Erreurs et Incertitudes en Physique-Chimie au Collège - Université d ...
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1<br />
<strong>Erreurs</strong> <strong>et</strong> <strong>Incertitudes</strong> <strong>en</strong> <strong>Physique</strong>-<strong>Chimie</strong> <strong>au</strong> Collège<br />
1. Introduction<br />
1.1 Destination du texte<br />
Ce docum<strong>en</strong>t est destiné <strong>au</strong>x professeurs de physique-chimie <strong>en</strong>seignant dans les collèges <strong>et</strong> désireux de<br />
pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le fait que les grandeurs analysées <strong>en</strong> physique <strong>et</strong> <strong>en</strong> chimie, particulièrem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> cours<br />
des activités expérim<strong>en</strong>tales m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> classe, sont connues par des mesures dont la précision est limitée.<br />
Il a été annoncé dans le docum<strong>en</strong>t d’accompagnem<strong>en</strong>t du programme de Troisième (fiche ″mesures <strong>et</strong><br />
incertitudes″ de la partie « considérations générales »).<br />
Il constitue un <strong>en</strong>semble de propositions <strong>en</strong> vue de favoriser une certaine cohér<strong>en</strong>ce dans l'étude<br />
quantitative des phénomènes (résultats de mesurages, prés<strong>en</strong>tation de données <strong>et</strong> de résultats de calculs).<br />
1.2. Généralités<br />
Au collège, <strong>en</strong> cinquième <strong>et</strong> <strong>en</strong> quatrième, les élèves mesur<strong>en</strong>t des températures pour repérer les<br />
changem<strong>en</strong>ts d'états, ils manipul<strong>en</strong>t ampèremètres <strong>et</strong> voltmètres ; ils peuv<strong>en</strong>t m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la<br />
variation de volume de l'e<strong>au</strong> <strong>au</strong> cours de la fusion de la glace... En troisième, on mesure des distances <strong>et</strong><br />
des temps, pour accéder à la notion de vitesse moy<strong>en</strong>ne tandis que la relation <strong>en</strong>tre masse <strong>et</strong> poids invite<br />
à mesurer ces deux types de grandeurs. Pour une résistance, l'ohmmètre perm<strong>et</strong> de comparer son<br />
indication <strong>au</strong> quoti<strong>en</strong>t U des indications de deux appareils déjà connus. En chimie, <strong>en</strong>fin, l'usage du pHmètre<br />
n'est pas exclu...<br />
I<br />
On pourrait multiplier les exemples qui pos<strong>en</strong>t le problème de la mesure <strong>et</strong> donc celui des chiffres<br />
significatifs, car, après un mesurage, effectué par les élèves ou le professeur, on doit <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> afficher le<br />
résultat, la mesure, <strong>et</strong> utiliser pour cela une unité <strong>et</strong> un certain nombre de chiffres significatifs.<br />
Très tôt, <strong>en</strong> quatrième par exemple, il f<strong>au</strong>t montrer <strong>au</strong>x élèves que les indications fournies par les<br />
appareils de mesure sont <strong>en</strong>tachées de p<strong>et</strong>ites erreurs <strong>et</strong> que, de ce fait, <strong>et</strong>, parfois <strong>au</strong>ssi, du fait de<br />
l'expérim<strong>en</strong>tateur lui-même, il n'y a pas tout à fait coïncid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la valeur exacte d'une grandeur<br />
mesurée <strong>et</strong> la mesure correspondante. Évaluer l'ordre de grandeur de l'erreur commise sur une mesure,<br />
<strong>au</strong>trem<strong>en</strong>t dit, s'intéresser à l'incertitude qui lui est liée, doit, de temps <strong>en</strong> temps, faire partie des activités<br />
des élèves.<br />
En troisième, on peut remarquer que de nombreuses grandeurs mesurées dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>t de<br />
facteurs physiques (température, pression...) susceptibles d'évoluer <strong>en</strong> fonction du temps de manière<br />
incontrôlée. D'<strong>au</strong>tres, comme les dim<strong>en</strong>sions d'une table rectangulaire <strong>en</strong> bois, le diamètre d'une sphère<br />
imparfaite, ne sont définies qu'avec une certaine précision.<br />
Ces réalités n’ont pas à être cachées (il ne f<strong>au</strong>t donc pas, pour "vérifier" la loi des courants dérivés<br />
i = i 1 +i 2 , choisir, comme on le fait parfois, des courants de 100 à 200 mA <strong>et</strong> utiliser pour les mesurer les<br />
calibres 10 A des trois ampèremètres utilisés !).<br />
Les observations liées <strong>au</strong> mesurage conduiront ainsi professeurs <strong>et</strong> élèves à prés<strong>en</strong>ter la plupart des<br />
mesures <strong>et</strong> calculs effectués <strong>en</strong> classe, avec, simplem<strong>en</strong>t, deux ou trois chiffres significatifs <strong>et</strong> l'emploi<br />
correct des multiples <strong>et</strong> sous-multiples des unités légales (m = 12,3 g ; V = 83 cm 3 ; P = 6,5 N ;<br />
g = 9,8 N/kg ; I = 24,5 mA ; U = 4,5 V ; R = 47,3 kΩ ; θ = 99,5°C ; P = 105 W ; ...).
2<br />
Certains résultats, ayant fait l'obj<strong>et</strong> d'une réflexion plus approfondie, pourront être donnés sous la forme<br />
d'un intervalle c<strong>en</strong>tré, comme, par exemple : g = (g o ± ∆g) N/kg. Dans ce cas, l'intervalle (g o -<br />
∆g, g o + ∆g) sera prés<strong>en</strong>té comme ayant "de fortes chances" de cont<strong>en</strong>ir la "vraie valeur" de g. Il s'agit de<br />
s<strong>en</strong>sibiliser à la notion d'incertitude, <strong>et</strong> non de faire œuvre définitive. Ne pas dire de choses f<strong>au</strong>sses, mais<br />
ne pas chercher non plus, à établir du premier coup la "doctrine" achevée, car c'est absolum<strong>en</strong>t<br />
impossible.<br />
2. Les chiffres significatifs<br />
2.1. Il s'agit d'un problème difficile : la manière dont on s'exprime dans la vie courante n'<strong>en</strong> favorise<br />
pas la solution qui, de toute manière, n'est pas simple. En ville, quand une personne dit qu'elle a payé sa<br />
voiture neuve 110 000 F, cela signifie généralem<strong>en</strong>t qu'elle ne considère comme significatifs que les<br />
seuls deux premiers chiffres non nuls de c<strong>et</strong>te somme alors que le prix réel, avec le plein d'ess<strong>en</strong>ce, la<br />
carte grise <strong>et</strong> les plaques minéralogiques, était peut être 113 875,23 F ou, <strong>au</strong>ssi bi<strong>en</strong>, 108 256,89 F. Si<br />
<strong>au</strong>cun des quatre zéros n'est considéré comme significatif, la "bonne" manière de procéder, indiquant que<br />
le prix P payé est compris <strong>en</strong>tre 105 000 F <strong>et</strong> 115 000 F (prix à 5 kF près <strong>en</strong> valeur absolue, ou <strong>en</strong>core à<br />
5 % près <strong>en</strong> valeur relative), consisterait à écrire P = 1,1 ×10 5 F ce qui apparaîtrait comme pédant. De<br />
même, si l'on désire indiquer que le prix est compris <strong>en</strong>tre 109 500 F <strong>et</strong> 110 500 F (prix à 500 F près <strong>en</strong><br />
valeur absolue ou à 0,5 % près <strong>en</strong> valeur relative), le premier zéro est un chiffre significatif, il f<strong>au</strong>drait<br />
dire que l'on a payé sa voiture 110 kF.<br />
2.2. En mathématiques, écrire m = 11 597 g, signifie que seul le dernier chiffre, 7, est incertain. On a<br />
donc 11 596,5 g ≤ m ≤ 11 597,5 g. En eff<strong>et</strong> si le résultat trouvé est 11 597,7 g, par exemple, alors la<br />
masse m, arrondie <strong>au</strong> gramme, devi<strong>en</strong>t 11 598 g . En physique, <strong>en</strong> l'abs<strong>en</strong>ce d'indication explicite sur<br />
l'incertitude attachée à m, on adm<strong>et</strong> que celle-ci est égale à une demi unité du dernier chiffre exprimé<br />
(voir par exemple P. Fleury <strong>et</strong> J.P. Mathieu, Mécanique physique, 4ème édition, 1965, page 42). Les<br />
écritures m = 11 597 g ou m = (11 597 ± 0,5) g sont donc équival<strong>en</strong>tes. En revanche, si l'on désire<br />
indiquer que l'incertitude ∆m sur m est de 1 g, par exemple, <strong>au</strong> s<strong>en</strong>s où l'intervalle (11 596 g , 11 598 g) a<br />
de fortes chances de cont<strong>en</strong>ir la vraie valeur de m, alors il f<strong>au</strong>t écrire m = (11 597 ± 1) g.<br />
Dans ce cas, on a donc mesuré une masse de plus de 10 kg à 1 g près, soit avec une précision relative<br />
∆m<br />
= 1 × 10 -4 . Si des précisions de c<strong>et</strong> ordre sont très facilem<strong>en</strong>t réalisées <strong>en</strong> métrologie, elles sont<br />
m<br />
rares dans la vie courante.<br />
Au collège, la précision relative des mesures est couramm<strong>en</strong>t de l'ordre de 10 -2 , soit 1 % <strong>en</strong> pourc<strong>en</strong>tage.<br />
Cela <strong>en</strong>traîne <strong>en</strong> général l'écriture des mesures avec deux ou trois chiffres significatifs, par exemple :<br />
m 1 = 11,6 kg ; m 2 = 8,7 g ; m 3 = 0,79 kg ; m 4 = 228 g.<br />
Dans certains cas (appareils neufs ou de très bonne qualité ayant fait l'obj<strong>et</strong> d'un suivi de maint<strong>en</strong>ance), la<br />
précision relative atteint 10 -3 . La mesure correspondante s'écrit alors avec 3 chiffres significatifs<br />
(m 3 = 795 g), ou quatre (U = 10,56 V).<br />
2.3. Dans les calculs où il y a des multiplications ou des divisions de grandeurs, du type z = x y ou<br />
z = x ∆z<br />
, la précision relative du résultat final ne peut être meilleure que celle de la grandeur la<br />
y z<br />
moins précise : le rapport ∆z<br />
∆x<br />
∆y<br />
est donc supérieur <strong>au</strong> plus grand des rapports ou .<br />
z x y<br />
Dans la phrase qui précède, les incertitudes ∆x, ∆y <strong>et</strong> ∆z sont telles qu’<strong>au</strong>x intervalles [x − ∆x, x + ∆x],<br />
[ y − ∆y , y + ∆ y]<br />
<strong>et</strong> [z − ∆z, z + ∆z] est attachée une probabilité ″assez grande″ (par exemple P ≈ 0,95) de cont<strong>en</strong>ir
3<br />
respectivem<strong>en</strong>t les valeurs exactes X, Y <strong>et</strong> Z : c’est c<strong>et</strong> aspect ″probabiliste″ qui est <strong>au</strong>jourd’hui universellem<strong>en</strong>t<br />
adopté y compris dans l’industrie. Avec c<strong>et</strong>te hypothèse probabiliste, la justification rigoureuse de l’inégalité<br />
précéd<strong>en</strong>te ne peut être effectuée que dans l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur, même si l’on peut, dès la classe Première S, la<br />
faire toucher du doigt. En revanche, si ∆x, ∆y <strong>et</strong> ∆z sont, comme <strong>en</strong> mathématiques, des majorants des erreurs<br />
commises sur x, y <strong>et</strong> z, ce résultat peut, dès le collège, être "justifié" sur des exemples numériques. Mais cela<br />
suppose que l’on se place dans une hypothèse que les élèves devront nécessairem<strong>en</strong>t abandonner dans la suite de<br />
leurs études : il v<strong>au</strong>t donc mieux adm<strong>et</strong>tre simplem<strong>en</strong>t ce ″théorème″ ; on se souvi<strong>en</strong>dra qu’il ne concerne pas les<br />
grandeurs z reliées à d’<strong>au</strong>tres (x <strong>et</strong> y par exemple) par une relation de la forme z = α x + β y .<br />
Pour illustrer ce ″théorème″, supposons l'on s'intéresse, afin, par exemple, de la comparer à la vitesse<br />
maximale annoncée, à la vitesse moy<strong>en</strong>ne v moy sur 1000 m d'une voiture qui, arrêtée <strong>au</strong> départ, parcourt<br />
c<strong>et</strong>te distance <strong>en</strong> 31,4 s. En l'abs<strong>en</strong>ce de précision supplém<strong>en</strong>taire sur ces mesures, nous remarquons que<br />
la distance L = 1000 m est donnée avec une précision relative de 0,5 × 10 -3 <strong>et</strong> la durée t avec une<br />
précision relative de 1,6 × 10 -3 . De ce fait, on ne peut donner la vitesse moy<strong>en</strong>ne v moy = L avec une<br />
t<br />
précision meilleure que 1,6 × 10 -3 . La bonne manière d'exprimer le résultat est donc v moy = 115 km/h. La<br />
vitesse 114,6 km/h est trop précise (précision relative de 0,44 × 10 -3 ), celle de 1,1 × 10 2 km/h (précision<br />
relative 45 × 10 -3 ) ne l'est pas assez. On ne comm<strong>et</strong> pas d'erreur grossière <strong>en</strong> remplaçant la règle cidessus<br />
par celle qui consiste à donner le résultat de la multiplication ou de la division avec un nombre<br />
de chiffres significatifs égal à celui de la donnée la moins précise.<br />
Pr<strong>en</strong>ons un <strong>au</strong>tre exemple : la mesure "à ch<strong>au</strong>d" d’une résistance a donné R = 47,2 Ω ; c<strong>et</strong>te résistance est<br />
parcourue par un courant d'int<strong>en</strong>sité I = 68 mA. On demande de calculer la t<strong>en</strong>sion U <strong>au</strong>x bornes de R.<br />
Observons qu'<strong>en</strong> l'abs<strong>en</strong>ce de précision supplém<strong>en</strong>taire, la donnée R = 47,2 Ω signifie que l'incertitude<br />
absolue sur R est de 0,05 Ω, soit une incertitude relative ∆R/R = 1 × 10 -3 . De même, <strong>et</strong> avec la même<br />
restriction, on fait l'hypothèse que ∆I/I = 7,3 × 10 -3 . Dans ces conditions, alors que le produit RI est égal à<br />
3,2096 V, la précision relative ∆U/U de la t<strong>en</strong>sion U = RI ne peut être meilleure que 7,3 × 10 -3 .<br />
L'incertitude ∆U est donc supérieure à 23 mV <strong>et</strong> l'on ne peut donc écrire U = 3,21 V, ce qui sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
que c<strong>et</strong>te incertitude est égale à 5 mV. Le résultat cohér<strong>en</strong>t avec les données, est donc U = 3,2 V.<br />
2.4. Le marquage des résistances radio m<strong>et</strong> bi<strong>en</strong> l’acc<strong>en</strong>t sur les chiffres significatifs : on ne peut que<br />
recommander son utilisation.<br />
Pour les résistances habituelles (de tolérance 5 % ou 10 %), deux cercles de couleur indiqu<strong>en</strong>t les<br />
chiffres significatifs, un troisième le multiplicateur <strong>et</strong> le quatrième la tolérance (ou précision relative).<br />
Ainsi, une résistance comportant un cercle bleu (6), un gris (8), un j<strong>au</strong>ne (4) <strong>et</strong> un doré a pour valeur<br />
nominale 68 × 10 4 Ω soit 0,68 MΩ à 5 % près, <strong>et</strong> non, comme on le voit parfois écrit <strong>au</strong> table<strong>au</strong>,<br />
680 000 Ω ni même 680 kΩ. Le fabricant garantit <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> que, dans les limites normales prévues pour<br />
son fonctionnem<strong>en</strong>t (limites portant sur la température ambiante <strong>et</strong> la puissance dissipée), sa valeur est<br />
comprise <strong>en</strong>tre 646 kΩ <strong>et</strong> 714 kΩ <strong>et</strong> non <strong>en</strong>tre 679 999,5 Ω <strong>et</strong> 680 000,5 Ω ni <strong>en</strong>tre 679,5 kΩ <strong>et</strong> 680,5 kΩ<br />
ce qui supposerait <strong>en</strong>core une précision meilleure que 10 -3 Ω.<br />
2.5. L'emploi des puissances de 10 pour l'écriture des résultats, ou de "la notation ingénieur"<br />
recommandée dans le programme de mathématiques de la classe de quatrième, ou, ce qui revi<strong>en</strong>t<br />
pratiquem<strong>en</strong>t <strong>au</strong> même, l'emploi courant des multiples <strong>et</strong> sous multiples des unités légales, est<br />
indisp<strong>en</strong>sable pour maîtriser la question des chiffres significatifs. Nous devons, <strong>en</strong> physique-chimie,<br />
habituer les élèves, dès le collège, à ne pas considérer comme totalem<strong>en</strong>t équival<strong>en</strong>tes des mesures<br />
différant les unes des <strong>au</strong>tres par le nombre de chiffres significatifs. En particulier, les exercices de<br />
"conversions d'unités", nombreux, à juste titre, dans les manuels, devrai<strong>en</strong>t veiller <strong>au</strong> respect de ces<br />
nombres : si la capacité V d'une citerne est 2,75 m 3 , elle peut certes s'exprimer <strong>en</strong> mL, mais <strong>en</strong> écrivant<br />
V = 2,75 × 10 6 mL <strong>et</strong> non V = 2 750 000 mL, car c<strong>et</strong>te dernière écriture, qui sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d que la capacité<br />
est connue <strong>au</strong> millilitre près, n'est pas équival<strong>en</strong>te à l'information initiale. De même, la consommation
4<br />
journalière <strong>en</strong> charbon d'une ch<strong>au</strong>dière d'immeuble est 15 tonnes (ou 15,0 t si elle varie très peu) plutôt<br />
que 15 000 000 grammes !<br />
Donnons <strong>en</strong>core l'exemple de la distance moy<strong>en</strong>ne de la Terre <strong>au</strong>tour du Soleil (moy<strong>en</strong>ne temporelle), il<br />
s'agit de "l'unité astronomique" très proche de la longueur du demi grand axe de l'orbite de la Terre<br />
<strong>au</strong>tour du Soleil :<br />
1 UA = 1,495 978 70 × 10 11 m. On pr<strong>en</strong>d souv<strong>en</strong>t, à juste titre, pour valeur arrondie de c<strong>et</strong>te distance,<br />
c<strong>en</strong>t cinquante millions de kilomètres. Mais cela doit s'écrire :<br />
1 UA = 1,50 × 10 8 km, ou 1 UA = 1,50 × 10<br />
11 m, <strong>et</strong> non 150 000 000 km. C<strong>et</strong>te dernière écriture, <strong>en</strong> eff<strong>et</strong>,<br />
semble donner la valeur de l'unité astronomique arrondie <strong>au</strong> kilomètre, alors que la valeur r<strong>et</strong><strong>en</strong>ue par les<br />
astronomes <strong>en</strong> diffère de 402 130 km.<br />
2.6. La grandeur mesurée, varie parfois quelque peu, de manière non maîtrisée<br />
Pr<strong>en</strong>ons le cas de la résistance d'un dipôle ohmique classique de valeur nominale 47 Ω à 5 % près<br />
(résistance "radio" portant les cercles j<strong>au</strong>ne, viol<strong>et</strong>, noir <strong>et</strong> doré). C<strong>et</strong>te résistance est comprise <strong>en</strong>tre<br />
44, 5 Ω <strong>et</strong> 49,5 Ω, mais, <strong>en</strong> général, elle est plus proche de 47 Ω que ne le laisse p<strong>en</strong>ser la largeur de c<strong>et</strong><br />
intervalle. Mesurée à l'aide d'un ohmmètre fournissant 4 chiffres significatifs, on obti<strong>en</strong>dra par exemple<br />
R = 46,93 Ω à la température de la salle. Supposons qu'il s'agisse d'une résistance destinée à être insérée<br />
dans un montage <strong>et</strong> capable de dissiper <strong>au</strong> maximum la puissance 0,5 W ce qui advi<strong>en</strong>t lorsque la t<strong>en</strong>sion<br />
à ses bornes atteint 4,8 V. Quand on applique effectivem<strong>en</strong>t c<strong>et</strong>te t<strong>en</strong>sion, la température moy<strong>en</strong>ne de la<br />
résistance radio <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>te souv<strong>en</strong>t d'une quinzaine de degrés <strong>et</strong>, lorsque l'équilibre thermique est atteint,<br />
la nouvelle valeur de R, mesurée avec le même ohmmètre devi<strong>en</strong>t par exemple R' = 46,73 Ω. D'ailleurs,<br />
<strong>en</strong> serrant simplem<strong>en</strong>t la résistance <strong>en</strong>tre le pouce <strong>et</strong> l'index, la valeur affichée passe alors, par exemple,<br />
de 46,93 Ω à 46,82 Ω <strong>en</strong> une ou deux minutes si la température de la résistance varie d'une dizaine de<br />
degrés <strong>au</strong> cours de c<strong>et</strong>te opération (ce qui peut être le cas si la température de la salle est voisine<br />
de 18°C).<br />
R varie donc avec la température <strong>et</strong> l'<strong>en</strong>semble de ses valeurs, correspondant à un usage "normal", à<br />
température ambiante constante, occupe une plage de largeur voisine de 0,2 Ω.<br />
On <strong>en</strong> tire tout de suite une première conséqu<strong>en</strong>ce : le quatrième chiffre significatif donné par l'appareil,<br />
correspondant à 10 mΩ, n'a pas à être conservé puisqu'une variation de température de quelques degrés,<br />
couramm<strong>en</strong>t subie par la résistance, <strong>en</strong>traîne une variation de R dix fois supérieure (0,1 Ω) : on peut<br />
r<strong>et</strong><strong>en</strong>ir R = 46,9 Ω comme valeur de la résistance à la température de la salle <strong>et</strong> R = 46,7 Ω lorsque la<br />
résistance s'est éch<strong>au</strong>ffée <strong>en</strong> dissipant sa puissance maximale (c'est la valeur "à ch<strong>au</strong>d"). Si la puissance<br />
dissipée par la résistance est susceptible de varier <strong>en</strong>tre 0 <strong>et</strong> 0,5 W, on estimera mieux sa valeur moy<strong>en</strong>ne<br />
R <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant la demi-somme de ces deux valeurs, soit R = 46,8 Ω.<br />
On peut minimiser de telles variations <strong>en</strong> choisissant bi<strong>en</strong> son matériel. Dans le cas particulier précéd<strong>en</strong>t,<br />
(résistance de 47 Ω soumise à des t<strong>en</strong>sions comprises <strong>en</strong>tre 0 <strong>et</strong> 5 V), supposons que l'on utilise une<br />
résistance métallique conçue pour pouvoir dissiper 50 W. Celle-ci est construite pour que sa variation<br />
n'excède pas 0,2 Ω lorsqu'elle dissipe effectivem<strong>en</strong>t 50 W (sa température <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>te alors d'une c<strong>en</strong>taine<br />
de degrés Celsius). Ainsi, pour de faibles variations de température (5 ou 6°C), correspondant à des<br />
courants inférieurs à 0,3 A, la valeur d'une telle résistance métallique est-elle bi<strong>en</strong> définie à 10 mΩ près.<br />
Nous v<strong>en</strong>ons d'aborder le cas d'une grandeur qui varie quelque peu <strong>en</strong> fonction de la température. On<br />
peut aisém<strong>en</strong>t observer que d'<strong>au</strong>tres grandeurs, que l'on souhaiterait constantes, dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>t de<br />
paramètres extérieurs :<br />
La température d'un liquide que l'on ch<strong>au</strong>ffe par le fond du cont<strong>en</strong>ant, ou qui se refroidit par sa surface
5<br />
libre, ou d'un liquide qui bout, n'est pas parfaitem<strong>en</strong>t homogène : <strong>au</strong> collège, on peut espérer déterminer<br />
une telle température <strong>au</strong> demi degré Celsius près, mais non <strong>au</strong> dixième.<br />
L'int<strong>en</strong>sité du courant qui circule dans un circuit varie toujours un peu avec le temps, parce que les<br />
résistances du circuit <strong>et</strong> le générateur s'éch<strong>au</strong>ff<strong>en</strong>t (ou la pile s'use) : on constate facilem<strong>en</strong>t qu'un courant<br />
réglé à la valeur i = 100,0 mA, dérive par exemple jusqu'à 99,5 mA <strong>en</strong> quelques minutes.<br />
La masse d'un liquide varie, lorsqu'il se trouve dans un récipi<strong>en</strong>t non fermé, parce que le liquide s'évapore<br />
plus ou moins rapidem<strong>en</strong>t.<br />
Les variations <strong>au</strong> cours du temps de la valeur efficace U de la t<strong>en</strong>sion du secteur, voisine de 230 V, sont<br />
<strong>en</strong> général largem<strong>en</strong>t supérieures à 1 V.<br />
Le pH d'une solution aqueuse faiblem<strong>en</strong>t conc<strong>en</strong>trée, laissée à l'air libre dans une salle de classe occupée,<br />
peut varier avec le temps car du dioxyde de carbone s'y dissout, <strong>et</strong>c.…<br />
2.7. Les erreurs des appareils de mesure <strong>et</strong> des manipulateurs<br />
Lorsque l'on désire vérifier si les indications de trois ampèremètres différ<strong>en</strong>ts, utilisés pour mesurer I, I 1<br />
<strong>et</strong> I 2 , sont <strong>en</strong> conformité avec la loi I = I 1 + I 2 des courants dérivés, il arrive couramm<strong>en</strong>t, avec les<br />
appareils numériques actuels, que les mesures respectives î, î 1 <strong>et</strong> î 2 des int<strong>en</strong>sités I, I 1 <strong>et</strong> I 2 ne satisfass<strong>en</strong>t<br />
pas rigoureusem<strong>en</strong>t à l'égalité î = î 1 + î 2 . Il ne f<strong>au</strong>t bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> laisser déduire que la loi n'est<br />
qu'approchée, mais traiter la difficulté. Supposons par exemple qu'on utilise des appareils assez réc<strong>en</strong>ts<br />
dont la notice indique que l'incertitude ∆i attachée à chaque mesure est telle que ∆i = 1 % VL + 1 UR :<br />
VL est la valeur lue, tandis que le sigle 1 UR (une unité de représ<strong>en</strong>tation), signifie que l'on doit ajouter<br />
la valeur correspondant à une unité du dernier chiffre affiché. Par exemple, si î = 187,2 mA, alors<br />
1 % VL = 1,9 mA <strong>et</strong> 1 UR = 0,1 mA soit ∆i = 2,0 mA.<br />
Les mesures î 1 = 50,1 mA, î 2 = 138,6 mA, <strong>et</strong> î = 187,2 mA, par exemple, ne m<strong>et</strong>t<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> c<strong>au</strong>se l'égalité<br />
I = I 1 + I 2 , <strong>et</strong> pourtant î 1 + î 2 = 188,7 mA ≠ î = 187,2 mA.<br />
Elles sont même parfaitem<strong>en</strong>t compatibles avec elle puisque la différ<strong>en</strong>ce (î 1 + î 2 ) − î = 1,5 mA est<br />
inférieure à la seule incertitude ∆i = 2,0 mA.<br />
Remarque 1 : Les mesures î, î 1 <strong>et</strong> î 2 sont respectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tachées des erreurs ε i = î − I, ε i1 = î 1 − I 1 , <strong>et</strong><br />
εi 2<br />
= î 2<br />
− I 2 . Si les incertitudes ∆i, ∆i 1 <strong>et</strong> ∆i 2 indiquées par le constructeur étai<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t les<br />
+ + mA<br />
majorants respectifs de | ε i |, | ε i1 | <strong>et</strong> | ε i2 |, alors la somme (∆i + ∆i 1 + ∆i 2 ) soit ( 20 , 06 , 15 , )<br />
= 4,1 mA, serait bi<strong>en</strong> un majorant de la différ<strong>en</strong>ce (î 1<br />
+ î 2<br />
− î ). Mais ce n’est généralem<strong>en</strong>t pas le cas :<br />
l'expéri<strong>en</strong>ce montre <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> que les incertitudes annoncées ∆i, ∆i 1 <strong>et</strong> ∆i 2 ne sont pas des majorants de<br />
| ε i<br />
|, | ε i1 | <strong>et</strong> | ε i2 | mais seulem<strong>en</strong>t les demi-largeurs d'intervalles ayant une probabilité P
6<br />
La justification de c<strong>et</strong>te expression exige des développem<strong>en</strong>ts mathématiques absolum<strong>en</strong>t incompatibles avec le<br />
nive<strong>au</strong> du collège ou même celui du lycée. En revanche, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> des classes post-baccal<strong>au</strong>réat, une fois acquis le<br />
théorème selon lequel la variance d'une somme algébrique de variables aléatoires indép<strong>en</strong>dantes est égale à la<br />
somme des variances de ces variables, c<strong>et</strong>te propriété est aisém<strong>en</strong>t justifiable.<br />
Au nive<strong>au</strong> du collège, il n'y a pas lieu d'évoquer le calcul de l'incertitude d'une somme algébrique à<br />
partir des incertitudes de chacun des termes de celle-ci.<br />
Remarque 2 : Au collège, comme <strong>en</strong> classe de Seconde, où les appareils ne sont généralem<strong>en</strong>t pas de très<br />
grande qualité, le calcul de l'incertitude sur une mesure donnée par un appareil à l'aide de sa notice est un<br />
peu risqué. Parfois, <strong>en</strong> eff<strong>et</strong>, après un ou deux ans d'usage, les appareils de bas de gamme se dérègl<strong>en</strong>t<br />
quelque peu <strong>et</strong> il arrive que la valeur exacte de la grandeur mesurée par l'un d'eux soit n<strong>et</strong>tem<strong>en</strong>t<br />
extérieure à l'intervalle calculé d’après la notice.<br />
Pr<strong>en</strong>ons un exemple réel : dans un établissem<strong>en</strong>t, on a placé <strong>en</strong> série 20 multimètres numériques à<br />
2 000 points, utilisés <strong>en</strong> ampèremètres : il s'agit d'un lot d'appareils id<strong>en</strong>tiques, utilisés depuis plusieurs<br />
années. Pour le calibre utilisé (200 mA), la notice commune indique que l'incertitude ∆i se détermine par<br />
l'expression : ∆i = 1 % VL + 1UR.<br />
L'int<strong>en</strong>sité mesurée I étant voisine de 96 mA, on <strong>en</strong> déduit ∆i = 1,1 mA. Si les appareils étai<strong>en</strong>t neufs,<br />
<strong>en</strong>tre la plus grande <strong>et</strong> la plus p<strong>et</strong>ite de leurs indications, la différ<strong>en</strong>ce ne devrait guère dépasser<br />
2 ∆= i 2,2 mA. Or, les différ<strong>en</strong>tes indications des appareils, rangées par ordre croissant, <strong>et</strong> exprimées <strong>en</strong><br />
milliampères sont :<br />
94,1 ; 94,8 ; 94,8 ; 94,9 ; 95,0 ; 95,0 ; 95,1 ; 95,1 ; 95,1 ; 95,1 ; 95,1 ; 95,2 ; 95,4 ; 97,7 ; 98,2 ; 98,4 ;<br />
99,6 ; 99,7 ; 100,8 ; 101,5.<br />
On constate que l'ét<strong>en</strong>due r = î max − î min est égale à 6,4 mA : elle est donc <strong>en</strong>viron trois fois plus grande<br />
que ce que laissait prévoir la notice, par conséqu<strong>en</strong>t ces appareils ne sont plus conformes à ce que prédit<br />
c<strong>et</strong>te dernière.<br />
Sans être toujours <strong>au</strong>ssi marqué que dans l'exemple précéd<strong>en</strong>t, le fait est tout de même assez fréqu<strong>en</strong>t. La<br />
meilleure solution consisterait à réétalonner les appareils lorsque, comme précédemm<strong>en</strong>t, leurs<br />
performances collectives réelles contredis<strong>en</strong>t la notice. Sans cela, nous verrons qu'il est tout de même<br />
possible de réévaluer globalem<strong>en</strong>t leur incertitude.<br />
Remarque 3 : Les incertitudes dues <strong>au</strong>x appareils peuv<strong>en</strong>t se combiner avec d'<strong>au</strong>tres. Supposons que l'on<br />
utilise un ohmmètre relativem<strong>en</strong>t neuf : lorsqu'il affiche R = 46,82 Ω la notice indique que la précision<br />
relative de c<strong>et</strong>te mesure est telle que ∆R = 0,5 % VL + 1 UR, ce qui correspond à<br />
∆ 1 R = (0,23 + 0,01) Ω = 0,24 Ω. En principe, donc, le constructeur garantit que s'il affiche 46,82 Ω,<br />
l'ohmmètre a mesuré une résistance comprise <strong>en</strong>tre 46,58 Ω <strong>et</strong> 47,06 Ω (il est plus réaliste de dire que<br />
l'intervalle {46,58 Ω, 47,06 Ω} a de fortes chances de cont<strong>en</strong>ir la valeur exacte de R). Supposons donc<br />
ceci réalisé pour une résistance "radio" à la température de la salle. Si, comme nous l'avons vu plus h<strong>au</strong>t,<br />
la température de la résistance est susceptible de varier <strong>au</strong> cours de la séance de travail, l'incertitude ∆ 2 R<br />
due à c<strong>et</strong>te variation, dont nous avons vu qu'elle est voisine de 0,1 Ω, se combine à ∆ 1 R = 0,24 Ω. S<strong>au</strong>f<br />
cas particulier, le signe de la variation est a priori imprévisible, <strong>au</strong>ssi conçoit-on que l'incertitude finale,<br />
∆R, soit supérieure à la fois à ∆ 1 R <strong>et</strong> à ∆ 2 R.<br />
On <strong>en</strong> restera là. On ne posera pas, <strong>en</strong> particulier, ∆R = ∆ 1 R + ∆ 2 R, ce qui conduit <strong>au</strong> résultat<br />
R = 46,8 Ω ± 0,35 Ω, expression dans laquelle l'incertitude ∆R est généralem<strong>en</strong>t trop grande.<br />
2<br />
2<br />
L’expression ∆ R = ∆1R<br />
+ ∆<br />
2R<br />
qui conduit à ∆R = 0,27 Ω est plus réaliste, mais son utilisation <strong>au</strong><br />
nive<strong>au</strong> du collège est exclue. Il reste que le résultat R = 46,8 Ω ± 0,3 Ω serait certainem<strong>en</strong>t le bon.
7<br />
Remarque 4 : Tout comme des ampèremètres montés <strong>en</strong> série n'indiqu<strong>en</strong>t pas tout à fait la même<br />
int<strong>en</strong>sité, plusieurs thermomètres, placés dans le même bain homogénéisé, n'indiqu<strong>en</strong>t pas<br />
rigoureusem<strong>en</strong>t la même température ; plusieurs balances, soumises à la même masse ou <strong>au</strong> même poids,<br />
ne donn<strong>en</strong>t pas le même résultat (parfois, une même balance donne une indication qui varie légèrem<strong>en</strong>t<br />
avec l'<strong>en</strong>droit où l'on place la masse à mesurer) <strong>et</strong>c.<br />
On peut profiter de ces observations pour évaluer l'ordre de grandeur de l'incertitude qui affecte une<br />
mesure d'élève quand il utilise, dans des conditions voisines, l'un de ces appareils pris <strong>au</strong> hasard. Il est<br />
alors possible d’indiquer <strong>au</strong>x élèves, sans justification, quelle incertitude ils peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre (il ne s'agit<br />
<strong>en</strong> <strong>au</strong>cune manière de leur imposer des calculs).<br />
Exemple : supposons que le mesurage d'une même masse m, effectuée par neuf élèves différ<strong>en</strong>ts utilisant<br />
neuf balances différ<strong>en</strong>tes (n = 9), mais de caractéristiques nominales id<strong>en</strong>tiques, ait donné les résultats<br />
ordonnés suivants, exprimés <strong>en</strong> grammes :<br />
109,5 ; 109,7 ; 109,8 ; 110,0 ; 110,0 ; 110,0 ; 110,1 ; 110,1 ; 110,3.<br />
Nous constatons qu'<strong>au</strong>cune de ces 9 mesures ne s'écarte s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t des <strong>au</strong>tres, <strong>au</strong>ssi ne peut-on<br />
suspecter <strong>au</strong>cune des balances d'être f<strong>au</strong>sse. L'ét<strong>en</strong>due r de ces mesures (différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre la plus grande<br />
mesure <strong>et</strong> la plus p<strong>et</strong>ite), est égale à 0,8 g. Dans ces conditions, on peut faire adm<strong>et</strong>tre le résultat<br />
suivant : lorsque l'on utilise l'une de ces balances, prise <strong>au</strong> hasard, pour mesurer une masse d'une<br />
c<strong>en</strong>taine de grammes <strong>et</strong> que l'on trouve le résultat m = m i , la valeur exacte de la masse mesurée a de<br />
fortes chances (de l'ordre de 95 sur 100) de se trouver dans l'intervalle (m i − 0,7 r, m i + 0,7 r).<br />
Ici, puisque r = 0,8 g, la quantité 0,7 r, qui représ<strong>en</strong>te l'incertitude absolue sur une mesure <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de<br />
confiance 95 % est égale à 0,56 g ; comme il s’agit seulem<strong>en</strong>t de donner des ordres de grandeur,<br />
arrondissons-la à 0,6 g : on dira qu'il y a <strong>en</strong>viron 95 chances sur c<strong>en</strong>t pour que, lorsqu'un élève utilise une<br />
balance de ce type prise <strong>au</strong> hasard (parmi toutes celles qui exist<strong>en</strong>t <strong>et</strong> pas nécessairem<strong>en</strong>t dans la<br />
collection du collège) <strong>et</strong> trouve le résultat mi, la vraie valeur de m se trouve dans l'intervalle<br />
( mi<br />
− 06 , g , mi<br />
+ 06 , g)<br />
. Par exemple, l'élève obt<strong>en</strong>ant dans ces conditions m 3 = 109,8 g, peut donner<br />
comme intervalle d'incertitude (109,2 g, 110,4 g) ou écrire m 1<br />
= (109,8 ± 0,6) g.<br />
Donnons quelques indications sur la manière d'obt<strong>en</strong>ir ce résultat : nous supposons que les 9 mesures de m sont<br />
tirées d'une population g<strong>au</strong>ssi<strong>en</strong>ne d'écart type σ. Dans ce cas, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, l'ét<strong>en</strong>due r d'un échantillon de 9 valeurs<br />
est égale à 2,98 σ <strong>au</strong>ssi estime-t-on σ par s = r / 2,98. L'incertitude, que l'on pr<strong>en</strong>d généralem<strong>en</strong>t égale à 2 fois l'écart<br />
type σ, peut donc être estimée par 2 r / 2,98 = 0,67 r, soit <strong>en</strong>viron 0,7 r.<br />
Dans le cas de n = 6, nous estimons 2 σ par 2 r / 2,54 ≈ 0,8 r ; pour n = 12 par 2 r / 3,26 ≈ 0,6 r.<br />
On peut égalem<strong>en</strong>t estimer σ à partir de l'estimateur habituel s = σ n-1 qui est directem<strong>en</strong>t accessible sur la plupart des<br />
calcul<strong>et</strong>tes : ici, σ n-1 = 0,24 g, on estime par conséqu<strong>en</strong>t l'incertitude ∆m sur une mesure, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de confiance 95<br />
%, par la quantité 2 σ n-1 , soit 0,48 g, ou, mieux : 0,5 g.<br />
Ce résultat est <strong>en</strong> réalité très proche du précéd<strong>en</strong>t car sans arrondi, la quantité 0,67 r est égale à 0,54 g .<br />
Remarque 5 : Si les élèves <strong>et</strong> les balances ont été supposés différ<strong>en</strong>ts, c'est pour pouvoir considérer que<br />
les 9 mesures obt<strong>en</strong>ues sont indép<strong>en</strong>dantes : dans le cas contraire (9 élèves mesurant successivem<strong>en</strong>t la<br />
masse d'un même obj<strong>et</strong> avec une même balance qui peut introduire une erreur systématique, ou un seul<br />
élève, pouvant être très malhabile ou très adroit, effectuant 9 mesures avec des balances différ<strong>en</strong>tes, <strong>et</strong>c.),<br />
elles serai<strong>en</strong>t plus ou moins fortem<strong>en</strong>t "liées", ou, <strong>en</strong> langage savant, corrélées. Or le coeffici<strong>en</strong>t 0,7<br />
interv<strong>en</strong>ant ci-dessus suppose que les mesures sont indép<strong>en</strong>dantes <strong>et</strong>, a priori, de même qualité. S'il n'<strong>en</strong><br />
est pas ainsi, l'intervalle d'incertitude doit être plus ou moins élargi.<br />
Autre exemple de mesures corrélées : une longueur L peut être considérée comme la somme de deux<br />
longueurs L 1 <strong>et</strong> L 2 . Deux élèves mesur<strong>en</strong>t L 1 <strong>et</strong> obti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t deux résultats λ' 1 <strong>et</strong> λ" 1 . Ils font alors appel à<br />
un troisième pour mesurer L 2 <strong>et</strong> celui-ci trouve λ 2 . Les sommes λ' = λ' 1 + λ 2 <strong>et</strong> λ" = λ" 1 + λ 2<br />
constitu<strong>en</strong>t
8<br />
bi<strong>en</strong> deux mesures de L = L 1 + L 2 , mais ce sont deux mesures corrélées <strong>et</strong> non deux mesures<br />
indép<strong>en</strong>dantes.<br />
Remarque 6 : La s<strong>en</strong>sibilité d'une balance varie avec la masse qu'on mesure : notre étude ayant été m<strong>en</strong>ée<br />
à propos d'une masse de l'ordre de 100 grammes, l'incertitude absolue de 0,5 g que nous avons<br />
déterminée n'est valable que pour des mesures voisines (par exemple de 80 à 120g). Pour des masses de<br />
l'ordre de 10 grammes, par exemple, ou de 500 grammes, il f<strong>au</strong>drait recomm<strong>en</strong>cer l'opération <strong>et</strong> les<br />
incertitudes serai<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes.<br />
Remarque 7 : Dans le cas précis qui vi<strong>en</strong>t d'être décrit, la moy<strong>en</strong>ne µ des 9 mesures (109,94 g) constitue<br />
le meilleur résultat collectif que l'on puisse donner pour la mesure de m à l'issue de l'opération de<br />
comparaison des indications des 9 balances. La notion de moy<strong>en</strong>ne étant <strong>au</strong> programme de<br />
mathématiques de la classe de quatrième, on pourra, dès le collège, r<strong>et</strong><strong>en</strong>ir que la moy<strong>en</strong>ne de plusieurs<br />
mesures indép<strong>en</strong>dantes est le meilleur estimateur de la grandeur mesurée.<br />
On montre par ailleurs <strong>en</strong> mathématiques (calcul des probabilités) que la vraie valeur de la masse<br />
mesurée à l'aide des 9 balances précéd<strong>en</strong>tes, a de fortes chances (95 chances sur c<strong>en</strong>t) d'appart<strong>en</strong>ir à<br />
l'intervalle (109,94 g ± 0,19 g ) soit (109,75 g ; 110,13 g) : <strong>en</strong> eff<strong>et</strong> la mise <strong>en</strong> commun de plusieurs<br />
résultats indép<strong>en</strong>dants améliore la précision.<br />
Indiquons, pour les seuls professeurs, ce sur quoi repose ce résultat :<br />
• estimation de l'écart-type de la mesure individuelle de m : σ n-1 = 0,240 g ;<br />
• estimation de l'écart-type de la moy<strong>en</strong>ne µ des 9 pesées, considérée comme une nouvelle variable aléatoire :<br />
σn<br />
−1<br />
0,<br />
240 g<br />
σµ = = = 0, 080 g<br />
9 3<br />
• calcul de la demi-largeur de l'intervalle de confiance de µ <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de confiance 95% :<br />
σ<br />
n-1<br />
∆µ = t = 2,31 × 0,08 = 0,185 g ≈ 0,19 g<br />
9<br />
Dans c<strong>et</strong>te expression, t est le coeffici<strong>en</strong>t de Stud<strong>en</strong>t correspondant à 9 mesures <strong>et</strong> à la probabilité P = 0,95 r<strong>et</strong><strong>en</strong>ue<br />
pour que l’intervalle considéré conti<strong>en</strong>ne la vraie valeur de m.<br />
La plupart des considérations qui précèd<strong>en</strong>t sont bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du <strong>au</strong> seul usage des professeurs. Au cours de<br />
la première étape de s<strong>en</strong>sibilisation des élèves <strong>au</strong>x résultats de mesure, il importe surtout d'être att<strong>en</strong>tif à<br />
la notion de chiffres significatifs <strong>et</strong> à la cohér<strong>en</strong>ce des résultats de certains calculs. A l'occasion de telle<br />
ou telle manipulation, on pourra m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce que certaines grandeurs sont définies avec une<br />
certaine imprécision (h<strong>au</strong>teur d'une colonne de liquide dans un tube, distance focale d'une l<strong>en</strong>tille <strong>en</strong><br />
lumière blanche..), tandis que d'<strong>au</strong>tres peuv<strong>en</strong>t légèrem<strong>en</strong>t varier <strong>en</strong> fonction de paramètres physiques<br />
non maîtrisés : on <strong>en</strong> déduira le nombre de chiffres significatifs à conserver. Mais ceci ne fera pas l'obj<strong>et</strong><br />
d'un cours.<br />
De même c'est lorsque l'occasion se prés<strong>en</strong>tera, c'est à dire, peut-être une ou deux fois dans l'année, que<br />
l'on effectuera plusieurs mesures indép<strong>en</strong>dantes d'une même grandeur dans le but de m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce<br />
la dispersion naturelle des mesures. Une telle occasion perm<strong>et</strong> <strong>au</strong> professeur d'évaluer l'incertitude sur<br />
une mesure individuelle. Si, <strong>en</strong> outre la grandeur mesurée prés<strong>en</strong>te de l'intérêt, il f<strong>au</strong>t <strong>en</strong> profiter pour<br />
l'estimer par la moy<strong>en</strong>ne des mesures, celles-ci étant indép<strong>en</strong>dantes <strong>et</strong> effectuées dans les mêmes<br />
conditions : on sera généralem<strong>en</strong>t surpris de la précision d'une telle évaluation.<br />
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