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L’interview/ GENEVIÈVE SIMONOT-GAILLARD « Je suis née là-dedans. » Geneviève Simonot-Gaillard a succédé à ses parents qui ont euxmêmes succédé aux leurs. Et l’enseigne Simonot-Gaillard, à Venarey-les-Laumes, a ainsi passé les âges. Aujourd’hui, elle est centenaire. Simonot : cent ans que ça dure « Une affaire de femmes» 4 Bio-express L’enseigne Simonot-Gaillard a plus de 100 ans. Elle a probablement beaucoup évolué. Comment est née l’aventure ? GENEVIÈVE SIMONOT-GAILLARD : Mon grand-père, Philippe Gaillard, dit Félix, était, avec ses deux frères, marchand ambulant. Il a démarré l’activité avec une petite valise dans laquelle il transportait des tissus. À sa mort, sa femme Gabrielle a sédentarisé le commerce à Venarey. Mon père lui a succédé en 1944. Outre le magasin, il a développé les tournées, que nous avons maintenues jusqu’en 1981. Avec sa voiture, il desservait une vingtaine de villages. À son époque, le magasin proposait des vêtements de travail, des vêtements classiques (homme, femme et enfant), sur mesure ou prêts à porter, des chaussures, de la laine, des chapeaux et du linge de maison. Mais pour vous, succéder à vos parents était une évidence… G. S.-G. : Je suis née là-dedans. Beaucoup de mes clients fidèles m’ont connue toute petite. À 9 ans, je faisais déjà les paquets cadeaux pour Noël. La cuisine touchait le magasin. Quand mes filles sont nées, huit jours après, j’étais à nouveau au travail. Vous avez donc été formée sur le tas ? G. S.-G. : J’ai arrêté l’école au collège. J’ai ensuite fait une année de comptabilité au centre SNCF des GENEVIÈVE SIMONOT-GAILLARD a rejoint ses parents dans l’exploitation du magasin familial à l’âge de 17 ans, après une formation comptable. 1946 : NAISSANCE ALISE-SAINTE-REINE 1963 : REJOINT L’ENTREPRISE FAMILIALE 1975 : SUCCÈDE À SES PARENTS 2006 : L’ENSEIGNE FÊTE SON CENTENAIRE MAGAZINE ÉCONOMIQUE DES CHAMBRES DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE DE CÔTE-D’OR Photo : Patrice Thomas Laumes avant de rejoindre mes parents à 17 ans. La couture, et la fibre commerciale, c’est effectivement sur le tas que j’ai appris. Les principales qualités que ce commerce nécessite, c’est de la modestie, de la rigueur, une bonne connaissance de sa clientèle, et de la patience… En 1975, vos parents partent à la retraite. Quel était alors votre projet de reprise ? Avez-vous modifié les façons de faire ? G. S.-G. : Dès 1975, mon mari et moi avons déménagé pour nous installer ici, dans la même rue, mais dans un espace beaucoup plus grand et visible depuis l’axe routier Dijon-Montbard, avec trois grandes vitrines que je fais encore moi-même environ une fois par mois. Le travail en couple, en milieu rural, était chose courante. Le divorce d’un couple travaillant ensemble l’est aussi… Depuis 1993, la boutique est devenue une affaire de femmes, je gère seule le magasin avec à mes côtés, Bernadette et Joëlle, les deux vendeuses-retoucheuses. Notre méthode de travail a beaucoup évolué. À l’origine, mes parents ne travaillaient qu’avec des représentants. Aujourd’hui, suite à des fermetures d’enseignes françaises de bonneterie et de vêtements, je cherche de nouveaux fournisseurs européens, espagnols, allemands et italiens, dont les correspondants en France viennent nous présenter les collections au minimum deux fois par an avec la possibilité de réassorts si nécessaire. La plupart des achats, surtout pour les vêtements femme, sont choisis par mes soins et achetés directement chez les grossistes à Paris. Comme notre clientèle je fais jouer la concurrence, au Sentier ou dans le quartier Bastille je n’hésite pas à pousser les portes pour faire les meilleures affaires. Les tendances se font et se défont, ce renouvellement fréquent des stocks est nécessaire pour coller au plus près des envies de la clientèle, qui consomment par besoin mais aussi maintenant par plaisir, c’est sans doute le plus grand des changements : une gestion différente des stocks plus réactive.
L’évolution du métier vous satisfait-elle ? G. S.-G. : Je prends encore du plaisir à conseiller, écouter mes clients lorsqu’ils le souhaitent ; quand les gens rentrent chez moi, ils regardent, ils essayent. Vous savez ici les cabines sont chargées d’histoires ! Il y a de plus en plus de clients adeptes du self-service qui ne viennent pas forcément chercher un conseil, ils se servent seuls, c’est un peu dommage, mais nous restons à leur disposition. Le métier de commerçant en milieu rural a suivi l’évolution de la Geneviève Simonot-Gaillard et ses parents. société de consommation : il doit pouvoir offrir du choix à une clientèle avertie, de plus en plus exigeante, et proposer de la fantaisie à un bon prix tout en maintenant un stock classique. Vous n’êtes pas équipés en informatique. Comment gérez-vous votre stock ? G. S.-G. : Je m’y mets aux nouvelles technologies ! Par contre, je gère encore les stocks sans. Les références se sont multipliées et très régulièrement renouvelées, avec les félicitations de mon comptable. Comment expliquez-vous dans ce contexte que l’enseigne Simonot-Gaillard ait si bien su passer le cap ? G. S.-G. : Le magasin est connu dans la région depuis très longtemps, il a fallu gagner cette réputation ! J’ai vu ici, à Venarey-les-Laumes, une douzaine de boutiques ouvrir pour mettre rapidement la clef sous la porte. J’ai su conserver une clientèle fidèle, classique, mais aussi capter d’autres publics plus jeunes, plus « mode ». Dans la boutique, plusieurs générations se côtoient : ici, on vient non seulement avec sa mère mais aussi avec sa grand-mère, et tout le monde trouve son bonheur. C’est un peu ça, le secret de la réussite : l’adaptation à des populations très diverses, avec une offre allant de la lingerie fine au jean de marque, de la robe habillée au tee-shirt ou la chemise de travail, et du 36 au 58 ! Nous proposons un large choix pour les hommes et les femmes. Je suis également très attentive à la qualité du service offert : nous disposons sur place de deux machines à coudre, les retouches sont faites sur place gratuitement, et éventuellement sur le champ si les clients viennent d’un peu loin. Comment voyez-vous l’avenir pour le magasin ? Aurez-vous quelqu’un pour vous succéder ? G. S.-G. : Aujourd’hui, les affaires comme les miennes sont de moins en moins nombreuses. Le sujet de la succession est encore un peu tabou, mais j’y pense... J’ai deux filles, qui ont chacune une profession qui leur plaît. Je pense que la boutique avec ou sans moi a encore de belles saisons devant elle, le canton est en pleine expansion, un projet autour du site archéologique d’Alésia peut favoriser le développement de la commune et le développement de ses commerces. Ils font l’entreprise Bernadette Hubert, vendeuse Joëlle Souloumiac, vendeuse Philippe Goureau (ETC), comptable NOS PERFORMANCES 70 % de clients fidèles. Des fournisseurs reconnus comme Lejaby, Simone Pérèle, Sloggi, Triumph, Rose Pomme, Massana, Lee Cooper… EN SAVOIR PLUS Simonot-Gaillard. 26, rue Marcelin-Berthelot. 21150 Venarey-les-Laumes Tél. : 03 80 96 00 06 – genevieve.simonot-gaillard@orange.fr 5 N° 6 Mai Juin 2007
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