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Jeudi <strong>14</strong> avril <strong>2011</strong> 20h30<br />

Vendredi <strong>15</strong> avril <strong>2011</strong> 20h30<br />

Strasbourg PMC Salle Érasme<br />

Ludovic Morlot direction<br />

Hae-Sun Kang violon<br />

Christiane Œlze soprano<br />

Sara Mingardo alto<br />

Kurt Streit ténor<br />

Georg Zeppenfeld basse<br />

Chœur <strong>de</strong> l’Ops<br />

Catherine Bolzinger chef <strong>de</strong> chœur<br />

Philippe Manoury (né en 1952)<br />

Synapse, concerto pour violon et orchestre Création française 35<br />

►<br />

Ludwig van Beethoven (1770-1827)<br />

Symphonie n°9 en ré mineur pour grand orchestre,<br />

quatre solistes et chœur op.125 70


Philippe Manoury (né en 1952)<br />

Synapse, concerto pour violon et orchestre (création française)<br />

Synapse a été composé pour la violoniste Hae-Sun Kang, à qui l’œuvre est dédiée.<br />

C’est une comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Orchestre</strong> <strong>de</strong> la SWR Stuttgart et <strong>de</strong> l'<strong>Orchestre</strong><br />

symphonique <strong>de</strong> St. Louis, aux Etats-Unis.<br />

Le compositeur présente ainsi la partition. «Synapse décrit la zone <strong>de</strong> contact<br />

chimique où se transmet un signal nerveux entre <strong>de</strong>ux neurones. Sans chercher à<br />

déterminer plus précisément une analogie avec ce processus, je dirais que c’est une<br />

chose semblable qui gouverne toute la construction <strong>de</strong> cette composition pour violon<br />

et orchestre. Toute la structure motivique ou thématique est répartie en dix-huit<br />

petites formules qui, sans cesse, vont irriguer le discours musical. Ces formules<br />

s’agencent suivant une “grammaire” particulière qui les enchaîne suivant un<br />

ordonnancement très contrôlé. Ainsi <strong>de</strong>ux séquences vont donner naissance à une<br />

troisième qui, en s’unissant à la précé<strong>de</strong>nte, en engendre une quatrième, etc. Il y a<br />

donc une transmission d’information continuelle <strong>de</strong> séquences en séquences,<br />

regroupées en blocs <strong>de</strong> plus en plus petits. Le premier comporte dix séquences, en<br />

engendrant neuf autres, qui donneront naissance aux huit suivantes, et ainsi <strong>de</strong> suite<br />

jusqu’au plus petit ne comportant qu’une seule séquence. Cette <strong>de</strong>rnière regroupe<br />

les informations <strong>de</strong> toutes les précé<strong>de</strong>ntes en une image sonore très <strong>de</strong>nse et<br />

concentrée, lointain souvenir du final <strong>de</strong> la symphonie “Jupiter” <strong>de</strong> Mozart,<br />

superposant cinq thèmes dans une même polyphonie, ou encore <strong>de</strong> cette lumineuse<br />

idée <strong>de</strong> l’Aleph imaginée par Jorge-Luis Borges».<br />

Ludwig van Beethoven (1770-1827)<br />

Symphonie n°9 en ré mineur pour grand orchestre,<br />

quatre solistes et chœur op.125<br />

La genèse <strong>de</strong> l'œuvre<br />

L'année 1823 est entièrement consacrée à la fin <strong>de</strong> l'orchestration <strong>de</strong> la Symphonie<br />

en ré mineur. Quelques mois plus tôt, en octobre 1822, Beethoven avait finalisé le<br />

plan <strong>de</strong> la partition, son découpage en quatre mouvements qui inclut le texte <strong>de</strong><br />

Johann Christoph Friedrich Schiller (1759-1805).<br />

S'il met assez rapi<strong>de</strong>ment en forme la structure <strong>de</strong> l'œuvre, c'est aussi parce qu'il<br />

dispose, <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années déjà, <strong>de</strong> thèmes et d'un matériau musical<br />

consistant. Dès la Septième symphonie (1811-1812), Beethoven travaillait déjà sur<br />

l'idée d'une trilogie symphonique s'achevant par une œuvre avec chœur…<br />

Comme à son habitu<strong>de</strong>, le musicien organise la production simultanée <strong>de</strong> plusieurs<br />

partitions, généralement dans <strong>de</strong>s répertoires différents. C'est ainsi, par exemple,<br />

que <strong>de</strong>s éléments d'une ou plusieurs sonates se retrouvent retraités dans une pièce<br />

<strong>de</strong> musique <strong>de</strong> chambre. Lorsqu'il se sent prêt pour se lancer dans l'écriture <strong>de</strong> la<br />

Symphonie en ré mineur, il contacte d'éventuels commanditaires. La Société<br />

philharmonique <strong>de</strong> Londres accepte le projet. Pru<strong>de</strong>mment, Beethoven attend que<br />

les honoraires pré<strong>vu</strong>s lui soient versés avant d'aller plus en avant. La partition est par<br />

conséquent le produit <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phases <strong>de</strong> création. La première datant <strong>de</strong>s années<br />

1812-1818 et la secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1822-1823.


La création d'une nouvelle forme symphonique<br />

A partir <strong>de</strong>s années 1812-18<strong>15</strong>, Beethoven réfléchit à une nouvelle forme musicale<br />

qui associe un orchestre <strong>de</strong> vaste dimension avec <strong>de</strong>s voix. Il ne s'agissait toutefois<br />

pas <strong>de</strong> renouer avec l'oratorio. Ses nombreux écrits laissent à penser qu'il entreprit<br />

plusieurs tentatives afin d'introduire progressivement les voix solistes ainsi qu'un<br />

chœur. Il songea même à la composition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux symphonies liées entre elles, la<br />

secon<strong>de</strong> faisant apparaître les voix. L'expérience <strong>de</strong> la Fantaisie pour piano, chœur<br />

et orchestre op.80 (1808) et dont le thème final présente déjà une esquisse <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong><br />

à la Joie <strong>de</strong>meure profondément gravée dans l'esprit du compositeur.<br />

Beethoven fait une nouvelle fois appel au poème An die Freu<strong>de</strong> que Schiller avait<br />

écrit en 1785. Les vers se veulent anodins, et Schiller affirmait d'ailleurs qu'il ne<br />

s'agissait que d'une chanson à boire.<br />

Pour le compositeur, il s'agissait bien d'autre chose que d'une simple poésie. Elle<br />

illustrait un idéal qu’il avait fait sien, un idéal porté par le courant littéraire du « Sturm<br />

und Drang » auquel appartenait Schiller. “La tempête et l'élan”, si l'on traduit<br />

littéralement, porte un regard nouveau sur l'homme en ce début du XIX ème siècle. La<br />

Révolution française, puis les troubles qui surgirent dans la plupart <strong>de</strong>s capitales<br />

d'Europe et atteindront leur apogée en 1848, interrogent les artistes sur la place <strong>de</strong><br />

l'individu dans la société. La représentation d'un mon<strong>de</strong> fraternel, d'une joie collective<br />

doivent transparaître dans la symphonie. Du tumulte initial - qui n'est pas sans rendre<br />

hommage au chaos introductif <strong>de</strong> La Création (1798) <strong>de</strong> Joseph Haydn (1732-1809)<br />

- doit jaillir la réconciliation entre les nations.<br />

La Symphonie en ré mineur n'est donc en rien un appel au Créateur au sens où<br />

l'entendait Bach, mais un appel à l'Humanité tout entière. A partir <strong>de</strong> cette conviction<br />

profon<strong>de</strong>, Beethoven n'a d'autre choix que <strong>de</strong> “montrer” la voie, <strong>de</strong> composer en<br />

quelque sorte une œuvre initiatique - au sens où l'enten<strong>de</strong>nt alors les francs-maçons<br />

si présents parmi les artistes - qui conduise à l'exaltation <strong>de</strong> la conclusion. De la<br />

tonalité <strong>de</strong> ré mineur initiale à celle, lumineuse, <strong>de</strong> ré majeur…<br />

Les petits carnets que Beethoven gardait toujours sur lui et qui lui servaient<br />

désormais <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong> communication en raison <strong>de</strong> sa surdité témoignent <strong>de</strong> ses<br />

doutes avant la création <strong>de</strong> la Symphonie. Il savait que les Viennois étaient<br />

versatiles, aimant la nouveauté et plus encore ce qui brille. Gioachino Rossini (1792-<br />

1868) remportait <strong>de</strong>s succès fantastiques et bien qu'il eût rencontré Beethoven, les<br />

relations entre les musiciens étaient inexistantes. Beethoven s'agaçait <strong>de</strong>s triomphes<br />

<strong>de</strong> son jeune confrère. Pouvait-il rivaliser avec l'auteur du Barbier <strong>de</strong> Séville alors<br />

qu'il travaillait à une partition aussi monumentale ?<br />

Il ne se doutait pas qu'aucune autre œuvre dans l'histoire <strong>de</strong> la musique serait à ce<br />

point récupérée afin <strong>de</strong> célébrer les grands événements. Souvent pour le meilleur.<br />

Parfois pour le pire.<br />

1. Allegro ma non troppo, un poco maestoso<br />

Voici donc le chaos, puis l'ordre, qui jaillit <strong>de</strong> terre. Le crescendo est l'affirmation<br />

d'une force irrésistible élaborée à partir <strong>de</strong> plusieurs motifs. Les contrastes extrêmes,<br />

les dissonances, le caractère énigmatique <strong>de</strong> l'absence <strong>de</strong> thème - du moins dans<br />

les premières mesures - ont un effet saisissant sur l'auditoire. Au premier thème<br />

brutalement énoncé, s'oppose une secon<strong>de</strong> idée musicale <strong>de</strong> nature mélodique.<br />

Inexorablement, l'ampleur du développement se traduit par une puissance tragique<br />

portée par les roulements <strong>de</strong> timbales et les vents. On note d'ailleurs la place<br />

importante dévolue au hautbois dont la présence semble affirmer la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>


l'Homme <strong>de</strong>vant le déchaînement <strong>de</strong> la Nature. Le mouvement s'achève sur un<br />

rythme <strong>de</strong> marche porté par les timbales et les trombones.<br />

2/ Molto vivace (Scherzo)<br />

Deux idées thématiques, une fois encore, se heurtent dans le scherzo, qui n'en porte<br />

pas le nom mais toutes les caractéristiques. C'est tout d'abord l'affirmation double<br />

forte d'un rythme très bref scandé aux cor<strong>de</strong>s puis repris par les timbales et les<br />

vents. La forme se dévoile : il s'agit d'une fugue à cinq voix d'une gran<strong>de</strong> complexité.<br />

L'orchestration, avec <strong>de</strong>s interruptions <strong>de</strong> plus en plus serrées <strong>de</strong>s timbales, une<br />

pulsation jubilatoire <strong>de</strong> tout l'orchestre, théâtralisent le propos. C'est le rythme, la<br />

perception vitale <strong>de</strong> l'énergie qui s'imposent, hors <strong>de</strong> toute considération esthétique.<br />

Beethoven disloque la notion du “beau” telle qu'elle était comprise à son époque. Le<br />

presto central - qui tient lieu <strong>de</strong> Trio - se révèle une danse effrénée et animée pas les<br />

bassons. Tous les instruments se joignent à leur motif répété à l'envi, varié, travaillé<br />

en tous sens. Déjà, l'auditeur perçoit <strong>de</strong>s bribes <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong> à la joie, entre <strong>de</strong>s silences<br />

qui ponctuent la respiration <strong>de</strong> la masse sonore.<br />

3/ Adagio molto e cantabile<br />

Certains musicologues soulignent la parenté du thème du mouvement lent avec le<br />

Douzième quatuor à cor<strong>de</strong>s en mi bémol majeur op. 127 achevé en 1827. Pour<br />

autant, Beethoven cherche ici, tout comme dans la Sixième symphonie “Pastorale”<br />

op. 68 (1808) à faire chanter les instruments comme s'il s'agissait <strong>de</strong> voix humaines.<br />

La fusion entre les éléments se réalise en trois parties, voire en trois strophes si l'on<br />

se réfère à l'esprit d'un texte littéraire. La sérénité et la douleur contemplative se<br />

mêlent dans le thème exposé mezzo-voce par les cor<strong>de</strong>s. Dans les modulations <strong>de</strong><br />

cette idée musicale, les vents apportent <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> couleurs, <strong>de</strong> timbres et <strong>de</strong>s<br />

effets d'échos. Parfois même, l'œuvre se mue en une séréna<strong>de</strong> pour vents, les<br />

pizzicati <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s leur offrant un accompagnement discret. Beethoven joue ainsi<br />

sur les sinuosités <strong>de</strong>s diverses variations avant <strong>de</strong> revenir au thème initial. Rien ne<br />

laisse présager l'immense final, si ce n'est brusquement un unisson répété à <strong>de</strong>ux<br />

reprises. Trompettes et cors rompent la rêverie et produisent un effet <strong>de</strong> tension<br />

rythmique et d'attente.<br />

4/ Final. Presto<br />

Le <strong>de</strong>rnier mouvement s'organise en <strong>de</strong>ux parties, <strong>de</strong>ux fresques presque. La<br />

première est purement instrumentale, préparant la secon<strong>de</strong> qui révèle les chœurs et<br />

les voix solistes.<br />

Les dissonances <strong>de</strong>s vents et <strong>de</strong>s timbales provoquent l'éclatement sonore <strong>de</strong>s<br />

premières mesures. Cette ouverture théâtrale laisse place au motif <strong>de</strong>s violoncelles<br />

et contrebasses qui annoncent déjà le chant du baryton. Alternativement, les familles<br />

d'instruments proposent quelques bribes <strong>de</strong> phrases musicales <strong>de</strong>s trois<br />

mouvements antérieurs. Tous les pupitres sont bientôt réunis en une seule voix.<br />

C'est enfin le thème <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong> à la joie qui est interprété par les hautbois, clarinettes<br />

et bassons avec les cors. Il s'agit presque d'un murmure, dolce, d'un récitatif qui<br />

gagne tout l'orchestre avec un sentiment d'allégresse.<br />

L'exposition du thème provoque une nouvelle “ouverture <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>au”. Cette fois-ci,<br />

c'est la voix <strong>de</strong> baryton (ou <strong>de</strong> basse) qui chante «O Freund, nicht diese Töne,<br />

son<strong>de</strong>rn lasst uns angenehmere anstimmen und freu<strong>de</strong>nvollere!» («O Frères,<br />

abandonnez cette musique, entonnons plutôt une musique plus agréable et plus<br />

joyeuse!»). Après cette invitation à chanter, le chœur reprend les quatre <strong>de</strong>rniers<br />

vers <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong>.


Apparaissent alors <strong>de</strong>s variations. La première sur une pulsation grave du<br />

contrebasson est une marche, une sorte <strong>de</strong> musique turque sur laquelle la voix du<br />

ténor s'insère «Froh, wie seine Sonnen», secondée par le chœur d'hommes. Le<br />

développement fugué est joué fortissimo. Un silence vient briser l'élan permettant au<br />

chœur et aux solistes <strong>de</strong> scan<strong>de</strong>r les paroles du début <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong> à la joie. L'andante<br />

maestoso exprime l'universelle fraternité, les voix d'hommes étant rejointes par celles<br />

<strong>de</strong>s femmes. Cette partie se clôt dans un climat extatique.<br />

L'Allegro energico semper ben marcato superpose dans une double fugue les<br />

thèmes chantés par les sopranos et les altos, le rythme étant soutenu par les violons,<br />

trombones et timbales. Suit alors un Allegro ma non tanto dans lequel les solistes et<br />

le chœur alternent, louant la réconciliation <strong>de</strong>s hommes avec le Créateur. Puis, c'est<br />

le Prestissimo, l'exaltation collective, retenue <strong>de</strong>ux mesures seulement par un<br />

Maestoso avant le déchaînement conclusif.<br />

La symphonie fut créée le 7 mai 1827 au Kärntnertortheater <strong>de</strong> Vienne. A l'occasion<br />

furent donnés également trois extraits <strong>de</strong> la Missa Solemnis. L'orchestre était dirigé<br />

par Michael Umlauf, Beethoven étant à ses côtés afin <strong>de</strong> lui indiquer les tempi.<br />

Une célèbre anecdote <strong>de</strong> la création nous est parvenue. A l'issue <strong>de</strong> l'interprétation,<br />

Beethoven, alors totalement sourd et tournant le dos au public, ne vit pas tout <strong>de</strong><br />

suite le triomphe que remportait son œuvre.

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