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Animation

&

N° 173 Mars/Avril 2003 – Prix : 12,50 F - 1,9 €

Ecole/Famille

DOSSIER

Vers une coéducation concertée

Une nouvelle rubrique

est née

"Coopérama"

Panorama de la coopération

scolaire et de

l'économie solidaire

4 Questions à…

Marie-Thérèse Boisseau

Secrétaire d’Etat aux personnes handicapées

Assurer les conditions de

scolarisation des élèves

handicapés ou malades

Vie fédérale

Questionnaire sur

l'OCCE à l'occasion

de ses 75 ans

lire page 6

Page 4

Page 8

REVUE DE L’OFFICE CENTRAL DE LA COOPÉRATION À L’ECOLE

www.occe.net


S o m m a i r e

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DOSSIER

Ecole/Famille

Vers une coéducation

concertée

Sommaire détaillé

en page 9

Editorial

3

Le seul vrai garant

de la paix est en soi.

Jean-François Vincent

Président national OCCE

4

4 questions à...

Marie-Thérèse Boisseau

Secrétaire d’Etat aux personnes handicapées

Propos recueillis par

Yves Potel

Coopérama 6 Rebondir

37

Semaine de la Coopération à l'école

Luc Szczépaniak

Secrétaire général de l'OCCE

L’estime de soi comme prémisse au

développement de la parole

Interview de Christian Staquet

Formateur

Vie fédérale 8

L'OCCE à 75 ans !

Luc Szczépaniak

Secrétaire général de l'OCCE

35

Internet

L'Europe des découvertes et

des inventions scientifiques…

Josef Ulla

Coopés-copains n o 27

36

Reportage

Paroles d'enfants

Reporters d'un jour

pour les écoles fleuries

Robert Touati

& Reporters lycéens d'Henry IV

38

groupe Europe

L'OCCE et les projets

coopératifs européens

Monique Gosselin

pour le groupe Europe

38

Agathe et la coopé

Papa, viens à l'école !

De AàZ

39

échos des groupes

Quelques pistes pour

gérer l’écriture collective

Groupe étamine

40

Livres jeunesse

Relations des enfants avec

les personnes du troisième âge

Christine Houyel

Images & Pages

42

Images

"Rêve d'usine"

Robert Touati

Pages

Réédition du "Soriano"

Alain Fiévez

A découvrir :

Les éditions Plume de carotte

Et, toujours sur le site, un aperçu des

numéros d'A&E depuis 1998 :

sommaires, extraits d'articles,...

Pour vous abonner à

Animation &

Education,

rendez-vous

page 44

Animation & éducation 101 bis, rue du Ranelagh - 75016 PARIS - Téléphone

Animation

&

01 44 14 93 30 Fax 01 45 27 49 83 - Email : federation@occe.net - Site

Internet : www.occe.net - Revue de l’Office Central de la Coopération à

l’Ecole, Association reconnue d’utilité publique. Président Jean-François

Education Vincent - Directeur de la Publication Jean-François Vincent - Rédactrice en

Chef Marie-France Rachédi - Rédacteur/Premier Rédacteur Graphiste Robert

Touati -Secrétaire de Rédaction Marie-Lorraine Astruc - Comité de parrainage Raymond Toraille, Roger Kerinec (†), Jacques

Pommateau, René Teulade, Albert Guillien (†) Comité Editorial Jean-Jacques Bruni, Gérard Gentil, Cécile Grasset, Robert Harté,

Christian Lorinquer, Philippe Meirieu, Yves Potel, Philippe Saint-Germain, Dominique Sénore, Josef Ulla Abonnements Nicole

Pinbouen : Tél. 01 44 14 93 35 - Maquette Robert Touati – Impression SIEP ZA Les Marchais - 77590 Bois-Le-Roi - Service

Publicité Tél. 01 44 14 93 44, tarifs préférentiels pour les associations fédérées à l’OCCE ou membres du CCOMCEN – Dépôt

légal à la date parution n° de CPPAP : 1007 G 82304. Ce numéro a été tiré à 46 000 exemplaires. ISSN 0395-0840.

Couverture : Photo : Robert Touati


Editorial

Le désarmement extérieur passe par

le désarmement intérieur.

Le seul vrai garant de la paix est en soi.

Dalaï Lama

Prix Nobel de la paix 1989

A l’heure où j’écris cet éditorial, la guerre contre l’Irak n’a pas encore été déclenchée. Tout

n’est peut être pas encore perdu.

Comme le demande avec force l’appel lancé, le 14 février, par « Défense des Enfants

International France » : « Ne punissons pas les enfants irakiens, ils n’ont rien fait et ils ont

déjà été durement sanctionnés » 1 .

Depuis dix ans, les conditions de vie quotidienne des Irakiens se sont dégradées et, comme le

souligne « Médecins Du Monde », les enfants sont les premières victimes de l’embargo infligé

par la communauté internationale : 4 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque mois

de dénutrition, de manque de soins (le taux de mortalité des enfants irakiens de moins de

cinq ans est, aujourd’hui, un des plus élevés du monde).

Mais qui s'en soucie ? Les médias et la grande majorité des dirigeants occidentaux ont la sensibilité

sélective.

De nombreuses considérations économiques et politiques sont avancées pour justifier le fourbissage

des canons et légitimer, demain, l’utilisation de la force …

Comment croire que la guerre est préférable à une négociation pacifique ?

Comment croire que la paix et le bonheur naîtront du massacre de civils déjà fortement éprouvés ?

Comment ne pas se rendre compte que la violence en Irak, en Palestine, en Tchétchénie, ou

en Afghanistan… renforce, chez les populations et, particulièrement, chez les enfants, la

haine, les communautarismes sectaires…

La guerre n’amène pas la paix. La violence appelle la violence…

Faisons le choix de la paix, le choix de la solidarité et de la coopération internationales.

Faisons le choix du respect et de l'amitié entre les peuples.

Ce sont les seuls qui méritent d’être tentés, les seuls réellement porteurs d'espoirs.

Jean-François Vincent

Président de l’OCCE

1. S’il n’est pas trop tard quand vous lirez ces lignes, signez l’appel lancé par DEI :

http://www.globenet.org.enfant/

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

3


4 Questions à ...

Marie-Thérèse Boisseau

Secrétaire d’Etat

aux personnes handicapées

Assurer les conditions de scolarisation

des élèves handicapés ou malades

Luc Ferry, ministre de la

Jeunesse, de l’Education

nationale et de la Recherche,

Xavier Darcos, ministre

délégué à l’Enseignement

scolaire, et Marie-Thérèse

Boisseau, secrétaire d’Etat aux

personnes handicapées, ont

annoncé, le 21 janvier dernier,

des mesures en faveur de

l’intégration des élèves

handicapés, de la Maternelle à

l’Université.

Entretien avec Marie-Thérèse

Boisseau.

Animation & Education : L’action interministérielle engagée

récemment est en lien étroit avec les collectivités

locales et doit assurer la scolarisation de tous les jeunes

handicapés ou malades d’ici 5 ans. Quelles seront les

actions engagées dès la rentrée 2003 ?

Marie-Thérèse Boisseau : Le 21 janvier dernier, nous annoncions

avec Monsieur Luc Ferry, Ministre de la Jeunesse, de

l’Éducation nationale et de la Recherche, que le nombre

d’auxiliaires de vie scolaire allait passer de 1 000 à 6 000

pour la rentrée 2003. Il s’agit, bien sûr, de 6000 postes à

temps plein. Par ailleurs, 1000 classes d’UPI (Unités

Pédagogiques d’Intégration) seront créées en 5 ans, soit 200

par année et, ce, dès septembre prochain, ceci afin de combler

le retard évident pour la prise en charge des élèves

handicapés, et réparties entre le primaire et le secondaire.

Enfin, un effort réel sera fait au niveau de la formation des

enseignants dans les IUFM.

A&E :L’intégration des élèves handicapés, notamment en

primaire, s’est développée, ces dernières années, grâce

aux Auxiliaires de Vie Scolaire et, bien souvent, grâce aux

Associations de parents d’enfants handicapés. Quel bilan

peut-on tirer de leurs actions ? Quelles mesures seront

prises pour généraliser l’intégration ?

M.T-B : Oui, entre autres, grâce à l’action d’Associations de

parents, l’intérêt et l’utilité des Auxiliaires de Vie Scolaire

ne sont plus à démontrer. On l’a dit plus haut, il a été décidé

de pérenniser ce dispositif. Jusqu’à présent, un certain

nombre d’auxiliaires ont été mis à disposition des

Associations. Le nouveau dispositif envisagé devrait permettre

de couvrir l’ensemble du territoire national et, de

plus, une formation qualifiante de ces jeunes est en cours

d’étude. Les Associations devront contribuer à jouer un rôle

actif dans l’organisation de ce dispositif.

A&E :De la maternelle au lycée, le nombre d’élèves en

intégration scolaire décroît. Pourquoi ? Que faire ?

M.T-B : L’intégration scolaire des enfants handicapés a été

rendue possible jusqu’à présent grâce, notamment, aux

classes d’intégration scolaire (ou CLIS) qui se trouvent dans

les établissements primaires. Malheureusement, elles

n’avaient pas, jusqu’à ce jour, d’équivalents dans les collèges

et lycées. C’est pourquoi le Ministre de l’Éducation

nationale a décidé de mettre l’accent sur cette lacune en

créant des places essentiellement d’UPI pour les prochaines

années.

A&E :Intégrer un élève handicapé dans sa classe nécessite

une formation spécialisée. L’équipe éducative bénéficiera-t-elle

d’une formation adaptée ?

M.T-B : Chaque enseignant rencontrera plusieurs élèves présentant

des besoins particuliers au cours de sa carrière. Or,

aujourd’hui, seuls certains enseignants du premier degré

suivent un cursus de spécialisation. Pire, de nombreux

emplois spécialisés, souvent très difficiles, sont tenus par

des personnels non spécialisés. Il devient urgent de

construire des modules de formation spécialisée pour

répondre à leurs attentes. Pour résoudre ces difficultés, le

ministère de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la

Recherche mettra l’accent sur la formation de l’ensemble

des personnels :

- une sensibilisation au cours de la formation initiale et des

modules de formation continue seront mis en place, dès la

rentrée scolaire 2003, au sein des instituts universitaires de

4 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


4 Questions à ...

formation des maîtres (IUFM) pour tous les enseignants des

premier et second degrés, au cours des 5 ans à venir ;

- des modules de formation à l’animation des équipes éducatives

seront mis en place pour les Directeurs d’école.

Les formations CAAPSAIS, jusqu’alors réservées aux seuls

enseignants du 1er degré, seront repensées et des formations

spécialisées seront proposées aux enseignants du

second degré. Chaque directeur d’IUFM devra constituer

une équipe de formateurs compétents en matière d’AIS, en

coordination avec le CNEFEI (Centre National d’Etudes et de

Formation pour l’Enfance Inadaptée) appelé à se transformer

en Institut d’Enseignement Supérieur. La formation des

personnels d’encadrement de l’Education nationale sera

repensée. Un module de formation sur l’accessibilité des

personnes handicapées à tous les bâtiments des établissements

scolaires et des établissements d’enseignement supérieur

sera intégré aux études des futurs architectes et ingénieurs.

Les assistants d’éducation qui assureront les fonctions

qualifiantes « d’auxiliaires de vie scolaire » auprès des

élèves handicapés recevront une formation qualifiante en

cours d’emploi.

Interview réalisée par

Yves Potel

D.R.

Les différents modes de scolarisation des enfants

et adolescents handicapés Année scolaire 2001/2002

Niveau

d’enseignement

Premier degré

Second degré

premier cycle

second cycle

Supérieur

Total

Etablissements scolaires

(a)

intégration intégration

individuelle collective

27 900

17 200

11 300

5 900

7000

52 100

48 200

2 800

2 800 (1)

51 000

Etablissements et

services médicosociaux

(b)

87 400 (2)

Etablissements

sanitaires

(c)

6 700 (3)

Notes :

Des doubles comptes figurent

dans ce tableau, dans la

mesure où environ 20 % des

élèves présents dans des

établissements et services

médico-sociaux, en 1995,

suivaient une scolarisation,

partielle ou non, dans des

établissements scolaires.

(1) Hors SEGPA et EREA non

spécialisés.

(2) Enfants de 6 ans, et plus,

scolarisés ; 95 % d’entre eux

ont moins de 20 ans.

(3) Enfants présents toute

l’année.

Champ :

France métropolitaine et

DOM.

Sources :

(a) MEN (Ministère de

l’Education nationale),

enquêtes 12, 19 et enseignement

supérieur, 1999 (sauf

UPI (Unité Pédagogique

d’Intégration) et supérieur :

2000) ; (b) MES (Ministère de

l’Emploi et de la Solidarité),

enquête ES, 1995 ; (c) MEN

(Ministère de l’Education

nationale), enquête 32, 2000.

2003 : Année européenne des personnes handicapées.

2003 est l’année européenne des personnes

handicapées. Quels sont les objectifs de cette

action ? Quels sont les projets retenus ?

Le Conseil de l’Union européenne a proclamé

l’année 2003 : “Année européenne des

personnes handicapées”, le 3 décembre 2001.

Cette année marquera, également, le

10ème anniversaire de l’adoption, par

l’Assemblée générale des Nations Unies, des

règles pour l’égalisation des chances des personnes

handicapées.

Les objectifs essentiels de cette année sont

la non-discrimination, l’égalité des chances et

la participation des personnes handicapées, la

sensibilisation aux droits des personnes handicapées,

à la protection contre la discrimination

et au plein exercice de leurs droits dans

l’égalité.

Près de 700 projets ont été reçus, de toute

la France, émanant d’Associations, de collectivités

locales, d’initiatives individuelles et

reflétant une grande richesse de propositions.

Plus de 100 projets seront aidés financièrement

par la Commission européenne et près de

400 projets seront labellisés. Cette obtention

d’un Label de l’Année européenne est une initiative

française que d’autres pays d’Europe

devraient adopter. Ceci, afin de permettre à un

maximum de projets de participer à l’élan de

cette année. La majorité des projets retenus

relève d’actions culturelles et d’information, ce

qui correspond aux objectifs de communication

de l’année européenne.

Pour que l’intégration soit vraiment réussie,

il est nécessaire de proposer, à chaque personne

handicapée, un parcours individualisé

tenant compte de ses potentialités, de ses

aspirations et de ses besoins. Si les diverses

manifestations qui jalonneront l’année européenne,

dans notre pays, pouvaient

convaincre chacun de nous que les personnes

handicapées sont une chance pour notre

société qu’elles enrichissent de leurs différences,

la partie serait déjà à moitié gagnée !

Y.P.

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

5


Coopérama

“Semaine de

la Coopération à l'école”

Du 19 au 24 mai, l’OCCE et le GNC (1) organisent la première

“Semaine de la Coopération” avec le concours et le soutien

du Ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, de

la Délégation Interministérielle à l’Innovation et à

l’Economie Sociale, de la FCPE (2) , du SNUIPP/FSU (3) , du

SE/UNSA (4) , du SGEN/CFDT (5) et du CCOMCEN (6) .

Pourquoi ?

En 1928, l’OCCE est né principalement de la volonté de la

Fédération nationale des Coopératives de Consommation

d’éduquer les jeunes générations aux principes de la coopération

: démocratie (un homme, une voix), libre adhésion,

solidarité, caractère non partageable des bénéfices qui restent

acquis à la coopérative, engagement, responsabilité et

autonomie…

C’est ainsi que l’OCCE a pour objet de transformer les

classes en sociétés d’élèves gérées par eux avec l’aide de

l’adulte, de fédérer les coopératives scolaires ainsi créées,

de promouvoir la coopération en tant que méthode active

d’éducation morale, civique et intellectuelle et d’enseigner

ce qu’est la coopération économique dans la limite des programmes.

75 ans plus tard, nous sommes convaincus que la coopération

représente toujours un projet éducatif, social et économique

porteur d’avenir mais que ce projet est mal connu

des enseignants et des citoyens en général.

Cette Première Semaine de la Coopération est donc l’occasion

de mieux le faire connaître en faisant se rencontrer les enseignants,

les classes et les acteurs de la coopération adulte.

Comment ?

Toutes les écoles élémentaires recevront des outils pédagogiques

leur permettant d’initier les élèves à la coopération

à l’école, mais surtout d’en identifier les principes et les

valeurs communs à la classe et aux entreprises adultes :

- un cahier pédagogique : “Coopérer pour réussir”, avec des

activités clef en main ;

- une affiche illustrant la pédagogie coopérative ;

- un dépliant présentant le monde de la coopération adulte.

Pour quoi faire ?

Nous espérons qu’un grand nombre de collègues se saisiront

de ces outils pour :

- expérimenter les activités proposées ;

- réunir un Conseil de coopérative ;

- prendre contact avec des représentants des coopératives

adultes et dialoguer autour des points communs.

Alors, bonne fête de la Coopération !

Luc Szczépaniak

Secrétaire Général de l'OCCE

Planning pour

la semaine de la

coopération à

l'école :

Courant mars 2003, réception des

documents pédagogiques dans les

écoles (un envoi par école).

Avril 2003 : découverte des

documents, prise de contact avec

les représentants locaux de la

coopération adulte et définition

d’un projet ou d’une activité (les

représentants départementaux

de l’OCCE peuvent vous assister

dans la démarche).

19 au 24 mai 2003 :

réalisation de l’action ou du

projet et communication

publique.

(1) GNC (Groupement National de la Coopération)

(2) FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Elèves)

(3) SNUIPP/FSU (Syndicat National Unitaire des Instituteurs,

Professeurs des Ecoles et Pegc/Fédération Syndicale Unitaire

(4) SE/UNSA (Syndicat des Enseignants/Union Nationale des

Syndicats Autonomes (5)SGEN/CFDT (Syndicats Généraux de

l’Education Nationale/Confédération Française Démocratique du

Travail)

(6) CCOMCEN (Comité de Coordination des Œuvres Mutualistes et

Coopératives)

6 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Coopérama

Un catalogue en plus

Joint avec votre A&E :

le catalogue 2003 de la Maison d’Edition “Pirouette”,

distribuant, en France, les ouvrages de la Chenelière.

Vous trouverez, dans ce catalogue, des ouvrages comme

“Coopérer pour réussir” ou “Je coopère, je m’amuse” qui

pourront vous aider à mieux préparer la Semaine de

la Coopération.

FNCC

La Fédération Nationale des

Coopératives de Consommateurs

a été créée en 1912 après qu’un

pacte d’unité ait été signé

entre toutes les Coopératives.

C’est dire qu’elle a une

histoire.

Pour autant, elle est contemporaine.

Dès 1985, elle prend le visage de

la régionalisation. Elle est prête

pour le deuxième acte de la

décentralisation qui se prépare.

Elle fédère, aujourd’hui, 4

Coopératives Régionales : Sud-

Ouest Atlantique, Normandie-

Picardie, Alsace, Champagne et

50 Coopératives locales qui opèrent

dans différents secteurs de

la consommation.

Elle dispose d’un Institut de

Développement Coopératif dont

la vocation est de doter les

sociétés de capitaux propres et

de constituer à leur profit “un

noyau dur”.

Elle gère aussi, pour le compte

du Mouvement, un secteur

vacances-loisirs (mer, montagne,

tourisme rural).

Toutes les Sociétés adhérentes

mettent en pratique les principes

coopératifs définis par

l’ACI (Alliance Coopérative

Internationale) (un homme - une

voix, entrée libre, gestion démocratique,

réserves non partageables).

Aussi, les Coopératives

s’inscrivent dans la démarche

“d’entreprendre autrement”.

Elles pratiquent les règles du

marché, y compris celui des

prix. Elles sont donc compétitives.

Elles peuvent, alors, à

côté de leurs hypermarchés et

de leurs supermarchés, continuer

à défendre des magasins de

proximité dans la ruralité et les

écarts urbains.

Elles tiennent régulièrement

leurs assemblées dans les localités

où elles ont des magasins et

y font des activités locales au

profit de leurs membres.

Ainsi, la FNCC, qui représente

les Sociétés Coopératives

Régionales, reste l’expression

d’un Mouvement qui entend

exercer son rôle au service de

l’intérêt général.

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

7


V ie fédérale

L’OCCE a 75 ans !

Al'occasion de ses 75 ans, l’OCCE souhaite

faire un large tour d’horizon

auprès de ses membres, ses militants,

ses sympathisants ou, au contraire, ses

détracteurs en vue de bâtir des outils et fonder

une politique en phase avec les enjeux de

ce nouveau siècle et les attentes exprimées

par le plus grand nombre.

Il s’agit pour notre Fédération de faire en

sorte que ses membres soient de plus en

plus nombreux et de plus en plus fiers

d’être à l’OCCE !

C’est pourquoi nous avons imaginé ce petit

questionnaire que nous vous remercions de

bien vouloir remplir et retourner avant la fin de

vos vacances de Printemps à :

Fédération OCCE

101 bis, rue du Ranelagh

75016 PARIS.

Fax : 01 45 27 49 83

Tous les questionnaires reçus seront traités

statistiquement afin de retenir les thèmes

majeurs qui serviront à guider le développement

de l’OCCE ces prochaines années et,

notamment, à élaborer la prochaine Motion

d’Orientation Fédérale (2004-2007).

Les résultats de ce traitement statistique

seront publiés sur le site Fédéral

(www.occe.net) après leur présentation à

l’Assemblée Générale Fédérale des 4, 5 et

6juin 2003, à Talmont-Saint-Hilaire (Vendée).

Le présent questionnaire est téléchargeable à

partir de notre site Fédéral.

Seuls, les questionnaires dont les rubriques

“identité” et “qualité” auront été correctement

renseignées seront pris en compte.

Par contre, l’OCCE s’engage à ce que les

résultats et leurs commentaires préservent

l’anonymat des auteurs.

Merci de votre coopération.

Le Secrétaire Général,

Luc Szczépaniak

Questionnaire à retourner avant la fin des vacances de Printemps à Fédération OCCE-101 bis, rue Ranelagh, 75016 PARIS.

NOM : …………………………………………………

Qualité : enseignant non adhérent à l’OCCE

salarié AD OCCE

administrateur national OCCE

IA

Merci de vous limiter à trois réponses

par catégorie. Ce qui va bien

Prénom : …………………………………..

enseignant adhérent

CA OCCE départemental

salarié Fédération OCCE

parents d’élève d’une classe non

coopérative

CAN

Ce qui va mal

administrateur départemental

OCCE

mandataire de coopérative

parents d’élève d’une classe

coopérative

IEN

Propositions de changement

OCCE :

objet, missions,

valeurs…

1-

2-

1-

2-

1-

2-

3-

3-

3-

Fédération :

structure,

fonctionnement.

1-

2-

1-

2-

1-

2-

3-

3-

3-

Association

Départementale :

structure, fonctionnement.

1-

2-

3-

1-

2-

3-

1-

2-

3-

Coopérative

scolaire :

structure,

fonctionnement.

1-

2-

3-

1-

2-

3-

1-

2-

3-

Assemblée générale financière 2003 :

La Fédération organise

une consultation nationale

En résumé :

Janvier 2003 : Large diffusion du questionnaire

à l’ensemble des membres et des partenaires.

Interrégionales 2003 : Débat à l’intérieur du

mouvement.

Printemps 2003 : Retour des questionnaires ;

traitement par le Bureau national.

AG de Juin 2003 : Choix des principaux

thèmes de réflexion à partir des réponses au

questionnaire.

2ème semestre 2003 : Travaux des groupes

et/ou BN missionnés.

AG Financière 2004 : Présentation des

propositions.

Interrégionales 2004 : Projet de Motion

d’Orientation.

Juin 2004 : AG de Belfort, adoption de la

Motion d’Orientation 2004-2007.

8 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


DOSSIER

Sommaire

Ecole/Famille

Vers une coéducation

concertée

La coéducation est un fait, pas un projet ! Certes, mais la coéducation

n’est, à en juger par les relations chaotiques du type : « Je

t’aime, moi non plus », entre l’école et les parents, pas encore une

réalité. Si les textes ministériels exhortent, surtout depuis 1989, les

enseignants et toute la hiérarchie de l’Education nationale à développer

le partenariat avec les parents, les attitudes réticentes et frileuses

de nombreux acteurs de l’éducation conduisent à quelques distensions.

Peur d’une trop grande ingérence dans des domaines réservés,

pour les uns, de l’institution, pour les autres ; manque de temps, pour

les uns, d’information pour tous. Les raisons ne manquent pas pour

justifier les prises de distance des uns et des autres.

Or, et les articles contenus dans ce dossier le montrent, l’enjeu de

ces prochaines années sera de travailler, avec les parents d’élèves,

sur des problèmes fondamentaux comme la liaison Ecole/Famille, des

objectifs concrets pour le projet d’école ou d’établissement… Les

enseignants ont le droit d’être reconnus pour leur compétence et respectés

en tant que professionnels ; les parents ont le droit d’être informés,

consultés, associés à l’élaboration des grandes orientations.

L’Ecole ne se fera pas sans les parents, et réciproquement.

Alors, comment faire pour arriver à cette coéducation concertée ?

Là, encore, les articles du dossier donnent de multiples pistes,

concrètes et facilement réalisables car dépendant, pour la plupart, des

volontés de chacun… Alors, bonne lecture !

Marie-France Rachédi

Coopération Ecole/Famille

Les parents partenaires

de l’école ou l’injonction paradoxale

Jean-François Vincent

Président national de l'OCCE . . . . . . . . . . . . . . . . .10

Point de vue de militants de la coopération

Louis Alberti (Directeur de l’OCCE),

Gérard Blanchard (Secrétaire général adjoint) et

Marcel Clot (Trésorier national) . . . . . . . . . . . . . . .12

“Passer du parent consommateur

au parent citoyen”

Philippe Meirieu,

Directeur de l'IUFM de Lyon . . . . . . . . . . . . . . . . . .14

La coéducation comme

base fondamentale

de la relation Ecole/Famille

Georges Dupon-Lahitte, Président de la FCPE et

Christian Janet, Président de la PEEP . . . . . . . . . . . .18

Casser le délit d’initié,

c’est jouer la transparence

Jean-Louis Auduc,

directeur adjoint de l'IUFM de Créteil . . . . . . . . . . .22

Panorama de l'évolution du rôle des parents à l'école

Un interêt croissant pour l'école

Yves Dutercq, Maître de conférences INRP . . . . . . . . .24

Marché de Noël à l’école maternelle

Mireille Martinelli, Directrice d'école maternelle . . . .26

De Pleurtuit à Pointe-à-Pitre :

une autre “Route du Rhum”

Georges Laumuno, OCCE Guadeloupe . . . . . . . . . . . .27

Des partenaires à part entière

Robert Harté, Président adulte de la Coopérative . . . .28

Voir fonctionner l’école de l’intérieur

Témoignage d'Anne Touret, parent d'élèves . . . . . . . .29

Des parents à la piscine :

AQUA* peuvent-ils contribuer ?

Christian Lorinquer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30

Café des parents…

Josef Ulla . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .31

Animation en BCD

Quand les parents dépannent l'école

Reportage Robert Touati . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32

“Le Coin des Mamans”

Jean-Jacques Bruni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .34

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

9


Coopération Ecole/Famille

Les parents partenaires

de l’école ou l’injonction paradoxale

T

out le monde est pour le

rapprochement avec

les familles, à condition

que celles-ci sachent tenir la

place et le discours qu’on

attend d’elles dans l’institution

et que la complémentarité

éducative soit fortement

cloisonnée. “Chacun chez

soi et les élèves-enfants ou

élèves-jeunes seront bien instruits

et bien éduqués.”

A entendre les pourfendeurs de la

coéducation, il y a manifestement

dans l’école deux catégories de

parents, comme il existerait deux

catégories d’élèves : les bons et les

mauvais… (mais, globalement, il y

aurait, semble-t-il, surtout des

“mauvais parents”).

Tout aussi bien, en effet,

déplore-t-on leur faible présence,

voire leur démission (lorsque ceuxci

semblent absents et paraissent

avoir failli à leur tâche éducative),

que leur fâcheuse manie de vouloir

s’occuper, d’une façon générale, de

ce qui ne les regarderait pas.

Le “bon parent”, au contraire,

serait le spécialiste du bon dosage.

Entre le “trop” et le “pas assez”, il

serait capable de faire réciter les

leçons à son enfant, de signer ses

cahiers et de lui expliquer ce qu’il

n’a pas compris, de lui faire faire ses

devoirs ou ses punitions, de l’aider

à faire les recherches qui ne peuvent

être faites à l’école, au collège ou

au lycée… d’être généreux et de

payer sans rechigner pour les sorties,

les voyages, ou les activités

culturelles (voire, si possible, de

participer à leur encadrement), de

participer au conseil d’école ou

d’administration pour poser des

questions d’ordre matériel… mais,

surtout, surtout, de ne pas se soucier

de pédagogie !

Bien entendu, cet accompagnement

nécessite du temps, de la disponibilité

et des compétences.

Que le parent manque de l’un ou

de l’autre et le bon parent devient

alors démissionnaire…

Qu’il pose des questions sur telle

ou telle activité, sur tel ou tel choix

pédagogique et il est alors accusé

d’ingérence.

A côté de ces critiques contradictoires,

on brandit également,

parfois à l’encontre des familles, un

autre slogan, celui du “consumérisme”

: les parents n’auraient plus

qu’une relation “marchande” avec

l’école. Ils en “voudraient pour leur

argent”.

Et, tant pis, si on oublie que les

enseignants-parents ne sont parfois

pas exempts des comportements

que l’on reproche aux parentsparents…

Le consumérisme, c’est

souvent le péché des autres.

Les parents et l’école :

complémentarité des rôles

et respect des légitimités

En réalité, dans cette problématique

tant décriée de la coéducation,

il est, avant tout, important de respecter

les légitimités des uns et des

autres et de clarifier le rôle de chacun.

Les parents ne sont pas, dans

l’école, des partenaires au même titre

que les collectivités locales, les institutions

culturelles et les entreprises.

Ils ont un rôle indéniable

dans l’éducation de leurs enfants

dans le cadre familial, mais ils sont

également des acteurs essentiels de

l’établissement et ont, à ce titre, à

donner leur avis sur nombre de questions,

à la fois sur un plan individuel,

en tant que parents, et, sur un plan

collectif, en tant que représentants

des Fédérations de parents d’élèves.

Les parents ont droit à l’information

: sur les méthodes de travail

utilisées à l’école, sur la façon dont

sont constituées les classes, dont

sont organisées les aides aux

élèves, etc…

En tant que partenaires éducatifs,

ils ont droit d’être consultés, écoutés

lors de l’élaboration du projet

d’école et d’établissement.

10 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Des procédures de communication

permettant réellement leur

expression devraient être mises en

place dans les établissements pour

éviter ce qui n’est souvent qu’un

simulacre de débat démocratique.

Ceci n’empêche pas de réaffirmer

le rôle spécifique de l’Ecole qui,

n’étant pas une famille, peut être

porteuse d’autres valeurs et d’une

autre mission. L’Ecole de la

République est l’Ecole de la Nation.

A ce titre, elle est porteuse d’un

projet général d’éducation qui peut,

parfois, être en opposition avec

celui de telle communauté, telle ou

telle famille (il suffit, pour s’en

convaincre, de se rappeler comment

l’Ecole de la Troisième République a

construit, contre les congrégations

religieuses, contre les monarchistes

et contre l’obscurantisme

“archaïque” de certaines familles,

la République et la laïcité).

C’est dans la transparence et la

mise à plat qu’on pourra édifier un

vrai dialogue, en reconnaissant que

les intérêts ne sont pas toujours

convergents et qu’il faut, bien souvent,

trouver des compromis.

D’une façon générale, si l’on veut

éviter qu’un acteur ne s’approprie

un rôle qui n’est pas le sien, il ne

faut pas rechigner à lui donner

toute la place qui lui revient. C’est

élémentaire dans un fonctionnement

collectif.

Ce respect des légitimités des

partenaires est, depuis la création

de l’OCCE, au cœur du projet éducatif

des coopératives scolaires.

Nombre d’enseignants et de militants

de la coopération à l’école

semblent parfois l’avoir oublié.

Un petit regard historique sur les

textes fondateurs de l’OCCE et des

coopératives scolaires permet de

renforcer nos convictions actuelles.

La coopération à l’Ecole,

c’est aussi la coopération

Ecole/Famille

Bien entendu, la coopération à

l’école poursuit, avant tout, des

objectifs éducatifs et pédagogiques

construits sur le temps scolaire au

travers de projets mis en place par

les enseignants et les élèves.

Mais, dès les premiers documents

rédigés par l’OCCE, il apparaît, à

côté de cet objet éducatif, un

objectif de développement du partenariat

avec les familles.

Dans le premier règlement type

des coopératives scolaires, daté du

25 janvier 1931, apparaît, en effet,

au point 4, définissant l’objet de la

coopérative : “resserrer les liens de

solidarité entre l’école et les

familles par des œuvres de mutualité

et d’entraide”.

Quelques années plus tard, en

février 1948, le règlement de la

coopérative scolaire du premier

degré, publié au Bulletin Officiel de

l’Education nationale, précise qu’un

des objectifs est de “resserrer les

liens d’amitié entre l’Ecole et les

parents d’élèves”.

La solidarité Ecole/Famille, qui se

manifestait au travers des mutuelles

scolaires, des caisses de secours

mises en place par les enseignants

dès la fin du XIXème siècle pour

venir en aide aux enfants “miséreux”

et les éduquer à l’épargne, a

évolué, au sortir de la seconde

guerre mondiale (les caisses

mutuelles scolaires étant en perte

de vitesse), vers une plus grande

implication des élèves au sein des

coopératives et une collaboration

amicale avec les parents d’élèves.

Un an plus tard (octobre 1949),

apparaît, pour la première fois dans

le règlement des coopératives du

second degré, la notion de “participation”

des parents à la vie de

coopérative : “resserrer les liens

entre l’établissement et les familles

en associant les parents à l’action de

la coopérative sous toutes ses

formes”.

Aujourd’hui, les coopératives scolaires

sont dans nos statuts actuels

“des sociétés d’élèves gérées par eux

avec l’aide des adultes en vue d’activités

communes” mais elles participent

aux projets éducatifs “avec

les parents et les partenaires de l’environnement

culturel, éducatif et

économique”.

On peut difficilement démontrer

de façon plus explicite la volonté

permanente des militants de l’OCCE

de faire des coopératives scolaires

et, au-delà, de l’Ecole, des lieux de

partenariat et de coopération au

service de l’éducation de nos

enfants.

Mais, bien entendu, le président

National de l’OCCE ne méconnaît pas

la situation réelle des relations

Ecole/Famille.

Trop souvent, encore, des caricatures

de coopératives scolaires sont

des lieux de conflit plus que des

lieux de coopération.

Que les choses soient difficiles,

ici ou là, est une certitude.

Il est tout aussi certain que,

depuis des dizaines d’années, des

établissements, des écoles inventent

des formes riches et fructueuses

de rencontres.

Leur expérience mérite d’être

mieux connue et diffusée.

Jean-François Vincent

Président de l’OCCE

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

11


Relation école/famille

Point de vue de militants de la coopération

Dans les statuts de l’Office

Central de la Coopération

à l’école est affirmée, la

coopération avec les parents.

Mais, entre les textes et la réalité

des terrains, des écarts existent,

comme le montre Jean-François

Vincent, président de l’OCCE,

dans l’article qui précède. Quels

sont les freins à une réelle coopération

avec les parents ? Nous

avons recueilli le point de vue de

trois autres responsables de

l’OCCE : Louis Alberti (Directeur

de l’OCCE), Gérard Blanchard

(Secrétaire général adjoint) et

Marcel Clot (Trésorier national).

Mettre en place les outils et moyens nécessaires

au fonctionnement de cette coopération

Une formation efficace

des personnels

Les textes codifiant

de plus en plus les

relations entre les

citoyens, il me

semble que la tendance

générale de

l’organisation

sociale va inéluctablement

vers l’institutionnalisation

du fonctionnement

des structures. Si les raisons qui

sous-tendent cette orientation

sont des plus positives dans leur

énoncé (plus grande autonomie des

structures, obligation d’améliorer la

transparence de leur fonctionnement,

responsabilisation des différents

partenaires de l’éducation,

gestion responsable des conflits ou

des désaccords…), leur mise en

pratique ne me paraît pas être à la

hauteur de l’objectif.

En effet, cette démarche de régulation

des structures sociales se

fonde sur le dialogue, l’expression de

la diversité des points de vue, la

négociation pour décider. Or, pour

être vécue de manière juste et honnête,

elle suppose la volonté et le

développement des moyens nécessaires

à l’aboutissement du débat ; à

savoir : la capacité à acquérir la

connaissance, l’écoute, le respect de

l’autre dans sa personne et son statut,

l’adhésion à l’organisation

sociale en question. Vouloir la responsabilisation

des différents partenaires,

à la fois dans les actes de

décision et de choix mais, aussi, de

leur évaluation après réalisation, ne

peut être du domaine de l’incantation.

La responsabilisation est la réalité

de l’exercice de la démocratie au

quotidien. Aussi, nous devons nous

poser la question de la préparation,

de la formation des citoyens à cet

exercice et je dirais, plus particulièrement

pour ce qui nous concerne,

des futurs citoyens. L’attitude qui

consiste à combattre, à freiner l’implication

des parents dans la vie de

l’école est vouée à l’échec. Mais,

pour que cette participation soit une

véritable coopération, le législateur,

pour éviter la marginalisation de la

profession enseignante, doit veiller à

la mise en place des outils et moyens

nécessaires à son fonctionnement

cohérent et efficace.

Louis Alberti

A l’observation, il

me semble que la

réelle coopération

parents/enseignants

reste le

plus souvent à

l’état de vœu

pieux. Les cas

existants, relativement

rares, sont, le plus souvent, le

résultat de volontés personnelles de

relations liées à des contextes ou à

des vécus sociaux ou associatifs. On

pourrait se poser la question suivante

: “Pourquoi les enseignants,

boucs émissaires polyvalents, appréhendent-ils

la présence des parents

dans l’école ?”. Peut-être, tout simplement,

parce que cette relation

n’est pas simple du tout. Il s’agit,

en effet, d’une relation entre une

personne responsable de son enfant

et une autre qui se sent responsable

de “son” élève. Une telle affectivité

fausse la relation. Pour avoir enseigné

pendant plus de 35 ans et dirigé

une école pendant 11 ans, j’en arrive

à la conclusion qu’il en va de la

place des parents à l’école comme de

la violence à l’école ou autres priorités

largement médiatisées :

12 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


la mise en œuvre dépend des bonnes

volontés. Or, ces demandes de

coopération s’adressent à des enseignants

coupables de tout : de

l’échec scolaire, de la violence, de

l’inadéquation avec l’économie, donc

du chômage et j’en passe. Comment

imaginer que des personnes sans

cesse sur la sellette puissent se

mettre en situation d’écoute et de

partage ? D’ailleurs, puisque je parlais

de priorités, il est intéressant de

se pencher sur les formations initiales

et continues proposées aux

enseignants. Elles ne prennent que

fort peu en compte les priorités claironnées

médiatiquement.

Ainsi veut-on moderniser l’école

mais, dans le même temps, les formations

aux technologies nouvelles

sont optionnelles à l’IUFM. Engaget-on

la lutte contre la violence à

l’école et aucune formation réelle

des personnes n’est entreprise dans

ce domaine. “On en parle”… tient

lieu de formation. Il en va ainsi des

parents à l’école. Une coopération

réelle parents/enseignants demanderait

une formation efficace des

personnels. Cette formation permettrait

de fixer des règles, de définir

les compétences et les places de

chacun, de clarifier les domaines

d’intervention et les plages de décision.

Il s’agit de déplacer la relation

de l’affectif vers le partenariat

constructif. Cela demande un travail

important sur les personnes. A ce

sujet, un maillon me paraît essentiel

dans la relation familles-écoles :

la direction d’école. Si déjà, à ce

niveau, la volonté de travailler avec

les parents apparaît de manière

claire, saine et structurée, alors un

pas sera fait. En conclusion, il ne

suffit pas de dire que les enseignants

ne veulent pas, freinent…

Encore faut-il se demander pourquoi

et surtout envisager de les aider car

ils ne peuvent continuer à assumer

tous les malheurs du monde.

Gérard Blanchard

Se faire l’interprète des enfants

Améliorer les relations

parentsenseignants

n’est

pas tâche aisée,

même pour nous,

militants convaincus

de la coopération.

Pourquoi ?

Comme l’expliquent

Jean-François Vincent, Gérard

Blanchard et Louis Alberti dans les

articles précédents, les causes sont

multiples : crainte d’une trop grande

ingérence, manque de temps des

uns et des autres, insuffisance dans

la formation, freins institutionnels…

Je ne développerai donc pas

plus les raisons de ces distensions

mais souhaiterais, plutôt, ici, explorer

une voie possible d’amélioration

de ces relations en avançant

quelques réflexions sur le rôle de

l’enseignant, militant de l’OCCE, au

sein du conseil d’école.

Il faut, au préalable, garder en

tête que, dans les Conseils d’école,

le parent qui siège n’est pas le père

ou la mère de tel élève, mais bien

le représentant des parents de

l’école. Lors de ces réunions, beaucoup

de réticences, de non-dits,

d’affrontements se font jour. Le premier

rôle de l’enseignant, militant

de l’OCCE, est de permettre, dans le

respect de chacun, d’ouvrir un véritable

dialogue : de par les idées

qu’il défend au sein de l’OCCE (responsabilité,

citoyenneté, écoute de

l’autre), il se doit d’aider ses collègues

et les parents à s’écouter, à

s’entendre (au sens auditif et aussi

en termes de compréhension).

Comment ? En expliquant, et il est

le mieux placé pour le faire, que

l’école laïque que nous voulons tous

plus valorisante et plus formatrice

pour nos enfants et nos élèves, ira

dans la bonne direction si tous les

acteurs adultes de cette école gardent

bien à l’esprit que les enfants

qui nous sont confiés ont aussi des

choses à dire, des propositions à

formuler, des arguments à faire

valoir. Or, rarement, au cours de ma

longue carrière de directeur d’école,

j’ai entendu, dans un conseil

d’école, un adulte (parent ou enseignant)

se faire l’interprète d’idées

ou propositions des enfants ou des

élèves. Je crois que ce serait un

moyen (ce n’est sûrement pas le

seul) pour qu’enfin ces réunions formelles

débouchent sur un vrai débat

avec, sans doute, des résolutions

pouvant être prises en compte par

tous. Oserait-on aller plus loin en

espérant, un jour, que des déléguésélèves

participent à ces Conseils

d’Ecole (à condition, bien sûr, qu’ils

ne servent pas de faire-valoir aux

idées des adultes !) ?

En attendant une telle (r)évolution,

l’enseignant prônant les

valeurs de l’OCCE devrait pouvoir

faire le lien entre les deux entités

de la communauté scolaire que sont

les parents et les enseignants : les

adultes prendraient enfin en compte

les aspirations des enfants qui

seront les citoyens de demain.

Quelle belle et excitante perspective

pour nous, militants de l’OCCE !

Marcel Clot

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

13


“Passer du parent consommateur

au parent citoyen”

Pour Philippe Meirieu,

directeur de l’IUFM de

Lyon, l’alliance entre

des parents citoyens et des

enseignants militants pédagogiques

est probablement

une des alliances essentielles

pour faire avancer l’école

aujourd’hui. Explication.

“La coéducation est un fait,

avant d’être un projet. Les enfants

sont, de fait, coéduqués par les

parents, par l’école et par un certain

nombre de réalités sociales autour

de nous, en particulier la télévision.

A cet égard, on peut prendre acte

de l’existence de la coéducation et

se dire qu’il vaut mieux que celle-ci

s’effectue de façon concertée plutôt

que de laisser chacun tirer de son

côté et d’autoriser une version de

l’école qui serait une reconstitution

du jugement de Salomon ou du

cercle caucasien de Brecht : mettre

un enfant au centre d’un cercle et

demander aux deux personnes qui le

revendiquent de prendre chacune un

bras et de tirer le plus fort possible.

A ce moment-là, bien sûr, c’est l’enfant

qui en fait les frais.

Alors, la coéducation est un fait

qu’il faut penser et réfléchir de

façon à ce qu’il soit cohérent. Mais

pourquoi est-ce si difficile ?

D’abord, parce que l’histoire du

système éducatif et du système scolaire

français est une histoire tourmentée,

l’histoire des relations

parents-école est tourmentée. Nous

savons, si l’on se réfère aux travaux

de Philippe Ariès, en particulier, que

"Si, dès sa création,

l'école s'est

émancipée des

pouvoirs des

parents, elle s'est,

en même temps,

construite dans

une alliance forte

avec la famille, en

particulier sur la

question de

l'autorité."

l’école a été créée par les parents,

pour les parents, comme relais pour

exercer le pouvoir sur leurs propres

enfants et donner, à ceux-ci, la culture

et les espérances professionnelles

qu’eux-mêmes ne pouvaient

leur donner. Nous savons, aussi,

que, pratiquement dès sa création,

l’école s’est émancipée du pouvoir

des parents. Au moment de l’Ecole

Républicaine de Jules Ferry, tout un

courant, au sein de cette école

laïque, affirmait que les parents

étaient ce à quoi il fallait arracher

les enfants : puisque les parents,

c’étaient le patois, la superstition,

l’inégalité des privilèges et l’affectivité,

alors que l’école, c’étaient le

français, la religion, l’égalité de

tous devant les diplômes et la rationalité.

Nous disposons de très nombreux

témoignages, tout au long du

XIXè siècle, qui montrent qu’il y

avait, chez les enseignants en particulier,

cette conviction, très bien

exprimée par le philosophe Alain,

comme quoi l’école était faite pour

arracher les enfants au pouvoir trop

affectif de la famille et pour

confronter l’enfant à ce que la

famille ne lui permet pas de découvrir,

c’est-à-dire la rationalité et

l’universalité.

En même temps que l’école s’est

construite contre la famille, elle

s’est construite dans une alliance

forte avec la famille sur la question

de l’autorité, en particulier. Les

parents et les enseignants cherchaient

les uns et les autres, en

quelque sorte, à accaparer l’élève

avec un pouvoir très important pour

l’école mais ils exerçaient une autorité

forte et renforçaient l’autorité

réciproque des uns et des autres.

Pour schématiser, nous pouvons dire

qu’il y avait une autorité politique

entre la famille et l’école mais, au

niveau de l’enfant, aucune des deux

14 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


ne mettait en cause l’autorité de

l’autre. Jules Ferry, lui-même, disait

aux enseignants : “Vous ne devez

jamais attaquer l’autorité du père de

famille”. Et les pères de famille n’attaquaient

jamais l’autorité de l’école

et renforçaient même les décisions,

les sanctions de l’école en les redoublant.

Depuis les années 1960, nous

assistons à un phénomène nouveau

: les familles ne sont plus dans

cette position d’alliés objectifs. Les

familles sont dans une position qui

consiste à chercher à comprendre ce

qui se passe à l’école et à vouloir

voir clair dans la réalité de ce que

vivent leurs enfants. Pour employer

une métaphore très simple, nous

pouvons dire que, globalement,

jusque dans les années 1960, la

plupart des familles mettaient les

enfants à l’école à peu près comme

nous entrons dans un avion, c’està-dire

sans aucune velléité d’aller

expliquer au pilote comment il doit

décoller, atterrir et faire marcher la

machine parce que nous faisons

toute confiance au pilote.

Aujourd’hui, les familles envoient

leurs enfants à l’école comme elles

choisissent leur matériel Hi-fi ou

leur habitation, c’est-à-dire en

essayant de trouver les conditions

satisfaisant au mieux leurs exigences

propres et le plus près possible

de la représentation qu’elles

ont de l’intérêt de leurs enfants.

C’est une nouvelle donne assez

forte, nouvelle donne que les enseignants

eux-mêmes ont anticipée

dès lors qu’il s’agissait de leurs

propres enfants.

J’ai fait, moi-même, une petite

recherche sur le comportement des

familles à partir du dépouillement

des archives du département de

l’Ain : on s’aperçoit que, pendant

tout le XIXème siècle et la première

moitié du XXème, on n’a pas de

Photo : G. Gaudou

trace de protestations des familles,

voire de demandes d’interventions

des familles sur l’école, en dehors de

questions purement et strictement

matérielles comme : le chauffage, le

transport scolaire et, de temps en

temps, mais très rarement, on note

des protestations contre des violences

physiques subies par des

enfants.

La première incursion forte des

familles dans le domaine de la pédagogie

correspond à une fantasmatique

collective qui s’est développée,

en France, dans les années

1960. Cette fantasmatique reposait

sur ce qui est perçu comme l’arrivée

massive de la méthode globale d’apprentissage

de la lecture. Les premiers

courriers portant sur la pédagogie,

adressés aux Inspections

académiques et aux Inspecteurs

départementaux de l’Education

nationale, traitent de cette inquiétude

des parents de voir arriver la

méthode globale et d’imaginer que

l’orthographe va s’effondrer, etc.

Philippe Meirieu, lors de son intervention en

2002, au congrès d'Arras de l'OCCE.

Cela correspond à une fantasmatique

car, même au moment où la

méthode globale a été le plus utilisée,

toutes les statistiques montrent

que cela n’a jamais touché

plus de 15 % des écoles et des

classes et, encore, c’était une

méthode globale très largement

combinée avec une méthode analytico-synthétique.

Ce n’était pas une

méthode globale totale telle que la

prônait Decroly. Néanmoins, il y a

eu, à cette occasion-là, une espèce

de prise de conscience des parents

que l’Etat ne contrôlait pas complètement

la qualité de l’enseignement,

qu’il pouvait laisser se développer

des initiatives pédagogiques

dont leurs enfants pourraient être

victimes et que, dans ces conditions-là,

eux, en tant que parents,

pouvaient exercer un droit de regard

sur ce qui se passe dans la classe.

Depuis les années 1960, cette attitude

des familles ne cesse de se

développer, les interventions des

parents sur la pédagogie, le choix

des enseignants, l’organisation des

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

15


classes, les méthodes à utiliser, les

ouvrages, etc. sont de plus en plus

nombreuses et fréquentes. Et ces

interventions ne sont pas le fait de

la seule bourgeoisie, traditionnellement

proche des enseignants, mais

émanent, également, de parents de

milieux très modestes, y compris de

milieux où l’influence de l’Islam est

importante. Pour ma part, j’étais

dans une école du 8ème arrondissement

de Lyon, il y a quelques

semaines. Dans cette école, il y a un

mouvement extrêmement fort des

familles, mené par un groupe d’obédience

musulmane assez intégriste,

contre l’usage, par les instituteurs,

d’ouvrages de littérature qu’ils

considèrent incompatibles avec

leurs convictions religieuses. Donc,

“l’interventionnisme” des parents

est quelque chose de très largement

répandu et ne se limite pas à l’action

au profit de fils de grands bourgeois,

de chefs d’établissement ou

d’enseignants dont on demande

qu’ils soient placés dans une bonne

classe avec les meilleurs professeurs.

C’est une attitude sociale plus

globale.

A partir de cela, quel est l’enjeu

pour pouvoir avancer ?

Je ne pense pas qu’il soit possible,

aujourd’hui, de revenir à cette

espèce de confiance aveugle des

familles en l’Ecole. Je pense,

d’ailleurs, que ce ne serait pas une

bonne chose car cette confiance

aveugle qui faisait que le pouvoir du

maître d’école était reconnu comme

un pouvoir quasi mythique n’est pas

le signe d’une citoyenneté lucide. En

revanche, il faut avancer vers tout ce

qui permettrait aux familles de passer

de l’expression de ce que l’on

pourrait appeler leur strict intérêt

individuel ou la représentation qu’ils

en ont à une construction de l’intérêt

collectif. Autrement dit, l’enjeu

de ces prochaines années et ce que

nous devons faire avec les

Fédérations de parents d’élèves, c’est

de passer du “parent consommateur”

au “parent citoyen”. C’est-à-dire d’un

parent, gardien sourcilleux des intérêts

de sa propre progéniture, à un

parent qui regarde, comprend les

enjeux de l’Ecole et qui sait que l’intérêt

collectif n’est pas la simple juxtaposition

des intérêts individuels. A

mes yeux, les deux grandes

Fédérations de parents d’élèves, la

”l’enjeu de ces

prochaines années

et ce que nous

devons faire avec

les Fédérations de

parents d’élèves,

c’est de passer

du “parent

consommateur” au

“parent citoyen””.

FCPE et la PEEP, ont fait ce chemin.

Même si, aujourd’hui, elles rendent

des services individuels aux parents

à travers, par exemple, l’organisation

de bourses des livres, elles ont beaucoup

évolué et ont une vision globale

du parent citoyen dans le système

éducatif. Elles ne sont pas sur

des positions strictement consuméristes.

Ce qui, paradoxalement, les a

un peu affaiblies puisque le fait

qu’elles ne soient pas dans la défense

des intérêts immédiats des parents a

permis à toute une série d’associations

de parents d’élèves autonomes

déconnectées des grandes

Fédérations de se constituer sur des

bases purement défensives. Il y a

donc, là, un véritable enjeu : ou bien

le gouvernement, le Ministère, les

chefs d’établissement, les directeurs

d’école acceptent d’impliquer les

grandes Fédérations de parents

d’élèves, de travailler avec elles sur

des objectifs concrets, de réfléchir

avec elles sur des problèmes aussi

fondamentaux que la communication

des résultats et des notes, l’utilisation

de la télévision par les enfants,

le rythme de vie, le sommeil, la complémentarité

entre les activités de

loisir et les activités scolaires ; d’associer

les parents comme des

citoyens pour véritablement réaliser

cette coéducation, ou bien on laissera

se développer, chez les parents,

l’attitude très individualiste et très

consumériste qui va, d’ailleurs, par

réactivité, agacer les enseignants et

ceux-ci se replieront dans une attitude

anti-parents. Ou bien on laisse

se développer l’hostilité entre les

parents, d’un côté, et les professeurs,

de l’autre, ou bien on se donne des

objets de travail qui permettent à

chacun d’être reconnu comme partenaire

par les uns et par les autres et

de travailler, avec les autres, à l’amélioration

du système éducatif. Là,

pour moi, est l’enjeu vrai. Si l’on

n’associe pas les parents, comme de

vrais partenaires et de vrais citoyens,

à toute une série de réflexions sur le

règlement, la gestion de la vie de

l’école et de la classe, les évaluations,

les sanctions, la complémentarité

du scolaire et du périscolaire,

etc., si l’on ne les associe pas dans

une réflexion construite et pas simplement

en les informant à travers

des réunions très rares, si on les

laisse à la marge, à la périphérie, à

ce moment-là, on crée, chez eux, un

réflexe individualiste que l’on pourra

toujours, ensuite, leur reprocher. Ma

réflexion, c’est qu’il y a, là, un véritable

enjeu et que l’alliance entre des

16 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


parents citoyens et les enseignants

militants pédagogiques est probablement

une des alliances essentielles

pour faire avancer l’Ecole aujourd’hui.

Cette alliance permettra de

s’écarter d’une vision corporatiste de

l’enseignement chez les enseignants

et d’une vision consumériste de l’enseignement

chez les parents. Sortir

à la fois du corporatisme et du

consumérisme n’est possible que si

parents et enseignants se donnent

des objets de travail communs et

participent et construisent cette

coéducation autrement que comme

une juxtaposition.

Alors, bien sûr, il faut que les

parents et les enseignants respectent

les zones de compétences. A

cet égard, les enseignants sont parfois

paradoxaux car ils reprochent

aux parents d’intervenir trop dans la

pédagogie mais font crouler les

enfants sous les devoirs du soir et

transforment, ainsi, ces mêmes

parents, en instituteurs, après

16 heures 30.

Il faut que chacun fasse son vrai

travail : pour les enseignants, l’apprentissage

et le suivi individualisé

des élèves et, pour les parents, l'éducation

et l’accompagnement familial…

Si l’on veut que ces deux tâches

ne soient pas comme deux rails qui ne

se rejoignent jamais, sauf à l’infini, et

de manière illusoire, il faut qu’à un

certain moment les deux instances se

rencontrent. Mais pas seulement pour

s’informer. Les réunions d’information,

dans l’Education nationale, ont

un aspect dérisoire et parfois profondément

triste quand on voit certaines

réunions de parents, on a même honte

pour l’Education nationale : un vieux

bout de papier scotché sur une porte,

avec une salle où l’on n’a même pas

pris la peine de mettre des chaises,

les gens sont débout. Cette manière

d’informer les parents de façon

A lire :

L’ Ecole et les parents, la grande explication

Philippe Meirieu, Daniel Hameline

Plon, Paris 2000, 260 p.

condescendante est extrêmement

désagréable, on a un vrai travail de

professionnalisme à faire là-dessus.

Ceci dit, quand on aura fait cela, on

n’aura pas fini car il faut aller bien

au-delà de la simple réunion d’information,

il faut aller vers la collaboration,

se donner des objets communs.

Le règlement est un objet commun,

les carnets de liaison sont un objet

commun, l’usage de la télévision, la

lecture, car les parents ont un rôle

important dans le guidage de la lecture.

Ce sont des objets pour lesquels

il ne faut pas seulement des réunions

d’information mais des réunions de

travail entre les partenaires et il faut

que ce travail se fasse de façon à ce

que les partenaires construisent

quelque chose ensemble. C’est cela, la

coéducation : c’est la construction en

commun sur des objets que parents et

enseignants se donnent et qui les

concernent les uns et les autres. Bien

évidemment, il n’est pas question que

les enseignants aillent légiférer sur la

vie des familles, de la même façon

qu’il n’est pas question que les

parents aillent légiférer sur la façon

d’organiser l’apprentissage de la lecture

; ça, ce sont des choses qui relèvent

des compétences de chacun

Dans la cacophonie des débats sur l’école, quelques

pistes sur des questions que se posent les parents, de la

réforme de l’orthographe à la violence, de l’importance

des notes à l’apprentissage par coeur, leur proposant les

moyens de refondre un pacte éducatif. L’école et les

élèves ne pourront progresser que si la communication

et le travail en commun entre parents et enseignants

sont rétablis. Philippe Meirieu, entouré de spécialistes

de l’éducation , professionnels et chercheurs, dresse ici

un état des lieux.

mais, à côté de ces choses qui relèvent

des compétences de chacun, il y

a des objets sur lesquels les gens peuvent

se retrouver, se réunir et se rencontrer.

Je pense que cela n’est pas

fait actuellement ou simplement fait

de manière pointilliste, trop insignifiante,

pas assez approfondie.

Bien sûr, travailler avec les

parents ou, plus largement, avec des

partenaires, cela s’apprend et cela

doit s’apprendre dans le cadre de la

formation initiale. Le problème est

que nous avons une deuxième année

de formation en IUFM où il y a énormément

de choses à apprendre.

Alors, c’est vrai, cela devrait s’apprendre

plus, pour le premier et le

second degrés. Pour le second

degré, par exemple, nous savons

que les professeurs issus de l’IUFM

seront quasiment tous professeurs

principaux quand ils entreront dans

la carrière. Mais on ne leur apprend

pas à animer une réunion de parents

alors qu’ils vont devoir en animer,

etc. Il y a, donc, un vrai travail à

réaliser sur ce terrain. Nous avons,

là, un beau chantier devant nous.”

Propos recueillis par

Marie-France Rachédi

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

17


La coéducation comme base fondamentale

de la relation Ecole/Famille

Comment les représentants

des parents

d’élèves analysent-ils

la place et le rôle des parents

dans le système éducatif,

aujourd’hui ? Emploi du temps

serré oblige, il a été impossible

de réunir, autour d’une table,

les principales organisations

représentant les Parents

d’élèves. Aussi, nous avons

posé, à Georges Dupon-

Lahitte, et Christian Janet (respectivement

Présidents de la

FCPE et de la PEEP), les mêmes

questions afin de mettre en

évidence leurs points d’accord

ou de désaccord.

Animation & Education : Quels

sont, aujourd’hui, la place et le

rôle des parents dans les établissements

scolaires ? Et, selon

vous, que devraient-ils être ?

Georges Dupon-Lahitte : La

place des parents est, d’abord, régie

par un certain nombre de Lois,

décrets et règlements, donc, par un

cadre légal fixant l’obligation de

mise en place de réunions, de rencontres,

d’élections des représentants

aux conseils d’école, aux

conseils d’administration, etc. Il

existe, donc, tout un dispositif tout

à fait favorable à une participation

des parents.

A côté de ce cadre légal, il y a la

réalité du fonctionnement et, là,

malheureusement, les situations

sont variables. Nous vivons des

situations qui, tant par la lettre que

par l’esprit, favorisent une dynamique

d’échanges et de partenariat

et, d’autres, où il y a rejet des

parents, remise en cause, voire nonapplication

pure et simple des

textes. Donc, nous sommes bien

dans une situation de type grand

écart : d’un côté, le droit reconnu,

de l’autre, l’application et une application

non garantie par ceux-là

mêmes qui devraient faire en sorte

que la Loi soit respectée : la hiérarchie

de l’éducation nationale.

Ce que devraient être les relations

parents-enseignants dépasse la

simple application de textes : c’est

un état d’esprit. Nous devrions être

dans une démarche qui, chacun dans

sa responsabilité, chacun respecté

dans son rôle d’enseignant ou de

parent, chacun reconnu dans la compétence

qui est la sienne, vise un

intérêt commun qui est celui de l’enfant,

celui de la réussite de l’élève.

Et, pour cet enfant qu’est l’élève,

réussir, c’est réussir sa vie et pas

simplement passer d’une classe à une

autre, acquérir des diplômes. C’est

faire en sorte que l’adulte accompagne

son évolution dans le système

éducatif d’un développement personnel

qui en fasse un véritable citoyen,

un être épanoui. L’Ecole n’est qu’un

des aspects, évidemment, de la

construction de cet être équilibré,

mais un aspect central qui ne peut

réussir que par une volontaire collaboration

et un respect mutuel.

Christian Janet : En fait, il faut

distinguer ce qui est des relations

individuelles entre les parents et les

acteurs de l’éducation de ce qui est

du domaine de la relation institutionnelle

entre l’Ecole et les

Associations fédérées éventuellement

en Fédérations nationales,

comme la nôtre, qui peuvent intervenir

au sein de l’Ecole. En ce qui

concerne les premiers types de relation,

elles sont, en général, sans difficulté.

Il peut y avoir quelques difficultés,

ici où là, mais elles

concernent quelques cas sur des millions

de personnes qui sont en jeu.

Là où cela se passe moins bien,

c’est dans le deuxième type de relation

: la représentation institutionnelle.

C’est un lieu commun de le

dire mais, autant les enseignants

sont heureux d’avoir des parents qui

viennent encadrer des sorties scolaires,

organiser des kermesses,

autant voir des parents empiéter sur

des domaines que l’on considère

comme des chasses gardées, cela

devient plus problématique. D’une

école à l’autre, nous n’avons pas une

relation identique, mais nous pouvons

constater que la relation institutionnelle

n’est pas partout acceptée

car les enseignants peuvent

avoir l’impression que les parents

viennent déranger des habitudes,

des pratiques et se mêlent de choses

qui sont strictement de leur ressort.

Or, ce n’est pas du tout, en ce qui

concerne la PEEP, notre position.

Nous n’avons pas vocation ni la prétention

de dire aux enseignants ce

qu’ils doivent faire et quelles

18 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


méthodes ils doivent utiliser. Par

contre, nous avons la revendication

légitime de pouvoir réfléchir avec

eux, dans le primaire comme dans le

secondaire, sur les objectifs qui doivent

être fixés, réfléchir sur la mise

en œuvre de ces objectifs à travers

les projets d’école ou les projets

d’établissement, de manière à ce

que tous les enfants puissent bénéficier,

au mieux, de tel environnement,

de telles possibilités qui existent

sur le plan local, etc. Nous

distinguons bien deux domaines :

tout ce qui est de l’application des

méthodes est du domaine des enseignants,

mais tout ce qui est des

objectifs (il faut faire de l’anglais,

ou pas, il faut faire de l’informatique,

ou pas…), c’est du ressort,

aussi, des parents. C’est du ressort

des parents, du ministère et, plus

généralement, de la Nation de définir

ce qui est important pour les

enfants car, s’ils n’ont pas acquis un

certain nombre de compétences, il

est clair que cela leur portera préjudice

pour leur future insertion

professionnelle et sociale.

A&E : Quels sont les freins institutionnels,

matériels ou

humains à une plus grande participation

des parents ?

G.D-L. : Ils sont à la fois nombreux

et immatériels. Ils sont nombreux

dans la mesure où, si l’on se

contente de faire fonctionner, de

façon tout à fait formelle, les systèmes,

on peut arriver à les rendre

inopérants. Je ne parle pas des cas

où l’on ne respecte pas les horaires

éliminant, ainsi, la présence des

parents (conseils de classe fixés à

14h30, par exemple). On peut arriver

à un fonctionnement formel qui

dégoûte les parents de s’investir.

C’est le cas de conseils d’école où

on nous annonce : “Nous avons

deux heures et pas plus” ; “Non,

nous n’aborderons pas cette question

qui n’est pas à l’ordre du jour”,

etc. Au bout d’un moment, les

parents sont dégoûtés, surtout si,

dans ces conseils, leur place est

limitée à l’apport d’un soutien à

l’équipe enseignante et leur parole

non reconnue.

Après, il y a des cas où la place

des parents est souhaitée et reconnue,

mais certains parents ne la prennent

pas. Là, il ne suffit pas de

constater qu’ils ne viennent pas. Il

faut se demander : “Pourquoi ?” et

s’interroger sur les aspects matériels,

psychologiques et autres qui font que

certains parents ne viennent pas. Ce

n’est pas simplement dire : “Ils sont

démissionnaires”, car c’est une

contrevérité. C’est, plutôt, se dire

que, s’ils ne viennent pas, c’est qu’il

y a de multiples raisons, à commencer

par la plus importante, le fait que

l’Ecole est une institution et, comme

telle, elle fait peur. Et elle n’apparaît

pas comme ouverte et accueillante

aux parents qui ne se sentent pas

armés pour affronter cette Ecole. Le

problème de l’Ecole, et nous le

constatons bien en tant que

Fédération de parents d’élèves, c’est

que c’est une affaire d’initiés. Toute

la bataille que nous menons, en tant

que Fédération, c’est justement d’initier

le plus grand nombre, non pas

pour que ce grand nombre torde le

cou à l’égalité ou aux valeurs mais,

au contraire, puisse participer en

comprenant comment l’Ecole fonctionne

pour pouvoir servir l’intérêt

collectif.

Nous partons, en tant que

Fédération, de l’idée qu’il y a une

démarche naturelle qui est celle du

parent par rapport à son enfant et son

exigence est la preuve qu’il se soucie

de l’avenir. Et, face à cette démarche,

il y a inégalité. Il y a le parent initié

qui se sent à l’aise dans le système

éducatif et le parent, également très

soucieux de son enfant, mais complètement

désarmé. Sur cette exigence

légitime : “Mon enfant est à l’école,

je veux pouvoir le suivre, l’aider, l’interroger”,

il y a la base de la construction

collective qui est : “Il y a mon

enfant et l’ensemble”. La Fédération

est là pour permettre à cette

démarche spontanée naturelle de

trouver une traduction collective. Et

le souci d’une Fédération doit être de

s’intéresser particulièrement aux

parents qui sont les plus désarmés. Et

c’est, là, que le système pèche. C’est

là qu’il y a un gros travail à entreprendre.

D’autant que la culture du

collectif est fortement dévaluée dans

notre société. La coopération en

termes d’éducation est une base fondamentale

pour nous et nous nous

retrouvons dans les actions que mène

l’OCCE pour le développement de la

coopération dans l’éducatif.

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

19


C.J. : J’ai déjà

souligné l’aspect

humain et la

“crainte de l’enseignant”,

la peur

légitime que les

parents viennent

sur des domaines

réservés et remettent

en cause des

pratiques. Il y a un

autre aspect

humain. Nous avions réalisé des

enquêtes, dans le cadre de notre

observatoire des parents, qui ont

montré que, malheureusement,

dans les milieux qui en ont le plus

besoin, les parents qui n’ont pas

atteint des niveaux d’études

importants ou qui n’ont pas eu de

rapport satisfaisant avec l’Ecole

considèrent cette Ecole avec beaucoup

d’inquiétude, d’anxiété et ne

passent pas facilement sa porte.

Cela peut gêner aussi bien la relation

individuelle que la relation

institutionnelle : on n’ose pas s’investir

dans des Associations de

parents d’élèves car on a peur des

réactions des enseignants et des

représailles sur l’enfant.

Il y a, également, un frein

important sur le plan matériel,

plus dans le secondaire que dans

le primaire : l’aspect “disponibilité”.

Les moments de rencontre

possibles entre les enseignants et

les parents posent toujours problème.

Depuis de nombreuses

années, nous réclamons que les

conseils de classe soient repoussés

le plus tard possible dans la

journée, mais nous sommes

conscients que nous nous heurtons

aux propres contraintes des

enseignants : si le premier conseil

de classe est fixé à 18 heures et

qu’il y en a deux dans la soirée,

cela fait terminer à des heures très

tardives.

A&E : Comment expliquer la

rupture maternelle/primaire et

primaire/collège dans le domaine

de la participation des parents ?

G.D-L. : Je pense qu’il faut y voir

deux éléments : d’abord, par rapport

au fonctionnement de l’Ecole et,

ensuite, à la façon dont la parole est

accueillie. Je ne connais pas

d’exemple d’école maternelle qui

n’ait pas prévu que le parent amène

son enfant jusque dans la classe. Le

parent est en contact physique avec

le lieu où son enfant va passer la

journée et avec le personnel enseignant

ou l’Atsem qui vont s’occuper

de son enfant. Le parent connaît, se

sent à l’aise, a confiance, se sent

respecté et, assez naturellement, se

crée l’échange autour de l’enfant.

A l’école primaire se situe un premier

changement : l’école devient

un lieu de savoir et, partant de là,

il y a ceux qui transmettent le

savoir. Il commence déjà à se vivre

ce qui est l’héritage de l’Ecole de

Jules Ferry : il y a le savoir, les

détenteurs du savoir et le reste de

la société. A partir de là, nous avons

aussi un mode de fonctionnement

matériel qui consiste à vouloir séparer

l’enfant de l’emprise trop importante

et affective du parent. La

conséquence est que ces échanges

informels, tellement utiles, disparaissent.

Or, ces échanges informels

de quelques minutes, pas besoin d’y

passer des heures, permettent aux

parents de se sentir accueillis, de

comprendre ce que l’enfant va faire.

Car, contrairement à ce que j’entends

parfois de la part du corps

enseignant, le parent n’est pas là

pour accompagner son enfant, mais

pour l’éduquer. Et, pour remplir son

rôle d’éducateur, il a besoin de comprendre,

de savoir ce que fait son

enfant pour mieux échanger et éviter,

ainsi, la remise en cause des

compétences des enseignants.

Néanmoins, l’école primaire

essaie de maintenir le lien avec les

familles, certes souvent sous la

forme d’une instrumentalisation des

parents (organisation de fêtes,

parents accompagnant les sorties….)

mais, quand même, maintient

de l’échange et du contact.

C’est au collège que l’on assiste à

la première rupture importante. Au

collège, nous arrivons dans le

temple du savoir. Nous sommes dans

le second degré. Qui sont donc ces

ignares et ces barbares qui prétendent

avoir une place à l’Ecole ?

Quand les acteurs éducatifs organisent

une réunion pour présenter,

soi-disant, leur travail, quand ils

demandent à rencontrer les parents,

cela aboutit presque toujours à une

culpabilisation des parents selon le

précepte habituel : si l’enfant réussit,

c’est grâce à l’Ecole, s’il échoue,

c’est à cause de la famille. Ces propos

sont volontairement caricaturaux

car ce n’est pas le cas partout,

mais c’est quand même le sentiment

qui domine. Pourtant, c’est sans nul

doute ce fichu collège qui est l’élément

essentiel et central du rapprochement

entre la famille et l’Ecole.

C’est là que l’adolescence commence

et qu’il est le plus fondamental

d’adopter un discours commun et

cohérent Ecole/Famille face au

jeune adolescent en mutation.

Au lycée, je dirais que c’est peutêtre

là que le dialogue se fait plus

aisé, avec un bémol dans l’enseignement

professionnel où, du fait

de l’éloignement géographique des

élèves, de la mauvaise réputation

de ses filières, nous sommes, de

nouveau, devant des problèmes de

difficulté, voire d’absence de relation

Famille/Ecole et, d’ailleurs, de

violence.

20 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


C.J. : L’aspect émotionnel est une

première explication : plus l’enfant

est petit, plus la relation affective

est importante et on peut remarquer

que la participation des parents est

beaucoup plus importante dans le

primaire que dans le secondaire.

Dans le secondaire, il y a le frein

matériel dont je parlais précédemment

auquel vient s’ajouter, de mon

point de vue, la déception accumulée

au fur et à mesure de l’investissement

du parent, déception quant

à l’efficacité de cet engagement car,

malheureusement, on constate que

malgré tous les efforts que l’on fait,

l’Ecole n’évolue pas aussi vite que

l’on souhaiterait (d’où les fuites

vers le privé où des établissements

mieux positionnés) et on renonce à

s’engager dans l’école de son

enfant.

A&E : Quelles évolutions souhaiteriez-vous

dans le domaine de

la participation des parents et

comment sont-elles réalisables ?

G.D-L. :

Nous souhaitons,

en premier

lieu, la

reconnaissance

de la coéducation

comme

base fondamentale

des

relations entre

l’Ecole et la

Famille. Quand nous parlons de la

coéducation, nous ne parlons pas

uniquement de la relation

parents/enseignants, nous parlons

des relations de l’ensemble de la

communauté éducative. Nous ne

pouvons pas être dans une simple

vision de l’école reliée au savoir,

l’école est un lieu de vie. Il faut

faire vivre cette coéducation dans la

volonté d’un rapport apaisé, respectueux,

en nous appuyant sur l’existant,

en nous souciant de tous, en

sortant des schémas tout faits :

“Tous les enseignants sont des fainéants,

tous les parents sont des

démissionnaires”. Alors, cela passe

par un double mouvement :

- former les enseignants, préparer

les enseignants et l’ensemble du

personnel de l’Education nationale à

cette bête bizarre, curieuse, dangereuse,

qu’est le parent ;

- permettre aux parents de jouer

leur rôle en valorisant cet élément

fondamental et essentiel qu’est le

collectif, permettre que les parents

deviennent tous des initiés et, ainsi,

se sentent plus à l’aise pour échanger,

comprendre l’évolution de

l’Ecole, la démarche des enseignants

dans le cadre de cette évolution…

Si, comme nous le voyons trop souvent,

une Fédération de parents

d’élèves est désignée comme l’ennemi

qu’il faut tuer coûte que coûte

dès l’école primaire, car elle pose des

questions, etc., on ne se met peutêtre

plus en danger mais on perd un

interlocuteur essentiel composé de

personnes formées qui connaissent

bien les limites du rôle et de la place

de chacun et peuvent permettre

d’éviter les débordements. Tant que

l’on n’expliquera pas le fonctionnement

du système aux parents, tant

qu’on ne pratiquera pas une réelle

participation des parents à travers

des réunions, des lieux d’échanges et

de rencontres, il ne faudra pas

s’étonner de voir émerger ce que certains

appellent “le consumérisme

scolaire”. Le parent devient consommateur

d’école parce que les pratiques

scolaires le poussent dans le

sens de la stricte consommation.

C.J. : Pour nous, la relation

parents/école est très importante

parce qu’elle permet, à la fois, de

mettre en œuvre des projets utiles

pour les élèves et dans lesquels les

enseignants se retrouvent et, également,

face à des phénomènes qui se

développent, comme la violence ou

la drogue, d’avoir des discussions

entre parents et enseignants qui

favorisent la mise en place d’un discours

commun face aux enfants et

aux jeunes.

En termes d’amélioration, nous

comptons beaucoup sur l’évolution

actuelle de la pyramide des âges des

enseignants et le renouvellement. 40

% des enseignants vont partir et

nous espérons que les jeunes générations

d’enseignants auront une

autre approche de la relation

Ecole/Famille, qu’ils seront plus

ouverts, moins imprégnés des formes

de pensée que l’on a connues il y a

30 ou 40 ans. Certains enseignants

qui ont, avant 1976, lutté contre la

participation des parents sont toujours

en activité et peut-être qu’avec

la disparition de ces dinosaures les

parents vont, avec les jeunes enseignants,

pouvoir fonder des relations

sur le respect minimum. Il ne s’agit

pas de prôner la guerre contre les

enseignants mais le dialogue.

Alors, nous comptons beaucoup

sur les jeunes enseignants mais des

jeunes enseignants qui ont été formés

à cette relation. Donc, nous

attendons beaucoup des IUFM et des

modules de formation mis en place,

il y a trois ans, dans l’IUFM de Créteil,

et, depuis, de façon plus ou moins

développée, dans 22 IUFM. Car, audelà

de l’acquisition de savoirs qui

est indispensable, le mode de transmission

de ces savoirs, y compris

dans son aspect “relations avec les

élèves et avec les parents”, est tout

aussi important et nous serions particulièrement

désolés si, avec la

réforme des IUFM, ces modules

étaient passés par pertes et profits.

Interview réalisée par

Marie-France Rachédi

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

21


Casser le délit d’initié,

c’est jouer la transparence

Pour Jean-Louis Auduc,

Directeur Adjoint de

l’IUFM de Créteil,

Coordinateur de l’Université

d’été : «Les relations parentsécole

: un enjeu pour la réussite

scolaire des jeunes»,

organisée par l’IUFM de

Créteil et la Direction de

l’Enseignement scolaire

(DESCO) en juillet 2001,

l’Ecole doit être plus transparente

et créer des espaces

«réservés» pour les parents.

Pourquoi ? Comment ?

Explications.

“Il devient urgent que l’Ecole soit

plus transparente par rapport aux

familles car, aujourd’hui, l’Ecole s’est

complexifiée par rapport à ses contenus,

à son organisation, voire dans

ses finalités. Face à cette complexité

croissante, nous assistons à une rupture

entre les familles, c’est-à-dire

entre celles qui vont posséder l’information

(de plus en plus développée

avec des journaux et des sites spécialisés)

et celles qui vont ignorer

l’Ecole, notamment dans les milieux

défavorisés. Ceci est d’autant plus

important que les maillons faibles de

l’Ecole ne sont pas les mêmes qu’il y

a vingt ou vingt-cinq ans. Autrement

dit, le vécu d’un parent dans l’Ecole

d’il y a 25 ans ne lui permet pas de

comprendre l’Ecole d’aujourd’hui. Je

n’en prendrai qu’un exemple : une

mère de famille, aujourd’hui, quelle

que soit sa situation sociale, est

mère, c’est l’INSEE qui nous le dit,

aux environs de 28 ans. Donc, quand

son enfant entre en 6 ème , elle a

40 ans. Cela signifie donc qu’elle est

entrée en 6ème il y a 28 ans, à une

époque où il n’y avait pas de collège

unique, à une époque où il y avait

une éjection massive en fin de 5 ème .

Les parents non informés peuvent

penser que, si leurs enfants passent

ce qui était l’obstacle, à leur époque

-époque où ils peuvent avoir eu un

fort contentieux avec l’école- ils n'ont

plus à s'investir. Or, aujourd’hui, la

classe de 4 ème est encore au cœur du

collège, ce qui fait qu’il est fondamental

que l’Ecole s’ouvre aux

parents et, tout particulièrement, aux

parents de milieux défavorisés parce

que notre système scolaire s’est, en

une génération, profondément modifié.

Toutes les études montrent,

d’ailleurs, qu’il y a beaucoup moins

de parents de milieux défavorisés

investis en 4 ème qu’en 5 ème .

Nous pourrions aussi évoquer

l’ignorance du sens de l’école pour

des parents qui n’ont jamais connu

l’école.

Il faut que les parents puissent être

les acteurs du fonctionnement de

l’Ecole et du collège. Il faut qu’ils

aient des espaces, des lieux où ils

puissent débattre, discuter avec les

enseignants des grandes questions

qui peuvent leur être communes. Cela

veut dire, notamment, que, sur la

connaissance de l’Ecole, doit être

mené un travail commun de présentation

aux parents de ce qu’est l’Ecole.

Et, une présentation de ce qu’est

l’Ecole, aujourd’hui, ce n’est pas simplement

présenter la classe dans

laquelle se trouve l’élève, son niveau,

mais tous les cycles du collège. Car, si

on se contente de présenter la classe,

on fragilise les parents qui ne savent

pas ce qui se passe après, notamment

en termes d’orientation et de choix

des langues, etc.

Samedis des parents

Au cours de l’Université d’été :

“Parents-Ecole”, organisée à l’initiative

de l’IUFM de Créteil, en juillet

2001, nous avons présenté diverses

expériences menées : les “samedis

des parents”, les “cafés des parents”,

les “petits-déjeuners des parents”…,

des lieux permettant aux parents,

voire aux enseignants, de discuter

ensemble de thèmes concernant le

jeune et l’enfant. Ces expériences se

multiplient actuellement. Il ne s’agit

pas d’éduquer les parents, je suis

contre l’expression “école des

parents”, mais de faire en sorte qu’il

y ait des espaces, des lieux d’information,

d’échanges, de rencontres.

Car, coéduquer, avec les parents, c’est

partager, avec eux, la connaissance

du fonctionnement de l’Ecole. Toutes

les études montrent que connaître

l’Ecole est, aujourd’hui, fondamental

en termes d’orientation pour l’avenir.

22 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Ceci n’était pas vrai il y a 25 ans car

il y avait nettement moins d’options

à choisir pendant le cursus. Les

parents bien informés des rouages de

l’Ecole savent choisir, eux, pour leurs

enfants, les options valorisées dans

des cursus postérieurs.

Très souvent, vous vous apercevez,

à l’université, que les élèves brillants,

de milieux défavorisés, semblent courir

un 110 mètres haies, c’est-à-dire

une course avec de nombreux obstacles,

pendant que les autres ne courent

qu’un 100 mètres plat. Pourquoi ?

Parce qu’ils n’ont pas eu suffisamment

d’informations sur les exigences de

l’aval, ils sont donc souvent obligés de

refaire, dans la première année universitaire,

des modules que les autres

ont déjà faits au cours de leur cursus.

Il y a, d’une certaine manière, un délit

d’initié important.

Casser le délit d’initié, c’est jouer

la transparence. Alors, évidemment,

cela devrait être le rôle de l’ONISEP

(Office National d’Information sur les

Enseignements et les Professions).

Or, les brochures de l’ONISEP semblent

souvent être réservées aux

familles initiées.

La transparence est fondamentale

pour le bien des parents et de l’élève,

mais aussi pour le bien de l’Ecole car

des parents mieux informés seront

des parents qui accepteront mieux les

verdicts de l’Ecole. Connaissant les

finalités, ils seront mieux en possession

des règles.

Prenons l’exemple du redoublement

en classe de 5ème qui est à

l’initiative des parents, ce qui rend

furieux certains professeurs qui

vivent difficilement leur métier, car

ils pensent que le pouvoir a été laissé

aux parents….

Les parents qui acceptent le

redoublement, ce sont les parents de

milieux favorisés car, eux, savent très

A lire…

Le système éducatif français

Voyage au coeur de la planète éducative française. Jean-Louis Auduc opère,

dans cet ouvrage, une véritable radiographie du système, mettant à jour une

organisation, son fonctionnement, des structures, des hommes et des missions.

Un livre clair et nécessaire pour tous ceux qui préparent les concours

de recrutement. La collection PROFESSION ENSEIGNANT offre des instruments

de préparation aux concours de recrutement (concours de recrutement

des professeurs d'école, CAPES internes et externes). Destinée avant

tout aux étudiants qui se préparent à entrer dans les carrières de l'Education

nationale, elle constitue la bibliothèque professionnelle de base de l'enseignant

du premier degré comme du second degré. Ed. Hachette édu. 2001

bien qu’il vaut mieux valider et acquérir

des compétences que de passer

dans le niveau supérieur sans avoir

acquis ces compétences. Le parent

qui a connu l’échec scolaire, qui a été

orienté en fin de 5 ème , si on lui dit :

“Le conseil de classe a décidé le redoublement

de votre enfant mais, si vous

le désirez, il peut passer en 4 ème .”, ce

parent va prendre cela comme une

chance pour son enfant d’accéder à la

classe supérieure et, ainsi, d’éviter

l’orientation que, lui, a connue. A

l’époque où le parent était scolarisé,

si on passait en 4ème, le plus dur

était fait et on avait la chance de

trouver un bon boulot. Ceci n’est plus

vrai, aujourd’hui. Donc, le parent va

aller contre l’avis du conseil sans

mesurer le changement profond de la

classe de 4ème, aujourd’hui. Mais, si

le jeune passe en 4ème contre l’avis

du conseil de classe, il risque, rapidement,

d’être en échec. Cet enfant va

être furieux, en colère, il aura l’impression

que le système s’est moqué

de lui. Il peut, finalement, devenir

violent. Il faut savoir que, sur tous les

cas de violence au collège, on s’aperçoit

qu’il y a, à l’origine, une incompréhension

due à une vision fausse

que les adolescents avaient sur le

fonctionnement du système éducatif.

Autre raison, pour l’école, le collège,

ou le lycée de jouer la transparence

auprès des parents de milieux

défavorisés, c’est la question de l’innovation.

Ces parents ont souvent

peur de l’innovation. Pour 90 %

d’entre eux, quand un établissement

scolaire tente des innovations, des

expériences pédagogiques, ils pensent

que c’est à cause des mauvais

résultats de ses élèves, et les images

médiatiques qui lient souvent innovations

et élèves en difficulté n’aident

pas à une meilleure représentation…

Les parents de milieux défavorisés

peuvent développer des malentendus

par rapport à des innovations,

notamment quand se met en place un

projet innovant sans qu’il soit expliqué

dans ses choix, ses logiques et

ses finalités.

Le vrai malentendu Ecole-Parents,

qu’il s’agisse de parents de milieux

défavorisés ou des classes moyennes,

vient du fait que ces parents ont

l’image de l’Ecole d’il y a 25 ans et

que l’Ecole ne fait rien pour changer

cela. L’Ecole reste opaque pour eux et

le restera tant qu’elle ne s’ouvrira pas

davantage aux familles, qu’elle ne

mettra pas à profit les outils de dialogue

comme, par exemple, le bulletin

de notes ou le cahier de liaison

qui sont à sa disposition, qu’elle ne

cessera, de plus, de pratiquer un

vocabulaire convenu impossible à

comprendre par de nombreuses

familles et qu’elle ne créera pas des

espaces de rencontres dans l’école

réservés aux parents, gérés par les

associations de parents.”

Point de vue recueilli par

Marie-France Rachédi

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

23


Panorama de l'évolution du rôle des parents à l'école

Un interêt croissant pour l'école

Y

ves Dutercq, Maître de

conférences au

Groupe d’Etudes

Sociologiques de l’INRP, spécialiste

des relations Parents-

Ecole, nous dresse un historique,

un état des lieux et

quelques perspectives

d’avenir sur les relations plus

ou moins constructives entre

parents, enseignants et

administration de l’Education

nationale.

Animation & Education :

Comment s’est créée et développée

l’implication des parents à

l’école ? Quel est son devenir ?

Yves Dutercq : Dès le début du

XXème siècle, sur le plan local, dans

des établissements privés ou de

grands établissements publics, l’histoire

des parents d’élèves est parallèle

à l’histoire des associations en

France. En 1909, la première

Association de parents d’élèves voit

le jour au lycée Notre Dame de la

Garde, à Marseille. Dans les années

1930, à l’instigation de l’administration

et des chefs d’établissement, le

développement est important. A tel

point que deux fédérations voient le

jour (l’une pour « l’école libre »,

l’autre pour l’enseignement public).

Après la seconde guerre mondiale,

sur l’initiative du Syndicat

National des Instituteurs et de la

Ligue, est créée une association

laïque de gauche des parents

d’élèves.

Dès lors, la dimension politique

des trois associations de parents

d’élèves est très forte.

En 1969, des mesures ministérielles

donnent une place et un rôle

aux parents d’élèves dans les

conseils d’administration des établissements

du second degré.

En 1977, René Haby, ministre de

l’Education nationale, fait entrer les

parents dans les conseils d’école. Le

Syndicat National des Instituteurs

marquait, alors, de fortes réticences,

les instituteurs souhaitant

développer des relations individuelles

avec les parents. Tout au

long des années 70, la place des

parents se développe, y compris

dans les conseils de classe. Ceci correspond,

aussi, à trois raisons

majeures. La première trouve ses

racines dans la volonté de l’OCDE

(Organisation de Coopération et de

Développement Economique) qui a

incité tous les pays à faire participer

davantage les parents à la vie

de l’Ecole. La deuxième raison est

d’ordre structurel : la massification

de l’enseignement entraînait le

développement nécessaire de la

place des parents comme relais

entre l’administration et les élèves.

Enfin, la troisième raison est le

développement des mouvements

visant à la construction d’une mobilisation

collective autour de causes

nouvelles comme le féminisme, la

consommation, l’écologie : l’éducation

est un sujet éternellement nouveau

et suscite, à la même époque,

un engouement militant similaire.

Dans les années 80, le mouvement

de décentralisation, soutenu

par Gaston Deferre, a eu son corollaire

dans le monde de l’éducation.

En effet, plus on déconcentre l’administration,

plus on cherche des

interlocuteurs, des instances de dialogue

et de concertation, des

groupes constitués.

Depuis quelques années, le

Ministère procède moins par injonction

que par incitation, et il incite,

en particulier, au développement des

relations Parents-Ecole. La «Semaine

des Parents», par exemple, sous la

forme du volontariat, doit permettre

aux enseignants de mieux faire comprendre

le travail et les difficultés de

l’enseignant. Cette action est menée

de façon très diverse dans l’Ecole.

Cela va de la réunion présentant

l’école ou l’établissement à une

visite organisée.

Certains enseignants font, aussi,

venir les parents dans leur classe

ou, même, leur proposent d’assister

aux cours. Assister aux cours est

encore très rare alors que, dans tous

les cas, cela permet de gagner la

coopération des parents lorsqu’il y a

un problème à régler ensuite !

Depuis une douzaine d’années,

on observe une modification du

comportement des parents. Ceux-ci

adhèrent moins aux grandes

Fédérations, ils préfèrent les

Associations à vocation locale. Nous

sommes, aussi, dans une période de

24 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


stagnation, sans crispation cependant.

On peut être, en fait, médiocrement

optimiste car une tendance

« néo-libérale » apparaît, comme en

Grande-Bretagne. Le rôle des

parents y est plus important en

termes de contrôle, de qualité de

l’enseignement et de qualifications.

Cela peut avoir des conséquences

importantes sur les pratiques pédagogiques

des établissements car on

assiste, alors, à une instrumentalisation

du corps enseignant.

A&E : Parents et enseignants se

félicitent des relations et des

actions menées ; d’autres regrettent

le manque de relations ;

quelques-uns, même, déplorent

les attitudes conflictuelles. On

entend dire aussi que, dans les

milieux sensibles, les parents

“fantômes ” se désintéressent de

l’Ecole. En tant que chercheur,

quel regard portez-vous sur les

relations Parents-Ecole ?

Y.D. : Les relations Parents-Ecole

dépendent beaucoup de « déclics »

humains auxquels il faut ajouter,

depuis une dizaine d’années, les

«incitations » de l’administration.

De plus, les relations Parents-Ecole

évoluent, de la maternelle au lycée.

En maternelle, les parents entrent

dans l’école, accompagnent leurs

enfants jusque dans la classe. La

participation des uns et des autres

est facile, la convivialité est quasi

naturelle.

Dès l’école élémentaire, on

assiste à un éloignement progressif.

Les parents restent à la porte de

l’école, les rencontres parentsenseignants

se font, cependant,

facilement, à l’occasion des entrées

et sorties des élèves, surtout le

samedi, et sur rendez-vous.

Recherche en cours :

modes d'engagement et de mobilisation des parents

Au collège, le fossé se creuse

encore. Les relations sont souvent

individuelles et de gré à gré, avec

une procédure établie (nécessité de

prendre un rendez-vous). On

observe, alors, deux phénomènes :

une possible incompréhension réciproque

et, pour certains parents, la

crainte de prendre un rendez-vous.

Au lycée, beaucoup de problèmes

se règlent directement entre élèves

et enseignants. Le jeune souhaite

s’émanciper et gère ses relations et

ses problèmes.

Cette distance des parents avec

l’Ecole, créée au fur et à mesure du

développement de l’enfant, participe

très certainement à la responsabilisation

de l’adolescent. C’est

pourquoi je pense qu’il faut conserver

ces procédures, tout en facilitant

les possibles rendez-vous.

Sur le sujet des parents « fantômes

», il faut, avant tout, signaler

que les parents, de quelque milieu

qu’ils soient, ne se sont jamais autant

Sous la responsabilité

de Yves Dutercq,

chercheur à l'INRP et

Claudette Lafaye, de

l'Université du Littoral,

Dunkerque et de

l'EHESS, Paris, et à la

demande de l'INRP, une

recherche est en cours,

depuis 2001, sur le

thème : modes d'engagement

et de mobilisation

des parents

d'élèves autour de

l'école primaire.

Les objectifs de

cette recherche sont

d'analyser les mobilisations

locales concernant

l'école et les

formes de coopération

ou de tensions susceptibles

de s'établir à

cette occasion entre

parents d'élèves,

conseils locaux et fédérations

de parents,

enseignants, direction

des établissements,

instances administratives

de l'Education

nationale, élus locaux.

Cette recherche vise à

faciliter la connaissance

et la compréhension

des attentes et des

revendications autour

de l'école, mais aussi à

avancer des pistes

quant à la gestion et la

résolution -tout spécialement

par les services

académiques- des

conflits qui s'y manifestent.

Cette recherche sera

conduite jusqu'en 2004,

avec une évaluation prévue

en 2006.

A lire : Dutercq Y. 2001,

"Les parents d'élèves

entre absence et

consommation", Revue

française de pédagogie

n° 134, 2001.

intéressés à l’Ecole. Par contre, globalement,

leur présence à l’Ecole a

diminué. On peut l’expliquer par deux

éléments. Le premier, déjà signalé,

est la crainte de prendre un rendezvous

avec l’enseignant ou d’accepter

la demande de rendez-vous de l’enseignant

car, bien souvent, cela est

synonyme de problème à régler. Le

deuxième élément correspond à une

évolution sociologique de nos rapports

avec le monde des « grosses »

Associations ou Fédérations.

Aujourd’hui, en effet, la tendance

est de militer dans des associations

de proximité (de quartier, amicales

d’école, etc.) et, corollairement, les

Fédérations de parents d’élèves ont

souvent du mal, par exemple, à

trouver des parents pour siéger dans

les conseils d’administration des

collèges ou lycées. J’insiste encore,

les parents s’intéressent à l’Ecole

mais cherchent d’autres formes pour

s’impliquer dans la vie scolaire de

leurs enfants !

Propos recueillis par

Yves Potel

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

25


Marché de Noël à l’école maternelle

d'un

marché de Noël, n'est

L'organisation

qu'un exemple de la

collaboration quotidienne

des parents et des enseignants

de l'école maternelle

d'application Marcel Guerret

à Montauban. Une collaboration

inhérente à un accueil

particulier mis en place par

l'équipe éducative.

Dans notre école, faire venir les

parents, ce n’est pas un objectif,

c’est un vécu quotidien. Ils sont

accueillis dès le jour de la rentrée.

Ils sont invités à toutes les fêtes.

Ils accompagnent les enfants dans

les classes et restent un petit

moment s’ils le jugent utile pour

leur bien-être. Ils se rendent disponibles

pour toutes nos sorties. A la

réunion de rentrée, ils sont invités

à un repas qui leur permet de faire

connaissance avec l’équipe des

enseignants et des ATSEM mais,

aussi, avec les autres parents et

leurs enfants. Ils sont enfin partie

prenante de tous les projets qui

sont menés dans l’école : le dernier

en date était l’organisation d’un

marché de Noël où ont été vendus

des objets fabriqués par les enfants

pour récolter un peu d’argent afin

d’alléger le coût d’une classe de

découverte pour les plus grands.

C’est une mère d’élève qui est à

l’origine du projet : elle a apporté

des objets qu’elle avait réalisés avec

ses enfants et a suggéré

que parents et enseignants

organisent des ateliers

pour en fabriquer. Dès la

rentrée de Toussaint, les

enfants des trois

classes de l’école

ont travaillé en 5

ateliers décloisonnés.

Chaque

atelier proposait la

fabrication d’un objet : bougeoir

en pâte à sel, couronne

de Noël, botte,

carte de vœux, calendrier,

galet

décoré, sujet en

pâte à sel pour le

sapin...

Dans chaque atelier,

l’enseignant a préparé la fiche

de fabrication qu’il a expliquée ou

donnée à découvrir aux élèves. Des

parents l’ont aidé à mettre en œuvre

cette fabrication auprès de chaque

enfant, ce qui a permis à ce dernier

de réellement réaliser son objet, du

début jusqu’à la fin. Parfois, des

mamans, pour répondre :

“Présentes”, ont amené un petit

dernier dans sa poussette ; l’atelier

de dessins pour les calendriers a été

uniquement animé par des parents

d’élèves. L’aide éducatrice en informatique

a appris aux enfants à

taper sur le clavier : “Joyeux Noël”

et “Bonne Année”, à choisir des

polices et à agencer leurs résultats.

Les parents d’élèves ne sont pas là

pour gérer une pénurie d’encadrement

: ils sont là parce que, dans

une école maternelle, il est très

important que les enfants soient

heureux de venir à l’école. L’attitude

des parents vis-àvis

de l’école et

de son personnel

conditionne la

confiance des

enfants envers ce

même lieu et

ces mêmes

personnes.

Le jour

du marché, ce

sont des parents

d’élèves qui ont

décoré la salle

avec les enseignantes.

Ce

sont des

mères

d’élèves qui

ont vendu les objets et tenu la

caisse ; ce sont elles qui ont fourni,

dès la fin de la journée, le bilan

financier de la vente.

Le soir, parents, enseignants,

ATSEM ont apporté des boissons et

quelques préparations “maison”. Des

parents ont fait griller des châtaignes

et nous avons passé un

petit moment autour de buffets

colorés à échanger sur les enfants

et sur les nouvelles d’un monde où

l’école maternelle n’est plus jugée

indispensable par certains. Une

école maternelle où les enseignants

sont formés et compétents pour

remplir leur mission première : donner

aux enfants le goût de l’école et

des apprentissages, en toute

confiance, en toute sérénité.

Mireille Martinelli

Directrice de l’école maternelle

d’application Marcel Guerret,

à Montauban (82).

26 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


De Pleurtuit à Pointe-à-Pitre :

une autre “Route du Rhum”

Tout commence du désir de deux

enseignantes de classe de CP,

Madame Jacqueline Bondiguel, de

l’école publique de Pleurtuit, dans

le département d’Ille-et-Vilaine, et

Madame Denise Moco-Marcin, de

l’école élémentaire du Morne Ferret,

aux Abymes, en Guadeloupe. Elles

voulaient absolument exploiter

l’événement quadriennal que représente

“La Route du Rhum”. Il fallait

donc monter un projet, qui s’étalerait

sur deux ans, alimenté par une

correspondance scolaire qui, au fur

et à mesure de son évolution, servirait

à galvaniser le désir des

enfants de se rencontrer. Les

Guadeloupéens devaient pouvoir

assister au départ de la Route du

Rhum tout en profitant de leur

séjour en classe de mer pour découvrir

cette belle région de Bretagne.

Dans l’autre sens, les élèves de

Pleurtuit assisteraient à l’arrivée des

premiers “solitaires”, à la darse de

Pointe-à-Pitre. Ils devaient aussi en

profiter pour mieux connaître la

Guadeloupe. Une analyse commune

de la situation a tout de suite mis

en lumière la nécessité de rechercher

d’autres sources de financement,

les premiers moyens étant

largement insuffisants. Au cours

d’une réunion avec les parents, ces

derniers se sont de plus en plus

engagés dans l’opération. Ils ont

facilité certaines démarches administratives

et se sont impliqués

dans la recherche de généreux donateurs.

C’est, aussi, grâce à leur

implication que certains postes de

dépenses ont sensiblement diminué

(les parents bretons ont mis, à disposition

des correspondants, des

manteaux, des pulls, etc…). Ils ont

eu, en outre, à :

- rechercher un lieu d’hébergement

agréé par l’Education nationale

et proche de l’école ;

- organiser un planning de déplacement

;

- organiser des foires culinaires

et des listes de souscription ;

- organiser, en Guadeloupe, les

baignades des Bretons (recherche

des maîtres nageurs ….).

Les parents se sont, par ailleurs,

totalement investis dans les activités

communes aux deux classes ; ici,

en encadrant une sortie, là, en collaborant

à la surveillance de la baignade,

enfin, encore, en faisant

découvrir les spécialités du pays.

Les objectifs pédagogiques de ce

projet étaient importants et leur

évaluation se poursuit. Il était aussi

question d’amener les Bretons et les

Guadeloupéens à mieux se

connaître. Ce fut une totale réussite,

si l’on en juge par l’émotion

qui se manifestait à l’aéroport de

Guadeloupe, lors du départ des correspondants.

Le constat globalement

fait fut que la participation

des parents a été un élément fondamental

dans la réussite du projet.

La relation de confiance qui s’est

installée à cette occasion gagnerait

à être capitalisée pour des expériences

futures.

Georges Laumuno

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

27


Des partenaires à part entière

Al’école élémentaire

de Saint Jean d’Août,

à Mont-de-Marsan,

l’objectif poursuivi par les

équipes d’enseignants qui se

sont succédé depuis 15 ans a

été de donner aux parents la

place qui leur revient au sein

de la Coopérative Scolaire.

D'un côté, les statuts de la

Fédération nationale OCCE qui définissent

les coopératives scolaires

comme des “sociétés d’élèves gérées

par eux avec l’aide des adultes en

vue d’activités communes”.

Nous avons toujours entendu le

terme “adultes” comme comprenant

les parents et les enseignants.

Ensuite, la Loi d’Orientation

(pp.14 et 27) affirme : “L’éducation

doit développer, chez les jeunes, le

goût de participer à la vie de la cité.

Les parents sont les partenaires permanents

de l’école”.

S'appuyant sur ces deux textes,

les différentes équipes d'enseignants

qui ont œuvré à l'école élémentaire

de St Jean d'Août, ont

cherché comment mettre en pratique

cette idée-force : “parents

partenaires permanents de l'école”.

Dès 1987, un bureau de coopérative

a été créé, comprenant des

délégués de classe (6), des enseignants

(3) et des parents que nous

demandions aux deux Fédérations

de Parents d’Elèves représentées à

l’Ecole de nous désigner, au prorata

de leur représentation (3). A noter

qu’il y avait parité enfants-adultes

et enseignants-parents pour éviter

une possibilité de “confiscation du

pouvoir”.

Les parents étant

les principaux

bailleurs de fonds

de la Coopérative,

ils doivent être

informés de

l’utilisation qui

est faite des

cotisations qu’ils

ont payées et

associés à son

fonctionnement.

Ce système a fonctionné 5 ans,

avec un réel engagement des

parents dans la vie du Bureau qui se

réunissait au moins trois fois par an

pour examiner les propositions émanant

des classes et concernant la vie

de l’école.

… Et puis, des parents, non

adhérents à une Fédération de

Parents d’Elèves, sont venus nous

dire tout leur intérêt pour ce

fonctionnement de la Coopérative

et leur regret de ne pouvoir s’y

impliquer.

Nous avons donc organisé, en

1992, une Assemblée Générale des

Parents de la Coopérative Scolaire,

au début de l’année scolaire, à l’issue

de laquelle les présents ont élu

leurs représentants au Bureau après

avoir étudié le projet de budget et

voté le montant de la cotisation.

Après 10 ans de fonctionnement,

on note une raréfaction des présents

(de nombreux parents ne

comprennent pas la différence entre

cette Assemblée Générale et les

réunions faites dans toutes les

classes en début d’année), mais

toujours le même attachement des

participants à ce fonctionnement.

Ils considèrent, avec nous, qu’étant

les principaux bailleurs de fonds de

la Coopérative, ils doivent être

informés de l’utilisation qui est

faite des cotisations qu’ils ont

payées et associés à son fonctionnement.

A côté des enseignants, ils apportent

un regard adulte complémentaire

sur les projets présentés par

les délégués, ne ménagent ni leur

soutien à ceux-ci, ni leur aide quand

besoin est. Ils participent activement

à la réflexion qui anime

chaque point à l’ordre du jour dans

une instance où la formation à la

démocratie n’est pas un vain mot.

Robert Harté

Président adulte de la

Coopérative

28 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Voir fonctionner l’école de l’intérieur

Pendant 5 ans, Anne

Touret, mère d’élèves

de l’école primaire de

Saint-Jean d’Août, à Montde-Marsan,

a siégé au

bureau de la coopérative

scolaire (ouvert aux représentants

de parents -voir

article ci-contre). Elle nous

relate son expérience.

“La participation de parents dans

le bureau de la coopérative scolaire

existait depuis plus de 10 ans dans

l’école primaire de Saint-Jean d’Août,

à Mont-de-Marsan. Quand mon premier

enfant est entré dans cette école

et que les enseignants nous ont présenté

la coopérative scolaire et

demandé des volontaires pour y représenter

les parents, j’ai proposé ma

candidature. J’étais curieuse de

découvrir ce qu’était cette instance,

comment elle fonctionnait, etc. et,

comme peu de parents se portaient

volontaires, j’ai été élue représentante

de parents d’élèves au bureau

de la coopérative scolaire.

Au fur et à mesure de ma participation

aux réunions, je me suis prise

au jeu car c’était très concret, les

enfants faisaient part de leurs souhaits

sur des éléments concernant la

vie de l’école ; on échangeait, on trouvait

des solutions pratiques, on

essayait de les mettre en place. Si cela

ne fonctionnait pas, on essayait de

trouver d’autres solutions, etc. Donc,

c’était vivant, très démocratique, également,

car les enfants proposaient

des idées, on échangeait sur ces idées

et les moyens de les mettre en œuvre

et, quand plusieurs possibilités, solutions

ou idées étaient avancées, on

procédait à un vote. En tant que

parents, j’ai trouvé fort intéressant de

découvrir, à travers ces réunions, la

vision des enfants sur l’école, de

connaître leurs idées et préoccupations

(souvent différentes de celles

qu’ont les adultes qui les représentent

au conseil d’école). Les enfants proposaient

toutes sortes de choses, certaines

très intéressantes et réalisables

par l’école (ramassage des papiers

dans la cour, récolte de dons pour

aider le Kosovo ou lors des grandes

inondations) ; d’autres, plus farfelues

(allonger le temps des récréations).

Comme nous pensions que les

parents ne connaissaient pas bien la

coopérative scolaire, nous avons, lors

des réunions de coopérative, décidé

d’élaborer un document, à destination

des parents, pour la présenter :

qu’est-ce que c’est ? A quoi sertelle

? Comment fonctionne-t-elle ?

etc. Nous avons, par exemple, établi

une liste du matériel, des livres…

achetés grâce à la coopérative scolaire,

des sorties que l’on avait pu

organiser grâce à la participation de

la coopérative. Nous voulions montrer

aux parents que la coopérative

était un atout important pour

l’école : l’école est, par exemple, bien

équipée au niveau microinformatique

grâce aux ordinateurs achetés

avec la coopérative.

Participer au bureau de la coopérative

me permettait, ainsi, de me

rendre compte de l’utilisation de l’argent

versé par les parents. Nous

avions accès aux comptes et étions

intégrés aux différents choix budgétaires.

Ainsi, quand nous pensions

qu’il allait manquer de l’argent pour

aider à organiser un voyage, nous proposions

des solutions pour en trouver

: organisation d’activités par les

parents et les enseignants (choucroute,

loto …). Ces activités étaient,

pour les enfants, l’occasion d’avoir un

autre regard sur les adultes : parents

et enseignants, ensemble, dans une

activité et dans un rôle différents de

celui de parents et d’enseignants.

Je pense, à travers l’expérience

que j’ai pu vivre, que ce type d’instance

constitue une bonne éducation

à la démocratie et à la vie en collectivité

: écouter l’autre, choisir des

solutions, comprendre et accepter

les contraintes de cette vie en collectivité

et de la démocratie. Les

enfants prennent, en effet,

conscience que certains projets ne

dépendent pas directement de l’Ecole

mais de l’Etat (horaires de classe et

temps de récréation, par exemple) ou

de la municipalité (aménagement

d’une fenêtre dans la cabane au fond

de la cour…).

Enfants, parents avions vraiment

l’impression d’appartenir à une collectivité.

Enfin, c’est vraiment le sentiment

que j’ai eu pendant les 5 ans

où j’ai siégé dans ce bureau. J’ai

vraiment vu l’école fonctionner de

l’intérieur. Un autre regard sur

l’école, les élèves et le travail des

enseignants.”

Propos recueillis par

Marie-France Rachédi

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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Des parents à la piscine :

AQUA* peuvent-ils contribuer ?

La pratique des activités

aquatiques à l’école

nécessite, le plus souvent,

pour des raisons d’encadrement

et de sécurité, la

participation de parents

agréés auprès des enseignants.

Cette participation

peut se limiter à l’accompagnement

et la surveillance.

Elle peut, aussi, déboucher sur

une véritable coopération

entre des partenaires comme

le montre ce projet « piscine »

mené par Huguette Danet,

enseignante de CP à l’école

Joseph Faramin, de

Montauban-de-Bretagne (35).

“Le cycle “piscine” est, à la fois,

un projet de classe et un projet de

l’élève auquel je consacre beaucoup

de temps avant et après les séances,

explique Huguette Danet, enseignante

de CP à l’école Joseph

Faramin, de Montauban-de-

Bretagne. D’autres activités autour

du parler, du lire, écrire viennent se

greffer à ce projet. Tout ce travail

permet aux enfants de savoir ce

qu’ils ont à faire, ils s’engagent dans

un projet qu’ils connaissent bien.”

Dès lors, pour ne pas dénaturer

cette approche, il devient important

que les autres partenaires, maîtres

nageurs et parents, soient, aussi,

informés et, surtout, associés. Cela

se fait par l’intermédiaire de rencontres

préalables où la démarche

est explicitée, de même que les

attentes de l’enseignante quant à

leurs interventions auprès des

élèves : “Nous avons une connaissance

précise du projet de la maîtresse.

Cela nous permet de passer du

rôle d’accompagnateurs à celui d’intervenants”,

explique Florence

Renvaze, une des mères d’élèves,

partenaire de cette action.

Au cours des séances, des ateliers

différenciés sont aménagés dans le

bassin et les enfants y évoluent en

fonction de ce qu’ils ont, euxmêmes,

programmé : “Aujourd’hui,

je vais essayer d’aller chercher des

objets au fond, en m’aidant de la

cage, explique Ophélie, élève de CP,

et, si je n’y arrive pas, je peux

demander de l’aide à la maîtresse ou

aux parents.” Ainsi, on privilégie la

continuité dans le projet de l'élève

car les adultes peuvent apporter à

l’enfant des réponses en cohérence

avec son contrat.

L’élève est bien au centre de ce

projet, il y est valorisé parce qu’il

est responsabilisé. Il en va de même

de la coopération des parents et de

leur investissement. Les parents ne

se positionnent plus à la périphérie

du dispositif, mais bien au cœur.

Selon Florence : “Il faut aussi, parfois,

savoir ne pas intervenir, on n’est

pas là pour faire à la place de l’enfant.

A la maison, ma fille peut aussi

m’expliquer, grâce au cahier de piscine,

ce qu’elle a appris et ce qu’elle

a envie de réussir. Ensuite, au cours

des séances, je perçois mieux ma

place et mon rôle pour tous les élèves

auprès desquels j’interviens”.

Cette approche partenariale s’insère

dans un cadre départemental où

des conseillers pédagogiques ont

contribué à la réalisation d’un document

vidéo : “Aqua ça sert d’aller à

la piscine*”. Bernard Ravaux, coauteur

de cet outil d’accompagnement

pour les maîtres, souhaite que de

nombreuses classes s’en inspirent

pour donner plus de sens : “Pour

nous, il était important que ces

parents exercent une sécurité active et

interviennent en connaissance du projet.

En dehors de l’activité “piscine”,

proprement dite, ils découvrent,

aussi, ce qu’est un projet d’apprentissages

structurés qui permettent une

réussite encore plus affirmée de

l’élève à la piscine, à l’école, au travers

des compétences langagières qui

y sont associées, mais, aussi, à

chaque instant vécu en dehors”.

En s’intégrant dans ce travail, les

parents décryptent mieux la palette

des activités effectuées par leurs

enfants et, encore plus, ici, dans

une classe de CP où il est fondamental

de savoir les accompagner :

“En m’associant simplement à la piscine,

j’ai découvert une autre

approche de la pédagogie bien différente

de celle que j’avais subie, je l’ai

comprise et, à présent, je peux en

parler avec d’autres familles et, surtout,

aider mes enfants à la maison

sans faire à leur place”. Preuve donc

qu'une collaboration contrainte

peut se transformer en une coopération

active au service d’une compréhension

de l’école.

Christian Lorinquer

* “AQUA CA SERT D’ALLER A LA PISCINE”, livret pédagogique,

et film CDDP d’Ille-et-Vilaine.

30 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Le Café des parents…

Lieu de recherche et

d'échange sur les questions

d'éducation, le

"café des parents", à Rodez,

extériorise le débat pour

"dépasser les clivages entre

les écoles et leurs associations

de parents d'élèves".

Présentation.

“Un lieu de parole ouvert, où les

mots sont libérés, où le cadre n’est

pas assimilé aux relations parentsenseignants,

un concept qui permet

des échanges et non des affrontements,

une idée qui permet de

mutualiser les compétences autour

de l’enfant et de son éducation…”

A Rodez (Aveyron), c’est ainsi

que les responsables d’une

Association de Parents d’Elèves

(groupe scolaire Monteil-Cambon)

présentent leur projet de “Café des

parents” ; une action pour rechercher

ensemble, avec d’autres, des

solutions aux problèmes liés à l’éducation

des enfants. L’idée leur a été

suggérée par un article publié dans

une revue de la FCPE. Il y était question

du “Café des parents” organisé

dans un collège d’Angoulême.

“Ce concept a, aussitôt, suscité

des réactions d’intérêt dans notre

A.P.E.” explique Madame Catherine

Samson-Bécouze. Mais les parents

d’élèves ruthénois ne veulent pas se

contenter uniquement de transposer

l’idée : “Après réflexion, il nous a

semblé plus intéressant de l’élargir

en recherchant des lieux de discussion

qui sortent du

cadre scolaire, qui

soient moins restrictifs

afin qu’ils puissent intéresser

toute une population à l’échelle

d’une ville ou, alors, d’un secteur

géographique, pour dépasser le clivage

des écoles et de leurs APE respectives.

Et nous voulons investir des

lieux autres que les écoles pour que

les rencontres soient plus informelles,

plus ouvertes… Discuter

autour d’un verre, dans un bistrot…

l’idée est séduisante !” commente

Madame Samson-Bécouze.

Les discussions entre parents

d’élèves aux sorties des écoles se

limitaient, bien souvent, à des

constats individuels autour de sujets

comme la télévision, l’autorité ou

les devoirs. Des questions, mais peu

de réponses. Pour Madame Sylvie

Desmoulins, le “Café des parents”

devrait permettre la recherche de

solutions : “Il faut faire appel à l’expérience

des autres, s’inspirer de leurs

astuces, leurs clés. Il faut échanger,

essayer d’obtenir des réponses et

arrêter de critiquer sans rechercher

d’autres pistes.” explique-t-elle.

“Nous reprochons des choses au système

scolaire, mais, nous aussi,

parents, avons nos responsabilités.

Ensemble, nous devons mettre en

commun nos doutes, nos pratiques”.

Il est donc envisagé de faire appel

à des intervenants divers, des spécialistes

(enseignants, pédopsychiatres,

responsables d’associations,

éducateurs, maîtres de

conférences,…). Et le public souhaité

est un public qui dépasse le

simple cadre des parents d’une

école : des étudiants, des enseignants

en formation, des lycéens,

des parents

d’élèves du collège,

des futurs parents,

des grands- parents.

“Nous souhaitons

éviter l’isolement des parents face

aux difficultés qu’ils rencontrent,

même par rapport aux apprentissages

qui sont dispensés à l’école, comme

la lecture. Il peut sembler aussi difficile

d’échanger avec un autre parent

car, entre nous, il y a aussi une certaine

retenue à parler des difficultés

que peuvent rencontrer nos propres

enfants.” précise Madame Christine

Muller, mère d’élève. “Dans un cadre

comme celui du “Café”, sans que ce

soit dans une relation individuelle,

les gens peuvent peut-être plus se

parler.”

“Favoriser le dialogue entre

parents et enseignants est un des

objectifs du “Café des parents”, mais

certainement pas le seul.” tient à

ajouter Madame Samson-Bécouze.

Ainsi, le premier “Café des parents”,

qui va voir le jour d’ici juin 2003,

sera centré sur le thème de l’autorité,

un sujet qui dépasse le cadre

de l’école.

Ce concept de “Café des parents”,

hors les murs de l’école, va certainement

avoir du succès et échapper à

ses initiateurs… “C’est bien ce que

l’on souhaite : libérer la parole,

échanger les idées, ouvrir les associations

de parents d’élèves, dépasser le

cloisonnement des écoles, faire participer

les citoyens sur un sujet qui

nous concerne tous : l’éducation.”

Josef Ulla

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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Animation en BCD

Quand les parents dépannent l'école

Avec le départ d’un

emploi-jeune, dans

l’école de Chouzy, un

village près de Blois, Marie-

Agnès Mondelot, enseignante

en CP, a dû solliciter

un peu plus les parents pour

faire fonctionner un atelier en

BCD. Pour Valérie Iméneuraët

et Cécile Paoli, il s’agissait,

avant tout, de rendre service

à l’enseignante pour permettre

le travail en petits

groupes dans la classe.

A Chouzy, un petit village près de

Blois, dans la classe de CP de Marie-

Agnès Mondelot, le vendredi aprèsmidi

est consacré à des activités en

demi-groupes : pendant qu’une moitié

des élèves crée dans l'atelier

d’arts plastiques, l’autre explore les

ouvrages inscrits au prix littéraire.

Cette expérience se poursuit, depuis

l’an dernier, selon les mêmes modalités,

à la différence que, cette

année, ce n’est pas d’une mais de

deux mamans dont Marie-Agnès a

besoin pour aider dans les ateliers.

En effet, l’an dernier, tandis

qu’un groupe était en compagnie de

l’enseignante et d’une maman,

l’autre était encadré par Eléonore,

un emploi-jeune qui avait la charge

d’animer la BCD de l’école. Depuis la

rentrée, la BCD n’a plus de titulaire.

Alors, plutôt que de perdre l’occasion

de faire travailler ses élèves en

demi-groupes et d’être obligée

d’abandonner deux activités primordiales

en CP, à savoir : la création

et la découverte de la littérature de

jeunesse, Marie-Agnès a préféré

chercher des parents volontaires et

motivés pour l’animation en BCD.

C’est ainsi que, depuis le mois d’octobre,

deux mamans, Cécile Paoli et

Valérie Iméneuraët se relaient, un

vendredi sur deux, pour explorer, en

BCD, des textes de manière ludique.

Rendre service et faire confiance

Lorsque l’on demande à Cécile et

Valérie pourquoi elles se sont engagées

sur l’année, elles répondent

que c’est avant tout pour rendre service

à l’enseignante : “Lorsque

Marie-Agnès m’a demandé si je voulais

me charger d’une demi-classe, je

l’ai fait, avant tout, parce que j’ai

une grande confiance dans le travail

qu’elle mène avec les enfants.”

explique Valérie Iméneuraët. “Alors,

quand elle m’a proposé de l’aider, je

savais que je pouvais m’appuyer sur

son expérience de pédagogue”. “Pour

ma part, ajoute Cécile, j’appréhende

un peu le manque d’autorité que je

peux avoir sur les enfants car, à leurs

yeux, je n’ai pas l’étiquette de maîtresse

; la confiance que j’ai gagnée

auprès d’eux, je la dois, en partie, à

la cohérence que sait donner Marie-

Agnès entre le travail fait en BCD et

celui de la classe.”

Ne pas confondre les rôles

Cette cohérence réside, essentiellement,

dans la préparation de l’animation

et son évaluation, toutes

deux relevant des seules compétences

de Marie-Agnès. Car, les deux

mamans sont unanimes, il est hors

de question de confondre les rôles.

Comme elles le reconnaissent, en

pédagogie, les parents n’ont, bien

souvent, qu’une expérience limitée

à la scolarité de leurs enfants.

C’est pourquoi l’enseignante s’entretient,

avant chaque activité, avec

la maman qui encadrera l’animation

en BCD : “Avant chaque séance en

BCD, explique Marie-Agnès, je donne

aux mamans des conseils pour qu’elles

anticipent les difficultés de vocabulaire

; je leur explique, par exemple,

comment elles peuvent utiliser les

fiches que je leur remets pour amener

les enfants à aller trouver la réponse

dans le livre. Je leur indique les passages

à théâtraliser, etc. Ensuite, je les

laisse seules avec un demi-groupe”.

Ainsi armées, Valérie ou Cécile peuvent

se lancer dans la lecture d’un

extrait d’histoire ; interroger les

élèves sur les suites qu’il pourrait

avoir et, enfin, leur remettre la fiche

élaborée par Marie-Agnès. Cette

feuille est très importante car c’est

elle qui fait le lien entre les activités

en BCD et la classe. Composées de

jeux et d’énigmes, ces copies seront,

ensuite, corrigées en classe par l’enseignante.

Ainsi, les enfants ne s’y

trompent pas, en BCD, même avec

des mamans, c’est encore de “l’école”.

32 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Cécile Paoli, mère d'un élève de

l'école de chouzy/Cisse, encadrant les

enfants du CP de Marie-Agnès

Mondelot, lors de l'atelier en BCD.

“j’appréhende un peu le

manque d’autorité que je

peux avoir sur les enfants

car, à leurs yeux, je n’ai

pas l’étiquette de maîtresse

; la confiance que

j’ai gagnée auprès d’eux,

je la dois, en partie, à la

cohérence que sait donner

Marie-Agnès entre le

travail fait en BCD et

celui de la classe“.

Photo : Robert Touati

Conscientes de répondre à

un manque

“Il me semble important que les

parents interviennent dans l’école,

précise Valérie, seulement, j’ai le

sentiment de répondre à un manque

et de prendre la place de quelqu’un.

Cette année, si les mamans ne

s’étaient pas investies, il n’y aurait

peut-être pas eu d’activités en

petits groupes. Pourtant, ces

moments en BCD peuvent être de

véritables déclics pour certains

élèves, surtout en CP lorsqu’ils

entrent dans la lecture.” “Il ne faudrait

surtout pas, ajoute Cécile, que

les municipalités ou l’Education

nationale aient recours aux parents

par facilité. A travers mon intervention,

je mesure bien l’utilité de ma

présence auprès de Marie-Agnès,

mais je mesure, également, ses

limites que ce soit en termes de disponibilités

ou de compétences.” A

ce propos, Michel Normand, instituteur

et directeur de l’école, est

d’ailleurs pour une intervention parcimonieuse

des parents dans

l’école : “Lorsque nous faisons appel

"Il me semble

important que

les parents

interviennent

dans l'école,

seulement j'ai le

sentiment de

répondre à un

manque et de

prendre la place

de quelqu'un."

Valérie Iméneuraët

Parent d'élève

aux parents, précise-t-il, il n’est pas

question d’appel au peuple. Nous

veillons à ce que les demandes

soient individuelles et aillent de

l’enseignant vers les parents. Dans

le cas des activités de Marie-Agnès

Mondelot, en BCD, c’est elle qui

s’est adressée à Cécile et Valérie,

connaissant leurs capacités et leur

expérience.”

“En effet, souligne Marie-Agnès,

je n’ai pas choisi Cécile et Valérie

par hasard. Cécile a fait des études

en psychologie ; quant à Valérie, je

connaissais son expérience en BCD

et le plaisir qu’elle prend à raconter

des histoires aux petits. Si je n’avais

pas trouvé ces deux parents, l’activité

n’aurait pas eu lieu sous cette

forme. Mais cette année encore,

grâce à ces parents, les enfants

auront pu explorer des livres hors de

la classe mais toujours dans

l’école”.

Reportage

Robert Touati

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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“Le Coin des Mamans”

Depuis trois ans, à

l'école maternelle du

Val des Pins, à Hyères,

le CODES (voir encadré) a

instauré le "Coin des

mamans". Objectif : créer un

lieu de parole pour les habitants

de ce quartier situé en

zone sensible.

“Excusez-moi si je suis en retard

mais j’ai été retenue aux Urgences !

- Ah ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Rien de grave ! C’est pour ma

mère ! Mais, je suis la seule maman ?

Ce n’est pas sérieux ça !”

La mère de Maëva vient de rentrer

en trombe dans la BCD, visiblement

à l’aise malgré son retard ! La

mère de Brahim la suit de près !

Philippe Colinot, directeur de

l’école, Marie Calmet, diététicienne

et membre du Comité

Départemental de la Santé (CODES)

et Tounès Hadji, chargée de l’animation

de la BCD attendent patiemment

les mamans volontaires pour

participer au “Coin des Mamans”

car, depuis 3 ans, à l’école maternelle

du Val des Pins, à Hyères (Var),

les mamans ont leur coin. Située

dans une ZEP, cette école reçoit une

population de milieu très modeste.

Le CODES y a instauré le “Coin des

Mamans” afin de créer un lieu de

parole pour les habitants du quartier.

Grâce à des discussions sur la

santé des enfants, l’objectif est de

tisser un lien social.

Une fois par semaine, les mamans

sont invitées à venir prendre le café

ou le thé à l’école ; là, elles peuvent

parler librement. Lors de ces

réunions, Marie Calmet aide à ce que

le dialogue s’installe. Une véritable

réflexion collective s’engage sur des

sujets comme les accidents domestiques,

l’alimentation “petit budget”,

le sommeil ou un événement

qui s’est passé dans le quartier.

Cette action vise la population

adulte et non pas les élèves.

Cependant, une “nouvelle relation à

l’institution scolaire” est née pour

cette école. Le comportement des

parents a changé : “Avant, ils ne participaient

pas, ou peu, à la vie de

l’école (pour différentes raisons, souvent

liées à la peur de

l’inconnu), explique Philippe Colinot.

Les rares contacts s’établissaient,

généralement, pour parler des problèmes

posés par l’enfant, contacts

qui leur renvoyaient une image négative

d’eux-mêmes. D’ailleurs, nous

avions du mal à trouver des volontaires

pour le Conseil d’école. Dans

l’ensemble, les parents sont devenus

des partenaires à part entière. Leur

participation au Conseil d’école, aux

activités scolaires (sorties, fêtes)

montre une implication croissante et

positive. Les réactions différentes de

la presse, de la Municipalité, des

autres associations intervenant dans

le quartier leur démontrent qu’ils peuvent

“faire bouger les choses””. Ils

prennent, ainsi, conscience de leur

importance. Le lien social s’est donc

tissé entre la population et les

acteurs de l’école. Les enfants ne

vivent plus l’école comme un monde

à part, un milieu hostile où les

parents n’ont pas droit de cité.

Comité Départemental

de la Santé (CODES)

Association de loi 1901, le CODES du Var travaille

en partenariat à la fois avec les acteurs institutionnels

départementaux, régionaux et avec le

tissu associatif varois.

Ses principales actions éducatives sont :

En milieu scolaire

- campagne " Equilibre de Vie, Prévention des

cancers et des conduites à risques" avec

Interface Santé 83,

- petits déjeuners pédagogiques dans les écoles .

Auprès des jeunes :

- sensibilisation sur plusieurs thèmes (alcool,

tabac, sexualité, violence, alimentation) au Point

“Ecoute Jeunes” de La-Seyne-sur-Mer.

Auprès des parents :

- accueil au "Coin Mamans" dans les écoles

maternelles et primaires du Var.

La réunion d’aujourd’hui est spéciale,

il s’agit de participer au projet

de la ZEP : parcours de mémoire.

Les enfants de l’école travaillent

avec leurs enseignants sur la

construction d’un immense arbre

généalogique.

Les mamans, quant à elles, réalisent

un livre de recettes méditerranéennes

à partir de souvenirs d’enfance.

Ce projet est le point d’orgue

du “Coin des Mamans”. Si, jusqu’alors,

elles avaient appris à se

rencontrer, à se reconnaître, à partager

des idées, désormais, elles

construisent ensemble un objet à

partir de leur vécu personnel.

Chacune peut s’apercevoir des différences

culturelles, “mais aussi

et, surtout, des nombreux points

communs qui les rassemblent”.

Le “Coin des Mamans” a favorisé

la communication et les relations à

tous les niveaux du quartier et de

l’école. Le travail de l’équipe pédagogique

en est facilité et, s’il est

difficile d’évaluer l’impact sur les

apprentissages, tout porte à croire

que celui-ci est bénéfique.

Jean-Jacques Bruni

34 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


Internet

L’Europe des découvertes et des

inventions scientifiques....

http://encycloscience.eun.org

Ambitieux projet que celui des

coordonnateurs de ce site :

faire travailler des élèves de 8

à 14 ans sur la rédaction d’une

encyclopédie des grandes

découvertes scientifiques

européennes en vue de retracer,

ainsi, les fondements de la

science moderne.

Une initiative d’institutions qui, chacune dans son pays,

œuvrent pour une rénovation des sciences à l’école : INRP,

Ecole des sciences de Bergerac, Musée des Arts et Métiers de

Paris et IUFM de Bordeaux pour la France ; Commune de

Bologne pour l’Italie; Ciência Viva de Coimbra et Lisbonne

pour le Portugal ; et l’Université de Genève pour la Suisse.

Pour les classes qui veulent s’associer à ce projet (date

limite d’inscription : fin mars 2003 !), il faut que les élèves

effectuent une recherche documentaire sur les sujets proposés

par les coordonnateurs du site (le choix est vaste : ça

va du parachute à l’atome en passant par la cartographie...)

; ensuite, ils s’engagent à essayer de reproduire le

phénomène étudié. Pour faciliter la tâche des équipes engagées,

les auteurs du site proposent une remarquable banque

de données permettant des recherches historiques, techniques

et scientifiques, mais, surtout, mettent en relation

toutes les classes inscrites qui peuvent échanger des trucs et

des tuyaux leur permettant de travailler sur le sujet. Les

travaux de la classe (textes, dessins, photos) seront ensuite

mis sur le site. Un livre Cd-Rom va même être publié, en

novembre 2003, regroupant tous les travaux réalisés en

2002-2003.

Ce site n’a qu’une année d’existence et, en si peu de temps,

a réussi à passionner des classes de 15 pays (Afghanistan,

Albanie, Allemagne, Belgique, Cuba, France, Grèce, Guam,

Israël, Italie, Malte, Maroc, Roumanie, Royaume-Uni et

Uruguay). Pour l’année scolaire 2002-2003, 45 classes sont

déjà inscrites.

www.vousnousils.fr

Créé en Octobre 2002, ce site,

parrainé par la CASDEN, est un

portail gratuit à vocation non

commerciale.

Il s’articule autour de

4 rubriques : “Autour de

Nous”, “Entre Nous”, “Pour

Vous” et “Ça Vous parle”, les

“Nous” et “Vous” concernant la

communauté éducative et, particulièrement, les enseignants.

“Autour de Nous” regroupe l’actualité de la semaine, du

jour, tant dans les domaines général, culturel, qu’éducatif.

“Pour Vous” détaille le BOEN, recueille des témoignages sur

Les coordonnateurs pédagogiques suivent les classes (qui disposent

d’un espace de travail qui leur est propre !) et répondent

à toutes leurs demandes. Pour se rendre compte de la

qualité des travaux réalisés, il suffit d’aller jeter un coup

d’œil sur les pages de l’encyclopédie réalisées l’an passé.

Pour participer à cette remarquable aventure scientifique,

les auteurs du site ne posent que deux conditions : posséder

un accès à Internet et être enseignant dans une classe

d’élèves âgés de 8 à 14 ans. J’ajouterai que l’équipe propose

une remarquable méthodologie qui se décline autour de 5

axes : expérimenter, rechercher, rédiger, échanger et publier.

Ce site va plus loin que le simple travail scientifique à réaliser

: il propose une ouverture aux autres et favorise la

mutualisation des connaissances. Une manière concrète

d’apprendre pour, par et avec les autres.

http://scio.free.fr

Pour ceux qui veulent trouver des solutions pratiques aux

expériences scientifiques à réaliser en classe, je recommande

SCIO, un site de vulgarisation scientifique, réalisé

par un étudiant, qui vous permet de trouver de multiples

expériences pour répondre aux questions de vos élèves :

comment les bateaux en métal flottent-ils ? Comment les

avions volent-ils ? Pourquoi flotte-t-on mieux dans l’eau

salée ? Des textes très clairs, abordables par des élèves de

fin de cycle 3.

j.ulla@occe.net

www.occe.net

COOPÉS-COPAINS

EST EN LIGNE.

Le n°27 est consacré aux

"Carnavals et aux mascarades"

à partir de travaux réalisés

par des coopératives

des Landes. Vous y trouverez

des liens vers des sites

de coopés du Lot, des

Alpes-Maritimes, des

Pyrénées-Atlantiques et

de Moselle… Découvrez

aussi les premières images

du calendrier 2004.

Bonne visite.

José VERON-DURAND

des initiatives éducatives réussies et des expériences pédagogiques

vécues, donne la parole aux internautes pour des

coups de cœur et coups de gueule.

“Ça Vous parle” aborde les sujets de société (la laïcité),

accueille des invités (Georges Lopez - Etre et avoir).

“Entre Nous” vous propose des forums, sélections de logiciels,

de sites éducatifs ou généralistes, et la possibilité de

s’abonner à une lettre d’information.

En résumé, un site très dense dans lequel chacun pourra piocher

selon ses intérêts … et le temps dont il dispose.

A noter que les projets et initiatives de l’OCCE seront prochainement

présentés sur le site, que je vous suggère d’intégrer

à votre liste de favoris.

Robert Harté

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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R eportage

Paroles d'enfants

Reporters d'un jour

pour les écoles fleuries

Le 29 janvier 2003, les délégations d'élèves

représentant les classes lauréates sont

venues comme chaque année, pour recevoir

le prix des écoles fleuries. Une surprise les

attendait cette année, puisque l'OCCE coorganisatrice

de l'opération avec les DDEN,

avait décidé de donner pleinement la

parole aux élèves. Ainsi, outre que l'atelier

Au jardin du

Luxembourg :

Chaque enfant est

arrivé aux alentours

de 9h, en train, accompagné

de son instituteur.

A pied, ils se sont

rendus au jardin du

Luxembourg.

Là, diverses activités

se sont tenues. Entre

autres, la rencontre

avec un jardinier du

Luxembourg qui leur a

prêté ses outils.

Le temps de la parole

Et celui des discours...

Un a nimateur a r é u n i

quelques élèves autour

d'une table, et recueille leurs

témoignages sous forme de

questions. La timidité s'efface

vite , les questions s'enchaînent,

les élèves se mont

r ent d e p l u s e n p l u s

Prise de parole des élèves en tribune, à l'arrière

plan Jean David, représentant Luc Ferry, ministre

de l'Education nationale, et Catherine Mousson,

présidente des DDEN.

loquaces : «Des patates !

Des potirons ! Des géraniums

! Des tournesols ! Des

plantes qui sentent bon !.»

(…) Ils sont très autonomes,

et les adultes n'interviennent

que peu dans l'atelier. (…)

Plus d'une heure après, la

forme définitive de leur discours

est prête, reste à s'entraîner…

d'expression était situé dans le prestigieux

bureau où furent signées les créations de

l'UNESCO et des Jeux Olympiques, une

équipe de lycéens reporters d'Henry IV a

suivi les élèves présents pour faire part de

l'événement dans "Reporter d'un jour : le

magazine des écoles fleuries". Extraits.

R.T.

La cérémonie

des récompenses.

29 janvier 2003

Sous les boiseries dorées du grand

salon, sont réunis instituteurs,

enfants et accompagnateurs. Depuis

octobre 2002, les petits jardiniers

attendaient cette remise des prix.

La chorale de l'école Monge, de

Créteil, nous a préparé une compilation

de comtines. Ces voix enfantines

semblent s'être épanouies

avec les fleurs.

Le groupe de la prise de parole,

constitué d'enfants de diverses

écoles, nous résume les activités

des groupes : «En cœur, on a célébré

les fleurs».

Viennent ensuite les discours des

officiels : celui de la présidente des

DDEN rappelle l'intérêt de cette

manifestation dans les domaines de

l'éducation, de la citoyenneté et de

l'environnement. Le président de

l'OCCE a choisi de raconter l'histoire

de Karrick qui a compris, au cours

de son voyage, l'importance du respect

et de l'amour de la nature.

Suite aux discours, les résultats du

concours sont enfin partagés. Les

applaudissements fusent, quelle

récompense pour ces jardiniers en

herbe qui se sont tant investis dans

leur projet.

Nous aussi, nous les remercions

d'avoir partagé cette journée riche

en découvertes !

Textes de :

A.Bitbol, S. Chami, I. Cormier, I. Delauzin,

I. El Karoui, A. Horel, H. Kulik, S. Schwab,

A. Toualbi, S. Viridaud.

Atelier d'expression animé par Robert

Harté,instituteur et administrateur

national de l'OCCE.

Jean-François

Vincent, président

de l'OCCE, raconte

l'histoire de

Karrick à un auditoire

attentif.

Photos : Robert Touati

36 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


“Animation & Education”

169/170

R e b o n d i r

L’estime de soi comme prémisse

au développement de la parole

Christian Staquet, formateur

d’enseignants et de formateurs 1 , a

animé un stage de formation sur

“identité, estime de soi et pédagogie

de la coopération”, lors des journées

d’études fédérales organisées par

l’OCCE 2 .

Animation & Education : Sur quelles grandes idées repose

cette formation ?

Christian Staquet : Sur des croyances

que j’ai depuis longtemps : l’acquisition

de la confiance de soi, de l’estime de

soi favorise, en parallèle, le développement

cognitif de la personne et le développement

de ses relations sociales.

Mon premier postulat est : plus on se

développe bien soi-même, plus on développe

bien ses relations avec les autres.

Ce qui est en jeu, à partir de là, c’est la possibilité d’un travail

en équipe, en groupe, d’un travail de l’enseignant avec

ses collègues mais, aussi, avec ses élèves. Or, est-ce que l’on

peut imaginer mettre en place une coopération entre des

personnes qui ne s’entendent pas ? Une des grandes peurs de

chacun de nous dans un groupe, c’est : si le groupe prend

beaucoup d’importance, moi, je vais être réduit à rien du

tout. Si on travaille sur l’image de chacun dans le groupe, on

atténue cette crainte de se faire dévorer par le groupe, en

même temps, on favorise le développement de son “moi”.

Mon deuxième grand postulat est, en quelque sorte : pour

bien travailler sur l’équipe, il faut travailler sur la personne.

A&E : Comment en êtes-vous arrivé à ces convictions ?

C.ST. : C’est tout un parcours : c’est mon parcours pédagogique

qui a commencé par un gros travail sur l’accueil, l’accueil

des élèves, le premier jour de la rentrée. Au fur et à

mesure de l’avancée de ce travail, je me suis aperçu qu’il

ne fallait pas s’arrêter à l’accueil mais poursuivre, à partir

de là, un travail d’éducation à la relation axé sur deux

aspects : le développement de la personne et les valeurs de

la coopération.

Le premier aspect, je l’ai mis en pratique pendant mes quatorze

années d’enseignement de la morale, en Belgique. La

morale laïque n’est pas moralisante du tout. Elle a pour

objectif d’aider la personne à développer sa propre pensée,

construire ses propres valeurs et, automatiquement, à développer

une image de soi positive.

Puis, je suis allé travailler au Québec. Tous les professeurs

québécois que je rencontrais me disaient : il faut que tu

Christian Staquet

animant un stage

lors des Journées

d'études fédérales de

l'OCCE, en 2003.

"Je veux que les formés

puissent expérimenter

que travailler

sur soi, parler de soi,

travailler sur l’identité

n’est pas dangereux

mais crée, au

contraire, un climat

positif".

Photos : Robert Touati

suives une formation à la pédagogie coopérative. Ce que j’ai

fait, pendant deux ans, à l’université de Mac Gill.

Chaque fois, j’ai eu besoin d’outils pour construire mes

formations, travailler sur la culture d’équipe. Je les ai

empruntés un peu partout ; les autres, je les ai créés

moi-même 3 .

A&E : Lors de vos formations, quels sont les objectifs que

vous vous fixez en termes d’acquisition par les

stagiaires ?

C.ST. : Je travaille sur deux aspects : faire vivre et ressentir

le plaisir d’exister, d’être en groupe, d’accepter les

autres et d’être accepté. Donc, il y a un premier travail sur

“parler de soi et écouter les autres”.

Le deuxième aspect, c’est la verbalisation de l’expérience

qu’ils vivent au sein du groupe. Une fois qu’on verbalise

cette expérience, on peut opérer un transfert vers les

autres. L’objectif majeur étant que les enseignants transfèrent

ce travail sur “la personne dans un groupe”, dans leur

classe. En même temps, je veux que les formés puissent

expérimenter que travailler sur soi, parler de soi, travailler

sur l’identité n’est pas dangereux mais crée, au contraire,

un climat positif.

Interview, Marie-France Rachédi

1. Formateur en pédagogie coopérative, en accueil des élèves, en

technique de “drama” pour développer l’empathie (émotions).

2. Les journées d'études fédérales de l'Office Central de la Coopération

à l'Ecole se sont déroulées du 15 au 17 janviers 2003, à Paris. Les formations

proposées se situaient dans le prolongement de la réflexion sur

"Paroles d'enfants" engagée lors du congrès d'Arras de l'OCCE.

3. On peut retrouver un bon nombre de ces outils dans l’ouvrage de

Christian Staquet : “Le livre du moi”, aux éditions de La Chenelière.

Ce livre comporte de nombreux exercices visant au développement

de l’estime de soi. “Dans ce livre, j’explique, également, l’intérêt

de ce travail dans la construction d’équipe pédagogique”.

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

37


groupe Europe

L’OCCE et les projets

coopératifs européens

La finalité essentielle de la coopération scolaire, c’est la

formation du citoyen dans une société démocratique.

C’est l’affirmation de la responsabilité de l’enfant dans

sa propre éducation : l’enfant citoyen à part entière dans

l’école. Initier à l’Europe, c’est faire vivre à l’enfant une

citoyenneté plus large où chacun se sentira plus engagé.

C’est par l’école et une éducation continue que nous irons à

la création d’une Europe authentique.

Jean Monnet, père fondateur de la communauté, disait : «Si

je devais recommencer, je recommencerais avec l’Education».

Interdisciplinaires, les projets Socrates permettent une

introduction concrète de la dimension européenne dans

l’enseignement. Instaurés dans un cadre multiculturel, avec

un partenariat multilatéral, ils ouvrent les horizons en organisant

une coopération européenne, de la maternelle au

secondaire, avec tous les acteurs de la communauté éducative.

Ces actions apportent aux écoles un souffle d’air frais,

des idées nouvelles. Elles créent une réelle coopération

entre les établissements scolaires par des échanges d’expériences,

de pratiques innovantes, sur des thèmes choisis

ensemble.

Les objectifs des projets Socrates se confondent avec ceux

de nos enseignements. Les pratiques et systèmes éducatifs

sont très différents d’un pays à l’autre. C’est dans ce

contexte que la correspondance, basée sur un contrat :

«Apprendre de, par, pour, avec un correspondant», contribuera

à former des élèves acteurs de leurs apprentissages et

à faire émerger une citoyenneté européenne en agissant

auprès des jeunes, des enseignants et des adultes.

Dans ces projets de correspondance européenne, les enfants

apprennent, à l’école, à assurer des responsabilités coopératives

tout en établissant des rapports avec d’autres

enfants des pays réunis sous les couleurs de l’Europe.

Nous sommes témoins qu’ils ont enrichi notre pédagogie et

notre façon d’être.

N’ayons pas peur de suivre les traces de Socrates dont la

maxime : «Connais-toi, toi même» est la base première pour

la connaissance et le respect de soi et de l’autre dans la différence,

ou de Coménius qui engageait l’école à s’ouvrir au

monde.

Nous nous engageons, comme le dit si bien notre président,

Jean-François Vincent : «dans une logique qui envisage la

construction de la citoyenneté au cœur de la construction

du savoir.».

Monique Gosselin,

pour le Groupe Europe

Agathe et la coopé

Papa, viens à l’école !

“Papa, papa, il faut que tu viennes à l’école !”

Évidemment, papa a tout de suite cru que c’était une histoire

grave, que j’avais eu un zéro en dictée, ou que j’avais fait une

grosse bêtise… Il est inquiet, papa…

“C’est pour parler de ton métier. On fait des enquêtes là-dessus,

en classe…”

Donc, le premier choc passé –qu’il devait venir à l’école, non

pas à cause de moi, mais pour parler de son travail– on a pu

discuter sérieusement…

- “Et je suis le seul papa à venir ?

- Non, y’a aussi des mamans, et plein plein de métiers différents.

- Ca sert à quoi, de nous faire venir comme ça, c’est pas de

l’histoire, ni de la géographie… C’est encore une drôle d’idée

de votre drôle de maîtresse…

- Ben, on en a parlé en réunion coop, des métiers, de ce qu’on

ferait plus tard, et même du chômage…

- Et moi, dans tout ça ?

- Je t’ai inscrit pour que tu parles de l’imprimerie, de ton

métier, que tu l’expliques aux autres élèves.

- Ce n’est pas très intéressant… Une grosse machine toute

noire qui crache des feuilles de carton…

- Si, si. Tu te rappelles, tu nous en as

donné plein, quand la machine s’était

trompée… On les a regardées, et on a plein

de questions a te poser.

- Tu crois ?

- La maîtresse nous a fait travailler sur un questionnaire qu’on

posera à tous les papas et à toutes les mamans qui viendront

dans la classe, et on comparera les réponses…

- C’est quoi, vos questions ?

- Ben, c’est du genre : Combien vous êtes à travailler ? Si c’est

difficile ? Comment apprend le métier ? Si c’est bien payé ?…

tout ça… On fera des affiches et on les exposera dans le hall

d’entrée de l’école…

- Et combien on est, à venir dans la classe ?

- Une quinzaine, avec plein de métiers différents. Mais tu sais,

tu peux dire non, si tu ne veux pas…

- Ca te ferait plaisir que je vienne parler de mon métier à tes

copains et copines ?

- Oui papa, s’il te plaît, s’il te plaît mon papa chériadoré…

- Alors, tu diras à ta maîtresse que c’est d’accord. C’est

quand ? Il faut que je m’organise…

- La maîtresse nous a donné une petite fiche, tu peux t’inscrire,

et tu viens quand tu peux, sauf sur les horaires de piscine

et de musique, parce qu’on ne peut pas les changer…

- Fais voir ça…”

De AàZ

38 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


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é chos des groupes

étamine

Quelques pistes pour

gérer l’écriture collective

étamine

" Jeunes Auteurs et Lecteurs de l'OCCE "

Réaliser coopérativement un livre en classe n’est pas sans soulever un

certain nombre de difficultés. Voici donc quelques éléments de réponses

élaborés par un groupe d’adultes réunis en conseil de coopérative lors du

rassemblement national de Vire (dans le Calvados), en 2002 :

Point de vue

étamine

"étamine" est une opération

nationale. Les coopérateurs

scolaires s’y engagent pour

réaliser un projet coopératif.

Les seules récompenses sont le

plaisir d’être lu, le colis de

livres, le certificat de participation

et la possibilité d’être

représenté par ses délégués

aux rassemblements nationaux

décentralisés, dont celui qui a

lieu au cours de l’Assemblée

Générale Nationale.

En 2003,

4 rassemblements

nationaux de jeunes

auteurs et lecteurs

de l’OCCE :

● le 9 avril, à Bourges

● le 14 mai, à Nîmes

● le 4 juin, à Talmont

St. Hilaire en Vendée

durant l’Assemblée

Générale de l’OCCE.

● En Guadeloupe.

D.R.

Difficultés rencontrées

Lancer le projet d’écriture :

Il est apparu que c’était l’un des points les plus

difficiles :

- quel type d’écrit ?

(album, documentaire, roman, …)

- quelles modalités de départ ?

Idée du maître, recensement de toutes les idées

de la classe (idées liées à une opportunité, travail

interactif entre plusieurs classes ou d’un même

réseau rural).

Gérer les idées :

Il faut faire face à leur éparpillement : provenance

de chaque élève, de travaux de groupe, d’un élève

particulier.

Mettre un lien entre ces multiples idées (faut-il

tout garder ? Situation de l’élève qui voit sa ou ses

propositions non retenues ? Problème de la « correction

collective » ? Question de l’exigence au

niveau de l’expression.)

Gérer le temps :

Le temps jusqu’à la date limite de réception des

productions apparaît trop court.

Gérer le déplaisir :

Il y a des moments de lassitude, notamment en fin

de projet avec la perspective de l’échéance.

Il y a des choix à effectuer, donc forcément des

moments de frustrations individuelles

Gérer la place de l’enseignant :

A été soulevé le problème de la disponibilité par

rapport au groupe.

Il ne faut pas que la production devienne celle de

l’enseignant (au niveau de l’écrit, des techniques

de mise en page, des illustrations)

Gérer les aspects financiers :

(Comme précédemment signalé, point peu abordé,

non par faute de temps mais parce qu’il n’apparaît

pas comme insurmontable)

La production d’un nombre élevé d’albums avec

pages de couleur est relativement coûteuse.

Des idées ou des moyens pour les limiter, voire les résoudre

- Intérêt pour les élèves d’avoir une bonne connaissance des critères selon

lesquels sera évaluée la production.

- Intérêt de la connaissance déjà existante chez les élèves de la structure des

différentes formes d’écrits.

- Intérêt de la finalité : ce n’est pas un écrit pour le maître, mais un travail collectif

destiné à d’autres élèves. Lecteurs : situation vraie.

- Avantage d’inscrire le projet dans le temps (projet d’école ou d’élèves demeurant,

en milieu rural, avec l’enseignant ; connaissance des pratiques pédagogiques

de l’enseignant de l’année suivante)

Ne pas vouloir être trop puriste par rapport à la gestion des idées (ex : soumettre

chaque idée à un vote)

Travailler en petits groupes de 2 ou 3 plutôt qu’en grand groupe, voire la classe

entière.

Ne plus chercher à atteindre la qualité d’écrit d’une production professionnelle

d’une maison d’édition.

Savoir accepter les influences extérieures moins “ nobles ” que les objectifs de

l’enseignant (ex : lecture de bandes dessinées par les élèves).

Démarrer le projet aussi rapidement que possible dès la rentrée. (ou l’envisager

sur deux ans en milieu rural)

Construire avec les élèves un échéancier affiché dans la classe qui permet de

mieux mesurer ce qui reste à faire.

Accepter une réflexion hors temps scolaire (sur les idées, sur leur écriture ou

réécriture, sur les illustrations,…)

Ne pas penser que si la date limite était plus tard, on éviterait le “ stress ” de la

dernière semaine.(toute tâche est extensible dans le temps que l’on veut bien lui

consacrer)

Alterner année “ jury ” et année “ écrivain ”. (mais les élèves apparaissent

moins passionnés par la première fonction)

Savoir accepter une production “ moins performante ” que si elle avait été réalisée

par un adulte.

Utiliser toutes les stratégies qui permettent d’associer étroitement les élèves.

(conseil de coopérative, travaux de groupes, votes, discussions argumentées,…)

Ne plus tomber dans l’excès : si en quelques minutes, l’enseignant peut techniquement

réaliser à l’ordinateur, une mise en page décidée par les élèves, il n’est

pas nécessaire de faire “ buter ” pendant une heure, deux élèves, sur les

aspects pratiques de gestion de cet outil (aspects qui peuvent être abordés

dans d’autres circonstances)

Insister sur la nécessité de faire aboutir le projet et que l’on retrouvera le plaisir

face à la tâche accomplie.

A travers le développement d’une argumentation faire prendre conscience à

l’élève qu’il faut savoir, à certains moments, renoncer et prendre en considération

un point de vue différent.

Faire des productions en noir et blanc avec divers modes de coloriage par la

suite.

Regrouper les vignettes couleur à reproduire pour limiter le nombre de tirages.

Faire appel à des potentialités externes (inscription dans le projet d’école, aide

matérielle d’un parent, d’une entreprise, …)

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

39


Livres jeunesse

Relations des enfants avec

les personnes du troisième âge

Dans la littérature de

jeunesse, la personne

âgée est à l’origine

de deux générations,

au moins. Hormis

cette caractéristique, on

a bien du mal à donner

un âge à ces êtres débordants

de joie de vivre et

de sérénité et qui semblent

avoir acquis des

droits que les enfants

n’ont pas -“se lever tôt

parce que c’est tous les jours

les vacances”, par

exemple... Mais, surtout, au

travers d’histoires bien racontées,

les personnes d’un

certain âge fournissent des

exemples de héros au quotidien,

menant courageusement un combat personnel

pour instaurer des relations de famille

harmonieuses, riches et exemptes de mensonges.

Les livres de jeunesse qui mettent en scène des

grands-parents sont de véritables leçons de vie,

adressées par les écrivains à tous les adultes, les

parents et les petits-enfants.

Vieillir et se donner enfin le droit de vivre pleinement

“Je crois qu’un monsieur me regarde”, écrit Thelma à Lou

dans : “Ma Lou adorée”. La vieille dame vit une histoire

d’amour, alors qu’elle avait pris son parti de la solitude depuis

qu’elle a perdu son mari. Vivre seule est douloureux pour

Précieuse, figure romantique de la “veuve de la guerre de 14”

dans le livre : “Lettres d’amour de 0 à 10”. Elle ne refera pas

sa vie avec quelqu’un mais, grâce à son petit-fils, fera la paix

avec son propre fils. Il s’agit de pardonner pour Manon et

Mamina, personnages du roman éponyme, qui se rencontrent

alors qu’elles sont en fugue. La jeune Manon pense que ses

parents ne l’aiment pas ; la vieille Mamina veut inquiéter (un

peu) ses enfants, indifférents à sa quête de tendresse partagée,

mais elle refuse de se plier à sa bru, une femme bourrée

de principes.

Etre enfin soi-même et vivre pleinement est la philosophie de

ces trois romans de grand-mères aux personnalités affirmées.

De leur côté, les grands-pères sont fantasques dans les deux

romans de Mickaël Morpurgo : “Tempête sur Shangri-la” et “Le

secret de grand-père”. Le vieux monsieur

du premier titre cité a perdu

la mémoire. N’étant plus lié au

monde par la raison, il met au

point, avec les résidents de sa maison

de retraite, un voyage improbable

à la mer, qui donne l’idée que

les personnes âgées peuvent s’organiser

collectivement. Le vieil

homme du second titre est illettré

et apprend à lire avec son petitfils.

À la suite de quoi, il lui

rédige les épisodes épiques de sa

jeunesse, qui deviendront des

points d’ancrage de la mémoire

familiale. Pour ces deux grandspères,

il s’agit de tisser les liens

entre leur jeunesse et leur vie de

vieillesse, à partir d’une expérience

nouvelle, manière de démontrer que le

grand âge est peut-être le bon moment pour

entreprendre ce que l’on n’a pas réalisé avant.

© 2002 Simon James, éd. Autrement Jeunesse

Nos aïeux, ou l’héroïsme au quotidien,

grâce à la tendresse partagée

Un enfant, un grand-père, des oiseaux sont les personnages

des albums pour petits : “Petit-Paul et l’oisillon” et

“Camille a des doutes”. Petit Paul a trouvé un oisillon. Il lui

fabrique une cage et l’y tient enfermé. Papy réussit, mieux

que Maman, à la lui faire ouvrir pour libérer l’oiseau. Le

grand-père de Camille affirme que les oiseaux ont chanté

pour elle, la veille de son anniversaire. Les soupçons de

Camille sont le prétexte d’une découverte ornithologique à

deux. Philosophe et raconteur d’histoires, le grand-père se

fait médiateur entre les enfants et leurs parents dans de

nombreux ouvrages. Pour les tout-petits encore, dans l’album

: “Sous la pluie avec Bébé canard”, Grand-papa fait

aimer la pluie à ce dernier en lui faisant chausser les bottes

rouges que portait sa mère quand elle était petite ; et dans :

“Un dimanche à la campagne”, la maman comprend, grâce

à la connivence de sa fille avec son vieux père, que celui-ci

ne quittera jamais la campagne pour aller vivre, à la ville,

avec les siens.

Dans la littérature de jeunesse, ce sont les grandsmères

qui, dotées d’une courageuse résistance à la

douleur physique, instaurent le dialogue entre les

enfants et leurs parents. Morgane dans : “Batterie et

lunettes noires”, joue la “mamy-sitting” d’une

40 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


L i v r e s j e u n e s s e

voisine qui a perdu la vue et y gagne une grandmère

et la batterie qu’elle rêve d’acheter.

Deux récits épistolaires font partager aux lecteurs

plus mûrs des périodes douloureuses de la vie de

petites filles et de leurs aïeules. Les lettres du

roman : “Mémé, t’as du courrier” sont franches et

incitent à la réflexion : “Ne te vexe pas, mais tu

radotes un peu”, écrit Annabelle à sa grand-mère

qui lui dit, plus tard : “Je n’en pouvais plus de ce

corps, mais pas de la vie, oh non ! pas de la vie”.

Les lettres seules de Rébecca sont publiées dans

le roman : “Lettres à Dolly”, ce qui lui donne le ton

d’un journal intime. Dolly est la grand-mère adorée de

Rébecca, qu’un secret de famille isole doublement : incarcérée

à la suite d’un surendettement, elle est rejetée par

son fils, le père de Rébecca.

Le temps passe…mais la vie continue

Les personnages âgés de la littérature de jeunesse

sont volontiers fantaisistes. À la suite du

désormais célèbre : “Moi ma grand-mère”, la

grand-mère de Robert n’est pas née de la dernière

pluie. Comme toutes les grands-mères,

elle répète souvent : “Ah ! dans ma vie, tu sais,

j’en ai vu ! Quand tu en auras vu autant que

moi… !”. La grand-mère de : “Née de la dernière

pluie”, justement, ne supporte pas plus la maison de

retraite que sa petite fille d’adoption n'accepte l’internat

pour les top-modèles. Elles font un trou dans le grillage qui

sépare les deux institutions et créent

un grand parc où les belles filles

côtoient les vieilles personnes.

Quand on est jeune, difficile de se

représenter la longue vie des personnes

âgées. Le titre de l’album :

“Dans 3500 mercredis” est une façon

de donner un âge à toute une génération

qui “a été grande assez longtemps”. Dan un

univers gai, on découvre une galerie de personnages

à canne et à lunettes, tandis que : “Le monsieur de

la rue d’à côté” prend vie dans le carnet intime joliment

écrit et illustré par sa petite voisine qui lui imagine

moult aventures pour tromper son inquiétude : il a disparu.

Serait-il mort ? En fait, il est hospitalisé, et, de retour chez

lui, il fait connaissance avec sa jeune voisine artiste.

De la mémé pied-noir dans : “Le voyage de Mémé”

ou de celle, munichoise de souche, dans : “Oma, ma

grand-mère à moi”, difficile de savoir laquelle est

la plus têtue. L’une a décidé de se rendre en banlieue

à pied avec son petit-fils. L’autre a recueilli le

sien, orphelin à l’âge de cinq ans. Les deux personnages

revivent, avec force, des moments

de leur jeunesse, fondant, par leurs

regards sur la jeune génération, des principes

éducatifs qui s’adressent finalement…

aux parents.

Christine Houyel

© 2002 Delphine Aubry, éd. du Rouergue

Petite bibliographie pour découvrir les relations

entre les personnes âgées et les enfants

«Farces et fabliaux du Moyen-Âge»,

adaptation pour le théâtre,

R. Boudet, trad. C. Poslaniec,

L’école des loisirs (Médium), 4,50 €

«Moi, ma grand-mère»,

Pef, Gallimard Jeunesse, 8 €

«Petit Paul et l’oisillon»,

M. Newman, ill. P. Benson,

Kaléidoscope, 12 €

«Sous la pluie avec Bébé

Canard», A. Hest, ill. J. Barton,

Kaléidoscope, 10,98 €

«Tempête sur Shangri-la»,

M. Morpurgo,

Gallimard Jeunesse (Folio cadet), 5,10 €

«Le secret de Grand-père»,

M. Morpurgo, M. Foreman,

Gallimard Jeunesse (Folio cadet), 4,30 €

«Un dimanche chez grand-père»,

P. Dupasquier,

Gallimard Jeunesse, 12,50 €

«Camille a des doutes»,

S. James,

Autrement Jeunesse, 12,20 €

«Le monsieur de la rue d’à côté»,

A. Dumas, ill. M. Laffon, Syros, 15 €

«Manon et Mamina»,

Y. Hassan, S. Girel,

Casterman (dix et plus), 6,47 €

«Le voyage de Mémé»,

G. Ben Aych, Pocket Junior, 5,5 €

«Batterie et lunettes noires»,

C. Jolibois, ill. Édith, Père Castor

Flammarion (Faim de loup), 4 €

«Lettres à Dolly», Y. Hassan,

ill. M. Truong,

Casterman (Junior), 6,50 €

«Mémé, t’as du courrier»,

J. Hoestlandt, C. Franek,

Nathan (Pleine Lune), 5,79 €

«Dans 3500 mercredis»,

A. Agopian, C. Franek, Rourgue,

10,98 €

«Née de la dernière pluie»,

F. Bijou, ill. D. Aubry,

éditions du Rouergue, 6,50 €

«Oma, ma grand-mère et moi»,

P. Hartling, C. Lapointe,

Pocket Jeunesse, 5,5 €

«Lettres d’amour de 0 à 10»,

S. Morgenstern,

L’école des loisirs (Neuf), 7,5 €

«Ma Lou adorée»,

É. Brami, ill. B. Poncelet,

Seuil Jeunesse, 10, 95 €

«La grand-mère

de Robert»,

A. Gérard,

éditions du

Ricochet, 12,04 €

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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I m a g e s &

I m a g e s

“Rêve d’usine”

“Est-ce qu’on va laisser les machines par terre ?” C’est un

ouvrier syndicaliste qui lance ce cri. En fait, il voulait dire

“partir”, mais le lapsus était inévitable, tant les trois cents

ouvriers de cette usine d’Epéda sont atterrés à l’idée de

cesser toute activité ; atterrés, les trois cents ouvriers de

cette usine de Mer, après l’annonce, en 1999, de la fermeture

de leur site, alors qu’un mois avant, ils faisaient encore

des heures supplémentaires pour répondre aux commandes ;

atterrés, enfin, ces ouvriers, devant tant de mépris à leur

égard lorsqu’on leur propose des indemnités de départ dérisoires,

au regard des vingt-cinq ou trente années de sueur

et de fatigue qu’ils ont données à cette usine.

Alors, les ouvriers s’organisent et tentent de lutter contre

cette fermeture et s’opposent au plan social qui menace

tous les postes.

Luc Decaster signe, avec “Rêve d’usine”, un nouveau film

documentaire. Ce film est nécessaire pour comprendre ce

que vivent, actuellement, ces milliers de salariés victimes

d’une idéologie économique cynique et destructrice.

Cynique, quand les dirigeants d’Epeda ont la délicatesse de

faire parvenir aux ouvriers l’annonce de fermeture… un 30

décembre. Cynique, également, la stratégie qui consiste à

métamorphoser Epéda en Epéfa, par des mouvements de

capitaux, pour déboussoler le tribunal en charge de l’affaire.

Destructrice, enfin, cette économie qui se joue des

souffrances humaines et laisse sur le carreau des individus

déprimés -qui survivent à l'aide de calmants- ou désespérés,

à l’image de cette ouvrière portugaise qui, désormais, a

peur pour l’avenir de ses enfants.

Ce film est, également, une belle leçon de solidarité et de

lutte collective. Des discussions autour des machines qui

tournent au ralenti, jusqu’aux débats collectifs pour décider

des actions à mener pour se faire entendre de la direction,

la caméra de Luc Decaster n’a rien perdu. Cette caméra

omniprésente sur ce conflit n’a surtout pas raté ce face-àface

tant attendu entre les ouvriers et la direction, où,

enfin, les salariés pourraient demander des explications à

tant de mépris. Un face-à-face marqué par cette insistance

des ouvriers d’Epéda à retrouver leur dignité en exigeant

une réponse sans langue de bois. Cette réponse, ils ne l’auront

pas. Par contre, ils obtiendront une renégociation de

leurs indemnités de licenciement.

En fin de compte, les machines partiront en avril 2000. Des

camions viendront et emporteront les machines les plus performantes

vers des pays où la main-d’œuvre est meilleur

marché, jusqu’à ce que cette main-d’œuvre, à son tour,

"rêve" d’usine.

Robert Touati

Luc Decaster

Luc Decaster a grandi à

Saint-Nazaire, capitale

des constructions navales.

Pendant son adolescence,

durant laquelle il prépare un

brevet industriel de chaudronnier,

il a été marqué par les

grèves dures, les affrontements

des ouvriers des chantiers de

l’Atlantique avec les CRS.

Devenu dessinateur industriel

chez Chausson, en région parisienne,

il découvre, derrière le mur du bureau d’études, le

taylorisme qui règne dans les ateliers de presse : les mains

calleuses, les visages creusés des OS derrière la chaîne.

Parallèlement, il entreprend des études d’histoire et se spécialise

dans les recherches sur le mouvement ouvrier. En

1976, il devient professeur d’histoire. Il reprend des études

de cinéma, à l’université. En 1991, il quitte l’enseignement

et réalise ses premiers films : des documentaires qui parlent

des gens qui lui sont proches, à Argenteuil, où il réside. Il

prépare actuellement un documentaire et un premier long

métrage de fiction.

Filmographie

Champion à quel prix (cm, doc) (1991) / Gens d’ici (doc)

(1992) / Le Rêve usurpé (doc) (1994) / On s’arrange pour la

rendre belle (doc) (1995) / Entre paradis perdu et terre promise

(doc) (1996) / La Vie en vert (cm, doc) (1996) / Tête

de file (doc) (1999)

Fiche Technique :

Documentaire. 98min/35mm/couleur

Production : Philippe Bouychou, Corto

Pacific, Farid Rezcallah, 24 images.

Image : Patrice Guillou.

Montage : Claire Atmerton.

Son : Ouadi Guenich, Pierre-Yves Lavoué.

Musique : Serge Adam.

Distribution Zootrope Films

81, boulevard de Clichy

75009 Paris, France.

tél. : (33-1) 53 20 48 60

fax : (33-1) 53 20 48 69

e-mail : sachab2@wanadoo.fr

42 Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173


& P a g e s

P a g e s

Rééditions du "Soriano"*

Encore une rubrique “Résurrection” : “Le

Soriano” est revenu. Publié en 1975, chez

Flammarion, le guide de littérature pour la

jeunesse avait disparu vers 1985.

Aujourd’hui, les éditions Delagrave (rachetées

par Flammarion) rééditent l’ouvrage de

façon extrêmement identique (sauf la couverture)

à celle de 1975 (même les coquilles

s’y retrouvent : cf. p.85 …le petit joueur de

violon…).

Excellent instrument de travail, il contient :

- “des études consacrées aux problèmes fondamentaux

de la littérature de jeunesse ;

- des listes de livres de bonne qualité classés par thèmes

ou centres d’intérêt (certains continuent à vivre) ;

- des monographies d’auteurs ou d’artisans du livre de

jeunesse accompagnées d’indications bibliographiques ;

- des références critiques et analyses de base concernant

la psychologie, la psychanalyse, l’histoire qui ont un rapport

direct avec la littérature de jeunesse ;

- quelques définitions des concepts fondamentaux

utilisés par ces diverses disciplines ;

- des bibliographies de recherche concernant soit les

problèmes, soit les courants, soit les pays étudiés…”.

Pour connaître l’histoire et le développement de la littérature

de jeunesse, cet ouvrage demeure indispensable et

inégalé.

Marc Soriano s’intéresse plus au roman qu’au texte court et

à l’illustration de l’album. Page 326, l’article consacré à

“l’illustration des livres pour la jeunesse” évoque plus l’histoire

des rapports texte/image, depuis 1679, qu’une analyse

fine des albums contemporains.

Michel Defourny, enseignant à l’Université de Liège, présente

Marc Soriano comme un “humaniste démocrate”.

Osons dire que ses articles démontrent qu’une analyse

marxiste peut être riche et pertinente.

L’ouvrage est parcouru de multiples questionnements, critiques

qui demeurent, plus que jamais, d’une brûlante

actualité.

Mais n’y cherchez pas “Le prince Eric”, les écrits de Serge

Dalens et Jean-Louis Foncine, la Collection “Signe de Piste”

qui n’entrent pas dans le corpus étudié.

Au temps où le Ministère de l’Education nationale publie une

liste de 180 titres, “obligatoire”, au temps où chacun

réclame une formation en littérature de jeunesse plus

importante dans les IUFM, ce travail réédité doit servir de

socle intellectuel à toute personne intéressée par la littérature

de jeunesse.

Traquer l’intelligence de l’éphémère, pour offrir le meilleur

à l’enfant.

Alain Fiévez

Association des Libraires Spécialisés

pour la Jeunesse

A découvrir :

Les éditions

Plume de

Carotte

Créé par Frédéric Lisak,

rédacteur en chef de la

revue Tournesol1, auteur ou

co-auteur d’une quinzaine

de documentaires ou de

livres ludo-éducatifs sur le

thème de la nature (pour les

éditions Milan, notamment),

cette maison d’éditions a

pour objectif de faire

découvrir la nature aux

enfants, à travers des activités

manuelles et ludiques.

Les ouvrages proposés, deux

actuellement, se présentent

sous la forme de livre-coffret.

Le premier titre s'intitule

: "Mon jardin de

poche", et comprend :

3 livrets pour construire,

cultiver et découvrir, un poster-calendrier

des saisons,

des sachets de graines… le

second : « Mon jardin de

sorcière » contient : le carnet

des explorateurs, le carnet

de jardinage sorcier, un

herbier avec 24 plantes

magiques, le jeu : « où sont

passées les plantes de la sorcière

», trois sachets de

graines de jardinage sorcier

et d’authentiques baies

d’églantier poil à gratter.

Contact : Editions Plume de

Carotte, Frédéric Lisak, 6

impasse Miguel Villabella.

Tél./Fax : 05.61.80.86.68

E-mail:

plumedecarotte@wanadoo.fr

1. L'aventure de Tournesol s'est terminée

en juin 2001, faute de financement,

Jardiniers de France ayant

renoncé à cette activité éditoriale.

* Guide de littérature pour la jeunesse, Delagrave, 2002, 29 €

Animation & Education - Mars/Avril 2003 - n°173

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A&E se veut une fenêtre ouverte

sur les innovations pédagogiques

et la recherche en éducation ;

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