-ci allait,
conquérir. l'Angleterre. Conan,amenant une.grande armée,
entra , solennellfiment en Normandie, jeune, plein de conr
fiance, et.sonnant du,coi', comme, pour appeler l'ennemi,
Mais, pendant qu'il sonnait, les forces lui manquèrent
peu à peu, il laissa aller les rênes :,le cor était empoisonné.
Cette. mort.viiit à point pour Guillaumeo elle le
tira d'un graniî. embarras.; une foule.'de Byetons.prirent
parti dans ses troupes, au lieu de l'attaquer, etle.suivirent
en. Angleterre.
Le succès de Guillaume devenait alors presque certain.,
tes Saxons étaient divisés. Le, frère même, de Harold
appela les Normands, puis-les Danois, qui, , en elfet, attaquèrent
l'Angleterre, par le nord, tandis que Guillaume
l'envahissait par, le midi. La brusque, attaque des Danois
tut aisément repoussée par Harold, qui les tailla en
pièces. Colle de Guillaume fut lente; le, vent lui;manqua
longtemps. Mais l'Angleterre,, ne. pouvait, lui échapper.
J'abord les Normands, avaient sur leurs ennemis'une
i. Chazellcs-sur-Lyon (Loire). Commtmiqué par M. Leydier;
inslilnUJ.ni' à
grande supériorité d'armes et de discipline; les Saxons,
combattaient à pied ,-avec de courtes lances. Depuis long-,
temps Guillaume faisait; acheter les plus beaux chevaux
en Espagne, en Gascogne et en Auvergne ; c'est peut-être
lui qui a créé ainsi la, bel.le et forteirace de nos chevaux
normands. Les Saxons ne:bâ(issaient point de châteaux;
ainsi, une.bafaille perdue, tout était perdu, ils nerpouvaieni
guère-.plus se. détendre,; et .cette bataille, il était probablf
qu'ils la, perdraient, combattant dans, un pays de plaini
contre une excellente cavalerie.,Une flotte seule.pouvaii.
défendre l'Angleterre; mais celle d'IIarold était si maE;
approvisionnée qu'après avoir croisé quelque-temps dans!
la iSIanche, elle fut obligée dè rentrer, pour -prendre des,
vivres.
'
Guillaume- débarqué, à Hastings, ne rencontra, pas plus
d'armée, que de flotte. Harold était alors à l'autre b.out de,
l'Angleterre, occupé de repousser le? Danois, Il revint,
enfin avec des troupes victorieuses, mais fatiguées, dimir.
nuées, et, dit-on, mécontentes de la parcimonie avec laquelle
il,avait partagé: le butin. Lui-rmême;était blessé.
Cependant le Normand ne se hâta point encore. Il chargea;
un moine d'aller dire au Saxon qu'il se contenterait de
partager le royaume avec lui : « S'il s'obstine, ajouta
Guillaume, à ne point prendre ce que je lui offre, vous
lui direz, devani tous ses gens, qu'il est parjure et menteur,
que lui et tous ceux qui le soutiendront sont excommuniés
de la bouche du pape, et que j'en ai la bulle, » Ce
message produisit son effet. Les Saxons doutèrent dejeur'
cause. Les trères même d'Ha-rold-T'engagèrent à ne-pas
combattre de sa personne, puisque après tout, disaient^,
il?, il avait juré.
Les Normands employèrent la nuit- à-se confesser dévotement,
tandis que les Saxons buvaient, faisaient grand
bi'uit et chantaient .leurs chants• nationaux. Le matin,
l'évêque dé Bayeux, iErère de Guillaume, célébra la messe'
etbéïiit les troupes, armé d'un haubert sous-son rochet;
Guillaume lui-même tenait suspendues à.son- col les plus
révérées dès reliques sur lèsquellès Harold avait'juréi et:
faisait porter près de lui l'étendard béni par-le pape.
D'abord les- Anglo-Saxons; retranchés derrière des paliésades,
restèrent sous-les flèches des archers de Guillaume,
immobiles et impassibles. Quoique Harold eût l'œil'
crevé d'une flèche, les-NormandS eurent- d'-abord le des-^
sous. La terreur gagnait parmi-eux, le bruit-courait que
le - duc-était tué.; il est vrai qu'il eut dijns .cette bataille-:
trois chevaux- tués sous lui. Mais il se montra, se jet-a
devant'les fuyards et-les arrêta. L'avantage des Saxons fût'
justement'ce qui les perdit. Ils descendirent- en plaine^
et la cavalerie normande reprit le dessus. Les lances prévaltirent
sur les haches. Les redoutes furent enfoncées..
Tout fut tué ou se dispersa (1066) i
Sur la colline où la vieille Angleterre avait péri avec' le •
dernier roi saxon, Guillaume bâtit une belle ; et riche -
abbaye : l'abbaye de la Bataille, selon le vœu qu'il avait
fait à saint Martin, patron des soldats de la Gaule. On y
lisait naguère encore les noms des conquérants gravés
sur des- tables; c'est le Livre d'or de la noblesse d'Angleterre.
Harold fut enterré par. les. moines sur cette; collinei,.
en face de la mer. « Il gardait la côte, dit GuiHaume,,
qu'il la,garde; encorei » — MIÇIIJÎLET, Histoire de, France...
Explications. — Guillaume : d'ab'ord surnommé le
Bâtard, puis le Conquérant; il succéda en 103-i à son
père Robert le Diable ou le Magnifique, comme duc de
Normandie. Il régna sur l'Angleterre de 1P66 à 1087 sous
le nom de Guillaume:!". — L'invasion prenait le caractère
d'ime croisade- : Guillaume avait' obtenu du, pape
Alexandre Il'l'autorisation de conquérir le pays- des-Anglo-
Saxons: — Conan ; plusieurs ducs de Bretagne se sont;
ainsi nommés.— Harold : fils du c.omte Godwin et frèred'Edith,
femme dii dernier roi Edouard le Confesseur.
Celui-ci avait régné dè 1042.'à 1000. Quelque temps avant
la mort de ce prince, Harold, jeté par un naufrage sur
les côtes de Normandie, s'était vu contraint de jurer à
Gtiillaume qu'il l'aiderait à conquérir l'Angleterre. Il accepta
néanmoins la couronne, que lui décernèrent les
Anglo-Saxons. Mais le Normand le déclara parjure et se
prépara dès lors à envahir la Grande-Bretagne. — Le
frère de Harold : Tostig. — Appela les Danois : ce n'était
pas la première fois que les Scandinaves apparaissaient
en Angleterre. Ces peuples avaient même failli s'emparer
cln/iintivAi-noiif rfn tpi'i'itnir^i nno-l.-H.q. PI nsîP.nrRi dfi • Ifinriî
124 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
rois, entre autres Suénon et le célèbre Garnit II, dit le
Grand^ avaient régné sur les bords de la Tamise.—
Hasiings : petit port de la côte de la Manche (coinlé de
Susses). — Haubert : cotte de mailles (iiii couvrait la
poitrine, la gorfïe et les bras et descendait au-dessous
de la ceinture. — Rocket : surplis à manches étroites que
portaient les évêques et divers autres ecclésiastiques. —
.4 son col : à son con. — Les plus re'vériies des reliques
sur lesquelles Ilarold avait juré : celui-ci, en effet, avait
iuré sur un amas considérable d'ossements de saints
réunis, d'après l'ordre de Guillaume, dans une grande
cuve et cachés sous un drap. Grâce à cette ruse du Normand,
le parjure d'Harold devenait, aux yeux de l'Eglise,
un crime irrémissible. — Le livre d'or : livre sur lequel
se faisaient inscrire, dès lage de vinf;t-cinq ans, les jeunes
Yéniliens qui coniplaient ou avaient compté parmi leurs
parents des membres du Grand-Conseil
liguraient 480 nobles).
(assemblée où
Devoirs : 1° Raconter, d'après le récit de Michelet, la
bataille d'Hastings. — L. T.
GÉOGRAPHIE. — Programme. — la France
(suite). — Anciennes -provinces et départements qu'elles
ont formés. — I. Roussillon; Savoie: Dauphiné. —
II. Comté de iSice ; comtat Venaissin; Provence. — Voir,
pour plus de détails, dans le Manuel général de ISSl-S'i
et dans celui de 1882-83, nos programmes de géographie
du cours supérieur.
Lectures. — te itaiiphiné. — I. Le Dauphiné est la
plus belle partie de la France; il l'emporte de beaucoup
sur le Jura et sur les Pyrénées; il l'emporte même sur
l'Auvergne et le Velay. Il possède une grande vallée et des
gorges que la Suisse elle-même pourrait lui envier; quelques-uns
de ses glaciers étonnent par leur magnificence
et par leur étendue les touristes qui reviennent de l'Oberland
bernois et de Chamonix. Si les versants de ses montagnes
sont parfois trop arides, trop dépouillés, les forêis
qu'ils ont heureusement conservées peuvent encore montrer
des arbres merveilleux de force, d'élévation, de
couleur: il donne naissance à de grandes rivières, dont
les affluents forment dans leurs vallées d'admirables cascades;
ses eaux minérales guériss- nt un grand nombre
de maladies. Le poisson et le gibier y abondent. Son sol
recèle des mines qui enrichiront, un jour, une population
plus industrieuse et plus éclairée. Ses principales sommités
présentent à ceux qui les gravissent d'immenses et
splendides panoramas. Son ciel a parfois déjà les teintes
chaudes de latitudes plus méridionales.— (A. JOAN.NE, dans
le Tour du monde -.)
Explications. — Dauphiné : l'origine du titre de dauphin-',
qu'ont porté les fils aines des rois de France, date
tortueuses et sombres, et la nouvelle ville, où se trouvent
de l'acquisition du Dauphiné (1349). — Velay : partie du
la belle promenade dite de la Canebi'ere, le Cours Belzunce,
etc. Les principaux monuments de Marseill; sont :
Languedoc qui avait pour chef-lieu Le Pmj (ilaute-Loire).
Le Velay est l'une des parties les plus pittoresques de la
la calhédrale, l'église Saint-Victor, reste d'une antique
France. — Oberland (c'est-à-dire terre haute : contrée de
et fameuse abbaye, le Grand-Théâtre, etc. Marseille a vu
la Suisse couverte par les Alpes Bernoises et comprenant
naître : le sculpteur Pvget; Mascaron, orateur religieux;
les ma estueox Eommets de la Jungfrau (La Vierge), du
Adolphe Thiers, l'illustre homme d'Etat, et plusieurs
Finsler-Aar-Ilorn (où se trouvent les sources de l'iar,
autres personnages remarquables. Indiquer les princi
alfluent du Rhin et cours d'eau principal de l'ilelvétie),
paux événements historiques dont cette ville a été le
du Grindelwald (célèbre par son glacier), etc. — Chamonix
ou Chamounix : jolie ville située dans une vallée
théâtre (sièges de 1524 et de 1526; peste de 1720, dévouement
de l'évêqueBelzunce,elc.). — Deux grandes chaînes
que dcmne le illont-Blanc. — De couleur : la couleur
dominante est le vert foncé des sapins et des mélèzes. —
Ses eaux minérales : par exemple, celles a'AUevard et
à'Uriaç/e (Isère). — Son sol recèle des mines : les houillères
de la vallée du Drac (affluent de l'Isère) ; des mines
de plomb, de fVr, de nickel, d'antimoine, de cobalt (Allevard,
AUemont-en-Oysans, etc.). — Ses principales sommités
: le pic des Ecrins (plus de 4000») ; le
(5055"), le mont Olan '4214"), etc. — L. T.
Pclvoux
-1. Roi d'Angleterre, en 1010; souverain du Danemark et
de la -Noi wège; mort en 1030.
2. Publié à la librairie Hachette et Oie.
^ 3. L'un des seigneurs du Dauphiné avait pris ce titre
a cause du poisson qui surmontait son casque.
II. niarscille. — C'est en arrivant à Aix qu'on peut
se faire une idée de coite terre si belle dans son aridité
même. C'est en parvenant surlout aux dernières hauteurs
qui renferment i\larseille qu'on est saisi subitement d'un
speclacle magnifique, dont tous les voyageurs ont retenu
le souvenir. Deux grandes chaînes de rochers s'entr'ouvreut,
embrassant un vaste espace, et, se prolongeant
dans la mer, viennent expirer irés avant dans les flots :
!\Iarseille est renfermée dans celte enceinte.
Lorsque, arrivant du nord, on parvient sur la première
chaîne, on aperçoit tout à coup le bassin inunense, et son
étendue, son ébiouissaiite clarté vous saisissent d'abord ;
bientôt on est frappé de la forme du sol et de sa singulière
végétation. Il faut renoncer ici aux croupes arrondies,
à la parure si riclie et si verdoyante des bords de la
Saône et de la Garonne. Une masse immense de calcaire
et de grès nzuré forme la première enceinte. Des bancs
élevés s'en détachent, et, se ramifiant dans la plaine, composent
un sol inégal et extrêmement varié. Sur chaque
hauteur s'élèvent des bouquets de pins d'Italie, qui forment
d'élégants parasols d'im vert sombre et presque
noir. Des oliviers au vert pâle, à la taille moyenne, descendent
le long des coteaux et contrastent par leur pâleur
et leur petite masse arrondie avec la stature élancée et le
superbe dôme des pins. A leur pied croît une végétation
basse, épaisse et grisâtre. C'est la sauge piquante et le
thym odorant qui, foulés aux pieds, répandent un parfum
si doux«t si fort. Au centre du bassin, i\Iarseille, presque
cachée par un coteau long et fiiyant, se montre de prolil:
et la silhouette, tantôt cachée par la vapeur, tantôt apparaissant
entre les ondulations du sol, vient se terminer
dans l'azur des mers par la belle tour de Saint-Jean. Au
couchant, enfin, s'étend la Méditerranée, qui pousse dans
les ferres des lames argentées ; la Méditerranée, avec les
îles de Pomègue et de Ratoneau, avec le,château d'If,
avec les flots tantôt calmes ou agités, éclatants ou sombres.
— (A. TIIIEES, le Midi de la France.)
Explications. — Aix : anciennement Aquœ-Sextitc,
ainsi nommée parce qu'elle fut bâtie auprès d'une source
d'eau minérale par le consul Sextius (123 av. J.-C.). Archevêché;
cour d'appel; académie. Patrie du botaniste
Tournefort, du peintre Vanloo et du moraliste Vauvenarguei
(dix-liuitième siècle). Aix a été la capitale de la
Provence. — Marseille : l'ancienne Massilia, fondée,
dit-on, par des Phocéens, vers l'an OOO av. J. C. (La légende
du mariage d'Eirrène et de la fdie de Nann, chef des
Ségobriges?). Marseille? est la troisième ville de France
pour la population et noire premier port de commerce.
Elle entretient des relations très actives avec toutes les
parties du monde et spécialement avec le Levant, l'Italie,
l'Afrique septentrionale et occidentale, l'Inde, l'extrême
Orient, l'Amérique, l'Espagne, l'Angleterre et la Hollande.
Elle possède des fabriques de savon renommées, des ralfineries,
des fonderies, des ateliers de construction navale.
On dislingue à Marseille : la vieille ville, avec des rues
de rochers : dernières ramifications des Alpes de Provence.
Ces montagnes prennent successivement divers
noms : Eslerel (Var), Monts des Maures et Alpines
(Bouches-du-Rliône). — Calcaire^ : pierre ou craie. —.
Des oliviers : lliuile d'olive est l'une des principales productions
de la Provence. — Sauge : plante médicinale
et aromatique dont les usages sont analogues à ceux île la
lavande et du romarin. — Château d'ff : ce château,
situé dans une petite île, a longtemps servi de prison
d'Etat; jl a été bâti en 1529.
Devoirs : 1° Carte des anciennes provinces comprises
dans le bassin du Rhône et des départements qu'elles ont
1. Cale est la racine du mot calcium, métal de la chaux.
Rapprocher calciner.
PARTIE SCOLAIRE. 139-
formés. 2° ])escription succincte de la Provence et du
Dauphiné. — L. T.
INSTRUCTION CIVIQUE. — Directions.— Kotîons
MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION
PRIMAIRE.
Le pi-ix'de vente du mètre est 12250' :'800'=-122',50 : S
= lo',512o.
4. Un père, en mourant, laisse '14'700' à chacun de ses
entants. L'un d'eux vient à mourir et sa part eèt divisée
entre les survivants. Sachant que chacun d'eux possède
alors 19 600', trouver le montant du bien du père et le
nombre des enfants
Solution. Lapartlaissée parl'énfantaécédèctaitdé'i4'700'.
Le partage de cette somme entre les survivants augtnente
'la part de chacun de 19 600- — l 'i'TOO = 4900'.
Le nonlbre 'des survivants'est indiqué par le quotient
U700 : 4900 r= 3.
Le nombre des enfants était donc 4.
La fortune du père s'élevait à 14 700' X 4 = 38 800' ou
d9 600' X 3 = 58 800'.
5. Un ouvrier calcule que pendant'le mois d'octobre, il
a dépensé en moyenne 5',70 par Jour pour sa nourriture
et son entretien; il a payé 30' pour son loyer et il a pu
économiser 11',30. Dites : 1° combien il a gagné par jour,
sachant qu'il a travaillé '26 .jours '-.
Solution. Il a gagné en 20 jours
(5'.70x 51) + 30' + 11',50=114',70H-50'+H',50 = 136'.
Il a gagné par jour 156' : 20 = 6 francs.
G. On vend 12 Hectolitres et demi deblé'pesant chacun
76 Kilog., à raison de 28',75 le.quinlal, en faisant un gain
de 13 p. 100. Combien avait-on acheté chaque Iloctolitre
1. Canton de Nocé (Orne). 27 ,iuin 1885.
2. Paris. Compositions générales du 21 novembre 1SS5.
5. Certificat d'études primaires.
Solutidn. 28',75 esl^ le prix'd'achàt du quintal, aUgmeiiU;
de ses 0,15, c'est-à-dire multiplié par 1,13.
Le quintal avait donc été payé 28',75 :1,13 = 25',44.
Et l'Hectolitre de 76 Kg. ou 0';76 revenait à 25',44x0,7lî
= '19',334.
'î. Un bassin à'base rectangulaire a 2"°,95 de large sur
4°,25 de long. On y verse 55 fois l'eau contenue dans un
tonneau dont la capacité est de 3ffl,25. Quelle hauteur
cette eau àtteindra-t-elle dans le bassin '?
Solution. La masse d'eau aura la forme d'Un parallélépipède
dont la base mesurera 2'",95x4'»,25 = 12»2,537'g.
Et dont le volume sera 5111,2OX 55=113"1,'?O=11'»=,5Ï5.
"Le volume étant égal au produit de k base par la hauteur,
on trouve ici
hauteur de l'eau 11^575 :12,5375 = 0",907 environ.
SYSTÈME MÉTRIQUE. - Programme. - Poids
spéci«*iimesi (suite). — Poids de l'eau pure. — Calcul
du poiUs d'un corps;.de son poids spécifique, de son volume.
11 serait bon que les-élèves retinssent de mémoire, au
moins en chiffres ronds, les poids spécifiques des principaux
corps solides, liquides ou gazeux, et h'eussent
recours aux tablés (juele moins souvent possible. Cômbieii
d'entre- eux n'ont pasda moindre notion de ces poids qu'ils
fontintervenir mécaniquement dans leurs calculsde chaque
jour! ^ S. MIIIIE.
1. Orne. Canton du Theil. 1885.
GÉOMÉTRIE. — Directions et exercices.
CONSTRUCTION DE TRIANGLES (Suite).
PEOBLÈHB I. Construire un triangle connaisiM.nt deux
•côtes & et h et la hauteur h qui tombe sur l'un deux.
Solution. Sur une droite indéfinie 'XY (fig. 40) on prend
une ligne EC égale au côté a; on lui mène nue parallèle
EF à la distance A, puis, duipoint C comme centre, avec le
côté h pour ràyoii, on décrit un arc de cercle; il rencontre
généralement lîF en deux points A et A' qui sont
les sommets des triangles
ABC et A'BC
satisfaisant aux conditions de l'énoncé. Ces deux triangles
ne sont pas sujjérposables, et le problème admet deux
solutions.
Fig. .10.
RKîiAnQUE iMPbniASTE. On voit, par ces exertiples, que si
l'on donne trois éléments quelcon(iues d'un triangle, tantôt
il y a'une figure unique, tantôt deux figures distiinctes
satisfaisant aux conditions de l'énoncé. Slais îl n'y a
qu'un seul triangle possible lorsque l'on donne
1° Deux côtés'et l'angle'compris;
2° Un côté et les angles;
3" Les trois côtés ;
et de ces constructions résultent les trois cas d'égalité des
triangles :
1" Deux triangles sont égaux lorsqu'ils ont un angle
égal compris entre deux côtés égaux chacun à chacun.
2» Lorsqu'ils ont un côté éyat adjacent à deux angles
égaux chacun à chacun.
Lorsqu'ils ont les trois côtés égaux.
Ces trois cas d'égalité sont très importants et très utiles.
En général, lorsqia'on veut prouver que, dans une figure,
deux lignes ou deux angles sont égaux, on cherche à
trouver sur la ligure deux triangles dont ces lîgnes ou
ces angles font partie, et l'on cherche à démontrer l'égalité
de ces triangles en s'appuyant sur les trois cas
d'égalité qui précédent.
MESURE DES ANGLES INSCUITS DASS UN SEGMENT DE CEIICLE.
DÉFINITION. Un angle est hiscril dans un cercle lorsque
son sommet est sur la circonférence.
l'aorosiTTo.v II. Si, Iransporlanl un aMjlc inscrit pàrat-
PiaflE SCOLAIK! -m
Ulement à lui-mime, on mnène son sommet au centre du
cerc.le, il cmnjyremlra entre ses côtés un arc moitié de
celui qu'il interceptait primitivement.
Démonstration. 1° Soit d'abord l'angle inscrit BAD
(fig. il) dont le côté AD est un diamètre; menons le
diamèli-e EE' parallèle au second côté AB ; les angles BAI)
et EOI> sont égaux comme correspondants et l'on peut
dire que l'on obtient l'angle EOD en transportant l'angle A
parallèlement à 1-ui-même au centre du cercle; je dis que
arc Bl) = 2 ares ED.
En effet, l'on a . :
BD = BE + ED ;
BE = AE' = ED,
donc
BD = 2ED.
2» Considérons le cas où l'angle inscrit BAC (fig. 63)
comprend le centre entre ses deux côtés; si nous le transportons
au centre parallèlement à lui-même, nous aurons
l'angle EOF et il est facile de \oir que
arc BEDFG = 2 arasEDF.
En effet, traçant le' diamètre OA, l'on a, d'après ce qui
précède,
BED = 2EB
DfC = 2DF
et, en ajoutant,
BEDFC = 2EDF.
Kg.
5° Si. les côtés de l'angle inscrit sont situés du même
côté du centre, après l'avoir transporté au centre en EOF,
on aura encore
arc B:C = 2 arcs EF.
En effet, en menant le diamètre AO, l'on a
BD — 2ED
CD = 2FD
et, en retranchant ces égalités membre à membre,
BC = 2EF.
REMAEQUE. On énonce souvent cette proposition d'iine
manière plus concise en disant :
f/re angle inscrit a pour mesure la moitié de l'arc
compris entre ses côtés.
L'exemple suivant montre ce qu'il faut entendre par
cette phrase : supposons que l'angle inscrit BAC intercepte
sur la circonférence un angle de 140° ; l'angle au
cenlre EOF comprendra entre .ses côtés un arc de 70° et
nous aurons
700
E0F = B0C-1^'X^. .
7
ainsi l'angle BOC sera les g d'un angle droit.
CossÉauEscE I. Tous les angles inscrits dans le même
fegment de cercle sont é(/aux.
Ainsi (fig. 43) l'angle liîlC, qui s'appuie sur la corde BC
et dont le sommet est en un point quelconque M de l'arc
BMC, reste toujours le même quel que soit le point M. En
effet, si par le centre on menait des parallèles à ses côtés.
Fig. 43. Fig. n.
l'angle au contre obtenu aurait toujours poiu' mesure la
moitié dfi V.-ii-c. — E. R.
AGRICULTURE ET HORTICULTURE. — Production
foUrraffcre. — Prairies. — Les plantes fourragères
sont colles qui servent exclusivement à la nourriture
des animaux domestiques.
Les plantes fourragères sont vivaces ou annuelles. On
récolte celles qui sont vivaces sur des surfaces d'une
étendue variable qu'on appelle prairies. Quant à celles
qui sont annuelles, on les sème et les récolte sur les
terres arables.
La nature et la valeur des plantes fourragères varient
clans de très grandes proportions. Là, plupart ont besoin
à la fois de chaleur et d'iiumidité pour que la production
soit abondante.
L'origine de la prairie est facile à comprendre. Tout
terrain abandonné à lui-même se couvre spontanément
de plantes herbacées dont la vigueur et la nature varient
suivant la nature du sol :et le climat.
Ces plantes appartiennent à un grand nombre d'espèces;
elles forment par l'enchevêtrement de leurs tiges ce que
l'on appelle le ga^ion ou herbe des prairies.
La prairie naturelle ou permanente est celle dont l'ensemencement
résulte de la dissémination naturelle des
graines des plantes, ou celle qui a été faite par le cultivateur
pour durer pendant un grand nombre d'années.
La prairie temporaire, à laquelle on donne aussi le
nom de prairie artificielle, est celle qui est créée directement
par le cultivateur, pour ne durer que pendant un'
petit nombre d'années.
Ri l'herbe de la prairie naturelle est mangée sur place
par les bestiaux, la prairie reçoit le nom de pâturage ou
d'herbage. Si l'on fauche l'herbe pour la conserver à l'état
sec, c'est-à-dire la convertir en foin, on a une prairie
proprement dite.
Chaque nature de terrain se couvre d'une végétation
qui lui est propre ; c'est cette végétation spontanée qui
forme le fond des prairies naturelles. Celles-ci ne sont
jamais formées par une seule espèce de plantes.; elles
sont constituées par des mélanges, en proportions variables,
de plantes herbacées appartenant à un grand nombre
de familles nal.urelles, mais parmi lesquelles les
graminées et les légumineuses entrent pour la plus grande
part.
Ces plantes ont des qualités nutritives très diverses.
Suivant que les unes ou les autres prédominent dans les
prairies, elles donnent leurs qualités ou leurs défauts à
"l'ensemble du fourrage. On peut les classer en groupes,
d'après la nature des terrains dans lesquels elles poussent
le mieux.
Par exemple, dans les terrains humides, où l'eau est
souvent en excès, on voit prédominer les plantes les plus
grossières, fétuques, joncs, earex, etc. ; — dans les terrains
frais, les principales plantes des prairies sont les
pûturins, les fléoles, les agrostides, la houlque, la canche
; — dans les terrains secs, on rencontre surtout
plusieurs espèces de fétuques, de brome, lé fromcntale,
le dactyle, le trèfle.
Les plantes variées qui forment une prairie naturelle
n'arrivent pas ensemble au degré de maturité nécessaire
soit pour la pâture, soit pour la fauchdison.
Une prairie est d'autant meilleure que le plus grand
nombre des plantes qui la forment passent à peu près
en même temps par les diverses phases de leur végétation.
,
Le cultivateur doit tenir compte de ces conditions
•lorsqu'il sème des graines en vue de former une prairie
permanente.
Pour créer une prairie, on peut suivi'e plusieurs méthodes.
liais, dans tous les cas, il faut commencer par
niveler le terrain, le débarrasser des chardons et des
arbustes, Yameiddir par le labour, avant de lui confier
les graines des plantes qui constitueront la prairie.
Beaucoup de cultivateurs se contentent, pour semences,
des balayiires des greniers à foin, qui sont en grande
partie constituées par des graines de plantes des prairies.
Pour obtenir un produit plus rapide et plus sûr, il convient
d'avoir recours à des semailles directes de mélanges
de graines. . .
•Voici un exemple de ces me'/ffHjfes formant la quantité
de araines nécessaires pour semer un hectare : raygrass,
15 kilogrammes ; fétuque des prés, 3 ; vulpain des prés, 3;
fléolo, 3; houlnue, 2; agrostide traçante 2; dactyle,!;
n-Ari,^ nrriiiiniiv.. /(. : trèfle blanc. 5 ; trèfle hybride, 2
128 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRDCTION PRIMAIRE.
méliot, 1. — On réunit à part les grosses graines el IPS
petites graines que l'on sème sépnrément; c'est la meilleure
manière de faire des semailles régulières.
C'est à \automne qu'il convient de faire les semailles
pour créer des prairies. On recouvre la .semence par un
coup herse. Au printemps, on coupe les premières
pousses, puis on fait si la prairie a pris assez de
vigueur pour que l'on n'ait pas à craindre que la dent
des animaux arrache la jeune herbe.
Quant aux soins clentreiien, ils varient suivant qu'il
s'agit de prairies à faucher ou de prairies à pâturer.
Pour les prairies fauchahles, les soins consistent à
pratiquer des sarclages, afin de détruire les plantes nuisibles.
surtout les charrions; à faire la chasse aux taupes
et à détruire les taupinières; à veiller sur les rigoles,
lorsque les prairies sont soumises à l'irrigation.
Pour les pâturages, il faut avoir les mômes soins; en
outre, il faut veiller à ce que les animaux ne détériorent
pas ; par exemple, si le sol est tellement humide que les
bêtes y impriment l'empreinte de leurs pas, il faut les
en éloigner temporairement.
Les meilleurs pâturages sont consacrés aux chevaux,
aux vaches ou aux bêtes bovines à l'engrais ; les autres
sont réservés aux moutons. Le plus souvent, on lais=e les
animaux naître en liberté ; mais si l'on n'a qu'une faible
étendue de pâture, il devient avantageux de faire pâturer
au piquet. Chaque animal est attaché par une corde à
un piquet fiché dans le sol, qu'on déplace chaque jour, de
telle sorte que la partie accessible soit seule pâturée.
Dans les prairies fauchées on appelle regain l'herbe
qui repousse après la fauchaison. Le regain est souvent
donné en pâture; certains agriculteurs le récoltent comme
•la première herbe; pour le transformer en foin.
Les prairies ne gardent leur fertilité qu'à la condition
de recevoir des engrais.
L'emploi des engrais est nécessaire pour accroître le
rendement, aussi bien que pour faire disparaître les plantes
nuisibles, en les étouffant sous une végétation plus
'vigoureuse.
Les pâturages reçoivent les déjections des animaux
qu'ils nourrissent, et, par conséquent, ils n'ont que rarement
besoin d'engrais.
Sur les prairies fauchées, on emploie du fumier, des
engrais liquides, des enqrais pulvérulents. C'est à la fin
de l'hiver, avant la pousse de l'herbe, qu'il faut répandre
les engrais sur les prairies.
Les engrais liquides qui conviennent le mieux pour les
prairies sont ; le -purin additionné d'eau, les eaux grasses,
les eaux vannes des usines.
Parmi les engrais pulvérulents, les composts bien consommés
produisent d'excellents résultats. Il en est de
même des tourteaux en poudre, du guano, de la poudrette.
Dans les terrains acides et dans celles qui sont
marécageuses, les phosphates fossiles ont d'excellents
effets ; ils font disparaître la mousse, les joncs et autres
plantes de la même nature'.
Le rendemement des prairies est très vaiiable. Si le
printemps est très sec, les prairies que l'on ne peut pas
arroser ne donnent presque rien ; s'il manque de chaleur
le résultat est le même. Le rendement varie aussi suivant
le sol, et suivant la nature des plantes qui forment
la prairie.
Le rendement des prairies soumises à un bon système
d'irrigation, sous le climat chaud du midi, est de 8000 à
10 000 kilogrammes de foin sec, par hectare, en trois ou
quatre coupes. Dans le centre de la France ,et dans les
mêmes conditions, le rendement est de 5000 à 0000 kilogrammes
Les très honnesprairies non irriguées sont celles dont
le rendement, atteint 5000 kilogrammes de foin. Les prairies
de qualité ordinaire donnent rarement au-dessus de
4000 kilogrammes. Les prairies médiocres sont celles dont
le rendement ne dépasse pas 2500 kilogrammes.
I,e foin a une densité très faible à l'état naturel, c'està-dire
il n'a qu'an poids peu considérable sous un très
gros volum':. Le mètre cube de foin bottelé ne ijèse pas
i. Pour la description de ces engrais, voir les Notions
d'agriculture et d'horticulture, par J. A. liarral et 11. Sagnier.
Cours moyen. — Librairie Hachette et Cie.
plus de 90 à 1'20 liilogrammes. C'est donc une denrée
d'un transport difficile.
Pour reniire plus facile le commerce du foin, on a imaginé
de le soumettre à une forte pression dans des appareils
spéciaux, qu'on appelle presses à fourrages. On
obtient ainsi des masses ou balles dont le poids atteint
de 300 à 400 kilogrammes par mètre cube.
Le foin pressé se conserve très bien pendant plusieurs
années, avec toute sa valeur primitive. — II. S.
MORALE. — Directions. — ta société. — La justice,
condition de tonte société.
« La justice, dit M. Paul lîourde, c'est l'harmonie établie
entre l'individu et la société; c'est le citoyen obtenant
la paix intérieure par l'accomplissement de ses devoirs,
la patrie jouissant de la concorde par l'honnêteté
de ses membres, et l'un et l'autre atteignant la plénitude
de la vie dans la pratique des vertus
« .\vec elle, il n'y a ni intérêt particulier, ni intérêt
social opposés l'un à l'autre et se contrariant réciproquement;
il n'y a qu'un intérêt commun auquel l'homme
juste participe dans la me.niro de ses forces; considérant
la société comme son milieu naturel, comme le seul où
il puisse vivre, il souffre de ce qui l'en éloigne comme
d'une atteinte à son intégrité; il sent qu'il se nuit quand
il nuit aux membres qui la composent ; il les aime comme
une condition de sa propre existence, et le moindre dommage
qu'il leur tait subir lui est un mal insupportable
à lui-même. Il ne désire et ne craint rien pour sa personne
qu'il ne désire et ne craigne aussi pour ses compagnons
; il ne se départ jamais de leur pensée ; en toutes
choses il a présent à l'esjjrit son caractère d'être sociable;
chacune de ses actions étant conforme aux lois de la
natui-e lui donne la joie de sentir qu'il accomplit sa destinée,
et faire le bien et le posséder deviennent pour lui
une seule et mêine chose.
« L'amour du prochain contifnt ainsi sa récompense :
il donne autant de joie à celui qui le ressent qu'à ceux qui
en sont l'objet, et il s'alimente de son propre fonds, parce
qu'il porte en lui, dans cette jouissance sans cesse renouvelée,
sa raison d'être et pour ainsi dire le principe de
sa vitalité.
« Etre juste, dit-on ordinairement, c'est rendre aux autres
ce qu'on leur doit; mais il faut observer que rendre
simplementles services qu'on a reçus c'est, pour ainsi dii-e,
ne pas les rendre tout entiers, et, par conséquent,ce n'est
pas être vraiment juste. Dans le service, en effet, il n'y a
pas seulement le concours qui nous est donné, il y a encore
la grâce qui nous est faite. Si le prix du concours peut
être évalué, il n'en est pas de même de celui de la grâce;
on ne saurait la payer autrement que par la gratitude,
qui est une lorme de l'amour.
« Rendre simplement les services qu'on a reçus n'est
donc que de la légalité parce que la loi ne commande
point les sentiments; mais les rendre et en rester reconnaissant
à celui qui les a rendus, voilà vraiment la justice.
C'est pourquoi cette vertu a i)0ur objet l'amour de nos
semblables, dont nous empruntons sans cesse le concours.
Puisque nous ne pouvons vivre hors de la société, tout
acte d'égoï.-:me. c'est-à-dire tout acte qui lui est nuisible,
est un acte injuste, parce que c'est un acte d'ingratitude.
Ce qui nous est indispensable est comme une partie de
nous-mêmes, puisque nous n'existerions point si nous en
étions privés; or nos semblables nous étant indispensables,
nous devons les aimer comme nous-mêmes, considérer
leurs intérêts comme communs avec les nôtres
et agir en conséquence; c'est-à-dire, nous abstenir de
ce qui peut leur nuire et faire ce qui peut leur être
utile''. »
Le maître ajoutera à ces développements quelques
exemples concrets et s'assurera par des interrogations
(lue les enfants ont compris ce que c'est que l'idée de
justice dans ses rapports avec 1» société et aussi la distinction
qu'il y a lieu do faire entre la stricte légalité et
l'idée morale de la justice. — C. D.
Le Patriote, 1 vol in-Ifl, broché, 5 fr. 50 c. Hachette
et Cie.
Année, TTonne VISÏ. S10PS»S.ÉMiEPÎj'î' Ri» 4 S!6 Février 188-1
DE L'INSTRUCTION
PRIMAIR
JOURNAL HEBDOMADAIRE
DES INSTITUTEURS ET DES INSTITUTRICES
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE-SUPÉRIEUR - ENSEIGNEMENT COMPLÉMENTAIRE
SOMMAIRE]
Partie
générale.
CHIIOSIQUE I.ITTJIIIAIIIE : La langue française dans les colonies. De Pontoise à Stamboul, par M. Edmond About. —
touriste dans TExirèrae Orient : M. CoUeau (G. D!). — AGUICULTDBE : Revue agricole (Henry SAGXIEB).
Partie
scolaire.
Préparation aux examens ; Sujets de composition proposés par le Manuel général : Su)ets traités : Sujet de langue
françàisc : Analyse de'la fable de la Fontaine : Le Chat, la Belette et le petit Lapin (C. D.). — Sujets de langues
vivantes (L, Kocii).'— Sujets à traiter. — Préparation aux examens du l)revet timplo : compte rendu des copies
envoyées au journal; sujets à traiter. — Sujets divers : Géométrie et arithmétique (E. BUIIAT). — Dessin linéaire :
Question d'examen (A. boufiuiîniîT).
PARTIE
GENERALE
CHRONIQUE
LITTÉRAIRE
H I S T O R I Q U E EL É C O N O M I Q U E .
LA LftKGUE FRANÇAISE DANS LES
COLONIES.
- DE PONTOISE A STAiWBOUL, PAR M. ED-
TRÊME ORIENT : M. COTTEAU.
Il vient, de. se créer une Association sous ce titre :
Alliance française pour la propagation de la langue
française dans les colonies et les pays étrangers. Cette
Association a pour programme d'étendre Finlluence
de la France en facilitant ses relations sociales et
ses rapports commerciaux avec les différents peuples
par la propagation de sa langue. Pour atteindre ce
but, elle se propose de soutenir et d'améliorer les
MOND ABOUT. - UN TOURISTE DANS L'EX-
écoles existantes, d'en créer de nouvelles, en employant
des méthodes intelligentes et appropriées aux
différents cas particuliers, d'exciter le zèle de tous
en dislribnant des récompenses aux mailrcs qui obtiendront
de bons résultais et aux élèves qui feront
des progrès.
M. le général Faidiierbe, l'un des fondateurs et
des présidents d'honneur de l'Alliance française,
vient de publier dans la Revue scientifique nne série
de conseils et d'observations sur la grande question
qui fait l'objet de ce; programme. L'illustre chancelier
de la Légion d'honneur, l'héroïque combattant
de Bapaume et de Pont-à-Noyelles n'est pas seulement
un grand homme de guerre, c'est aussi un
homme d'école et un linguiste distingué ; pendant le
long séjour qu'il a fait en Algérie, au Sénégal et à la
Guadeloupe, il a étudié sérieusement et de très près
les langues indigènes et les moyens d'en tirer parti
pour le développement intellectuel et moral de ceux
qui s'en servent, et, par suite, les deux questions
étaiil connexes à ses yeux, pour le progrès de la
3247
MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION
PRIMAIRE.
France au delà de la mère patrie. C'est ainsi que,
comme il le rappelle dans cet article, pour faciliter
la propagation du français chez les différentes peuplades
du Sénégal, il a publié des éléments de grammaire,
des vocabulaires et des recueils de phrases
en diverses langues nègres de ce pays.
Le général remarque que les populations coloniales
apprennent plus facilement l'anglais que le
français.
8 Cela tient uniquement, dit-il, à ce que le verbe anglais
est beaucoup plus simple que le nôtre; caria grande
difficulté que ces populations rencontrent pour apprendre
une langue européenne, la seule difficulté sérieuse, pour
ainsi dire, réside dans la complication du verbe; pour
savoir un verbe français, il faut retenir une soixantaine
de mots eu groupes de mots différents. »
Aussi qu'est-il arrivé, par exemple, aux Antilles ?
Les nègres ont créé une sorte de français approximatif.
a Aux Antilles, dit le général, après la destruction des
Indiens, les noirs esclaves amenés d'Afrique parlaient
beaucoup de langues différentes, suivant qu'ils provenaient
de la Sonégambie, de la Guinée, du Congo, ou
même de la côte orientale.
« C'était une vraie tour de Babel ;. il fallait absolument
trouver un terrain commun pour s'entendre. Aucun des
langages nègres n'avait la puissance de s'imposer; le français
se trouvait nécessairement appelé à jouer ce rôle.
Mais la langue était beaucoup trop compliquée pour des
races qui, dans l'évolution humaine, étaient encore à
l'état sauvage ou en étaient à peine sorties.
« Il se forma pour elles, aux dépens du français", un
jargon à leur portée. »
pronom personnel. Exemple : je sais, tu sais, absolument
comme le patois nègre, moin satw, to save. Dans certains
cas, il a gardé les flexions : savons, savez, et il a ajouté
tout de même et tout à lait inulilemenl les pronoms personnels
: nous, vous. Enfin, dans d'auti'es cas, il laisse la
désinence : tu aimes, ils aiment, mais (loujours logique I)
il a soin de ne pas la prononcer, de sorte que là les pronoms
sont inutiles dans la langue écrite, mais nécessaires
dans la langue parlée. »
Nous ne suivrons pas le général dans tous les détails
qu'il donne sur les difficullés d'appropriation
que présente le français tant aux créoles de nos colonies
d'Amérique qu'aux nègres du Sénégal ou aux
Arabes de l'Algérie, bien qu'il y en ait de très curieux,
comme par exemple le rapprochement de cette
phrase où notre manière de penser et de dire nous
permet l'emploi de cinq infinitifs : Je voulais aller
vous voirpourvous dire de continuer à labourer, et de
cette même phrase telle qu'elle devra se présenter
à l'esprit dans le langage d'un Arabe : Je voulais je
vais je vous vois pour je vous dis vous continuez vous
labourez. Ce sont ces énormes différences d'habitudes
syntaxiques qui ont fait inventer cette langue
sabir que connaissent lous nos soldats, et qui donne
lieu, dit le général Faidlierbe, à ce curieux phénomène
qu'en l'employant « le troupier est persuadé
qu'il parle arabe et l'Arabe est persuadé qu'il parle
français. »
Nous arrivons aux conclusions pratiques du général
Faidherbe, aux moyens qu'il signale à l'Alliance
française comme étant les plus propres à répandre
notre langue parmi les populations qui ne la connaissent
pas et à qui il est nécessaire de l'enseigner
aux moindres frais et dans le plus bref délai possible.
Et la première chose qu'elles firent, ce fut de supprimer
les flexions des verbes. Chaque verbe fut
représenté par un mot unique, généralement l'infinitif,
plus ou moins modifié ou simplifié, comme
SUPPLÉMENT. — PARTIE GÉNÉRALE. 5i
« Ces classes du soir, il faudrait que ce fussent des
hommes de bonne volonté, des membres de l'Alliance
française, qui les fissent gratuitement : fonctionnaires
civils ou militaires, ou simples particuliers. Leurs services
seraient récompensés par des diplômes d'honneur
que leur décernerait la Société et qui seraient des titres
pour prétendre, par la suite, à des récompenses honorifiques
du gouvernement, palmes et croix. Ces personnes
demanderaient aux autorités locales une salle pour réunir
une vingtaine d'élèves, Iravailleu^rs, soldats indigènes,
enfants. Elles rendraient compte annuellement au comité
de l'Alliance française des résultats qu'elles auraient obtenus
et qu'elles feraient constater par des autorités
locales compétentes que la Société désignerait. On donnerait
des récompenses pécuniaires aux élèves. »
Le général Faidherbe ne s'occupe pas, dit-il, des
classes régulières où l'on enseigne complètement
la langue. Il remarque cependant que, même dans
ces classes, il faudrait consacrer une heure'par jour
à des exercices de langage.
« Il faut, dit-il, éviter ce résultat déplorable (que j'ai
quelquefois constaté en inspectant des écoles) d'enfants
ayant un au, deux ans d'études, qu'on fait lire devant
vous, qui lisent une page sans faire une faute, mais qui
n'en comprennent pas un mot, comme on s'en assure en
les interrogeant. On a simplement fait perdre à ces enfants
un an ou deux à leur faire faire une gymnastique
des yeux et des organes de la voix, sans aucune utilité. »
en miracles; je n'ai rien vu de plus étonnant que cette
odyssée dont la poussière estompe encore mon chapeau. »
Lisez-la, cette odyssée, car je me garderai bien de
vous la déllorer en cherchant à l'analyser, et vous
verrez que vous n'aurez rien lu non plus de si amusant
; sans compter que, sous celte forme légère,
M. About vous laissera de tout ce qu'il touche un
souvenir plus vrai et plus vif que bien des gros livres
que vous pourriez avoir lus sur le même sujet avant
ou après.
Mais le livre a plus de cent cinquante pages.
L'odyssée de Pontoise à Stamboul est, en effet, suivie
de plusieurs nouvelles et morceaux détachés, comme,
par exemple Grain de plomb, simple et dramatique
histoire d'un jeune chasseur, dont le premier coup
de fusil manque de faire couper la jambe à son père;
comme Au Petit Trianon, où l'auteur vous montre
comme quoi son intervention personnelle ayant
réussi à faire réparer une injustice commise à
l'égard de M. Alexandre-Henri-Marguerite Charpentier,
jardinier en chef au palais national de Trianon,
celui-ci, un excellent homme d'ailleurs, en eut une
profonde reconnaissance pour M. Thiers ; puis quatre
discours, par lesquels M. About s'est fait la main,
un toast à Victor Hugo, un discours de distribution
de prix au lycée Charlemagne, que je recomm ande
particulièrement à nos lecteurs, des adieux au grand
romancier russe Tourguenefl, et enfin un discours
N'est-il pas vrai qu'en dehors de l'objet spécial que
prononcé à l'inauguration de la statue
Dumas.
poursuit le général Faidherbe, il y a ici des questions
de méthode générale dont nous pouvons tous profiter
? — (Extrait de la Revue
Ce sont des perles que ces mélanges.
pédagogique.)
d'Alexandre
Puisque nous sommes sur les livres de voyages,
nous appeHerons l'attention des maîtres sur un nouveau
volume de ce genre, publié par nos éditeurs,
Mi Edmond About vient d'être élu à l'Académie
sous ce titre : Un touriste dans l'Extrême-Orient, et
française, et cela nous promet, pour le jour de la réception
qui emprunte aux événements actuels un intérêt tout
officielle, un de ces discours de bon sens, de
spécial ^ L'auteur, M. Edmond Cotleau, chargé par le
bonne humeur et de bonne langue, dont il a pris ministèr-e de l'instruction publique d'une mission
le secret dans sa très originale personnalité et le scientifique en Sibérie et au Japon, a visité, d'août
modèle au dix-huitième siècle. En attendant, et on
pourrait dire, comme jeton de bienvenue, il nous
1881 à janvier 1882, le Japon, la Chine, l'Indo-Chine
et le Tonkin. C'est donc une moisson toute fraîche
offre un volume portant ce titre significatif: De Pontoise
d'impressions et de souvenirs que M. Cotteau, lui
à Stamboul'. C'est, comme vous voyez, un aussi, nous apporte de ces pays qui nous touchent
récit de voyage , récit en cent cinquante pages de si prés aujourd'hui, et ces souvenirs sont très
comme sait les faire M. About, en recueillant de la intéressants, très vivants. Vous y trouverez, par
pointe de sa plus line plume la fleur de ses impressions.
exemple , une idescription de l'ile d'Haïrian et de la
citadelle d'Hanoï, sur les bords de ce fleuve Rouge,
où sont engagées nos canonnières. M. Cotteau a vu
i II y a exactement, nous dit-il, treize jours que je
quittais les bords de l'Oise pour aller prendre le train
rapide de l'Orient à la gare de Strasbourg; et, dans ces
treize jours, c'est-à-dire en moins de temps qu'il n'en
fallait à Mme de Sévigné pour aller de Paris à Grignan
je suis allé à Constantinople, je m'y suis promené, instruit
et diverti, et j'en suis revenu sans fatigue, prêt à repartir
demain si l'on veut, par la même voiture, pour Madrid ou
Saint-Pétersbourg. Et notez que nous avons fait une halte
de vingt-quatre heures dans cette France orientale qtii
s'appelle la Roumanie, assisté à l'inauguration d'un palais
d'été dans les Carpathes, pris le thé avec un roi et une
reine et banqueté somptueusement chez le Bignon de
Bukarest. On dit avec raison que notre temps est fertile
plusieurs membres « de la peu honorable^corporation
des Pavillons noirs », qui ne faisaient pas tant
parler d'eux en décembre 1881 qu'à présent.
K On désigne ainsi, dit M. Cotteau, des bandes de brigands,
débris des «ebelles expulsés de Chine qui se sont
établis sur la frontière, percevant de la façon la plus
arbitraire des droits exorbitants sur les marchandises, et
terrorisant le pays. Le pillage de ces gens, sur le haut
fleuve, a été en quelque sorte régularisé par Je gouvernement
de Tu-Duc, qui, ne pouvant s'en débarrasser, les
a pris à sa solde ; ce sont, avec les mandarins annamites,
nos seuls ennemis dans ce pays, mais ils ne sont pas
nombreux, 1500 ou 2000 au plus. »
' 1.1 vol. in-lG, broché, 3 fr. 50 c. Hachette et Cie.
1. 1 vol. in-16, broché, 4 fr.
52 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
Les choses ont bien changé depuis, comme on
sait.
I Le gouvernement chinois, continue M. Cotteau, aurait
intérêt à la destruction des l'avillons noirs, car alors le
commerce de la province limitrophe du Ïon-Nan pren^
drait une extension considérable. Les négociants de
Hong-Kong ne seraient pas fâchés de nous voir occuper
définitivement ces contrées ; ce serait pour eux une
source de nouveaux débouchés. N'oublions pas, d'un
autre côté, que le Tonkin formait autrefois un Etat indé
pendant. Les Annamites y sont regardés comme des
étrangers, et la population indigène, dont une notable
partie est chrétienne, verrait sans répugnance notre administration
succéder à celle des mandarins. Aujourd'hui
un Tonkinois, s'il a quelques ressources, les dissimule
avec soin; il n'osera même pas acheter des vêtements
neufs, car, si on le croit riche, il sera en butte aux exactions
de l'autorité, qui, par tons les moyens possibles,
cherchera à le déponiller de ses biens. Il n'y a donc rien
d'étonnant si, malgré les fautes commises autrefois, le
nom de la France inspire encore de la sympathie à ces
malheureuses populations. Je ne prétends pas dire par là
que lés Tonkinois nous aiment pour nous-mêmes. Il est
évident qu'ils préféreraient vivre indépendants ; mais,
comme maintenant ils sont opprimés, et que nous sommes
les premiers Européens venus dans leur pays, ils ne connaissent
que la France et n'ont d'espoir qu'en elle pour
améliorer leur sort; quant aux Anglais de Hong-Kong et
de Singapour, si leurs journaux sont favorables à nos
projets, c'est, bien entendu, par pur inléi'fit commercial.
Le fait n'en existe pas jnoins. »
Dans une note qui termine son très curieux
chapitre,sur le Tonkin, M. Cotleau exprune le regret
que la France se soit montrée si tard ce qu'elle est
aux Annamites.
a Je persiste à croire, dit-il, qu'à l'époque de mon
passage (novembre 1881), la conquête du pays eût été
très facile et n'aurait demandé qu'un petit nombre
d'hommes. Hos hésitations ont donné à l'ennemi le temps
de se préparer à la lutte. L'armée régulière annamite
s'est jointe aux Pavillons noirs; nos adversaires, très peu
nombreux dans l'origine, se sont grossis, en outre, d'une
toule d'aventuriers et de Chinois chassés (le leur pays.
Mais il né faut pas oublier que la population tonkinoise
ne fait nullement cause commune avec eux, qu'elle soulfre
cruellement de la guerre et n'aspire qu'à la voir cesser. Il
en est de même des colons et des marchands chinois qui,
depuis quelque temps, sont venus en grand nombre se
fixer dans le pays. »
Espérons que ces lieureuses prévisions pourront
se réaliser pour notre pays.
C. D.
AGRICULTURE
REVUE
AGRICOLE
Le nombre des variétés de plantes potagères culti-
•vées augmente dans d'assez grandes proportions
chaque année. Les marchands grainiers et les horticulteurs
de profession cherchent sans cesse à obtenir
de nouvelles variétés qui présentent quelque
supériorité sur celles précédemment connues. C'est
le plus souvent pour accroître leur clientèle ou pour,
remporter des récompenses dans les concours agricoles
qu'ils multiplient ces efforts, efforts certainement
louables quand ils ne dépassent pas le but. En
effet, il arrive parfois que la création de nouveaux
noms pour des variétés que l'on croit nouvelles, et
qui ne le sont que parce qu'elles ne sont pas encore
connues de ceux qui les cultivent, amène des confusions
regrettables, et crée des synonymies au milieu
desquelles il devient difficile parfois de se reconnaître.
D'aulre part, il arrive que des variétés réellement
nouvelles ne répondent pas à ce qu'on en avait
attendu, soit parce que la culture est délicate, soit
parce que les caractères n'en élaient pas suffisamment
fixés quand elles ont été présentées au public,
et que ces caractères ne se sont pas maintenus et
ont même assez rapidement disparu.
On se trouve donc en présence de mécomptes qui
amènent cette conclusion, que beaucoup de cultivateurs
se méfient ensuite des nouvelles variétés qui
leur sont offertes, et ne'les acceptent que très difficilement,
dans la crainte de voir se renouveler des
accidents analogues à ceux qu'ils ont antérieurement
éprouvés.
S'il faut toujours marcher avec prudence dans les
innovations agricoles, il ne faut pas toutefois se
laisser dominer par des craintes exagérées. De ce
que beaucoup de plantes, légumes et fruits ont joui
à mi moment d'une, réputation surl'aile, on ne doit
pas conclure que toutes les variétés nouvelles donneront
des déceptions. Mais, avant de les adopter, il faut
faire un essai sur une petite échelle, ou bien s'entourer
de tous les renseignements dont on peut disposer.
Prenons un exemple. On cultive aussi quinze à
vingt variétés de chou-fleur; elles ne sont certes pas
toutes de la même valeur, mais ce ne sont pas les
plus récentes qui sont les moins méritantes. Parmi
ces dernières, nous pouvons citer le chou-lleur géant
d'automne; ce chou-fleur, présenté dans le commerce,
il y a peu d'années seulement, est certainement
un de ceux qui donnent les produits les plus
abondants et qui peuvent être cultivés avec avantage
dans le plus grand nombre de circonslances.
Cette variété est très tardive et très haute de
pied; elle demande à être semée de bonne heure au
printemps. D'après des expériences failes par un
jardinier émérile des environs de Beauvais, M. Delaville,
et que nous trouvons exposées dans le bulletin
de la stalion agronomique de l'Oise, ce chou-fleur
peut être recommandé sans réticence à tous les
horliculteurs, dans la plus grande partie de la France.
SUPPLÉMENT. — PARTIE GÉNÉRALE.
5i
Il n'est pas difficile sur la qualité du terrain; il n'a
besoin, pour se développer régulièrement, ni de terreau,
ni de paillis épais, ni d'arrosages copieux,
comme la plupart des autres clioux-lleurs. Ce n'est
pas à dire qu'on puisse se dispenser de tout soin de
culture; car aucune plante ne vient bien quand on
ne lui donne pas les soins nécessaires. « Le chou-
(leur géant d'automne, dit M. Delaville, donne des
produits l'année même de son semi; le-pourtour de
ses pommes peut atteindre 0°,90 à 1 métré ; leur
couleur est d'un blanc pur. Des troncs énorxnes de
grosseur et de développement les supportent et laissent
émerger de grandes feuilles k nervures médianes
d'une belle couleur argentée. Ce géant des
choux ne donne ses produits que graduellement, quel
que soit l'âge des plants. Cette particularité, eu égard
aux besoins des ménagères, doit être prise en sérieuse
considération. »
Il faut semer ce chou-fleur de bonne heure, dés la
fin de février; mais on peut retarder les semis jusqu'en
mars ou en avril, lorsque la saison n'est pas
favorable. Le semis fait pendant le mois d'octobre, en
plaçant le plant sous verre à froid, pendant l'hiver,
peut donner des produits au mois de juillet prochain.
Dans tons les cas, le mieux est de semer sur couche,
et de repiquer ensuite les plants en pleine lerre, en
les espaçant de 70 à 75 centimètres sur des lignes
distantes de 1 méire. On garnit les vides entre les
lignes par des salades ou d'autres menues plantes
Le système des cultures intercalaires est une des
meilleures mélliodes pour-tirer bon parti des carrés
du jardin consacrés aux plantes potagères.
Parmi les plantes potagères dont la culture se développera
certainement dans un avenir prochain, il
faut citer aussi le cerfeuil tubéreux.Les racines sont
très renflées, un peu semblables aux petites carottes^
d'un gris foncé, avec une chair ferme, très farineuse
et sucrée, avec un goût aromatique spécial. La culture
du cerfeuil tubéreux est facile ; il suffit de lui
donner les soins ordinaires des jardins, avec des arrosages
assez abondants. On sème à l'automne les
graines qui ne germent qu'au printemps ; on fait la
récolte au mois de septembre ; il est bon de garder
les racines pendant quelques semaines dans un lieu
sec, avant de les consommer; leur qualité gagne
beaucoup pendant ce temps. Elles se conservent facilement
pendant l'automne et pendant l'hiver qui
suivent la récolte.
Le commerce des œufs est une des branches importantes
du commerce agricole d'une partie de nos
ports de la Manche; car c'est surtout en Angleterre
que se fait l'exportation des œufs de France. Toutefois,
il est un point sur lequel nous devons insister, c'est
que, tandis que notre commerce d'œufs avec l'Angleterre
demeure stationnaire, celui de quelques autres
pays augmente dans des proportions considérables.
D'après les tableaux de la douane anglaise, il a été
importé dans la Grande-Bretagne : en 1881, pour
58 millions de francs en œnfs; en '1882, pour CO millions
; en 1885, pour 68 raillions. La part de la France
a été respectivement, pendant ces trois années, de
51 millions, de 28 raillions, et de 52 millions de francs.
En '1881, nous fournissions à l'Angleterre plus de la
moitié des œufs dont elle avait besoin; depuis deux
ans, nous en fournissons sensiblement moins.
Pendant le même temps, le commerce de la Belgique
avec l'Angleterre, qui était de 8 millions et demi de
francs en 1881, s'est élevé à 15 millions en 1882 et
à 15 millions en 1883; celui de l'Allemagne, qui était
de 10 millions en 1881, s'est élevé à 12 millions
en 1882 et à 17 millions en 1885.11 y a donc eu progression
sensible dans le commerce de ces deux pays,
qui ont profité à l'exclusion de la France, de l'aug--
menlation de consommation qui
Angleterre.
s'est produite en
Quelle peut être la cause de ce fait? Il est vraisemblable
que c'est la même cause qui a engendré la
crise commerciale, si manifeste, que la France traverse
actuellement. Laissant de côté les conditions économiques
de la production, il est certain que nos producteurs
et nos commerçants s'habituent trop facilement
à la pensée qu'on viendra les chercher, et
qu'ils n'ont pas à aller au-devant des demandes, à les
provoquer par des offres répétées. C'est tout l'opposé
de ce qui se pratique dans la plupart des autres pays ;
au fur et à mesure qu'elle augmente, la production
va au-devant de nouveaux débouchés, elle cherche à
les créer, et presque toujours elle y arrive. C'est
ainsi que nos concurrents parviennent à pénétrer sur
les marchés où nos produits étaient presque exclusivement
recherchés ; s'ils ne les détrônent pas immédiatement,
ils arrivent à implanter les leurs à côté
et à profiter de l'accroissement qui se produit presque
partout dans la consommation. Ils cherchent à contenter
les nouveaux clients qu'ils se sont ainsi procurés;
et il arrive finalement que peu à peu ils supplantent
les anciens fournisseurs. Ce n'est pas de la
torpeur qu'il faut reprocher au commerce français,
mais une timidité et surtout une trop grande confiance
dans la valeur des produits qu'il a préparés.
Mais cette confiance excessive peut amener aux mêmes
résultats que la torpeur. En tous cas, la production
marchant toujours, des crises de pléthore se produisent
par l'abondance des produits offerts, et c'est le
commerce qui en est la première victime.
Un des lecteurs du Mcmuel général m'a écrit pour
me demander pourquoi je n'insistais pas plus souvent
ici sur la description des instruments agricoles perfectionnés,
et pourquoi je ne faisais pas ressortir
avec preuves à l'appui, les avantages qui résultent
de l'emploi de ces instruments.
En ce qui concerne la première partie de la question,
je répondrai que la description des instruments
perfectionnés ne peut venir utilement dans un journal
qu'au moment où ces instruments sont offerts pour
la première fois au public. Ensuite c'est aux ouvrages
spéciaux à réunir et à condenser la description des
instruments acquis à l'usage. A cet égard, je ne puis
que renvoyer mon aimable correspondant aux Notions
cragriculh/re et dlwrticuUure^mr les écoles primaires
que j'ai publiées avec M. Barrai, pour l'enseignement
des écoles, conformément aux derniers programmes
du ministère de l'instruction publique'.
I. llachetle et Cie, Cours élémentaire, 1 vol. in-1G.cart.,
3251
MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION
PRIMAIRE.
Pour la seconde partie de la questionne pourrais
faire la même réponse. Toutel'ois, je ne crois pas
devoir m'y borner, parce que l'emploi de bonnes
machines et d'outils perfectionnés amènera la solution
de la crise qui frappe aujourd'hui l'agriculture
française. La Chambre des députés vient de décider
qu'elle ouvrirait une enquête sur la situation des
ouvriers de l'industrie et sur celle des ouvriei'S de
l'agriculture. Des ouvriers de l'industrie, je n'ai pas
à parler ici; mais, en ce qui concerne les ouvriers de
l'agriculture, il est facile de prévoir les conclusions
que donnera l'enquête, si elle est bien conduite. Cette
conclusion, la voici en peu de mots : c'est que jamais
la situation des ouvriers agricoles n'a été aussi
bonne qu'aujourd'hui, jamais ils n'ont reçu des salaires
aussi élevés. Leur nombre ayant diminué dans
des proportions assez considérables, ils sont devenus
les maîtres de la situalion, et ils ont imposé leurs
conditions aux agriculteurs. Une grande part de la
crise qui atteint aujourd'hui l'agriculture provient
de l'élévation du prix de la main-d'œuvre ; dans
beaucoup de régions, le taux des salaires a doublé
depuis quinze à vingt ans, il y a des localités où il a
augmenté dans des proportions encore plus sensibles.
Il en est résulté fatalement que le prix de revient
des produits agricoles s'est accru, et que les cultivateurs
ne peuvent lutter avec avantage contre la concurrence
des produits étrangers auxquels toutes les
frontières sont ouvertes. Le petit cultivateur, le
métayer, qui exploite la terre de ses propres bras et
avec ceux de sa famille, échappe en grande partie à
cette crise; mais celui qui occupe" ou qui loue des
ouvriers se trouve dans la situation la plus difficile,
C'est ici qu'intervient la mécanique, qui permet de
réduire dans de très fortes proportions les prix de la
main-d'œuvre. Le cultivateur actif, désireux de faire
face à ses affaires, n'hésite plus à acheter des machines
; car il sait que par l'économie qu'il en retire
il gagne rapidement le prix d'achat, et il sait aussi
qu'il recouvre sa liberté d'action, qu'il peut exécuter
tous ses travaux au moment le plus opportun, et
les conditions les plus avantageuses.
Prenons pour exemple l'instrument le plus usuel,
la charme. S'il fallait exécuter à bras, avec la pioche
ou la bêche, le labour des terres ensemencées en
céréales, la population rurale de la France n'y suffirait
pas, car, pour labourer un hectare de cette manière,
il Caudrait quatre-vingts journées d'homme
pour chaque labour. Avec la charrue la plus simple
au contraire, un homme et deux chevaux font aisément
quarante ares de labour dans une journée de
dix heures (il s'agit ici seulement de labour ordinaire).
Le travail à la charrue exige donc trente fois
moins de temps que le travail à bras.
Mais il y a charrue et charrue : les anciennes charrues
étaient généralement médiocres, utilisant assez
mal la force de traction. Aujourd'hui, on construit
partout de bons instruments, dans lesquels toutes
les parties sont combinées, de telle sorte que le
labour soit exécuté sans déperdition de force, et
que la terre soit mieux travaillée. Le résultat iinal est
60 c. ; — cours moyen, i vol. in-10, cart., 90 c. ; — cours
supérieur, i vol. in-lB, cart., 1 fr. 50 c. On y trouvera de
nombreux dessins des meitleucs instruments.
une nouvelle économie dans le travail. Voici sur ce
point le résumé d'observations dues à un agriculteur
distingué du département de l'Hérault, qui s'exprime
comme il suit :
« Une charrue ordinaire coi'ile 70 francs; pour 30 francs
de plus on en a une supérieure qui fait rendre au sol un
tiers de plus, sans plus d'engrais.
« Dons l'Hérault, nous avons encore l'assolement biennal.
Les propriétaires qui pratiquent cet assolement ne
travaillent pas généralement la terre avec des charrufls à
versoir; ils se servent presque tous de l'ancien araire romain
: avec cet instrument, les labours sont moins bons
et coûtent cependant plus cher que les labours faits avee
des charrues perfectionnées. Avec ces dernières, nous ne
donnons qu'un labour ; avec l'araire, on est obligé de
croiser, et le travail est double. Clinque laijour est à la
vériLé un peu moins long, mais l'ensemble coûte deux
fois plus que le travail de la cliarrue à versoir.
(I L'araire était, il y a peu de temps encore, presque
universellement employé dans notre département. Quand
je me suis mis à la tête de l'exploitation que je dirige, il
y a trente ans, les terres n'avaient jamais reçu une
œuvre avee la charrue 4 versoir, et J'ai obtenu un résultat
considérable par la seule substitution d'une charrue à
l'autre ; ainsi, le rendement, qui était de S à Opourl, s'est
élevé immédiatement à 7 et 8 pour i daris les mêmes
terres et dons les mêmes conditions. Aujourd'hui la charrue
à versoir tend à se substituer partout à l'araire des
Romains, mais ce dernier est encore employé malgré
tous ses désavantages. »
Une chari-ue bien faite, exécutant les labours régulièrement
augmente, en outre, la production du sol.
Le progrès ne s'est pas arrêté là. On construit
aujourd'hui des charrues bisocs, c'est-à-dire munies
de deu.^; socs ouvrant deux raies parallèles dans le
champ, et dont la conduite n'exige qu'un homme et
trois chevaux. Avec une de ces charrues on fait autant
et parfois plus de besogne qu'avec deux charrues
simples pour lesquelles il faut deux hommes et
quatre chevaux. Il se construit aussi des charrues à
trois et à quatre socs, qui n'exigent de leur conducteur
d'autre fatigue que celle dé conduire l'attelage
en le suivant dans le sillon. Enfin, on fabrique en
Amérique des charrues à siège, dont le conducteur
n'a plus besoin de marcher sur la terre labourée, et
n'a d'autre travail à exécuter que de conduire l'attelage
du haut de son siège, et de manœuvrer
temps en temps un levier qui relève le soc.
Mais arrêtons-nous au bisoc, et récapitulons les
avantages qui résultent de l'emploi d'instruments
perfectionnés.
La charrue la plus simple permet, de faire, dans le
même temps , trente fois plus de travail que le
labour à bras.
Avec une charrue bien construite, le même
homme fait, avec le même attelage, moitié plus de
travail.
Enfin, avec une charrue bisoc, le même homme
fait encore deux fois plus de travail, à la seule condition
que la force de son attelage soit augmentée
seulement de moitié.
Tels sont les résultats que l'on obtient avec de
bonnes machines : ils se résument en un mot, économie,
et, comme conséquence, diminution des prix
de revient des récoltes. Il importe que les agricuh
de
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 55
teurs soient bien convaincus de ces résultats, car
c'est l'adoption de bonnes machines qui leur permettra
de vaincre les difficultés de la situation
actuelle.
Pendant cette semaine, le concours général annuel
d'animaux gras, de machines et de produits,
s'est tenu au Palais de l'Industrie, à Paris, avec
beaucoup d'éclat. Pour la première fois, il y a été
joint une exposition d'enseignement scolaire agricole,
nous aurons à en parler dans une prochaine
revue.
Henry
SAGNIER.
PARTIE
SCOLAIRE
LEÇONS, EXERCICES SPÉCIAUX ET LECTURES
POUR LES MAITRES ET POUR LES ÉLÈVES
SUJETS
TRAITES
NOTE 6,15 copies (ordre alphabétique).
liangue française.
ANALYSE BE TA FAELE DE LA FONTAINE : ^
Le Chat, la Belette et le Petit
Le sujet avait été donné sous cette forme ;
Lapin.
« Vous présenterez à des élèves d'école primaire ou à
des enfants déjà pourvus du certificat d'étude l'analyse de
la fable de la Fontaine : Le Chat, la Belette et le Petit
Lapin.
« Vous insisterez on particulier sur l'explication des
termes dont se sert la Belette pour justifier, à son point
de vue, l'usurpation du terrier dont elle s'est emparée. »
Ce sujet; relativement facile, a été, en général, bien
traité. '
Nous avons regu 46 copies, que nous avons partagées
en cinq séries :
NOIE 8, 4 copies (par ordre alphabétique).
M. F. B. (Seine-et-Oise);
M. Ilotteville (Ignaucourt, Somme);
Mlle A. F. (Boufarik, .Algérie);
M. I. Vergez (Roanne, Loire).
NOTE 7, 9 copies (ordre alphabétique).
M. Bravard (Isserteaux, Puy-de-Dôme);
Mlle Decharbogne (Versailles);
M. Delseriés (Albertville, Savoie);
M. Uupuys (Le Ménil-Thillot, Vosges);
M. Genet (La Bazoge, Sarthe);
Mlle Lal'ore (Orthez, Basses-Pyrénées);
M. Lepage (Le Mans);
M. Ormancey (Baubigny, Côte-d'Or) ;
M. Salles (Hontpezat d'Agenais, Lot-et-Garonne).
Mlle Bernardbeig (Orthez, Basses-Pyrénées);
M. Blain (Saint-Vallier, Drôme) ;
M. Bonnaud (Benon, Charente-Inférieure);
M. Br. (Ch., Côte-d'Or);
M. Cazenave;
Mlle Chapron (Versailles);
Mlle Dénié (Bordeaux);
M. Jamais (Dôle, Jura);
M. Lagrou (Guînes, Pas-de-Calais);
Mlle Mazelié (Sainte-Cécile, Tarn-et-Garonne) ;
H. Mitis (Mineroy, Aube);
M. Pecquet (Petit-Quevilly, Seine-Inférieure);
Mlle Sainreau (Saint-Flour, Cantal);
M. Sentourens (Monbrier, Gironde);
M. Taillefer (Souel, Tai-n).
NOTE 5, 9 copies (ordre alphabétique).
Mlle Albert (Angers) ;
Mlle Bédouin, sœur M. Raphaël (Château-Neuf-du-
Rhône, Drôme) ;
M. Durif (Lamorge, Haute-Loire) ;
Mlle Grison (Château-Thierry, .4isne);
Mlle Lars (Brest-Recouvrance) ;
Mlle Pelatan (Saint-Flour, Cantal) ;
Mlle Salvat (Bordeaux) ;
Mlle Thomas [Dieppe);
Mlle Vaissade (Condom, Gers).
NQTE au-dessous de 5, 9 copies.
Nous continuons à recommander à nos correspondants
et correspondantes de traiter bien exactement le sujet cpii
leur est donné, tout le sujet, mais rien que le sujet. Quel
besoin y avait-il, par exemple, de donner ici une biographie
de la Fontaine, ou des généralités sur la fable, suivies
d'autres généralités sur les fables de la Fontaine?
Sur un sujet comme celui-ci, il convenait de ne pas se
perdre dans les détails, de mettre aussi un certain ordre
dans le développement de ces détails. Ainsi des observa-
3253
MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION
PRIMAIRE.
tiens d'iiistoire naturelle ou encore d'étymologie et de
grammaire, même placées en passant, déconcertent l'attention
de l'enfant, lorsque vous lui expliquez le sens
même de la fable ou lorsque vous cherchez à lui en faire
saisir les beautés.
Plusieurs correspondants ou correspondantes ont voulu
faire intervenir les élèves dans leurs développements.
C'était une excellente intention. Mais il est arrivé trop
souvent que ce qu'on a mis dans la bouche des enfants
aurait dû. en réalité, être dit par le maître. Il est clair
qu'il ne faut faire, en pareil cas, que des questions auxquelles
les élèves soient censés pouvoir répondre. Autrement,
votre procédé n'est qu'un artifice sans utilité et
sans portée.
Laissant de coté la première partie de l'analyse, que
presque tous les correspondants ontbien comprise, nousemprunterons
à la copiede F. B., dont, à notre grandregret,
nous respectons l'anonyme, ce qui a rapport à la dispute
de la Belette et du Lapin ainsi qu'au dénouement de la
fable.
La copie de M. F. B. n'est peut-être pas, de tous
points, la meilleure que nous ayons reçue, mais elle est
simple, sensée, bien appropriée à de jeunes élèves.
Après avoir cité la tirade de la dame au nez pointu,
« la belette, dit M, F. B., touche ici aux questions dé
propriété. Vous entendrez souvent, en effet, qu'il n'y a pas
de raisons pour que la fortune appartienne à l'un plutôt
qu'à l'autre. Je tiens à insister un peu sur ce point, afin
de vous faire comprendre ce qu'il y a de faux dans ces
théories.
« Tout d'abord, qu'est-ce que la belette entend par ces
mots : « le premier occupant ». Elle les emploie dans le
même sens que lorsque nous disons : le premier venu,—
car le premier occupant du terrier, c'est bien le lapin et
non la belette. Sans doute, lorsqu'un individu découvre
une terre inhabitée, inculte, on peut dire qu'elle lui appartient,
mais il sera obligé de la féconder par son travail.
Pensez-vous qu'il entreprendrait un labeur aussi
pénible qu'un défrichement, s'il pouvait craindre qu'un
autre vînt lui enlever cette terre arrosée de ses sueurs ? La
possession du terrain ne fait donc que le payer de ses
peines. Or, la belette ne s'est pas emparée de la terre, mais
du terrier, qui était évidemment le résultat d'une certaine
somme de travail accompli soit par le lapin, soit
par ses ancêtres.
« Mais la belette conteste précisément la légitimité de
la transmission des biens par héritage. ÎN'est-il pas juste,
cependant, que les enfants héritent de ce que leurs pères
ont acquis par le travail ? iN'est-ce pas dans l'intention de
vous laisser quelque chose que vos parents travaillent avec
tant de persévérance, alors même que ce qu'ils ont déjà
acquis leur permettrait de vivre tranquillement jusqu'à
la fin de leurs jours? N'est-ce pas la pensée de travailler
à votre bonheur futur qni soutient leur courage?
« Vous comprenez donc avec moi que les raisons invoquées
par la belette sont plus que spécieuses. Mais, comme
nous le disions en commençant, elle a alfaire à un adversaire
inexpérimenté, qui ne sait pas encore défendre
ses droits et qui ne peut invoquer d'autres raisons que
La coutume et l'usage. Vous savez, en effet, que la coutume
remplaçait autrefois la loi écrite. Aussi, loin de s'en
tenir à son bon droit, Jean Lapin accepte l'arbitrage de
Raminagrobis.
«C'était (nous dit La Fontaine) un chat vivant comme
[un dévôt ermite,
« Un chat faisant la chattemite »,
c'est-à-dire la chatte doucereuse.
« Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras. »
« Vous comprenez it.ue c'est là un portrait ironique, et
que la Fontaine veut nous dire que ce chat était un hypocrite,
cherchant à se faire passer pour saint et dévot,
afin de mieux attirer les gens.
a Grippeminaud (ce nom veut dire chat voleur), Grippeminaud
fait le sourd.
« .... Mes enfants, approchez,
« Approchez : je suis sourd, les ans en sont la cause. »
« Et, aussitôt qu'il voit les deux plaideurs à portée do
ses griftes, il les met d'accord en les croquant l'un et
l'autre.
« Voilà un dénouement qui nous rappelle un peu la
fable •.VlluUveet les Plaideurs. Mais, dans cette dernière
fable, les pèlerins étaient deux entêtés qui n'avaient pas
su s'entendre, tandis qu'ici le lapin pouvait être fort de
son bon droit et de la justice de ses prétentions.
« La saine morale ne justifie donc pas cette fable de
la Fontaine, car le châtiment du lapin est absolument
immérité. Malheureusement, nous savons que les choses ne
se passent que trop.'ouvent ainsi dans le monde. C'est là ce
que le fabuliste nous apprend dans sa fable : le Loup et
l'Agneau, où il nous dit que « La raison du plus for', est
toujours la meilleure ».
D'ailleurs, la Fontaine prend soin de nous dire que sa
fable s'applique surtout à la politique :
« Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois
« Les petits souverains s'en rapportant aux rois, B
a Nous savons que la justice ne préside pa toujours aux
relations des puissances entre elles, et nous voyons trop
souvent appliquer la maxime tristement fameuse : u La
force prime le droit ».
Une dernière remarque.
D'après quelques traits communs que nous avons re"
trouvés dans plusieurs copies venant de localités fort
diverses, nous avons conclu qu'un certain nombre de nos
correspondants avaient eu sous les yeux une analy.se plus
ou moins complète de la fable. Ils ont lu celte analyse et
ils s'en sont servis : rien de mieux; mais pourquoi ne pas
le dire? Est-ce nous qu'ils trompent, ou eux-mêmes?
- C. D.
Langue»
l'ivantes.
Toutes les copies corrigées ne nous étant pas eiicore
parvenues, nous remettons le compte rendu au prochain
numéro.
Corrigés de-t sujets proposés dans le n" 1.
Version
allemande.
LE VIEUX GHANU-1'ÈIIE ET SON L'ETIT-FLI.S.
Il y avait une fois un homme tout à fait vieux ; sa
vue était devenue trouble il était sourd, et ses genoux
tremblaient. Aussi quand il élait à table, ne pouvant
presque pas teiiir sa cuillère il répandait de la soupe sur
la nappe et il lui en coulait même un peu sur le menton.
Son fils et la femme de celui-ci s'en dégoûtèrent, et c'est
pourquoi le grand-pore dut; se mettre derrière le puèle
dans un coin, où ils lui donnèrent son manger dans une
écuelle de terre et même d'une manière insuffisante. Il
regardait alors tristement la table et ses yeux se remplissaient
de larmes. Une l'ois ses mains tremblantes no
purent pas tenir l'écuelle, elle tomba et; se cassa.
La jeune femme gronda; mais il ne dit rien et soupir"
seulement. Elle lui acheta pour quelques sous
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 57
écuelle dehois dans laquelle il dut dès lors manger. Un
jour, qu'ils étaient assis, voici que le petit-Iils âgé de
(jualreans, se mit à ajuster do petites planchettes par
terre. Que fais-tu li'i? demanda le père. — « .Te fais une
petite auge ; » répondit l'enfant « pour donner à manger à
'papa et à maman, quand je serai grand! — L'homme et
la femme se regardèrent quelques instants, puis fwirent
par pleurer. Ils allèrent chercher aussitôt le grand-père,
le mirent à table et. à partir de ce moment, le firent manger
avec eux, sans rien dire, quand il répandait un peu
de soupe.
Irad, d'après les meilleures copies.
Yemion
LIANANGTLK IIU F;HNliI\AI, WA HF.S
BUS
ançilaiise.
SKS SOLDATS AVANT I.A
ER-HILL.
Tenez bon, mes braves, le sol est à vous! Voudriez-vous
l'abandonner aux esclaves? Voulez-vous attendre des tom
beaux plus verdoyants? Espérez-vous obtenir merci?
Quelle pitié éprouvent les tyrans? Enlendez sa voix làbas
dans le bruit du canon, bisez-la sur leur acier menaçant.
Implorez-la, ceux qui en sont arrivés à la demander.
Craignez-vous des ennemis salariés pour vous luer?
Voulez-vous vous retirer dans vos foyers? Regardez derrière
vous! Vos loyers sont la proie des flammes! Voyez
devant vous! C'est là que sont ceux qui les ont allumés!
Les voilà qui sortent delà vallée et qui s'approchent!
Tremblerez-vous? Qu'une pluie de plomb, qu'une grêle de
fer les accueille! Mettez votre confiance dans le Dieu des
batailles ! Tous nous pouvons mourir; tous nous le devons.
Mais où trouver une meilleure place pour rendre la poussière
à la poussière, que celle où le ciel répandra sa rosée
sur le patriote martyr qui y dormira, et où les rochers
élèvent leurs cimes comme pour raconter ses exploits.
Version
italienne.
LE l'ASSEKEAU SOLITAIRE.
Du haut de cette vieille tour, passereau solitaire, tu
chantes dans la campagne, jusqu'à la fin du jour ; l'harmonie
résonne dans cette vallée. Le printemps règne dans
l'air et embellit les champs, de sorte que le cœiir s'émeut
en les contemplant. On entend bêler les brebis et
mugir les bœufs; les autres oiseaux sont joyeux, s'en vont
à l'eiivi voler dans le ciel sans nuages, fêtant le meilleur
temps de leur vie. Toi, pensif et à Jécart, tu contemples
tout; tu ne veux pas de compagnons; tu n'aimes pas la
joie et tu évites le bruit. Tu chantes et tu passes ainsi la
plus belle partie de l'année et de ta vie.
Trad. d'après les meilleures copies.
Version
espagnole.
En ce moment l'étudiant regardait, émerveillé, l'endroit
où il était parvenu, à cause des singulières étrangetés
dont était ornée 1B caverne en question ; le parcimonieux
éclairage consistait dans une lampe k bec, qui se montrait
sur une vieille table grossière, au milieu d'une
quantité de papiers, jetés en désordre, couverts de signes
mathématiques, avec des éphémérirles ouvertes, deux
sphères et quelques compas et cadrans, indices certains,
que dans la chambre au-dessous habitait quelque astrologue,
maître de ce laboratoire confus et de cette science
menteuse. Don Cléophas, curieusement, en homme qui s'occupait
d'étude et qui y prenait quelqueplaisir, s'était mis à
louchera tous ces objelsd'astrologie, lorsqu'il entendit un
soupir s'élever du milieu d'eux ; cela lui parut d'abord
une pure imagination ou une illusion de la nuit, et il
continua à feuilleter attectivement les écrits d'Euclide et
les prestiges de Copernic, attendant d'enlendre le soupir
s'élever une seconde fois; il lui parut alors que ce n'était
pas une chimère trompeuse, mais une réalité qui lui
était venue aux oreilles, et il dit avec hardiesse et l'air
cràned'unétudiantqui n'a pas peur: « Qui diable soupire
ici?» Au même moment, une voix lui répondit, qui tenait
de celle de l'homme et d'une nature inconnue : aC'estmoi,
seigneur écolier, qui suis dans cette fiole, où me retient
prisonnier l'aslrologue qui loge ici-dessous, attendu qu'il
se pique un peu de magie noire et qu'il est mon maître
depuis deux ans. s Tu es donc un esprit familier ! » dit
l'étudiant.
Trad. d'après les meilleures copies.
Thème allemand.
DEGEGSBNS DES FIIASZOSISCIIEN llINKESDEi'TEEFELS II.\'D CLÉOPIIAS,
Zuerst sah er sich nach allen Seiten um, und da er
sehr erstaunt war, Kiemand in dieser Daclikammer zu
finden, welche ihm eine sehr sonderbare Wohnung zu
sein schien, fing er an, sie mit grosser Genanigkeit zii besehen.
,4n der Decke sah er eine Kupferlampe hangen,
auf einem Tische Biiclier und l'apifre in Unordnutig,
eine llimmeUkugel und Kompasse auf der einen Seite,
Flaschchen und Quadranten auf der anderen : dies liess
ihn fchliessen, dass darunler irgend ein Astrolog -n'ohne,
welcher Beobaclitungen in diesem Schluppwinkel mâche.
Er ûberlegte sich, ob er hier bis morgen bliebe
oder ob er sich eines Andern besiinne, als or neben sich
eineti tiefen Seufzer ausstossen hôrte. Zueist bildcte er
sich ein, es sei ein llinigespinst seines erregten Geistes,
eine TSuschung in der Nacht, darum, ohne darauf zu
achten, verfolgte er seine Betrachtiingen. Aber, da er
nnch einmal seufzen hôrte, zweifelte er nicht mehr,
dass es ein wirkliches Dingsei; und da er Niemanden
im Zimmer sah, dann rief er aus : « Wer, zum Teufel
seufzt hier? » — « Ich bin es, Ilerr Schûler, antwortet.e
ihm sogleich eine Stimrae, die eUvas Ausserordentliches
an sich hatte, seit einem halben Jahre stecke ich in einer
von diesen zugeslopften Flaschen. In diesem llause vvohn
ein vveiser Astrolog, welcher ein Magier ist : er ist es
welcher durch diè Macht seiner Kunst mich in diesem
engen Gefangniss eingesperrt liait. » — « llir seid also ein
Geist? ); sagte Don Cleophas, ein wenig von der Neuheit
des Abentéuers aufgeregt,
Trad. d'après les meilleures copies.
Thème
anrjlai.s.
JlEETlXG OF THE l'HEXCH DEVIL ON TWO STICKS AND CLEOPIIAS.
At first he looked ail about him and, grently astonished
to find no body in Ihis attic, which appeared to him a
sirange enough apartment, he set himself to examining
it very altentively (carefully). He saew a copper lamp
attached to the ceiling, a confused mass of books and
papers on a table, a globe and compassés on one side,
some phials and some dials on the other which made him
judge that he was living beneath (below) some astrologer
who had jiist been making obser\alions in this nook. lie
was deliberating whelher to remain there until the next
day or décidé upon somelbing else when he heard a long
sigh heaved near him. Ile imagineH at first that it was
some fancy of his agitated miiid, an illusion of the night;
consequently, without stopping there, he continued his
reflections (and Iherefore continued his retlections wiihout
stopping at it). But. liaving again heard a sigh, he no
longer doubled that it was a realily and althoiigh he saw
no one in the roona be cried out newertheless. " Who the
dence is sighing here? "
58 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
bearned astrologer who is amagician; it is lie wlio by
tlie power of lus art l;aeps me confiiied in Ihis narrow
prison. » « You are then a spirit? » said Don Cleoplias,
a little disturbed by the novelty of tbe adventure.
Trad. d'après les meilleures copies.
Thème
INCONTRO DEL DIAT0I.0
Italien.
ZOPPO FRANCESE E DI CLEOFA.
Da principio guardô all'intorno e meravigliato di non
trovare alcnno in qnesta soflitia che gli sembro un appartamento
molto singolare, si mise a considerarlo con molta
attenzione. Vide attaccata al siiflifo una lampada di ramo e
sopra una tavola libri e carte senza ordine, una sfera,
compagi e da un alira parte iiale e qnadranti,; ciô che gli
iece sospettare che ivi venisse qualche astrologo a fare
le sue osservazioni. Mentre pensava se restai e ivi lino
allo dimani o pure andarsene, senti un profonde sospiro,
Prima credette essere un fantasma del suo spirito agitato,
un'illusione délia notte e oontinuô quisidi senza restarsi
le sue riflezioni. Ma avendo sentito par la seconda volta
sospirare, non dubitô più che fosse una cosa reale e
benché niuno vedessenella caméra nonlarciô di gridare :
Chi è che sospira ? dono io signor scolare, gli risposp
una voce che aveva qualche cosa di straordinario ; io ini
trova in una di queste fiale turate da sei raesi. Un sapiente
astronome, il quale e ancora mage abita qui è mi
tiene chiuso in una di queste strette prigioni mediante il
potere délia sua arte. —Voi dunque sicte un spirito, disse
Cleofe, turbato dalla novità dell'awentura.
Trad. d'après les meilleures copies.
Thème
espagnol.
conso EL DLIBLO TOJUELO FIANCÉS ENCONTRO A DON CLEOFAS.
Mirô immédiatamente por todas partes, y atonito de no
ver à nadie en aquel desvan, que le parcuô una liabitacion
bastante extrafia, se puso â examinarlo con mucha
atencion. Viô una làtnpara colgada del techo, varies libres
y papeles confusamente mezelados en una mesa,
esferas y compases à un lado del cuarto, redomas y cuadrantes
en otro ; de lo que coligiô que algun astrologo,
que vivia debajo, subia à hacer observaciones à aquel
paraje retirado. Estaba discurriendo consigo mismo si
aguardaria alli à que amaneciese, ô qué otra résolucion
tomaria, cuando oyô un largo suspiro cerca de donde
estaba. Creyôser esto efecto de su imaginacim agitada ô
ilusion de la noche ; por esta causa continué en sus reflexiones.
Pei'o oyendo suspirar otravez,no dudô era cosa
cierla; y aunqiie no veia por alli aima nacida, no déjô
por esc de pregunlar ; i, Qui en diables suspira aqui ?
Soy yo, senor licenciado, le respondiô una voz algo extraordinaria
: que estoy ya para un ano metido en una de
estas redomas tapadas. En esta casa vive un sabio astrologo
que esmàgico, y por el poder de su arte, me tiene
encerrado en esta cârcel estrecha. i Con qué eresunespiritu
? le dijô don Cleofas, algo lurbado de aquella
extrafia aventura.
•Trad. d'après les meilleures copies.
pour titre : Des ouvrages de l'esprit, on trouve ce passage
:
« Les synonymes sont plusieurs dictions ou plusieurs
phrases dilTérenles qui signilient une môme chose. I/antitlièse
est une opposition de deux vérités qui se donnent
du jour l'une à l'autre. La métaphore ou la comparaison
emprunte d'une chose étrangère une image sensible et
naturelle d'une vérité. L'hyperbol exprime au delà
de la vérité pour ramener l'esprit à la mieux connaître...
Les esprits médiocres ne trouven point l'unique
expression , et usent de synonymes. Les jeunes
gens sont éblouis de l'éclat de l'antithèse, et s'en servent.
Les esprits justes, et qui aiment à faire des images qui
soient précises, donnent naturellement dans la comparaison
et la métaphore. Les esprits vifs, pleins de feu, et
qu'une vaste imagination emporte hors des règles et de
la justesse, ne peuvent s'assouvir de l'hyperbole... »
Vous direz ce que vous pensez de ces définitioHS et de
ces jugements. — Prendre des exemples.
Histoire.
Seconde partie de la lutte du Sacerdoce et de l'Empire;
les Guelfes et les Gibelins.
Langues vivantes.
Version
DEH RIESE
allemande
ANT.ÏUS
Auf dem Wege begegnete llerUules Antâus ; der war ein
•Sohn der Erde und gewaltig slark ; der rang mit allen,
die er antraf, und brachte sie um : denn, wenn einer so
stark war, dass er .'i.ntaus zu Boden warf, so sprang er
gleieh wieder auf, weil die Erde seine Mutter war, und
ihn immer stârker machte, vverra er sie berûhrte ; und
wenn er den Gegner niedergeworfen batte, so brachte er
ihn um. AVie Herkules das merlite, dass Antâus stârker
ward,-vvenn er ihn auf die Erde warf, so hob er ihn zwischen
seinen Armen in die Ilahe, dass er die Erde auch
nicht mil den Fùssen-berûhrte, und drûckte die Arme so
fest, dass .Antaus starb.
NIEBDIIR.
Question orale à préparer : De l'inversion en allemand.
Version
anglaise
THE sLEii-sose
T)own, down the hill ho"ff swift I go,
Over the ice and over the snow 1
A hor^e or cart I do not lear,
For past them both my sied I steer.
Hurrah, my boy! I am going "down
While you toil up ; but never frown ;
The far hill-top you soon will gain.
And then, wilh ail your might and main,
You '11 dashby me: and then anew,
1 '11 up the ill, to dash by you.
So, on we glide. 0 life of joy!
Such pleasure bas the glad school-boy !
Question orale
en anglais.
GOODRICH.
anxiliaires du futur et du-conditionnel
Version
italienne
SUJETS A TRAITER
Sujet de langnc française.
Dans le chapitre des Caractères de La Bruyère qui a
LA JÉRUSALEM
DÉLIVRÉE
Celui che sino allor l'anime grande
Ad alcun atto d'umiltà non torse ;
Ora ch' ode quel nome onde ti spande
Si chiaro suon dagli Etiopi all'Orse,
Gli responde ; farô quanto dimande,
Che ne sei degno (e l'arme in man gil perse
Ma la vittoria tua sovr' Altamoro
Ké di gloria fia povera nè d'oro.
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 59
Jle l'oro ciel mio regno, e me le gemme
Hicompreran délia pielosa moglie.
Replica « lui GolTredo : il Ciel non dilemme
Animo tal, clie di tesor s'ixvoglie.
Ciô elle ti vien daU'indiolie mai'emme
Abbiti pure, e ciô clie Persia accoglie ;
Che délia vita alti'iii prezzo non cerco :
Guerreggio in Asia, e non vi cambio o raerco.
TASSO.
Question orale : du pronom relatif en italien,
Version
espagnole
LES LETTRES A L'ÉPOQUE
D'ISABELLE
Por el tiempo en que empezù à reinar Doiia Isabel, la
nobleza ténia como vi'nculado en si el honor y el poder ;
el resto del pueblo casiellano carecia absolutamente de
consideracion, y A semejanza de los aiiliguos ilotas, solo
obraba en materias" de interés pûblico como instrumente
de la voluntad de los nobles y sefialadamente de los magnates.
La nobleza, por su par(e, miraba generalmente
con desden la doctrina y las luces ; y creyendo que fo'n
era digna de clla la profesion de las armas, desprecialm
como bajà y bumilde la de las leiras. De las pocas personas
de esta clase que se apartarnn de la régla peneral,
unos dejaron en opiniones sn nombre como D. Enrique
de Villena, ptros contribuyeron confirmarcon su ejemplo
que la aïicion à las letras se oponia à otras inclinaciones
elevadas y generosas, como sucediô con los mismos
D. Juan II y D. Enrique IV. La educacion de los
Reyes Catolicos se ajusta con e.«ta ideas, y tuvo cortisima
parte en alla el cuidado de adornar el entendimiento.
Doiîa Isabel supo bacerse superior à esta funesta preocupacion
de su siglo.
CLEMENCIN,
Question orale : de la préposition en espagnol.
Thème'pour toutes les langues.
Le grillon, qui est, comme vous le savez, un petit insecte
noirâtre, de laide et cbétive figure, regardait un
jour un beau papillon voltigeant dans la prairie, et il enviait
ses brillantes couleurs. Mais voilà qu'arrive une
troupe d'enfants. « Oh! le joli papillon! dit l'un d'eux;
attrapons-le. » Et, à coups de bonnets, de chapeaux, de
mouchoirs, ils cherchent à le saisir. Le malheureux papillon
est bientôt pris; il passe de main en main, et les
cruels enfants, sans le vouloir peut-être, lui arrachent les
pattes et les ailes. Le grillon, qui voyait cela, rentre alors
en lui-même : « Ce ne sont pas toujours, se dit-il, les plus
riches et les plus beaux qui en ce monde sont les plus
heureux, n ^C. D.
Les copies seront reçues jusqu'au 5 mars, dernier délai.
L. K.
Solution. Le nombre de jours qui s'écoulera_ entre ce
premier départ simultané et le suivant sera évidemment
un multiple commun de 20, de 24 et de 30.
11 s'agit de connaîtra le plus petit commun multiple de
ces trois nombres.
La décomposition en facteurs premiers domie pour plus
petit commun multiple
2 x 2 x 2 x 5 X 5 = 120.
Ainsi, il s'écoulera 120 jours entre le départ simultané
d'aujourd'hui et le suivant.
Pendant cette période, le 1" vaisseau aura effectué
120 : 20 = 6 voyages.
Le 2° 120 : 24 = 5 voyages, et le 3« 120 : 30 = 4 voyages
!8. Une personne a fait escompter à 5 p. 100, escompte
en dehors, un billet payable dans un an. Si le banquier
eût calculé l'escompte en dedans, cette personne aurait
touché 4',76 de plus. — Trouver d'après cela la valeur
nominale du billet.
Solution. Pour un billet d'une valeur nominale de 100',
le calcul est :
D'où
Escompte en dehors.
Escompte en dedans. |
100'X 100
105
100' donnent 95'
105' donnent 100',
ItiO' — X
= 95',2381.
Par centaine de francs, l'escompte en dedans donne
donc à la personne qui fait escompter, un bénéfice de
0',2381 environ sur l'escompte en dehors.
En 4',76, combien de fois 0',2381?
4,76:0,2381 =20.
Valeur nominale du billet 20 centaines de fi-ancs, soit
2000 francs.
COMPOSITION
FRANÇAISE.
S. MAIRE.
1° Devoirs des citoyens envers l'Etat.
Dans la plupart des copies que nous avons reçues, ce
sujet a été traité complètement, avec une clarté d'exposition
et une précision de langage que nous ne rencontrons
pas toujours dans les rédactions des a.«pirants au brevet
élémentaire. Malheureusement, nos correspondants ne méritent
pas seuls l'éloge que nous leur adressons : les trois
quarts d'entre eux se sont visiblement inspirés de leur
manuel d'instruction civique. Nous disons inspirés, car
la politesse nous dicte cet euphémisme, mais nous pourrions,
sans injustice, nous servir d'un mot pins sévère.
Les jeunes gens qui veulent bien soumettre leurs travaux
à notre appréciation devraient être assez raisonnables
pour comprendre que nous ne leur demandons pas des
reproductions, plus ou moins habilement déguisées, de tel
ou tel passage d'un ouvrage classique : une pareille besogne
nous paraît manquer d'intérêt et d'utilité. Que nos
correspondants se contentent donc d'exprimer de leur
mieux, mais avec des phrases qui leur appartiennent en
propre, les idées qu'ils ont acquises soit par la lecture,
soit par la réflexion.
PRÉPARATION SPÉCIALE ADX EXAMENS
DU BREVET ÉLÉ.MENTAIRE.
iïnjcts
ti-aitcs.
ARITHMÉTIQUE.
Solutions des prohlhmes d'arithmétique proposés dans le
Supplément n" 3, 43, 2'' colonne.
t. Trois vaisseaux partent de Marseille : l'un tous les
20 jours, un autre tous les 24 jours et le Iroisième tous
les 30 jours. Ils quillent ensemble ce port aujourd'hui.—
Calculer dans combien de jours ce départ simultané se
reproduira pour la première fois, et combien chaque vaisseau
aura l'ait de voyages pendant cette période.
2° Les clintiinents corporels.
Sommaire. — Frappe-t-on encore généralement les enfants
dans les familles? Pour quelles raisons? Que pensezvous
des châtiments corporels?
Sujet traité. — Rien ne donne lieu à des opinions plus
contradictoires que la question des châtiments corporels.
Les uns disent : « On ne frappe plus les enfants. »
Les autres : « il est utile de les frapper, pourvu que
ce soit très modérément et à tilre de correction. »
C'est une double erreur.
Sans parler des classes ouvrières, où la violence et la
grossièreté dos parents changent trop souvent les enfants
en victimes et les pères en bourreaux, on frappe encore
quelquefois les enfants dans les maisons d'éducation : on
les frappe encore beaucoup dans les familles.
La vie commune avec les enfants, leur séjour à la maison,
leur présence à table, leur turbulence indisciplinée, les
gâteries dont ils sont l'objet, l'intervention continuelle
des parents dans leurs études et leurs plaisirs amènent à
60 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
chaque instant des conflits, des mouvements d'irritation
qui se traduisent en coups, ou, si l'on aime mieux, en
tapes.
Un père arrive pour le déjeuner? Il est de plus mauvaise
humeur parce qu'un débiteur qui lui avait promis on
remboursement manque à sa parole ou bien parce qu'il
a échoué dans quelque entreprise. A ce moment l'enlant
commet une élourderie, il brise une tasse, il fait une réponse
peu convenable à sa mère. Le père se lève avec
impalience et le frappe, l'enfant paye pour le débiteur
qui n'a pas payé.
Une mère donne une le'çon à son fils, une leçon de musique
par exemple (rien n'irrite les nerfs comme de
donner des leçons de musique). L'enfant est distrait, ou
la mère est contrariée. Une toilette de bal qui n'arrive
pas, un mémoire de couturière qui lui a atliré des reproches
de son mari. L'enfant fait une fausse note?
Malheur à ses doigts! J'ai vu des mères, adrah-ables de
dévouement dans leurs fondions de répétitrices, en arriver,
par impatience de la paresse de l'enfant ou par désir
passionné de ses succès, à le frapper non seulement avec
la main, mais avec une règle. Supposez des parents violents,
ces châtiments peuvent devenir un danger pour
l'enfan!; la colère ne mesure pas ses coups. Enfin, légers
ou graves, ils sont loujours une faute, car ils amoindrissent
le père aux yeux du fils.
Quant au prétendu principe de la correction paternelle,
il exige dans le correcteur une telle impassibilité, une
telle équité, une telle modération, qu'aucun père aujourd'hui
n'en juge personne capable excepté lui, et qu'il en
est moins capable que personne, y étant plus intéressé
que tout le monde, li'aillpurs, un,mot tranche la question.
Ce n'est plus de notre temps. C'est un reste de ces époques
grossières où l'on conduisait les soldats à coups de plat
de sabre, les marins à coups de parcette, les enfants à
coups de férule, les domestiques à coups de canne, les
paysans à coups de pied, les femmes parfois à coups de
cravache. Se lit-on pas dans Saint-Simon que le fils de'
Louis XIV était tellement battu par le sage Montausier,
devant le pieux Bossuet, que sa plume échappait à ses
petits doigts gonflés et tout bleus de coups? Rejetons tout
ce qui ressemble à ces odieux principesI Ils dégradent
plus encore celui qui les applique que celui qui les subit.
Nous respirons un autre air! Nous vivons dans un autre
monde! et nous ne voulons pas plus de la terreur pour
gouverner les enfants que pour gouverner les hommes.
LEGOUVÉ.
(Les p/rea et les cnfanU au dix-neuvième si'ede)'^.
L -
PU.IETS A TR.VlTElt.
ORTHOGRAPHE
L'édncation dans la société
moderne.
Quelle que soit la part faite aux autres mobiles; —
car elle sera toujours à faire; à travers toutes les modifications
sociales, le fond de l'humanité ne se modifie pas;
— nul doute que l'éducation doive aujourd'hui prendre
la raison pour principal levier, et, sans se laisser désarmer
de l'autorité nécessaire, faire appel à la persuasion, dont
parle si judicieusement Rollin, comme à la force suprême.
Mettre à prolit tout ce que la conscience de l'enfant
recèle d'aptitudes morales; lui en faire connaître les directions,
les mauvaises comme les bonnes; l'accoutumer à
voir clair dans son esprit et dans son cœur, à être sincère
et vrai ; lui l'aire faire peu à peu, dans sa conduite, l'essai
et comme l approntissage de ses résolutions; aux règles
qu'on lui a données, substituer insensiblement celles qu'il
se donne à la discipline du dehors, celles du dedans; l'affranchir
non pas d'un coup de baguette à la manière
antique, mais jour à jour, en détachant, à chaque progrès,
un des anneaux de la chaîne qui attachait sa raison à la
raison d'autrui ; après l'avoir ainsi aidé à s'établir chez
soi en maître, lui apprendre à sortir de soi, à so juger, à
se gouverner, comme il jugerait et gouvernerait les autres ;
lui montrer enfin, au-dessus de lui, les gi'andes idées do
devoir, public et privé, qui s'imposent à sa condition
humaine et: sociale : tels sont les principes de l'éducation,
qui de la discipline du collège peut faire passer l'enlant
sous la discipline de sa propre raison, et qui, en exerçant
sa personnalité morale, la crée.... Le jour où il s'est ainsi
pleinement conquis lui-même, l'enfant cesse d'être im
enfant; il est mùr pour la vie active; il est homme.
0. (il\l(AI\|],
£,e bnt de l'instruction primaire.
Le but de l'instruction primaire est aujourd'hui nettement
déterminé. Il ne s'agit plus seulement de mettre
les enfants en mesure do recevoir les notions de la lecture,
de récriture et de la grammaire ; le devoir de l'Etat
est de veiller à ce que tous soient élevés de manière
à devenir véritablement dignes de ce grand nom de citoyen
qui les attend. L'enfcignement primaire doit, jiar
conséquent, renfermer tout ce qui est nécessaire au développement
de l'homme et du citoyen, tel que les conditions
actuelles de la civilisation franç'jise permettent
de le concevoir. En même temps qu'il faut introduire
dans cet enseignement une plus grande somme de connaissances,
il faut aussi le l'aire concourir plus directement
à l'éducation morale, et particulièrement à la consécration
du grand principe de fraternité que nous avons
inscrit sur nos drapeaux, et qu'il est indispensable de
faire pénétrer et vivre partout dans les coeurs, pour qu'il
soit véritablement immortel. C'est là que l'enseignement
primaire vient se joindre à l'enseignement religieux, qui
n'Obt pas du ressort des écoles, mais auquel nous devons
faire un appel sincère, à quelque culte qu'il se rapporte,
parce qu'il n'y a point de base plus solide et plus générale
à l'amour des hommes, que celle qui se déduit de l'amour
de Dieu.
H. C.\nsoT. (Extrait d'un projet de loi sur l'instruction
primaire, 1848).
II. — ÉCRITURE.
1° Grosse cursive, moyenne cursive, ronde et bâtarde;
le titre de la dictée;
2» Fine cursive: les quatre premières Hgnes de la
dictée.
III. — .iRITIlMETIQUE.
1. Partager 2941',50 en trois parties telles que la i"
5 8
soit égale aux p' de la 2",*et celle-ci égale aux - de la
i
y
troisième.
8. Un commerçant achète 275 Heclolitres de blé pesant
en moyenne 76 Kg. par Hectolitre, à raison de 28' le quintal
métrique. Il lui est accordé un délai pour payer, mais
sur sa demande de s'acquitter inbmédiatement, on lui consent
un escompte calculé à raison de 5 p. 100 l'an, de
sorte qu'il ne débour.-e que 5778',85. — Quel délai lui
accordait-on?
IV. — COMPOSITION FRANÇAISE.
Le but de I'in.
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 61
SUJETS
DIVERS.
ARITHMÉTIQUE, ALGÈBRE, GÉOMÉTRIE, TRIGONOMÉTRIE.
i>rol>Icmc i. On donne un plan P par ses traces,
xp, xp' sur deux plans de projections rectangulaires ; elles
font des angles donnés
Txp = a., "ïxp'^a!
avec la ligne de terre LT. Calculer l'angle ù que fait la
ligne de terre avec le plan P et démontrer la formule
cot9^9= colgV. + colj^V.
Solution. Du point x comme centre, avec un rayon
égal à l'unité, décrivons une sphère-; elle coupera les trois
laces du dièdre dont le sommet est x suivant les arcs de
cercle
AB, AC, BC.
Pour trouver l'angle 6 de LT avec le plan P, il faut projeter
LT sur le plan P par un plan perpendiculaire à P,
l'angle de LT avec la projection xD ainsi obtenue est
l'angle 0 cherclié, et nous aurons
AœD = 0.
nous aurons
AK- Ar-î Al'-'
mais il est clair que
AE
AI = tg9,
par fwiséqucnt régalilé précédente peut s'écrire :
J_ 4. J___L
La sphère décrite du point x comme centre sera coupée
par le plan LTD suivant un arc de grand cercle AD
qui mesure l'angle 0.
Pour trouver la relation entre cet angle et les angles
donnés K et menons au point A le plan tangent à la
sphère, il coupera les trois plans kxp, kxp', A.rD suivant
les droites AE, AF', AI tangentes aux arcs AB. AC, AD; Le quadrilatère CA'B'O étant aussi inscriptible, ou a
. et le plan P suivant une droite F'E qui est l'hypoténuse
du triangle EAl'" rectangle en A. — Je dis de plus que la
angle n = angle y = 90» — A
droite Al est la hauteur de ce triangle.
donc
En elfet le plan tangent EAF' est perpendiculaire à la
m = n = 90» — A
ligne de terre et par suite au plan AiD qui passe par
A'=180» — 2A.
LT; mais le plan P est aussi perpendiculaire au planAa:D, Ceci posé, décrivons sur BC comme diamètre unedcraicirconférence,
elle passera par les points B' et C et le
donc l'inteisection de P et du plan tangent, ou EF', est
perpendiculaire sur Ait) ; par suite Et" est perpendiculaire
sur )a di oite Al.
triangle BB'C est inscrit dans cette denii-circonlérence;
nous aurons donc
Ceci posé, nous aurons
et comme on peut écrire de deux façons le double de la
surface du triangle AEF', nous avons
EF' X AI = AE X AF'
ou en élevant au carré
EF'^X AP = AE^X AF'^!
c'est-à-dire
(nî' + :Vp') Ar- = AE^XAF'^.
Divisons les deux membres de cette égalité par le produit
AE-'^XAF-'-ixAI^
cotg-O = cotg-z
ce qui est la relation demandée.
cotg-«',
Pi-obicme 3. On abaisse les trois hauteurs A A', HB', CC
d'un triangle ABC et on joint leurs pinds A', B', C; démontrer
1° que les cotés du triangle A'B'C ainsi formé ont
pour expressions
a cosA, b cosB, ccosB ;
2° que les angles iV',B',C' sont les suppléments de 2A, 2B
2G.
Solution. Kous ferons voir d'abord que J.e triangle
A'B'C a pour bissectrices de ses angles les trois hauteurs
de ABC, et que Ton a par exemple
B'A'C = 180"-2A.
En effet, soit 0 le point de rencontre des hauteurs, le
quadrilatèi'e A'BC'O étant inscriptible, on a
ou
ou
angle m = angle B = 90» — A.
sin B'BC -
B'C = BCsin (90"—A)
B'C = A cosA.
Problème 3. On donne un plan P par ses traces xp,
xp' sur deux plans de projection faisant entre eux un
angle droit et l'on connaît les angles
= K = 57",
p'xT a' = 510,
que font ces traces avec la ligne de terre. On demande
62 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
1° De calculer Vwglepxp' que fontenlre elles dans l'espace
les deux traces du plan P ;
2» L'angle que fait le plan avec chacun des plans de
projection ;
3° L'angle que £ait le plan avec la ligne de terre.
Solution. Soit pxp' le plan donné; pour trouver l'angle
des deux traces, abaissons d'un point a quelconque de la ligne
de terre LT la perpendiculaire ab sur xp et la perpendiculaire
aa' sur LT, puis imaginons la droite ba' de l'espace
; elle sera perpendiculaire à xp et se rabattra sur le
prolongement de ab ; pour trouver la vraie grandeur de
cette droite ba', il suftit de remarquer qu'elle est l'hypoténuse
du triangle rectangle baa' que l'on peut construire
en rabattement sur le plan horizontal; il suffit pour cela
d'élever aa" perpendiculaire sur ab et de prendre
aa"=aa'-,
la droite ta" est la vraie grandeur de la droite de l'es-'
pace ba' et en porlant sur ab prolongé fcAj = ba", on aura
en Aj le rabattement du point a' et en œAi le rabattement
de la trace verticale du plan. Ainsi l'angle
des deux traces qu'il s'agit de calculer.
Or l'on a dans les triangles rectangles abx,
ah = ax sin- a = / sin a
aa' = ax tg a' = ? (g a'
xb — IcoSa
xa' = —^ = xA,.
cos a
est l'angle
aa'x,
Considérons maintenant le triangle Aj.rt qui est rectangle
en ft ; il donne
xb = xky cos pxp",
ou
l
Z cos a : cos pxp".
" ces «
on a donc pour le cosinus de l'angle des traces
(1) cos pxp' — cos a cos a'.
Ainsi le cosinus de l'angle des deux traces, dans l'espace,
est égal au produit des cosinus des deux angles
que fait chacune des traces avec la ligne de terre.
Cherchons maintenant l'angle dièdre suivant xp ; son
rectiligne a été construit, c'est l'angle b du triangle rectangle
aba" ; on a dans ce triangle
® . ab sm «
On aura
donc en appelant it l'angle dièdre suivant xp
tg
tg « = -?—
et en appelant n' l'angle
^
dièdre
sin
suivant
«
xp'
tg a
tgiz'-.
Il ne nous reste plus qu'à trouver l'angle que la ligne
de terre lait avec le plan P.
Abaissons du point a la perpendiculaire a\ sur le plan P
et joignons le pied I de cette perpendiculaire au point x,
nous aurons en Tœl l'angle cherché.
Il est bien clair que dans le rabattement du triangle haa',
la perpendiculaire al vient se rabattre sur la perpendiculaire
a\i abaissée du point a sur ba" et que l'on a
ou
al = alj = ab sin b,
al = ? sin a sin ic ;
d'autre part, dans le triangle de l'espace alx qui est rec- '
.tangle en I, l'on a
«I = ax sin Txl,
d'où
. _ T Z sin a sin n
sinTi!;I= 2 ;
ainsi le sinus de l'inclinaison de la ligne de terre sur le
plan P est donné par la formule
sin txl — sin a sin vt.
APPUCATION
NUMÉRIQUE.
Si nous faisons
« = 57" «' = 310,
nous aurons
1°
cospxp' = cos 37" cos 31°
log cos 37» =: 1,90235
log cos 310 = 1,93307
log cos 1,83542
pxp'
SUPPLÉMENT. — PARTIE SCOLAIRE. 63
2"
4°
tg 51°
log tg 31» = r,77877
C log sin 37° = 0,220.Vt
log tg ;r = 1,99931
= 44» 57'
tg 37»
tg ir':
sin 31»
log tg 37» = 1,87711
C log sin 51» = 0,28816
log tg F = 0,16527
7t' = 55»40'
= sin a sin n
log sin 57» = 1,77946
log sin Ti = 1,84911
log sin (LT.1'J = 1,62857
1 1
cos B =2' sin(90° —B)
On voit donc que le complément de l'angle B est égal
à 30°, ou que
C = 60°.
Ainsi les trois angles du triangle sont
A = 45°
B = 60°
0 = 75°.
Problème 5. Quelle doit être la valeur de l'angle B
du quadrilatère ABCD pour que ce quadrilatère soit inscriptibie?
Les côtés de ce quadrilatère sont :
AB = 5», BC = 4»,
GO = 5», DA=2»',27o.
LT.1> = 25» 10'.
Prohlème 4. Les trois côtés d'im triangle sont
2, v/e et 1+v/3;
calculer les angles de ce triangle.
Solution. On sait que l'on a pour déterminer l'un des
angles A du triangle ABC la formule
flî = + — 26c cosA
d'où l'on tire
ta c-i _
cos A :
26c
Ici l'on a en posant
0=2, 6=\/6, c = \ + \l'i,
ou
cos A =
cos A :
(2 + 2s/3)v'6 '
6 + 2^/5 _ 5 + v/5
2^/6(1-fv'â)
e o s A = # ± 4 = - i .
S/b^l + v/5) V/2
Ainsi l'on a
donc
cos A = !^;
À
A = 45°.
v/êCi+Vs)'
De même pour déterminer l'angle B opposé au côté
b = t/6, l'on aura la formule
cos B : 4 + (l + v/5)^-6
4(1+s/à) '
OU
cos B :
2 + 2v/5
"4(1 +v/5) ^
2(1+s/5)
• 4(1 + s/s) •
DESSIN
Solution. Soit ABCD le quadrilatère ; menons la diagonale
AC ; dans le triangle ABC, nous aurons
AC2 = AB^ + BC^ — 2AB.BG cos B,
et dans le triangle ADC
AC^ = AD^ -f CÎ7^ -f 2AD.CD cos B,
car
D=180° —B et cosD= —cosB.
Egalant ces deux valeurs de ÂG^ il vient :
AB2 -)- bC^ -f AD2 -f CD'^ = 2(AB X BG + AD x CD) cos B
d'où
AB^xB^-i—AD^ —CD^
cos B =
2{ABxBG + ADXCD)'
substituant aux lignes leurs valeurs numériques, il vient:
25 4-16 — 9 — 5,175625
cos B :
2(204- 3x2,275) '
cos B =•
ce qui est, à très peu près
.\insi
26,824375
53,650
cos B = - •
sin (90° —B) =-. z
donc
90° —B=50°,
B = 60°.
Ainsi l'angle B doit être de 60° pour que le quadrilatère
soit inscriptible. — E. BURAT.
LINÉAIRE
ETUDE DE TRAIT ET DE LAVIS
• SOLIDES GÉOMÉTRIQUES
V. CYLINDRES.
(Voy. le Supplément, n° 25 de 1882.)
La cinquième planche renferme les projections de
trois solides : 1° un cylindre creux reposant sur le plan
horiïontal, coupé par un plan qui est perpendiculaire
au plan yertical et qui fait un angle de 30°, avec le plan
horizontal ; 2° le cylindre 'précédent après une rotation
de 90° autour de son axe vertical ; 5» un cylindre creux,
coupé suivant l'axe par un plan parallèle au plan vertical
et renfermant, vers son milieu, une cloison horizontale,
qui se trouve également coupée par le plan vertical.
Construction. — La mise en projection des trois solides,
ayant les sections planes, se fera très facilement au
moyen des cotes indiquées qui expriment des millimètres
et qui seront prises en vraie grandeur. Le contour appa-
64 MANUEL GÉNÉRAL DE L'IINSTKUCTION PRIMAIRE.
rent de la surface intérieure de? deux premiers cylindres
étant invisible en élévation sera indiqué par des points ronds.
•1" Cylindre. — Le plan sécant étant perpendiculaire
au plan vertical, l'intersection se projette verticalement
suivant la droite 1', 15', qui fait un angle de -30° avec
l'horizontale, ou de 60° avec la verticale. La ligne
d'ombre propre visible est la génératrice située au
point 10; c'est la ligne de contact d'un plan tangent à 45».
2« Cylindre. — Dans la rotation de 90° autour de l'axe,
tous les points de la section plane se transportent horizontalement
en décrivant un arc de 00°; ils doivent donc
rester sur des horizontales passant par les points 2',
5', etc., à la rencontre des prcjetantes passant par les
)oints 1, 2, 5, etc. Les points 1' et 13' seront toujours
e plus haut et le plus bas. L'intersection se compose
de 2 ellipses concentriques faciles à construire, ane pour
la surface extérieure et une autre pour la surface intérieure
du cylindre.
La ligne d'ombre propre sur la surface extérieure
du cylindre est la génératrice située en avant, à droite
et à 45°. La ligne d'ombre propre intérieure est la
génératrice diamétralement opposée à la précédente.
Remarque. — Le cylindre porte ombre sur lui-même,
à l'intérieur, suivant une courbe qui est en grande partie
invisible en élévation. La partie visible est un petit
arc d'ellipse qui commence en haut de la ligne en pointillé
mixte et vient se terminer sur le bord inféi-ieur du
cylindre, un peu à gaucho de l'axe. Cet arc n'a pas été
tracé, mais il s'obtient de la même manière que li"f"d"b"
de la ligure suivante. Sur le plan horizontal, la courbe
d'ombre portée se projette évidemment suivant le cercle
intérieur, et elle n'a pas d'influence sur le lavis.
3° Cylindre. •— Le rayon lumineux, en suivant l'arête
verticale a, a', a", engendre un plan qui rencontre la surface
intéi'ieure du cylindre suivant la génératrice b, h',
b". Cette génératrice se trouve limitée, une première
fois,'par le rayon ab. a'b', une deuxième fois par le rayon
ab, a"b". Quand le rayon lumineux est arrivé à ia position
ab, a'b', il rase l'arête horizontale a'k' et engendre un
autre plan qui rencontre la surface intérieure du cylindre
suivant une demi-ellip?e; mais, a cause de l'inclin:iison
particulière de ce plan, l'ellipse se projette suivant
un demi-cercle. Quand le rayon lumineux est arrivé
à la po.-ition ab, a"b", il rase l'ai ôte circulaire ah, a"h",
et engendre une portion de cylindre qui rencontre la surface
intérieui'e du cylindre donné suivant une portion
d'ellipse K'b". Pour trouver un point de cette courbe, considérons
le rayon lumineux qui touche l'arête circulaire
au point c, c". Ce rayon se projette suivant deux lignes
à 43°; il rencontre la'surface intérieure du cylindre en un
point qui se projette nécessairement au point rf de la base,
ce qui donne le points/" en élévation. A partir du point A, A",
le rayon ne pénètre plus dans l'intérieur du cylindre.
Traits de force. — On mettra des traits de force sur
toutes les arêtes vives, droites ou courbes qui séparent
l'ombre de la lumière, si l'on veut se borner à taire le
dessin au trait ; mais on n'emploiera que des traits fins
«i l'on doit faire le lavis des ombres.
l'^ilels de lumière. — Si l'on veut placer des filets de
lumière, ce qui nest pas nécessaire à un bon lavis,
comme nous l'avons dit plusieurs fois, on suivra les
arêtes vives qui sont eu trait fin, c'est-à-dire qui séparent
deux surfaces éclairées.
Lavis.—Après avoir pa-ssé ii l'encre noire, en trait
fin, les contours dos solides, et à j'encre grise très pâle
les lignes de dégradé, les filets de lumière, et les lignes
d'ombre propre et portée, il faut faire un nettoyage général
avec la gomme élastique ordinaire et commencer
le lavis. Les lignes projetantes, les rayons lumineux, les
lignes de construction et les lettres ne sont point passés
à l'encre.
La teinte n° 1 sera d'abord appliquée sur toute l'étendue
des surfaces dans l'ombre propre ou portée, puis elle
sera répétée une ou plusieurs fois dans les ombres portées
d'après les indications du modèle. On préparera ensuite
les teintes n° 2, n° 3, etc., en ajoutant de l'eau,
d'après des proportions bien déterminées (Voy. nos articles
précédents), et l'on formera le dégradé des surfaces
cylindriques. Les numéros et les flèches qui sont sur
les ligures indiquent d'une façon précise l'intensité et
l'étendue des teintes. Quant aux surfaces planes éclairées
comprises entre les cercles et les ellipses concentriques,
on y fera un dégradé très faible avec ia teinte n» J», la
plus faible de toutes, en obser.vant que la lumière diminue
par l'éloignement. On se rappelle que, pour la projection
horizontale, l'observateur est placé en haut, et
que, pour la projection verticale, il est placé en avant.
Sur les parties pianos éclairées de la 5" figure, on emploiera
les teintes ]i° 5 et iv d'après l'éloignenient.
A. lliiiiiuiaiiiT