Ce que les collaborations avec les informaticiens font aux ... - IRIT
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<strong>Ce</strong> <strong>que</strong> <strong>les</strong> <strong>collaborations</strong> <strong>avec</strong> <strong>les</strong> <strong>informaticiens</strong> <strong>font</strong> <strong>aux</strong> chercheurs en<br />
sciences socia<strong>les</strong> : la réflexivité dans <strong>les</strong> prati<strong>que</strong>s interdisciplinaires<br />
Joëlle Le Marec<br />
jlemarec@ens-lsh.fr<br />
Laboratoire "Communication, Culture et Société" JE 2419<br />
Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines, Lyon<br />
http://c2so.ens-lsh.fr<br />
1 Interdisciplinarité : formalismes<br />
techni<strong>que</strong>s, prati<strong>que</strong>s interculturel<strong>les</strong><br />
Le discours sur la collaboration entre chercheurs en<br />
sciences socia<strong>les</strong> et sciences pour l’ingénieur ou informati<strong>que</strong><br />
mobilise de nombreuses représentations qui relèvent<br />
parfois moins de la réflexion raisonnée sur<br />
l’interdisciplinarité, <strong>que</strong> des formes d’expression du rapport<br />
interculturel à l’Autre.<br />
L’informaticien ou le sociologue deviennent parfois des<br />
figures aussi stéréotypées <strong>que</strong> cel<strong>les</strong> qui hantent <strong>les</strong> anecdotes<br />
sur <strong>les</strong> <strong>collaborations</strong> entre japonais, allemands,<br />
latins, etc. <strong>Ce</strong> ne sont d’ailleurs pas seulement <strong>les</strong> réactions<br />
de méfiance et de repli identitaire qui sont marquées par<br />
cette lecture culturelle des dimensions disciplinaires<br />
comme appartenances identitaires. Elle concerne aussi <strong>les</strong><br />
réactions inverses d’émerveillement suscités par<br />
l’enchantement de la rencontre.<br />
<strong>Ce</strong>s dimensions culturel<strong>les</strong> de la collaboration interdisciplinaire<br />
sont d’autant plus sous-estimées, qu’el<strong>les</strong> restent<br />
évidemment très implicites. C’est en effet une rationalité<br />
techni<strong>que</strong> qui est convoquée pour incarner concrètement la<br />
rationalité scientifi<strong>que</strong> dans l’organisation administrative<br />
de la recherche interdisciplinaire. Les modalités de la collaboration<br />
sont soigneusement détaillées dans <strong>les</strong> formalismes<br />
très stricts de la conduite de projet, eux-mêmes<br />
importés du monde de l’entreprise. Le modèle de la division<br />
du travail, de la complémentarité et de l’intégration<br />
des interventions de chacun dans un processus de construction<br />
d’un objet commun, sont une des formes <strong>les</strong> pus<br />
consensuel<strong>les</strong> de cette interdisciplinarité administrative.<br />
Il n’est pas certain <strong>que</strong> celle opération n’aboutisse pas à<br />
court-circuiter une réflexion proprement académi<strong>que</strong> sur<br />
<strong>les</strong> modalités très concrètes de la mise en œuvre de<br />
l’interdisciplinarité.<br />
En effet, même si l’interdisciplinarité est un objet de la<br />
recherche en philosophie des sciences et épistémologie, <strong>les</strong><br />
modè<strong>les</strong> produits ne contraignent guère <strong>les</strong> formes de la<br />
gestion de la recherche proprement dite, tels qu’ils<br />
s’inscrivent dans <strong>les</strong> protoco<strong>les</strong> de soumission de projets<br />
ou de rapports de recherche.<br />
Or, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> de la complémentarité fonctionnelle ne<br />
rendent pas compte de manière satisfaisante des <strong>collaborations</strong><br />
tel<strong>les</strong> qu’el<strong>les</strong> s’éprouvent au quotidien.<br />
Pourtant l’expérimentation des prati<strong>que</strong>s de collaboration<br />
concrètes est rarement formalisée en tant <strong>que</strong> retombée de<br />
la recherche, alors même <strong>que</strong> certaines d’entre el<strong>les</strong> sont<br />
des expériences majeures dans la trajectoire des individus<br />
ou des collectif. Elle relève d’une expérience partagée de<br />
manière informelle en dehors des enjeux de construction de<br />
connaissances collectives.<br />
En effet, dans <strong>les</strong> échanges informels entre collègues, <strong>les</strong><br />
confrontations sont intenses et s’exercent sur le même<br />
mode <strong>que</strong> celui de la conversation ordinaire : empruntant<br />
tous <strong>les</strong> registres, glissant de l’un à l’autre, maniant ambiguïtés,<br />
non-dits, inférences multip<strong>les</strong>, fausse naïveté, vraie<br />
mauvaise foi, attitudes de courtoisie ou réflexes défensifs,<br />
etc. Il ne s’agit pas de dénoncer qui <strong>que</strong> ce soit ni de brandir<br />
la composante relationnelle de la communication<br />
comme étant la vérité cachée de ces échanges. Simplement,<br />
je revendi<strong>que</strong>, <strong>avec</strong> d’autres chercheurs, la possibilité de<br />
créer un espace et une forme de dialogue à la fois ouverts<br />
et réglés qui soient fondés sur l’intérêt de créer un bien<br />
commun à partir d’une confrontation, et qui par consé<strong>que</strong>nt<br />
exclut certains procédés de la conversation ordinaire.<br />
Rien de plus banal <strong>que</strong> ce genre de déclaration, et pourtant,<br />
chacun reconnaîtra aisément <strong>que</strong> c’est l’une des choses<br />
<strong>les</strong> plus diffici<strong>les</strong> à atteindre dans la prati<strong>que</strong> scientifi<strong>que</strong><br />
collective.<br />
C’est pourquoi je chercherai ici à développer la nécessité<br />
de construire des connaissances sur <strong>les</strong> prati<strong>que</strong>s interdisciplinaires,<br />
par le retour sur <strong>les</strong> prati<strong>que</strong>s et notamment <strong>les</strong><br />
prati<strong>que</strong>s de communication dans un ensemble de recher-
Le Marec<br />
ches-action impliquant des <strong>collaborations</strong> entre chercheurs<br />
en sciences socia<strong>les</strong> et chercheurs en informati<strong>que</strong>. Comment<br />
observer, objectiver et analyser <strong>les</strong> communications<br />
très nombreuses qui sont vécues et organisées à l’occasion<br />
de ces programmes, et qui sont habituellement mises hors<br />
champ scientifi<strong>que</strong> dans la prati<strong>que</strong> ordinaire ? Comment<br />
construire sur la base de ces prati<strong>que</strong>s, des connaissances<br />
qui aient une portée dans le champ académi<strong>que</strong> lui-même ?<br />
Qu’est-ce qui, du dialogue, peut passer du registre des<br />
représentations implicites du sens commun au registre des<br />
représentations partagées relevant de la prati<strong>que</strong> scientifi<strong>que</strong><br />
collective ?<br />
2 Dialogue interdisciplinaire<br />
Je ne détaillerai pas ici la manière dont s’est organisée la<br />
collaboration au fil des projets portant sur le développement<br />
de dispositifs de médiation liés <strong>aux</strong> musées, dans<br />
différents contextes et <strong>avec</strong> différentes configurations de<br />
recherche 1 .<br />
Au départ, le principe de ces <strong>collaborations</strong> est très souvent<br />
– mais pas toujours – de développer un volet de recherche<br />
consacré à un analyse des usages qui puisse aider à<br />
la conception d’un dispositif innovant en milieu culturel.<br />
Les recherches-développement associant un volet d’étude<br />
des usages sont très nombreuses et <strong>les</strong> manières dont <strong>les</strong><br />
études d’usages sont positionnées dans <strong>les</strong> programmes<br />
relèvent d’une sorte de routine, dont le formalisme se rapproche<br />
de celui de l’évaluation et du test. Par exemple, il<br />
est fort rare <strong>que</strong> ces études remettent en cause l’objectif de<br />
développement du dispositif tel <strong>que</strong> prévu dès le départ.<br />
Dans la mesure où ces <strong>collaborations</strong> ne créent pas de<br />
connaissances académi<strong>que</strong>s formalisées sur <strong>les</strong> modalités<br />
de la collaboration elle-même, celle-ci reste fondamentalement<br />
cadrée par des logi<strong>que</strong>s administratives.<br />
C’est pourquoi, dans <strong>les</strong> résultats de ces programmes,<br />
nous avons souhaité faire apparaître le dialogue interdisciplinaire<br />
comme processus de construction de connaissances<br />
proprement interdisciplinaires, à l’usage d’équipesprojets<br />
développant des <strong>collaborations</strong> durab<strong>les</strong>.<br />
Le dialogue est saisi au travers d’étapes-clé au cours<br />
des<strong>que</strong>l<strong>les</strong> <strong>les</strong> enjeux du projet sont redéfinis collective-<br />
1 Il s’agit en particulier du dispositif « Visite+ » à la cité des Sciences<br />
et de l’Industrie (chef de projet Roland Topalian), et l’expérimentation de<br />
l’usage d’un audio guide mobilisant <strong>les</strong> rése<strong>aux</strong> et le téléphone portable<br />
dans le cadre du projet « EECCOOT » associant l’ENS-lsh (laboratoire<br />
C2S0), l’INSA (laboratoire CITI), l’ISH (laboratoire LET), la société<br />
Tout’O Phone et le musée Gadagne (équipe : Philippe Charlot, Igor<br />
Babou, Sophie Deshayes, Christine Develotte, Guillaume Emonot, Antoine<br />
Fraboulet, Pieranne Gausset, Laurent Guihery, Philippe Isorce,<br />
Joëlle Le Marec, Nathalie Noël, Jean-François Rebeyrotte, Alexandre<br />
Stableforth, Dan Stefan).<br />
ment, <strong>avec</strong> des consé<strong>que</strong>nces très concrètes : il peut y avoir<br />
changement complet du type d’objets techni<strong>que</strong>s créés,<br />
changement du périmètre de ce qui constitue ces objets<br />
<strong>avec</strong> modification de ce qui est considéré comme contexte<br />
et de ce qui est considéré comme objet, et par consé<strong>que</strong>nt,<br />
changement des logi<strong>que</strong>s mêmes de gestion et de développement<br />
des projets.<br />
Dans le cas de « Visite+ » à la cité des Sciences un dispositif<br />
a été imaginé sur la base des résultats de recherches<br />
sur <strong>les</strong> usages des scénarios interactifs muséographi<strong>que</strong>s<br />
dans <strong>les</strong> expositions. L’idée a été de mettre à l’épreuve un<br />
résultat qui ne concernait pas directement <strong>les</strong> enjeux propres<br />
à ces scénarios interactifs considérés à leur niveau :<br />
<strong>les</strong> visiteurs-usagers interprétaient en permanence sens de<br />
leur activité comme une mise en relation <strong>avec</strong> des « gens »<br />
de l’institution muséale. Le dispositif « Visite + » innove<br />
donc au plan culturel, communicationnel, avant d’innover<br />
au plan techni<strong>que</strong> : il est inspiré par le pari de pouvoir<br />
prendre au sérieux l’hypothèse <strong>que</strong> <strong>les</strong> visiteurs interprètent<br />
leur lien au musée. « Visite °+ » a amené la création de<br />
formes de conduite de projets, d’un périmètre techni<strong>que</strong> et<br />
organisationnel de l’innovation, et une conception de<br />
l’usage, qui n’ont rien à voir <strong>avec</strong> <strong>les</strong> représentations dont<br />
nous étions partis. La collaboration entre le service informati<strong>que</strong><br />
et un laboratoire de sciences humaines rend aujourd’hui<br />
nécessaire un effort d’innovation institutionnelle<br />
commun.<br />
<strong>Ce</strong>t effort d’innovation est en réalité l’inscription d’une<br />
formalisation commune du dialogue comme mode de travail,<br />
et comme modèle académi<strong>que</strong> notre prati<strong>que</strong> de<br />
l’interdisciplinarité.<br />
Dans ce cas précis, le fait <strong>que</strong> le contexte de la collaboration<br />
et de développement ait été une institution de service<br />
public a rendu possible la transformation souple et continue<br />
des processus de conception et d’expérimentation.<br />
Dans le cas des projets de recherche-développement très<br />
finalisés calibrés <strong>aux</strong><strong>que</strong>ls nous sommes habitués, il reste<br />
cependant la possibilité, dans des durée de l’ordre de deux<br />
ans, d’éprouver <strong>les</strong> effets directs d’un changement de modèle,<br />
depuis un mode de division des tâches au service d’un<br />
objectif commun prédéfini, vers une redéfinition commune<br />
des objectifs dans le cadre d’un dialogue serré.<br />
Dans le programme EECCOOT, l’innovation s’est ainsi<br />
déplacée vers la création d’un nouveau dispositif techni<strong>que</strong><br />
de communication inédit et imprévu au départ (une interface<br />
de conception de visites audio guidées à l’usage des<br />
médiateurs culturels) en plus de celui qui était prévu au<br />
départ (un dispositif associant des ban<strong>que</strong>s de données, le<br />
téléphone portable, et des interfaces).<br />
La qualité de la collaboration de l’équipe des chercheurs<br />
en informati<strong>que</strong>, sciences humaines <strong>avec</strong> la société ToutO-<br />
Phone, s’est avérée particulièrement remarquable au mo-
La réflexivité dans <strong>les</strong> prati<strong>que</strong>s interdisciplinaires<br />
ment des inévitab<strong>les</strong> conflits d’intérêts et de représentations<br />
à des moments-clés du projet, notamment le moment<br />
de la conception de l’interface pour <strong>les</strong> médiateurs professionnels,<br />
initialement simple étape techni<strong>que</strong>.<br />
Plutôt <strong>que</strong> de chercher au plus vite un consensus fonctionnel<br />
en évitant d’expliciter <strong>les</strong> enjeux des différents<br />
partenaires et <strong>les</strong> bases théori<strong>que</strong>s et stratégi<strong>que</strong>s de leurs<br />
actions, nous avons tout au contraire pu expliciter fortement<br />
et nettement nos parti-pris et nos modè<strong>les</strong> respectifs,<br />
au ris<strong>que</strong> du conflit. C’est cette possibilité d’assumer des<br />
positions marquées (quitte à réveiller <strong>les</strong> stéréotypes des<br />
chercheurs en SHS abstraits et jargonnant, des <strong>informaticiens</strong><br />
butés et des chefs d’entreprise obsédés d’efficacité)<br />
qui a été la base d’une intercompréhension réelle, profonde<br />
et d’une tolérance <strong>aux</strong> intérêts et <strong>aux</strong> contraintes des autres.<br />
L’interface réalisée résulte d’innovations non pas techni<strong>que</strong>s,<br />
mais proprement interdisciplinaires :<br />
• C’est un modèle théori<strong>que</strong> de la communication<br />
qui a partiellement « contraint » la conception de<br />
l’interface, ce qui a permis de symétriser <strong>les</strong> rapports<br />
entre informati<strong>que</strong> et sciences socia<strong>les</strong> dans<br />
la conception d’un objet résolument commun. En<br />
effet, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> des sciences humaines et socia<strong>les</strong><br />
ne s’inscrivent prati<strong>que</strong>ment jamais dans des<br />
formalismes techni<strong>que</strong>s, ils sont souvent réservés<br />
au travail d’interprétation et d’explicitation des<br />
phénomènes a posteriori, mais semblent rarement<br />
assez convaincants pour qu’on prenne le ris<strong>que</strong> de<br />
baser un modèle de développement techni<strong>que</strong> sur<br />
eux. Or, dans le cas d’EECCOOT, la conception de<br />
l’interface a été contrainte par des hypothèses<br />
concernant l’importances des dimensions énonciatives<br />
dans la conception des dispositifs de médiation.<br />
• <strong>Ce</strong>tte interface a bénéficié en fin de compte essentiellement<br />
à des usagers professionnels qu’ont été<br />
<strong>les</strong> médiateurs impliqués dans le projet, et qui se<br />
sont fortement approprié celui-ci. L’interface a ainsi<br />
échappé à la fois <strong>aux</strong> <strong>informaticiens</strong> et <strong>aux</strong> chercheurs<br />
en sciences socia<strong>les</strong> en tant <strong>que</strong> trace inscrite<br />
de leur dialogue. <strong>Ce</strong>ux-ci se sont vu contraints<br />
ensemble de modifier le périmètre de leur propre<br />
projet.<br />
• Le développement de cette interface a ouvert des<br />
perspectives très importantes pour des <strong>collaborations</strong><br />
entre <strong>informaticiens</strong> et médiateurs culturels,<br />
usagers primaires du dispositif expérimenté, et représentants<br />
d’un milieu, celui des médiateurs culturels,<br />
qui ont rarement la possibilité d’inscrire leur<br />
réflexion et leur expérience dans des dispositifs de<br />
médiation.<br />
L’exigence de dialogue impli<strong>que</strong> en effet le sacrifice de<br />
<strong>que</strong>l<strong>que</strong> chose pour chacune des parties. <strong>Ce</strong>tte dimension<br />
est très rarement formalisée, elle est pourtant essentielle<br />
non seulement à éprouver, mais à conceptualiser et à formaliser<br />
comme condition pragmati<strong>que</strong> d’une confiance<br />
nécessaire.<br />
En effet, pour concevoir ensemble un nouvel objet non<br />
prévu dans <strong>les</strong> délais et <strong>les</strong> budgets initialement accordés<br />
au projet, <strong>les</strong> équipes de recherche ENS-LSH et INSA, ont<br />
sacrifié <strong>les</strong> perspectives de valorisation académi<strong>que</strong> immédiate<br />
de leur propre travail dans le projet, et la société ToutOPhone<br />
a sacrifié la perspective de développer rapidement<br />
un dispositif techni<strong>que</strong>ment opérationnel pour la visite par<br />
téléphone portable.<br />
L’enjeu commun futur est devenu plus intéressant <strong>que</strong><br />
l’articulation d’enjeux propres complémentaires. Les sacrifices<br />
de valorisation et d’exploitation des différents volets<br />
du programme ont été consentis tout naturellement pour<br />
permettre de gagner ensemble dans la portée de la collaboration<br />
et du projet. Mais ce sacrifice n’a été supportable<br />
<strong>que</strong> parce <strong>que</strong> chacun des partenaires s’est constitué témoin<br />
des autres.<br />
La taille relativement homogène des équipes (équipes de<br />
recherche, société) a évidemment joué un rôle déterminant<br />
dans ce processus.<br />
Dans ce double échange, installé dans la durée et normé<br />
par des contraintes de production scientifi<strong>que</strong> (mettre en<br />
oeuvre un calendrier et des moyens de recherche, rendre<br />
des rapports d’étapes par terrain et pour l’ensemble des<br />
trav<strong>aux</strong>) et techni<strong>que</strong> (produire un objet qui fonctionne) le<br />
dialogue interdisciplinaire permet tout à la fois :<br />
• l’affirmation par chacun et la reconnaissance corrélative<br />
par <strong>les</strong> autres de la singularité des positions,<br />
des savoirs, des valeurs, des compétences individuel<strong>les</strong><br />
;<br />
• la construction d’un bien commun <strong>que</strong> personne ne<br />
peut revendi<strong>que</strong>r à titre propre et qui ressemble<br />
pourtant énormément à <strong>que</strong>l<strong>que</strong> chose <strong>que</strong> l’on aurait<br />
pu penser ou élaborer soi-même.<br />
L’exigence de construire un savoir sur <strong>les</strong> prati<strong>que</strong>s interdisciplinaires<br />
est actuellement un enjeu académi<strong>que</strong><br />
pour l’équipe . C’est par un retour systémati<strong>que</strong> sur <strong>les</strong><br />
situations de communications dans la recherche <strong>que</strong> nous<br />
tentons de contribuer à déplacer dans le champ de la recherche<br />
académi<strong>que</strong> une réflexion qui reste pour le moment<br />
essentiellement, soit dans le registre de<br />
l’épistémologie, soit dans celui de la gestion administrative<br />
de la recherche.