Document de travail No. 57 - Unesco

Croissance industrielle dans les villes petites et moyennes
et leur intégration verticale :
le cas de Godindgarth, Penjab, Inde
Amitabh Kundu et Sutinder Bhatia
Le fait que de nombreuses organisations nationales et internationales préconisent un nouveau
système de gestion dans les pays en développement, fondé sur le principe de l'efficacité du marché
et la restructuration du système institutionnel existant, pour stimuler le développement économique
dans les villes, atteste souvent de l'indifférence à l'égard des facteurs socioculturels qui sous-tendent
le processus de croissance autochtone. Implicitement, cela favorise le processus d'émergence de
quelques villes d'importance mondiale, liées au marché national et international, souvent au
détriment des villes petites et moyennes. Cela conduit aussi à négliger purement et simplement la
vigueur des institutions existant au niveau local dans les villes plus petites, qui sont apparues
progressivement au cours d'une longue période de temps, et qui soutiennent leur croissance
démographique et économique. D'ailleurs, beaucoup de ces villes ont joué un rôle salutaire dans le
développement de leur économie régionale. Malheureusement, le potentiel de croissance de ces
villes est méconnu ou sous-estimé dans la perspective actuelle de la mondialisation.
Cette étude s'attache à démontrer que le système de développement urbain fondé sur le
marché, dépendant de quelques grandes métropoles, n'est pas nécessairement le seul paradigme de
développement envisageable dans les pays du tiers monde. On peut élaborer une stratégie de
développement urbain équilibré en prenant seulement en considération les expériences d'un grand
nombre de villes petites et moyennes et leurs potentiels de croissance. En outre, il est important
d'identifier les facteurs socioculturels qui caractérisent le processus de croissance de ces villes et de
concevoir un système de soutien permettant de tirer pleinement avantage de ces facteurs ou de les
renforcer. L'étude fait valoir qu'une stratégie de développement conçue pour tenir compte de ces
facteurs ainsi que de la vigueur des institutions existant au niveau local peut vraiment créer un
système urbain plus largement réparti dans le pays. Cela pourrait constituer une alternative au
modèle mondial de développement industriel urbain fondée sur quelques grandes métropoles.
Malheureusement peu d'études transnationales ont été entreprises pour examiner l'incidence
des politiques économiques libérales sur le schéma de développement urbain et pour en analyser les
conséquences. Le manque d'importance accordé aux déséquilibres structurels de l'urbanisation et
aux disparités des fondements socio-économiques des centres urbains de tailles différentes explique
que l'on préconise un système de gouvernance uniforme comme solution pour la majorité des
problèmes urbains dans les pays du tiers monde. En conséquence, la plupart des gouvernements
nationaux ainsi que les organismes multinationaux de développement et de financement n'accordent
pas une importance suffisante au potentiel de croissance des villes plus petites, dans la conception
de leur stratégie de développement.
Compte tenu de ce qui précède, la présente étude souligne qu'en Inde, un certain nombre de
villes petites ou moyennes ont enregistré une forte croissance économique au cours de ces dernières
années, en dépit du fait qu'elles n'ont pas reçu de soutien des organismes publics. L'étude fait valoir
que les facteurs socioculturels sont extrêmement importants pour le développement des villes
petites et moyennes, même quand l'économie de marché joue un rôle dominant dans la
détermination de la structure spatiale du développement. Une petite ville de l'Inde occidentale,
Mandi Gobindgarh, située dans l'Etat du Penjab, a été choisie pour mener cette étude de cas. Le
choix de cette ville a été guidé par la constatation du fait qu'elle ne bénéficie d'aucun avantage