31.08.2014 Views

buren - MediaObs

buren - MediaObs

buren - MediaObs

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

ARTS MAGAZINE<br />

ARTS MAGAZINE<br />

MAI 2012 / N° 65 / 6,90 €<br />

DOM, BELGIQUE, LUXEMBOURG : 7,80 € / SUISSE : 10,50 CHF / CANADA : 11,75 $CAN<br />

<br />

NOUVELLE<br />

FORMULE<br />

+ RICHE + ACTUEL + COMPLET<br />

<br />

M 02151 - 65 - F: 6,90 E<br />

3:HIKMLF=VU[^U]:?k@a@g@f@k;<br />

GRAND PALAIS<br />

BUREN<br />

CE QUI SE CACHE SOUS SES RAYURES<br />

DOSSIER<br />

15 VOYAGES<br />

ARTISTIQUES<br />

INATTENDUS<br />

SPÉCIAL RENNES<br />

L’ART SE RÉVEILLE<br />

EN BRETAGNE<br />

EXPOSITION<br />

LES MAÎTRES<br />

DU DÉSORDRE :<br />

SORCELLERIE<br />

AU QUAI BRANLY


Lita Cabellut, The spring of Marilyn<br />

356 rue Saint-Honor¥<br />

75001 Paris<br />

T. 01 42 96 39 00<br />

paris@operagallery.com<br />

Lundi - samedi 10h - 19h<br />

Dimanche 11h30 - 19h


mai 2012 ¬ artS maGaZiNE ¬ PaGE 3<br />

éDito<br />

Comme chaque mois, deux couvertures au choix pour le même magazine.<br />

Qui mieux que l’acrobatique<br />

Philippe Ramette, qu’on<br />

a vu arpenter les fonds marins,<br />

grimper aux palmiers ou ici<br />

admirer le panorama sur<br />

un Socle à réflexion, pouvait<br />

illustrer le dossier consacré<br />

aux voyages artistiques<br />

décalés, que nous détaillons,<br />

de la page 44 à la page 67<br />

erratum<br />

prendre l’air<br />

rédacteur en chef<br />

Adrien Guilleminot<br />

Alors qu’on va découvrir ce que<br />

Daniel Buren a concocté pour la nef<br />

du Grand Palais, cette photographie<br />

s’est imposée pour la couverture.<br />

D’abord parce qu’on y voit ses<br />

emblématiques rayures, sa signature<br />

visuelle. Mais aussi parce que cette<br />

installation, au musée Guggenheim,<br />

en 1971, s’est soldée par un<br />

scandale. Le portrait de Buren en<br />

éternel rebelle : c’est page 70<br />

Dans le numéro 64 d’Arts Magazine, deux erreurs se sont glissées<br />

dans le texte concernant la galerie Almine Rech (p. 57).<br />

Une première dans l’orthographe du Joseph Kosuth (et non Kossuth).<br />

Et une seconde concernant l’artiste Liu Wei : ce n’est pas lui,<br />

mais son presque homonyme Li Wei qui expose en ce moment au parc de<br />

la Villette. Toutes nos excuses aux intéressés, et à nos lecteurs.<br />

Enfin, une précision à apporter dans l’article concernant la création<br />

du fonds Hélène & Édouard Leclerc pour la culture (p. 19).<br />

S’il porte le nom de ses parents, le fonds sera présidé par l’actuel<br />

dirigeant du groupement E. Leclerc, Michel-Édouard.<br />

à ma gauche, Rineke Dijkstra. Une photographe et<br />

vidéaste néerlandaise, dont la carrière sera couronnée<br />

cet été par une rétrospective au musée Guggenheim<br />

de New York. à ma droite, Loft Story. Inventée<br />

par la société néerlandaise Endemol, le Loft fut la<br />

première émission de téléréalité diffusée en France,<br />

il y a un peu plus de dix ans. Et le couronnement de<br />

la « carrière » d’une poignée de jeunes gens retournés<br />

dans l’ombre aussi vite qu’ils en étaient sortis.<br />

Le rapport ? Au milieu des années 1990, Dijkstra<br />

filme en plan fixe les clients d’une boîte de nuit de<br />

Liverpool ; d’une façon qui évoque le « confessionnal<br />

» des émissions de téléréalité qui verront le jour<br />

plusieurs années plus tard, nous raconte Julien<br />

Blanpied dans sa chronique (p. 20). Pour illustrer la<br />

comparaison, il faut, c’est logique, publier une image<br />

de chacun des protagonistes. Et donc en demander<br />

l’autorisation. Naïvement, on pourrait croire qu’il<br />

est facile de l’obtenir de la joyeuse bande de célibataires<br />

désœuvrés du Loft. Raté : Rineke Dijkstra<br />

a donné son accord sans difficulté, mais la communication<br />

du Loft, elle, est verrouillée à double tour.<br />

Interdiction formelle d’utiliser la moindre photographie<br />

de Loana et compagnie. On ne plaisante pas<br />

avec le respect du droit à l’image de candidats qui ont<br />

justement participé à cette émission pour devenir<br />

des personnages publics… C’était notre rubrique :<br />

il y a plus important que l’art, dans la vie.<br />

Mais, puisque dans ces pages, nous y accordons tout<br />

de même un petit peu d’importance, quittons là<br />

l’étouffant Loft, et sortons prendre l’air. De Bogotà<br />

(p. 53), où le peintre Fernando Botero a ouvert un<br />

musée riche de dizaines de toiles de Monet, Picasso<br />

ou Bonnard, à Tel-Aviv (p. 60), où l’art jaillit à chaque<br />

coin de rue. En passant par Lanzarote (p. 46), une île<br />

des Canaries où un artiste du nom de César Mantique<br />

a bâti, sculpté, planté d’invraisemblables édifices entre<br />

art, tourisme et nature… Arts Magazine vous entraîne<br />

ce mois-ci à la découverte de destinations méconnues<br />

et insolites, entre design, architecture, peinture et<br />

jardins fantastiques. Dépaysement garanti !


PAGE 4 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

sommAire<br />

p 44 p 70<br />

p 44<br />

Quinze voyages<br />

insolites<br />

De Lanzarote à Bogotá<br />

en passant par Ljubljana :<br />

l’art où on ne l’attend pas<br />

p 70<br />

Buren, au-delà<br />

des rayures<br />

Cabanes, jeux de lumière,<br />

esprit de contradiction :<br />

portrait du célèbre artiste<br />

Ce numéro comporte un encart<br />

d’abonnement Arts Magazine<br />

broché sur la partie kiosque France,<br />

ainsi qu’une planche d’autocollants<br />

posée sur une partie des exemplaires<br />

destinés aux abonnés France<br />

ActuAlité p 6<br />

La Nuit des musées, Claude Lévêque de retour<br />

à l’école, deux nouveaux Klimt à Vienne et<br />

huit millions d’Ai Weiwei à Londres… Les hauts<br />

faits et les anecdotes : toute l’actualité du monde<br />

de l’art décryptée sur plus de 30 pages<br />

Le « mort-vivant » p 10<br />

La chronique de Stéphane Corréard<br />

Visite d’ atelier p 14<br />

Xavier Antin, par François Quintin<br />

Collusion p 20<br />

Rineka (Dijkstra) vs Endemol, par Julien Blanpied<br />

L’Encyclopédie des guerres p 32<br />

Par Jean-Yves Jouannais<br />

Carte Blanche p 42<br />

Tous les mois, Hakima El Djoudi invite un artiste<br />

dans nos pages, pour vous offrir une œuvre d’art<br />

sur papier glacé. Dans ce numéro, place au rappeurdessinateur<br />

Maurice Greene<br />

dossier spéciAl voyAges p 44<br />

L’art, quel meilleur prétexte pour voyager ?<br />

Arts Magazine vous embarque vers des destinations<br />

artistiques inattendues<br />

Lanzarote p 46<br />

Dans les Canaries, un artiste a remodelé « son île »<br />

Vicence p 50<br />

L’invraisemblable mariage des meilleurs designers<br />

avec des mosaïques de piscine<br />

Bogotá p 53<br />

Dans les Andes, un fabuleux musée empli de Monet,<br />

de Bonnard, de Picasso…<br />

Ljubljana p 54<br />

Comme Gaudí à Barcelone, maître Pečnik a rebâti<br />

la capitale slovène<br />

Europe p 57<br />

Du Portugal à l’Angleterre, découverte de jardins<br />

délirants<br />

Tel-Aviv p 60<br />

La nouvelle place forte de l’art contemporain<br />

Floride p 64<br />

En face des flots bleus du golfe du Mexique,<br />

un spectaculaire musée Dalí<br />

Paris p 67<br />

Redécouvrir la Ville lumière autrement


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 5<br />

sommAire<br />

p 82 p 88 p 108<br />

mAgAzine p 68<br />

Daniel Buren, le hussard sous la verrière p 70<br />

Depuis cinquante ans, l’homme aux rayures<br />

est en lutte contre toutes les conventions. Portrait,<br />

à l’occasion de son installation au Grand Palais<br />

Anri Sala monte le son p 75<br />

Le jeune artiste représentera la France à la prochaine<br />

Biennale de Venise. Pour mieux connaître<br />

notre « champion », découverte de son exposition<br />

au centre Pompidou<br />

Alain Passard, trois étoiles au jardin p 78<br />

Chef « végétophile », producteur de ses propres légumes,<br />

il est cette année président du jury du Festival des jardins<br />

de Chaumont. Interview<br />

Cécile Beau, la fée physicienne p 80<br />

Elle a conçu, au cœur du palais de Tokyo,<br />

une caverne remplie d’étranges phénomènes…<br />

Rencontre avec une jeune magicienne<br />

Chaos et sorcellerie au Quai Branly p 82<br />

Picasso et les Inuits, Basquiat vaudouisé… Au musée<br />

du quai Branly, les artistes rencontrent les chamans<br />

L’art en questions : Animalomaniap 88<br />

Deux grandes expositions d’art animalier : mais pourquoi<br />

les artistes se sont-ils toujours entichés de bestioles ?<br />

Une œuvre au scanner p 96<br />

La peinture sur éventail du peintre chinois Wen Boren<br />

cache bien des surprises…<br />

Portfolio : les enluminures p 100<br />

Les minutieux parchemins peints et les miniatures<br />

flamandes du Moyen Âge en géant<br />

Portrait de ville : Rennes p 108<br />

Un nouveau Frac, une biennale… traditionnellement<br />

discrète, la capitale bretonne se remet à briller<br />

Le coin des enfants p 118<br />

Chagall volète autour de sa belle… Comment fait-il ?<br />

AgendA p 122<br />

De Rome à Vendôme, de Gand à Caen, plus de<br />

100 expos choisies et décryptées par nos correspondants<br />

Paris/Ile-de-France p 124<br />

Ouest p 128<br />

Nord p 131<br />

Est p 134<br />

Sud-Est p 137<br />

Sud-Ouest p 140<br />

relecture, par Jochen gerner p 146<br />

Le dessinateur Jochen Gerner s’amuse à déceler des<br />

traits d’union entre BD et arts plastiques. Dans ce<br />

numéro, La Grande Menace de Jacques Martin lui<br />

évoque les installations « climatiques » d’Olafur<br />

Eliasson comme les petits fétiches d’Annette Messager<br />

p 82<br />

chamanisme au musée<br />

De Bali à Haïti, de Jérôme<br />

Bosch à Basquiat : choc<br />

des cultures au Quai Branly<br />

p 88<br />

Animalomania<br />

Géricault, fou de chevaux,<br />

Dürer et son rhino… l’animal<br />

obsède les artistes<br />

p 108<br />

rennes, l’ex-discrète<br />

Avec l’ouverture du<br />

Frac Bretagne, la ville<br />

affiche désormais ses<br />

ambitions artistiques<br />

retrouvez-nous sur<br />

www.facebook.com/<br />

pages/Arts-Magazine/<br />

269572889780404


actualité<br />

8<br />

événement<br />

que faire pendant<br />

la nuit des musées ?<br />

24<br />

exposition<br />

coup de projecteur<br />

sur l’archéologie<br />

au musée du louvre<br />

30<br />

livres et DVD<br />

notre sélection<br />

36<br />

art contemporain<br />

claude lévêque<br />

retourne à l’école<br />

Chroniques<br />

par stéphane<br />

corréard (p. 10),<br />

François Quintin<br />

(p. 14) et Julien<br />

Blanpied (p. 20)<br />

l’encyclopédie<br />

des guerres par<br />

jean-yves jouannais<br />

(p. 34)<br />

Tetzuka, un ballet manga<br />

à voir à Paris, à la Villette, p.22


PAGE 12 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

Architecture<br />

AléSiA, la nouvelle folie<br />

de Bernard tschumi<br />

on lui doit les « folies » du parc de la villette à Paris, le musée de l’acropole d’athènes…<br />

l’architecte suisse Bernard tschumi revient aujourd’hui en Bourgogne, sur le site d’alésia.<br />

et nous raconte dans quel esprit il a conçu ce bâtiment pas comme les autres.<br />

émilie Formoso interview<br />

Le premier des deux bâtiments que l’architecte<br />

va ériger sur le site d’Alésia<br />

Des salles de concert, des centres culturels,<br />

des musées… Bernard Tschumi, 68 ans, est<br />

l’un des grands spécialistes de l’architecture<br />

de lieux « culturels ». L’occasion d’appliquer<br />

des recettes à succès ? Non : chaque bâtiment<br />

est au contraire différent, comme il l’explique<br />

à propos de son dernier-né, le centre d’interprétation<br />

du muséoparc d’Alesia, là où Jules<br />

César mit au pas Vercingétorix.<br />

ARTS MAGAZINE • Quelle place tient ce projet<br />

dans votre œuvre ?<br />

BeRnARd TSchumi: Lorsque j’ai terminé le musée<br />

de l’Acropole il y a deux ans, je considérais que<br />

les deux travaux les plus importants que j’avais<br />

réalisés étaient ce musée et le parc de la<br />

Villette. Et que si je devais refaire quelque<br />

chose d’important, il fallait que cela se situe<br />

Notes<br />

1 Op pidum : ensemble fortifié le plus souvent<br />

situé sur une colline ou un plateau,<br />

et caractéristique de la civilisation celtique.<br />

2 Murus gallicus : technique de construction<br />

gauloise des remparts, utilisant un entrecroisement<br />

horizontal de poutres et de pierres sèches. Cette<br />

technique a été précisément décrite par Jules César<br />

dans son ouvrage « La Guerre des Gaules ».<br />

dans une autre problématique. J’ai donc été<br />

très content de la manière dont nous avons<br />

été capables de traduire le concept et les<br />

contraintes en un matériau.<br />

c’est-à-dire?<br />

Il fallait parler de la bataille d’Alésia comme<br />

d’un moment qui influençait toute une civilisation.<br />

C’est une rencontre entre deux cultures,<br />

celle des Gaulois et celle des Romains, qui a<br />

donné naissance à la civilisation gallo-romaine.<br />

C’est un affrontement et aussi un dialogue.<br />

Une idée qui se traduit dans l’architecture. Le<br />

centre d’interprétation est situé dans la plaine,<br />

à l’endroit où Jules César avait massé la plus<br />

grosse partie de ses troupes. Mais il y a aussi<br />

le musée (ouverture prévue en 2015) qui sera<br />

engoncé dans l’oppidum (1) où se trouvaient<br />

les troupes de Vercingétorix. L’idée est donc<br />

d’établir à la fois une dualité et une égalité<br />

entre l’assiégeant et l’assiégé. Ces bâtiments<br />

ont comme dénominateur commun d’être circulaires.<br />

Ce thème de la circularité se prolonge<br />

dans l’idée de mouvement. Le centre d’interprétation<br />

possède de grandes rampes-escaliers<br />

et des colonnes. Cela donne une impression de<br />

dynamisme, qui montre que la bataille a été en<br />

fin de compte une chose positive.<br />

Pourquoi avoir choisi ce style très<br />

discret ?<br />

Concernant l’extérieur, il y avait une demande<br />

très claire de la part des archéologues, puisqu’il<br />

fallait à la fois célébrer la bataille et ne pas<br />

déranger le paysage, magnifique et presque<br />

inchangé depuis 2000 ans. J’ai voulu montrer<br />

le cirque de collines comme une promenade à<br />

360° lorsqu’on est dans le bâtiment. J’ai donc<br />

créé cette résille en bois qui n’a pas la dureté<br />

d’une façade de béton ou de verre, mais qui<br />

possède une certaine porosité avec laquelle la<br />

lumière joue, et qui s’intègre totalement au paysage.<br />

Cette intégration est renforcée par le toit<br />

terrasse planté d’arbres. Et je me suis aperçu<br />

que j’utilisais intuitivement le même matériau<br />

que celui de Jules César pour ses fortifications.<br />

et qu’en sera-t-il du second bâtiment,<br />

destiné au musée ?<br />

Le second bâtiment sera situé sur l’oppidum,<br />

mais son enveloppe sera cette fois réalisée en<br />

pierre. Nous utiliserons les pierres dégagées<br />

du trou creusé pour les fondations, ce qui est<br />

finalement très écologique ! Et cette enveloppe<br />

en pierre sera proche du murus gallicus (2) ,<br />

même si nous ne voulons pas faire tout à fait<br />

la même chose.


NOUVELLE<br />

CIVIC,<br />

INSPIRÉE<br />

PAR L’AUDACE.<br />

Design époustouflant, habitacle ultra-ergonomique et intelligence des sièges arrière «magiques», la nouvelle Honda Civic<br />

est un étonnant concentré d’idées nouvelles. Point d’orgue de son audace créative : sa motorisation Diesel 2.2 i-DTEC de 150 ch,<br />

pour des émissions de CO2 de seulement 110 g/km (1) , une véritable prouesse technologique.<br />

À PARTIR DE 19 100 € (2) . DÉCOUVREZ SES AUDACES TECHNOLOGIQUES SUR WWW.HONDA.FR<br />

(1) Pour les versions équipées de jantes 16”. (2) Tarif au 15/01/12 de la Civic 1.4 i-VTEC Elegance. Prix du modèle présenté Civic 2.2 i-DTEC Exclusive : 29 250 €, avec<br />

option peinture métallisée (500 €). Consommation mixte du modèle présenté : 4,4 l/100 km. Émissions de CO2 : 115 g/km.<br />

*Donnez vie à vos rêves.<br />

RÉPUBLIQUE AUTO NATION<br />

32 Avenue de la République - 75 011 Paris - 01 43 14 38 38<br />

SAINT-MAUR AUTO NATION<br />

25 bis Rue de la Varenne - 94 100 Saint-Maur-des-fossées - 01 48 83 15 25


PAGE 16 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

THÉÂTRE<br />

MIss PEGGy,<br />

mécène en scène<br />

Des lunettes extravagantes, des amants et des petits chiens à foison‚ la vie de Peggy<br />

Guggenheim ne se résume pas à ces quelques clichés. à 14 ans, Marguerite, surnommée<br />

Peggy par son coureur de jupons de père, se trouve à la tête d’une fortune inestimable…<br />

Quelques années plus tard, le nez refait et les yeux gonflés d’impressionnisme,<br />

elle débarque à Paris. Y rencontre Laurence Vail, alias le « roi de la bohème »,<br />

un peintre-poète d’origine américaine, l’épouse et s’installe à Montparnasse, alors<br />

terre d’accueil des artistes les plus démunis. Dans les bras de Samuel Beckett, « cet<br />

intellectuel desséché », elle découvre l’art moderne. Man Ray, Duchamp, Modigliani,<br />

Brancusi, Pollock, Giacometti, Dalí, Calder… offrant sans compter son argent et<br />

son corps. Yves Tanguy lui propose le mariage, elle lui préfère Max Ernst qu’elle<br />

sauve du camp de concentration… Les détails croustillants de cette vie chaotique,<br />

Stéphanie Bataille les raconte avec gouaille, seule en scène durant une heure. Elle<br />

déroule les souvenirs tragicomiques de cette pasionaria désormais isolée dans son<br />

palais vénitien au bord du Grand Canal. Ou au cours de l’année 1967, elle n’a qu’un<br />

souci : que faire de ses « bébés », ces 200 œuvres accumulées qui forment la plus<br />

importante collection privée de tous les temps ?<br />

S. Sil.<br />

Stéphanie Bataille incarne la plus déjantée des collectionneuses<br />

Théâtre du Petit Montparnasse. 31, rue de la Gaîté, Paris 14 e . Jusqu’au 31 mai.<br />

Tél. : 01 43 22 77 74. w ww.theatremontparnasse.com<br />

BD<br />

MoEbIus<br />

revient…<br />

en couleurs<br />

Le 10 mars dernier, la bande dessinée perdait<br />

l’une de ses figures les plus visionnaires et les<br />

plus complexes. Dessinateur aux identités<br />

multiples, Moebius, alias Jean Giraud ou Gir,<br />

était le papa de Blueberry, cow-boy solitaire de<br />

l’Ouest sauvage américain… et de « L’ Incal »,<br />

série majeure de la BD de science-fiction.<br />

à l’annonce de sa mort à l’âge de 73 ans, les<br />

hommages se sont multipliés, venant de tous<br />

horizons dans le monde des bulles, preuve de<br />

son influence sur des générations de bédéastes.<br />

Le site des Humanoïdes associés (www.<br />

humano.com), l’un de ses éditeurs historiques,<br />

regroupe quelques dizaines de dessins réalisés<br />

spontanément. Cette maison, justement,<br />

mène une politique de réédition ambitieuse<br />

d’une grande partie du catalogue de l’artiste<br />

depuis plus d’un an. Chaque album, vendu<br />

pour la modique somme de 18 euros environ,<br />

est accompagné d’un texte d’introduction signé<br />

Moebius. Certains, repris des versions colorisées<br />

publiées par l’éditeur américain Marvel,<br />

permettent même de revisiter des classiques<br />

(Le Garage hermétique, Les Vacances du major)<br />

originellement en noir et blanc. Si vous cherchiez<br />

une excuse pour réécouter la voix et<br />

admirer à nouveau le trait de plume de l’artiste,<br />

la voilà… Et si vous ne connaissez pas, c’est le<br />

moment de vous plonger dans cet univers, en<br />

commençant peut-être par l’hilarante histoire<br />

du Bandard fou ! L. P.<br />

Les raretés de Moebius ressortent en couleur


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 17<br />

actualité<br />

PHILIPPE KATERINE<br />

De La Banane à l’ananas<br />

le chanteur a momentanément coupé le son… pour s’aventurer du coté des Galeries<br />

lafayette y monter sa première exposition « comme un ananas ». rencontre loufoque<br />

avec un véritable électron libre devenu un homme à la tête d’ananas.<br />

Sabrina Silamo interview<br />

à voiR<br />

La Galerie<br />

des galeries.<br />

Galeries Lafayette,<br />

40, bd Haussmann,<br />

Paris 9 e<br />

jusqu’au 2 juin. gratuit<br />

à liRe<br />

Comme<br />

un ananas,<br />

de Philippe Katerine,<br />

éd. Denoël, 84 p., 15 €<br />

Aquarelles, dessins, collages…<br />

Katerine touche à tout<br />

Mais que va donc faire le chanteur 100% VIP<br />

de Louxor, j’adore dans une galerie ? Avis à<br />

destination des sceptiques : Philippe Katerine,<br />

ex-étudiant en arts plastiques, musarde<br />

depuis toujours entre musiciens et plasticiens<br />

tels le vidéaste Pierrick Sorin, ou Mrzyk et<br />

Jean-François Moriceau, le duo qui signe la<br />

pochette de 8 e Ciel. Le Vendéen iconoclaste,<br />

désormais performer imprévisible, ne se<br />

refuse jamais rien : ni danser avec Mathilde<br />

Monnier ni faire l’acteur pour Joan Sfar.<br />

ARTS MAGAZINE • comment avez-vous conçu<br />

cette première exposition ?<br />

PhiliPPe KATeRine : Comme une expérience<br />

sensorielle. C’est un parcours imaginé comme<br />

un intestin, aller-retour, replié sur lui-même.<br />

Sont d’abord exposés 18 diptyques de format<br />

A4 : sur le premier volet, j’ai dessiné des<br />

hommes et des femmes politiques avec leurs<br />

accessoires – par exemple, Rachida Dati avec<br />

un perroquet, Villepin au téléphone tournant<br />

le dos au Cri de Munch –, et sur le deuxième,<br />

il ne reste que les accessoires. Sur la cloison,<br />

face à eux, des yeux les observent. Puis, on<br />

traverse un sas entièrement noir avant de<br />

déboucher sur une sculpture monumentale,<br />

qu’on pourrait appeler Le Totem de<br />

l’émancipation, et qui mesure 2,50 mètres de<br />

haut sur 2,50 mètres de large. Elle représente<br />

une fontaine avec en son centre un rappeur de<br />

droite, Kanye West, dans le rôle du visionnaire,<br />

entouré de toutes les personnalités politiques<br />

qui sont réapparues. La sculpture est exposée<br />

dans une salle bleu clair où on entend la<br />

chanson Comme un ananas, écrite par Julien<br />

Baer. Viennent ensuite la série des Post-it<br />

directement collés au mur, et les aquarelles que<br />

j’ai peintes dans mon nouveau quartier, celui<br />

de Giscard, le XVI e arrondissement de Paris.<br />

Et le parcours se termine sur un miroir qui<br />

chante quand tu le regardes.<br />

c’est donc cette chanson qui donne son<br />

titre à cette exposition ?<br />

Oui, Julien Baer me l’a jouée un soir en<br />

improvisant les paroles. Ces mots, qu’il inventait<br />

devant moi, m’ont excessivement touché :<br />

« Comme un ananas, j’ai passé ma vie à moitié<br />

en tranches, à moitié entier ». Ils tombaient à<br />

pic pour une exposition découpée en tranches.<br />

Ou en étapes comme le Tour de France.<br />

Pourquoi un tel intérêt pour le thème<br />

de la disparition ?<br />

La disparition, le trou… c’est plus qu’une notion<br />

pour moi, c’est une religion. Georges Perrec,<br />

dans son livre La Disparition, s’est amusé à<br />

écrire sans utiliser la lettre e. Moi, je me suis<br />

amusé à dessiner des hommes politiques et à<br />

les faire disparaître. Parce qu’ils s’imposaient<br />

à moi comme des présences fantômes et que<br />

je devais m’en débarrasser. De Dominique de<br />

Villepin au téléphone tournant le dos au Cri<br />

de Munch, il ne reste que le Cri. Prémonitoire ?<br />

Mais tout ça relève du hasard… Le hasard et<br />

le rêve sont mes deux mamelles.<br />

verra-t-on aussi des extraits du journal<br />

graphique Doublez votre mémoire ?<br />

Même si tout est toujours lié, les chansons, les<br />

films, les dessins ou la côte de taureau que j’ai<br />

mangé ce midi, l’exposition se rapproche plutôt<br />

de l’album sorti en 2010, où je suis photographié<br />

avec mes parents. Je recherche avant tout<br />

à exprimer mes émotions, et je me sens privilégié<br />

de pouvoir explorer toutes ces directions.<br />

J’ai l’impression d’être dans un grand magasin :<br />

j’essaie des bijoux, des chapeaux, des robes…


PAGE 18 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

AuTRIc HE<br />

Deux nouvelles toiles<br />

Pour fêter « l’année Klimt »<br />

Le Belvedere de Vienne assoit sa position<br />

de premier musée au monde pour l’œuvre<br />

de Gustav Klimt. Deux nouvelles peintures,<br />

Tournesol (1907) et Famille (1909-1910), viennent<br />

de rejoindre les 22 autres toiles du leader<br />

de la Sécession déjà conservées dans l’ancien<br />

palais princier viennois, dont le célèbre Baiser.<br />

Ces deux pièces majeures ont été léguées par<br />

le collectionneur Peter Parzer, récemment<br />

décédé, parmi des dizaines d’autres œuvres<br />

d’artistes autrichiens moins connus. Le peintre<br />

y apparaît sous deux visages bien distincts :<br />

Tournesol, qu’on suppose être un portrait en<br />

fleur de sa compagne Emilie Flöge, évoque<br />

le Klimt lumineux des paysages et du Cycle<br />

d’or ; Famille est une vue plus sombre d’une<br />

mère et de ses enfants endormis, proche des<br />

compositions ultérieures d’Egon Schiele,<br />

le jeune artiste torturé, protégé de Klimt.<br />

Ce cadeau à plusieurs dizaines de millions<br />

d’euros est une aubaine pour le musée, qui<br />

s’était plutôt habitué ces derniers temps à voir<br />

partir ses Klimt : plusieurs d’entre eux, issus de spoliations<br />

nazies, avaient été restitués dans les années<br />

2000 à leurs propriétaires légitimes. Il tombe à point<br />

pour les festivités de « Klimt 2012 », qui célèbrent<br />

à Vienne les 150 ans de la naissance de l’artiste.<br />

Les deux toiles seront d’ailleurs visibles, du 12 juillet<br />

au 6 janvier 2013, au Belvedere dans l’exposition<br />

« Les 150 ans de Gustav Klimt ». V. S.<br />

Ces deux peintures<br />

de Klimt viennent de<br />

rejoindre les collections<br />

du Belvedere<br />

I NTERNET<br />

Des inéDits De Keith haring<br />

Dessins maladroits, collages, poèmes… Les journaux intimes d’un jeune<br />

Américain ont été mis en ligne sur Internet. Mais pas n’importe quel Américain :<br />

Keith Haring (1958-1990), devenu célèbre pour ses graffitis bondissants et<br />

colorés. à l’occasion d’une exposition au Brooklyn Museum, aux états-Unis,<br />

une nouvelle page est mise en ligne jusqu’à la fin de l’événement, le 8 juillet.<br />

Où l’on découvre d’autres facettes de l’artiste underground : très croyant et préoccupé<br />

par les questions environnementales. L. P.<br />

Plus d’info: http://keithharing.tumblr.com


© MUSÉE DES ANNÉES TRENTE BOULOGNE-BILLANCOURT CONCEPTION GRAPHIQUE TAUROS/IBACH 2012 REMBRANDT BUGATTI KANGOUROU VERS 1906 VERNON–MUSÉE ALPHONSE-GEORGES-POULAIN PIERRE DANDELOT LYNX 1936 BRUNOY–MUSÉE ROBERT-DUBOIS-CORNEAU<br />

JACQUES NAM CHIMPANZÉ MARCHANT 1922-1930 ROUBAIX–LA PISCINE, MUSÉE D’ART ET D’INDUSTRIE ANDRÉ-DILIGENT ALBERTO GIACOMETTI LE CHAT 1951 PARIS–FONDATION ALBERTO ET ANNETTE GIACOMETTI © ADAGP PARIS 2012<br />

E N P A R T E N A R I A T M É D I A S A V E C


PAGE 22 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

Danse<br />

Grand écart<br />

Avec ASTRo Boy<br />

Le petit robot aux grands yeux et aux cheveux taillés en<br />

pointe s’est fait adopter, le temps de dix représentations<br />

exceptionnelles, par Sidi Larbi Cherkaoui. Le chorégraphe<br />

mi-Marocain mi-Flamand s’est emparé de la créature vedette<br />

d’Osamu Tezuka, artiste considéré au Japon comme le dieu<br />

du manga, pour imaginer un nouveau spectacle simplement<br />

intitulé TeZukA. Mais comment traduire en mouvement<br />

« de l’encre et du papier » ? Réponse du danseur, auréolé de<br />

multiples récompenses dont le Prix Nijinski en 2002 : en<br />

mariant des experts en arts martiaux à des musiciens indiens<br />

tel Nitin Sawhney, un des pionniers de la scène underground<br />

asiatique, dans des décors habités de bande dessinée ou de<br />

rouleaux de kanjis (idéogrammes d’origine chinoise). Le tout<br />

balance entre danse et calligraphie, entre lyrisme et énergie, à<br />

l’image de l’intrépide Astro Boy.<br />

S. Sil.<br />

Grande Halle de la Villette. Du 9 au 19 mai. Tél. : 01 40 03 75 75.<br />

www.villette.com<br />

Un personnage<br />

de manga devient<br />

le héros d’un<br />

spectacle de danse<br />

Design<br />

STARck<br />

entre chine<br />

et cuisine<br />

Première brique posée par le designer Philippe Starck sur son nouveau<br />

terrain d’expression : les marchés Paul Bert et Serpette de Saint-Ouen.<br />

Pour les puces, il conçoit une de ces cantines chics dont il a le secret.<br />

En compagnie de Philippe Amzalak, son complice du restaurant Bon<br />

et commanditaire de ce nouveau lieu, le voilà prêt à aménager un espace<br />

qui accueillera 250 couverts midi et soir, tous les jours de la semaine à<br />

partir du mois de septembre. L’esprit des lieux selon le maître ? Un esprit<br />

loft, du bois, de la brique rouge et du zinc, décalé et insolite. « Un esprit<br />

puces » résume-t-il. à interpréter « dans une totale liberté », ajoute son<br />

comparse. Un point de branchitude gagné d’avance pour le plus grand<br />

marché d’antiquités du monde… F. D.<br />

Aux puces, Starck<br />

met du design<br />

dans votre assiette


HENRI LANDIER<br />

Le cycle des métamorphoses<br />

Réalisation axe concept © DR Atelier d’Art Lepic<br />

Exposition rétrospective<br />

du 10 mai au 30 juin 2012<br />

du mardi au dimanche 14h à 19h<br />

Galerie d’Art Lepic 1, rue Tourlaque 75018 Paris<br />

Tél. : 01 46 06 90 74<br />

www.artlepic.org


PAGE 24 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

Dans les eaux<br />

du Rhône…<br />

un trésor, dont<br />

ce buste de César<br />

et ce Gaulois captif<br />

Exposition<br />

Au LouvRe, plongée dans les secrets<br />

de l’archéologie<br />

les trésors antiques retrouvés au fond du rhône font l’objet d’une exposition au louvre très<br />

réussie. pourquoi ? parce que le musée réussit à rendre vivante cette aventure archéologique,<br />

et à faire comprendre comment cherchent, trouvent… et doutent les archéologues.<br />

émilie Formoso texte<br />

Comment date-t-on une œuvre ? Que sait-on de sa fabrication ? Que<br />

nous apprend son iconographie ? La nouvelle exposition du Louvre<br />

prend un air d’enquête policière… Et réalise un tour de force : à la fois<br />

mettre en valeur la beauté de cette cinquantaine d’œuvres, mais surtout<br />

éclairer la face cachée de la démarche archéologique. L’objet de cette<br />

attention ? Les fouilles subaquatiques que l’équipe de Luc Long a réalisées<br />

au cours des vingt dernières années dans le Rhône, aux environs<br />

d’Arles. De leur découverte par une équipe d’archéologues-plongeurs,<br />

à leur présentation au musée, en passant par les analyses qui ont été<br />

pratiquées sur eux, ces objets ont beaucoup à nous apprendre.<br />

À commencer par une superbe Victoire en bronze, dont la couverte<br />

d’or miraculeusement conservée a permis d’étudier le procédé de la<br />

dorure antique. Même sort pour l’exceptionnel Gaulois captif exposé<br />

non loin de là, dont la technique de fonte à la cire perdue fait l’objet<br />

d’une longue explication. Le Rhône a également livré des objets<br />

rarissimes, tels ce casque de légionnaire et un glaive encore pris dans<br />

son fourreau. D’autres, plus inattendus, laissent présager de futures<br />

découvertes architecturales, comme un chapiteau corinthien provenant<br />

d’un monument encore inconnu.<br />

Reste la pièce maîtresse de l’exposition : le portrait présumé de Jules<br />

César. Un parfait exemple de la manière dont les archéologues identifient<br />

une œuvre. En effet, aucune source antique ne donne de description<br />

physique précise du dictateur romain. En l’absence d’une<br />

mention explicite de son nom sur un socle, que faire ? Trouver des<br />

indices concordants ! Le caractère exceptionnel de la commande, tout<br />

d’abord, qui exigeait les réseaux et l’argent suffisants pour importer un<br />

bloc de marbre depuis la Grèce de l’Est ; certains détails techniques<br />

et stylistiques, ensuite, comme l’apparence réaliste et la recherche de<br />

mouvement, qui datent le portrait du I er siècle av. J.-C. Bien sûr, ces<br />

indices ne sont pas des preuves, et le mystère demeure. Mais comme le<br />

dit Jean-Luc Martinez, commissaire de l’exposition, « en archéologie, les<br />

questions sont souvent plus passionnantes que les réponses… »<br />

Jusqu’au 25 juin. Tél. : 01 40205317. www.louvre.fr


AIX-EN-PROVENCE<br />

PARC JOURDAN<br />

du 3 au 7 MAI<br />

190<br />

ARTISTES<br />

le Sm’<br />

Détecteur de talents…<br />

art<br />

PEINTRES<br />

SCULPTEURS<br />

PLASTICIENS<br />

www.salonsmart-aix.com<br />

PHOTOGRAPHES<br />

VIDEASTES<br />

GALERISTES<br />

7 e SALON MEDITERRANEEN D’ART CONTEMPORAIN


PAGE 40 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

actualité<br />

à deux pas de<br />

la Cité interdite,<br />

un nouveau<br />

lieu d’échanges<br />

franco-chinois<br />

Chine<br />

Une « Villa Médicis »... à Pékin<br />

Des hommes politiques ( Jean-Pierre Raffarin), des critiques d’art (Michel Nuridsany), des mécènes (Philippe<br />

Couvrecelle, dirigeant du groupe Edmond de Rothschild Asset Management)… Elles sont nombreuses les bonnes<br />

fées qui se sont penchées sur le berceau d’Yishu 8. Yishu 8 ? Un lieu de rencontre, de création, d’exposition, une sorte<br />

de Villa Médicis financée par des fonds privés qui a nouvellement élu domicile, tout près de la Cité interdite, dans<br />

l’ancienne université franco-chinoise de Pékin, un bâtiment hybride entre architecture chinoise et église romane !<br />

à l’initiative du projet, Christine Cayol, directrice d’un cabinet de conseil et ancienne chroniqueuse à Arts Magazine,<br />

qui a suivi, en 2004, son compagnon en Chine. « Je n’étais pas spécialement attirée par le pays », confie-t-elle. Mais<br />

elle apprend le mandarin et s’immerge dans la culture asiatique, suffisamment pour aboutir à un triste constat : « Les<br />

Chinois s’intéressent à l’art occidental mais le connaissent mal, de même que nous sommes bourrés de préjugés sur leur<br />

culture ». Convaincue que « l’art sert à comprendre et à se comprendre », elle crée ce lieu pour favoriser le dialogue et<br />

invite depuis deux ans de jeunes talents en résidence. « Il y a beaucoup d’artistes chinois en France… Aujourd’hui, c’est à<br />

nous de nous déplacer, de sortir de notre ethnocentrisme. » Jusqu’au 5 mai, une exposition sur le dialogue franco-chinois<br />

de 1912 à 2012 se tiendra dans les nouveaux locaux d’Yishu 8. L. P.<br />

Angleterre<br />

la grande sœur<br />

de la TaTe Modern à vendre<br />

La centrale électrique de Battersea, son imposante masse de briques et ses quatre immenses cheminées blanches, est un<br />

peu la tour Eiffel de Londres : un monument emblématique de l’architecture moderne, et un repère urbain immédiatement<br />

reconnaissable. Ce joyau du patrimoine industriel britannique est pourtant à vendre ! Cette ancienne centrale<br />

électrique à charbon, à l’intérieur art déco, qui se délite depuis sa mise à l’arrêt en 1983, devrait changer de mains au<br />

cours de ces prochains mois. Parcs, hôtels ou résidences luxueuses, pour 300 à 400 millions de livres, les projets d’aménagement<br />

ne manquent pas. Ceux qui envisagent sa destruction pure et simple non plus… Pourquoi ne pas, à l’image de<br />

sa célèbre petite sœur, conçue par le même architecte et devenue depuis la Tate Modern, réhabiliter le site, s’insurge une<br />

association de quartier ? Un appel restait sans réponse auprès des pouvoirs publics. L. G.


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 41<br />

actualité<br />

ArChéologie<br />

saint-gerMain : Plus de Place<br />

poUr les GaUlois<br />

C’est la plus importante collection du monde en la matière, mais elle était jusqu’ici assez<br />

mal mise en valeur. Le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye possède,<br />

en effet, plus de 1 300 objets (épées, bijoux, vaisselles, ou encore équipement militaire, tel<br />

ce superbe casque en bronze du III e siècle av. J.-C.) relatifs aux Gaulois. Faute de place, un<br />

tiers d’entre eux n’ont tout simplement jamais été exposés… jusqu’à présent. Car le musée a<br />

ouvert, depuis le 8 mars dernier, cinq salles totalement rénovées, consacrées à ce peuple qui<br />

vécut sur notre territoire entre le V e et le I er siècle av. J.-C. L’occasion de mieux connaître l’art,<br />

le quotidien et les traditions de « nos ancêtres les Gaulois ». E. F.<br />

En doublE pAgE SuivAnTE :<br />

carte blanche d’hakiMa el djoudi à<br />

Maurice greene,<br />

aka M. Sayyid de Antipop Consortium<br />

J’ai commencé à faire des images avec des photocopies vers la fin des années 1980, en utilisant BMX. J’étais un<br />

adolescent dans la banlieue de New York. à cette époque, Andy Jenkins, directeur artistique et rédacteur en chef de<br />

Fresylin Magazine de Los Angeles, m’a pris sous son aile. Il m’a fait travailler avec un collectif d’artistes, The Basement,<br />

qui n’a pas duré longtemps mais qui a mis le pied à l’étrier à des gens comme Spike Jonze, pour n’en citer qu’un. On a<br />

organisé une exposition dans une petite galerie du centre de la Californie.<br />

Pour que mon travail devienne crédible, il fallait que je fasse des études d’art. à ce moment-là, j’habitais Cleveland<br />

(Ohio). J’ai prétendu que j’étais étudiant au Cleveland Institute of Art, et j’ai commencé à lire tout ce que je pouvais à<br />

la bibliothèque, de Faith Ringgold à Michel Foucault. Et je peignais tout le temps. Ensuite, j’ai déménagé dans la région<br />

de Bay Area, et j’aidais à accrocher les toiles à la Asake Bomani Gallery de San Francisco. C’était l’époque, vers 1991-<br />

1992, où mes œuvres s’inspiraient de Dubuffet, de Basquiat et de Schnabel. Au cours de l’hiver 1993, je suis rentré à<br />

New York. Ma peinture avait beaucoup mûri.<br />

En 1995-1996, j’ai commencé à être totalement obsédé par le pouvoir expérimental de la musique hip-hop sur le monde<br />

de l’art. En 1997, j’ai rejoint le groupe de rap expérimental Antipop Consortium sous le pseudonyme de M. Sayyid.<br />

Neuf ans plus tard, j’ai commencé à apprendre à me servir de Flash et à faire des animations en 3D. L’œuvre digitale<br />

aussi a mûri. « Infinity and the last laugh » est une série de dessins qui utilise un moteur 3D, avec un software 2D.<br />

C’est un essai pour redéfinir la façon de faire des traces. Il y a quatorze tirages dont les formats varient. Nous savons<br />

tous ce qu’« avoir le dernier mot » veut dire. Je voulais créer la réponse émotionnelle à un sentiment universel : alors j’ai<br />

utilisé Samuel Jackson, acteur culte, et le personnage de BD Snagglepuss dans un décor Outer Space.<br />

« Si vous voulez sortir de l’histoire du dessin », vous devez trouver les outils et les procédés qui vous permettent de<br />

réaliser quelque chose de différent de ce que vous avez fait jusqu’alors ».<br />

Extrait d’une conversation avec Richard Serra, au Metropolitan Museum of Art, le 13 avril 2011.<br />

Extrait de la série « Infinity and the Last Laugh »<br />

Plus d’infos : http://electricarmz.com


15 voyages<br />

artistiques<br />

insolites<br />

un incroyable musée où les designers<br />

s’amusent avec la mosaïque, une île<br />

des Canaries réaménagée par un artiste,<br />

des jardins fous… De Bogotá à tel-aviv<br />

en passant par ljubljana, quinze idées<br />

de voyages artistiques inédits.


46<br />

Lanzarote<br />

l'ile remodelée<br />

par son artiste<br />

50<br />

dossier<br />

vénétie<br />

petits carreaux,<br />

grands designers<br />

53<br />

bogotÁ<br />

Renoir et degas,<br />

au bout des andes<br />

54<br />

ljubljana<br />

le terrain de jeu<br />

d'un gaudí slovène<br />

57<br />

europe<br />

petites folies et<br />

jardins secrets<br />

60<br />

tel-aviv<br />

l'art en<br />

effervescence<br />

64<br />

saint petersburg<br />

En floride, 2000 dalí<br />

les pieds dans l'eau<br />

67<br />

ile-de-france<br />

pas vu, paris<br />

Dans la banlieue de<br />

Vicenze, design et mosaïque<br />

font bon ménage, p. 50


mai 2012 ¬ ARTS maGaZiNE ¬ PaGE 51<br />

Voyages insolites • dossier<br />

VÉNÉTIE<br />

Petits carreaux,<br />

grands designers<br />

À quelques encablures de Vicence, les plus grands designers<br />

de la planète se sont amusés à créer les œuvres les plus<br />

délirantes qui soient avec un matériau normalement utilisé…<br />

dans les salles de bains ou les piscines : la mosaïque de verre.<br />

éva Bensard texte<br />

Un Pinocchio géant, une théière digne de Gulliver, un<br />

fauteuil baroque, une voiture décapotable… Le point<br />

commun entre ces objets ? Ils sont tous réunis dans les<br />

salles de la fondation Bisazza, dans la banlieue de Vicence<br />

en Vénétie. Et ont tous été réalisés (oui, même la simili<br />

Ford Mustang) en carreaux de mosaïque. Longtemps<br />

confinée aux piscines de Miami ou aux coupoles des<br />

mosquées, la petite tesselle de verre démontre ici qu’elle<br />

peut servir de support aux créations les plus folles.<br />

L’idée ? Elle émane de Rossella et Piero Bisazza, qui<br />

depuis vingt ans ont repris les rênes de la société<br />

familiale, Bisazza. Leader dans la mosaïque de décoration,<br />

Bisazza s’est en effet lancée dans un mécénat<br />

aussi inattendu qu’audacieux, mettant ses fours et son<br />

savoir-faire à la disposition de designers superstars.<br />

L’Italien Alessandro Mendini, l’Espagnol Jaime Hayon,<br />

la Française Andrée Putman et, tout récemment, l’Anglais<br />

John Pawson ont ainsi vu leurs rêves les plus<br />

extravagants se transformer en sculptures miroitantes.<br />

Et à partir du 8 juin, ce sont les visiteurs qui vont pouvoir<br />

en profiter. Les créations XXL des s vedettes du<br />

design sont visibles dans les entrepôts historiques de<br />

l’entreprise, transformés en fondation. Sur 6 000 m 2 ,<br />

sols, murs, espaces d’accueil et toilettes sont tapissés de<br />

mosaïque, en décors muraux chamarrés ou en statues<br />

scintillantes. Le petit carré de verre ondoie et se plisse<br />

avec une souplesse déconcertante, se métamorphosant<br />

au gré des envies en vague géante (Fabio Novembre), en<br />

paravent (Patricia Urquiola), voire en… jet privé ( Jaime<br />

Hayon). Un véritable antidote à la morosité !<br />

2


mai 2012 ¬ aRtS maGaZiNE ¬ PaGE 61<br />

voyages insolites • dossier<br />

l’art en effervescence<br />

Une nouvelle aile pour le musée, des galeries à chaque coin de rue, une<br />

communauté artistique cosmopolite … tel-aviv la délurée est devenue<br />

en quelques années une place forte de l’art contemporain. visite<br />

d’une cité où l’on passe de la plage au musée sans complexe.<br />

texte et photos<br />

Ludovic Bischoff<br />

tel-aviv<br />

1. le musée d’art<br />

Déjà très riche en art<br />

moderne (Van Gogh,<br />

Mondrian, Matisse…),<br />

le musée vient d’ouvrir<br />

une aile contemporaine<br />

à l’architecture<br />

impressionnante.<br />

2. la fontaine Fire Water<br />

La sculpture de Yaacov<br />

Agam est l’un des points<br />

de rendez-vous de Tel-Aviv.<br />

L’artiste a aussi conçu<br />

la façade de l’hôtel Dan,<br />

en bord de mer.<br />

Des musées exposant les artistes les plus renommés du<br />

monde côtoient des galeries dénichant les talents de<br />

demain. Des sculptures conceptuelles, œuvre des créateurs<br />

pointus, sont disséminées dans les rues où n’importe<br />

quel anonyme appose ses graffitis sur les murs.<br />

Des tours de verre high-tech jouxtent de vieilles maisons<br />

en ruines. Les ultra-orthodoxes vivent au milieu<br />

de la communauté gay la plus exubérante au monde.<br />

On circule facilement à vélo dans cette ville toute plate,<br />

mais les embouteillages sont parmi les pires de la planète…<br />

Bienvenue à Tel-Aviv, l’endroit où le balagan est<br />

un art de vivre ! Balagan ? Un mot hébreu utilisé par les<br />

chauffeurs de taxi pour désigner, avec tendresse, le chaos<br />

qui règne dans les rues de cette cité poussée trop vite<br />

sur le sable. Véritable melting-pot de toutes les cultures<br />

déversées sur ces rivages méditerranéens au rythme des<br />

diasporas (Europe de l’Est, Maghreb, Russie…), Tel-<br />

Aviv dégage une énergie créative qui attire une population<br />

jeune, bohème, intellectuelle, revendicative et possède<br />

cette foi dans le lendemain propre aux pionniers.<br />

Après New York ou Berlin, la capitale économique<br />

d’Israël s’impose donc comme un terreau fertile pour<br />

l’art, du plus convenu au plus inattendu.<br />

Mue spectaculaire au musée<br />

Premier arrêt, incontournable : le musée. Ouvert en<br />

1971, il propose une riche collection d’art moderne : de<br />

Monet à Modigliani, de Van Gogh, à Mondrian, sans<br />

compter Matisse ou Klimt… Le volet contemporain<br />

mérite aussi qu’on s’y attarde, à cause du Pavillon Helena<br />

Rubinstein (qui propose des expositions temporaires à<br />

la pointe), mais surtout pour la nouvelle aile qui vient<br />

2<br />

d’être inaugurée. Fruit du travail de l’architecte américain<br />

Preston Scott Cohen, cette structure ultramoderne<br />

tranche avec les salles plus classiques du bâtiment originel.<br />

Anguleux, rappelant parfois le patrimoine Bauhaus<br />

très présent à Tel-Aviv, le nouvel édifice permet d’échapper<br />

à la chaleur pour contempler la plus vaste collection<br />

d’artistes israéliens au monde. Bref, prévoyez un long<br />

moment pour faire le tour de ce lieu richissime.<br />

En sortant, faites un crochet par la place Diezengoff<br />

pour admirer la fontaine colorée (Fire Water) de<br />

Yaacov Agam. Cette figure de l’art cinétique, qui a étudié<br />

– comme la majeure partie des artistes israéliens –<br />

dans la réputée école d’art Bezalel de Jérusalem, a laissé<br />

son empreinte sur cette place située au cœur d’un quartier<br />

commerçant. Admirée ou détestée, sa fontaine


PaGE 62 ¬ aRtS maGaZiNE ¬ mai 2012<br />

dossier • voyages insolites<br />

3<br />

4 5<br />

3. L’Oranger suspendu<br />

Ran Morin a voulu symboliser<br />

le déracinement du peuple juif<br />

avec cette sculpture, installée<br />

dans Jaffa, représentant un<br />

oranger qui pousse dans une<br />

coque en terre cuite, hors sol.<br />

4. street art<br />

Cette co mmunauté,<br />

où toutes les sensibilités sont<br />

représentées (des graffeurs<br />

aux peintres de rue), est très<br />

active. Le hot spot se situe<br />

dans le quartier de Florentine.<br />

5. la Maison rokach<br />

La petite-fille du fondateur de<br />

Tel-Aviv a empli la demeure<br />

familiale de ses créations.<br />

est l’un des symboles arty de la ville. Récemment,<br />

un projet de déplacement a été évoqué, provoquant<br />

d’incroyables débats entre amateurs et détracteurs.<br />

Selon les dernières informations, la fontaine va être<br />

restaurée, mais demeura en place ! Cette issue n’est<br />

peut-être que temporaire, car les habitants de Tel-<br />

Aviv, toujours avides de nouveautés, ont un rapport<br />

très décomplexé avec l’art. « Ici, rien n’est jamais gravé<br />

dans le marbre. Si un bâtiment ou une œuvre ne plaît plus,<br />

elle sera détruite ou déplacée. C’est une approche qui peut<br />

choquer en Europe où l’on a un rapport très respectueux et<br />

conservateur avec l’art », confie l’artiste contemporaine<br />

Sigalit Landau, qui a installé son atelier dans le quartier<br />

des friches artistiques de Florentine, après avoir<br />

vécu et travaillé à Londres. Pour découvrir d’autres<br />

œuvres dans les rues, promenez-vous le long du boulevard<br />

Rothschild, les « Champs-Élysées » de Tel-Aviv.<br />

Ici et là, vous tomberez sur des sculptures, comme<br />

celle de Buky Schwartz, située juste devant l’échoppe<br />

du célèbre chocolatier Max Brenner. L’occasion d’une<br />

pause bien méritée…<br />

neve tzedek, le « Marais » de tel-aviv<br />

Cap maintenant au sud. En descendant le boulevard<br />

Rothschild, vous ne tarderez pas à atteindre le quartier<br />

de Neve Tzedek, sorte de « Marais » de la ville.<br />

Autrefois habité par les artistes qui avaient investi de<br />

vieilles maisons en ruine, c’est aujourd’hui le repaire de<br />

riches « bourgeois bohèmes » qui adorent les petites<br />

rues ombragées et l’atmosphère villageoise du lieu. Sans<br />

compter quelques musées intéressants, comme celui de<br />

Nahum Gutman, un peintre, illustrateur, écrivain et<br />

sculpteur israélien très célèbre ici. Débarqué d’Odessa<br />

à l’âge de 7 ans, il n’aura de cesse, de retranscrire la<br />

lumière, les couleurs et les charmes de l’Orient que ce<br />

jeune juif polonais découvrait pour la première fois.<br />

Tel-Aviv, cApiTAle mondiAle du BAuhAus<br />

Le Bauhaus ? LE style moderne en architecture<br />

et en design. Une philosophie sobre, fonctionnelle<br />

et géométrique, née en Allemagne dans les années<br />

1920… mais c’est à Tel- Aviv qu’on en trouve le plus<br />

d’exemples. On dénombre près de 4 000 immeubles<br />

Bauhaus, dont un millier classé par l’Unesco.<br />

Construits à l’origine pour apporter aux ouvriers et aux<br />

classes moyennes un fonctionnalisme améliorant la vie<br />

quotidienne, ces immeubles n’étaient pas à la mode<br />

lorsqu’ils ont été érigés. Beaucoup ont donc été laissés<br />

à l’abandon. Mais aujourd’hui, résider dans un immeuble<br />

Bauhaus réhabilité est du plus grand chic.


mai 2012 ¬ aRtS maGaZiNE ¬ PaGE 63<br />

voyages insolites • dossier<br />

Visiter son musée constitue une bonne introduction<br />

artistique au bouleversement qu’a provoqué l’arrivée,<br />

au début du XX e siècle, des immigrants juifs d’Europe.<br />

À quelques pas de là, voici la Maison Rokach, du nom<br />

d’un des fondateurs de Tel-Aviv. Le lien avec l’art ? Son<br />

arrière-petite-fille ! Céramiste, Lea Majaro-Mintz a<br />

restauré la demeure familiale pour y habiter et y exposer<br />

sa prolifique œuvre. On arpente aujourd’hui les<br />

différentes pièces qui sont remplies de poteries et de<br />

sculptures toutes plus originales les unes que les autres.<br />

Avec un peu de chance, vous croiserez lors de votre<br />

visite cette vieille dame, féministe avant l’heure.<br />

l’ancienne casbah s’est assagie<br />

Après Neve Tzedek, changement d’ambiance : vous<br />

voici à Jaffa. L’ancienne casbah arabe, ancêtre de la<br />

moderne Tel-Aviv, est devenue un lieu de promenade<br />

pour explorer de nombreuses galeries. Hier terrain<br />

alternatif, Jaffa est aujourd’hui bien sage et les vraies<br />

galeries sont souvent remplacées par des « boutiques<br />

d’art », même s’il en reste quelques-unes de la qualité,<br />

comme la Horace Richter Gallery. Mais les meilleures,<br />

telle la Stern Gallery sur Gordon Street, ont migré partout<br />

ailleurs dans la cité. Souvent en sous-sol, en retrait<br />

de la rue, elles se visitent sans formalisme. À Jaffa,<br />

après avoir admiré L’Oranger suspendu de Ran Morin,<br />

dirigez-vous vers le musée-maison d’Ilana Goor. Elle<br />

y expose sa propre collection d’objets et d’œuvres du<br />

monde entier, mais aussi ses créations. Véritable touche-à-tout<br />

autodidacte, Ilana Goor forge le métal<br />

pour en faire du mobilier ou des sculptures, elle peint,<br />

arrange et adapte différentes pièces pour réaliser des<br />

tableaux vivants. Indescriptible et surprenant.<br />

Dernière étape de ce marathon : direction les quais, en<br />

descendant la colline de Jaffa. Là, alors que les pêcheurs<br />

rentrent au port, vous découvrirez un espace encore<br />

brut et alternatif. Le Jaffa Salon of Art est le seul lieu<br />

de la ville qui expose dans un hangar sans fioritures des<br />

artistes palestiniens et israéliens. Un peu partout des<br />

graffitis, des dessins ou des collages ornent les murs.<br />

La scène street art est, elle aussi, très active, preuve<br />

supplémentaire de l’effervescence artistique de la ville.<br />

Les meilleurs spots ? Ils sont majoritairement regroupés<br />

dans le quartier de Florentine. Situé au sud, comme à<br />

New York, c’est une sorte de Soho en friche, constitué<br />

d’entrepôts au cœur desquels les jeunes se regroupent.<br />

Pour combien de temps encore ? Difficile à estimer,<br />

la fièvre immobilière qui règne à Tel-Aviv repoussant les<br />

artistes toujours plus loin au sud. Ce qui n’est peut-être<br />

pas une mauvaise chose car plus bas, se trouve Gaza.<br />

Le jour où les jeunes peintres et plasticiens israéliens<br />

s’installeront dans la « bande », alors une nouvelle page<br />

de l’histoire de ce pays s’écrira…<br />

6. la fresque de<br />

david Tartakover<br />

Artiste phare de la scène<br />

israélienne, il a composé ces<br />

céramiques qui racontent<br />

l’histoire du quartier de Neve<br />

Tzedek. à voir près<br />

du Centre Susan Dellal<br />

pour la danse et le théâtre.<br />

7. Plage et<br />

architecture moderne<br />

Symbole d’une ville<br />

où l’on passe de la détente<br />

à la culture, la plage<br />

est bordée de fleurons de<br />

l’architecture moderne,<br />

comme l’hôtel Dan et ses<br />

travées colorées.<br />

PRatique<br />

S’y rendre<br />

El Al et Air France<br />

desservent Tel-Aviv en vols<br />

directs (4 heures).<br />

Un hôtel<br />

Artplus hôtel est idéal pour<br />

découvrir le travail d’artistes<br />

contemporains israéliens (Zadok<br />

Ben David, Sigalit Landau…).<br />

35 Ben Yehuda street.<br />

www.atlas.co.il<br />

Deux restaurants<br />

Pour découvrir la gastronomie<br />

juive tripolitaine, aventurez-vous<br />

dans cette institution qu’est<br />

Docteur Shakshuka, à Jaffa.<br />

Goûteux, généreux… et bruyant !<br />

3 Beit Eshel street.<br />

Tél. : 03 518 65 60.<br />

Le Vicky-Cristina est un<br />

restaurant d’influence espagnole,<br />

situé dans une ancienne gare,<br />

maintenant investie par des<br />

boutiques et des restaurants.<br />

Complexe Hatachana.<br />

Tél. : 03 736 72 72.<br />

Deux visites guidées<br />

Tel-Aviv « street art ». Graffiti<br />

free guided tour, à 16 heures le<br />

vendredi. Rendez-vous 23 Elifelet<br />

street (devant le bar Norma Jean).<br />

Tel Aviv Bauhaus. Visite guidée<br />

gratuite, à 11 heures le samedi.<br />

Rendez-vous 45 boulevard<br />

Rothschild (devant le chocolatier<br />

Max Brenner).<br />

Un événément<br />

2012, c’est la Tel-Aviv Art Year,<br />

ouverture de la nouvelle aile du<br />

musée oblige !<br />

Du 15 au 19 mai : Fresh Paint Art<br />

Fair, la foire d’art contemporain qui<br />

révèle les jeunes talents israéliens.<br />

Plus d’infos : www. artyear.co.il<br />

6 7


PAGE 64 ¬ artS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

dossier • Voyages insoliTes<br />

FLORIDE<br />

Saint PeterSburg<br />

en floride, 2 000 dalí<br />

les pieds dans l’eau<br />

Hors d’europe, la plus importante collection d’œuvres du<br />

génial moustachu se trouve… en floride. plus précisément<br />

à « saint pete », dans la lumineuse baie de Tampa. Visite<br />

guidée entre palmiers, marina et montres molles.<br />

texte et photos<br />

Alain Ammar<br />

à deux heures de route, Orlando et son Disney World.<br />

à perte de vue, les eaux bleues du Golfe du Mexique,<br />

sur lesquelles oscillent des centaines de yachts blancs.<br />

Bienvenue à Saint Petersburg, dans la baie de Tampa,<br />

sur la côte ouest de la Floride. Un cauchemar ensoleillé<br />

pour les amateurs de culture ? Pas si vite… Entre Mickey<br />

et palmiers, presque les pieds dans l’eau, se dresse au<br />

moins une bonne raison de s’attarder : le musée Dalí,<br />

son architecture spectaculaire et les 2 100 œuvres (dont<br />

96 peintures) de la plus fameuse moustache de l’histoire<br />

de l’art, sa plus importante collection de tableaux<br />

hors d’Europe. Une cohabitation vraiment surréaliste…<br />

Mais pas autant que l’histoire qui raconte comment ces<br />

centaines de Dalí se sont retrouvées ici.<br />

Car comment « The Dali », comme on l’appelle ici, a-t-il<br />

bien pu atterrir à « Saint Pete » ? Pas parce que le peintre<br />

aurait eu un quelconque lien avec la Floride : il n’y<br />

a jamais mis les pieds. La réponse est beaucoup plus<br />

romantique. En 1943, durant leur voyage de noces en<br />

Europe, un couple d’Américains, Reynolds et Eleanor<br />

Morse, acquiert sur un coup de cœur un tableau du<br />

maître. C’est le début de ce qui allait devenir une véritable<br />

passion. Le couple de Cleveland, qui a fait fortune<br />

dans l’industrie du plastique, va continuer d’acheter des<br />

œuvres de Salvador Dalí pendant les quatre décennies


MAI 2012 ¬ artS MAGAZINE ¬ PAGE 65<br />

Voyages insoliTes • dossier<br />

suivantes. Et nouer une véritable amitié avec le peintre<br />

et sa compagne, Gala. Les deux couples se rencontrent<br />

en 1944 à New York, car Dalí s’y est installé<br />

pour échapper au conflit qui ravage l’Europe. Ils vont<br />

se voir régulièrement pendant toute leur vie. Ce lien<br />

privilégié a permis aux Morse de constituer l’une des<br />

plus belles collections du XX e siècle.<br />

Bye bye ohio !<br />

Les œuvres de Dalí sont d’abord exposées dans la maison<br />

du couple à Cleveland, mais au fil des acquisitions, l’espace<br />

vient à manquer. Salvador Dalí encourage ses amis<br />

à ouvrir un musée à New York. En vain : les conjoints<br />

préfèrent leur bastion de l’Ohio. Un musée est enfin<br />

inauguré par le peintre en 1971 dans cet État du nordest<br />

des États-Unis. Le succès est retentissant, et le bâtiment<br />

devient vite trop petit pour les 1 400 œuvres que<br />

compte alors leur collection… et les foules qu’il draine.<br />

Le couple décide donc d’offrir « son trésor » au musée<br />

qui acceptera de le conserver dans son intégralité.<br />

L’affaire passionne l’Amérique, des dizaines de journaux<br />

en parlent. En lisant un article du Wall Street Journal,<br />

un avocat de Saint Petersburg mobilise les autorités de<br />

1. un géant dur et mou<br />

20000 mètres carrés,<br />

pour un coût de 36 millions<br />

de dollars. Le Dali Museum<br />

de Saint Petersburg,<br />

inauguré il y a un an,<br />

est reconnaissable à<br />

l’alternance de façades<br />

en béton brut et de<br />

boursouflures de verre.<br />

L’alliance du dur et<br />

du mou, comme dans<br />

une toile de Dalí.<br />

2. une vis sans fin<br />

L’escalier en spirale<br />

qui dessert tous les<br />

étages semble s’élancer<br />

sans fin vers le ciel.<br />

Surréaliste, non ?<br />

3. petits et grands<br />

chefs-d’œuvre<br />

De la monumentale<br />

Découverte de l’Amérique<br />

par Christophe Colomb<br />

(plus de 4 mètres de haut),<br />

aux œuvres les plus intimes,<br />

des toiles des débuts<br />

à celles des dernières<br />

années : les 2 000 œuvres<br />

du musée offrent une<br />

vision complète de l’univers<br />

de l’artiste catalan.<br />

cette petite ville de Floride. Coup de chance : aux yeux<br />

des Morse, la baie de la ville évoque celle de Cadaquès,<br />

le fief catalan de Dalí. Saint Pete emporte le morceau en<br />

1982. Fin de l’histoire ? Non, ça se complique !<br />

Situé au bord de l’eau, le musée Dalí est vulnérable.<br />

Chaque fois qu’un ouragan est annoncé – souvent ! –, il<br />

faut déménager les peintures dans un endroit sûr. Après<br />

des années d’études, un nouveau lieu est inauguré en janvier<br />

2011. Avec une adresse qui aurait enchanté notre<br />

mégalomane génie : 1 Dali Boulevard !<br />

une spectaculaire vague de verre<br />

Rien que l’architecture vaut le coup d’œil. Déjà, elle remplit<br />

son premier office : protéger l’inestimable collection<br />

des éléments. La structure aux allures de forteresse est<br />

conçue pour résister aux charges d’un vent d’une puissance<br />

de plus de 165 kilomètres/heure. Le toit fait 8 centimètres<br />

d’épaisseur, les murs en béton armé 18 centimètres…<br />

Les œuvres d’art sont situées au troisième étage,<br />

au-dessus de la zone inondable, ce qui les protège des<br />

lames de 10 mètres de haut. Surtout, ce nouveau Dali<br />

Museum de Saint Petersburg est l’œuvre d’un architecte<br />

qui en connaît un rayon côté musée : Yann Weymouth.<br />

1 2 3


PAGE 66 ¬ artS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

dossier • Voyages insoliTes<br />

Membre d’une agence qui en a bâti quatre aux États-Unis<br />

ces six dernières années, Weymouth fut surtout l’assistant<br />

et le chef de projet d’I.M. Pei lors de la construction<br />

de la fameuse Pyramide du Louvre. à Saint Pete, il s’est<br />

déchaîné. L’édifice propose une sorte de symbiose entre<br />

deux éléments contradictoires : de hauts murs de béton<br />

brut, à angles droits, seulement colorés par la chaude<br />

lumière de Floride ; et enchâssée comme une excroissance<br />

dans ce cube, une vague ondulante de 1 062 triangles de<br />

verre. Combinaison du dur et du mou, du classicisme<br />

et de la fantaisie : une dualité qu’on retrouve souvent<br />

dans les œuvres du maître des lieux.<br />

Spectaculaire à l’extérieur, le musée l’est aussi à l’intérieur.<br />

D’abord par son atrium baigné de lumière, organisé<br />

autour d’un escalier en spirale qui semble tournoyer<br />

sans fin jusqu’aux cieux. Mais surtout pour ses<br />

collections : beaucoup de Dalí, et de toutes les époques.<br />

Essentiel pour comprendre le travail de ce caméléon qui<br />

évolua de ses premières huiles sur toile à Cadaquès aux<br />

grands tableaux de facture classique des années 1960-<br />

1970, en passant par ses périodes cubistes, impressionnistes<br />

et les débuts du surréalisme. On s’attarde devant<br />

d’immenses peintures telle La Découverte de l’Amérique<br />

par Christophe Colomb, on s’enchante que certains<br />

chefs-d’œuvre reproduits à peu près sur tous les supports<br />

soient ici. Comme Enfant géopolitique regardant la<br />

naissance de l’homme nouveau, représentant un homme<br />

s’extrayant d’un globe terrestre ovoïde. Montres molles,<br />

4<br />

œufs au plat et révérences aux maîtres anciens qui l’ont<br />

obsédé sa vie durant (avec la série de gravures inspirées<br />

des Caprices de Goya) : tout Dalí est là. Jusqu’à ces travaux<br />

plus intimes, à l’instar de ce sublime portrait en<br />

pied de Gala réalisé par Dalí en 1932 sur un minuscule<br />

carré de bois. Émouvant et romantique, il justifie à lui<br />

seul la visite de cet étonnant musée.<br />

4. dalí partout<br />

Situé sur le Dali Boulevard,<br />

le musée joue à fond la<br />

carte du génial Catalan.<br />

Même les bancs publics<br />

alentour ont un air familier…<br />

5. ambiance marine<br />

La baie de Tampa, aux yeux<br />

des donateurs du musée,<br />

rappelle celle de Cadaquès<br />

où Dalí a longtemps<br />

vécu. Mais l’atmosphère<br />

et l’ambiance, elles, sont<br />

clairement floridiennes.<br />

5<br />

Pratique<br />

S’y rendre<br />

Aucune compagnie ne dessert<br />

Tampa en direct de Charlesde-Gaulle.<br />

Escale obligatoire<br />

à Charlotte ou à Philadelphie,<br />

grâce aux lignes d’US Airways<br />

(la plus performante avec<br />

plusieurs connexions possibles).<br />

Tél. : 0810 63 22 22.<br />

www.usairways.fr<br />

Se renseigner<br />

www.visitstpeteclearwater.com<br />

Le musée<br />

1, Dali Boulevard. 10h-19h.<br />

10h-20h le jeu. 11h-19h le dim.<br />

7 $/21 $. Tél. : 00 1 727 823<br />

3767. http://thedali.org<br />

Un hôtel<br />

Le Renaissance Vinoy, un<br />

golf-resort 5 étoiles, a gardé<br />

sa patine des années 1920 et<br />

un décor moderne que n’aurait<br />

pas renié Philippe Starck.<br />

Jolies chambres avec balcon<br />

qui donnent sur le port de<br />

plaisance… Seul hic ?<br />

Le service n’est pas à la hauteur.<br />

501 5th Avenue NE.<br />

Tél. : 00 1 888 303 44 30.<br />

www.marriott.fr<br />

Un restaurant<br />

Le seul digne de ce nom : Le<br />

Cassis American Brasserie. Tenu<br />

par un Français, Philippe, il offre<br />

une carte éclectique et des plats<br />

« américains » avec la touche<br />

française. Bon rapport qualitéprix<br />

et service au point.<br />

170 Beach Drive NE.<br />

Tél. : 00 1 727 827 2927.<br />

www.cassisab.com<br />

À voir en plus<br />

Le Museum of Fine Arts<br />

possède une très jolie collection<br />

de peinture européenne des<br />

XIX e et XX e siècles, dont des<br />

impressionnistes (Monet, Corot,<br />

Renoir…), quelques Flamands<br />

et des salles consacrées à l’art<br />

précolombien, chinois et africain.<br />

255 Beach Drive NE.<br />

Tél. : 00 1 727 896-2667.<br />

http://fine-arts.org<br />

La Chihuly Collection. Centrée<br />

sur le travail de Dale Chihuly,<br />

un maître verrier natif de Seattle<br />

et qui s’est formé à Murano.<br />

Vases, lustres… D’une originalité<br />

à couper le souffle.<br />

719 Central avenue.<br />

Tél. : 00 1 727 822 7872.<br />

www.moreanartscenter.org


mai 2012 ¬ arTS maGaZiNE ¬ PaGE 67<br />

voyages insoLiTes • dossier<br />

Pas vu, Paris<br />

Du musée de Cluny au palais de Tokyo, vous pensez tout connaître de la<br />

capitale ? voici quelques gourmandises et un désert réservés aux initiés.<br />

Léo Pajon texte<br />

ile-de-france<br />

Des fresques de Delacroix de l’Assemblée aux<br />

graffitis de rue, des mondes cachés à explorer.<br />

L’assembLée naTionaLe<br />

Mais où peut-on voir, sans être bousculé, les plus grandes fresques<br />

d’Eugène Delacroix ? Dans la bibliothèque de l’Assemblée nationale,<br />

pardi ! Ces allégories et scènes historiques grandioses prirent huit<br />

ans de travail au peintre romantique. à quelques mètres de l’entrée :<br />

la rotonde Alechinsky, peinte par l’artiste belge, où se mélangent,<br />

dans un tourbillon de couleur, l’air, la terre, l’eau et le feu. à ne pas<br />

rater non plus, des trognes en terre cuite signées par Daumier au<br />

XIX e siècle… qui rappellent des hommes politiques d’aujourd’hui !<br />

S’y rendre: La visite est ouverte uniquement aux groupes invités<br />

par un député, ou à l’initiative d’associations ayant sollicité la présidence.<br />

La PeTiTe CeinTure<br />

L’accès à cette ancienne ligne de chemin de fer qui faisait le tour de<br />

Paris est illégal… vous voilà prévenus. Reste que l’on peut y rencontrer<br />

des promeneurs mais surtout des taggueurs et des graffeurs. Très<br />

fréquentée à la fin des années 1980 par les street artists, la Petite<br />

Ceinture change régulièrement de visage. Et l’on peut y retrouver les<br />

traces de peintres désormais reconnus (comme Jérôme Mesnager).<br />

S’y rendre: En longeant les grillages qui protègent les chemins de fer,<br />

vous ne tarderez pas à remarquer des passages improvisés…<br />

Le DéserT De reTz<br />

Longtemps invisible, puis vandalisé, ce parc créé au XVIII e siècle par<br />

François Racine de Monville, esprit des Lumières et architecte, abrite<br />

des pavillons tous plus étonnants les uns que les autres : pyramide, temple<br />

antique, maison chinoise… Ce lieu magique a été restauré en 2010.<br />

S’y rendre: Le désert se situe en forêt de Chambourcy. Les visites se font<br />

uniquement sur réservation les 2 e et 4 e samedis du mois. Tél.: 0139223137.


portrait<br />

daniel <strong>buren</strong>,<br />

le hussard sous<br />

la verrière<br />

75<br />

portrait<br />

anri sala<br />

monte le son<br />

80<br />

portrait<br />

cécile beau<br />

82<br />

exposition<br />

les maîtres<br />

du désordre<br />

88<br />

art en questions<br />

beauté animale<br />

au grand palais<br />

96<br />

anatomie<br />

peinture chinoise<br />

100<br />

portfolio<br />

les enluminures<br />

magazine70<br />

108<br />

portrait de ville<br />

rennes<br />

118<br />

enfants<br />

marc chagall<br />

Rayures, cabanes…<br />

À l’occasion de Monumenta<br />

au Grand Palais, Grand<br />

Portrait de Daniel Buren,<br />

page 70.


PAGE 70 ¬ arTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

portrait • daniel <strong>buren</strong><br />

Daniel Buren<br />

le hussard<br />

sous la verrière<br />

contre le marché de l’art, qui lui ouvre les bras.<br />

contre les musées du monde entier, qui l’exposent<br />

à haute dose. et même contre le public, qui va se<br />

presser au grand palais. depuis un bon demi-siècle,<br />

daniel <strong>buren</strong> est en conflit permanent avec les<br />

conventions du milieu artistique. et ça lui réussit…<br />

Alexia Guggémos texte<br />

Ne jamais rien faire comme tout le monde ? Avec<br />

Daniel Buren, ça commence dès l’entrée. Pour accéder<br />

à l’œuvre immersive qu’il a conçue pour Monumenta,<br />

la carte blanche offerte chaque printemps par le Grand<br />

Palais à un grand artiste contemporain, inutile d’essayer<br />

la porte principale. C’est par une entrée secondaire, sur<br />

le flanc nord du bâtiment, qu’on y pénètre. « Est-ce que<br />

vous rentreriez dans une cathédrale par le chœur ?»: première<br />

explication, rationnelle, à ce choix inhabituel. La<br />

seconde est plus féroce. « Je déteste cette entrée “pompier”,<br />

avec cette lourde colonnade et ses affreux angelots. »<br />

Froide logique et chaude aversion : avec Excentrique(s) :<br />

travail in situ (c’est le titre de son installation au<br />

Grand Palais), c’est à la fois tout le travail et toutes<br />

les contradictions de Daniel Buren qui sont concentrés.<br />

Inventeur de l’art in situ, sa démarche consiste<br />

à « révéler » l’espace dans lequel il installe son œuvre,<br />

spécifiquement pensée pour, et seulement pour ce<br />

lieu. Surtout, Buren goûte l’ironie d’être invité à exposer<br />

dans ce palais « consacré par la République à la gloire<br />

de l’art français », comme l’indique l’un de ses frontons.<br />

Contre l’art officiel, contre les conventions qui<br />

régissent le bon goût, et contre le marché de l’art et<br />

ses institutions : la carrière de Daniel Buren est une<br />

succession de combats. À la hussarde.<br />

Première escarmouche dès sa sortie de l’École nationale<br />

des métiers d’art à Paris, en 1960. L’adversaire ?<br />

La grande peinture, qu’il juge limitée et « monofocale ».<br />

Loin des hauts lieux du monde de l’art, c’est… dans un<br />

complexe hôtelier des îles Vierges (États-Unis) qu’il<br />

le tissu du scandale<br />

12 février 1971, au musée<br />

Guggenheim de New York,<br />

Daniel Buren place un tissu<br />

rayé de 20 mètres de haut<br />

dans le trou central.<br />

Les œuvres des autres<br />

artistes disparaissent<br />

derrière ce mur visuel,<br />

ce qui provoque leur colère<br />

et crée le scandale.<br />

docteur ès espace<br />

Le fil conducteur de<br />

l’œuvre que constitue<br />

depuis cinquante ans<br />

Daniel Buren ? Sa<br />

science de l’espace,<br />

disent ses admirateurs.


MAI 2012 ¬ arTS MAGAZINE ¬ PAGE 71<br />

daniel <strong>buren</strong> • portrait<br />

invente l’« in situ », ce travail en rapport avec le lieu<br />

où il s’expose. L’occasion d’un grand balayage ! « À<br />

20 ans, je me suis débarrassé de toutes les influences qui<br />

me constituaient en les évacuant par la pratique : une véritable<br />

catharsis !», confie-t-il. En neuf mois, il rejette les<br />

maîtres, s’affranchissant des « muralistes » mexicains<br />

et des génies de la figuration, Picasso, Matisse, Léger,<br />

Gauguin… L’utilisation des rayures de 8,7 centimètres<br />

de large naîtra, elle, quelques années plus tard, d’un<br />

déclic. Cet « outil visuel », tel qu’il le nomme, se fait<br />

d’abord draps de lit colorés, les bandes étant utilisées<br />

comme « cache » pour créer des réserves.<br />

Mais en se rendant au marché Saint-Pierre à Paris,<br />

en 1967, Buren remarque les tissus rayés des toiles de<br />

stores. Il a trouvé son mètre étalon. Une intuition qui<br />

suscite même l’admiration de « vrais » peintres, comme<br />

le Franco-Haïtien Hervé Télémaque : « À partir d’un<br />

postulat en apparence si stupide, et en se privant de la<br />

sensualité de la peinture, cet architecte-décorateur génial<br />

a inventé une science de l’espace ! » Une science que l’artiste,<br />

sûr de ses choix, n’a eu de cesse d’imposer avec<br />

insolence. « Buren, Mosset, Parmentier, Toroni vous<br />

conseillent de devenir intelligents ! », proclame-t-il ainsi


PAGE 72 ¬ arTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

portrait • daniel <strong>buren</strong><br />

lors du salon de la Jeune Peinture en 1967 où les quatre<br />

artistes, réunis sous le collectif BMPT, produisent chacun<br />

des toiles aux motifs répétitifs. Leur point commun<br />

: l’absence d’émotion. La critique est acerbe. « Une<br />

peinture aussi réduite n’est ni le tout ni le rien », peut-on<br />

lire dans la presse.<br />

en 1971, il est décroché du guggenheim<br />

L’inimitié du milieu artistique ? Non seulement Buren<br />

n’en a cure, mais il n’hésite à la provoquer. En 1969,<br />

la Kunsthalle de Berne organise une exposition devenue<br />

depuis culte : « Quand les attitudes deviennent<br />

forme ». Elle convoque le ban et l’arrière-ban des<br />

avant-gardes les plus révolutionnaires de l’époque…<br />

Mais pas Daniel Buren. Qu’à cela ne tienne ! La veille<br />

du vernissage, il colle des papiers à bandes rayées blanches<br />

et roses sur la plupart des panneaux publicitaires<br />

de la ville. De retour chez lui, il est brutalement réveillé<br />

par des coups de pied dans la porte. Deux policiers<br />

l’embarquent au poste de police pour dégradation d’espace<br />

public. « Où est la liberté de créer ? », lance-t-il.<br />

Son intervention défraye la chronique. Deux ans plus<br />

tard, c’est avec le musée Guggenheim de New York<br />

qu’il croise le fer. Invité à dialoguer avec l’architecture<br />

particulière du site, il utilise la célèbre hélice du hall<br />

d’entrée imaginée par Franck Lloyd Wright pour créer<br />

caissons lumineux<br />

En 1999, il s’intéresse<br />

à la lumière diffusée par<br />

les caissons et fait évoluer<br />

ses « Cabanes » éclatées,<br />

dont les premières datent<br />

de 1975. L’œuvre devient<br />

alors son propre site,<br />

en même temps que<br />

le lieu du mouvement<br />

et de la déambulation.<br />

colonnes<br />

Contrecarrer et inverser<br />

visuellement la courbure de<br />

la cour d’honneur du Palais<br />

Royal, à Paris : tel était<br />

l’effet souhaité par Buren,<br />

avec Les Deux Plateaux et<br />

son subtil jeu de polygones.<br />

quadrilatère éclaté<br />

Buren s’en prend à la forme<br />

carrée et la métamorphose<br />

en d’autres formes<br />

élémentaires. En octobre<br />

2010, il présente « Quand<br />

les carrés font des cercles<br />

et des triangles : Hautsreliefs<br />

situés », à la galerie<br />

Kamel Mennour.


MAI 2012 ¬ arTS MAGAZINE ¬ PAGE 73<br />

daniel <strong>buren</strong> • portrait<br />

arrêt sur image<br />

Ce cliché du travail in<br />

situ produit dans le cadre<br />

d’ArtBasel Miami Beach<br />

en 2006 est une photosouvenir.<br />

Daniel Buren<br />

nomme ainsi ces arrêts sur<br />

image de ses œuvres.<br />

Un point de vue qui<br />

n’a de but que celui<br />

de se remémorer.<br />

« Peinture/Sculpture », une toile rayée de 20 mètres<br />

de haut sur 10 mètres de large, qui coupe l’espace en<br />

deux. La dénonciation qu’il y fait de la centralisation<br />

du pouvoir ne plaît pas. Au point que l’institution<br />

fait décrocher l’installation avant le vernissage. Cette<br />

exclusion résonne comme une victoire pour celui que<br />

l’artiste minimaliste américain Donald Judd qualifiait<br />

alors avec mépris de « poseur de papier peint ».<br />

rebelle… mais courtisé<br />

Ses coups d’éclat répétés contre les musées n’ont pas<br />

empêché Daniel Buren d’exposer un peu partout dans<br />

le monde. Et le constat vaut également pour le marché<br />

de l’art. Un marché qu’il agace, et dont il refuse les<br />

codes. Comme celui de signer ses œuvres. « Une œuvre<br />

signée de moi ? ça ne peut être qu’un faux !», confie-t-il<br />

un jour au peintre Gérard Fromanger. Paradoxe : il<br />

est pourtant exposé dans 70 galeries de par le monde,<br />

et il produit une quinzaine d’œuvres par an, refusant<br />

de parler d’expositions. Depuis sept ans, c’est avec le<br />

galeriste Kamel Mennour, 47 ans, qu’il s’est associé.<br />

Un poids lourd parisien qui est tombé sous le charme<br />

de son incontrôlable artiste : « C’est un fin tacticien<br />

et un grand magicien. »<br />

Alors, à qui s’attaquer lorsque musées et galeries<br />

vous ouvrent grand les bras malgré vos provocations<br />

? Pourquoi pas au public… C’est chose faite en<br />

1986, lorsque Daniel Buren livre Les Deux Plateaux,<br />

son œuvre la plus connue. Réalisée au Palais Royal à<br />

Paris pour révéler l’espace magnifié de la cour d’honneur<br />

débarrassée de ses voitures, l’œuvre rapidement<br />

rebaptisée « les colonnes de Buren » par le grand<br />

public a suscité une polémique comme il y en a peu<br />

lorsqu’il s’agit d’art. Quand le président François<br />

Mitterrand retient le projet, un long combat s’engage<br />

contre les éléments et les hommes, un combat comme<br />

les apprécie l’artiste qui n’est jamais aussi heureux<br />

que lorsqu’il se confronte à l’adversité. « Vivement<br />

l’attentat ! » pouvait-on lire sur les palissades qui<br />

encerclaient le chantier. Mais la polémique occulte<br />

le propos de Buren, qui s’interroge sur les relations<br />

passants-espace public. Quelles places les attirent ?<br />

Quels lieux les repoussent ? En plaçant les colonnes les


PaGE 78 ¬ ArTs maGaZiNE ¬ mai 2012<br />

pOrTraiT<br />

ALAiN pAssArD<br />

un TrOis éTOiLes au Jardin<br />

100 % végétal. avec trois étoiles au Michelin obtenues avec une carte<br />

exclusivement légumière, alain passard fait office de pionnier<br />

de la gastronomie française. Chef, cultivateur, mais aussi plasticien<br />

à ses heures : rencontre avec un passionné de création.<br />

Isabelle Giovacchini INTERVIEW<br />

Les couleurs du colleur<br />

Véritables outils<br />

de composition culinaire,<br />

les collages de Passard<br />

traduisent sa passion<br />

du geste juste.<br />

un chef à la main verte<br />

Alain Passard est<br />

le seul chef à cuisiner les<br />

légumes de son jardin.<br />

Il en possède trois, choisis<br />

en fonction de leur terroir.<br />

Du potager à l’assiette, en passant par les collages qu’il<br />

a exposés récemment au musée Nissim de Camondo<br />

à Paris et à la chapelle Saint-Yves de Rennes, Alain<br />

Passard est un amoureux du légume. Il était donc<br />

logique qu’il préside le jury de la prochaine édition du<br />

Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire. Et qu’on<br />

l’interroge sur son goût prononcé pour les jardins et la<br />

création en général.<br />

ArTs maGaZiNE • d’où vient ce profond intérêt pour les<br />

jardins ?<br />

ALAIN PASSARD • Dans les années 1990, L’Arpège, dont<br />

j’étais déjà le chef, était une rôtisserie qui a obtenu<br />

ses trois étoiles avec le tissu animal. En 1999, je me<br />

suis rendu compte que la cuisine animale ne me procurait<br />

plus d’émotion. J’ai alors décidé de changer<br />

tous les plats de la carte. Je ne savais pas encore que<br />

le légume allait rentrer dans ma vie de cuisinier. Avec<br />

lui, j’ai voulu mettre de la couleur dans la cuisine. Au<br />

même moment, une amie m’a demandé de reprendre


mai 2012 ¬ ArTs maGaZiNE ¬ PaGE 79<br />

aLain CéCiLe passard Beau • portrait<br />

à Chaumont-sur-Loire,<br />

un mariage de passion<br />

Entre le cuisinier cultivateur<br />

et fameux festival de jardins,<br />

l’union allait de soi.<br />

son domaine potager situé dans la Sarthe. J’ai tout de<br />

suite accepté. J’ai donc trouvé un jardinier sur place,<br />

Sylvain. Ensemble, nous avons recréé un écosystème<br />

de dix hectares. Depuis, j’ai créé deux autres potagers.<br />

Vous êtes cette année le président du jury du<br />

Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire.<br />

Quel a été votre rôle ?<br />

Je pense que la directrice du domaine de Chaumont,<br />

Chantal Colleu-Dumont, a été sensible à mon aventure<br />

légumière, à ma démarche associée aux saisons<br />

et à ma créativité qui est directement liée à ce que<br />

l’on peut trouver dans les jardins. Personnellement, je<br />

cultive une réelle passion pour ces espaces, même si les<br />

miens ne sont pas floraux mais exclusivement potagers.<br />

Ce festival est un bel événement et je suis très<br />

heureux que la cuisine française y soit représentée à<br />

travers moi. En tant que président, j’ai donné le tempo.<br />

Cette année, la thématique proposée était « Jardin des<br />

délices, jardin des délires ». Il fallait donc que les projets<br />

soient gourmands. J’avais envie que les saisons<br />

soient respectées, que tous les sens soient sollicités.<br />

Je tenais aussi à ce que la main, la beauté du geste, soit<br />

présente dans chaque espace.<br />

Comment avez-vous abordé cette thématique ?<br />

Par la gourmandise ! Chantal Colleu-Dumond voulait<br />

absolument mettre en avant excès et jubilation. On a<br />

toujours tendance à freiner sur la créativité au jardin,<br />

alors que c’est justement un lieu où il ne doit pas y<br />

avoir d’interdit. La nature est d’elle-même luxuriante<br />

et délirante, je suis persuadé qu’elle a tout écrit. Il<br />

suffit de la respecter, de l’écouter pour être aussi<br />

gourmand qu’elle. Personnellement, je me suis aperçu<br />

que depuis que je respecte les saisons, je n’ai plus<br />

besoin de me soucier de ma créativité.<br />

Vous privilégiez une cuisine élaborée exclusivement<br />

à partir de produits de vos jardins. Cela<br />

a-t-il influencé votre rôle au sein de ce festival ?<br />

Oui. J’ai été ravi de mettre en avant le légume, mais<br />

aussi le métier de jardinier. Ce dernier est un artiste<br />

oublié, dont on parle trop peu. Mon objectif est que,<br />

d’ici une dizaine d’années, l’on évoque ces hommes<br />

comme des créateurs à part entière.<br />

à l’inverse, est-ce que votre présence a orienté<br />

les projets des candidats ?<br />

Curieusement, aucun d’entre eux n’a proposé de<br />

jardins légumiers. Par contre, le jury a réalisé son<br />

propre jardin, qui lui sera potager, en forme d’assiette<br />

contenant une recette.<br />

Vous avez aussi une production artistique, notamment<br />

de collage. Comment vous est venue<br />

cette envie d’art ?<br />

Avec un grand-père sculpteur, un père musicien, une<br />

mère passionnée de couture et une grand-mère cuisinière,<br />

j’ai grandi avec la création. Le geste était partout.<br />

Très tôt j’ai eu envie de me servir moi aussi de mes<br />

doigts. J’ai réalisé mes collages par hasard, avant même<br />

de savoir que j’en ferai Collages & recettes, un livre de<br />

cuisine (éd. Alternatives, 2010). Ils sont inspirés des<br />

recettes que j’ai créées. Souvent, je construis mes recettes<br />

autour d’une couleur, d’une tonalité, comme mon<br />

plat Émotion pourpre, un assemblage de mûres et de<br />

betteraves. On trouve au sein de la nature des familles<br />

colorées, je tente de les respecter pour en faire des collages<br />

visuels et gustatifs.<br />

Vous exposez ces collages dans l’exposition<br />

itinérante « Le Beau Geste ». Quelle est votre<br />

définition du beau geste ?<br />

C’est une jolie main, une danse, la grâce. Un geste peut<br />

être très baroque, appuyé, ou très épuré, éthéré. C’est<br />

ce dernier qui m’inspire le plus. Il y a dix ans, je faisais<br />

certains plats avec dix ou douze gestes. Aujourd’hui,<br />

deux gestes très précis suffisent.<br />

repères<br />

1956<br />

Naissance à<br />

La Guerche-de-Bretagne<br />

1980<br />

Début de sa carrière de chef<br />

au Duc d’Enghien, où il obtient<br />

une, puis deux étoiles<br />

1996<br />

Obtient trois étoiles au Michelin<br />

pour L’Arpège (Paris 7 e ),<br />

ouvert dix ans plus tôt<br />

2001<br />

Début de son aventure légumière<br />

2010<br />

Parution de Collage & recettes,<br />

et montage de l’exposition<br />

« Le Beau Geste »<br />

À voir<br />

Festival international des jardins,<br />

Chaumont-sur-Loire.<br />

Jusqu’au 21 octobre.<br />

www.domaine-chaumont.fr<br />

Pus d’infos : p. 129


Masque de Ranga<br />

1900-1950, Bali<br />

Masque Tomanik<br />

XIX e siècle, Alaska


mai 2012 ¬ ARTS maGaZiNE ¬ PaGE 83<br />

les maîtres du désordre • exposition<br />

chAoS eT SoRcelleRie<br />

au quai branly<br />

Maladie, guerre, famine… pour guérir les désordres du monde,<br />

on fait appel au chaman, le seul à même de négocier avec les<br />

forces occultes pour rétablir l’ordre. exotisme ? pas seulement.<br />

Comme le démontre la nouvelle exposition du musée du quai<br />

branly, les artistes de notre temps ont des pratiques similaires…<br />

Adrien Guilleminot texte<br />

Thomas Hirschhorn<br />

Outgrowth, 2005<br />

centre pompidou, Paris<br />

Ben Vautier<br />

Pas d’art sans désordre<br />

1991, coll. part.<br />

Derrière les DésorDres Du MonDe,<br />

Des puissanCes perturbatriCes<br />

Guerres, accidents, attentats… Dans Outgrowght (ci-dessus), l’artiste suisse Thomas Hirschhorn expose<br />

« une collection de désastres », selon le commissaire de l’exposition du Quai Branly, Jean de Loisy. Sur les globes<br />

terrestres alignés, des concrétions qui font songer à des tumeurs : le monde est malade, en désordre. Les responsables<br />

? Des puissances nommées Rangda, reine des sorcières de Bali (à gauche), ou Tomanik, le faiseur de<br />

ces vents glaciaux qui empêchent d’aller chassez chez les Inuits. Ces êtres supérieurs ne sont pas toujours maléfiques.<br />

Si Rangda est effectivement associée au chaos et à la maladie, Tomanik n’est que la manifestation d’un dieu<br />

courroucé par les infractions que les hommes ont commises. Et pour l’apaiser, il faut faire appel à un homme capable<br />

d’aller parler aux dieux, comprendre la source du problème, et éventuellement négocier, le chaman. Le désordre<br />

n’est pas le mal : il peut même être source de créativité, comme le rappelle avec humour l’incontournable Ben.


PaGE 86 ¬ ARTS maGaZiNE ¬ mai 2012<br />

exposition • les maîtres du désordre<br />

Masque d’exorcisme<br />

pour protéger<br />

les femmes enceintes<br />

XIX e siècle, bois et peinture,<br />

ethnie Matara, Sri Lanka<br />

Annette Messager<br />

Anatomie et En Balance,<br />

1998, coll. part.<br />

des femmes,<br />

CoMMe un rêve De pierre<br />

Expulser le mal, guérir la maladie : même combat. Une lutte qui prend, partout<br />

dans le monde, la forme d’un exorcisme. En Occident avec saint Michel terrassant<br />

le démon, au Sri Lanka avec le masque ci-dessous représentant 18 démons que<br />

l’exorciste invoque pour guérir les maladies de l’âme et du corps. Exorcisme encore<br />

avec cet effrayant masque sri lankais servant à protéger les femmes enceintes.<br />

Exorcisme toujours avec Annette Messager : dans Anatomie et En Balance, elle<br />

représente une sorte de réseau de veines et d’artères reliant des dessins d’organes.<br />

Une manière, pour l’artiste française, de s’approprier l’intérieur du corps qui,<br />

de son propre aveu, la terrifie.<br />

Josse Lieferinxe,<br />

Saint Mi chel<br />

terrassant le démon,<br />

fin XV e - début XVI e siècle,<br />

peinture sur bois<br />

Grand masque du démon<br />

Mana-Kola Sanniya<br />

avant 18 99,<br />

bois, pigments, poils,<br />

Pitt Rivers Museum, Oxford<br />

à voiR<br />

Les maîtres<br />

du désordre<br />

Jusqu’au 29 juillet<br />

Une fascinante rencontre<br />

entre les arts occidentaux,<br />

du Moyen Âge à nos jours,<br />

et les arts premiers. Où l’on<br />

découvre l’univers mystérieux<br />

des chamans, des fous, des<br />

guérisseurs de tous horizons,<br />

tout en prenant conscience des<br />

résonances que ces pratiques<br />

trouvent chez les artistes actuels.<br />

muSée du quAi bRAnly<br />

Informations : lire p. 125<br />

à liRe<br />

Les maîtres<br />

du désordre<br />

coéd. musée du quai branly-rmn<br />

ouvrage collectif sous<br />

la direction de Jean de Loisy,<br />

456 p., 50 €


mai 2012 ¬ ARTS maGaZiNE ¬ PaGE 87<br />

les maîtres du désordre • exposition<br />

un MonDe sens Dessus Dessous<br />

Cinq siècles et 10 000 kilomètres séparent cette peinture du<br />

Hollandais Jérôme Bosch et ce masque de carnaval bolivien. Ce qui<br />

les rapproche ? Une même inspiration fantasmagorique, et un thème<br />

commun : le carnaval. La toile de Bosch s’inspire de la Nef des Fous,<br />

du poète allemand Sébastian Brant, qui y décrit un bateau descendant<br />

le Rhin chargé de malades, de fous… En Allemagne et en Flandres,<br />

cette nef devint rapidement un élément central des carnavals, des<br />

festivités populaires qui se caractérisent par le défoulement et l’inversion<br />

des valeurs. Les humbles moquent les puissants, les fous et les<br />

clowns deviennent respectables… Un joyeux désordre encadré pour<br />

que l’ordre renaisse. Typique de cette inversion des valeurs, le masque<br />

de China Supay : un personnage à l’origine associé au diable, mais<br />

qui joue dans les carnavals de Bolivie un rôle éminemment positif.<br />

Jérôme Bosch, Le Concert dans l’œuf, 1561, huile sur bois<br />

Masque de China Supay, début du XX e siècle, plâtre polychrome, Bolivie


PAGE 108 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

portrait de ville


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 109<br />

portrait de ville<br />

RenneS<br />

de l’ombre<br />

à la lumière<br />

deux grands événements animeront la rennes<br />

des arts plastiques en 2012 : l’ouverture de son<br />

nouveau Frac, en juillet, et la troisième édition<br />

de sa biennale, à l’automne. de quoi mettre<br />

en lumière une ville qui a plutôt l’habitude<br />

de cultiver ses atouts dans la discrétion ?<br />

Volker Saux texte<br />

Sur ce dessin d’architecte,<br />

une vue du Frac<br />

qui ouvrira ses portes à l’été.


PAGE 112 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

portrait de ville • rennes<br />

les lieux phares<br />

de la petite galerie étudiante au Frac<br />

flambant neuf, la scène artistique rennaise<br />

est aussi riche que disparate. une sélection<br />

de lieux à arpenter pour la défricher.<br />

a. la Criée<br />

Ce centre d’art installé dans les halles centrales<br />

montre des expositions d’artistes français et internationaux,<br />

comme en mai le photographe Allan<br />

Sekula, puis en été Romain Louvel. Il a aussi<br />

une face moins visible : soutien à la production,<br />

actions dans des écoles ou des hôpitaux, coopérations<br />

avec d’autres lieux à Rennes et en Europe…<br />

Place Honoré-Commeurec.<br />

Tél. : 02 23 62 25 10. www.criee.org<br />

b. les Champs libres<br />

Cet étonnant bâtiment signé Christian de<br />

Portzamparc offre, entre autres, un beau musée<br />

de Bretagne et des expositions temporaires :<br />

les photos de Pierre de Vallombreuse, jusqu’en<br />

septembre, et « Reflet de Bretagne : 160 ans de<br />

photographie », de juin à janvier.<br />

10, cours des Alliés.<br />

Tél. : 02 23 40 66 00. www.leschampslibres.fr<br />

D<br />

C. le musée des beaux-arts<br />

Son austère façade cache quelques trésors de<br />

Rubens, de La Tour, Picasso… Côté expositions,<br />

cet été : les dessins de la collection Adrien (du<br />

XVI e au XVII e siècle) et « Nostalgie du Soleil<br />

levant », un choix de kimonos et d’estampes du<br />

Japon. Ainsi que le nouveau cabinet de curiosités<br />

du marquis de Robien (1698-1756), le collectionneur<br />

auquel le musée doit ses richesses.<br />

20, quai Émile-Zola.<br />

Tél. : 02 23 62 17 45. www.mbar.org<br />

d. 40mcube<br />

Cet espace d’art contemporain défriche la scène<br />

émergente, invitant des artistes à réaliser un projet<br />

d’exposition dans ses 170 m 2 sous verrière.<br />

Jusqu’au 23 juin, on y verra un projet du duo


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 113<br />

rennes • portrait de ville<br />

parisien Naïs Calmettes et Rémi Dupeyrat.<br />

48, avenue Sergent-Maginot.<br />

Tél. : 02 90 09 64 11. www.40mcube.org<br />

e. dma galerie<br />

Une galerie alternative fondée il y a quatre ans<br />

comme vitrine pour les acteurs bretons du design.<br />

Elle accueille aussi art contemporain, graphisme,<br />

création numérique, scène rennaise de l’art urbain<br />

(Frères Ripoulain, Mardinoir, Poch, etc.)…<br />

23, rue de Châteaudun.<br />

Tél. : 02 99 87 20 10. www.dmagalerie.com<br />

F. la galerie oniris<br />

Elle défend notamment les figures de l’art abstrait<br />

français, comme Geneviève Asse (qui y expose<br />

jusqu’au 26 mai) et François Morellet (de juin à<br />

septembre). Non loin, au 22, rue Hoche, on remarque<br />

aussi la nouvelle galerie Clouard, avec une<br />

dizaine d’artistes dont Rancillac, Honegger…<br />

38, rue d’Antrain.<br />

Tél. : 02 99 36 46 06. www.galerie-oniris.fr<br />

g. standards expositions<br />

Ce petit lieu, ouvert en 2011, est géré par des étudiants<br />

de l’École d’art de Bretagne, qui le soutient,<br />

mais aussi de l’université Rennes-2.<br />

2, rue des Portes-Mordelaises.<br />

www.standards-expositions.com<br />

h. l’université rennes-2<br />

Sa galerie Art & Essai montre jusqu’à début juin<br />

les déroutantes images de camouflage urbain de la<br />

Néerlandaise Desiree Palmen. D’autres lieux du<br />

campus sont dédiés aux arts : la Chambre claire<br />

pour la photo, le Cabinet du livre d’artiste…<br />

Place du recteur Henri-Le-Moal.<br />

Tél. : 02 99 14 11 42. www.univ-rennes2.fr<br />

I<br />

H<br />

Université<br />

Rennes 2<br />

VILLEJEAN<br />

CLEUNAY<br />

Bd St-Jean-Baptiste de la Salle<br />

J<br />

Rue de St-Brieuc<br />

Boulevard Voltaire<br />

C.H.U.<br />

DINAN-<br />

ST-MALO<br />

Ille<br />

Boulevard de Verdun<br />

RENNES<br />

Mail F. Mitterrand<br />

COLOMBIER<br />

A<br />

C<br />

Boulevard de Chézy<br />

Rue Saint-Martin<br />

A<br />

F<br />

Palais<br />

du Parlement<br />

VIEUX<br />

RENNES<br />

G<br />

Mairie<br />

Quai Duquay-<br />

Trouin<br />

Place de<br />

Bretagne<br />

Boulevard de la Tour d’’Auvergne<br />

Rue du Colombier<br />

Quai<br />

Châteaubriand<br />

Bd de la Liberté<br />

K<br />

Rue d’Antrain<br />

Rue Gambetta<br />

C<br />

B<br />

Quai<br />

de Richemont<br />

Av. Jean Janvier<br />

G<br />

Gare<br />

Bd de Sévigné<br />

Boulevard de la Duchesse<br />

Parc<br />

du Thabor<br />

Rue de Paris<br />

Rue St-Hélier<br />

Boulevard Solférino<br />

Rue de Fougères<br />

i. le nouveau Frac bretagne<br />

Inauguré le 6 juillet, les 1 000 m 2 du nouveau<br />

« phare de l’art contemporain » accueilleront cet<br />

été une exposition basée sur la collection du Frac,<br />

et à l’automne une partie de la biennale.<br />

Avenue André-Mussat.<br />

Tél. : 02 99 37 37 93. www.fracbretagne.fr<br />

J. la galerie mica<br />

Au beau milieu des magasins de la « route du<br />

meuble », elle mêle design et art contemporain,<br />

artistes confirmés (la designer Matali Crasset cet<br />

hiver) et jeunes pousses.<br />

Route du meuble « La Brosse », Saint-Grégoire.<br />

Tél. : 09 79 09 17 31. www.espace-mica.com<br />

k. le Carré d’art<br />

En périphérie de Rennes, une galerie municipale<br />

qui se distingue par son orientation 100 % photo.<br />

1, rue de la Conterie, Chartres-de-Bretagne.<br />

Tél. : 02 99 77 13 27. www.galerielecarredart.fr<br />

B<br />

THABOR-PARIS<br />

ST-HÉLIER<br />

Anne<br />

E<br />

Bd R. Laennec<br />

D<br />

Bd<br />

Volney<br />

250 m<br />

Rue de Paris<br />

Vilaine<br />

Boulevard de Metz<br />

Av. Aristide Briand<br />

Av. du Sergent Maginot<br />

Boulevard de Strasbourg


agenda<br />

124<br />

ile-de-France<br />

128<br />

ouest<br />

131<br />

nord<br />

134<br />

Est<br />

137<br />

Sud-Est<br />

140<br />

Sud-Ouest<br />

Nos correspondants<br />

Ile-de-France :<br />

émilie Formoso<br />

emilie.formoso@artsmag.fr<br />

Nord : Gaëtane Deljurie<br />

gaetane.deljurie@artsmag.fr<br />

Ouest : Lénaïc Gravis<br />

lenaic.gravis@artsmag.fr<br />

Est : Volker Saux<br />

volker.saux@artsmag.fr<br />

Sud-Est : Éva Bensard<br />

eva.bensard@artsmag.fr<br />

Sud-Ouest : Saskia Leblon<br />

saskia.leblon@artsmag.fr<br />

Pour voir ces Ménines<br />

peintes par Louis Cane,<br />

rendez-vous à Nice, p.138


PAGE 124 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

aGenda<br />

iLe-de-france<br />

Auvers-sur-Oise<br />

Pontoise<br />

Mantes-la-Jolie<br />

Rambouillet<br />

10 km<br />

Clamart<br />

Versailles<br />

Sceaux<br />

Limours<br />

Étampes<br />

Paris 1 er<br />

Livre/Louvre. Jean-<br />

Philippe Toussaint<br />

InstallatIon, photo XXI e<br />

Jusqu’au 11 JuIn<br />

Après Le Clézio, le musée<br />

du Louvre donne la parole<br />

à Jean-Philippe Toussaint.<br />

L’occasion pour l’écrivain,<br />

cinéaste et artiste, de rendre<br />

« un hommage visuel aux<br />

livres », le temps d’une expo.<br />

La littérature constitue en<br />

effet le fil rouge qui relie<br />

installations et photos, dont<br />

deux compositions monumentales,<br />

conçues spécialement<br />

par Toussaint. Pour<br />

leur faire écho, la présentation<br />

de deux ouvrages exceptionnels<br />

: La Divine Comédie<br />

de Dante et le manuscrit original<br />

d’En attendant Godot,<br />

de Samuel Beckett.<br />

Musée du Louvre. 9h-18h (sf mar.).<br />

9h-21h45 les mer. et ven. 10 €.<br />

tél. : 01 40 20 53 17. www.louvre.fr<br />

Arpajon<br />

un peu de terre<br />

sur la peau<br />

BIJouX XXI e<br />

Jusqu’au 19 août<br />

La céramique révolutionne<br />

le bijou ! C’est le constat qu’a<br />

fait le musée des Arts décoratifs,<br />

avec la collaboration<br />

de la fondation d’entreprise<br />

Bernardaud, en confiant à<br />

18 jeunes créateurs la réalisation<br />

de bijoux utilisant ce<br />

matériau a priori surprenant.<br />

Saint-Denis Saint-Denis<br />

Paris<br />

Ivry-sur-Seine<br />

Créteil<br />

Évry<br />

Bobigny<br />

Meaux<br />

Fontainebleau<br />

Melun<br />

Boucles d’oreille, colliers,<br />

bagues… témoignent Nemours de<br />

l’inventivité dont ces artistes<br />

contemporains ont fait<br />

preuve pour se réapproprier<br />

la céramique. Une réflexion<br />

qui dépasse le simple cadre<br />

des arts décoratifs, comme le<br />

montre La Dot, une installation<br />

de Marie Pendariès.<br />

Musée des arTs décoraTifs.<br />

107, rue de rIvolI. 11h-18h (sf lun).<br />

11h-21h le Jeu. 8 €/9,50 €.<br />

tél. : 01 4455 57 50.<br />

www.lesartsdecoratIfs.fr<br />

Paris 2 e<br />

Joel-Peter Witkin.<br />

enfer ou ciel,<br />

qu’importe ?<br />

photo XX e -XXI e<br />

Jusqu’au 1 er JuIllet<br />

Chez l’Américain Joel-Peter<br />

Witkin (né en 1939), le<br />

corps est dénudé, abîmé,<br />

Coulommiers<br />

torturé. L’artiste photographie<br />

ce que la La chair Ferté- a de<br />

plus sombre et Gaucher<br />

troublant,<br />

de l’hermaphrodisme à la<br />

mort, de la mutilation à la<br />

sexualité extrême, mais sans<br />

voyeurisme. Car Witkin<br />

Provins<br />

travaille ses photographies<br />

comme des bijoux où rien<br />

n’est laissé au hasard, du<br />

choix de la pose du modèle<br />

au traitement du négatif,<br />

qu’il gratte, découpe ou<br />

repeint. De cette œuvre<br />

singulière, la BnF expose<br />

85 tirages, auxquels font<br />

écho 45 gravures de la<br />

Renaissance au XX e siècle,<br />

en hommage à la passion du<br />

photographe pour les arts<br />

classique et moderne.<br />

Bnf richeLieu. galerIe mansart,<br />

5, rue vIvIenne. 10h-19h (sf lun.).<br />

12h-19h le dIm. 5 €/7 €.<br />

tél. : 01 53 79 59 59. www.Bnf.fr<br />

Paris 3 e<br />

dan Miller.<br />

Graphein<br />

dessIn XXI e Le Cateau<br />

Jusqu’au 19 maI<br />

« Graphein » signifie, en grec<br />

ancien, à la fois écrire et dessiner.<br />

Un mot qui entre donc<br />

en parfaite résonance avec<br />

l’œuvre de Dan Miller. Cet<br />

artiste, souffrant d’autisme<br />

profond, réalise en effet de<br />

manière obsessionnelle des<br />

compositions où les mots se<br />

superposent jusqu’à l’illisibilité.<br />

Utilisant le feutre, le pinceau,<br />

le stylo ou le crayon, il<br />

donne corps à des créations<br />

graphiques où l’écriture joue<br />

paradoxalement sur le cryptage<br />

et produit une accumulation<br />

de strates très denses.<br />

GaLerie chrisTian BersT.<br />

3-5, passage des gravIllIers.<br />

14h-19h (sf dIm. et lun.). gratuIt.<br />

tél. : 01 53 33 01 70.<br />

www.chrIstIanBerst.com<br />

sequentially<br />

Yours. elliott erwitt<br />

photo XX e<br />

Jusqu’au 19 maI<br />

Chaque photo d’Elliott<br />

Erwitt est un subtil mélange<br />

d’humour et de poésie.<br />

Il a l’art de saisir dans leur<br />

Amiens<br />

Manche<br />

fugacité des détails singuliers,<br />

des télescopages<br />

curieux, des attitudes burlesques.<br />

Avec cette exposition,<br />

la galerie Polka propose<br />

une nouvelle approche<br />

du travail du photographe.<br />

Démultipliant l’instant sous<br />

forme de séquences temporelles,<br />

les clichés de l’artiste<br />

donnent à voir l’avant et<br />

l’après de moments parfois<br />

célèbres, comme la robe de<br />

Marilyn Monroe se soulevant<br />

sur une bouche de<br />

métro, dans une sorte de<br />

clin d’œil taquin au mythe.<br />

GaLerie PoLka. 12, rue saIntgIlles.<br />

11h-19h30 (sf dIm. et lun.).<br />

gratuIt. tél. : 01 42 71 95 79.<br />

www.polkagalerIe.com<br />

eugène atget,<br />

Paris<br />

photo XIX e -XX e<br />

Jusqu’au 22 JuIllet<br />

De vieilles affiches tapissent<br />

les façades de guingois<br />

et les pavés suintent sous<br />

le brouillard humide et<br />

silencieux. Nous sommes à<br />

Paris, en 1898, dans la rue<br />

Hautefeuille photographiée<br />

par Eugène Atget (1857-<br />

1927). Cet artiste a réalisé<br />

au tournant du siècle un<br />

Paris 16 e<br />

Triennale<br />

InstallatIons XXI e<br />

du 20 avrIl au 26 août<br />

Le coup d’envoi du palais de Tokyo<br />

À l’heure de la mondialisation, où se fait l’art contemporain ?<br />

Quelle définition donner aujourd’hui d’un foyer créatif ? Les<br />

frontières artistiques ont-elles encore un sens ? Et quel portrait<br />

pourrait-on dresser de la scène « française » actuelle ?<br />

Autant de questions que se sont posées les commissaires<br />

de cette nouvelle Triennale, sous la houlette internationale<br />

du Nigérien Okwui Enwezor, organisateur de nombreuses<br />

manifestations internationales. L’opération, intitulée<br />

« Intense proximité », marque la réouverture du palais de<br />

Tokyo et propose, à cette occasion, de faire un état des lieux<br />

de la création contemporaine, examinée sous l’angle mouvant<br />

de la territorialité. Six autres institutions sont aussi associées<br />

au projet, et présenteront un programme d’expositions, de<br />

concerts et de rencontres en lien avec le thème central de<br />

la Triennale : Bétonsalon, le musée Galliera, le musée du<br />

Louvre, le Crédac d’Ivry, les Laboratoires d’Aubervilliers et<br />

« Instants chavirés » à Montreuil.<br />

PaLais de TokYo. 13, avenue du présIdent-wIlson. tél. : 01 47 23 54 01.<br />

www.palaIsdetokyo.com et www.latrIennale.org<br />

Belle idée pour un week-end Mérite le détour Si vous n’êtes pas loin Emmenez les enfants


MAI 2012 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ PAGE 125<br />

aGenda • ile de france<br />

travail documentaire fondamental<br />

pour l’histoire<br />

des rues, des monuments et<br />

des petits métiers de la capitale.<br />

Le musée Carnavalet a<br />

sélectionné dans son fonds<br />

propre 183 clichés du photographe,<br />

exposés à côté<br />

d’un album de 43 tirages<br />

collectionnés par Man Ray,<br />

qui fit connaître son œuvre<br />

aux surréalistes.<br />

Musée carnavaLeT. 23, rue<br />

de sévIgné. 10h-18h (sf lun.).<br />

3,50 €/7 €. tél. : 01 44 59 58 58.<br />

www.carnavalet.parIs.fr<br />

Paris 4 e<br />

Barry X Ball<br />

sculpture XXI e<br />

Jusqu’au 16 maI<br />

Dans la lignée des portraits<br />

taillés dans la pierre qu’il<br />

réalise depuis une dizaine<br />

d’années, Barry X Ball présente<br />

à la galerie Obadia une<br />

nouvelle installation, née de<br />

sa collaboration avec l’artiste<br />

Matthew Barney. Empalés<br />

sur des barres métalliques<br />

comme des têtes-trophées,<br />

les portraits-Janus des deux<br />

hommes se font face, l’un en<br />

marbre noir, l’autre en marbre<br />

jaune. L’artiste joue sur<br />

l’écart entre l’impassibilité<br />

des visages qui se regardent<br />

et le grotesque de l’expression<br />

de ceux tournés vers l’extérieur.<br />

Il réinterprète ainsi, à<br />

sa manière à la fois brutale et<br />

ornementale, la longue tradition<br />

des portraits en marbre.<br />

GaLerie naThaLie oBadia. 3, rue<br />

du cloître saInt-merrI. 11h-19h<br />

(sf dIm). gratuIt. tél. : 01 4274 67 68.<br />

www.galerIe-oBadIa.com<br />

Paris 5 e<br />

Le corps<br />

découvert<br />

peInture, photo XIX e -XXI e<br />

Jusqu’au 15 JuIllet<br />

Le corps, et notamment le<br />

nu, n’est pas un thème que<br />

l’on associe spontanément<br />

aux arts du monde arabe.<br />

Pourtant, cette exposition<br />

montre que certains artistes<br />

se sont penchés sur sa représentation<br />

dès le XIX e siècle.<br />

En effet, un dialogue s’entame<br />

à cette époque avec les<br />

arts occidentaux, dont le nu<br />

est un sujet majeur. Autour<br />

de regroupements thématiques<br />

(la beauté, le corps<br />

souffrant…), l’exposition<br />

explore donc différentes<br />

facettes de cette création<br />

méconnue, à travers l’œuvre<br />

de nombreux artistes arabes<br />

d’hier et d’aujourd’hui.<br />

insTiTuT du Monde araBe. 1, rue<br />

des fossés-saInt-Bernard, place<br />

mohammed-v. 10h-18h (sf lun.).<br />

10h-19h les sam. et dIm. 6 €/8 €.<br />

tél. : 01 40 51 38 38.<br />

www.ImaraBe.org<br />

Paris 6 e<br />

Piero<br />

crommelynck graveur<br />

gravure XX e<br />

Jusqu’au 2 JuIn<br />

Attention, un artiste peut<br />

en cacher un autre ! Derrière<br />

les œuvres gravées de<br />

Picasso, Alechinsky, Viallat<br />

ou Masson, se cache l’exceptionnel<br />

talent de Piero<br />

Crommelynck (1934-2001).<br />

Son atelier, fondé en 1956,<br />

vit défiler la fine fleur artistique<br />

de l’époque et ne tarda<br />

pas à acquérir une renommée<br />

internationale. En<br />

hommage à ce maestro de<br />

la gravure, la galerie a choisi<br />

de présenter de nombreuses<br />

œuvres issues de sa collaboration<br />

fructueuse avec les<br />

plus grands artistes.<br />

GaLerie caTherine-houard.<br />

15, rue saInt-Benoît.<br />

11h-19h (sf dIm. et lun.).<br />

gratuIt. tél. : 0 9 54 20 21 49.<br />

www.catherInehouard.com<br />

Paris 7 e<br />

Les maîtres<br />

du désordre<br />

sculpture, oBJets,<br />

dessIn, photo,<br />

1000 av. J.-c.-XXI e<br />

Jusqu’au 29 JuIllet<br />

C’est le chaos au Quai<br />

Branly ! Le musée nous<br />

entraîne au beau milieu de<br />

la bataille qui oppose l’ordre<br />

et le désordre avec, comme<br />

guide, le « maître du désordre<br />

». Cet être marginal, qui<br />

a le pouvoir de communiquer<br />

avec les forces obscures<br />

et dangereuses, a pour mission<br />

de rétablir un équilibre<br />

perturbé (des moissons, de<br />

la société…). Les 340 objets<br />

exposés illustrent les mille et<br />

une facettes de ce désordre<br />

tantôt dévastateur, tantôt<br />

libératoire. Des œuvres auxquelles<br />

font écho les vidéos,<br />

installations, dessins et photographies<br />

d’artistes comme<br />

Picasso, Beuys, Basquiat ou<br />

Thomas Hirschhorn.<br />

Musée du quai BranLY. 37, quaI<br />

Branly. 11h-19h. 11h-21h du Jeu.<br />

au sam. 5 €/7 €. tél. : 01 56 61 70 00.<br />

www.quaIBranly.fr<br />

Paris 8 e<br />

salon du livre<br />

ancien<br />

lIvre, dessIn, estampe<br />

Xv e -XX e<br />

du 27 au 29 avrIl<br />

Rendez-vous des amateurs et<br />

des collectionneurs du monde<br />

entier, le Salon international<br />

du livre ancien, de l’estampe<br />

et du dessin occupe à nouveau<br />

la verrière du Grand<br />

Palais. Pour sa 24 e édition,<br />

150 exposants présenteront<br />

des œuvres et des ouvrages<br />

allant de la fin du Moyen Âge<br />

à nos jours. L’invité d’honneur<br />

est cette année la bibliothèque<br />

du barreau de Paris,<br />

dont les collections s’ouvrent<br />

exceptionnellement au public<br />

le temps du Salon. La BnF<br />

exposera, quant à elle, une<br />

sélection d’estampes rares<br />

ou insolites sur le thème des<br />

arts de la table, dont le célèbre<br />

Pantagruel de Gustave Doré<br />

(1832-1883).<br />

Paris 1 er<br />

Les Belles heures du duc de Berry<br />

enlumInures Xv e<br />

Jusqu’au 25 JuIn<br />

Chef-d’œuvre enluminé des frères de Limbourg<br />

Les frères de Limbourg ont enchanté la création d’enluminures<br />

du début du XV e siècle. C’est l’une de leurs plus<br />

belles réalisations, le manuscrit des Belles Heures du duc de<br />

Berry, qui est aujourd’hui offerte par le Louvre à la curiosité<br />

du visiteur. Commandés par le duc, frère du roi de France<br />

Charles V et bibliophile passionné, les 47 folios exposés ont<br />

été peints entre 1404 et 1408-1409. Ils illustrent principalement<br />

les Saintes Écritures et témoignent de la qualité esthétique<br />

et de la cohérence narrative atteintes alors par les trois<br />

artistes. Pour illustrer son contexte de production, le musée<br />

entoure ce manuscrit d’œuvres tout aussi exceptionnelles,<br />

comme le Parement de Narbonne, de Jean d’Orléans. Une<br />

exposition à ne pas rater, puisque le manuscrit retournera<br />

dans la Cloisters Collection de New York après sa présentation<br />

parisienne (lire p. 100).<br />

Musée du Louvre. 9h-18h (sf. mar.), 9h-21h45 les mer. et ven.<br />

10 €. tél. : 01 40 20 53 17. www.louvre.fr<br />

nef du Grand PaLais.<br />

avenue wInston-churchIll.<br />

11h-20h. 8 €. tél. : 01 441317 30.<br />

www.grandpalaIs.fr<br />

Le crépuscule<br />

des pharaons<br />

sculpture,<br />

oBJets XX e -III e av. J.-c.<br />

Jusqu’au 23 JuIllet<br />

Elle fut tour à tour sous<br />

domination libyenne,<br />

nubienne, perse, grecque<br />

puis romaine. Au cours<br />

de son dernier millénaire,<br />

l’Égypte pharaonique a<br />

connu de nombreux soubresauts<br />

politiques qui n’ont pas<br />

empêché l’art de s’épanouir<br />

avec vigueur et originalité.<br />

Cette production d’une<br />

grande qualité est au cœur<br />

de la nouvelle exposition du<br />

musée Jacquemart-André.<br />

Illustrant successivement la


PAGE 146 ¬ ARTS MAGAZINE ¬ MAI 2012<br />

releCture par JoChen Gerner<br />

Chaque mois, JoChen Gerner* déniChe dans les Cases d’un album de bd des œuvres de toutes époques.<br />

obJeCtif : dévoiler les « liens invisibles » qui relient la bande dessinée aux autres formes d’art.<br />

* Né en 1970 à Nancy, Jochen Gerner est dessinateur et auteur de bande dessinée. Son dernier livre, Abstraction (1941-1968),<br />

a été édité par L’Association en 2011. Il est représenté par la galerie Anne Barrault, à Paris. Pour en savoir plus : www.jochengerner.com


Du 19 octobre 2011 au 27 mai 2012


Caran d’Ache présente sa gamme inédite de pastels secs : les PASTEL PENCILS & CUBES.<br />

Avec ce lancement, la Maison crée le plus large nuancier de pastels secs déclinés dans<br />

deux médiums complémentaires ; 84 crayons et 84 cubes de couleurs identiques.<br />

Fabriquée dans ses ateliers genevois, cette nouvelle génération de pastels a été<br />

développée en étroite collaboration avec des Maîtres pastellistes internationaux.<br />

Caran d’Ache. Les Couleurs fabriquées à Genève depuis 1915.<br />

carandache.com

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!