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25 ans d'efforts - Agence de l'Eau Seine Normandie

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DOSSIER<br />

<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts<br />

pour une <strong>Seine</strong> plus propre<br />

USAGES DE L’EAU<br />

FORUM MONDIAL<br />

DE L’EAU<br />

> JUIN 2009 - N° 48


ÉDITO<br />

Directeur<br />

<strong>de</strong> la publication<br />

Guy Fradin<br />

Directeur<br />

<strong>de</strong> la rédaction<br />

Nicole Despouys<br />

Rédactrice en chef<br />

Chantal Mariotte<br />

Conceptionréalisation<br />

Bayard-SPS<br />

Photogravure<br />

Hafiba<br />

Impression<br />

SIB<br />

Dépôt légal<br />

2 e trimestre 2009<br />

N° ISSN<br />

1156-8836<br />

Léa Crespi<br />

Depuis plus <strong>de</strong> trente <strong>ans</strong>, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> se bat – notamment<br />

au côté du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement <strong>de</strong> l’agglomération<br />

parisienne (SIAAP) – pour que l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> retrouve une qualité <strong>de</strong> haut niveau.<br />

Nos efforts – et ceux du conseil régional, <strong>de</strong>s collectivités locales et <strong>de</strong>s industriels –<br />

portent aujourd’hui leurs fruits : les quantités <strong>de</strong> phosphore et <strong>de</strong> métaux lourds<br />

reculent, les poissons reviennent… Certes, la victoire n’est pas totale :<br />

l’ammonium, les nitrates restent encore trop présents. Mais nous sommes<br />

sur la bonne voie, comme l’explique notre dossier page 16.<br />

Fortement impliquée d<strong>ans</strong> tous les grands ren<strong>de</strong>z-vous consacrés<br />

à l’eau en France et d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>, l’<strong>Agence</strong> a bien sûr été présente<br />

au 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau d’Istanbul. Elle y a participé à <strong>de</strong><br />

nombreuses sessions consacrées à l’assainissement, son cheval <strong>de</strong><br />

bataille. Le Forum fini, l’<strong>Agence</strong> continue le combat pour qu’enfin,<br />

un jour, toutes les populations <strong>de</strong> par le mon<strong>de</strong> aient accès à l’eau<br />

potable et à l’assainissement. Comme on le verra d<strong>ans</strong> le dossier<br />

consacré au Forum d’Istanbul page 6, elle réaffirme son action<br />

<strong>de</strong> coopération et <strong>de</strong> solidarité internationale, en tentant<br />

<strong>de</strong> favoriser non seulement un dialogue nord-sud mais aussi<br />

sud-sud. Elle n’est pas seule : les cinq autres <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau<br />

sont à ses côtés. Parce que l’union, d<strong>ans</strong> ce domaine-là<br />

aussi – d<strong>ans</strong> ce domaine-là surtout – fait la force. p<br />

Guy Fradin, directeur général <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong><br />

Photos <strong>de</strong> couverture : Stéphane Compoint/VirtaPhoto- J.P. Lescouret/Explorer/Eye<strong>de</strong>a<br />

SOMMAIRE<br />

ACTUS<br />

Lancement<br />

du « Grenelle<br />

<strong>de</strong> la Mer ».<br />

02<br />

2<br />

Nous <strong>de</strong>vons favoriser<br />

non seulement un dialogue nord-sud,<br />

mais aussi sud-sud.<br />

USAGES<br />

DE L’EAU<br />

5 e Forum mondial<br />

<strong>de</strong> l’eau à Istanbul,<br />

<strong>de</strong>s avancées réelles<br />

06<br />

LEÇON<br />

DE CHOSES<br />

Le phoque veaumarin,<br />

hôte <strong>de</strong>s<br />

côtes norman<strong>de</strong>s.<br />

12<br />

GESTION<br />

DES MILIEUX<br />

On peut sauver<br />

l’anguille.<br />

14<br />

DOSSIER<br />

<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts<br />

pour une <strong>Seine</strong> plus<br />

propre.<br />

16


Une nouvelle<br />

directrice <strong>de</strong> l’eau<br />

Odile Gauthier est nommée<br />

directrice <strong>de</strong> l’eau et <strong>de</strong><br />

la biodiversité à la Direction<br />

générale <strong>de</strong> l’aménagement,<br />

du logement et <strong>de</strong> la nature<br />

du Meeddat. À 46 <strong>ans</strong>,<br />

cette ingénieure générale<br />

<strong>de</strong>s Mines quitte la Direction<br />

générale <strong>de</strong> la prévention<br />

<strong>de</strong>s pollutions et <strong>de</strong>s risques<br />

pour succé<strong>de</strong>r à Judith Jiguet.<br />

Zones humi<strong>de</strong>s :<br />

victimes <strong>de</strong> leur<br />

succès ?<br />

Un rapport du service <strong>de</strong><br />

l’observation et <strong>de</strong>s statistiques<br />

du commissariat général<br />

au développement durable<br />

relève une forte augmentation<br />

<strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s<br />

zones humi<strong>de</strong>s, en particulier<br />

celles situées sur les faça<strong>de</strong>s<br />

maritimes. Entre 1999 et 2008<br />

les emplacements <strong>de</strong> camping<br />

d<strong>ans</strong> ces zones ont augmenté<br />

en moyenne <strong>de</strong> <strong>25</strong> %.<br />

Une pression touristique<br />

susceptible <strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r ces<br />

milieux fragiles…<br />

Le canal <strong>Seine</strong>-Nord<br />

Europe est lancé<br />

C’était un <strong>de</strong>s grands projets<br />

du « Grenelle <strong>de</strong><br />

l’environnement » : un canal<br />

<strong>Seine</strong>-Nord Europe reliant, en<br />

2015, l’Oise à l’Escaut, le Bassin<br />

parisien au Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais<br />

puis au Benelux et aux 20 000 km<br />

<strong>de</strong> réseau fluvial européen.<br />

Le 11 mars <strong>de</strong>rnier, Jean-Louis<br />

Borloo et Dominique Bussereau<br />

ont signé le protocole<br />

d’intention avec les prési<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong>s conseils régionaux<br />

concernés, confirmant ainsi<br />

l’engagement <strong>de</strong> l’État d<strong>ans</strong> ce<br />

projet <strong>de</strong> 4 milliards d’euros.<br />

Lancement du<br />

« Grenelle <strong>de</strong> la mer »<br />

‡ La recette est celle qui a fait le succès du « Grenelle<br />

<strong>de</strong> l’environnement » : réunir d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s groupes<br />

thématiques l’ensemble <strong>de</strong>s parties concernées. Lancé<br />

le 27 février par le ministre d’État Jean-Louis Borloo<br />

et ses <strong>de</strong>ux secrétaires d’État, Dominique Bussereau pour<br />

les Tr<strong>ans</strong>ports et Chantal Jouanno pour l’Écologie,<br />

« le Grenelle <strong>de</strong> la mer » s’est fixé quatre thèmes <strong>de</strong> travail<br />

principaux : un développement harmonieux du littoral,<br />

<strong>de</strong>s activités maritimes respectueuses <strong>de</strong> l’environnement,<br />

une valorisation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> la mer et l’instauration<br />

d’une nouvelle gouvernance aux niveaux infranational,<br />

national, européen et mondial. Fin mai, les quatre groupes<br />

<strong>de</strong> travail correspondants composés <strong>de</strong> représentants<br />

<strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong>s syndicats, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s collectivités<br />

et <strong>de</strong>s entreprises remettront un projet <strong>de</strong> plan<br />

contenant <strong>de</strong>s objectifs, <strong>de</strong>s engagements et <strong>de</strong>s mesures<br />

quantifiables pour validation par un comité<br />

interministériel <strong>de</strong> la mer. En juin, une large consultation<br />

<strong>de</strong>s Français sur ces propositions sera organisée<br />

par Internet et <strong>de</strong>s réunions régionales. D<strong>ans</strong> ce cadre,<br />

les comités <strong>de</strong> bassins se réuniront le 16 juin pour<br />

apporter leur contribution aux orientations du Grenelle.<br />

Les travaux <strong>de</strong> synthèse sont progrmmés début juillet.<br />

Pour la France, qui possè<strong>de</strong> le <strong>de</strong>uxième domaine<br />

maritime mondial, l’enjeu est <strong>de</strong> taille. Trois principaux<br />

défis sont à relever : mieux connaître la mer et son état,<br />

conforter les activités maritimes et littorales essentielles<br />

à notre économie et assumer notre responsabilité<br />

à l’égard du vivant. Ce « Grenelle <strong>de</strong> la mer » vise à<br />

définir la politique<br />

maritime <strong>de</strong> la<br />

France, et à l’inscrire<br />

durablement<br />

d<strong>ans</strong> l’avenir. p<br />

PNR Morvan/AESN<br />

La station d’épuration <strong>de</strong>s Mureaux (Yvelines) est dotée<br />

d’installations répondant aux normes européennes.<br />

Eaux usées : la France<br />

bientôt conforme<br />

‡ Trois cent cinquante millions d’euros !<br />

C’est l’amen<strong>de</strong> que risque la France pour<br />

non-respect <strong>de</strong> la directive européenne sur<br />

les eaux résiduaires urbaines. En<br />

septembre 2007, Jean-Louis Borloo lançait<br />

« la bataille <strong>de</strong> l’eau », un plan d’action<br />

ambitieux pour la mise en conformité <strong>de</strong><br />

l’ensemble <strong>de</strong>s stations d’épuration. Le<br />

chantier était colossal et concernait<br />

146 stations couvrant les besoins <strong>de</strong> la moitié<br />

<strong>de</strong> la population. Dix-huit mois plus tard, le<br />

bilan s’est amélioré sensiblement : 81 <strong>de</strong> ces<br />

146 stations ont achevé leurs travaux<br />

et 43 les ont démarré. Les 22 restantes<br />

<strong>de</strong>vraient commencer leurs travaux avant<br />

la fin <strong>de</strong> l’année. Afin <strong>de</strong> les y ai<strong>de</strong>r, la Caisse<br />

<strong>de</strong>s dépôts et consignations, les six <strong>Agence</strong>s<br />

<strong>de</strong> l’eau, le Meeddat et le secrétariat d’État<br />

<strong>de</strong> l’outre-mer ont signé une convention <strong>de</strong><br />

prêt <strong>de</strong> 1,5 milliard d’euros. Pour le ministre,<br />

« les prêts accordés aujourd’hui vont nous<br />

permettre <strong>de</strong> tenir nos engagements en<br />

aidant les collectivités qui éprouvent le plus<br />

<strong>de</strong> difficultés à gagner, elles aussi, la bataille<br />

<strong>de</strong> l’eau ». p<br />

MÉTIER<br />

Technicien SPANC,<br />

spécialiste<br />

<strong>de</strong> l’assainissement<br />

non collectif.<br />

20<br />

BONNES<br />

PRATIQUES<br />

Agriculture durable,<br />

une démarche<br />

« gagnant-gagnant »<br />

22<br />

JURIDIQUE<br />

ET PRATIQUE<br />

Le développement<br />

durable à l’<strong>Agence</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau.<br />

24<br />

COMMISSION<br />

DES AIDES<br />

Comment maîtriser<br />

les pollutions diffuses<br />

en <strong>Normandie</strong>.<br />

26<br />

HISTOIRE<br />

D’EAU<br />

Quand le bois<br />

flottait jusqu’à<br />

Paris<br />

28<br />

3


Chantal Jouanno<br />

en visite à l’<strong>Agence</strong><br />

Pour la Journée mondiale <strong>de</strong>s zones humi<strong>de</strong>s,<br />

Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’Écologie,<br />

a rendu visite à la direction territoriale<br />

<strong>de</strong>s bocages normands (DTBN) <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>.<br />

Elle y a été accueillie par le préfet <strong>de</strong> région,<br />

le directeur régional et le directeur territorial<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> ainsi que par <strong>de</strong>s personnalités<br />

locales et <strong>de</strong>s membres du comité <strong>de</strong> bassin,<br />

comme Philippe Duron, député-maire <strong>de</strong> Caen.<br />

À l’occasion <strong>de</strong> son déplacement en <strong>Normandie</strong>,<br />

Chantal Jouanno a annoncé la constitution<br />

d’un groupe national sur la gestion <strong>de</strong>s zones<br />

humi<strong>de</strong>s, qui a été installé le 6 avril, et rappelé<br />

que le « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement » a prévu<br />

l’acquisition <strong>de</strong> 20 000 hectares <strong>de</strong> ces zones<br />

par le Conservatoire du littoral et les <strong>Agence</strong>s<br />

<strong>de</strong> l’eau en vue <strong>de</strong> leur valorisation. p<br />

4<br />

La secrétaire d’État chargée <strong>de</strong> l’Écologie,<br />

Chantal Jouanno, lors <strong>de</strong> sa visite à l’<strong>Agence</strong>.<br />

Agriculteurs et chasseurs<br />

unis contre l’érosion<br />

Initié en 2006, le projet Agrifaune se propose<br />

d’assurer un développement agricole<br />

durable compatible avec la préservation et le<br />

développement du petit gibier, <strong>de</strong> la faune<br />

et <strong>de</strong> leurs habitats. En <strong>Seine</strong>-Maritime, un<br />

projet pilote a été mené sur <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong> avec<br />

l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> afin d’aménager l’espace<br />

agricole <strong>de</strong> façon à fournir <strong>de</strong>s abris au petit<br />

gibier et lutter contre le ruissellement.<br />

Ainsi, sur 3 000 hectares d’un secteur situé entre<br />

la vallée du Dun et <strong>de</strong> la Saâne, 27 agriculteurs<br />

ont implanté plus <strong>de</strong> 6 300 mètres <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s<br />

enherbées et 80 buissons qui vont permettre<br />

<strong>de</strong> lutter contre l’érosion <strong>de</strong>s sols. Parallèlement,<br />

800 fais<strong>ans</strong> ont été relâchés sur ce territoire<br />

où l’espèce bénéficie d’une interdiction<br />

<strong>de</strong> chasse pendant trois <strong>ans</strong>. Agrifaune résulte<br />

d’une convention nationale entre les chambres<br />

d’agriculture, la Fédération nationale <strong>de</strong>s syndicats<br />

d’exploitants agricoles, la Fédération nationale<br />

<strong>de</strong>s chasseurs et l’Office national <strong>de</strong> la<br />

chasse et <strong>de</strong> la faune sauvage. p<br />

Des chasseurs du département, lors <strong>de</strong> la réunion<br />

<strong>de</strong> clôture du projet Agrifaune en <strong>Seine</strong>-Maritime.<br />

AESN<br />

AFDC /Vestu<br />

L’inauguration <strong>de</strong> la nouvelle station d’eau potable a eu lieu en<br />

présence, notamment, <strong>de</strong> Laurent Fabius, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la communauté<br />

<strong>de</strong> l’agglomération rouennaise.<br />

Rouen : une station d’eau<br />

potable ultraperformante<br />

Inaugurée le 16 février <strong>de</strong>rnier, la nouvelle station d’eau potable<br />

<strong>de</strong> Moulineaux produit 28 500 m 3 d’eau par jour, soit 30 % <strong>de</strong> l’eau<br />

distribuée sur l’agglomération rouennaise. À la quantité s’associe<br />

la qualité : cette station utilise l’ultrafiltration, une technologie qui<br />

permet d’éliminer tous les microparasites tout en conservant les<br />

sels minéraux, le calcium et le magnésium bénéfiques pour la santé.<br />

La filtration est effectuée par 12 000 membranes creuses à l’intérieur<br />

<strong>de</strong> 450 modules <strong>de</strong> 40 m 2 chacun, soit 18 000 m 2 <strong>de</strong> surface<br />

filtrante totale, l’équivalent <strong>de</strong> trois sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> football ! Cette nouvelle<br />

station a coûté 5 millions d’euros financés par la communauté<br />

(55 %) avec la participation <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> (30 % en subvention<br />

et 20 % <strong>de</strong> prêt) et du département <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Maritime. p<br />

Reconstruction d’un barrage<br />

à Saint-Pierre-et-Miquelon<br />

Le barrage du Goéland est l’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux principales retenues d’eau<br />

<strong>de</strong> Saint-Pierre, d<strong>ans</strong> l’Atlantique Nord, et permet l’alimentation en eau<br />

potable <strong>de</strong>s 7 000 habitants <strong>de</strong> cette île <strong>de</strong> 24 km². L’ouvrage construit<br />

à la fin du XIX e siècle présentait un risque <strong>de</strong> rupture élevé. En 2007,<br />

le préfet a dû prononcer un arrêté d’évacuation et la collectivité lancer<br />

la construction d’un nouveau barrage à l’aval <strong>de</strong> l’existant. Inauguré le<br />

18 décembre <strong>de</strong>rnier, le nouveau barrage, financé pour 30 % par l’<strong>Agence</strong><br />

permet également d’augmenter la ressource qui passe <strong>de</strong> <strong>25</strong>0 000 m 3<br />

à 418 000 m 3 . Depuis 1997, les collectivités d’outre-mer Saint-Pierre-et-<br />

Miquelon font partie du bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>. p<br />

AESN<br />

Bruno Galiber d’Auque<br />

Les 20 <strong>ans</strong><br />

du PIREN-<strong>Seine</strong><br />

Le programme <strong>de</strong><br />

recherche PIREN-<strong>Seine</strong> a<br />

20 <strong>ans</strong>. Pour célébrer<br />

l’événement, il organise,<br />

le 19 juin prochain,<br />

un colloque à l’hôtel<br />

<strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Paris au cours<br />

duquel chercheurs et<br />

gestionnaires débattront<br />

<strong>de</strong>s questions<br />

scientifiques, <strong>de</strong>s outils<br />

développés et <strong>de</strong> leur<br />

intégration d<strong>ans</strong> les<br />

politiques <strong>de</strong> gestion<br />

<strong>de</strong> l’eau. Depuis<br />

1989, le Programme<br />

interdisciplinaire<br />

<strong>de</strong> recherche sur<br />

l’environnement <strong>de</strong> la<br />

<strong>Seine</strong>, dont l’<strong>Agence</strong><br />

est partenaire, permet<br />

<strong>de</strong> mieux comprendre<br />

le fonctionnement du<br />

système hydrographique<br />

<strong>de</strong> ce fleuve.<br />

Condé-en-Brie :<br />

un contrat global<br />

pour l’eau<br />

Un contrat global pour<br />

l’eau a été signé en février<br />

<strong>de</strong>rnier par l’<strong>Agence</strong><br />

et dix autres partenaires<br />

dont la communauté <strong>de</strong><br />

communes <strong>de</strong> Condé-en-<br />

Brie, porteuse du projet.<br />

Ce contrat, qui prévoit<br />

<strong>de</strong>s actions en faveur <strong>de</strong><br />

l’assainissement et <strong>de</strong><br />

la protection <strong>de</strong>s captages,<br />

concerne 57 km <strong>de</strong> cours<br />

d’eau, 27 communes<br />

et une population <strong>de</strong><br />

7 500 habitants répartis<br />

sur un territoire rural<br />

à dominante agricole et<br />

viticole. Son montant<br />

avoisine 15 millions d’euros.<br />

Pour un<br />

assainissement<br />

autonome<br />

<strong>de</strong> qualité<br />

Les membres <strong>de</strong> la charte<br />

pour la qualité <strong>de</strong>s<br />

réseaux d’assainissement<br />

Aisne-Ar<strong>de</strong>nnes-Oise<br />

éten<strong>de</strong>nt leur démarche<br />

à l’assainissement non<br />

collectif. Bientôt sur<br />

les pages Vallées <strong>de</strong> l’Oise<br />

du site www.eau-seinenormandie.fr<br />

seront<br />

proposés <strong>de</strong> nombreux<br />

outils d’ai<strong>de</strong> aux travaux :<br />

étu<strong>de</strong>s préalables, cahier<br />

<strong>de</strong>s charges, suivi<br />

<strong>de</strong> chantier, normes en<br />

vigueur, etc.


INTERNATIONAL<br />

Des sanctions pénales<br />

pour les pollutions marines<br />

‡<br />

La commission <strong>de</strong>s<br />

tr<strong>ans</strong>ports du Parlement<br />

européen a adopté un<br />

rapport imposant un cadre juridique<br />

plus répressif contre les pollueurs<br />

<strong>de</strong> la mer. Désormais, les<br />

cas graves <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong> substances<br />

polluantes seront considérés comme<br />

<strong>de</strong>s actes criminels. Les cas<br />

mineurs (qui ne détériorent pas<br />

la qualité <strong>de</strong>s eaux), passibles <strong>de</strong><br />

sanctions administratives, seront<br />

qualifiés <strong>de</strong> délits et sanctionnés<br />

comme tels s’ils s’avèrent répétés,<br />

intentionnels ou causés par une<br />

négligence grave. Les eurodéputés<br />

espèrent ainsi dissua<strong>de</strong>r les responsables<br />

<strong>de</strong> navires qui préfèrent<br />

polluer et payer la sanction administrative<br />

plutôt que <strong>de</strong> respecter<br />

la législation. La surveillance et le<br />

contrôle ainsi que l’évaluation <strong>de</strong>s<br />

dégâts causés et la qualification <strong>de</strong><br />

l’infraction <strong>de</strong>vraient être confiés<br />

à un observatoire dépendant <strong>de</strong><br />

l’<strong>Agence</strong> européenne pour la sécurité<br />

maritime.<br />

Pour mieux comprendre l’eau<br />

d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong><br />

L’avenir <strong>de</strong> l’eau - Petit précis <strong>de</strong> mondialisation II par Erik Orsenna<br />

Un périple <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>ans</strong>, à travers les cinq continents, a permis à Erik Orsenna, académicien, <strong>de</strong><br />

rencontrer <strong>de</strong>s scientifiques, <strong>de</strong>s pays<strong>ans</strong>, <strong>de</strong>s constructeurs <strong>de</strong> barrages, <strong>de</strong>s physiciens, <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins…<br />

qui lui ont appris l’eau. Inégalités climatiques ou pour l’accès à l’eau, choix politiques<br />

allant à l’encontre <strong>de</strong> l’environnement, absence <strong>de</strong> réseaux d’eau potable ou d’assainissement<br />

pour un habitant sur six, mais aussi <strong>de</strong>s exemples réussis <strong>de</strong> coopération, donnent au lecteur une<br />

vision globale <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> l’eau sur notre planète.<br />

Fayard – 414 pages – 22 e.<br />

La guerre <strong>de</strong>s barrages : développement forcé, populations sacrifiées,<br />

environnement dévasté par Jacques Leslie<br />

Le barrage mis au point d<strong>ans</strong> les années 1930 a longtemps eu l’apparence d’un fleuron technologique<br />

<strong>de</strong>s temps mo<strong>de</strong>rnes. Or, à partir <strong>de</strong>s années 1970, avec l’explosion démographique, les<br />

immenses enjeux financiers, l’émergence <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> conscience écologique, tout concourt à<br />

porter un autre regard sur ces ouvrages. Le prix à payer pour ces retenues d’eau. L’auteur nous<br />

emmène sur trois continents : l’In<strong>de</strong>, l’Afrique et l’Australie. Il nous expose trois points <strong>de</strong> vue,<br />

ceux <strong>de</strong> l’activiste, du sociologue, et <strong>de</strong> l’ingénieur.<br />

Buchet-Chastel – 359 pages – 30 e.<br />

Climat et risques : changements d’approches par Denis Lamarre<br />

Cet ouvrage s’articule autour <strong>de</strong> trois axes <strong>de</strong> recherche : représentations du changement climatique<br />

et risques associés, <strong>de</strong>rnières avancées <strong>de</strong> la recherche géoclimatique et perspectives<br />

concernant le développement durable et les risques liés au changement climatique. Ces perspectives<br />

sont analysées sous l’angle du droit et <strong>de</strong> ses évolutions, <strong>de</strong> la philosophie ou du service<br />

<strong>de</strong> l’assurance.<br />

Tec & Doc – 170 pages – 39 e.<br />

La biodiversité au quotidien : le développement durable à l’épreuve<br />

<strong>de</strong>s faits par Christian Lévèque<br />

À partir du constat <strong>de</strong> situations réellement inquiétantes, conséquences <strong>de</strong> la pauvreté <strong>de</strong>s pays<br />

du Sud et <strong>de</strong> la course au profit <strong>de</strong>s pays du Nord, l’auteur s’interroge sur les relations <strong>de</strong> l’homme<br />

avec la biodiversité. À travers différents thèmes tels que les espèces animales, la nature, la<br />

forêt, la pêche, la mondialisation, le réchauffement climatique et le développement durable entre<br />

autres, il explore <strong>de</strong>s pistes pour une meilleure adéquation <strong>de</strong> l’homme avec son environnement<br />

quotidien.<br />

Eds Quae, IRD éditions – 286 pages - 32 e.<br />

Deux nouvelles<br />

autoroutes<br />

<strong>de</strong> la mer<br />

D’ici la fin <strong>de</strong> l’année,<br />

<strong>de</strong>ux nouvelles liaisons<br />

maritimes entre la France et<br />

l’Espagne vont être créées,<br />

qui permettront le report<br />

modal <strong>de</strong> 100 000 poids<br />

lourds par an. Une liaison<br />

reliera Nantes-Saint-Nazaire<br />

à Gijon (nord <strong>de</strong> l’Espagne)<br />

et une secon<strong>de</strong> ligne Nantes<br />

et Le Havre à Vigo (nord-ouest),<br />

puis à Algesiras (sud)<br />

à partir <strong>de</strong> 2010.<br />

États-Unis :<br />

un budget record<br />

pour l’eau<br />

Le projet <strong>de</strong> budget présenté<br />

par le prési<strong>de</strong>nt Barack Obama<br />

alloue près <strong>de</strong> quatre milliards<br />

<strong>de</strong> dollars aux fonds<br />

<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’eau potable et<br />

<strong>de</strong>s réseaux d’assainissement,<br />

qui permettront <strong>de</strong> financer<br />

plus <strong>de</strong> 1 700 projets aux<br />

États-Unis. Ce montant<br />

s’ajoute aux quatre autres<br />

milliards <strong>de</strong> dollars déjà prévus<br />

d<strong>ans</strong> ce secteur au titre du<br />

plan <strong>de</strong> relance économique.<br />

Chine : alerte<br />

aux engrais azotés<br />

Une équipe du collège<br />

<strong>de</strong>s sciences et ressources<br />

environnementales <strong>de</strong> Beijing<br />

(Pékin) vient <strong>de</strong> publier une<br />

étu<strong>de</strong> sur l’impact <strong>de</strong>s engrais<br />

azotés sur l’environnement.<br />

Entre 1977 et 2005,<br />

les volumes d’engrais utilisés<br />

sont passés <strong>de</strong> 7,07 millions<br />

à 26,1 millions <strong>de</strong> tonnes<br />

en Chine, polluant les eaux<br />

souterraines du pays, acidifiant<br />

les sols, augmentant les pluies<br />

aci<strong>de</strong>s et les gaz à effet<br />

<strong>de</strong> serre… Les chercheurs<br />

chinois préconisent l’arrêt<br />

<strong>de</strong> subventions, l’introduction<br />

d’une taxe sur les engrais<br />

azotés et le retour à <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> culture préservant<br />

l’environnement. Voir l’étu<strong>de</strong><br />

Reducing environmental risk<br />

by improving N management<br />

in intensive Chinese<br />

agricultural systems, en anglais<br />

sur www.pnas.org<br />

5


USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />

5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau à<br />

Des avancées réelles<br />

<strong>25</strong> 000 participants, 192 pays représentés, <strong>de</strong> nombreux débats et rencontres, l’engagement<br />

<strong>de</strong> nombreux maires du mon<strong>de</strong> entier pour améliorer la qualité <strong>de</strong> l’eau et l’assainissement…<br />

Même s’il reste beaucoup à faire, le 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau a confirmé une volonté d’agir.<br />

« Bridging the divi<strong>de</strong>s for water »<br />

(« Combler les écarts en matière<br />

d’eau ») : tel était le nom<br />

<strong>de</strong> la 5 e édition du Forum mondial <strong>de</strong> l’eau qui<br />

s’est tenue du 16 au 22 mars à Istanbul, faisant<br />

suite à celles <strong>de</strong> Marrakech – la première – en<br />

1997, <strong>de</strong> La Haye en 2000, <strong>de</strong> Kyoto en 2003<br />

et <strong>de</strong> Mexico en 2006. En un peu plus d’une<br />

décennie, cette manifestation, organisée tous<br />

les trois <strong>ans</strong> par le<br />

Conseil mondial Conseil mondial<br />

<strong>de</strong> l’eau (CME) en <strong>de</strong> l’eau<br />

Créé en 1996,<br />

collaboration avec<br />

il regroupe<br />

les pays d’accueil, 350 organisations<br />

est <strong>de</strong>venue le plus <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 70 pays<br />

grand événement pour promouvoir<br />

une meilleure gestion<br />

international d<strong>ans</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau.<br />

le domaine <strong>de</strong> l’eau.<br />

S’y retrouvent <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> représentants<br />

<strong>de</strong> gouvernements, <strong>de</strong> collectivités locales,<br />

d’ONG, d’acteurs <strong>de</strong> la société civile du<br />

mon<strong>de</strong> entier.<br />

Lieux privilégiés d’échanges, les forums<br />

ont pour but d’inciter les gouvernements à<br />

mettre en œuvre une politique <strong>de</strong> l’eau permanente<br />

et durable. Plus encore peut-être<br />

⁄ HUIT OBJECTIFS AMBITIEUX<br />

L’ONU a arrêté en 2000 huit Objectifs<br />

du millénaire pour le développement<br />

(OMD) afin <strong>de</strong> réduire la pauvreté d’ici<br />

à 2015 : mettre en place un partenariat<br />

mondial pour le développement ;<br />

combattre le sida, le paludisme, etc. ;<br />

améliorer la santé maternelle ; réduire<br />

la mortalité infantile ; promouvoir<br />

l’égalité <strong>de</strong>s sexes et l’autonomisation<br />

<strong>de</strong>s femmes ; assurer l’éducation<br />

primaire pour tous ; assurer<br />

un environnement durable et,<br />

notamment, améliorer l’accès à l’eau<br />

potable et l’assainissement ;<br />

réduire la pauvreté et la faim.<br />

6


Istanbul<br />

Quelques-unes<br />

<strong>de</strong>s affiches parues<br />

sur Internet<br />

annonçant le Forum<br />

d’Istanbul.<br />

Photo <strong>de</strong> groupe<br />

<strong>de</strong>s dirigeants ayant<br />

assisté au sommet<br />

<strong>de</strong>s chefs d’État lors<br />

du 5 e Forum mondial<br />

<strong>de</strong> l’eau à Istanbul.<br />

Bulent Kilic/AFP<br />

7


USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />

que les précé<strong>de</strong>nts, le Forum d’Istanbul a<br />

souligné l’urgence <strong>de</strong> la mobilisation. Le septième<br />

<strong>de</strong>s huit Objectifs du millénaire pour<br />

le développement (OMD) arrêtés par l’ONU<br />

(voir encadré page 6) consiste en effet à « assurer<br />

un environnement durable », en divisant<br />

par <strong>de</strong>ux le nombre d’habitants privés d’eau<br />

potable et d’un assainissement élémentaire.<br />

De nouvelles<br />

problématiques<br />

Des thèmes majeurs étaient donc au cœur<br />

<strong>de</strong>s sessions et <strong>de</strong>s débats à Istanbul. Aux<br />

questions traitées d<strong>ans</strong> les précé<strong>de</strong>nts forums<br />

– le droit à l’eau pour tous, la gouvernance, le<br />

financement… – se sont ajoutées <strong>de</strong> nouvelles<br />

problématiques : le changement climatique,<br />

l’explosion démographique, avec une surpopulation<br />

d<strong>ans</strong> les mégalopoles situées la plupart<br />

du temps au bord <strong>de</strong>s mers. « Il y a une<br />

forte inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette concentration sur l’état<br />

<strong>de</strong> l’eau, souligne Loïc Fauchon, prési<strong>de</strong>nt du<br />

Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau. L’urbanisation galopante<br />

aggrave encore la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> fourniture<br />

en eau et l’absence d’assainissement. La<br />

santé publique est en jeu. On voit revenir <strong>de</strong>s<br />

maladies comme le choléra, le paludisme d<strong>ans</strong><br />

plusieurs régions <strong>de</strong> la planète. » Le problème<br />

est d’autant plus crucial que l’élévation – bien<br />

légitime – du niveau <strong>de</strong> vie entraîne une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

croissante en eau.<br />

« La nécessité <strong>de</strong> s’occuper <strong>de</strong>s eaux internationales<br />

a également fait l’objet <strong>de</strong> sessions<br />

très animées, rapporte Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la Commission permanente <strong>de</strong>s ressources<br />

naturelles au Conseil général <strong>de</strong> l’environnement<br />

et du développement durable au<br />

sein du Meeddat. Le partage et la protection <strong>de</strong><br />

la ressource en eau entre les pays n’est pas une<br />

évi<strong>de</strong>nce pour tous. Il faudra pourtant y venir,<br />

mais il y a <strong>de</strong>s États qui ne veulent pas être mis<br />

à contribution car ils estiment qu’il ne s’agit<br />

pas d’une question prioritaire. De surcroît, ils<br />

la renvoient aux professionnels <strong>de</strong> l’eau. »<br />

Une « prise <strong>de</strong><br />

conscience affirmée »<br />

Certains pays pratiquent la politique <strong>de</strong><br />

l’autruche, les divergences autour <strong>de</strong>s questions<br />

<strong>de</strong> gouvernance pèsent, mais force est <strong>de</strong><br />

constater qu’il existe une « prise <strong>de</strong> conscience<br />

affirmée qui fait progresser la cause, poursuit<br />

Loïc Fauchon. L’eau est <strong>de</strong>venue en moins <strong>de</strong><br />

dix <strong>ans</strong> une priorité <strong>de</strong>s agendas politiques et,<br />

en ce sens, le but <strong>de</strong>s forums est atteint. Reste<br />

8<br />

Maintenir l’assainissement comme une priorité sur l’agenda et faire face au défi <strong>de</strong> l’assainissement<br />

urbain, tel était l’intitulé d’une session à laquelle participait Guy Fradin (3 e en partant <strong>de</strong> la droite).<br />

à tr<strong>ans</strong>former l’essai. » Pierre Roussel partage<br />

cet avis: « On peut avoir l’impression que peu<br />

<strong>de</strong> choses évoluent, mais on enfonce un clou<br />

un peu plus chaque fois d<strong>ans</strong> une planche très<br />

dure. C’est ainsi qu’on avance… »<br />

Et on avance sérieusement. Pour preuve,<br />

la décision prise par les parlementaires <strong>de</strong> créer<br />

Déclaration<br />

Le « Istanbul<br />

Water Consensus »<br />

a été préparée par<br />

plusieurs milliers<br />

<strong>de</strong> collectivités<br />

locales issues <strong>de</strong><br />

127 pays.<br />

un parlement mondial <strong>de</strong><br />

l’eau afin <strong>de</strong> travailler collectivement,<br />

ou encore la<br />

déclaration adoptée par<br />

<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> maires<br />

pour améliorer l’assainissement<br />

et la qualité <strong>de</strong><br />

l’eau d<strong>ans</strong> leur commune.<br />

« Élus et parlementaires nous ont montré la<br />

voie et donné une leçon <strong>de</strong> réalisme », note<br />

Loïc Fauchon. Du concret, comparé aux multiples<br />

déclarations jugées généralement trop<br />

tiè<strong>de</strong>s parce que non contraignantes. « Il faut<br />

renforcer le poids politique <strong>de</strong>s messages, mais<br />

ce n’est pas simple », conclut Pierre Roussel.<br />

Patrick Coudreau<br />

DE CONFÉRENCES EN SOMMETS…<br />

La conférence <strong>de</strong> l’ONU à Stockholm en 1972 fut la première à<br />

considérer le problème <strong>de</strong> l’eau. À Mar <strong>de</strong>l Plata en 1977, on parla<br />

d’assainissement et d’approvisionnement en eau d<strong>ans</strong> les pays<br />

en voie <strong>de</strong> développement. Le chapitre 18 <strong>de</strong> l’Agenda 21, adopté<br />

lors du Sommet <strong>de</strong> la Terre à Rio <strong>de</strong> Janeiro en 1992, fut dédié à<br />

la protection <strong>de</strong> l’eau douce. En 2000, la déclaration ministérielle <strong>de</strong><br />

La Haye afficha comme objectif la sécurité <strong>de</strong> l’eau au XXI e siècle.<br />

Le 3 e Forum <strong>de</strong> l’eau, en 2003 à Kyoto, aborda le problème <strong>de</strong> l’eau<br />

d<strong>ans</strong> sa globalité. Autant <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous auxquels l’<strong>Agence</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> a toujours apporté sa contribution…<br />

On enfonce un<br />

clou un peu plus<br />

chaque fois d<strong>ans</strong><br />

une planche très<br />

dure. C’est ainsi<br />

qu’on avance…<br />

Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la Commission permanente<br />

<strong>de</strong>s ressources naturelles<br />

au Conseil général<br />

<strong>de</strong> l’environnement<br />

et du développement durable<br />

au MEEDDAT.<br />

AESN/SIAPP/ISKI


Interview<br />

Guy Fradin<br />

Directeur général <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

« L’<strong>Agence</strong> s’est fortement<br />

impliquée d<strong>ans</strong> le forum »<br />

Michel Monsay<br />

QUELLE A ÉTÉ LA CONTRIBUTION DE L’AGENCE DE L’EAU<br />

SEINE-NORMANDIE AU FORUM D’ISTANBUL ?<br />

Elle s’est très fortement impliquée d<strong>ans</strong> la préparation <strong>de</strong> la manifestation<br />

– notamment au sein du Partenariat français pour l’eau<br />

où nous représentons les autres <strong>Agence</strong>s – et financièrement.<br />

Sur place, elle a développé nos thématiques <strong>de</strong> travail. Une ai<strong>de</strong> financière<br />

a été attribuée au Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau qui mobilise une dizaine<br />

<strong>de</strong> « villes pilotes » d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong>. Les rencontres internationales « Eau<br />

et Cinéma » nous ont également sollicités.<br />

Enfin, nous avons contribué à la rédaction du rapport européen sur<br />

le chapitre « assainissement », et au débat d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> la session<br />

européenne. Ce thème est pour nous un cheval <strong>de</strong> bataille. À Mexico<br />

en 2006, nous avions porté l’unique session qui y était consacrée. Depuis,<br />

fort heureusement, le sujet est prioritaire sur l’agenda international.<br />

En 2008, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’Année internationale <strong>de</strong> l’assainissement,<br />

l’<strong>Agence</strong> a coorganisé un atelier sur le sujet, et celui-ci a servi <strong>de</strong> pont entre<br />

Mexico et Istanbul, où nous avons porté l’une <strong>de</strong>s sessions officielles.<br />

Nous avons aussi participé avec le SIAAP et nos partenaires turcs d’ISKI<br />

à une autre session et au panel <strong>de</strong> haut niveau sur l’assainissement.<br />

VOUS AVEZ AUSSI ORGANISÉ DES ÉVÉNEMENTS PARALLÈLES<br />

À LA MANIFESTATION…<br />

Oui, nous avons organisé <strong>de</strong>ux « événements parallèles », l’un sur<br />

la « coopération décentralisée et le suivi local <strong>de</strong>s services d’eau potable<br />

et d’assainissement », l’autre sur « l’eau d<strong>ans</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ».<br />

Nous avons participé à six autres, organisés par nos partenaires français<br />

ou internationaux. Par ailleurs, le 18 mars, nous avons signé un accord<br />

<strong>de</strong> partenariat avec Istanbul Water & Sewage Administration (ISKI) prévoyant<br />

<strong>de</strong>s travaux sur la qualité <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> baigna<strong>de</strong> et sur les eaux <strong>de</strong> pluie.<br />

QUELLE EST LA PLACE DE L’AGENCE DE L’EAU<br />

DANS LES RENDEZ-VOUS INTERNATIONAUX SUR L’EAU ?<br />

Par son action internationale en matière <strong>de</strong> coopération décentralisée<br />

ou d’appui institutionnel et technique, l’<strong>Agence</strong> fréquente <strong>de</strong> nombreux<br />

réseaux comme le Réseau international <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> bassin<br />

et participe à <strong>de</strong>s événements d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong> entier. Étant l’un <strong>de</strong>s<br />

36 gouverneurs du Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau, je contribue à pousser<br />

sur l’échiquier mondial certaines thématiques qui visent à atteindre<br />

les Objectifs du millénaire.<br />

EN QUOI CONSISTE L’ACTION INTERNATIONALE DE L’AGENCE ?<br />

- Elle se décline en trois volets : solidarité internationale, coopération<br />

institutionnelle et relations publiques internationales. En 2008, nous avons<br />

consacré à la première 1,3 million d’euros, soit 0,2 % du budget total<br />

d’intervention, l’objectif en fin <strong>de</strong> IX e programme étant <strong>de</strong> passer à 0,5 %.<br />

En matière <strong>de</strong> coopération institutionnelle, nous participons<br />

à <strong>de</strong>s conférences internationales et accueillons <strong>de</strong>s délégations <strong>de</strong> tous<br />

pays. Surtout, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> notre politique <strong>de</strong> jumelage avec<br />

<strong>de</strong>s bassins versants étrangers (Algérie, Allemagne, Hongrie, Maroc,<br />

Turquie, etc.), nous tentons <strong>de</strong> favoriser un dialogue Nord-Sud mais aussi<br />

Sud-Sud. Je souligne qu’il existe une vraie synergie entre <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau.<br />

Nous coordonnons nos interventions et mutualisons nos moyens<br />

afin <strong>de</strong> faciliter l’accès à l’eau potable et à l’assainissement au plus grand<br />

nombre.<br />

Marc Dozier/Hemis.fr<br />

Jody Valente/Water for the People<br />

Le 5 e Forum mondial <strong>de</strong> l’eau a eu pour cadre Istanbul, la capitale turque. Ici,<br />

la basilique Sainte-Sophie considérée comme la huitième merveille du mon<strong>de</strong>.<br />

Au cœur <strong>de</strong>s débats <strong>de</strong> ce 5 e Forum mondial : le droit à l’eau pour tous,<br />

la gouvernance, le financement… mais aussi l’explosion démographique,<br />

avec une surpopulation d<strong>ans</strong> les mégapoles situées au bord <strong>de</strong>s mers.<br />

9


USAGES DE L’EAU : Forum mondial <strong>de</strong> l’eau<br />

LE PARTENARIAT<br />

FRANÇAIS POUR<br />

L’EAU, EXEMPLE<br />

DE COORDINATION<br />

Le 22 mars 2007, les experts français<br />

<strong>de</strong> l’eau (MEEDDAT, <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau,<br />

collectivités territoriales, entreprises,<br />

scientifiques, ONG) ont créé<br />

le Partenariat français pour l’eau (PFE),<br />

sorte <strong>de</strong> plateforme unique représentant<br />

notre pays à l’international.<br />

En amont du Forum d’Istanbul,<br />

le PFE a travaillé sur 11 chantiers<br />

(droit à l’accès à l’eau et<br />

à l’assainissement pour tous, rôle<br />

<strong>de</strong>s autorités locales, financement<br />

<strong>de</strong> l’eau, adaptation au changement<br />

climatique, etc.). Au cours <strong>de</strong><br />

la manifestation, il a adressé quatre<br />

messages cruciaux portant sur<br />

l’absence d’assainissement <strong>de</strong>s eaux<br />

usées d<strong>ans</strong> les mégalopoles du Sud :<br />

il faut désarmorcer les « bombes<br />

sanitaires à retar<strong>de</strong>ment », répartir<br />

équitablement le coût <strong>de</strong> l’accès<br />

à l’eau potable et à l’assainissement,<br />

défendre à l’international l’approche<br />

européenne d’une gestion <strong>de</strong> l’eau<br />

par bassin, s’adapter au changement<br />

climatique qui va aggraver<br />

les pénuries d’eau.<br />

Pour Pierre Roussel, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

la Commission permanente<br />

<strong>de</strong>s ressources naturelles au Conseil<br />

général <strong>de</strong> l’environnement et<br />

du développement durable au sein<br />

du MEEDDAT, « le fait <strong>de</strong> parler<br />

<strong>de</strong> manière coordonnée rend<br />

les messages plus percutants aux yeux<br />

<strong>de</strong>s interlocuteurs étrangers. »<br />

La parole aux membres<br />

« Les pays<br />

méditerranéens<br />

en mouvement »<br />

Jeannette Pretot<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’association « L’Ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’eau »,<br />

conseillère municipale <strong>de</strong> Mouroux (77).<br />

⁄ « Par le biais <strong>de</strong> l’éducation, on peut améliorer<br />

la qualité <strong>de</strong> l’eau d<strong>ans</strong> les pays du bassin<br />

méditerranéen. L’association « L’Ambassa<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau » a présenté à Istanbul son projet baptisé<br />

« Union méditerranéenne <strong>de</strong>s jeunes ambassa<strong>de</strong>urs<br />

<strong>de</strong> l’eau » (UMJAE), qui vise les 43 pays <strong>de</strong> l’Union<br />

pour la Méditerranée (UpM).<br />

Suite aux premières classes d’eau organisées d<strong>ans</strong><br />

11 pays* en partenariat avec <strong>de</strong>s établissements<br />

universitaires et le Réseau méditerranéen <strong>de</strong>s écoles<br />

d’ingénieurs, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> coopération ont<br />

été arrêtés, qui contribueront à la dépollution <strong>de</strong> la<br />

Méditerranée. A Istanbul, les jeunes ambassa<strong>de</strong>urs<br />

<strong>de</strong> l’UMJAE ont lancé un appel pour que les<br />

gouvernements, les élus, les financeurs intègrent<br />

leur projet d<strong>ans</strong> ceux <strong>de</strong> l’UpM. Le MEEDDAT, par<br />

la voix du ministre Jean-Louis Borloo, et Julia Jordan,<br />

<strong>de</strong> la mission interministérielle <strong>de</strong> l’Union pour<br />

la Méditerranée, les ont assurés <strong>de</strong> leur soutien. »<br />

*Algérie, Égypte, Espagne, France, Israël, Italie, Liban, Maroc,<br />

Palestine, Syrie et Tunisie.<br />

« Mutualiser<br />

notre action<br />

en faveur du<br />

développement »<br />

Anne Le Strat<br />

Prési<strong>de</strong>nte directrice générale <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s eaux<br />

<strong>de</strong> Paris, maire-adjointe à la Ville <strong>de</strong> Paris.<br />

⁄ « La loi Oudin-Santini permet aux opérateurs<br />

<strong>de</strong> l’eau et aux collectivités locales <strong>de</strong> consacrer 1 %<br />

<strong>de</strong>s ressources affectées aux budgets <strong>de</strong>s services<br />

<strong>de</strong> distribution d’eau potable et d’assainissement<br />

à <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong> coopération internationale. La Ville<br />

<strong>de</strong> Paris a mis en place ce dispositif en 2006, et elle<br />

consacre 1 million d’euros par an à <strong>de</strong>s réalisations.<br />

Vingt-cinq projets ont déjà été sélectionnés,<br />

bénéficiant à près <strong>de</strong> 300 000 personnes d<strong>ans</strong><br />

différents pays. Un autre est à l’étu<strong>de</strong> avec la ville <strong>de</strong><br />

Jéricho, en partenariat avec l’Autorité palestinienne<br />

<strong>de</strong> l’eau et une ONG locale. Nos services techniques<br />

sont fortement impliqués d<strong>ans</strong> cette coopération<br />

et une ai<strong>de</strong> financière est prévue. Comme la Ville <strong>de</strong><br />

Paris, <strong>de</strong> nombreuses collectivités locales<br />

s’engagent. Et il me semble que, plutôt que <strong>de</strong><br />

porter <strong>de</strong>s projets individuels, les collectivités<br />

d’un même bassin, <strong>de</strong>vraient travailler ensemble,<br />

mutualiser leurs ai<strong>de</strong>s et leurs moyens.<br />

On obtiendrait un effet <strong>de</strong> levier d’action plus<br />

important. Un débat a eu lieu à ce sujet à Istanbul. »<br />

Michel Monsay<br />

Après le Forum, Jean-François Bel, Guy Fradin et Christian Lecussan<br />

(<strong>de</strong> g. à d.) ont donné une conférence <strong>de</strong> presse à l’hôtel Lutetia, à Paris.<br />

Vue générale du pavillon du Conseil mondial <strong>de</strong> l’eau qui s’est tenu<br />

au centre culturel <strong>de</strong>s congrès d’Istanbul.<br />

Saner Sen/Narphotos<br />

10


du comité <strong>de</strong> bassin<br />

« Simplifions<br />

la réglementation »<br />

Christian Lecussan<br />

Directeur <strong>de</strong> l’Association francilienne <strong>de</strong>s industriels pour l’étu<strong>de</strong><br />

et la gestion <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la sécurité (AFINEGE).<br />

⁄ « Ce qui m’a frappé à Istanbul, c’est que seuls les intervenants<br />

français ont parlé <strong>de</strong> réglementation en matière d’assainissement,<br />

<strong>de</strong> lutte contre la pollution et <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement.<br />

Comme si, s<strong>ans</strong> contrainte réglementaire, s<strong>ans</strong> lois, on ne pouvait<br />

rien faire. Cela démontre, me semble-t-il, un manque <strong>de</strong> confiance<br />

d<strong>ans</strong> les industriels, les maîtres d’ouvrage et leur démarche en faveur<br />

<strong>de</strong> l’environnement. De surcroît, même si le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement<br />

a été un grand progrès, les textes sont touffus et trop nombreux :<br />

il en sort un nombre faramineux tous les <strong>ans</strong> ! Bref, trop souvent,<br />

la réglementation bloque les industriels, et surtout les PME,<br />

plus qu’elle ne les encourage. S’il n’y avait pas <strong>de</strong>s organismes comme<br />

l’AFINEGE pour les ai<strong>de</strong>r à connaître les textes et à les appliquer,<br />

ils seraient perdus. Il me paraît capital <strong>de</strong> simplifier la réglementation<br />

et <strong>de</strong> faire davantage confiance aux gens. »<br />

« Pas <strong>de</strong> solution<br />

toute faite »<br />

Jean-Clau<strong>de</strong> Maghalaes<br />

Adjoint au maire <strong>de</strong> Cherbourg-Octeville.<br />

⁄ « La coopération Nord-Sud permet d’améliorer bien <strong>de</strong>s choses<br />

en matière d’assainissement et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’eau. Un exemple parmi<br />

d’autres : la création d’un dispositif d’adduction d’eau et d’assainissement<br />

d<strong>ans</strong> une communauté <strong>de</strong> Casamance, initiée par la municipalité et<br />

financée en partie par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>. Mille trois cents<br />

concessions ont été installées, permettant à 17 000 personnes<br />

d’avoir accès à l’eau courante et à l’hygiène. Pour assurer la pérennité<br />

du dispositif, la population a été sensibilisée, un système <strong>de</strong> gestion<br />

<strong>de</strong> l’eau mis en place – les utilisateurs paient l’eau qu’ils consomment<br />

et financent l’entretien du réseau –, <strong>de</strong>s fontainiers ont été formés,<br />

ce qui a permis au passage <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s emplois.<br />

Ce qui est intéressant et difficile à la fois quand on conçoit un projet,<br />

c’est qu’il existe une gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> situations et pas <strong>de</strong> solution toute<br />

faite. Pour réussir, il faut se rencontrer, dialoguer. À Istanbul,<br />

j’ai particulièrement apprécié ce contact avec <strong>de</strong>s pays aux besoins très<br />

différents. »<br />

Photos ; Michel Monsay<br />

« La France,<br />

un acteur majeur »<br />

Daniel Yon<br />

Vice-prési<strong>de</strong>nt délégué au développement durable du conseil<br />

économique et social <strong>de</strong> Champagne-Ar<strong>de</strong>nne.<br />

⁄ « Le plus remarquable à Istanbul, c’est l’accord pour dire que<br />

la multiplication <strong>de</strong>s mégalopoles – et les problèmes sanitaires liés à<br />

l’eau que cela entraîne – constitue une menace sécuritaire plus gran<strong>de</strong><br />

que le manque d’eau lui-même, une vraie bombe.<br />

C’est un changement d<strong>ans</strong> l’appréciation <strong>de</strong>s priorités.<br />

J’ai observé qu’au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s ministres Jean-Louis Borloo et<br />

Chantal Jouanno, plusieurs grands élus nationaux étaient présents<br />

et ont réaffirmé leur volonté d’agir. Il y a un consensus politique<br />

sur la gestion <strong>de</strong> la ressource en eau, l’accès à l’eau potable,<br />

l’assainissement. Par ailleurs, j’ai été heureux <strong>de</strong> voir que le travail<br />

fourni par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> – notamment la<br />

publication issue <strong>de</strong> l’Atelier international sur l’eau et l’assainissement<br />

d<strong>ans</strong> la ville qu’elle a organisé à Bercy en juin 2008 – est reconnu.<br />

Plus largement, les savoirs français, notre action et notre approche<br />

<strong>de</strong>puis la loi <strong>de</strong> 1964, le fait <strong>de</strong> raisonner par bassin, d’exiger<br />

la prévision <strong>de</strong>s financements nécessaires au fonctionnement<br />

<strong>de</strong>s ouvrages, sont appréciés à l’échelle internationale.<br />

La France est considérée comme un acteur majeur ; elle a là<br />

une véritable responsabilité et la capacité <strong>de</strong> l’assumer. »<br />

« Un système<br />

qui sert <strong>de</strong> modèle »<br />

Jean-François Bel<br />

Vice-prési<strong>de</strong>nt du conseil général <strong>de</strong>s Yvelines,<br />

maire <strong>de</strong> Montesson.<br />

⁄ « J’ai constaté à Istanbul que beaucoup <strong>de</strong> pays étaient<br />

intéressés par le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gouvernance français. Le fait<br />

<strong>de</strong> raisonner par bassin, <strong>de</strong> faire travailler ensemble – cela fait<br />

quarante <strong>ans</strong> que ça marche ! – <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’État,<br />

<strong>de</strong>s collectivités locales, <strong>de</strong>s usagers (industriels, agriculteurs,<br />

associations…)… tout cela, vraiment, les intéresse. Le choix<br />

<strong>de</strong> faire payer le traitement <strong>de</strong> l’eau usée par le m 3 d’eau potable,<br />

d’associer les <strong>de</strong>ux, retient également l’attention. Notre système<br />

peut servir <strong>de</strong> modèle ; nous avons une influence sur l’Afrique du<br />

Nord par exemple. Autre dispositif qui constitue une originalité<br />

française et donne à réfléchir à <strong>de</strong> nombreux pays : la loi Oudin-<br />

Santini, qui nous permet, comme on le sait, d’ai<strong>de</strong>r les pays<br />

en difficulté. Nous avons <strong>de</strong> surcroît le souci <strong>de</strong> travailler avec <strong>de</strong>s<br />

partenaires fiables. C’est une nécessité car cela permet <strong>de</strong> bien<br />

utiliser l’argent public. Signer <strong>de</strong>s contrats d<strong>ans</strong> ces conditions est<br />

plus important que le financement lui-même. Le Forum d’Istanbul<br />

a bien fait ressortir cette priorité. »<br />

11


LEÇON DE CHOSES : le phoque veau-marin<br />

Le phoque veau-marin,<br />

hôte précieux <strong>de</strong>s côtes norman<strong>de</strong>s<br />

Sympathique mammifère, le phoque veau-marin se plaît bien sur le littoral du Cotentin.<br />

Depuis une quinzaine d’années, ce nageur hors pair à l’allure débonnaire prospère en baie <strong>de</strong>s Veys.<br />

Ses belles moustaches et sa<br />

posture « en banane » (signe<br />

<strong>de</strong> bien-être !) en disent long<br />

sur sa qualité <strong>de</strong> vie, ici, au beau milieu <strong>de</strong> la<br />

baie <strong>de</strong>s Veys, joyau <strong>de</strong> nature préservée. Le<br />

phoque commun, alias phoque veau-marin,<br />

a établi là une petite colonie, près <strong>de</strong> Sainte-<br />

Marie-du-Mont, d<strong>ans</strong> le parc régional <strong>de</strong>s<br />

marais du Cotentin et du Bessin, en lisière <strong>de</strong><br />

la Manche. Cette « tribu » d’une soixantaine<br />

d’individus affiche un carnet rose bien rempli :<br />

une huitaine <strong>de</strong> naissances chaque année. De<br />

quoi être optimiste pour l’avenir.<br />

Des vasières, un chenal, <strong>de</strong>s berges « en<br />

talus » pour glisser ou « luger » plus vite d<strong>ans</strong><br />

l’eau et la mer qui fournit le poisson nécessaire<br />

à son alimentation : la réserve naturelle nationale<br />

du domaine <strong>de</strong> Beauguillot, d<strong>ans</strong> la baie<br />

<strong>de</strong>s Veys, offre une vraie douceur <strong>de</strong> vivre à ses<br />

phoques communs.<br />

Sensible à la pollution<br />

Avec une quarantaine <strong>de</strong> leurs compères<br />

installés en baie du Mont-Saint-Michel,<br />

ces phoques communs « normands » sont les<br />

plus méridionaux <strong>de</strong> l’espèce. Un peu plus au<br />

nord, en baie <strong>de</strong> Somme (Picardie), on compte<br />

139 congénères, puis quelques autres spécimens<br />

en Pas-<strong>de</strong>-Calais. « Et il faut compter<br />

avec <strong>de</strong>s colonies bien plus importantes aussi<br />

en Gran<strong>de</strong>-Bretagne ou aux Pays-Bas. Même<br />

si la gran<strong>de</strong> majorité d’une population <strong>de</strong><br />

600 000 individus a plutôt ses habitu<strong>de</strong>s vers<br />

<strong>de</strong>s latitu<strong>de</strong>s plus élevées, en mer du Nord, en<br />

Baltique et jusqu’à l’Arctique », explique Jean-<br />

François El<strong>de</strong>r, un scientifique qui travaille sur<br />

cet animal au domaine <strong>de</strong> Beauguillot.<br />

Déboussolés, nos phoques communs ?<br />

S<strong>ans</strong> doute opportunistes, tout simplement.<br />

Les experts pensent qu’une avant-gar<strong>de</strong> explore<br />

les eaux <strong>de</strong> la Manche <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s décennies<br />

voire <strong>de</strong>s siècles. Mais cela fait seulement<br />

quinze <strong>ans</strong> environ que la colonie actuelle<br />

s’est établie en Manche, s’appuyant sur une<br />

12<br />

Si le phoque commun se prélasse volontiers sur les rochers ou les bancs <strong>de</strong> sable, c’est pour éviter <strong>de</strong> dépenser<br />

trop d’énergie d<strong>ans</strong> les eaux froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Manche ou <strong>de</strong> la mer du Nord.<br />

démographie dynamique, ici comme en baie<br />

du Mont-Saint-Michel ou en baie <strong>de</strong> Somme.<br />

S<strong>ans</strong> doute l’absence d’orques, prédateur naturel<br />

du phoque, a-t-elle également facilité<br />

leur installation d<strong>ans</strong> la région.<br />

Pour qu’ils se sentent ici comme chez<br />

eux, encore faut-il préserver la qualité <strong>de</strong>s<br />

eaux côtières, le phoque commun étant très<br />

sensible aux pollutions, dont les substances<br />

chimiques. Et maintenir l’homme à distance.<br />

Le phoque commun se montre volontiers curieux,<br />

voire espiègle, mais également craintif :<br />

il n’aime pas être dérangé. L’espèce est protégée<br />

sur le territoire national <strong>de</strong>puis longtemps.


La France s’est même engagée à maintenir<br />

en bon état <strong>de</strong> conservation les sites qui abritent<br />

cet hôte rare, (Directive européenne <strong>de</strong><br />

1992 « Habitat, faune, flore ») et les scientifiques<br />

peuvent étudier avec bonheur ce sympathique<br />

mammifère marin appartenant au<br />

groupe <strong>de</strong>s pinnipè<strong>de</strong>s.<br />

Estran<br />

Partie du littoral<br />

découverte<br />

à marée basse<br />

et immergée<br />

à marée haute.<br />

Pour le repérer <strong>de</strong> loin ?<br />

Lorgner sur l’estran en<br />

plein été. Le phoque commun<br />

semble faire souvent<br />

le paresseux. Mais, en fait,<br />

allongé au soleil, l’animal<br />

Bien qu’appréciant la vie « en tribu », cet animal au corps puissant mais fuselé aime aussi<br />

vagabon<strong>de</strong>r en solitaire. Et il se révèle un excellent nageur !<br />

« travaille son corps », stockant pendant sa<br />

sieste les graisses nécessaires pour l’hiver prochain.<br />

Ses autres talents physiologiques font<br />

le reste. Doué d’un système qui évacue totalement<br />

l’air <strong>de</strong>s poumons (évitant le risque <strong>de</strong><br />

bulles d’azote d<strong>ans</strong> le sang) et d’un cœur pouvant<br />

réduire ses pulsations à cinq par minute,<br />

il sait éviter l’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> décompression en<br />

plongée. Le phoque commun peut ainsi rester<br />

un quart d’heure sous l’eau ! Et quoique d’instinct<br />

grégaire, il vagabon<strong>de</strong> parfois en solitaire,<br />

jusqu’à 60 km <strong>de</strong> sa colonie d’origine ou bien<br />

plus loin. Un air pataud sur le sable… qui cache<br />

donc un nageur hors pair ! p<br />

Philippe Bardiau<br />

Le phoque veau-marin, parfois appelé « chien <strong>de</strong> mer » est un mammifère espiègle<br />

et très joueur. Il exprime ici son bien-être par cette position « en banane ».<br />

Photos François Mor<strong>de</strong>l<br />

Ë POUR EN SAVOIR PLUS<br />

Observer <strong>de</strong>s phoques d<strong>ans</strong> leur habitat naturel,<br />

c’est possible. Pour cela, ren<strong>de</strong>z-vous au domaine<br />

<strong>de</strong> Beauguillot. Une fois par mois, d’août à<br />

octobre, la réserve organise une visite <strong>de</strong> groupe<br />

gratuite avec un gui<strong>de</strong> naturaliste. Il faut réserver<br />

sa place en appelant le 02 33 71 56 99. Et pour<br />

en savoir plus, lisez Le phoque veau-marin, livret<br />

signé par Jean-François El<strong>de</strong>r, chercheur<br />

naturaliste, et édité par la réserve naturelle<br />

du domaine <strong>de</strong> Beauguillot avec le concours<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>.<br />

Ë PORTRAIT<br />

D’UN BON VIVANT<br />

D’un pelage très varié, marbré ou tacheté,<br />

grisonnant, du blanchâtre au brun,<br />

le phoque veau-marin mue chaque été.<br />

Pesant environ 130 kg (pour 1,50 m)<br />

à l’âge adulte, il laisse l’otarie (plus agile<br />

et docile) faire du cirque ! La femelle<br />

met bas au bout <strong>de</strong> sept mois, vers fin<br />

juin et allaite pendant un mois.<br />

Le jeune phoque s’émancipe vite.<br />

Mais il attend cinq <strong>ans</strong> pour <strong>de</strong>venir<br />

un mâle qui partage avec d’autres<br />

une autorité débonnaire sur les femelles,<br />

s<strong>ans</strong> vrai conflit lors du rut en septembre.<br />

La colonie établie d<strong>ans</strong><br />

la Manche s’appuie sur une<br />

démographie dynamique.<br />

13


GESTION DES MILIEUX : la reconstitution du stock d’anguilles<br />

On peut<br />

sauver l’anguille<br />

Le stock d’alevins d’anguille européenne a chuté <strong>de</strong> 99 % en trente <strong>ans</strong>. Ce chiffre alarmant montre<br />

que la survie <strong>de</strong> cette espèce est menacée. Pour empêcher sa disparition, un règlement européen a été<br />

voté en septembre 2007. Il impose à chaque État membre <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> reconstitution<br />

du stock d’anguilles au travers d’un plan <strong>de</strong> gestion révisé tous les six <strong>ans</strong>.<br />

Son cycle <strong>de</strong> vie si particulier<br />

expose l’anguille européenne<br />

à <strong>de</strong> multiples périls. Sa reproduction<br />

et sa naissance d<strong>ans</strong> la mer <strong>de</strong>s Sargasses,<br />

puis sa migration vers les estuaires au<br />

sta<strong>de</strong> d’anguille tr<strong>ans</strong>parente, appelée civelle,<br />

la ren<strong>de</strong>nt vulnérable à la fois à la dégradation<br />

du milieu naturel et <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong>s eaux (marines ou douces), à<br />

la prédation <strong>de</strong>s pêcheurs, aux<br />

pollutions <strong>de</strong>s estuaires…<br />

La remontée <strong>de</strong>s rivières <strong>de</strong> l’anguille <strong>de</strong>venue<br />

« jaune », appelée montaison, est elle<br />

aussi largement entravée, par les pêcheurs, les<br />

obstacles sur les cours d’eau et la disparition<br />

14<br />

Civelle<br />

Alevin<br />

<strong>de</strong> l’anguille.<br />

progressive <strong>de</strong> leurs habitats (drainage <strong>de</strong>s zones<br />

humi<strong>de</strong>s, canalisation <strong>de</strong>s cours d’eau,…).<br />

Au moment <strong>de</strong> la dévalaison, lorsque, trois<br />

à quinze années plus tard, arrivée à maturité,<br />

l’anguille <strong>de</strong>venue argentée tente <strong>de</strong> regagner<br />

l’océan pour frayer, elle se heurte aux turbines<br />

<strong>de</strong>s barrages, à la contamination par les polluants<br />

tels que les PCB (Poly Chloro Biphényles)<br />

ou les PCP (Phencyclidine) que cette carnassière<br />

accumule d<strong>ans</strong> sa graisse, et enfin à un<br />

parasite, Anguillicola crassus, qui se loge d<strong>ans</strong> sa<br />

vessie natatoire et l’affaiblit avant sa traversée<br />

<strong>de</strong> l’Atlantique. Comble <strong>de</strong> malheur : la chair <strong>de</strong><br />

l’anguille est un mets fort prisé, sous forme <strong>de</strong><br />

civelle et sous sa forme jaune ou argentée…<br />

L’anguille tr<strong>ans</strong>parente, appelée civelle ou piballe, est très sensible à la qualité du milieu<br />

naturel où elle évolue. Elle atteindra sa taille adulte en douze mois.<br />

Ph. Garguil/Bios.<br />

Quelques chiffres donnent l’étendue du<br />

désastre : <strong>de</strong>puis 1980, l’abondance <strong>de</strong>s civelles<br />

a subi un déclin <strong>de</strong> 95-99 %. D<strong>ans</strong> le même<br />

temps, on estime que près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />

zones humi<strong>de</strong>s françaises a disparu. On considère<br />

aujourd’hui que le stock d’anguilles ne se<br />

situe plus d<strong>ans</strong> les limites biologiques permettant<br />

la préservation <strong>de</strong> l’espèce.<br />

Mobilisation générale<br />

Le 18 septembre 2007, le Conseil <strong>de</strong>s ministres<br />

<strong>de</strong> l’Union européenne a voté un règlement<br />

instituant <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> reconstitution<br />

du stock d’anguilles. Ce règlement a valeur <strong>de</strong><br />

loi : l’ensemble <strong>de</strong> ses dispositions s’appliquent<br />

à tous les États membres s<strong>ans</strong> tr<strong>ans</strong>position, et<br />

leur impose notamment la rédaction d’un plan<br />

<strong>de</strong> gestion qui agisse sur l’ensemble <strong>de</strong>s causes<br />

<strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong> l’espèce : limitation <strong>de</strong> la pêche,<br />

protection <strong>de</strong> l’environnement, réaménagement<br />

<strong>de</strong>s cours d’eau, arrêt temporaire <strong>de</strong>s<br />

turbines, lutte contre les prédateurs, mesures <strong>de</strong><br />

repeuplement… L’objectif est d’atteindre un retour<br />

d’anguilles argentées d’au moins 40 % <strong>de</strong> la<br />

biomasse initiale vers la mer <strong>de</strong>s Sargasses.<br />

La version française <strong>de</strong> ce plan <strong>de</strong> gestion<br />

comporte un chapeau national et un volet par<br />

bassin (dit district) hydrographique. La rédaction<br />

du plan s’est appuyée sur une concertation<br />

organisée au niveau national au sein <strong>de</strong> quatre<br />

groupes <strong>de</strong> travail dédiés (Pêcherie et contrôle,<br />

Monitoring, Ouvrages, Repeuplement) avec<br />

l’accompagnement scientifique du Groupement<br />

d’intérêt scientifique sur les espèces amphihalines.<br />

La rédaction <strong>de</strong>s pl<strong>ans</strong> par district<br />

hydrographique s’est effectuée<br />

au sein <strong>de</strong>s comités<br />

<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s poissons<br />

migrateurs (COGEPOMI)<br />

réunissant <strong>de</strong>s représentants<br />

<strong>de</strong>s <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau,<br />

<strong>de</strong>s directions régionales<br />

Espèces<br />

amphihalines<br />

Espèces qui<br />

migrent entre les<br />

milieux marins<br />

et d’eau douce au<br />

cours <strong>de</strong> leur vie.


AESN<br />

Au moment <strong>de</strong> la dévalaison, lorsque l’anguille tente <strong>de</strong> regagner l’océan, les barrages<br />

et les écluses entravent sa progression.<br />

ONEMA<br />

<strong>de</strong> l’environnement (DIREN), <strong>de</strong>s affaires maritimes<br />

(DRAM), <strong>de</strong> l’Office national <strong>de</strong> l’eau et<br />

<strong>de</strong>s milieux aquatiques (ONEMA) et <strong>de</strong>s fédérations<br />

<strong>de</strong> pêche.<br />

Un impact immédiat<br />

Après approbation du plan par les comités<br />

<strong>de</strong> bassin <strong>de</strong>s six <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau, le ministère<br />

<strong>de</strong> l’Agriculture et <strong>de</strong> la Pêche (MAP)<br />

et le ministère <strong>de</strong> l’Écologie, <strong>de</strong> l’Énergie, du<br />

Développement durable et <strong>de</strong> l’Aménagement<br />

du Territoire (MEEDDAT) l’ont fait remonter,<br />

en décembre <strong>de</strong>rnier, à la Commission européenne<br />

qui examine désormais les propositions<br />

<strong>de</strong> chaque État, jusque d<strong>ans</strong> leurs déclinaisons<br />

les plus locales.<br />

Les pl<strong>ans</strong> <strong>de</strong> gestion portent sur six <strong>ans</strong>,<br />

terme au bout duquel ils sont réadaptés après<br />

évaluation. Le calendrier prévoit qu’après avis<br />

favorable <strong>de</strong> la Commission en mars 2009, ces<br />

pl<strong>ans</strong> soient effectifs dès le 1 er juillet 2009, avec<br />

un impact immédiat sur la réglementation <strong>de</strong> la<br />

pêche aussi bien professionnelle que récréative.<br />

Par exemple, les mesures prises par la France<br />

concernent entre autres la redéfinition <strong>de</strong>s saisons<br />

<strong>de</strong> pêche <strong>de</strong> l’anguille jaune et argentée<br />

par bassin, l’instauration <strong>de</strong> quotas pour la civelle,<br />

l’interdiction totale <strong>de</strong> la pêche amateur<br />

<strong>de</strong> l’anguille argentée pendant la dévalaison…<br />

Il faut noter que pour la Fédération nationale <strong>de</strong><br />

la pêche en France, ce plan manque d’ambition :<br />

elle aurait souhaité un moratoire <strong>de</strong> cinq <strong>ans</strong> sur<br />

Schéma d’évolution <strong>de</strong> l’anguille, <strong>de</strong> l’œuf<br />

à l’anguille argentée arrivée à maturité et<br />

donc apte à la reproduction.<br />

toutes les pêches <strong>de</strong> l’anguille à tous les sta<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> sa croissance, mesure indispensable à son avis<br />

pour préserver l’espèce. Forte du soutien <strong>de</strong> près<br />

d’un million et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> pêcheurs amateurs, elle<br />

étudie actuellement tous les recours légaux possibles<br />

pour amener l’État à revoir sa copie.<br />

Guillaume Tixier<br />

‡ LE BASSIN SEINE-NORMANDIE<br />

S’ENGAGE POUR L’ANGUILLE<br />

> L’ensemble du bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> est susceptible<br />

d’abriter l’anguille à ses différents sta<strong>de</strong>s d’évolution,<br />

grâce à ses 3 080 kilomètres carrés d’habitats potentiels (eaux<br />

côtières, estuariennes, saumâtres, cours d’eau, lacs, étangs<br />

ou zones humi<strong>de</strong>s permanentes) et son altitu<strong>de</strong> toujours inférieure<br />

à 1 000 mètres.<br />

> D’ici 2015, tous les cours d’eau aval du bassin fréquentés<br />

par <strong>de</strong>s anguilles <strong>de</strong>vront permettre sa migration, si besoin<br />

en aménageant ou détruisant les obstacles. Le chantier<br />

est gigantesque : 409 ouvrages (moulins, barrages, centrales<br />

hydroélectriques, etc.) sont concernés, détenus par la puissance<br />

publique comme par <strong>de</strong>s propriétaires privés !<br />

Heureusement, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>, à travers<br />

le volet continuité écologique <strong>de</strong> son 9 e programme,<br />

est en mesure d’accor<strong>de</strong>r une ai<strong>de</strong> pouvant s’élever à 80 % du<br />

montant <strong>de</strong>s travaux conduisant à effacer l’ouvrage (obstacle). Même les petits propriétaires riverains sont éligibles<br />

à condition qu’ils se regroupent en syndicat.<br />

> Enfin, les ouvrages hydroélectriques, dont les turbines déciment les anguilles lors <strong>de</strong> leur dévalaison, <strong>de</strong>vront aussi<br />

se mettre en conformité. Un accord cadre a été signé en décembre <strong>de</strong>rnier entre les producteurs d’hydroélectricité,<br />

l’ONEMA et l’ADEME. Il s’agit d’un programme <strong>de</strong> recherche et développement <strong>de</strong> près <strong>de</strong> cinq millions d’euros visant<br />

à mieux comprendre l’impact <strong>de</strong>s ouvrages hydroélectriques sur les populations d’anguilles afin <strong>de</strong> concilier la préservation<br />

<strong>de</strong> la biodiversité et le développement d’énergies renouvelables… Des arbitrages pas toujours aisés : une <strong>de</strong>s mesures<br />

envisagées, notamment par la Commission <strong>de</strong>s milieux naturels (COMINA), est l’arrêt <strong>de</strong>s turbines pendant la saison <strong>de</strong><br />

la dévalaison (octobre à janvier). Or, cette saison est également celle où la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en électricité est la plus importante...<br />

F. Storck/ONEMA<br />

15


DOSSIER : « <strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’assainissement »<br />

<strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’efforts pour<br />

une <strong>Seine</strong> plus propre<br />

En vingt-cinq <strong>ans</strong>, l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>,<br />

d’où toute vie avait pratiquement<br />

disparu, a retrouvé une bonne<br />

qualité… et les poissons sont<br />

revenus en nombre. Mais s’il paraît<br />

légitime d’être satisfait <strong>de</strong>s efforts<br />

accomplis, les résultats obtenus<br />

d<strong>ans</strong> l’agglomération parisienne<br />

suffiront-ils à atteindre le « bon état »<br />

écologique en 2015 comme le prévoit<br />

la directive cadre sur l’eau ?<br />

« Il y a bien longtemps, au<br />

temps <strong>de</strong>s Gaulois, Sequana,<br />

la déesse <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, guérissait<br />

les maladies et les blessures <strong>de</strong>s dévôts lui apportant<br />

leurs offran<strong>de</strong>s. Deux mille <strong>ans</strong> après,<br />

l’homme, <strong>de</strong>venu négligent, a bien failli faire<br />

disparaître toute vie du fleuve autrefois révéré.<br />

D<strong>ans</strong> les années 70, si l’amont <strong>de</strong> Paris<br />

semblait relativement préservé, l’aval était pratiquement<br />

dénué <strong>de</strong> poissons, en raison d’une<br />

pollution endémique provenant <strong>de</strong> la capitale<br />

et <strong>de</strong> ses environs. Heureusement, les pouvoirs<br />

publics ont fini par réagir. D’importants travaux<br />

ont été réalisés, qui ont permis <strong>de</strong> vrais progrès.<br />

C’est au point qu’aujourd’hui on compte<br />

une trentaine d’espèces <strong>de</strong> poissons d<strong>ans</strong><br />

le fleuve. Une belle réussite, preuve tangible<br />

<strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’eau. ‡‡<br />

16<br />

‡ UN SYSTÈME DE GESTION<br />

DES FLUX UNIQUE AU MONDE<br />

Pour bien gérer les capacités épuratoires<br />

disponibles au sein <strong>de</strong>s différentes usines<br />

<strong>de</strong> dépollution, le SIAAP a mis en œuvre<br />

un système informatique original.<br />

Entrant progressivement en service,<br />

il permet <strong>de</strong> répartir l’effort <strong>de</strong><br />

dépollution entre les usines en fonction<br />

<strong>de</strong>s contraintes d’exploitation et<br />

<strong>de</strong>s prévisions météorologiques en jouant<br />

sur les capacités <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong>s réseaux.<br />

« Nulle part ailleurs d<strong>ans</strong> le mon<strong>de</strong><br />

un tel système n’a été réalisé à cette<br />

échelle », souligne Jean-Pierre Tabuchi.<br />

P. Guignard/Urba/Air Images Server


1987, l’année où tout a changé<br />

La pollution bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, mesurée<br />

à Ivry et Choisy, ne cesse <strong>de</strong> grimper à partir<br />

<strong>de</strong> 1945. En cause, notamment : l’augmentation<br />

continue <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> l’agglomération<br />

parisienne sur cette pério<strong>de</strong> et le défaut<br />

d’assainissement. Mais en 1987, la tendance<br />

s’inverse enfin. Les efforts <strong>de</strong> dépollution<br />

commencent à porter leurs fruits.<br />

Histoire d’une reconquête<br />

La reconquête <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> a commencé<br />

au début <strong>de</strong>s années 70, notamment avec<br />

la création <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> financière <strong>de</strong> bassin<br />

<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> mais aussi du Syndicat interdépartemental<br />

pour l’assainissement <strong>de</strong><br />

l’agglomération parisienne (SIAAP). En 1982<br />

l’<strong>Agence</strong> présente son schéma <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />

eaux pour la région Ile-<strong>de</strong>-France et quinze<br />

<strong>ans</strong> plus tard elle assure la maîtrise d’ouvrage<br />

du schéma directeur d’assainissement <strong>de</strong> la<br />

zone centrale Ile-<strong>de</strong>-France. Mais, d<strong>ans</strong> le domaine<br />

<strong>de</strong> l’eau, les résultats <strong>de</strong>s efforts sont<br />

lents à obtenir. Surtout lorsque, parallèlement,<br />

la population ne cesse <strong>de</strong> croître !<br />

Aussi étonnant que cela puisse paraître<br />

aux Franciliens, la <strong>Seine</strong> est considérée comme<br />

un fleuve au débit faible. « Et comme la population<br />

qui vit sur ses rives est très importante<br />

– on compte 14 millions <strong>de</strong> personnes<br />

alentours, dont 11,5 millions <strong>de</strong> Franciliens,<br />

dont 8,8 millions pour<br />

l’agglomération parisienne<br />

–, ce cours d’eau<br />

subit une pression anthropique<br />

considérable,<br />

souligne Jean-Pierre<br />

Tabuchi, ancien chef <strong>de</strong><br />

service investissements<br />

Pression<br />

anthropique<br />

Ensemble <strong>de</strong>s effets<br />

générés par les<br />

activités humaines<br />

sur les ressources<br />

naturelles et<br />

les écosystèmes.<br />

Coliformes themotolérants par mL<br />

(moyennes annuelles)<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

800<br />

600<br />

500<br />

400<br />

300<br />

200<br />

150<br />

100<br />

80<br />

60<br />

50<br />

40<br />

30<br />

20<br />

15<br />

10<br />

8<br />

6<br />

5<br />

4<br />

3<br />

2<br />

1<br />

Population Île <strong>de</strong> France<br />

1935<br />

Ivry<br />

Ivry<br />

Choisy<br />

6789 1234 6789 1234 67 89 1234 6789<br />

1940<br />

1945<br />

1950<br />

1955<br />

1960<br />

1965<br />

1970<br />

PARIS DEVENUE ÉCONOME<br />

DE SON EAU<br />

Aussi étonnant que cela paraisse, le volume<br />

<strong>de</strong>s eaux envoyées par les Parisiens<br />

aux usines <strong>de</strong> dépollution du Syndicat<br />

interdépartemental pour l’assainissement<br />

<strong>de</strong> l’agglomération parisienne (SIAAP)<br />

s’est beaucoup réduit en une décennie, <strong>de</strong><br />

1997 à 2007. Il a en effet chuté d’un tiers,<br />

soit <strong>de</strong> 288 000 mètres cube par jour ! Cela<br />

s’explique par le lancement d’un programme<br />

par la Ville <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> travaux d’optimisation<br />

<strong>de</strong> ses réservoirs <strong>de</strong> chasse<br />

en égout, par l’amélioration<br />

du ren<strong>de</strong>ment du réseau<br />

<strong>de</strong> distribution d’eau<br />

potable… mais aussi par la<br />

diminution <strong>de</strong> consommation<br />

<strong>de</strong>s Parisiens qui atteint<br />

55 000 mètres cube par jour.<br />

1234 6789 1234 6789 1234 6789 1234<br />

Relation entre évolution <strong>de</strong> la population et pollution bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> (AESN, SEDIF, SAGEP)<br />

1975<br />

1980<br />

1985<br />

1990<br />

1965<br />

2000<br />

Habitants<br />

12 millions<br />

2005<br />

Réservoirs<br />

<strong>de</strong> chasse<br />

en égout<br />

Systèmes <strong>de</strong> retenue<br />

permettant<br />

<strong>de</strong>s largages d’eau<br />

d<strong>ans</strong> les égouts<br />

afin <strong>de</strong> les purger.<br />

10 millions<br />

8 millions<br />

6 millions<br />

4 millions<br />

2 millions<br />

Comme un poisson d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong><br />

D<strong>ans</strong> les années 70, la <strong>Seine</strong> était à ce point polluée<br />

que le nombre d’espèces <strong>de</strong> poissons présentes<br />

se comptait sur les doigts d’une main. L’urgence était<br />

<strong>de</strong> réoxygéner le fleuve. Ce fut progressivement<br />

chose faite et la qualité <strong>de</strong> l’eau s’améliora au point<br />

qu’une trentaine d’espèces, dont <strong>de</strong>s truites,<br />

s’y ébattent aujourd’hui. En 2007 et 2008, <strong>de</strong>s saumons,<br />

espèce réputée fragile et sensible aux perturbations <strong>de</strong><br />

son environnement, ont même été observés au barrage<br />

<strong>de</strong> Poses d<strong>ans</strong> l’Eure ! « Pour permettre à davantage<br />

<strong>de</strong> poissons <strong>de</strong> se développer d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong>, le problème<br />

n’est plus la qualité <strong>de</strong> l’eau, affirme Jean-Pierre Tabuchi.<br />

Le problème, c’est que la <strong>Seine</strong> est un “couloir<br />

à bateaux” qui offre peu d’habitats aux espèces<br />

piscicoles. » Il faudrait ainsi « renaturer » le fleuve,<br />

par exemple lui rendre <strong>de</strong>s zones naturelles ou donner<br />

<strong>de</strong> l’ombre à ses eaux.<br />

17


DOSSIER : « <strong>25</strong> <strong>ans</strong> d’assainissement »<br />

Millions <strong>de</strong> m3/an<br />

UNE CAPACITÉ<br />

ENFIN SUFFISANTE<br />

Depuis quelques années,<br />

les usines <strong>de</strong> dépollution<br />

disposent enfin <strong>de</strong><br />

la capacité suffisante<br />

pour traiter l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s volumes d’eaux<br />

usées produites<br />

par l’agglomération<br />

parisienne. Cela ne s’était<br />

jamais produit <strong>de</strong>puis<br />

plus <strong>de</strong> 100 <strong>ans</strong> !<br />

1 200<br />

1 000<br />

800<br />

600<br />

400<br />

200<br />

0<br />

Eaux usées produites<br />

Achères I<br />

Achères III<br />

Achères II<br />

Grésillons<br />

Colombes<br />

Valenton II<br />

Valenton IB<br />

Valenton IA<br />

Achères IV<br />

Capacité <strong>de</strong> traitement<br />

1880 1900 1920 1940 1960 1980 2000 2007<br />

Evolution <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> traitement et <strong>de</strong> la production d’eaux usées<br />

(Fig. origine : SIAAP)<br />

à la Direction territoriale Paris petite couronne<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>. Avec la <strong>Seine</strong>, chaque Francilien<br />

dispose <strong>de</strong> 3 700 mètres cube d’eau pour diluer<br />

sa pollution. Ce chiffre est treize fois supérieur<br />

pour un Lyonnais utilisant le Rhône comme<br />

exutoire ! »<br />

Avant 1987, l’épuration <strong>de</strong>s eaux d<strong>ans</strong><br />

l’agglomération parisienne était assurée par<br />

<strong>de</strong>ux usines dont la capacité ne permettait<br />

pas <strong>de</strong> traiter toutes les eaux usées produites<br />

par la population : Achères, maintenant appelée<br />

<strong>Seine</strong>-Aval, et Noisy-le-Grand, appelée<br />

maintenant Marne-Aval. Conséquence : la<br />

qualité <strong>de</strong>s eaux s’est gran<strong>de</strong>ment détériorée,<br />

d’autant que le niveau <strong>de</strong> performance <strong>de</strong>s<br />

installations <strong>de</strong> l’époque paraît bien faible si<br />

on les compare aux exigences actuelles. Progressivement,<br />

avec la mise en œuvre <strong>de</strong> schémas<br />

directeurs d’assainissement successifs,<br />

plusieurs installations ont été mises en service<br />

(voir encadré) qui ont permis <strong>de</strong> progresser<br />

sur le plan <strong>de</strong>s performances épuratoires.<br />

cessait d’augmenter <strong>de</strong>puis 1945 en raison <strong>de</strong><br />

l’accroissement continu <strong>de</strong> la population <strong>de</strong><br />

l’agglomération parisienne, a pour la première<br />

fois entamé une décrue… qui ne s’est plus<br />

démentie <strong>de</strong>puis. L’amélioration s’est ensuite<br />

poursuivie grâce au développement <strong>de</strong> la collecte<br />

sur les secteurs <strong>de</strong> l’Orge, <strong>de</strong> l’Yvette et <strong>de</strong><br />

l’Yerres, mais aussi grâce à la mise en service<br />

<strong>de</strong> nouvelles usines d’assainissement <strong>de</strong>s eaux<br />

usées à Corbeil-Essonnes, Évry et Melun.<br />

Du coup, <strong>de</strong> bons résultats ont été obtenus<br />

pour la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> biologique en oxygène<br />

(DBO5). Il s’agit <strong>de</strong> la quantité d’oxygène<br />

nécessaire pour dégra<strong>de</strong>r les matières organiques,<br />

c’est-à-dire issues <strong>de</strong>s êtres vivants,<br />

par les bactéries. Plus elle est élevée et plus le<br />

milieu est réputé pollué. Grâce aux multiples<br />

usines <strong>de</strong> traitement réalisées, la pollution liée<br />

aux matières organiques est aujourd’hui considérée<br />

comme maîtrisée.<br />

L’ammonium, principalement issue <strong>de</strong><br />

nos urines, joue, lui aussi, un rôle important<br />

d<strong>ans</strong> la concentration en oxygène <strong>de</strong> l’eau,<br />

tout comme les matières organiques. Mais,<br />

en plus, il figure parmi les polluants toxiques<br />

pour la faune aquatique. C’est pourquoi la lutte<br />

contre cette substance constitue une priorité. Si<br />

la concentration en ammonium a gran<strong>de</strong>ment<br />

diminué d<strong>ans</strong> la <strong>Seine</strong> en amont <strong>de</strong> Paris au<br />

cours du temps, on ne peut en dire autant <strong>de</strong><br />

l’aval. L’usine <strong>Seine</strong>-Aval a en effet constitué<br />

un véritable « point noir » puisqu’elle rejetait<br />

jusqu’en 1986 <strong>de</strong>s quantités très importantes<br />

<strong>de</strong> ce polluant d<strong>ans</strong> le milieu récepteur. La<br />

mise en service <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s<br />

pollutions azotées d<strong>ans</strong> cette installation en<br />

2007 a permis <strong>de</strong> les réduire <strong>de</strong> 80 %.<br />

Les usines <strong>de</strong> l’agglomération parisienne<br />

sont également parvenues à réduire les quantités<br />

<strong>de</strong> phosphore <strong>de</strong> manière importante,<br />

Inversion <strong>de</strong> tendance<br />

C’est en 1987 que les efforts ont commencé<br />

à porter leurs fruits. Cette année-là, la nouvelle<br />

usine <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong> Valenton 1a (<strong>Seine</strong>-<br />

Amont) a commencé à traiter les flux polluants<br />

<strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> l’Orge, <strong>de</strong> l’Yvette et <strong>de</strong> l’Yerres<br />

jusque-là rejetés s<strong>ans</strong> précaution d<strong>ans</strong> le milieu<br />

naturel. À côté <strong>de</strong> ces équipements <strong>de</strong> dépollution,<br />

<strong>de</strong>s travaux massifs ont été engagés<br />

(construction <strong>de</strong>s réseaux d’assainissement).<br />

Ainsi, <strong>de</strong>s rejets directs d’effluents non traités<br />

jusqu’alors ont été supprimés. Et une inversion<br />

<strong>de</strong> tendance s’est produite. Cette année-là, la<br />

contamination bactérienne <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>, qui ne<br />

18<br />

VINGT-CINQ ANS D’AMÉLIORATION<br />

DES INSTALLATIONS<br />

> 1987 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 1a<br />

(Valenton 1a) ;<br />

> 1992 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 1b<br />

(Valenton 1b) ;<br />

> 1999 : mise en service <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Centre à Colombes ;<br />

> 2000 : traitement par physico-chimique à <strong>Seine</strong>-<br />

Amont 2 (Valenton 2) ;<br />

> 2006 : extension <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Amont 2 ;<br />

> 2007 : unité <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s pollutions azotées<br />

et <strong>de</strong> l’usine <strong>de</strong>s Grésillons à Triel-sur-<strong>Seine</strong> ;<br />

> 2009 (prévision) : nouvelle usine Marne-Aval ;<br />

> 2010 (prévision) : mise en conformité DERU<br />

(directive sur les eaux résiduaires urbaines) <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-<br />

Amont ;<br />

> 2011 (prévision) : mise en conformité DERU<br />

<strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Aval.


Évolution <strong>de</strong>s capacités d’épuration par temps sec<br />

<strong>de</strong> l’agglomération parisienne<br />

L'Oise<br />

1986<br />

Val d'Oise<br />

environ 65 %. Cependant, malgré l’embellie<br />

constatée, les résultats obtenus ne sont pour<br />

l’instant pas suffisants pour atteindre le « bon<br />

état physico-chimique » sur ce poste comme<br />

l’exige la directive cadre sur l’eau (DCE) pour<br />

2015.<br />

Côté métaux lourds, les nouvelles sont<br />

également bonnes. D<strong>ans</strong> les sédiments qui<br />

couvrent le fond du fleuve, les teneurs en<br />

Métaux lourds<br />

Métaux<br />

particulièrement<br />

<strong>de</strong>nses, comme<br />

le plomb, et souvent<br />

toxiques.<br />

métaux lourds sont à la<br />

baisse. Parallèlement, les<br />

Franciliens en rejettent<br />

moins. Un tel résultat<br />

s’explique par le travail<br />

<strong>de</strong> sensibilisation engagé<br />

<strong>de</strong>puis plusieurs<br />

années auprès <strong>de</strong>s industriels et artis<strong>ans</strong>, par<br />

la réduction <strong>de</strong>s usages <strong>de</strong> ces matériaux mais<br />

aussi par la restructuration du tissu industriel.<br />

Points à améliorer<br />

En revanche, la situation est nettement<br />

moins bonne sur le front <strong>de</strong>s nitrates. Certes,<br />

ces substances affectent peu la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />

<strong>de</strong> surface. Mais elles constituent un facteur<br />

d’eutrophisation et plus<br />

particulièrement <strong>de</strong>s milieux<br />

marins. À cet égard,<br />

les nitrates charriés par la<br />

<strong>Seine</strong> jouent un rôle non<br />

négligeable sur la dégradation<br />

<strong>de</strong> son estuaire<br />

et <strong>de</strong> la mer du Nord. À<br />

cela il faut ajouter que les eaux potables sont<br />

soumises à <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> qualité (exemple,<br />

concentration limite à ne pas dépasser en nitrates<br />

: 50 mg/l).<br />

Les nitrates proviennent pour les <strong>de</strong>ux tiers<br />

<strong>de</strong>s engrais azotés utilisés en agriculture <strong>de</strong><br />

manière intensive <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s années 50.<br />

Pour un tiers d’entre eux, leur origine se trouve<br />

d<strong>ans</strong> les stations d’épuration <strong>de</strong>s collectivités.<br />

Mais en 2011, l’usine <strong>Seine</strong>-Aval, responsable<br />

d’une forte élévation du taux <strong>de</strong> nitrates d<strong>ans</strong> la<br />

<strong>Seine</strong>, se mettra en conformité avec la directive<br />

DERU<br />

Ce texte impose<br />

aux collectivités <strong>de</strong><br />

collecter et traiter<br />

les eaux usées<br />

selon les normes.<br />

Eutrophisation<br />

Augmentation<br />

anormale <strong>de</strong> la<br />

production <strong>de</strong><br />

plantes aquatiques<br />

par l’apport exagéré<br />

<strong>de</strong> produits nutritifs.<br />

eaux résiduaires urbaines<br />

(DERU) et ses rejets seront<br />

réduits <strong>de</strong> 70 %.<br />

Enfin, les nitrites apparaissent<br />

aujourd’hui<br />

comme un sujet <strong>de</strong> préoccupation.<br />

Réputé instable,<br />

<strong>Seine</strong> aval<br />

2 100 000 m 3 /j<br />

<strong>Seine</strong> Grésillons<br />

100 000 m3/j<br />

Yvelines<br />

Hauts<br />

<strong>de</strong><br />

<strong>Seine</strong><br />

Essonne<br />

PARIS<br />

<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />

Val <strong>de</strong> Marne<br />

ce qui signifie qu’il se décompose et se détruit<br />

relativement vite d<strong>ans</strong> l’environnement, ce<br />

puissant toxique n’a pas fait l’objet d’une attention<br />

particulière jusqu’à aujourd’hui. Pourtant,<br />

la <strong>Seine</strong> en contient <strong>de</strong>s quantités trop<br />

importantes pour pouvoir respecter la DCE.<br />

Une note d’optimisme<br />

La Marne<br />

<strong>Seine</strong> et Marne<br />

Ainsi la qualité <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> s’estelle<br />

considérablement améliorée au cours du<br />

temps. Le retour <strong>de</strong>s poissons en nombre en<br />

est le signe indubitable. « Ces résultats apportent<br />

une note d’optimisme alors qu’on lit tant<br />

<strong>de</strong> choses catastrophiques sur l’état <strong>de</strong> notre<br />

planète », insiste Jean-Pierre Tabuchi.<br />

Près <strong>de</strong> trente <strong>ans</strong> et près <strong>de</strong> 3,5 milliards<br />

d’euros auront été nécessaires pour réduire<br />

l’impact <strong>de</strong> l’agglomération parisienne sur la<br />

qualité <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong> et <strong>de</strong> son estuaire. L’<strong>Agence</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> y aura contribué<br />

à hauteur <strong>de</strong> 47 % en euro courant au côté,<br />

notamment, du conseil régional d’Ile-<strong>de</strong>-<br />

France et du SIAAP.<br />

Pourtant, en dépit <strong>de</strong>s résultats positifs obtenus,<br />

« on est assez loin <strong>de</strong> respecter les critères<br />

<strong>de</strong> la directive cadre sur l’eau », prévient Jean-<br />

La <strong>Seine</strong><br />

Marne aval<br />

30 000 m 3 /j<br />

<strong>Seine</strong> aval<br />

+ Clarifloculation<br />

2 100 000 m3/j<br />

<strong>Seine</strong> centre<br />

240 000 m3/j<br />

Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 1986<br />

(Fig.origine: SIAAP-AESN) <strong>Seine</strong> amont 1<br />

<strong>Seine</strong> aval<br />

+ Clarifloculation<br />

+ Nitrification<br />

1 700 000 m3/j<br />

<strong>Seine</strong> centre<br />

240 000 m3/j<br />

Yvelines<br />

L'Oise<br />

Val d'Oise<br />

Hauts<br />

<strong>de</strong><br />

<strong>Seine</strong><br />

Essonne<br />

Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 2007<br />

(Fig. origine: SIAAP-AESN)<br />

PARIS<br />

<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />

Val <strong>de</strong> Marne<br />

La <strong>Seine</strong><br />

2007<br />

La Marne<br />

Marne aval<br />

30 000 m3/j<br />

<strong>Seine</strong> et Marne<br />

<strong>Seine</strong> amont 1+2<br />

600 000 m3/j<br />

Yvelines<br />

L'Oise<br />

Hauts<br />

<strong>de</strong><br />

Val d'Oise<br />

<strong>Seine</strong><br />

Essonne<br />

Situation <strong>de</strong> l’épuration avant 2000<br />

(Fig. origine : SIAAP-AESN)<br />

PARIS<br />

<strong>Seine</strong>-Saint-Denis<br />

Val <strong>de</strong> Marne<br />

La Marne<br />

300 000 m3/j<br />

Marne aval<br />

30 000 m3/j<br />

<strong>Seine</strong> et Marne<br />

Pierre Tabuchi. Trois substances doivent encore<br />

être maitrisées : le phosphore, l’ammonium et<br />

les nitrites. C’est pourquoi l’effort doit se poursuivre<br />

et notamment concernant la maîtrise<br />

<strong>de</strong>s pollutions par temps <strong>de</strong> pluie. De nouvelles<br />

augmentations <strong>de</strong> capacités, mises en<br />

service et mises aux normes sont prévues sur<br />

les installations existantes et à venir.<br />

Cette année doit entrer en service la<br />

nouvelle usine Marne-Aval qui remplace<br />

l’ancienne, <strong>de</strong>venue obsolète et insuffisante<br />

en capacité, par exemple. Et d’ici 2015, doit<br />

être conduite la refonte <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>-Aval. Si bien<br />

que, à partir <strong>de</strong> 2015, on pourra enfin songer<br />

sérieusement à atteindre les objectifs fixés par<br />

la directive cadre sur l’eau. « Avec suffisamment<br />

<strong>de</strong> temps et d’argent, on y arrive : l’eau<br />

a <strong>de</strong>puis longtemps bénéficié d’une vraie politique<br />

environnementale et d’un soutien financier<br />

s<strong>ans</strong> faille et les résultats sont là », souligne<br />

Jean-Pierre Tabuchi. En continuant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />

ainsi, les résultats positifs observés aujourd’hui<br />

<strong>de</strong>vraient encore progresser à l’avenir. p<br />

Paul <strong>de</strong> Brem<br />

La <strong>Seine</strong><br />

2000<br />

CINQ SITES<br />

POUR NE PLUS POLLUER<br />

LA SEINE<br />

Les usines <strong>de</strong> dépollution sont<br />

aujourd’hui au nombre <strong>de</strong> cinq<br />

d<strong>ans</strong> l’agglomération parisienne,<br />

contre <strong>de</strong>ux seulement vingt <strong>ans</strong><br />

plus tôt. Certes, leur capacité<br />

a augmenté : elles peuvent traiter<br />

<strong>de</strong>s quantités d’eau plus<br />

importantes que par le passé.<br />

Mais, surtout, elles épurent l’eau<br />

avec une efficacité considérable<br />

comparée aux installations<br />

<strong>de</strong>s décennies passées.<br />

19


MÉTIER : technicien SPANC<br />

« Le » spécialiste<br />

<strong>de</strong> l’assainissement non collectif<br />

Vérifier que les installations individuelles pour traiter les eaux usées répon<strong>de</strong>nt aux normes en vigueur, c’est<br />

la mission première d’un technicien d’un Service public d’assainissement non collectif. Responsable <strong>de</strong><br />

27 communes autour <strong>de</strong> Lisieux, en Basse-<strong>Normandie</strong>, Richard Joret assure ses fonctions avec tact et diplomatie.<br />

Il est un peu plus <strong>de</strong> 11 heures<br />

du matin. La carte à proximité<br />

pour s’assurer qu’il suit le bon<br />

itinéraire, Richard Joret quitte la voie principale<br />

pour emprunter une route <strong>de</strong> terre jusqu’à la<br />

maison qu’il doit contrôler. Il arrive d<strong>ans</strong> un lieudit<br />

situé à une dizaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Lisieux.<br />

Épurer les eaux usées<br />

non raccordées à l’égout<br />

Richard Joret est technicien SPANC. Traduction<br />

: « Le SPANC est le Service public<br />

d’assainissement non collectif, explicite-t-il. Il<br />

a compétence pour tous les bâtiments qui utilisent<br />

<strong>de</strong> l’eau potable, s<strong>ans</strong> être raccordés au<br />

“tout-à-l’égout” (réseau public d’assainissement).<br />

Il peut s’agir <strong>de</strong> maisons individuelles<br />

comme <strong>de</strong>s salles <strong>de</strong>s fêtes, <strong>de</strong>s restaurants,<br />

<strong>de</strong>s campings… L’intégralité <strong>de</strong> notre secteur<br />

s’étend sur près <strong>de</strong> <strong>25</strong> kilomètres <strong>de</strong> circonférence<br />

avec, au centre, Lisieux. »<br />

Le ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> ce jour a lieu chez un<br />

particulier qui rési<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> l’une <strong>de</strong>s 27 communes<br />

du pays d’Auge dont notre technicien a la<br />

gestion. Au programme : effectuer le contrôle<br />

diagnostic du système d’assainissement <strong>de</strong> la<br />

maison afin <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> son bon fonctionnement<br />

et <strong>de</strong> son entretien régulier. Pendant<br />

la visite, toutes les spécificités <strong>de</strong> l’installation<br />

sont prises en compte pour établir le diagnostic<br />

: l’accessibilité et la composition du dispositif,<br />

la capacité du sol à assurer l’épuration et<br />

l’infiltration <strong>de</strong>s eaux, ou encore la topographie<br />

et l’aménagement du site. Bref, aucun détail<br />

n’échappe à l’expertise du technicien SPANC.<br />

Au cours <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> visite, Richard Joret<br />

doit faire preuve <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> pédagogie car<br />

sa mission est on ne peut plus délicate. « En général,<br />

les gens disposent simplement d’un prétraitement<br />

incomplet, <strong>de</strong> type fosse septique, qui<br />

effectue <strong>de</strong>s rejets d<strong>ans</strong> le milieu environnant,<br />

ou possè<strong>de</strong>nt un traitement inadapté à la capacité<br />

d’épuration <strong>de</strong> leur sol. Ils ignorent le réel<br />

fonctionnement d’une installation complète et<br />

20<br />

R. Demaret/REA<br />

Joret/Spanc<br />

À l’ai<strong>de</strong> d’une tarière, Richard Joret, technicien SPANC (photo ci-<strong>de</strong>ssus), effectue un contrôle pédologique<br />

afin <strong>de</strong> vérifier la qualité du sol et sa capacité à assurer l’épuration et l’infiltration <strong>de</strong>s eaux.


ËSE METTRE EN CONFORMITÉ<br />

AVEC LA LOI<br />

Les communes doivent avoir contrôlé toutes<br />

les installations d’assainissement non collectif<br />

avant fin 2012, dispose la loi sur l’eau et les<br />

milieux aquatiques du 30 décembre 2006 (LEMA).<br />

Si <strong>de</strong>s travaux s’avèrent nécessaires, les usagers<br />

<strong>de</strong>vront les effectuer au plus tard quatre <strong>ans</strong><br />

après le contrôle. Il revient aux communes <strong>de</strong><br />

faire vérifier ces installations au moins tous les<br />

huit <strong>ans</strong>. Les usagers sont responsables, quant à<br />

eux <strong>de</strong> l’entretien et <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> réhabilitation<br />

si nécessaire. Ils peuvent en confier la maîtrise<br />

d’ouvrage déléguée au SPANC si celui-ci en a la<br />

compétence (facultative au regard <strong>de</strong> la LEMA).<br />

s’imaginent que la fosse réalise l’épuration <strong>de</strong>s<br />

eaux. Il me faut alors leur expliquer qu’ils vont<br />

<strong>de</strong>voir engager une réhabilitation souvent<br />

coûteuse. » Cette fois-ci encore, Richard Joret<br />

annonce la mauvaise nouvelle à la maîtresse<br />

<strong>de</strong> maison : son installation n’est pas conforme<br />

et <strong>de</strong>vra être réhabilitée. Autre déconvenue<br />

: d<strong>ans</strong> son cas, les travaux <strong>de</strong>vraient être<br />

relativement coûteux, autour <strong>de</strong> 7 500 e, car<br />

ils nécessitent <strong>de</strong> constituer un sol artificiel, le<br />

terrain naturel n’étant pas apte à assurer une<br />

fonction épuratrice.<br />

Contrôleur,<br />

mais surtout assistant<br />

R. Demaret/REA<br />

Le propriétaire <strong>de</strong>vra choisir<br />

l’installation la plus adaptée à<br />

une épuration efficace en fonction<br />

<strong>de</strong>s caractéristiques du sol et<br />

<strong>de</strong> la topographie du terrain.<br />

cien les pl<strong>ans</strong> <strong>de</strong> son installation, passage obligé<br />

avant la tr<strong>ans</strong>mission du dossier en mairie.<br />

Le rôle du technicien SPANC est donc triple,<br />

résume Richard Joret : « En plus du premier<br />

contrôle, qu’il s’agisse <strong>de</strong>s installations existantes<br />

ou <strong>de</strong>s chantiers en cours, notre mission comprend<br />

un troisième volet : celui <strong>de</strong> revisiter périodiquement<br />

toutes les installations, sur une périodicité<br />

<strong>de</strong> quatre à huit <strong>ans</strong> selon la loi sur l’eau. »<br />

Respect,<br />

<strong>de</strong> l’environnement<br />

Pas toujours facile <strong>de</strong> faire comprendre<br />

aux citoyens la mission première du SPANC :<br />

œuvrer, à leur côté, au respect <strong>de</strong> leur environnement.<br />

Il s’agit <strong>de</strong> limiter la pollution engendrée<br />

par ses déchets près <strong>de</strong> chez soi, d<strong>ans</strong><br />

son propre jardin, d<strong>ans</strong> celui du voisin ou encore<br />

d<strong>ans</strong> le cours d’eau qui coule à proximité<br />

<strong>de</strong> sa maison. Et l’enjeu est <strong>de</strong> taille. « Quatrevingts<br />

pour cent <strong>de</strong>s installations que nous<br />

contrôlons ne sont pas aux normes, dont la<br />

moitié avec un impact environnemental ou<br />

sanitaire, alerte Richard Joret, et il sera difficile à<br />

« Mais attention, je ne laisse jamais les propriétaires<br />

seuls face à leur situation. Je suis également<br />

là pour les rassurer. J’ai plusieurs casquettes<br />

celle du contrôleur, bien sûr, mais aussi celle<br />

<strong>de</strong> conseiller. Je les assiste d<strong>ans</strong> leur démarche <strong>de</strong><br />

remise en conformité, pour solliciter d’éventuels<br />

ai<strong>de</strong>s ou encore pour faire valoir leurs droits. »<br />

Pour mener à bien ces opérations <strong>de</strong> terrain,<br />

Richard Joret est secondé par <strong>de</strong>ux agents<br />

<strong>de</strong> contrôle pour qui il a les mêmes exigences<br />

que pour lui-même : « Être ferme tout en usant<br />

<strong>de</strong> diplomatie. » Il est particulièrement à l’aise<br />

d<strong>ans</strong> cet exercice périlleux et la visite s’achève<br />

s<strong>ans</strong> encombre. « Je suis fier <strong>de</strong> mener à bien<br />

cette mission <strong>de</strong> service public d<strong>ans</strong> une structure<br />

qui gère en intégralité ses missions, s<strong>ans</strong><br />

faire appel au privé. »<br />

Les fonctions du technicien SPANC ne s’arrêtent<br />

pas là. Une fois le diagnostic terminé chez<br />

le propriétaire, Richard Joret rejoint rapi<strong>de</strong>ment<br />

ses bureaux du Syndicat intercommunal <strong>de</strong><br />

traitement <strong>de</strong>s eaux. Il va, cette fois, assurer une<br />

autre <strong>de</strong> ses obligations <strong>de</strong> contrôle : vérifier que<br />

les projets <strong>de</strong> conception et d’implantation <strong>de</strong><br />

système d’assainissement, lors <strong>de</strong> construction<br />

<strong>de</strong> maisons neuves ou <strong>de</strong> réhabilitation <strong>de</strong> systèmes<br />

anciens, répon<strong>de</strong>nt aux normes en vigueur.<br />

Ce jour-là, il reçoit donc une jeune femme pour<br />

vali<strong>de</strong>r son projet. Celle-ci soumet au technibeaucoup<br />

d’usagers <strong>de</strong> trouver le financement<br />

d<strong>ans</strong> les délais prévu par la loi. » Mais par son<br />

ambition affichée <strong>de</strong> suivre les dossiers <strong>de</strong> A à Z<br />

et <strong>de</strong> mettre tout son dynamisme au profit <strong>de</strong> la<br />

pédagogie, le SPANC <strong>de</strong> Richard Joret dispose<br />

<strong>de</strong> sérieux atouts pour réussir à sensibiliser une<br />

majorité <strong>de</strong> propriétaires. p<br />

Victoire N’Sondé<br />

UN MÉTIER…<br />

DES PARCOURS<br />

Richard Joret est technicien supérieur<br />

principal, titulaire d’une maîtrise<br />

<strong>de</strong> science <strong>de</strong> la terre et aménagement<br />

régional. Il est également possible<br />

<strong>de</strong> suivre une formation initiale en BTS<br />

(Brevet technicien supérieur) « Gestion<br />

et maîtrise <strong>de</strong> l’eau (Gemeau) » ou<br />

« Métiers <strong>de</strong> l’eau ». Pour obtenir un poste<br />

<strong>de</strong> technicien SPANC, il faut ensuite<br />

réussir le concours <strong>de</strong> technicien supérieur<br />

territorial <strong>de</strong> la fonction publique<br />

territoriale à moins que le SPANC soit géré<br />

par délégation <strong>de</strong> service public auquel<br />

cas les techniciens ont un statut privé.<br />

21


BONNES PRATIQUES : quand l’élevage se met au vert<br />

Agriculture durable,<br />

une démarche « gagnant-gagnant »<br />

L’agriculteur qui souhaite modifier sa pratique pour préserver l’environnement doit-il nécessairement perdre<br />

<strong>de</strong> l’argent ? Au contraire ! Deux exemples le montrent bien en Basse-<strong>Normandie</strong>.<br />

<strong>Normandie</strong>. « Contrairement au maïs et autres<br />

céréales, les prairies ne nécessitent pas ou très<br />

peu d’engrais et aucun pestici<strong>de</strong>. Augmenter<br />

les surfaces en prairies, c’est réduire d’autant<br />

les surfaces massivement traitées et améliorer<br />

mécaniquement la qualité <strong>de</strong>s eaux. »<br />

Reste que si les agriculteurs n’étaient pas euxmêmes<br />

les premiers bénéficiaires <strong>de</strong> ces changements<br />

<strong>de</strong> pratique, rien ne pourrait se faire.<br />

Fort heureusement, l’agriculture durable est<br />

aussi bonne pour la qualité <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s<br />

agriculteurs que pour celle <strong>de</strong> l’eau. C’est le<br />

sens du témoignage d’Hubert Coupard, engagé<br />

<strong>de</strong>puis bientôt dix <strong>ans</strong> d<strong>ans</strong> la pratique <strong>de</strong><br />

l’agriculture durable.<br />

Aidé par la fédération <strong>de</strong>s CIVAM, Hubert Coupard a tr<strong>ans</strong>formé ses surfaces cultivées en prairies.<br />

Et a redonné un sens à son métier.<br />

Trois <strong>ans</strong> seulement après sa<br />

signature, le partenariat que<br />

l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau a mis en place<br />

avec la fédération <strong>de</strong>s CIVAM<br />

(Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture<br />

et le milieu rural) <strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong>,<br />

un réseau d’agriculteurs en faveur du développement<br />

durable, s’avère particulièrement<br />

fructueux. Les actions d’accompagnement<br />

vers la valorisation <strong>de</strong>s prairies aux dépens <strong>de</strong>s<br />

22<br />

surfaces cultivées qu’engage régulièrement la<br />

fédération se révèlent en effet très bénéfiques<br />

pour la préservation du bon état écologique<br />

<strong>de</strong>s eaux.<br />

Bénéfices immédiats<br />

« Le bénéfice est immédiat », explique Gilles<br />

Bridier, technicien animateur <strong>de</strong> groupes à la<br />

fédération régionale <strong>de</strong>s CIVAM <strong>de</strong> Basse-<br />

Tirer les leçons<br />

d’une crise<br />

« Produire toujours plus n’est pas une fin<br />

en soi. Ce qui compte à la fin, c’est l’argent<br />

qui vous reste. » Pour Hubert, cette prise <strong>de</strong><br />

conscience a coïncidé avec une année très difficile,<br />

d<strong>ans</strong> le sillage <strong>de</strong> la tempête <strong>de</strong> 1999 :<br />

l’exploitation, lour<strong>de</strong>ment en<strong>de</strong>ttée, doit à la<br />

fois faire face aux ren<strong>de</strong>ments médiocres <strong>de</strong><br />

ses cultures et à la chute <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />

Plutôt que <strong>de</strong> s’en<strong>de</strong>tter encore pour acheter<br />

force semences, engrais et pestici<strong>de</strong>s afin <strong>de</strong><br />

produire le maïs nécessaire au cheptel, Hubert<br />

Coupard se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s’il ne serait pas plus<br />

judicieux d’augmenter la surface en pâturages.<br />

Pru<strong>de</strong>nt, Hubert se livre à plusieurs simulations<br />

<strong>de</strong> ce que serait alors son revenu.<br />

À sa gran<strong>de</strong> surprise, il ne baisse pas, voire il<br />

augmente ! Le secret, ce sont les économies<br />

réalisées sur les intrants, engrais et pestici<strong>de</strong>s<br />

qui seuls permettent <strong>de</strong> garantir le succès<br />

<strong>de</strong>s cultures en agriculture intensive. « Il m’a<br />

fallu trois semaines pour faire ces simulations,<br />

mais trois <strong>ans</strong> pour y croire ! »


Mieux gagner<br />

sa vie grâce<br />

à un travail qui<br />

respecte<br />

l’environnement.<br />

L’indispensable soutien<br />

d’un groupe<br />

Pour mettre toutes les chances <strong>de</strong> son côté,<br />

Hubert Coupard déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> rejoindre le CIVAM<br />

Ara<strong>de</strong>c afin <strong>de</strong> recevoir les conseils <strong>de</strong> collègues<br />

engagés <strong>de</strong>puis plus longtemps d<strong>ans</strong> cette<br />

démarche. « Le soutien du groupe a été indispensable.<br />

S<strong>ans</strong> lui, j’aurais s<strong>ans</strong> doute abandonné<br />

en cours <strong>de</strong> route. » En plus <strong>de</strong>s économies<br />

réalisées, cette nouvelle conduite <strong>de</strong> l’exploitation<br />

libère l’équivalent d’un mi-temps qui a permis<br />

à l’épouse d’Hubert <strong>de</strong> trouver un emploi<br />

à l’extérieur, augmentant d’un tiers le revenu<br />

disponible du ménage.<br />

Surtout, Hubert Coupard redécouvre le plaisir<br />

<strong>de</strong> pratiquer son métier en plein air et non<br />

plus en stabulation. « J’ai retrouvé un sens à<br />

mon métier ». Aujourd’hui, Hubert est tellement<br />

enthousiaste qu’il souhaite faire partager<br />

son expérience en créant un groupe informel<br />

d’agriculteurs, lequel pourrait à terme évoluer<br />

vers un CIVAM. « L’élevage extensif n’est pas<br />

adapté à toutes les exploitations. Mais pour<br />

celles qui ont le bon profil, ça vaut vraiment le<br />

coup d’essayer. »<br />

Ce témoignage est par ailleurs présenté parmi<br />

quatorze autres, d<strong>ans</strong> le référentiel <strong>de</strong> l’agricul-<br />

Photos : Raphaêl Demaret pour Confluence<br />

ture durable <strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong> mis à jour en<br />

2008 par la FRCIVAM avec le soutien financier<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau.<br />

« Cocktail<br />

végétal »<br />

pour une meilleure<br />

qualité <strong>de</strong> vie<br />

Avec ses 320 kilomètres <strong>de</strong> cours d’eau abritant<br />

<strong>de</strong>s espèces aussi rares que la moule perlière ou<br />

la fougère royale, le bassin <strong>de</strong> la Rouvre mérite<br />

d’être protégé <strong>de</strong> toutes les pollutions. C’est<br />

pourquoi, en 2006, la fédération <strong>de</strong>s CIVAM<br />

<strong>de</strong> Basse-<strong>Normandie</strong> a proposé à l’<strong>Agence</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau une action pilote orientée vers une<br />

dizaine d’agriculteurs <strong>de</strong> cette zone. Il s’agissait<br />

<strong>de</strong> leur offrir un diagnostic <strong>de</strong> changement<br />

<strong>de</strong> pratique mettant en évi<strong>de</strong>nce tout l’intérêt<br />

qu’ils auraient à passer à un système herbager.<br />

Christophe Aucherie, exploitant la ferme <strong>de</strong><br />

Cocagne à Bellou-en-Houlme, en a été l’un <strong>de</strong>s<br />

L’AGENCE DE L’EAU<br />

PARTENAIRE DES AGRICULTEURS<br />

L’<strong>Agence</strong> peut accompagner les agriculteurs désireux <strong>de</strong> changer<br />

<strong>de</strong> pratiques sous réserve qu’ils se trouvent d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s territoires<br />

prioritaires, essentiellement <strong>de</strong>s zones d’alimentation <strong>de</strong> captages<br />

exploités pour l’eau potable. Les actions soutenues s’inscrivent<br />

notamment d<strong>ans</strong> le cadre du Plan <strong>de</strong> développement rural et<br />

hexagonal (PDRH) et correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s mesures agroenvironnementales<br />

contractualisées pour cinq <strong>ans</strong> à l’échelle, soit<br />

<strong>de</strong>s parcelles pour <strong>de</strong> nombreuses mesures, soit pour <strong>de</strong>ux d’entre<br />

elles à l’échelle <strong>de</strong> l’exploitation d<strong>ans</strong> le cadre d’une évolution vers<br />

un système fourragé économe en intrants (SFEI) ou vers l’agriculture<br />

biologique. L’<strong>Agence</strong> peut aussi intervenir auprès <strong>de</strong>s collectivités<br />

gestionnaires <strong>de</strong> ces points d’eau afin d’ai<strong>de</strong>r au financement<br />

d’étu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> l’animation ou d’acquisitions foncières.<br />

Le mélange ray-grass/trèfle blanc, voilà le secret <strong>de</strong> Christophe Aucherie. Grâce à ce « cocktail<br />

végétal », cet agriculteur gagne mieux sa vie et s’est libéré du temps.<br />

bénéficiaires. « Le prix <strong>de</strong>s intrants ne faisant<br />

qu’augmenter, je n’ai pas été long à me convaincre<br />

<strong>de</strong> l’intérêt qu’il y avait à réduire la part<br />

<strong>de</strong> mon exploitation consacrée aux céréales<br />

et au maïs. L’année prochaine, je ne verserai<br />

plus un gramme d’azote sur mes 94 hectares,<br />

puisque je n’aurai plus du tout <strong>de</strong> céréales ! »<br />

Cocagne passe au vert<br />

Car en fait <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> Cocagne, la ferme <strong>de</strong><br />

Christophe Aucherie est surtout constituée <strong>de</strong><br />

terres humi<strong>de</strong>s, en partie drainées, moins propices<br />

à la culture <strong>de</strong>s blés. Cependant avec un<br />

minimum <strong>de</strong> soin, ces terres se révèlent excellentes<br />

lorsqu’il s’agit d’y faire pousser <strong>de</strong> l’herbe.<br />

Mais pas n’importe laquelle : un mélange<br />

ray-grass/trèfle blanc, un cocktail particulièrement<br />

adapté à la pratique <strong>de</strong> l’agriculture durable.<br />

« Avec le ray-grass/trèfle, j’ai <strong>de</strong> l’herbe<br />

pour mes vaches et le trèfle pompe tout seul<br />

l’azote <strong>de</strong> l’air pour le restituer à la terre sous<br />

forme d’engrais naturel. Et pas besoin <strong>de</strong> sortir<br />

le tracteur tous les <strong>ans</strong> pour labourer, ensemencer<br />

ou traiter. Avec un bon ray-grass/trèfle, je<br />

suis tranquille pour quelque dix <strong>ans</strong>. »<br />

Pour Christophe, ce système herbager est idéal.<br />

« Cela me permet <strong>de</strong> passer plus <strong>de</strong> temps avec<br />

mes animaux et d’avoir plus <strong>de</strong> temps pour<br />

moi. Avec l’agriculture extensive, j’ai découvert<br />

qu’on pouvait à la fois mieux gagner sa vie tout<br />

en travaillant autrement, <strong>de</strong> façon beaucoup<br />

plus respectueuse <strong>de</strong> l’environnement. »<br />

Depuis,l’action se poursuit avec la promotion<br />

et l’accompagnement technique <strong>de</strong> la mesure<br />

agro-environnementale « Système fourrager<br />

économe en intrants (SFEI) » (voir encadré).<br />

Didier Jamet<br />

23


JURIDIQUE ET PRATIQUE : la mise en œuvre du « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement »<br />

Développement dur<br />

et ses établissements<br />

Le « Grenelle <strong>de</strong> l’environnement » a été l’occasion <strong>de</strong> réaffirmer le rôle moteur que doivent jouer<br />

les administrations en matière <strong>de</strong> développement durable. Établissement public <strong>de</strong> l’État, l’<strong>Agence</strong><br />

<strong>de</strong> l’eau a vocation à être exemplaire.<br />

Satisfaire les besoins <strong>de</strong> la génération actuelle<br />

s<strong>ans</strong> compromettre la capacité <strong>de</strong>s<br />

générations futures à répondre aux leurs.<br />

Voilà en quelques mots la définition du développement<br />

durable, proposée par les Nations<br />

unies, réaffirmée par l’Union européenne et<br />

inscrite d<strong>ans</strong> la constitution française <strong>de</strong>puis<br />

mars 2005. Véritable projet <strong>de</strong> société porté<br />

par une stratégie nationale du développement<br />

durable, cet engagement vise à concilier croissance<br />

économique, progrès social et respect <strong>de</strong><br />

l’environnement. Et l’État qui initie cette nouvelle<br />

économie écologique se doit d’être exemplaire,<br />

notamment au travers <strong>de</strong> ses établissements<br />

publics. L’<strong>Agence</strong> qui s’est engagée en<br />

faveur du développement durable <strong>de</strong>puis sa<br />

création s’associe totalement à cette démarche<br />

qui implique cependant quelques ajustements.<br />

Des actions concrètes<br />

D<strong>ans</strong> cette perspective, <strong>de</strong>puis l’automne<br />

2007, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

s’est dotée d’une direction du développement<br />

durable. Sa mission : susciter une dynamique<br />

d<strong>ans</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>, en<br />

analysant l’existant, en mettant en avant <strong>de</strong>s<br />

pratiques exemplaires, en assurant le suivi et l’évaluation <strong>de</strong>s initiatives<br />

mises en œuvre.<br />

Quelques exemples concrets : le tri sélectif <strong>de</strong>s déchets et le recyclage<br />

du papier, autrefois issus d’initiatives personnelles, sont désormais<br />

généralisés à l’ensemble <strong>de</strong>s sites avec la mise à disposition <strong>de</strong><br />

corbeilles spéciales d<strong>ans</strong> chaque bureau. Le suivi <strong>de</strong>s consommations<br />

d’eau et d’électricité d<strong>ans</strong> les directions territoriales a abouti à la mise<br />

en place <strong>de</strong> dispositifs et <strong>de</strong> pratiques plus économes : détecteurs <strong>de</strong><br />

présence, ampoules basse consommation, thermostats sur les radiateurs,<br />

chasses d’eau à double débit, extinction <strong>de</strong>s appareils informatiques<br />

et bureautiques chaque soir… L’<strong>Agence</strong> profite <strong>de</strong>s rénovations<br />

<strong>de</strong>s bâtiments pour adopter <strong>de</strong>s solutions économes en énergie : isolation,<br />

double vitrage, récupération d’eau <strong>de</strong> pluie, chauffage… Les<br />

nouveaux bâtiments <strong>de</strong> Châlons et <strong>de</strong> Rouen ont intégré au maximum<br />

<strong>de</strong>s critères HQE (haute qualité environnementale).<br />

24<br />

Les bâtiments <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> à Châlons-en-Champagne et à Rouen intègrent au maximum <strong>de</strong>s critères HQE.<br />

Ci-<strong>de</strong>ssus, espaces éclairés par une verrière à Rouen.<br />

En matière <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>port, il reste <strong>de</strong>s progrès à accomplir : sur les<br />

140 véhicules <strong>de</strong> service, l’<strong>Agence</strong> ne compte que six véhicules « propres ».<br />

La promotion du covoiturage, la mise à disposition <strong>de</strong> vélo ou encore le<br />

recours à la visioconférence sont autant <strong>de</strong> pistes à explorer. Certaines<br />

initiatives ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu’à s’étendre : désormais, au siège, le restaurant<br />

d’entreprise propose un plat « bio » par semaine et l’année <strong>de</strong>rnière<br />

l’<strong>Agence</strong> a fait réaliser pour la première fois le bilan carbone d’une station<br />

d’épuration du Syndicat interdépartemental pour l’assainissement <strong>de</strong> l’agglomération<br />

parisienne (SIAAP). Pour Jacques Bories, directeur Développement<br />

durable <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> : « Ce type <strong>de</strong> bilan <strong>de</strong>vrait être une obligation<br />

: la performance d’une station n’est pas tout, il faut la mettre en regard<br />

<strong>de</strong> son empreinte écologique ! En outre, ces bil<strong>ans</strong> n’ont <strong>de</strong> sens que d<strong>ans</strong><br />

la durée, ne serait-ce que pour mesurer les progrès accomplis. »<br />

Sur le volet social, l’<strong>Agence</strong> peut là aussi progresser : si la parité<br />

homme-femme tend à être respectée (en 2007, les effectifs comptaient


able : l’État<br />

montrent l’exemple<br />

AESN<br />

270 femmes pour 220 hommes), un déséquilibre apparaît lorsqu’on<br />

s’élève d<strong>ans</strong> la hiérarchie : il n’y a plus qu’une seule femme sur les<br />

15 directeurs en poste !<br />

L’<strong>Agence</strong> n’atteint pas non plus les 6 % réglementaires d’emplois<br />

<strong>de</strong> travailleurs handicapés et est donc soumise à la pénalité financière<br />

prélevée par le Fonds pour l’insertion <strong>de</strong>s personnes handicapées d<strong>ans</strong><br />

la fonction publique (FIPHFP). Il reste donc une marge <strong>de</strong> progrès.<br />

L’<strong>Agence</strong> s’engage<br />

En avril 2008, l’<strong>Agence</strong> a signé avec une cinquantaine d’établissements<br />

publics, une charte du développement durable pour réaffirmer<br />

ses engagements. Cette charte est une initiative du Club développement<br />

durable <strong>de</strong>s établissements publics et entreprises publiques<br />

dont l’<strong>Agence</strong> fait partie <strong>de</strong>puis sa fondation en 2006. En signant cette<br />

charte, l’<strong>Agence</strong> s’engage notamment à réaliser le suivi <strong>de</strong> ses actions<br />

écoresponsables en remplissant chaque année un tableau <strong>de</strong> bord<br />

développé par l’ADEME.<br />

À ce document vient désormais s’adjoindre un rapport social<br />

et environnemental rendant compte du volet social <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong><br />

l’<strong>Agence</strong>, qu’il s’agisse <strong>de</strong> ses actions d’ai<strong>de</strong> au développement d<strong>ans</strong><br />

le cadre <strong>de</strong> la loi Oudin-Santini (aujourd’hui, l’<strong>Agence</strong> ne consacre<br />

que 0,2 % <strong>de</strong> son budget à ces actions au lieu du 1 % mobilisable) ou<br />

encore du financement <strong>de</strong>s classes d’eau (pas moins <strong>de</strong> 1 200 sont<br />

financées chaque année d<strong>ans</strong> l’ensemble du bassin, du cours préparatoire<br />

jusqu’à l’université).<br />

Enfin, désormais, comme l’a rappelé le Premier ministre d<strong>ans</strong><br />

une circulaire du 2 décembre, l’exemplarité <strong>de</strong>s établissements publics,<br />

et donc <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>, doit aussi se traduire d<strong>ans</strong> leur politique<br />

d’achats qui doit intégrer <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> durabilité<br />

et d’écoresponsabilité. Dès 2009, chaque ministère est ainsi tenu<br />

d’élaborer un plan « Administration exemplaire ».<br />

Une gouvernance exemplaire<br />

L’<strong>Agence</strong> est par vocation inscrite d<strong>ans</strong> une logique <strong>de</strong> développement<br />

durable : <strong>de</strong>puis quarante <strong>ans</strong>, elle s’attelle à l’amélioration <strong>de</strong><br />

l’état du milieu. Son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement qui associe l’ensemble<br />

<strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’eau, son souci constant <strong>de</strong> consultation et <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>parence<br />

ont fait école.<br />

« En matière <strong>de</strong> gouvernance, on tutoie presque les étoiles »,<br />

souligne Jacques Bories. Il est vrai que l’<strong>Agence</strong>, à l’origine <strong>de</strong> grands<br />

principes environnementaux comme celui du « pollueur-payeur », est<br />

aussi, dès son origine, un modèle <strong>de</strong> gestion intégrée au point que la<br />

directive-cadre européenne s’est largement inspirée <strong>de</strong> la loi sur l’eau<br />

<strong>de</strong> 1964. Les enjeux actuels <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus que jamais à l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong><br />

mobiliser tout son savoir-faire. Elle ne pourra traiter les pollutions diffuses<br />

pour atteindre le bon état écologique en 2015, réaliser la trame<br />

bleue voulue par le Grenelle II ou rattraper le retard pris sur la Directive<br />

eaux résiduaires urbaines (DERU) s<strong>ans</strong> rallier à sa cause une multiplicité<br />

d’interlocuteurs dispersés. Les chantiers ne manquent pas,<br />

les idées non plus.<br />

D<strong>ans</strong> les prochains mois, l’<strong>Agence</strong> présentera sa stratégie <strong>de</strong><br />

développement durable à la commission permanente <strong>de</strong> la prévision<br />

et <strong>de</strong> la prospective, composée, bonne gouvernance oblige, <strong>de</strong><br />

représentants du conseil d’administration et <strong>de</strong> tous les groupes du<br />

comité <strong>de</strong> bassin, c’est-à-dire <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s<br />

usagers <strong>de</strong> l’eau. p<br />

Guillaume Tixier<br />

LES ENGAGEMENTS<br />

DE LA CHARTE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />

« l’organisme signataire s’engage à :<br />

‡ mener une réflexion stratégique <strong>de</strong> développement durable permettant<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier ses propres enjeux, <strong>de</strong> les partager et <strong>de</strong> définir ses objectifs d<strong>ans</strong><br />

le champ <strong>de</strong> ses compétences spécifiques ;<br />

‡ traduire cette réflexion d<strong>ans</strong> sa politique, ses projets, son management<br />

et sa façon <strong>de</strong> rendre compte, en impliquant le personnel et les différentes<br />

parties prenantes et intéressées ;<br />

‡ élaborer un document stratégique <strong>de</strong> développement durable, reprenant<br />

ces engagements et diffusé largement à l’interne comme à l’externe ; et rendre<br />

compte <strong>de</strong>s conséquences sociales et environnementales <strong>de</strong> ses activités d<strong>ans</strong><br />

son rapport annuel conformément à l’esprit <strong>de</strong> la loi NRE ;<br />

‡ élaborer et piloter, d<strong>ans</strong> le cadre <strong>de</strong> son document stratégique, un plan<br />

d’actions permettant d’intégrer les principes <strong>de</strong> gouvernance et <strong>de</strong> mise en<br />

œuvre préalablement définis. »<br />

(Charte du développement durable signée par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau le 2 avril 2008)<br />

AESN<br />

À Rouen, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau étale ses bâtiments le long<br />

<strong>de</strong>s quais <strong>de</strong> <strong>Seine</strong>.<br />

<strong>25</strong>


COMMISSION DES AIDES : sites-témoins<br />

Comment maitriser ˆ les<br />

diffuses en <strong>Normandie</strong><br />

Région touristique où il fait bon vivre, la <strong>Normandie</strong> se doit <strong>de</strong> restaurer son environnement.<br />

C’est ce qu’elle fait en luttant contre les pollutions qu’on appelle diffuses, les plus difficiles à maîtriser.<br />

Voici <strong>de</strong>ux exemples d’actions entreprises sur ce territoire, où l’on voit que rien n’est possible<br />

s<strong>ans</strong> un effort sur le long terme, associant tous les acteurs.<br />

Fauville-en-Caux :<br />

les agriculteurs mobilisés<br />

Les agriculteurs ne croyaient pas au<br />

succès <strong>de</strong> la fertilisation raisonnée. Au<br />

bout d’un an, ils étaient conquis.<br />

La situation, préoccupante, commandait<br />

une réaction rapi<strong>de</strong>. En 1995, la nappe <strong>de</strong> la<br />

Craie, d<strong>ans</strong> le sous-sol <strong>de</strong> la <strong>Seine</strong>-Maritime,<br />

présentait <strong>de</strong>s teneurs en nitrates <strong>de</strong> 40 milligrammes<br />

par litre, proches <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong> potabilité<br />

fixée à 50.<br />

Dès cette époque, le maire <strong>de</strong> la commune<br />

<strong>de</strong> Fauville-en-Caux s’est emparé du problème,<br />

sensibilisé par la Chambre d’agriculture <strong>de</strong><br />

<strong>Seine</strong>-Maritime, laquelle avait été alertée par<br />

l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau. Sur le territoire <strong>de</strong> cet élu se<br />

situe un captage plongeant d<strong>ans</strong> la nappe et<br />

alimentant en eau une bonne partie <strong>de</strong>s habitants<br />

<strong>de</strong> la zone. Il était donc le premier concerné<br />

par la dégradation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />

profon<strong>de</strong>s.<br />

La principale responsable<br />

<strong>de</strong> cette situation était<br />

connue : les nitrates, qui entraînent<br />

une pollution diffuse<br />

<strong>de</strong>s cours d’eau et <strong>de</strong>s<br />

nappes souterraines, proviennent<br />

en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />

l’agriculture.<br />

Un programme <strong>de</strong> suivi agronomique a<br />

été mis en place pendant cinq <strong>ans</strong> <strong>de</strong> 1996 à<br />

2001, permettant <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s conseils techniques<br />

à treize agriculteurs volontaires (sur<br />

dix-sept concernés par le problème). Tous ont,<br />

par exemple, adopté la fertilisation raisonnée,<br />

une métho<strong>de</strong> consistant à apporter à la plante<br />

la quantité <strong>de</strong> fertilisants dont elle a besoin,<br />

mais pas plus, ce qui suppose <strong>de</strong> mesurer les<br />

teneurs en azote restant d<strong>ans</strong> le sol trois fois<br />

d<strong>ans</strong> l’année. Ainsi dosées au plus juste, ces<br />

substances – dont <strong>de</strong>s nitrates – ne restent pas<br />

26<br />

Pollution<br />

diffuse<br />

Pollution due<br />

à <strong>de</strong>s rejets<br />

issus <strong>de</strong> toute<br />

la surface<br />

d’un territoire.<br />

Ville <strong>de</strong> Fauville-en-Caux<br />

Treize agriculteurs sur dix-sept ont participé au programme <strong>de</strong> suivi agronomique mis en place pour remédier<br />

au problème <strong>de</strong> pollutions diffuses existant à Fauville-en-Caux (photo).<br />

en surface où elles risquent d’être emportées<br />

par les pluies jusqu’aux rivières et <strong>de</strong> pénétrer<br />

d<strong>ans</strong> les sols pour polluer les nappes.<br />

« Nous avons su bien plus tard que, lorsqu’ils<br />

se sont lancés d<strong>ans</strong> l’expérience, ces agriculteurs<br />

ne croyaient pas qu’elle réussirait ! »,<br />

raconte Barbara Leroy, chargée <strong>de</strong> la protection<br />

<strong>de</strong> la ressource au sein <strong>de</strong> la direction <strong>Seine</strong>-<br />

Aval. Au bout d’un an, pourtant, ils étaient<br />

conquis : « Non seulement les ren<strong>de</strong>ments<br />

restaient convenables, mais ils avaient dépensé<br />

moins d’argent en intrants. »<br />

Il a suffi <strong>de</strong> trois années, <strong>de</strong> 1996 à 1998,<br />

pour que 70 % <strong>de</strong>s épandages soient réalisés<br />

d<strong>ans</strong> le respect <strong>de</strong>s bonnes pratiques. Le piégeage<br />

<strong>de</strong>s nitrates après récolte par le couvert<br />

d’interculture est passé <strong>de</strong> 15 % à 71 %.<br />

« Et cela continue », se réjouit Barbara<br />

Leroy : les treize agriculteurs continuent<br />

d’adopter <strong>de</strong> bonnes pratiques huit <strong>ans</strong> après<br />

la fin du programme,<br />

qui a coûté 55 000 euros,<br />

dont la moitié à la charge<br />

<strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong>. Et tous<br />

sont également en train<br />

<strong>de</strong> modérer leurs apports<br />

en produits phytosanitaires.<br />

Couvert<br />

d’interculture<br />

Plantations réalisées<br />

en hiver permettant<br />

<strong>de</strong> capter le reliquat<br />

<strong>de</strong> nitrates d<strong>ans</strong><br />

le sol et d’empêcher<br />

l’érosion.


pollutions<br />

Tout un territoire pour<br />

sauver<br />

la Rouvre<br />

Christophe Beaumont/S.I.3R<br />

De multiples acteurs associent leurs<br />

efforts afin <strong>de</strong> modérer les pollutions<br />

diffuses autour <strong>de</strong> la Rouvre, un paradis<br />

pour les poissons.<br />

La Rouvre est un havre <strong>de</strong> paix pour les<br />

poissons. Barbotant d<strong>ans</strong> ses rapi<strong>de</strong>s le long<br />

<strong>de</strong> rives boisées, <strong>de</strong> nombreuses espèces <strong>de</strong><br />

poissons y ont élu domicile, comme <strong>de</strong>s truites<br />

<strong>de</strong> mer, <strong>de</strong>s truites fario ou <strong>de</strong>s saumons, ce<br />

qui a valu à ce charmant cours d’eau <strong>de</strong> l’Orne,<br />

en <strong>Normandie</strong>, d’être protégé en 1986 par un<br />

arrêté <strong>de</strong> biotope pris par le préfet afin <strong>de</strong> limiter<br />

les activités humaines à proximité.<br />

Seulement voilà. Le bassin versant <strong>de</strong> la<br />

Rouvre est soumis à une pollution diffuse<br />

d’origine agricole, due aux cultures du maïs,<br />

même si elles sont minoritaires d<strong>ans</strong> le<br />

secteur, ainsi qu’au piétinement <strong>de</strong>s berges et<br />

du lit par les bovins. Les eaux <strong>de</strong> la Rouvre<br />

subissent une pollution par les nitrates (pics à<br />

30 mg/l au moment du lessivage <strong>de</strong>s sols en<br />

hiver) et le phosphore. Elles sont également<br />

touchées par <strong>de</strong> trop fortes quantités <strong>de</strong><br />

produits phytosanitaires. C’est au point que<br />

les normes <strong>de</strong> potabilité ne sont parfois pas<br />

respectées.<br />

Pour remédier à cette situation, un contrat<br />

territorial initié par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau a été signé<br />

entre la communauté <strong>de</strong> communes du bocage<br />

d’Athis, le conseil général <strong>de</strong> l’Orne, la chambre<br />

<strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong> l’Orne et l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau, en<br />

rassemblant <strong>de</strong> nombreux partenaires, agriculteurs,<br />

pêcheurs et le syndicat d’eau potable par<br />

exemple, chacun s’engageant à agir, et ce d<strong>ans</strong><br />

plusieurs domaines. Ce contrat <strong>de</strong> cinq <strong>ans</strong>, mis<br />

en œuvre <strong>de</strong> 2001 à 2005, prévoyait d’ai<strong>de</strong>r les<br />

agriculteurs à réduire leurs pollutions, <strong>de</strong> réaliser<br />

<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et travaux sur l’assainissement<br />

collectif et non collectif – une autre source <strong>de</strong><br />

pollution – ou encore <strong>de</strong> lancer <strong>de</strong>s actions <strong>de</strong><br />

conseil et d’information.<br />

Au final, cette opération <strong>de</strong> 15 millions<br />

d’euros, financée pour moitié par l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong><br />

l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong>, a été intégralement<br />

mise en œuvre. Plus <strong>de</strong> 300 conseils à la fertilisation<br />

ont été fournis, 2 500 logements <strong>de</strong><br />

particuliers ont été visités pour étudier leur<br />

installation d’assainissement, dont 900 ont<br />

ensuite effectué <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> mise aux normes,<br />

8 stations d’épuration ont été mises en<br />

place pour traiter les eaux usées <strong>de</strong> 4 000 habitants<br />

et 181 km <strong>de</strong> cours d’eau ont été restaurés<br />

sur 200.<br />

Plus important encore, une dynamique <strong>de</strong><br />

territoire a été lancée qui ne s’est pas arrêtée<br />

avec la fin du contrat, soutenue par la volonté<br />

farouche <strong>de</strong>s élus locaux. Quatre emplois, <strong>de</strong><br />

techniciens <strong>de</strong> rivière ou d’assainissement non<br />

collectif et d’animateur, avaient été créés d<strong>ans</strong><br />

le cadre du contrat, qui perdure.<br />

Côté agriculture, un site exemplaire a été<br />

aménagé où les agriculteurs<br />

et les jeunes <strong>de</strong>s lycées professionnels<br />

viennent se former<br />

aux bonnes pratiques<br />

<strong>de</strong> stockage et <strong>de</strong> préparation<br />

<strong>de</strong>s traitements phyto-<br />

Mesures<br />

qui associent<br />

production<br />

agricole et<br />

protection <strong>de</strong><br />

l’environnement.<br />

La lutte contre<br />

les nuisances<br />

dues aux<br />

nitrates se<br />

poursuit.<br />

sanitaires. Cent soixante hectares sont concernés<br />

par <strong>de</strong>s mesures agro-environnementales<br />

et 13 nouveaux dossiers ont été déposés par<br />

<strong>de</strong>s agriculteurs pour 1 000 hectares supplémentaires.<br />

Toutes les communes concernées<br />

par la pollution <strong>de</strong> la Rouvre sont aujourd’hui<br />

associées à la lutte en cours.<br />

Ainsi, le travail se poursuit en profon<strong>de</strong>ur.<br />

Un travail <strong>de</strong> longue haleine puisque, à ce jour,<br />

les eaux issues <strong>de</strong> la Rouvre continuent <strong>de</strong> ne<br />

parfois pas respecter les normes <strong>de</strong> potabilité.<br />

En la matière, il ne faut pas attendre <strong>de</strong> miracle<br />

: un tel objectif ne peut être atteint que si<br />

l’effort entrepris ne se relâche pas. p<br />

Paul <strong>de</strong> Brem<br />

Mesure <strong>de</strong>s hauteurs d’eau en vue <strong>de</strong> rétablir la circulation piscicole d<strong>ans</strong> la rivière.<br />

27


HISTOIRE D’EAU ET CULTURE : l’acheminement du bois par voie fluviale<br />

1.Roger-Viollet/2.Traîne-bûches du Morvan<br />

1. En 1873, <strong>de</strong>s flotteurs <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt un cours d’eau sur <strong>de</strong>s trains <strong>de</strong> bois. 2. À partir <strong>de</strong> Clamecy, les troncs d’arbres, coupés et marqués aux initiales du marchand,<br />

sont constitués en véritables ra<strong>de</strong>aux et flottent vers la capitale.<br />

Quand le bois<br />

flottait jusqu’à Paris<br />

Le bois manque à Paris ! Le développement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la capitale à partir du XVI e siècle<br />

impose la mise au point <strong>de</strong> nouveaux systèmes d’approvisionnement.<br />

La solution : acheminer le bois, gratuitement ou presque, en le faisant flotter sur la <strong>Seine</strong>.<br />

À partir du XVI e siècle, les<br />

parisiens manquent cruellement<br />

<strong>de</strong> bois <strong>de</strong> chauffage.<br />

La cause principale : leur population qui ne<br />

cesse d’augmenter. Ils passent en effet <strong>de</strong><br />

150 000 habitants en 1650 à plus <strong>de</strong> 600 000<br />

en 1780, puis 2,3 millions vers 1880 ! Leur<br />

consommation <strong>de</strong> bois connaît donc la même<br />

inflation. La solution : approvisionner la capitale<br />

grâce aux cours d’eau qui l’alimentent,<br />

par le flottage <strong>de</strong>s bois, une technique ancestrale<br />

érigée alors en système.<br />

Des marchands parisiens, Jean Rouvet,<br />

Charles Lecomte ou encore un certain Defroissiz<br />

seraient à l’origine, vers 1550, <strong>de</strong>s premières<br />

expéditions <strong>de</strong> bois sur la Cure, l’Yonne et la<br />

<strong>Seine</strong>… Mais la technique remonte en fait<br />

à l’Antiquité. Selon Jérôme Buridant, historien<br />

et maître <strong>de</strong> conférences à<br />

l’université <strong>de</strong> Reims Champagne-Ar<strong>de</strong>nne<br />

: « Le flottage est<br />

attesté au cœur du Moyen Âge<br />

d<strong>ans</strong> <strong>de</strong> nombreuses régions.<br />

On en a retrouvé la trace sur la<br />

<strong>Seine</strong> et ses affluents, sur <strong>de</strong>s<br />

28<br />

Grume<br />

Tronc d’arbre abattu<br />

dont on a coupé<br />

les branches mais<br />

qui est toujours<br />

recouvert<br />

<strong>de</strong> son écorce.<br />

tronçons très sectoriels <strong>de</strong> quelques kilomètres<br />

dès les XIII et XIV e siècles. Il ne s’agit pas<br />

alors, du fait <strong>de</strong> l’abondance du bois, d’un<br />

système aussi organisé que ce qui sera mis en<br />

œuvre d<strong>ans</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e d<strong>ans</strong> le<br />

bassin parisien. »<br />

Des aménagements<br />

conséquents<br />

Ce système, organisé par les marchands,<br />

qui se regroupent en compagnies à partir du<br />

XVIII e , est le suivant : achat <strong>de</strong>s bois sur pied,<br />

coupe, façonnage et marquage (les bois sont<br />

frappés d’un marteau portant l’empreinte<br />

ou les initiales du marchand) et tr<strong>ans</strong>port<br />

jusqu’au cours d’eau le plus proche. Vient<br />

alors le flottage proprement dit qui se fait<br />

selon <strong>de</strong>ux techniques, soit à « bûches<br />

perdues » (les bois sont jetés en<br />

vrac d<strong>ans</strong> la rivière ou le ruisseau), soit<br />

en « trains <strong>de</strong> bois » (il s’agit alors <strong>de</strong><br />

véritables ra<strong>de</strong>aux pouvant faire plus<br />

d’une trentaine <strong>de</strong> mètres et constitués<br />

<strong>de</strong> grumes liées entre elles).<br />

Pour économiser le coût du tr<strong>ans</strong>port,<br />

tous les cours d’eau, même les plus minces,<br />

sont mis à contribution. Cela implique <strong>de</strong>s<br />

aménagements conséquents : réalisation<br />

« d’étangs <strong>de</strong> flottage » en amont, qui serviront<br />

à être vidés pour pousser le flot <strong>de</strong> bois,<br />

<strong>de</strong> barrages partiels, les pertuis qui maintiennent<br />

le niveau d’eau mais laissent passer les<br />

bûches, aménagement <strong>de</strong> chemins sur les<br />

berges pour pousser le bois, suppression <strong>de</strong><br />

méandres, effacement <strong>de</strong>s obstacles, etc.<br />

De nombreux conflits opposent alors les<br />

flotteurs <strong>de</strong> bois aux autres usagers <strong>de</strong>s rivières<br />

: pêcheurs, bateliers, riverains ou industriels.<br />

Redoutant les dégâts que peuvent infliger<br />

les bûches à leurs roues, les propriétaires<br />

<strong>de</strong> moulins sont particulièrment mécontents,<br />

eux pour qui les jours <strong>de</strong> flottage sont <strong>de</strong>s<br />

jours <strong>de</strong> chômage. Ces litiges donnent lieu à<br />

<strong>de</strong> nombreuses plaintes qui font le bonheur<br />

<strong>de</strong> l’historien : associées aux comptabilités<br />

minutieuses <strong>de</strong>s marchands, elles permettent<br />

<strong>de</strong> dresser un tableau très précis du flottage.<br />

À Clamecy-sur-Yonne, un musée et<br />

<strong>de</strong>ux associations défen<strong>de</strong>nt l’héritage <strong>de</strong>s


3. Un déchargement <strong>de</strong> bois au pont <strong>de</strong> la Tournelle à Paris, vers 1912. 4. Vue aérienne <strong>de</strong> Clamecy, ville située à la confluence <strong>de</strong> l’Yonne et du Beuvron.<br />

3.Jacques Boyer/Roger-Viollet-4.AESN/PNR Morvan<br />

flotteurs <strong>de</strong> bois. La confrérie Saint-Nicolas,<br />

qui emprunte son nom au saint patron <strong>de</strong>s<br />

tr<strong>ans</strong>porteurs et à une confrérie <strong>de</strong> flotteurs<br />

datant <strong>de</strong> 1637, tente <strong>de</strong> maintenir vivante<br />

la tradition en organisant, la première semaine<br />

d’août, une démonstration <strong>de</strong> flottage.<br />

« Cette année, explique Maurice Viodé, son<br />

prési<strong>de</strong>nt, nous prévoyons <strong>de</strong> reconstruire un<br />

morceau <strong>de</strong> train <strong>de</strong> bois. »<br />

Une extension du réseau<br />

sur ordonnance royale<br />

La secon<strong>de</strong> association, les Traînebûches<br />

du Morvan, vise à documenter l’approvisionnement<br />

<strong>de</strong> Paris en bois <strong>de</strong> chauffage<br />

issu <strong>de</strong>s forêts du Morvan. Pour son<br />

fondateur, Émile Guillien, il s’agit aussi d’une<br />

histoire <strong>de</strong> famille : « Tous mes ancêtres <strong>de</strong>puis<br />

Henri IV, étaient soit manœuvriers,<br />

facteurs <strong>de</strong> marchands <strong>de</strong> bois ou encore,<br />

comme mon grand-père, voituriers : il amenait<br />

le bois <strong>de</strong> la forêt jusqu’au cours d’eau. »<br />

Passionné par son sujet, Émile s’est attelé à<br />

réunir une documentation éloquente : archives<br />

<strong>de</strong> compagnies <strong>de</strong> marchands, documents<br />

notariés, procès-verbaux et ordonnances,<br />

etc., qu’il compile d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s livres savants<br />

disponibles sur son site Internet.<br />

L’un <strong>de</strong>s ces ouvrages, Quand la moulée<br />

du Morvan <strong>de</strong>scendait à Paris, fait revivre d<strong>ans</strong><br />

le détail la saga <strong>de</strong>s flotteurs <strong>de</strong> bois : on y<br />

apprend comment les marchands <strong>de</strong> bois<br />

acquièrent ou creusent <strong>de</strong>s étangs, composent<br />

avec les meuniers, dérivent <strong>de</strong>s rivières,<br />

et sont obligés <strong>de</strong> se coordonner pour réussir<br />

à acheminer par voie d’eau leur bois vers<br />

Paris. Ils mettent progressivement en place<br />

<strong>de</strong>s saisons <strong>de</strong> flottage afin <strong>de</strong> pouvoir bénéficier<br />

<strong>de</strong>s plus hautes eaux. Ainsi, en amont<br />

<strong>de</strong>s sections navigables, le bois est généralement<br />

mis à flot, en vrac, entre octobre et<br />

novembre (flot d’hiver) et mars et avril (flot<br />

<strong>de</strong> printemps) : chaque opération dure une<br />

quinzaine <strong>de</strong> jours. Les bois sont regroupés<br />

le long <strong>de</strong>s rives ou d<strong>ans</strong> <strong>de</strong>s ports à bois <strong>de</strong>s<br />

Vaux d’Yonne pour y être ensuite assemblés<br />

en train. Car sur les sections navigables, le<br />

flottage à bûche perdue est interdit. Seuls<br />

les trains <strong>de</strong> bois conduits à la perche arrivent<br />

jusqu’au cœur <strong>de</strong> la capitale : au port <strong>de</strong><br />

Grève (en face <strong>de</strong> l’Hôtel-<strong>de</strong>-Ville) pour<br />

l’amont (haute <strong>Seine</strong>, Marne, Aube et Yonne)<br />

et au port <strong>de</strong> l’École (à côté du Louvre) pour<br />

l’aval (basse <strong>Seine</strong> et Oise). Les ra<strong>de</strong>aux y<br />

sont disloqués et les bois mis à sécher.<br />

Malgré une contribution toujours plus<br />

importante (en moyenne, au XVIII e siècle,<br />

plus <strong>de</strong> <strong>25</strong>0 000 stères par an sont convoyés à<br />

Stère<br />

Instaurée à la<br />

Révolution, cette<br />

unité <strong>de</strong> mesure<br />

correspond<br />

à un mètre cube<br />

<strong>de</strong> bois <strong>de</strong><br />

chauffage empilé.<br />

Paris), le flottage <strong>de</strong>s bois<br />

du Morvan ne suffit pas<br />

à satisfaire les besoins<br />

croissants <strong>de</strong> la capitale.<br />

En 1784, sur ordonnance<br />

royale, <strong>de</strong>s travaux sont<br />

engagés <strong>de</strong> façon à étendre<br />

le réseau en reliant,<br />

au moyen du canal du Nivernais, les eaux <strong>de</strong><br />

la Loire à la <strong>Seine</strong>, afin <strong>de</strong> pouvoir tirer profit<br />

<strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> Bazois. Initialement conçu pour<br />

l’écoulement <strong>de</strong>s bûches, ce canal, achevé<br />

en 1841 sera finalement navigable. Cependant,<br />

à peu près à la même époque, avec<br />

l’arrivée du charbon et le développement<br />

<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer la filière s’effondre. Les<br />

« trains <strong>de</strong> bois » sont interdits vers 1880,<br />

tandis que les <strong>de</strong>rniers flots sont lancés entre<br />

1923 et 1927 sur <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> l’Yonne, <strong>de</strong> la<br />

<strong>Seine</strong> et <strong>de</strong> l’Oise. Désormais, le bois navigue<br />

par bateau. p<br />

Guillaume Tixier<br />

POUR EN SAVOIR PLUS<br />

Sur http://bois.volants.free.fr l’association d’Émile Guillien propose<br />

ses ouvrages consacrés à l’approvisionnement <strong>de</strong> Paris en bois <strong>de</strong><br />

chauffage et <strong>de</strong> nombreuses pages illustrées consacrées au flottage.<br />

Sur le site <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong> commune <strong>de</strong>s Vaux d’Yonne<br />

(www.vaux-yonne.com) plusieurs pages sont dédiées au sujet (cliquer<br />

sur Vaux d’Yonne, puis les flotteurs <strong>de</strong> bois). L’association <strong>de</strong> la<br />

confrérie Saint-Nicolas est joignable au 03 86 27 11 68. À voir à Clamecy,<br />

l’écomusée du flottage du bois et le musée Romain-Rolland qui consacre<br />

une salle au flottage <strong>de</strong> bois (Tél. : 03 86 27 17 99). Enfin il existe une<br />

association internationale <strong>de</strong>s flotteurs et ra<strong>de</strong>liers (www.raftsmen.org)<br />

qui fédère une trentaine d’associations.<br />

Voir aussi le site du parc naturel régional du Morvan<br />

www.parcdumorvan.org/<br />

29


LECTURE : au fil <strong>de</strong>s pages<br />

Améliorer<br />

la gouvernance<br />

en informant le public<br />

La gestion <strong>de</strong> l’eau<br />

d<strong>ans</strong> le bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

De façon synthétique et illustrée, ce dépliant<br />

<strong>de</strong> 8 pages présente le fonctionnement<br />

et le financement <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau :<br />

> l’organisation <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau du niveau<br />

international au niveau local en détaillant les<br />

missions <strong>de</strong>s instances <strong>de</strong> bassin (comité <strong>de</strong> bassin,<br />

l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau et son conseil d’administration) ;<br />

> un zoom sur le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’environnement<br />

à travers les différents textes <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> 1964<br />

à aujourd’hui ;<br />

> le SDAGE et son programme <strong>de</strong> mesures<br />

(actions), documents <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> la gestion<br />

<strong>de</strong> l’eau d<strong>ans</strong> le bassin ;<br />

> le 9 e programme <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau<br />

<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> ;<br />

> le financement <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> l’eau<br />

(programme <strong>de</strong> mesures du SDAGE)<br />

pour l’amélioration <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l’eau<br />

et <strong>de</strong>s milieux aquatiques en expliquant<br />

l’articulation entre les différentes sources<br />

<strong>de</strong> financement :<br />

impôts, taxes et<br />

re<strong>de</strong>vances, les fonds<br />

propres <strong>de</strong>s industriels<br />

et <strong>de</strong>s agriculteurs<br />

et les ai<strong>de</strong>s publiques<br />

(prêts et subventions)<br />

apportées aux<br />

maîtres d’ouvrages<br />

(collectivités,<br />

industriels, agriculteurs,<br />

associations).<br />

Le SDAGE, les avis du public<br />

Depuis 2006, le comité <strong>de</strong> bassin <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong><br />

élabore un plan <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s eaux en concertation<br />

avec les collectivités,<br />

les agriculteurs, les<br />

industriels et les<br />

associations : le SDAGE.<br />

Ce plan a fait l’objet<br />

d’une consultation<br />

du public en 2008.<br />

Les avis exprimés lors<br />

<strong>de</strong> cette consultation<br />

vous sont présentés<br />

d<strong>ans</strong> ce document.<br />

Reconquérir les milieux<br />

en renforçant la connaissance<br />

Pour orienter son action et éclairer la décision <strong>de</strong>s acteurs<br />

<strong>de</strong> l’eau, l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau finance <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s techniques,<br />

<strong>de</strong> connaissance générale et <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong>s milieux<br />

aquatiques.<br />

Les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> concernent<br />

différents thèmes regroupés en 3 axes :<br />

Suivi <strong>de</strong>s milieux aquatiques<br />

Le suivi <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> la qualité physico-chimique et hydrobiologique<br />

<strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface (rivières, lacs, barrage, zones humi<strong>de</strong>s...) repose<br />

sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> mesure auxquels peuvent participer l’état ou <strong>de</strong>s<br />

collectivités territoriales. Il est complété par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rivières ou <strong>de</strong>s<br />

bassins versants à caractère moins systématique et d’intérêt plus local.<br />

Les résultats issus <strong>de</strong> ce suivi permettent d’établir <strong>de</strong>s contacts<br />

sur l’évolution <strong>de</strong>s eaux du bassin et l’impact <strong>de</strong>s rejets ou <strong>de</strong>s<br />

aménagements structurants tant au niveau physico-chimique que <strong>de</strong><br />

l’équilibre <strong>de</strong>s écosystèmes et <strong>de</strong>s écoulements en volume d’eau.<br />

Mesures<br />

1-ENVIRONNEMENT<br />

Ce thème concerne l’élaboration <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s et d’outils<br />

<strong>de</strong> mesures permettant d’évaluer la qualité et la quantité <strong>de</strong><br />

la ressource en eau. Il est nécessaire <strong>de</strong> créer ou <strong>de</strong> parfaire<br />

les outils permettant un suivi efficace du milieu. D’autant que<br />

<strong>de</strong> nouveaux types <strong>de</strong> pollution ou <strong>de</strong> nuisances apparaissent.<br />

Il est donc indispensable <strong>de</strong> se doter d’outils adaptés<br />

permettant d’en apprécier les impacts (notamment outils<br />

biologiques et <strong>de</strong> simulation).<br />

Écologie<br />

La connaissance <strong>de</strong>s milieux, mais également celle <strong>de</strong>s perturbations<br />

subies, doivent être approfondies.<br />

Pour l’écotoxicologie, il est nécessaire <strong>de</strong> disposer d’outils<br />

complémentaires aux mesures physico-chimiques afin d’évaluer<br />

les effets <strong>de</strong>s nuisances sur les organismes vivants.<br />

Pour l’eau et la santé, il convient <strong>de</strong> connaître l’évolution d<strong>ans</strong><br />

l’environnement <strong>de</strong>s paramètres microbiologiques, notamment<br />

<strong>de</strong>s pathogènes, et <strong>de</strong> préciser la nocivité <strong>de</strong>s éléments biologiques<br />

et toxiques sur la santé <strong>de</strong> l’homme.<br />

Pour le paysage, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sitologiques (géologiques, botaniques,<br />

anthropiques) doivent être effectuées pour analyser l’état <strong>de</strong>s paysages<br />

ruraux, périurbains et les impacts sur la mécanique <strong>de</strong>s écosystèmes et<br />

<strong>de</strong>s cours d’eau.<br />

Ces étu<strong>de</strong>s sont disponibles sur cédéroms.<br />

Pour vous les procurer, contactez l’<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau<br />

<strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> : lahoussine.veronique@aesn.fr<br />

Les étu<strong>de</strong>s sont également consultables sur Internet :<br />

http://www.eau-seine-normandie.fr/in<strong>de</strong>x.<br />

php?id=5409#c16441<br />

30


2-TECHNOLOGIES DE L’EAU<br />

Eau potable<br />

Les étu<strong>de</strong>s et les recherches touchent essentiellement<br />

les domaines <strong>de</strong> la production et <strong>de</strong> la distribution.<br />

L’alimentation en eau potable doit répondre à <strong>de</strong>s<br />

exigences <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> plus en plus sévères, tout en<br />

faisant face à une dégradation <strong>de</strong> la ressource très<br />

variable. Aujourd’hui, en France, près <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong>s eaux<br />

distribuées sont encore non potables.<br />

Assainissement<br />

Ce thème concerne l’assainissement collectif,<br />

l’assainissement non collectif, l’assainissement<br />

groupé.<br />

Les étu<strong>de</strong>s s’intègrent d<strong>ans</strong> une politique qui vise à :<br />

> augmenter le taux <strong>de</strong> dépollution <strong>de</strong>s collectivités ;<br />

> évaluer le fonctionnement et la fiabilité <strong>de</strong>s<br />

équipements ;<br />

> valoriser les sous-produits <strong>de</strong> l’épuration (boues, résidus<br />

<strong>de</strong> curage <strong>de</strong>s réseaux, graisses...), leur assurer une élimination<br />

correcte ;<br />

> suivre et tester les nouvelles technologies ;<br />

> connaître et maîtriser les coûts (investissement,<br />

fonctionnement).<br />

Pluvial<br />

Les étu<strong>de</strong>s et recherches en ce domaine ten<strong>de</strong>nt à :<br />

> développer <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> maîtrise <strong>de</strong><br />

la pollution urbaine par temps <strong>de</strong> pluie ;<br />

> mieux connaître l’impact <strong>de</strong>s pluies et <strong>de</strong>s polluants<br />

qu’elle entraîne sur les milieux récepteurs.<br />

De ces connaissances dépen<strong>de</strong>nt les stratégies<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>main et les investissements nécessaires.<br />

Épuration industrielle<br />

L’épuration <strong>de</strong>s effluents et <strong>de</strong>s déchets d’origine<br />

industrielle présente <strong>de</strong>s problèmes spécifiques qui<br />

commencent à être bien connus. En revanche,<br />

la réhabilitation <strong>de</strong>s sites et sols pollués est un domaine<br />

en cours d’exploration. Les recherches visent à :<br />

> améliorer l’épuration <strong>de</strong>s effluents industriels ;<br />

> suivre et tester les nouvelles technologies,<br />

notamment celles qui s’orientent vers un recyclage<br />

<strong>de</strong>s eaux et/ou déchets ;<br />

> mieux connaître les mécanismes <strong>de</strong> dégradation<br />

<strong>de</strong>s polluants d<strong>ans</strong> le sol pour les activer ;<br />

> ai<strong>de</strong>r au développement <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> réhabilitation.<br />

3-GESTION DES MILIEUX<br />

Agriculture<br />

La recherche concerne les points suivants :<br />

> inventaire <strong>de</strong>s sites ou <strong>de</strong>s zones sensibles et gestion<br />

du milieu ;<br />

> outils <strong>de</strong> diagnostic mis à disposition <strong>de</strong>s agriculteurs ;<br />

> recyclage, valorisation, épuration <strong>de</strong>s effluents ;<br />

> étu<strong>de</strong>s ou tests <strong>de</strong> matériels ;<br />

> sensibilisation, formation <strong>de</strong>s exploitants.<br />

Littoral<br />

Les eaux du littoral normand sont sensibles à la pollution<br />

microbiologique apportée par les villes côtières et l’élevage.<br />

Les étu<strong>de</strong>s et recherches menées d<strong>ans</strong> ce domaine tentent<br />

essentiellement d’approfondir les points suivants :<br />

> analyse, diagnostic et surveillance <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s eaux<br />

littorales, <strong>de</strong>s rivières et <strong>de</strong>s effluents qui s’y déversent ;<br />

> recherche sur les types <strong>de</strong> polluants, l’origine<br />

<strong>de</strong>s contaminations, leurs impacts sur le littoral et la mer,<br />

les risques sanitaires qu’ils engendrent ;<br />

> recherche sur la pollution microbiologique : sources <strong>de</strong> pollution,<br />

comportement et <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s micro-organismes d<strong>ans</strong> le milieu, germes<br />

témoins, techniques <strong>de</strong> traitement… ;<br />

> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> spécifications économiques liées au littoral ;<br />

> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> modélisation hydrodynamique et hydrobiologique <strong>de</strong>s masses<br />

d’eau côtières et estuariennes ;<br />

> étu<strong>de</strong>s du fonctionnement écologiques <strong>de</strong>s milieux estuariens et côtiers ;<br />

> développement d’outils d’ai<strong>de</strong> à la gestion du littoral (modèles, atlas…).<br />

Hydraulique et programmation <strong>de</strong>s ouvrages<br />

Le thème « Hydraulique et programmation <strong>de</strong>s ouvrages »<br />

concerne les grands ouvrages <strong>de</strong> régulation ou <strong>de</strong> tr<strong>ans</strong>fert<br />

(barrages-réservoirs) et gestion, d<strong>ans</strong> le but <strong>de</strong> se prémunir<br />

contre les aléas hydrauliques <strong>de</strong>s fleuves et rivières et<br />

leurs conséquences (inondations, insécurité <strong>de</strong> l’alimentation<br />

en eau potable <strong>de</strong>s agglomérations).<br />

Gestion intégrée et programmation<br />

<strong>de</strong>s interventions<br />

Les <strong>Agence</strong>s <strong>de</strong> l’eau mettent en œuvre <strong>de</strong>s principes<br />

<strong>de</strong> solidarité économique, <strong>de</strong> concertation entre usagers<br />

<strong>de</strong> l’eau, <strong>de</strong> gestion intégrée et équilibrée par bassin<br />

<strong>de</strong> la ressource en eau et <strong>de</strong>s milieux aquatiques. Mis en<br />

avant par la loi sur l’eau du 3 janvier 1992, ces principes<br />

trouvent leur traduction au niveau local notamment<br />

d<strong>ans</strong> la mise en place <strong>de</strong>s SAGE (Schémas d’aménagement<br />

et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s eaux).<br />

BULLETIN D’ABONNEMENT JUIN 2009<br />

Pour recevoir gracieusement Confluence, retourner ce bulletin rempli à :<br />

<strong>Agence</strong> <strong>de</strong> l’eau <strong>Seine</strong>-<strong>Normandie</strong> Confluence, 51, rue Salvador-Allen<strong>de</strong>, 92027 Nanterre Ce<strong>de</strong>x<br />

NOM…....................................................... PRÉNOM…......................................... FONCTION….............................<br />

ORGANISME ................................................................................ N° SIRET .................................. CODE APE…...........<br />

ADRESSE ..........................................................................................................................................................................<br />

CODE POSTAL ............................. VILLE ..........................................................................................................................<br />

31


Tout le mon<strong>de</strong> consomme <strong>de</strong> l’eau,<br />

tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait s’y intéresser.<br />

Mais où trouver l’information qui vous<br />

concerne spécifiquement, vous particulier,<br />

agriculteur ou industriel, vous élu local,<br />

vous membre d’une association<br />

ou éducateur ?<br />

Sur www.eau-seine-normandie.fr<br />

le site <strong>de</strong> votre agence <strong>de</strong> l’eau,<br />

l’<strong>Agence</strong> <strong>Seine</strong> <strong>Normandie</strong>.<br />

D’où vient votre eau quotidienne ?<br />

Qu'en est-il <strong>de</strong> sa qualité ? De son prix ?<br />

Agriculteur Collectivité Entreprise Expert Association Enseignant Presse<br />

Informez-vous sur l’eau, la vôtre.<br />

Venez naviguer sur<br />

www.eau-seine-normandie.fr<br />

personne ne vous en dira autant,<br />

aussi vite.<br />

Quels sont les ai<strong>de</strong>s et les financements<br />

dont vous pouvez bénéficier pour réaliser<br />

<strong>de</strong>s travaux et construire <strong>de</strong>s équipements<br />

<strong>de</strong>stinés à protéger la ressource en eau ?<br />

Comment mieux et moins la consommer ?<br />

Quels réflexes citoyens adopter<br />

pour préserver le futur ?<br />

Vous trouverez chaque fois <strong>de</strong>s réponses<br />

adaptées à votre cas.<br />

Ce site a tout spécialement été conçu<br />

pour répondre vite et bien aux questions<br />

que chacun peut se poser à propos<br />

<strong>de</strong> l’eau, en vous donnant un maximum<br />

<strong>de</strong> liens vers <strong>de</strong>s sites complémentaires.<br />

Venez naviguer sur<br />

www.eau-seine-normandie.fr<br />

Ça vous rafraîchira les idées.

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