Les tropiques, jardin nourricier - Cirad
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ROI DES TUBERCULES<br />
Le riz est consommé partout dans le monde, et représente le quart des ressources<br />
alimentaires de la planète. Sa part est discrète dans l’alimentation très diversifiée des<br />
consommateurs des pays les plus développés (5 kg en France). En revanche, le riz est<br />
l’aliment de base de plus de la moitié de l’humanité (190 kg par habitant et par an au<br />
Myanmar, ex-Birmanie, 145 kg en Indonésie), nourriture traditionnelle dans de<br />
nombreux pays (65 kg au Japon), ou plus récemment plébiscité (60 kg au Sénégal,<br />
45 kg au Brésil).<br />
Sa consommation augmente particulièrement en Afrique et en Amérique latine où il se<br />
substitue aux féculents et autres céréales, mais aussi dans les pays développés, sous une<br />
diversité de formes (étuvé, précuit, complet, etc.) et avec une bonne image diététique.<br />
<strong>Les</strong> besoins mondiaux en riz usiné augmenteront au rythme de 2 % par an,<br />
essentiellement en<br />
raison de<br />
l’accroissement de la<br />
population.<br />
Le riz est une des plus<br />
anciennes plantes<br />
vivrières cultivées,<br />
sa domestication<br />
remontant à plusieurs<br />
millénaires. Elle s’est<br />
effectuée en Asie d’où le<br />
riz s’est propagé vers la<br />
Chine (sa culture y est<br />
attestée depuis trois<br />
millénaires avant notre<br />
ère) ainsi qu’en Afrique<br />
où sa diffusion a été<br />
plus limitée. Son<br />
introduction dans les<br />
autres parties du monde<br />
est plus récente.<br />
Cultivé sur tous les<br />
continents, il est présent<br />
des zones tropicales aux<br />
zones tempérées et à des<br />
altitudes allant jusqu’à<br />
2400 mètres au Népal.<br />
Il peut être<br />
traditionnellement<br />
irrigué mais aussi<br />
submergé sous nappe<br />
d’eau de parfois<br />
plusieurs mètres de profondeur, de mangrove, pluvial<br />
(comme les autres céréales), sur brûlis, défriche de<br />
forêt, de plaine ou d’altitude. Cette grande variété des<br />
modes de culture du riz sculpte et diversifie beaucoup<br />
de paysages de notre planète. Savoir développer<br />
La famine<br />
L’humanité subit le fléau de la famine<br />
depuis la nuit des temps : la plus<br />
ancienne que l’on connaisse eut lieu en<br />
Égypte en 3500 avant J.-C. et la pire<br />
fit entre 9 et 13 millions de victimes en<br />
Chine entre 1876 et 1879. <strong>Les</strong> famines<br />
sont causées par des facteurs humains<br />
comme la guerre et les conflits<br />
ethniques, religieux et tribaux, ainsi que<br />
par les conditions météorologiques et les<br />
Le riz, plante mythique de la sécurité alimentaire<br />
cataclysmes naturels. <strong>Les</strong> populations<br />
pauvres ne sont pas aptes à y faire face.<br />
<strong>Les</strong> famines n’ont pas disparu au<br />
XX e siècle. Certaines sont restées<br />
tragiquement célèbres (1978 dans le<br />
Nord-Est du Brésil, 1983 au Sahel,<br />
1984 en Éthiopie, 1989 au Soudan, et<br />
1992 en Somalie). Même si elles se sont<br />
raréfiées, les famines ont fait davantage<br />
de victimes que les guerres au cours de<br />
la dernière décennie. Cependant, les<br />
chiffres sont peu élevés comparés au<br />
durablement tous ces types de riziculture contribue à améliorer la sécurité alimentaire.<br />
La demande croissant très fortement, il est nécessaire d’accroître la productivité tout en<br />
luttant contre une pression parasitaire et des ravageurs de plus en plus élevée. Il faut,<br />
en outre, élargir l’aire de production à différents milieux.<br />
Le <strong>Cirad</strong> s’est particulièrement impliqué avec ses partenaires dans le transfert auprès<br />
des pays du sud de l’ensemble des technologies mises au point. En 1990, il crée<br />
notamment des variétés de riz pluvial adaptées à des altitudes supérieures à 1 000 mètres<br />
en région tropicale. À Madagascar, elles sont cultivées jusqu’à 1500 mètres, avec<br />
des rendements de 5 t/ha (1 tonne avec des variétés conventionnelles). Il travaille<br />
actuellement sur tous les constituants des systèmes de production à base de riz. Pour<br />
appuyer cette démarche, il porte un effort particulier sur la qualité du grain, la lutte<br />
contre les ennemis<br />
des cultures, les<br />
variétés hybrides,<br />
la production de<br />
semences et les<br />
biotechnologies. Le riz<br />
possède, en effet, la<br />
particularité d’avoir<br />
le plus petit génome<br />
parmi ceux des<br />
graminées cultivées<br />
et représente un<br />
concentré de<br />
l’information<br />
génétique retrouvée<br />
chez ces dernières.<br />
Ce caractère<br />
synthétique rend plus<br />
facilement accessible<br />
le décryptage des<br />
gènes (agencement,<br />
expression, fonction).<br />
nombre de personnes dont le régime<br />
alimentaire ne suffit pas à les maintenir<br />
en bonne santé.<br />
• Aujourd’hui, pour une population<br />
mondiale de 6 milliards d’individus :<br />
– 10 à 15 millions meurent encore de<br />
faim chaque année;<br />
– 800 à 850 millions sont sousalimentés,<br />
soit une personne sur six;<br />
– 1,5 à 2 milliards souffrent de<br />
malnutrition, soit une personne<br />
sur trois;<br />
– 190 millions d’enfants de moins<br />
de 5 ans souffrent de carences<br />
protéiniques énergétiques.<br />
• Sénèque : « On ne peut attendre ni<br />
respect de la loi, ni raison de ceux<br />
qui ont faim ».<br />
• « Seul celui qui a<br />
connu la famine<br />
connaît le goût<br />
des aliments ».<br />
Proverbe peul du<br />
Nord-Cameroun.<br />
Je suis le Manioc, le Roi des Tubercules.<br />
Je souffre, mais je suis bien content,<br />
Parce que je suis aimé par<br />
tout le monde.<br />
Ah! Mais surtout<br />
par les Camerounais(es).<br />
Moi le manioc,<br />
Mes feuilles c’est un délice,<br />
elles sont découpées et préparées<br />
Avec l’arachide ou avec les palmistes;<br />
on me donne ce joli Nom de « Kouem »;<br />
Oui je souffre.<br />
Mais je suis content,<br />
parce que je suis le bien-aimé.<br />
Mes tubercules sont enlevés et préparés.<br />
Là c’est mon propre nom le « Manioc ».<br />
Ce n’est pas fini, oui je souffre,<br />
mais bien content.<br />
On me trempe dans l’eau, je pourris,<br />
je sens,<br />
On m’attache dans le sac,<br />
tout mon jus sort,<br />
On me pile, je prends le nom de famille<br />
maternelle « Miondo »<br />
(Bâton de Manioc), « Mintoumba »,<br />
« Bobolo ».<br />
Oui je souffre, mais bien content.<br />
Ce n’est pas fini.<br />
Mon jus séché c’est l’amidon pour<br />
divers usages.<br />
Moi le Roi des Tubercules.<br />
Chez mes frères Nigérians, je subis<br />
plusieurs transformations<br />
Et me donne le nom « Gari ».<br />
De mes feuilles aux tubercules<br />
passent par mon jus, rien n’est négligé.<br />
Oh! quel bonheur.<br />
Je suis content,<br />
Parce que je suis vraiment<br />
le Roi des Tubercules.<br />
Endale Shylot, Cameroun<br />
Nourrir<br />
les villes du Sud<br />
La planète compte chaque année<br />
environ 60 millions de citadins<br />
supplémentaires. D’ici 2025, ceux-ci<br />
représenteront plus de 60 % de la<br />
population mondiale. Cette explosion<br />
urbaine est particulièrement marquée<br />
dans les pays du Sud. Elle y provoque<br />
une brutale remise en cause des<br />
systèmes traditionnels de production,<br />
d’échange et de consommation. Dans<br />
les villes et leur proche périphérie, se<br />
développent alors de nouvelles formes<br />
d’agriculture, d’élevage,<br />
d’agroforesterie mais aussi de<br />
nouveaux métiers spécialisés pour<br />
transformer et distribuer les aliments<br />
et restaurer les citadins. Cette<br />
agriculture périurbaine joue un rôle<br />
croissant dans l’approvisionnement<br />
des villes, notamment en produits<br />
frais. Elle procure aux citadins qui s’y<br />
consacrent de nouveaux emplois et<br />
revenus. Cette proximité offre aux<br />
agriculteurs et éleveurs des facilités<br />
d’accès au marché, aux services, aux<br />
produits intermédiaires de la ville.<br />
Dans ce contexte, et bénéficiant de<br />
ces opportunités, les systèmes de<br />
production et d’échanges évoluent vite<br />
et constituent un vivier d’innovations<br />
intéressantes. Mais la proximité de la<br />
ville se traduit aussi par une forte<br />
pression foncière sur les terres<br />
cultivables, par des difficultés de<br />
cohabitation entre citadins,<br />
agriculteurs ou éleveurs, par un<br />
accroissement des risques sanitaires<br />
pour les aliments. Néanmoins, si<br />
l’agriculture en zone périurbaine reste<br />
confrontée à de multiples difficultés,<br />
elle invente chaque jour de nouvelles<br />
façons de réconcilier l’urbanisation et<br />
l’agriculture.<br />
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