Apport de l'imagerie dans les urgences du tube digestif - SNFGE
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© Masson, Paris, 2001. Gastroenterol Clin Biol 2001;25:B178-B182<br />
<strong>Apport</strong> <strong>de</strong> l’imagerie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>urgences</strong> <strong>du</strong> <strong>tube</strong> <strong>digestif</strong><br />
Patrice TAOUREL (1), Jean-Michel BRUEL (2)<br />
(1) Imagerie Médicale, Hôpital Lapeyronie, avenue Doyen-Giraud ; (2) Imagerie Médicale, Hôpital Saint-Eloi, avenue Bertin-Sans, 34295 Montpellier Ce<strong>de</strong>x 5.<br />
TABLE DES MATIÈRES<br />
APPENDICITE AIGUË<br />
MALADIE DE CROHN<br />
DIVERTICULITE DU COLON DROIT<br />
SIGMOÏDITE DIVERTICULAIRE<br />
COLITE PSEUDO-MEMBRANEUSE<br />
COLITES INFECTIEUSES<br />
PERITONITES PAR PERFORATION D’UN ORGANE<br />
CREUX<br />
OCCLUSION<br />
CONTENTS<br />
Imaging contribution in gastro-intestinal emergencies<br />
ACUTE APPENDICITIS<br />
CROHN DISEASE<br />
CECAL DIVERTICULITIS<br />
SIGMOID DIVERTICULITIS<br />
PSEUDO-MEMBRANOUS COLITIS<br />
INFECTIOUS COLITIS<br />
PERITONITIS BY GASTRO-INTESTINAL PERFORATION<br />
OCCLUSION<br />
Les <strong>urgences</strong> abdomina<strong>les</strong>, ou « abdomens aigus », non<br />
traumatiques ont <strong>de</strong>s causes multip<strong>les</strong> et s’expriment par<br />
<strong>de</strong>s tableaux divers qui ont en commun l’urgence<br />
thérapeutique. La con<strong>du</strong>ite à tenir est toujours fondée sur <strong>les</strong><br />
données <strong>de</strong> l’examen clinique ; fréquemment insuffisantes, ces<br />
données doivent être complétées, notamment par cel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
l’imagerie. La démarche diagnostique <strong>de</strong>s abdomens aigus<br />
commence <strong>dans</strong> tous <strong>les</strong> cas par une anamnèse précise, un<br />
examen clinique complet. A côté <strong>de</strong>s classiques clichés sans<br />
préparation <strong>de</strong> l’abdomen, l’imagerie en coupes a pris une part<br />
<strong>de</strong> plus en plus importante par son impact sur le diagnostic et le<br />
traitement.<br />
Les pathologies digestives représentent une large part <strong>de</strong> ces<br />
<strong>urgences</strong> abdomina<strong>les</strong> non traumatiques, comme en témoignent<br />
<strong>les</strong> résultats <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s épidémiologiques <strong>les</strong> plus larges<br />
actuellement publiées [1, 2] (tableau I). Cette mise au point<br />
abor<strong>de</strong>ra successivement <strong>les</strong> pathologies <strong>du</strong> <strong>tube</strong> <strong>digestif</strong> le plus<br />
souvent responsab<strong>les</strong> d’un syndrome abdominal aigu, à savoir<br />
<strong>les</strong> appendicites et leurs diagnostics différentiels intéressant le<br />
<strong>tube</strong> <strong>digestif</strong> (maladie <strong>de</strong> Crohn, diverticulite <strong>du</strong> côlon droit), <strong>les</strong><br />
sigmoïdites diverticulaires et leurs diagnostics différentiels (colites),<br />
<strong>les</strong> perforations digestives et <strong>les</strong> occlusions.<br />
Parce que <strong>les</strong> signes cliniques et biologiques ne sont ni<br />
spécifiques ni constants, le traitement peut être inadapté (appendicectomie<br />
inutile, diagnostic retardé et intervention sur appendicite<br />
déjà perforée). En cas <strong>de</strong> doute clinique, l’imagerie peut<br />
apporter <strong>de</strong>s renseignements déterminants.<br />
L’ASP montre <strong>de</strong>s anomalies <strong>dans</strong> moins <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong>s cas<br />
d’appendicite aiguë :<br />
— stercolithe appendiculaire sous forme d’une opacité<br />
calcique se projetant <strong>dans</strong> la FID, signant classiquement une<br />
appendicite aiguë souvent grave, mais pour lequel <strong>les</strong> séries<br />
tomo<strong>de</strong>nsitométriques ont montré qu’il s’agissait d’un signe non<br />
spécifique ;<br />
— anomalies <strong>de</strong> l’image aérique cæcale et colique droite<br />
(absence d’air <strong>dans</strong> le côlon droit avec distension aérique <strong>du</strong><br />
transverse, refoulement plus ou moins déformation <strong>du</strong> cæcum<br />
par un abcès appendiculaire) ;<br />
Tableau I. − Répartition diagnostique <strong>de</strong>s douleurs abdomina<strong>les</strong> aiguës.<br />
OMGE<br />
(6 097 cas)<br />
ARC<br />
(3 772 cas)<br />
Douleur abdominale non spécifique 43 % 22 %<br />
Appendicite aiguë<br />
L’appendicite reste l’urgence abdominale chirurgicale la plus<br />
fréquente ; <strong>les</strong> formes cliniques sont nombreuses. Le diagnostic<br />
d’appendicite aiguë est le plus souvent porté sur <strong>les</strong> signes<br />
cliniques, confirmés si nécessaire par <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong> la<br />
numération formule sanguine (NFS). La douleur abdominale <strong>de</strong><br />
la fosse iliaque droite (FID) est le signe essentiel, et peut être<br />
associée à une fièvre modérée et à un syndrome sub-occlusif.<br />
Appendicite 24,1 % 26 %<br />
Cholécystite 8,9 % 10 %<br />
Atteinte gynécologique 6 % 7 %<br />
Occlusion 4 % 9 %<br />
Colique néphrétique 3,4 % 4 %<br />
Ulcère gastro-<strong>du</strong>odénal perforé 2,8 % 4 %<br />
Pancréatite aiguë 2,3 % 4 %<br />
Diverticulite 2,1 % 2 %<br />
B178
<strong>Apport</strong> <strong>de</strong> l’imagerie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>urgences</strong> <strong>du</strong> <strong>tube</strong> <strong>digestif</strong><br />
— signes <strong>de</strong> collection hydro-aérique para-colique ;<br />
— syndrome occlusif <strong>de</strong> type fonctionnel, <strong>de</strong> type mécanique<br />
(par obstruction <strong>du</strong> grêle), ou mixte.<br />
L’ASP est <strong>de</strong> peu d’intérêt à cause <strong>de</strong> sa faible sensibilité et<br />
spécificité.<br />
L’échographie appendiculaire s’est d’abord imposée chez<br />
l’enfant chez lequel elle est plus facile. Ses performances sont<br />
améliorées lorsqu’elle est complétée par une échographie haute<br />
fréquence (7,5 MHz) qui permet <strong>de</strong> différencier <strong>les</strong> couches <strong>de</strong> la<br />
paroi appendiculaire et d’en reconnaître la nature digestive, et<br />
par une technique <strong>de</strong> compression dosée [3]. Réalisée par un<br />
opérateur entraîné, elle a, pour le diagnostic d’appendicite, une<br />
sensibilité supérieure à 90 % <strong>dans</strong> <strong>les</strong> meilleures séries [4].<br />
D’autres travaux ne retrouvent que <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> sensibilité<br />
inférieurs à 75 %. Un certain nombre <strong>de</strong> facteurs expliquent ces<br />
discordances : type <strong>de</strong> son<strong>de</strong> utilisé, expérience <strong>de</strong> l’opérateur,<br />
prévalence <strong>de</strong> l’appendicite <strong>dans</strong> la population étudiée, critères<br />
échographiques utilisés pour affirmer l’absence d’appendicite,<br />
modalité d’obtention <strong>du</strong> diagnostic <strong>de</strong> référence [5]. Une<br />
méta-analyse qui regroupe 17 étu<strong>de</strong>s incluant au total 3 358<br />
patients trouve une sensibilité <strong>de</strong> 84,7 % et une spécificité <strong>de</strong><br />
92%<strong>de</strong>l’échographie pour le diagnostic d’appendicite [6].<br />
L’échographie peut mettre en évi<strong>de</strong>nce :<br />
— <strong>de</strong>s signes directs d’appendice inflammatoire (épaississement<br />
<strong>de</strong> la paroi supérieure à 3 mm, distension liquidienne <strong>de</strong><br />
la lumière, augmentation <strong>du</strong> diamètre global <strong>de</strong> l’appendice<br />
supérieur à 6 mm). La lumière est borgne à une extrémité et<br />
s’abouche <strong>dans</strong> le cæcum à l’autre. L’appendice ainsi remanié<br />
est incompressible et cette manœuvre réveille la douleur ;<br />
— <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong> l’échogénicité <strong>de</strong> la graisse péricaecale<br />
et péri-appendiculaire <strong>du</strong>es à la réaction inflammatoire<br />
péri-appendiculaire ;<br />
— un stercolithe appendiculaire (image hyperéchogène<br />
fixe avec cône d’ombre postérieur) ;<br />
— <strong>de</strong>s signes d’appendicite compliquée (épanchement<br />
liquidien intra-péritonéal, abcès).<br />
L’échographie est difficile et peu performante chez <strong>de</strong>s<br />
patients obèses ou ascitiques, lorsque la douleur interdit l’examen,<br />
lorsque l’appendicite est perforée et compliquée d’abcès<br />
hydro-aérique, lorsque l’appendice est <strong>de</strong> topographie anormale<br />
en particulier sous-hépatique ou rétro-cæcale.<br />
La TDM est utilisée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> formes <strong>de</strong> diagnostic difficile et<br />
<strong>dans</strong> <strong>les</strong> formes compliquées et pour certains en première<br />
intention [7], elle peut montrer :<br />
— un appendice pathologique visible comme une structure<br />
tubulaire à paroi épaissie et rehaussée, à lumière disten<strong>du</strong>e par<br />
<strong>du</strong> liqui<strong>de</strong> ou collabée ;<br />
— une infiltration <strong>de</strong> la graisse péri-appendiculaire (<strong>de</strong>nsités<br />
hydriques linéaires ou punctiformes) avec épaississement <strong>du</strong><br />
fascia <strong>de</strong> Toldt ;<br />
— un éventuel stercolithe appendiculaire, unique ou multiple,<br />
plus souvent vu <strong>dans</strong> <strong>les</strong> appendicites compliquées ;<br />
— un phlegmon appendiculaire (masse <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité tissulaire,<br />
à contours irréguliers) ;<br />
— un abcès collecté (contenu liqui<strong>de</strong>, parfois avec <strong>de</strong>s<br />
bul<strong>les</strong> d’air ou un niveau hydro-aérique, circonscrit par une<br />
paroi rehaussée) ; ces abcès peuvent être multip<strong>les</strong> et se<br />
développer à distance.<br />
Bien qu’ayant une fiabilité élevée, la TDM a une place qui<br />
reste à définir <strong>dans</strong> la prise en charge <strong>de</strong>s patients suspects<br />
d’appendicite. Dans cette optique, une étu<strong>de</strong> nord-américaine<br />
[8], dont <strong>les</strong> résultats doivent être confirmés sur un modèle<br />
français, a montré que la réalisation systématique d’une TDM<br />
<strong>de</strong>vant tout syndrome appendiculaire permettrait d’importantes<br />
économies <strong>de</strong> santé en évitant une appendicectomie <strong>dans</strong> 13 %<br />
<strong>de</strong>s cas et une surveillance inutile <strong>dans</strong> 39 % <strong>de</strong>s cas.<br />
En pratique, échographie et TDM peuvent redresser le<br />
diagnostic en reconnaissant une lésion extra-appendiculaire<br />
susceptible d’en imposer pour une appendicite, qu’elle soit<br />
d’origine digestive (caeco-iléite bactérienne, maladie <strong>de</strong> Crohn<br />
iléo-caecale, diverticulite <strong>du</strong> côlon droit ou sur diverticule <strong>de</strong><br />
Meckel), ou d’origine extra-digestive (infection annexielle, cholécystite,<br />
colique néphrétique, infarctus segmentaire <strong>du</strong> grand<br />
épiploon). Les entérites bactériennes seraient à l’origine <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s syndromes appendiculaires. Dans cette circonstance,<br />
l’échographie haute résolution et la TDM permettent<br />
d’éviter une exploration chirurgicale inutile en montrant un<br />
épaississement <strong>de</strong> la paroi <strong>de</strong> l’iléon terminal associé à <strong>de</strong>s<br />
adénopathies mésentériques arrondies, hypo-échogènes ou<br />
hypo<strong>de</strong>nses [9].<br />
Echographie et TDM peuvent i<strong>de</strong>ntifier l’appendice normal.<br />
Longtemps considérée comme difficile voire impossible en échographie,<br />
cette démonstration repose sur <strong>de</strong>s critères précis [4] :<br />
structure tubulaire, borgne, <strong>de</strong> diamètre total inférieur à 6 mm, à<br />
lumière collabée, sans contraction péristaltique, compressible, et<br />
avec une hyperéchogénicité normale <strong>de</strong> la graisse périappendiculaire.<br />
En TDM, l’appendice normal doit être recherché<br />
sur <strong>de</strong>s coupes fines contiguës, sous forme d’une structure<br />
tubulaire à paroi fine, avec une graisse péri-appendiculaire<br />
normale.<br />
Echographie et TDM peuvent analyser <strong>de</strong>s complications<br />
péri-appendiculaires et distinguer, selon certains auteurs, <strong>les</strong><br />
patients qui doivent être opérés <strong>de</strong>s patients chez <strong>les</strong>quels peut<br />
être envisagé un drainage percutané guidé par TDM ou<br />
échographie. L’échographie et la TDM peuvent aussi i<strong>de</strong>ntifier<br />
l’origine appendiculaire <strong>de</strong> certaines complications, ou expressions<br />
cliniques, inhabituel<strong>les</strong> :<br />
— abcès appendiculaire chronique, à parois très épaisses<br />
et extension pariétale (paroi abdominale, espace psoas iliaque)<br />
;<br />
— abcès intra-hépatique ;<br />
— pyléphlébite (propagation d’une thrombophlébite <strong>de</strong> la<br />
veine mésentérique).<br />
Echographie et TDM peuvent être prises en défaut :<br />
— diagnostics par excès (iléite terminale ou salpingite), ou<br />
au contraire par défaut (appendicite localisée non vue, en<br />
particulier distale, alors que la partie proximale est reconnue<br />
normale) ;<br />
— non différenciation entre appendicite compliquée et<br />
diverticulite <strong>du</strong> côlon droit, cancer colique ou cæcal perforé,<br />
collection para-colique d’origine extra-intestinale.<br />
Maladie <strong>de</strong> Crohn<br />
Lorsque la maladie <strong>de</strong> Crohn est connue, l’échographie et la<br />
TDM ont une valeur plus pronostique que diagnostique, en<br />
évaluant la sévérité <strong>de</strong> l’atteinte extra-pariétale. La TDM a un<br />
impact thérapeutique en visualisant <strong>de</strong>s abcès qui, volumineux,<br />
peuvent imposer un drainage chirurgical associé àune exérèse<br />
<strong>du</strong> segment <strong>digestif</strong> pathologique, ou un drainage percutané<br />
sous guidage TDM. En pério<strong>de</strong> aiguë, ce geste peut constituer<br />
une alternative thérapeutique temporaire, mais ne traite pas <strong>les</strong><br />
lésions sténosantes d’aval.<br />
Lorsque la maladie <strong>de</strong> Crohn n’est pas connue, le tableau<br />
pseudo-appendiculaire est trompeur. Prèsd’un tiers <strong>de</strong>s diagnostics<br />
<strong>de</strong> maladie <strong>de</strong> Crohn ne sont faits que secondairement, à<br />
l’occasion d’une appendicectomie, ou <strong>dans</strong> <strong>les</strong> suites compliquées<br />
<strong>de</strong> celle-ci. L’intérêt <strong>de</strong>l’échographie en haute résolution,<br />
et/ou <strong>de</strong> la TDM est <strong>de</strong> reconnaître la maladie <strong>de</strong> Crohn sur<br />
[10] :<br />
Imagerie radiologique<br />
et endoscopique<br />
B179
P. Taourel, J.-M. Bruel<br />
— un épaississement <strong>de</strong> l’iléon terminal, circonférentiel et<br />
symétrique, plus ou moins important avec, lors <strong>de</strong> lésions<br />
sévères, dédifférenciation <strong>de</strong>s couches échographiques <strong>de</strong> la<br />
paroi ;<br />
— un remaniement <strong>de</strong> la graisse mésentérique dont l’échogénicité<br />
est remaniée, et dont la <strong>de</strong>nsité graisseuse habituelle est<br />
remplacée en TDM par <strong>de</strong>s infiltrats linéaires ou punctiformes<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité tissulaire ;<br />
— <strong>de</strong>s complications péri-digestives <strong>de</strong> type phlegmons,<br />
abcès, ou fistu<strong>les</strong>.<br />
Diverticulite <strong>du</strong> côlon droit<br />
La diverticulite droite, sur diverticule unique, plus rare que la<br />
diverticulite sigmoïdienne, donne le change avec une appendicite<br />
[11].<br />
L’échographie retrouve une petite lésion hypo-échogène,<br />
hétérogène (bulle d’air) qui fait saillie sur une paroi colique<br />
localement épaissie, avec modification <strong>de</strong> la graisse péri-colique.<br />
En TDM on peut retrouver une masse para-colique avec une<br />
image <strong>de</strong> bulle d’air ou <strong>de</strong> stercolithe. La graisse péri-colique est<br />
remaniée. Cette diverticulite focale peut évoluer vers un phlegmonouunabcès<br />
justiciable <strong>de</strong> la même attitu<strong>de</strong> thérapeutique<br />
que ceux compliquant <strong>les</strong> diverticulites sigmoïdiennes. En<br />
l’absence d’i<strong>de</strong>ntification d’un appendice normal, il est impossible<br />
d’éliminer une appendicite. Dans tous <strong>les</strong> cas peut aussi être<br />
discutée la perforation d’une tumeur cæcale ou colique droite.<br />
L’argument essentiel en imagerie pour différencier une diverticulite<br />
<strong>du</strong> caecum d’une tumeur cæcale infectée est l’i<strong>de</strong>ntification<br />
<strong>dans</strong> la diverticulite d’une stratification pariétale avec œdème<br />
sous muqueux [12].<br />
Sigmoïdite diverticulaire<br />
Devant <strong>de</strong>s douleurs fébri<strong>les</strong> <strong>de</strong> la fosse iliaque gauche,<br />
réveillées par la palpation, le diagnostic est d’autant plus<br />
facilement évoqué qu’existent <strong>de</strong>s épiso<strong>de</strong>s antérieurs analogues<br />
ou qu’a fortiori <strong>les</strong> diverticu<strong>les</strong> sigmoïdiens sont connus. Lors <strong>de</strong><br />
formes sévères (douleurs résistant au traitement médical,<br />
tableau infectieux clinique et biologique préoccupant, syndrome<br />
occlusif), le recours à l’imagerie est indispensable.<br />
L’ASP est rarement déterminant. Le lavement opaque aux<br />
pro<strong>du</strong>its hydrosolub<strong>les</strong> a longtemps été utilisé pour compléter <strong>les</strong><br />
données <strong>de</strong> l’ASP, et peut montrer l’opacification plus ou moins<br />
complète <strong>de</strong> diverticu<strong>les</strong> dont ni le nombre ni le volume ne sont en<br />
rapport avec la sévérité <strong>de</strong> l’affection, <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> sténose<br />
inflammatoire, plus ou moins serrée, souvent éten<strong>du</strong>e (supérieure<br />
à 6 à 10 cm), <strong>de</strong>s signes indirects <strong>de</strong> collection para-colique<br />
touchant <strong>les</strong> segments juxta-sigmoïdiens, et notamment la charnière<br />
recto-sigmoïdienne, mais pouvant être retrouvés très à<br />
distance, sur le côlon droit et le cæcum par exemple.<br />
En fait, l’imagerie en coupe a l’intérêt <strong>de</strong> visualiser directement<br />
<strong>les</strong> anomalies mura<strong>les</strong> et <strong>les</strong> anomalies péridigestives.<br />
Echographie et tomo<strong>de</strong>nsitométrie permettent <strong>de</strong> mettre en<br />
évi<strong>de</strong>nce [13, 14] :<br />
— images diverticulaires arrondies débordant la lumière<br />
colique, pouvant contenir <strong>de</strong> l’air, <strong>de</strong>s matières ou <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong><br />
contraste opaque ; l’absence <strong>de</strong> diverticu<strong>les</strong> n’exclut pas le<br />
diagnostic ;<br />
— une infiltration <strong>de</strong> la graisse péri-sigmoïdienne par <strong>de</strong>s<br />
éléments <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité tissulaire ;<br />
— un épaississement <strong>de</strong> la paroi sigmoïdienne. Cet épaississement<br />
(circonférentiel, symétrique, modéré, souvent éten<strong>du</strong>,<br />
se raccordant progressivement au côlon sain) est plus facile à<br />
apprécier si le sigmoï<strong>de</strong> est disten<strong>du</strong> pru<strong>de</strong>mment par une<br />
insufflation rectale ou par un lavement aux hydrosolub<strong>les</strong> dilués.<br />
Cet épaississement n’est pas spécifique et peut être le fait d’une<br />
hypertrophie musculaire ou d’une fibrose intra-murale ;<br />
— un phlegmon donnant une image <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité tissulaire<br />
mal circonscrite ;<br />
— un abcès collecté, à contenu hydrique avec niveau<br />
aérique et/ou multip<strong>les</strong> bul<strong>les</strong> d’air, à paroi rehaussée, pouvant<br />
être volumineux et se développer à distance ;<br />
— une fistule notamment sigmoïdo-vésicale ;<br />
— <strong>de</strong>s complications plus rares (occlusion <strong>du</strong> grêle, urétérohydronéphrose,<br />
péritonite, thrombose <strong>de</strong> la veine mésentérique<br />
inférieure, pyléphlébite).<br />
En pratique, en phase aiguë, l’imagerie en coupes permet<br />
d’éliminer une pathologie extra-digestive et notamment utéroannexielle,<br />
confirme le diagnostic <strong>de</strong> sigmoïdite diverticulaire,<br />
évalue <strong>les</strong> complications para-coliques <strong>de</strong> la sigmoïdite. Elle a un<br />
impact direct sur la con<strong>du</strong>ite à tenir [14], en guidant le drainage<br />
percutané d’abcès volumineux (supérieur à 3-4 cm). Ce drainage<br />
percutané associéàune antibiothérapie peut être une alternative<br />
au traitement chirurgical (le traitement chirurgical obligeant, le<br />
plus souvent, à une résection sigmoïdienne avec colostomie<br />
d’amont en phase aiguë, puis à un rétablissement <strong>de</strong> la continuité<br />
<strong>dans</strong> un <strong>de</strong>uxième temps).<br />
L’imagerie en coupes <strong>de</strong>vrait être proposée comme l’examen<br />
radiologique <strong>de</strong> première intention, en choisissant l’échographie<br />
<strong>dans</strong> <strong>les</strong> formes cliniquement modérées, puisqu’elle a <strong>de</strong>s<br />
performances diagnostiques éga<strong>les</strong> à celle <strong>de</strong> la tomo<strong>de</strong>nsitométrie<br />
[13], et la tomo<strong>de</strong>nsitométrie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> formes plus sévères<br />
puisqu’elle est plus performante <strong>dans</strong> le bilan <strong>de</strong>s complications<br />
(recherche d’un pneumopéritoine, évaluation <strong>de</strong> la taille et <strong>du</strong><br />
siège d’un abcès).<br />
L’imagerie en coupes enfin ne permet pas d’éliminer un<br />
cancer sigmoïdien, soit associéàune diverticulite, soit compliqué<br />
<strong>de</strong> perforation et responsable d’une masse, même si l’infiltration<br />
<strong>de</strong> la racine <strong>du</strong> mésosigmoï<strong>de</strong> est en faveur d’une sigmoïdite<br />
[15], et doit donc être complétée à distance <strong>de</strong> l’épiso<strong>de</strong> aigu par<br />
une vérification endoluminale (endoscopie) lorsque la sigmoïdite<br />
a été traitée médicalement.<br />
Colite pseudo-membraneuse<br />
Elle survient souvent chez <strong>de</strong>s patients ayant reçu en<br />
réanimation post-opératoire une antibiothérapie à large spectre.<br />
L’imagerie est alors <strong>de</strong>mandée pour rechercher un abcès<br />
profond ; par contre, lorsque le diagnostic <strong>de</strong> colite pseudomembraneuse<br />
a été fait par l’endoscopie, il n’y a pas d’indication<br />
à la pratique d’une imagerie en coupes.<br />
L’échographie en haute résolution met en évi<strong>de</strong>nce un<br />
épaississement <strong>de</strong> paroi colique constituée par <strong>de</strong>ux couches,<br />
l’une interne épaisse, hyperéchogène hétérogène, l’autre périphérique<br />
plus fine, hypo-échogène. La TDM montre un épaississement<br />
<strong>de</strong> la paroi <strong>du</strong> côlon, <strong>de</strong>puis le sigmoï<strong>de</strong> jusqu’au cæcum,<br />
mais pouvant prédominer sur certains segments. Cet épaississement<br />
est différencié en plusieurs couches (une couche interne<br />
fortement rehaussée nettement séparée d’une couche moyenne<br />
hypo<strong>de</strong>nse et d’une couche externe <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité tissulaire). Les<br />
haustrations in<strong>de</strong>ntent largement <strong>les</strong> bords coliques et la lumière<br />
est disten<strong>du</strong>e par <strong>du</strong> liqui<strong>de</strong>, donnant après injection <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it<br />
<strong>de</strong> contraste un aspect en accordéon.<br />
Colites infectieuses<br />
Les aspects décrits <strong>dans</strong> la colite pseudo-membraneuse<br />
peuvent être retrouvés <strong>dans</strong> d’autres colites, en particulier<br />
B180
<strong>Apport</strong> <strong>de</strong> l’imagerie <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>urgences</strong> <strong>du</strong> <strong>tube</strong> <strong>digestif</strong><br />
infectieuses. Le diagnostic est orienté par l’atteinte iléale avec<br />
réaction ganglionnaire.<br />
Péritonites par perforation d’un organe<br />
creux<br />
Lors <strong>de</strong>s perforations en péritoine libre, l’existence d’un<br />
pneumopéritoine sur l’ASP affirme <strong>dans</strong> ce contexte la perforation<br />
digestive et doit con<strong>du</strong>ire sans retard à l’intervention. De tous<br />
petits pneumopéritoines peuvent ne pas être i<strong>de</strong>ntifiés sur <strong>les</strong><br />
radiographies conventionnel<strong>les</strong>, mais retrouvés uniquement par<br />
la TDM. Dans une série rétrospective <strong>de</strong> 10 cas d’ulcère<br />
gastro-<strong>du</strong>odénal perforé ayant bénéficié d’unASPetd’une TDM,<br />
l’ASP n’a trouvé le pneumopéritoine que <strong>dans</strong> 2 cas alors qu’il<br />
était toujours visualisé en TDM [16].<br />
Lorsque la perforation est cloisonnée, <strong>de</strong>s images aériques<br />
extra-digestives peuvent être diffici<strong>les</strong> à affirmer sur l’ASP. La<br />
TDM montre le caractère extra-<strong>digestif</strong> <strong>de</strong> l’air et permet<br />
d’évoquer le siège <strong>de</strong> la perforation (<strong>du</strong>odénale, gastrique,<br />
sigmoïdienne) <strong>de</strong>vant le siège <strong>de</strong>s bul<strong>les</strong> d’air extra<strong>digestif</strong> ou<br />
<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s anomalies pariéta<strong>les</strong> digestives (épaississement <strong>de</strong><br />
paroi, disparition localisée <strong>du</strong> rehaussement pariétal <strong>dans</strong> le<br />
cadre d’un ulcère). Une perforation cloisonnée bouchée peut se<br />
tra<strong>du</strong>ire par une collection abcédée dont la cause est i<strong>de</strong>ntifiable<br />
par la TDM (extravasation <strong>de</strong> contraste oral ou rectal). Après 72<br />
h <strong>de</strong> drainage, l’opacification sous scopie <strong>de</strong> l’abcès peut mettre<br />
en évi<strong>de</strong>nce une fistule digestive non visible sur la TDM initiale.<br />
Ce drainage percutané guidé par échographie ou tomo<strong>de</strong>nsitométrie,<br />
maintenu pendant une <strong>du</strong>rée suffisante, peut permettre le<br />
tarissement <strong>de</strong> la fistule digestive.<br />
Occlusion<br />
Les occlusions intestina<strong>les</strong> relèvent <strong>de</strong> mécanismes différents<br />
(parfois intriqués) et peuvent être créées par <strong>de</strong> nombreuses<br />
lésions. Les tableaux cliniques complets sont inconstants, et <strong>les</strong><br />
éléments diagnostiques indispensab<strong>les</strong> à un traitement approprié<br />
impliquent <strong>de</strong> pouvoir répondre à quelques « questions-clés » :<br />
—«est-ce une occlusion ? »,<br />
—«est-ce une occlusion mécanique ou fonctionnelle ? »,<br />
—«quel est son siège, quelle est la nature <strong>de</strong>s lésions<br />
causa<strong>les</strong> ? »,<br />
—«y a t-il strangulation ? »,<br />
—«faut-il opérer, ou un traitement médical est-il suffisant<br />
? ».<br />
Pour répondre à ces questions, la démarche reste basée sur<br />
l’examen clinique et l’ASP. Toutefois, <strong>les</strong> techniques d’imagerie<br />
en coupes, et, parmi el<strong>les</strong>, la tomo<strong>de</strong>nsitométrie plus que<br />
l’échographie, ont <strong>de</strong>s performances supérieures à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />
l’ASP [17-19], et améliorent la prise en charge <strong>de</strong> ces patients.<br />
Une occlusion fonctionnelle sera évoquée sur <strong>les</strong> signes<br />
suivants :<br />
— absence ou rareté <strong>de</strong>s niveaux hydro-aériques ;<br />
— distension aérique intestinale diffuse (gastrique, grêle,<br />
colique, air <strong>dans</strong> le rectum).<br />
Cet iléus paralytique peut être dû àune lésion <strong>de</strong> diagnostic<br />
évi<strong>de</strong>nt, dont le traitement médical fera rétrocé<strong>de</strong>r <strong>les</strong> signes<br />
(calcul urinaire, épanchement péritonéal ou rétropéritonéal,<br />
infarctus <strong>du</strong> myocar<strong>de</strong>, intervention abdominale récente...), ou à<br />
une lésion dont l’étiologie et la gravité font envisager un<br />
traitement chirurgical. La TDM permet d’évaluer cette lésion<br />
(pancréatite aiguë, sigmoïdite diverticulaire, collection suppurée<br />
péritonéale ou rétropéritonéale, appendicite aiguë).<br />
Certaines occlusions fonctionnel<strong>les</strong> peuvent être plus trompeuses<br />
<strong>du</strong> fait d’une distension aérique intestinale segmentaire<br />
ou <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> niveaux hydro-aériques importants.<br />
Des formes cliniques particulières d’occlusion fonctionnelle<br />
peuvent également être diagnostiquées par la TDM :<br />
— syndrome d’Ogilvie ou colectasie aiguë idiopathique qui<br />
peut faire évoquer à tort une occlusion organique lorsque seule<br />
une partie <strong>du</strong> côlon est dilatée ;<br />
— pseudo-obstructions intestina<strong>les</strong> <strong>de</strong> causes multip<strong>les</strong> (collagénoses,<br />
maladies neurologiques ou métaboliques, prise <strong>de</strong><br />
neuroleptiques ou d’opiacés, pseudo-obstruction intestinale<br />
chronique idiopathique <strong>du</strong> sujet jeune ;<br />
— distension gastrique aiguë (contexte post-opératoire,<br />
médicamenteux, traumatique).<br />
Une occlusion mécanique <strong>du</strong> grêle ou <strong>du</strong> côlon sera évoquée<br />
sur la démonstration <strong>de</strong>s syndromes sus-lésionnel et souslésionnel<br />
permettant d’i<strong>de</strong>ntifier une zone <strong>de</strong> transition (cf. infra)<br />
où sera recherchée lalésion :<br />
— le syndrome sus-lésionnel est représenté par la distension<br />
hydro-aérique en amont <strong>de</strong> la lésion. La rétention hydrique<br />
s’accentue progressivement, jusqu’à faire disparaître <strong>les</strong><br />
niveaux hydro-aériques dont le nombre et la topographie<br />
dépen<strong>de</strong>nt aussi <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong> l’obstruction ;<br />
— le syndrome sous-lésionnel, souvent difficile à apprécier<br />
sur l’ASP, est très bien vu en TDM ;<br />
— le syndrome lésionnel est exceptionnellement visible sur<br />
l’ASP en <strong>de</strong>hors d’obstac<strong>les</strong> particuliers (iléus biliaire, corps<br />
étranger) ; la TDM évoque la cause précise <strong>de</strong> l’occlusion :<br />
• invagination intestinale aiguë avec image <strong>de</strong> masse tissulaire<br />
contenant un croissant ou <strong>de</strong>s anneaux concentriques dont<br />
la dédifférenciation est un signe <strong>de</strong> gravité ; chez l’a<strong>du</strong>lte<br />
l’invagination est classiquement pro<strong>du</strong>ite par une lésion tumorale<br />
qui peut être vue en TDM (lymphome, lipome, adénocarcinome...)<br />
; en réalité cette lésion n’existe que <strong>dans</strong> moins d’un cas<br />
sur <strong>de</strong>ux ;<br />
• hernie interne, le plus souvent para-<strong>du</strong>odénale avec <strong>de</strong>s<br />
anses grê<strong>les</strong> dilatées entre le pancréas et l’estomac [20] ;<br />
• hernie externe étranglée <strong>dans</strong> un orifice crural, inguinal, ou<br />
même post-laparoscopique, dont le diagnostic n’est pas toujours<br />
fait par l’examen clinique ;<br />
• iléus biliaire où la TDM montre le calcul <strong>dans</strong> la lumière<br />
intestinale et une aérobilie témoignant <strong>de</strong> la fistule biliodigestive<br />
;<br />
• masse extrinsèque, d’origine tumorale ou inflammatoire ;<br />
• tumeur pariétale dont la plus fréquente, <strong>dans</strong> ce contexte<br />
d’occlusion, est l’adénocarcinome colique, première cause<br />
d’occlusion mécanique basse [21, 22], donnant une masse avec<br />
une sténose courte, sans remaniement <strong>de</strong> la graisse péri-colique,<br />
à différencier d’une sigmoïdite diverticulaire évoquée <strong>de</strong>vant une<br />
sténose éten<strong>du</strong>e en longueur et <strong>de</strong>s remaniements péri-coliques<br />
importants ; la distinction formelle entre sténose tumorale et<br />
réaction inflammatoire pseudo-tumorale sur diverticulite compliquée<br />
est toutefois le plus souvent impossible en TDM, nécessitant<br />
un contrôle endoscopique à distance chez <strong>les</strong> patients traités<br />
médicalement ;<br />
• bri<strong>de</strong> exceptionnellement vue en TDM et dont le diagnostic<br />
est évoqué <strong>de</strong>vant une occlusion mécanique <strong>du</strong> grêle avec une<br />
transition brutale entre syndromes sus et sous-lésionnels, sans<br />
obstacle décelable, et ce d’autant plus que le patient a déjà subi<br />
une ou plusieurs interventions chirurgica<strong>les</strong> abdomina<strong>les</strong> ; en<br />
l’absence <strong>de</strong> signes <strong>de</strong> gravité, une réanimation médicale peut<br />
faire rétrocé<strong>de</strong>r <strong>les</strong> signes cliniques et radiologiques [23].<br />
Le diagnostic <strong>de</strong> strangulation est difficile tant sur la clinique<br />
que sur l’ASP, cliniquement la défense, la fièvre ou la tachycardie<br />
manquent souvent. Les signes sur l’ASP <strong>de</strong> strangulation <strong>du</strong> grêle,<br />
lors <strong>de</strong> volvulus sur bri<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> hernie interne sont classiques,<br />
mais exceptionnellement retrouvés (« image en grain <strong>de</strong> café »,<br />
image <strong>de</strong> « pseudotumeur » d’une anse étranglée disten<strong>du</strong>e par<br />
Imagerie radiologique<br />
et endoscopique<br />
B181
P. Taourel, J.-M. Bruel<br />
Tableau II. − Avantages et limites <strong>de</strong> la TDM <strong>dans</strong> le diagnostic d’occlusion mécanique.<br />
Diagnostic positif<br />
Diagnostic <strong>de</strong> siège<br />
Avantages<br />
Performances très élevées <strong>dans</strong> <strong>les</strong> occlusions mécaniques <strong>de</strong> haut<br />
gra<strong>de</strong><br />
Impact par rapport à l’ASP si absence <strong>de</strong> rétention gazeuse (donc <strong>de</strong><br />
niveau hydro-aérique)<br />
Performances très élevées<br />
Limites<br />
Occlusion mécanique <strong>de</strong> bas gra<strong>de</strong><br />
Diagnostic <strong>de</strong> cause Fort impact lorsque :<br />
— nombreuses causes envisagées (ex : patient avec antécé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
laparotomie pour néoplasie)<br />
— aucune cause envisagée (sujet sans antécé<strong>de</strong>nt, absence<br />
d’orientation clinique)<br />
Diagnostic <strong>de</strong> gravité Impact important <strong>du</strong> fait :<br />
— <strong>de</strong> la morbidité et <strong>de</strong> la mortalité in<strong>du</strong>ites par un retard<br />
diagnostiques<br />
— <strong>de</strong>s faib<strong>les</strong> performances diagnostiques <strong>de</strong> la clinique<br />
Diagnostic d’entérite radique<br />
Diagnostic <strong>de</strong> hernie interne<br />
Diagnostic <strong>de</strong> volvulus <strong>du</strong> sigmoi<strong>de</strong><br />
Diagnostic <strong>de</strong> bri<strong>de</strong> le plus souvent fait sur <strong>de</strong>s signes négatifs<br />
Sémiologie difficile à vali<strong>de</strong>r <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’intervalle <strong>de</strong> temps entre le<br />
scanner et la chirurgie<br />
Manque <strong>de</strong> sensibilité <strong>de</strong>s signes spécifiques (ex : absence <strong>de</strong><br />
rehaussement pariétal)<br />
Manque <strong>de</strong> spécificité <strong>de</strong>s signes sensib<strong>les</strong> (ex : ascite)<br />
<strong>du</strong> liqui<strong>de</strong>, contour endoluminal pseudo-no<strong>du</strong>laire). L’échographie<br />
et/ou la TDM [24] peuvent montrer <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> gravité<br />
lors d’un volvulus ou d’une invagination (image en bec serré au<br />
niveau <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> transition, épaississement <strong>de</strong> la paroi<br />
intestinale, épanchement péritonéal abondant, infiltration <strong>du</strong><br />
mésentère, absence localisée <strong>de</strong> rehaussement <strong>de</strong> la paroi<br />
digestive qui est un signe très spécifique [25]), mais <strong>dans</strong> le<br />
doute, ou en l’absence <strong>de</strong> TDM immédiatement disponible, une<br />
intervention chirurgicale en urgence s’impose.<br />
La TDM a donc globalement <strong>de</strong>s performances diagnostiques<br />
élevées pour répondre aux questions essentiel<strong>les</strong> posées <strong>de</strong>vant<br />
une occlusion, avec une fiabilité supérieure à 90 % pour le<br />
diagnostic positif et <strong>de</strong> siège, et supérieure à 80 % pour le<br />
diagnostic <strong>de</strong> cause et <strong>de</strong> strangulation. Le tableau II résume <strong>les</strong><br />
avantages et limites <strong>de</strong> la TDM <strong>dans</strong> ces différentes étapes<br />
diagnostiques.<br />
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B182