Reportage Texte et Photos : Thierry Clemens <strong>Embrun</strong>, plus vieux d’un an... C’était trop tentant, faire de ce vingt-cinquième anniversaire un jeu de mots. Comme un air de tempête sur une épreuve qui nous a réservé quelques surprises. Zeus, Mars et Jupiter se sont invités à table, ont salué les héros modernes avant de couronner les plus courageux. C’est l’orage qui nous sort de la nuit, l’orage ou la tempête. <strong>Le</strong> ciel s’illumine pour laisser apparaître des tonnes d’eau. Nous pensons tout de suite aux triathlètes qui sont en train de se préparer, de prendre leur dernier repas d’avant course. Nous pensons à la coutume qui est, pour la plupart, de dormir sous la fine toile d’une tente. Nous pensons <strong>enfin</strong> aux organisateurs. Un instant le doute s’installe. <strong>Le</strong> parc doit maintenant se confondre avec le lac. La course va t’elle avoir lieu ? 5 h du matin… <strong>Le</strong>s éléments semblent vouloir se calmer. L’orage a laissé la place à une timide averse et le spectacle est surréaliste. <strong>Le</strong>s triathlètes ignorent tout simplement le signe des dieux. Ils traversent le parking qui les conduit au parc comme si de rien n’était. Rares sont ceux qui lèvent la tête en espérant distinguer les étoiles, encore plus rares sont ceux qui, dans un moment de faiblesse, ont pu penser ne pas être au départ de ce vingt-cinquième rendez vous avec le mythe. <strong>Embrun</strong> célèbrera son anniversaire et ce n’est pas quelques malheureux centimètres d’eau aux pieds des athlètes qui vont empêcher de souffler les bougies d’un gâteau qu’ils préparent tous, organisateurs et concurrents, depuis plusieurs mois. 6 h du matin… Comme chaque année la magie est au rendez-vous. <strong>Le</strong>s triathlètes sont en ligne face à euxmêmes. Comme chaque année le départ sera donné dans le noir et comme toujours, l’émotion et le plaisir se conjuguent avec la crainte de cette journée, de cette longue journée. <strong>Le</strong>s filles ont eu l’honneur de plonger les premières, il y a des absentes, mais la tête de course nous laisse présager un beau duel, Bella Comerford est revenue après une courte absence et Audrey Cleau aimerait, pour la deuxième année consécutive, inscrire son nom sur la plus haute marche du podium. C’est Bella qui prend les choses en main et se détache dès les premiers mètres, bien décidée à se mettre à l’abri des regards de ses poursuivantes. L’écart se creuse et, si Audrey semble plus à l’aise dans l’eau cette saison, rien ne semble arrêter la Britannique. Elle sortira devant, loin devant, un peu comme si elle craignait le retour des hommes, lancés quelques minutes plus tard à sa poursuite. Des hommes qui connaissent la course et font preuve de sagesse. <strong>Le</strong>s favoris occupent la tête sans en rajouter, simplement imposer un tempo qui peut laisser des traces dans l’organisme des « moins bon nageurs ». La journée sera longue, le travail de gestion commence dès les premiers mouvements de bras. La transition est plus longue que d’habitude, les gestes sont gênés par des flaques, véritables petits lacs, qui occupent la majeure partie du parc. <strong>Le</strong>s triathlètes, par prudence, ont également décidé de se couvrir un peu plus. Une veste vient se rajouter, les bras nus sont très rares et certains choisissent même de couvrir, au moins en partie, leurs jambes. Bella Comerford s’offre le luxe de partir avant certains favoris masculins. Audrey est bien placée. Filles et garçons s’élancent ensemble pour la partie cycliste, la rampe qui permet de sortir d’<strong>Embrun</strong> est avalée comme si les concurrents s’élançaient pour un sprint. La recette est simple, au moins pour la tête de course. Il faut avoir trouvé sa place dans la meute avant la fin de la première boucle vélo, au risque de s’installer définitivement dans un faux rythme. <strong>Le</strong> carrefour qui mène aux Orres propose un repère idéal, les favoris sont en tête à cet endroit et ceux qui manquent à l’appel ont déjà du souci à se faire. Stephen Bayliss, Xavier <strong>Le</strong> <strong>Floch</strong>, Marcel Zamora, Patrick Bringer, Gilles Reboul… Ils sont tous là et d’autres habitués, comme Thierry Claes, Laurent Urban, Eric Monnet ou Thierry Zieger… mènent la chasse pour revenir au plus près. Chez les filles, Bella Comerford s’est installée en tête, Audrey Cleau la suit à distance et, derrière, un groupe espère une troisième place ou la défaillance des deux favorites. Nous reconnaissons Catherine Houseaux ou encore Aline Choretier. La course est lancée, tout le monde est à sa place et attend maintenant un autre épisode de la journée.