Estimer l'utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP)

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Introduction et Résumé
Entre 47 000 et 105 000 dispositifs de concentration
de poissons (DCP) sont lancés dans nos
océans chaque année.
De nombreuses espèces de poissons se joignent naturellement
aux objets qui flottent dans les océans et, pendant des
décennies, ce constat a été soigneusement et systématiquement
exploité pour capturer des bancs de thons de grande
valeur commerciale. Les DCP sont des objets flottants spécialement
construits par l'homme pour attirer ces poissons.
Le secteur de la pêche à la senne coulissante dépend de
plus en plus des DCP flottants, et ce nouveau problème
doit être abordé au plus vite. Alors que les déploiements
de DCP observés ont augmenté de plus de 60 % depuis
2006 dans le seul Pacifique Est, la prolifération des DCP
se poursuit sans aucun contrôle ou presque. À l'heure
actuelle, il n'existe pas de règles imposant aux pêcheurs
ou aux propriétaires de navires de consigner ou de
déclarer le nombre de DCP qu'ils utilisent, quand bien
même certaines ORGP (organisations régionales de gestion
de la pêche) ont pris des mesures visant à améliorer la
surveillance des DCP dérivants.
La question des DCP est étroitement liée à celles de la
durabilité à long terme. Dans tout l'océan Pacifique, les
thons obèses sont surpêchés : une tendance encouragée
par l'utilisation croissante de DCP qui attirent généralement
les jeunes thons obèses. De façon inquiétante,
le tonnage total de thons obèses capturés sur des DCP
(77 095 tonnes) dans l'ouest et le centre du Pacifique l'an
dernier dépassait le tonnage de ces mêmes thons capturés
par les pêcheries palangrières (67 699 tonnes) 1 . Si
l'on considère que les jeunes thons obèses sont capturés
sur des DCP, les impacts sur la durabilité globale de la
pêcherie sont extrêmement préoccupants.
L'utilisation de DCP a également de graves conséquences
pour les espèces menacées de requins, parmi
lesquelles le requin océanique et le requin soyeux, qui
sont capturés accessoirement.
L'urgence et la nécessité de gérer les DCP sont de plus
en plus reconnues. Lors d'une conférence internationale
sur les DCP organisée en 2011, les scientifiques et les
gestionnaires de pêcheries du monde entier se sont
accordés sur le fait que la prolifération de DCP dérivants
a engendré des impacts négatifs sur les thons et sur
d'autres espèces capturées accessoirement. Ils ont appelé
les pays et les ORGP à prendre une série
de mesures pour combler les lacunes en matière
d’information, ces mesures étant les suivantes :
· partager les données techniques de base sur : 1) le
nombre de DCP dérivants déployés ; 2) le nombre
de DCP dérivants activement surveillés par des
navires et des entreprises de pêche ; et 3) les dépla-
1 Williams, P. et Terawasi, P. 2012. « Overview of tuna fisheries in the Western and Central
Pacific Ocean, including economic conditions – 2011 ». http://www.wcpfc.int/node/5408
cements et la zone couverte par les DCP dérivants
dans une région océanique donnée ;
· développer des plans de gestion des DCP afin
de consigner le nombre et le statut (perdu, volé,
récupéré) des DCP, et définir des procédures
d'identification visant à clarifier la propriété et la
responsabilité des engins perdus ou abandonnés.
En se fondant sur les efforts fournis par des scientifiques
et par certains gestionnaires de la pêche pour reconnaître
et traiter ce problème, Pew Environment Group a
mené la toute première étude destinée à établir une estimation
mondiale du déploiement annuel de DCP. Elle a
été réalisée en employant trois méthodes distinctes
qui ont donné une estimation située entre 47 000 et
105 000 DCP dérivants déployés chaque année. Bien
qu'aucune de ces méthodes ne soit parfaite, elles attestent
du fort degré d'utilisation des DCP, ainsi que de leur
possible contribution au problème des déchets marins.
En menant cette enquête, nous avons rencontré de
grandes difficultés pour obtenir les informations nécessaires
à l'établissement d'estimations plus précises. Ces
difficultés montrent combien il est nécessaire que les
gestionnaires, les gouvernements et les ORGP instaurent
une réglementation et une gestion claires et transparentes
de cet engin de pêche.
Un certain nombre d'initiatives positives sont en cours,
et il convient de les développer dans l'ensemble des
pêcheries thonières. La Commission internationale pour
la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA) a
adopté en 2011 une mesure qui impose aux navires de
consigner tous les déploiements de DCP et de définir
des plans de gestion pour ces DCP. La Commission interaméricaine
du thon tropical (CITT) enregistre déjà tous
les déploiements et les retraits de DCP pour les grands
senneurs. Les parties à l'accord de Nauru, comprenant
huit États insulaires du Pacifique dans les eaux desquels
se trouve la plus grande pêcherie de thon listao, sont en
train de développer un système de suivi des DCP. Cela
leur permettra de surveiller le nombre et la localisation
des DCP quasiment en temps réel, de telle sorte qu'elles
puissent mieux comprendre l'impact des DCP dérivants
sur cette pêcherie d'une importance considérable.
Bien que toutes ces mesures aillent dans le bon sens,
la première grande mesure doit avant tout consister à
mettre en place des exigences réglementaires efficaces,
afin de s’assurer que la prochaine estimation mondiale
des DCP soit fondée sur des données transparentes et
précises. À cet effet, Pew Environment Group demande
aux ORGP thonières et à l'Organisation des
Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
d'entreprendre un examen indépendant de l'utilisation
des DCP dérivants, afin de produire une estimation de
l'ampleur de leur utilisation qui soit plus précise que celle
réalisée avec les informations actuellement disponibles.
Document de travail
Estimer l'utilisation des dispositifs de concentration de poissons (DCP) dans le monde