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Le reseau européen des musiques et danses traditionnelles - Irma

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

Extrait du <strong>Irma</strong> : centre d'information <strong>et</strong> de ressources <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> actuelles<br />

http://www.irma.asso.fr/<strong>Le</strong>-<strong>reseau</strong>-europeen-<strong>des</strong>-<strong>musiques</strong>-<strong>et</strong><br />

2003-02<br />

<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong><br />

<strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong><br />

<strong>traditionnelles</strong><br />

- Centres d'information - CIMT - Ressources -<br />

Date de mise en ligne : jeudi 20 avril 2006<br />

<strong>Irma</strong> : centre d'information <strong>et</strong> de ressources <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> actuelles<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

Philippe Fanise : Directeur artistique de la Mission <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong> de<br />

l'Arcade (Provence-Alpes-Cote d'Azur), Philippe Fanise est également l'un <strong>des</strong> coordinateurs<br />

fondateurs du Réseau Européen <strong>des</strong> Musiques <strong>et</strong> Danses Traditionnelles<br />

Sommaire<br />

Rappel historique<br />

La structuration<br />

<strong>Le</strong> programme de coopération<br />

<strong>Le</strong>s actions<br />

<strong>Le</strong>s valeurs du réseau<br />

Unité&#8226; /&#8226; Diversité<br />

Tradition&#8226; /&#8226; Création<br />

Une priorité&#8226; : les jeunes musiciens<br />

<strong>Le</strong>s difficultés<br />

<strong>Le</strong> Réseau <strong>et</strong> la Commission Européenne<br />

<strong>Le</strong>s deux ailes de l'Europe<br />

L'histoire du Réseau Européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong> se situe à l'intersection de l'évolution <strong>des</strong><br />

<strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> en France <strong>et</strong> en Europe, <strong>et</strong> d'une nouvelle dynamique culturelle européenne favorisée par la<br />

place nouvelle accordée à la Culture dans les Traités de Maastricht (1992) <strong>et</strong> d'Amsterdam (1999) de l'Union<br />

Européenne. C<strong>et</strong>te place, bien que relativement faible sur le plan financier, mais importante sur le plan de la<br />

reconnaissance institutionnelle <strong>et</strong> du soutien apporté aux outils de coopération transnationale, a permis le<br />

développement d'un nombre important de réseaux européens dans tous les domaines de la culture. La volonté,<br />

affirmée dans l'article 128 sur la Culture du Traité de Maastricht, de contribuer à « " l'épanouissement <strong>des</strong> cultures<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

<strong>des</strong> Etats membres dans le respect de leur diversité nationale <strong>et</strong> régionale, tout en m<strong>et</strong>tant en évidence l'héritage<br />

culturel commun" » n'a pas échappé aux initiateurs du Réseau Européen de <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>, car quel<br />

autre domaine musical que les <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>, pouvait mieux exprimer à la fois c<strong>et</strong>te diversité régionale <strong>et</strong><br />

c<strong>et</strong> héritage culturel commun <strong>des</strong> peuples de l'Europe" ?<br />

Rappel historique<br />

<strong>Le</strong> Réseau européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong> a été fondé à l'initiative française de la Fédération <strong>des</strong><br />

associations de <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong> (FAMDT), dont le Conseil d'Administration, réunissant Centres<br />

régionaux <strong>et</strong> associations, a proposé en 1996 la tenue en France <strong>des</strong> Premières Assises Européennes de Musiques<br />

<strong>et</strong> Danses Traditionnelles. Un collectif européen de préparation a réuni plusieurs personnes <strong>et</strong> associations de<br />

Grèce, Italie, Grande Br<strong>et</strong>agne, Suède, Autriche, France, Belgique, Irlande <strong>et</strong> Espagne (Catalogne). Soutenues par<br />

le programme Kaléidoscope de l'Union Européenne, les Assises ont réuni, en Novembre 1997, environ 250<br />

participants venus de plus de 15 pays, <strong>et</strong> ont été accueillies par la Région Languedoc-Roussillon à Perpignan, ville<br />

choisie pour sa situation frontalière franco-espagnole <strong>et</strong> la vitalité de ses traditions transfrontalières catalanes <strong>et</strong><br />

gitanes. <strong>Le</strong>s travaux réalisés dans les 8 ateliers (circulation <strong>des</strong> artistes en Europe, <strong>musiques</strong> <strong>des</strong> diasporas <strong>et</strong><br />

immigration, valorisation <strong>des</strong> cultures <strong>traditionnelles</strong> dans la politique européenne, patrimoine,<br />

formation/enseignement, supports d'information, éditions/ publications, danse traditionnelle) ont constitué les axes<br />

fondamentaux de la constitution d'un premier Réseau informel, dont la première rencontre publique a eu lieu à<br />

Stockholm en mars 98 sur la question <strong>des</strong> droits, en marge d'une Conférence intergouvernementale de l'Unesco sur<br />

les politiques culturelles pour le développement.<br />

La structuration<br />

La seconde phase, de 1998 à 2000, s'est attachée à structurer le Réseau autour de la rédaction d'une Charte<br />

commune, définissant la philosophie, les valeurs partagées <strong>et</strong> les gran<strong>des</strong> orientations, <strong>et</strong> à élaborer les statuts d'une<br />

association support du Réseau. Plusieurs réunions à Bruxelles, Paris, Budapest, Vercelli ont été nécessaires pour<br />

élaborer la Charte (voir extraits dans l'encadré), compte tenu de la disparité <strong>des</strong> situations, de la nécessité de bien<br />

se connaître pour avancer ensemble, <strong>et</strong> de questions de vocabulaires <strong>et</strong> concepts diversement appréhendés (les<br />

termes « " traditionnel, folklore, folk, <strong>musiques</strong> du monde" » renvoient à <strong>des</strong> réalités <strong>et</strong> <strong>des</strong> perceptions différentes<br />

selon les régions, nations <strong>et</strong> langues" !) . Parallèlement le programme européen Raphael a permis de financer en<br />

1999 la publication de la Route Européenne <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong>, valorisant une trentaine de<br />

gran<strong>des</strong> <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites manifestations de qualité à travers toute l'Europe. <strong>Le</strong> premier Conseil d'administration réunit <strong>des</strong><br />

membres venus de 15 pays <strong>et</strong> choisit comme président Jany Rouger, directeur de la FAMDT.<br />

<strong>Le</strong> programme de coopération<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

Depuis 2000 le Réseau Européen est entré dans une troisième phase d'action plus concrète, rendue possible par<br />

l'obtention d'un financement de la Commission Européenne (Culture 2000) accordé jusqu'en juin 2003, qui porte sur<br />

un programme triennal de coopération transnationale <strong>et</strong> pluriannuelle, actuellement en cours de réalisation. La<br />

coordination globale <strong>et</strong> la gestion sont assurés par la FAMDT, mais les axes de développement sont coordonnés par<br />

<strong>des</strong> groupes de travail transnationaux pilotés par <strong>des</strong> associations de pays différents" : information <strong>et</strong> nouvelles<br />

technologies (coordination suédoise)" ; transmission <strong>et</strong> formation (coordination irlandaise)" ; soutien aux jeunes<br />

artistes (coordination italienne)" ; diffusion <strong>et</strong> circulation <strong>des</strong> oeuvres (coordination française). Un groupe de travail<br />

franco-britannico-suédois s'est également constitué pour développer un travail spécifique sur la dimension<br />

multiculturelle, à partir <strong>des</strong> régions de Stockholm, Aix-Marseille <strong>et</strong> Londres.<br />

La dynamique actuelle du Réseau repose sur l'implication de personnes <strong>et</strong> d'associations en majorité originaires de<br />

pays nordiques (Norvège-Suède-Finlande), de France <strong>et</strong> d'Italie, d'Irlande <strong>et</strong> d'Angl<strong>et</strong>erre. La Hongrie, l'Autriche,<br />

l'Allemagne, l'Espagne <strong>et</strong> le Portugal sont également présents dans le Réseau. Partenariats <strong>et</strong> contacts se multiplient<br />

avec la Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, l'Albanie, la Turquie, <strong>et</strong> peu à peu avec l'ensemble <strong>des</strong> pays de l'est<br />

européen <strong>et</strong> de la Méditerranée.<br />

<strong>Le</strong>s actions<br />

<strong>Le</strong> travail d'un réseau ne s'évalue pas seulement à la quantité de documents, de publications ou de manifestations<br />

nouvelles produites, mais à la qualité, à la richesse <strong>des</strong> échanges générés, <strong>et</strong> à leur pouvoir d'ouverture, voire de<br />

transformation de l'approche, de la conscience d'un domaine culturel souvent confiné dans <strong>des</strong> territoires, <strong>des</strong><br />

géographies, ou <strong>des</strong> idéologies réduites. <strong>Le</strong> travail du Réseau est avant tout de « " produire de la rencontre" » à<br />

l'intérieur d'un domaine menacé par le cloisonnement.<br />

C'est pourquoi une part importante <strong>des</strong> activités du Réseau est consacrée à l'organisation de rencontres"<br />

européennes : rencontres/séminaires de formateurs à Londres (2001), Galway (2002) <strong>et</strong> prochainement en Finlande<br />

(2003), rencontres de jeunes musiciens dans le Piémont Italien (2001), à Parthenay (2002) <strong>et</strong> prochainement à<br />

Segovia (2003), rencontres multiculturelles à Zaragoza (2000), Stockholm (2001) <strong>et</strong> Aix en Provence (2002). Chaque<br />

rencontre donne lieu à la fois à <strong>des</strong> témoignages d'expérience, <strong>des</strong> réflexions communes, la définition de proj<strong>et</strong>s<br />

nouveaux, mais aussi à <strong>des</strong> temps de musique, publics <strong>et</strong> privés, valorisant à la fois <strong>des</strong> musiciens du pays d'accueil<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> musiciens venus d'autres pays d'Europe, créant ainsi de nouveaux contacts directs entre artistes.<br />

<strong>Le</strong> Réseau produit également de l'information sur son site Intern<strong>et</strong> (www.eurotradmusic.n<strong>et</strong>) <strong>et</strong> sa l<strong>et</strong>tre d'information.<br />

Il doit publier en 2003 une étude comparative de quatre lieux de formation supérieure aux <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

(Irlande, Finlande, France, Grèce), une liste européenne de labels de <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>, ainsi que deux CD<br />

thématiques, consacrés l'un au violon, l'autre à la voix en Europe.<br />

<strong>Le</strong>s valeurs du réseau<br />

<strong>Le</strong>s principales valeurs défendues à l'échelle européenne par le Réseau se r<strong>et</strong>rouvent autour de deux « " principes<br />

duels" » essentiels.<br />

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Unité" /" Diversité<br />

<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

<strong>Le</strong> principe « " Unité" /" Diversité" » qui revient à ne pas considérer le patrimoine traditionnel européen seulement<br />

comme une addition de patrimoines locaux distincts <strong>et</strong> autarciques, d'identités étanches, mais aussi comme un « "<br />

ensemble organique" » de cultures vivantes reliées entre elles par de multiples influences, sources communes <strong>et</strong><br />

échanges permanents. D'où un extraordinaire paysage musical combinant diversités <strong>et</strong> parentés, différences <strong>et</strong><br />

ressemblances, enrichi aujourd'hui par l'apport de <strong>musiques</strong> venues du monde entier, via l'immigration <strong>et</strong> la vie<br />

culturelle planétaire. D'où le bien fondé d'une coopération qui n'associe pas en fait <strong>des</strong> cultures étrangères l'une à<br />

l'autre, mais les expressions diverses d'un même ensemble culturel européen, transcendant les frontières <strong>des</strong> États,<br />

<strong>des</strong> religions <strong>et</strong> <strong>des</strong> cultures. D'où l'importance dans le Réseau d'une approche multiculturelle <strong>et</strong> transculturelle <strong>des</strong><br />

<strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> valorisant la diversité locale du microcosme européen, <strong>et</strong> de toutes les expressions<br />

minoritaires, qu'elles soient régionales ou communautaires.<br />

Tradition" /" Création<br />

<strong>Le</strong> principe « " Tradition" /" Création" » est également très important. <strong>Le</strong>s <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> vivantes ne sont<br />

pas un repli, un refuge dans le passé, s'opposant aux temps présents ou à la modernité. Elles sont au contraire le<br />

renouvellement permanent <strong>et</strong> contemporain de sources vraies, ancrées dans notre humanité, héritées de notre<br />

histoire locale <strong>et</strong> mondiale, appelées à se transformer sans cesse, en fonction de l'évolution du monde <strong>et</strong> du pouvoir<br />

créatif <strong>des</strong> individus. <strong>Le</strong> traditionalisme <strong>et</strong> l'attachement pathologique au passé, tout autant que l'oubli <strong>et</strong> le rej<strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

racines culturelles sont , pour <strong>des</strong> raisons opposées, nuisibles à la vitalité <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>. <strong>Le</strong> concept<br />

d'« " héritage vivant" » suppose donc à la fois un devoir de mémoire, de collecte, de préservation <strong>et</strong> de transmission<br />

du patrimoine, mais aussi la liberté de son usage. Un vrai musicien traditionnel n'est pas le clone de ses<br />

prédécesseurs.<br />

Une priorité" : les jeunes musiciens<br />

<strong>Le</strong>s jeunes musiciens traditionnels sont une priorité du Réseau. D'une part parce qu'aucune musique traditionnelle<br />

ne peut vivre ou survivre sans la formation <strong>des</strong> nouvelles générations, d'autre part parce que le renouvellement<br />

nécessaire de la musique traditionnelle passe par l'apport régénérateur de jeunes musiciens, porteurs de pratiques,<br />

d'esthétiques, d'environnements nouveaux. Après les générations du vingtième siècle marquées par le folklore <strong>et</strong> le<br />

revivalisme, nous sommes entrés au XXIe siècle dans une ère de jeunes musiciens de plus en plus imprégnés de<br />

<strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> <strong>et</strong> actuelles de l'Europe <strong>et</strong> du Monde. <strong>Le</strong>s <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> étant liées à leur<br />

environnement, c<strong>et</strong>te évolution n'a en soi rien d'anormal <strong>et</strong> ne constitue pas une rupture avec le passé, à condition<br />

de continuer à transm<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> valoriser la richesse patrimoniale <strong>des</strong> sources <strong>traditionnelles</strong>. A l'époque de l'Euro <strong>et</strong> de<br />

la mondialisation, il est non seulement inévitale mais normal que les <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>, comme toute<br />

expression culturelle, s'européanisent <strong>et</strong> se mondialisent. Sinon elles sont condamnées à disparaitre, ou n'<strong>et</strong>re plus<br />

que le souvenir nostalgique d'une époque révolue, se confondant ainsi à <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> « " anciennes" » .<br />

<strong>Le</strong>s rencontres organisées en Italie <strong>et</strong> en France auprès d'une centaine de jeunes musiciens de haut niveau, venant<br />

de toute l'Europe, avec un encadrement de musiciens créateurs tels que Miqueu Montanaro, Paul James, Giovana<br />

Marini, Jakes Aymonino <strong>et</strong>c, ont permis à ces jeunes, pour beaucoup futurs professionnels, de vivre <strong>des</strong> expériences<br />

artistiques <strong>et</strong> humaines inoubliables d'ouverture aux autres traditions <strong>et</strong> de création commune, mais aussi de se<br />

détacher d'une vision trop identitaire <strong>et</strong> géo-patrimoniale de la musique traditionnelle, encore très dominante dans<br />

certaines régions d'Europe. L'expérience la plus marquante, mais aussi la plus controversée, à l'intérieur comme à<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

l'extérieur du Réseau, a été la création à Vercelli en juin 2001 d'un ensemble instrumental <strong>et</strong> vocal de onze jeunes<br />

musiciens traditionnels professionnels venant de dix pays différents (EYFO, European Youth Folk Orchestra) confié<br />

à un jeune musicien arrangeur suédois, Pà¤r Moberg, qui a composé un programme musical « " européen" » reliant<br />

<strong>des</strong> éléments musicaux traditionnels fournis par chaque musicien. Etonnante rencontre entre la vielle française <strong>et</strong> le<br />

nyckhelharpa suédois, le piffero italien <strong>et</strong> le violon harmonique norvégien, la bourrée auvergnate, la polska suédoise<br />

<strong>et</strong> les rythmes ibériques, qui séduit jeunes musiciens <strong>et</strong> auditeurs, mais suscite <strong>des</strong> débats animés entre créateurs,<br />

musicologues <strong>et</strong> enseignants.<br />

<strong>Le</strong>s difficultés<br />

Elles sont évidemment nombreuses, comme dans tout Réseau international, mais fort heureusement s'effacent le<br />

plus souvent derrière la motivation commune, l'intérêt <strong>des</strong> découvertes <strong>et</strong> la volonté d'avancer ensemble.<br />

Ces difficultés sont à la fois le refl<strong>et</strong> de la précarité matérielle d'un secteur souvent peu structuré, peu soutenu, <strong>et</strong> le<br />

refl<strong>et</strong> de la complexité d'une Europe en chantier, qui se construit dans l'action.<br />

Certaines difficultés sont liées à la disparité <strong>des</strong> moyens <strong>et</strong> structures associés. Quelques pays, comme la France,<br />

l'Angl<strong>et</strong>erre ou les pays nordiques, sont assez structurés, fédérés, <strong>et</strong> relativement bien soutenus par les pouvoirs<br />

publics locaux <strong>et</strong> nationaux. Dans d'autres pays, trouver un interlocuteur pour l'ensemble du pays est difficile, comme<br />

en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Autriche, où les cultures régionales sont indépendantes <strong>et</strong> souvent<br />

morcelées. Dans les pays d'Europe Centrale <strong>et</strong> Orientale les anciennes structures de formation, de diffusion, de<br />

recherche, se sont considérablement affaiblies économiquement depuis la chute du communisme, <strong>et</strong>, sauf dans le<br />

cas de la Hongrie (qui reste malgré ses difficultés l'un <strong>des</strong> pays de pointe en Europe) ne peuvent participer à <strong>des</strong><br />

proj<strong>et</strong>s de coopération que s'ils reçoivent <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> de l'Europe ou de partenaires de l'Ouest. <strong>Le</strong>s <strong>musiques</strong><br />

<strong>traditionnelles</strong>, sauf exceptions, ont de la peine à trouver leur place dans une économie culturelle dominée par les<br />

lois du marché.<br />

Il faut cependant remarquer que les pays aux traditions musicales les plus vivantes sur le terrain (l'Irlande ou la<br />

Grèce, par exemple) ne sont pas nécessairement ceux où la structuration <strong>et</strong> l'aide publique sont les plus fortes. La<br />

faiblesse <strong>des</strong> moyens « " officiels" » n'empêche pas une tradition musicale de s'exprimer. Inversement on ne fait<br />

pas vivre ou revivre une tradition avec uniquement <strong>des</strong> subventions. Il n'est pas mauvais en soi que les <strong>musiques</strong><br />

<strong>traditionnelles</strong> gardent une certaine liberté, une certaine distance par rapport aux pouvoirs <strong>et</strong> institutions, car les<br />

tentatives d'instrumentalisation idéologique ou politique de la musique traditionnelle ne sont pas rares.<br />

Sur le plan du fonctionnement technique, la charge que représente la gestion <strong>et</strong> la coordination administrative du<br />

réseau par une seule association, comporte <strong>des</strong> risques, <strong>et</strong> il semble préférable d'imaginer un fonctionnement plus<br />

fédératif, répartissant le poids du Réseau en divers points de l'Europe.<br />

<strong>Le</strong> Réseau <strong>et</strong> la Commission Européenne<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

La relation du Réseau avec la Commission Européenne fonctionne sur un principe de réciprocité.<br />

D'une part ce que le Réseau reçoit de l'Europe" : une reconnaissance parmi les grands réseaux culturels de l'Europe<br />

aux côtés <strong>des</strong> grands réseaux de théâtre ou de diffusion, (ce qui n'est pas toujours le cas dans les politiques<br />

culturelles nationales <strong>et</strong> régionales ), un soutien financier répété (Kaléidoscope, Raphaà« l, Culture 2000) qui perm<strong>et</strong><br />

notamment de financer rencontres <strong>et</strong> déplacements de tous, (condition importante de bon fonctionnement d'un<br />

réseau), ainsi que l'invitation de la Commission Européenne à participer à <strong>des</strong> rencontres <strong>et</strong> forums culturels<br />

européens&hellip;<br />

D'autre part ce que le Réseau apporte à l'Europe" : une meilleure connaissance d'un secteur culturel souvent<br />

méconnu <strong>et</strong> obj<strong>et</strong> de nombreux préjugés, <strong>des</strong> propositions concrètes pour une politique culturelle européenne<br />

valorisant l'unité dans la diversité, une expérience originale de travail en coopération transnationale, la mise en<br />

valeur d'une expression culturelle importante pour <strong>des</strong> régions ou <strong>des</strong> populations spécifiques (milieu rural,<br />

minorités, gens du voyage, diasporas, immigrés), un esprit de coopération « " équitable <strong>et</strong> durable" » avec les pays<br />

d'Europe de l'Est <strong>et</strong> du Sud (qui ne sont pas en position d'infériorité par rapport à l'ouest dans le domaine <strong>des</strong><br />

traditions musicales) <strong>et</strong> enfin une expertise proche du terrain. C'est ainsi que le Réseau a fourni plusieurs experts<br />

pour la réalisation du CDrom « Moments de musique traditionnelle en Europe » produit conjointement par le Conseil<br />

de l'Europe <strong>et</strong> la Commission Européenne.<br />

<strong>Le</strong>s deux ailes de l'Europe<br />

L'élargissement vers l'Est <strong>et</strong> la Méditerranée est, avec la refonte <strong>des</strong> institutions l'enjeu européen majeur <strong>des</strong> années<br />

à venir. Or il serait important de ne pas confondre Europe <strong>et</strong> Occident. Il existe aussi une aile orientale de l'Europe.<br />

Cela s'entend notamment dans les <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> vivantes de l'Europe, à condition de les entendre toutes.<br />

L'Europe n'est pas seulement occidentale, culturellement <strong>et</strong> artistiquement, <strong>et</strong> elle partage aussi avec le monde<br />

Méditerranéen <strong>et</strong> le Proche-Orient une dimension orientale, qui s'enracine dans <strong>des</strong> valeurs culturelles <strong>et</strong> spirituelles<br />

héritées du monde grec <strong>et</strong> chrétien, mais aussi <strong>des</strong> cultures juives <strong>et</strong> de l'Islam.<br />

Si la vision culturelle occidentale « " anglo-latino-germanique" » domine actuellement l'Europe <strong>et</strong> constitue la<br />

pensée dominante de la construction européenne, il ne faut croire pour autant qu'elle représente l'Europe entière,<br />

notamment dans le Sud <strong>et</strong> l'Est de l'Europe. Alors que les centres de gravité administratifs de la construction<br />

européenne se trouvent à Bruxelles <strong>et</strong> Strasbourg, les « " centres de gravité" » ou mieux les « " centres<br />

énergétiques" » de la culture européenne, notamment en musique traditionnelle, se trouvent partout, <strong>et</strong> souvent aux<br />

quatre coins de l'Europe, de l'Irlande à la Bulgarie, de l'Andalousie à la Scandinavie, jusqu'aux Iles créoles <strong>des</strong><br />

Antilles <strong>et</strong> de l'Océan Indien. En culture la périphérie est aussi, <strong>et</strong> souvent plus créative que le centre.<br />

Certaines <strong>musiques</strong> européennes sont manifestement <strong>des</strong> langages musicaux au style fortement oriental ( Grèce,<br />

Balkans, flamenco), alors que de nombreuses <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong> de l'Ukraine, ou de la lointaine Russie, sont<br />

très occidentales dans leur langage harmonique <strong>et</strong> rythmique. <strong>Le</strong>s unes ne sont ni plus ni moins européennes que<br />

les autres. Quant à la Turquie, son influence musicale continue d'imprégner une grande partie de l'Europe orientale<br />

<strong>et</strong> à gagner de plus en plus l'ouest <strong>et</strong> le nord de l'Europe à travers le succès <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> dites Balkaniques.<br />

L'Europe n'est pas vraiment un continent géographique aux contours définis, mais davantage un concept dont les<br />

limites sont virtuelles <strong>et</strong> fluctuantes au gré de l'histoire. <strong>Le</strong>s frontières de l'Europe n'ont guère d'existence ni de sens<br />

dans le domaine <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>, qui comme les oiseaux, se soucient bien peu <strong>des</strong> limites<br />

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<strong>Le</strong> <strong>reseau</strong> européen <strong>des</strong> <strong>musiques</strong> <strong>et</strong> <strong>danses</strong> <strong>traditionnelles</strong><br />

administratives. S'ouvrir progressivement à la coopération avec tous les pays de l'Est européen <strong>et</strong> de la<br />

Méditerranée est une nécessité future pour un Réseau Européen de <strong>musiques</strong> <strong>traditionnelles</strong>. Car en fait il ne s'agit<br />

pas vraiment de s'élargir, mais bien de r<strong>et</strong>rouver la taille <strong>et</strong> le rayonnement normal de l'Europe culturelle, celle que<br />

défend le Conseil de l'Europe depuis sa fondation.<br />

Enfin à l'heure où le terme de <strong>musiques</strong> du monde tend à remplacer de plus en plus celui de « " <strong>musiques</strong><br />

<strong>traditionnelles</strong>" » , il pourrait sembler un peu anachronique <strong>et</strong> désu<strong>et</strong> de s'interroger sur l'élargissement à seulement<br />

quelques pays européens alors que les enjeux culturels <strong>et</strong> artistiques de l'Europe actuelle se situent bien à l'échelle<br />

du Monde. A une époque charnière où l'hégémonie grandissante d'une p<strong>et</strong>ite partie dominante du monde, la<br />

disparition <strong>des</strong> cultures minoritaires <strong>et</strong> la « marchandisation » de toute musique menacent la diversité <strong>et</strong> la créativité<br />

de notre patrimoine musical « " mondial" » " !<br />

Philippe FANISE<br />

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