L.ART en Loire #6
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L.<strong>ART</strong><br />
<strong>en</strong> LOIRE<br />
2# 6<br />
juillet 2014<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 1
2# 6<br />
juillet 2014<br />
2<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014<br />
Série Ophélie - Photographe : Vanessa Pavie-Crottier - Comédi<strong>en</strong>ne : Manon Balthazard
Sommaire<br />
L.<strong>ART</strong> (<strong>Loire</strong> Atlantique Art Recherches Travaux)<br />
04 le grand café pr<strong>en</strong>d ses quartiers d'été<br />
06 Bertille Bak - Le tour de Babel<br />
08 Jeppe Hein au LiFE - Distance<br />
10 Kieran Alexander Wall<br />
Poesia<br />
14 Coup de cœur : Oumaïma Qassimi<br />
16 Jean-Claude Touzeil<br />
20 Thomas Herr<br />
24 Dossier d'exploration : Chaleur<br />
26 Ophélie (Vanessa Pavie Crottier)<br />
34 Robert Najlis<br />
42 Heat (Didier Lestrade)<br />
44 Jacques Cauda<br />
Perspectives : Féminité, Féminisme… Féminitude<br />
50 Suzanne Dracius<br />
Dialogue<br />
54 Dami<strong>en</strong> et Dami<strong>en</strong><br />
D'arbres et de pierres<br />
60 Campagne (Frédéric Javelaud)<br />
68 Gérard Artal<br />
72 Le parfum de la discorde (Didier Lestrade)<br />
74 Le jardin (Teklal Neguib)<br />
Nouvellissima<br />
76 La machine à coudre (Dominique Lancastre)<br />
Francophonia<br />
78 Khalid El Morabethi<br />
82 Laure Bolatre<br />
86 Eric Sénécal<br />
Découvertes<br />
90 Dans la bibliothèque (Teklal Neguib)<br />
92 Les contributeurs<br />
94 Appel à textes L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> 7 (octobre 2014)<br />
95 Call for works L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> #7 (2014 october)<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 3
le<br />
grand<br />
café<br />
pr<strong>en</strong>d<br />
ses<br />
quartiers<br />
d'été<br />
4<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art
Extrait de la vidéo Le tour de Babel, réalisée par Bertille Bak<br />
pour une production Le Grand Café, c<strong>en</strong>tre d’art contemporain,<br />
Saint Nazaire. Courtesy de l’artiste et galerie Xippas,<br />
Paris © Bertille Bak (photographie de Teklal Neguib)<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art 5
Extrait de la vidéo Le tour de Babel, réalisée par Bertille Bak<br />
pour une production Le Grand Café, c<strong>en</strong>tre d’art contemporain,<br />
Saint Nazaire. Courtesy de l’artiste et galerie Xippas,<br />
Paris © Bertille Bak (photographie de Teklal Neguib)<br />
Bertille Bak<br />
Le tour de Babel<br />
Jeune artiste française, née <strong>en</strong> 1983, Bertille Bak s’est installée au Grand Café<br />
C<strong>en</strong>tre d’art contemporain de Saint-Nazaire pour l’été. Cette exposition<br />
prés<strong>en</strong>te le fruit de ses recherches et recréations autour de la thématique des<br />
marins, travail né de sa résid<strong>en</strong>ce de fin 2012 à 2014, <strong>en</strong> cette ville.<br />
par<br />
teklal<br />
néguib<br />
6<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art
Les Complaisants : série de 35 marqueteries réalisées à partir de<br />
cheveux tissés, dim<strong>en</strong>sions variables. Production Le Grand café,<br />
c<strong>en</strong>tre d'art contemporain, Saint Nazaire. Courtesy de l'artiste et<br />
galerie Xippas, Paris (photographie de Teklal Neguib)<br />
Le Grand Café, c<strong>en</strong>tre d’art contemporain<br />
Place des Quatre z’Horloges<br />
44600 Saint-Nazaire - France<br />
Tél. : +33 (0)44 73 44 00<br />
grandcafe-saintnazaire.fr<br />
6 juin - 31 août<br />
mardi > dimanche • 11h > 19h<br />
Entrée Libre<br />
Exploratrice <strong>en</strong> immersion, des communautés, vivant<br />
sur un territoire défini, elle met <strong>en</strong> scène dans ses<br />
œuvres leurs traditions, rituels, précarités, difficultés<br />
ou combats, avant parfois leur désintégration. Que<br />
cela soit au travers de la révolte, de l’absurde ou de<br />
l’humour, elle transmet au spectateur une forme à la fois très<br />
docum<strong>en</strong>tée, mais aussi réinterprétée de manière artistique,<br />
de la vie des mondes étudiés.<br />
Souhaitant pour sa résid<strong>en</strong>ce, travailler sur la com-munauté<br />
de marins, elle a alors été confrontée à une difficulté<br />
majeure, qui est le très faible temps de prés<strong>en</strong>ce de ces<br />
derniers sur le territoire. Ne restant qu’un à deux jours, il lui<br />
était alors difficile de pouvoir procéder comme traditionnellem<strong>en</strong>t,<br />
à savoir par l’immersion et le li<strong>en</strong>. Ce n’est donc<br />
pas leur prés<strong>en</strong>ce qui a été son moteur, mais a contrario<br />
de ses habitudes, leur abs<strong>en</strong>ce. C’est ainsi que les Complaisants,<br />
drapeaux de marqueteries fabriqués à partir de cheveux<br />
de marins tissés, sont la représ<strong>en</strong>tation symbolique<br />
de ces marins <strong>en</strong> transit.<br />
Même si certains, notamm<strong>en</strong>t l’équipage du paquebot,<br />
restai<strong>en</strong>t à Saint-Nazaire sur une plus grande durée, le<br />
problème a alors été leur refus d’apparaître dans la vidéo,<br />
si ce n’est au travers de bouts de corps apparaissant de-ci<br />
de-là : mains t<strong>en</strong>ant des cintres et prés<strong>en</strong>tant les divers<br />
vêtem<strong>en</strong>ts de travail à mettre tout au long de la journée,<br />
bras nettoyant une vitre,...<br />
Le film donne à voir et à percevoir les conditions particulièrem<strong>en</strong>t<br />
dures du travail de ces marins de paquebot, géants<br />
des mers, aux mondes étanches <strong>en</strong>tre touristes vivant<br />
dans des zones interdites à l’équipage, et ce dernier confiné<br />
au sein même de son lieu de travail et de vie. Monde<br />
ségrégationniste <strong>en</strong>tre les touristes (souv<strong>en</strong>t blancs) et<br />
les marins (souv<strong>en</strong>t non-blancs), le paquebot est un lieu<br />
à part, avec ses propres traditions, opposant par exemple<br />
les chants des marins, monde caché, et les jeux et autres<br />
occupations de touristes s’<strong>en</strong>nuyant. La confrontation de<br />
deux extraits que sont la pose des touristes pour une photo<br />
et les uniformes de l’équipage défilant à la blanchisserie,<br />
portés, transportés, sans vie et sans âme, montre à quel<br />
point les premiers viv<strong>en</strong>t dans l’irréalité, la déconnection<br />
complète avec le monde réel, représ<strong>en</strong>té par les fantômes,<br />
que sont les marins, ces invisibles.<br />
Cette s<strong>en</strong>sation d’inexist<strong>en</strong>ce est r<strong>en</strong>due <strong>en</strong>core plus palpable,<br />
lors de la recréation artistique de la fabrication du<br />
paquebot par l’artiste, avec l’emprisonnem<strong>en</strong>t des marins<br />
dans leur cabine. Le travail de Bertille Bak dans la vidéo<br />
Le tour de Babel montre toute la viol<strong>en</strong>ce inouïe de ce<br />
monde, sans respect pour ces travailleurs des mers, dont<br />
le seul mom<strong>en</strong>t d’humanité reste à la fin les vidéos de leurs<br />
épouses.<br />
Outre, cette vidéo, et la prés<strong>en</strong>tation des complaisants,<br />
ce travail autour des mondes de la mer, est complété à<br />
l’étage par une machine, fonctionnant <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec la capitainerie,<br />
et dont les élém<strong>en</strong>ts se déplac<strong>en</strong>t lorsqu’un bateau<br />
r<strong>en</strong>tre dans le port de Saint-Nazaire, afin de recréer in situ<br />
la morphologie du bateau <strong>en</strong> question. Par ailleurs, le mur<br />
prés<strong>en</strong>te une autre tradition de marins, qui est la prés<strong>en</strong>ce<br />
d’images pornographiques, cachées-dévoilées, rappelant<br />
que vivant <strong>en</strong> mer l’ess<strong>en</strong>tiel de l’année et donc loin de leur<br />
famille, ils y trouv<strong>en</strong>t alors une forme de satisfaction par<br />
défaut, ce qui à nouveau met l’acc<strong>en</strong>t sur les conditions<br />
particulièrem<strong>en</strong>t difficiles de leur vie.<br />
Travail particulièrem<strong>en</strong>t intéressant d’une artiste <strong>en</strong>gagée,<br />
Le tour de Babel est une traduction artistique de la vie<br />
de ces fantômes de la mer, ces humains invisibles que sont<br />
les marins. Ce travail peut être mis <strong>en</strong> perspective avec celui<br />
de Marc Picavez, exposé au LiFE à l’été 2013 : Seam<strong>en</strong>’s Club.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art 7
Jeppe Hein au LiFE<br />
Distance<br />
Imm<strong>en</strong>se installation pr<strong>en</strong>ant vie au sein de l’imposant bâtim<strong>en</strong>t du LiFE,<br />
Distance est une œuvre majeure de l’artiste danois Jeppe Hein,<br />
placée sous le double patronage du LiFE et du Grand Café c<strong>en</strong>tre<br />
d’art contemporain de Saint Nazaire.<br />
par<br />
teklal<br />
néguib<br />
8<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art
Jeppe Hein, Distance, 2014<br />
LiFE - Grand Café c<strong>en</strong>tre d’art<br />
contemporain, Saint-Nazaire<br />
Courtesy Johann König, Berlin et<br />
303 Gallery, New York<br />
Photographe Marc Domage<br />
Création nomade, puisque prés<strong>en</strong>tée<br />
dans diverses galeries et lieux d’exposition<br />
du monde <strong>en</strong>tier, elle a<br />
été recréée in situ, <strong>en</strong> fonction<br />
du volume, de la structure et<br />
des possibilités de l’espace à disposition. Il<br />
existe donc tout à la fois une continuité et<br />
une unicité dans la « distance » ici proposée.<br />
L’œuvre ici proposée est une réminisc<strong>en</strong>ce<br />
de l’<strong>en</strong>fance, qui se regarde avec la<br />
gourmandise du petit que nous fumes. Les<br />
<strong>en</strong>fants, même les plus jeunes, sont les<br />
bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>us. L’exposition leur est parfaitem<strong>en</strong>t<br />
adaptée (voir <strong>en</strong>cart et dans aller plus loin).<br />
Jeu de balles et de circuit, l’œuvre travaille<br />
les formes géométriques et le mouvem<strong>en</strong>t.<br />
Elle met aussi <strong>en</strong> action le spectateur,<br />
puisqu’il devi<strong>en</strong>t acteur et créateur de sa<br />
propre part de l’œuvre. L’apport principal de<br />
Jeppe Hein, réside ici, dans ce fait même de<br />
donner au spectateur un rôle actif dans la<br />
production de Distance.<br />
En effet, <strong>en</strong> <strong>en</strong>trant dans la salle d’exposition,<br />
le spectateur décl<strong>en</strong>che grâce à des capteurs,<br />
le démarrage d’une boule dans le circuit.<br />
Il peut alors la suivre, à travers l’<strong>en</strong>semble<br />
de l’œuvre, selon des formes et des rythmes<br />
variés.<br />
Sablier, globe, spirale, et double spirale,<br />
looping, asc<strong>en</strong>seurs, rapidité, l<strong>en</strong>teur, la boule<br />
roule traverse, découvre, monte, parcourt une<br />
structure d’acier, et le spectateur la suit, avec<br />
curiosité et amusem<strong>en</strong>t, dans un esprit de découverte<br />
de cette fort belle œuvre.<br />
Ainsi, Distance s’inscrit dans cette volonté<br />
de Jeppe Hein, de r<strong>en</strong>dre l’art vivant. Le sortir<br />
du statique simplem<strong>en</strong>t vu, pour <strong>en</strong> faire une<br />
expéri<strong>en</strong>ce complète, mettant <strong>en</strong> jeu divers<br />
s<strong>en</strong>s et le corps du spectateur.<br />
LiFE<br />
Base des sous-marins, Alvéole 14<br />
Boulevard de la Légion d’Honneur<br />
44600 Saint-Nazaire - France<br />
Tél. : +33 (0)2 40 00 41 68<br />
life@mairie-saintnazaire.fr<br />
www.mairie-saintnazaire.fr<br />
lelifesaintnazaire.wordpress.com<br />
Horaires<br />
6 juin - 31 août<br />
mardi > dimanche • 11h > 19h<br />
1 er septembre - 5 octobre<br />
mercredi > dimanche • 14h > 19h<br />
Visite guidée à 16h30 (sans réservation)<br />
Entrée gratuite<br />
Pour aller plus loin<br />
Au Radôme<br />
• Les ateliers du Radôme<br />
(public : familles)<br />
Juillet et août :<br />
sam. et dim. • 15h30 > 17h30<br />
Septembre : sam. 20 & dim. 21<br />
R<strong>en</strong>dez-vous à 15h20. Gratuit<br />
• Les ateliers Petits débrouillards<br />
(public : <strong>en</strong>fants)<br />
Explorer les li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre sci<strong>en</strong>ce et<br />
art, avec l’association Les Petits<br />
Débrouillards<br />
Dim. 13 juil., 17 août et 28 sept.<br />
15h30 > 17h30. Gratuit<br />
au Grand Café<br />
• Confér<strong>en</strong>ce de Michel Gauthier<br />
sur Jeppe Hein<br />
Dimanche 21 septembre (dans le<br />
cadre des journées europé<strong>en</strong>nes du<br />
Patrimoine)<br />
Gratuit. Réservation recommandée.<br />
Comm<strong>en</strong>taires de L. 5 ans et demi :<br />
Elle est belle, ma boule toute blanche.<br />
Elle est trop forte. Elle roule trop vite<br />
dans le globe, on dirait un train.<br />
Il est grand , le circuit. C'est magique !<br />
Moi, j'ai beaucoup aimé,<br />
c'était trop bi<strong>en</strong> !<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art 9
Kieran<br />
Alexander<br />
WALL<br />
1.<br />
Le fond de l’air est d’un cristal purgatori<strong>en</strong> ;<br />
De temps à autre un alexandrin se détache,<br />
Se pose sur la feuille comme un petit ri<strong>en</strong> ;<br />
Ri<strong>en</strong> de petit dans cette atmosphère bravache.<br />
L’astre parade sa chromie estropiée,<br />
D’épais nuages mascaradant l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t<br />
Les étoiles <strong>en</strong> acumina d’effacem<strong>en</strong>t ;<br />
Malicieux tons aux saveurs polycopiées.<br />
Les gouttes, sur le banc sur lequel je te rêve,<br />
S’écras<strong>en</strong>t <strong>en</strong> leur mélancolique tempo,<br />
La p<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> proie aux manques archétypaux…<br />
Et le printemps ne p<strong>en</strong>se pas prévoir de trêve<br />
Dans ses railleries empreintes d’humidité<br />
Etalant devant moi son don d’ubiquité.<br />
10<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art
2.<br />
Quête de s<strong>en</strong>s<br />
Dans les labours du macadam<br />
Obsolesc<strong>en</strong>ce des toujours<br />
Dans le cœur du quidam<br />
Évanesc<strong>en</strong>ce<br />
De troubadour<br />
Et son sang qui se damne<br />
Dans le sil<strong>en</strong>ce adamantin<br />
De son art qui se fane<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art 11
3.<br />
Je me s<strong>en</strong>s étranger, étranger à mon être ;<br />
Transposé, déplacé, à côté du paraître.<br />
Je suis la vie cryptique, ses consignes-mots-croisés ;<br />
Je me s<strong>en</strong>s un diptyque, duplicem<strong>en</strong>t toisé.<br />
12<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art
4.<br />
Sels soporifiques, mes rimes émaciées<br />
Egrain<strong>en</strong>t le flou des thymorégulateurs.<br />
Horreur mirifique, les bribes appréciées<br />
Se font rares dans l’espace calculateur<br />
De mes p<strong>en</strong>sées. Leurs rythmes sont souv<strong>en</strong>t horribles,<br />
Vestiges approximatifs d’un art savant.<br />
Je veux retrouver la puissance si terrible<br />
Que les muses apportai<strong>en</strong>t à mes rimes d’avant.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - l.art 13
Oumaïma<br />
Qassimi<br />
coup de cœur<br />
J’ai cueilli une étoile<br />
J’ai cueilli une étoile<br />
Dans un rayon de lune<br />
Une fleur toute pâle<br />
Pleurant son infortune.<br />
Elle était tombée là<br />
Au milieu du jardin<br />
à juste quelques pas<br />
à portée de ma main.<br />
Je l’ai prise dans ma paume<br />
Eperdue et pleurant<br />
Ses rayons polychromes<br />
Tremblotai<strong>en</strong>t doucem<strong>en</strong>t.<br />
« Par malheur ou par choix,<br />
Par âme vagabonde ?<br />
étoile, dis-moi pourquoi<br />
Te voilà sur le monde ? »<br />
Dans un flot arg<strong>en</strong>té<br />
Irisé d›inconnu<br />
D'une voix pailletée<br />
L'étoile m›a répondu :<br />
« J’ai glissé de dépit<br />
De honte et de chagrin<br />
L'être humain s'est mépris,<br />
14<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA
Cru où il n'y avait ri<strong>en</strong>.<br />
Je ne suis qu'un caillou<br />
Qu'une poussière de ciel<br />
Qui ne vaut pas un sou<br />
Qu'un reflet de soleil !<br />
Mais l'humain voit <strong>en</strong> moi<br />
Un message, une idole,<br />
Une déesse <strong>en</strong> soie,<br />
Qui prédit, qui affole.<br />
Qu'on me laisse donc être<br />
Ce que je peux le mieux<br />
Simplem<strong>en</strong>t une f<strong>en</strong>être<br />
De la beauté de Dieu ».<br />
J'ai ét<strong>en</strong>du les bras,<br />
L'étoile s'est <strong>en</strong>volée<br />
Est remontée là-bas<br />
Rejoindre la voie lactée.<br />
Peux-tu la laisser être<br />
Ce qu'elle peut le mieux,<br />
Simplem<strong>en</strong>t une f<strong>en</strong>être<br />
De la beauté de Dieu ?<br />
Ce poème est le fruit du part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong>tre la revue<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> et le Groupe d’Arts Vivants de<br />
l’Université de Oujda (Maroc).<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA 15
jean-claude<br />
touzeil<br />
Le témoin<br />
Sont-ils <strong>en</strong>core vivants<br />
Jean-Baptiste et Marie<br />
Qui gravèr<strong>en</strong>t leurs noms<br />
Sur le tronc du vieux hêtre ?<br />
Sont-ils <strong>en</strong>core vivants<br />
Et s’aim<strong>en</strong>t-ils <strong>en</strong>core<br />
Jean-Baptiste et Marie<br />
Marie et Jean-Baptiste<br />
Qui gravèr<strong>en</strong>t leurs noms<br />
à l’intérieur d’un cœur<br />
Sur le tronc du vieux hêtre ?<br />
Et s’aim<strong>en</strong>t-ils <strong>en</strong>core<br />
Marie et Jean-Baptiste<br />
à l’intérieur d’un cœur ?<br />
16<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA
Élan<br />
La première fois<br />
que l’escargot<br />
fit le tour<br />
de la Terre<br />
c’était juste<br />
pour occuper<br />
sa retraite<br />
d’employé<br />
communal<br />
Il prit le temps<br />
de regarder<br />
le paysage<br />
La deuxième fois<br />
c’était pour voir<br />
comm<strong>en</strong>t allait<br />
le monde<br />
Il prit le temps<br />
de bavarder<br />
avec les g<strong>en</strong>s<br />
Et la troisième fois<br />
ce fut simplem<strong>en</strong>t<br />
emporté<br />
par son élan<br />
Il prit le temps<br />
de ral<strong>en</strong>tir<br />
pour éviter<br />
un tour de plus<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA 17
Susquehanna<br />
Elle se glisse<br />
Comme une couleuvre<br />
Le long des Appalaches<br />
Et ce<br />
Depuis la nuit des temps<br />
Elle s’appelle<br />
Susquehanna<br />
Ce qui sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
Qu’elle remonte à la source<br />
De son passé<br />
Elle plisse<br />
Ses yeux de pythonisse<br />
Pour lire <strong>en</strong>tre les lignes<br />
De l’horizon<br />
Les signaux de fumée<br />
Elle dessine<br />
Des rondeurs de femme<br />
Contre les montagnes douces<br />
Et caresse des rochers<br />
Recouverts de mousse<br />
18<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA
Elle s’amuse<br />
A tricoter des îles<br />
Pour des petites filles<br />
Plus fragiles qu’Alice<br />
Elle s’étire<br />
Sous les branches basses<br />
Des arbres complices<br />
Assis sur les rives<br />
A la file indi<strong>en</strong>ne<br />
Elle paresse<br />
Dans son grand lit<br />
A suivre <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce<br />
De la lune et du soleil<br />
La course<br />
…/…<br />
Elle desc<strong>en</strong>d<br />
Sans trop se presser<br />
Jusqu’à Chesapeake<br />
Et s’abandonne<br />
Lascive<br />
A l’océan<br />
Et ce<br />
Depuis la nuit des temps<br />
Ces trois poèmes sont extraits de Un chèque <strong>en</strong> blanc,<br />
éditions Clarisse.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA 19
thomas<br />
herr<br />
20<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA
The Tree<br />
Congratulations you are free<br />
The island has an elderly tree and is free<br />
Is free<br />
And the branches crack<br />
And the bark peels<br />
The sun shines in through the southern window<br />
Bright<strong>en</strong>ing a musky morning<br />
The day after -<br />
Congratulations are due.<br />
And so having won<br />
Election<br />
You feel compelled to<br />
Shout out to<br />
The Mountaintop<br />
And the tree becomes bare<br />
Brittle<br />
Bark is dark and scarred<br />
And there is no audi<strong>en</strong>ce they are<br />
Filling a netherworld betwe<strong>en</strong><br />
Yesterday and reality<br />
And the leaves fall and few return<br />
And as the morning erection dies, as it does<br />
You realize<br />
It is that The Tree was.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA 21
Boxes<br />
One with feathers and sweets<br />
Softness of my babies cheeks<br />
One with cups of tears for mother<br />
Past loves and blues<br />
One with my brushes and quills<br />
Picks and strings<br />
One with Jesus but there’s room for more<br />
One with darkness<br />
Have to keep that one closed<br />
One with contracts<br />
One without money<br />
One with you<br />
22<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA
Jasmine<br />
You’ve appeared<br />
As you’ve done<br />
Before<br />
As it was, we were, we are?<br />
Woody All<strong>en</strong><br />
Quiet<br />
Delicate<br />
Buttered Popcorn<br />
You appear to be alone.<br />
Transc<strong>en</strong>ding<br />
Time has no value<br />
Sad<br />
Resigned<br />
Art Deco<br />
The Row behind me<br />
The Row in front<br />
Distant Kisses<br />
I am not alone but I am alone today<br />
Above all others<br />
Spirit rises<br />
Solemn<br />
Beauty<br />
Gold<strong>en</strong> Hair<br />
Familiar features<br />
Coming through<br />
Ages past<br />
I am convinced that I’ve known you<br />
Alone<br />
Inside<br />
G<strong>en</strong>tleman’s Path<br />
Separated by Light<br />
Alone again - Cigarette<br />
Outside<br />
Shadow sitting<br />
Dark City stoop<br />
But I’m not sure how you feel<br />
Pres<strong>en</strong>ce felt<br />
Magnet pull<br />
Universal<br />
Visit me<br />
Nothing said<br />
Nothing known<br />
Visit me<br />
Visit you<br />
So I stare at the scre<strong>en</strong><br />
Circle round<br />
Coming back<br />
You are gone<br />
But we touched<br />
Feeling hope<br />
Feeling blue<br />
Follow directions<br />
Feeling you<br />
I will call you Jasmine<br />
Please forgive me<br />
For what I may<br />
Or may not<br />
Have done<br />
Eons have passed I think I’m still the same.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - POESIA 23
24 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
dossier<br />
d'exploration<br />
chaleur<br />
Série Ophélie - Photographe : Vanessa Pavie-Crottier - Comédi<strong>en</strong>ne : Manon Balthazard<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 25
vanessa<br />
pavie<br />
crottier<br />
Ophélie<br />
26<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 27
28 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
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32 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 33
Mother and Child: passage - 51x35.5 cm, oil<br />
robert<br />
najlis<br />
34<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
Woman: home - 51x38 cm, oil<br />
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36<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur<br />
Mother and Child: family - 51x35.5 cm, oil
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 37
Mother and Child - 51x35.5 cm, oil<br />
38<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
Mother and Child - 51x35.5 cm, oil<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 39
40<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur<br />
Mother and Child - 51x35.5 cm, oil
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didier<br />
lestrade<br />
Heat<br />
Depuis<br />
longtemps, je me suis fait une spécialité<br />
de parler de la sexualité gay à travers le<br />
soleil, c’est ma marque. Je voulais absolum<strong>en</strong>t insister sur le<br />
côté visible de l’homosexualité quand celle-ci est si marquée<br />
par l’intérieur, le clubbing, la pénombre, la backroom. Il me<br />
semblait qu’il fallait rééquilibrer la culture gay dans ce s<strong>en</strong>s<br />
et m’<strong>en</strong>gager contre la surabondance d’images inquiétantes<br />
et nocturnes, même si je reconnaissais leur intérêt. Je l’ai fait<br />
parce qu’il me semblait qu’il manquait quelque chose, surtout<br />
<strong>en</strong> Europe, alors que mon modèle, l’Amérique, travaillait<br />
déjà activem<strong>en</strong>t pour illustrer la vie gay sous le soleil, <strong>en</strong><br />
pleine chaleur. Après tout, la lumière solaire est gratuite, elle<br />
est partout, autant l’utiliser, et oui, on peut aussi pr<strong>en</strong>dre ça<br />
sous un angle écologique.<br />
Je n’ai donc cessé de parler de l’amour gay selon cette<br />
perspective, et on peut agréablem<strong>en</strong>t dire que j’ai radoté<br />
toute ma vie. Ce qui était si rare il y a tr<strong>en</strong>te ans (à part chez<br />
le R<strong>en</strong>aud Camus classique) est dev<strong>en</strong>u une évid<strong>en</strong>ce. Je suis<br />
dans le tr<strong>en</strong>ding depuis toujours, et certains films m’ont fait<br />
compr<strong>en</strong>dre ça, de Sebastiane de Derek Jarman (le seul film<br />
que j’aime de lui) jusqu’à Colt. Les films qui m’ont marqué<br />
avai<strong>en</strong>t la chaleur dans leurs titres comme le Falcon Pack<br />
N°13, Gorge avec Dred Scott et toute la série des films de Joe<br />
Cage pour Titan comme 110° in Tucson.<br />
On aurait dit que tout était sur le mode chaleur. HEAT. Le<br />
meilleur film de Paul Morrissey pour Warhol. Le porno gay <strong>en</strong><br />
a autant parlé que le porno hétéro avec ses « chaleurs » mais<br />
chez nous c’était plus <strong>en</strong>core grand soleil et j’ai assez écrit sur<br />
l’association soleil et coming-out pour recomm<strong>en</strong>cer ici. Le<br />
mouvem<strong>en</strong>t gay a beaucoup gagné du sexe sans complexe,<br />
<strong>en</strong>soleillé et joyeux que l’on trouve dans les premiers films<br />
de Falcon. Même le Studio Colt, connu pour sa surexposition<br />
aux rayons Gamma, avait comm<strong>en</strong>cé ses films avec un<br />
imaginaire plus cuir, plus sombre, plus âgé aussi. Il faut se<br />
rappeler qu’à l’époque, tous les films ou les romans gays qui<br />
avai<strong>en</strong>t du succès étai<strong>en</strong>t des drames ou l’on pleurait <strong>en</strong><br />
s’apitoyant sur le gay mourant à la fin. Avec le porno, à la<br />
même époque, on était déjà dans l’après, le bonheur.<br />
Dans l’imagerie gay et le porno, la progression du soleil<br />
a supporté un arc sout<strong>en</strong>u depuis le début du mouvem<strong>en</strong>t<br />
politique LGBT. Je regardais récemm<strong>en</strong>t un de ces docus<br />
sur les émeutes de 1969, Stonewall Uprising et c’est toujours<br />
triste de se rappeler à quel point les gays et les lesbi<strong>en</strong>nes<br />
des années 50 et 60 étai<strong>en</strong>t obligés de vivre la nuit. Le<br />
jour, ils étai<strong>en</strong>t fondus dans la masse de la société, la nuit<br />
ils étai<strong>en</strong>t eux-mêmes. Et quand ils étai<strong>en</strong>t aveuglés par la<br />
lumière, c’était celle des torches électriques de police qui<br />
les embarquait. Ils étai<strong>en</strong>t les Twilight People de leur temps.<br />
Il faisait chaud dans ces clubs et déjà la backroom existait,<br />
et puis il y avait les saunas. La chaleur est donc la locomotive<br />
de la visibilité car Stonewall est né par une journée chaude<br />
de juin à New York, le jour de la mort de Judy Garland. À<br />
partir de là, les gays et les lesbi<strong>en</strong>nes et les trans et les folles<br />
ont refusé de se cacher. Le processus a été id<strong>en</strong>tique dans<br />
le mouvem<strong>en</strong>t civique pour les Noirs et le mouvem<strong>en</strong>t des<br />
femmes. C’est à partir de là que le soleil à remplacé la honte<br />
et si Fire Island existait depuis longtemps, c’est avec les<br />
années 70 que la petite île est dev<strong>en</strong>u le modèle de toutes<br />
les resorts gays à v<strong>en</strong>ir. En partant du village, les LGBT ont<br />
pris les villes et les ont transformées dans un village, comme<br />
le Marais à Paris ou Soho à Londres. Il était ess<strong>en</strong>tiel de vivre<br />
dehors, au soleil et ce n’est pas un hasard si tous les <strong>en</strong>droits<br />
que les gays ont créé ont un rapport direct avec la mer, donc<br />
le soleil. On n’est pas allé à Moscou, mais à Mykonos, Tanger,<br />
Ibiza, Barcelone, Sidney, etc. Les hétéros sont aussi attirés<br />
par la plage, mais chez les gays, c’est une soif.<br />
Je ne me rappelle pas de vacances heureuses sans chaleur.<br />
Les voyages à New York <strong>en</strong> hiver ne compt<strong>en</strong>t pas. Je n’ai de<br />
souv<strong>en</strong>irs heureux que sous la chaleur du soleil. Quand j’étais<br />
jeune, je n’<strong>en</strong> avais jamais assez. Au bord de la mer, je me<br />
levais le matin <strong>en</strong> espérant que j’allais recevoir une quantité<br />
42<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
suffisante de soleil, même au Mexique. À Tahiti, j’ai <strong>en</strong>fin<br />
s<strong>en</strong>ti ma limite <strong>en</strong> compr<strong>en</strong>ant ce que ça voulait dire d’être<br />
exactem<strong>en</strong>t dessous, avec une viol<strong>en</strong>ce de lumière que je<br />
n’avais jamais vu ailleurs, un coup de soleil <strong>en</strong> 5 minutes<br />
chrono. P<strong>en</strong>dant trois semaines, à le dire « This is the shit !<br />
This is the shit ! ».<br />
La Grèce, c’est un truc si fort pour une folle comme moi<br />
que je n’ose même pas le décrire. C’est la mer bi<strong>en</strong> sûr, le<br />
li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre toutes ces destinations. Le climat contin<strong>en</strong>tal, je<br />
l’ai découvert à 6 ans à Strasbourg et <strong>en</strong> Allemagne après le<br />
divorce de mes par<strong>en</strong>ts et je l’ai détesté dès le premier jour.<br />
J’ai <strong>en</strong> horreur ce type de chaleur, ça me r<strong>en</strong>d dépressif et<br />
<strong>en</strong> colère, je déteste tout. Je ne suis pas fait du tout pour les<br />
grandes terres d’Afrique, d’Inde, d’Asie ou des Amériques.<br />
Ne pas avoir l’océan à moins de 500 kms me donne une<br />
crise d’herpès, lol !<br />
Je ne veux pas évoquer ce que signifie la Grèce, j’ai déjà<br />
écrit dessus dans Kinsey 6 et ailleurs. Je ne suis pas non<br />
plus un gay hellénique (je connais deux profs de grec qui<br />
<strong>en</strong>seign<strong>en</strong>t <strong>en</strong> banlieue et eux le sont, c’est quelque chose<br />
de merveilleux qui survi<strong>en</strong>t dans la conversation) mais je fais<br />
partie des gays de mon âge qui n’ont pas <strong>en</strong>vie de s’excuser<br />
pour cet amour de la Grèce, même si Mykonos aujourd’hui<br />
fait peur et que c’est sarcastique de se moquer de la culture<br />
grecque comme si ça se résultait à 300. Oui, il y a tout, des<br />
clichés et les vieilles folles obsédées par la Grèce. Quand<br />
on regardait l’appartem<strong>en</strong>t de Roger Peyrefitte dans les<br />
années 70, avec toutes ces statues, ça nous terrifiait tout<br />
<strong>en</strong> nous faisant rire. On était la génération d’après.<br />
Mais la Grèce représ<strong>en</strong>te pour moi ce que d’autres<br />
ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pour l’Italie. Les gays d’Athènes réfugiés<br />
politiques des années 70 nous ont beaucoup influ<strong>en</strong>cé et<br />
nous sommes tombés amoureux de ceux qui passai<strong>en</strong>t<br />
leurs après-midis dans les petits cafés de la rue de Buci.<br />
Ils étai<strong>en</strong>t presque tous beaux, moustachus, masculins,<br />
classe mais sexe, ils parlai<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t français avec<br />
cet acc<strong>en</strong>t qui les r<strong>en</strong>dai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plus sucrés. Ce sont des<br />
gays qui ont apporté leur message politique, leur sexualité<br />
et leur culture.<br />
Tout à coup, on découvrait beaucoup de choses grecques<br />
comme Fassianos et Kavafy, et il y avait beaucoup de chaleur<br />
dans ces dessins et ces poèmes. Je me rappellerai toujours<br />
le vernissage d’une expo rive gauche de Vassilis Kostoulas<br />
et Dimitri Xanthoulis à la galerie Forain, rue de Var<strong>en</strong>ne<br />
à la fin des années 70. C’était une jolie galerie lumineuse<br />
dans laquelle des ornem<strong>en</strong>ts avai<strong>en</strong>t été accrochés aux<br />
murs et au plafond, avec de l’or et des plumes. On avait<br />
l’impression que la Grèce était passée par là avec ces<br />
symboles dorés et cette douceur théâtrale symbolisée par<br />
la plume d’oie. Il faut dire que lorsque je suis arrivé à Paris,<br />
à 19 ans, j’ai fait tous les musées dans l’ordre mais ce qui<br />
m’avait le plus scotché, c’était ces portraits célèbres des<br />
hommes de la R<strong>en</strong>aissance et tous ces bustes de Romains<br />
et de Grecs dans les grandes salles du rez-de-chaussée.<br />
Pas très original hein? Au bout de la troisième visite, j’avais<br />
réalisé que je sortais toujours du Louvre avec une <strong>en</strong>vie<br />
irrésistible de baiser. Ça m’a marqué parce que j’ai vraim<strong>en</strong>t<br />
s<strong>en</strong>ti la connexion <strong>en</strong>tre l’art et le sexe et forcém<strong>en</strong>t, cela<br />
v<strong>en</strong>ait du sud.<br />
Dans ce s<strong>en</strong>s, je me rev<strong>en</strong>dique de cette lignée, mais nous<br />
avions trouvé une manière d’aimer la Grèce d’une autre<br />
façon, plus moderne, tout <strong>en</strong> ayant un imm<strong>en</strong>se respect<br />
pour tout ce qui v<strong>en</strong>ait de ce pays. Et ce témoignage<br />
a d’autant plus de force aujourd’hui quand on regarde<br />
ce qui se passe dans ce pays. Cette crise rappelle que<br />
notre fascination pour ce type de chaleur et d’érotisme<br />
avait quelque chose de politique, ce qui met toujours du<br />
sex appeal dans n’importe quoi. Même <strong>en</strong> été quand la<br />
politique est précisém<strong>en</strong>t ce que vous ne voulez pas suivre.<br />
La chaleur est belle. Vamos a la playa.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 43
jacques<br />
cauda<br />
44<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
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46 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
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48 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur
Les Baigneuses (pages 44 > 47) seront exposées lors de la 4 e<br />
édition de la manifestation organisée par la revue BLOGANOZ<strong>ART</strong><br />
Création au 63<br />
Samedi 23 août de 15h à 20h à Eu, Seine-Maritime<br />
(Tréport Moderne, Parc Sainte-Croix)<br />
bloganozart@hotmail.fr<br />
Exposition collective :<br />
Jeong-Soo Joh plastici<strong>en</strong>ne<br />
Daniel Vinc<strong>en</strong>t sculpteur et serrurier d'art<br />
Déborah Vinc<strong>en</strong>t plastici<strong>en</strong>ne<br />
Jacques Cauda peintre<br />
Jean-Louis Moatti photographe<br />
élise Vinc<strong>en</strong>t photographe<br />
Catherine G<strong>en</strong>dron photographe<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dossier d'exploration : chaleur 49
suzanne<br />
dr acius<br />
Déictique féminitude<br />
Féminitude ?<br />
Sous l’égide de la Négritude,<br />
Se s<strong>en</strong>tir bi<strong>en</strong> dans sa peau de...<br />
Ça fait du bi<strong>en</strong> aux hommes aussi.<br />
Déictique ?<br />
Ah ! « Pour l’amour du grec »...<br />
Du grec anci<strong>en</strong> : δεικτικός (deiktikos).<br />
Dans l’aujourd’hui, dans le maint<strong>en</strong>ant,<br />
Hic et nunc,<br />
Désigner, montrer, démontrer<br />
Quelque chose de singulier.<br />
Emm<strong>en</strong>er sur son île<br />
Matinino, l’Île aux Femmes.<br />
Mais <strong>en</strong>core faut-il<br />
Que l’Autre soit <strong>en</strong> parfaite disposition,<br />
En relation étroite à la situation.<br />
S’il <strong>en</strong> est ignorant il ne pourra id<strong>en</strong>tifier<br />
Le référ<strong>en</strong>t.<br />
Convier sur son île, subsumer<br />
Tu, vous, là-bas, la nuit dernière, le jour suivant.<br />
50<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - Perspectives : Féminité, Féminisme... Féminitude
Insulaire prosopopée latino-créole<br />
À Aimé Césaire et Osman Dracius, in memoriam<br />
Mon corps d’Île au V<strong>en</strong>t porte deux pères qui, de la peau de ma terre, leurs pieds retirèr<strong>en</strong>t.<br />
Le premier est Aimé Césaire, l’autre non moins aimé : l’un, sur négritude orbe ouverte,<br />
Urbi et Orbi, le second, aveugle comme l’aède Homère.<br />
En mon oedipi<strong>en</strong>ne viduité, sans chocolater mon corps je serre leurs corps à tâtons.<br />
Abolissant ma matricielle vacuité, l’un caresse ma roche « Femme couchée »<br />
aux tétons vers ma nue pointés <strong>en</strong> hommage aux mânes de Breton,<br />
l’autre f<strong>en</strong>d mes larmes et mes lames marigotines et les moiteurs de mes mangroves<br />
sur mes bretonnantes déchirades et désirades. Je les s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> mes rades rev<strong>en</strong>us,<br />
<strong>en</strong> mon volcanique giron, Éros <strong>en</strong>laçant Thanatos.<br />
Quel panthéon sied mieux au postmoderne humanisme que mon humus caraïbe<br />
habité de l’omniprés<strong>en</strong>ce de divinités africaines<br />
et de bi<strong>en</strong>veillances indi<strong>en</strong>nes à plumes ou sans plumes ?<br />
Je me ressouvi<strong>en</strong>s de ces vies, et du règne d’un haut mal où je n’étais qu’un bi<strong>en</strong>,<br />
et d’un antan pas si lointain où je n’étais que v<strong>en</strong>tre ouvert.<br />
À l’amazone calazaza chevauchant par mots et par maux au mitan des silves étrangères,<br />
moi, l’Île aux Femmes, j’offre pour tutélaire monture l’ancestral, l’immémorial<br />
cheval à trois pattes cavalcadant : <strong>en</strong> bas de la terre, pas de chevaux de bois !<br />
En ma déhisc<strong>en</strong>ce je décharge, de ce satané chi<strong>en</strong> fer, le joui de sacré chi<strong>en</strong> médium<br />
<strong>en</strong> tutélaire érection : hédoniste monstre du Loch Ness versus chi<strong>en</strong> fer.<br />
Hic et nunc je me ressouvi<strong>en</strong>s de ces vies où je n’avais ri<strong>en</strong>, de ces vits qui me viol<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t,<br />
ma chair pantelante sous le cal de ce qu’ils crièr<strong>en</strong>t esclavage,<br />
moi, marronne, voluptueusem<strong>en</strong>t, créolisée mais congo, mouillée de vagues mais<br />
trublionne <strong>en</strong> mes exubérantes toisons.<br />
Ad vitam aeternam je jouis de forniquer à ma guise avec latin, français, créole, ad libitum.<br />
Ainsi, <strong>en</strong> mes paroles d’île, <strong>en</strong> ma salsa polyglotte de sueur, de sucre et de sang,<br />
moi, île à sucre, par mes mots je doucis les maux de la doublem<strong>en</strong>t orpheline<br />
Suzanne Dracius.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - Perspectives : Féminité, Féminisme... Féminitude 51
Manque de peaux<br />
Peaux <strong>en</strong> manque, toutes ces peaux lisses au bonda 1 maté 2 ou pas,<br />
tantôt hérissées comme mât<br />
de cocagne ad libitum,<br />
peaux de femmes comestibles,<br />
peaux de pêche ou de Marianne la peau figue,<br />
carnavalesque peau tiquetée qui a goûté<br />
gros soleil par un petit tamis,<br />
savouré d’un petit ami la peau mangue,<br />
ô succul<strong>en</strong>te peau de chagrin !<br />
Croupe aux hautes callipyges rondeurs<br />
ou fa dièse au plus près du sol<br />
faisant dièses et faisant gammes,<br />
la peau de ton derrière n’est pas ti<strong>en</strong>ne, la peau cabrit !<br />
En cette danse de revivisc<strong>en</strong>ce,<br />
déf<strong>en</strong>se d’<strong>en</strong>jamber plus d’un carreau à la fois.<br />
Pénis et pénil collés-serrés <strong>en</strong> bas tonnelles mises à bas, foutre !<br />
À bas les malédictions !<br />
Tonnelles d’antan se dresseront,<br />
deux quartiers de cuisses <strong>en</strong> compas<br />
dans la ville au Prince qui n’est autre<br />
que son Peuple, <strong>en</strong>fin : chaque Petit Prince, un Haïti<strong>en</strong>.<br />
1<br />
Bonda : <strong>en</strong> créole, le derrière, le postérieur.<br />
2<br />
Maté : callipyge, aux fesses rondes et proémin<strong>en</strong>tes.<br />
52<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - Perspectives : Féminité, Féminisme... Féminitude
Terre, f<strong>en</strong>ds-toi, terre, tu peux te f<strong>en</strong>dre, pourf<strong>en</strong>dre les impétrants<br />
qui outrepasserai<strong>en</strong>t leur droit de s’avérer humains, c’est boute !<br />
Terre, tu aurais leur peau, foute.<br />
Le coeur de mon pays est dans un pim<strong>en</strong>t cacao<br />
fort, crachant le feu comme le bonda de Madame Jacques.<br />
Son corps a des douceurs à nulle autre pareilles,<br />
rouge s<strong>en</strong>ti bon ou vert triomphant au bonneteau.<br />
Peut-on se cont<strong>en</strong>ter d’avoir la peau du v<strong>en</strong>tre bi<strong>en</strong> t<strong>en</strong>due,<br />
d’avoir bi<strong>en</strong> mangé bi<strong>en</strong> bu et puis merci petit Jésus ?<br />
Ah ! se dépouiller des oripeaux simili-cuir et simiesques<br />
de pseudo-peaux noires masques blancs,<br />
d’écorchés vifs, la servitude à fleur de peau !<br />
Toujours la diablesse au corps :<br />
tantôt érigées, érectiles, drues,<br />
gr<strong>en</strong>ues ou graines de viol<strong>en</strong>ce,<br />
tantôt gibiers de pot<strong>en</strong>ce,<br />
la peau saignée, la peau fromage, laissez les hommes passer !<br />
Peaux échaudées, peaux sauvées,<br />
peaux échappées à l’instar du pécari,<br />
pécheresses peaux portant d’une vie av<strong>en</strong>tureuse les stigmates,<br />
plus vous êtes de couleur, ô peaux, moins vous êtes visibles, manque de peaux.<br />
Poèmes extraits de Déictique féminitude insulaire<br />
Suzanne Dracius - Ed. Idem<br />
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dami<strong>en</strong><br />
&<br />
dami<strong>en</strong><br />
54<br />
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poésieadeuxmains<br />
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56 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dialogue
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58 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dialogue
Vous pourrez retrouver l’exposition ADEUXMAINS,<br />
<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le collectif La Palmera, et qui se ti<strong>en</strong>dra<br />
<strong>en</strong> Avignon p<strong>en</strong>dant toute la durée du festival, du 5 au 24 juillet<br />
au restaurant Le Barrio, place des carmes, 13 rue des infirmières,<br />
Avignon 84000.<br />
Tél. : +33 (0)6 84 20 94 48<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - dialogue 59
frédéric<br />
javelaud<br />
60<br />
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Ca mpagne<br />
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62 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres
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64 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres
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gérard<br />
artal<br />
68<br />
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L’arbre recru<br />
Au c<strong>en</strong>tre du midi la pinède <strong>en</strong> l’espace<br />
Où Dieu contre une souche un jour s’est irrité<br />
Le spectre du destin ponctua la préface<br />
Et peine capitale à l’axe dépité<br />
Un vieil arbre bletti à l’abstrait de son œuvre<br />
Figé dans sa froideur aux rejets de l’espoir<br />
Jouxtant le contrebas où rampe la couleuvre<br />
Le ployé végétal et l’âme au reposoir.<br />
Mystère de la vie, fleure la chlorophylle<br />
La rigueur hivernale et les couleurs du temps<br />
Dans ses replis mêlés se confie à l’idylle<br />
Un immuable pacte au réveil du printemps<br />
La marche du néant vers son écorce noire<br />
Qui caresse le ciel, dévoyant l’horizon<br />
La p<strong>en</strong>sée défeuillée le masque dérisoire<br />
Il cache le visage amer du bûcheron<br />
Sur le sol affligé, les doux reflets de lune<br />
Apais<strong>en</strong>t la vallée dépouillée tristem<strong>en</strong>t<br />
Le voici peu à peu cet éclat sans fortune<br />
à l’étreinte d’un feu, s’ébouler sombrem<strong>en</strong>t<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres 69
Au pasquier ce printemps<br />
Aux dernières lueurs à celles du coucher<br />
Du soleil et des g<strong>en</strong>s de la ville assoupie<br />
L’hiver s’épuise alors au soupir du berger<br />
Qu’aussitôt il perçoit son ombre épanouie<br />
Comme un ange collé sur le bec du flûteau<br />
Il célèbre le ciel et le doux paysage<br />
Où broute la brebis les baumes du coteau<br />
Que livr<strong>en</strong>t au vertige les frissons de l’herbage<br />
Ému dans son repli sur le toit du pasquier<br />
Sachant le printemps là à sa part quotidi<strong>en</strong>ne<br />
L’étoile pastressa il saura la chanter<br />
Tout <strong>en</strong> vers au répit que la veillée fait si<strong>en</strong>ne<br />
La saison des ébats la plus pure à son cœur<br />
Dévote à l’agrém<strong>en</strong>t par le clair d’une lune<br />
L’agnelle pour bi<strong>en</strong>tôt l’amandier fait sa fleur<br />
Le rêve est amorcé courtisons la fortune<br />
70<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres
La cascade du tombereau – Bras.<br />
S’étourdit le soleil sous la force magique<br />
D’un sil<strong>en</strong>ce profond que baigne le bassin<br />
J’écume du regard l’al<strong>en</strong>tour énergique<br />
La flore verdoyante et reflets du dessin<br />
Musant par la cavée de la marge foncière<br />
La berge du Cauron me frappe d’intérêt<br />
Me rive et me délivre <strong>en</strong> la fuite plénière<br />
Mes troubles à l’écart errants vers le guéret<br />
à saisir du milieu les prisables ess<strong>en</strong>ces<br />
La violette des bois, l’arôme de nos pins<br />
Puis gorger la cascade aux élans d’appét<strong>en</strong>ces<br />
Nourrir le tombereau de nymphes et béguins<br />
Du Cauron à l’Arg<strong>en</strong>s ou nait la conflu<strong>en</strong>ce<br />
Sont les miroirs du temps, temple des chevaliers<br />
à l’onde libertine, aux auteurs d’inclém<strong>en</strong>ce<br />
Je me devais aussi, les ceindre de lauriers.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres 71
Cette année, <strong>en</strong>fin, j’ai comm<strong>en</strong>cé une collection de m<strong>en</strong>thes.<br />
Cela faisait des années que je les voyais dans des<br />
catalogues cheap comme Hortiflor (p’tain <strong>en</strong> ce mom<strong>en</strong>t<br />
elles sont bradées) on peut <strong>en</strong> choisir plus d’une vingtaine<br />
avec des formes et des couleurs différ<strong>en</strong>tes et des pardidier<br />
lestrade<br />
Le parfum de la discorde<br />
J’ai un ami<br />
qui n’aime pas les parfums.<br />
Son odorat est si s<strong>en</strong>sible<br />
qu’il provoque des migraines quand je porte un de mes<br />
parfums, même une eau de Cologne toute douce de Santa<br />
Maria Novella. C’est pourtant un bon cuisinier qui aime les<br />
légumes et les épices mais les parfums, c’est son extrême<br />
limite, un peu comme ces hommes sur les sites de r<strong>en</strong>contre<br />
qui prévi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dès le début qu’ils ne tolèr<strong>en</strong>t pas les mecs<br />
qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un déodorant.<br />
Remarque, je compr<strong>en</strong>ds un peu. Parmi les Anglais qui<br />
m’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t à la campagne, tous ont des parfums absolum<strong>en</strong>t<br />
affreux. Il s’agit pourtant de personnes raffinées, mais<br />
on dirait que l’Angleterre se procure ses parfums dans les Duty<br />
Free de l’Eurostar. Je leur conseille d’acheter des parfums<br />
classiques, qui ont au moins 20 ou 30 ans mais ils préfèr<strong>en</strong>t<br />
le coup de fouet agressif des produits de masse et je ne parle<br />
même pas des pires que vous connaissez aussi, on voit sans<br />
arrêt leurs pubs à la télé. Avant, c’était réservé à l’époque de<br />
Noël, désormais c’est toute l’année. De plus, on sait désormais<br />
que les nouveaux parfums comport<strong>en</strong>t des composants<br />
cancérigènes et que de nombreux parfums anci<strong>en</strong>s sont reformulés<br />
à partir de combinaisons ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t chimiques.<br />
Le monde du parfum n’a jamais été aussi riche <strong>en</strong> flagrances<br />
merveilleuses mais non. On porte quelque chose qui vi<strong>en</strong>t du<br />
supermarché. Au moins une petite ess<strong>en</strong>ce toute simple à la<br />
violette ? Chez un homme ou une femme, c’est toujours sexy.<br />
Quand on est au jardin ou dans la nature, prom<strong>en</strong>er cet<br />
ami parmi les fleurs ressemble à parcourir un mini golf trop<br />
complexe. Il y a des plantes que l’on aime, non seulem<strong>en</strong>t<br />
parce qu’elles sont belles mais surtout parce qu’elles produis<strong>en</strong>t<br />
un parfum si puissant qu’il vous donne le tournis.<br />
La santoline ne produit pas de belles fleurs (bi<strong>en</strong> que) mais<br />
froisser une de ses tiges arg<strong>en</strong>tées <strong>en</strong>tre les doigts vous réveille,<br />
cela vous ancre dans le mom<strong>en</strong>t. Il faut toujours avoir<br />
un pied de mélisse quelque part, qui se ressème partout<br />
ailleurs. Le romarin, l’absinthe, toutes les espèces de m<strong>en</strong>the,<br />
la rue, certaines achillées, toutes les camomilles (je les<br />
adore), le tilleul qui fleurit, tous les condim<strong>en</strong>taires finalem<strong>en</strong>t<br />
comme le f<strong>en</strong>ouil, la marjolaine, certains persils, l’ail<br />
des ours, toutes les variétés chinoises, toutes les lavandes,<br />
toutes les sauges et <strong>en</strong> particulier la sclarée, le cumin, tous<br />
les arbrisseaux de la garrigue, ce sont des plantes que l’on<br />
fait découvrir lors de la prom<strong>en</strong>ade dans le jardin, sur le bord<br />
de la route ou dans les coteaux.<br />
Les g<strong>en</strong>s ne sont plus habitués à la puissance de ces arômes<br />
et quand on caresse quelques feuilles de rue dans le creux de<br />
la main, leur réaction est souv<strong>en</strong>t celle du rejet, d’ailleurs c’est<br />
une plante à l’odeur fétide qui a la réputation de repousser les<br />
chats. Mais les jardiniers développ<strong>en</strong>t une att<strong>en</strong>tion spéciale<br />
pour ces plantes souv<strong>en</strong>t insignifiantes <strong>en</strong> termes de floraison<br />
et finiss<strong>en</strong>t par apprécier les odeurs désagréables. Ils les aim<strong>en</strong>t<br />
pour leur utilité culinaire ou médicale mais surtout pour<br />
leur odeur agressive qui met du relief dans le paysage, une<br />
s<strong>en</strong>teur capable d’affronter le v<strong>en</strong>t ou le froid. Certains sont<br />
exaltés par l’humidité et la plante à curry, par exemple, s<strong>en</strong>t<br />
toujours beaucoup plus fort après une averse.<br />
C’est alors que la plante insignifiante lance un appel autour<br />
d’elle. Les insectes devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t fébriles. OK, vous ne m’avez pas<br />
vue, je n’ai ri<strong>en</strong> de spécial, vous passez tous les jours à côté de<br />
moi sans ri<strong>en</strong> dire. Mais là, après la pluie, mon feuillage produit<br />
une vibration de curry à laquelle vous ne pouvez échapper, vous<br />
faites un double take, votre tête tourne dans tous les s<strong>en</strong>s pour<br />
chercher d’où vi<strong>en</strong>t cette odeur magnifique, royale, pure et directe,<br />
de cuisine d’un autre contin<strong>en</strong>t.<br />
Je ne parle pas des roses ici, du seringat ou du lilas, je<br />
parle de ces parfums naturels du jardin et de la nature,<br />
les plantes primaires. Elles sont à la botanique ce que sont<br />
les chiffres premiers pour le CERN. Elles sont la matrice à<br />
la source de toutes les variétés qui constitu<strong>en</strong>t les milliers<br />
d’espèces d’une grande famille. Elles sont comme le serpolet<br />
qui se développe naturellem<strong>en</strong>t sur la pelouse quand on a la<br />
bonne idée de le faire pousser à partir de quelques brins qui<br />
se marcott<strong>en</strong>t si vite par temps humide. Quand vous tondez<br />
cette pelouse, à n’importe quel mom<strong>en</strong>t de l’année, l’air se<br />
remplit du parfum haché du thym qui rampe naturellem<strong>en</strong>t,<br />
cela <strong>en</strong>courage son aspect tapissant. Mais surtout, il r<strong>en</strong>d la<br />
tonte de la pelouse moins rébarbative. En fait, c’est l’<strong>en</strong>droit<br />
de la pelouse que vous préférez. Il est même conseillé de<br />
planter du serpolet sur un carré de pelouse d’un petit jardin.<br />
Il tolère très bi<strong>en</strong> le piétinem<strong>en</strong>t, c’est une réserve illimitée<br />
d’herbes de Prov<strong>en</strong>ce pour la cuisine. Et comme toutes les<br />
plantes qui s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t fort, il est un précieux pollinisateur.<br />
72<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres
fums presque antinomiques comme des eaux de Cologne.<br />
Les parfums sont si puissants qu’ils protèg<strong>en</strong>t la maison<br />
comme la m<strong>en</strong>the pouliot tue les puces et les insectes. En<br />
ce mom<strong>en</strong>t, c’est la saison du foin et les vagues de chaleurs<br />
transport<strong>en</strong>t le pot pourri des graminées qui grill<strong>en</strong>t sous<br />
le soleil et le v<strong>en</strong>t. La bonne terre du potager, à elle seule,<br />
s<strong>en</strong>t bon. L’arrosage automatique s<strong>en</strong>t bon. Traverser un<br />
bosquet de pins et marcher sur les aiguilles nourrit le cerveau,<br />
dégage les voies nasales, la vue. La brume et la rosée<br />
amplifi<strong>en</strong>t les odeurs. Le compost mijote. Le soleil exalte les<br />
roses. Le châtaignier <strong>en</strong> juillet produit une odeur de sperme<br />
âcre. Les géraniums macrorrhizum sont les plus puissants<br />
de leur famille. Certaines euphorbes sont magnifiques <strong>en</strong><br />
vase mais empest<strong>en</strong>t la maison (elles sont toutes dangereuses).<br />
Autre exemple de plante toxique, l’hellébore fétide,<br />
par exemple, est la première fleur fluo à la fin de l’hiver<br />
mais elle ne ti<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> vase et pue littéralem<strong>en</strong>t, ce qui<br />
lui donne un statut à part.<br />
Je ne suis pas un adepte des «jardins de s<strong>en</strong>teurs», ces<br />
carrés de plantes connues pour leur odorat. Je préfère répartir<br />
les odeurs autour de la maison pour qu’elles ne se concurr<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t<br />
pas. Ou alors planter les variétés <strong>en</strong> masse pour<br />
provoquer une vague de parfum très puissante, presque<br />
dérangeante. D’ailleurs j’ai trouvé un article très simple qui<br />
vous fait une liste des 10 conseils de base pour planter ces<br />
petites merveilles dans les différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>droits du jardin.<br />
Ce que j’ai remarqué <strong>en</strong> douze années de vie à la campagne,<br />
c’est à quel point les g<strong>en</strong>s ont perdu l’habitude de<br />
toucher les plantes. Ils regard<strong>en</strong>t avec les yeux mais ils sont<br />
trop timides face aux végétaux. On dirait qu’ils refus<strong>en</strong>t de<br />
leur faire du mal. Mais c’est surtout qu’ils ont perdu le contact.<br />
Ils se refus<strong>en</strong>t à froisser une feuille, ils sont persuadés<br />
que ça va abimer la plante alors que souv<strong>en</strong>t, cette dernière<br />
à besoin d’être rabattue pour avoir un port plus compact,<br />
plus fleuri. Il ne leur vi<strong>en</strong>drait jamais à l’idée d’écraser<br />
les feuilles d’un oranger du Mexique par exemple. Je me<br />
demande souv<strong>en</strong>t d’où vi<strong>en</strong>t cette crainte, comme si les<br />
citadins que nous sommes dev<strong>en</strong>us n’os<strong>en</strong>t plus pr<strong>en</strong>dre<br />
une tige afin d’id<strong>en</strong>tifier, par l’odeur autant que par son appar<strong>en</strong>ce,<br />
à quelle famille de végétal ils ont à faire.<br />
Parfois, je s<strong>en</strong>s que cette crainte est associée à celle des<br />
insectes. Quand on apporte quelques feuilles pressées dans<br />
la main pour faire découvrir une odeur étrange, la réaction<br />
automatique est de refuser d’approcher le nez comme si<br />
une petite bête allait <strong>en</strong> sortir. Finalem<strong>en</strong>t, ce sont des réflexes<br />
<strong>en</strong>fantins que les hommes adultes reproduis<strong>en</strong>t. À<br />
leur âge, ils devrai<strong>en</strong>t savoir qu’ils ne risqu<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong>, qu’ils<br />
devrai<strong>en</strong>t me faire confiance, qu’il est absolum<strong>en</strong>t impossible<br />
que je leur fasse un practical joke sur le dos de la nature<br />
ou des plantes qui m’<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t. Mon but n’est pas de<br />
les effrayer, mais de leur faire goûter le jardin, comme un<br />
cuisinier fait goûter une sauce qui mijote.<br />
Évidemm<strong>en</strong>t, certaines plantes sont dangereuses et nous<br />
appr<strong>en</strong>ons très tôt à nous méfier des orties, que tout le<br />
monde connaît. Mais si les g<strong>en</strong>s pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t l’habitude de<br />
froisser les feuilles, ils serai<strong>en</strong>t aussi plus habitués à reconnaître<br />
le plantain qui vit souv<strong>en</strong>t pas loin et qu’il suffit<br />
d’écraser sur la jambe <strong>en</strong>dolorie pour que la peau soit<br />
immédiatem<strong>en</strong>t soulagée. C’est si efficace que je me s<strong>en</strong>s<br />
obligé d’<strong>en</strong> faire la démonstration, à chaque fois. Je radote<br />
complètem<strong>en</strong>t sur ce truc. C’est une sorte de life saver.<br />
Vous vous prom<strong>en</strong>ez, cette ortie vous pique, elle est féroce.<br />
Si vous êtes s<strong>en</strong>sible, cela peut ruiner une belle après-midi.<br />
Mais voilà un plantain pas loin, reconnaissable à ses grosses<br />
feuilles rondes et charnues et ses jolies graines dont raffol<strong>en</strong>t<br />
les chardonnerets.<br />
Mon point. La culture moderne ne cesse de nous v<strong>en</strong>dre<br />
des parfums à travers des publicités de plus <strong>en</strong> plus prestigieuses<br />
avec de grandes actrices. La cuisine nous expose<br />
aux parfums de toutes les cités et de tous les légumes du<br />
monde. De nouvelles espèces odorantes sont inv<strong>en</strong>tées et<br />
commercialisées chaque année. Les voyages nous font découvrir<br />
des steppes et des rivages lointains <strong>en</strong>vahis de plantes<br />
autochtones inconnues sous nos climats. L’odeur des<br />
hommes, elle seule, a été si combattue depuis quelques déc<strong>en</strong>nies<br />
(heureusem<strong>en</strong>t d’ailleurs, souv<strong>en</strong>t c’était too much)<br />
qu’elle nous a écarté de notre propre signature. Les animaux<br />
s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tous bons (<strong>en</strong>fin vous me compr<strong>en</strong>ez) mais nous<br />
nous limitons au chat, dont la litière est un tue l’amour total.<br />
Les bougies d’appartem<strong>en</strong>t sont un produit d’appel pour les<br />
marques rares. On trouve des huiles ess<strong>en</strong>tielles dans toutes<br />
les pharmacies. À la fin des années 80, certains clubs diffusai<strong>en</strong>t<br />
des s<strong>en</strong>teurs de fraise ou de vanille au milieu des<br />
fumigènes. Les bâtons d’<strong>en</strong>c<strong>en</strong>s n’ont jamais été aussi délicats.<br />
Les buis s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t extrêmem<strong>en</strong>t fort à la fin de l’hiver.<br />
Les algues marines sont un conc<strong>en</strong>tré d’iode parfumé.<br />
Mais nous avons développé une paranoïa du parfum naturel,<br />
ce qui me surpr<strong>en</strong>d de plus <strong>en</strong> plus. On peut imaginer<br />
que les générations futures seront plus habituées aux parfums<br />
artificiels qu’aux parfums naturels. Un peu comme ce<br />
shampoing Prairial à la pomme verte des années 80 qui était<br />
<strong>en</strong>core plus pomme que n’importe quelle pomme. Et le jardinage,<br />
qui bénéficie d’une industrie <strong>en</strong> plein développem<strong>en</strong>t<br />
ne parvi<strong>en</strong>t pas à contrebalancer une perte grandissante de<br />
la connaissance de la nature. Les jardineries sont dev<strong>en</strong>ues<br />
au contraire un commerce qui attire plus de novices que de<br />
connaisseurs. Ces grands magasins de banlieue viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
grande partie de l’inculture de leurs cli<strong>en</strong>ts, proposant des<br />
plantes que les g<strong>en</strong>s ne sav<strong>en</strong>t pas cultiver.<br />
Et quand on cherche sur Internet les questions liées aux<br />
parfums de la nature, il n’y a pas grand chose qui sorte<br />
du catalogue habituel des plantes qui s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t bon. De<br />
plus, les <strong>en</strong>trées sont squattées par des noms de parfums<br />
développés pour détourner l’amoureux du naturel vers des<br />
marques de prestige. Si l’on cherche des infos <strong>en</strong> anglais, le<br />
premier article d’intérêt arrive à la troisième page de Google,<br />
vi<strong>en</strong>t du New York Times et il date... de quatre ans. Je ne<br />
sais donc pas si, <strong>en</strong>core une fois, je me pose des questions<br />
superflues (ce qui m’est habituel) ou si ce sujet mériterait<br />
un peu plus d’att<strong>en</strong>tion. Nous ne savons plus reconnaître<br />
le parfum des principaux condim<strong>en</strong>ts. Dès que ça sort de<br />
l’ordinaire, on est perdu. Coupez une branche de sureau<br />
et remarquez le dégoût sur le visage du visiteur, alors qu’il<br />
s’agit d’une odeur désagréable mais très ancrée dans votre<br />
souv<strong>en</strong>ir d’<strong>en</strong>fant. Alors que nous vivons à l’époque du<br />
fooding et de l’impérialisme des parfums des corporations.<br />
C’est un complot, moi je dis !<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres 73
teklal<br />
neguib<br />
Le jardin<br />
Mirer dans l’humeur du v<strong>en</strong>t<br />
L’ombre de la lavande<br />
Humer l’odorante quintess<strong>en</strong>ce<br />
Des r<strong>en</strong>oncules paresseuses<br />
Perdre son âme dans le lit<br />
D’une rivière <strong>en</strong> crue<br />
Boire son café<br />
Dans le jardin <strong>en</strong>dormi<br />
Au doux matin, se mouvoir<br />
Sous les perles de la rosée<br />
74<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - d'arbres et de pierres 75<br />
Photographie © Teklal Neguib - Le jardin - 2014
dominique<br />
lancastre<br />
La machine à coudre<br />
76<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - nouvellissima
La machine<br />
à coudre Singer tournait<br />
à vive allure. Le soleil<br />
v<strong>en</strong>ait à peine de se lever et déjà ma mère s’était mise à<br />
la tâche. Elle devait remettre quelques robes car la r<strong>en</strong>trée<br />
scolaire approchait. à travers la f<strong>en</strong>être, un pied de Malaka<br />
rouge, les branches débordantes de fruits. Des oiseaux sûrem<strong>en</strong>t<br />
las de manger des pommes cannelle y avai<strong>en</strong>t trouvé<br />
refuge.<br />
Assis sur un petit banc je regardais le tissu se glisser et se<br />
faire piquer sous l’aiguille furieuse de la machine. La main<br />
droite de ma mère faisant tourner la moulinette alors qu’elle<br />
t<strong>en</strong>ait le tissu de la main gauche. Elle ne se préoccupait pas<br />
des chants des oiseaux. De temps <strong>en</strong> temps, je les voyais<br />
se poser sur une branche et se faire ballotter par le v<strong>en</strong>t. Ils<br />
ouvrai<strong>en</strong>t les ailes et piaillai<strong>en</strong>t couvrant alors l’air favori de<br />
ma mère : Ma cabane au Canada de Line R<strong>en</strong>aud.<br />
Il lui arrivait de chanter cette chanson ou bi<strong>en</strong> de siffloter.<br />
Je ne l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dais que lorsqu’elle se mettait à coudre. Je<br />
n’ai jamais osé lui demander pourquoi elle chantait toujours<br />
le même air. Elle m’aurait sûrem<strong>en</strong>t répondu. Mais, elle<br />
ne savait pas ce qui se passait dans ma tête ni même que<br />
je l’observais de cette façon. Alors, il est parfois utile de ne<br />
point attirer l’att<strong>en</strong>tion et de continuer à rêver.<br />
Toujours et <strong>en</strong>core la même chanson toutes les fois qu’elle<br />
pr<strong>en</strong>ait la machine. Elle restait conc<strong>en</strong>trée sur ce qu’elle<br />
faisait. Elle se mettait à siffloter dès qu’elle pr<strong>en</strong>ait les ciseaux.<br />
Elle installait le tissu sur un lit. Elle se servait généralem<strong>en</strong>t<br />
d’un modèle. Jamais de patron. Tout était dans sa<br />
tête et les cli<strong>en</strong>ts étai<strong>en</strong>t toujours cont<strong>en</strong>ts du résultat.<br />
J’écoutais alors le bruit que faisai<strong>en</strong>t les ciseaux <strong>en</strong> coupant le<br />
tissu. Il lui arrivait de temps à autre d’arrêter de chanter. Elle<br />
poussait alors des soupirs d’insatisfaction. Elle se plaignait des<br />
tissus difficiles à coudre ; soie et satin indisciplinés, tissus à<br />
rayures dont les alignem<strong>en</strong>ts posai<strong>en</strong>t problème. Les cli<strong>en</strong>tes<br />
difficiles trouvai<strong>en</strong>t toujours des modèles à lui faire confectionner.<br />
Elles se servai<strong>en</strong>t des catalogues. Elles voulai<strong>en</strong>t que<br />
les traits des rayures se suiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> oubliant que ce g<strong>en</strong>re de<br />
travail demandait beaucoup de tissus.<br />
Les boutonnières, elle les faisait à la main. Une tâche fastidieuse<br />
qui ne manquait pas de décl<strong>en</strong>cher Ma cabane au<br />
Canada. Quant aux ourlets les intransigeantes ne voulai<strong>en</strong>t<br />
pas qu›ils soi<strong>en</strong>t visibles. Il fallait avoir une certaine dextérité<br />
pour que ri<strong>en</strong> n'apparaisse.<br />
Ma cabane au Canada était <strong>en</strong>core là. Entre sifflem<strong>en</strong>t et<br />
chant l'aiguille piquait le tissu et je voyais son bras tirer le fil<br />
<strong>en</strong> l'air.<br />
Dans une boite <strong>en</strong> fer des boutons de différ<strong>en</strong>tes couleurs<br />
qu›elle essayait tour à tour selon la couleur du tissu. Dans<br />
un sac <strong>en</strong> toile des fermetures éclairs de tailles et couleurs<br />
variées. Rangés <strong>en</strong> bataille dans une autre boite, des<br />
bobines de fil. à côté de la machine, épingles et aiguilles<br />
s’agglutinai<strong>en</strong>t sur un aimant.<br />
Quand la machine grinçait, elle s'arrêtait de coudre. Elle<br />
saisissait alors un petit flacon <strong>en</strong> fer et introduisait de l'huile<br />
dans des petits trous ici et là. Quelques minutes plus tard :<br />
Ma cabane au Canada était de retour. Ainsi la machine à<br />
coudre rythmait les journées et ma mère ne se doutait point<br />
que je l'observais de cette façon.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - nouvellissima 77
Khalid<br />
El<br />
Morabethi<br />
Diable<br />
« Diable m’a supplié de ne pas faire du Mal,<br />
Diable a tué le Mal avant la naissance de son fils,<br />
Diable cherche le Sage Bi<strong>en</strong>,<br />
Diable sort de son sil<strong>en</strong>ce,<br />
Criant ciel.<br />
Dans son coin habitué, il pleure,<br />
Triste seul, il meurt,<br />
Dans son coin, diable cherche Espoir,<br />
Malade, faible, diable cherche Pouvoir.<br />
Sans amour, l’amour d’une mère,<br />
Elle a voulu brûler vivant son <strong>en</strong>fant,<br />
Sans amour, l’amour d’un père,<br />
Il est mort par la haine de la colère,<br />
« Il fait toujours noir » Diable me dit<br />
« Il fait beau ce soir,<br />
L’homme a r<strong>en</strong>du la vie sans lumière.<br />
L’homme a créé d’autres dieux, il a oublié celui qu’il faut vraim<strong>en</strong>t croire.<br />
L’homme n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d guère son cœur »<br />
« L’homme a-t-il un cœur ? »<br />
Dans son coin, habitué, Diable lui aussi observe.<br />
L’humain,<br />
L’homme.<br />
Diable me dit : « J’ai voulu aider ce monde aujourd’hui ténébreux<br />
Un cri m’a empêché d’être un sourd spectateur<br />
Me voilà alors, témoin, att<strong>en</strong>dant ce point qui mettra fin »<br />
78<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
Derrière le mur<br />
Derrière le mur,<br />
Nos héros sont tous dev<strong>en</strong>us esclaves d’un traitre nommé sauveur,<br />
Des explosions… du feu… tout le monde meurt,<br />
Les cris terribles des drogués qui veul<strong>en</strong>t mettre fin à leurs souffrances, ils arrach<strong>en</strong>t leur cœur,<br />
La foi, à force d’être écartée, a fini par être oubliée,<br />
La poésie rêveuse marche seule et ses pleurs ne s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t plus,<br />
Le grand théâtre et les rôles principaux ont été brûlés, les personnages ne se reconnaiss<strong>en</strong>t plus,<br />
La t<strong>en</strong>dresse, il y a des années, a pris ses bagages et sa fille,<br />
Elle n’a laissé qu’une seule lettre :<br />
’’ Chères âmes, je vous ai tous aimés mais par malheur, c’est fini ‘’.<br />
Des cris de colère et de haine, partout,<br />
Une terre déserte et ri<strong>en</strong> que ces hurlem<strong>en</strong>ts des loups.<br />
Les étoiles tomb<strong>en</strong>t, le ciel a une autre couleur, la lune a été f<strong>en</strong>due,<br />
Des excuses, des prières, des regrets, trop tard, tout est perdu.<br />
Derrière le mur,<br />
Plus de cris <strong>en</strong> plein océan, d’un révolutionnaire prisonnier, condamné à mort,<br />
Plus de cris d’un vieux parolier, poète, <strong>en</strong> prison avec ses mots <strong>en</strong> or,<br />
Plus de cris d’un innoc<strong>en</strong>t, d’un homme, d’un père, d’un soldat,<br />
Plus de cris d’une lumière résistante qui lance un appel au combat,<br />
Plus de cris des consci<strong>en</strong>ces qui train<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tirant leurs chaînes,<br />
Plus de cris …<br />
Derrière le mur,<br />
Est-ce le début d’un cauchemar ?<br />
Est-ce la fin ?<br />
Est-ce que c’est trop tard ?<br />
Derrière le mur,<br />
Nos esprits cri<strong>en</strong>t de douleur,<br />
Nos peaux font mal à force de chaleur.<br />
MONSTRE ! MONSTRE ! MONSTRE ! MONSTRE !<br />
Une odeur qui rappelle que l’<strong>en</strong>fer n’est pas loin<br />
Un désastre … des explosions... des cris … du sang.<br />
Et le sil<strong>en</strong>ce n’est qu’un témoin.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 79
Point virgule<br />
Virgule,<br />
C’est des gouttes de haine mélangées avec les larmes et du sang d’un anci<strong>en</strong> pianiste,<br />
Ses notes ont estropié cette fameuse beauté, très vite.<br />
Un rythme l<strong>en</strong>t, une mélodie de l’oubli qui n’a plus l’âge ni le courage de boire,<br />
Une mélodie d’une consci<strong>en</strong>ce qui a honte <strong>en</strong> sil<strong>en</strong>ce, et pleure, chaque soir.<br />
Un rythme l<strong>en</strong>t, une mélodie douce qui r<strong>en</strong>d le s<strong>en</strong>s <strong>en</strong> feu,<br />
Une mélodie légère qui r<strong>en</strong>d l’esprit nerveux.<br />
Point,<br />
Une autre explosion qui n’est pas loin,<br />
Les yeux de l’unique lumière se pès<strong>en</strong>t et se ferm<strong>en</strong>t,<br />
Pas d’histoire,<br />
Aucune f<strong>en</strong>être, pas de ciel,<br />
Pas de promesse, aucune victoire,<br />
Aucune rage,<br />
Ri<strong>en</strong>…<br />
Que ce sage blessé qui passe dans les rues et prie,<br />
Les joues couvertes de larmes ret<strong>en</strong>ues, mais sa voix ne se brise guère<br />
Il prie pour ces <strong>en</strong>fants et les sourires tristes des mères,<br />
Pour les pères.<br />
Point virgule,<br />
Plus loin,<br />
Les cris des pères, soldats, ont fait compr<strong>en</strong>dre aux cœurs pati<strong>en</strong>ts et rêveurs,<br />
Que la lune, les étoiles, les souhaits, les poèmes d’amour et de joie tragiquem<strong>en</strong>t meur<strong>en</strong>t…<br />
80<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
Point,<br />
Et d’autres points qui tu<strong>en</strong>t avec douceur tous les contes,<br />
Et finalem<strong>en</strong>t,<br />
La fée<br />
Entre <strong>en</strong> scène,<br />
Un sil<strong>en</strong>ce,<br />
Elle ouvre la bouche peinte de rouge et chante,<br />
Pour la dernière fois,<br />
Et…<br />
Quand le soleil a abandonné son rôle de luminaire,<br />
Le soir,<br />
L’orphelin t<strong>en</strong>ant la main tremblante de l’espoir,<br />
A vu sa fée quand elle s’était noyée dans la mare,<br />
Il a vu son sourire aux lèvres,<br />
Sa robe blanche, son linceul,<br />
« Toutes mes excuses, au revoir »<br />
Il s’est retourné et il a continué de marcher,<br />
Seul.<br />
Virgule,<br />
C’est des gouttes de pluie qui tomb<strong>en</strong>t, dès que le violon se joue<br />
Un rythme l<strong>en</strong>t,<br />
Une mélodie d’une mémoire sainte qui voudrait résister jusqu’au bout.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 81
laure<br />
bolatre<br />
82<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
Ange ou démon<br />
-l'amour est lumière.<br />
-une lumière s'éteint.<br />
-l’amour est infini.<br />
-la mort est éternelle.<br />
-l’amour donne…<br />
-ce que la mort repr<strong>en</strong>d.<br />
-alors pourquoi aimer ?<br />
-pour que la mort soit plus douce…<br />
-qu’y pourrait-il avoir de doux dans le froid ?<br />
-l’espoir.<br />
-l'espoir ?<br />
-l'espoir que dans la mort nous sommes tous égaux.<br />
-et que demain nous revi<strong>en</strong>drons.<br />
-rev<strong>en</strong>ir ?<br />
-oui, la résurrection, notre deuxième chance.<br />
-as-tu p<strong>en</strong>sé que si, il y a une deuxième chance c'est qu'il y a eu un échec la première fois.<br />
-as-tu p<strong>en</strong>sé que si, il y a une deuxième chance c'est que tu as perdu la première partie.<br />
Et que contrairem<strong>en</strong>t à ce que tu crois l'amour triomphe toujours.<br />
-disons que la vie est sœur de la mort, que l’amour est eternel dans l’infini,<br />
Et que toi ange tu es mon frère de lumière quand moi je suis celui de tes ténèbres<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 83
Croire<br />
Ne m'<strong>en</strong>levez pas mes rêves !<br />
Que ferais-je sans eux ?<br />
Ils sont mon av<strong>en</strong>ir, mon futur !<br />
Si demain je perdais le pouvoir de vouloir,<br />
Que me resterait-il pour vivre ?<br />
Mon cœur bat à l'unisson <strong>en</strong> leur donnant la vie.<br />
Mon âme s'apaise sous le baume de l'espérance.<br />
Comm<strong>en</strong>t aller de l'avant si le tunnel est noir ?<br />
Laissez l’arc-<strong>en</strong>-ciel de l’espoir,<br />
Dessinez vos visages<br />
N'oubliez pas le pouvoir des rêves<br />
Laissez leur juste le temps de s'exaucer !<br />
84<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
Et passe le temps<br />
Le temps a beau passer je rêve <strong>en</strong>core :<br />
J'ai grandi avec des projets plein la tête<br />
Certains se sont réalisés<br />
D'autres sont restés des idées.<br />
Je crois avoir réussi ma vie.<br />
Pourtant, l'un de mes plus beaux rêves<br />
C’est dans ton regard que je le retrouve<br />
Et à travers celui de nos deux filles.<br />
Nous avons toujours parcouru notre chemin<br />
Main dans la main,<br />
Ne nous laissant pas impressionner<br />
Par les épreuves de l'exist<strong>en</strong>ce.<br />
Laissant passer le temps,<br />
Nous retournant quelquefois<br />
Sur quelques souv<strong>en</strong>irs,<br />
éclats de rire<br />
Ou douces larmes.<br />
Soixante ans aujourd’hui<br />
Et pourtant mon cœur <strong>en</strong> compte vingt :<br />
Il me suffit de vous voir là, ce soir,<br />
Tous réunis autour de moi<br />
Pour que mon bonheur soit <strong>en</strong>tier.<br />
J'aime à p<strong>en</strong>ser que mes trois petits anges<br />
Rep<strong>en</strong>seront à cette journée<br />
Avec le même bonheur que moi<br />
Le temps qui passe ne compte pas<br />
Quand nous sommes <strong>en</strong>tourés de l'amour des nôtres<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 85
il nous restera<br />
des heurts<br />
éric sénécal<br />
86<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
L’ombre éclairée<br />
sur les draps<br />
au v<strong>en</strong>t séchant<br />
reti<strong>en</strong>t le corps<br />
éphémère de la nuit<br />
sil<strong>en</strong>ce comme fruit<br />
amer bleuit <strong>en</strong>tre deux<br />
clous rouillés d’une rive<br />
à l’autre de l’hiver<br />
Ta main<br />
posée pauvrem<strong>en</strong>t<br />
sur le jour où s’accroch<strong>en</strong>t<br />
quelques p<strong>en</strong>nes morts<br />
sur l’av<strong>en</strong>ir à la pati<strong>en</strong>ce<br />
de cicatrice<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 87
Luit la seine<br />
sur les quais<br />
mouillés de rou<strong>en</strong><br />
et vague mon sang<br />
dans ses canaux<br />
à contrecœur contre<br />
courant l’élan<br />
du temps dans son <strong>en</strong>trelac<br />
cette prom<strong>en</strong>ade sobre<br />
avec mes mains d’hier<br />
portées devant<br />
moi vi<strong>en</strong>s que je t’aime<br />
vi<strong>en</strong>s<br />
fine d’eau<br />
(à Louise Labé)<br />
88<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia
Le visage découpé<br />
au rasoir recollé à plat<br />
sur la table rides tracées<br />
au conté gras jusqu’à<br />
la crête où le soleil<br />
ouvre un front étincelant<br />
dans la brume l’œil<br />
est fixé sur son fond<br />
de mémoire<br />
et tremble<br />
assèche ce qui se pleure<br />
<strong>en</strong>tre deux plis<br />
des lèvres essuie<br />
tes parchemins<br />
de souv<strong>en</strong>irs<br />
mon fraternel<br />
(à Jean-Claude Touzeil)<br />
Extraits du recueil « Ajournem<strong>en</strong>ts précédé de<br />
Il nous restera des heurts » <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te de publication.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - francophonia 89
dans la<br />
bibliothèque<br />
par<br />
teklal néguib<br />
90<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - Dévouverte
Pr<strong>en</strong>dre part à la nuit<br />
Jean Baptiste Pedini Polder 153<br />
Recueil de micro-nouvelles, réunies dans ce tome de la collection Polder (de la revue<br />
Décharge), Pr<strong>en</strong>dre part à la nuit est une délicieuse plongée poétique, dans l’œuvre de<br />
l’auteur.<br />
Il y a une forme de mélancolie, qui parcoure les textes, une tristesse ineffable, mais<br />
douce.<br />
Ce sont des instants, des mom<strong>en</strong>ts pris sur le vif, dans la banalité triste de la vie.<br />
Triste, mais belle. Un onirisme de l’ordinaire. Le charme de l’impuissance.<br />
Le recueil fait porter notre att<strong>en</strong>tion sur le détail, le bruit, l‘objet, la feuille, toutes ces<br />
choses, que l’on ne regarde plus, que l’on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d plus, que l’on ne vit plus.<br />
Le texte, que je préfère, est La question, petite œuvre sur les angoisses, les peurs, les<br />
incertitudes. Si jolim<strong>en</strong>t écrit. Une épure du style pour une belle poésie.<br />
Les poissons ne ferm<strong>en</strong>t pas les yeux<br />
Erri De Luca Gallimard<br />
Très beau livre, avec un particulièrem<strong>en</strong>t beau phrasé, ce roman est une nostalgie de<br />
l’<strong>en</strong>fance, une découverte des premiers émois.<br />
Le narrateur y raconte son passage de l’<strong>en</strong>fance à l’âge terrible et mouvem<strong>en</strong>té de<br />
l’adolesc<strong>en</strong>ce.<br />
Des idées parfois saugr<strong>en</strong>ues, qui peuv<strong>en</strong>t traverser un esprit si jeune, à l’évolution<br />
d’une relation aux femmes (de la mère à l’amoureuse), un garçon se confronte aux<br />
difficultés de la vie, à l’emprise parfois viol<strong>en</strong>te d’une bande de garnem<strong>en</strong>ts.<br />
Le corps lui-même, acteur à part <strong>en</strong>tière de l’histoire racontée, se transforme,<br />
abandonnant les stigmates du jeune âge, pour r<strong>en</strong>aître sous les traits de l’adolesc<strong>en</strong>t.<br />
D’un adolesc<strong>en</strong>t, qui cep<strong>en</strong>dant, a bi<strong>en</strong> du mal à accepter de grandir, de quitter ce nid<br />
douillet de la douce <strong>en</strong>fance.<br />
Au-delà même de l’histoire, ou des paysages décrits, des s<strong>en</strong>sations douces du temps<br />
d’antan, ce livre est un régal du style, et du vocabulaire. Sa lecture est un t<strong>en</strong>dre<br />
oasis, auprès duquel on vi<strong>en</strong>t se ressourcer avec délectation.<br />
Histoires jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dues<br />
dans une maison de thé au Népal<br />
Sherpa Yeh-Peh Le lamantin migrateur<br />
Recueil de nouvelles, <strong>en</strong>tre mythe et réalité, cet ouvrage est le fruit de r<strong>en</strong>contres et<br />
de palabres <strong>en</strong>tre locaux, mais aussi touristes dans les maisons de thé, des célèbres<br />
montagnes népalaises.<br />
Cet ouvrage, très bi<strong>en</strong> écrit, reste accessible et se lit facilem<strong>en</strong>t. Le premier texte<br />
Rouge peut d’ailleurs être lu à des <strong>en</strong>fants. Son histoire est jolie, et ils peuv<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
ret<strong>en</strong>ir un <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t.<br />
Ce recueil est une plongée dans une autre culture, non pas tant celle du Népal, que<br />
celle des mondes des montagnes, rudes et abrupts, parfois cinglants et sanglants,<br />
mais toujours étranges et beaux.<br />
Contes de la montagne, le lecteur y plonge, même sans thé, avec un bonheur de<br />
gourmet, que seule la délectation de ces petites histoires, émoustille.<br />
Un livre qui se lit, se relit, se vit dans un voyage intérieur, près de la chaleur du poêle<br />
c<strong>en</strong>tral, d’une maison de thé, à flanc de montagne.<br />
Un bonheur simple, un simple bonheur.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 - Dévouverte 91
Les contributeurs<br />
Kieran Alexander WALL<br />
Né le 25 juillet 1981, à Carhaix-Plouguer <strong>en</strong> Bretagne.<br />
Traducteur (légal, technique) de métier, j’ai déjà publié<br />
un premier « recueil » (ou plutôt une t<strong>en</strong>tative) chez<br />
Stellamaris Editions, à Brest.<br />
Oumaïma Qassimi<br />
Le poème prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> page 14 est le fruit du<br />
part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong>tre la revue L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> et le Groupe<br />
d’Arts Vivants de l’Université de Oujda (Maroc). Ce<br />
dernier a organisé durant le second trimestre de<br />
l’année 2014, un concours de poésie dont le prix était<br />
une publication tant dans la revue de la faculté, que<br />
dans L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>. Oumaïma Qassimi, 23 ans, a<br />
gagné ce concours.<br />
Jean-Claude TOUZEIL<br />
Né d’un père normand et d’une mère slovaque, au<br />
milieu du XX e siècle.<br />
Poète, même à seize heures tr<strong>en</strong>te...<br />
« Père fondateur » du Printemps de Durcet (Orne) et du<br />
Chemin des Poètes.<br />
Plante des arbres un peu partout, anime des ateliers<br />
d’écriture ici et là et dans les <strong>en</strong>virons.<br />
A publié une tr<strong>en</strong>taine de livres de poésie.<br />
Blog : biloba.over-blog.com<br />
Thomas Herr<br />
Thomas Herr is a poet, musician and essayist living<br />
in New Milford, Connecticut. He is the grandson of<br />
r<strong>en</strong>owned New York architect Arthur O. Angilly, and<br />
grand-nephew of r<strong>en</strong>owned New York gourmet chef<br />
and restaurateur Pearl Byrd Foster. A popular poet<br />
himself, Thomas lists as his influ<strong>en</strong>ces the work of<br />
early Surrealism (Breton, Eluard…) Modernists, and<br />
the Beat movem<strong>en</strong>t (Ginsberg, Kerouac…) – as well as<br />
the counter culture of 1960’s America – and the music<br />
and creativity and social change that resulted from<br />
that era. Thomas can be found lurking around various<br />
poetry circles in southern New England as well as an<br />
active participant in the poetry and alternative arts<br />
sc<strong>en</strong>e in the East Village community of New York City.<br />
His popular blog, eNOTHING (<strong>en</strong>othingblog.blogspot.<br />
com) has a mission to bring popular Poetry, arts and<br />
music to the g<strong>en</strong>eral public in an accessible way –<br />
using social media (specifically Twitter - @eNOTHING)<br />
as the primary publicity vehicle. Thomas was one of<br />
the early pioneers in developing the concept of Twitter<br />
“ communities ” and remains an influ<strong>en</strong>ce specifically in<br />
and around the “ Poetry community ” there.<br />
Vanessa Pavie-Crottier<br />
Vanessa Pavie-Crottier <strong>en</strong>seigne l’histoire de l’art à<br />
l’université Paris-Ouest. Ses projets artistiques, à la<br />
frontière <strong>en</strong>tre photographie et cinéma, développ<strong>en</strong>t<br />
des thèmes souv<strong>en</strong>t issus de la littérature. Sa<br />
recherche d’une iconographie picturale, ses<br />
atmosphères fantasmatiques, ses lumières oniriques<br />
et son imaginaire singulier lui ont permis d’exposer à<br />
la galerie parisi<strong>en</strong>ne Alexandre Cadain, et de faire le<br />
tour, <strong>en</strong> compétition officielle, de prestigieux festivals<br />
fantastiques mondiaux avec son film Ecce Mulier<br />
(L’Enfer).<br />
Didier Lestrade<br />
55 ans. Séropositif depuis un quart de siècle.<br />
Journaliste, écrivain, militant, grand s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tal.<br />
didierlestrade.fr<br />
Robert Najlis<br />
Robert Najlis is a painter, working primarily in oils,<br />
but also in chinese ink, and collage. His work involves<br />
an intuitive, analytical and meditative journey into<br />
the questions of life, and our place in it. Born in<br />
Brooklyn, NY, he has lived and traveled in Asia, and<br />
Latin America where he has collected a great deal<br />
of inspiration reflected in his work today. Robert’s<br />
painting lineage traces directly back to Hans Hoffman.<br />
He has added to this by studying Chinese Calligraphy,<br />
as well as the concepts and work of artists including<br />
Matisse, Cézanne, Chagall, Miró and Qi Bai-shi.<br />
Website: robertnajlis.com<br />
Jacques Cauda<br />
Réalisateur, écrivain, peintre et photographe. En 2000,<br />
il interrompt sa carrière de docum<strong>en</strong>tariste pour<br />
créer le mouvem<strong>en</strong>t surfiguratif dont il exposera les<br />
grandes lignes dans un manifeste Toute la lumière sur<br />
la figure. « Surfigurer, écrit-il, c’est pr<strong>en</strong>dre pour objet<br />
des s<strong>en</strong>sations dont la source n’est plus le réel mais sa<br />
représ<strong>en</strong>tation rétini<strong>en</strong>ne. Le monde est dev<strong>en</strong>u une<br />
imm<strong>en</strong>se image aveugle qu’il faut revoir afin de lui<br />
redonner un regard ». Portraits, animaux et végétaux,<br />
sont les objets privilégiés qui (sur)figur<strong>en</strong>t dans sa<br />
peinture.<br />
Suzanne Dracius<br />
Professeur de Lettres classiques et féministe, Suzanne<br />
Dracius s’est d’abord imposée comme romancière<br />
avant d’assurer sa grande liberté d’esprit – et de ton –<br />
dans la poésie où, paradoxalem<strong>en</strong>t, elle r<strong>en</strong>oue avec<br />
l’inspiration caustique des satiristes de l’Antiquité.<br />
Son écriture, qui associe volontiers succul<strong>en</strong>ce des<br />
mets et succul<strong>en</strong>ce des mots dans « la fête des saveurs<br />
métisses », ne s’<strong>en</strong>combre pas de la facture des<br />
poèmes à forme fixe.<br />
Récomp<strong>en</strong>sé <strong>en</strong> 2010 par un prix de la Société des<br />
Poètes français pour l’<strong>en</strong>semble de son œuvre, le<br />
lyrisme savant de Suzanne Dracius vi<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre la<br />
relève après la prose poétique d’Édouard Glissant<br />
pour attester l’importante contribution des écrivains<br />
martiniquais dans la littérature française depuis près<br />
d’un siècle.<br />
suzannedracius.com<br />
Dami<strong>en</strong> Dutrait<br />
Auteur, metteur <strong>en</strong> scène et musici<strong>en</strong>. Membre du<br />
Collectif la Palmera. Auteur de recueils de textes<br />
poétiques et de textes pour le théâtre. Il participe a<br />
de nombreux projets théâtraux. Il écrit et joue au sein<br />
du groupe La Crevette d’Acier (tournée <strong>en</strong> France et<br />
<strong>en</strong> Europe, <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de deux albums). Auteur,<br />
comédi<strong>en</strong> et metteur <strong>en</strong> scène avec la compagnie de<br />
cirque Morosof.<br />
Il collabore aussi à la mise <strong>en</strong> scène des concerts de<br />
: Chloé Lacan, Jéréme Boucris, le groupe Charivari.<br />
Scénariste, réalisateur de courts-métrage et de clips,<br />
avec John et Sasha il obti<strong>en</strong>t le prix de scénario festival<br />
Les Conviviales de Nannay ; il réalise une web série<br />
musicale : La mariée était <strong>en</strong> fuite (avec Antoine Villiers<br />
et Chloé Lacan). Il met <strong>en</strong> scène H2ommes, ciné-concert<br />
pour les <strong>en</strong>fants, prix Adami Jeunesse 2014, et P’tite<br />
souillure de K. Kwahulé, création Martinique et Avignon<br />
2013. Il collabore régulièrem<strong>en</strong>t avec la Cie Théâtre des<br />
2 saisons.<br />
92<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014
Dami<strong>en</strong> Richard<br />
Graphiste de formation (sorti de l’ENSAAMA Olivier<br />
de Serres <strong>en</strong> 2005), Dami<strong>en</strong> travaille depuis plusieurs<br />
années comme graphiste, webdesigner, photographe<br />
et illustrateur indép<strong>en</strong>dant. C’est dans le domaine<br />
culturel qu’il développe la plupart de ses activités. Il<br />
collabore régulièrem<strong>en</strong>t avec le Collectif La Palmera<br />
et la compagnie Les Planches et les Nuages autour<br />
de créations de spectacles et d’autres événem<strong>en</strong>ts<br />
artistiques. Il intervi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant qu’artiste<br />
visuel sur des mises <strong>en</strong> scène de Néry : Guidoni chante<br />
Prévert, Blue and Black Zebra, Av<strong>en</strong>tures Surréalistes.<br />
Depuis 2013, il est aussi photographe pour Montreux<br />
Jazz Artists Foundation.<br />
frédéric javelaud<br />
Photographe, graphiste, maquettiste...<br />
Diplômé des Beaux arts de Marseille<br />
Exposition à Meudon-la-Forêt <strong>en</strong> octobre 2012<br />
de la série Duels photographiques.<br />
Gérard Artal<br />
Membre de la Société des Poètes Français<br />
Plus de 450 poèmes prés<strong>en</strong>tés sur mon site :<br />
artal-poemes.fr<br />
Un roman historique Qui était L.P. Un recueil de<br />
généalogie De Caffoz à Caffot Publications dans<br />
diverses revues et journaux (L’agora... revue de la<br />
Société des poètes français, L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>, Revue<br />
Littéraire Acacia, C<strong>en</strong>tre Presse Aveyron) . Lauréat<br />
de divers prix dont <strong>en</strong> 2008 Lauréat au concours<br />
de poésie C<strong>en</strong>tre Presse, <strong>en</strong> 2010 Deuxième prix au<br />
concours international de poésie francophone de<br />
l’Alliance française, <strong>en</strong> 2011 troisième prix francophone<br />
de la Ville de Cavalaire.<br />
Gérard Artal possède divers sites et blogs :<br />
artal-poemes.fr, midiblog, blog du Sud Ouest.<br />
teklal néguib<br />
Ecrivaine métisse, Teklal Neguib est passionnée de mots<br />
et de sons. V<strong>en</strong>ue très jeune à l’écriture, ses plaisirs<br />
la port<strong>en</strong>t vers l’art et la littérature. Ses thématiques<br />
principales de recherches sont l’id<strong>en</strong>tité et la poétique<br />
des paysages.<br />
Anci<strong>en</strong>ne rédac’chef d’une revue d’école<br />
professionnelle, elle contribue aux revues Minorités,<br />
Artefact et au site Poésie Webnet. En 2013, elle fonde<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>, webrevue d’art et de littérature.<br />
lesoeuvresdeteklalneguib.yolasite.com/<br />
Dominique Lancastre<br />
Originaire de la Guadeloupe. Après avoir obt<strong>en</strong>u son<br />
baccalauréat, il poursuit ses études à l'université Paris<br />
XII où il obti<strong>en</strong>t une maîtrise <strong>en</strong> études américaines. Il<br />
sera professeur d’anglais dans divers lycées et collèges<br />
de l’Académie Paris Versailles Créteil. Il abandonne<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t pour la compagnie British Airways où<br />
il devi<strong>en</strong>t personnel naviguant commercial jusqu’à<br />
ce jour. En 2010, il publie La Véranda qui obti<strong>en</strong>dra le<br />
Prix Bal de Paris du livre outremer 2011. Le roman La<br />
Véranda est à l’étude dans divers collèges et lycées<br />
aux Antilles. Une Femme chambardée (2012), est<br />
son deuxième roman.Dominique Lancastre est<br />
actuellem<strong>en</strong>t auteur aux Editions Rortuna François<br />
Michalon qui ont réédité La Véranda et Une Femme<br />
chambardée.<br />
Khalid EL Morabethi<br />
Né le 10 juillet 1994 à Oujda au Maroc, il poursuit ses<br />
études à la Faculté de Lettres Mohamed1 de Oujda, <strong>en</strong><br />
littérature française.<br />
Il aime écrire. Parfois il écrit les mêmes phrases, les<br />
mêmes mots mais surtout pas les mêmes s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts.<br />
Il veut juste écrire un message mais il lui faut juste<br />
cette chose, ce stylo d’or, cette force, cette voix, cette<br />
muse du ciel. Il a pris plaisir à inv<strong>en</strong>ter des vies et à les<br />
raconter.<br />
Le 8 mars 2013, son poème Une mélodie sil<strong>en</strong>cieuse, mis<br />
<strong>en</strong> voix par Véronique Sauger, a été diffusé sur Radio<br />
France. Ce poème a remporté le Prix spécial Coup de<br />
cœur (concours d’écriture Grand prix Contes du Jour et<br />
de la Nuit 2013)<br />
Laure Bolatre<br />
Née à Bourges comme Berthe Morisot et Vladimir<br />
Jankélévitch. D’une nature réservée et secrète elle<br />
préfère les longues balades au tumulte de la ville. Ces<br />
flâneries sont propices à l’inspiration de l’auteur qui<br />
s’installe alors dans sa bibliothèque pour écrire et<br />
mettre <strong>en</strong> forme ses libres p<strong>en</strong>sées.<br />
éric sénécal<br />
Né <strong>en</strong> 1964. Voir l’interview...<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> est une revue internationale d’art et de littérature,<br />
née et créée <strong>en</strong> la ville de Saint Nazaire, <strong>en</strong> France.<br />
directrice de publication/rédactrice <strong>en</strong> chef<br />
Teklal Neguib<br />
graphiste/maquettiste<br />
Frédéric Javelaud<br />
gestionnaire site web<br />
Teklal Neguib<br />
Pour nous contacter, nous transmettre une<br />
contribution, un communiqué de presse, nous<br />
t<strong>en</strong>ir informés d’une sortie de livre, d’une<br />
exposition, nous faire part de vos critiques, vous<br />
pouvez nous écrire à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com<br />
Tous les textes, toutes les œuvres publiés rest<strong>en</strong>t<br />
la propriété exclusive de leurs auteurs respectifs<br />
et sont protégés <strong>en</strong> vertu des lois <strong>en</strong> vigueur.<br />
La rédaction n’est pas responsable des textes<br />
et images publiés, qui <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t la seule<br />
responsabilité de leur auteur.<br />
édition<br />
Teklal Neguib, pour L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong><br />
44600 Saint Nazaire (France)<br />
site web de la revue<br />
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facebook<br />
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Site de lecture<br />
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ISSN 2256-988X<br />
Dépôt légal 10/07/2014<br />
date de parution<br />
10/07/2014<br />
Revue gratuite ne pouvant être v<strong>en</strong>due<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 93
Appel à travaux :<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> # 7 (octobre 2014)<br />
Règlem<strong>en</strong>t de l’appel à travaux :<br />
Article 1<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE est une webrevue gratuite d’art et de littérature et<br />
faisant appel à des contributeurs bénévoles. Vous pouvez découvrir<br />
les anci<strong>en</strong>s numéros ici : issuu.com/l.art<strong>en</strong>loire<br />
Article 2<br />
Le fait même de proposer des textes, poèmes, articles, photos, etc...<br />
ou d’accepter d’<strong>en</strong> écrire/produire un vaut acceptation du prés<strong>en</strong>t<br />
règlem<strong>en</strong>t et autorisation de publication.<br />
Article 3<br />
Pour être publié, vous devez écrire soit <strong>en</strong> français/anglais/espagnol<br />
ou être bilingue (français + autre langue). A noter que dans le<br />
cas, d’œuvres bilingues, seule la version française fera foi, vous resterez<br />
seul responsable du cont<strong>en</strong>u de la version dans l’autre langue.<br />
La revue ne saurait être t<strong>en</strong>ue responsable d’une langue qu’elle ne<br />
maîtrise pas ou ne connaît pas.<br />
La section Francophonia est uniquem<strong>en</strong>t pour les francophones (<strong>en</strong><br />
monolingue ou <strong>en</strong> bilingue). La section L.<strong>ART</strong> est réservée aux artistes<br />
de <strong>Loire</strong> Atlantique ou de Bretagne, ou les expositions artistiques<br />
ayant eu lieu sur ces deux territoires. La section théâtre est<br />
seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> français/anglais/espagnol (pas de traduction).<br />
Vous déclarez et garantissez disposer de tout droit et autorisation<br />
requis pour l’exploitation d’un quelconque cont<strong>en</strong>u dans le cadre de<br />
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tiers (droit d’auteur, droit à l’image).<br />
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• à caractère raciste ;<br />
• à caractère diffamatoire, injurieux, calomnieux à l’égard de tiers,<br />
personnes physiques ou morales ;<br />
• constituant une contrefaçon d’un droit de propriété intellectuelle ;<br />
• contraire à la réglem<strong>en</strong>tation.<br />
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à L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>.<br />
Proposer un ou des travaux signifie que vous reconnaissez <strong>en</strong> être<br />
le créateur ou être le dét<strong>en</strong>teur des droits relatifs à ce travail. Si votre<br />
création (poème/texte/autre) a déjà été précédemm<strong>en</strong>t publiée<br />
dans un livre, s’il vous plaît, spécifiez-le (titre, auteur, maison<br />
d’édition), et vérifiez que vous avez bi<strong>en</strong> le droit de le republier dans<br />
un magazine.<br />
Même si votre travail est publié dans L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> (magazine + site<br />
web + diffusion sur le web [tumblr, instagram, twitter...) avec votre<br />
nom...), vous restez le propriétaire de votre travail, et conserver tous<br />
les droits dessus.<br />
Si vous ne respectez pas les règles relatives à l’originalité de votre<br />
œuvre, le plagiat ou la contrefaçon pourrai<strong>en</strong>t vous être reprochés<br />
et vous <strong>en</strong> supporteriez alors seul toutes les conséqu<strong>en</strong>ces.<br />
Article 5<br />
Vous pouvez proposer plusieurs œuvres, mais soyez aimable de préciser<br />
simplem<strong>en</strong>t pour quelle section vous la/es soumettez.<br />
Article 6<br />
Envoyez, je vous prie, vos œuvres par mails, <strong>en</strong> pièce jointe, sous<br />
format word ou format photo classique <strong>en</strong> haute définition, à lart<strong>en</strong>loire@gmail.com<br />
(att<strong>en</strong>tion nouvelle adresse mél : L minuscule +<br />
art<strong>en</strong>loire...).<br />
La date limite pour transmettre vos œuvres est le 5 septembre 2014,<br />
pour une publication le 10 octobre 2014. Dans la mesure du possible,<br />
transmettez vos œuvres dès finition.<br />
Si vous avez des difficultés à <strong>en</strong>voyer votre message, n’hésitez pas à<br />
contacter Teklal Neguib (rédactrice <strong>en</strong> chef) sur facebook facebook.<br />
com/teklalneguib ou sur twitter twitter.com/teklalneguib<br />
Article 7<br />
À votre contribution, dans le corps de votre mél, joignez une mini<br />
auto-biographie (5 lignes maximum, pour la page CONTRIBUTEURS).<br />
Les mini-bio doiv<strong>en</strong>t être jointe à chaque <strong>en</strong>voi, même si vous avez<br />
déjà participé à d’autres numéros.<br />
Article 8<br />
Voici les différ<strong>en</strong>ts appels à textes :<br />
Section L.<strong>ART</strong><br />
• Une nouvelle de 10 pages maximum se déroulant soit <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>-<br />
Atlantique, soit <strong>en</strong> Bretagne.<br />
• Un article sur une manifestation culturelle ayant eu lieu <strong>en</strong> <strong>Loire</strong>-<br />
Atlantique ou <strong>en</strong> Bretagne : 5 pages maximum<br />
Section poesia<br />
• Un <strong>en</strong>semble de 3 poèmes, sujet libre.<br />
Section dossier d’exploration Thème L'arbre, cette forêt<br />
L’arbre, cette source de vie, et de beauté, dans sa solitude, sa<br />
vieillesse, son rôle d’ancêtre de la forêt, de témoin, abattu par les<br />
forestiers, l’érosion, les inc<strong>en</strong>dies, la déforestation... Poumon de la<br />
vie, la forêt ! Temps de l’automne, la foret, lieu de découvertes et de<br />
mystères, abritant étrangetés et mille exist<strong>en</strong>ces…<br />
• Un à trois poèmes sur le thème du dossier spécial<br />
• Une nouvelle sur le thème choisi (5 pages maximum).<br />
• Article sur une exposition/un artiste <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec ce thème<br />
• Photos (6 à 10) et/ou peintures (6) sur ce thème<br />
Section Philosophia<br />
• Un article de réflexion sur un sujet philosophique (5 pages maximum).<br />
La revue n’étant pas une revue polémiste, il s’agit bi<strong>en</strong> ici<br />
d’un texte à caractère philosophique et non politique.<br />
Section D’arbres et de pierres<br />
L’art concernant un <strong>en</strong>droit qui peut être la nature, la ville, ou une<br />
pièce.<br />
• Une nouvelle, 10 pages maximum sur thème libre ayant pour contexte<br />
un lieu urbain, rural, la nature ou pr<strong>en</strong>ant place dans une<br />
pièce bi<strong>en</strong> définie.<br />
• Un à 3 poèmes avec cette même contrainte de lieu<br />
• Un portfolio de photos avec cette même contrainte de lieu (équival<strong>en</strong>t<br />
à 6 pages de la revue).<br />
• Une petite pièce de théâtre (10 pages maximum)<br />
Section Théâtre<br />
Publication d’une pièce de théâtre, sujet libre, qui peut avoir déjà été<br />
jouée/publiée. Vérifiez cep<strong>en</strong>dant que vous avez alors le droit de la<br />
publier dans la revue, et si oui, alors vous pouvez la proposer.<br />
La pièce de théâtre pourra être publiée sur plusieurs numéro de<br />
la revue (maximum 4 numéro, 20 pages maximum par numéro).<br />
Langues autorisées : français, anglais espagnol (<strong>en</strong> monolingue).<br />
Section Francophonie<br />
• Une nouvelle de 10 pages maximum sur un sujet libre<br />
• 1 à 3 poèmes sur sujet libre<br />
Section Découverte<br />
• Un article de découverte sur un livre/film/artiste non-francophone<br />
etc... que vous avez aimé.<br />
• 1 à 3 poèmes d’un poète non-francophone (langues anglaise/<br />
espagnole)<br />
94<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014
Call for works:<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> issue 7 (october 2014)<br />
Rules of the call for works:<br />
Rule 1<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> is a free webrevue of art and literature which calls<br />
on voluntary artists to contribute to it. You can discover the previous<br />
issues: issuu.com/l.art<strong>en</strong>loire<br />
Rule 2<br />
The fact to offer texts/poems/articles/photos/etc... or to accept to<br />
write/produce it/them means acceptance of this pres<strong>en</strong>t rules and<br />
permission to publish.<br />
Rule 3<br />
To be published you need to be Fr<strong>en</strong>ch/English/Spanish speaker or<br />
bilingual (Fr<strong>en</strong>ch + another language). Francophonia section is only<br />
for Fr<strong>en</strong>ch speaker or bilingual.<br />
Noteworthy: in the case of a bilingual publication, only the fr<strong>en</strong>ch<br />
version will be valid. You will stay the only person responsible of the<br />
cont<strong>en</strong>t of the version in the other language.<br />
The mag and its staff can’t be considered as the person responsible<br />
of the language they don’t master or know.<br />
L.<strong>ART</strong> section is only for Brittany/<strong>Loire</strong> Atlantique artists or artists<br />
exhibiting in these areas.<br />
The other sections are op<strong>en</strong>ed to all.<br />
Théâtre section is only in Fr<strong>en</strong>ch/English or Spanish (no translation)<br />
You declare and assure having all the rights and permissions required<br />
for the utilization of the work(s) you offer in order to not<br />
violate the rights of others (copyrights, right to the image...)<br />
The texts/works you offer must not have a cont<strong>en</strong>t:<br />
• racist;<br />
• defamatory, insulting, slanderous against a third party (who could<br />
be a legal person or a natural person);<br />
• constituting a counterfeiting of a right of an intellectual property;<br />
• against the law.<br />
Rule 4<br />
You need to be the creator of the work(s) you offer to L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong><br />
<strong>Loire</strong>.<br />
Submitting work(s) means you recognize to be the creator or<br />
the owner of the rights pertaining to this work(s). If your creation<br />
(poem/text/other) was first published in a book, PLEASE specify it<br />
(title, author, book house), and check you have the right to republish<br />
it in a magazine.<br />
Ev<strong>en</strong> if your work is published in L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> (mag + website +<br />
distribution on the web [tumblr, twitter... with your name, etc), you<br />
stay the owner of your work, and keep the rights on it.<br />
If you don’t respect the rules relating to the originality of the work<br />
you offer it could reproach you for plagiarism or counterfeiting,<br />
and th<strong>en</strong>, you would accept alone all the consequ<strong>en</strong>ces.<br />
Rule 5<br />
You can offer several works, but be kind to precise each section<br />
you want your work to be published in.<br />
Rule 7<br />
Please include a mini-autobiography in your Email, ev<strong>en</strong> if you<br />
have contributed before (for the CONTRIBUTORS page).<br />
Rule 8<br />
The differ<strong>en</strong>t calls of works:<br />
Section L.<strong>ART</strong><br />
• Short text (maximum: 10 pages), or 1 to 3 poems from a writer<br />
living/born in Brittany/<strong>Loire</strong> Atlantique (land around Nantes and<br />
Saint Nazaire)<br />
• An article about cultural action/exhibit in <strong>Loire</strong> Atlantique or<br />
Brittany (5 pages maximum)<br />
Section Poesia<br />
• 3 poems, free subject<br />
Section : special file : The tree, this forest (“ L'arbre, cette forêt ”)<br />
The tree, life origin, in its solitude, its old age, its forest ancestor<br />
role , witness, downed by the forest ranger, erosion, fire, … Lung of<br />
the life the forest, time of autumn and discoveries, place of a lot of<br />
lives, mysteries…<br />
• 1 to 3 poems<br />
• A short text (5 pages maximum)<br />
• Article about an exhibit/artist who studies this topics<br />
• Photos (6 to 10) and /or paintings about this subject<br />
Section philosophia<br />
• Article of philosophy on a philosophical topic (5 pages maximum)<br />
Section D’arbres et de pierres (Trees and stones)<br />
Art about place which could be nature, urban, or room<br />
• A short text (10 pages maximum), free topic: an urban/rural/nature<br />
<strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking place in a definite room being the<br />
only constraint.<br />
• 1 to 3 poems about an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t or taking<br />
place in a definite room<br />
• A portfolio (6 to 10) of photos an urban/rural/nature <strong>en</strong>vironm<strong>en</strong>t<br />
or taking place in a definite room<br />
• A little play (10 pages maximum)<br />
Section theater/theatre<br />
• Publication of a play already play/published or not. Could be<br />
published in 4 four parts (the curr<strong>en</strong>t issue and the followings).<br />
Exclusively in Fr<strong>en</strong>ch/English or Spanish (no translation) (20 pages<br />
maximum per issue)<br />
Section Francophonia (bilingual possible)<br />
• A short text (10 pages maximum), free subject<br />
• 1 to 3 poems, free topic<br />
Section Discovery (découverte)<br />
• An article to review/introduce a book/film/artist fr<strong>en</strong>ch or non<br />
Fr<strong>en</strong>ch speaker you like<br />
Rule 6<br />
Please s<strong>en</strong>d your work(s) by Email (word format, .jpeg, or photos in<br />
High Definition format) attached to your Email and before september<br />
5 th 2014 (dead line).<br />
S<strong>en</strong>d it to lart<strong>en</strong>loire@gmail.com (lowercase L + art<strong>en</strong>loire...: watch<br />
out, this is the new e-mail of the mag). if you have some difficulties<br />
to s<strong>en</strong>d the message don’t hesitate to join Teklal Neguib (CHIEF ED-<br />
ITOR) on facebook facebook.com/teklalneguib or on twitter twitter.<br />
com/teklalneguib<br />
The issue 7 of L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> <strong>Loire</strong> will be published the october 10 th<br />
2014.<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014 95
2# 7<br />
parution le 10 octobre 2014<br />
96<br />
L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 6 - juillet 2014