25 ans d'efforts - Agence de l'Eau Seine Normandie
25 ans d'efforts - Agence de l'Eau Seine Normandie
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DOSSIER<br />
<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts<br />
pour une <strong>Seine</strong> plus propre<br />
USAGES DE L’EAU<br />
FORUM MONDIAL<br />
DE L’EAU<br />
> JUIN 2009 - N° 48
ÉDITO<br />
Directeur<br />
<strong>de</strong> la publication<br />
Guy Fradin<br />
Directeur<br />
<strong>de</strong> la rédaction<br />
Nicole Despouys<br />
Rédactrice en chef<br />
Chantal Mariotte<br />
Conceptionréalisation<br />
Bayard-SPS<br />
Photogravure<br />
Hafiba<br />
Impression<br />
SIB<br />
Dépôt légal<br />
2 e trimestre 2009<br />
N° ISSN<br />
1156-8836<br />
Léa Crespi<br />
Depuis plus <strong>de</strong> trente <strong>ans</strong>, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> se bat – notamment<br />
au côté du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement <strong>de</strong> l’agglomération<br />
parisienne (SIAAP) – pour que l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> retrouve une qualité <strong>de</strong> haut niveau.<br />
Nos efforts – et ceux du conseil régional, <strong>de</strong>s collectivités locales et <strong>de</strong>s industriels –<br />
portent aujourd’hui leurs fruits : les quantités <strong>de</strong> phosphore et <strong>de</strong> métaux lourds<br />
reculent, les poissons reviennent… Certes, la victoire n’est pas totale :<br />
l’ammonium, les nitrates restent encore trop présents. Mais nous sommes<br />
sur la bonne voie, comme l’explique notre dossier page 16.<br />
Fortement impliquée d<strong>ans</strong> tous les grands ren<strong>de</strong>z-vous consacrés<br />
à l’eau en France et d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>, l’<strong>Agence</strong> a bien sûr été présente<br />
au 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau d’Istanbul. Elle y a participé à <strong>de</strong><br />
nombreuses sessions consacrées à l’assainissement, son cheval <strong>de</strong><br />
bataille. Le Forum fini, l’<strong>Agence</strong> continue le combat pour qu’enfin,<br />
un jour, toutes les populations <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> aient accès à l’eau<br />
potable et à l’assainissement. Comme on le verra d<strong>ans</strong> le dossier<br />
consacré au Forum d’Istanbul page 6, elle réaffirme son action<br />
<strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> solidarité internationale, en tentant<br />
<strong>de</strong> favoriser non seulement un dialogue nord-sud mais aussi<br />
sud-sud. Elle n’est pas seule : les cinq autres <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau<br />
sont à ses côtés. Parce que l’union, d<strong>ans</strong> ce domaine-là<br />
aussi – d<strong>ans</strong> ce domaine-là surtout – fait la force. p<br />
Guy Fradin, directeur général <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong><br />
Photos <strong>de</strong> couverture : Stéphane Compoint/VirtaPhoto- J.P. Lescouret/Explorer/Eye<strong>de</strong>a<br />
SOMMAIRE<br />
ACTUS<br />
Lancement<br />
du « Grenelle<br />
<strong>de</strong> la Mer ».<br />
02<br />
2<br />
Nous <strong>de</strong>vons favoriser<br />
non seulement un dialogue nord-sud,<br />
mais aussi sud-sud.<br />
USAGES<br />
DE L’EAU<br />
5 e Forum mondial<br />
<strong>de</strong> l’eau à Istanbul,<br />
<strong>de</strong>s avancées réelles<br />
06<br />
LEÇON<br />
DE CHOSES<br />
Le phoque veaumarin,<br />
hôte <strong>de</strong>s<br />
côtes norman<strong>de</strong>s.<br />
12<br />
GESTION<br />
DES MILIEUX<br />
On peut sauver<br />
l’anguille.<br />
14<br />
DOSSIER<br />
<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts<br />
pour une <strong>Seine</strong> plus<br />
propre.<br />
16
Une nouvelle<br />
directrice <strong>de</strong> l’eau<br />
Odile Gauthier est nommée<br />
directrice <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong><br />
la biodiversité à la Direction<br />
générale <strong>de</strong> l’aménagement,<br />
du logement et <strong>de</strong> la nature<br />
du Meeddat. À 46 <strong>ans</strong>,<br />
cette ingénieure générale<br />
<strong>de</strong>s Mines quitte la Direction<br />
générale <strong>de</strong> la prévention<br />
<strong>de</strong>s pollutions et <strong>de</strong>s risques<br />
pour succé<strong>de</strong>r à Judith Jiguet.<br />
Zones humi<strong>de</strong>s :<br />
victimes <strong>de</strong> leur<br />
succès ?<br />
Un rapport du service <strong>de</strong><br />
l’observation et <strong>de</strong>s statistiques<br />
du commissariat général<br />
au développement durable<br />
relève une forte augmentation<br />
<strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s<br />
zones humi<strong>de</strong>s, en particulier<br />
celles situées sur les faça<strong>de</strong>s<br />
maritimes. Entre 1999 et 2008<br />
les emplacements <strong>de</strong> camping<br />
d<strong>ans</strong> ces zones ont augmenté<br />
en moyenne <strong>de</strong> <strong>25</strong> %.<br />
Une pression touristique<br />
susceptible <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r ces<br />
milieux fragiles…<br />
Le canal <strong>Seine</strong>-Nord<br />
Europe est lancé<br />
C’était un <strong>de</strong>s grands projets<br />
du « Grenelle <strong>de</strong><br />
l’environnement » : un canal<br />
<strong>Seine</strong>-Nord Europe reliant, en<br />
2015, l’Oise à l’Escaut, le Bassin<br />
parisien au Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais<br />
puis au Benelux et aux 20 000 km<br />
<strong>de</strong> réseau fluvial européen.<br />
Le 11 mars <strong>de</strong>rnier, Jean-Louis<br />
Borloo et Dominique Bussereau<br />
ont signé le protocole<br />
d’intention avec les prési<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong>s conseils régionaux<br />
concernés, confirmant ainsi<br />
l’engagement <strong>de</strong> l’État d<strong>ans</strong> ce<br />
projet <strong>de</strong> 4 milliards d’euros.<br />
Lancement du<br />
« Grenelle <strong>de</strong> la mer »<br />
‡ La recette est celle qui a fait le succès du « Grenelle<br />
<strong>de</strong> l’environnement » : réunir d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s groupes<br />
thématiques l’ensemble <strong>de</strong>s parties concernées. Lancé<br />
le 27 février par le ministre d’État Jean-Louis Borloo<br />
et ses <strong>de</strong>ux secrétaires d’État, Dominique Bussereau pour<br />
les Tr<strong>ans</strong>ports et Chantal Jouanno pour l’Écologie,<br />
« le Grenelle <strong>de</strong> la mer » s’est fixé quatre thèmes <strong>de</strong> travail<br />
principaux : un développement harmonieux du littoral,<br />
<strong>de</strong>s activités maritimes respectueuses <strong>de</strong> l’environnement,<br />
une valorisation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> la mer et l’instauration<br />
d’une nouvelle gouvernance aux niveaux infranational,<br />
national, européen et mondial. Fin mai, les quatre groupes<br />
<strong>de</strong> travail correspondants composés <strong>de</strong> représentants<br />
<strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s syndicats, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s collectivités<br />
et <strong>de</strong>s entreprises remettront un projet <strong>de</strong> plan<br />
contenant <strong>de</strong>s objectifs, <strong>de</strong>s engagements et <strong>de</strong>s mesures<br />
quantifiables pour validation par un comité<br />
interministériel <strong>de</strong> la mer. En juin, une large consultation<br />
<strong>de</strong>s Français sur ces propositions sera organisée<br />
par Internet et <strong>de</strong>s réunions régionales. D<strong>ans</strong> ce cadre,<br />
les comités <strong>de</strong> bassins se réuniront le 16 juin pour<br />
apporter leur contribution aux orientations du Grenelle.<br />
Les travaux <strong>de</strong> synthèse sont progrmmés début juillet.<br />
Pour la France, qui possè<strong>de</strong> le <strong>de</strong>uxième domaine<br />
maritime mondial, l’enjeu est <strong>de</strong> taille. Trois principaux<br />
défis sont à relever : mieux connaître la mer et son état,<br />
conforter les activités maritimes et littorales essentielles<br />
à notre économie et assumer notre responsabilité<br />
à l’égard du vivant. Ce « Grenelle <strong>de</strong> la mer » vise à<br />
définir la politique<br />
maritime <strong>de</strong> la<br />
France, et à l’inscrire<br />
durablement<br />
d<strong>ans</strong> l’avenir. p<br />
PNR Morvan/AESN<br />
La station d’épuration <strong>de</strong>s Mureaux (Yvelines) est dotée<br />
d’installations répondant aux normes européennes.<br />
Eaux usées : la France<br />
bientôt conforme<br />
‡ Trois cent cinquante millions d’euros !<br />
C’est l’amen<strong>de</strong> que risque la France pour<br />
non-respect <strong>de</strong> la directive européenne sur<br />
les eaux résiduaires urbaines. En<br />
septembre 2007, Jean-Louis Borloo lançait<br />
« la bataille <strong>de</strong> l’eau », un plan d’action<br />
ambitieux pour la mise en conformité <strong>de</strong><br />
l’ensemble <strong>de</strong>s stations d’épuration. Le<br />
chantier était colossal et concernait<br />
146 stations couvrant les besoins <strong>de</strong> la moitié<br />
<strong>de</strong> la population. Dix-huit mois plus tard, le<br />
bilan s’est amélioré sensiblement : 81 <strong>de</strong> ces<br />
146 stations ont achevé leurs travaux<br />
et 43 les ont démarré. Les 22 restantes<br />
<strong>de</strong>vraient commencer leurs travaux avant<br />
la fin <strong>de</strong> l’année. Afin <strong>de</strong> les y ai<strong>de</strong>r, la Caisse<br />
<strong>de</strong>s dépôts et consignations, les six <strong>Agence</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’eau, le Meeddat et le secrétariat d’État<br />
<strong>de</strong> l’outre-mer ont signé une convention <strong>de</strong><br />
prêt <strong>de</strong> 1,5 milliard d’euros. Pour le ministre,<br />
« les prêts accordés aujourd’hui vont nous<br />
permettre <strong>de</strong> tenir nos engagements en<br />
aidant les collectivités qui éprouvent le plus<br />
<strong>de</strong> difficultés à gagner, elles aussi, la bataille<br />
<strong>de</strong> l’eau ». p<br />
MÉTIER<br />
Technicien SPANC,<br />
spécialiste<br />
<strong>de</strong> l’assainissement<br />
non collectif.<br />
20<br />
BONNES<br />
PRATIQUES<br />
Agriculture durable,<br />
une démarche<br />
« gagnant-gagnant »<br />
22<br />
JURIDIQUE<br />
ET PRATIQUE<br />
Le développement<br />
durable à l’<strong>Agence</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau.<br />
24<br />
COMMISSION<br />
DES AIDES<br />
Comment maîtriser<br />
les pollutions diffuses<br />
en <strong>Normandie</strong>.<br />
26<br />
HISTOIRE<br />
D’EAU<br />
Quand le bois<br />
flottait jusqu’à<br />
Paris<br />
28<br />
3
Chantal Jouanno<br />
en visite à l’<strong>Agence</strong><br />
Pour la Journée mondiale <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s,<br />
Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie,<br />
a rendu visite à la direction territoriale<br />
<strong>de</strong>s bocages normands (DTBN) <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>.<br />
Elle y a été accueillie par le préfet <strong>de</strong> région,<br />
le directeur régional et le directeur territorial<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> ainsi que par <strong>de</strong>s personnalités<br />
locales et <strong>de</strong>s membres du comité <strong>de</strong> bassin,<br />
comme Philippe Duron, député-maire <strong>de</strong> Caen.<br />
À l’occasion <strong>de</strong> son déplacement en <strong>Normandie</strong>,<br />
Chantal Jouanno a annoncé la constitution<br />
d’un groupe national sur la gestion <strong>de</strong>s zones<br />
humi<strong>de</strong>s, qui a été installé le 6 avril, et rappelé<br />
que le « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement » a prévu<br />
l’acquisition <strong>de</strong> 20 000 hectares <strong>de</strong> ces zones<br />
par le Conservatoire du littoral et les <strong>Agence</strong>s<br />
<strong>de</strong> l’eau en vue <strong>de</strong> leur valorisation. p<br />
4<br />
La secrétaire d’État chargée <strong>de</strong> l’Écologie,<br />
Chantal Jouanno, lors <strong>de</strong> sa visite à l’<strong>Agence</strong>.<br />
Agriculteurs et chasseurs<br />
unis contre l’érosion<br />
Initié en 2006, le projet Agrifaune se propose<br />
d’assurer un développement agricole<br />
durable compatible avec la préservation et le<br />
développement du petit gibier, <strong>de</strong> la faune<br />
et <strong>de</strong> leurs habitats. En <strong>Seine</strong>-Maritime, un<br />
projet pilote a été mené sur <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> avec<br />
l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> afin d’aménager l’espace<br />
agricole <strong>de</strong> façon à fournir <strong>de</strong>s abris au petit<br />
gibier et lutter contre le ruissellement.<br />
Ainsi, sur 3 000 hectares d’un secteur situé entre<br />
la vallée du Dun et <strong>de</strong> la Saâne, 27 agriculteurs<br />
ont implanté plus <strong>de</strong> 6 300 mètres <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s<br />
enherbées et 80 buissons qui vont permettre<br />
<strong>de</strong> lutter contre l’érosion <strong>de</strong>s sols. Parallèlement,<br />
800 fais<strong>ans</strong> ont été relâchés sur ce territoire<br />
où l’espèce bénéficie d’une interdiction<br />
<strong>de</strong> chasse pendant trois <strong>ans</strong>. Agrifaune résulte<br />
d’une convention nationale entre les chambres<br />
d’agriculture, la Fédération nationale <strong>de</strong>s syndicats<br />
d’exploitants agricoles, la Fédération nationale<br />
<strong>de</strong>s chasseurs et l’Office national <strong>de</strong> la<br />
chasse et <strong>de</strong> la faune sauvage. p<br />
Des chasseurs du département, lors <strong>de</strong> la réunion<br />
<strong>de</strong> clôture du projet Agrifaune en <strong>Seine</strong>-Maritime.<br />
AESN<br />
AFDC /Vestu<br />
L’inauguration <strong>de</strong> la nouvelle station d’eau potable a eu lieu en<br />
présence, notamment, <strong>de</strong> Laurent Fabius, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la communauté<br />
<strong>de</strong> l’agglomération rouennaise.<br />
Rouen : une station d’eau<br />
potable ultraperformante<br />
Inaugurée le 16 février <strong>de</strong>rnier, la nouvelle station d’eau potable<br />
<strong>de</strong> Moulineaux produit 28 500 m 3 d’eau par jour, soit 30 % <strong>de</strong> l’eau<br />
distribuée sur l’agglomération rouennaise. À la quantité s’associe<br />
la qualité : cette station utilise l’ultrafiltration, une technologie qui<br />
permet d’éliminer tous les microparasites tout en conservant les<br />
sels minéraux, le calcium et le magnésium bénéfiques pour la santé.<br />
La filtration est effectuée par 12 000 membranes creuses à l’intérieur<br />
<strong>de</strong> 450 modules <strong>de</strong> 40 m 2 chacun, soit 18 000 m 2 <strong>de</strong> surface<br />
filtrante totale, l’équivalent <strong>de</strong> trois sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> football ! Cette nouvelle<br />
station a coûté 5 millions d’euros financés par la communauté<br />
(55 %) avec la participation <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> (30 % en subvention<br />
et 20 % <strong>de</strong> prêt) et du département <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Maritime. p<br />
Reconstruction d’un barrage<br />
à Saint-Pierre-et-Miquelon<br />
Le barrage du Goéland est l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales retenues d’eau<br />
<strong>de</strong> Saint-Pierre, d<strong>ans</strong> l’Atlantique Nord, et permet l’alimentation en eau<br />
potable <strong>de</strong>s 7 000 habitants <strong>de</strong> cette île <strong>de</strong> 24 km². L’ouvrage construit<br />
à la fin du XIX e siècle présentait un risque <strong>de</strong> rupture élevé. En 2007,<br />
le préfet a dû prononcer un arrêté d’évacuation et la collectivité lancer<br />
la construction d’un nouveau barrage à l’aval <strong>de</strong> l’existant. Inauguré le<br />
18 décembre <strong>de</strong>rnier, le nouveau barrage, financé pour 30 % par l’<strong>Agence</strong><br />
permet également d’augmenter la ressource qui passe <strong>de</strong> <strong>25</strong>0 000 m 3<br />
à 418 000 m 3 . Depuis 1997, les collectivités d’outre-mer Saint-Pierre-et-<br />
Miquelon font partie du bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>. p<br />
AESN<br />
Bruno Galiber d’Auque<br />
Les 20 <strong>ans</strong><br />
du PIREN-<strong>Seine</strong><br />
Le programme <strong>de</strong><br />
recherche PIREN-<strong>Seine</strong> a<br />
20 <strong>ans</strong>. Pour célébrer<br />
l’événement, il organise,<br />
le 19 juin prochain,<br />
un colloque à l’hôtel<br />
<strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Paris au cours<br />
duquel chercheurs et<br />
gestionnaires débattront<br />
<strong>de</strong>s questions<br />
scientifiques, <strong>de</strong>s outils<br />
développés et <strong>de</strong> leur<br />
intégration d<strong>ans</strong> les<br />
politiques <strong>de</strong> gestion<br />
<strong>de</strong> l’eau. Depuis<br />
1989, le Programme<br />
interdisciplinaire<br />
<strong>de</strong> recherche sur<br />
l’environnement <strong>de</strong> la<br />
<strong>Seine</strong>, dont l’<strong>Agence</strong><br />
est partenaire, permet<br />
<strong>de</strong> mieux comprendre<br />
le fonctionnement du<br />
système hydrographique<br />
<strong>de</strong> ce fleuve.<br />
Condé-en-Brie :<br />
un contrat global<br />
pour l’eau<br />
Un contrat global pour<br />
l’eau a été signé en février<br />
<strong>de</strong>rnier par l’<strong>Agence</strong><br />
et dix autres partenaires<br />
dont la communauté <strong>de</strong><br />
communes <strong>de</strong> Condé-en-<br />
Brie, porteuse du projet.<br />
Ce contrat, qui prévoit<br />
<strong>de</strong>s actions en faveur <strong>de</strong><br />
l’assainissement et <strong>de</strong><br />
la protection <strong>de</strong>s captages,<br />
concerne 57 km <strong>de</strong> cours<br />
d’eau, 27 communes<br />
et une population <strong>de</strong><br />
7 500 habitants répartis<br />
sur un territoire rural<br />
à dominante agricole et<br />
viticole. Son montant<br />
avoisine 15 millions d’euros.<br />
Pour un<br />
assainissement<br />
autonome<br />
<strong>de</strong> qualité<br />
Les membres <strong>de</strong> la charte<br />
pour la qualité <strong>de</strong>s<br />
réseaux d’assainissement<br />
Aisne-Ar<strong>de</strong>nnes-Oise<br />
éten<strong>de</strong>nt leur démarche<br />
à l’assainissement non<br />
collectif. Bientôt sur<br />
les pages Vallées <strong>de</strong> l’Oise<br />
du site www.eau-seinenormandie.fr<br />
seront<br />
proposés <strong>de</strong> nombreux<br />
outils d’ai<strong>de</strong> aux travaux :<br />
étu<strong>de</strong>s préalables, cahier<br />
<strong>de</strong>s charges, suivi<br />
<strong>de</strong> chantier, normes en<br />
vigueur, etc.
INTERNATIONAL<br />
Des sanctions pénales<br />
pour les pollutions marines<br />
‡<br />
La commission <strong>de</strong>s<br />
tr<strong>ans</strong>ports du Parlement<br />
européen a adopté un<br />
rapport imposant un cadre juridique<br />
plus répressif contre les pollueurs<br />
<strong>de</strong> la mer. Désormais, les<br />
cas graves <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> substances<br />
polluantes seront considérés comme<br />
<strong>de</strong>s actes criminels. Les cas<br />
mineurs (qui ne détériorent pas<br />
la qualité <strong>de</strong>s eaux), passibles <strong>de</strong><br />
sanctions administratives, seront<br />
qualifiés <strong>de</strong> délits et sanctionnés<br />
comme tels s’ils s’avèrent répétés,<br />
intentionnels ou causés par une<br />
négligence grave. Les eurodéputés<br />
espèrent ainsi dissua<strong>de</strong>r les responsables<br />
<strong>de</strong> navires qui préfèrent<br />
polluer et payer la sanction administrative<br />
plutôt que <strong>de</strong> respecter<br />
la législation. La surveillance et le<br />
contrôle ainsi que l’évaluation <strong>de</strong>s<br />
dégâts causés et la qualification <strong>de</strong><br />
l’infraction <strong>de</strong>vraient être confiés<br />
à un observatoire dépendant <strong>de</strong><br />
l’<strong>Agence</strong> européenne pour la sécurité<br />
maritime.<br />
Pour mieux comprendre l’eau<br />
d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong><br />
L’avenir <strong>de</strong> l’eau - Petit précis <strong>de</strong> mondialisation II par Erik Orsenna<br />
Un périple <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, à travers les cinq continents, a permis à Erik Orsenna, académicien, <strong>de</strong><br />
rencontrer <strong>de</strong>s scientifiques, <strong>de</strong>s pays<strong>ans</strong>, <strong>de</strong>s constructeurs <strong>de</strong> barrages, <strong>de</strong>s physiciens, <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins…<br />
qui lui ont appris l’eau. Inégalités climatiques ou pour l’accès à l’eau, choix politiques<br />
allant à l’encontre <strong>de</strong> l’environnement, absence <strong>de</strong> réseaux d’eau potable ou d’assainissement<br />
pour un habitant sur six, mais aussi <strong>de</strong>s exemples réussis <strong>de</strong> coopération, donnent au lecteur une<br />
vision globale <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> l’eau sur notre planète.<br />
Fayard – 414 pages – 22 e.<br />
La guerre <strong>de</strong>s barrages : développement forcé, populations sacrifiées,<br />
environnement dévasté par Jacques Leslie<br />
Le barrage mis au point d<strong>ans</strong> les années 1930 a longtemps eu l’apparence d’un fleuron technologique<br />
<strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes. Or, à partir <strong>de</strong>s années 1970, avec l’explosion démographique, les<br />
immenses enjeux financiers, l’émergence <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience écologique, tout concourt à<br />
porter un autre regard sur ces ouvrages. Le prix à payer pour ces retenues d’eau. L’auteur nous<br />
emmène sur trois continents : l’In<strong>de</strong>, l’Afrique et l’Australie. Il nous expose trois points <strong>de</strong> vue,<br />
ceux <strong>de</strong> l’activiste, du sociologue, et <strong>de</strong> l’ingénieur.<br />
Buchet-Chastel – 359 pages – 30 e.<br />
Climat et risques : changements d’approches par Denis Lamarre<br />
Cet ouvrage s’articule autour <strong>de</strong> trois axes <strong>de</strong> recherche : représentations du changement climatique<br />
et risques associés, <strong>de</strong>rnières avancées <strong>de</strong> la recherche géoclimatique et perspectives<br />
concernant le développement durable et les risques liés au changement climatique. Ces perspectives<br />
sont analysées sous l’angle du droit et <strong>de</strong> ses évolutions, <strong>de</strong> la philosophie ou du service<br />
<strong>de</strong> l’assurance.<br />
Tec & Doc – 170 pages – 39 e.<br />
La biodiversité au quotidien : le développement durable à l’épreuve<br />
<strong>de</strong>s faits par Christian Lévèque<br />
À partir du constat <strong>de</strong> situations réellement inquiétantes, conséquences <strong>de</strong> la pauvreté <strong>de</strong>s pays<br />
du Sud et <strong>de</strong> la course au profit <strong>de</strong>s pays du Nord, l’auteur s’interroge sur les relations <strong>de</strong> l’homme<br />
avec la biodiversité. À travers différents thèmes tels que les espèces animales, la nature, la<br />
forêt, la pêche, la mondialisation, le réchauffement climatique et le développement durable entre<br />
autres, il explore <strong>de</strong>s pistes pour une meilleure adéquation <strong>de</strong> l’homme avec son environnement<br />
quotidien.<br />
Eds Quae, IRD éditions – 286 pages - 32 e.<br />
Deux nouvelles<br />
autoroutes<br />
<strong>de</strong> la mer<br />
D’ici la fin <strong>de</strong> l’année,<br />
<strong>de</strong>ux nouvelles liaisons<br />
maritimes entre la France et<br />
l’Espagne vont être créées,<br />
qui permettront le report<br />
modal <strong>de</strong> 100 000 poids<br />
lourds par an. Une liaison<br />
reliera Nantes-Saint-Nazaire<br />
à Gijon (nord <strong>de</strong> l’Espagne)<br />
et une secon<strong>de</strong> ligne Nantes<br />
et Le Havre à Vigo (nord-ouest),<br />
puis à Algesiras (sud)<br />
à partir <strong>de</strong> 2010.<br />
États-Unis :<br />
un budget record<br />
pour l’eau<br />
Le projet <strong>de</strong> budget présenté<br />
par le prési<strong>de</strong>nt Barack Obama<br />
alloue près <strong>de</strong> quatre milliards<br />
<strong>de</strong> dollars aux fonds<br />
<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’eau potable et<br />
<strong>de</strong>s réseaux d’assainissement,<br />
qui permettront <strong>de</strong> financer<br />
plus <strong>de</strong> 1 700 projets aux<br />
États-Unis. Ce montant<br />
s’ajoute aux quatre autres<br />
milliards <strong>de</strong> dollars déjà prévus<br />
d<strong>ans</strong> ce secteur au titre du<br />
plan <strong>de</strong> relance économique.<br />
Chine : alerte<br />
aux engrais azotés<br />
Une équipe du collège<br />
<strong>de</strong>s sciences et ressources<br />
environnementales <strong>de</strong> Beijing<br />
(Pékin) vient <strong>de</strong> publier une<br />
étu<strong>de</strong> sur l’impact <strong>de</strong>s engrais<br />
azotés sur l’environnement.<br />
Entre 1977 et 2005,<br />
les volumes d’engrais utilisés<br />
sont passés <strong>de</strong> 7,07 millions<br />
à 26,1 millions <strong>de</strong> tonnes<br />
en Chine, polluant les eaux<br />
souterraines du pays, acidifiant<br />
les sols, augmentant les pluies<br />
aci<strong>de</strong>s et les gaz à effet<br />
<strong>de</strong> serre… Les chercheurs<br />
chinois préconisent l’arrêt<br />
<strong>de</strong> subventions, l’introduction<br />
d’une taxe sur les engrais<br />
azotés et le retour à <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> culture préservant<br />
l’environnement. Voir l’étu<strong>de</strong><br />
Reducing environmental risk<br />
by improving N management<br />
in intensive Chinese<br />
agricultural systems, en anglais<br />
sur www.pnas.org<br />
5
USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />
5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau à<br />
Des avancées réelles<br />
<strong>25</strong> 000 participants, 192 pays représentés, <strong>de</strong> nombreux débats et rencontres, l’engagement<br />
<strong>de</strong> nombreux maires du mon<strong>de</strong> entier pour améliorer la qualité <strong>de</strong> l’eau et l’assainissement…<br />
Même s’il reste beaucoup à faire, le 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau a confirmé une volonté d’agir.<br />
« Bridging the divi<strong>de</strong>s for water »<br />
(« Combler les écarts en matière<br />
d’eau ») : tel était le nom<br />
<strong>de</strong> la 5 e édition du Forum mondial <strong>de</strong> l’eau qui<br />
s’est tenue du 16 au 22 mars à Istanbul, faisant<br />
suite à celles <strong>de</strong> Marrakech – la première – en<br />
1997, <strong>de</strong> La Haye en 2000, <strong>de</strong> Kyoto en 2003<br />
et <strong>de</strong> Mexico en 2006. En un peu plus d’une<br />
décennie, cette manifestation, organisée tous<br />
les trois <strong>ans</strong> par le<br />
Conseil mondial Conseil mondial<br />
<strong>de</strong> l’eau (CME) en <strong>de</strong> l’eau<br />
Créé en 1996,<br />
collaboration avec<br />
il regroupe<br />
les pays d’accueil, 350 organisations<br />
est <strong>de</strong>venue le plus <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 70 pays<br />
grand événement pour promouvoir<br />
une meilleure gestion<br />
international d<strong>ans</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau.<br />
le domaine <strong>de</strong> l’eau.<br />
S’y retrouvent <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> représentants<br />
<strong>de</strong> gouvernements, <strong>de</strong> collectivités locales,<br />
d’ONG, d’acteurs <strong>de</strong> la société civile du<br />
mon<strong>de</strong> entier.<br />
Lieux privilégiés d’échanges, les forums<br />
ont pour but d’inciter les gouvernements à<br />
mettre en œuvre une politique <strong>de</strong> l’eau permanente<br />
et durable. Plus encore peut-être<br />
⁄ HUIT OBJECTIFS AMBITIEUX<br />
L’ONU a arrêté en 2000 huit Objectifs<br />
du millénaire pour le développement<br />
(OMD) afin <strong>de</strong> réduire la pauvreté d’ici<br />
à 2015 : mettre en place un partenariat<br />
mondial pour le développement ;<br />
combattre le sida, le paludisme, etc. ;<br />
améliorer la santé maternelle ; réduire<br />
la mortalité infantile ; promouvoir<br />
l’égalité <strong>de</strong>s sexes et l’autonomisation<br />
<strong>de</strong>s femmes ; assurer l’éducation<br />
primaire pour tous ; assurer<br />
un environnement durable et,<br />
notamment, améliorer l’accès à l’eau<br />
potable et l’assainissement ;<br />
réduire la pauvreté et la faim.<br />
6
Istanbul<br />
Quelques-unes<br />
<strong>de</strong>s affiches parues<br />
sur Internet<br />
annonçant le Forum<br />
d’Istanbul.<br />
Photo <strong>de</strong> groupe<br />
<strong>de</strong>s dirigeants ayant<br />
assisté au sommet<br />
<strong>de</strong>s chefs d’État lors<br />
du 5 e Forum mondial<br />
<strong>de</strong> l’eau à Istanbul.<br />
Bulent Kilic/AFP<br />
7
USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />
que les précé<strong>de</strong>nts, le Forum d’Istanbul a<br />
souligné l’urgence <strong>de</strong> la mobilisation. Le septième<br />
<strong>de</strong>s huit Objectifs du millénaire pour<br />
le développement (OMD) arrêtés par l’ONU<br />
(voir encadré page 6) consiste en effet à « assurer<br />
un environnement durable », en divisant<br />
par <strong>de</strong>ux le nombre d’habitants privés d’eau<br />
potable et d’un assainissement élémentaire.<br />
De nouvelles<br />
problématiques<br />
Des thèmes majeurs étaient donc au cœur<br />
<strong>de</strong>s sessions et <strong>de</strong>s débats à Istanbul. Aux<br />
questions traitées d<strong>ans</strong> les précé<strong>de</strong>nts forums<br />
– le droit à l’eau pour tous, la gouvernance, le<br />
financement… – se sont ajoutées <strong>de</strong> nouvelles<br />
problématiques : le changement climatique,<br />
l’explosion démographique, avec une surpopulation<br />
d<strong>ans</strong> les mégalopoles situées la plupart<br />
du temps au bord <strong>de</strong>s mers. « Il y a une<br />
forte inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette concentration sur l’état<br />
<strong>de</strong> l’eau, souligne Loïc Fauchon, prési<strong>de</strong>nt du<br />
Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau. L’urbanisation galopante<br />
aggrave encore la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> fourniture<br />
en eau et l’absence d’assainissement. La<br />
santé publique est en jeu. On voit revenir <strong>de</strong>s<br />
maladies comme le choléra, le paludisme d<strong>ans</strong><br />
plusieurs régions <strong>de</strong> la planète. » Le problème<br />
est d’autant plus crucial que l’élévation – bien<br />
légitime – du niveau <strong>de</strong> vie entraîne une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
croissante en eau.<br />
« La nécessité <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong>s eaux internationales<br />
a également fait l’objet <strong>de</strong> sessions<br />
très animées, rapporte Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Commission permanente <strong>de</strong>s ressources<br />
naturelles au Conseil général <strong>de</strong> l’environnement<br />
et du développement durable au<br />
sein du Meeddat. Le partage et la protection <strong>de</strong><br />
la ressource en eau entre les pays n’est pas une<br />
évi<strong>de</strong>nce pour tous. Il faudra pourtant y venir,<br />
mais il y a <strong>de</strong>s États qui ne veulent pas être mis<br />
à contribution car ils estiment qu’il ne s’agit<br />
pas d’une question prioritaire. De surcroît, ils<br />
la renvoient aux professionnels <strong>de</strong> l’eau. »<br />
Une « prise <strong>de</strong><br />
conscience affirmée »<br />
Certains pays pratiquent la politique <strong>de</strong><br />
l’autruche, les divergences autour <strong>de</strong>s questions<br />
<strong>de</strong> gouvernance pèsent, mais force est <strong>de</strong><br />
constater qu’il existe une « prise <strong>de</strong> conscience<br />
affirmée qui fait progresser la cause, poursuit<br />
Loïc Fauchon. L’eau est <strong>de</strong>venue en moins <strong>de</strong><br />
dix <strong>ans</strong> une priorité <strong>de</strong>s agendas politiques et,<br />
en ce sens, le but <strong>de</strong>s forums est atteint. Reste<br />
8<br />
Maintenir l’assainissement comme une priorité sur l’agenda et faire face au défi <strong>de</strong> l’assainissement<br />
urbain, tel était l’intitulé d’une session à laquelle participait Guy Fradin (3 e en partant <strong>de</strong> la droite).<br />
à tr<strong>ans</strong>former l’essai. » Pierre Roussel partage<br />
cet avis: « On peut avoir l’impression que peu<br />
<strong>de</strong> choses évoluent, mais on enfonce un clou<br />
un peu plus chaque fois d<strong>ans</strong> une planche très<br />
dure. C’est ainsi qu’on avance… »<br />
Et on avance sérieusement. Pour preuve,<br />
la décision prise par les parlementaires <strong>de</strong> créer<br />
Déclaration<br />
Le « Istanbul<br />
Water Consensus »<br />
a été préparée par<br />
plusieurs milliers<br />
<strong>de</strong> collectivités<br />
locales issues <strong>de</strong><br />
127 pays.<br />
un parlement mondial <strong>de</strong><br />
l’eau afin <strong>de</strong> travailler collectivement,<br />
ou encore la<br />
déclaration adoptée par<br />
<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> maires<br />
pour améliorer l’assainissement<br />
et la qualité <strong>de</strong><br />
l’eau d<strong>ans</strong> leur commune.<br />
« Élus et parlementaires nous ont montré la<br />
voie et donné une leçon <strong>de</strong> réalisme », note<br />
Loïc Fauchon. Du concret, comparé aux multiples<br />
déclarations jugées généralement trop<br />
tiè<strong>de</strong>s parce que non contraignantes. « Il faut<br />
renforcer le poids politique <strong>de</strong>s messages, mais<br />
ce n’est pas simple », conclut Pierre Roussel.<br />
Patrick Coudreau<br />
DE CONFÉRENCES EN SOMMETS…<br />
La conférence <strong>de</strong> l’ONU à Stockholm en 1972 fut la première à<br />
considérer le problème <strong>de</strong> l’eau. À Mar <strong>de</strong>l Plata en 1977, on parla<br />
d’assainissement et d’approvisionnement en eau d<strong>ans</strong> les pays<br />
en voie <strong>de</strong> développement. Le chapitre 18 <strong>de</strong> l’Agenda 21, adopté<br />
lors du Sommet <strong>de</strong> la Terre à Rio <strong>de</strong> Janeiro en 1992, fut dédié à<br />
la protection <strong>de</strong> l’eau douce. En 2000, la déclaration ministérielle <strong>de</strong><br />
La Haye afficha comme objectif la sécurité <strong>de</strong> l’eau au XXI e siècle.<br />
Le 3 e Forum <strong>de</strong> l’eau, en 2003 à Kyoto, aborda le problème <strong>de</strong> l’eau<br />
d<strong>ans</strong> sa globalité. Autant <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous auxquels l’<strong>Agence</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> a toujours apporté sa contribution…<br />
On enfonce un<br />
clou un peu plus<br />
chaque fois d<strong>ans</strong><br />
une planche très<br />
dure. C’est ainsi<br />
qu’on avance…<br />
Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> la Commission permanente<br />
<strong>de</strong>s ressources naturelles<br />
au Conseil général<br />
<strong>de</strong> l’environnement<br />
et du développement durable<br />
au MEEDDAT.<br />
AESN/SIAPP/ISKI
Interview<br />
Guy Fradin<br />
Directeur général <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
« L’<strong>Agence</strong> s’est fortement<br />
impliquée d<strong>ans</strong> le forum »<br />
Michel Monsay<br />
QUELLE A ÉTÉ LA CONTRIBUTION DE L’AGENCE DE L’EAU<br />
SEINE-NORMANDIE AU FORUM D’ISTANBUL ?<br />
Elle s’est très fortement impliquée d<strong>ans</strong> la préparation <strong>de</strong> la manifestation<br />
– notamment au sein du Partenariat français pour l’eau<br />
où nous représentons les autres <strong>Agence</strong>s – et financièrement.<br />
Sur place, elle a développé nos thématiques <strong>de</strong> travail. Une ai<strong>de</strong> financière<br />
a été attribuée au Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau qui mobilise une dizaine<br />
<strong>de</strong> « villes pilotes » d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>. Les rencontres internationales « Eau<br />
et Cinéma » nous ont également sollicités.<br />
Enfin, nous avons contribué à la rédaction du rapport européen sur<br />
le chapitre « assainissement », et au débat d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> la session<br />
européenne. Ce thème est pour nous un cheval <strong>de</strong> bataille. À Mexico<br />
en 2006, nous avions porté l’unique session qui y était consacrée. Depuis,<br />
fort heureusement, le sujet est prioritaire sur l’agenda international.<br />
En 2008, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’Année internationale <strong>de</strong> l’assainissement,<br />
l’<strong>Agence</strong> a coorganisé un atelier sur le sujet, et celui-ci a servi <strong>de</strong> pont entre<br />
Mexico et Istanbul, où nous avons porté l’une <strong>de</strong>s sessions officielles.<br />
Nous avons aussi participé avec le SIAAP et nos partenaires turcs d’ISKI<br />
à une autre session et au panel <strong>de</strong> haut niveau sur l’assainissement.<br />
VOUS AVEZ AUSSI ORGANISÉ DES ÉVÉNEMENTS PARALLÈLES<br />
À LA MANIFESTATION…<br />
Oui, nous avons organisé <strong>de</strong>ux « événements parallèles », l’un sur<br />
la « coopération décentralisée et le suivi local <strong>de</strong>s services d’eau potable<br />
et d’assainissement », l’autre sur « l’eau d<strong>ans</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ».<br />
Nous avons participé à six autres, organisés par nos partenaires français<br />
ou internationaux. Par ailleurs, le 18 mars, nous avons signé un accord<br />
<strong>de</strong> partenariat avec Istanbul Water & Sewage Administration (ISKI) prévoyant<br />
<strong>de</strong>s travaux sur la qualité <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> baigna<strong>de</strong> et sur les eaux <strong>de</strong> pluie.<br />
QUELLE EST LA PLACE DE L’AGENCE DE L’EAU<br />
DANS LES RENDEZ-VOUS INTERNATIONAUX SUR L’EAU ?<br />
Par son action internationale en matière <strong>de</strong> coopération décentralisée<br />
ou d’appui institutionnel et technique, l’<strong>Agence</strong> fréquente <strong>de</strong> nombreux<br />
réseaux comme le Réseau international <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> bassin<br />
et participe à <strong>de</strong>s événements d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong> entier. Étant l’un <strong>de</strong>s<br />
36 gouverneurs du Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau, je contribue à pousser<br />
sur l’échiquier mondial certaines thématiques qui visent à atteindre<br />
les Objectifs du millénaire.<br />
EN QUOI CONSISTE L’ACTION INTERNATIONALE DE L’AGENCE ?<br />
- Elle se décline en trois volets : solidarité internationale, coopération<br />
institutionnelle et relations publiques internationales. En 2008, nous avons<br />
consacré à la première 1,3 million d’euros, soit 0,2 % du budget total<br />
d’intervention, l’objectif en fin <strong>de</strong> IX e programme étant <strong>de</strong> passer à 0,5 %.<br />
En matière <strong>de</strong> coopération institutionnelle, nous participons<br />
à <strong>de</strong>s conférences internationales et accueillons <strong>de</strong>s délégations <strong>de</strong> tous<br />
pays. Surtout, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> notre politique <strong>de</strong> jumelage avec<br />
<strong>de</strong>s bassins versants étrangers (Algérie, Allemagne, Hongrie, Maroc,<br />
Turquie, etc.), nous tentons <strong>de</strong> favoriser un dialogue Nord-Sud mais aussi<br />
Sud-Sud. Je souligne qu’il existe une vraie synergie entre <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau.<br />
Nous coordonnons nos interventions et mutualisons nos moyens<br />
afin <strong>de</strong> faciliter l’accès à l’eau potable et à l’assainissement au plus grand<br />
nombre.<br />
Marc Dozier/Hemis.fr<br />
Jody Valente/Water for the People<br />
Le 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau a eu pour cadre Istanbul, la capitale turque. Ici,<br />
la basilique Sainte-Sophie considérée comme la huitième merveille du mon<strong>de</strong>.<br />
Au cœur <strong>de</strong>s débats <strong>de</strong> ce 5 e Forum mondial : le droit à l’eau pour tous,<br />
la gouvernance, le financement… mais aussi l’explosion démographique,<br />
avec une surpopulation d<strong>ans</strong> les mégapoles situées au bord <strong>de</strong>s mers.<br />
9
USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />
LE PARTENARIAT<br />
FRANÇAIS POUR<br />
L’EAU, EXEMPLE<br />
DE COORDINATION<br />
Le 22 mars 2007, les experts français<br />
<strong>de</strong> l’eau (MEEDDAT, <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau,<br />
collectivités territoriales, entreprises,<br />
scientifiques, ONG) ont créé<br />
le Partenariat français pour l’eau (PFE),<br />
sorte <strong>de</strong> plateforme unique représentant<br />
notre pays à l’international.<br />
En amont du Forum d’Istanbul,<br />
le PFE a travaillé sur 11 chantiers<br />
(droit à l’accès à l’eau et<br />
à l’assainissement pour tous, rôle<br />
<strong>de</strong>s autorités locales, financement<br />
<strong>de</strong> l’eau, adaptation au changement<br />
climatique, etc.). Au cours <strong>de</strong><br />
la manifestation, il a adressé quatre<br />
messages cruciaux portant sur<br />
l’absence d’assainissement <strong>de</strong>s eaux<br />
usées d<strong>ans</strong> les mégalopoles du Sud :<br />
il faut désarmorcer les « bombes<br />
sanitaires à retar<strong>de</strong>ment », répartir<br />
équitablement le coût <strong>de</strong> l’accès<br />
à l’eau potable et à l’assainissement,<br />
défendre à l’international l’approche<br />
européenne d’une gestion <strong>de</strong> l’eau<br />
par bassin, s’adapter au changement<br />
climatique qui va aggraver<br />
les pénuries d’eau.<br />
Pour Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
la Commission permanente<br />
<strong>de</strong>s ressources naturelles au Conseil<br />
général <strong>de</strong> l’environnement et<br />
du développement durable au sein<br />
du MEEDDAT, « le fait <strong>de</strong> parler<br />
<strong>de</strong> manière coordonnée rend<br />
les messages plus percutants aux yeux<br />
<strong>de</strong>s interlocuteurs étrangers. »<br />
La parole aux membres<br />
« Les pays<br />
méditerranéens<br />
en mouvement »<br />
Jeannette Pretot<br />
Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’association « L’Ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’eau »,<br />
conseillère municipale <strong>de</strong> Mouroux (77).<br />
⁄ « Par le biais <strong>de</strong> l’éducation, on peut améliorer<br />
la qualité <strong>de</strong> l’eau d<strong>ans</strong> les pays du bassin<br />
méditerranéen. L’association « L’Ambassa<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau » a présenté à Istanbul son projet baptisé<br />
« Union méditerranéenne <strong>de</strong>s jeunes ambassa<strong>de</strong>urs<br />
<strong>de</strong> l’eau » (UMJAE), qui vise les 43 pays <strong>de</strong> l’Union<br />
pour la Méditerranée (UpM).<br />
Suite aux premières classes d’eau organisées d<strong>ans</strong><br />
11 pays* en partenariat avec <strong>de</strong>s établissements<br />
universitaires et le Réseau méditerranéen <strong>de</strong>s écoles<br />
d’ingénieurs, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> coopération ont<br />
été arrêtés, qui contribueront à la dépollution <strong>de</strong> la<br />
Méditerranée. A Istanbul, les jeunes ambassa<strong>de</strong>urs<br />
<strong>de</strong> l’UMJAE ont lancé un appel pour que les<br />
gouvernements, les élus, les financeurs intègrent<br />
leur projet d<strong>ans</strong> ceux <strong>de</strong> l’UpM. Le MEEDDAT, par<br />
la voix du ministre Jean-Louis Borloo, et Julia Jordan,<br />
<strong>de</strong> la mission interministérielle <strong>de</strong> l’Union pour<br />
la Méditerranée, les ont assurés <strong>de</strong> leur soutien. »<br />
*Algérie, Égypte, Espagne, France, Israël, Italie, Liban, Maroc,<br />
Palestine, Syrie et Tunisie.<br />
« Mutualiser<br />
notre action<br />
en faveur du<br />
développement »<br />
Anne Le Strat<br />
Prési<strong>de</strong>nte directrice générale <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s eaux<br />
<strong>de</strong> Paris, maire-adjointe à la Ville <strong>de</strong> Paris.<br />
⁄ « La loi Oudin-Santini permet aux opérateurs<br />
<strong>de</strong> l’eau et aux collectivités locales <strong>de</strong> consacrer 1 %<br />
<strong>de</strong>s ressources affectées aux budgets <strong>de</strong>s services<br />
<strong>de</strong> distribution d’eau potable et d’assainissement<br />
à <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> coopération internationale. La Ville<br />
<strong>de</strong> Paris a mis en place ce dispositif en 2006, et elle<br />
consacre 1 million d’euros par an à <strong>de</strong>s réalisations.<br />
Vingt-cinq projets ont déjà été sélectionnés,<br />
bénéficiant à près <strong>de</strong> 300 000 personnes d<strong>ans</strong><br />
différents pays. Un autre est à l’étu<strong>de</strong> avec la ville <strong>de</strong><br />
Jéricho, en partenariat avec l’Autorité palestinienne<br />
<strong>de</strong> l’eau et une ONG locale. Nos services techniques<br />
sont fortement impliqués d<strong>ans</strong> cette coopération<br />
et une ai<strong>de</strong> financière est prévue. Comme la Ville <strong>de</strong><br />
Paris, <strong>de</strong> nombreuses collectivités locales<br />
s’engagent. Et il me semble que, plutôt que <strong>de</strong><br />
porter <strong>de</strong>s projets individuels, les collectivités<br />
d’un même bassin, <strong>de</strong>vraient travailler ensemble,<br />
mutualiser leurs ai<strong>de</strong>s et leurs moyens.<br />
On obtiendrait un effet <strong>de</strong> levier d’action plus<br />
important. Un débat a eu lieu à ce sujet à Istanbul. »<br />
Michel Monsay<br />
Après le Forum, Jean-François Bel, Guy Fradin et Christian Lecussan<br />
(<strong>de</strong> g. à d.) ont donné une conférence <strong>de</strong> presse à l’hôtel Lutetia, à Paris.<br />
Vue générale du pavillon du Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau qui s’est tenu<br />
au centre culturel <strong>de</strong>s congrès d’Istanbul.<br />
Saner Sen/Narphotos<br />
10
du comité <strong>de</strong> bassin<br />
« Simplifions<br />
la réglementation »<br />
Christian Lecussan<br />
Directeur <strong>de</strong> l’Association francilienne <strong>de</strong>s industriels pour l’étu<strong>de</strong><br />
et la gestion <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la sécurité (AFINEGE).<br />
⁄ « Ce qui m’a frappé à Istanbul, c’est que seuls les intervenants<br />
français ont parlé <strong>de</strong> réglementation en matière d’assainissement,<br />
<strong>de</strong> lutte contre la pollution et <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement.<br />
Comme si, s<strong>ans</strong> contrainte réglementaire, s<strong>ans</strong> lois, on ne pouvait<br />
rien faire. Cela démontre, me semble-t-il, un manque <strong>de</strong> confiance<br />
d<strong>ans</strong> les industriels, les maîtres d’ouvrage et leur démarche en faveur<br />
<strong>de</strong> l’environnement. De surcroît, même si le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement<br />
a été un grand progrès, les textes sont touffus et trop nombreux :<br />
il en sort un nombre faramineux tous les <strong>ans</strong> ! Bref, trop souvent,<br />
la réglementation bloque les industriels, et surtout les PME,<br />
plus qu’elle ne les encourage. S’il n’y avait pas <strong>de</strong>s organismes comme<br />
l’AFINEGE pour les ai<strong>de</strong>r à connaître les textes et à les appliquer,<br />
ils seraient perdus. Il me paraît capital <strong>de</strong> simplifier la réglementation<br />
et <strong>de</strong> faire davantage confiance aux gens. »<br />
« Pas <strong>de</strong> solution<br />
toute faite »<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Maghalaes<br />
Adjoint au maire <strong>de</strong> Cherbourg-Octeville.<br />
⁄ « La coopération Nord-Sud permet d’améliorer bien <strong>de</strong>s choses<br />
en matière d’assainissement et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’eau. Un exemple parmi<br />
d’autres : la création d’un dispositif d’adduction d’eau et d’assainissement<br />
d<strong>ans</strong> une communauté <strong>de</strong> Casamance, initiée par la municipalité et<br />
financée en partie par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>. Mille trois cents<br />
concessions ont été installées, permettant à 17 000 personnes<br />
d’avoir accès à l’eau courante et à l’hygiène. Pour assurer la pérennité<br />
du dispositif, la population a été sensibilisée, un système <strong>de</strong> gestion<br />
<strong>de</strong> l’eau mis en place – les utilisateurs paient l’eau qu’ils consomment<br />
et financent l’entretien du réseau –, <strong>de</strong>s fontainiers ont été formés,<br />
ce qui a permis au passage <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s emplois.<br />
Ce qui est intéressant et difficile à la fois quand on conçoit un projet,<br />
c’est qu’il existe une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> situations et pas <strong>de</strong> solution toute<br />
faite. Pour réussir, il faut se rencontrer, dialoguer. À Istanbul,<br />
j’ai particulièrement apprécié ce contact avec <strong>de</strong>s pays aux besoins très<br />
différents. »<br />
Photos ; Michel Monsay<br />
« La France,<br />
un acteur majeur »<br />
Daniel Yon<br />
Vice-prési<strong>de</strong>nt délégué au développement durable du conseil<br />
économique et social <strong>de</strong> Champagne-Ar<strong>de</strong>nne.<br />
⁄ « Le plus remarquable à Istanbul, c’est l’accord pour dire que<br />
la multiplication <strong>de</strong>s mégalopoles – et les problèmes sanitaires liés à<br />
l’eau que cela entraîne – constitue une menace sécuritaire plus gran<strong>de</strong><br />
que le manque d’eau lui-même, une vraie bombe.<br />
C’est un changement d<strong>ans</strong> l’appréciation <strong>de</strong>s priorités.<br />
J’ai observé qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s ministres Jean-Louis Borloo et<br />
Chantal Jouanno, plusieurs grands élus nationaux étaient présents<br />
et ont réaffirmé leur volonté d’agir. Il y a un consensus politique<br />
sur la gestion <strong>de</strong> la ressource en eau, l’accès à l’eau potable,<br />
l’assainissement. Par ailleurs, j’ai été heureux <strong>de</strong> voir que le travail<br />
fourni par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> – notamment la<br />
publication issue <strong>de</strong> l’Atelier international sur l’eau et l’assainissement<br />
d<strong>ans</strong> la ville qu’elle a organisé à Bercy en juin 2008 – est reconnu.<br />
Plus largement, les savoirs français, notre action et notre approche<br />
<strong>de</strong>puis la loi <strong>de</strong> 1964, le fait <strong>de</strong> raisonner par bassin, d’exiger<br />
la prévision <strong>de</strong>s financements nécessaires au fonctionnement<br />
<strong>de</strong>s ouvrages, sont appréciés à l’échelle internationale.<br />
La France est considérée comme un acteur majeur ; elle a là<br />
une véritable responsabilité et la capacité <strong>de</strong> l’assumer. »<br />
« Un système<br />
qui sert <strong>de</strong> modèle »<br />
Jean-François Bel<br />
Vice-prési<strong>de</strong>nt du conseil général <strong>de</strong>s Yvelines,<br />
maire <strong>de</strong> Montesson.<br />
⁄ « J’ai constaté à Istanbul que beaucoup <strong>de</strong> pays étaient<br />
intéressés par le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gouvernance français. Le fait<br />
<strong>de</strong> raisonner par bassin, <strong>de</strong> faire travailler ensemble – cela fait<br />
quarante <strong>ans</strong> que ça marche ! – <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’État,<br />
<strong>de</strong>s collectivités locales, <strong>de</strong>s usagers (industriels, agriculteurs,<br />
associations…)… tout cela, vraiment, les intéresse. Le choix<br />
<strong>de</strong> faire payer le traitement <strong>de</strong> l’eau usée par le m 3 d’eau potable,<br />
d’associer les <strong>de</strong>ux, retient également l’attention. Notre système<br />
peut servir <strong>de</strong> modèle ; nous avons une influence sur l’Afrique du<br />
Nord par exemple. Autre dispositif qui constitue une originalité<br />
française et donne à réfléchir à <strong>de</strong> nombreux pays : la loi Oudin-<br />
Santini, qui nous permet, comme on le sait, d’ai<strong>de</strong>r les pays<br />
en difficulté. Nous avons <strong>de</strong> surcroît le souci <strong>de</strong> travailler avec <strong>de</strong>s<br />
partenaires fiables. C’est une nécessité car cela permet <strong>de</strong> bien<br />
utiliser l’argent public. Signer <strong>de</strong>s contrats d<strong>ans</strong> ces conditions est<br />
plus important que le financement lui-même. Le Forum d’Istanbul<br />
a bien fait ressortir cette priorité. »<br />
11
LEÇON DE CHOSES : le phoque veau-marin<br />
Le phoque veau-marin,<br />
hôte précieux <strong>de</strong>s côtes norman<strong>de</strong>s<br />
Sympathique mammifère, le phoque veau-marin se plaît bien sur le littoral du Cotentin.<br />
Depuis une quinzaine d’années, ce nageur hors pair à l’allure débonnaire prospère en baie <strong>de</strong>s Veys.<br />
Ses belles moustaches et sa<br />
posture « en banane » (signe<br />
<strong>de</strong> bien-être !) en disent long<br />
sur sa qualité <strong>de</strong> vie, ici, au beau milieu <strong>de</strong> la<br />
baie <strong>de</strong>s Veys, joyau <strong>de</strong> nature préservée. Le<br />
phoque commun, alias phoque veau-marin,<br />
a établi là une petite colonie, près <strong>de</strong> Sainte-<br />
Marie-du-Mont, d<strong>ans</strong> le parc régional <strong>de</strong>s<br />
marais du Cotentin et du Bessin, en lisière <strong>de</strong><br />
la Manche. Cette « tribu » d’une soixantaine<br />
d’individus affiche un carnet rose bien rempli :<br />
une huitaine <strong>de</strong> naissances chaque année. De<br />
quoi être optimiste pour l’avenir.<br />
Des vasières, un chenal, <strong>de</strong>s berges « en<br />
talus » pour glisser ou « luger » plus vite d<strong>ans</strong><br />
l’eau et la mer qui fournit le poisson nécessaire<br />
à son alimentation : la réserve naturelle nationale<br />
du domaine <strong>de</strong> Beauguillot, d<strong>ans</strong> la baie<br />
<strong>de</strong>s Veys, offre une vraie douceur <strong>de</strong> vivre à ses<br />
phoques communs.<br />
Sensible à la pollution<br />
Avec une quarantaine <strong>de</strong> leurs compères<br />
installés en baie du Mont-Saint-Michel,<br />
ces phoques communs « normands » sont les<br />
plus méridionaux <strong>de</strong> l’espèce. Un peu plus au<br />
nord, en baie <strong>de</strong> Somme (Picardie), on compte<br />
139 congénères, puis quelques autres spécimens<br />
en Pas-<strong>de</strong>-Calais. « Et il faut compter<br />
avec <strong>de</strong>s colonies bien plus importantes aussi<br />
en Gran<strong>de</strong>-Bretagne ou aux Pays-Bas. Même<br />
si la gran<strong>de</strong> majorité d’une population <strong>de</strong><br />
600 000 individus a plutôt ses habitu<strong>de</strong>s vers<br />
<strong>de</strong>s latitu<strong>de</strong>s plus élevées, en mer du Nord, en<br />
Baltique et jusqu’à l’Arctique », explique Jean-<br />
François El<strong>de</strong>r, un scientifique qui travaille sur<br />
cet animal au domaine <strong>de</strong> Beauguillot.<br />
Déboussolés, nos phoques communs ?<br />
S<strong>ans</strong> doute opportunistes, tout simplement.<br />
Les experts pensent qu’une avant-gar<strong>de</strong> explore<br />
les eaux <strong>de</strong> la Manche <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies<br />
voire <strong>de</strong>s siècles. Mais cela fait seulement<br />
quinze <strong>ans</strong> environ que la colonie actuelle<br />
s’est établie en Manche, s’appuyant sur une<br />
12<br />
Si le phoque commun se prélasse volontiers sur les rochers ou les bancs <strong>de</strong> sable, c’est pour éviter <strong>de</strong> dépenser<br />
trop d’énergie d<strong>ans</strong> les eaux froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Manche ou <strong>de</strong> la mer du Nord.<br />
démographie dynamique, ici comme en baie<br />
du Mont-Saint-Michel ou en baie <strong>de</strong> Somme.<br />
S<strong>ans</strong> doute l’absence d’orques, prédateur naturel<br />
du phoque, a-t-elle également facilité<br />
leur installation d<strong>ans</strong> la région.<br />
Pour qu’ils se sentent ici comme chez<br />
eux, encore faut-il préserver la qualité <strong>de</strong>s<br />
eaux côtières, le phoque commun étant très<br />
sensible aux pollutions, dont les substances<br />
chimiques. Et maintenir l’homme à distance.<br />
Le phoque commun se montre volontiers curieux,<br />
voire espiègle, mais également craintif :<br />
il n’aime pas être dérangé. L’espèce est protégée<br />
sur le territoire national <strong>de</strong>puis longtemps.
La France s’est même engagée à maintenir<br />
en bon état <strong>de</strong> conservation les sites qui abritent<br />
cet hôte rare, (Directive européenne <strong>de</strong><br />
1992 « Habitat, faune, flore ») et les scientifiques<br />
peuvent étudier avec bonheur ce sympathique<br />
mammifère marin appartenant au<br />
groupe <strong>de</strong>s pinnipè<strong>de</strong>s.<br />
Estran<br />
Partie du littoral<br />
découverte<br />
à marée basse<br />
et immergée<br />
à marée haute.<br />
Pour le repérer <strong>de</strong> loin ?<br />
Lorgner sur l’estran en<br />
plein été. Le phoque commun<br />
semble faire souvent<br />
le paresseux. Mais, en fait,<br />
allongé au soleil, l’animal<br />
Bien qu’appréciant la vie « en tribu », cet animal au corps puissant mais fuselé aime aussi<br />
vagabon<strong>de</strong>r en solitaire. Et il se révèle un excellent nageur !<br />
« travaille son corps », stockant pendant sa<br />
sieste les graisses nécessaires pour l’hiver prochain.<br />
Ses autres talents physiologiques font<br />
le reste. Doué d’un système qui évacue totalement<br />
l’air <strong>de</strong>s poumons (évitant le risque <strong>de</strong><br />
bulles d’azote d<strong>ans</strong> le sang) et d’un cœur pouvant<br />
réduire ses pulsations à cinq par minute,<br />
il sait éviter l’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> décompression en<br />
plongée. Le phoque commun peut ainsi rester<br />
un quart d’heure sous l’eau ! Et quoique d’instinct<br />
grégaire, il vagabon<strong>de</strong> parfois en solitaire,<br />
jusqu’à 60 km <strong>de</strong> sa colonie d’origine ou bien<br />
plus loin. Un air pataud sur le sable… qui cache<br />
donc un nageur hors pair ! p<br />
Philippe Bardiau<br />
Le phoque veau-marin, parfois appelé « chien <strong>de</strong> mer » est un mammifère espiègle<br />
et très joueur. Il exprime ici son bien-être par cette position « en banane ».<br />
Photos François Mor<strong>de</strong>l<br />
Ë POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Observer <strong>de</strong>s phoques d<strong>ans</strong> leur habitat naturel,<br />
c’est possible. Pour cela, ren<strong>de</strong>z-vous au domaine<br />
<strong>de</strong> Beauguillot. Une fois par mois, d’août à<br />
octobre, la réserve organise une visite <strong>de</strong> groupe<br />
gratuite avec un gui<strong>de</strong> naturaliste. Il faut réserver<br />
sa place en appelant le 02 33 71 56 99. Et pour<br />
en savoir plus, lisez Le phoque veau-marin, livret<br />
signé par Jean-François El<strong>de</strong>r, chercheur<br />
naturaliste, et édité par la réserve naturelle<br />
du domaine <strong>de</strong> Beauguillot avec le concours<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>.<br />
Ë PORTRAIT<br />
D’UN BON VIVANT<br />
D’un pelage très varié, marbré ou tacheté,<br />
grisonnant, du blanchâtre au brun,<br />
le phoque veau-marin mue chaque été.<br />
Pesant environ 130 kg (pour 1,50 m)<br />
à l’âge adulte, il laisse l’otarie (plus agile<br />
et docile) faire du cirque ! La femelle<br />
met bas au bout <strong>de</strong> sept mois, vers fin<br />
juin et allaite pendant un mois.<br />
Le jeune phoque s’émancipe vite.<br />
Mais il attend cinq <strong>ans</strong> pour <strong>de</strong>venir<br />
un mâle qui partage avec d’autres<br />
une autorité débonnaire sur les femelles,<br />
s<strong>ans</strong> vrai conflit lors du rut en septembre.<br />
La colonie établie d<strong>ans</strong><br />
la Manche s’appuie sur une<br />
démographie dynamique.<br />
13
GESTION DES MILIEUX : la reconstitution du stock d’anguilles<br />
On peut<br />
sauver l’anguille<br />
Le stock d’alevins d’anguille européenne a chuté <strong>de</strong> 99 % en trente <strong>ans</strong>. Ce chiffre alarmant montre<br />
que la survie <strong>de</strong> cette espèce est menacée. Pour empêcher sa disparition, un règlement européen a été<br />
voté en septembre 2007. Il impose à chaque État membre <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> reconstitution<br />
du stock d’anguilles au travers d’un plan <strong>de</strong> gestion révisé tous les six <strong>ans</strong>.<br />
Son cycle <strong>de</strong> vie si particulier<br />
expose l’anguille européenne<br />
à <strong>de</strong> multiples périls. Sa reproduction<br />
et sa naissance d<strong>ans</strong> la mer <strong>de</strong>s Sargasses,<br />
puis sa migration vers les estuaires au<br />
sta<strong>de</strong> d’anguille tr<strong>ans</strong>parente, appelée civelle,<br />
la ren<strong>de</strong>nt vulnérable à la fois à la dégradation<br />
du milieu naturel et <strong>de</strong> la qualité<br />
<strong>de</strong>s eaux (marines ou douces), à<br />
la prédation <strong>de</strong>s pêcheurs, aux<br />
pollutions <strong>de</strong>s estuaires…<br />
La remontée <strong>de</strong>s rivières <strong>de</strong> l’anguille <strong>de</strong>venue<br />
« jaune », appelée montaison, est elle<br />
aussi largement entravée, par les pêcheurs, les<br />
obstacles sur les cours d’eau et la disparition<br />
14<br />
Civelle<br />
Alevin<br />
<strong>de</strong> l’anguille.<br />
progressive <strong>de</strong> leurs habitats (drainage <strong>de</strong>s zones<br />
humi<strong>de</strong>s, canalisation <strong>de</strong>s cours d’eau,…).<br />
Au moment <strong>de</strong> la dévalaison, lorsque, trois<br />
à quinze années plus tard, arrivée à maturité,<br />
l’anguille <strong>de</strong>venue argentée tente <strong>de</strong> regagner<br />
l’océan pour frayer, elle se heurte aux turbines<br />
<strong>de</strong>s barrages, à la contamination par les polluants<br />
tels que les PCB (Poly Chloro Biphényles)<br />
ou les PCP (Phencyclidine) que cette carnassière<br />
accumule d<strong>ans</strong> sa graisse, et enfin à un<br />
parasite, Anguillicola crassus, qui se loge d<strong>ans</strong> sa<br />
vessie natatoire et l’affaiblit avant sa traversée<br />
<strong>de</strong> l’Atlantique. Comble <strong>de</strong> malheur : la chair <strong>de</strong><br />
l’anguille est un mets fort prisé, sous forme <strong>de</strong><br />
civelle et sous sa forme jaune ou argentée…<br />
L’anguille tr<strong>ans</strong>parente, appelée civelle ou piballe, est très sensible à la qualité du milieu<br />
naturel où elle évolue. Elle atteindra sa taille adulte en douze mois.<br />
Ph. Garguil/Bios.<br />
Quelques chiffres donnent l’étendue du<br />
désastre : <strong>de</strong>puis 1980, l’abondance <strong>de</strong>s civelles<br />
a subi un déclin <strong>de</strong> 95-99 %. D<strong>ans</strong> le même<br />
temps, on estime que près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />
zones humi<strong>de</strong>s françaises a disparu. On considère<br />
aujourd’hui que le stock d’anguilles ne se<br />
situe plus d<strong>ans</strong> les limites biologiques permettant<br />
la préservation <strong>de</strong> l’espèce.<br />
Mobilisation générale<br />
Le 18 septembre 2007, le Conseil <strong>de</strong>s ministres<br />
<strong>de</strong> l’Union européenne a voté un règlement<br />
instituant <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> reconstitution<br />
du stock d’anguilles. Ce règlement a valeur <strong>de</strong><br />
loi : l’ensemble <strong>de</strong> ses dispositions s’appliquent<br />
à tous les États membres s<strong>ans</strong> tr<strong>ans</strong>position, et<br />
leur impose notamment la rédaction d’un plan<br />
<strong>de</strong> gestion qui agisse sur l’ensemble <strong>de</strong>s causes<br />
<strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong> l’espèce : limitation <strong>de</strong> la pêche,<br />
protection <strong>de</strong> l’environnement, réaménagement<br />
<strong>de</strong>s cours d’eau, arrêt temporaire <strong>de</strong>s<br />
turbines, lutte contre les prédateurs, mesures <strong>de</strong><br />
repeuplement… L’objectif est d’atteindre un retour<br />
d’anguilles argentées d’au moins 40 % <strong>de</strong> la<br />
biomasse initiale vers la mer <strong>de</strong>s Sargasses.<br />
La version française <strong>de</strong> ce plan <strong>de</strong> gestion<br />
comporte un chapeau national et un volet par<br />
bassin (dit district) hydrographique. La rédaction<br />
du plan s’est appuyée sur une concertation<br />
organisée au niveau national au sein <strong>de</strong> quatre<br />
groupes <strong>de</strong> travail dédiés (Pêcherie et contrôle,<br />
Monitoring, Ouvrages, Repeuplement) avec<br />
l’accompagnement scientifique du Groupement<br />
d’intérêt scientifique sur les espèces amphihalines.<br />
La rédaction <strong>de</strong>s pl<strong>ans</strong> par district<br />
hydrographique s’est effectuée<br />
au sein <strong>de</strong>s comités<br />
<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s poissons<br />
migrateurs (COGEPOMI)<br />
réunissant <strong>de</strong>s représentants<br />
<strong>de</strong>s <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau,<br />
<strong>de</strong>s directions régionales<br />
Espèces<br />
amphihalines<br />
Espèces qui<br />
migrent entre les<br />
milieux marins<br />
et d’eau douce au<br />
cours <strong>de</strong> leur vie.
AESN<br />
Au moment <strong>de</strong> la dévalaison, lorsque l’anguille tente <strong>de</strong> regagner l’océan, les barrages<br />
et les écluses entravent sa progression.<br />
ONEMA<br />
<strong>de</strong> l’environnement (DIREN), <strong>de</strong>s affaires maritimes<br />
(DRAM), <strong>de</strong> l’Office national <strong>de</strong> l’eau et<br />
<strong>de</strong>s milieux aquatiques (ONEMA) et <strong>de</strong>s fédérations<br />
<strong>de</strong> pêche.<br />
Un impact immédiat<br />
Après approbation du plan par les comités<br />
<strong>de</strong> bassin <strong>de</strong>s six <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau, le ministère<br />
<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la Pêche (MAP)<br />
et le ministère <strong>de</strong> l’Écologie, <strong>de</strong> l’Énergie, du<br />
Développement durable et <strong>de</strong> l’Aménagement<br />
du Territoire (MEEDDAT) l’ont fait remonter,<br />
en décembre <strong>de</strong>rnier, à la Commission européenne<br />
qui examine désormais les propositions<br />
<strong>de</strong> chaque État, jusque d<strong>ans</strong> leurs déclinaisons<br />
les plus locales.<br />
Les pl<strong>ans</strong> <strong>de</strong> gestion portent sur six <strong>ans</strong>,<br />
terme au bout duquel ils sont réadaptés après<br />
évaluation. Le calendrier prévoit qu’après avis<br />
favorable <strong>de</strong> la Commission en mars 2009, ces<br />
pl<strong>ans</strong> soient effectifs dès le 1 er juillet 2009, avec<br />
un impact immédiat sur la réglementation <strong>de</strong> la<br />
pêche aussi bien professionnelle que récréative.<br />
Par exemple, les mesures prises par la France<br />
concernent entre autres la redéfinition <strong>de</strong>s saisons<br />
<strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> l’anguille jaune et argentée<br />
par bassin, l’instauration <strong>de</strong> quotas pour la civelle,<br />
l’interdiction totale <strong>de</strong> la pêche amateur<br />
<strong>de</strong> l’anguille argentée pendant la dévalaison…<br />
Il faut noter que pour la Fédération nationale <strong>de</strong><br />
la pêche en France, ce plan manque d’ambition :<br />
elle aurait souhaité un moratoire <strong>de</strong> cinq <strong>ans</strong> sur<br />
Schéma d’évolution <strong>de</strong> l’anguille, <strong>de</strong> l’œuf<br />
à l’anguille argentée arrivée à maturité et<br />
donc apte à la reproduction.<br />
toutes les pêches <strong>de</strong> l’anguille à tous les sta<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> sa croissance, mesure indispensable à son avis<br />
pour préserver l’espèce. Forte du soutien <strong>de</strong> près<br />
d’un million et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> pêcheurs amateurs, elle<br />
étudie actuellement tous les recours légaux possibles<br />
pour amener l’État à revoir sa copie.<br />
Guillaume Tixier<br />
‡ LE BASSIN SEINE-NORMANDIE<br />
S’ENGAGE POUR L’ANGUILLE<br />
> L’ensemble du bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> est susceptible<br />
d’abriter l’anguille à ses différents sta<strong>de</strong>s d’évolution,<br />
grâce à ses 3 080 kilomètres carrés d’habitats potentiels (eaux<br />
côtières, estuariennes, saumâtres, cours d’eau, lacs, étangs<br />
ou zones humi<strong>de</strong>s permanentes) et son altitu<strong>de</strong> toujours inférieure<br />
à 1 000 mètres.<br />
> D’ici 2015, tous les cours d’eau aval du bassin fréquentés<br />
par <strong>de</strong>s anguilles <strong>de</strong>vront permettre sa migration, si besoin<br />
en aménageant ou détruisant les obstacles. Le chantier<br />
est gigantesque : 409 ouvrages (moulins, barrages, centrales<br />
hydroélectriques, etc.) sont concernés, détenus par la puissance<br />
publique comme par <strong>de</strong>s propriétaires privés !<br />
Heureusement, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>, à travers<br />
le volet continuité écologique <strong>de</strong> son 9 e programme,<br />
est en mesure d’accor<strong>de</strong>r une ai<strong>de</strong> pouvant s’élever à 80 % du<br />
montant <strong>de</strong>s travaux conduisant à effacer l’ouvrage (obstacle). Même les petits propriétaires riverains sont éligibles<br />
à condition qu’ils se regroupent en syndicat.<br />
> Enfin, les ouvrages hydroélectriques, dont les turbines déciment les anguilles lors <strong>de</strong> leur dévalaison, <strong>de</strong>vront aussi<br />
se mettre en conformité. Un accord cadre a été signé en décembre <strong>de</strong>rnier entre les producteurs d’hydroélectricité,<br />
l’ONEMA et l’ADEME. Il s’agit d’un programme <strong>de</strong> recherche et développement <strong>de</strong> près <strong>de</strong> cinq millions d’euros visant<br />
à mieux comprendre l’impact <strong>de</strong>s ouvrages hydroélectriques sur les populations d’anguilles afin <strong>de</strong> concilier la préservation<br />
<strong>de</strong> la biodiversité et le développement d’énergies renouvelables… Des arbitrages pas toujours aisés : une <strong>de</strong>s mesures<br />
envisagées, notamment par la Commission <strong>de</strong>s milieux naturels (COMINA), est l’arrêt <strong>de</strong>s turbines pendant la saison <strong>de</strong><br />
la dévalaison (octobre à janvier). Or, cette saison est également celle où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en électricité est la plus importante...<br />
F. Storck/ONEMA<br />
15
DOSSIER : « <strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’assainissement »<br />
<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts pour<br />
une <strong>Seine</strong> plus propre<br />
En vingt-cinq <strong>ans</strong>, l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>,<br />
d’où toute vie avait pratiquement<br />
disparu, a retrouvé une bonne<br />
qualité… et les poissons sont<br />
revenus en nombre. Mais s’il paraît<br />
légitime d’être satisfait <strong>de</strong>s efforts<br />
accomplis, les résultats obtenus<br />
d<strong>ans</strong> l’agglomération parisienne<br />
suffiront-ils à atteindre le « bon état »<br />
écologique en 2015 comme le prévoit<br />
la directive cadre sur l’eau ?<br />
« Il y a bien longtemps, au<br />
temps <strong>de</strong>s Gaulois, Sequana,<br />
la déesse <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, guérissait<br />
les maladies et les blessures <strong>de</strong>s dévôts lui apportant<br />
leurs offran<strong>de</strong>s. Deux mille <strong>ans</strong> après,<br />
l’homme, <strong>de</strong>venu négligent, a bien failli faire<br />
disparaître toute vie du fleuve autrefois révéré.<br />
D<strong>ans</strong> les années 70, si l’amont <strong>de</strong> Paris<br />
semblait relativement préservé, l’aval était pratiquement<br />
dénué <strong>de</strong> poissons, en raison d’une<br />
pollution endémique provenant <strong>de</strong> la capitale<br />
et <strong>de</strong> ses environs. Heureusement, les pouvoirs<br />
publics ont fini par réagir. D’importants travaux<br />
ont été réalisés, qui ont permis <strong>de</strong> vrais progrès.<br />
C’est au point qu’aujourd’hui on compte<br />
une trentaine d’espèces <strong>de</strong> poissons d<strong>ans</strong><br />
le fleuve. Une belle réussite, preuve tangible<br />
<strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’eau. ‡‡<br />
16<br />
‡ UN SYSTÈME DE GESTION<br />
DES FLUX UNIQUE AU MONDE<br />
Pour bien gérer les capacités épuratoires<br />
disponibles au sein <strong>de</strong>s différentes usines<br />
<strong>de</strong> dépollution, le SIAAP a mis en œuvre<br />
un système informatique original.<br />
Entrant progressivement en service,<br />
il permet <strong>de</strong> répartir l’effort <strong>de</strong><br />
dépollution entre les usines en fonction<br />
<strong>de</strong>s contraintes d’exploitation et<br />
<strong>de</strong>s prévisions météorologiques en jouant<br />
sur les capacités <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong>s réseaux.<br />
« Nulle part ailleurs d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong><br />
un tel système n’a été réalisé à cette<br />
échelle », souligne Jean-Pierre Tabuchi.<br />
P. Guignard/Urba/Air Images Server
1987, l’année où tout a changé<br />
La pollution bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, mesurée<br />
à Ivry et Choisy, ne cesse <strong>de</strong> grimper à partir<br />
<strong>de</strong> 1945. En cause, notamment : l’augmentation<br />
continue <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> l’agglomération<br />
parisienne sur cette pério<strong>de</strong> et le défaut<br />
d’assainissement. Mais en 1987, la tendance<br />
s’inverse enfin. Les efforts <strong>de</strong> dépollution<br />
commencent à porter leurs fruits.<br />
Histoire d’une reconquête<br />
La reconquête <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> a commencé<br />
au début <strong>de</strong>s années 70, notamment avec<br />
la création <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> financière <strong>de</strong> bassin<br />
<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> mais aussi du Syndicat interdépartemental<br />
pour l’assainissement <strong>de</strong><br />
l’agglomération parisienne (SIAAP). En 1982<br />
l’<strong>Agence</strong> présente son schéma <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />
eaux pour la région Ile-<strong>de</strong>-France et quinze<br />
<strong>ans</strong> plus tard elle assure la maîtrise d’ouvrage<br />
du schéma directeur d’assainissement <strong>de</strong> la<br />
zone centrale Ile-<strong>de</strong>-France. Mais, d<strong>ans</strong> le domaine<br />
<strong>de</strong> l’eau, les résultats <strong>de</strong>s efforts sont<br />
lents à obtenir. Surtout lorsque, parallèlement,<br />
la population ne cesse <strong>de</strong> croître !<br />
Aussi étonnant que cela puisse paraître<br />
aux Franciliens, la <strong>Seine</strong> est considérée comme<br />
un fleuve au débit faible. « Et comme la population<br />
qui vit sur ses rives est très importante<br />
– on compte 14 millions <strong>de</strong> personnes<br />
alentours, dont 11,5 millions <strong>de</strong> Franciliens,<br />
dont 8,8 millions pour<br />
l’agglomération parisienne<br />
–, ce cours d’eau<br />
subit une pression anthropique<br />
considérable,<br />
souligne Jean-Pierre<br />
Tabuchi, ancien chef <strong>de</strong><br />
service investissements<br />
Pression<br />
anthropique<br />
Ensemble <strong>de</strong>s effets<br />
générés par les<br />
activités humaines<br />
sur les ressources<br />
naturelles et<br />
les écosystèmes.<br />
Coliformes themotolérants par mL<br />
(moyennes annuelles)<br />
3000<br />
2000<br />
1000<br />
800<br />
600<br />
500<br />
400<br />
300<br />
200<br />
150<br />
100<br />
80<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
15<br />
10<br />
8<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
Population Île <strong>de</strong> France<br />
1935<br />
Ivry<br />
Ivry<br />
Choisy<br />
6789 1234 6789 1234 67 89 1234 6789<br />
1940<br />
1945<br />
1950<br />
1955<br />
1960<br />
1965<br />
1970<br />
PARIS DEVENUE ÉCONOME<br />
DE SON EAU<br />
Aussi étonnant que cela paraisse, le volume<br />
<strong>de</strong>s eaux envoyées par les Parisiens<br />
aux usines <strong>de</strong> dépollution du Syndicat<br />
interdépartemental pour l’assainissement<br />
<strong>de</strong> l’agglomération parisienne (SIAAP)<br />
s’est beaucoup réduit en une décennie, <strong>de</strong><br />
1997 à 2007. Il a en effet chuté d’un tiers,<br />
soit <strong>de</strong> 288 000 mètres cube par jour ! Cela<br />
s’explique par le lancement d’un programme<br />
par la Ville <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> travaux d’optimisation<br />
<strong>de</strong> ses réservoirs <strong>de</strong> chasse<br />
en égout, par l’amélioration<br />
du ren<strong>de</strong>ment du réseau<br />
<strong>de</strong> distribution d’eau<br />
potable… mais aussi par la<br />
diminution <strong>de</strong> consommation<br />
<strong>de</strong>s Parisiens qui atteint<br />
55 000 mètres cube par jour.<br />
1234 6789 1234 6789 1234 6789 1234<br />
Relation entre évolution <strong>de</strong> la population et pollution bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> (AESN, SEDIF, SAGEP)<br />
1975<br />
1980<br />
1985<br />
1990<br />
1965<br />
2000<br />
Habitants<br />
12 millions<br />
2005<br />
Réservoirs<br />
<strong>de</strong> chasse<br />
en égout<br />
Systèmes <strong>de</strong> retenue<br />
permettant<br />
<strong>de</strong>s largages d’eau<br />
d<strong>ans</strong> les égouts<br />
afin <strong>de</strong> les purger.<br />
10 millions<br />
8 millions<br />
6 millions<br />
4 millions<br />
2 millions<br />
Comme un poisson d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong><br />
D<strong>ans</strong> les années 70, la <strong>Seine</strong> était à ce point polluée<br />
que le nombre d’espèces <strong>de</strong> poissons présentes<br />
se comptait sur les doigts d’une main. L’urgence était<br />
<strong>de</strong> réoxygéner le fleuve. Ce fut progressivement<br />
chose faite et la qualité <strong>de</strong> l’eau s’améliora au point<br />
qu’une trentaine d’espèces, dont <strong>de</strong>s truites,<br />
s’y ébattent aujourd’hui. En 2007 et 2008, <strong>de</strong>s saumons,<br />
espèce réputée fragile et sensible aux perturbations <strong>de</strong><br />
son environnement, ont même été observés au barrage<br />
<strong>de</strong> Poses d<strong>ans</strong> l’Eure ! « Pour permettre à davantage<br />
<strong>de</strong> poissons <strong>de</strong> se développer d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong>, le problème<br />
n’est plus la qualité <strong>de</strong> l’eau, affirme Jean-Pierre Tabuchi.<br />
Le problème, c’est que la <strong>Seine</strong> est un “couloir<br />
à bateaux” qui offre peu d’habitats aux espèces<br />
piscicoles. » Il faudrait ainsi « renaturer » le fleuve,<br />
par exemple lui rendre <strong>de</strong>s zones naturelles ou donner<br />
<strong>de</strong> l’ombre à ses eaux.<br />
17
DOSSIER : « <strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’assainissement »<br />
Millions <strong>de</strong> m3/an<br />
UNE CAPACITÉ<br />
ENFIN SUFFISANTE<br />
Depuis quelques années,<br />
les usines <strong>de</strong> dépollution<br />
disposent enfin <strong>de</strong><br />
la capacité suffisante<br />
pour traiter l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s volumes d’eaux<br />
usées produites<br />
par l’agglomération<br />
parisienne. Cela ne s’était<br />
jamais produit <strong>de</strong>puis<br />
plus <strong>de</strong> 100 <strong>ans</strong> !<br />
1 200<br />
1 000<br />
800<br />
600<br />
400<br />
200<br />
0<br />
Eaux usées produites<br />
Achères I<br />
Achères III<br />
Achères II<br />
Grésillons<br />
Colombes<br />
Valenton II<br />
Valenton IB<br />
Valenton IA<br />
Achères IV<br />
Capacité <strong>de</strong> traitement<br />
1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2007<br />
Evolution <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> la production d’eaux usées<br />
(Fig. origine : SIAAP)<br />
à la Direction territoriale Paris petite couronne<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>. Avec la <strong>Seine</strong>, chaque Francilien<br />
dispose <strong>de</strong> 3 700 mètres cube d’eau pour diluer<br />
sa pollution. Ce chiffre est treize fois supérieur<br />
pour un Lyonnais utilisant le Rhône comme<br />
exutoire ! »<br />
Avant 1987, l’épuration <strong>de</strong>s eaux d<strong>ans</strong><br />
l’agglomération parisienne était assurée par<br />
<strong>de</strong>ux usines dont la capacité ne permettait<br />
pas <strong>de</strong> traiter toutes les eaux usées produites<br />
par la population : Achères, maintenant appelée<br />
<strong>Seine</strong>-Aval, et Noisy-le-Grand, appelée<br />
maintenant Marne-Aval. Conséquence : la<br />
qualité <strong>de</strong>s eaux s’est gran<strong>de</strong>ment détériorée,<br />
d’autant que le niveau <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s<br />
installations <strong>de</strong> l’époque paraît bien faible si<br />
on les compare aux exigences actuelles. Progressivement,<br />
avec la mise en œuvre <strong>de</strong> schémas<br />
directeurs d’assainissement successifs,<br />
plusieurs installations ont été mises en service<br />
(voir encadré) qui ont permis <strong>de</strong> progresser<br />
sur le plan <strong>de</strong>s performances épuratoires.<br />
cessait d’augmenter <strong>de</strong>puis 1945 en raison <strong>de</strong><br />
l’accroissement continu <strong>de</strong> la population <strong>de</strong><br />
l’agglomération parisienne, a pour la première<br />
fois entamé une décrue… qui ne s’est plus<br />
démentie <strong>de</strong>puis. L’amélioration s’est ensuite<br />
poursuivie grâce au développement <strong>de</strong> la collecte<br />
sur les secteurs <strong>de</strong> l’Orge, <strong>de</strong> l’Yvette et <strong>de</strong><br />
l’Yerres, mais aussi grâce à la mise en service<br />
<strong>de</strong> nouvelles usines d’assainissement <strong>de</strong>s eaux<br />
usées à Corbeil-Essonnes, Évry et Melun.<br />
Du coup, <strong>de</strong> bons résultats ont été obtenus<br />
pour la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> biologique en oxygène<br />
(DBO5). Il s’agit <strong>de</strong> la quantité d’oxygène<br />
nécessaire pour dégra<strong>de</strong>r les matières organiques,<br />
c’est-à-dire issues <strong>de</strong>s êtres vivants,<br />
par les bactéries. Plus elle est élevée et plus le<br />
milieu est réputé pollué. Grâce aux multiples<br />
usines <strong>de</strong> traitement réalisées, la pollution liée<br />
aux matières organiques est aujourd’hui considérée<br />
comme maîtrisée.<br />
L’ammonium, principalement issue <strong>de</strong><br />
nos urines, joue, lui aussi, un rôle important<br />
d<strong>ans</strong> la concentration en oxygène <strong>de</strong> l’eau,<br />
tout comme les matières organiques. Mais,<br />
en plus, il figure parmi les polluants toxiques<br />
pour la faune aquatique. C’est pourquoi la lutte<br />
contre cette substance constitue une priorité. Si<br />
la concentration en ammonium a gran<strong>de</strong>ment<br />
diminué d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong> en amont <strong>de</strong> Paris au<br />
cours du temps, on ne peut en dire autant <strong>de</strong><br />
l’aval. L’usine <strong>Seine</strong>-Aval a en effet constitué<br />
un véritable « point noir » puisqu’elle rejetait<br />
jusqu’en 1986 <strong>de</strong>s quantités très importantes<br />
<strong>de</strong> ce polluant d<strong>ans</strong> le milieu récepteur. La<br />
mise en service <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s<br />
pollutions azotées d<strong>ans</strong> cette installation en<br />
2007 a permis <strong>de</strong> les réduire <strong>de</strong> 80 %.<br />
Les usines <strong>de</strong> l’agglomération parisienne<br />
sont également parvenues à réduire les quantités<br />
<strong>de</strong> phosphore <strong>de</strong> manière importante,<br />
Inversion <strong>de</strong> tendance<br />
C’est en 1987 que les efforts ont commencé<br />
à porter leurs fruits. Cette année-là, la nouvelle<br />
usine <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong> Valenton 1a (<strong>Seine</strong>-<br />
Amont) a commencé à traiter les flux polluants<br />
<strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> l’Orge, <strong>de</strong> l’Yvette et <strong>de</strong> l’Yerres<br />
jusque-là rejetés s<strong>ans</strong> précaution d<strong>ans</strong> le milieu<br />
naturel. À côté <strong>de</strong> ces équipements <strong>de</strong> dépollution,<br />
<strong>de</strong>s travaux massifs ont été engagés<br />
(construction <strong>de</strong>s réseaux d’assainissement).<br />
Ainsi, <strong>de</strong>s rejets directs d’effluents non traités<br />
jusqu’alors ont été supprimés. Et une inversion<br />
<strong>de</strong> tendance s’est produite. Cette année-là, la<br />
contamination bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, qui ne<br />
18<br />
VINGT-CINQ ANS D’AMÉLIORATION<br />
DES INSTALLATIONS<br />
> 1987 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 1a<br />
(Valenton 1a) ;<br />
> 1992 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 1b<br />
(Valenton 1b) ;<br />
> 1999 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Centre à Colombes ;<br />
> 2000 : traitement par physico-chimique à <strong>Seine</strong>-<br />
Amont 2 (Valenton 2) ;<br />
> 2006 : extension <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 2 ;<br />
> 2007 : unité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s pollutions azotées<br />
et <strong>de</strong> l’usine <strong>de</strong>s Grésillons à Triel-sur-<strong>Seine</strong> ;<br />
> 2009 (prévision) : nouvelle usine Marne-Aval ;<br />
> 2010 (prévision) : mise en conformité DERU<br />
(directive sur les eaux résiduaires urbaines) <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-<br />
Amont ;<br />
> 2011 (prévision) : mise en conformité DERU<br />
<strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Aval.
Évolution <strong>de</strong>s capacités d’épuration par temps sec<br />
<strong>de</strong> l’agglomération parisienne<br />
L'Oise<br />
1986<br />
Val d'Oise<br />
environ 65 %. Cependant, malgré l’embellie<br />
constatée, les résultats obtenus ne sont pour<br />
l’instant pas suffisants pour atteindre le « bon<br />
état physico-chimique » sur ce poste comme<br />
l’exige la directive cadre sur l’eau (DCE) pour<br />
2015.<br />
Côté métaux lourds, les nouvelles sont<br />
également bonnes. D<strong>ans</strong> les sédiments qui<br />
couvrent le fond du fleuve, les teneurs en<br />
Métaux lourds<br />
Métaux<br />
particulièrement<br />
<strong>de</strong>nses, comme<br />
le plomb, et souvent<br />
toxiques.<br />
métaux lourds sont à la<br />
baisse. Parallèlement, les<br />
Franciliens en rejettent<br />
moins. Un tel résultat<br />
s’explique par le travail<br />
<strong>de</strong> sensibilisation engagé<br />
<strong>de</strong>puis plusieurs<br />
années auprès <strong>de</strong>s industriels et artis<strong>ans</strong>, par<br />
la réduction <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong> ces matériaux mais<br />
aussi par la restructuration du tissu industriel.<br />
Points à améliorer<br />
En revanche, la situation est nettement<br />
moins bonne sur le front <strong>de</strong>s nitrates. Certes,<br />
ces substances affectent peu la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />
<strong>de</strong> surface. Mais elles constituent un facteur<br />
d’eutrophisation et plus<br />
particulièrement <strong>de</strong>s milieux<br />
marins. À cet égard,<br />
les nitrates charriés par la<br />
<strong>Seine</strong> jouent un rôle non<br />
négligeable sur la dégradation<br />
<strong>de</strong> son estuaire<br />
et <strong>de</strong> la mer du Nord. À<br />
cela il faut ajouter que les eaux potables sont<br />
soumises à <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> qualité (exemple,<br />
concentration limite à ne pas dépasser en nitrates<br />
: 50 mg/l).<br />
Les nitrates proviennent pour les <strong>de</strong>ux tiers<br />
<strong>de</strong>s engrais azotés utilisés en agriculture <strong>de</strong><br />
manière intensive <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 50.<br />
Pour un tiers d’entre eux, leur origine se trouve<br />
d<strong>ans</strong> les stations d’épuration <strong>de</strong>s collectivités.<br />
Mais en 2011, l’usine <strong>Seine</strong>-Aval, responsable<br />
d’une forte élévation du taux <strong>de</strong> nitrates d<strong>ans</strong> la<br />
<strong>Seine</strong>, se mettra en conformité avec la directive<br />
DERU<br />
Ce texte impose<br />
aux collectivités <strong>de</strong><br />
collecter et traiter<br />
les eaux usées<br />
selon les normes.<br />
Eutrophisation<br />
Augmentation<br />
anormale <strong>de</strong> la<br />
production <strong>de</strong><br />
plantes aquatiques<br />
par l’apport exagéré<br />
<strong>de</strong> produits nutritifs.<br />
eaux résiduaires urbaines<br />
(DERU) et ses rejets seront<br />
réduits <strong>de</strong> 70 %.<br />
Enfin, les nitrites apparaissent<br />
aujourd’hui<br />
comme un sujet <strong>de</strong> préoccupation.<br />
Réputé instable,<br />
<strong>Seine</strong> aval<br />
2 100 000 m 3 /j<br />
<strong>Seine</strong> Grésillons<br />
100 000 m3/j<br />
Yvelines<br />
Hauts<br />
<strong>de</strong><br />
<strong>Seine</strong><br />
Essonne<br />
PARIS<br />
<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />
Val <strong>de</strong> Marne<br />
ce qui signifie qu’il se décompose et se détruit<br />
relativement vite d<strong>ans</strong> l’environnement, ce<br />
puissant toxique n’a pas fait l’objet d’une attention<br />
particulière jusqu’à aujourd’hui. Pourtant,<br />
la <strong>Seine</strong> en contient <strong>de</strong>s quantités trop<br />
importantes pour pouvoir respecter la DCE.<br />
Une note d’optimisme<br />
La Marne<br />
<strong>Seine</strong> et Marne<br />
Ainsi la qualité <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> s’estelle<br />
considérablement améliorée au cours du<br />
temps. Le retour <strong>de</strong>s poissons en nombre en<br />
est le signe indubitable. « Ces résultats apportent<br />
une note d’optimisme alors qu’on lit tant<br />
<strong>de</strong> choses catastrophiques sur l’état <strong>de</strong> notre<br />
planète », insiste Jean-Pierre Tabuchi.<br />
Près <strong>de</strong> trente <strong>ans</strong> et près <strong>de</strong> 3,5 milliards<br />
d’euros auront été nécessaires pour réduire<br />
l’impact <strong>de</strong> l’agglomération parisienne sur la<br />
qualité <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> et <strong>de</strong> son estuaire. L’<strong>Agence</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> y aura contribué<br />
à hauteur <strong>de</strong> 47 % en euro courant au côté,<br />
notamment, du conseil régional d’Ile-<strong>de</strong>-<br />
France et du SIAAP.<br />
Pourtant, en dépit <strong>de</strong>s résultats positifs obtenus,<br />
« on est assez loin <strong>de</strong> respecter les critères<br />
<strong>de</strong> la directive cadre sur l’eau », prévient Jean-<br />
La <strong>Seine</strong><br />
Marne aval<br />
30 000 m 3 /j<br />
<strong>Seine</strong> aval<br />
+ Clarifloculation<br />
2 100 000 m3/j<br />
<strong>Seine</strong> centre<br />
240 000 m3/j<br />
Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 1986<br />
(Fig.origine: SIAAP-AESN) <strong>Seine</strong> amont 1<br />
<strong>Seine</strong> aval<br />
+ Clarifloculation<br />
+ Nitrification<br />
1 700 000 m3/j<br />
<strong>Seine</strong> centre<br />
240 000 m3/j<br />
Yvelines<br />
L'Oise<br />
Val d'Oise<br />
Hauts<br />
<strong>de</strong><br />
<strong>Seine</strong><br />
Essonne<br />
Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 2007<br />
(Fig. origine: SIAAP-AESN)<br />
PARIS<br />
<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />
Val <strong>de</strong> Marne<br />
La <strong>Seine</strong><br />
2007<br />
La Marne<br />
Marne aval<br />
30 000 m3/j<br />
<strong>Seine</strong> et Marne<br />
<strong>Seine</strong> amont 1+2<br />
600 000 m3/j<br />
Yvelines<br />
L'Oise<br />
Hauts<br />
<strong>de</strong><br />
Val d'Oise<br />
<strong>Seine</strong><br />
Essonne<br />
Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 2000<br />
(Fig. origine : SIAAP-AESN)<br />
PARIS<br />
<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />
Val <strong>de</strong> Marne<br />
La Marne<br />
300 000 m3/j<br />
Marne aval<br />
30 000 m3/j<br />
<strong>Seine</strong> et Marne<br />
Pierre Tabuchi. Trois substances doivent encore<br />
être maitrisées : le phosphore, l’ammonium et<br />
les nitrites. C’est pourquoi l’effort doit se poursuivre<br />
et notamment concernant la maîtrise<br />
<strong>de</strong>s pollutions par temps <strong>de</strong> pluie. De nouvelles<br />
augmentations <strong>de</strong> capacités, mises en<br />
service et mises aux normes sont prévues sur<br />
les installations existantes et à venir.<br />
Cette année doit entrer en service la<br />
nouvelle usine Marne-Aval qui remplace<br />
l’ancienne, <strong>de</strong>venue obsolète et insuffisante<br />
en capacité, par exemple. Et d’ici 2015, doit<br />
être conduite la refonte <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Aval. Si bien<br />
que, à partir <strong>de</strong> 2015, on pourra enfin songer<br />
sérieusement à atteindre les objectifs fixés par<br />
la directive cadre sur l’eau. « Avec suffisamment<br />
<strong>de</strong> temps et d’argent, on y arrive : l’eau<br />
a <strong>de</strong>puis longtemps bénéficié d’une vraie politique<br />
environnementale et d’un soutien financier<br />
s<strong>ans</strong> faille et les résultats sont là », souligne<br />
Jean-Pierre Tabuchi. En continuant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />
ainsi, les résultats positifs observés aujourd’hui<br />
<strong>de</strong>vraient encore progresser à l’avenir. p<br />
Paul <strong>de</strong> Brem<br />
La <strong>Seine</strong><br />
2000<br />
CINQ SITES<br />
POUR NE PLUS POLLUER<br />
LA SEINE<br />
Les usines <strong>de</strong> dépollution sont<br />
aujourd’hui au nombre <strong>de</strong> cinq<br />
d<strong>ans</strong> l’agglomération parisienne,<br />
contre <strong>de</strong>ux seulement vingt <strong>ans</strong><br />
plus tôt. Certes, leur capacité<br />
a augmenté : elles peuvent traiter<br />
<strong>de</strong>s quantités d’eau plus<br />
importantes que par le passé.<br />
Mais, surtout, elles épurent l’eau<br />
avec une efficacité considérable<br />
comparée aux installations<br />
<strong>de</strong>s décennies passées.<br />
19
MÉTIER : technicien SPANC<br />
« Le » spécialiste<br />
<strong>de</strong> l’assainissement non collectif<br />
Vérifier que les installations individuelles pour traiter les eaux usées répon<strong>de</strong>nt aux normes en vigueur, c’est<br />
la mission première d’un technicien d’un Service public d’assainissement non collectif. Responsable <strong>de</strong><br />
27 communes autour <strong>de</strong> Lisieux, en Basse-<strong>Normandie</strong>, Richard Joret assure ses fonctions avec tact et diplomatie.<br />
Il est un peu plus <strong>de</strong> 11 heures<br />
du matin. La carte à proximité<br />
pour s’assurer qu’il suit le bon<br />
itinéraire, Richard Joret quitte la voie principale<br />
pour emprunter une route <strong>de</strong> terre jusqu’à la<br />
maison qu’il doit contrôler. Il arrive d<strong>ans</strong> un lieudit<br />
situé à une dizaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Lisieux.<br />
Épurer les eaux usées<br />
non raccordées à l’égout<br />
Richard Joret est technicien SPANC. Traduction<br />
: « Le SPANC est le Service public<br />
d’assainissement non collectif, explicite-t-il. Il<br />
a compétence pour tous les bâtiments qui utilisent<br />
<strong>de</strong> l’eau potable, s<strong>ans</strong> être raccordés au<br />
“tout-à-l’égout” (réseau public d’assainissement).<br />
Il peut s’agir <strong>de</strong> maisons individuelles<br />
comme <strong>de</strong>s salles <strong>de</strong>s fêtes, <strong>de</strong>s restaurants,<br />
<strong>de</strong>s campings… L’intégralité <strong>de</strong> notre secteur<br />
s’étend sur près <strong>de</strong> <strong>25</strong> kilomètres <strong>de</strong> circonférence<br />
avec, au centre, Lisieux. »<br />
Le ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> ce jour a lieu chez un<br />
particulier qui rési<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> l’une <strong>de</strong>s 27 communes<br />
du pays d’Auge dont notre technicien a la<br />
gestion. Au programme : effectuer le contrôle<br />
diagnostic du système d’assainissement <strong>de</strong> la<br />
maison afin <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> son bon fonctionnement<br />
et <strong>de</strong> son entretien régulier. Pendant<br />
la visite, toutes les spécificités <strong>de</strong> l’installation<br />
sont prises en compte pour établir le diagnostic<br />
: l’accessibilité et la composition du dispositif,<br />
la capacité du sol à assurer l’épuration et<br />
l’infiltration <strong>de</strong>s eaux, ou encore la topographie<br />
et l’aménagement du site. Bref, aucun détail<br />
n’échappe à l’expertise du technicien SPANC.<br />
Au cours <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> visite, Richard Joret<br />
doit faire preuve <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> pédagogie car<br />
sa mission est on ne peut plus délicate. « En général,<br />
les gens disposent simplement d’un prétraitement<br />
incomplet, <strong>de</strong> type fosse septique, qui<br />
effectue <strong>de</strong>s rejets d<strong>ans</strong> le milieu environnant,<br />
ou possè<strong>de</strong>nt un traitement inadapté à la capacité<br />
d’épuration <strong>de</strong> leur sol. Ils ignorent le réel<br />
fonctionnement d’une installation complète et<br />
20<br />
R. Demaret/REA<br />
Joret/Spanc<br />
À l’ai<strong>de</strong> d’une tarière, Richard Joret, technicien SPANC (photo ci-<strong>de</strong>ssus), effectue un contrôle pédologique<br />
afin <strong>de</strong> vérifier la qualité du sol et sa capacité à assurer l’épuration et l’infiltration <strong>de</strong>s eaux.
ËSE METTRE EN CONFORMITÉ<br />
AVEC LA LOI<br />
Les communes doivent avoir contrôlé toutes<br />
les installations d’assainissement non collectif<br />
avant fin 2012, dispose la loi sur l’eau et les<br />
milieux aquatiques du 30 décembre 2006 (LEMA).<br />
Si <strong>de</strong>s travaux s’avèrent nécessaires, les usagers<br />
<strong>de</strong>vront les effectuer au plus tard quatre <strong>ans</strong><br />
après le contrôle. Il revient aux communes <strong>de</strong><br />
faire vérifier ces installations au moins tous les<br />
huit <strong>ans</strong>. Les usagers sont responsables, quant à<br />
eux <strong>de</strong> l’entretien et <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réhabilitation<br />
si nécessaire. Ils peuvent en confier la maîtrise<br />
d’ouvrage déléguée au SPANC si celui-ci en a la<br />
compétence (facultative au regard <strong>de</strong> la LEMA).<br />
s’imaginent que la fosse réalise l’épuration <strong>de</strong>s<br />
eaux. Il me faut alors leur expliquer qu’ils vont<br />
<strong>de</strong>voir engager une réhabilitation souvent<br />
coûteuse. » Cette fois-ci encore, Richard Joret<br />
annonce la mauvaise nouvelle à la maîtresse<br />
<strong>de</strong> maison : son installation n’est pas conforme<br />
et <strong>de</strong>vra être réhabilitée. Autre déconvenue<br />
: d<strong>ans</strong> son cas, les travaux <strong>de</strong>vraient être<br />
relativement coûteux, autour <strong>de</strong> 7 500 e, car<br />
ils nécessitent <strong>de</strong> constituer un sol artificiel, le<br />
terrain naturel n’étant pas apte à assurer une<br />
fonction épuratrice.<br />
Contrôleur,<br />
mais surtout assistant<br />
R. Demaret/REA<br />
Le propriétaire <strong>de</strong>vra choisir<br />
l’installation la plus adaptée à<br />
une épuration efficace en fonction<br />
<strong>de</strong>s caractéristiques du sol et<br />
<strong>de</strong> la topographie du terrain.<br />
cien les pl<strong>ans</strong> <strong>de</strong> son installation, passage obligé<br />
avant la tr<strong>ans</strong>mission du dossier en mairie.<br />
Le rôle du technicien SPANC est donc triple,<br />
résume Richard Joret : « En plus du premier<br />
contrôle, qu’il s’agisse <strong>de</strong>s installations existantes<br />
ou <strong>de</strong>s chantiers en cours, notre mission comprend<br />
un troisième volet : celui <strong>de</strong> revisiter périodiquement<br />
toutes les installations, sur une périodicité<br />
<strong>de</strong> quatre à huit <strong>ans</strong> selon la loi sur l’eau. »<br />
Respect,<br />
<strong>de</strong> l’environnement<br />
Pas toujours facile <strong>de</strong> faire comprendre<br />
aux citoyens la mission première du SPANC :<br />
œuvrer, à leur côté, au respect <strong>de</strong> leur environnement.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> limiter la pollution engendrée<br />
par ses déchets près <strong>de</strong> chez soi, d<strong>ans</strong><br />
son propre jardin, d<strong>ans</strong> celui du voisin ou encore<br />
d<strong>ans</strong> le cours d’eau qui coule à proximité<br />
<strong>de</strong> sa maison. Et l’enjeu est <strong>de</strong> taille. « Quatrevingts<br />
pour cent <strong>de</strong>s installations que nous<br />
contrôlons ne sont pas aux normes, dont la<br />
moitié avec un impact environnemental ou<br />
sanitaire, alerte Richard Joret, et il sera difficile à<br />
« Mais attention, je ne laisse jamais les propriétaires<br />
seuls face à leur situation. Je suis également<br />
là pour les rassurer. J’ai plusieurs casquettes<br />
celle du contrôleur, bien sûr, mais aussi celle<br />
<strong>de</strong> conseiller. Je les assiste d<strong>ans</strong> leur démarche <strong>de</strong><br />
remise en conformité, pour solliciter d’éventuels<br />
ai<strong>de</strong>s ou encore pour faire valoir leurs droits. »<br />
Pour mener à bien ces opérations <strong>de</strong> terrain,<br />
Richard Joret est secondé par <strong>de</strong>ux agents<br />
<strong>de</strong> contrôle pour qui il a les mêmes exigences<br />
que pour lui-même : « Être ferme tout en usant<br />
<strong>de</strong> diplomatie. » Il est particulièrement à l’aise<br />
d<strong>ans</strong> cet exercice périlleux et la visite s’achève<br />
s<strong>ans</strong> encombre. « Je suis fier <strong>de</strong> mener à bien<br />
cette mission <strong>de</strong> service public d<strong>ans</strong> une structure<br />
qui gère en intégralité ses missions, s<strong>ans</strong><br />
faire appel au privé. »<br />
Les fonctions du technicien SPANC ne s’arrêtent<br />
pas là. Une fois le diagnostic terminé chez<br />
le propriétaire, Richard Joret rejoint rapi<strong>de</strong>ment<br />
ses bureaux du Syndicat intercommunal <strong>de</strong><br />
traitement <strong>de</strong>s eaux. Il va, cette fois, assurer une<br />
autre <strong>de</strong> ses obligations <strong>de</strong> contrôle : vérifier que<br />
les projets <strong>de</strong> conception et d’implantation <strong>de</strong><br />
système d’assainissement, lors <strong>de</strong> construction<br />
<strong>de</strong> maisons neuves ou <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong> systèmes<br />
anciens, répon<strong>de</strong>nt aux normes en vigueur.<br />
Ce jour-là, il reçoit donc une jeune femme pour<br />
vali<strong>de</strong>r son projet. Celle-ci soumet au technibeaucoup<br />
d’usagers <strong>de</strong> trouver le financement<br />
d<strong>ans</strong> les délais prévu par la loi. » Mais par son<br />
ambition affichée <strong>de</strong> suivre les dossiers <strong>de</strong> A à Z<br />
et <strong>de</strong> mettre tout son dynamisme au profit <strong>de</strong> la<br />
pédagogie, le SPANC <strong>de</strong> Richard Joret dispose<br />
<strong>de</strong> sérieux atouts pour réussir à sensibiliser une<br />
majorité <strong>de</strong> propriétaires. p<br />
Victoire N’Sondé<br />
UN MÉTIER…<br />
DES PARCOURS<br />
Richard Joret est technicien supérieur<br />
principal, titulaire d’une maîtrise<br />
<strong>de</strong> science <strong>de</strong> la terre et aménagement<br />
régional. Il est également possible<br />
<strong>de</strong> suivre une formation initiale en BTS<br />
(Brevet technicien supérieur) « Gestion<br />
et maîtrise <strong>de</strong> l’eau (Gemeau) » ou<br />
« Métiers <strong>de</strong> l’eau ». Pour obtenir un poste<br />
<strong>de</strong> technicien SPANC, il faut ensuite<br />
réussir le concours <strong>de</strong> technicien supérieur<br />
territorial <strong>de</strong> la fonction publique<br />
territoriale à moins que le SPANC soit géré<br />
par délégation <strong>de</strong> service public auquel<br />
cas les techniciens ont un statut privé.<br />
21
BONNES PRATIQUES : quand l’élevage se met au vert<br />
Agriculture durable,<br />
une démarche « gagnant-gagnant »<br />
L’agriculteur qui souhaite modifier sa pratique pour préserver l’environnement doit-il nécessairement perdre<br />
<strong>de</strong> l’argent ? Au contraire ! Deux exemples le montrent bien en Basse-<strong>Normandie</strong>.<br />
<strong>Normandie</strong>. « Contrairement au maïs et autres<br />
céréales, les prairies ne nécessitent pas ou très<br />
peu d’engrais et aucun pestici<strong>de</strong>. Augmenter<br />
les surfaces en prairies, c’est réduire d’autant<br />
les surfaces massivement traitées et améliorer<br />
mécaniquement la qualité <strong>de</strong>s eaux. »<br />
Reste que si les agriculteurs n’étaient pas euxmêmes<br />
les premiers bénéficiaires <strong>de</strong> ces changements<br />
<strong>de</strong> pratique, rien ne pourrait se faire.<br />
Fort heureusement, l’agriculture durable est<br />
aussi bonne pour la qualité <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s<br />
agriculteurs que pour celle <strong>de</strong> l’eau. C’est le<br />
sens du témoignage d’Hubert Coupard, engagé<br />
<strong>de</strong>puis bientôt dix <strong>ans</strong> d<strong>ans</strong> la pratique <strong>de</strong><br />
l’agriculture durable.<br />
Aidé par la fédération <strong>de</strong>s CIVAM, Hubert Coupard a tr<strong>ans</strong>formé ses surfaces cultivées en prairies.<br />
Et a redonné un sens à son métier.<br />
Trois <strong>ans</strong> seulement après sa<br />
signature, le partenariat que<br />
l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau a mis en place<br />
avec la fédération <strong>de</strong>s CIVAM<br />
(Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture<br />
et le milieu rural) <strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong>,<br />
un réseau d’agriculteurs en faveur du développement<br />
durable, s’avère particulièrement<br />
fructueux. Les actions d’accompagnement<br />
vers la valorisation <strong>de</strong>s prairies aux dépens <strong>de</strong>s<br />
22<br />
surfaces cultivées qu’engage régulièrement la<br />
fédération se révèlent en effet très bénéfiques<br />
pour la préservation du bon état écologique<br />
<strong>de</strong>s eaux.<br />
Bénéfices immédiats<br />
« Le bénéfice est immédiat », explique Gilles<br />
Bridier, technicien animateur <strong>de</strong> groupes à la<br />
fédération régionale <strong>de</strong>s CIVAM <strong>de</strong> Basse-<br />
Tirer les leçons<br />
d’une crise<br />
« Produire toujours plus n’est pas une fin<br />
en soi. Ce qui compte à la fin, c’est l’argent<br />
qui vous reste. » Pour Hubert, cette prise <strong>de</strong><br />
conscience a coïncidé avec une année très difficile,<br />
d<strong>ans</strong> le sillage <strong>de</strong> la tempête <strong>de</strong> 1999 :<br />
l’exploitation, lour<strong>de</strong>ment en<strong>de</strong>ttée, doit à la<br />
fois faire face aux ren<strong>de</strong>ments médiocres <strong>de</strong><br />
ses cultures et à la chute <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />
Plutôt que <strong>de</strong> s’en<strong>de</strong>tter encore pour acheter<br />
force semences, engrais et pestici<strong>de</strong>s afin <strong>de</strong><br />
produire le maïs nécessaire au cheptel, Hubert<br />
Coupard se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il ne serait pas plus<br />
judicieux d’augmenter la surface en pâturages.<br />
Pru<strong>de</strong>nt, Hubert se livre à plusieurs simulations<br />
<strong>de</strong> ce que serait alors son revenu.<br />
À sa gran<strong>de</strong> surprise, il ne baisse pas, voire il<br />
augmente ! Le secret, ce sont les économies<br />
réalisées sur les intrants, engrais et pestici<strong>de</strong>s<br />
qui seuls permettent <strong>de</strong> garantir le succès<br />
<strong>de</strong>s cultures en agriculture intensive. « Il m’a<br />
fallu trois semaines pour faire ces simulations,<br />
mais trois <strong>ans</strong> pour y croire ! »
Mieux gagner<br />
sa vie grâce<br />
à un travail qui<br />
respecte<br />
l’environnement.<br />
L’indispensable soutien<br />
d’un groupe<br />
Pour mettre toutes les chances <strong>de</strong> son côté,<br />
Hubert Coupard déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> rejoindre le CIVAM<br />
Ara<strong>de</strong>c afin <strong>de</strong> recevoir les conseils <strong>de</strong> collègues<br />
engagés <strong>de</strong>puis plus longtemps d<strong>ans</strong> cette<br />
démarche. « Le soutien du groupe a été indispensable.<br />
S<strong>ans</strong> lui, j’aurais s<strong>ans</strong> doute abandonné<br />
en cours <strong>de</strong> route. » En plus <strong>de</strong>s économies<br />
réalisées, cette nouvelle conduite <strong>de</strong> l’exploitation<br />
libère l’équivalent d’un mi-temps qui a permis<br />
à l’épouse d’Hubert <strong>de</strong> trouver un emploi<br />
à l’extérieur, augmentant d’un tiers le revenu<br />
disponible du ménage.<br />
Surtout, Hubert Coupard redécouvre le plaisir<br />
<strong>de</strong> pratiquer son métier en plein air et non<br />
plus en stabulation. « J’ai retrouvé un sens à<br />
mon métier ». Aujourd’hui, Hubert est tellement<br />
enthousiaste qu’il souhaite faire partager<br />
son expérience en créant un groupe informel<br />
d’agriculteurs, lequel pourrait à terme évoluer<br />
vers un CIVAM. « L’élevage extensif n’est pas<br />
adapté à toutes les exploitations. Mais pour<br />
celles qui ont le bon profil, ça vaut vraiment le<br />
coup d’essayer. »<br />
Ce témoignage est par ailleurs présenté parmi<br />
quatorze autres, d<strong>ans</strong> le référentiel <strong>de</strong> l’agricul-<br />
Photos : Raphaêl Demaret pour Confluence<br />
ture durable <strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong> mis à jour en<br />
2008 par la FRCIVAM avec le soutien financier<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau.<br />
« Cocktail<br />
végétal »<br />
pour une meilleure<br />
qualité <strong>de</strong> vie<br />
Avec ses 320 kilomètres <strong>de</strong> cours d’eau abritant<br />
<strong>de</strong>s espèces aussi rares que la moule perlière ou<br />
la fougère royale, le bassin <strong>de</strong> la Rouvre mérite<br />
d’être protégé <strong>de</strong> toutes les pollutions. C’est<br />
pourquoi, en 2006, la fédération <strong>de</strong>s CIVAM<br />
<strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong> a proposé à l’<strong>Agence</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau une action pilote orientée vers une<br />
dizaine d’agriculteurs <strong>de</strong> cette zone. Il s’agissait<br />
<strong>de</strong> leur offrir un diagnostic <strong>de</strong> changement<br />
<strong>de</strong> pratique mettant en évi<strong>de</strong>nce tout l’intérêt<br />
qu’ils auraient à passer à un système herbager.<br />
Christophe Aucherie, exploitant la ferme <strong>de</strong><br />
Cocagne à Bellou-en-Houlme, en a été l’un <strong>de</strong>s<br />
L’AGENCE DE L’EAU<br />
PARTENAIRE DES AGRICULTEURS<br />
L’<strong>Agence</strong> peut accompagner les agriculteurs désireux <strong>de</strong> changer<br />
<strong>de</strong> pratiques sous réserve qu’ils se trouvent d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s territoires<br />
prioritaires, essentiellement <strong>de</strong>s zones d’alimentation <strong>de</strong> captages<br />
exploités pour l’eau potable. Les actions soutenues s’inscrivent<br />
notamment d<strong>ans</strong> le cadre du Plan <strong>de</strong> développement rural et<br />
hexagonal (PDRH) et correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s mesures agroenvironnementales<br />
contractualisées pour cinq <strong>ans</strong> à l’échelle, soit<br />
<strong>de</strong>s parcelles pour <strong>de</strong> nombreuses mesures, soit pour <strong>de</strong>ux d’entre<br />
elles à l’échelle <strong>de</strong> l’exploitation d<strong>ans</strong> le cadre d’une évolution vers<br />
un système fourragé économe en intrants (SFEI) ou vers l’agriculture<br />
biologique. L’<strong>Agence</strong> peut aussi intervenir auprès <strong>de</strong>s collectivités<br />
gestionnaires <strong>de</strong> ces points d’eau afin d’ai<strong>de</strong>r au financement<br />
d’étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’animation ou d’acquisitions foncières.<br />
Le mélange ray-grass/trèfle blanc, voilà le secret <strong>de</strong> Christophe Aucherie. Grâce à ce « cocktail<br />
végétal », cet agriculteur gagne mieux sa vie et s’est libéré du temps.<br />
bénéficiaires. « Le prix <strong>de</strong>s intrants ne faisant<br />
qu’augmenter, je n’ai pas été long à me convaincre<br />
<strong>de</strong> l’intérêt qu’il y avait à réduire la part<br />
<strong>de</strong> mon exploitation consacrée aux céréales<br />
et au maïs. L’année prochaine, je ne verserai<br />
plus un gramme d’azote sur mes 94 hectares,<br />
puisque je n’aurai plus du tout <strong>de</strong> céréales ! »<br />
Cocagne passe au vert<br />
Car en fait <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> Cocagne, la ferme <strong>de</strong><br />
Christophe Aucherie est surtout constituée <strong>de</strong><br />
terres humi<strong>de</strong>s, en partie drainées, moins propices<br />
à la culture <strong>de</strong>s blés. Cependant avec un<br />
minimum <strong>de</strong> soin, ces terres se révèlent excellentes<br />
lorsqu’il s’agit d’y faire pousser <strong>de</strong> l’herbe.<br />
Mais pas n’importe laquelle : un mélange<br />
ray-grass/trèfle blanc, un cocktail particulièrement<br />
adapté à la pratique <strong>de</strong> l’agriculture durable.<br />
« Avec le ray-grass/trèfle, j’ai <strong>de</strong> l’herbe<br />
pour mes vaches et le trèfle pompe tout seul<br />
l’azote <strong>de</strong> l’air pour le restituer à la terre sous<br />
forme d’engrais naturel. Et pas besoin <strong>de</strong> sortir<br />
le tracteur tous les <strong>ans</strong> pour labourer, ensemencer<br />
ou traiter. Avec un bon ray-grass/trèfle, je<br />
suis tranquille pour quelque dix <strong>ans</strong>. »<br />
Pour Christophe, ce système herbager est idéal.<br />
« Cela me permet <strong>de</strong> passer plus <strong>de</strong> temps avec<br />
mes animaux et d’avoir plus <strong>de</strong> temps pour<br />
moi. Avec l’agriculture extensive, j’ai découvert<br />
qu’on pouvait à la fois mieux gagner sa vie tout<br />
en travaillant autrement, <strong>de</strong> façon beaucoup<br />
plus respectueuse <strong>de</strong> l’environnement. »<br />
Depuis,l’action se poursuit avec la promotion<br />
et l’accompagnement technique <strong>de</strong> la mesure<br />
agro-environnementale « Système fourrager<br />
économe en intrants (SFEI) » (voir encadré).<br />
Didier Jamet<br />
23
JURIDIQUE ET PRATIQUE : la mise en œuvre du « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement »<br />
Développement dur<br />
et ses établissements<br />
Le « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement » a été l’occasion <strong>de</strong> réaffirmer le rôle moteur que doivent jouer<br />
les administrations en matière <strong>de</strong> développement durable. Établissement public <strong>de</strong> l’État, l’<strong>Agence</strong><br />
<strong>de</strong> l’eau a vocation à être exemplaire.<br />
Satisfaire les besoins <strong>de</strong> la génération actuelle<br />
s<strong>ans</strong> compromettre la capacité <strong>de</strong>s<br />
générations futures à répondre aux leurs.<br />
Voilà en quelques mots la définition du développement<br />
durable, proposée par les Nations<br />
unies, réaffirmée par l’Union européenne et<br />
inscrite d<strong>ans</strong> la constitution française <strong>de</strong>puis<br />
mars 2005. Véritable projet <strong>de</strong> société porté<br />
par une stratégie nationale du développement<br />
durable, cet engagement vise à concilier croissance<br />
économique, progrès social et respect <strong>de</strong><br />
l’environnement. Et l’État qui initie cette nouvelle<br />
économie écologique se doit d’être exemplaire,<br />
notamment au travers <strong>de</strong> ses établissements<br />
publics. L’<strong>Agence</strong> qui s’est engagée en<br />
faveur du développement durable <strong>de</strong>puis sa<br />
création s’associe totalement à cette démarche<br />
qui implique cependant quelques ajustements.<br />
Des actions concrètes<br />
D<strong>ans</strong> cette perspective, <strong>de</strong>puis l’automne<br />
2007, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
s’est dotée d’une direction du développement<br />
durable. Sa mission : susciter une dynamique<br />
d<strong>ans</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>, en<br />
analysant l’existant, en mettant en avant <strong>de</strong>s<br />
pratiques exemplaires, en assurant le suivi et l’évaluation <strong>de</strong>s initiatives<br />
mises en œuvre.<br />
Quelques exemples concrets : le tri sélectif <strong>de</strong>s déchets et le recyclage<br />
du papier, autrefois issus d’initiatives personnelles, sont désormais<br />
généralisés à l’ensemble <strong>de</strong>s sites avec la mise à disposition <strong>de</strong><br />
corbeilles spéciales d<strong>ans</strong> chaque bureau. Le suivi <strong>de</strong>s consommations<br />
d’eau et d’électricité d<strong>ans</strong> les directions territoriales a abouti à la mise<br />
en place <strong>de</strong> dispositifs et <strong>de</strong> pratiques plus économes : détecteurs <strong>de</strong><br />
présence, ampoules basse consommation, thermostats sur les radiateurs,<br />
chasses d’eau à double débit, extinction <strong>de</strong>s appareils informatiques<br />
et bureautiques chaque soir… L’<strong>Agence</strong> profite <strong>de</strong>s rénovations<br />
<strong>de</strong>s bâtiments pour adopter <strong>de</strong>s solutions économes en énergie : isolation,<br />
double vitrage, récupération d’eau <strong>de</strong> pluie, chauffage… Les<br />
nouveaux bâtiments <strong>de</strong> Châlons et <strong>de</strong> Rouen ont intégré au maximum<br />
<strong>de</strong>s critères HQE (haute qualité environnementale).<br />
24<br />
Les bâtiments <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> à Châlons-en-Champagne et à Rouen intègrent au maximum <strong>de</strong>s critères HQE.<br />
Ci-<strong>de</strong>ssus, espaces éclairés par une verrière à Rouen.<br />
En matière <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>port, il reste <strong>de</strong>s progrès à accomplir : sur les<br />
140 véhicules <strong>de</strong> service, l’<strong>Agence</strong> ne compte que six véhicules « propres ».<br />
La promotion du covoiturage, la mise à disposition <strong>de</strong> vélo ou encore le<br />
recours à la visioconférence sont autant <strong>de</strong> pistes à explorer. Certaines<br />
initiatives ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu’à s’étendre : désormais, au siège, le restaurant<br />
d’entreprise propose un plat « bio » par semaine et l’année <strong>de</strong>rnière<br />
l’<strong>Agence</strong> a fait réaliser pour la première fois le bilan carbone d’une station<br />
d’épuration du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement <strong>de</strong> l’agglomération<br />
parisienne (SIAAP). Pour Jacques Bories, directeur Développement<br />
durable <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> : « Ce type <strong>de</strong> bilan <strong>de</strong>vrait être une obligation<br />
: la performance d’une station n’est pas tout, il faut la mettre en regard<br />
<strong>de</strong> son empreinte écologique ! En outre, ces bil<strong>ans</strong> n’ont <strong>de</strong> sens que d<strong>ans</strong><br />
la durée, ne serait-ce que pour mesurer les progrès accomplis. »<br />
Sur le volet social, l’<strong>Agence</strong> peut là aussi progresser : si la parité<br />
homme-femme tend à être respectée (en 2007, les effectifs comptaient
able : l’État<br />
montrent l’exemple<br />
AESN<br />
270 femmes pour 220 hommes), un déséquilibre apparaît lorsqu’on<br />
s’élève d<strong>ans</strong> la hiérarchie : il n’y a plus qu’une seule femme sur les<br />
15 directeurs en poste !<br />
L’<strong>Agence</strong> n’atteint pas non plus les 6 % réglementaires d’emplois<br />
<strong>de</strong> travailleurs handicapés et est donc soumise à la pénalité financière<br />
prélevée par le Fonds pour l’insertion <strong>de</strong>s personnes handicapées d<strong>ans</strong><br />
la fonction publique (FIPHFP). Il reste donc une marge <strong>de</strong> progrès.<br />
L’<strong>Agence</strong> s’engage<br />
En avril 2008, l’<strong>Agence</strong> a signé avec une cinquantaine d’établissements<br />
publics, une charte du développement durable pour réaffirmer<br />
ses engagements. Cette charte est une initiative du Club développement<br />
durable <strong>de</strong>s établissements publics et entreprises publiques<br />
dont l’<strong>Agence</strong> fait partie <strong>de</strong>puis sa fondation en 2006. En signant cette<br />
charte, l’<strong>Agence</strong> s’engage notamment à réaliser le suivi <strong>de</strong> ses actions<br />
écoresponsables en remplissant chaque année un tableau <strong>de</strong> bord<br />
développé par l’ADEME.<br />
À ce document vient désormais s’adjoindre un rapport social<br />
et environnemental rendant compte du volet social <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />
l’<strong>Agence</strong>, qu’il s’agisse <strong>de</strong> ses actions d’ai<strong>de</strong> au développement d<strong>ans</strong><br />
le cadre <strong>de</strong> la loi Oudin-Santini (aujourd’hui, l’<strong>Agence</strong> ne consacre<br />
que 0,2 % <strong>de</strong> son budget à ces actions au lieu du 1 % mobilisable) ou<br />
encore du financement <strong>de</strong>s classes d’eau (pas moins <strong>de</strong> 1 200 sont<br />
financées chaque année d<strong>ans</strong> l’ensemble du bassin, du cours préparatoire<br />
jusqu’à l’université).<br />
Enfin, désormais, comme l’a rappelé le Premier ministre d<strong>ans</strong><br />
une circulaire du 2 décembre, l’exemplarité <strong>de</strong>s établissements publics,<br />
et donc <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>, doit aussi se traduire d<strong>ans</strong> leur politique<br />
d’achats qui doit intégrer <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> durabilité<br />
et d’écoresponsabilité. Dès 2009, chaque ministère est ainsi tenu<br />
d’élaborer un plan « Administration exemplaire ».<br />
Une gouvernance exemplaire<br />
L’<strong>Agence</strong> est par vocation inscrite d<strong>ans</strong> une logique <strong>de</strong> développement<br />
durable : <strong>de</strong>puis quarante <strong>ans</strong>, elle s’attelle à l’amélioration <strong>de</strong><br />
l’état du milieu. Son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement qui associe l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’eau, son souci constant <strong>de</strong> consultation et <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>parence<br />
ont fait école.<br />
« En matière <strong>de</strong> gouvernance, on tutoie presque les étoiles »,<br />
souligne Jacques Bories. Il est vrai que l’<strong>Agence</strong>, à l’origine <strong>de</strong> grands<br />
principes environnementaux comme celui du « pollueur-payeur », est<br />
aussi, dès son origine, un modèle <strong>de</strong> gestion intégrée au point que la<br />
directive-cadre européenne s’est largement inspirée <strong>de</strong> la loi sur l’eau<br />
<strong>de</strong> 1964. Les enjeux actuels <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus que jamais à l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong><br />
mobiliser tout son savoir-faire. Elle ne pourra traiter les pollutions diffuses<br />
pour atteindre le bon état écologique en 2015, réaliser la trame<br />
bleue voulue par le Grenelle II ou rattraper le retard pris sur la Directive<br />
eaux résiduaires urbaines (DERU) s<strong>ans</strong> rallier à sa cause une multiplicité<br />
d’interlocuteurs dispersés. Les chantiers ne manquent pas,<br />
les idées non plus.<br />
D<strong>ans</strong> les prochains mois, l’<strong>Agence</strong> présentera sa stratégie <strong>de</strong><br />
développement durable à la commission permanente <strong>de</strong> la prévision<br />
et <strong>de</strong> la prospective, composée, bonne gouvernance oblige, <strong>de</strong><br />
représentants du conseil d’administration et <strong>de</strong> tous les groupes du<br />
comité <strong>de</strong> bassin, c’est-à-dire <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />
usagers <strong>de</strong> l’eau. p<br />
Guillaume Tixier<br />
LES ENGAGEMENTS<br />
DE LA CHARTE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
« l’organisme signataire s’engage à :<br />
‡ mener une réflexion stratégique <strong>de</strong> développement durable permettant<br />
d’i<strong>de</strong>ntifier ses propres enjeux, <strong>de</strong> les partager et <strong>de</strong> définir ses objectifs d<strong>ans</strong><br />
le champ <strong>de</strong> ses compétences spécifiques ;<br />
‡ traduire cette réflexion d<strong>ans</strong> sa politique, ses projets, son management<br />
et sa façon <strong>de</strong> rendre compte, en impliquant le personnel et les différentes<br />
parties prenantes et intéressées ;<br />
‡ élaborer un document stratégique <strong>de</strong> développement durable, reprenant<br />
ces engagements et diffusé largement à l’interne comme à l’externe ; et rendre<br />
compte <strong>de</strong>s conséquences sociales et environnementales <strong>de</strong> ses activités d<strong>ans</strong><br />
son rapport annuel conformément à l’esprit <strong>de</strong> la loi NRE ;<br />
‡ élaborer et piloter, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> son document stratégique, un plan<br />
d’actions permettant d’intégrer les principes <strong>de</strong> gouvernance et <strong>de</strong> mise en<br />
œuvre préalablement définis. »<br />
(Charte du développement durable signée par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau le 2 avril 2008)<br />
AESN<br />
À Rouen, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau étale ses bâtiments le long<br />
<strong>de</strong>s quais <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>.<br />
<strong>25</strong>
COMMISSION DES AIDES : sites-témoins<br />
Comment maitriser ˆ les<br />
diffuses en <strong>Normandie</strong><br />
Région touristique où il fait bon vivre, la <strong>Normandie</strong> se doit <strong>de</strong> restaurer son environnement.<br />
C’est ce qu’elle fait en luttant contre les pollutions qu’on appelle diffuses, les plus difficiles à maîtriser.<br />
Voici <strong>de</strong>ux exemples d’actions entreprises sur ce territoire, où l’on voit que rien n’est possible<br />
s<strong>ans</strong> un effort sur le long terme, associant tous les acteurs.<br />
Fauville-en-Caux :<br />
les agriculteurs mobilisés<br />
Les agriculteurs ne croyaient pas au<br />
succès <strong>de</strong> la fertilisation raisonnée. Au<br />
bout d’un an, ils étaient conquis.<br />
La situation, préoccupante, commandait<br />
une réaction rapi<strong>de</strong>. En 1995, la nappe <strong>de</strong> la<br />
Craie, d<strong>ans</strong> le sous-sol <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>-Maritime,<br />
présentait <strong>de</strong>s teneurs en nitrates <strong>de</strong> 40 milligrammes<br />
par litre, proches <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong> potabilité<br />
fixée à 50.<br />
Dès cette époque, le maire <strong>de</strong> la commune<br />
<strong>de</strong> Fauville-en-Caux s’est emparé du problème,<br />
sensibilisé par la Chambre d’agriculture <strong>de</strong><br />
<strong>Seine</strong>-Maritime, laquelle avait été alertée par<br />
l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau. Sur le territoire <strong>de</strong> cet élu se<br />
situe un captage plongeant d<strong>ans</strong> la nappe et<br />
alimentant en eau une bonne partie <strong>de</strong>s habitants<br />
<strong>de</strong> la zone. Il était donc le premier concerné<br />
par la dégradation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />
profon<strong>de</strong>s.<br />
La principale responsable<br />
<strong>de</strong> cette situation était<br />
connue : les nitrates, qui entraînent<br />
une pollution diffuse<br />
<strong>de</strong>s cours d’eau et <strong>de</strong>s<br />
nappes souterraines, proviennent<br />
en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
l’agriculture.<br />
Un programme <strong>de</strong> suivi agronomique a<br />
été mis en place pendant cinq <strong>ans</strong> <strong>de</strong> 1996 à<br />
2001, permettant <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s conseils techniques<br />
à treize agriculteurs volontaires (sur<br />
dix-sept concernés par le problème). Tous ont,<br />
par exemple, adopté la fertilisation raisonnée,<br />
une métho<strong>de</strong> consistant à apporter à la plante<br />
la quantité <strong>de</strong> fertilisants dont elle a besoin,<br />
mais pas plus, ce qui suppose <strong>de</strong> mesurer les<br />
teneurs en azote restant d<strong>ans</strong> le sol trois fois<br />
d<strong>ans</strong> l’année. Ainsi dosées au plus juste, ces<br />
substances – dont <strong>de</strong>s nitrates – ne restent pas<br />
26<br />
Pollution<br />
diffuse<br />
Pollution due<br />
à <strong>de</strong>s rejets<br />
issus <strong>de</strong> toute<br />
la surface<br />
d’un territoire.<br />
Ville <strong>de</strong> Fauville-en-Caux<br />
Treize agriculteurs sur dix-sept ont participé au programme <strong>de</strong> suivi agronomique mis en place pour remédier<br />
au problème <strong>de</strong> pollutions diffuses existant à Fauville-en-Caux (photo).<br />
en surface où elles risquent d’être emportées<br />
par les pluies jusqu’aux rivières et <strong>de</strong> pénétrer<br />
d<strong>ans</strong> les sols pour polluer les nappes.<br />
« Nous avons su bien plus tard que, lorsqu’ils<br />
se sont lancés d<strong>ans</strong> l’expérience, ces agriculteurs<br />
ne croyaient pas qu’elle réussirait ! »,<br />
raconte Barbara Leroy, chargée <strong>de</strong> la protection<br />
<strong>de</strong> la ressource au sein <strong>de</strong> la direction <strong>Seine</strong>-<br />
Aval. Au bout d’un an, pourtant, ils étaient<br />
conquis : « Non seulement les ren<strong>de</strong>ments<br />
restaient convenables, mais ils avaient dépensé<br />
moins d’argent en intrants. »<br />
Il a suffi <strong>de</strong> trois années, <strong>de</strong> 1996 à 1998,<br />
pour que 70 % <strong>de</strong>s épandages soient réalisés<br />
d<strong>ans</strong> le respect <strong>de</strong>s bonnes pratiques. Le piégeage<br />
<strong>de</strong>s nitrates après récolte par le couvert<br />
d’interculture est passé <strong>de</strong> 15 % à 71 %.<br />
« Et cela continue », se réjouit Barbara<br />
Leroy : les treize agriculteurs continuent<br />
d’adopter <strong>de</strong> bonnes pratiques huit <strong>ans</strong> après<br />
la fin du programme,<br />
qui a coûté 55 000 euros,<br />
dont la moitié à la charge<br />
<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>. Et tous<br />
sont également en train<br />
<strong>de</strong> modérer leurs apports<br />
en produits phytosanitaires.<br />
Couvert<br />
d’interculture<br />
Plantations réalisées<br />
en hiver permettant<br />
<strong>de</strong> capter le reliquat<br />
<strong>de</strong> nitrates d<strong>ans</strong><br />
le sol et d’empêcher<br />
l’érosion.
pollutions<br />
Tout un territoire pour<br />
sauver<br />
la Rouvre<br />
Christophe Beaumont/S.I.3R<br />
De multiples acteurs associent leurs<br />
efforts afin <strong>de</strong> modérer les pollutions<br />
diffuses autour <strong>de</strong> la Rouvre, un paradis<br />
pour les poissons.<br />
La Rouvre est un havre <strong>de</strong> paix pour les<br />
poissons. Barbotant d<strong>ans</strong> ses rapi<strong>de</strong>s le long<br />
<strong>de</strong> rives boisées, <strong>de</strong> nombreuses espèces <strong>de</strong><br />
poissons y ont élu domicile, comme <strong>de</strong>s truites<br />
<strong>de</strong> mer, <strong>de</strong>s truites fario ou <strong>de</strong>s saumons, ce<br />
qui a valu à ce charmant cours d’eau <strong>de</strong> l’Orne,<br />
en <strong>Normandie</strong>, d’être protégé en 1986 par un<br />
arrêté <strong>de</strong> biotope pris par le préfet afin <strong>de</strong> limiter<br />
les activités humaines à proximité.<br />
Seulement voilà. Le bassin versant <strong>de</strong> la<br />
Rouvre est soumis à une pollution diffuse<br />
d’origine agricole, due aux cultures du maïs,<br />
même si elles sont minoritaires d<strong>ans</strong> le<br />
secteur, ainsi qu’au piétinement <strong>de</strong>s berges et<br />
du lit par les bovins. Les eaux <strong>de</strong> la Rouvre<br />
subissent une pollution par les nitrates (pics à<br />
30 mg/l au moment du lessivage <strong>de</strong>s sols en<br />
hiver) et le phosphore. Elles sont également<br />
touchées par <strong>de</strong> trop fortes quantités <strong>de</strong><br />
produits phytosanitaires. C’est au point que<br />
les normes <strong>de</strong> potabilité ne sont parfois pas<br />
respectées.<br />
Pour remédier à cette situation, un contrat<br />
territorial initié par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau a été signé<br />
entre la communauté <strong>de</strong> communes du bocage<br />
d’Athis, le conseil général <strong>de</strong> l’Orne, la chambre<br />
<strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> l’Orne et l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau, en<br />
rassemblant <strong>de</strong> nombreux partenaires, agriculteurs,<br />
pêcheurs et le syndicat d’eau potable par<br />
exemple, chacun s’engageant à agir, et ce d<strong>ans</strong><br />
plusieurs domaines. Ce contrat <strong>de</strong> cinq <strong>ans</strong>, mis<br />
en œuvre <strong>de</strong> 2001 à 2005, prévoyait d’ai<strong>de</strong>r les<br />
agriculteurs à réduire leurs pollutions, <strong>de</strong> réaliser<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et travaux sur l’assainissement<br />
collectif et non collectif – une autre source <strong>de</strong><br />
pollution – ou encore <strong>de</strong> lancer <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong><br />
conseil et d’information.<br />
Au final, cette opération <strong>de</strong> 15 millions<br />
d’euros, financée pour moitié par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong><br />
l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>, a été intégralement<br />
mise en œuvre. Plus <strong>de</strong> 300 conseils à la fertilisation<br />
ont été fournis, 2 500 logements <strong>de</strong><br />
particuliers ont été visités pour étudier leur<br />
installation d’assainissement, dont 900 ont<br />
ensuite effectué <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> mise aux normes,<br />
8 stations d’épuration ont été mises en<br />
place pour traiter les eaux usées <strong>de</strong> 4 000 habitants<br />
et 181 km <strong>de</strong> cours d’eau ont été restaurés<br />
sur 200.<br />
Plus important encore, une dynamique <strong>de</strong><br />
territoire a été lancée qui ne s’est pas arrêtée<br />
avec la fin du contrat, soutenue par la volonté<br />
farouche <strong>de</strong>s élus locaux. Quatre emplois, <strong>de</strong><br />
techniciens <strong>de</strong> rivière ou d’assainissement non<br />
collectif et d’animateur, avaient été créés d<strong>ans</strong><br />
le cadre du contrat, qui perdure.<br />
Côté agriculture, un site exemplaire a été<br />
aménagé où les agriculteurs<br />
et les jeunes <strong>de</strong>s lycées professionnels<br />
viennent se former<br />
aux bonnes pratiques<br />
<strong>de</strong> stockage et <strong>de</strong> préparation<br />
<strong>de</strong>s traitements phyto-<br />
Mesures<br />
qui associent<br />
production<br />
agricole et<br />
protection <strong>de</strong><br />
l’environnement.<br />
La lutte contre<br />
les nuisances<br />
dues aux<br />
nitrates se<br />
poursuit.<br />
sanitaires. Cent soixante hectares sont concernés<br />
par <strong>de</strong>s mesures agro-environnementales<br />
et 13 nouveaux dossiers ont été déposés par<br />
<strong>de</strong>s agriculteurs pour 1 000 hectares supplémentaires.<br />
Toutes les communes concernées<br />
par la pollution <strong>de</strong> la Rouvre sont aujourd’hui<br />
associées à la lutte en cours.<br />
Ainsi, le travail se poursuit en profon<strong>de</strong>ur.<br />
Un travail <strong>de</strong> longue haleine puisque, à ce jour,<br />
les eaux issues <strong>de</strong> la Rouvre continuent <strong>de</strong> ne<br />
parfois pas respecter les normes <strong>de</strong> potabilité.<br />
En la matière, il ne faut pas attendre <strong>de</strong> miracle<br />
: un tel objectif ne peut être atteint que si<br />
l’effort entrepris ne se relâche pas. p<br />
Paul <strong>de</strong> Brem<br />
Mesure <strong>de</strong>s hauteurs d’eau en vue <strong>de</strong> rétablir la circulation piscicole d<strong>ans</strong> la rivière.<br />
27
HISTOIRE D’EAU ET CULTURE : l’acheminement du bois par voie fluviale<br />
1.Roger-Viollet/2.Traîne-bûches du Morvan<br />
1. En 1873, <strong>de</strong>s flotteurs <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt un cours d’eau sur <strong>de</strong>s trains <strong>de</strong> bois. 2. À partir <strong>de</strong> Clamecy, les troncs d’arbres, coupés et marqués aux initiales du marchand,<br />
sont constitués en véritables ra<strong>de</strong>aux et flottent vers la capitale.<br />
Quand le bois<br />
flottait jusqu’à Paris<br />
Le bois manque à Paris ! Le développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la capitale à partir du XVI e siècle<br />
impose la mise au point <strong>de</strong> nouveaux systèmes d’approvisionnement.<br />
La solution : acheminer le bois, gratuitement ou presque, en le faisant flotter sur la <strong>Seine</strong>.<br />
À partir du XVI e siècle, les<br />
parisiens manquent cruellement<br />
<strong>de</strong> bois <strong>de</strong> chauffage.<br />
La cause principale : leur population qui ne<br />
cesse d’augmenter. Ils passent en effet <strong>de</strong><br />
150 000 habitants en 1650 à plus <strong>de</strong> 600 000<br />
en 1780, puis 2,3 millions vers 1880 ! Leur<br />
consommation <strong>de</strong> bois connaît donc la même<br />
inflation. La solution : approvisionner la capitale<br />
grâce aux cours d’eau qui l’alimentent,<br />
par le flottage <strong>de</strong>s bois, une technique ancestrale<br />
érigée alors en système.<br />
Des marchands parisiens, Jean Rouvet,<br />
Charles Lecomte ou encore un certain Defroissiz<br />
seraient à l’origine, vers 1550, <strong>de</strong>s premières<br />
expéditions <strong>de</strong> bois sur la Cure, l’Yonne et la<br />
<strong>Seine</strong>… Mais la technique remonte en fait<br />
à l’Antiquité. Selon Jérôme Buridant, historien<br />
et maître <strong>de</strong> conférences à<br />
l’université <strong>de</strong> Reims Champagne-Ar<strong>de</strong>nne<br />
: « Le flottage est<br />
attesté au cœur du Moyen Âge<br />
d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreuses régions.<br />
On en a retrouvé la trace sur la<br />
<strong>Seine</strong> et ses affluents, sur <strong>de</strong>s<br />
28<br />
Grume<br />
Tronc d’arbre abattu<br />
dont on a coupé<br />
les branches mais<br />
qui est toujours<br />
recouvert<br />
<strong>de</strong> son écorce.<br />
tronçons très sectoriels <strong>de</strong> quelques kilomètres<br />
dès les XIII et XIV e siècles. Il ne s’agit pas<br />
alors, du fait <strong>de</strong> l’abondance du bois, d’un<br />
système aussi organisé que ce qui sera mis en<br />
œuvre d<strong>ans</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e d<strong>ans</strong> le<br />
bassin parisien. »<br />
Des aménagements<br />
conséquents<br />
Ce système, organisé par les marchands,<br />
qui se regroupent en compagnies à partir du<br />
XVIII e , est le suivant : achat <strong>de</strong>s bois sur pied,<br />
coupe, façonnage et marquage (les bois sont<br />
frappés d’un marteau portant l’empreinte<br />
ou les initiales du marchand) et tr<strong>ans</strong>port<br />
jusqu’au cours d’eau le plus proche. Vient<br />
alors le flottage proprement dit qui se fait<br />
selon <strong>de</strong>ux techniques, soit à « bûches<br />
perdues » (les bois sont jetés en<br />
vrac d<strong>ans</strong> la rivière ou le ruisseau), soit<br />
en « trains <strong>de</strong> bois » (il s’agit alors <strong>de</strong><br />
véritables ra<strong>de</strong>aux pouvant faire plus<br />
d’une trentaine <strong>de</strong> mètres et constitués<br />
<strong>de</strong> grumes liées entre elles).<br />
Pour économiser le coût du tr<strong>ans</strong>port,<br />
tous les cours d’eau, même les plus minces,<br />
sont mis à contribution. Cela implique <strong>de</strong>s<br />
aménagements conséquents : réalisation<br />
« d’étangs <strong>de</strong> flottage » en amont, qui serviront<br />
à être vidés pour pousser le flot <strong>de</strong> bois,<br />
<strong>de</strong> barrages partiels, les pertuis qui maintiennent<br />
le niveau d’eau mais laissent passer les<br />
bûches, aménagement <strong>de</strong> chemins sur les<br />
berges pour pousser le bois, suppression <strong>de</strong><br />
méandres, effacement <strong>de</strong>s obstacles, etc.<br />
De nombreux conflits opposent alors les<br />
flotteurs <strong>de</strong> bois aux autres usagers <strong>de</strong>s rivières<br />
: pêcheurs, bateliers, riverains ou industriels.<br />
Redoutant les dégâts que peuvent infliger<br />
les bûches à leurs roues, les propriétaires<br />
<strong>de</strong> moulins sont particulièrment mécontents,<br />
eux pour qui les jours <strong>de</strong> flottage sont <strong>de</strong>s<br />
jours <strong>de</strong> chômage. Ces litiges donnent lieu à<br />
<strong>de</strong> nombreuses plaintes qui font le bonheur<br />
<strong>de</strong> l’historien : associées aux comptabilités<br />
minutieuses <strong>de</strong>s marchands, elles permettent<br />
<strong>de</strong> dresser un tableau très précis du flottage.<br />
À Clamecy-sur-Yonne, un musée et<br />
<strong>de</strong>ux associations défen<strong>de</strong>nt l’héritage <strong>de</strong>s
3. Un déchargement <strong>de</strong> bois au pont <strong>de</strong> la Tournelle à Paris, vers 1912. 4. Vue aérienne <strong>de</strong> Clamecy, ville située à la confluence <strong>de</strong> l’Yonne et du Beuvron.<br />
3.Jacques Boyer/Roger-Viollet-4.AESN/PNR Morvan<br />
flotteurs <strong>de</strong> bois. La confrérie Saint-Nicolas,<br />
qui emprunte son nom au saint patron <strong>de</strong>s<br />
tr<strong>ans</strong>porteurs et à une confrérie <strong>de</strong> flotteurs<br />
datant <strong>de</strong> 1637, tente <strong>de</strong> maintenir vivante<br />
la tradition en organisant, la première semaine<br />
d’août, une démonstration <strong>de</strong> flottage.<br />
« Cette année, explique Maurice Viodé, son<br />
prési<strong>de</strong>nt, nous prévoyons <strong>de</strong> reconstruire un<br />
morceau <strong>de</strong> train <strong>de</strong> bois. »<br />
Une extension du réseau<br />
sur ordonnance royale<br />
La secon<strong>de</strong> association, les Traînebûches<br />
du Morvan, vise à documenter l’approvisionnement<br />
<strong>de</strong> Paris en bois <strong>de</strong> chauffage<br />
issu <strong>de</strong>s forêts du Morvan. Pour son<br />
fondateur, Émile Guillien, il s’agit aussi d’une<br />
histoire <strong>de</strong> famille : « Tous mes ancêtres <strong>de</strong>puis<br />
Henri IV, étaient soit manœuvriers,<br />
facteurs <strong>de</strong> marchands <strong>de</strong> bois ou encore,<br />
comme mon grand-père, voituriers : il amenait<br />
le bois <strong>de</strong> la forêt jusqu’au cours d’eau. »<br />
Passionné par son sujet, Émile s’est attelé à<br />
réunir une documentation éloquente : archives<br />
<strong>de</strong> compagnies <strong>de</strong> marchands, documents<br />
notariés, procès-verbaux et ordonnances,<br />
etc., qu’il compile d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s livres savants<br />
disponibles sur son site Internet.<br />
L’un <strong>de</strong>s ces ouvrages, Quand la moulée<br />
du Morvan <strong>de</strong>scendait à Paris, fait revivre d<strong>ans</strong><br />
le détail la saga <strong>de</strong>s flotteurs <strong>de</strong> bois : on y<br />
apprend comment les marchands <strong>de</strong> bois<br />
acquièrent ou creusent <strong>de</strong>s étangs, composent<br />
avec les meuniers, dérivent <strong>de</strong>s rivières,<br />
et sont obligés <strong>de</strong> se coordonner pour réussir<br />
à acheminer par voie d’eau leur bois vers<br />
Paris. Ils mettent progressivement en place<br />
<strong>de</strong>s saisons <strong>de</strong> flottage afin <strong>de</strong> pouvoir bénéficier<br />
<strong>de</strong>s plus hautes eaux. Ainsi, en amont<br />
<strong>de</strong>s sections navigables, le bois est généralement<br />
mis à flot, en vrac, entre octobre et<br />
novembre (flot d’hiver) et mars et avril (flot<br />
<strong>de</strong> printemps) : chaque opération dure une<br />
quinzaine <strong>de</strong> jours. Les bois sont regroupés<br />
le long <strong>de</strong>s rives ou d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s ports à bois <strong>de</strong>s<br />
Vaux d’Yonne pour y être ensuite assemblés<br />
en train. Car sur les sections navigables, le<br />
flottage à bûche perdue est interdit. Seuls<br />
les trains <strong>de</strong> bois conduits à la perche arrivent<br />
jusqu’au cœur <strong>de</strong> la capitale : au port <strong>de</strong><br />
Grève (en face <strong>de</strong> l’Hôtel-<strong>de</strong>-Ville) pour<br />
l’amont (haute <strong>Seine</strong>, Marne, Aube et Yonne)<br />
et au port <strong>de</strong> l’École (à côté du Louvre) pour<br />
l’aval (basse <strong>Seine</strong> et Oise). Les ra<strong>de</strong>aux y<br />
sont disloqués et les bois mis à sécher.<br />
Malgré une contribution toujours plus<br />
importante (en moyenne, au XVIII e siècle,<br />
plus <strong>de</strong> <strong>25</strong>0 000 stères par an sont convoyés à<br />
Stère<br />
Instaurée à la<br />
Révolution, cette<br />
unité <strong>de</strong> mesure<br />
correspond<br />
à un mètre cube<br />
<strong>de</strong> bois <strong>de</strong><br />
chauffage empilé.<br />
Paris), le flottage <strong>de</strong>s bois<br />
du Morvan ne suffit pas<br />
à satisfaire les besoins<br />
croissants <strong>de</strong> la capitale.<br />
En 1784, sur ordonnance<br />
royale, <strong>de</strong>s travaux sont<br />
engagés <strong>de</strong> façon à étendre<br />
le réseau en reliant,<br />
au moyen du canal du Nivernais, les eaux <strong>de</strong><br />
la Loire à la <strong>Seine</strong>, afin <strong>de</strong> pouvoir tirer profit<br />
<strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> Bazois. Initialement conçu pour<br />
l’écoulement <strong>de</strong>s bûches, ce canal, achevé<br />
en 1841 sera finalement navigable. Cependant,<br />
à peu près à la même époque, avec<br />
l’arrivée du charbon et le développement<br />
<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer la filière s’effondre. Les<br />
« trains <strong>de</strong> bois » sont interdits vers 1880,<br />
tandis que les <strong>de</strong>rniers flots sont lancés entre<br />
1923 et 1927 sur <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> l’Yonne, <strong>de</strong> la<br />
<strong>Seine</strong> et <strong>de</strong> l’Oise. Désormais, le bois navigue<br />
par bateau. p<br />
Guillaume Tixier<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Sur http://bois.volants.free.fr l’association d’Émile Guillien propose<br />
ses ouvrages consacrés à l’approvisionnement <strong>de</strong> Paris en bois <strong>de</strong><br />
chauffage et <strong>de</strong> nombreuses pages illustrées consacrées au flottage.<br />
Sur le site <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> commune <strong>de</strong>s Vaux d’Yonne<br />
(www.vaux-yonne.com) plusieurs pages sont dédiées au sujet (cliquer<br />
sur Vaux d’Yonne, puis les flotteurs <strong>de</strong> bois). L’association <strong>de</strong> la<br />
confrérie Saint-Nicolas est joignable au 03 86 27 11 68. À voir à Clamecy,<br />
l’écomusée du flottage du bois et le musée Romain-Rolland qui consacre<br />
une salle au flottage <strong>de</strong> bois (Tél. : 03 86 27 17 99). Enfin il existe une<br />
association internationale <strong>de</strong>s flotteurs et ra<strong>de</strong>liers (www.raftsmen.org)<br />
qui fédère une trentaine d’associations.<br />
Voir aussi le site du parc naturel régional du Morvan<br />
www.parcdumorvan.org/<br />
29
LECTURE : au fil <strong>de</strong>s pages<br />
Améliorer<br />
la gouvernance<br />
en informant le public<br />
La gestion <strong>de</strong> l’eau<br />
d<strong>ans</strong> le bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
De façon synthétique et illustrée, ce dépliant<br />
<strong>de</strong> 8 pages présente le fonctionnement<br />
et le financement <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau :<br />
> l’organisation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau du niveau<br />
international au niveau local en détaillant les<br />
missions <strong>de</strong>s instances <strong>de</strong> bassin (comité <strong>de</strong> bassin,<br />
l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau et son conseil d’administration) ;<br />
> un zoom sur le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement<br />
à travers les différents textes <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> 1964<br />
à aujourd’hui ;<br />
> le SDAGE et son programme <strong>de</strong> mesures<br />
(actions), documents <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la gestion<br />
<strong>de</strong> l’eau d<strong>ans</strong> le bassin ;<br />
> le 9 e programme <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau<br />
<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> ;<br />
> le financement <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau<br />
(programme <strong>de</strong> mesures du SDAGE)<br />
pour l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’eau<br />
et <strong>de</strong>s milieux aquatiques en expliquant<br />
l’articulation entre les différentes sources<br />
<strong>de</strong> financement :<br />
impôts, taxes et<br />
re<strong>de</strong>vances, les fonds<br />
propres <strong>de</strong>s industriels<br />
et <strong>de</strong>s agriculteurs<br />
et les ai<strong>de</strong>s publiques<br />
(prêts et subventions)<br />
apportées aux<br />
maîtres d’ouvrages<br />
(collectivités,<br />
industriels, agriculteurs,<br />
associations).<br />
Le SDAGE, les avis du public<br />
Depuis 2006, le comité <strong>de</strong> bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />
élabore un plan <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s eaux en concertation<br />
avec les collectivités,<br />
les agriculteurs, les<br />
industriels et les<br />
associations : le SDAGE.<br />
Ce plan a fait l’objet<br />
d’une consultation<br />
du public en 2008.<br />
Les avis exprimés lors<br />
<strong>de</strong> cette consultation<br />
vous sont présentés<br />
d<strong>ans</strong> ce document.<br />
Reconquérir les milieux<br />
en renforçant la connaissance<br />
Pour orienter son action et éclairer la décision <strong>de</strong>s acteurs<br />
<strong>de</strong> l’eau, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau finance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s techniques,<br />
<strong>de</strong> connaissance générale et <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s milieux<br />
aquatiques.<br />
Les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> concernent<br />
différents thèmes regroupés en 3 axes :<br />
Suivi <strong>de</strong>s milieux aquatiques<br />
Le suivi <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la qualité physico-chimique et hydrobiologique<br />
<strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface (rivières, lacs, barrage, zones humi<strong>de</strong>s...) repose<br />
sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> mesure auxquels peuvent participer l’état ou <strong>de</strong>s<br />
collectivités territoriales. Il est complété par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rivières ou <strong>de</strong>s<br />
bassins versants à caractère moins systématique et d’intérêt plus local.<br />
Les résultats issus <strong>de</strong> ce suivi permettent d’établir <strong>de</strong>s contacts<br />
sur l’évolution <strong>de</strong>s eaux du bassin et l’impact <strong>de</strong>s rejets ou <strong>de</strong>s<br />
aménagements structurants tant au niveau physico-chimique que <strong>de</strong><br />
l’équilibre <strong>de</strong>s écosystèmes et <strong>de</strong>s écoulements en volume d’eau.<br />
Mesures<br />
1-ENVIRONNEMENT<br />
Ce thème concerne l’élaboration <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et d’outils<br />
<strong>de</strong> mesures permettant d’évaluer la qualité et la quantité <strong>de</strong><br />
la ressource en eau. Il est nécessaire <strong>de</strong> créer ou <strong>de</strong> parfaire<br />
les outils permettant un suivi efficace du milieu. D’autant que<br />
<strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> pollution ou <strong>de</strong> nuisances apparaissent.<br />
Il est donc indispensable <strong>de</strong> se doter d’outils adaptés<br />
permettant d’en apprécier les impacts (notamment outils<br />
biologiques et <strong>de</strong> simulation).<br />
Écologie<br />
La connaissance <strong>de</strong>s milieux, mais également celle <strong>de</strong>s perturbations<br />
subies, doivent être approfondies.<br />
Pour l’écotoxicologie, il est nécessaire <strong>de</strong> disposer d’outils<br />
complémentaires aux mesures physico-chimiques afin d’évaluer<br />
les effets <strong>de</strong>s nuisances sur les organismes vivants.<br />
Pour l’eau et la santé, il convient <strong>de</strong> connaître l’évolution d<strong>ans</strong><br />
l’environnement <strong>de</strong>s paramètres microbiologiques, notamment<br />
<strong>de</strong>s pathogènes, et <strong>de</strong> préciser la nocivité <strong>de</strong>s éléments biologiques<br />
et toxiques sur la santé <strong>de</strong> l’homme.<br />
Pour le paysage, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sitologiques (géologiques, botaniques,<br />
anthropiques) doivent être effectuées pour analyser l’état <strong>de</strong>s paysages<br />
ruraux, périurbains et les impacts sur la mécanique <strong>de</strong>s écosystèmes et<br />
<strong>de</strong>s cours d’eau.<br />
Ces étu<strong>de</strong>s sont disponibles sur cédéroms.<br />
Pour vous les procurer, contactez l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau<br />
<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> : lahoussine.veronique@aesn.fr<br />
Les étu<strong>de</strong>s sont également consultables sur Internet :<br />
http://www.eau-seine-normandie.fr/in<strong>de</strong>x.<br />
php?id=5409#c16441<br />
30
2-TECHNOLOGIES DE L’EAU<br />
Eau potable<br />
Les étu<strong>de</strong>s et les recherches touchent essentiellement<br />
les domaines <strong>de</strong> la production et <strong>de</strong> la distribution.<br />
L’alimentation en eau potable doit répondre à <strong>de</strong>s<br />
exigences <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> plus en plus sévères, tout en<br />
faisant face à une dégradation <strong>de</strong> la ressource très<br />
variable. Aujourd’hui, en France, près <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong>s eaux<br />
distribuées sont encore non potables.<br />
Assainissement<br />
Ce thème concerne l’assainissement collectif,<br />
l’assainissement non collectif, l’assainissement<br />
groupé.<br />
Les étu<strong>de</strong>s s’intègrent d<strong>ans</strong> une politique qui vise à :<br />
> augmenter le taux <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong>s collectivités ;<br />
> évaluer le fonctionnement et la fiabilité <strong>de</strong>s<br />
équipements ;<br />
> valoriser les sous-produits <strong>de</strong> l’épuration (boues, résidus<br />
<strong>de</strong> curage <strong>de</strong>s réseaux, graisses...), leur assurer une élimination<br />
correcte ;<br />
> suivre et tester les nouvelles technologies ;<br />
> connaître et maîtriser les coûts (investissement,<br />
fonctionnement).<br />
Pluvial<br />
Les étu<strong>de</strong>s et recherches en ce domaine ten<strong>de</strong>nt à :<br />
> développer <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong><br />
la pollution urbaine par temps <strong>de</strong> pluie ;<br />
> mieux connaître l’impact <strong>de</strong>s pluies et <strong>de</strong>s polluants<br />
qu’elle entraîne sur les milieux récepteurs.<br />
De ces connaissances dépen<strong>de</strong>nt les stratégies<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>main et les investissements nécessaires.<br />
Épuration industrielle<br />
L’épuration <strong>de</strong>s effluents et <strong>de</strong>s déchets d’origine<br />
industrielle présente <strong>de</strong>s problèmes spécifiques qui<br />
commencent à être bien connus. En revanche,<br />
la réhabilitation <strong>de</strong>s sites et sols pollués est un domaine<br />
en cours d’exploration. Les recherches visent à :<br />
> améliorer l’épuration <strong>de</strong>s effluents industriels ;<br />
> suivre et tester les nouvelles technologies,<br />
notamment celles qui s’orientent vers un recyclage<br />
<strong>de</strong>s eaux et/ou déchets ;<br />
> mieux connaître les mécanismes <strong>de</strong> dégradation<br />
<strong>de</strong>s polluants d<strong>ans</strong> le sol pour les activer ;<br />
> ai<strong>de</strong>r au développement <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> réhabilitation.<br />
3-GESTION DES MILIEUX<br />
Agriculture<br />
La recherche concerne les points suivants :<br />
> inventaire <strong>de</strong>s sites ou <strong>de</strong>s zones sensibles et gestion<br />
du milieu ;<br />
> outils <strong>de</strong> diagnostic mis à disposition <strong>de</strong>s agriculteurs ;<br />
> recyclage, valorisation, épuration <strong>de</strong>s effluents ;<br />
> étu<strong>de</strong>s ou tests <strong>de</strong> matériels ;<br />
> sensibilisation, formation <strong>de</strong>s exploitants.<br />
Littoral<br />
Les eaux du littoral normand sont sensibles à la pollution<br />
microbiologique apportée par les villes côtières et l’élevage.<br />
Les étu<strong>de</strong>s et recherches menées d<strong>ans</strong> ce domaine tentent<br />
essentiellement d’approfondir les points suivants :<br />
> analyse, diagnostic et surveillance <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />
littorales, <strong>de</strong>s rivières et <strong>de</strong>s effluents qui s’y déversent ;<br />
> recherche sur les types <strong>de</strong> polluants, l’origine<br />
<strong>de</strong>s contaminations, leurs impacts sur le littoral et la mer,<br />
les risques sanitaires qu’ils engendrent ;<br />
> recherche sur la pollution microbiologique : sources <strong>de</strong> pollution,<br />
comportement et <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s micro-organismes d<strong>ans</strong> le milieu, germes<br />
témoins, techniques <strong>de</strong> traitement… ;<br />
> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> spécifications économiques liées au littoral ;<br />
> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modélisation hydrodynamique et hydrobiologique <strong>de</strong>s masses<br />
d’eau côtières et estuariennes ;<br />
> étu<strong>de</strong>s du fonctionnement écologiques <strong>de</strong>s milieux estuariens et côtiers ;<br />
> développement d’outils d’ai<strong>de</strong> à la gestion du littoral (modèles, atlas…).<br />
Hydraulique et programmation <strong>de</strong>s ouvrages<br />
Le thème « Hydraulique et programmation <strong>de</strong>s ouvrages »<br />
concerne les grands ouvrages <strong>de</strong> régulation ou <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>fert<br />
(barrages-réservoirs) et gestion, d<strong>ans</strong> le but <strong>de</strong> se prémunir<br />
contre les aléas hydrauliques <strong>de</strong>s fleuves et rivières et<br />
leurs conséquences (inondations, insécurité <strong>de</strong> l’alimentation<br />
en eau potable <strong>de</strong>s agglomérations).<br />
Gestion intégrée et programmation<br />
<strong>de</strong>s interventions<br />
Les <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau mettent en œuvre <strong>de</strong>s principes<br />
<strong>de</strong> solidarité économique, <strong>de</strong> concertation entre usagers<br />
<strong>de</strong> l’eau, <strong>de</strong> gestion intégrée et équilibrée par bassin<br />
<strong>de</strong> la ressource en eau et <strong>de</strong>s milieux aquatiques. Mis en<br />
avant par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, ces principes<br />
trouvent leur traduction au niveau local notamment<br />
d<strong>ans</strong> la mise en place <strong>de</strong>s SAGE (Schémas d’aménagement<br />
et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s eaux).<br />
BULLETIN D’ABONNEMENT JUIN 2009<br />
Pour recevoir gracieusement Confluence, retourner ce bulletin rempli à :<br />
<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> Confluence, 51, rue Salvador-Allen<strong>de</strong>, 92027 Nanterre Ce<strong>de</strong>x<br />
NOM…....................................................... PRÉNOM…......................................... FONCTION….............................<br />
ORGANISME ................................................................................ N° SIRET .................................. CODE APE…...........<br />
ADRESSE ..........................................................................................................................................................................<br />
CODE POSTAL ............................. VILLE ..........................................................................................................................<br />
31
Tout le mon<strong>de</strong> consomme <strong>de</strong> l’eau,<br />
tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait s’y intéresser.<br />
Mais où trouver l’information qui vous<br />
concerne spécifiquement, vous particulier,<br />
agriculteur ou industriel, vous élu local,<br />
vous membre d’une association<br />
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Sur www.eau-seine-normandie.fr<br />
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l’<strong>Agence</strong> <strong>Seine</strong> <strong>Normandie</strong>.<br />
D’où vient votre eau quotidienne ?<br />
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Agriculteur Collectivité Entreprise Expert Association Enseignant Presse<br />
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<strong>de</strong>s travaux et construire <strong>de</strong>s équipements<br />
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Comment mieux et moins la consommer ?<br />
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