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Les lots 543 et 546<br />

L'aspect des lots 543 et 546 se présente tout à fait différemment dans le paysage rimouskois. Tout<br />

d'abord, ces lots sont beaucoup plus éten<strong>du</strong>s, puis ils ne sont pas déboisés. Le numéro 546 occupe l'espace<br />

<strong>du</strong> côté de l'ouest et le numéro 543 s'étend <strong>du</strong> côté de l'est. Les silhouettes des sapins et des épinettes<br />

projettent une image plus sombre avec une légère interruption, plus pâle, vis-à-vis des champs cultivés de<br />

la famille Lepage, au milieu de l'île.<br />

Quant à l'histoire de ces lots, elle commence 125 ans après celle des numéros 544 et 545. En 1853,<br />

le premier concessionnaire, Philippe Légaré, recevait de la seigneuresse Luce-Gertrude Drapeau «Toute<br />

l'isle St-Barnabé située dans le fleuve St-Laurent [. .. } avec droit exclusif de pêche et de chasse dans, à<br />

l'entour et vis-à-vis de la dite Isle, à l'exception pourtant d'une part de deux ou trois arpens dans la dite<br />

Isle, telle qu'elle appartient aux héritiers Côté & Lepage». Le même concessionnaire recevait aussi «L'Isle<br />

ou Islet à Canuel», également avec droit exclusif de chasse et de pêche 2o •<br />

Nous ne comprenons pas l'intérêt subit de Philippe Légaré, qui se présente comme «écuier et<br />

rentier», pour la chasse, la pêche et la culture sur ces deux îles. Sa concession mentionne qu'il aura à faire<br />

moudre ses grains au moulin de la seigneuresse à <strong>Rimouski</strong>. Cela implique qu'il entendait aussi cultiver ou<br />

faire cultiver les terres de l'île, en plus des activités de chasse et de pêche. Cependant, trois mois plus tard,<br />

le rentier rétrocédait tous ses droits à Vlric-Joseph Tessier, «écuier, avocat demeurant à Québec et membre<br />

<strong>du</strong> Parlement Provinciab?l. La rétrocession ne fut enregistrée à <strong>Rimouski</strong> que près de quarante ans plus<br />

tard, le 13 décembre 1892, après le décès <strong>du</strong> juge Vlric-Joseph Tessier.<br />

Lors de la concession par Luce-Gertrude Drapeau à Philippe Légaré, en 1853, la seigneuresse se<br />

trompait visiblement. Elle ne laissait aux héritiers Côté et Lepage qu'un front de deux à trois arpents alors<br />

que le partage de 1790 mentionnait 10 arpents pour cet héritage. Cela restait encore la portion congrue,<br />

selon les arrangements <strong>du</strong> seigneur Joseph Drapeau en 1790. Même si celui-ci a utilisé toutes les subtilités<br />

de la loi pour prendre la part <strong>du</strong> lion, il avait au moins une grande qualité; il était très clair dans toutes les<br />

transactions où il était impliqué. D'après les «arrangements» de 1790, Agnès Lepage-Côté et son frère<br />

Pierre Lepage de Saint-Barnabé devaient avoir ensemble les trois arpents défrichés par l'ermite plus les<br />

sept arpents contigus en bois debout, en descendant vers l'est, comme nous l'avons vu plus haut.<br />

Il n'y a aucune preuve que Philippe Légaré ait vécu en permanence sur l'île. Il faut attendre l'année<br />

1890 pour avoir la certitude que le lot 546 était habité par un fermier à l'emploi de la famille Tessier qui<br />

avait acquis les biens de la famille Drapeau.<br />

En 1893, le lot 546 était loué à Evariste Saint-Pierre et il s'y trouvait une maison à deux logements<br />

avec des bâtiments de ferme. La pêche se trouvait aussi incluse dans la location et il semble qu'on y<br />

prenait d'abondantes quantités de poisson. Depuis longtemps, plusieurs pêches étaient aussi louées à<br />

d'autres indivi<strong>du</strong>s. Contre un loyer en argent, le fermier Saint-Pierre cultivait une terre pour son profit. Il<br />

devait aussi servir de gardien, voir à ce que personne n'allume des feux, ne coupe <strong>du</strong> bois ou fasse pacager<br />

ses animaux. Le fermier était chargé de transporter quarante-cinq barriques de poisson sur la terre <strong>du</strong><br />

domaine à <strong>Rimouski</strong>, ce qui nous laisse croire à l'abondance dans les pêches de l'île. Le locataire avait son<br />

logement dans la partie est d'une grande maison. La partie de l'ouest, qu'il devait surveiller, était réservée<br />

pour la villégiature de la famille Tessier 22 •<br />

Le propriétaire attachait beaucoup moins d'importance au lot 543 et le fermier n'était pas tenu d'y<br />

exclure les animaux qu'on pourrait y con<strong>du</strong>ire en pacage. Des observateurs ont déjà aperçu une colonie de<br />

corbeaux de ce côté. «Le bout d'en-bas» était plus exposé au nordet et le soleil de l'après-midi y était bien<br />

avare. Cependant un projet qui ne fut pas réalisé aurait amené une certaine activité de ce côté-là.<br />

En 1894, un groupe de Rimouskois s'était adressé au ministère de la Marine et des Pêcheries à<br />

Ottawa afin d'obtenir la construction d'un phare sur la pointe de l'est de l'île Saint-Barnabé. Le<br />

gouvernement <strong>du</strong> premier ministre Sir Charles Tupper était prêt à consentir à cette demande. À cette fin, il<br />

aurait fallu acheter dix acres de terrain pour y bâtir le phare. Le gouvernement ne réussit pas à s'entendre<br />

avec le représentant de la famille Tessier sur le prix demandé et finalement, le projet ne fut pas mis à<br />

exécution 23 • Était-ce seulement une question de coût? Vn phare si près de la pointe au Père était-il<br />

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