05.07.2014 Views

Stratégie thérapeutique et orientation - SFMU

Stratégie thérapeutique et orientation - SFMU

Stratégie thérapeutique et orientation - SFMU

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

URGENCES<br />

2007<br />

Chapitre34<br />

co-fondateurs<br />

<strong>Stratégie</strong><br />

<strong>thérapeutique</strong> <strong>et</strong> <strong>orientation</strong><br />

S. LORILLOUX 1 , C. NIFLE 2 , S. CROZIER 3 , Y. LAMBERT 1<br />

1. Introduction<br />

L’accident vasculaire cérébral (AVC) est un problème de santé publique majeur<br />

en raison du nombre de suj<strong>et</strong>s qui en sont atteints <strong>et</strong> des conséquences médicales,<br />

sociales <strong>et</strong> économiques qui en découlent. Les AVC représentent la première<br />

cause de handicap physique, la deuxième cause de détérioration<br />

intellectuelle de l’adulte <strong>et</strong> la troisième cause de mortalité après les pathologies<br />

cardiovasculaires <strong>et</strong> les cancers.<br />

Les hémorragies cérébrales (HC) représentent 10 à 30 % des AVC, soit environ<br />

25 000 nouveaux cas par an. Elles peuvent être primaires, dans 78 à 88 % des<br />

cas, par atteinte des p<strong>et</strong>ites artères en rapport à une hypertension artérielle ou<br />

à une angiopathie amyloïde, ou bien secondaires à une rupture d’anévrisme, une<br />

malformation artérioveineuse ou un traumatisme crânien.<br />

Les HC sont à l’origine d’une très lourde morbi-mortalité, avec une mortalité précoce<br />

de plus de 40 % à J30 dont la moitié des décès surviennent dans les<br />

48 premières heures. Seuls 20 % des patients seront autonomes à 6 mois (1).<br />

De plus, le risque de récidive d’AVC est de 4,3 % par année, majoritairement sur<br />

un mode hémorragique (2).<br />

1 SAMU 78 ; 2 Unité neurovasculaire, centre hospitalier de Versailles, 177 route de Versailles, 78150<br />

Le Chesnay ; 3 Service des urgences cérébrovasculaires, groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris,<br />

France<br />

Correspondance : Y. Lambert, SAMU 78, centre hospitalier de Versailles, 177, route de Versailles<br />

78150 Le Chesnay, France. Tél. : 01 30 84 96 01. Fax : 01 39 63 88 19.<br />

E-mail : samu78.versailles@wanadoo.fr<br />

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ET ORIENTATION<br />

279


URGENCES<br />

2007<br />

co-fondateurs<br />

Le mauvais pronostic des hémorragies cérébrales est directement lié à la croissance<br />

de l’hématome ainsi qu’aux complications survenant à la phase aiguë<br />

(hypertension intracrânienne, hydrocéphalie aiguë <strong>et</strong> crises convulsives) (3).<br />

L’objectif <strong>thérapeutique</strong> principal est de contrôler la croissance de l’hématome <strong>et</strong><br />

ses complications neurologiques (4). Ce traitement repose sur une prise en<br />

charge spécialisée en unité neurovasculaire (UNV), sur un éventuel traitement<br />

spécifique (facteur VII, traitement chirurgical) <strong>et</strong> sur le traitement étiologique<br />

pour les hémorragies cérébrales secondaires.<br />

2. <strong>Stratégie</strong> <strong>thérapeutique</strong><br />

L’avènement récent d’unités spécialisées rompues à ces pathologies, les unités<br />

neurovasculaires (UNV), a apporté un bénéfice incontestable à la prise en charge<br />

de ces patients. Comparativement à une hospitalisation dans une unité non spécialisée,<br />

la mortalité à 1 mois chute à 39 % en UNV contre 63 % en unité d’hospitalisation<br />

classique <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>our à domicile devient possible pour un plus grand<br />

nombre de patients (27 % contre 14 %). Ce bénéfice est principalement lié à la<br />

surveillance des patients, perm<strong>et</strong>tant un contrôle <strong>et</strong> un traitement précoce des<br />

complications ainsi que l’initialisation rapide de la rééducation (5). La surveillance<br />

neurologique repose sur des échelles de type National Institute Of Health Stroke<br />

Scale (NIHSS). La surveillance des constantes vitales comprend le monitoring de<br />

la pression artérielle, de la température <strong>et</strong> de la fonction respiratoire.<br />

2.1. Prise en charge de la pression artérielle<br />

Le traitement de l’hypertension artérielle (HTA) reste controversé. L’HTA majore<br />

le risque de re-saignement, mais maintient la perfusion cérébrale malgré l’hypertension<br />

intracrânienne.<br />

Une HTA sévère est de mauvais pronostic au cours de l’hémorragie cérébrale (6).<br />

Quelques études avec de faibles effectifs préconisent l’abaissement de la pression<br />

artérielle (PA) (7). Néanmoins, il est actuellement recommandé d’utiliser un traitement<br />

antihypertenseur IV à partir d’une PA systolique ≥ 180 mmHg <strong>et</strong>/ou une PA<br />

diastolique ≥ 110 mmHg pour l’ANAES (8) <strong>et</strong> à partir d’une PA moyenne de 130<br />

mmHg pour l’American Stroke Association (ASA) (1) (figure 1).<br />

Par ailleurs, il est recommandé de maintenir le traitement anti-HTA préexistant.<br />

Le seuil tensionnel minimal nécessitant l’arrêt du traitement n’est pas défini.<br />

L’optimisation de la PAM à la phase initiale pourrait s’appuyer sur l’utilisation du<br />

Doppler transcrânien. Il a été montré qu’un indice de pulsatilité controlatéral à<br />

l’hémorragie, supérieur à 1,75, avait une valeur pronostique élevée. En eff<strong>et</strong>, il<br />

existe une relation étroite entre l’indice de pulsatilité <strong>et</strong> la PPC. La PAM pourrait<br />

alors être diminuée tant que c<strong>et</strong> indice n’atteint pas le seuil de 1,75 (9).<br />

280<br />

■ AVC HÉMORRAGIQUE


URGENCES<br />

2007<br />

Figure 1 – Algorithme <strong>thérapeutique</strong> pour l’HTA<br />

co-fondateurs<br />

<br />

Débuter un traitement antihypertenseur<br />

PAS>230 mm Hg ou PAD >140 mm Hg<br />

<br />

-Nitroprussiate de Na (Nipride ®): 0.5-10mg IVSE<br />

PAS >180 <strong>et</strong> 105 <strong>et</strong> < 140 mm Hg,<br />

Ou PAM >130 mm Hg<br />

<br />

-Lab<strong>et</strong>alol 5-100 mg/h par bolus de 10-40 mg intermittents ou 2-8<br />

mg/min)<br />

-Enalapril 0.625-1.2 mg/6h à adapter aux chiffres de la PA<br />

-Loxen 0.5-3 mg/h IVSE à adapter aux chiffres de la PA<br />

À l’inverse de l’HTA, l’hypotension artérielle est rare <strong>et</strong> doit faire rechercher une<br />

cause comme une AC/FA, une insuffisance cardiaque, une déshydratation ou<br />

une embolie pulmonaire (10).<br />

2.2. Traitement de la crise convulsive<br />

La survenue de crise comitiale est associée de façon significative à une aggravation<br />

de l’état neurologique des patients <strong>et</strong> de leur pronostic. Cependant, les<br />

recommandations 2002 de l’ANAES ne préconisent pas de traitement anticomitial<br />

en prévention primaire des crises.<br />

Le traitement des crises survenant à la phase aiguë repose sur des benzodiazépines<br />

IV (Clonazepam) <strong>et</strong> des antiépileptiques type phénytoine IV puis per os<br />

pour une durée d’un mois, s’il n’y a pas de récidive dans les 15 premiers jours.<br />

La chirurgie n’augmenterait pas le risque de crise.<br />

2.3. Contrôle de la glycémie<br />

L’hyperglycémie a un eff<strong>et</strong> délétère sur la mortalité à 30 jours. Une équilibration<br />

précise par insuline si la glycémie est supérieure à 10 mmol/l est recommandée<br />

(8). Par ailleurs, la perfusion de sérum glucosé doit être évitée au profit du<br />

sérum physiologique.<br />

Un essai randomisé pour préciser l’objectif glycémique à atteindre <strong>et</strong> évaluer<br />

l’intérêt d’une normoglycémie (au regard de l’eff<strong>et</strong> neuroprotecteur <strong>et</strong> antiinflammatoire<br />

de l’insuline) est envisagé par le groupe de travail NINDS (11).<br />

2.4. Prise en charge des troubles de la déglutition <strong>et</strong> prévention<br />

de l’hémorragie digestive<br />

La surveillance des troubles de la déglutition est indispensable pour prévenir les<br />

pneumopathies de déglutition. De même, une reprise rapide de la nutrition entérale<br />

avant 48 heures est recommandée pour réduire les risques de malnutrition<br />

<strong>et</strong> prévenir l’hémorragie digestive. En l’absence d’antécédent ulcéreux, le recours<br />

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ET ORIENTATION<br />

281


URGENCES<br />

2007<br />

co-fondateurs<br />

aux inhibiteurs de la pompe à protons de manière systématique n’est pas préconisé.<br />

2.5. Contrôle de l’hyperthermie<br />

L’hyperthermie est corrélée à la sévérité clinique de l’HC <strong>et</strong> constitue également<br />

un facteur indépendant de surmortalité. En France, la recommandation est de<br />

traiter avec du paracétamol IV (1 g en 1 heure, jusqu’à 4 g/24 h) à partir de<br />

37,5 o C <strong>et</strong> de 38,3 o C pour l’ASA (1, 8).<br />

2.6. Prévention de la maladie thromboembolique veineuse<br />

Une mobilisation précoce <strong>et</strong> une contention élastique immédiate des membres<br />

inférieures pendant 24-48 h, puis un relais précoce à J2 par héparinothérapie<br />

préventive, sont recommandés (12, 13).<br />

2.7. Traitement hémostatique spécifique : le facteur VII recombinant<br />

Plusieurs études ont montré que le volume de l’hématome cérébral augmente de<br />

30 % dans les 3 premières heures de l’accident pour près de 40 % des patients,<br />

or le volume de l’hématome est le principal facteur de mauvais pronostic, vital<br />

<strong>et</strong> fonctionnel (3). Un traitement pharmacologique hémostatique précoce pour<br />

limiter l’extension de l’hématome pourrait avoir sa place. Le facteur VII activé<br />

recombinant (rFVIIa – Novoseven ® ) pourrait être une des voies de recherche dans<br />

c<strong>et</strong>te indication. Il s’agit en eff<strong>et</strong> d’un puissant hémostatique déjà utilisé dans le<br />

traitement des hémorragies graves des hémophiles.<br />

Il n’existe aucune recommandation de l’AHA (1) ni de l’ANAES (8) concernant<br />

ce point spécifique. Une première étude prospective de phase II contre placebo<br />

a été conduite sur 399 patients ayant une hémorragie cérébrale pour analyser<br />

l’eff<strong>et</strong> du rFVIIa comme traitement hémostatique très précoce (14). Les résultats<br />

montraient en eff<strong>et</strong> une diminution significative de l’expansion de l’hématome<br />

chez les patients traités, ainsi qu’une diminution de la mortalité. Devant ces<br />

résultats encourageants, une étude de phase III (FAST) est en cours pour évaluer<br />

l’efficacité de ce traitement <strong>et</strong> mieux préciser son risque thrombotique.<br />

2.8. <strong>Stratégie</strong> <strong>thérapeutique</strong> pour les patients sous antithrombotique<br />

Les patients sous anticoagulant ont un risque d’hémorragie intracérébrale majoré<br />

d’un facteur sept à dix (15, 16). De plus, les hématomes cérébraux survenant<br />

chez ces patients sont plus volumineux <strong>et</strong> la mortalité est plus élevée (17).<br />

Il n’y a pas de recommandation pour les patients sous anticoagulant présentant<br />

un AVC hémorragique. Des propositions de traitement ont été faites par la<br />

Société Française de Neuro-Vasculaire (SFNV) en s’appuyant sur les travaux de<br />

Butcher (18, 19).<br />

282<br />

■ AVC HÉMORRAGIQUE


URGENCES<br />

2007<br />

2.8.1. Patient sous antivitamines K<br />

Il est proposé d’utiliser du PPSB (Kaskadil ® ) à la posologie de 20 à 30 UI/kg (plus<br />

efficace <strong>et</strong> d’action plus rapide que le plasma frais congelé). Il faut y associer 10<br />

à 20 mg de vitamine K en IVL pour éviter une ascension secondaire de l’INR qui<br />

doit rester inférieure à 1,4 <strong>et</strong> le TP supérieur à 70 % à la sixième heure (20, 21).<br />

Par ailleurs, quelques études récentes suggèrent l’efficacité du facteur VII en une<br />

injection pour accélérer la normalisation de la coagulation chez les patients traités<br />

par AVK (22).<br />

co-fondateurs<br />

2.8.2. Patients porteurs d’une valve cardiaque mécanique<br />

Il est recommandé, après l’injection de Kaskadil ® <strong>et</strong> de vitamine K, d’introduire<br />

un traitement par héparine IVSE avec un objectif de TCA à 1,5 fois le témoin.<br />

Ce traitement par héparine doit être prolongé pendant 14 jours avant de reprendre<br />

les AVK.<br />

2.8.3. Patients sous héparine (HBPM ou héparine standard)<br />

Un traitement par sulfate de protamine doit être administré (1 mg pour 100 UI<br />

d’héparine non fractionnée ou pour 100 UI anti-Xa d’Héparine de Bas Poids<br />

Moléculaire).<br />

2.9. Prise en charge de l’hypertension intracrânienne<br />

Selon l’AHA, la surveillance de la pression intracrânienne (PIC) est nécessaire<br />

quand le score de Glasgow est inférieur à 9. L’objectif des traitements est de<br />

maintenir une PIC en dessous de 20 mmHg <strong>et</strong> une pression de perfusion cérébrale<br />

supérieure à 70 mmHg.<br />

Chez les patients dans le coma, ou ayant des signes d’engagement, la priorité<br />

est de contrôler la PIC. Les différentes ressources <strong>thérapeutique</strong>s pour la contrôler<br />

sont la sédation (benzodiazépine <strong>et</strong> morphinique), l’optimisation de la pression<br />

de perfusion cérébrale (PPC) (avec l’utilisation de vasopresseur pour des PPC<br />

< 70 mmHg <strong>et</strong> d’antihypertenseurs pour des PPC > 110 mmHg), l’osmothérapie<br />

par mannitol (0,25 à 0,5 g/kg toutes les 4 heures) ou sérum salé hypertonique,<br />

l’hyperventilation avec un objectif de PaCO 2<br />

entre 30 à 35 mmHg, l’hypothermie<br />

<strong>et</strong> éventuellement la chirurgie décompressive <strong>et</strong>/ou le drainage ventriculaire<br />

externe.<br />

3. Traitement neurochirurgical<br />

La décision de traitement neurochirurgical repose sur (19) :<br />

Des critères cliniques : âge du patient, traitement en cours (anticoagulant),<br />

niveau de vigilance (score de Glasgow), taille pupillaire, évolutivité.<br />

Des critères neuroradiologiques : taille <strong>et</strong> siège de l’hématome, hémorragie<br />

sous-arachnoïdienne associée, eff<strong>et</strong> de masse, taille des ventricules. L’apprécia-<br />

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ET ORIENTATION<br />

283


URGENCES<br />

2007<br />

co-fondateurs<br />

tion de ces signes requièrent une expertise spécialisée qui peut être réalisée par<br />

transfert d’images vers le service référent.<br />

Les recommandations de l’AHA (9) précisent certaines indications neurochirurgicales<br />

:<br />

– l’hématome du cervel<strong>et</strong> : taille > 3 cm avec hydrocéphalie, coma, compression<br />

évolutive du tronc ;<br />

– pose d’une DVE en cas d’hydrocéphalie par obstruction du 4 e ventricule, chez<br />

les patients dont l’état clinique s’aggrave, vigilants ou avec des troubles modérés<br />

de la vigilance <strong>et</strong> en l’absence de compression du tronc cérébral ;<br />

– le traitement de la cause d’une hémorragie due à une malformation vasculaire<br />

curable ;<br />

– par contre, l’intervention chirurgicale pour une hémorragie lobaire chez un<br />

patient jeune s’aggravant cliniquement reste controversée.<br />

Il n’y a par ailleurs pas d’indication à une intervention neurochirurgicale s’il s’agit<br />

d’un p<strong>et</strong>it hématome inférieur à 10 cm 3 , si le déficit neurologique est minime ou<br />

si le score de Glasgow est inférieur à 4 (sauf pour les hématomes cérébelleux).<br />

Pour toutes les autres situations, il n’existe pas de consensus, la discussion se<br />

fera au cas par cas, en particulier pour la chirurgie des hémorragies supratentorielles<br />

qui reste très discutée.<br />

L’étude STICH, publiée en janvier 2005, apporte un éclairage nouveau sur les<br />

indications neurochirurgicales (23). Il s’agit d’une étude randomisée, multicentrique,<br />

qui compare traitement chirurgical <strong>et</strong> traitement médical chez<br />

1 033 patients, dans les 72 premières heures d’un AVC hémorragique. C<strong>et</strong>te<br />

étude ne montre pas de différence significative entre les 2 groupes de patients<br />

en ce qui concerne la mortalité (36 vs. 37 %) <strong>et</strong> le pronostic fonctionnel. Cependant,<br />

l’analyse en sous-groupes a montré une efficacité du traitement chirurgical<br />

chez les patients ayant un hématome cérébral situé à moins de 1 cm de la surface<br />

corticale. En dehors de ces patients, l’étude conclut à l’absence de supériorité<br />

du traitement chirurgical sur le traitement médical. Cependant, c<strong>et</strong>te étude<br />

reste très controversée en raison d’un certain nombre de biais concernant le<br />

recrutement des patients, leur prise en charge tardive <strong>et</strong> la technique chirurgicale<br />

pratiquée. Une autre étude, rétrospective de faible effectif, a r<strong>et</strong>rouvé un bénéfice<br />

de la craniotomie en urgence chez les suj<strong>et</strong>s jeunes avec une large hémorragie<br />

cérébrale hémisphérique s’aggravant rapidement (24).<br />

4. Orientation des patients<br />

Le patient suspect d’une hémorragie intracérébrale nécessite une évaluation vasculaire<br />

en urgence. Celle-ci se fera, dans un premier temps, par l’imagerie. Le<br />

scanner pratiqué sans injection de produit de contraste est l’examen de référence<br />

pour le diagnostic de l’hématome intracérébral. En eff<strong>et</strong>, les deux éléments importants<br />

pour poser le diagnostic <strong>et</strong> pour discuter de la nécessité d’autres explorations<br />

284<br />

■ AVC HÉMORRAGIQUE


URGENCES<br />

2007<br />

Figure 2 – Prise en charge <strong>thérapeutique</strong> des hémorragies cérébrales<br />

co-fondateurs<br />

HOSPITALISATION EN UNITE NEUROVASCULAIRE OU EN<br />

REANIMATION<br />

Prévention des complications<br />

Bas de contention, HBPM préventive dès J2<br />

Perfusion de sérum physiologique (euvolémie)<br />

Eviter les troubles de déglutition, SNG si nécessaire à partir de H24<br />

Unité neurovasculaire<br />

Monitoring des constantes vitales <strong>et</strong> surveillance<br />

neurologique étroite (pupilles, NIHSS)<br />

Réanimation<br />

Glasgow 185 ou PAD > 110 mm Hg ou PAM > 130 mm Hg: antihypertenseur<br />

Glycémie capillaire > 10mmol : protocole actrapid, pas de perfusion de G5%<br />

Température > 37.5 C : Paracétamol IV 1gr ± antibiothérapie<br />

Traitement spécifique:Facteur VII recombinant (Novoseven ® ) ?<br />

Indication chirurgicales :<br />

Hydrocéphalie (DVE)<br />

Hématome cérébelleux >3cm<br />

avec compression V4 <strong>et</strong>/ou<br />

hydrocéphalie<br />

Hémorragie associée à une<br />

malformation vasculaire curable<br />

Hématome très corticaux<br />

Hématome lobaire volumineux<br />

chez les patients jeunes<br />

sont la localisation de l’hémorragie <strong>et</strong> son volume. L’examen IRM n’est recommandé<br />

que pour le diagnostic de p<strong>et</strong>ites hémorragies situées profondément dans<br />

le cerveau ou le cervel<strong>et</strong>. L’angiographie cérébrale ne sera pratiquée qu’à la<br />

recherche d’une malformation vasculaire à l’origine de l’hémorragie.<br />

La discussion se fait avec l’ensemble des partenaires de la chaîne de soins :<br />

urgentistes, neurologues, radiologues <strong>et</strong> réanimateurs. Les évaluations successives<br />

perm<strong>et</strong>tront une <strong>orientation</strong> vers la structure la plus adaptée.<br />

Le transfert en neurochirurgie sera réalisé par une équipe de SMUR. Les patients<br />

intubés ventilés ou avec des signes d’engagement cérébral ou bien présentant<br />

un eff<strong>et</strong> de masse sévère sont pris en charge en réanimation. Dans les autres cas,<br />

les patients sont orientés au mieux dans une unité neurovasculaire qui perm<strong>et</strong>tra<br />

un monitoring des constantes vitales, une surveillance neurologique (score<br />

NIHSS), <strong>et</strong> une correction des paramètres vitaux (HTA, hyperthermie, hyperglycémie),<br />

voire un traitement spécifique (rFVIIa) (figure 2).<br />

5. Conclusion<br />

Les patients victimes d’une hémorragie cérébrale nécessitent une mobilisation<br />

précoce <strong>et</strong> pluridisciplinaire d’équipes médicales. Ils doivent bénéficier de l’avènement<br />

des unités neurovasculaires qui perm<strong>et</strong> une prise en charge optimale des<br />

dommages intracérébraux ainsi que leurs conséquences systémiques dans les<br />

meilleurs délais.<br />

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ET ORIENTATION<br />

285


URGENCES<br />

2007<br />

co-fondateurs<br />

Références bibliographiques<br />

1. Broderick JP, Adams HP Jr, Barsan W, <strong>et</strong> al. Guidelines for the management of spontaneous<br />

intracerebral hemorrhage. A statement for healthcare professionals from a<br />

special group of the stroke council, American heart association. Stroke 1999 ; 30 :<br />

905-15.<br />

2. Bailey RD, Hart RG, Benavente O, Pearce LA. Recurrent brain hemorrhage is more<br />

frequent than ischemic stroke after intracranial hemorrhage. Neurology 2001 ; 56<br />

(6) : 796-800.<br />

3. Brott T, Broderick J, Kothari R, <strong>et</strong> al. Early hemorrhage growth in patients with<br />

intracerebral hemorrhage. Stroke 1997 ; 28 : 1-5.<br />

4. Mayer SA, Rincon F. Treatment of intracerebral haemorrhage. Lanc<strong>et</strong> Neurol 2005 ;<br />

4 (10) : 662-72.<br />

5. Ronning OM, Guldvog B, Stavem K. The benefit of an acute stroke unit in patients<br />

with intracranial haemorrhage : a controlled trial. J Neurol Neurosurg Psychiatry<br />

2001 ; 70 : 631-4.<br />

6. Qureshi AI, Tuhrim S, Broderick JP, <strong>et</strong> al. Spontaneous intracerebral hemorrhage. N<br />

Engl J Med 2001 ; 344 : 1450-60.<br />

7. Dandapani BK, Suzuki S, Kelley RE, <strong>et</strong> al. Relation b<strong>et</strong>ween blood pressure and outcome<br />

in intracerebral hemorrhage. Stroke 1995 ; 26 (1) : 21-4.<br />

8. ANAES. Prise en charge initiale des patients adultes atteints d’accident vasculaire<br />

cérébral. Septembre 2002. www.has-sante.fr<br />

9. Marti-Fabregas J, Belvis R, Guardia E, <strong>et</strong> al. Prognostic value of Pulsatility Index in<br />

acute intracerebral hemorrhage. Neurology 2003 ; 61 : 1051-6.<br />

10. Warlow CP, ed. Stroke. A practical guide to management. Oxford : Blackwell<br />

Science ; 2001. p. 572-652.<br />

11. NINDS. ICH Workshop Participants. Stroke 2005 ; 36 (3) : e23-41.<br />

12. Boeer A, Voth E, Henze T, Prange HW. Early heparin therapy in patients with spontaneous<br />

intracerebral haemorrhage. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1991 ; 54 (5) :<br />

466-7.<br />

13. Dickmann U, Voth E, Schicha H, <strong>et</strong> al. Heparin therapy, deep-vein thrombosis and<br />

pulmonary embolism after intracerebral hemorrhage. Klin Wochenschr 1988 ; 1 : 66<br />

(23) : 1182-3.<br />

14. Mayer SA, Brun NC, Begtrup K, <strong>et</strong> al. Recombinant activated factor VII for acute<br />

intracerebral hemorrhage. N Engl J Med 2005 ; 352 (8) : 777-85.<br />

15. Fogelholm R, Eskola K, Kiminkinen T, Kunnamo I. Anticoagulant treatment as a risk<br />

factor for primary intracerebral haemorrhage. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1992 ;<br />

55 : 1121-4.<br />

16. Franke CL, de Jonge J, van Swi<strong>et</strong>en JC, Op de Coul AA, van Gijn J. Intracerebral<br />

hematomas during anticoagulant treatment. Stroke 1990 ; 21 : 726-30.<br />

17. Rosand J, Eckman MH, Knudsen KA, Singer DE, Greenberg SM. The effect of warfarin<br />

and intensity of anticoagulation on outcome of intracerebral hemorrhage.<br />

Arch Intern Med 2004 ; 164 : 880-4.<br />

18. Société Francaise Neuro-Vasculaire. Prise en charge des hématomes intracérébraux<br />

récents. Octobre 2003.<br />

19. Butcher K, Laidlaw J. Current intracerebral haemorrhage management. J Clin Neurosci<br />

2003 ; 10 : 158-67.<br />

286<br />

■ AVC HÉMORRAGIQUE


URGENCES<br />

2007<br />

20. Boulis NM, Bobek MP, Schmaier A, Hoff JT. Use of factor IX complex in warfarinrelated<br />

intracranial hemorrhage. Neurosurgery 1999 ; 45 : 1113-8.<br />

21. Fredriksson K, Norrving B, Stromblad LG. Emergency reversal of anticoagulation<br />

after intracerebral hemorrhage. Stroke 1992 ; 23 : 972-7.<br />

22. Freeman WD, Brott TG, Barr<strong>et</strong>t KM, <strong>et</strong> al. Recombinant factor VIIa for rapid reversal<br />

of warfarin anticoagulation in acute intracranial hemorrhage. Mayo Clin Proc 2004 ;<br />

79 : 1495-500.<br />

23. Mendelow AD, Gregson BA, Fernandes HM, <strong>et</strong> al. for the STICH investigators. Early<br />

versus initial conservative treatment in patients with spontaneous supratentorial<br />

intracerebral haematomas in the International Surgical Trial in Intracerebral Haemorrhage<br />

(STICH): a randomised trial. Lanc<strong>et</strong> 2005 ; 365 : 387-97.<br />

24. Rabinstein AA, Atkinson JL, Wijdicks EF. Emergency craniotomy in patients worsening<br />

due to expanded cerebral hematoma: to what purpose? Neurology 2002 ; 58 :<br />

1367-72.<br />

co-fondateurs<br />

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE ET ORIENTATION<br />

287

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!