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les prix

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Présentation des statistiques de <strong>prix</strong> – la théorie des <strong>prix</strong> selon Jean Fourastié<br />

Le 26 janvier 2013 - page 14<br />

Pouvoir d’achat ressenti, pouvoir d’achat réel<br />

Que se passe-t-il donc pour que nous nous plaignions et n’ayons aucune<br />

conscience de l’élévation extraordinaire de notre niveau de vie ?<br />

Il y a d’abord le fait que notre appétit de consommation est pratiquement<br />

illimité ! Depuis Octave Mouret, le propriétaire du Bonheur des Dames 1 , ou<br />

plutôt depuis ses contemporains réels, on a découvert que l’appétit de<br />

consommation croît avec la publicité ; nous sommes tous capab<strong>les</strong> de nous<br />

découvrir de nouveaux besoins - urgents - en traversant un magasin, en<br />

contemplant une publicité ou en regardant ce qu’ont <strong>les</strong> autres… La notion de<br />

"besoin" est sujette à variations et à augmentations indéfinies. Il y a en nous de<br />

l’irrationnel dont <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de la mercatique savent tenir compte, allant<br />

de la confiance plus ou moins forte dans le producteur ou le vendeur, à la fièvre<br />

d’achat qui possédait déjà Mme Marty dans Le Bonheur des Dames !<br />

Une telle fièvre atteint facilement <strong>les</strong> jeunes qui renoncent difficilement<br />

aux derniers jeux-vidéo, au VTT le plus performant, aux nouvel<strong>les</strong> tablettes... Il<br />

y a aussi des lames de fond collectives, des modes qui poussent à la<br />

consommation, mais peuvent aussi aller dans l'autre sens, comme celle de la<br />

période de "crise" que nous traversons : dans une certaine mesure, la peur du<br />

chômage encourage l’épargne et restreint la consommation ; cependant <strong>les</strong><br />

revendications contre l’austérité montrent que <strong>les</strong> consommateurs d’aujourd’hui<br />

ne sont pas prêts à accepter de se restreindre.<br />

Nous pensons aujourd’hui non seulement qu’il est impossible de vivre<br />

comme Jacquou le Croquant ou Fantine dans <strong>les</strong> Misérab<strong>les</strong> ; nous n’imaginons<br />

pas une habitation sans télévision, chauffage, cuisine équipée, salle de bain…<br />

Imaginez le monde sans Internet ou téléphone portable ! Nos « besoins »<br />

croissent sans cesse (je <strong>les</strong> mets entre guillemets, car nous savons qu’il est en<br />

fait possible de vivre comme Jacquou le Croquant et que des millions de<br />

personnes dans le monde actuel n’ont pas plus que lui ; qu’environ un milliard<br />

d’hommes n’ont pas de ration alimentaire suffisante…).<br />

Jean Fourastié le disait déjà : « l’appétit de consommation est illimité ».<br />

Sa vision de l’influence du progrès technique permet de jeter un regard unifié<br />

sur l’évolution économique.<br />

Ce qui n’était pas vraiment prévisible est que l’adaptation se fait mal et<br />

que le chômage s’installe. Jean Fourastié pourrait aider actuellement à prendre<br />

conscience qu’il ne faut pas tant lutter contre la fermeture des usines, que pour<br />

la formation et l’organisation des emplois dans <strong>les</strong> services (subventionner <strong>les</strong><br />

hôpitaux plutôt que <strong>les</strong> caisses d’allocation-chômage, par exemple ?).<br />

1 .Émile Zola, Au bonheur des dames. 1883. Roman construit sur une étude des Grands Magasins qui<br />

commençaient à se créer.

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