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i cinéma<br />
<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong><br />
fête ses 20 ans <strong>de</strong> cinéma !<br />
mars – juin 2011<br />
i auditorium
20 ans <strong>de</strong> cinéma au <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> :<br />
un inventaire contemporain<br />
En 1991, l’ouverture du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>,<br />
alors Galerie nationale consacrée à<br />
l’art contemporain, engendre l’invention<br />
impromptue d’une salle <strong>de</strong> projection et d’une<br />
programmation <strong>de</strong> cinéma dont le ton et la<br />
direction vont être vite donnés malgré – ou<br />
grâce à – un mélange <strong>de</strong>s genres, <strong>de</strong>s points<br />
<strong>de</strong> vue et <strong>de</strong>s disciplines.<br />
Une conversation avec l’artiste canadien<br />
Stan Douglas, premier vidéaste exposé<br />
au <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>, suggère l’idée <strong>de</strong> la<br />
programmation d’ouverture : les pièces <strong>de</strong><br />
Samuel Beckett réalisées pour la télévision<br />
alleman<strong>de</strong> et inédites en France.<br />
C’est ensuite avec Arthur Pelechian et Jonas<br />
Mekas que naît l’habitu<strong>de</strong> d’inviter les cinéastes<br />
à venir présenter leurs films ou d’ouvrir leur<br />
rétrospective – souvent la première en France ou<br />
à Paris –, comme celles d’Atom Egoyan, Patrick<br />
Bokanowski, Edgardo Cozarinsky, Lionel Rogosin,<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, André S. Labarthe, Yervant<br />
Gianikian et Angela Ricci Lucchi, Harun Farocki,<br />
Jean Rouch – qui pendant près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois<br />
vient commenter ses films tous les soirs –, Pierre<br />
Perrault, Otar Iosseliani, Yoko Ono, Anne-Marie<br />
Miéville, Alain Fleischer, le chorégraphe Angelin<br />
Preljocaj, Philippe Collin, Johan Van <strong>de</strong>r Keuken –<br />
sujet central du Mois <strong>de</strong> la Photo <strong>de</strong> 1998 –,<br />
Jean‐André Fieschi, Pierre Léon et Vladimir<br />
Léon, Daniel Schmid, Naomi Kawase – après sa<br />
Caméra d’or au Festival <strong>de</strong> Cannes –, Nurith Aviv,<br />
Marc Recha, Robert Cahen, Vittorio <strong>de</strong> Seta….<br />
Avec <strong>de</strong>s cinéastes encore peu montrés ou <strong>de</strong>s<br />
rétrospectives jusqu’alors jamais envisagées, se<br />
crée la particularité d’une programmation <strong>de</strong><br />
familles <strong>de</strong> cinéastes dont les œuvres relèvent<br />
<strong>de</strong> formats différents comme le documentaire,<br />
la fiction et surtout le genre, peu repéré, <strong>de</strong>s<br />
« essais cinématographiques », dont ceux <strong>de</strong><br />
Jean-Luc Godard, qui firent l’objet, en 1997,<br />
d’une séance mémorable par sa présence<br />
imprévue, un soir <strong>de</strong> neige.<br />
La collaboration avec le Festival d’automne,<br />
à partir <strong>de</strong> 1995, donne l’occasion <strong>de</strong> faire<br />
découvrir à Paris les œuvres complètes d’artistes<br />
comme Rebecca Horn et <strong>de</strong> cinéastes comme<br />
Carmelo Bene – qui, parallèlement, met en<br />
scène Macbeth au théâtre <strong>de</strong> l’Odéon –, Shinji<br />
Aoyama, James Benning ou Alexandre Sokourov.<br />
La réflexion critique s’est aussi invitée au<br />
<strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> avec le lancement <strong>de</strong> la revue<br />
Trafic par Serge Daney, suivi <strong>de</strong>s projections <strong>de</strong><br />
films rares ou films cultes (Adolfo Arrieta, James<br />
Agee, Monte Hellman, João César Monteiro,<br />
Sergueï Paradjanov…), commentées par Paul<br />
Otchakovsky-Laurens, son éditeur, et Raymond<br />
Bellour, Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, Sylvie Pierre et<br />
Patrice Rollet, ses rédacteurs. Ces ren<strong>de</strong>z-vous se<br />
renouvellent par la suite avec la revue Cinéma,<br />
Léo Scheer, son éditeur, et ses rédacteurs, et plus<br />
tard avec la revue Vertigo et Cyril Neyrat autour<br />
d’Albert Serra, Todd Haynes, Bob Dylan.<br />
Dès 2002, les « Inventaires contemporains »<br />
cherchent à mettre en évi<strong>de</strong>nce les liens entre les<br />
arts plastiques et le cinéma décliné sous toutes<br />
ses formes par <strong>de</strong> jeunes artistes, vidéastes,<br />
cinéastes… C’est ainsi qu’on découvre les films<br />
et les vidéos <strong>de</strong> Pierre Alféri, Alice An<strong>de</strong>rson,<br />
Erik Bullot, Hélène Delprat, Arnaud <strong>de</strong>s<br />
Pallières, Vincent Dieutre, Camille Henrot, Isil<strong>de</strong><br />
<strong>Le</strong> Besco, Henri Foucault, Mounir Fatmi, Keja<br />
Kramer, <strong>Le</strong>ch Majewski, Ariane Michel, Valérie<br />
Mrejen, <strong>Le</strong>ighton Pierce, Rafi Pitts, Anri Sala,<br />
Karim Zeriahen… Liens avec les arts plastiques<br />
également établis avec les films <strong>de</strong> leurs illustres<br />
aînés, Marcel Broodthaers, Martial Raysse, Erró,<br />
Robert Frank ou William Kentridge, projetés en<br />
complément <strong>de</strong> leurs expositions.<br />
Par ailleurs, les correspondances entre<br />
la programmation du cinéma et les installations<br />
<strong>de</strong> cinéastes a commencé dès l’ouverture du<br />
<strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> avec L’Expulsion <strong>de</strong>s Maures,<br />
l’installation <strong>de</strong> Raoul Ruiz, qui occupait tous les<br />
espaces du sous-sol, puis avec D’Est <strong>de</strong> Chantal<br />
Akerman, présentée au premier étage pendant<br />
la rétrospective <strong>de</strong> ses films.<br />
Après 20 ans, se <strong>de</strong>ssinent les lignes <strong>de</strong><br />
force et les points <strong>de</strong> convergence <strong>de</strong> ce qui<br />
n’apparaissait au départ comme intuitions, goûts<br />
et opportunités : mettre en valeur <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong><br />
cinéastes, méconnus en France et parfois même<br />
dans leur pays d’origine, à travers leurs présences<br />
et leurs œuvres, croiser ces rétrospectives avec<br />
d’autres disciplines artistiques, donner la parole à<br />
<strong>de</strong>s critiques, <strong>de</strong>s écrivains, <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong> l’art,<br />
<strong>de</strong>s philosophes – ainsi Jean Narboni, Jacques<br />
Aumont, Jean Louis Schefer, Hubert Damisch,<br />
Georges Didi‐Huberman, Peter Szendy… et<br />
bien d’autres sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s familiers du<br />
<strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>.
Tout ce qui semblait innovations, propositions<br />
originales, choix singuliers est aujourd’hui<br />
tendance générale dans les lieux <strong>de</strong> diffusion<br />
quasiment instantanée <strong>de</strong> « l’image en<br />
mouvement » (salles <strong>de</strong> cinéma, festivals, musées,<br />
galeries, Internet et même téléphone portable).<br />
Il n’en reste pas moins que le <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>,<br />
celui <strong>de</strong>s débuts comme celui dévolu <strong>de</strong>puis<br />
2004 à la photographie et à l’image, est<br />
souvent évoqué, en France et à l’étranger,<br />
comme un lieu <strong>de</strong> découvertes et <strong>de</strong> révélations<br />
cinématographiques.<br />
Comment rendre compte <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
140 programmes sinon à travers une quinzaine<br />
<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous, certains évoquant <strong>de</strong>s<br />
découvertes étonnantes pour tous, comme le<br />
travail insoupçonné <strong>de</strong> Samuel Beckett pour la<br />
télévision, d’autres rappelant les rétrospectives<br />
dont le travail <strong>de</strong> préparation a donné naissance<br />
à une fidélité admirative et amicale, comme ceux<br />
avec Chantal Akerman, Edgardo Cozarinsky,<br />
les Gianikian, Jonas Mekas, Wang Bing ou<br />
Manoel <strong>de</strong> Oliveira (qui, à 102 ans, tenait à<br />
venir fêter les 20 ans du cinéma du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Paume</strong>) et, enfin, un <strong>de</strong>rnier ren<strong>de</strong>z-vous pour<br />
honorer Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, Jean-André Fieschi,<br />
Jean Rouch, Johan Van <strong>de</strong>r Keuken, autant <strong>de</strong><br />
cinéastes qui, au <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>, ont accompagné<br />
leur première rétrospective <strong>de</strong> leur présence<br />
quotidienne. En hommage à leur goût commun<br />
d’une vie créative, offerte à travers leurs œuvres,<br />
nous avons choisi <strong>de</strong> présenter Trois Ponts sur la<br />
rivière <strong>de</strong> Jean‐Clau<strong>de</strong> Biette.<br />
Danièle Hibon<br />
programme<br />
Chantal Akerman<br />
z Toute une nuit<br />
France-Belgique, 1982, 35 mm, couleur, 90’<br />
avec Aurore Clement, Tchéky Karyo, Christiane Cohendy,<br />
Jan Decorte, Hélène Lapiower, Véronique Silver,<br />
Samy Szlingerbaum, Natalia Akerman,<br />
Benedicte Paquay, Gabriele Claes<br />
Dans la touffeur d’une nuit d’été, à travers les<br />
rues <strong>de</strong> Bruxelles, dans les cafés, les chambres,<br />
les cages d’escalier, <strong>de</strong>s couples se croisent,<br />
se séparent, se retrouvent, s’étreignent, se<br />
fuient en un ballet indécis, à la fois exaspéré<br />
et fragile. Jusqu’au petit matin, la ville livre<br />
ces fragments <strong>de</strong> scènes amoureuses :<br />
rencontres, retrouvailles et ruptures. « La nuit<br />
est plus longue que le désir, la caméra est<br />
plus patiente que la nuit, la ville se réveille :<br />
Bruxelles va brusseler. » (Serge Daney,<br />
Ciné-journal, éd. Cahiers du cinéma)<br />
Toute une nuit <strong>de</strong> Chantal Akerman, 1982 © Cahiers du cinéma
Samuel Beckett<br />
z Film<br />
1966, 35 mm, noir et blanc, silencieux (un son), 30’<br />
scénario et direction : Samuel Beckett<br />
mise en scène : Alain Schnei<strong>de</strong>r<br />
avec Buster Keaton<br />
Esse est percipi, « être c’est être perçu », disait<br />
le philosophe Berkeley. Film est l’histoire <strong>de</strong> « la<br />
recherche du non-être par suppression <strong>de</strong> toute<br />
perception <strong>de</strong> soi », écrit Beckett. <strong>Le</strong> personnage<br />
O (Buster Keaton) « s’efforce <strong>de</strong> ne pas être vu »<br />
et se précipite aveuglément dans une course<br />
« allant du maximum d’exposition à l’intérieur,<br />
d’enfermement, d’isolement dans sa chambre,<br />
cet endroit qui est un piège préparé. »<br />
Film, « le plus grand film irlandais »,<br />
selon Gille Deleuze.<br />
z Pièces pour la télévision<br />
direction : Samuel Beckett<br />
directeur <strong>de</strong> la photo : Jim <strong>Le</strong>wis<br />
production : SDR Production<br />
« Beckett saisit immédiatement ce qui dans la<br />
télévision rencontre son écriture : la continuité<br />
flui<strong>de</strong>, le ressassement hémorragique. C’est le<br />
propre <strong>de</strong> l’enregistrement <strong>de</strong> la télévision que <strong>de</strong><br />
proposer cet état <strong>de</strong> “voyeurisme” interminable,<br />
sans coupure, sans changement <strong>de</strong> plans,<br />
sans variation du point <strong>de</strong> vue afin <strong>de</strong> “ne pas<br />
explorer mais simplement regar<strong>de</strong>r”. De ce fait,<br />
Beckett comprend bien la caractéristique <strong>de</strong><br />
la caméra <strong>de</strong> télévision qui peut, plus encore<br />
que celle du cinéma, être mobile, “subreptice<br />
ou fulgurante”. “Elle avance ou recule pour se<br />
trouver aux endroits déterminés afin d’obtenir<br />
les points fixes les plus significatifs”, dit-il encore<br />
à propos <strong>de</strong> Ghost Trio… Film avec le concours<br />
muet, bien entendu, <strong>de</strong> Buster Keaton ou Quad<br />
sont exemplaires <strong>de</strong> ces métaphores rendues<br />
concrètes à l’image en échappant aux pesanteurs<br />
<strong>de</strong> la langue, qu’il a tant traquées par ailleurs.<br />
La télévision, cet “œil sauvage” selon Beckett,<br />
aurait‐elle été pour lui l’occasion <strong>de</strong> règlements <strong>de</strong><br />
compte inattendus avec le théâtre ? » (Jim <strong>Le</strong>wis)<br />
Ghost Trio<br />
1977, vidéo, noir et blanc, 31’30’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
Une voix féminine accueille le téléspectateur,<br />
ce n’est plus la voix intérieure <strong>de</strong> Eh Joe, c’est<br />
la voix objective du maître <strong>de</strong> cérémonie<br />
qui décrit l’intérieur <strong>de</strong> la chambre, en fait<br />
Film <strong>de</strong> Samuel Beckett, 1966<br />
l’inventaire. Puis elle introduit le protagoniste :<br />
un vieil homme penché sur un objet… De l’objet<br />
(un magnétophone) s’échappe un passage du<br />
trio Fantôme <strong>de</strong> Beethoven. <strong>Le</strong> visage ravagé du<br />
vieil homme se relève puis disparaît en fondu.<br />
But the Clouds<br />
1977, vidéo, noir et blanc, 15’46’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
Comme dans Ghost Trio, la voix introduit les<br />
éléments <strong>de</strong> l’image, puis se tait pour laisser<br />
l’image parler seule. Ici la voix s’exprime à la<br />
première personne du singulier : c’est celle<br />
d’un vieil homme qui rentre chez lui, enlève son
manteau, met sa robe <strong>de</strong> chambre et s’installe<br />
pour tenter d’évoquer le visage <strong>de</strong> la femme<br />
aimée. C’est alors que le visage aimé apparaît<br />
en gros plan, ses lèvres murmurent et nous<br />
entendons le vieil homme répéter ces mots<br />
murmurés, issus <strong>de</strong> la fin d’un poème <strong>de</strong> Yeats<br />
évoquant les êtres qui ne sont plus :<br />
« Que nuages passant dans le ciel<br />
Lorsque l’horizon pâlit,<br />
Ou le cri <strong>de</strong> l’oiseau qui sommeille<br />
Parmi les ombres appesanties »<br />
Quad<br />
1981, vidéo, noir et blanc, 15’, sonore<br />
Autre « poème visuel » développé à partir du<br />
tracé d’un trajet, carré occupé dans ses angles<br />
par quatre mimes. Ceux-ci vont parcourir à tour<br />
<strong>de</strong> rôle autant <strong>de</strong> trajets possibles, en suivant<br />
les droites et les diagonales et en se croisant.<br />
<strong>Le</strong> fait d’éviter <strong>de</strong> se croiser au centre peut<br />
être interprété comme un interdit ou comme un<br />
danger mortel. Cette situation provoque un état<br />
<strong>de</strong> tension et d’épouvante. Beckett a nommé<br />
cela « un quadrilatère <strong>de</strong> détention ». Est-ce<br />
la métaphore <strong>de</strong> la <strong>de</strong>stinée humaine du point<br />
<strong>de</strong> vue objectif <strong>de</strong> la caméra fixe ? Maintes<br />
hypothèses d’interprétation naissent <strong>de</strong> ce<br />
spectacle drôle et terrifiant.<br />
personnages : au théâtre on voit apparaître<br />
quatre personnages, Bam, Bem, Bim et Bom,<br />
en robe grise et cheveux gris. À la télévision,<br />
Bam, le personnage qui se souvient est un<br />
grand visage, assez flou, à gauche <strong>de</strong> l’écran.<br />
<strong>Le</strong>s autres sont <strong>de</strong>s têtes à l’ovale précis, sans<br />
oreilles et sans cheveux, qui apparaissent et<br />
disparaissent à droite <strong>de</strong> l’écran, au gré <strong>de</strong>s<br />
souvenirs <strong>de</strong> Bam qui conclue : « je suis seul,<br />
comprenne qui pourra, j’éteins » ; la mémoire<br />
s’arrête et Bam s’éteint littéralement.<br />
Film <strong>de</strong> Samuel Beckett, 1966<br />
Nacht und Träume<br />
1983, vidéo, noir et blanc, 12’, sonore<br />
Ce titre est celui d’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers lieds <strong>de</strong><br />
Schubert. La scène se déroule dans une<br />
chambre sombre et vi<strong>de</strong>, éclairée seulement<br />
par le rectangle d’une fenêtre haut perchée.<br />
Un vieil homme assis est penché sur une table.<br />
« Reviens ô sainte nuit, beaux rêves, revenez<br />
aussi. » Sur ces <strong>de</strong>rnières mesures, sur ces mots<br />
murmurés apparaît dans le coin droit <strong>de</strong> l’écran<br />
le « soi-même rêvé » du rêveur… On entend <strong>de</strong><br />
nouveau la musique, l’image du rêve occupe<br />
alors l’écran entier… Après la série <strong>de</strong> tous les<br />
mouvements répétés au ralenti et en gros plan,<br />
l’image du « soi-même rêvé» disparaît, puis<br />
celle du rêveur. Ce « poème visuel » montre une<br />
compassion assez rare dans l’œuvre <strong>de</strong> Beckett.<br />
What Where<br />
1986, vidéo, noir et blanc, 15’43’’, vo alleman<strong>de</strong><br />
La transposition du théâtre à la télévision a<br />
amené Beckett à transformer la présence <strong>de</strong>s
Jean-Clau<strong>de</strong> Biette<br />
z Trois Ponts sur la rivière<br />
France-Portugal, 1998, 35 mm, couleur, 119’<br />
avec Mathieu Amalric, Jeanne Balibar, Michèle Moretti<br />
Arthur, professeur d’histoire angoissé et fragile,<br />
qui doute et s’inquiète <strong>de</strong> tout, se déci<strong>de</strong> à faire<br />
un voyage à Lisbonne pour rencontrer l’éminent<br />
historien à l’origine <strong>de</strong> sa thèse. Claire, qu’il<br />
a quittée il y a quelque temps et qu’il vient <strong>de</strong><br />
revoir, va <strong>de</strong>venir la partenaire idéale pour<br />
ce voyage <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> chance d’un couple<br />
qui n’avait pas tout à fait épuisé son potentiel<br />
d’affinités.<br />
Grand cinéphile, Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, qui a<br />
collaboré pendant une vingtaine d’années<br />
aux Cahiers du cinéma, puis à Trafic avec<br />
Serge Daney et a été assistant-réalisateur <strong>de</strong><br />
Pier Paolo Pasolini, est considéré, lors <strong>de</strong> la<br />
sortie <strong>de</strong> Trois Ponts sur la rivière, comme « le<br />
plus original du cinéma français du moment.<br />
Biette ne cessera <strong>de</strong> le confirmer avec <strong>de</strong>s<br />
films dont le peu d’audience est compensé au<br />
centuple par l’admiration qu’ils suscitent chez<br />
les amateurs » (Jean Roy, L’Humanité).<br />
Trois Ponts sur la rivière <strong>de</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, 1998<br />
L’Argent du charbon <strong>de</strong> Wang Bing, 2009<br />
L’Argent du charbon <strong>de</strong> Wang Bing, 2009<br />
Wang Bing<br />
z L’Argent du charbon<br />
[Coal Money]<br />
France, 2009, vidéo, couleur, 53’, vo st français<br />
Un film <strong>de</strong> la collection « L’Usage du mon<strong>de</strong> »,<br />
dirigée par Stéphane Breton<br />
Sur la route du charbon, qui va <strong>de</strong>s mines<br />
du Shanxi au grand port <strong>de</strong> Tianjin, en Chine<br />
du Nord, <strong>de</strong>s chauffeurs au volant <strong>de</strong> camions<br />
<strong>de</strong> cent tonnes chargés jusqu’à la gueule<br />
font la noria, <strong>de</strong> nuit et <strong>de</strong> jour. Au bord <strong>de</strong><br />
la route : prostituées, flics, rançonneurs à la<br />
petite semaine, garagistes, mécaniciens…<br />
Une réflexion sur la Chine d’aujourd’hui, livrée<br />
à la loi sauvage du marché. <strong>Jeu</strong>ne cinéaste<br />
révélé en 2003 par son magistral À l’ouest <strong>de</strong>s<br />
rails, documentaire <strong>de</strong> neuf heures sur une<br />
zone industrielle en cours <strong>de</strong> démantèlement,<br />
Wang Bing réapparaît au Festival <strong>de</strong> Cannes<br />
avec Feng Ming, chronique d’une femme chinoise<br />
en 2007, puis à Paris, galerie Chantal Crousel<br />
avec L’Homme sans nom, en 2009.<br />
z <strong>Le</strong> Fossé<br />
Chine, 2010, 35 mm, couleur, 109’, vo st français<br />
inédit<br />
À la fin <strong>de</strong>s années 1950, le gouvernement
chinois expédie aux travaux forcés <strong>de</strong>s milliers<br />
d’hommes, considérés comme droitiers au<br />
regard <strong>de</strong> leur passé ou <strong>de</strong> leurs critiques<br />
envers le Parti communiste. Déportés au<br />
nord‐ouest du pays, en plein désert <strong>de</strong> Gobi<br />
et à <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> leurs familles<br />
pour être rééduqués, ils sont confrontés au<br />
dénuement le plus total. Un grand nombre<br />
d’entre eux succombent face à la dureté du<br />
travail physique puis à la pénurie <strong>de</strong> nourriture<br />
et aux rigueurs climatiques. <strong>Le</strong> Fossé raconte<br />
leur <strong>de</strong>stin – l’extrême <strong>de</strong> la condition humaine.<br />
<strong>Le</strong> Fossé <strong>de</strong> Wang Bing, 2010<br />
Pola X <strong>de</strong> <strong>Le</strong>os Carax, 1999 © Cahiers du cinéma<br />
<strong>Le</strong>os Carax<br />
z Pola X<br />
France, 1999, 35 mm, couleur, 140’<br />
avec Guillaume Depardieu, Yekaterina Golubeva,<br />
Catherine Deneuve, Laurent Lucas, Sharunas Bartas,<br />
Delphine Chuillot, Patachou<br />
Pierre, écrivain, mène une vie tranquille avec<br />
Marie, sa mère, dans le luxe d’un château <strong>de</strong><br />
Normandie. Il est amoureux <strong>de</strong> Lucie à qui il<br />
rend visite chaque matin. Cependant, Pierre<br />
vit dans la hantise d’une vision <strong>de</strong> femme<br />
inconnue. Une nuit, Marie annonce à son fils<br />
qu’elle a fixé la date <strong>de</strong> son mariage avec<br />
Lucie. C’est alors qu’il rencontre en forêt la<br />
femme inconnue qui hantait ses rêves, Isabelle.<br />
Celle-ci lui annonce qu’elle est sa sœur et<br />
qu’elle vient d’un pays <strong>de</strong> l’Est où le père <strong>de</strong><br />
Pierre était diplomate. Pierre laisse tout tomber<br />
pour partir vivre avec elle.<br />
Inspiré <strong>de</strong> Pierre ou les Ambiguïtés <strong>de</strong> Herman<br />
Melville, cette version longue pour la télévision<br />
affirme <strong>de</strong> nouveau le lyrisme noir <strong>de</strong> ce cinéaste<br />
révélé par le film culte <strong>de</strong>s années 1980, Boy<br />
Meets Girl, puis Mauvais Sang et consacré en<br />
1991 par le flamboyant <strong>Le</strong>s Amants du Pont Neuf<br />
avec Juliette Binoche et Denis Lavant.
Edgardo Cozarinsky<br />
z <strong>Le</strong> Violon <strong>de</strong> Rothschild<br />
France-Suisse-Finlan<strong>de</strong>-Hongrie, 1996, 35 mm, couleur, 101’<br />
avec Dainius Kazlauskas, Tonu Kark, Tarmo Mannard,<br />
Tamara Solodnikova, Kaljo Kiisk<br />
Un jeune étudiant du conservatoire, Benjamin<br />
Fleischmann, choisit un récit <strong>de</strong> Tchekhov pour<br />
en tirer un opéra en un acte qu’il compose<br />
sous la houlette <strong>de</strong> son professeur, Dmitri<br />
Chostakovitch qui, critiqué par les commissaires<br />
culturels, cherche refuge dans l’enseignement.<br />
<strong>Le</strong> jeune homme est tué pendant la guerre.<br />
Chostakovitch déci<strong>de</strong> alors d’orchestrer l’opéra<br />
inachevé <strong>de</strong> son élève, afin d’honorer sa<br />
mémoire.<br />
<strong>Le</strong> Violon <strong>de</strong> Rothschild, après La Guerre d’un seul<br />
homme – à partir <strong>de</strong>s Journaux parisiens d’Ernest<br />
Jünger – et Autoportrait d’un inconnu, sur Jean<br />
Cocteau, confirme le talent <strong>de</strong> ce cinéaste et<br />
écrivain qui, né à Buenos Aires, s’est fixé à Paris<br />
en 1974.<br />
z Notes pour une biographie imaginaire<br />
[Apuntes para una biografia imaginaria]<br />
Argentine, 2010, vidéo, couleur, 60’, vo st anglais<br />
inédit<br />
scénario et réalisation : Edgardo Cozarinsky<br />
musique originale : Ulises Conti<br />
production : Constanza Sanz-Palacios<br />
En paraphrase <strong>de</strong> Borges, on pourrait proposer<br />
cette fable : un cinéaste a vécu en cueillant<br />
<strong>de</strong>s images, <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s musiques. Un jour,<br />
il reconnaît dans cette collection <strong>de</strong> fragments,<br />
où l’Histoire dialogue avec les <strong>de</strong>stinées<br />
individuelles et leur douleur muette, son propre<br />
portrait. De Paris à Saigon, <strong>de</strong> Moscou à<br />
Tanger, en revenant toujours à Buenos Aires,<br />
à travers guerres et fêtes, exils et danse, le film<br />
s’engage dans un parcours non linéaire, non<br />
chronologique, celui <strong>de</strong> l’imaginaire et <strong>de</strong>s<br />
affects. Avec une gran<strong>de</strong> liberté pour rendre<br />
documentaire la fiction et dénicher la part<br />
<strong>de</strong> fiction dans le document, le film mélange<br />
tournages nouveaux et images d’archives dans<br />
le but <strong>de</strong> rendre présent le passé, <strong>de</strong> mettre en<br />
dialogue les vivants avec les morts.<br />
<strong>Le</strong> Violon <strong>de</strong> Rothschild d’Edgardo Cozarinsky, 1996<br />
Notes pour une biographie imaginaire d’Edgardo Cozarinsky, 2010<br />
L’Argent du charbon <strong>de</strong> Wang Bing, 2009<br />
Manoel <strong>de</strong> Oliveira<br />
z Benil<strong>de</strong> ou la Vierge Mère<br />
Portugal, 1974, 35 mm, couleur, 110’, vo st français<br />
avec Amelia Aranda, Jorge Bolla, Jacinto Ramos<br />
<strong>Le</strong> Portugal en 1930. Une jeune femme, Benil<strong>de</strong>,<br />
vit retirée dans une maison en compagnie<br />
d’une servante et <strong>de</strong> trois hommes, son père<br />
et <strong>de</strong>ux amis <strong>de</strong> la famille. Benil<strong>de</strong> attend un<br />
enfant mais affirme qu’elle est vierge et que son<br />
enfant est <strong>de</strong> Dieu. Ainsi, au lieu <strong>de</strong> se révolter<br />
contre l’enseignement familial du catholicisme,<br />
la jeune femme déshonorée trouve refuge dans<br />
la sainteté. « Oserais-je dire : au mépris <strong>de</strong><br />
l’histoire enregistrée où Manoel <strong>de</strong> Oliveira a<br />
préservé tout le mystère <strong>de</strong>s causes narratives,<br />
ce film <strong>de</strong> culture catholique représente avec<br />
une douceur <strong>de</strong> fait (une placidité du règlement<br />
coutumier), une insensible véhémence <strong>de</strong><br />
l’énonciation théâtrale, le grand symptôme<br />
catholique et le scandale féminin qui est<br />
celui <strong>de</strong> la virginité <strong>de</strong>s mères ? L’hystérie<br />
catholique est la virginité perpétuelle <strong>de</strong>s<br />
femmes. <strong>Le</strong>s hommes sont à la place du désir,<br />
non <strong>de</strong> l’objet ; ils ont donc un savoir <strong>de</strong> la<br />
cause. <strong>Le</strong>s femmes sont l’aveuglement ou la<br />
passion du symptôme. » (Jean Louis Schefer,
Benil<strong>de</strong> ou le Théâtre <strong>de</strong>s passions, programme<br />
« Un été portugais », Galerie nationale du<br />
<strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>, 1997)<br />
z Je rentre à la maison<br />
France-Portugal, 2001, 35 mm, couleur, 90’<br />
avec Michel Piccoli, Catherine Deneuve, Antoine Chappey,<br />
<strong>Le</strong>onor Baldaque, <strong>Le</strong>onor Silveira, John Malkovich<br />
Gilbert Valence est un comédien <strong>de</strong> théâtre,<br />
son talent et sa longue carrière lui ont valu<br />
les plus grands rôles. Un soir, à l’issue <strong>de</strong> la<br />
représentation, la tragédie entre dans sa vie ;<br />
son agent et vieil ami, George, lui apprend qu’un<br />
acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la route vient <strong>de</strong> coûter la vie à sa<br />
femme, sa fille et son beau-fils. <strong>Le</strong> temps passe,<br />
la vie recouvre ses droits. Gilbert Valence se<br />
partage désormais entre son petit-fils qu’il adore<br />
et le théâtre… « Oliveira taquine le dérèglement,<br />
le vieillissement, la perte <strong>de</strong> la mémoire. Et c’est<br />
presque avec <strong>de</strong>s yeux d’enfant, où se mêlent<br />
la peur et l’étonnement inconsolable, qu’il le<br />
fait. L’insolente santé (faut-il encore rappeler<br />
son âge ? Allez, on ne résiste pas : 93 ans !)<br />
d’Oliveira vient aussi <strong>de</strong> là : sa capacité à jouer<br />
<strong>de</strong> sa vieillesse, à prendre congé, à envoyer<br />
tout paître, comme un enfant indiscipliné. Tout<br />
ça donne furieusement envie d’être comme<br />
lui : un philosophe facétieux <strong>de</strong>vant la mort et<br />
qui, ultime pirouette, s’avère bouleversant. »<br />
(Jacques Morice, septembre 2001)<br />
Ritwik Ghatak<br />
z Subarnarekha<br />
In<strong>de</strong>, 1962, 35 mm, noir et blanc, 143’, vo st français<br />
Ritwik Ghatak (1925-1976) est avec Satyajit Ray<br />
l’un <strong>de</strong>s principaux représentants du cinéma<br />
indien du XX e siècle. L’histoire qu’il met en<br />
scène débute en 1948 après la dramatique<br />
partition du Bengale. Avec leur déracinement,<br />
<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes ont perdu tout lien<br />
avec la vie. Dans ce contexte, nous suivons<br />
lshwar, sa jeune sœur Sita et le petit Abhiram.<br />
Cette petite famille permet à Ghatak <strong>de</strong><br />
développer un thème qui l’a hanté toute sa vie :<br />
le déracinement, les réfugiés <strong>de</strong> la partition.<br />
Benil<strong>de</strong> ou la Vierge Mère <strong>de</strong> Manoel <strong>de</strong> Oliveira, 1974<br />
Je rentre à la maison <strong>de</strong> Manoel <strong>de</strong> Oliveira, 2001<br />
Surbarnarekha <strong>de</strong> Ritwit Ghatak, 1962<br />
Surbarnarekha <strong>de</strong> Ritwit Ghatak, 1962
en Russie. Avec notre “caméra analytique”,<br />
nous avons “réélaboré”, à partir <strong>de</strong> matériaux<br />
rares, <strong>de</strong>s images d’archives retrouvées<br />
autour <strong>de</strong>s avant‐gar<strong>de</strong>s russes. <strong>Le</strong> film sera<br />
un vaste document enregistré pendant la<br />
chute <strong>de</strong> l’Union soviétique avec les portraits<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers témoins d’une histoire artistique<br />
que personne n’a fixée et qui ont maintenant<br />
disparu. » (Yervant Gianikian)<br />
<strong>Le</strong>s Chevaux <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> Sergueï Paradjanov, 1964<br />
Yervant Gianikian<br />
et Angela Ricci Lucchi<br />
Nés en 1942, Yervant Gianikian étudie<br />
l’architecture à Venise et Angela Ricci Lucchi<br />
la peinture à Vienne. Tous <strong>de</strong>ux travaillent<br />
ensemble <strong>de</strong>puis les années 1970. <strong>Le</strong>urs travaux<br />
ont été présentés dans les plus importants<br />
musées et cinémathèques du mon<strong>de</strong>.<br />
z Dancing in the Dark<br />
Italie, 2009, vidéo, couleur, 60’, sonore, st italien et anglais<br />
inédit en france<br />
« Ne pas déplorer, ne pas rire, ne pas détester,<br />
mais comprendre. » (Spinoza)<br />
« Durant l’été 1989, nous regardons et filmons<br />
les <strong>de</strong>rniers Festivals <strong>de</strong> L’Unità, avant la chute<br />
du mur <strong>de</strong> Berlin, dans différents petits villages<br />
<strong>de</strong> la Romagna, sur la “Ligne Gothique” <strong>de</strong> la<br />
Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, les lieux <strong>de</strong> Paisà<br />
<strong>de</strong> Roberto Rossellini. Un portrait d’un “peuple<br />
disparu” qui danse. » (Yervant Gianikian)<br />
z Notes sur nos voyages en Russie<br />
[Viaggi in Russia]<br />
Italie , 2010, vidéo, couleur 15’, voix off en français<br />
inédit en France<br />
Ces Notes sont composées d’aquarelles<br />
d’Angela Ricci Lucchi, <strong>de</strong>s « instantanés »<br />
pour le film définitif <strong>de</strong> 90’, encore en cours<br />
d’élaboration. Ces <strong>de</strong>ssins évoquent les<br />
personnages <strong>de</strong> Notes sur nos voyages en Russie,<br />
film dédié au grand poète Ossip Man<strong>de</strong>lstam :<br />
Nina Berberova, Anna Achmatova,<br />
Kozinceva, Grigorij Kozintzev, Mejerhold,<br />
Chaliapine, Israel Metter, Semion Aranovic…<br />
« En 1989‐1990, nous avons filmé en 16 mm<br />
à Saint-Pétersbourg les <strong>de</strong>rniers survivants<br />
<strong>de</strong>s avant-gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s années 1930 et 1940<br />
Jonas Mekas<br />
z Celebration of Paris<br />
États-Unis, 2011, vidéo, noir et blanc et couleur<br />
inédit<br />
Depuis son premier voyage en 1964, Jonas<br />
Mekas – ce cinéaste né en Lithuanie en 1922,<br />
installé aux États-Unis <strong>de</strong>puis 1949, auquel le<br />
<strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> a rendu hommage en 1992, et<br />
reconnu dans le mon<strong>de</strong> entier comme la figure<br />
tutélaire du cinéma expérimental – a filmé la<br />
ville <strong>de</strong> Paris lors <strong>de</strong> tous ses séjours. À l’occasion<br />
<strong>de</strong>s 20 ans <strong>de</strong> cinéma du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>, il a<br />
décidé <strong>de</strong> retrouver dans les centaines d’heures<br />
<strong>de</strong> pellicule les passages filmés à Paris. Des<br />
moments rares <strong>de</strong> la petite histoire <strong>de</strong>s arts et<br />
lettres entre Paris et New York…<br />
Sergueï Paradjanov<br />
z <strong>Le</strong>s Chevaux <strong>de</strong> feu<br />
URSS, 1964, 35 mm, couleur, 97’, vo st français<br />
Œuvre la plus connue <strong>de</strong> Paradjanov, ce film<br />
rappelle par sa mo<strong>de</strong>rnité que son auteur est<br />
issu <strong>de</strong> la VGIK, gran<strong>de</strong> école <strong>de</strong> cinéma <strong>de</strong><br />
Moscou, et, par son thème, l’attachement du<br />
poète-cinéaste aux légen<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s terres où il est<br />
né (la Géorgie), où il a filmé (l’Ukraine), et où il<br />
est mort (l’Arménie). Au début du XX e siècle, dans<br />
les Carpates, <strong>de</strong>ux familles <strong>de</strong> Goutzouls, les<br />
Palitchouk et les Gouténiouk, se détestent <strong>de</strong>puis<br />
<strong>de</strong>s générations. Mais Ivanko Palitchouk et<br />
Maritchka Gouténiouk, qui ont grandi ensemble<br />
<strong>de</strong>puis l’enfance, sont <strong>de</strong>venus inséparables<br />
et projettent <strong>de</strong> se marier en dépit <strong>de</strong><br />
l’antagonisme <strong>de</strong> leurs familles. La veille <strong>de</strong> leurs<br />
noces, Ivan doit partir travailler comme valet<br />
dans les alpages. Maritchka, qui ne veut pas<br />
l’attendre tout l’hiver, cherche à le rejoindre dans<br />
la montagne. Voulant sauver un agneau égaré,<br />
elle se tue en tombant dans une rivière…
calendrier<br />
sous réserve <strong>de</strong> modifications<br />
mardi 8 mars, 19 h<br />
soirée d’ouverture<br />
z <strong>Le</strong> Fossé (inédit) <strong>de</strong> Wang Bing, 109’,<br />
vo st français, présenté par Philippe Avril<br />
(<strong>Le</strong>s films <strong>de</strong> l’Étranger), producteur du film<br />
dimanche 13 mars, 17 h<br />
z L’Argent du charbon <strong>de</strong> Wang Bing, 53’,<br />
vo st français<br />
samedi 9 avril<br />
week-end carte blanche<br />
aux Cahiers du cinéma<br />
un choix parmi la programmation<br />
« <strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> fête ses 20 ans <strong>de</strong> cinéma ! »<br />
14 h<br />
z Subarnarekha <strong>de</strong> Ritwik Ghatak, 143’,<br />
vo st français, présenté par Stéphane Delorme<br />
et Jean-Philippe Tessé<br />
17 h 30<br />
z Pola X <strong>de</strong> <strong>Le</strong>os Carax, 140’, présenté par<br />
Stéphane Delorme et Jean-Philippe Tessé,<br />
en présence du cinéaste (sous réserve)<br />
dimanche 10 avril<br />
14 h<br />
z <strong>Le</strong>s Chevaux <strong>de</strong> feu <strong>de</strong> Sergueï Paradjanov, 97’,<br />
vo st français, présenté par Jean-Charles Hue,<br />
en présence <strong>de</strong> Stéphane Delorme et<br />
Jean‐Philippe Tessé<br />
18 h<br />
z Toute une nuit <strong>de</strong> Chantal Akerman, 90’,<br />
en présence <strong>de</strong> la cinéaste, Caroline Champetier,<br />
Aurore Clément, Stéphane Delorme et<br />
Jean‐Philippe Tessé<br />
mardi 19 avril, 19 h<br />
z Notes pour une biographie imaginaire (inédit)<br />
d’Edgardo Cozarinsky, 60’, vo st anglais,<br />
en présence du cinéaste<br />
dimanche 24 avril, 17 h<br />
z <strong>Le</strong> Violon <strong>de</strong> Rothschild<br />
d’Edgardo Cozarinsky, 101’<br />
mardi 26 avril, 19 h<br />
z Benil<strong>de</strong> ou la Vierge Mère<br />
<strong>de</strong> Manoel <strong>de</strong> Oliveira, 110’, vo st français,<br />
présenté par Jean Louis Schefer<br />
mardi 3 mai, 19 h<br />
z Trois Ponts sur la rivière<br />
<strong>de</strong> Jean-Clau<strong>de</strong> Biette, 119’<br />
mardi 7 juin, 19 h<br />
z Notes sur nos voyages en Russie<br />
(inédit en France), <strong>de</strong> Yervant Gianikian<br />
et Angela Ricci Lucchi, 15’, voix off en français,<br />
en présence <strong>de</strong>s cinéastes<br />
z Dancing in the Dark (inédit en France)<br />
<strong>de</strong> Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi,<br />
60’, sonore, st italient et anglais, en présence<br />
<strong>de</strong>s cinéastes<br />
mardi 14 juin, 19 h<br />
z Celebration of Paris (inédit) <strong>de</strong> Jonas Mekas,<br />
en présence du cinéaste<br />
mardi 12 avril, 19 h<br />
z Je rentre à la maison <strong>de</strong> Manoel <strong>de</strong> Oliveira, 90’<br />
dimanche 17 avril, 17 h<br />
z Film, 30’, suivi <strong>de</strong> pièces pour la télévision<br />
(Ghost Trio, 31’30’’ ; But the Clouds, 15’46’’;<br />
Quad, 15’ ; Nacht und Träume, 12’ ; What Where,<br />
15’43’’) <strong>de</strong> Samuel Beckett<br />
Notes sur nos voyages en Russie<br />
<strong>de</strong> Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, 2010
auditorium<br />
du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong><br />
1, place <strong>de</strong> la Concor<strong>de</strong><br />
75008 Paris<br />
www.jeu<strong>de</strong>paume.org<br />
renseignements : 01 47 03 12 50 /<br />
infoauditorium@jeu<strong>de</strong>paume.org<br />
tarifs : 3 € la séance / gratuit sur<br />
présentation du billet d’entrée aux<br />
expositions (valable uniquement le jour<br />
<strong>de</strong> l’achat) et pour les abonnés<br />
remerciements<br />
Nous tenons à remercier tous les cinéastes,<br />
artistes et cinéphiles, producteurs et<br />
distributeurs, équipes <strong>de</strong> festivals et <strong>de</strong><br />
cinémathèques, tous les amis du cinéma à<br />
travers le mon<strong>de</strong> qui nous ont aidé, pendant<br />
20 ans, à inventer et construire cette présence<br />
du cinéma au <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong><br />
ainsi que la Cinémathèque française.<br />
une programmation proposée par Danièle Hibon<br />
avec la collaboration <strong>de</strong> Marie-Jo Malvoisin<br />
<strong>Le</strong> <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> est subventionné<br />
par le ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la Communication.<br />
Il bénéficie du soutien <strong>de</strong> Neuflize Vie, mécène principal.<br />
<strong>Le</strong>s Amis du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong> contribuent à ses activités.<br />
mise en page : Suzanne Hardy-Neuville<br />
© éditions du <strong>Jeu</strong> <strong>de</strong> <strong>Paume</strong>, Paris, 2011<br />
Dancing in the Dark <strong>de</strong> Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi, 2009<br />
Celebration of Paris <strong>de</strong> Jonas Mekas, 2011