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un gratuit qui se lit<br />
N°<strong>60</strong> -<br />
du 13/02/13 au 13/03 /13
Profiter de l’élan<br />
La Capitale culturelle fait son office au-delà des espérances !<br />
Il est réjouissant de voir à quel point le public se mobilise,<br />
son formidable appétit de fête, de cirque, d’expositions !<br />
Marseille Prov<strong>en</strong>ce, territoire culturel, ce n’était donc pas une<br />
galéjade… Le succès populaire du week-<strong>en</strong>d d’ouverture, des<br />
portes ouvertes au Mucem, des concerts à l’Opéra de Marseille<br />
ne tarit pas, et les théâtres, le J1, les musées sont combles.<br />
Un bonheur ? Quelque chose semble <strong>en</strong> route, qui n’abolit<br />
pas les inquiétudes…<br />
Car hors du territoire de Marseille Prov<strong>en</strong>ce les équipem<strong>en</strong>ts<br />
culturels, à Cavaillon ou Gap, sont <strong>en</strong> grande difficulté. À<br />
Marseille même on ne sait ce que devi<strong>en</strong>dra le Gyptis, comm<strong>en</strong>t<br />
seront financés le fonctionnem<strong>en</strong>t de la Friche, de la<br />
Minoterie, de la Criée. Si la baisse des budgets culturels,<br />
Capitale oblige, est moins s<strong>en</strong>sible qu’ailleurs, les compagnies<br />
manqu<strong>en</strong>t dramatiquem<strong>en</strong>t de moy<strong>en</strong>s de productions,<br />
et retard<strong>en</strong>t ou annul<strong>en</strong>t leurs créations. Car la programmation<br />
des nouveaux équipem<strong>en</strong>ts va reposer sur un recours<br />
massif à des <strong>en</strong>treprises privées, qui n’ont aucune raison de<br />
financer la création. La privatisation de l’espace public est<br />
déjà à l’œuvre, et tandis que des boutiques de luxe s’install<strong>en</strong>t<br />
dans le triangle d’or marseillais pour y v<strong>en</strong>dre des sacs<br />
vides et des diamants étincelants, les journaux se meur<strong>en</strong>t,<br />
le livre décline, et les œuvres de l’esprit sont méprisées.<br />
Comm<strong>en</strong>t alors profiter de l’élan ? Si la population est au<br />
r<strong>en</strong>dez-vous, a cette soif de partager, découvrir, r<strong>en</strong>contrer,<br />
il faut l’am<strong>en</strong>er vers des formes plus ambitieuses, non marchandes,<br />
qui donn<strong>en</strong>t à réfléchir, émerveill<strong>en</strong>t mais ouvr<strong>en</strong>t<br />
aussi des portes, ménag<strong>en</strong>t des accès à tous tout <strong>en</strong> préservant<br />
le temps de la recherche, de la composition, de la<br />
création d’œuvres et de concepts.<br />
Le plus gros échec de l’année capitale serait de dévoyer la<br />
notion même de culture. De faire v<strong>en</strong>ir David Guetta au Parc<br />
Borély avec les subsides de la Ville de Marseille, par exemple !<br />
La véritable création musicale, théâtrale, sci<strong>en</strong>tifique, coûte<br />
cher. Et a peu de retombées médiatiques, donc politiques.<br />
Mais là se joue le progrès possible de l’humanité. Son émancipation<br />
intellectuelle, sa vraie richesse, sa révolte et sa<br />
liberté.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Politique culturelle<br />
Éducation artistique, Marseille ville jeunesse 4, 5<br />
CAC Musiques actuelles, Point de Bascule 6<br />
Événem<strong>en</strong>ts<br />
Les Hivernales, Greli Grelo 8<br />
Mare Nostrum, Mars <strong>en</strong> baroque 9<br />
Entreti<strong>en</strong> avec Macha Makeïeff, Fotokino 10<br />
Lignes de faille, Made in Friche, Avec le temps 11<br />
Critiques<br />
Théâtre<br />
La Criée, Gymnase, Gyptis 12<br />
Bernardines, L<strong>en</strong>che, Toursky 13<br />
Martigues, Châteauvallon, Toulon, Avignon 14, 15<br />
Jeune Public<br />
Massalia, La Criée, Ouest Prov<strong>en</strong>ce 16<br />
Danse<br />
Aubagne, Silo 17<br />
Musique<br />
KLAP, ABD Gaston Defferre 18<br />
GTP, Musicatreize 19<br />
Opéra Toulon, Marseille, Avignon 20<br />
Cité de la Musique, Poste à Galène 21<br />
Au programme<br />
Théâtre 22 à 26<br />
Jeune public 27<br />
Danse 28, 29<br />
Musique 30 à 37<br />
R<strong>en</strong>contres 38, 39<br />
Livres<br />
R<strong>en</strong>contres 40 à 43<br />
Littérature 44 à 46<br />
Arts 47<br />
Idées 48<br />
CD 49<br />
Cinéma 50 à 53<br />
Arts visuels 54 à 58<br />
Confér<strong>en</strong>ces <strong>60</strong><br />
R<strong>en</strong>contres 61<br />
Histoire 62, 63<br />
Philosophie 64<br />
Sci<strong>en</strong>ces 66<br />
Cahier c<strong>en</strong>tral Marseille-Prov<strong>en</strong>ce 2013<br />
Le Pavillon M<br />
Les expositions<br />
Cirque <strong>en</strong> Capitales<br />
II<br />
IV à VII<br />
VIII à XII<br />
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Éducation artistique et cultu<br />
04<br />
P<br />
O<br />
LITI<br />
Q<br />
U<br />
E<br />
C<br />
ULTURELLE<br />
Vinc<strong>en</strong>t Peillon et Aurélie<br />
Filippetti ont <strong>en</strong>fourché un<br />
cheval de bataille commun !<br />
Tandis que l’un veut réformer les rythmes scolaires<br />
et faire <strong>en</strong>trer dans les préoccupations<br />
scolaires et périscolaires la pratique des arts<br />
et l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de leur histoire, la ministre<br />
de la Culture a organisé une vaste consultation<br />
sur l’éducation artistique et culturelle.<br />
Un rapport <strong>en</strong> est déjà issu i qui pointe la<br />
richesse des expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées, mais aussi<br />
l’extrême difficulté d’offrir à tous les <strong>en</strong>fants<br />
un parcours artistique qui lui permette de<br />
fréqu<strong>en</strong>ter et pratiquer les arts… les membres<br />
du comité soulignant avec pertin<strong>en</strong>ce que l’offre<br />
culturelle s’adresse souv<strong>en</strong>t aux mêmes.<br />
D’autres embûches sont soulevées, plus ou<br />
moins explicitem<strong>en</strong>t, dans ce rapport, qui souligne<br />
l’impossibilité d’uniformiser l’expéri<strong>en</strong>ce<br />
artistique, la place mal définie de la culture<br />
sci<strong>en</strong>tifique (savoir ou questionnem<strong>en</strong>t épistémologique<br />
?), et le danger sous-jac<strong>en</strong>t<br />
d’obliger les artistes à ori<strong>en</strong>ter leur travail vers<br />
une transmission qui va parfois à l’<strong>en</strong>contre<br />
des impératifs de la création.<br />
Cette consultation se poursuit actuellem<strong>en</strong>t par<br />
un Tour de France, dont on espère qu’il fera<br />
remonter vers le ministère l’excell<strong>en</strong>ce de<br />
certaines expéri<strong>en</strong>ces m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> région PACA<br />
(voir p 8, 10, 16, 18, 56 et 61 !), et n’aboutira<br />
pas au parachutage d’initiatives uniformisées<br />
obligatoires.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, l’ess<strong>en</strong>tiel dans notre territoire n’a<br />
pas besoin d’une consultation pour sauter aux<br />
yeux : les <strong>en</strong>fants manqu<strong>en</strong>t cruellem<strong>en</strong>t de<br />
lieux de pratique, la vie associative est sous<br />
perfusion et les lieux d’éducation populaire<br />
sont mourants. À cause d’un manque de subsides<br />
publics, et d’une répartition catastrophique<br />
des équipem<strong>en</strong>ts sur certains territoires, comme<br />
les quartiers nord marseillais. À cause aussi d’un<br />
abandon progressif par les comités d’<strong>en</strong>treprise<br />
de leurs ambitions culturelles. À cause<br />
surtout d’une l<strong>en</strong>te aliénation des esprits par<br />
les médias audiovisuels qui cass<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>treprise<br />
culturelle de l’école, et dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t du<br />
MCC : lorsque les chaînes publiques cesseront<br />
de traiter la culture <strong>en</strong> fin de journal et <strong>en</strong> la<br />
confondant avec le divertissem<strong>en</strong>t et la vie<br />
des stars, le MCC aura fait l’ess<strong>en</strong>tiel du<br />
travail…<br />
Construire avec les <strong>en</strong>seignants<br />
Un autre écueil, de taille, au projet de la ministre<br />
de construire un projet artistique et culturel<br />
pour chaque élève, repose dans l’état actuel<br />
de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique <strong>en</strong> temps sco-<br />
Transmettre, à tous, sans langue<br />
Lors du 29 e colloque national Éducation<br />
et dev<strong>en</strong>ir, une table ronde abordait<br />
la complexité des problématiques de<br />
transmission de l’art auprès des<br />
populations scolaires<br />
Les interv<strong>en</strong>ants apportai<strong>en</strong>t leur<br />
contribution par des témoignages,<br />
concernant dans un premier<br />
temps les pratiques artistiques<br />
<strong>en</strong> milieu scolaire avec des rapports<br />
d’expéri<strong>en</strong>ce. Dominique<br />
Raybaud pour le Théâtre du C<strong>en</strong>taure<br />
dont la spécificité est de<br />
travailler <strong>en</strong> osmose avec les chevaux,<br />
<strong>en</strong> fabriquant des comédi<strong>en</strong>s<br />
hybrides, prés<strong>en</strong>tait le travail<br />
effectué avec des <strong>en</strong>fants des<br />
Quartiers Nord de Marseille.<br />
Elle expliquait le travail <strong>en</strong> amont<br />
avec les associations, et le<br />
Théâtre du Merlan, pour effectuer<br />
la r<strong>en</strong>contre ; puis les li<strong>en</strong>s<br />
tissés avec les scolaires, le rôle<br />
de passeur des acteurs, et le<br />
principe du surgissem<strong>en</strong>t. Car le<br />
c<strong>en</strong>taure ne cherche pas l’appr<strong>en</strong>tissage<br />
du savoir, mais plutôt un<br />
choc, et parie sur le fait de désarçonner<br />
les élèves pour qu’ils se<br />
reconstruis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite. Un petit<br />
film bouleversant d’émotion était<br />
alors projeté, 40 jum<strong>en</strong>ts et leurs<br />
poulains au galop dans une cité,<br />
avec les <strong>en</strong>fants qui cour<strong>en</strong>t avec<br />
eux, illuminés de sourires radieux...<br />
Ré<strong>en</strong>chanter le réel, une première<br />
étape, qu’il ne faut pas laisser<br />
<strong>en</strong>suite s’effacer ! Céline Jolivet<br />
pour le Ballet Preljocaj parle de<br />
la s<strong>en</strong>sibilisation des publics,<br />
s’appuyant sur une expéri<strong>en</strong>ce<br />
d’ancrage territorial <strong>en</strong> Pays<br />
d’Aix, et des interv<strong>en</strong>tions de la<br />
maternelle à l’université. Qui<br />
comport<strong>en</strong>t trois axes : la r<strong>en</strong>contre<br />
des artistes et des œuvres, la<br />
pratique artistique (les interv<strong>en</strong>ants<br />
se situ<strong>en</strong>t sur ces deux<br />
axes) et le savoir qui est disp<strong>en</strong>sé<br />
par les <strong>en</strong>seignants. Ainsi le<br />
Groupe d’interv<strong>en</strong>tion dansée<br />
(GUID) prés<strong>en</strong>te des extraits du<br />
répertoire de Ballet, s<strong>en</strong>sibilise,<br />
sort des salles traditionnelles ; le<br />
Pavillon Noir ouvre ses portes à<br />
des visites, à de nombreuses<br />
séances scolaires adaptées,<br />
comm<strong>en</strong>tées, préparées ; et les<br />
danseurs particip<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts<br />
spécialisés <strong>en</strong> Lycée.<br />
Mais Céline Jolivet insiste surtout<br />
sur l’importance des <strong>en</strong>seignants,<br />
interlocuteurs ess<strong>en</strong>tiels, qui seuls<br />
sav<strong>en</strong>t évaluer les impacts, les<br />
appropriations des uns et des autres,<br />
et seuls peuv<strong>en</strong>t les cadrer,<br />
les organiser, r<strong>en</strong>dre effectives<br />
les r<strong>en</strong>contres.<br />
Puis Loïc Bastos pour Les Suds<br />
à Arles explique comm<strong>en</strong>t le<br />
festival s’ancre sur le territoire<br />
avec 40 stages autour du festival :<br />
si ce grand événem<strong>en</strong>t estival<br />
des musiques du monde effectue<br />
un travail considérable avec les<br />
éducateurs sociaux, et se préoccupe<br />
du li<strong>en</strong> intergénérationel, il<br />
intervi<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> milieu<br />
scolaire, avec des projets à l’année,<br />
<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong> SEGPA (classes<br />
d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t adapté pour<br />
élèves <strong>en</strong> difficulté <strong>en</strong> collège).<br />
Il déplore que la réussite des<br />
projets dép<strong>en</strong>de trop souv<strong>en</strong>t du<br />
volontarisme des équipes éducatives,<br />
affirme qu’il est impossible<br />
de produire un bon travail avec<br />
une classe de 30, et déf<strong>en</strong>d aussi<br />
une politique qualitative et non<br />
quantitative.<br />
La culture dans<br />
les territoires<br />
Peut-on alors, puisque cette transmission<br />
ne peut être de masse,<br />
toucher tous les élèves de façon<br />
égalitaire ? Le premier problème<br />
évoqué est celui des équipem<strong>en</strong>ts<br />
culturels, et des transports. Claude<br />
Fiaert, conseiller général des<br />
Alpes de Haute-Prov<strong>en</strong>ce, évoque<br />
la spécificité de son
elle<br />
laire. Disp<strong>en</strong>sé à l’école primaire et maternelle<br />
par des <strong>en</strong>seignants très rarem<strong>en</strong>t épaulés par<br />
des interv<strong>en</strong>ants extérieurs, au collège par des<br />
professeurs très bi<strong>en</strong> formés mais dans des<br />
conditions que chacun sait impossible (on<br />
n’<strong>en</strong>seigne pas l’art à des groupes de 25 à 30<br />
élèves, à moins de vouloir les dégoûter à vie<br />
de la flûte à bec et de l’art contemporain),<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique disparait au lycée<br />
<strong>en</strong> dehors des sections spécialisées, ou des rares<br />
options proposées aux sections générales.<br />
Pire, les classes qui aurai<strong>en</strong>t le plus besoin<br />
sans doute du contact avec l’art <strong>en</strong> sont exclues<br />
: SEGPA (<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t adapté <strong>en</strong> collège),<br />
lycées professionnels (<strong>en</strong> dehors des lycées<br />
agricoles), lycées technologiques ne bénéfici<strong>en</strong>t<br />
d’aucun <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique, et<br />
d’aucune possibilité de pratiquer un art.<br />
Il est clair d’ailleurs que le peu d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
artistique au collège ne vise pas à la<br />
pratique : sans instrum<strong>en</strong>ts, sans matériel,<br />
avec des élèves assis à leur bureau dans le<br />
cadre de salles inadaptées comm<strong>en</strong>t pratiquer<br />
la musique, la danse, le théâtre, comm<strong>en</strong>t<br />
sortir les arts plastiques de l’espace plan de<br />
la feuille pour <strong>en</strong> faire toucher la matière et le<br />
volume ?<br />
Le remède préconisé ces dernières années<br />
dans l’Éducation Nationale est le recours<br />
magique à … l’Histoire des Arts. Nécessitant<br />
beaucoup moins de moy<strong>en</strong>s, praticable <strong>en</strong><br />
classe <strong>en</strong>tière, c’est la panacée ! Sauf que<br />
celui qui aime les arts sait intimem<strong>en</strong>t qu’il y<br />
a accédé <strong>en</strong> jouant, <strong>en</strong> dessinant, <strong>en</strong> dansant<br />
au moins un peu lui-même… ce que le temps<br />
scolaire ne actuellem<strong>en</strong>t donner, que le<br />
périscolaire ne fournira pas sans moy<strong>en</strong> (Le<br />
ministère de l’Éducation nationale veut-il <strong>en</strong><br />
mettre ? ), et que le «hors scolaire» disp<strong>en</strong>se<br />
pour l’heure très inégalitairem<strong>en</strong>t, à ceux qui<br />
<strong>en</strong> ont les moy<strong>en</strong>s, et l’habitude familiale.<br />
De plus, actuellem<strong>en</strong>t, aucun horaire supplém<strong>en</strong>taire<br />
n’est affecté à l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t de<br />
l’Histoire des Arts <strong>en</strong> collège, qui ampute donc<br />
les heures d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t artistique, d’EPS,<br />
d’histoire ou de lettres selon la bonne volonté<br />
des <strong>en</strong>seignants, <strong>en</strong> plus des programmes…<br />
Les seules classes qui y accèd<strong>en</strong>t sont donc<br />
déjà celles qui n’ont pas de difficultés avec<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t disciplinaire.<br />
Il serait certainem<strong>en</strong>t plus efficace, pour disp<strong>en</strong>ser<br />
une éducation artistique et culturelle de<br />
qualité, de rep<strong>en</strong>ser d’abord ses modalités d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> classe, avec les <strong>en</strong>seignants, <strong>en</strong><br />
écoutant <strong>en</strong>fin le B.A.BA de leurs besoins…<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
1<br />
www.culturecommunication.gouv.fr/Politiquesministerielles/Consultation-education<br />
-artistique-et-culturelle<br />
de bois<br />
départem<strong>en</strong>t de 165 000 habitants, un territoire<br />
diffus qui a une histoire industrielle.<br />
Une politique ambitieuse de développem<strong>en</strong>t<br />
culturel est à l’œuvre, <strong>en</strong> particulier dans la<br />
Communauté de Moy<strong>en</strong>ne Durance qui compte<br />
15 000 habitants. Elle repose avant tout<br />
sur des équipem<strong>en</strong>ts, des lieux où initier les<br />
r<strong>en</strong>contres avec les artistes (Théâtre Durance,<br />
médiathèque, cinéma), des lieux de pratique<br />
artistique (écoles de musique, de danse…),<br />
un souti<strong>en</strong> volontariste au milieu associatif,<br />
et des actions de médiation qui favoris<strong>en</strong>t<br />
l’accès aux spectacles. Ainsi au théâtre Durance<br />
des passionnés développ<strong>en</strong>t des actions<br />
avec les établissem<strong>en</strong>ts scolaires, ménageant<br />
des r<strong>en</strong>contres avec les artistes, des projets<br />
danse, cinéma, des ateliers avec Sonia Chiambretto<br />
<strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce d’écriture…<br />
Claire Antognozza, adjoint au maire de la<br />
ville d’Arles et déléguée à la culture, évoque<br />
une autre situation d’éloignem<strong>en</strong>t de la culture<br />
: la pauvreté. À Arles, comme à Marseille,<br />
52% de la population n’est pas imposable.<br />
Un travail important s’effectue <strong>en</strong>tre la Mairie,<br />
l’éducation nationale, la DRAC, les autres<br />
part<strong>en</strong>aires. La mission de la mairie est de<br />
poser la question de l’égalité dans la répartition<br />
égale, voire volontairem<strong>en</strong>t ciblée <strong>en</strong>vers<br />
les populations éloignées, des propositions<br />
culturelles, qui ont trop t<strong>en</strong>dance à se porter<br />
vers les élèves déjà proches de la culture.<br />
Laur<strong>en</strong>t Lucchini, proviseur du Lycée Victor<br />
Hugo, établissem<strong>en</strong>t dit «prioritaire», insiste<br />
sur la grande pauvreté de l’hyperc<strong>en</strong>tre de<br />
Marseille : sur les 20 000€ alloués par l’État<br />
au Lycée, 14 000€ sont attribués au fond social,<br />
et il reste peu pour financer les actions<br />
culturelles. D’où l’importance des part<strong>en</strong>ariats<br />
passés avec le secteur culturel : la Friche de<br />
la Belle de Mai offre ses salles pour la pratique<br />
artistique, les projets europé<strong>en</strong>s, régionaux,<br />
le dispositif des PAM, les part<strong>en</strong>ariats avec<br />
les associations, les places de concert et de<br />
spectacles offertes par nombre de compagnies<br />
et de lieux permett<strong>en</strong>t seules d’offrir une<br />
véritable vie culturelle aux élèves. Laur<strong>en</strong>t<br />
Lucchini souligne égalem<strong>en</strong>t le rôle des chefs<br />
d’établissem<strong>en</strong>ts, qui est de faciliter la tâche<br />
des <strong>en</strong>seignants, très sollicités, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant<br />
<strong>en</strong> considération le temps important qu’ils<br />
consacr<strong>en</strong>t à l’organisation de l’activité culturelle<br />
: ces activités, «chronophages et énergivore<br />
pour les <strong>en</strong>seignants qui ont le courage de<br />
s’investir» «instaur<strong>en</strong>t un climat de confiance<br />
et apport<strong>en</strong>t de vraies bouffées d’oxygène».<br />
Qu’il faudrait pouvoir rémunérer et pr<strong>en</strong>dre<br />
<strong>en</strong> compte dans les horaires de travail des<br />
<strong>en</strong>seignants ? On att<strong>en</strong>dait beaucoup de la<br />
conclusion de Chantal Ohanessian, déléguée<br />
académique à l’éducation artistique et culturelle.<br />
Les problèmes de spécificité de la<br />
transmission artistique, de la pratique, de<br />
l’égalité territoriale, la question du temps de<br />
travail pour les <strong>en</strong>seignants avai<strong>en</strong>t été remarquablem<strong>en</strong>t<br />
évoqués par les interv<strong>en</strong>ants.<br />
Mais la déléguée académique s’est livrée à un<br />
exercice langue de bois remarquable, formulant<br />
un discours abscons qui n’évoquait aucune<br />
des problématiques soulevées, oubliant ce<br />
que signifie le terme colloque, et empêchant<br />
par la longueur de son discours toute discussion<br />
avec la salle… Une attitude qui augure<br />
bi<strong>en</strong> mal de la capacité d’écoute et de<br />
changem<strong>en</strong>t de la hiérarchie de l’Éducation<br />
Nationale !<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
La table ronde du 19 janvier du colloque Culture(s)<br />
à l’école : un <strong>en</strong>jeu pour l’égalité était animée<br />
par Agnès Freschel
Le monde et l’actuel<br />
06<br />
É<br />
V<br />
É<br />
N<br />
E<br />
M<br />
E<br />
N<br />
TS<br />
Depuis trois ans la Région<br />
PACA édite, avec l’Arcade,<br />
quelque temps avant Babel<br />
Med, une compilation promotionnelle<br />
de musiques<br />
actuelles qui permet de<br />
donner une visibilité aux<br />
groupes aidés par son Conseil<br />
Artistique à la Création<br />
(Cac). Cette année cette<br />
compilation gratuite, distribuée<br />
dans les marchés<br />
nationaux des arts vivants,<br />
rassemble 29 titres de musiques<br />
actuelles, auxquels<br />
Compile CAC 2012<br />
s’ajout<strong>en</strong>t 28 groupes de musique du monde.<br />
Cet outil promotionnel, de qualité, s’ajoute aux<br />
dispositifs converg<strong>en</strong>ts que la Région met <strong>en</strong> place<br />
pour sout<strong>en</strong>ir et professionnaliser ces musiques.<br />
Ainsi Cécile Helle, vice-présid<strong>en</strong>te déléguée à la<br />
culture, soulignait «l’importance d’un réseau prés<strong>en</strong>t<br />
dans tout le territoire, où autour des musiques des<br />
choses se tiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre pratique et diffusion, et mutualisation<br />
des équipem<strong>en</strong>ts». En effet la région<br />
PACA souti<strong>en</strong>t à la diffusion 15 structures conv<strong>en</strong>tionnées,<br />
plus quelques lieux nouveaux, subv<strong>en</strong>tionne<br />
une dizaine d’équipem<strong>en</strong>ts de répétition labellisés,<br />
3 c<strong>en</strong>tres de formation professionnelle… Ces aides<br />
s’augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d’un souti<strong>en</strong> massif aux festivals comme<br />
Marsatac ou Babel Med, et <strong>en</strong> 2013 de l’opération Le<br />
Monde est chez vous (voir Zib’58).<br />
Pertin<strong>en</strong>ce et efficacité ?<br />
Cette approche structurée d’un monde artistique qui<br />
l’est peu, et chemine parfois directem<strong>en</strong>t de<br />
l’underground rebelle aux industries culturelles médiatiques,<br />
introduit un critère qualitatif qui facilite<br />
la sortie de l’anonymat et de la précarité économique,<br />
et doit <strong>en</strong> principe s’arrêter lorsque l’<strong>en</strong>treprise<br />
artistique est dev<strong>en</strong>ue médiatique et r<strong>en</strong>table. Mais<br />
le CAC, qui dispose d’une <strong>en</strong>veloppe de 300 000 €<br />
annuels pour 57 groupes aidés, soit une moy<strong>en</strong>ne de<br />
5200 € par groupe, ne peut évidemm<strong>en</strong>t pas suffire<br />
à les produire : cette aide est pourtant dev<strong>en</strong>ue un<br />
apport indisp<strong>en</strong>sable dans un secteur <strong>en</strong> crise où le<br />
disque meurt, et où les artistes bankables t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t<br />
de moins <strong>en</strong> moins la main aux émerg<strong>en</strong>ts, tout <strong>en</strong><br />
monopolisant les affiches des festivals, des scènes<br />
musicales voire généralistes…<br />
Le rapprochem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre Musiques du monde et Musiques<br />
actuelles est une idée pertin<strong>en</strong>te, puisqu’on<br />
y retrouve les mêmes caractéristiques : une quasi<br />
abs<strong>en</strong>ce de femmes, <strong>en</strong> dehors de quelques-unes qui<br />
chant<strong>en</strong>t, mais ne jou<strong>en</strong>t pas (voir p 64) ; des harmonies<br />
et des rythmes pas très inv<strong>en</strong>tifs, mais des<br />
paroles et des propos qui port<strong>en</strong>t, et des émotions…<br />
On s’étonne toutefois de trouver parmi ces groupes<br />
aidés les mêmes qui devrai<strong>en</strong>t depuis des années<br />
être sortis de ces dispositifs transitoires pour faire<br />
place à la véritable émerg<strong>en</strong>ce : Juan Carmona,<br />
Françoise Atlan, voire Archie Shepp (si si, avec<br />
Raphaël Imbert et Manon Rampal..) devrai<strong>en</strong>t<br />
pouvoir se passer du souti<strong>en</strong> du CAC… mais le contexte<br />
économique amène à retrouver d’année<br />
<strong>en</strong> année Lo Cór de la Plana, la Fanfare<br />
Vagabontu, Paratge, Sam Karpiénia,<br />
Ottilie [B], Ahamada Smis, Christophe<br />
Leloil ou Nicolas Cante. Ce qui<br />
permet une compilation régionale d’une<br />
sacrée qualité ! Avec ce double disque<br />
on <strong>en</strong> découvre d’autres aussi, qui<br />
bi<strong>en</strong>tôt on l’espère n’auront plus besoin<br />
du CD du CAC pour être <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus !<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Disparition/ apparition<br />
Il fut question, durant la confér<strong>en</strong>ce de presse, de la fermeture du Gr<strong>en</strong>ier à sons à<br />
Cavaillon, une des 16 structures conv<strong>en</strong>tion-nées Lieu de Développem<strong>en</strong>t de Musiques<br />
Actuelles. Les subv<strong>en</strong>tions auparavant allouées à cette scène, fermée pour cause d’arrêt<br />
brutal de subv<strong>en</strong>tionnem<strong>en</strong>t de la Ville de Cavaillon, sont reportées par la Région, l’État<br />
et le Conseil Général 84 sur une nouvelle scène de musiques actuelles (SMAC) de territoire<br />
qui regroupe La Gare Coustellet, Akwaba à Châteauneuf-de-Gadagne et Freesson. Le<br />
Vaucluse ne perd donc «que» la subv<strong>en</strong>tion de la Ville de Cavaillon, qui coupe aussi les<br />
subsides de la Scène nationale, et décidém<strong>en</strong>t ne mise pas sur la culture pour sortir un<br />
électorat massivem<strong>en</strong>t FN de ses horizons étroits… A.F.<br />
Disparition/structuration<br />
Le Point de Bascule, lieu délicieusem<strong>en</strong>t atypique à Marseille, porté par une équipe de<br />
bénévoles écolos plus gauchistes qu’anars, va mal. Dans cette très belle double salle<br />
voutée qui ne vit que de ses adhésions, les artistes se produis<strong>en</strong>t comme chez eux, les<br />
associations se rassembl<strong>en</strong>t, la marchandise de récup circule comme la parole, et des<br />
mom<strong>en</strong>ts formidables, politiques, se viv<strong>en</strong>t. Mais jusqu’alors le Point de Bascule<br />
n’obéissait pas aux normes des salles, n’acquittait<br />
pas ses droits, ne rémunérait pas les artistes sinon à<br />
la recette… ce que lui reproch<strong>en</strong>t des collectivités<br />
qui ne veul<strong>en</strong>t pas subv<strong>en</strong>tionner une association aux<br />
pratiques libertaires intéressantes, mais peu légales.<br />
Or le Point de Bascule, acculé économiquem<strong>en</strong>t, a<br />
fait aujourd’hui de vrais efforts de structuration : il serait<br />
plus que dommage que ce lieu alternatif bascule hors<br />
de la viabilité… lui qui ne demande pas grand-chose,<br />
sinon de parv<strong>en</strong>ir à payer son loyer ! A.F.<br />
Vous pouvez d’ailleurs sout<strong>en</strong>ir le Point de Bascule ici,<br />
<strong>en</strong> adhérant ! www.lepointdebascule.fr<br />
Francois Pecqueur, responsable du Point de bascule,<br />
lors d'un vrai-faux proces à Monsanto © X-D.R<br />
Apparition/ contestation<br />
Comm<strong>en</strong>t ! La Ville de Marseille a attribué à Adam Concerts 400 000 € pour faire v<strong>en</strong>ir<br />
David Guetta au Parc Borély cet été ? Cette confusion <strong>en</strong>tre culture et événem<strong>en</strong>tiel, et<br />
<strong>en</strong>tre intérêt privé et subsides publics, est emblématique des dérives des industries<br />
culturelles. Les tourneurs qui font v<strong>en</strong>ir des artistes bankables <strong>en</strong> retir<strong>en</strong>t un large<br />
bénéfice économique : 23 000 places, à 50 € de moy<strong>en</strong>ne, sont mises <strong>en</strong> v<strong>en</strong>te, soit 1,15<br />
million d’euros, sans compter l’exclusivité de la v<strong>en</strong>te aux buvettes… Ils n’ont aucune<br />
raison de recevoir de l’arg<strong>en</strong>t public… Si l’été marseillais manque de fête et de concerts,<br />
et si Adam concerts a parfaitem<strong>en</strong>t le droit de faire v<strong>en</strong>ir la star musicale française la<br />
mieux payée du show biz, quel est donc l’intérêt culturel de cette musique pauvre à<br />
pleurer, qui de plus n’a aucun besoin des subsides publics pour générer des bénéfices<br />
indéc<strong>en</strong>ts, au vu des difficultés économiques des vrais artistes ? A.F.
08<br />
É<br />
V<br />
É<br />
N E M E N TS En résistance<br />
La semaine de la danse pr<strong>en</strong>d ses quartiers<br />
d’hiver autour d’Avignon<br />
Pour la 35 e édition des Hivernales,<br />
Anci<strong>en</strong> interprète de Bagouet,<br />
le C<strong>en</strong>tre de Développem<strong>en</strong>t<br />
Chorégraphique relève le défi des<br />
contraintes économiques et ét<strong>en</strong>d<br />
le festival sur le territoire régional.<br />
Face à la baisse des crédits, le<br />
directeur Emmanuel Serafini, <strong>en</strong><br />
Fabrice Ramalingom prés<strong>en</strong>te la<br />
pièce punk jubilatoire My Pogo (27<br />
fév au Thor). Retrouvailles avec<br />
l’américain Jonah Bokaer qui interroge<br />
dans Le Syndrome d’Ulysse<br />
(25 fév à Sorgues) sa double id<strong>en</strong>-<br />
préambule d’un programme axé sur<br />
la Méditerranée, lance un «appel<br />
à résister», inquiet de sa pér<strong>en</strong>nité.<br />
Malgré ce contexte, le festival continue<br />
d’inv<strong>en</strong>ter des formes, invite<br />
par dizaine les danseurs sur les plateaux,<br />
r<strong>en</strong>d des hommages, prés<strong>en</strong>te<br />
4 expositions, crée des part<strong>en</strong>ariats<br />
intellig<strong>en</strong>ts… pour 36 r<strong>en</strong>dez-vous<br />
à la découverte de chorégraphes<br />
de notre région et du bassin méditerrané<strong>en</strong>,<br />
auxquels se rajout<strong>en</strong>t<br />
15 stages, dans des formules plus<br />
flexibles (et moins chères) sur 2,<br />
4, 8 jours. Dont : une classe quotidi<strong>en</strong>ne<br />
de Nina Dipla, la danse<br />
verticale avec Antoine Le Ménestrel,<br />
un atelier m<strong>en</strong>é par Dominique<br />
Dupuy.<br />
Le 23 fév, c’est avec le Marathon<br />
Bagouet que le ton sera donné. Le<br />
Palais des Papes recevra dans trois<br />
de ses sublimes salles danseurs<br />
confirmés et jeune génération pour<br />
interpréter ses pièces (le groupe<br />
Coline, Annabelle Pulcini, l’école<br />
cannoise Rosella Hightower,<br />
l’ENSD de Marseille, Christian<br />
Ubl et Edith Christophe). À la<br />
Chartreuse, Christian Bourigault<br />
repr<strong>en</strong>dra F. et Stein, pièce emblématique,<br />
tandis qu’Angels Margarit<br />
et Thomas Hauert y offriront un<br />
voyage dans From B to B (1 er mars).<br />
Sonnez «greli grelo» au Vélo !<br />
Organisé par le Vélo Théâtre, le festival pour toute<br />
la famille débarque dans les communes du Pays<br />
d’Apt. Neuf jours de théâtre, musique, danse, par<br />
des compagnies d’ici, de France, d’Italie ou de<br />
Belgique, installées dans les quartiers ou sous<br />
chapiteau, à tout petits prix : la belle affaire ! Pour<br />
débuter <strong>en</strong> fanfare cette 6 e édition, un Bal Sucré<br />
Salé avec L’Unité Spéciale des Kamikazes Urbains<br />
Libres : accordéons, clarinettes, violons, cornet à<br />
piston… feront danser petits et grands (1 er mars).<br />
Avec Molin-Molette, les <strong>en</strong>fants vivront une<br />
expéri<strong>en</strong>ce clownesque avec un duo chercheur qui<br />
élève des ressorts et fabrique du sil<strong>en</strong>ce (1 er et 3<br />
mars). Lionel Romieu et Jean-Philippe Barrios<br />
dévoileront leur cuisine interne dans le spectacle<br />
musical Yorg-itsa (4 et 5 mars). Le Teatro de<br />
Festival Greli Grelo<br />
Pays d’Apt<br />
du 1 er au 9 mars<br />
04 90 04 85 25<br />
www.velotheatre.com<br />
tité culturelle, le chorégraphe<br />
catalan Pere Faura qui joue avec<br />
des titres de journaux dans Diari<br />
d’accions (1 er mars à Sorgues) et<br />
Thomas Ferrand pour «une version<br />
hallucinée du Dom Juan de<br />
Molière» dans Mon amour (2 mars<br />
au GiraSole).<br />
Des textes à danser<br />
Dominique Dupuy revi<strong>en</strong>t pour<br />
deux versions d’Acte sans paroles<br />
de Beckett, avec le circassi<strong>en</strong> Tsirihaka<br />
Harrivel (24 fév au Chi<strong>en</strong><br />
qui Fume). Dans le bel écrin de<br />
l’Opéra Hervé Koubi repr<strong>en</strong>d Ce<br />
que le jour doit à la nuit, créé au<br />
Pavillon Noir aixois d’après le roman<br />
de Yasmina Khadra (23 fév).<br />
Nouveaux part<strong>en</strong>ariats avec le<br />
KLAP à Marseille qui accueille<br />
Laur<strong>en</strong>ce Rondoni et Sandrine<br />
Maisonneuve, qui travaill<strong>en</strong>t à<br />
partir des métamorphoses d’Ovide<br />
avec 14 danseurs égypti<strong>en</strong>s (25 fév,<br />
navettes Avignon/Marseille); et<br />
un Focus sur trois chorégraphes<br />
israéli<strong>en</strong>nes au Pavillon Noir d’Aix<br />
et (28 fév, 1 er mars, navettes).<br />
C’est à partir d’Ingres et de la p<strong>en</strong>sée<br />
de Fatima Mernissi, qu’Héla<br />
Fattoumi et Eric Lamoureux questionn<strong>en</strong>t,<br />
dans Masculines, la<br />
féminité d’une rive à l’autre (26<br />
fév à Cavaillon). À Morières danse<br />
et marionnette esquiss<strong>en</strong>t un pas<br />
de deux dans Krafff, à voir <strong>en</strong> famille<br />
(1 er mars). À Avignon, huit<br />
danseurs se succéderont dans Précipitations<br />
(28 fév à B<strong>en</strong>oit XII)<br />
et une création partagée au théâtre<br />
des Doms avec Bloom Studio 1<br />
et 2 (24 et 25 fév).<br />
Au CDC ? Tomeo Vergés se dévoilera<br />
dans Anatomia publica, <strong>en</strong>tre<br />
saccades et interruptions (1 er mars).<br />
Dans John, Ambra S<strong>en</strong>atore approfondit<br />
la gestuelle masculine<br />
(27 fév au CDC). Sans oublier les<br />
productions : Office du Tourisme<br />
par Michaël Allibert (24 et 25<br />
fév), Carnets de route de Samir El<br />
Yamni (le 26), un «tea-time» à La<br />
Mirande par Robin Decourcy et le<br />
Ballet de l’Opéra d’Avignon (26<br />
fév au 2 mars), un solo et un duo<br />
d’Alain Michard et Mustafa Kaplan<br />
(1 er et 2 mars), une «danse<br />
de jubilation orgiaque» avec Mem<strong>en</strong>to<br />
Mori de Pascal Rambert<br />
(24 fév).<br />
L’artiste grecque Patricia Apergi<br />
clôturera la manifestation mêlant<br />
énergie et humour corrosif dans<br />
D.opa (2 mars à B<strong>en</strong>oit XII).<br />
DELPHINE MICHELANGELI<br />
Rondoni Maisonneuve © Nicolas Michel<br />
La Gr<strong>en</strong>ouille... Cie Vélo Théâtre © X-D.R<br />
Les Hivernales, Avignon, Vaucluse,<br />
La Chartreuse, Aix, Marseille<br />
du 23 fev au 2 mars<br />
04 32 76 05 32<br />
www.hivernales-avignon.com<br />
Piccione déposera dans A Pancia in Su sa douce<br />
poésie autour du quotidi<strong>en</strong>, des peurs et des désirs<br />
(4, 5 et 7 mars). Dans C’est aujourd’hui demain, la<br />
Cie bout d’ôm de Charlotte Smither invitera au<br />
dialogue sur la perception du temps <strong>en</strong>tourée de<br />
trois personnages r<strong>en</strong>versants (6 au 8 mars) et dans<br />
I see you, les belges du Kabinet K offriront un<br />
diptyque pour deux <strong>en</strong>fants, deux personnes âgées<br />
et deux chorégraphes (8 et 9 mars). Expéri<strong>en</strong>ce<br />
s<strong>en</strong>sorielle avec La gr<strong>en</strong>ouille au fond du puits croit<br />
que le ciel est rond, nouvelle création maison du<br />
Vélo Théâtre, pour un spectacle-parcours dans les<br />
souv<strong>en</strong>irs de Monsieur Brin d’Avoine (7 au 9 mars)<br />
et du 4 au 9 mars, les <strong>en</strong>fants (dès 2 ans) suivront<br />
les péripéties de Louise/Alice dans C’est dans la<br />
poche. En avant-goût du festival, le 20 fév, le<br />
Cinémovida d’Apt propose un ciné-goûter animé<br />
avec Malin comme un singe, trois films empruntant<br />
à la peinture et au théâtre d’ombres chinoises.<br />
DE.M.
Les formes de la Méditerranée<br />
Interzone, Ext<strong>en</strong>ded © M. Guillerot<br />
Mare Nostrum, temps fort dévolu à des propositions<br />
théâtrales et musicales des pays du<br />
pourtour de la Méditerranée, s’installe durant<br />
tout le mois de mars aux Salins. Pour comm<strong>en</strong>cer,<br />
le 5 mars, après une résid<strong>en</strong>ce à<br />
l’Étang des Aulnes, Interzone crée Ext<strong>en</strong>ded,<br />
un voyage musical qui s’imprègne de la culture<br />
musicale de chacun des membres de la formation<br />
: Serge Teyssot-Gay (guitare) et Khaled Al<br />
Jaramani (oud), créateur du duo originel, Carol<br />
Robinson (clarinette), Ibrahim Maalouf<br />
(trompette) et Keyvan Chemirani (zarb)(et le<br />
15 fev à la scène nationale de Cavaillon). Le<br />
8 mars, Que la noce comm<strong>en</strong>ce, adaptation et<br />
mise <strong>en</strong> scène, par Didier Bezace, du film de<br />
Horatiu Malaele Les noces sil<strong>en</strong>cieuses, invite<br />
à vivre une noce bousculée dans la Roumanie<br />
de 1953 à la mort de Staline… Le 12 mars les<br />
Invisibles de Nasser Djemaï s’inviteront sur<br />
scène, ces Chibanis, travailleurs immigrés dont<br />
la France était dev<strong>en</strong>ue le pays, mais qu’ils<br />
habit<strong>en</strong>t <strong>en</strong> retraités fantômes. Dans la salle<br />
du bout de la nuit, transformée <strong>en</strong> bateau pour<br />
l’occasion, le Groupe Maritime de Théâtre<br />
joue Jeunesse, le récit de l’odyssée de Judée,<br />
de tempêtes <strong>en</strong> catastrophes sur un vieux raffiot,<br />
voyage initiatique de l’adolesc<strong>en</strong>ce vers<br />
l’âge adulte (le 13 mars). Puis Jean-Claude<br />
Berutti, artiste associé au Théâtre cette saison<br />
<strong>en</strong>core, continue son exploration de l’œuvre<br />
d’Etel Adnan : après J<strong>en</strong>ine, lu dans le cadre de<br />
Mare Nostrum l’an passé, il met <strong>en</strong> scène Un<br />
crime d’honneur, récit d’un des souv<strong>en</strong>irs de jeunesse<br />
d’Etel Adnan (le 15 mars). Le l<strong>en</strong>demain,<br />
le contrebassiste catalan R<strong>en</strong>aud Garcia-Fons<br />
<strong>en</strong>traine le public dans son Solo, <strong>en</strong> faisant partager<br />
«une musique sans frontières ni limites<br />
de style, une musique qui érige des ponts <strong>en</strong>tre<br />
le jazz, le classique et les folklores du monde<br />
méditerrané<strong>en</strong>, ori<strong>en</strong>tal et latin». Enfin, <strong>en</strong><br />
clôture le 26 mars, les Ensembles Jacques<br />
Moderne et Concerto Save donn<strong>en</strong>t à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
un répertoire d’Histoires Sacrées, avec au<br />
programme des œuvres de Giacomo Carissimi<br />
et Dom<strong>en</strong>ico Mazzocchi, pour clôturer Mars <strong>en</strong><br />
baroque (voir ci-dessous).<br />
DO.M.<br />
Mare Nostrum<br />
du 5 au 26 mars<br />
Théâtre des Salins, Martigues<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
09<br />
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TS<br />
Voyage baroque<br />
C’est le voyage qui a façonné la musique occid<strong>en</strong>tale,<br />
fait circuler la composition, et fabriqué cet<br />
art unique reposant sur une sci<strong>en</strong>ce neuve de<br />
l’harmonie. Âge d’or ? Il est passionnant <strong>en</strong> tous<br />
les cas de se p<strong>en</strong>cher sur cette circulation d’un<br />
langage qui a sans doute fait naître la première<br />
p<strong>en</strong>sée europé<strong>en</strong>ne, <strong>en</strong> tant que système et<br />
langage communs… sans parler des g<strong>en</strong>res<br />
naissants de l’opéra (Héroïnes de Rome avec<br />
des airs de Scarlatti, Porpora et Ha<strong>en</strong>del le 16<br />
mars aux ABD), de l’oratorio (Histoires sacrées<br />
le 26 mars aux Salins) et de la musique instrum<strong>en</strong>tale<br />
sans voix (K<strong>en</strong>neth Weiss dans les<br />
Variations Goldberg le 17 mars au Temple<br />
Grignan).<br />
Cette circulation musicale et ces naissances de<br />
formes seront au cœur de la 11 e édition de Mars<br />
<strong>en</strong> Baroque, <strong>en</strong> partant de l’Italie. Edition riche,<br />
qui bénéficie du label MP2013 et du mécénat<br />
de la société générale, débute à Saint Victor<br />
avec Sandrine Piau et Concerto Soave, n’oublie<br />
pas de faire une place de choix aux jeunes<br />
instrum<strong>en</strong>tistes, solistes ou <strong>en</strong>sembles, et se<br />
clôture avec les <strong>en</strong>sembles Jacques moderne<br />
et Concerto Soave, la voix inoubliable de<br />
Marià Cristina Kiehr, et Jean-Marc Aymes au<br />
clavecin. Entre temps 13 lieux auront été<br />
visités pour des concerts bi<strong>en</strong> sûr, mais aussi<br />
des films (Le couronnem<strong>en</strong>t de Poppée et Le<br />
Casanova de Fellini les 5 et 6 mars aux Variétés)et<br />
des confér<strong>en</strong>ces (voir p 32), et, pour<br />
mieux compr<strong>en</strong>dre l’origine de la musique<br />
baroque, une r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le luth et son<br />
cousin méditerrané<strong>en</strong> (Saïd Chraïbi, oud, le<br />
22 mars à la Criée, Paul O’Dette, luth, le 23<br />
mars au Temple Grignan), et une plongée dans<br />
la musique polyphonique du XVI e siècle (Lassus<br />
et la polyphonie franco-flamande par l’<strong>en</strong>semble<br />
Vox luminis le 9 mars à Saint Laur<strong>en</strong>t).<br />
Un voyage, on vous dit !<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Mars <strong>en</strong> Baroque<br />
Du 5 au 26 mars<br />
Marseille, Martigues<br />
04 91 90 93 75<br />
www.mars<strong>en</strong>baroque.com<br />
Sandrine Piau © Antoine Le Grand - naive
Dans le Baba !<br />
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Les Mille et une Nuits, indissociables pour<br />
Macha Makeïeff de son rêve marseillais, étai<strong>en</strong>t<br />
dès l’origine au cœur de son projet de Criée.<br />
À un mois de la création, alors que<br />
les répétitions batt<strong>en</strong>t leur plein, elle nous<br />
explique pourquoi Ali Baba…<br />
Macha Makeïeff © France Keyser<br />
<strong>Zibeline</strong> : Pourquoi ce conte d’ailleurs<br />
et d’un autre temps vous<br />
fait-il rêver ?<br />
Macha Makeïeff : Il porte le bruit<br />
du monde d’aujourd’hui, de la<br />
poésie de Marseille, avec sa fantaisie<br />
et son fracas. Ali Baba est<br />
habité d’une sorte d’innoc<strong>en</strong>ce<br />
qui lui ouvre les portes de la métamorphose,<br />
et cet Ori<strong>en</strong>t, tragique<br />
et s<strong>en</strong>suel, me parait pouvoir<br />
répondre à mon désir de théâtre<br />
pour tous.<br />
Cet Ori<strong>en</strong>t-là est pourtant très<br />
littéraire…<br />
Oui, mais il parle à tous, tout le<br />
monde connaît Ali Baba à sa manière,<br />
les <strong>en</strong>fants, les érudits… il<br />
y a une empathie particulière avec<br />
cette histoire. Comme tous les<br />
contes il dégage une puissance<br />
symbolique qui nous rassemble,<br />
mais Ali Baba a aussi des caractéristiques<br />
pasolini<strong>en</strong>nes. Il y a<br />
des mauvais garçons, cela parle<br />
d’un monde qui change, de l’effraction<br />
de la richesse dans une<br />
exist<strong>en</strong>ce de pauvre, des échanges<br />
marchands…<br />
Avez-vous conservé une structure<br />
narrative <strong>en</strong>châssée ?<br />
Oui, le récit est dit par Shéhérazade<br />
comme dans les Mille et<br />
une nuits, puis elle se transforme<br />
<strong>en</strong> Morgiane et mène <strong>en</strong>suite la<br />
danse dans Ali Baba.<br />
Avez-vous théâtralisé le récit, la<br />
narration ?<br />
Tout à fait, je me suis beaucoup<br />
amusée à écrire des dialogues, sur<br />
mesure pour mes acteurs qui ont<br />
des acc<strong>en</strong>ts, des façons de parler<br />
particulières.<br />
Le récit est <strong>en</strong> trois langues,<br />
Arabe, Français et Perse ?<br />
Ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Français, pour<br />
la lisibilité, mais je voulais que<br />
ces trois langues parl<strong>en</strong>t par<br />
instants.<br />
Quels mondes sont évoqués par<br />
les décors, les costumes ?<br />
Les accessoires sont très réels, le<br />
décor est fabriqué à partir de<br />
fragm<strong>en</strong>ts de la réalité concrète<br />
mais la métamorphose surgit, et<br />
l’étrange folie d’Ali… On pourrait<br />
croire que tout est hallucinatoire,<br />
qu’il rêve tout cela. Aujourd’hui<br />
au théâtre toute la magie est<br />
possible, il y a un vrai bonheur de<br />
la fiction, et on ne s’<strong>en</strong> prive pas !<br />
ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL<br />
Ali Baba<br />
du 13 au 29 mars<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
du 5 au 7 avril<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
Appr<strong>en</strong>dre la vie<br />
La bibliothèque de l’Alcazar accueillait le 24<br />
janvier une r<strong>en</strong>contre intitulée Le livre et<br />
l’<strong>en</strong>fant, regards sur 40 ans de littérature jeunesse<br />
dans le monde arabe. Autour de<br />
Mathilde Chèvre (éditrice du Port à Jauni,<br />
maison d’édition bilingue), deux auteurs :<br />
Samah Idriss (Beyrouth) et Walid Taher (Le<br />
Caire). La responsable de l’Île aux livres à la<br />
BMVR Anne-Marie Faure le déplore : «dans<br />
les bibliothèques, on méconnaît la littérature<br />
arabe, on se rabat sur des traductions», faute<br />
de diffuseurs comme l’Oiseau Indigo, capable<br />
de donner à voir sa diversité.<br />
Pourtant, se p<strong>en</strong>cher sur son évolution donne<br />
à réfléchir. À la fin des années <strong>60</strong>, on lisait<br />
aux <strong>en</strong>fants arabes des récits de guerre, dans<br />
lesquels le héros miniature triomphait de<br />
l’<strong>en</strong>nemi par la ruse. Comme partout dans le<br />
monde, la jeunesse n’était considérée que<br />
comme «une argile à façonner idéologiquem<strong>en</strong>t».<br />
En France selon les périodes, on trouvait bi<strong>en</strong><br />
dans les manuels scolaires des problèmes<br />
d’arithmétique comptant les «boches», ou les<br />
«dép<strong>en</strong>ses inutiles» des ouvriers, sans même<br />
parler des fillettes promises à un av<strong>en</strong>ir<br />
matrimonial exclusif peuplant les publications<br />
pour <strong>en</strong>fants. Aujourd’hui, on subit des collections<br />
roses pour les filles et bleues pour les<br />
garçons, proposant un cliché comme référ<strong>en</strong>ce<br />
universelle !<br />
De la différ<strong>en</strong>ce très politique <strong>en</strong>tre éducation<br />
et formatage... Plutôt que d’influ<strong>en</strong>cer ces<br />
petits pour <strong>en</strong> faire de futurs adultes normés,<br />
ne pourrait-on leur suggérer des ouvrages qui<br />
développ<strong>en</strong>t l’esprit critique et leur permettront<br />
de pr<strong>en</strong>dre des décisions éclairées ?<br />
Samah Idriss <strong>en</strong> témoigne : «Au Liban, l’école<br />
considère mon travail comme impur car il<br />
mélange la langue littéraire et le dialecte.<br />
Pourtant, mes livres sont les plus v<strong>en</strong>dus dans<br />
le pays, offerts aux <strong>en</strong>fants par une partie de la<br />
population plus ouverte.» Son expéri<strong>en</strong>ce le<br />
démontre : les choix de chacun compt<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
matière d’intellig<strong>en</strong>ce collective.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
Pour fêter ses 10 ans, Laterna Magica déploie<br />
sa programmation consacrée aux arts de<br />
l’image toute l’année 2013. Jusqu’au 17 fév, le<br />
studio Fotokino accueille une bibliothèque<br />
éphémère consacrée à la littérature jeunesse<br />
dans le monde arabe. Chaque 1 er samedi du<br />
mois de mars à décembre, un «temps festif»<br />
ouvrira d’autres expositions, cartes blanches<br />
à un artiste avec ateliers à la clé. Sans<br />
compter les surprises hors-les-murs, à la<br />
Criée, au Waaw, au Lièvre de Mars ou au J1.<br />
Marseille<br />
09 81 65 26 44<br />
http://fotokino.org
© Pierre Grosbois<br />
mêle petite et grande Histoire, l’intime et le<br />
politique. Et qui remonte aux mythes qui<br />
fond<strong>en</strong>t une histoire familiale, à partir de<br />
cette faille insondable de la deuxième guerre<br />
mondiale.<br />
Sur le plateau nu, une table et quelques chaises<br />
r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de l’unité de temps, des<br />
maquettes dont le volume illustr<strong>en</strong>t les lieux<br />
de l’action sont manipulées comme des<br />
jouets, des projections vidéos sur le sol imag<strong>en</strong>t<br />
les propos, tandis qu’une bande son<br />
particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> ajustée vi<strong>en</strong>t souligner<br />
le récit. Tout dans la mise <strong>en</strong> scène de Catherine<br />
Marnas est juste et pertin<strong>en</strong>t, de la<br />
fluidité de la narration à l’utilisation de<br />
l’espace. Mais ce qui force l’admiration c’est le<br />
jeu des comédi<strong>en</strong>s, si intelligemm<strong>en</strong>t dirigés :<br />
avec une grande maîtrise des dialogues et de<br />
la narration, ils pass<strong>en</strong>t de l’insouciance d’une<br />
vie d’<strong>en</strong>fant à l’inquiétude, d’une bouleversante<br />
prise de consci<strong>en</strong>ce au désespoir ou à<br />
l’angoisse, traversant les personnages et les<br />
âges avec une prodigieuse aisance, et une<br />
force émotionnelle peu commune. Jamais le<br />
temps n’aura paru si court au théâtre…<br />
DOMINIQUE MARÇON<br />
11<br />
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Sans faille aucune<br />
Lignes de faille a été joué<br />
au Théâtre d’Arles les 8 et 9 février<br />
Une passerelle s’est créée <strong>en</strong>tre l’écrit, la<br />
littérature, et le théâtre. Comme une évid<strong>en</strong>ce,<br />
Catherine Marnas a adapté, et mis <strong>en</strong> scène,<br />
le roman fleuve de Nancy Huston, Lignes de<br />
faille, pour <strong>en</strong> faire une œuvre théâtrale <strong>en</strong><br />
tout point remarquable. Elle a respecté et mis<br />
<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la construction du roman, le<br />
découpage <strong>en</strong> quatre parties, quatre générations<br />
au sein d’une même famille dont on<br />
remonte l’histoire de 2004 à 1944. Et sa particularité,<br />
l’histoire étant racontée par des<br />
<strong>en</strong>fants de 6 ans. Comme dans le roman, le<br />
trait n’est jamais forcé, et le propos jamais<br />
<strong>en</strong>fantin. Tous déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une partie d’une<br />
vérité implacable qui ne sera dévoilée qu’à la<br />
toute fin, après soixante ans d’une saga qui<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
du 5 au 10 mars<br />
La Friche La Belle de Mai, Marseille<br />
04 95 04 95 95<br />
www.lafriche.org<br />
Toujours Ferré<br />
Le Festival Avec le temps, qui se déroulera à Marseille du 16 au<br />
27 mars, r<strong>en</strong>d cette année hommage à Léo Ferré. À la<br />
bibliothèque de l’Alcazar, une exposition de photos d’Hubert<br />
Grooteclaes, véritable biographie <strong>en</strong> images de celui qui fut le<br />
photographe attitré de l’artiste (du 5 au 30 mars), ainsi qu’une<br />
confér<strong>en</strong>ce par Colette Brognard, écrivain, amie et biographe de<br />
Ferré, Léo Ferré sous un autre regard (le 19 mars à 16h). Le<br />
cinéma Les Variétés programme lui la projection de Léo Ferré –<br />
Sur la scène, film du récital intimiste que donna le chanteur à<br />
l’Olympia <strong>en</strong> 1972, accompagné au piano par Paul Castanier,<br />
compagnon des débuts (le 18 mars à 20h). Et pour compléter ce<br />
tour d’horizon, un concert : l’Espace Juli<strong>en</strong> accueille, <strong>en</strong><br />
part<strong>en</strong>ariat avec Le Cri du Port, Marcel Kanche & I.overdrive trio<br />
pour un bal underground qui se réapproprie les chansons de<br />
Ferré, avec guitares rock saturées, batterie jazz et trompette<br />
<strong>en</strong>tre autres (le 21 mars à 20h30). À noter que vous avez<br />
l’occasion de coupler projection et concert pour un prix très<br />
attractif…<br />
Festival Avec le temps<br />
du 16 au 27 mars<br />
Divers lieux, Marseille<br />
www.festival-avecletemps.com<br />
La Friche <strong>en</strong> folie !<br />
Les Made in Friche, parcours qui<br />
rythmeront l’année capitale une fois<br />
par mois, propos<strong>en</strong>t le temps d’un<br />
week-<strong>en</strong>d confér<strong>en</strong>ces, expositions,<br />
ateliers, concerts et spectacles.<br />
Un programme riche et int<strong>en</strong>se,<br />
qui satisfera tous les goûts et tous<br />
les âges, proposé par les frichistes,<br />
compagnies et associations<br />
résid<strong>en</strong>tes.<br />
Côté arts visuels, l’exposition Lumière<br />
et Sil<strong>en</strong>ce et la confér<strong>en</strong>ce<br />
de l’atelier Ferdinand permettront<br />
de compr<strong>en</strong>dre la complexité d’un<br />
projet d’architecture. L’installation<br />
Aire numérique, pour sa part,<br />
propose de nombreuses projections<br />
captivantes. Des ateliers<br />
Bad Trip seront organisés pour<br />
l’exposition Psykémétal/Psykém<strong>en</strong>tal<br />
?, l’occasion de réaliser un<br />
logo et une pochette de disque<br />
délirante et survoltée !<br />
Dans le cadre de Cirque <strong>en</strong> Capitales,<br />
des représ<strong>en</strong>tations de Carnages,<br />
la dernière création de François<br />
Cervantes, sont au programme<br />
(voir p X). Le réalisateur Jean-<br />
Jacques Jauffret théâtralise son<br />
cinéma avec No signal [?help].<br />
Côté médias, vous pourrez assister<br />
<strong>en</strong> direct aux émissions et<br />
concerts de Radio Gr<strong>en</strong>ouille. Et<br />
pourquoi pas finir par une<br />
agréable balade <strong>en</strong> pousse-pousse<br />
dans la Belle de mai ?<br />
A.-L.R.<br />
Week-<strong>en</strong>d Made in Friche #2<br />
Du 16 au 17 février<br />
La Friche, Marseille<br />
04 95 04 95 95<br />
www.lafriche.org
12<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
Transmuter<br />
la souffrance<br />
Danse Delhi d’Ivan Viripaev tourne<br />
et retourne autour de la question<br />
de la souffrance, et de la mort. De<br />
la catharsis aussi, artistique. Comm<strong>en</strong>t<br />
réagir à Delhi face à la misère<br />
absolue ? dans une salle d’att<strong>en</strong>te<br />
d’hôpital quand on vous annonce<br />
la mort de vos par<strong>en</strong>ts, que l’homme<br />
que vous aimez ne vous aime<br />
pas, que celle que vous avez quittée<br />
s’est suicidée, que votre cancer est<br />
rev<strong>en</strong>u ? Hystérie, ins<strong>en</strong>sibilité, déni,<br />
méchanceté, larmes, ce n’est pas<br />
tant l’attitude immédiate, toujours<br />
inatt<strong>en</strong>due, que Danse Delhi expose,<br />
mais ce qu’il faudrait <strong>en</strong> faire,<br />
de cette douleur, de cette mort des<br />
autres. Si la danseuse sait la sublimer<br />
<strong>en</strong> créant une œuvre -<strong>en</strong> se<br />
© Elisabeth Carecchio<br />
servant du malheur pour construire<br />
son bonheur lui reproche sa mère-,<br />
les autres pataug<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>tre l’empathie<br />
à laquelle ils ne parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
pas, et la culpabilité qu’ils refus<strong>en</strong>t<br />
d’assumer ou qui les ronge…<br />
Une fois <strong>en</strong>core l’écriture dramatique<br />
de Viripaev épate : il nous fait<br />
toucher du doigt notre rapport à la<br />
mort dans une structure étoilée,<br />
sept variations qui se repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> partie et chang<strong>en</strong>t de motifs,<br />
toujours exposés avec une limpidité<br />
jamais morbide, s<strong>en</strong>sible à<br />
tout instant. La mise <strong>en</strong> scène de<br />
Galin Stoev qui pourrait être clinique<br />
dans ce décor blanc d’hôpital<br />
révèle au contraire l’humanité des<br />
personnages, portés par des comédi<strong>en</strong>s<br />
formidables, précis, drôles<br />
par instant, habités toujours jusque<br />
dans leurs répétitions mécaniques.<br />
Le duo russe <strong>en</strong> est à sa 4 e collaboration,<br />
et on se souvi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> particulier<br />
d’un Oxygène bouleversant et asphyxiant.<br />
Depuis ces premiers<br />
textes écrits et portés à la scène<br />
leur double écriture théâtrale évolue,<br />
passe du cri rauque et rock<br />
face public à une forme hyper<br />
construite qui joue de cycles, brise<br />
et reconstruit le quatrième mur,<br />
sait naviguer <strong>en</strong>tre les affres du<br />
drame, le frisson de l’instant bouleversant,<br />
et l’éclat de rire… Sur un<br />
thème aussi âpre, c’est un exploit !<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Danse Delhi a été joué à La Criée,<br />
Marseille, du 5 au 9 février<br />
¡Arriba El Cid !<br />
Le Cid <strong>en</strong> fanfare et caravane congés-payés, ça<br />
décoiffe ! Remis à la sauce franquiste avec<br />
généraux médaillés et bornés, à l’ombre des<br />
remparts du château-fort des Croisades, le<br />
spectacle imaginé et conçu par Philippe Car<br />
et Yves Favrega garde la trame cornéli<strong>en</strong>ne et<br />
les alexandrins, tout <strong>en</strong> jouant sur une piste<br />
circulaire qui évoque un manège <strong>en</strong>fantin. Le<br />
mélange des g<strong>en</strong>res est décapant ! C’est <strong>en</strong><br />
petite voiture et chauffeur que se font les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts sur le champ de bataille et<br />
Rodrigue ne manie pas trop bi<strong>en</strong> l’épée.<br />
Cep<strong>en</strong>dant tout y est. Les grands mom<strong>en</strong>ts<br />
att<strong>en</strong>dus de la pièce de Corneille sont donnés et<br />
repris à voix basse dans la salle où les<br />
spectateurs se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des textes ânonnés<br />
<strong>en</strong> classe : «Percé jusques (z) au fond du<br />
coeur...», «Rodrigue as-tu du coeur... ?», sans<br />
oublier «Nous partîmes cinq c<strong>en</strong>ts... !». L’intrigue<br />
est resserrée, les cinq comédi<strong>en</strong>s nous<br />
réjouiss<strong>en</strong>t, passant d’un rôle à l’autre <strong>en</strong> tours<br />
de passe-passe, chansons et musique avec<br />
Histoire d’un amour de Dalida ! L’atmosphère est<br />
typiquem<strong>en</strong>t espagnole avec Rodrigue <strong>en</strong><br />
© Agnès Mellon<br />
matador, mais la muleta rouge est détournée et<br />
sert de parav<strong>en</strong>t pour le changem<strong>en</strong>t de<br />
costume de Chimène (merveilleuse Valérie<br />
Bournet !). L’art du détournem<strong>en</strong>t fait d’ailleurs<br />
toute la saveur comique d’un spectacle toujours<br />
malicieux, qui rappelle l’unité de temps <strong>en</strong><br />
indiquant l’heure régulièrem<strong>en</strong>t… et la futilité<br />
des règles d’honneur <strong>en</strong> répétant : «Tout ça pour<br />
une gifle !».<br />
CHRIS BOURGUE<br />
El Cid est joué au Gymnase, Marseille,<br />
jusqu’au 16 février<br />
À v<strong>en</strong>ir<br />
du 20 au 23 fév<br />
Le Cratère, Alès<br />
04 66 52 52 64<br />
www.lecratere.fr<br />
du 2 au 6 avril<br />
Théâtre de Grasse<br />
04 93 40 53 00<br />
www.<br />
theatredegrasse.com<br />
le 30 avril<br />
Théâtre de Fos<br />
0810 006 826<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
et <strong>en</strong> juillet 2013 au Festival Off à Avignon…<br />
Exposition La Caravane du Cid, sur le processus de<br />
création du spectacle, à la Maison de la Région,<br />
Marseille, du 1 er février au 9 mars<br />
www.voyagesimaginaires.fr<br />
Forcer le destin<br />
Pour sa dernière mise <strong>en</strong> scène <strong>en</strong> tant que<br />
directrice du Gyptis, Françoise Chatôt a choisi<br />
de continuer son voyage <strong>en</strong> Shakespeare et de<br />
monter Macbeth, la plus noire de ses tragédies<br />
sans doute, traversée de sang, de folie,<br />
d’errem<strong>en</strong>ts, de «bruit et fureur». Mettre <strong>en</strong><br />
scène ce bijou brut n’est pas aisé, et Françoise<br />
Chatôt a su avec une vraie simplicité se mettre<br />
au service du texte : vidéo au lointain, pas de<br />
décor sinon sonore (travail discret et fin d’Alain<br />
Aubin qui ambiance simplem<strong>en</strong>t la tragédie), le<br />
plateau est nu, découpé à l’avant scène pour<br />
ouvrir sur des profondeurs qui seront sondées,<br />
jusqu’aux tréfonds…<br />
Les rênes sont donc confiées aux comédi<strong>en</strong>s,<br />
qui s’<strong>en</strong> empar<strong>en</strong>t avec une aisance inégale, et<br />
pas tous sur le même ton. Ainsi le couple<br />
Macbeth et sa Lady (Philippe Séjourné et Agnès<br />
Audiffr<strong>en</strong>), dont on connait à la fois le tal<strong>en</strong>t et<br />
la complicité, a du mal à s’harmoniser sur<br />
scène, et on ne sait ce qui les domine. Les<br />
déplacem<strong>en</strong>ts de groupe sont malhabiles et les<br />
trois sorcières, séduisantes et jeunes, ont un<br />
côté héroïc fantasy trop appuyé. Qu’importe, le<br />
destin avance, les subtilités du texte<br />
s’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, et la grossière erreur de Macbeth<br />
qui croit devoir plier son destin, et oublie de le<br />
lire à l’aune du bi<strong>en</strong> et du mal. Plusieurs<br />
c<strong>en</strong>taines de personnes sont v<strong>en</strong>ues durant ces<br />
trois semaines écouter un texte majeur que la<br />
plupart n’avait jamais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, dans un quartier<br />
plus que populaire. Preuve qu’il serait<br />
irresponsable de le fermer après 2013 !<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Macbeth a été créé au Gyptis, Marseille,<br />
du 22 janvier au 9 février
Myosotis<br />
«Forget me not» (Ne m’oublie pas !),<br />
ce sont les derniers mots que ce<br />
chevalier anglais adressa à sa<br />
bi<strong>en</strong>-aimée, <strong>en</strong>voyant sur le rivage<br />
la fleur pour laquelle galamm<strong>en</strong>t il<br />
se noyait. C’est ainsi que naquit le<br />
myosotis. Philippe G<strong>en</strong>ty donne<br />
cet appel <strong>en</strong> titre de son dernier<br />
spectacle. L’étrangeté se déploie<br />
dès la première image : un personnage<br />
<strong>en</strong>tre sur scène, <strong>en</strong> robe<br />
longue, <strong>en</strong>tame un chant lyrique…<br />
se retourne <strong>en</strong>fin vers les spectateurs,<br />
il s’agit d’une chimpanzé de<br />
taille humaine qui nous regarde.<br />
De son chant naiss<strong>en</strong>t des figures<br />
qui peu à peu s’anim<strong>en</strong>t. Chacune<br />
porte avec elle son double, marionnette<br />
de même taille, au visage<br />
id<strong>en</strong>tique. La danse les unit, laisse<br />
naître le trouble : qui est vivant<br />
dans cet étrange ballet ? Les corps<br />
souples se pli<strong>en</strong>t, s’élanc<strong>en</strong>t, se<br />
mêl<strong>en</strong>t, se sépar<strong>en</strong>t, s’emport<strong>en</strong>t,<br />
s’alanguiss<strong>en</strong>t, virevolt<strong>en</strong>t, hésit<strong>en</strong>t.<br />
Puis une large toile, comme<br />
un sac imm<strong>en</strong>se laisse émerger<br />
nos personnages, se met à tournoyer<br />
avec l<strong>en</strong>teur, remodelant<br />
l’espace, valse mélancolique et<br />
langoureux vertige. La magie se<br />
poursuit <strong>en</strong> un conte d’hiver où<br />
l’imagerie naïve se teinte d’humour.<br />
La troupe danse, patine, chante<br />
avec un <strong>en</strong>thousiasme et une<br />
fraîcheur délicieuse. La force du<br />
spectacle selon Philippe G<strong>en</strong>ty<br />
et Mary Underwood ti<strong>en</strong>t au fait<br />
qu’il s’agit de la transcription dansée<br />
de leurs rêves. À cela s’ajout<strong>en</strong>t<br />
© Pascal Francois<br />
des souv<strong>en</strong>irs, et la réussite du<br />
travail avec la jeune troupe norvégi<strong>en</strong>ne<br />
qui interprète au millimètre<br />
cette belle partition visuelle.<br />
Autre manière de replonger dans<br />
l’univers onirique et s<strong>en</strong>sible de<br />
Philippe G<strong>en</strong>ty, un ouvrage<br />
paraîtra <strong>en</strong> mai 2013 chez Actes<br />
Sud, évoquant les conditions et<br />
les inspirations diverses de ses<br />
œuvres.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Ne m’oublie pas a été joué<br />
les 1 er et 2 février au Théâtre<br />
Toursky, Marseille<br />
13<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
Corne de brume<br />
Comm<strong>en</strong>t un petit employé de<br />
«maison de commerce» de Lisbonne<br />
qui regardait la mer sans<br />
trop s’approcher du bord du quai a-<br />
t-il pu composer une Ode Maritime<br />
aussi puissante et singulière dans<br />
son bouillonnem<strong>en</strong>t verbal ? Éternel<br />
mystère de l’homme -au pluriel<br />
pour Fernando Pessoa écrivain<br />
éclaté <strong>en</strong> hétéronymes divers- et<br />
de l’œuvre signée ici Alvaro de<br />
Campos, pseudo ingénieur-mécanici<strong>en</strong><br />
de la marine jeté dans une<br />
houleuse modernité à qui la mer<br />
ouvre les routes de l’esprit. Ivan<br />
Romeuf, pieds nus sur les planches<br />
et droit dans ses jeans relève<br />
tranquillem<strong>en</strong>t le défi sans boire la<br />
tasse ; une scénographie assez<br />
juste (scène et murs comme un<br />
tableau noir sur lequel subsist<strong>en</strong>t<br />
des fragm<strong>en</strong>ts du texte à la craie /<br />
lumière mobile, discrète) offre une<br />
immersion dans le texte que la voix<br />
porte peut-être trop sagem<strong>en</strong>t ;<br />
suivre fidèlem<strong>en</strong>t les fluctuations<br />
des affects turbul<strong>en</strong>ts qui mont<strong>en</strong>t<br />
et démont<strong>en</strong>t le poème permet de<br />
garder l’oreille att<strong>en</strong>tive du public<br />
mais gomme <strong>en</strong> même temps<br />
l’étrangeté sidérante de cette<br />
confession extrême où lyrisme et<br />
masochisme ne sont pas rimes de<br />
hasard. Romeuf n’est pas seul sur<br />
scène ; le saxophoniste Jean-Jacques<br />
Lion, invité à lui t<strong>en</strong>ir compagnie<br />
dans sa grande t<strong>en</strong>ue de dame (?)<br />
noire lusitani<strong>en</strong>ne («corps de femme<br />
qui jadis fut mi<strong>en</strong>») anneau de<br />
pirate à l’oreille, souffle, éructe et<br />
beugle trop souv<strong>en</strong>t dans les paroxysmes<br />
de la voix, écrasante sirène<br />
de bateau qui noie tout. On pati<strong>en</strong>te<br />
alors, confiant, certain que le<br />
sil<strong>en</strong>ce va rev<strong>en</strong>ir et lorsqu’Ivan<br />
Romeuf lit «le ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du<br />
© X-D.R<br />
volant» assis sur un petit banc, lunettes<br />
sur le nez dans un coin de<br />
la scène, on goûte à nouveau le<br />
spectacle...<br />
MARIE JO DHO<br />
Sur le Quai / Ode Maritime<br />
de Fernando Pessoa mise <strong>en</strong> scène<br />
et <strong>en</strong> jeu par Ivan Romeuf a été créé<br />
du 22 janvier au 2 février au<br />
Théâtre de L<strong>en</strong>che, Marseille<br />
Fantaisie boréale<br />
Ce que l’on voit d’abord c’est la glacière <strong>en</strong> plastique orange vif posée<br />
sur le plateau nu ; c’est elle qui donne le ton et la température ambiante<br />
par suggestion elliptique et subliminale : nous sommes donc dans les<br />
plaines <strong>en</strong>neigées du Grand Nord, voire sur la banquise, quand marseille<br />
objectif DansE et les Bernardines nous convi<strong>en</strong>t à une «prom<strong>en</strong>ade <strong>en</strong><br />
pays proche» !<br />
Un homme seul -mais les oreilles de sa chapka lui donn<strong>en</strong>t déjà une tête<br />
de chi<strong>en</strong>- arp<strong>en</strong>te et dessine l’aire de jeu (volet 1 : Sous nos pas) <strong>en</strong> un<br />
prologue un peu énigmatique où il est question de théâtre puisqu’il est<br />
finem<strong>en</strong>t dit que dans cette comédie apparaîtront «des défunts» ; quelque<br />
peu égaré, que peut-il faire d’autre que raconter des horreurs sanglantes<br />
de cauchemar ou courir jusqu’à épuisem<strong>en</strong>t ? Le guitariste Alexandre<br />
Maillard <strong>en</strong> cowboy-bûcheron électrise brillamm<strong>en</strong>t la course folle<br />
d’Arnaud Saury et c’est le noir...<br />
Réchauffem<strong>en</strong>t avec le volet 2 : Paradise et les fesses fermes de Séverine<br />
Bauvais (le «vrai» chi<strong>en</strong> c’est elle) qui frétill<strong>en</strong>t de dévouem<strong>en</strong>t pour son<br />
maître : burlesque et t<strong>en</strong>dre ; le texte ? on ne sait plus tant les corps<br />
pourtant modestes dans leurs déplacem<strong>en</strong>ts dérisoires (déployer <strong>en</strong> vain<br />
un poster de paysage de neige / se caler l’un contre l’autre) suffis<strong>en</strong>t à<br />
déposer une petite couche d’anxiété sur le rire qui affleure <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce ;<br />
Séverine Bauvais danse des yeux et ce joli bricolage dit beaucoup sur la<br />
solitude glacée. On se réjouit de savoir qu’il y aura <strong>en</strong>core du travail, une<br />
suite et même un épilogue qui donnera à ces Mémoires du Nord la pointe<br />
de cohér<strong>en</strong>ce qui fait <strong>en</strong>core défaut.<br />
M.J.D.<br />
Mémoires du Nord, projet <strong>en</strong> cours de la Compagnie Mathieu ma fille Foundation,<br />
a été donné au théâtre des Bernardines, Marseille, les 1 er et 2 février
14<br />
T<br />
H<br />
É<br />
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TRE<br />
Clôture de l'amour, photo de répétition © Marc Domage<br />
Service<br />
minimum<br />
Tous les ingrédi<strong>en</strong>ts semblai<strong>en</strong>t réunis<br />
pour faire de La maladie de la famille M.<br />
un festin. Le texte et la mise <strong>en</strong> scène<br />
sont du dramaturge, comédi<strong>en</strong>, cinéaste<br />
et traducteur itali<strong>en</strong> Fausto Paravidino,<br />
dont l’œuvre est jouée à La Colline et au<br />
C<strong>en</strong>tquatre à Paris. Et sa pièce a été<br />
plébiscitée <strong>en</strong> 2008 par le bureau des<br />
lecteurs de la Comédie Française qui, à<br />
prés<strong>en</strong>t, la joue <strong>en</strong> tournée. Trop de<br />
dates ? Lassitude ? Le manque d’<strong>en</strong>train<br />
des sept comédi<strong>en</strong>s était perceptible et<br />
donnait à la représ<strong>en</strong>tation au Théâtre<br />
Liberté un faux air de «Au théâtre ce soir»<br />
avec plateau-télé. Pierre-Louis Calixte,<br />
dans le rôle du médecin narrateur, n’est<br />
pas parv<strong>en</strong>u à lier la sauce tandis que<br />
chacun restait crispé dans son jeu,<br />
presque autiste, <strong>en</strong>dossant les tics de son<br />
personnage. Seul le père de famille,<br />
interprété avec justesse par Christian<br />
Blanc, donnait chair à l’amertume du<br />
veuf despotique, démuni face à ses<br />
<strong>en</strong>fants dev<strong>en</strong>us adultes, <strong>en</strong> prise aux<br />
tourbillons de l’amour et aux doutes. Dans<br />
un décor <strong>en</strong> trompe-l’œil juxtaposant<br />
habilem<strong>en</strong>t l’espace intérieur (la salle à<br />
manger) et extérieur (le jardin et son arbre<br />
mort), la mise <strong>en</strong> scène se réduisait à des<br />
chassés-croisés perman<strong>en</strong>ts et à des<br />
mises au noir de la salle. La banalité des<br />
mésav<strong>en</strong>tures s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales, servies par<br />
des dialogues et des situations tout aussi<br />
banals, appar<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t cette maladie à un<br />
vaudeville plutôt qu’à une tragédie<br />
shakespeari<strong>en</strong>ne.<br />
M.G.-G.<br />
La maladie de la famille M. a été joué<br />
les 31 janvier et 1 er février<br />
au Théâtre Liberté, Toulon<br />
Je suis<br />
v<strong>en</strong>u te<br />
dire…<br />
Clôture de l’amour ressemble à un long râle<br />
d’amour et de haine. Stan annonce brutalem<strong>en</strong>t<br />
à Audrey qu’il la quitte et que sa décision est<br />
irrévocable. Ri<strong>en</strong> d’exceptionnel jusque-là : les<br />
histoires d’amour finiss<strong>en</strong>t mal <strong>en</strong> général...<br />
Sauf que Pascal Rambert a composé deux<br />
monologues d’une heure chacun lancés au<br />
visage de l’autre comme un uppercut ! Le choc<br />
est fatal, Audrey puis Stan s’écroul<strong>en</strong>t face<br />
contre terre, seconde après seconde, corps<br />
asséchés, recroquevillés, anéantis par la<br />
Dynamique Manga !<br />
Dorian Rossel a souhaité repousser les frontières<br />
du théâtre avec cet ovni qu’est Quartier<br />
lointain. Ce petit bijou est le fruit d’un travail de<br />
recherche int<strong>en</strong>se <strong>en</strong> matière de scénographie :<br />
transposer au théâtre le manga de Jirô Taniguchi,<br />
l’un des plus v<strong>en</strong>dus du monde, relevait du<br />
défi à l’ingéniosité. Le metteur <strong>en</strong> scène y réussit,<br />
avec humour et délicatesse, et retranscrit toute<br />
la complexité du rythme, de l’univers, et des<br />
émotions du dessin japonais.<br />
Prix du meilleur scénario au festival d’Angoulême<br />
<strong>en</strong> 2003, Quartier lointain raconte l’histoire<br />
d’un homme de 48 ans qui se retrouve soudainem<strong>en</strong>t<br />
dans la peau de l’adolesc<strong>en</strong>t de quatorze<br />
ans qu’il était. Tout <strong>en</strong> gardant sa consci<strong>en</strong>ce<br />
d’adulte, Hiroshi est emprisonné dans ce corps<br />
d’<strong>en</strong>fant. Le public est alors plongé dans deux<br />
espaces temps subtilem<strong>en</strong>t délimités. En arrière<br />
plan, l’univers du cocon familial, coloré et<br />
douleur, comme une chambre d’écho au verbe<br />
éructé. À la déflagration des mots. Ri<strong>en</strong> ne<br />
pouvait présager de l’ampleur du tsunami<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tal, de la viol<strong>en</strong>ce sourde de la<br />
logorrhée dev<strong>en</strong>ue explosive : «C’est la guerre…<br />
j’ouvre le feu» ! La langue de Pascal Rambert,<br />
saluée par le Grand Prix de littérature<br />
dramatique 2012, invective, viol<strong>en</strong>te, déchire,<br />
ausculte, crucifie ; elle n’oublie ri<strong>en</strong>, n’excuse<br />
ri<strong>en</strong>, ne ti<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> à l’écart. Ni les bassesses de<br />
l´âme ni les souffrances physiques. Stan et<br />
Audrey ne sont pas épargnés. Pour faire<br />
<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre cette musique âpre, toute de fiel et de<br />
miel, il fallait deux acteurs au cœur bi<strong>en</strong><br />
accroché : Stanislas Nordey et Audrey<br />
Bonnet, dépositaires de la pièce écrite pour<br />
eux, sont magnifiques de justesse, capables de<br />
conjuguer un déchainem<strong>en</strong>t inouï de fureur avec<br />
un parfait self-control des nerfs. Dans cette lutte<br />
psychique à l’issue fatale, ils se livr<strong>en</strong>t à une<br />
mise à mort boxée, feign<strong>en</strong>t le dialogue (la<br />
partition du texte est si habile !), dynamit<strong>en</strong>t leur<br />
histoire d’amour. Quand l’un parle, l’autre non ;<br />
ils sont déjà des étrangers.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Clôture de l’amour a été joué les 1 er et 2 février<br />
à Châteauvallon, Ollioules<br />
lumineux de l’<strong>en</strong>fance du héros est joué sur une<br />
scène cloisonnée et rectangulaire. On reconnaît<br />
tout de suite la forme de la vignette du manga !<br />
Dorian Rossel n’oublie pas le côté stylisé du<br />
dessin japonais qu’il retrouve grâce aux objets,<br />
à la musique et aux cadrages dynamiques proposant<br />
même des vues plongeantes. Tout comme<br />
dans la succession des vignettes, le rythme est<br />
sout<strong>en</strong>u et la mise <strong>en</strong> scène regorge d’astuces.<br />
Preuve <strong>en</strong> est avec la rapidité des acteurs, qui<br />
altern<strong>en</strong>t sans cesse les rôles sans jamais déstabiliser<br />
le spectateur. Petits et grands peuv<strong>en</strong>t<br />
se laisser guider sans crainte dans l’univers drôle<br />
et fantastique du manga !<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Quartier lointain a été joué le 31 janvier<br />
au théâtre des Salins à Martigues<br />
© Mario del Curto
Temps d'arret © De.M<br />
Lumière<br />
sur les créations<br />
maison<br />
Le Fest’hiverdes Scènes d’Avignon<br />
a offert de lumineuses découvertes.<br />
Avec souv<strong>en</strong>t peu de moy<strong>en</strong>s,<br />
de temps, les compagnies régionales<br />
sans lieux fixes ont prouvé<br />
leur vitalité, grâce au souti<strong>en</strong> des<br />
théâtres qui assum<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> les diffusant,<br />
leur rôle de passeurs. La danse<br />
a ouvert le festival au théâtre Golovine<br />
avec Temps d’arrêt. Une pièce<br />
très physique dans laquelle Miguel<br />
Nosibor questionne sa pratique,<br />
s’agite, tremble, ral<strong>en</strong>tit la course<br />
du temps et susp<strong>en</strong>d ses mouvem<strong>en</strong>ts<br />
pour interroger sa mémoire<br />
et son id<strong>en</strong>tité. Très technique et<br />
véloce, le danseur hip hop tout <strong>en</strong><br />
fluidité (et <strong>en</strong> pectoraux) se bat<br />
contre lui-même au rythme des<br />
images projetées, <strong>en</strong>tre le temps<br />
des racines et celui de la société<br />
consumériste. Un solo alliant force<br />
et fragilité qui étourdit par son exécution<br />
syncopée, voire déshumanisée,<br />
et <strong>en</strong>tame de façon hypnotique<br />
cette 5 e édition.<br />
Solo égalem<strong>en</strong>t (ou presque) au<br />
Chêne Noir, avec le formidable<br />
Solal Bouloudnine dirigé par<br />
Alexandra Tobelaim qui réussit<br />
Level 4 no elevator © De.M<br />
dans Italie-Brésil 3 à 2 à nous maint<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> apnée autour du récit (singulièrem<strong>en</strong>t)<br />
trucul<strong>en</strong>t du match mythique de 1982. Conteur émérite,<br />
comm<strong>en</strong>tateur passionné ou supporter att<strong>en</strong>drissant : un spectacle<br />
«ballon d’or» !<br />
Moins subtil mais tout aussi bouillonnant, au Balcon, la Cie Miranda a<br />
prés<strong>en</strong>té son Odyssée burlesque. Sous le regard de Zeus et d’un Ulysse<br />
dédoublé (version slip Athéna ou toge plus classique), la troupe plurielle<br />
chante, joue, rit, farfouille à la régie, au décor, tape sur des tambours et<br />
monte le son pour une version cartoon tragi-comique du mythe d’Homère.<br />
Ce sont les femmes, dont une Pénélope redoutable d’énergie et un trio<br />
de filles ultras moulées de simili cuir, qui font tourner <strong>en</strong> show glamour le<br />
monde d’Ulysse, simple mortel. Un cabaret musical-new-burlesque qui<br />
fourmille d’idées, mais oublie parfois de respirer.<br />
Les deux créations de ce festival trop court, après un accueil <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce,<br />
ont égalem<strong>en</strong>t t<strong>en</strong>u leurs promesses. Dans Level 4 no elevator, aux<br />
Halles, Nicolas Gény réussit le tour de force d’intégrer, sans nous<br />
perdre, trois scénographies complém<strong>en</strong>taires, une commande de texte et<br />
de musique, tout <strong>en</strong> dirigeant la magistrale Sophie Mangin dans un<br />
équilibre parfait. Si les diagonales poétiques de l’auteure Laura Tirandaz<br />
r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t quelques redondance et résolution sibyllines, cette traversée<br />
conceptuelle dans la vie nuageuse d’une femme off<strong>en</strong>sée, de l’<strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t<br />
paranoïaque à l’ouverture -douloureuse- au monde, mêle les fils<br />
d’univers visuels inv<strong>en</strong>tifs qui font s<strong>en</strong>s et dépass<strong>en</strong>t les mots. «Tu crois<br />
qu’il suffit de fermer une f<strong>en</strong>être pour que le monde disparaisse ?» questionne<br />
<strong>en</strong> boucle cette femme <strong>en</strong> susp<strong>en</strong>sion…<br />
Étrange correspondance avec le texte de Perec, dans la pièce de la Cie<br />
Hanna R. au Chi<strong>en</strong> qui Fume, portée adroitem<strong>en</strong>t par Régis Royer.<br />
L’Homme qui dort [comm<strong>en</strong>t le réveiller ?] de Linda Blanchet combine<br />
intelligemm<strong>en</strong>t témoignages vidéo de militants <strong>en</strong>gagés au récit, dur et<br />
glacial, d’un jeune adulte qui r<strong>en</strong>once au monde. Mais à l’inverse, ici la<br />
scénographie est inexistante, les lumières <strong>en</strong>core peu exploitées, l’occupation<br />
de l’espace indécise. Seul ce corps qui «coule comme du sable»<br />
progresse vers la transpar<strong>en</strong>ce et l’oubli, hors du système, loin des<br />
«monstres», préférant dev<strong>en</strong>ir «la pièce manquante du puzzle» par peur du<br />
cynisme du monde, jusqu’à ce que... Une audace de croisem<strong>en</strong>t passionnante,<br />
<strong>en</strong>tre r<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t au monde et <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t citoy<strong>en</strong>, qui mérite<br />
un traitem<strong>en</strong>t plus approfondi.<br />
DELPHINE MICHELANGELI<br />
Le Fest’hiver des Scènes d’Avignon<br />
a eu lieu du 29 janvier au 2 février<br />
15<br />
T<br />
H<br />
É<br />
Â<br />
TRE<br />
RetrouveZ sur notre site ces critiques théâtre et découvreZ les autres !<br />
- Tempête sous un crâne à la Criée<br />
-Soirée transfert à la Criée<br />
-4.48 psychose aux Bernardines<br />
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-Le voyage d’Alice <strong>en</strong> Suisse à Rousset<br />
-J’avais un beau ballon rouge au théâtre du Jeu de Paume<br />
- Dans le tourbillon de l’amour à Trets<br />
- La place royale à Nîmes<br />
- La contrebasse à Grians<br />
-Ana Non au Chi<strong>en</strong> qui fume<br />
-My God au théâtre des Carmes<br />
-Roméo et Juliette à Châteauvallon<br />
www.journalzibeline.fr
16<br />
J<br />
E<br />
U<br />
N<br />
E<br />
P<br />
Gulliver<br />
<strong>en</strong>vahit<br />
Lilliput<br />
Swift - Cie Skappa © Gaelle Cloarec<br />
La compagnie Skappa ! et associés a <strong>en</strong>tamé à la Criée sa trilogie sur<br />
le thème du voyage <strong>en</strong> r<strong>en</strong>dant hommage à Jonathan Swift. Les Av<strong>en</strong>tures<br />
de Gulliver, ouvrage original paru <strong>en</strong> 1726, t<strong>en</strong>ait déjà plus du conte<br />
philosophique que du livre pour <strong>en</strong>fants... Aussi la mise <strong>en</strong> scène d’Isabelle<br />
Hervouët, avec Paolo Cardona seul sur le plateau et baragouinant<br />
dans un sabir mâtiné de mots anglais, perd un peu les bambins de 2 ans<br />
v<strong>en</strong>us voir la pièce. Mais pour ceux qui connaiss<strong>en</strong>t déjà l’histoire, et les<br />
adultes qui les accompagn<strong>en</strong>t, c’est un régal. La façon extrêmem<strong>en</strong>t<br />
inv<strong>en</strong>tive dont les vidéos de Christophe Loiseau, les lumières et les<br />
décors s’articul<strong>en</strong>t au conte lui donne une saveur toute particulière : on<br />
aime l’ombre géante de l’acteur escaladée par les Lilliputi<strong>en</strong>s munis<br />
d’échelles, ce cheval -un Houyhnhnms ?- apparaissant sur le panneau de<br />
droite et filant vers celui de gauche <strong>en</strong> foulées élégantes, le v<strong>en</strong>tilateur<br />
soufflant dans les voiles <strong>en</strong> plastique d’un rafiot miniature... On aime<br />
même les monceaux de bouteilles d’eau minérale qui jonch<strong>en</strong>t la scène<br />
et abreuv<strong>en</strong>t le naufragé, car dans chacune on imagine un petit rouleau<br />
de papier, jeté à la mer, chargé d’espérance.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Swift ! était à l’affiche les 15 et 16 janvier à la Criée, Marseille<br />
À noter les très belles photographies de Paolo Cardona,<br />
Mom<strong>en</strong>ts, miroirs et autres réflexions exposées au même mom<strong>en</strong>t à la Criée.<br />
U<br />
BLIC<br />
Pour grandir ?<br />
Cinq filles, cinq soeurs. La plus<br />
âgée pourrait être la grand-mère<br />
de la plus jeune. Elles jou<strong>en</strong>t dans<br />
ce qui est plus une prison qu’une<br />
habitation. Leurs déplacem<strong>en</strong>ts<br />
sembl<strong>en</strong>t constituer un rituel. L’une<br />
d’elle porte un fusil. Cour<strong>en</strong>t-elles<br />
un vrai danger ? Peu à peu on compr<strong>en</strong>d<br />
qu’elles att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leur père.<br />
Existe-t-il seulem<strong>en</strong>t ? Elles l’imagin<strong>en</strong>t<br />
devant elles et répond<strong>en</strong>t à<br />
des questions que l’on n’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
pas. Cette image de l’homme est<br />
doublée de l’évocation du Prince<br />
qui pourrait v<strong>en</strong>ir et d’un fiancée<br />
éconduit qui sonne à la porte et<br />
laisse un bouquet. De toute façon,<br />
comme elles dis<strong>en</strong>t : «Y’<strong>en</strong> n’a pas<br />
pour tout le monde des maris !»<br />
Pas de mère, ni de frère non plus,<br />
malgré le titre de la pièce. Étrange<br />
univers donc, né de la volonté des<br />
quatre actrices adultes de jouer<br />
<strong>en</strong>semble. Le texte de Philippe<br />
Dorin est écrit sur mesure et nous<br />
plonge, avec la complicité de la<br />
metteuse <strong>en</strong> scène Sylviane Fortuny,<br />
dans une atmosphère de<br />
rêve et de conte, de comédie aussi.<br />
Car on s’amuse, on joue aux cartes<br />
<strong>en</strong> trichant, on chante, des choses<br />
bêtes où «garçon» rime avec «cornichon»…<br />
on rêve d’amour aussi <strong>en</strong><br />
dansant <strong>en</strong>tre sœurs sur du Polnareff...<br />
Il y a de grands mom<strong>en</strong>ts !<br />
Mais le propos n’est pas clair et la<br />
fin survi<strong>en</strong>t brutalem<strong>en</strong>t, sans<br />
qu’on compr<strong>en</strong>ne où part<strong>en</strong>t les<br />
grandes sœurs alors que la plus<br />
jeune reste seule avec sa poupée.<br />
Dorin et Fortuny avai<strong>en</strong>t habitué à<br />
une poésie plus lisible…<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Soeur, je ne sais pas quoi frère a été<br />
joué les 29 et 30 janvier au théâtre<br />
Massalia, Marseille, le 8 février au<br />
Théâtre Liberté, Toulon et le 12<br />
février au Théâtre de Cavaillon<br />
© Chris Bourgue<br />
Correspondances<br />
et élévation<br />
Les Élancées, ce sont 17 spectacles et 48 représ<strong>en</strong>tations d’acrobaties,<br />
de chorégraphies et de magie <strong>en</strong> 10 jours dans les 6 communes de<br />
Ouest Prov<strong>en</strong>ce. Le festival des Arts du Geste est l’occasion pour les<br />
spectateurs de découvrir des spectacles de danse prés<strong>en</strong>tés pour la<br />
première fois <strong>en</strong> France comme Constelaciones. Dans cette création,<br />
la cie Aracalandanza revisite les peintures des surréalistes et les<br />
transforme <strong>en</strong> chorégraphies étincelantes. Les tableaux s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t<br />
harmonieusem<strong>en</strong>t, comme le peintre qui manie son pinceau, et les danseurs<br />
s’<strong>en</strong>tremêl<strong>en</strong>t et déambul<strong>en</strong>t sur cette toile d’un soir qu’est la<br />
scène du théâtre de l’Olivier. Une ingénieuse connexion se crée alors<br />
<strong>en</strong>tre les pas de danse, les changem<strong>en</strong>ts de costumes et le jeu de<br />
lumière. Pionnier espagnol de la danse pour le jeune public, Enrique<br />
Cabrera <strong>en</strong>chante par l’élégance éclatante de sa mise <strong>en</strong> scène…<br />
Les tout-petits ont pu égalem<strong>en</strong>t s’initier à la danse grâce au spectacle<br />
Bigus l’Alchimiste, au théâtre de Fos. Cet appr<strong>en</strong>ti alchimiste accompagné<br />
de son double explore l’espace, les gestes du quotidi<strong>en</strong> et les<br />
quatre élém<strong>en</strong>ts naturels dans un laboratoire imaginaire. «Relier les<br />
idées aux gestes» grâce à «la mise <strong>en</strong> place de symboles», tel est le message<br />
que veul<strong>en</strong>t transmettre Hervé Maigret et Stéphane Bourgeois.<br />
Appr<strong>en</strong>tissage pour les petits ou redécouverte pour les grands, ce spectacle<br />
révèle à quel point le corps peut être un «moteur d’expression».<br />
Enfin, le public a pu assister, sous un chapiteau à Miramas, à une histoire<br />
d’amour de haute voltige ! Entre désaccords et passions corporelles,<br />
le couple formé par l’impressionnant porteur Victor Cathala et la<br />
magnifique Kati Pikkarain<strong>en</strong> mêl<strong>en</strong>t prodigieusem<strong>en</strong>t performances<br />
acrobatiques, amour et humour. Pour le meilleur et pour le pire raconte<br />
leurs mom<strong>en</strong>ts de t<strong>en</strong>dresse et leurs disputes à travers des portés audacieux<br />
et des chorégraphies virevoltantes aussi sublimes que périlleuses.<br />
Des mises <strong>en</strong> scènes astucieuses, de l’émotion et du tal<strong>en</strong>t, un joyeux<br />
mélange proposé une fois <strong>en</strong>core par le festival des Arts du geste, qui<br />
se poursuivra on l’espère au-delà de 2013, et retrouvera l’esprit av<strong>en</strong>tureux<br />
qui présida à ses premières éditions, sans perdre sa volonté plus<br />
réc<strong>en</strong>te de s’adresser aux tout-petits.<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Constelaciones a été joué le 8 février au Théâtre de l’Olivier à Istres<br />
Bigus l’Alchimiste a été joué le 9 février au Théâtre de Fos<br />
Pour le meilleur et pour le pire a été joué du 8 au 10 février sous chapiteau à Miramas<br />
Le festival se poursuit jusqu’au 17 février
L’effet papillon<br />
Les Temps Danse du théâtre Comoedia<br />
se suiv<strong>en</strong>t mais ne se<br />
ressembl<strong>en</strong>t pas. En ouverture, la<br />
compagnie aubagnaise Virevolte<br />
prés<strong>en</strong>ta un pot pourri déconcertant<br />
de ballets classiques interprétés<br />
par des amateurs, <strong>en</strong> alternance<br />
avec un jeune duo du Royal Danish<br />
Ballet dont on reti<strong>en</strong>dra la fraicheur<br />
réjouissante. Heureusem<strong>en</strong>t le<br />
deuxième temps fort permit d’oublier<br />
vite cette déconv<strong>en</strong>ue ! Place<br />
à l’une des révélations du Festival<br />
Off d’Avignon 2011 : la compagnie<br />
CFB 451 et sa Valse <strong>en</strong> trois temps<br />
<strong>en</strong>têtante. La prés<strong>en</strong>ce des frères<br />
Christian et François B<strong>en</strong> Aïm étant<br />
trop rare dans la région, on but<br />
jusqu’à la dernière goutte cette<br />
heure de pur plaisir. On se laissa<br />
emporter par le tourbillon de la<br />
valse qui, dans un ordre jamais<br />
prédéfini, se joua <strong>en</strong> duo puis <strong>en</strong><br />
solo puis <strong>en</strong> trio, <strong>en</strong>trecoupée de<br />
brèves irruptions comiques dans<br />
les travées. Sans décor et <strong>en</strong><br />
costumes de ville, Anne Foucher et<br />
Jaime Flor cherchèr<strong>en</strong>t le corps de<br />
l’autre à force d’esquives, d’arabesques,<br />
d’<strong>en</strong>vols et de tourbillonnem<strong>en</strong>ts<br />
nerveux. Avec cette espèce de maladresse<br />
feinte qui fait de chaque<br />
rapprochem<strong>en</strong>t un instant précieux.<br />
Touchante de grâce et d’aplomb,<br />
Aurélie Berland prit le contrepied<br />
des figures classiques imposées par<br />
Vivaldi et Mozart pour s’abandonner<br />
dans de fébriles déhanchem<strong>en</strong>ts,<br />
oscillations, et vibrations intérieures.<br />
Après un tel séisme, Aurélie<br />
Bertrand, Anne Foucher, François<br />
B<strong>en</strong> Aïm s’<strong>en</strong>gagèr<strong>en</strong>t sans ret<strong>en</strong>ue<br />
dans une vague ondulante,<br />
bondissante comme dans un long<br />
mouvem<strong>en</strong>t ininterrompu.<br />
M.G.-G.<br />
Prochain Temps 2 Danse<br />
du 9 au 13 avril à Aubagne<br />
et La P<strong>en</strong>ne-sur-Huveaune<br />
Valse <strong>en</strong> trois temps © Marc Munari<br />
© Agnès Mellon<br />
Sous l’eau au Silo<br />
Le 8 février marque pour le Ballet d’Europe l’aboutissem<strong>en</strong>t<br />
d’un projet de longue date, d’ampleur et d’importance. H 2 O -<br />
Mémoires de l’eau est <strong>en</strong> gestation depuis plusieurs années,<br />
parce que Jean-Charles Gil travaille sur la fluidité du mouvem<strong>en</strong>t,<br />
et sur le dialogue <strong>en</strong>tre breakdance et danse classique,<br />
depuis longtemps, et que depuis trois ans diverses étapes de travail<br />
ont montré au public un cheminem<strong>en</strong>t qui aboutit aujourd’hui.<br />
Tout y est : un vrai décor, complexe et beau -fait d’une vague, de<br />
lumières, de projections de particules, d’un masque de Victoire<br />
et de vidéos subaquatiques- fait naître une vraie magie, à laquelle<br />
on ne peut reprocher, peut-être, qu’un peu trop de<br />
pénombre ; les costumes coll<strong>en</strong>t parfaitem<strong>en</strong>t aux corps,<br />
laissant voir leurs mouvem<strong>en</strong>ts ; la musique électronique sait<br />
s’emparer de sons concrets glougloutants, mais hélas n’échappe<br />
pas à l’agressivité de certains sons de synthèse et à la<br />
sur-scansion binaire. Malgré cet écueil la pièce s’est affinée et<br />
affirmée depuis l’avant-première lors du Forum de l’eau, où elle<br />
était déjà épatante : les danseurs, toujours aussi virtuoses, sav<strong>en</strong>t<br />
dans la première partie faire groupe anonyme, dans la<br />
seconde laisser surgir leurs individualités. Les breakdancers<br />
<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t superbem<strong>en</strong>t dans les chorégraphies de groupe, auxquelles<br />
leur art les habitue peu, tout <strong>en</strong> laissant pétiller la scène<br />
de leurs sauts périlleux. Et surtout, le propos général de la pièce<br />
s’éclaire : r<strong>en</strong>contre matérielle <strong>en</strong>tre des atomes pour former<br />
molécule d’eau, ou <strong>en</strong>tre des danses de technique différ<strong>en</strong>te qui<br />
fusionn<strong>en</strong>t, la première partie, métaphore de l’intégration qui<br />
n’arase pas, plonge à prés<strong>en</strong>t dans la mémoire commune du<br />
fleuve antique, parle des statues du Rhône retrouvées. Ainsi<br />
SisQo, le Danseur du Rhône, opère une synthèse qui n’oppose<br />
plus les gestuelles, mais retrouve la danse que toutes les rives<br />
de la Méditerranée ont un jour partagées, <strong>en</strong> des temps<br />
hellénistiques…<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
H 2 O a été dansé le 8 février au Silo, Marseille,<br />
et est programmé au GTP, Aix, le 6 mars<br />
et le 4 mai aux Salins, Martigues<br />
17<br />
D<br />
A<br />
N<br />
SE<br />
RetrouveZ sur notre site ces critiques danse et jeune public et découvreZ les autres !<br />
- Lieux Public Sirène «Horizondelles»<br />
- Ucellini au L<strong>en</strong>che<br />
- Imperman<strong>en</strong>ce/les Hivernales à Cavaillon<br />
-Weepers Circus au PôleJeunePublic<br />
- Divine/gloria aux Hivernales<br />
-El Djoudour/Abou Lagraa au GTP<br />
- Les chemins de la danse à Nîmes<br />
www.journalzibeline.fr
18<br />
M<br />
USIQUE<br />
Contemporaine hilare<br />
et soldat d’<strong>en</strong>fer<br />
Depuis près de 20 ans Télémaque r<strong>en</strong>d accessible<br />
des œuvres difficiles d’accès, <strong>en</strong> gommant<br />
les a priori rebutant d’ordinaire des publics qui<br />
ont connu des expéri<strong>en</strong>ces négatives au contact<br />
de la musique contemporaine.<br />
Le 25 janvier, aux ABD Gaston Defferre, le pari<br />
est osé, surtout <strong>en</strong> matinée lorsque les musici<strong>en</strong>s<br />
se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t devant un public de scolaires<br />
de 8 à 18 ans. Au programme, des œuvres radicales<br />
des années <strong>60</strong>-70. Pas de ces opus<br />
chantants dans lesquels l’auditeur peut se<br />
reposer sur une mélodie suave et des harmonies<br />
consonantes… Non ! La Sequ<strong>en</strong>za III<br />
de Berio expose tout un vocabulaire explorant<br />
les limites de la voix de femme, du grave à<br />
l’aigu, du cri au râle, du souffle au rire… quand<br />
les Récitations d’Aperghis mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> forme<br />
des répétitions, jeux de mots, accumulations<br />
délirantes à la Perec.<br />
Mais d’emblée le public est conquis, malgré<br />
l’atmosphère énigmatique qui se noue <strong>en</strong>tre<br />
les musici<strong>en</strong>s/personnages. Leur tal<strong>en</strong>t et<br />
l’habile mise <strong>en</strong> scène d’Olivier Pauls font une<br />
partie du chemin qui conduit à l’adhésion. Au<br />
demeurant, c’est grâce à la prés<strong>en</strong>ce hardie,<br />
la maîtrise technique, les atouts de comédi<strong>en</strong>ne<br />
de Brigitte Peyré, soprano au sommet de<br />
son art, que l’<strong>en</strong>treprise réussit. Les jeunes ri<strong>en</strong>t,<br />
particip<strong>en</strong>t activem<strong>en</strong>t, suiv<strong>en</strong>t du regard et<br />
de l’oreille les multiples int<strong>en</strong>tions portées aux<br />
textes par la chanteuse, répèt<strong>en</strong>t spontaném<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> chœur un refrain hallucinant… Et<br />
lorsque les instrum<strong>en</strong>tistes donn<strong>en</strong>t des percussions<br />
(Christian Bini et Gisèle David)<br />
dans RRR de Kagel, quand le souffle cuivré de<br />
Gérard Ocello (trompette) se mêle aux inflexions<br />
de la soprano dans des duos de Max<br />
Lifchitz, l’att<strong>en</strong>tion ne retombe pas. C’est<br />
gagné !<br />
Clou d’un spectacle rare, les jeunes assist<strong>en</strong>t,<br />
<strong>en</strong> première mondiale, à une création de<br />
Thierry Machuel, compositeur au programme<br />
du baccalauréat <strong>en</strong> 2013 : Je resterai debout<br />
dans la lumière. Cet opus connaîtra un prolongem<strong>en</strong>t<br />
pour chœurs, représ<strong>en</strong>té fin mai<br />
dans la nouvelle salle que Télémaque inaugure<br />
à l’Estaque (Pole Instrum<strong>en</strong>tal Contemporain).<br />
Le soir, le même spectacle est joué : ce Corpus<br />
fictif qui inv<strong>en</strong>te sa propre forme. L’atmosphère<br />
y est au départ plus tempérée, pour une<br />
acuité d’adultes… mais Brigitte Peyré et les<br />
musici<strong>en</strong>s sont si déchainés que p<strong>en</strong>dant la<br />
Corpus Fictif © Agnes Mellon<br />
Sequ<strong>en</strong>za des rires irrépressibles fus<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>fl<strong>en</strong>t…<br />
et ne cesseront plus ! Le public sage de la musique<br />
contemporaine a fait péter ses verrous<br />
grâce à la loufoquerie retrouvée de partitions<br />
des années 70, irrévér<strong>en</strong>cieuses, mais jouées<br />
aujourd’hui comme des messes grises. Là leur<br />
comique éclate, sans perdre une miette de la<br />
précision musicale, mais <strong>en</strong> retrouvant le<br />
«corpus» et la «fiction» qui <strong>en</strong> font <strong>en</strong>fin une<br />
matière vivante…<br />
Le 26 janvier place à L’histoire du soldat. Télémaque<br />
y revi<strong>en</strong>t après l’avoir souv<strong>en</strong>t intégré<br />
à ses programmes mais sa version 2013 du<br />
conte musical, par sa mise <strong>en</strong> scène intimiste,<br />
r<strong>en</strong>d au chef-d’œuvre du siècle dernier sa<br />
fausse légèreté. Une configuration fidèle à la<br />
version «chambriste» et à la volonté initiale<br />
de Stravinsky et Ramuz, pour un spectacle qui<br />
r<strong>en</strong>oue avec l’esprit du théâtre de tréteaux. La<br />
musique suit et comm<strong>en</strong>te les péripéties de<br />
Joseph, victime malgré lui d’un pacte fausti<strong>en</strong>.<br />
Quand le jeune militaire <strong>en</strong> permission troque<br />
son modeste violon contre un livre magique,<br />
c’est <strong>en</strong> réalité son âme qu’il concède à cet<br />
inconnu aux démoniaques arrière-p<strong>en</strong>sées.<br />
Récitants habités par leurs personnages respectifs<br />
-le soldat, le diable et le narrateur-,<br />
R<strong>en</strong>aud-Marie Leblanc (qui signe égalem<strong>en</strong>t<br />
la mise <strong>en</strong> espace) et Brigitte Peyré donn<strong>en</strong>t<br />
littéralem<strong>en</strong>t vie au texte de Ramuz. Créée au<br />
l<strong>en</strong>demain de la Grande guerre, L’histoire du<br />
soldat, derrière la fable naïve, interroge sur la<br />
notion de bonheur, le s<strong>en</strong>s de la richesse, les<br />
effets du temps et de l’éloignem<strong>en</strong>t. Des questionnem<strong>en</strong>ts<br />
pim<strong>en</strong>tés par une partition<br />
primesautière, rythmiquem<strong>en</strong>t très virtuose et<br />
mélodiquem<strong>en</strong>t colorée, interprétée avec subtilité<br />
et lyrisme, sur des tempi plus que risqués,<br />
qui pass<strong>en</strong>t comme sans effort : Télémaque a<br />
joué cette Histoire plus de 50 fois…<br />
JACQUES FRESCHEL ET THOMAS DALICANTE<br />
Émerg<strong>en</strong>ce de la matière<br />
Pour sa 2 e édition, Reevox, temps hivernal du<br />
GMEM dédié aux expéri<strong>en</strong>ces électroniques, a<br />
offert un terrain d’expression à une génération<br />
héritière des Pierre originels : Schaeffer & H<strong>en</strong>ry.<br />
Cinq «élèves» de la classe de musique électroacoustique<br />
du Conservatoire de Marseille<br />
dirigée par Pascal Gobin sont passés à la<br />
console de mixage, pour diffuser, spatialiser<br />
sur haut-parleurs leur matériel sonore. Si les<br />
trames profondes, vagues ondoyantes et orgue<br />
diffracté de Luci<strong>en</strong> Gaudion évoqu<strong>en</strong>t Les<br />
Poulpes, Abysses de Viviane Riberaiga, polyphonies<br />
de mots devinés, chuchotés, itératifs,<br />
affiche un discours plus <strong>en</strong>gagé sur la cruauté<br />
urbaine. Dans cette pléiade tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire, une<br />
jeune artiste n’att<strong>en</strong>d point le nombre des<br />
ans : à 17 ans, Juliette Lay mêle sons concrets<br />
et synthétiques pour une féminine Psychée,<br />
corde vibrante métamorphosée au gré d’impacts<br />
sourds, scratch et ondulations… Le geste<br />
minimaliste de Nicolo Terrasi pénètre la voie<br />
osseuse avec ses infra-graves, avant d’hausser<br />
son continuum ?Verrà la morte e avrà i tuoi<br />
occhi ? (d’après Pavese) vers des fréqu<strong>en</strong>ces<br />
effilées… Peut-être aussi qu’à force d’errem<strong>en</strong>ts,<br />
pas à pas contrôlés, de Loïse Bulot et<br />
son énigmatique Ma’iàn, aurons-nous deviné<br />
une voie scintillante, fugace…<br />
Dans le concert suivant la voie est là : Pôm<br />
Bouvier écrit une Théorie des cordes qui explore<br />
le son de l’intérieur, comme une matière<br />
cellulaire qui <strong>en</strong>fle et évolue, construisant un<br />
discours et ouvrant des mondes, épais et lumineux,<br />
qui s’effondr<strong>en</strong>t et se reconstruis<strong>en</strong>t. On<br />
oublie de chercher d’où provi<strong>en</strong>t le son, son<br />
origine et comm<strong>en</strong>t il se trafique, pour y<br />
plonger…<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
Ces deux concerts ont eu lieu au KLAP,<br />
Marseille, le 6 février
Méditerranée<br />
au prés<strong>en</strong>t<br />
Durant cinq jours<br />
de Prés<strong>en</strong>ces, Festival<br />
que Radio France<br />
a déc<strong>en</strong>tralisé à<br />
Aix à l’occasion<br />
de MP2013, le public<br />
a découvert toute<br />
une palette d’œuvres<br />
contemporaines<br />
On ne dira pas que Nubes, la<br />
création de Marco-Antonio Perez-Ramirez,<br />
dédiée à Pierre<br />
Soulages et inspirée de ses monochromes,<br />
est passée inaperçue.<br />
Mais malgré une écriture massique<br />
maîtrisée, beaucoup ne reti<strong>en</strong>dront<br />
que les mots d’Albert Camus, si<br />
douloureux parfois. Car le 24 janv<br />
le concert Camus méditerrané<strong>en</strong><br />
confrontait la création et le répertoire<br />
contemporains à la force<br />
d’une écriture riche de poésie, et<br />
porteuse d’idées.<br />
Sous la conduite d’Ernest Martinez-Izquierdo,<br />
l’Orchestre et le<br />
Chœur de Radio France illuminai<strong>en</strong>t<br />
et colorai<strong>en</strong>t le texte de<br />
Retour à Tipasa sur une musique<br />
d’H<strong>en</strong>ri Tomasi (voir p 49). Dans<br />
La Peste, le timbre de Robin R<strong>en</strong>ucci<br />
a paru cotonneux et flûté<br />
à côté de celui de Stéphane Freiss,<br />
remplaçant au pied levé Michael<br />
Lonsdale. La musique du catalan<br />
Roberto Gerhard, nécessitant un<br />
effectif pléthorique (170 interprètes<br />
!), fut d<strong>en</strong>se, figurative et<br />
pleine d’émotion. Il <strong>en</strong> fallait des<br />
ressources pour épouser le poids<br />
de ces mots ! Éprouvante comme<br />
l’agonie de l’<strong>en</strong>fant jusqu’à son<br />
râle perceptible dans l’orchestre,<br />
l’orchestration de cette œuvre int<strong>en</strong>se<br />
trouvait un écho ingénieux<br />
dans le traitem<strong>en</strong>t des voix.<br />
Chuchotem<strong>en</strong>ts, hauteurs indéterminées,<br />
rythmique libre et textes<br />
Orchestre Philharmonique de Radio France © JF Leclerc<br />
couplés alternai<strong>en</strong>t avec une<br />
choralité rigoureuse et précise.<br />
Un beau mom<strong>en</strong>t d’émotion au<br />
croisem<strong>en</strong>t des musiques, des<br />
mots et des terres !<br />
Ori<strong>en</strong>ts divers<br />
Après la Méditerranée europé<strong>en</strong>ne,<br />
Prés<strong>en</strong>ces se dirigeait vers<br />
L’Ori<strong>en</strong>t de Maalouf & El Malek, le<br />
25 janv. Nul ne songerait à remettre<br />
<strong>en</strong> cause les qualités d’instrum<strong>en</strong>tiste<br />
du saxophoniste de jazz, ni<br />
de l’incontournable Ibrahim Maalouf,<br />
chantre de la trompette à<br />
quart de ton ; <strong>en</strong> atteste l’improvisation<br />
délicieuse proposée <strong>en</strong><br />
guise de bis. Mais quand ces deux<br />
interprètes se mu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compositeurs<br />
le bât blesse ! Quand on a<br />
à disposition des outils tel que le<br />
Philharmonique, la Maîtrise de<br />
Radio France et Musicatreize, il<br />
est indig<strong>en</strong>t de proposer une œuvre,<br />
Les sept fils d’Hanna de El<br />
Malek, d’une telle médiocrité !<br />
Oscillant <strong>en</strong>tre une musique de film<br />
de série B et un avatar de Philip<br />
Glass, cette pièce, interminable,<br />
cumule tous les mauvais clichés<br />
de la musique «classique».<br />
Le concerto pour trompette, Point<br />
33, du musici<strong>en</strong> franco-libanais,<br />
ne s’affirmera pas comme une référ<strong>en</strong>ce<br />
du g<strong>en</strong>re mais s’appar<strong>en</strong>te<br />
à une véritable composition, où<br />
l’on retrouve de vieux gestes de<br />
musique démantibulée de Chostakovitch,<br />
des séqu<strong>en</strong>ces de<br />
musique répétitive assez abouties<br />
Indisp<strong>en</strong>sable collectif !<br />
À l’écoute du concert donné le 8 février par<br />
l’<strong>en</strong>semble Musicatreize dans la salle du même nom,<br />
on se dit que, décidém<strong>en</strong>t, Roland Hayrabedian<br />
dispose d’un magnifique instrum<strong>en</strong>t ! Il joue de ses<br />
douze voix comme un organiste tire ses jeux, un<br />
pianiste manipule son clavier, d’un geste ferme,<br />
souple, précis, libre… Sans son insolite volonté, il<br />
y a un quart de siècle, de créer un «outil» dédié à la<br />
musique vocale contemporaine <strong>en</strong> région, nombre<br />
d’œuvres n’aurai<strong>en</strong>t vu le jour, comme la douce<br />
Duerme (berceuse) d’Edith Canat de Chizy, créée<br />
pour l’occasion, page jolim<strong>en</strong>t <strong>en</strong>luminée de<br />
percussions. Maurice Ohana et son Swan Song,<br />
éclatant d’assurance parce que les chanteurs, depuis<br />
des lustres, ont fait de ce «requiem onirique» un<br />
standard, serai<strong>en</strong>t peut-être restés dans les placards<br />
de l’histoire musicale ?<br />
En 1970, seules quelques voix parisi<strong>en</strong>nes (à<br />
l’O.R.T.F. principalem<strong>en</strong>t) étai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> mesure<br />
d’interpréter la longue Danaë de François Bernard<br />
Mâche, d’assumer la modernité de son langage ;<br />
aujourd’hui Musicatreize <strong>en</strong>sem<strong>en</strong>ce naturellem<strong>en</strong>t<br />
et un véritable travail sur le<br />
temps emblématique de la culture<br />
ori<strong>en</strong>tale. Malheureusem<strong>en</strong>t, le<br />
manque cruel de trame harmonique<br />
laisse l’auditeur sur un<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t plus que mitigé, malgré<br />
le tal<strong>en</strong>t des musici<strong>en</strong>s, bi<strong>en</strong><br />
peu aidés par la direction pour le<br />
moins singulière de Léo Hussein.<br />
Deux créations sur le thème de<br />
l’Ori<strong>en</strong>t qui ne laisseront pas un<br />
souv<strong>en</strong>ir impérissable !<br />
En clôture de l’événem<strong>en</strong>t, Voix<br />
interdites d’Ahmed Essyad (voir<br />
p 49) a <strong>en</strong>fin célébré un beau<br />
mariage <strong>en</strong>tre Occid<strong>en</strong>t et Ori<strong>en</strong>t,<br />
tradition et modernité (le 26<br />
janv), alors qu’une nouvelle<br />
création de Zad Moultaka a mis<br />
une nouvelle fois à l’honneur un<br />
pionnier de la diffusion des<br />
musiques d’aujourd’hui : Roland<br />
Hayrabedian, à la fête avec<br />
Musicatreize et le Chœur<br />
contemporain (le 27 janv).<br />
FRÉDÉRIC ISOLETTA ET CHRISTOPHE FLOQUET<br />
l’opus quarant<strong>en</strong>aire d’une «pluie d’or» toute de<br />
crépitem<strong>en</strong>ts chuchotés ! Au sein du chœur, de<br />
surcroît, de formidables solistes gard<strong>en</strong>t leur réserve,<br />
jusqu’à ce qu’un soir<br />
l’un deux manifeste<br />
son tal<strong>en</strong>t, sa prés<strong>en</strong>ce,<br />
comme Xavier<br />
de Lignerolle, ténor<br />
tout-terrain qui<br />
a fait du Chant intime<br />
de Zad Moultaka<br />
un lam<strong>en</strong>to à la<br />
force expressive<br />
«frappante» !<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
Musicatreize © Guy Vivi<strong>en</strong><br />
19<br />
M<br />
USIQUE
20<br />
M<br />
USIQUE<br />
Décapitées<br />
Pour la nouvelle production des Dialogues des carmélites de Francis<br />
Poul<strong>en</strong>c à l’Opéra de Toulon, les metteurs <strong>en</strong> scène avai<strong>en</strong>t choisi de<br />
situer l’action du drame dans une intemporalité paradoxale. Exit donc<br />
la Terreur : ils ont préféré mettre l’acc<strong>en</strong>t sur la vie spirituelle de ce<br />
groupe de religieuses marquée par l’épure, <strong>en</strong> les faisant évoluer dans<br />
un décor très sobre mais chargé de symboles où dominait le blanc<br />
magnifié par un habile jeu de lumières et de projections de photos. À<br />
la baguette, Serge Baudo, habitué incontesté du répertoire français,<br />
a su mettre <strong>en</strong> valeur les somptueuses orchestrations du compositeur<br />
jusqu’au sublime Salve Regina final au message visuel très explicite.<br />
Dans cette distribution majoritairem<strong>en</strong>t féminine, les hommes tirai<strong>en</strong>t<br />
leur épingle du jeu, <strong>en</strong> particulier les deux ténors titulaires des rôles<br />
du chevalier de la Force et de l’aumônier et surtout l’excell<strong>en</strong>t Laur<strong>en</strong>t<br />
Alvaro qui donnait beaucoup de profondeur et de dignité au Marquis<br />
de la Force.<br />
Les dames étai<strong>en</strong>t dans l’<strong>en</strong>semble à la hauteur de leurs rôles. Virginie<br />
Pochon incarnait une Constance lumineuse. Angeles Blancas Gulin<br />
donnait tout son s<strong>en</strong>s au rôle de Mme Lidoine, dev<strong>en</strong>ant face aux<br />
épreuves terribles une grande Prieure, prête à tout pour protéger «ses<br />
filles». Belle prestation aussi de Sophie Fournier qui habitait avec<br />
beaucoup d’autorité et de sobriété Mère Marie. Nadine D<strong>en</strong>ize, forte<br />
de sa longue et belle carrière, était quant à elle une fascinante Mme<br />
de Croissy à la fois autoritaire et hautaine mais qui, face à la mort,<br />
perdait toute sa dignité. Seule Ermonela Jaho, belle chanteuse,<br />
semblait vocalem<strong>en</strong>t à contre-emploi avec un timbre sans doute trop<br />
corsé pour incarner la fière mais frêle Blanche de la Force…<br />
ÉMILIEN MOREAU<br />
Dialogues des carmelites © Frederic Stephan<br />
Au nom du père<br />
Dès l’ouverture du rideau ret<strong>en</strong>tit un motif tranchant, deux «brèves»<br />
incisives suivies d’une «longue» fracassante, qu’<strong>en</strong> scansion poétique<br />
dérivée du grec on nomme «anapeste»… C’est le nom d’un père<br />
abs<strong>en</strong>t qu’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d-là, tout aussi grec parmi les rescapés de Troie :<br />
«Agamemnon !». Assassiné par l’adultère Clytemnestre et son amant<br />
Egisthe, ce père ainsi nommé est tout <strong>en</strong>tier prés<strong>en</strong>t dans l’esprit,<br />
l’âme et le corps d’Électre, fille vouée à la v<strong>en</strong>geance.<br />
Moins de deux heures plus tard, lorsqu’aux ultimes mesures résonne<br />
ce nom-même, martelé par l’impressionnante masse orchestrale,<br />
après que l’héroïne a succombé d’une crise hystérique, valse fantasmagorique<br />
au bout de sa transe, on chavire avec elle… Seule,<br />
Chrysothémis appelle <strong>en</strong> vain le secours du bras meurtrier : «Oreste !».<br />
Le fatum antique accompli, le frère a sombré dans la folie !<br />
Elektra c’est un chef-d’œuvre qui attrape à la gorge, fouille dans le<br />
v<strong>en</strong>tre d’obscurs tabous que les mots ne suffis<strong>en</strong>t à dire… et que la<br />
musique justem<strong>en</strong>t exprime. Avec quelle force expressive ! Elektra<br />
c’est un choc qu’on pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> pleine face, comme l’Europe <strong>en</strong> 1909<br />
quand, à Vi<strong>en</strong>ne, circul<strong>en</strong>t des idées neuves sur la pulsion de mort,<br />
le s<strong>en</strong>s des rêves et le refoulé, l’hystérie, l’inceste et les complexes…<br />
Si Richard Strauss et Hofmannsthal puis<strong>en</strong>t dans la famille malade<br />
des Atrides, n’est-ce pas (inconsciemm<strong>en</strong>t ?) pour donner corps à ce<br />
qui demeure l’une des découvertes majeures du siècle dernier ?<br />
Il faut aller voir la production de l’Opéra de Marseille, pour la mise<br />
<strong>en</strong> scène intellig<strong>en</strong>te de Charles Roubaud et les décors <strong>en</strong> perspective,<br />
verticale déformée et saisissante d’Emmanuelle Favre, pour la<br />
découverte d’une magnifique soprano, Ricarda Merbeth, portant<br />
l’émotion à son comble, double positif de sa sœur inhumaine, à<br />
l’image du rôle-titre qu’assume brillamm<strong>en</strong>t Jeanne-Michèle Charbonnet…<br />
Pour Marie-Ange Todorovitch, mère tranchante comme<br />
les cris d’horreurs qui zèbr<strong>en</strong>t l’espace lorsque la lame pénètre sa<br />
chair… pour le grave somptueux de Nicolas Cavallier… et la direction<br />
experte de Pinchas Steinberg !<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
Elektra<br />
jusqu’au 16 fév<br />
Opéra de Marseille<br />
04 91 55 11 10<br />
http://opera.marseille.fr<br />
Inhumaine condition<br />
Wozzeck (1925) est une œuvre<br />
majeure qui peut surpr<strong>en</strong>dre, aujourd’hui<br />
<strong>en</strong>core, par sa modernité,<br />
son esthétique expressionniste<br />
magnifiée par un langage presque<br />
exclusivem<strong>en</strong>t atonal. Plongeant,<br />
dès l’ouverture, le drame dans une<br />
atmosphère glauque et surréaliste<br />
© Cedric Delestrade-ACM Studio<br />
(un jeune <strong>en</strong>fant armé d’un pistolet,<br />
un champ dévasté, une fourgonnette<br />
J9, un échafaudage…),<br />
Mireille Larroche met <strong>en</strong> scène<br />
l’inhumanité de Wozzeck, soldat/<br />
paria, perdu et désœuvré, rattaché<br />
à la Vie par la prés<strong>en</strong>ce s<strong>en</strong>sible<br />
de Marie, la mère de son <strong>en</strong>fant,<br />
mais aussi par celle de ce gosse,<br />
omniprés<strong>en</strong>t jusqu’au coup de<br />
poignard mortel, la mort de l’antihéros<br />
dans un décor désaffecté et<br />
<strong>en</strong>fumé…<br />
Illustration de l’absurdité du monde<br />
à un tournant de son histoire ?<br />
De l’insupportable pression sociale<br />
et du «vivre fou» au risque de<br />
tuer ? En Avignon, l’opéra de Berg<br />
interrogeait autant le passé de<br />
l’<strong>en</strong>tre-deux-guerres que le prés<strong>en</strong>t<br />
des no man’s land périurbains.<br />
Seule la prés<strong>en</strong>ce poignante de<br />
l’<strong>en</strong>fant (Robin Gornay <strong>en</strong> alternance<br />
avec Pauline Lestrelin),<br />
alignant d’une main joueuse de<br />
vieilles chaussures volées par son<br />
père à des passants, laisse <strong>en</strong>trevoir,<br />
au final, une pâle lueur d’espoir<br />
dans un champ de désolation et<br />
de poubelles fumantes.<br />
Côté musique, si la performance<br />
de Barbara Ducret dans le rôle de<br />
Marie fut indéniable, Andreas<br />
Scheibner dans le rôle-titre, n’a<br />
guère séduit. Dans une salle aux<br />
deux tiers pleine, l’OLRAP dirigé<br />
par Pierre Roullier fut applaudis…<br />
sans rappel… à cause<br />
peut-être (on l’espère !) de<br />
l’impact dramatique et musical du<br />
chef-d’œuvre.<br />
CHRISTINE REY
Marseille et Naples<br />
au chœur<br />
Le Còr de la Plana et Assurd ont uni leurs voix pour une<br />
création dédiée aux deux cités qui leur sont chères<br />
Le Cor de la Plana © X-D.R<br />
Dans le cadre de MP2013, la Cité<br />
de la musique propose Cantates<br />
du monde-Marseille, porte du<br />
Sud. Une série de concerts qui<br />
repositionne Marseille <strong>en</strong> tant<br />
que ville accueillant le monde, et<br />
une invitation forcém<strong>en</strong>t plaisante<br />
pour les cinq Prov<strong>en</strong>çaux<br />
du Còr de la Plana et le quatuor<br />
féminin du sud de l’Italie nommé<br />
Assurd. Réunir Marseille et Naples<br />
le temps d’un spectacle, jouer sur<br />
les caractéristiques communes<br />
aux deux ports méditerrané<strong>en</strong>s<br />
sans verser dans la caricature,<br />
c’est le défi relevé par la création<br />
Ve Zou Via, fusion temporaire de<br />
deux groupes singuliers qui puis<strong>en</strong>t<br />
dans les musiques traditionnelles<br />
pour <strong>en</strong> tirer des sonorités d’aujourd’hui.<br />
Ve Zou Via, c’est aussi<br />
un clin d’œil au Vésuve, à travers<br />
un répertoire explosif, provocateur<br />
et d’insoumission dont une<br />
inoubliable reprise de Bambino<br />
aux effets «stupéfiants».<br />
Percussions <strong>en</strong> tous g<strong>en</strong>res, castagnettes,<br />
accordéon ou guitares<br />
dont la chitarra batt<strong>en</strong>te, typique<br />
de l’Italie méridionale, accompagn<strong>en</strong>t<br />
les prouesses vocales d’une<br />
association complice et turbul<strong>en</strong>te<br />
mais qui n’a ri<strong>en</strong> de mafieux !<br />
De la sérénade à la farandole <strong>en</strong><br />
passant par des chants sacrés, les<br />
ritournelles de Manu Théron, Enza<br />
Pagliara et de leurs comparses<br />
sont le reflet de territoires rugueux<br />
et d’histoires laborieuses. Des<br />
chants de peuples vivants, <strong>en</strong> bouillonnem<strong>en</strong>t<br />
constant, interprétés<br />
avec ce qu’il faut de fraîcheur et<br />
de désinvolture.<br />
THOMAS DALICANTE<br />
La création VeZouVia a été jouée<br />
le 19 janvier à la Cité de<br />
la musique de Marseille<br />
21<br />
M<br />
USIQUE<br />
Virtuoses du sampler<br />
Le duo JukeBox Champions jouait le 1 er février<br />
au Poste à galène, à Marseille. Ce projet<br />
réunit sur scène Blanka et Fade, deux beatmakers<br />
(compositeurs d’instrum<strong>en</strong>tal hip-hop)<br />
qui ne sont sans doute pas étrangers à vos<br />
oreilles. Blanka est un DJ et producteur marseillais<br />
membre du collectif La Fine Equipe.<br />
Fade est le producteur du trio hip hop A State<br />
Of Mind (ASM) qui a <strong>en</strong>flammé plus d’une fois<br />
le public marseillais (récemm<strong>en</strong>t à Marsatac<br />
2012). Littéralem<strong>en</strong>t propulsé par leur EP éponyme<br />
<strong>en</strong> 2012, ils sont choisis cette année par<br />
Adidas pour illustrer une campagne publicitaire….<br />
JukeBox Champions est le fruit de la collaboration<br />
de deux passionnés de funk, de soul<br />
et de hip hop, la réunion de deux accrocs du<br />
bidouillage visuel et sonore. Armés de MPC, de<br />
platines et de nombreuses autres machines,<br />
les deux alchimistes offr<strong>en</strong>t une prestation live<br />
impressionnante ! Ils utilis<strong>en</strong>t leurs samplers<br />
comme des instrum<strong>en</strong>ts, jou<strong>en</strong>t les rythmes et<br />
les mélodies <strong>en</strong> temps réel, <strong>en</strong> synchronisation<br />
avec des vidéos projetées derrière eux.<br />
Une performance millimétrée qui demande du<br />
travail <strong>en</strong> amont : ce set ultra calé laisse peu<br />
de place à l’improvisation. À la spontanéité ?<br />
JukeBox Champions © X-D.R<br />
le spectateur qui aime voir un show unique a<br />
probablem<strong>en</strong>t été déçu...<br />
En revanche, il aura apprécié la mise <strong>en</strong> bouche<br />
haut de gamme d’Hugo Kant qui ouvrait<br />
la soirée.<br />
Le pluri instrum<strong>en</strong>tiste aixois proposait <strong>en</strong><br />
première partie un dj set agrém<strong>en</strong>té de nombreuses<br />
improvisations à la flûte traversière et<br />
aux claviers. Une belle fusion jazz/electro/hip<br />
hop.<br />
KEVIN DERVEAUX<br />
Les JukeBox Champions et Hugo Kant se sont<br />
produits le 1 er février au Poste à galène, Marseille<br />
RetrouveZ sur notre site ces critiques musique et découvreZ les autres !<br />
- Nicolas Kœdinger Trio au Roll’studio<br />
- Patchwork dreamer au Cri du Port<br />
-Korcia joue Tomasi<br />
- L’<strong>en</strong>fant et les sortilèges au Jeu de Paume<br />
-Quatre jours à Paris à l’Odéon<br />
-Ha<strong>en</strong>del/britt<strong>en</strong> François-Xavier Roth au Jeu de Paume<br />
-Quatuor Hag<strong>en</strong>, Duo Rigutto, Nikolaï Lugansky, Sextuor Ophélie Gaillard au GTP<br />
-Alina Pogostkina à l’Opéra de Toulon<br />
- Orchestre du pays d’Aix<br />
- Ahmad Jamal au GTP<br />
- Bach <strong>en</strong> Balles à St-Maximin<br />
www.journalzibeline.fr
22<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
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M<br />
E<br />
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HÉÂTRE<br />
La Chute<br />
Jean-Baptiste Clam<strong>en</strong>ce a laissé une jeune<br />
femme se noyer dans la Seine. Une chute<br />
physique qui provoque <strong>en</strong> lui une prise de<br />
consci<strong>en</strong>ce morale autant qu’une déchéance<br />
sociale. La mise <strong>en</strong> scène de Raymond<br />
Vinciguerra donne à <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre et compr<strong>en</strong>dre<br />
le récit introspectif de Camus, porté par le jeu<br />
brillant de Philippe Séjourné, et les images<br />
projetées représ<strong>en</strong>tant son trajet m<strong>en</strong>tal.<br />
du 12 au 16 mars<br />
Le Gyptis, Marseille<br />
04 91 11 41 50<br />
www.theatregyptis.com<br />
© Francois Mour<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>sal<br />
Jean la chance<br />
Le «chef de troupe» Jean-Louis Hourdin met<br />
<strong>en</strong> scène la pièce de jeunesse inachevée de<br />
Brecht, dans laquelle Jean, paysan b<strong>en</strong>êt et naïf,<br />
r<strong>en</strong>tre chez sa mère après sept ans de bons et<br />
loyaux services. En chemin il perdra son sac d’or<br />
et parvi<strong>en</strong>dra au terme de son voyage les mains<br />
vides mais heureux, acceptant sans mot dire, et<br />
les excusant, les vil<strong>en</strong>ies subies.<br />
le 15 fév<br />
Le Toursky, Marseille<br />
0 820 300 033<br />
www.toursky.org<br />
No Signal [?Help]<br />
Le metteur <strong>en</strong> scène Hubert Colas, artiste<br />
associé à l’ERAC, et Jean-Jacques Jauffret,<br />
auteur et réalisateur, cré<strong>en</strong>t avec les élèves de<br />
3 e année-<strong>en</strong>semble 20 No Signal [?Help], «une<br />
étrange r<strong>en</strong>contre <strong>en</strong>tre le théâtre et le cinéma».<br />
«L’histoire de No signal [?Help] pr<strong>en</strong>d langue et<br />
image dans les chemins sinueux du désir d’une<br />
jeune génération aux prises avec le monde qui<br />
l’<strong>en</strong>toure. Comm<strong>en</strong>t vivre ce que l’on perçoit du<br />
désir d’autrui s’il ne se tourne pas vers nous ?<br />
Aimer, être aimé. Comm<strong>en</strong>t se saisir de ses<br />
propres désirs, de son plaisir ou de sa peine face<br />
à ce que l’on ne compr<strong>en</strong>d pas <strong>en</strong>core ?»<br />
explique Hubert Colas.<br />
du 13 au 16 fév<br />
La Friche La Belle de Mai, Marseille<br />
04 95 04 95 78<br />
www.lafriche.org<br />
© X-D.R<br />
© X-D.R<br />
Meilleurs souv<strong>en</strong>irs...<br />
Les vacances annuelles durem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>ues,<br />
passées à Grado, station balnéaire de la côte<br />
adriatique, ne s’avèr<strong>en</strong>t pas être aussi idylliques<br />
que prévues pour Anna et Karl. Difficile de faire<br />
coïncider rêve et réalité, lorsque cette dernière<br />
correspond à une exist<strong>en</strong>ce soumise dans<br />
laquelle le travail a pris le dessus sur les désirs…<br />
Le texte de Franz-Xaver Kroetz est mis <strong>en</strong><br />
scène par Gilles David.<br />
Meilleurs souv<strong>en</strong>irs de Grado<br />
du 26 fév au 12 mars<br />
Le L<strong>en</strong>che, Marseille<br />
04 91 91 52 22<br />
www.theatredel<strong>en</strong>che.info<br />
La Domination....<br />
De la forme très particulière de domination<br />
qu’est la domination masculine selon Pierre<br />
Bourdieu, aux extraits de mythes et de contes<br />
kabyles analysés par Tassadit Yacine-Titouh,<br />
Jeremy Beschon tire un spectacle qui<br />
«expose de manière ludique une domination<br />
que l’on p<strong>en</strong>se d’ordre naturel, alors que celleci<br />
est d’ordre culturel.» (voir p 64).<br />
La domination masculine<br />
le 4 mars<br />
Le L<strong>en</strong>che, Marseille<br />
04 91 91 52 22<br />
www.theatredel<strong>en</strong>che.info<br />
Cooking with...<br />
Il y a la Martine originale, émin<strong>en</strong>te sci<strong>en</strong>tifique,<br />
autodidacte, et son clone, réussi après treize<br />
essais… Entourée de son double et de toute une<br />
communauté de clones ratés, Martine confère<br />
sur la relation de l’homme avec le monde par le<br />
prisme de la nourriture. Clara Le Picard, qui a<br />
écrit et met <strong>en</strong> scène, et Irina Solano mèn<strong>en</strong>t<br />
tambour battant cette confér<strong>en</strong>ce délirante.<br />
Cooking with Martine Schmurpfs<br />
du 20 au 22 fév<br />
Les Bernardines, Marseille<br />
programmation hors les murs de La Minoterie<br />
04 91 90 07 94<br />
www.minoterie.org<br />
Louise Michel<br />
Marie Ruggeri a conçu son spectacle à partir<br />
de la correspondance et des mémoires de la<br />
lég<strong>en</strong>daire Louise Michel ; il met <strong>en</strong> lumière<br />
l’intimité d’une femme face à ses doutes et ses<br />
blessures, pour «montrer ce personnage hors du<br />
commun, cette personnalité complexe, animée<br />
jusqu’à son dernier souffle par la quête d’un<br />
monde meilleur, plus juste, plus équitable,<br />
comme elle ne cessera de le proclamer […]».<br />
Christian Belhomme l’accompagne sur scène<br />
pour la partie musicale.<br />
le 8 mars<br />
Théâtre Comoedia, Aubagne<br />
04 42 18 19 88<br />
www.aubagne.com<br />
Sunderland<br />
Comédie sociale à l’anglaise, Sunderland, écrite<br />
par le français Clém<strong>en</strong>t Koch, et mise <strong>en</strong><br />
scène par Stéphane Hillel, a tout d’un film de<br />
K<strong>en</strong> Loach : cité industrielle noyée de pluie,<br />
l’usine de poulet fermée pour cause de grippe<br />
aviaire, chômage, matchs de foot arrosés de<br />
bière… Pour pouvoir conserver la garde de sa<br />
petite sœur, suite au décès de leur mère, Sally<br />
a besoin d’arg<strong>en</strong>t. Va naitre alors un projet<br />
ins<strong>en</strong>sé…<br />
le 13 mars<br />
Théâtre Comoedia, Aubagne<br />
04 42 18 19 88<br />
www.aubagne.com<br />
© Patrick Berger - ArtComArt
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Entreprise de...<br />
À la mort du père, Frédéric et sa sœur Louise<br />
transform<strong>en</strong>t leur maison de famille pour <strong>en</strong><br />
faire un refuge qui accueille les meurtris de la<br />
vie. Dans les montagnes de leur jeunesse vont<br />
se confronter les idéaux et les possibles,<br />
l’onirique et le réel, la révolte et le raisonnable.<br />
Hugues Chabalier met <strong>en</strong> scène son texte sur<br />
un impossible eldorado.<br />
Entreprise de recueillem<strong>en</strong>t<br />
le 7 mars<br />
Théâtre Vitez, Aix<br />
04 42 59 94 37<br />
www.theatre-vitez.com<br />
La distance...<br />
La compagnie l’Entreprise plonge la mémoire de<br />
ses comédi<strong>en</strong>s dans le passé pour explorer «la<br />
mémoire des corps comme on déchiffrerait un<br />
livre <strong>en</strong> [eux]». Ainsi reviv<strong>en</strong>t des personnages<br />
qui font partie de leur histoire, pour faire se<br />
r<strong>en</strong>contrer tous les lieux et toutes les époques.<br />
La distance qui nous sépare<br />
le 12 mars<br />
Théâtre Vitez, Aix<br />
04 42 59 94 37<br />
www.theatre-vitez.com<br />
Super heureux !<br />
Elle et Lui sont voisins de palier, ne se connaiss<strong>en</strong>t<br />
pas ; ils se r<strong>en</strong>contreront bi<strong>en</strong> sûr -Lui<br />
ayant un besoin urg<strong>en</strong>t de préservatif ira le lui<br />
demander à Elle-, et développeront une relation<br />
basée dans un premier temps sur des petits<br />
m<strong>en</strong>songes et des déclarations fallacieuses.<br />
Une comédie contemporaine mise <strong>en</strong> scène par<br />
Jean-Claude Berutti.<br />
le 8 mars<br />
Salle des fêtes, V<strong>en</strong>elles<br />
04 42 54 93 10<br />
www.v<strong>en</strong>elles.fr<br />
© Christophe Raynaud de Lage<br />
L’écran de fumée<br />
Pour ses 30 ans, le théâtre du Maquis nous offre<br />
un cabaret vidéo-musico-théâtral animé par son<br />
dynamisme, sa folie. Gloire au m<strong>en</strong>songe, qui<br />
permet aux rêves d’exister, loin des réalités<br />
sombres du quotidi<strong>en</strong>. Trêve exigée pour cet<br />
anniversaire, du m<strong>en</strong>songe, de l’illusion, du bonheur,<br />
de la fête, de la comédie musicale, <strong>en</strong>fin !<br />
Avec les saltimbanques du théâtre du Maquis, et<br />
leur vivifiant décalage, qui se rit des codes de<br />
représ<strong>en</strong>tation guindés à la mode…<br />
le 14 fév<br />
Salle Emili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre, Rousset<br />
04 42 29 82 53<br />
www.rousset-fr.com<br />
le 8 mars<br />
Cinéma 3 Casino, Gardanne<br />
04 42 65 77 00<br />
www.ville-gardanne.fr<br />
Le malade imaginaire<br />
Franck Biagiotti part dans sa mise <strong>en</strong> scène<br />
d’un lit à baldaquin surdim<strong>en</strong>sionné. La scénographie<br />
qui <strong>en</strong> découle laisse au texte de Molière<br />
toute sa saveur, portée avec tal<strong>en</strong>t par les<br />
comédi<strong>en</strong>s de la Cie de l’Esquisse. Les élém<strong>en</strong>ts<br />
chantés et dansés s’inspir<strong>en</strong>t quant à eux<br />
de l’univers de Tim Burton. Le résultat est<br />
remarquable d’allant, de verve. L’ultime pièce<br />
de Molière, ainsi accessible à tous, ne se laisse<br />
pourtant jamais aller aux effets faciles.<br />
le 9 mars<br />
Salle culturelle, Simiane Collongue<br />
04 42 22 62 34<br />
www.simiane-collongue.fr<br />
© Theatre du Maquis © cie de l'esquisse<br />
© Marcel Hartmann<br />
Médée<br />
Paulo Correia innove et propose une nouvelle<br />
création basée sur cette célèbre tragédie qu’est<br />
Médée. Infanticide et exilée, cette héroïne de<br />
l’héritage antique explore les frontières <strong>en</strong>tre<br />
l’humain et l’inhumain. Alliant le théâtre et l’art<br />
numérique, cette adaptation moderne du Collectif<br />
8 met <strong>en</strong> exergue cet être fascinant et<br />
provocant, égaré dans univers surnaturel et<br />
fantastique.<br />
le 5 mars<br />
Théâtre La Colonne, Miramas<br />
04 90 58 37 86<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
La Locandiera<br />
Dominique Blanc interprète Mirandolina, cette<br />
sulfureuse aubergiste dont tous les hommes<br />
tomb<strong>en</strong>t sous le charme. Sauf un ! Ce Chevalier,<br />
misogyne, qui s’est juré de ne jamais tomber<br />
amoureux, <strong>en</strong>core moins d’une femme de<br />
classe sociale inférieure. Ils se détest<strong>en</strong>t. Fière<br />
et téméraire, la belle hôtesse déploie tous ses<br />
atouts contre cet homme à l’ego surdim<strong>en</strong>sionné.<br />
Avec humour et malice, les personnages<br />
de Goldoni se pièg<strong>en</strong>t puis s’égar<strong>en</strong>t…<br />
le 12 mars<br />
Théâtre de l’Olivier, Istres<br />
04 42 56 48 48<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
du 25 au 27 mars<br />
Théâtre de Nîmes<br />
04 66 36 65 10<br />
www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />
les 21 et 22 mai<br />
Théâtre de Grasse<br />
04 93 40 53 00<br />
www.théâtredegrasse.com
Blanche, Aurore...<br />
Le jour des meurtres…<br />
Scappa via !<br />
Dans le cadre de ses actions nomades dans les<br />
quartiers, le Sémaphore accueille une petite<br />
forme théâtrale créée par le Dynamo Théâtre et<br />
mise <strong>en</strong> scène par Joëlle Cattino, d’après Une<br />
femme seule de Franca Rame et Dario Fo. Un<br />
monologue drôle et touchant, une confession<br />
décalée sur la condition de la femme.<br />
le 4 mars<br />
C<strong>en</strong>tre social Jacques Brel, Port-de-Bouc<br />
04 42 06 59 85<br />
Sous la houlette d’Alain Timar, la comédi<strong>en</strong>ne<br />
Camille Carraz incarne Blanche, sortie de<br />
l’imagination de Noëlle R<strong>en</strong>aude. Un personnage<br />
insaisissable qui bricole son destin et<br />
raconte, confesse, se trompe et nous trompe<br />
sans doute aussi. Entre lucidité et naïveté,<br />
Blanche ne cesse de brouiller les cartes et offre<br />
au metteur <strong>en</strong> scène scénographe (après les<br />
succès précéd<strong>en</strong>ts : Rhinocéros, Ma Marseillaise,<br />
Bonheur titre provisoire) une nouvelle<br />
création qu’il appréh<strong>en</strong>de avec bonheur.<br />
Blanche, Aurore, Céleste<br />
du 7 au 9 et du 14 au 16 mars<br />
Théâtre des Halles, Avignon<br />
04 32 76 24 51<br />
www.theatredeshalles.com<br />
© N. Vucher<br />
La nouvelle création de la Cie Eclats de Scènes,<br />
<strong>en</strong> co-production avec le théâtre des Carmes<br />
qui accueille la première représ<strong>en</strong>tation, se<br />
plonge dans la dernière des pièces de jeunesse<br />
de Bernard-Marie Koltès. Une langue fulgurante,<br />
des scènes qui s’<strong>en</strong>trechoqu<strong>en</strong>t, des<br />
répliques qui s’invers<strong>en</strong>t pour un drame réduit à<br />
son ess<strong>en</strong>tiel. La tragédie cond<strong>en</strong>sée <strong>en</strong> un jour<br />
se resserre sur les couples Gertrude/Claudius<br />
et Ophélie/Hamlet et explore, <strong>en</strong>tre amour et<br />
politique, les questions de l’id<strong>en</strong>tité, la sexualité,<br />
le pouvoir et les li<strong>en</strong>s familiaux. La condition<br />
humaine !<br />
Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet<br />
les 8 et 9 mars<br />
Théâtre des Carmes, Avignon<br />
04 90 82 20 47<br />
www.theatredescarmes.com<br />
Les amours de...<br />
Après la version rap de Timon d’Athènes, Razerba<br />
B<strong>en</strong> Sadia-Lavant réitère avec Les amours<br />
de Desdémone et Othello. La pièce de Shakespeare<br />
devi<strong>en</strong>t explosive. La jalousie destructrice<br />
d’Othello, la combativité de Desdémone, la<br />
fourberie de Iago, autant d’émotions exacerbées<br />
par les rythmes int<strong>en</strong>ses de la musique ori<strong>en</strong>tale<br />
et électrique de la chanteuse Sapho et du<br />
musici<strong>en</strong> Mehdi Haddab prés<strong>en</strong>ts sur scène.<br />
Les amours de Desdémone et Othello<br />
les 12 et 13 mars<br />
Théâtre de Nîmes<br />
04 66 36 65 10<br />
www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />
© X-D.R<br />
© X-D.R<br />
le 5 mars<br />
Médiathèque Boris Vian, Port-de-Bouc<br />
04 42 06 65 54<br />
le 6 mars<br />
C<strong>en</strong>tre social Nelson Mandela, Port-de-Bouc<br />
04 42 40 05 61<br />
www.theatre-semaphore-portdebouc.com<br />
Va jusqu’où...<br />
C’est une écriture à trois voix –la turque Sedef<br />
Ecer, le français Michel Bellier et le belge Stanislas<br />
Cotton-, trois horizons artistiques différ<strong>en</strong>ts,<br />
qui rythm<strong>en</strong>t cette odyssée féminine des rives<br />
de la Turquie jusqu’à la Mer du Nord. Un spectacle<br />
qui interroge «la place de la femme dans<br />
l’immigration d’aujourd’hui. Et donc, à fortiori, sa<br />
place dans nos sociétés», <strong>en</strong> mettant <strong>en</strong> perspective<br />
la notion d’«id<strong>en</strong>tité europé<strong>en</strong>ne».<br />
Va jusqu’où tu pourras<br />
le 8 mars<br />
Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc<br />
04 42 06 39 09<br />
www.theatre-semaphore-portdebouc.com<br />
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Lost in the...<br />
Pourquoi Philippe Malone a t-il choisi une<br />
chanson du groupe punk les Clash pour nommer<br />
cette comédie musicale et sociale ? Neuf<br />
caissières rêv<strong>en</strong>t d’une autre vie. Cette société<br />
de consommation que ces bonnes mères de<br />
famille alim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t tous les jours les dégoute et<br />
les <strong>en</strong>nuie. La révolution est lancée ! Il faut<br />
monter le casse du siècle pour s’évader de ce<br />
quotidi<strong>en</strong> si pesant. Les rythmes effrénés du<br />
rock’n’roll et de la danse vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t sout<strong>en</strong>ir<br />
l’action et l’<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t de ces femmes audacieuses<br />
et <strong>en</strong>thousiastes.<br />
Lost in the supermarket<br />
le 8 mars<br />
La Passerelle, Gap<br />
04 92 52 52 52<br />
www.theatre-la-passerelle.eu<br />
Des jours et des...<br />
Cette photographie de Robert Capa représ<strong>en</strong>te<br />
une «fille à soldats» humiliée dans l’une des rues<br />
de Chartres à la fin de l’occupation allemande.<br />
Cette femme tondue porte dans ses bras<br />
l’<strong>en</strong>fant qu’elle a eu avec un allemand. Elle ne<br />
sera pas exécutée mais condamnée. À partir de<br />
faits réels, Daniel B<strong>en</strong>oin a souhaité reconstituer<br />
la vie émouvante de Simone p<strong>en</strong>dant<br />
cette époque dévastée.<br />
Des jours et des nuits à Chartres<br />
les 8 et 9 mars<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
le 12 mars<br />
Le Forum, Fréjus<br />
04 94 17 73 70<br />
www.agglosc<strong>en</strong>es.com<br />
© X-D.R<br />
© Jean-Francois Gaultier<br />
© Pierre Grosbois<br />
© Hugues Lagarde<br />
Le tour complet...<br />
37 pièces de Shakespeare <strong>en</strong> 3 heures, le tout<br />
interprété par un seul homme. C’est le défi que<br />
s’est fixé cet homme aux multiples tal<strong>en</strong>ts : comédi<strong>en</strong>,<br />
magici<strong>en</strong>, musici<strong>en</strong>, et acrobate, Gilles<br />
Cailleau n’a peur de ri<strong>en</strong>. Poésies, illusions et<br />
émotions ne font qu’un lorsque l’artiste s’élance<br />
dans les airs <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ue de roi, se transforme <strong>en</strong><br />
cracheur de flamme effrayé par le feu, ou<br />
<strong>en</strong>core <strong>en</strong> magici<strong>en</strong> attristé par ses propres<br />
apparitions. Virtuose, émouvant, et si drôle !<br />
Le tour complet du cœur<br />
du 8 au 16 fev<br />
Parc des Troènes, La Valette-du-Var<br />
04 94 23 62 06<br />
www.lavalette83.fr<br />
Cyrano de Bergerac<br />
Intrépide et courageux, ce Cyrano mis <strong>en</strong> scène<br />
par Dominique Pitoiset. Sa référ<strong>en</strong>ce est l’acte<br />
II, scène 6 : «La tirade des «non, merci !» est une<br />
véritable ode à la gloire de l’indép<strong>en</strong>dance, de<br />
l’autarcie, au risque de la solitude.» C’est Philippe<br />
Torreton qui a la charge de transmettre l’ardeur<br />
d’un Cyrano audacieux, qui s’impose une éthique<br />
sans concession.<br />
le 6 mars<br />
Châteauvallon, Ollioules<br />
04 94 22 02 02<br />
www.chateauvallon.com<br />
La vie est un rêve<br />
C’est l’une des œuvres emblématiques du théâtre<br />
baroque que Jacques Vincey a choisi de<br />
revisiter. Écrite <strong>en</strong> 1635 par Pedro Calderon<br />
de La Barca, cette pièce transporte dans un<br />
monde mouvant habité par des êtres incertains.<br />
La compagnie Sirènes habite l’onirisme froid<br />
habilem<strong>en</strong>t créé par un roi pour sauver son<br />
royaume. Le risque : ne plus distinguer la frontière<br />
<strong>en</strong>tre l’imaginaire et le réel, et voir<br />
disparaître son libre arbitre…<br />
le 5 mars<br />
Théâtre <strong>en</strong> Dracénie, Draguignan<br />
04 94 50 59 59<br />
www.theatres<strong>en</strong>drec<strong>en</strong>ie.com<br />
Qui aime bi<strong>en</strong>...<br />
Enceinte et fiancée, Nanie est aux anges. Seule<br />
ombre au tableau, le cocon familial ne pourra<br />
se construire sans le départ de son colocataire<br />
et meilleur ami, Seb. Comm<strong>en</strong>ce alors une<br />
cascade de quiproquos et de petits m<strong>en</strong>songes<br />
joyeusem<strong>en</strong>t orchestrés par Vinc<strong>en</strong>t Delboy.<br />
Une pièce drôle et conviviale sur le thème de<br />
l’amitié.<br />
Qui aime bi<strong>en</strong> trahit bi<strong>en</strong><br />
le 26 fev<br />
Croisée des arts, Saint-Maximin<br />
04 94 86 18 90<br />
www.st-maximin.fr<br />
La fille à marins<br />
Même sans avoir le pied marin, il est difficile de<br />
ne pas se laisser bercer par les chansons <strong>en</strong>voûtantes<br />
des bords de mer. La douce mélodie de<br />
l’accordéon allié à la voix charmeuse de Nina<br />
Savary est un véritable appel à l’abordage soigneusem<strong>en</strong>t<br />
imaginé par Jérôme Savary. Un<br />
spectacle musical savamm<strong>en</strong>t rythmé par les<br />
tours de magie de Juli<strong>en</strong> Maurel.<br />
le 9 mars<br />
Croisée des arts, Saint-Maximin<br />
04 94 86 18 90<br />
www.st-maximin.fr<br />
Forever Young<br />
C’est une histoire universelle et bouleversante<br />
mise <strong>en</strong> scène par Jean-François Matignon.<br />
La vie, la mort, les r<strong>en</strong>contres, les li<strong>en</strong>s familiaux,<br />
toutes les adversités et les mom<strong>en</strong>ts de joie<br />
sont réunis dans cette pièce bouillonnante<br />
d’émotions. La fluidité et la finesse du jeu des<br />
acteurs de la Compagnie Fraction sont r<strong>en</strong>forcées<br />
par un décor judicieusem<strong>en</strong>t minimaliste.<br />
les 7 et 8 mars<br />
Théâtre de Grasse<br />
04 93 40 53 00<br />
www.theatredegrasse.com<br />
© X-D.R<br />
© Guy Delahaye
Petites sirènes<br />
«Le monde de l’<strong>en</strong>fance nous rejette, celui des<br />
adultes semble compromis, plein d’arrangem<strong>en</strong>ts,<br />
il n’y a qu’une issue : l’absolu.» Cette interprétation<br />
libre inspirée de l’œuvre de Hans Christian<br />
Anders<strong>en</strong>, mise <strong>en</strong> scène par Alexis Moati,<br />
traite de cette période cruelle qu’est l’adolesc<strong>en</strong>ce.<br />
La compagnie Vol Plané interprète cette<br />
petite sirène <strong>en</strong> pleine métamorphose, qui n’a ni<br />
nom, ni id<strong>en</strong>tité, perdue dans ce chemin sinueux<br />
qu’est le passage de l’<strong>en</strong>fance à l’âge adulte.<br />
Une nouvelle création pour une compagnie de<br />
notre région, pleine de tal<strong>en</strong>t, et de la juste irrévér<strong>en</strong>ce<br />
qui permet de revisiter nos histoires…<br />
À partir de 11 ans.<br />
le 8 mars<br />
Théâtre Durance, Château-Arnoux<br />
04 92 64 27 34<br />
www.theatredurance.fr<br />
Le jardin sous la lune<br />
C’est une invitation aux rêves et à la magie que<br />
propose par la cie Praxinoscope. Un voyage à<br />
la découverte d’un monde féérique où la nature<br />
se fait reine et guide de tous les s<strong>en</strong>s. La<br />
végétation répand une odeur mystérieuse, les<br />
mots de Marcelle Delpastre <strong>en</strong>sorcell<strong>en</strong>t ce<br />
petit espace de liberté, quand soudain… des<br />
sculptures fantastiques jailliss<strong>en</strong>t ! Combi<strong>en</strong><br />
d’autres secrets la vie organique pourrait-elle<br />
<strong>en</strong>core cacher ? À partir de deux ans.<br />
du 2 au 6 mars<br />
Le Massalia, Marseille<br />
04 95 04 95 70<br />
www.theatremassalia.com<br />
© X-D.R.<br />
© X-D.R<br />
© X-D.R<br />
© Lucas Durey<br />
Les habits neufs...<br />
Un empereur vaniteux souhaite qu’on lui fabrique<br />
un habit extraordinaire qui lui confère le<br />
pouvoir de n’être vu que par les seuls purs<br />
d’esprit et de cœur. Deux serviteurs décid<strong>en</strong>t<br />
de pr<strong>en</strong>dre l’empereur à son propre jeu et de<br />
ne fabriquer que… du vide ! Symbolisés par de<br />
drôles de carafes <strong>en</strong> cristal, les personnages de<br />
la compagnie Graine de Malice dénonc<strong>en</strong>t<br />
avec humour et originalité l’obéissance aveugle<br />
de ces hypocrites au pouvoir <strong>en</strong> place.<br />
Les habits neufs de l’Empereur<br />
du 19 au 21 fév<br />
PôleJeunePublic, Le Revest<br />
04 94 98 12 10<br />
www.polejeunepublic.com<br />
Dans le v<strong>en</strong>tre...<br />
La paille, le bois ou la brique, chacun des trois<br />
petits cochons a construit sa maison à sa façon.<br />
Les danseuses de la cie Didascalie font de<br />
même : à chacune son style mais aussi sa<br />
faiblesse. C’est alors que le loup apparaît,<br />
chamboule leur quotidi<strong>en</strong>, les déstabilise, les<br />
perturbe. Sous son air féroce et inquiétant, il est<br />
peut-être le seul capable de leur donner un<br />
second souffle, voire une nouvelle force. À partir<br />
de 6 ans.<br />
Dans le v<strong>en</strong>tre du loup<br />
du 12 au 13 mars<br />
PôleJeunePublic, Le Revest<br />
04 94 98 12 10<br />
www.polejeunepublic.com<br />
Le Nez dans...<br />
Quatre personnes viv<strong>en</strong>t dans une armoire.<br />
Elles doiv<strong>en</strong>t organiser leur journée, se divertir<br />
et trouver des mom<strong>en</strong>ts d’intimité. Un spectacle<br />
sans parole, où les gestes pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de l’importance<br />
dans un petit monde qui s’organise comme<br />
le grand. La cie du Dagor donne vie à cet univers<br />
onirique, dans lequel chacun s’épanouit à<br />
sa manière mais aussi <strong>en</strong>semble grâce l’instauration<br />
de rituels… Mais si l’un d’<strong>en</strong>tre eux v<strong>en</strong>ait<br />
à sortir de l’armoire ?<br />
Le Nez dans la serrure<br />
le 5 mars<br />
Le Rocher, La Garde<br />
04 94 08 99 34<br />
www.ville-lagarde.fr<br />
Les souffleurs...<br />
La voix suave de la conteuse Ambre Oz et les<br />
mélodies <strong>en</strong> arabes, <strong>en</strong> hébreu ou <strong>en</strong> bambara<br />
du musici<strong>en</strong> Christophe Lasnier rythm<strong>en</strong>t<br />
avec légèreté et gaieté le surpr<strong>en</strong>ant voyage<br />
d’Alice. La petite fille s’apprête à partir à l’école<br />
lorsqu’elle perd son parapluie. Une mésav<strong>en</strong>ture<br />
qui se transforme <strong>en</strong> une av<strong>en</strong>ture<br />
étourdissante. Le spectateur est emporté dans<br />
cette épopée ponctuée de r<strong>en</strong>contres des plus<br />
extravagantes ! À partir de 6 ans.<br />
Les souffleurs de rêves<br />
du 11 au 14 mars<br />
La Passerelle, Gap<br />
04 92 52 52 52<br />
www.theatre-la-passerelle.eu<br />
© Auréli<strong>en</strong> Marquot<br />
L’avare<br />
Dans cette adaptation libre de la cie Tabola<br />
Rassa, Harpagon ne recherche plus de l’arg<strong>en</strong>t<br />
mais de l’eau. Une comédie où les acteurs<br />
représ<strong>en</strong>tés par des robinets, tubes, tuyaux…<br />
dénonc<strong>en</strong>t avec humour et ingéniosité un<br />
thème aussi grave que la pénurie de ressources<br />
naturelles. Fort de son succès, ce théâtre<br />
d’objet a été joué plus de 500 fois dans le<br />
monde <strong>en</strong>tier par Olivier B<strong>en</strong>oît et Jean-<br />
Baptiste Fontanarosa.<br />
le 12 mars<br />
Théâtre Durance, Château-Arnoux<br />
04 92 64 27 34<br />
www.theatredurance.fr<br />
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Don Quichotte...<br />
Créée au théâtre de Chaillot, la pièce de José<br />
Montalvo revisite la grande tradition burlesque<br />
et offre une version loufoque de Don Quichotte,<br />
décalant le roman de Cervantès dans un univers<br />
urbain où se mêl<strong>en</strong>t théâtre, danses classique et<br />
contemporaine, flam<strong>en</strong>co et hip hop. Le comédi<strong>en</strong><br />
Patrice Thibaud incarne le chevalier errant<br />
rocambolesque, accompagné par treize danseurs<br />
tal<strong>en</strong>tueux dans une fable chorégraphique,<br />
métissée et surréaliste.<br />
Don Quichotte du Trocadéro<br />
du 14 au 16 fév<br />
La Criée, Marseille<br />
04 91 54 70 54<br />
www.theatre-lacriee.com<br />
les 20 et 21 mars<br />
Théâtre de Nîmes<br />
04 66 36 65 10<br />
www.theatred<strong>en</strong>imes.com<br />
Sad Songs<br />
En collaboration avec Marseille Objectif Danse,<br />
les Bernardines accueill<strong>en</strong>t la nouvelle création<br />
pour deux interprètes de et par Thierry Baë,<br />
qui signe égalem<strong>en</strong>t la musique. Avec Corinne<br />
Garcia, pour faire tomber les masques, il dresse<br />
«l’inv<strong>en</strong>taire de l’homme multiple, chargé de<br />
masculin, féminin, viol<strong>en</strong>ce, douceur…» Car<br />
Thierry Baë sait se cacher pour mieux apparaître,<br />
dans le corps des autres, ou juste derrière<br />
eux…<br />
du 14 au 16 fév<br />
Les Bernardines, Marseille<br />
04 91 21 30 40<br />
www.theatre-bernardines.org<br />
© TNC © Jerome Tisserand<br />
Mr et Mme Rêve<br />
Entre réel et virtuel, danse et théâtre, Marie-<br />
Claude Pietragalla et Juli<strong>en</strong> Derouault<br />
s’inspir<strong>en</strong>t de l’œuvre de Ionesco pour un<br />
étrange voyage dans le quotidi<strong>en</strong> absurde d’un<br />
couple. Utilisant comme part<strong>en</strong>aire de scène un<br />
avatar interactif <strong>en</strong> 3D, ils oppos<strong>en</strong>t au monde<br />
théâtral l’évanesc<strong>en</strong>ce du mouvem<strong>en</strong>t. Un<br />
théâtre de danse au cœur de l’irréalité virtuelle.<br />
les 8 et 9 mars<br />
Le Toursky, Marseille<br />
0 820 300 033<br />
www.toursky.org<br />
Parmi nous<br />
Sortie de résid<strong>en</strong>ce de la compagnie Mémoires<br />
Vives qui poursuit son questionnem<strong>en</strong>t sur<br />
les minorités et opprimés avec une nouvelle<br />
pièce chorégraphique hip hop, sur le parcours<br />
de cinq clandestins <strong>en</strong> France. Un hymne à la<br />
diversité, où le corps utilise le geste comme<br />
verbe.<br />
les 8 et 9 mars<br />
Théâtre de l’Olivier, Istres<br />
04 42 56 48 48<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
© X-D.R.<br />
Solaire<br />
Habitée par les corps <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t de la Cie<br />
L’expéri<strong>en</strong>ce Harmaat, la pièce de Fabrice<br />
Lambert explore l’interaction <strong>en</strong>tre int<strong>en</strong>sité<br />
lumineuse, physique, musicale. La lumière, signée<br />
Philippe Gladieux, prolonge le geste pour un<br />
dialogue complexe dans un «espace scénique<br />
aussi malléable que la chair vivante».<br />
le 8 mars<br />
Théâtre d’Arles<br />
04 90 52 51 51<br />
www.theatre-arles.com<br />
© Alain Juli<strong>en</strong><br />
© Pierre Grosbois<br />
© Angela Sterling<br />
Standards<br />
Huit danseurs hip hop compos<strong>en</strong>t une «population»<br />
et s’empar<strong>en</strong>t de la symbolique patriotique<br />
du drapeau tricolore pour tordre les limites des<br />
«territoires imaginaires dans lesquels le poétique<br />
absorbe le politique». Dessinée par le chorégraphe<br />
<strong>en</strong>gagé Pierre Rigal, la pièce pose avec<br />
intellig<strong>en</strong>ce la question du formatage et de<br />
l’uniformisation.<br />
le 12 mars<br />
Théâtre de Cavaillon<br />
04 90 78 64 64<br />
www.theatredecavaillon.com<br />
La cuisine de Pan<br />
Avec la compagnie Chute Libre, la cuisine devi<strong>en</strong>t<br />
lieu du chahut provoqué par six danseurs<br />
hip hop qui mani<strong>en</strong>t contorsions et performances<br />
physiques, assaisonnées de musiques<br />
électro et classique. Un quotidi<strong>en</strong> revisité<br />
appétissant !<br />
le 5 mars<br />
Théâtre de Briançon<br />
04 92 25 52 42<br />
www.theatre-du-brianconnais.eu<br />
Lac<br />
Lac, épure du titre originel, pour la «recréation»<br />
chorégraphique de Jean-Christophe Maillot,<br />
écrite <strong>en</strong> 2011 <strong>en</strong> collaboration avec l’écrivain<br />
Jean Rouaud, dans les décors d’Ernest Pignon-Ernest,<br />
sur la musique du Lac des cygnes.<br />
Mythique, mais «Comm<strong>en</strong>t garder vivant ce<br />
répertoire ?». Tout <strong>en</strong> gardant l’argum<strong>en</strong>t du<br />
ballet, Lacoffre un spectacle aux codes nouveaux,<br />
d’une grande poésie, portée par les merveilleux<br />
danseurs des Ballets de Monte Carlo.<br />
les 16 et 17 fév<br />
Théâtre Le Forum, salle Gounod, Fréjus<br />
04 94 17 73 70<br />
www.agglosc<strong>en</strong>es.com
Micro<br />
Concert rock ? Opéra microscopique ? Créatures<br />
musicales ? La pièce du chorégraphe<br />
performer Pierre Rigal met <strong>en</strong> espace des<br />
«bêtes de scène», emportées par la transe, qui<br />
compos<strong>en</strong>t un corps à corps charnel avec les<br />
instrum<strong>en</strong>ts. Une expéri<strong>en</strong>ce énergique qui<br />
démontre la poésie du rock. En part<strong>en</strong>ariat avec<br />
le Ballet Preljocaj et les ATP d’Aix.<br />
les 7 et 8 mars<br />
Pavillon Noir, Aix<br />
04 42 26 83 98<br />
les 29 et 30 mars<br />
Théatre de Grasse<br />
04 93 40 53 00<br />
www.theatredegrasse.com<br />
Ex Nihilo<br />
En résid<strong>en</strong>ce au KLAP, la compagnie Ex Nihilo<br />
propose au public une «découverte dansée» d’un<br />
travail <strong>en</strong> cours. Jean-Antoine Bigot, chorégraphe<br />
et plastici<strong>en</strong>, accompagné par le danseur<br />
Rolando Rocha, expérim<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t des pistes de<br />
travail sur la relation danse et peinture.<br />
le 15 mars<br />
KLAP, Marseille<br />
04 96 11 11 20<br />
www.kelem<strong>en</strong>is.fr<br />
Junior Ballets<br />
Organisée par la Ville de Cannes et l’école<br />
supérieure de danse de Cannes Rosella Hightower,<br />
la 5e r<strong>en</strong>contre internationale réunit<br />
le CJB (Cannes Jeune Ballet) et d’autres ballets<br />
juniors (Paris, USA, Allemagne) qui vont partager<br />
leur technique, culture et s<strong>en</strong>sibilité pour<br />
découvrir et compr<strong>en</strong>dre les différ<strong>en</strong>ts univers<br />
artistiques et pédagogiques.<br />
du 20 au 23 février<br />
Théâtre de la Licorne, Cannes<br />
04 97 06 44 90<br />
www.madeincannes.com<br />
© Pierre Grosbois<br />
© N. Sternalski<br />
Wu-Wei<br />
Les Quatre Saisons de Vivaldi sont revisitées<br />
par onze acrobates chinois et huit musici<strong>en</strong>s<br />
du Balkan Baroque Band, sous la direction<br />
de l’acrobate Yoann Bourgeois. La traduction<br />
littérale de Wu-Wei, qui est une notion du<br />
taoïsme, serait la «non-action» ; non pas la<br />
passivité, mais la disponibilité qui permet la<br />
fluidité de l’action <strong>en</strong> harmonie. Pour une<br />
véritable chorégraphie circassi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> relation<br />
avec les saisons, dans leurs jaillissem<strong>en</strong>ts et<br />
leurs att<strong>en</strong>tes.<br />
le 9 mars<br />
Le Carré, Sainte-Maxime<br />
04 94 56 77 77<br />
www.carreleongaumont.com<br />
le 22 juin<br />
Châteauvallon, Ollioules<br />
04 94 22 02 02<br />
www.chateauvallon.com<br />
Un point c’est tout<br />
La culture numérique peut tisser des li<strong>en</strong>s avec<br />
la création vivante. Un point de départ simple,<br />
un fond noir, un point blanc, deux «confér<strong>en</strong>ciers»,<br />
Adri<strong>en</strong> Mondot et Claire Bardainne.<br />
Entre les spécialistes des formes virtuelles, avec<br />
son logiciel eMotion et la plastici<strong>en</strong>ne, se fonde<br />
un véritable show multimédia, où tablettes<br />
numériques et capteurs s<strong>en</strong>soriels construis<strong>en</strong>t<br />
un univers virtuel. De l’art ? sans conteste, qui<br />
se découvre une nouvelle <strong>en</strong>fance, dans ce<br />
jonglage résolum<strong>en</strong>t contemporain.<br />
le 16 fév<br />
Théâtre Liberté, Toulon<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr<br />
Sirène<br />
La cie Att<strong>en</strong>tion Fragile, Gilles Cailleau à sa tête,<br />
revisite la vie de Dalida, la faisant naitre «de<br />
l’éclosion d’une caravane, un jour de mars tout<br />
juste après-midi, pour annoncer la fin de l’hiver<br />
et le début des paillettes […]» Pour accompagner<br />
cette naissance une girafe, une petite fille<br />
dresseuse de vieillards, un coiffeur réducteur<br />
de tête…<br />
le 6 mars à 12h<br />
Parvis de l’Opéra, Marseille<br />
04 91 03 81 28<br />
www.lieuxpublics.com<br />
© Cie Yohann Bourgeois
30<br />
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USIQUE<br />
Roux véniti<strong>en</strong><br />
Les Sonates de l’opus 2 de Vivaldi par<br />
l’<strong>en</strong>semble Baroques-Graffiti (dir. Jean-Paul<br />
Serra)<br />
AIX. Le 14 fév à 12h30 et 18h30.<br />
Musée des Tapisseries<br />
06 79 71 56 50 www.baroquesgraffiti.com/<br />
MARSEILLE. Le 15 fév à 18h & 20h30.<br />
Villa Magalone<br />
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />
Mille et une nuits<br />
Les mille et une nuits © Nathaniel Baruch<br />
Un long voyage à la découverte de l’ori<strong>en</strong>t<br />
onirique de la belle Shéhérazade… Les<br />
premières traductions françaises de ces contes<br />
remontant au début du XVIII e siècle, Louise<br />
Moaty ancre son spectacle dans un décor<br />
baroque résonant au clavecin, flûtes et violes<br />
de l’<strong>en</strong>semble La Rêveuse et des musiques de<br />
Lully, Marin Marais, Rameau ou Charp<strong>en</strong>tier…<br />
AIX. Les 14 et 15 fév à 19h. Théâtre du Jeu de<br />
Paume<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
5 e de Mahler<br />
La Symphonie et son fameux Adagietto, magnifié<br />
par les plans de Visconti, est dirigée par<br />
Mikko Franck, l’un des meilleurs jeunes chefs<br />
actuels, <strong>en</strong> remplacem<strong>en</strong>t de Myung Whun<br />
Chung (souffrant) à la tête de l’Orchestre<br />
Philharmonique de Radio-France.<br />
AIX. Le 15 fév à 20h30. Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
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L’Arlési<strong>en</strong>ne<br />
La musique de Bizet, Marche des Rois ou Farandole,<br />
expliquée aux bambins et dirigée par<br />
Frédéric Lodéon au pupitre de l’Orchestre<br />
Philharmonique de Radio-France.<br />
AIX. Le 16 fév à 11h. Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
Cinq voix<br />
Un nouvel <strong>en</strong>semble vocal : Bénédicte Pereira<br />
(soprano), Madeleine Webb (mezzo), Daniel<br />
Marinelli (contre-ténor), Luc Default (ténor)<br />
et Hervé Audoli (basse), accompagnés par<br />
Frédéric Isoletta (continuo) dans de beaux<br />
Madrigaux de Monteverdi et Gesualdo…<br />
Entrée libre… comme la participation aux frais.<br />
MARSEILLE. Le 16 fév à 16h. Temple Grignan<br />
Musique municipale<br />
L’Harmonie municipale d’Aubagne invite<br />
des élèves du Conservatoire à les rejoindre<br />
pour un concert dirigé par Alain Négrel.<br />
AUBAGNE. Le 17 fév à 17h. Théâtre Comoedia<br />
04 42 18 19 88 www.aubagne.fr<br />
Quintettes à v<strong>en</strong>t<br />
7 e édition du Concours H<strong>en</strong>ri Tomasi organisé<br />
par l’Institut des Instrum<strong>en</strong>ts à V<strong>en</strong>t de<br />
Marseille et la Cité de la Musique.<br />
MARSEILLE. Du 18 au 22 fév. Villa Magalone<br />
Remise des prix et concert des lauréats<br />
le 23 fév à 14h30<br />
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />
04 91 39 29 02 http://ifiv-marseille.blogspot.fr<br />
Tremplin jeunes<br />
chanteurs<br />
Participation de lauréats des principaux concours<br />
nationaux et internationaux de chant.<br />
AVIGNON. Le 19 fév à 20h30. Opéra<br />
Entrée libre sur réservation au 04 90 82 81 40<br />
www.opera-avignon.fr<br />
De Dowland à Solano<br />
Un trio, musici<strong>en</strong>s issus de l’<strong>en</strong>semble C Barré,<br />
Thomas Keck (guitare), Vinc<strong>en</strong>t Beer-Demander<br />
(mandoline) et Eva Debonne (harpe) travers<strong>en</strong>t<br />
les siècles aux sons de leurs cordes pincées…<br />
MARSEILLE. Le 20 fév à 20h. Salle Musicatreize<br />
04 91 00 91 31 www.musicatreize.org<br />
Roland de Lassus<br />
L’<strong>en</strong>semble Concerto Soave dirigé par Jean-<br />
Marc Aymes interprète Prophéties des Sibylles,<br />
Motets et Chansons du maître de la R<strong>en</strong>aissance.<br />
MARSEILLE. Le 22 fév à 20h. Salle Musicatreize<br />
04 91 00 91 31 www.musicatreize.org<br />
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10 e de Chosta<br />
Après les représ<strong>en</strong>tations d’Elektra (voir p20),<br />
c’est l’Orchestre Philharmonique de<br />
Marseille (dir. Pinchas Steinberg) qui occupe<br />
le plateau de l’Opéra pour la Symphonie n°10<br />
de Chostakovitch, jouée après la mort de<br />
Staline <strong>en</strong> 1953 et dans laquelle d’aucuns<br />
trouv<strong>en</strong>t des allusions figurative à l’oppression<br />
et la fin du dictateur.<br />
MARSEILLE. Le 23 fév à 20h. Opéra<br />
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr<br />
Un soir de réveillon<br />
Une charmante opérette exhumée du Marseillais<br />
Raoul Moretti, musici<strong>en</strong> qui connut dans<br />
les années 30 une gloire comparable à celle<br />
de Vinc<strong>en</strong>t Scotto.<br />
MARSEILLE. Les 23 et 24 fév à 14h30.<br />
Théâtre de l’Odéon<br />
04 96 12 52 70 www.marseille.fr<br />
R<strong>en</strong>contre à l’Alcazar avec les chanteurs<br />
et les g<strong>en</strong>s de scène<br />
Le 16 fév à 17h. Salle de confér<strong>en</strong>ce<br />
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />
Laur<strong>en</strong>t Naouri<br />
Le baryton français propose un beau programme<br />
autour des mélodies de Ravel et Ibert<br />
dédiées au mythe de Don Quichotte. Avec<br />
aussi Rachmaninov et Poul<strong>en</strong>c (Calligramme).<br />
El<strong>en</strong>a Filonova l’accompagne au piano.<br />
ARLES. Le 3 mars à 11h. Méjan<br />
04 90 49 56 78 www.lemejan.com<br />
Laur<strong>en</strong>t Naouri © X-D.R<br />
Alcazar Memories<br />
Paul Lay (piano), Isabel Sörling (chant) et<br />
Simon Tailleu se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des belles<br />
heures du musical-hall à Marseille, autour de<br />
répertoires et standards de jazz <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dus à<br />
l’Alcazar, mâtinés de compositions originales.<br />
En part<strong>en</strong>ariat avec Marseille Concerts.<br />
MARSEILLE. Le 5 mars à 20h. La Criée<br />
04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
32<br />
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Wieder-Atherton<br />
Sonia Wieder-Atherton © Mondino<br />
La grande Sonia propose davantage que des<br />
récitals pour violoncelle ! Si l’artiste mêle, à<br />
fleur de cordes, Aperghis à Bach, Schumann à<br />
Granados ou Krawczyk, c’est pour chanter <strong>en</strong>core<br />
les musiques de la terre et la mer, du v<strong>en</strong>t<br />
et des peuples, leurs croyances, Dieux, cris et<br />
pleurs… Après ses beaux Chants Juifs et Chants<br />
d’Est, elle pose son archet sur la scène aixoise<br />
pour une création Odyssée pour violoncelle et<br />
chœur imaginaire, rehaussée d’une scénographie<br />
(Romain Pellas) toute de sable et de pierres.<br />
Enrobé d’une bande-son (Franck Rossi), son<br />
instrum<strong>en</strong>t, suave et profond, chante la Méditerranée,<br />
matrice chaleureuse et poignante<br />
des refrains égypti<strong>en</strong>, berbère, byzantin, corse,<br />
syri<strong>en</strong>, andalou…<br />
AIX. Du 5 au 7 mars à 20h30. Théâtre du Jeu de Paume<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
Mars <strong>en</strong> baroque<br />
Un évènem<strong>en</strong>t musical att<strong>en</strong>du au printemps<br />
depuis une douzaine d’années à Marseille !<br />
De beaux concerts (voir p 9), mais aussi des confér<strong>en</strong>ces<br />
très prisées à l’image de celles à<br />
l’Alcazar sur L’Opéra itali<strong>en</strong> par Patrick Barbier<br />
(le 5 mars à 17h. Salle de confér<strong>en</strong>ce) et<br />
sur les Peintres et musici<strong>en</strong>s pré-baroques<br />
par Marie-Paul Vial (le 9 mars à 17h. Salle de<br />
confér<strong>en</strong>ce). En prés<strong>en</strong>ce des musici<strong>en</strong>s de<br />
Concerto Soave et Jean-Marc Aymes aux claviers,<br />
des chanteurs du CNIPAL… Pour joindre<br />
les sons à la parole !<br />
MARSEILLE. Du 5 au 26 mars Concerto Soave<br />
04 91 90 93 75 www.concerto-soave.com<br />
L’Alcazar : 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />
Mozart/Schubert<br />
Laur<strong>en</strong>ce Equilbey dirige son nouvel Insula<br />
Orchestra qui joue sur instrum<strong>en</strong>ts classicoromantiques.<br />
Au programme la 5 e symphonie de<br />
Schubert ou le fameux 23 e concerto mozarti<strong>en</strong><br />
avec Kristian Bezuid<strong>en</strong>hout au pianoforte.<br />
AIX. Le 7 mars à 20h30.<br />
Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
D’une lune à l’autre<br />
L’<strong>en</strong>semble contemporain Yin dans un dialogue<br />
musical et poétique fait de croisem<strong>en</strong>ts<br />
et correspondances qui travers<strong>en</strong>t l’ailleurs et<br />
le temps…<br />
Entrée libre MARSEILLE. Le 7 mars à 20h30.<br />
Auditorium Cité de la Musique<br />
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com<br />
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Fantôme<br />
«…un léger roulem<strong>en</strong>t, et sur la peau t<strong>en</strong>due<br />
qu’est notre tympan»… B<strong>en</strong>jamin Dupé visite le<br />
thème littéraire d’Orphée au moy<strong>en</strong> d’une composition<br />
musicale pour sons électroniques. Le<br />
spectateur/auditeur est immergé dans un espace<br />
acoustique mêlant voix et instrum<strong>en</strong>ts<br />
mécaniques, objets sonores <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />
dans un cocon de sons et lumières. Comme dans<br />
une boîte à illusions, le sable pr<strong>en</strong>d l’empreinte<br />
des pas, des objets s’<strong>en</strong>cl<strong>en</strong>ch<strong>en</strong>t, et les sons<br />
<strong>en</strong>registrés mêl<strong>en</strong>t leurs sons au trouble des<br />
objets fantômes…<br />
À découvrir dès 12 ans (plusieurs séances par<br />
jour dont scolaires) !<br />
MARSEILLE. Du 7 au 13 mars. Théâtre du Merlan<br />
04 91 11 19 20 www.merlan.org<br />
© Agnès Mellon<br />
Thomas Leleu<br />
L’Orchestre Philharmonique de Marseille a<br />
la chance de posséder <strong>en</strong> ses rangs (on espère<br />
pour longtemps !) un tubiste de génie qui r<strong>en</strong>d<br />
grâce et puissance, swing et fantaisie virtuose<br />
au pachyderme des cuivres. Du haut de ses 25<br />
ans, Thomas Leleu sort du rang (comme il le<br />
fait de plus <strong>en</strong> plus depuis sa «Victoire de la<br />
Musique» <strong>en</strong> 2012) pour une création mondiale,<br />
commande de la Ville de Marseille à<br />
John Galliano : Fables of Tuba. Le tubiste joue<br />
égalem<strong>en</strong>t une pièce concertante pour son<br />
instrum<strong>en</strong>t : Converg<strong>en</strong>ces de Jean-Philippe<br />
Vanbeselaere, dans un programme qui affiche<br />
la 2 e symphonie de Sibelius (dir. Tarcisio Barreto<br />
Ceballos).<br />
MARSEILLE. Le 8 mars à 20h.<br />
Auditorium du Pharo<br />
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr<br />
R<strong>en</strong>contre à l’Alcazar avec Thomas Leleu<br />
autour des deux œuvres pour tuba de Galliano<br />
et Vanbeselaere. Le 23 fév 2013 à 14h.<br />
Salle de confér<strong>en</strong>ce<br />
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />
Thomas Leleu © X-D.R<br />
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Boquet & Jousselin<br />
Pascale Boquet (luth) et Catherine Jousselin<br />
(soprano) : Du mignard Luth - fantaisies,<br />
chansons et danses françaises et itali<strong>en</strong>nes de<br />
la R<strong>en</strong>aissance.<br />
BAUX-DE-PROVENCE.<br />
Le 24 fév à 16h30. La Citerne<br />
04 95 04 30 28 www.cieh<strong>en</strong>riagnel.com<br />
Follies<br />
Né à 1930 à New York, Steph<strong>en</strong> Sondheim est<br />
une star outre-Atlantique. En France, le<br />
compositeur/l ibrettiste est peu connu, hors<br />
quelques aficionados du g<strong>en</strong>re. Le cinéaste<br />
Alain Resnais est de ceux-là : il fit appel à lui<br />
<strong>en</strong> 1974 pour la B.O. de Stavisky. Les curieux<br />
auront peut-être observé que la majeure partie<br />
des épisodes de Desperate Housewives<br />
emprunt<strong>en</strong>t leur titre à ses chansons… C’est<br />
Oscar Hammerstein (The sound of music) qui<br />
pr<strong>en</strong>d le jeune Steph<strong>en</strong> sous sa protection et<br />
lui ouvre les portes de Broadway. Tout avait<br />
comm<strong>en</strong>cé pour Sondheim par un succès<br />
planétaire, puisqu’il avait signe les «lyrics» de<br />
West Side Story (1957) sur lesquelles Leonard<br />
Bernstein imagina ses mélodies inoubliables...<br />
Les succès s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite, de Gypsy<br />
(1959) à Follies (1971), joyau de la comédie<br />
musicale américaine mettant <strong>en</strong> scène une<br />
troupe de music-hall et ses souv<strong>en</strong>irs lors<br />
d’une dernière soirée dans un théâtre <strong>en</strong><br />
démolition… On y chante, on y danse, on y rit<br />
et pleure : du grand spectacle pour une<br />
création <strong>en</strong> France (mise <strong>en</strong> scène Olivier<br />
Bénézech), à l’image de A little night music<br />
(1973) ou Swe<strong>en</strong>ey todd (1979) joués pour la<br />
première fois à Paris au Châtelet <strong>en</strong>… 2010<br />
et 2012 !<br />
TOULON. Les 8, 9 mars à 20h<br />
et le 10 mars à 14h. Opéra<br />
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr<br />
Et pour s’initier…<br />
Une compilation (inédite jusqu’<strong>en</strong> 2010) de près de<br />
80 titres de Sondheim est parue chez Sony music<br />
dans un Coffret 4 CD 82796-94255-2<br />
L’Histoire de Babar<br />
Autour de l’œuvre de Poul<strong>en</strong>c et de La Boite à<br />
joujoux de Debussy… pour les chouchous, dès<br />
4 ans ! Avec Laur<strong>en</strong>ce Ferrari (récitante),<br />
R<strong>en</strong>aud Capuçon (violon) et Jérôme Ducros<br />
(piano).<br />
AIX. Le 9 mars à 15h et 19h.<br />
Théâtre du Jeu de Paume<br />
08 2013 2013 www.lestheatres.net<br />
Trio d’anches<br />
Jean-Claude Latil (hautbois), Didier Gueirard<br />
(clarinette) et Frédéric Baron (Basson)<br />
compos<strong>en</strong>t un programme alliant quelques<br />
classiques de Mozart et Beethov<strong>en</strong> à des Trios<br />
d’anches, fleurons de la musique française<br />
signés de Sauguet, Ibert ou le Concert<br />
Champêtre de Tomasi (voir p 49).<br />
MARSEILLE. Le 9 mars à 17h. Foyer Opéra<br />
04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr
34<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
M<br />
M<br />
E<br />
M<br />
USIQUE<br />
«Apér’Opéra»<br />
Récital des jeunes chanteurs du CNIPAL.<br />
AVIGNON. Le 9 mars à 17h. Foyer Opéra<br />
04 90 82 42 42<br />
www.opera-avignon.fr<br />
Musicatreize<br />
Invité aux Matins sonnants de l’Opéra de<br />
Marseille et du GMEM, le chœur dirigé par<br />
Roland Hayrabedian mixe ses voix à un<br />
dispositif sonore électronique pour des pièces<br />
d’Alexandros Markeas et Zad Moultaka (Cadavres<br />
exquis).<br />
MARSEILLE. Le 10 mars à 11h.<br />
Foyer Opéra<br />
Réservation GMEM 04 96 20 <strong>60</strong> 10<br />
© Guy Vivi<strong>en</strong><br />
L’Heure exquise<br />
Reprise par la Troupe Lyrique Méditerrané<strong>en</strong>ne<br />
de leur florilège «déjanté» d’airs d’opéras<br />
et d’opérettes, imaginé autour de l’histoire de<br />
«trois amis voleurs, mais g<strong>en</strong>tlem<strong>en</strong>» qui s’invit<strong>en</strong>t<br />
chez un marquis pour commettre leurs<br />
larcins… et séduire des belles !<br />
EGUIERES. Le 10 mars à 15h.<br />
Théâtre Gr<strong>en</strong>ier de l’Alcazar<br />
06 <strong>60</strong> 36 99 09<br />
www.troupe-lyrique.com<br />
Le pianiste<br />
aux 50 doigts<br />
Les moy<strong>en</strong>s pianistiques de Georges Cziffra<br />
étai<strong>en</strong>t exceptionnels ; «paranormaux» disai<strong>en</strong>t<br />
certains… Et la vie de ce Hongrois est un véritable<br />
roman qui témoigne d’une histoire à la<br />
fois intime et générale du XX e siècle. Pascal<br />
Amoyel, fleuron du piano français, lui r<strong>en</strong>d<br />
hommage et se souvi<strong>en</strong>t de l’homme et artiste<br />
qu’il connut adolesc<strong>en</strong>t dans un spectacle, où<br />
il mêle récit et musique, mis <strong>en</strong> scène de<br />
Christian Fromont.<br />
AUBAGNE. Le 10 mars à 17h.<br />
Théâtre Comoedia<br />
04 42 18 19 88<br />
www.aubagne.fr<br />
Orgue<br />
B<strong>en</strong>oit Dumon joue Bach et ses prédécesseurs.<br />
CASSSIS. Le 10 mars à 17h30. Eglise St-Michel<br />
06 09 24 16 52<br />
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Quatuor Parisii<br />
Les fameuses cordes françaises interprèt<strong>en</strong>t<br />
les Quatuors de Debussy et Franck ainsi que<br />
celui du Marseillais Georges Bœuf.<br />
MARSEILLE. Le 12 mars à 20h.<br />
Auditorium de la faculté de médecine<br />
www.musiquedechambremarseille.org<br />
Espace Culture<br />
04 96 11 04 <strong>60</strong><br />
Bernard d’Ascoli<br />
Séance de rattrapage pour ceux qui ont<br />
manqué le beau programme du pianiste à la<br />
SMCM, autour du thème de l’eau (Debussy,<br />
Ravel, Schubert, Liszt, Chopin). Un formidable<br />
musici<strong>en</strong> issu de notre région !<br />
CARRY. Le 12 mars à 20h30.<br />
Espace Fernandel<br />
04 42 44 64 01<br />
www.mom<strong>en</strong>ts-musicaux-de-carry.fr<br />
Mozart à Paris<br />
Baroques-Graffiti : Sharman Plesner<br />
(violon), Anne-Garance Fabre dit Garrus<br />
(violoncelle) et Jean-Paul Serra (clavecin)<br />
pour des Sonates parisi<strong>en</strong>nes.<br />
MARSEILLE. Le 13 mars à 15h<br />
(<strong>en</strong>fants sur réservation dgac-jeunessealcazarbmvr@mairie-marseille.fr)<br />
et 17h (adultes)<br />
L’Alcazar. Entrée libre.<br />
04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr<br />
AIX. Le 14 mars à 12h30 et 18h30.<br />
Musée des Tapisseries<br />
06 79 71 56 50<br />
www.baroquesgraffiti.com/<br />
MARSEILLE. Le 15 mars à 18h & 20h30.<br />
Villa Magalone<br />
04 91 39 28 28<br />
www.citemusique-marseille.com<br />
Baroques-Graffiti © X-D.R<br />
Alexandros Markeas<br />
L’<strong>en</strong>semble Musicatreize dirigé par Roland<br />
Hayrabedian prés<strong>en</strong>te un programme vocal<br />
autour du compositeur.<br />
MARSEILLE. Le 13 mars à 20h.<br />
Salle Musicatreize<br />
04 91 00 91 31<br />
www.musicatreize.org<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
Bertrand Chamayou<br />
Le pianiste français joue le Concerto<br />
«L’Empereur» de Beethov<strong>en</strong> <strong>en</strong> compagnie de<br />
l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de<br />
Toulon (dir. Giuliano Carella) qui interprète<br />
égalem<strong>en</strong>t Fauré (Suite Masques et<br />
Bergamasques) et Hindemith (Symphonie<br />
«Mathis le Peintre»).<br />
TOULON. Le 14 mars à 20h30. Opéra<br />
04 94 92 70 78<br />
www.operadetoulon.fr<br />
L’heure du Thé<br />
Récital des jeunes chanteurs du CNIPAL.<br />
MARSEILLE. Les 14 et 15 mars à 17h15.<br />
Foyer Opéra<br />
Entrée libre dans la limite des places disponibles.<br />
Réservation au 04 91 18 43 18<br />
La trahison orale<br />
© Pierre Gondard<br />
Une pièce mythique de théâtre musical,<br />
signée Mauricio Kagel, d’après les Evangiles du<br />
Diable (fables, prières, formules magiques,<br />
contes populaires recueillis par Claude<br />
Seignolle), une scénographie d’Hubert Colas,<br />
Bernard Bloch (récitant) et des musici<strong>en</strong>s<br />
emm<strong>en</strong>és par Jean-Marc Montera et ses<br />
infernales cordes pincées…<br />
MARSEILLE. Les 14 et 15 mars à 20h30.<br />
Théâtre du Gymnase<br />
08 2013 2013<br />
www.lestheatres.net<br />
04 91 04 69 59<br />
www.grim-marseille.com<br />
L’Ospedale<br />
immaginario<br />
Ce «concert privé» donné par l’<strong>en</strong>semble<br />
baroque Les Bijoux Indiscrets (dir. Claire<br />
Bodin) nous transporte à V<strong>en</strong>ise au temps où<br />
les établissem<strong>en</strong>ts, hospices pour jeunes filles,<br />
résonnai<strong>en</strong>t aux musiques de Porpora,<br />
Vivaldi… Un voyage au cœur d’une histoire<br />
fantasmée avec la comédi<strong>en</strong>ne Véronique<br />
Dimicoli, dans le cadre du festival Prés<strong>en</strong>ces<br />
Féminines.<br />
TOULON. Le 15 mars à 20h30.<br />
Théâtre Liberté<br />
04 98 00 56 76<br />
www.theatre-liberte.fr
Les ecrans du Pavillon M © Chris Bourgue<br />
Pavillon M<br />
tous les jours de 10h à 19h<br />
accès libre<br />
www.pavillon-m.com<br />
Le Pavillon ? On M !<br />
Sur la place Bargemon, le Pavillon M se prés<strong>en</strong>te<br />
comme la vitrine de la Ville de Marseille et de la<br />
programmation de Marseille Prov<strong>en</strong>ce 2013. Un grand<br />
«M» l’annonce, <strong>en</strong>touré de cette forme hexagonale<br />
typique des tomettes de terre rouge chères aux<br />
Marseillais. Armature <strong>en</strong> bois et parois transpar<strong>en</strong>tes,<br />
la structure scénographiée par Philippe Malta valorise<br />
les 3000 m 2 du bâtim<strong>en</strong>t, qui dessine comme une<br />
vague éphémère.<br />
À l’intérieur, on est accueilli par les rideaux de perles de<br />
bois pare-mouches astucieusem<strong>en</strong>t peints par Natalia<br />
Bikir, puis images et vidéos anim<strong>en</strong>t l’espace. Tout<br />
d’abord un mur d’eau de 30m de long sur le thème des<br />
7 merveilles de Marseille. Le visiteur peut décl<strong>en</strong>cher<br />
à chaque étape des petits films sur le territoire. Belle<br />
<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> matière pour d’autres découvertes au niveau<br />
inférieur. D’abord une fresque <strong>en</strong> mapping vidéo<br />
prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> 12 étapes les mutations de la ville de 2<strong>60</strong>0<br />
avant J-C à 2016 ! Puis dans l’hémicycle un écran<br />
<strong>en</strong> triptyque de 120 m 2 propose un parcours dans<br />
les transformations urbaines de Marseille sur la musique<br />
conquérante de la Symphonie du Nouveau monde de<br />
Dvorak. À la sortie un chemin, construit par les œuvres<br />
Entre-mer, <strong>en</strong>tre-terre de l’artiste Chantal Viroulaud et<br />
les caissons lumineux de Jean-Christophe Lett, guide<br />
les amateurs de cuisine pour lesquels des anonymes<br />
livr<strong>en</strong>t sous forme d’hologrammes plusieurs recettes<br />
traditionnelles locales. Plus loin, touristes et marseillais<br />
s’intéress<strong>en</strong>t aux vidéos des archives de l’INA sur le<br />
patrimoine historique et culturel de la ville ;<br />
on peut y voir, <strong>en</strong>tre autres, la destruction définitive<br />
du Pont Transbordeur <strong>en</strong> 1945. L’accès est ouvert<br />
à tous puisqu’un système vidéo pour malvoyants<br />
et mal<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dants a été mis <strong>en</strong> place, et qu’un<br />
asc<strong>en</strong>seur relie les deux niveaux.<br />
Encore un cliché participatif ? Des opératrices pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
des photos des volontaires de profil, pour que Talma<br />
Rideau de perles de bois peint par Natalia Bikir © Chris Bourgue<br />
les reproduise <strong>en</strong> une fresque d’acier Tous 2013 qui<br />
sera installée le 31 décembre. Les têtes de tout<br />
un chacun s’affich<strong>en</strong>t <strong>en</strong> guise de propos…<br />
Faites plutôt un tour dans l’espace réservé aux différ<strong>en</strong>ts<br />
Musées de Marseille, qui changeront régulièrem<strong>en</strong>t<br />
les pièces exposées, de même que de nouveaux<br />
artistes occuperont les cimaises tous les mois. À ne<br />
rater sous aucun prétexte : les quatre cabines olfactives<br />
de Stéphan Muntaner dans lesquelles, installé sur un<br />
grand fauteuil, on peut <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre les cris des goélands,<br />
les bruits de la ville, et respirer ses parfums de pastis<br />
ou de lavande.<br />
À prolonger et partager !<br />
À l’étage supérieur la salle Grand‘Rue a accueilli <strong>en</strong><br />
janvier le Conseil régional ; <strong>en</strong> février c’est le tour de<br />
la Chambre de commerce ; suivront les villes d’Arles et<br />
Aubagne, le Conseil général, MPM... Chaque collectivité<br />
mettra <strong>en</strong> avant ses atouts et ses projets. L’Office du<br />
Tourisme y r<strong>en</strong>seigne aussi le public, proposant conseils<br />
et réservations. Durant toute l’année des r<strong>en</strong>contres<br />
avec les artistes, les organisateurs des manifestations<br />
artistiques, des mini-spectacles et des animations sur<br />
la place ponctueront les journées. Un aspect de<br />
médiation et de facilitation souligné par Olivier Gineste<br />
(directeur de la Communication de la Ville) qui lors du<br />
lancem<strong>en</strong>t a insisté sur le rôle moteur de ce pavillon.<br />
On déplore d’autant plus son aspect éphémère !<br />
le Pavillon M ne désemplit pas ! Les touristes et les<br />
marseillais s’y press<strong>en</strong>t, s’attard<strong>en</strong>t pour s’inscrire aux<br />
expositions et aux spectacles de Cirque <strong>en</strong> capitales,<br />
littéralem<strong>en</strong>t pris d’assaut ! La demande débordante<br />
risque de faire beaucoup de déçus, qui resteront à la<br />
porte. Une solution ? prolonger la vie du Pavillon M<br />
et de MP2013… ou multiplier <strong>en</strong>core les propositions !<br />
CHRIS BOURGUE ET ANNE-LYSE RENAUT<br />
II
© Carolle B<strong>en</strong>itah<br />
L’Atelier du Large est gratuit<br />
et ouvert 7 jours sur 7<br />
de 12h à 18h<br />
1 er épisode jusqu’au 18 mai,<br />
reprise le 11 octobre<br />
J1, Marseille<br />
04 91 88 25 13<br />
www.mp2013.fr<br />
Pr<strong>en</strong>dre le large<br />
Arriver au J1, c’est déjà pr<strong>en</strong>dre le large : à gauche<br />
comme à droite sont amarrés les plus gros ferries du<br />
port, notamm<strong>en</strong>t le Bonaparte récemm<strong>en</strong>t remis à flots,<br />
et derrière c’est la mer, à perte de vue. L’Atelier du large<br />
a judicieusem<strong>en</strong>t été installé là où les visiteurs de<br />
l’exposition Méditerranées croiseront les convives des<br />
Grandes Tables, dans un espace privilégié, lumineux,<br />
hospitalier, ouvert sur la grande baie de Marseille.<br />
Selon Nathalie Cabrera, Chargée de mission Actions de<br />
participation citoy<strong>en</strong>ne au sein de MP2013, l’objectif<br />
était «le plus de brassage public possible», le pari<br />
«travailler sur le commun : trouver ce qui peut intéresser<br />
tout le monde». Et ils ont été m<strong>en</strong>és à bi<strong>en</strong> : le week<strong>en</strong>d,<br />
on se bouscule aux ateliers de Fotokino, et les trois<br />
galeries d’exposition attir<strong>en</strong>t énormém<strong>en</strong>t de monde.<br />
À l’<strong>en</strong>trée, une cabine de photomaton arg<strong>en</strong>tique est<br />
temporairem<strong>en</strong>t hors d’usage, après avoir été prise<br />
d’assaut : 2 € les quatre photos <strong>en</strong> noir et blanc qualité<br />
supérieure, c’est autre chose qu’un cliché blafard pris au<br />
néon par un appareil numérique ! Juste à côté, la visite<br />
comm<strong>en</strong>ce par les dessins d’<strong>en</strong>fants de la Galerie des<br />
Quais, piochés dans l’énorme fonds d’archive de<br />
l’association Arts et Développem<strong>en</strong>t. Mises <strong>en</strong> valeur<br />
par un remarquable travail d’<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t (celui de Guy<br />
Charbonnier, de l’atelier Art 7 à Sète), les oeuvres<br />
ret<strong>en</strong>ues par Vanessa Notley sont surpr<strong>en</strong>antes,<br />
et ne détonnerai<strong>en</strong>t pas dans un salon d’art<br />
contemporain. Le 19 février, elles seront remplacées<br />
par une autre exposition, consacrée au patrimoine gitan,<br />
réalisée <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Museon Arlat<strong>en</strong>.<br />
Un peu plus loin, une salle de projection qui diffuse des<br />
vidéos d’archives : Joseph Camusso a filmé Marseille<br />
dans les années 50, et tout l’amour qu’il portait à sa ville<br />
vous saute aujourd’hui aux yeux avec la même fraîcheur.<br />
Mais la part belle est réservée à la photographie,<br />
«la forme artistique la mieux partagée» selon Nathalie<br />
Cabrera. La Galerie des Chercheurs de midi expose<br />
les images collectées depuis avril 2012 sur le site de<br />
MP2013 : pour l’heure, c’est la série Paysages (là où<br />
l’on vit), puis ce sera celle des Usages (comm<strong>en</strong>t on vit),<br />
et <strong>en</strong>fin les Personnages (avec qui l’on vit). <strong>60</strong>00 clichés<br />
ont déjà été réunis, et l’on peut <strong>en</strong>core participer<br />
jusqu’<strong>en</strong> mai <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant ses photographies préférées,<br />
datées, titrées et lég<strong>en</strong>dées. Sur les murs, une<br />
mosaïque colorée, à dominante de bleu : «Un bateau<br />
au bout de la rue… c’est vraim<strong>en</strong>t ce que je ress<strong>en</strong>s de<br />
cette ville. On peut <strong>en</strong>trer dans ce projet de différ<strong>en</strong>tes<br />
manières, sans hiérarchie. Il y a des aspects presque<br />
savants (le travail sur la série par exemple), et d’autres<br />
très familiers, comme le mur de couchers de soleil,<br />
ou le fait de pouvoir repérer l’<strong>en</strong>droit où l’on habite<br />
sur une imm<strong>en</strong>se fresque urbaine.»<br />
En toute fin de parcours, 5 plastici<strong>en</strong>s ont étudié<br />
la photographie de famille jusqu’à <strong>en</strong> extraire le meilleur<br />
et le pire des li<strong>en</strong>s du sang. C’est l’exposition Se/ce<br />
souv<strong>en</strong>ir de la Galerie La Jetée, où se côtoi<strong>en</strong>t les destins<br />
factices de Sylvie Meunier, et les troublantes broderies<br />
rouges sur tirage sépia de Carolle B<strong>en</strong>itah.<br />
Voilà bi<strong>en</strong> notre Méditerranée, dont la lumière est<br />
soulignée par la part d’ombre.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Cadavres exquis, Suite<br />
méditerrané<strong>en</strong>ne<br />
jusqu’au 13 avril<br />
Musée Granet, Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />
04 42 52 88 32<br />
www.museegranetaix<strong>en</strong>prov<strong>en</strong>ce.fr<br />
Le paradis perdu de la Méditerranée<br />
Chaque artiste invité au musée Granet a apporté un peu<br />
de sa culture, de son vécu et de son histoire, et la petite<br />
musique de la Suite méditerrané<strong>en</strong>ne n’<strong>en</strong> finit pas de<br />
trotter dans la tête. Il faut dire que la partition a été<br />
composée par 15 artistes de 14 pays de<br />
l’euroméditerranée et qu’elle a des airs de Cadavres<br />
exquis…<br />
L’exposition aixoise réussit à instaurer un dialogue<br />
collectif tout <strong>en</strong> révélant des id<strong>en</strong>tités uniques. Chaque<br />
œuvre est le reflet du vivre <strong>en</strong>semble dans une<br />
Méditerranée convulsive. La plus déstabilisante est sans<br />
doute celle composée par Sigalit Landau (Israël) : dans<br />
sa vidéo de la cueillette des olives, conçue comme une<br />
sorte d«’intifada d’olives» ou de «guerre ess<strong>en</strong>tielle», elle<br />
fait passer le chant pastoral pour un bombardem<strong>en</strong>t !<br />
L’agitation des arbres secoués par les gaules, les fruits<br />
tombant au sol, le moteur des machines agricoles, les<br />
gestes répétitifs des hommes ; le rythme de l’image<br />
s’accélère, le bruit devi<strong>en</strong>t clameur assourdissante.<br />
C’est Apocalypse now !<br />
La sculpture de Diana Al-Hadid (Syrie) fait trembler les<br />
murs de la tour de Babel <strong>en</strong> creusant ses parois comme<br />
une ruche, la forme évoquant une vision apocalyptique<br />
de l’Arche de Noé. À moins qu’il ne s’agisse de<br />
l’annonce «d’une chute funeste pour le destin humain» ?<br />
Pour dire la viol<strong>en</strong>ce historique, Ilias Poulos (Ouzbekistan)<br />
a choisi la monum<strong>en</strong>talité de la fresque photographique<br />
et la fragm<strong>en</strong>tation des visages des belligérants de la<br />
guerre civile grecque au l<strong>en</strong>demain de la deuxième<br />
Guerre mondiale. Juxtaposition d’images éclatées <strong>en</strong><br />
mille morceaux qui, comme une mise <strong>en</strong> pièces de la<br />
réalité, signifi<strong>en</strong>t que tout peut arriver…<br />
L’installation-vidéo de Lia Lapithi (Chypre) est d’une autre<br />
tonalité, légère et s<strong>en</strong>suelle, c’est un tableau vivant placé<br />
sous le signe d’Aphrodite. Au cours d’un banquetperformance<br />
filmé et reconstitué in situ, 17 femmes sont<br />
assemblées autour de l’artiste pour évoquer, <strong>en</strong>tre deux<br />
mets, les délices de l’amour et de la jouissance. L’amour<br />
IV
Murmures des murs...<br />
C’est un champ de ruines. Elles jonch<strong>en</strong>t le sol du<br />
C<strong>en</strong>tre de la Vieille Charité dans un ordonnancem<strong>en</strong>t<br />
strict : ce sont les vestiges de l’histoire grecque et<br />
romaine photographiés <strong>en</strong>tre 1991 et 2012 par Josef<br />
Koudelka, Prix Robert Capa <strong>en</strong> 1969 pour ses photos du<br />
Printemps de Prague. Après Exils, La mission<br />
photographique de la Datar, La mission Transmanche,<br />
le Triangle noir sur les mines de Charbon <strong>en</strong> Europe<br />
c<strong>en</strong>trale, le photographe tchèque s’est lancé dans<br />
une exploration des paysages sans commune mesure,<br />
sillonnant 19 pays du pourtour méditerrané<strong>en</strong> et plus de<br />
100 sites archéologiques. Syracuse, Pétra, Delphes,<br />
Athènes, Pompéi, Volubilis pour les plus connus...<br />
une «épopée» physique (Josef Koudelka arp<strong>en</strong>te<br />
les sites déserts de l’aube à la tombée du jour),<br />
géographique et historique dont les traces<br />
photographiques sont exemplaires. Transc<strong>en</strong>dés par<br />
son viseur, les pierres ont une âme, les arêtes érodées<br />
ont une histoire, le souffle de la vie disparue glisse <strong>en</strong>tre<br />
les colonnes disjointes et les chapiteaux écornés.<br />
Les ruines devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une stupéfiante scène de théâtre<br />
à ciel ouvert où les ombres et les lumières jou<strong>en</strong>t<br />
à cache-cache. «C’est une transfiguration des<br />
décombres <strong>en</strong> espérances» pour Bernard Latarjet,<br />
commissaire de l’exposition. En aucun cas archéologue,<br />
Koudelka se déf<strong>en</strong>d de faire des photos d’architecture,<br />
d’archéologie ou des photos docum<strong>en</strong>taires.<br />
Car son travail est ailleurs, dans la quête du paysage,<br />
de son histoire, dans la captation d’une disparition<br />
de l’homme inexorable…<br />
La sobriété de la muséographie colle parfaitem<strong>en</strong>t avec<br />
la monum<strong>en</strong>talité majestueuse des ruines, avec<br />
les formats des photographies souv<strong>en</strong>t étirées<br />
à l´horizontale comme pour pousser les limites du cadre<br />
et nous donner à imaginer l’invisible. Une impression<br />
redoublée lorsque l’on découvre le très bel ouvrage écrit<br />
par Koudelka et Erri De Luca, Théâtre du temps, déplié<br />
comme un accordéon sans fin.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Delphes, Grece, 1991<br />
© Josef Koudelka,<br />
Magnum Photos<br />
Vestiges 1991-2012<br />
Koudelka<br />
<strong>en</strong> écho à l’exposition Le<br />
trésor des Marseillais<br />
Jusqu’au 15 avril<br />
La Vieille Charité, Marseille<br />
04 91 14 59 18<br />
www.culture.marseille.fr<br />
Sigalit Landau, Soil Nursing, 2012 © Sigalit Landau<br />
ici fait li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre les générations et les cultures.<br />
Le phrasé musical de Fabrizio Corneli (Italie) emprunte au<br />
clapotis aquatique sa couleur bleue pour nous faire<br />
franchir une frontière invisible ; scénographie allégorique<br />
faite d’ombres spectrales instables, monde<br />
dématérialisé et muet avec lequel nous devrons<br />
composer…<br />
Avec Bouchra Ouizgu<strong>en</strong> (Maroc), c’est la musique du<br />
corps qui se fait lancinante. Déjà plébiscitée pour<br />
Madame Plaza, la chorégraphe apparait cette fois «dure<br />
comme la pierre du désert» dans lequel elle s’est laissé<br />
filmer. Sa performance place le spectateur au cœur de<br />
son <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t créatif : «là où s’origine le geste».<br />
Ainsi va l’exposition qui, note après note, fait <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre<br />
tous les points de vue, tandis que le catalogue fait<br />
circuler la parole des écrivains, poètes, philosophes,<br />
ethnologues, chercheurs et psychanalystes pour que<br />
le jeu du Cadavres exquis se poursuive.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
V
© Claude Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />
Les Bouches-du-Rhône.<br />
Agnès Varda<br />
jusqu’au 17 mars<br />
Galerie d’art du conseil général,<br />
Aix<br />
www.mp2013.fr<br />
www.cg13.fr<br />
VI<br />
Agnès par hasard<br />
«C’est la vie de patachon !»<br />
C’est sur ces mots qu’Agnès Varda nous a quittés,<br />
s’embarquant dans un vélo-taxi pour suivre le parcours<br />
d’art contemporain. Après deux heures de conversation<br />
à bâtons rompus p<strong>en</strong>dant lesquelles elle a parlé <strong>en</strong> toute<br />
simplicité de son travail, de ses choix artistiques, du rôle<br />
du hasard et de la r<strong>en</strong>contre.<br />
«J’aime cette galerie du cours Mirabeau : les expositions<br />
y sont gratuites. C’est sympathique de p<strong>en</strong>ser qu’on<br />
peut y rev<strong>en</strong>ir, revoir une œuvre qu’on aime. Il y a eu<br />
7000 visiteurs <strong>en</strong> 10 jours !»<br />
Dès les premiers pas dans l’exposition on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d La<br />
Marche des rois mages de Bizet et on voit, projetées,<br />
des images aéri<strong>en</strong>nes du Rhône sur lesquelles<br />
apparaiss<strong>en</strong>t puis s’évanouiss<strong>en</strong>t des bouches roses,<br />
telles des pétales flottant au fil de l’eau, qui chant<strong>en</strong>t.<br />
«Ce ne sont pas que des bouches féminines, précise<br />
Agnès Varda, 50 % sont des bouches d’hommes, dont<br />
deux de mes petits-fils ; je voulais des bouches bi<strong>en</strong><br />
dessinées, pas comme les mi<strong>en</strong>nes qui ne sont qu’un<br />
trait… Au mom<strong>en</strong>t où Véronique (Traquandi,<br />
commissaire de l’exposition ndlr) m’a proposé<br />
d’exposer les Bouches-du-Rhône, je me suis dit qu’il<br />
n’y avait qu’à mettre des bouches dans le Rhône.»<br />
Derrière cette littéralité, d’appar<strong>en</strong>ce simpliste, se<br />
cach<strong>en</strong>t les principes mêmes du travail d’Agnès Varda : la<br />
r<strong>en</strong>contre, le temps, le souv<strong>en</strong>ir, le hasard, les chaînes<br />
analogiques qu’ils constitu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble. Ainsi La<br />
Marche des Rois qui vi<strong>en</strong>t de son aïeule marseillaise est<br />
interprétée par une chorale de La Ciotat où elle a aussi<br />
photographié un groupe de g<strong>en</strong>s sur le quai de la gare,<br />
clin d’œil bi<strong>en</strong> sûr au film de Louis Lumière. Ses choix de<br />
lieux de photo procèd<strong>en</strong>t du même principe de plaisir.<br />
«À Paris, j’ai acheté une dizaine de cartes de Marseille et<br />
avec mon crayon j’ai <strong>en</strong>touré les noms qui me plaisai<strong>en</strong>t,<br />
La Rose, La Pomme, Le Cabot, Le Panier… Des noms<br />
rigolos non ? Je me suis r<strong>en</strong>due sur place avec des<br />
roses, des pommes. Je trouvais des g<strong>en</strong>s à qui je<br />
proposais d’<strong>en</strong>trer dans mon projet. Regardez, ces<br />
jeunes au métro La Rose, ils reflèt<strong>en</strong>t la diversité de<br />
Marseille. Ils sont beaux. C’est un groupe éphémère,<br />
juste les g<strong>en</strong>s qui se trouvai<strong>en</strong>t là à ce mom<strong>en</strong>t précis<br />
mais tout ce qui rassemble, regroupe, est intéressant.»<br />
Dans le triptyque Amélie et les majorettes une photo<br />
arg<strong>en</strong>tique <strong>en</strong> noir et blanc est <strong>en</strong>cadrée de 2mn30<br />
d’images <strong>en</strong> couleur, un portrait à volets vidéo repr<strong>en</strong>ant<br />
le dispositif <strong>en</strong>trepris à Sète <strong>en</strong> 2011. Le spectateur est<br />
placé dans un <strong>en</strong>tre-deux image fixe/image mobile,<br />
cinéma/photographie, où toute image devi<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>ir,<br />
tout souv<strong>en</strong>ir se fixe, dans des temporalités différ<strong>en</strong>tes,<br />
introduisant du passé partout, démultipliant les niveaux<br />
de narration. Un deuxième triptyque, Achille et Paris du<br />
Cirque Phocé<strong>en</strong>, est le fruit du hasard.<br />
«Je suis tombée sur ce cirque à Plan de campagne et<br />
j’ai été très touchée par le travail de ces jeunes, qui<br />
s’appliquai<strong>en</strong>t. Ils font partie du spectacle et ont<br />
consci<strong>en</strong>ce qu’ils le font bi<strong>en</strong>.»<br />
C’est aussi le hasard qui avait am<strong>en</strong>é Agnès Varda, <strong>en</strong><br />
reportage <strong>en</strong> 1956 à la Cité radieuse, à capter l’instant<br />
décisif cher à Cartier-Bresson sur la terrasse du<br />
Corbusier.<br />
«C’était comme si les g<strong>en</strong>s se mettai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place. Ces<br />
personnages m’intriguai<strong>en</strong>t. Je me suis souv<strong>en</strong>t<br />
demandée qui étai<strong>en</strong>t ces g<strong>en</strong>s et ce qui s’était passé<br />
avant et après.»<br />
Ce questionnem<strong>en</strong>t donne naissance <strong>en</strong> 2007 à un petit<br />
film : dans un décor ressemblant à celui de la photo, les<br />
six personnages d’autrefois agiss<strong>en</strong>t. «Mais ri<strong>en</strong> n’est<br />
certain. On pourrait imaginer d’autres sc<strong>en</strong>arios Ce qui<br />
est important, c’est de savoir que c’est l’imagination qui<br />
gouverne, pour celui qui regarde aussi.»<br />
Elle est retournée au Corbusier <strong>en</strong> 2012, y a r<strong>en</strong>contré<br />
par hasard des femmes qui pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t un café sur la<br />
terrasse ; leur a proposé de se rassembler et les a<br />
photographiées.<br />
«…plantées comme des santons, citoy<strong>en</strong>nes radieuses<br />
sur la terrasse de la Cité radieuse.»<br />
56 ans plus tard il s’agit toujours pour la cinéasteplastici<strong>en</strong>ne<br />
d’aller à la r<strong>en</strong>contre des autres, faire <strong>en</strong><br />
sorte que la vie quotidi<strong>en</strong>ne devi<strong>en</strong>ne tout à tour<br />
théâtrale, poétique, merveilleuse, amusante… <strong>en</strong> toute<br />
simplicité, sur les plages du temps.<br />
ANNIE GAVA ET CLAUDE LORIN<br />
© Annie Gava
L’odyssée de Nicolas Rubinstein<br />
Le Projet Télémachus de Nicolas Rubinstein est la<br />
première escale varoise de l’itinéraire d’art contemporain<br />
Ulysses conçu par le Frac Paca. Une figure odyssé<strong>en</strong>ne<br />
qui l’a <strong>en</strong>thousiasmé mais dont il a préféré le fils,<br />
Télémaque, resté dans l’ombre du héros, ce père<br />
abs<strong>en</strong>t... «Je me s<strong>en</strong>s très proche de Télémaque»<br />
confesse l’artiste qui a imaginé un projet grandiose <strong>en</strong><br />
trois temps et trois salles comme pour symboliser les<br />
âges de la vie, les passages à l’état adulte. «Il faut que<br />
Télémaque abandonne l’histoire de ses par<strong>en</strong>ts pour<br />
démarrer la si<strong>en</strong>ne, il faut qu’il quitte sa mère et Ithaque»<br />
explique Nicolas Rubinstein dont la proposition plastique<br />
dépasse l’illustration du thème d’Ulysse pour opérer des<br />
questionnem<strong>en</strong>ts contemporains sur l’hérédité, la<br />
mémoire, la transmission du malheur, la construction de<br />
soi, l’appr<strong>en</strong>tissage. Et l’abs<strong>en</strong>ce du père. Des thèmes<br />
déjà prégnants dans son œuvre qui pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ici la forme<br />
d’une scénographie spectaculaire, burlesque et<br />
inquiétante.<br />
Le parcours est initiatique, métaphorique et<br />
autobiographique ; il débute par une série de dessins de<br />
cerveaux ailés et de têtes de mort, dont un sur son<br />
installation avec l’inscription : «Y’a pas Ulysse, hélas !<br />
C’est là qu’est l’os...». Le plafond de la deuxième salle<br />
est prisonnier d’une structure <strong>en</strong> résille rouge, toile<br />
d’araignée géante d’où s’échapp<strong>en</strong>t des cerveaux<br />
susp<strong>en</strong>dus à un fil. Tandis qu’une horde de cerveaux à<br />
queue de souris se répand sur le sol, certains év<strong>en</strong>trant<br />
de vieilles valises et un piano à queue. Dans la dernière<br />
salle, <strong>en</strong>cerclant quatre colonnes, la résille rouge<br />
emprisonne un cerveau géant et deux mâchoires de<br />
requin, seuls «vestiges» d’une matière qu’il affectionne<br />
particulièrem<strong>en</strong>t, l’os, «choisi comme symbole de vie et<br />
de mémoire», longtemps la base de son vocabulaire. À<br />
chaque fois la sculpture dévore l’espace, la première par<br />
fragm<strong>en</strong>tation, la seconde par obstruction, et impose<br />
au visiteur un déplacem<strong>en</strong>t, un contournem<strong>en</strong>t : il lui<br />
faut lever les yeux au ciel, faire att<strong>en</strong>tion où poser ses<br />
pas, différ<strong>en</strong>cier ses points de vue.<br />
Bref, vivre son propre voyage.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Nicolas Rubinstein,<br />
Le projet Telemachus, 2012<br />
© Nicolas Rubinstein<br />
jusqu’au 14 avril<br />
C<strong>en</strong>tre d’art Sébasti<strong>en</strong>,<br />
St-Cyr-sur-Mer<br />
04 94 26 19 20<br />
www.saintcyrsurmer.fr/sebasti<strong>en</strong><br />
Politique de la chaise vide<br />
L’installation de Barthélémy Toguo, dont l’œuvre<br />
est reconnue pour la dénonciation des<br />
atteintes faites aux migrants, constitue une des<br />
étapes du projet Ulysses conçu par le FRAC<br />
PACA. L’artiste propose dans la continuité de<br />
Road to exil ou Climbing down, une version<br />
remaniée et augm<strong>en</strong>tée de Redemption<br />
(Manchester, 2012) pour la chapelle arlési<strong>en</strong>ne.<br />
Nous retrouvons deux grandes chaises<br />
géantes (<strong>en</strong> bois exotique), des accumulations<br />
de baluchons, des tampons de bois brut<br />
surdim<strong>en</strong>sionnés (gravés <strong>en</strong> creux et à<br />
l’<strong>en</strong>vers) auxquels s’ajout<strong>en</strong>t une bonne<br />
c<strong>en</strong>taine de chaises et des tables <strong>en</strong> pin<br />
naturel made in Ikéa (Sainte Anne est patronne<br />
des m<strong>en</strong>uisiers). Une multitude d’impressions<br />
issues de ces tampons sur papier blanc<br />
recouvrant les murs des bas-côtés délivr<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>ts messages ou formules<br />
administratives. Dominant, le duo de chaises<br />
inaccessibles pour le commun inflige une<br />
hiérarchisation avec le parterre labyrinthique.<br />
Le dispositif suggère un trio symbolique sur les<br />
<strong>en</strong>jeux <strong>en</strong>tre pouvoir, sacré et fonction sociale :<br />
chaises(foule) / chaires(prêtre) / trônes(roi) mais<br />
peuplé de criantes abs<strong>en</strong>ces. Vide d’âmes,<br />
l’église au culte désaffecté semble éluder son<br />
rôle de refuge aux déshérités.<br />
Si on attribue volontiers une portée universelle<br />
à l’œuvre de Toguo, on se demande<br />
finalem<strong>en</strong>t qui est dépossédé dans cette<br />
chapelle réaffectée désormais à la culture.<br />
Le migrant ou le visiteur ? Un indice peut-être :<br />
l’unique tampon lisible à l’<strong>en</strong>droit est dédié<br />
la figure artistique locale considérée comme<br />
ins<strong>en</strong>sée, exclue de la communauté de<br />
l’époque, mutilée par désespoir et aujourd’hui<br />
aubaine de l’industrie culturelle. Van Gogh’s<br />
ear has be<strong>en</strong> found out révèle Toguo<br />
cyniquem<strong>en</strong>t. Bonne nouvelle <strong>en</strong>vers l’émigré<br />
à la recherche d’un refuge artistique idéal ?<br />
On peut trouver une réponse dans Des<br />
hommes viv<strong>en</strong>t ici (voir p 46), peut être.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Dérive(s)<br />
jusqu’au 10 mars<br />
Chapelle Sainte Anne, Arles<br />
04 90 49 39 85<br />
www.fracpaca.org<br />
Barthélémy Toguo, Dérive(s), installation,<br />
châpelle Sainte Anne, Arles, projet Ulysses<br />
FRAC PACA 2013. Vue partielle.<br />
© photo C. Lorin-<strong>Zibeline</strong><br />
VII
Dans tout le territoire le premier temps fort spectaculaire<br />
de MP2013 remporte un succès dépassant les att<strong>en</strong>tes :<br />
Cirque <strong>en</strong> capitales surpr<strong>en</strong>d et séduit<br />
Tricot suédois<br />
Le 26 janvier, lors de la dernière représ<strong>en</strong>tation<br />
de knitting peace, une création de la<br />
compagnie suédoise Cirkus Cirkör, le CREAC<br />
affiche complet.<br />
P<strong>en</strong>dant que le public s’installe, une jeune fille<br />
mi-elfe, mi-page, toute de blanc vêtue, tricote<br />
avec ses bras, du coton. Les mailles se<br />
form<strong>en</strong>t, la pelote se dévide jusqu’au bout.<br />
Puis d’un geste rapide, son travail fini, la<br />
tricoteuse tire un fil, dénouant le maillage qui<br />
coule sur le sol. La lumière a baissé. Le rideau<br />
se lève. Le spectacle comm<strong>en</strong>ce.<br />
Époustouflant !<br />
P<strong>en</strong>dant une heure et demie, les corps des<br />
acrobates vont s’inscrire dans un dispositif qui<br />
se fait et se défait, sans jamais lâcher le fil<br />
d’une métaphore visuelle se déclinant avec<br />
virtuosité. Cordon ombilical qu’on sort du<br />
v<strong>en</strong>tre des poupées de laine, fils qui se<br />
crois<strong>en</strong>t, se nou<strong>en</strong>t, se tord<strong>en</strong>t, fil de<br />
funambule dev<strong>en</strong>ant archet de violon, résillesréseaux,<br />
boucles qui se d<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t dans des<br />
drapés-jungles où se susp<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les<br />
trapézistes, cocons géants qui les<br />
accouch<strong>en</strong>t. Pelotes-mondes qui roul<strong>en</strong>t sous<br />
le pas dansant des félins équilibristes ou se<br />
font nids-carapaces. Corde frémissante de<br />
l’échelle dont les nœuds se dénou<strong>en</strong>t au fur et<br />
à mesure que l’acrobate la gravit. Chaque<br />
tableau inv<strong>en</strong>te une écriture nouvelle de mailles<br />
et de lignes qui s’effac<strong>en</strong>t ou se combin<strong>en</strong>t.<br />
Fragilité, force du li<strong>en</strong>. À l’arrière de la scène,<br />
au milieu des voilages et des tombés de laine,<br />
une tour noire, du haut de laquelle un barde<br />
mène la danse frottant, grattant les cordes de<br />
ses instrum<strong>en</strong>ts, frappant les touches d’un<br />
xylophone. Rock celtique qui emballe la<br />
chorégraphie ou chant profond pénétrant<br />
toutes les fibres des tricots. Quelques taches<br />
de rouge dans la douceur du camaïeu de<br />
blancs apparaiss<strong>en</strong>t dans la dernière partie du<br />
spectacle. Incarnation ? En voix off on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<br />
les réponses de g<strong>en</strong>s interrogés sur leurs<br />
aspirations. Tricoter la paix <strong>en</strong>semble et<br />
donner le meilleur d’eux-mêmes sembl<strong>en</strong>t être<br />
parmi celles majeures de ces artistes qui à la<br />
fin de la représ<strong>en</strong>tation lanc<strong>en</strong>t aux<br />
spectateurs une longue écharpe, hommage<br />
de laine à la paix, au pati<strong>en</strong>t ouvrage qui ti<strong>en</strong>t<br />
chaud et r<strong>en</strong>d heureux<br />
ELISE PADOVANI<br />
cie cirkus cirkor kintting peace © Johan Stomberg<br />
Prés<strong>en</strong>té du 24 au 27 janvier<br />
à l’Espace chapiteau<br />
des Sablettes, La Seyne,<br />
Le bal des intouchables<br />
sera joué du 9 au 23 février<br />
au Parc Chanot, Marseille,<br />
dans le cadre<br />
de la programmation<br />
du Gymnase<br />
Dernières nouvelles des Colporteurs<br />
Au bal des intouchables, seuls les artistes dans<strong>en</strong>t. On<br />
reste au bord du tapis avec des fourmis plein les jambes…<br />
Le propos est sincère et la technique saisissante ! Mais la<br />
succession de mini performances poétiques, qui<br />
<strong>en</strong>trecrois<strong>en</strong>t habilem<strong>en</strong>t cirque, théâtre et musique, reste<br />
à l’état de puzzle, et le spectacle, à la première, laissait<br />
<strong>en</strong>trevoir sa fragilité. Est-ce sa dim<strong>en</strong>sion trop personnelle<br />
qui plaque Icare au sol et nous empêche de voler avec lui ?<br />
Immobilisé dans un fauteuil roulant depuis un accid<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
2000, Antoine Rigot, co-fondateur de la compagnie Les<br />
Colporteurs avec Agathe Olivier, convoque ici la peinture de<br />
Bacon (la beauté et la force des corps aux visages mutilés)<br />
et le roman de Beckett (Le Dépeupleur) pour questionner<br />
le handicap, la marche, l’exclusion. Au cœur de l’arène,<br />
seul au milieu des corps <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t, quelle place<br />
reste-t-il à l’humain rejeté à la marge ? Marionnette ou<br />
pantin, il lui faut réappr<strong>en</strong>dre à lever les pieds, à se mettre<br />
debout quand il ne sait plus que danser avec sa chaise...<br />
Heureusem<strong>en</strong>t l’humour dédramatise la situation, comme<br />
les échappées belles de la jeune troupe de fildeféristes,<br />
danseurs-acrobates, trapézistes et musici<strong>en</strong>s-funambules<br />
qui l’accompagn<strong>en</strong>t dans son appr<strong>en</strong>tissage, sous les<br />
Le bal des intouchables, Les Colporteurs © JP Estournet<br />
moqueries parfois. Dans le chapiteau aux allures de cage<br />
aux oiseaux, les voltigeurs-colporteurs parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à nous<br />
faire décoller, dans les derniers tableaux vivants<br />
qui serr<strong>en</strong>t le cœur et brouill<strong>en</strong>t les yeux.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
VIII
Point de susp<strong>en</strong>sion<br />
Charmant ce circus tour in the city dans les traces de<br />
l’éléphant rose du Merlan ! Trois lieux élus pour la<br />
sol<strong>en</strong>nité de leur portique dorique et leur poids<br />
d’imaginaire social marseillais : de l’amphithéâtre des<br />
Sci<strong>en</strong>ces Naturelles de la Fac Saint Charles (1911) à la<br />
Société Marseillaise de Crédit (1865) <strong>en</strong> passant par le<br />
Temple de la rue Grignan (1825), le cirque va se nicher<br />
loin des tremblants chapiteaux ! Être assis dos bi<strong>en</strong> droit<br />
sur les banquettes dures de l’université r<strong>en</strong>d plus<br />
int<strong>en</strong>ses les révélations sur la «jubilation» promises par la<br />
confér<strong>en</strong>ce-empêchée (g<strong>en</strong>re plaisant fondé sur la<br />
déception !) conçue et m<strong>en</strong>ée par Camille Boitel qui<br />
réinv<strong>en</strong>te le duo de clowns pour l’occasion avec<br />
comparse muet et vampirisé. Bi<strong>en</strong> sûr on rit : parodique,<br />
satirique et surtout boulimique tant le plaisir semble être<br />
du côté de ceux qui font rire !<br />
Cap sur l’Eglise Réformée et la soupe de l<strong>en</strong>tilles,<br />
réconfort des av<strong>en</strong>turiers desc<strong>en</strong>dus depuis la gare :<br />
devant le grand crucifix blanc qui se détache du mur,<br />
Chloé Moglia prés<strong>en</strong>te son corps découvert (ceci est<br />
mon...) susp<strong>en</strong>du par la t<strong>en</strong>sion <strong>en</strong> force de ses<br />
muscles, t<strong>en</strong>dons et autres parties nerveuses dans des<br />
postures ins<strong>en</strong>sées : écorchée <strong>en</strong>core vive, temps<br />
arrêté, à la limite du déboîtem<strong>en</strong>t comme les omoplates<br />
que l’on surveille avec anxiété, sil<strong>en</strong>ce troué de sons<br />
métalliques, espace m<strong>en</strong>tal <strong>en</strong> cours d’élaboration...<br />
extrêmem<strong>en</strong>t troublant d’autant que le visage paisible et<br />
même rayonnant nie toute souffrance ! Chloé Moglia<br />
inv<strong>en</strong>terait-elle le Saint-Supplici<strong>en</strong> ?<br />
Dernière station : la majestueuse verrière de la SMC<br />
dont la hauteur donne la mesure du portique qui y est<br />
dressé. Ce qui se passe au ras du sol n’est pas visible<br />
au delà du 3 e rang et donc il n’<strong>en</strong> sera pas r<strong>en</strong>du<br />
compte ! Ils sont deux (au diable l’embryon d’histoire et<br />
l’illustration musicale de Nevcheherlian) et c’est lorsqu’ils<br />
font simplem<strong>en</strong>t duo que le spectaculaire se double<br />
vraim<strong>en</strong>t d’émotion : la prouesse physique des artistes<br />
coupe le souffle littéralem<strong>en</strong>t au trapèze utilisé comme<br />
piste d’<strong>en</strong>vol, au mât arp<strong>en</strong>té avec l’assurance de<br />
l’horizontalité ou dans la roue Cyr où les corps gliss<strong>en</strong>t,<br />
se pli<strong>en</strong>t et emport<strong>en</strong>t l’espace avec eux... Ils s’appell<strong>en</strong>t<br />
Le Flaouter et Maillot ; leur compagnie est basée à La<br />
Réunion et ils sont très beaux.<br />
Le Merlan proposait aussi <strong>en</strong> sa salle de revoir<br />
L’Immédiat, spectacle créé <strong>en</strong> ses murs par la bande à<br />
Boitel, qui depuis a fait le tour des scènes europé<strong>en</strong>nes<br />
et a donné son nom à la compagnie. Tout s’y écroule<br />
toujours avec autant d’incroyable frénésie, chaque appui<br />
s’effondrant dès qu’on y touche, les corps échappant à<br />
la pesanteur et les objets se dérobant. Hilarant,<br />
inquiétant aussi… La pénombre et l’incroyable foutoir<br />
qui <strong>en</strong>vahit la scène appar<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la bande de clowns<br />
acrobates à des marginaux célestes. Quelques<br />
numéros, qui ne cherch<strong>en</strong>t pas à se faire applaudir,<br />
rest<strong>en</strong>t hallucinants… d’autres ont un peu perdu <strong>en</strong><br />
rythme. Qu’importe, une nouvelle forme est là,<br />
indéniablem<strong>en</strong>t.<br />
MARIE JO DHO ET AGNÈS FRESCHEL<br />
© Pierre Thep<strong>en</strong>ier<br />
L’Immédiat s’est joué<br />
du 29 au 31 janvier,<br />
Circus Tour in the City<br />
a été proposé du 1 er<br />
au 3 février par Le Merlan,<br />
Marseille<br />
Drôle d’Eros<br />
La démarche de Cahin-caha est intéressante, et réussie par<br />
<strong>en</strong>droits : Rose veut «oser l’Eros» et emprunte très largem<strong>en</strong>t<br />
ses numéros au cabaret de même couleur, cherchant une forme<br />
hybride qui revigore le numéro de cirque ; ainsi Gulko transforme<br />
Monsieur Loyal <strong>en</strong> m<strong>en</strong>eur de revue, qui sait cep<strong>en</strong>dant jouer<br />
du fouet comme un jongleur ; Pierre Glottin exécute de brillants<br />
exercices d’équilibre, masochistes, au-dessus d’une planche<br />
à clou ; et les deux cordélistes, Fanny Austry et Manuelle Haeringer,<br />
jou<strong>en</strong>t de leur nudité sans abandonner la virtuosité de leur art :<br />
leurs numéros de corde gémellaire, de corde volante, de tissu<br />
aéri<strong>en</strong>, sont épatants. Mais érotiques ? Le strip-tease sur un<br />
trapèze ballant donne le frisson du risque quand elle lâche la<br />
corde pour faire passer les manches… mais demeure fort peu<br />
s<strong>en</strong>suel ! Les corps de cirque dans l’effort, transpirants,<br />
musculeux et souffrants, ne font pas frissonner de désir…<br />
Du coup l’Eros ici n’est que l’évocation de la sexualité, plus<br />
ou moins zoophile, exhibitionniste ou sadique, et non l’éveil<br />
du plaisir. Peut-être des lumières, une musique, des décors<br />
et costumes plus soignés permettrai<strong>en</strong>t-ils l’esthétisation<br />
nécessaire au propos ? Tel quel, Rose relève de la pochade,<br />
tal<strong>en</strong>tueuse et inatt<strong>en</strong>due, mais n’inv<strong>en</strong>te pas tout à fait<br />
un cirque érotique.<br />
AGNÈS FRESCHEL<br />
Rose a été créé au CREAC,<br />
Marseille du 7 au 11 février<br />
Rose,<br />
cie Cahin Cahan<br />
© JP Estournet<br />
IX
Le sil<strong>en</strong>ce du monde, installation magique,<br />
compagnie Monstre(s) © Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />
Installer la magie<br />
Dans Le soir des Monstres, Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />
s’était intéressé aux li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le cirque et la<br />
magie. Avec Le Sil<strong>en</strong>ce du monde, il réitère et<br />
bouleverse les codes de la magie grâce à une<br />
installation fascinante et surpr<strong>en</strong>ante.<br />
Comm<strong>en</strong>t ? En faisant tout simplem<strong>en</strong>t<br />
disparaître le magici<strong>en</strong> ! Entre magie et arts<br />
plastiques, le jongleur-manipulateur a réussi à<br />
supprimer non seulem<strong>en</strong>t le prés<strong>en</strong>tateur, mais<br />
aussi la scène, les sièges et les coulisses ! La<br />
durée du tour de magie n’apparti<strong>en</strong>t qu’au<br />
spectateur. Dès l’<strong>en</strong>trée dans cette salle<br />
obscure, toutes les barrières <strong>en</strong>tre le réel et la<br />
magie tomb<strong>en</strong>t. Les seuls repères possibles<br />
sont ses petits modules poétiques. Le public<br />
est plongé dans cet univers rempli d’objets<br />
mystérieux, hors du temps et du réel. Sous le<br />
halo de lumière, une cloche de verre<br />
emprisonne une petite forme cotonneuse<br />
jouant avec son ombre, des petites figurines<br />
<strong>en</strong> papier dans<strong>en</strong>t un tango interminable et<br />
des cordes étranges s’<strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>t infinim<strong>en</strong>t<br />
tels des serp<strong>en</strong>ts. Le spectateur voyage à son<br />
rythme et <strong>en</strong> toute liberté au milieu de ses<br />
objets ludiques, immobiles ou mobiles, à<br />
l’allure parfois très rapide et parfois très l<strong>en</strong>te.<br />
Le Sil<strong>en</strong>ce du monde invite petits et grands à<br />
vivre une expéri<strong>en</strong>ce unique <strong>en</strong> dans un tout<br />
autre rapport au temps, à l’espace et aux<br />
objets. Magique !<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
Nouveau souffle<br />
Ils nous cueill<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trée de jeu, délicatem<strong>en</strong>t,<br />
à l’image de ces ampoules progressivem<strong>en</strong>t<br />
allumées par deux Augustes mystérieux et<br />
sil<strong>en</strong>cieux, qui s’<strong>en</strong> vont délimiter la piste, une<br />
arène pour tout dire, au cœur de laquelle<br />
cirque et théâtre forain vont se confronter.<br />
En scène des artistes hors pair : Titoune,<br />
Bonav<strong>en</strong>ture et Mads du Cirque Trottola et<br />
Nigloo et Branlotin du Petit Théâtre Baraque,<br />
unis par une amitié de longue date et l’<strong>en</strong>vie<br />
de réunir leur univers, burlesque et<br />
expressionniste. Tout dans Matamore<br />
surpr<strong>en</strong>d, de la mise <strong>en</strong> scène des numéros -<br />
portés, clowns, voltige, jonglage- à leur<br />
cont<strong>en</strong>u. Car la complém<strong>en</strong>tarité des artistes<br />
permet une liberté de ton qu’ils déploi<strong>en</strong>t sans<br />
ret<strong>en</strong>ue dans leur tour de piste singulier et<br />
minimaliste : des déclamations incessantes<br />
d’un monsieur Loyal <strong>en</strong>glué dans ses prises<br />
de consci<strong>en</strong>ce peu compréh<strong>en</strong>sibles mais<br />
irrésistibles aux numéros d’équilibre<br />
vertigineux, <strong>en</strong> passant par le jonglage d’un<br />
cow-boy avec ses pistolets, la voltige<br />
maitrisée, toujours gracieuse, de Titoune au<br />
bout des bras de Bonav<strong>en</strong>ture, la scène<br />
drôlissime de clowns grincheux et vieillissants<br />
(ah ! Boudu !)… et des numéros d’une poésie<br />
r<strong>en</strong>versante, comme celui qui fait faire à un<br />
pantin plus vrai que nature des figures sur une<br />
barre fixe manipulée à vue. Enfin, Bonav<strong>en</strong>ture,<br />
Matamore fier et indétrônable, redesc<strong>en</strong>d sur<br />
terre. Et nous avec.<br />
DOMINIQUE MARÇON<br />
Matamore © Yves Glorian<br />
Carnages © J. Hierholzer - C. Raynaud de Lage<br />
X<br />
Pour un nez<br />
Soir après soir, les spectacles de François<br />
Cervantes empliss<strong>en</strong>t la Cartonnerie de la<br />
Friche. Avant d’accéder à la salle, un petit<br />
crochet vers l’armoire ouverte sur la<br />
gauche, bi<strong>en</strong> fournie de docum<strong>en</strong>tation<br />
sur ses précéd<strong>en</strong>tes œuvres, achève de<br />
nous r<strong>en</strong>seigner sur sa popularité. Pour<br />
préparer Le Prince Séquestré, il a travaillé<br />
avec Hassan El Geretly et Boutros Raouf<br />
Boutros-Galhi, tous deux hommes de<br />
théâtre égypti<strong>en</strong>s. Sur scène, une<br />
palissade, un lampadaire, et un plot <strong>en</strong><br />
béton. Se noue <strong>en</strong>tre les acteurs un<br />
dialogue mystérieux c<strong>en</strong>tré sur un 3 e<br />
personnage, et habité par la peur «du<br />
dehors», où l’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d de vagues<br />
rumeurs de guerre civile. Avoir une<br />
maison, un abri, un ami, telle est la<br />
grande affaire de ces inadaptés au grand<br />
nez, clowns sans domicile fixe. Entre<br />
fantasme et dures réalités, ri<strong>en</strong> n’est<br />
tranché à la fin de la représ<strong>en</strong>tation. Ce grand dadais à<br />
la voix molle qui <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t des relations conflictuelles<br />
mais très affectives avec son geôlier figure-t-il un Prince<br />
Séquestré <strong>en</strong> chacun de nous ?<br />
L’appréh<strong>en</strong>sion face au monde extérieur est aussi au<br />
cœur de Carnages, où un théâtre désaffecté accueille<br />
une troupe dépareillée de clowns affreusem<strong>en</strong>t grimés.<br />
Les deux personnages emblématiques de la cie<br />
l’Entreprise sont arrivés là au gré de leurs divagations :<br />
on pr<strong>en</strong>d plaisir à retrouver Arletty (Catherine Germain), sa<br />
démarche inimitable de bambin, et sa façon cavalière de<br />
dominer le pauvre Zig (Dominique Chevallier). Ils font peu<br />
à peu connaissance avec les occupants du lieu,<br />
occasion de scènes jouissives, poursuites et<br />
couinem<strong>en</strong>ts compris, flingue au clair et humour<br />
décapant. Clou de l’action, un chi<strong>en</strong> passe de l’état de<br />
serpillière à celui de bestiole bi<strong>en</strong> vivante, et si la<br />
prestation ne connaissait pas quelques passages un<br />
peu verbeux, on passerait une heure du tonnerre, <strong>en</strong>tre<br />
grincem<strong>en</strong>ts de d<strong>en</strong>ts et franche rigolade.<br />
GAËLLE CLOAREC
Le Sil<strong>en</strong>ce du monde<br />
a été joué du 26 janvier<br />
au 3 février au Théâtre d’Arles<br />
et sera joué du 20 au 23 février<br />
à La Criée, Marseille<br />
Matamore a été joué au<br />
Théâtre d’Arles du 16 au 30<br />
janvier, et s’installe au Théâtre<br />
Massalia, à Marseille, du 9 au<br />
20 février<br />
Carnages est joué jusqu’au<br />
23 février à La Friche, Marseille,<br />
Le Prince séquestré a été joué<br />
du 5 au 10 février à La Friche<br />
Dada<br />
Iconoclaste au possible, la Cie Camille Boitel unie aux<br />
musici<strong>en</strong>s du Surnatural Orchestra, nous <strong>en</strong>traîne dans<br />
un univers déjanté, loufoque, fragile aussi, où la futilité<br />
devi<strong>en</strong>t l’ess<strong>en</strong>tiel. La Machinajouer s’appuie sur un<br />
décor simple, un long parav<strong>en</strong>t jaune, mur sur lequel<br />
sont ménagées portes et trappes placées <strong>en</strong> hauteur ou<br />
au ras du sol comme de larges chatières. Deux<br />
spectateurs sont aux commandes, l’un dirige les<br />
acteurs, l’autre les musici<strong>en</strong>s. Quelques mots simples<br />
anim<strong>en</strong>t les comédi<strong>en</strong>s, «<strong>en</strong>trée», «plus d<strong>en</strong>se»,<br />
«beauté», «sommeil»… la liste est longue ! le résultat<br />
souv<strong>en</strong>t désopilant est toujours original.<br />
Dans un esprit tout aussi<br />
irrévér<strong>en</strong>cieux, le Cabaret<br />
Calamiteux : «Ne v<strong>en</strong>ez<br />
pas, par pitié ne v<strong>en</strong>ez<br />
pas !» lance la lettre<br />
d’introduction. On<br />
repr<strong>en</strong>d les mêmes<br />
joyeux lurons, déguisés<br />
cette fois <strong>en</strong> femmes<br />
fatales, du tailleur rose à<br />
la robe longue cramoisie.<br />
Les spectateurs sont<br />
installés au comptegoutte<br />
autour de tables,<br />
sur des coussins, dans<br />
un lit, tandis qu’un piano<br />
Étude du mouvem<strong>en</strong>t<br />
À Bas bruit de Mathurin Bolze met <strong>en</strong> scène trois artistes<br />
(Mitia Fedot<strong>en</strong>ko, Elise Legros, Cyrille Musy) v<strong>en</strong>us<br />
d’histoires différ<strong>en</strong>tes et qui, chacun, ont contribué à<br />
construire le spectacle à partir de récits de marcheurs,<br />
de films… particulièrem<strong>en</strong>t Jaguar de Jean Rouch qui<br />
évoque la marche de trois personnages du Niger au<br />
Ghana. Initiatique, À Bas bruit est fait de fragm<strong>en</strong>ts de<br />
scènes, dans une esthétique du surgissem<strong>en</strong>t qui vise à<br />
l’appréh<strong>en</strong>sion d’une totalité. Les acrobaties, malgré leur<br />
grande difficulté, ne cherch<strong>en</strong>t pas le spectaculaire : une<br />
roue de hamster à taille humaine, un tapis roulant,<br />
abrit<strong>en</strong>t la marche, celle du prom<strong>en</strong>eur, celle des g<strong>en</strong>s<br />
pressés, ou mieux <strong>en</strong>core des flâneurs… marche<br />
immobile, sautillante, disloquée jusque dans la chute,<br />
marche de la danse, de la p<strong>en</strong>sée qui se construit,<br />
s’articule, se dessine, s’analyse. On se r<strong>en</strong>contre, se<br />
séduit, se chahute, on se dispute, on s’étreint. Marche<br />
de la condition humaine.<br />
Les travaux sur le mouvem<strong>en</strong>t de Marey ou de<br />
Muybridge au XIX e ne sont pas loin. Les différ<strong>en</strong>ts<br />
niveaux de l’espace scénique sont habités par la<br />
projection d’extraits de films ou d’images diffractées.<br />
Elles éclos<strong>en</strong>t au gré des supports que les comédi<strong>en</strong>s<br />
leur offr<strong>en</strong>t, comme si elles leur préexistai<strong>en</strong>t. Mathurin<br />
Bolze préfère «laisser l’interprétation libre», «les images<br />
parl<strong>en</strong>t, je n’aime pas beaucoup les expliquer, elles<br />
perdrai<strong>en</strong>t il me semble leur mystère poétique». La<br />
magie qui habite ce spectacle n’apparti<strong>en</strong>t à aucun<br />
g<strong>en</strong>re, et dessine les contours d’une expression nouvelle<br />
qui sait transporter le public.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
joue. On vous sert de minuscules verres d’eau, des<br />
assiettes douteuses… les numéros s’<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t,<br />
chaotiques, le prés<strong>en</strong>tateur demande à être lynché à<br />
coups d’écorces d’orange, la chanteuse réaliste perd<br />
ses faux ongles, les acrobates s’emmêl<strong>en</strong>t, un<br />
tromboniste <strong>en</strong> chaussures de ski joue <strong>en</strong> dépit du bon<br />
s<strong>en</strong>s, le rideau de scène se coince…On rit beaucoup, le<br />
«spectacle» s’achève <strong>en</strong> fanfare, un concert-bal suit, les<br />
musici<strong>en</strong>s s’<strong>en</strong> donn<strong>en</strong>t à cœur joie, les g<strong>en</strong>s dans<strong>en</strong>t,<br />
cour<strong>en</strong>t, se retrouv<strong>en</strong>t dans la «boite» construite à partir<br />
du décor de la Machinajouer. Du bonheur !<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Cabaret Calamiteux © l'immediat<br />
À bas bruit - Cie Mpta -<br />
Mathurin Bolze<br />
© Christophe Raynaud De Lage<br />
La Machinajouer a été<br />
programmée les 2 et 3 février<br />
par Le Merlan, Marseille,<br />
les 8 et 9 février au Bois de<br />
l’Aune, Aix, sera joué<br />
le 14 février au Bois de l’Aune,<br />
Aix, et le 15 février<br />
à La Galerie, Fuveau<br />
le Cabaret Calamiteux a été<br />
joué les 8 et 9 février<br />
au Bois de l’Aune, Aix,<br />
et est programmé le 14 février<br />
au Domaine de Fontblanche,<br />
Vitrolles et le 15 février<br />
à La Galerie, Fuveau<br />
A bas bruit a été joué<br />
du 1 er au 3 février<br />
au Bois de l’Aune, Aix,<br />
et les 6 et 7 février<br />
salle Emili<strong>en</strong> V<strong>en</strong>tre, Rousset<br />
XI
Le collectif AOC a donné sa<br />
toute dernière représ<strong>en</strong>tation<br />
de Autochtone le 1 er février à<br />
Port-de-Bouc<br />
Soirée de gala a été joué<br />
les 8 et 9 février<br />
au Théâtre des Salins,<br />
Martigues<br />
C’est le grand soir !<br />
Ils vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t du nord et n’ont pas froid aux yeux !<br />
L’équipe du Prato de Lille m<strong>en</strong>ée par le fantasque Gilles<br />
Defacque a charmé le public de Martigues par ses<br />
sketchs et ses acrobaties fulgurantes. Cirque, théâtre ou<br />
<strong>en</strong>core music-hall construis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>semble un mom<strong>en</strong>t<br />
Soiré e de gala © Bruno Dewaele<br />
Autochtone © Rhaissa Montera<br />
État d’urg<strong>en</strong>ce<br />
La réalité du monde n’est qu’ombre, viol<strong>en</strong>ce,<br />
soumission, consommation à tout-va et besoins<br />
mercantiles… Si par extraordinaire vous n’<strong>en</strong><br />
aviez pas consci<strong>en</strong>ce, le collectif AOC est là<br />
pour vous remettre <strong>en</strong> mémoire, <strong>en</strong> sons et <strong>en</strong><br />
images ce qui ne saura plus vous échapper. Le<br />
trait est certes appuyé, mais le propos frappe,<br />
d’autant plus fort qu’il est appuyé par un rock<br />
joué <strong>en</strong> direct par l’américain Jules Beckman,<br />
Monsieur Loyal des plus original, grand<br />
ordonnateur d’un monde chaotique qui n’<strong>en</strong> finit<br />
plus de se déliter. Car sur la piste,<br />
chorégraphiés par Karin Vyncke, des êtres sont<br />
jetés sur le sol, balancés au milieu d’objets de<br />
récup hétéroclites, des personnages sont<br />
guidés par leur nez <strong>en</strong> carotte, une travailleuse à<br />
la chaine débite du chou rouge de façon<br />
hystérique, quand d’autres, <strong>en</strong> costume de ville,<br />
se crois<strong>en</strong>t sans but, tels des pantins<br />
désarticulés… Tout est prétexte à des<br />
prouesses physiques époustouflantes, au mat<br />
chinois, sur le trampoline, à la corde ou au<br />
trapèze, seul ou à plusieurs. Les numéros<br />
s’<strong>en</strong>chain<strong>en</strong>t, toujours portés par une musique<br />
pertin<strong>en</strong>te, une partition rythmique qui fait se<br />
mouvoir les corps plus ou moins violemm<strong>en</strong>t.<br />
Et au milieu de cet état d’urg<strong>en</strong>ce des instants<br />
de grâce survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, tel le numéro de femmechrysalide<br />
le long de sa corde, ou la<br />
femme-accordéon susp<strong>en</strong>due dans les airs qui<br />
accompagne la voltige d’un trapéziste solitaire.<br />
De quoi apaiser la fureur de ce monde<br />
déliquesc<strong>en</strong>t.<br />
DOMINIQUE MARÇON<br />
familial et vraim<strong>en</strong>t convivial. Car dès le début, le public<br />
est invité à participer à cette Soirée de gala et à <strong>en</strong>trer<br />
dans la fiction : la scène se passe <strong>en</strong> pleine guerre, et<br />
l’association qui dirige ce music-hall veut remonter le<br />
moral des habitants. C’est aussi l’occasion de prés<strong>en</strong>ter<br />
les derniers v<strong>en</strong>us dans la troupe et leurs nouveaux<br />
numéros. Une secrétaire délurée et son brave directeur<br />
t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t de m<strong>en</strong>er de front leur spectacle, et leur scénario<br />
se construit tant bi<strong>en</strong> que mal autour du tournage d’une<br />
scène de crime pour un film muet : l’<strong>en</strong>quête d’un<br />
commissaire empoté puis sa reconstitution <strong>en</strong> direct.<br />
On admire l’art de jouer la scène dans la scène, on rit de<br />
voir chacun de ces rescapés de guerre vouloir<br />
absolum<strong>en</strong>t montrer son tal<strong>en</strong>t au détrim<strong>en</strong>t de la<br />
représ<strong>en</strong>tation… C’est alors qu’apparaît un pilote de<br />
chasse blessé volant par la seule force de ses bras, puis<br />
une femme <strong>en</strong>ceinte déambulant majestueusem<strong>en</strong>t sur<br />
une corde ou <strong>en</strong>core une aveugle habile sur une barre<br />
acrobatique ! La troupe aussi tal<strong>en</strong>tueuse qu’illuminée<br />
de joie est sout<strong>en</strong>ue par l’orchestre du Tire-Laine et ses<br />
rythmes effrénés. L’univers burlesque de Gilles Defacque<br />
reste atypique, empreint de clown et de théâtralité,<br />
ouvrant sur des acrobaties célestes…<br />
ANNE-LYSE RENAUT<br />
XII
36<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
M<br />
M<br />
E<br />
M<br />
USIQUE<br />
AIX<br />
Jeu de Paume : Leçon de jazz d’Antoine<br />
Hervé – Keith Jarrett (8/3)<br />
04 42 99 12 00<br />
www.lestheatres.fnet<br />
Pasino : Kaas chante Piaf (13/2),<br />
Voca people (7/3)<br />
04 42 59 69 00<br />
www.casinoaix.com<br />
Seconde Nature : Claro Intelecto<br />
live + Jack de Marseille Dj (15/2),<br />
Guillaume & The Coutu Dumonts +<br />
Anticlimax & L’Amateur (22/2)<br />
04 42 64 61 01<br />
www.second<strong>en</strong>ature.org<br />
Théâtre et Chansons : Et toi, tu<br />
marcheras dans le soleil… (8 au 10/3)<br />
04 42 27 37 39<br />
www.theatre-et-chansons.com<br />
ARLES<br />
Cargo de nuit : Hyph<strong>en</strong> Hyph<strong>en</strong><br />
(15/2), Les Décaféinés (19/2), Dj<br />
Click Band (22/2), Arnaud Cosson<br />
(7/2), Les Doigts de l’homme (8/3)<br />
04 90 49 55 99<br />
www.cargod<strong>en</strong>uit.com<br />
AUBAGNE<br />
Comoedia : Bidule jazz band (6/3),<br />
le Pianiste aux 50 doigts (10/3)<br />
04 42 18 19 88<br />
www.aubagne.fr<br />
L’Escale : Cathy Heiting & Jonathan<br />
Soucasse (21/2), Dubmood (1/3),<br />
Bionic Man Sound + Gappy Ranks +<br />
Redd Man + Kabba Massa Gana (2/3),<br />
Liz Cherhal + Zoo Animal Quar-tet +<br />
Oda la Lune (8/3), KSR +Demi-portion<br />
+ Crevards de la Plaine (9/3)<br />
04 42 18 17 18<br />
www.mjcaubagne.fr<br />
AVIGNON<br />
Hauts Plateaux-La Manut<strong>en</strong>tion :<br />
«But what about the noise of… John<br />
Cage ?» par Loïc Guénin et Lê Quan<br />
Ninh (16/2)<br />
09 51 52 27 48<br />
www.collectif-inoui.org<br />
AJMI : Jam Session #5 (21/2), Edward<br />
Perraud & Synaesthetic trip<br />
(22/2), Confér<strong>en</strong>ce avec Alan Douglas-Le<br />
producteur (28/1), Rémi<br />
Charmasson 5tet (1/3), Film Les<br />
Mains Bleues (7/3), Bruno Tocanne<br />
trio (8/3), Film Les Fils du v<strong>en</strong>t<br />
(10/3), Jam Session #6 (14/3), Trio<br />
Cook Lab (15/3)<br />
04 90 8<strong>60</strong> 861<br />
www.jazzalajmi.com<br />
Passagers du Zinc : Atypic festival<br />
avec Deluxe + Les Tritons Maltés +<br />
The Electric Fingers (15/2), Carte<br />
blanche à l’Atelier Coopératif Artistique<br />
avec Ubikar + Futur + L.O.B<br />
(22/2), Yaniss Odua + Métisson<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
(1/3), Mathieu Boogaerts + Maissiat<br />
(8/3), Mai Lan + Emilie Gassin (9/3)<br />
04 90 89 45 49<br />
www.passagersduzinc.com<br />
Théâtre du Bourg-Neuf : Raphaël<br />
Larie (16/2)<br />
04 90 85 17 90<br />
www.bourg-neuf.com<br />
BEAUMONT de PERTUIS<br />
Salle Codonel : V.I eilles P.ies (15/3)<br />
www.arc<strong>en</strong>solasso.fr<br />
BERRE L’ETANG<br />
Forum de Berre : Big Daddy Wilson<br />
Isaya (15/2)<br />
04 42 10 23 <strong>60</strong><br />
www.forumdeberre.com<br />
BRIANÇON<br />
Théâtre du Briançonnais : Fatoumata<br />
Diawara (15/2), Boubacar<br />
Traoré (8/3)<br />
04 92 25 52 42<br />
www.theatre-du-brianconnais.eu<br />
CAVAILLON<br />
Scène Nationale : Interzone Ext<strong>en</strong>ded<br />
avec Serge Teyssot-Gay et Khaled<br />
Aljaramani (15/2), Rodolphe Burger<br />
dans Le cantique des cantiques (8/3)<br />
04 90 78 64 64<br />
www.theatredecavaillon.com<br />
CHÂTEAU-ARNOUX<br />
Théâtre Durance : Devin Seddiki<br />
trio (9/3)<br />
04 92 64 27 34<br />
www.theatredurance.fr<br />
CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNE<br />
Akwaba : B<strong>en</strong> Pearce + Dimm + Boris<br />
Ange + Odeon (16/2), Kas Product +<br />
Phyltre (23/2), Class’Eurock 2013<br />
sélections du Vaucluse (5/3), The<br />
Hillbilly moon explosion + Pasteur Guy<br />
+ Juliette Dragon et ses élèves (8/3)<br />
04 90 22 55 54<br />
www.akwaba.coop<br />
DRAGUIGNAN<br />
Théâtres <strong>en</strong> Dracénie : Interzone<br />
Ext<strong>en</strong>ded avec Serge Teyssot-Gay et<br />
Khaled Aljaramani (8/3)<br />
04 94 50 59 59<br />
www.theatres<strong>en</strong>drac<strong>en</strong>ie.com<br />
Le Bucéphale : The Host (22/2)<br />
04 94 70 89 78<br />
www.bucephale-cafe-cultures.fr<br />
GARDANNE<br />
Maison du Peuple : The Hyènes +<br />
Soma (2/3)<br />
04 42 65 77 00<br />
www.ville-gardanne.fr<br />
ISTRES<br />
L’Usine : Cali (14/2), Tremplin découverte<br />
métal (22/2), rock (23/2)<br />
et chanson (1/3), Parabellum +<br />
Présid<strong>en</strong>t Kingkong (2/3), Black<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
rebel motorcycle club (13/3)<br />
04 42 56 02 21<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
LA CIOTAT<br />
Atelier Jazz Converg<strong>en</strong>ces : Bœuf<br />
Jazz (23/2)<br />
04 42 71 81 25<br />
www.jazzconverg<strong>en</strong>ces.com<br />
LA GARDE<br />
Théâtre du Rocher : Big Daddy<br />
Wilson (14/2)<br />
04 94 08 99 34<br />
www.ville-lagarde.fr<br />
LA SEYNE SUR MER<br />
Fort Napoléon – ArtBop : Marc<br />
Campo 4tet (15/2)<br />
04 94 09 47 18<br />
www.ot-la-seyne-sur-mer.fr<br />
LE THOR<br />
Auditorium de Vaucluse : Trio<br />
Joubran (8/3), Grupo Compay<br />
Segundo (14/3)<br />
04 90 33 97 32<br />
www.auditoriumjeanmoulin.com<br />
Sonograf’ : Carvin Jones (21 et<br />
22/2), Neal Black & The Healers<br />
(9/3)<br />
04 90 02 13 30<br />
www.lesonograf.fr<br />
MARSEILLE<br />
Cabaret Aléatoire : Dj Premier + La<br />
Méthode (14/2), K<strong>en</strong>drick Lamar<br />
(18/2), Big Sean (25/2), Kid Koala<br />
(10/3)<br />
04 95 04 95 09<br />
www.cabaret-aleatoire.com<br />
Cité de la Musique : D’une lune à<br />
l’autre avec l’<strong>en</strong>semble<br />
contemporain Yin (7/3), Radio Babel<br />
(8/3), Jazz & Gospel (11/3)<br />
04 91 39 28 <strong>60</strong><br />
www.citemusique-marseille.com<br />
Creuset des Arts : Magikadémie<br />
(16/2), Roi de la Tchatche (10/3)<br />
04 91 06 57 02<br />
www.creusetdesarts.com<br />
Cri du Port : Laur<strong>en</strong>t Mignard<br />
Pocket 4tet (14/2), Christian Brazier<br />
4tet Nouvelle Vague (7/3), Sylvain<br />
Riflet (14/3)<br />
04 91 50 51 41<br />
www.criduport.fr<br />
Dan Racing : Acid Clouds + Killboy<br />
powerhead (15/2), Papa Rooster +<br />
The Depools (16/2), Not That Crazy<br />
+ Slave’s Sound + Forteetoo (22/2),<br />
The Waddles (23/2), GB3 + DaBF<br />
(1/3), Der Tod + El<strong>en</strong>yah + The<br />
Cluster one (2/3), Jbam (8/3), Ram3<br />
(9/3)<br />
06 09 17 04 07<br />
http://guitarjacky.free.fr<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
Dock des Suds : Vitalic (16/2),<br />
Marseille Dub Station 22 (2/3), We<br />
are together (9/3)<br />
04 91 99 00 00<br />
www.dock-des-suds.org/<br />
Equitable Café : Conjunto Mazj<br />
(2/3), Balèti 4 violons (8/3), Swing<br />
Café jam session (16/3)<br />
04 91 47 34 48<br />
www.equitablecafe.org<br />
Espace Juli<strong>en</strong> : Trio Charrier Rossi<br />
Tamisier invite Frédéric Bargeon-Briet<br />
(15/2), Les Massiliades avec Danger<br />
+ Scarecrow + Azad Lab + So?Mash!<br />
(16/2), Lianne la Havas (24/2), Longchamp<br />
Blaster (28/2), BB Brunes<br />
(5/3)<br />
04 91 24 34 10<br />
www.espace-juli<strong>en</strong>.com<br />
Espace Musical Culturel des<br />
Accates : Scène ouverte (15/2), Nadine<br />
Coh<strong>en</strong> 4tet (21/2), André<br />
Toboso (23/2), Roy Jazz (9/3),<br />
Jacques Arg<strong>en</strong>ti (10/3), Andy Thus<br />
Machine & Lizzy Gayle (14/3), Scène<br />
ouverte (15/3)<br />
04 91 44 92 41<br />
www.espace-musical.net<br />
Grim : Oh ! Tiger Mountain +<br />
Ww.Lowman & Thousand (22/2)<br />
04 91 04 69 59<br />
www.grim-marseille.com<br />
Inga des Riaux : Alert’o Jazz (15/2),<br />
Phocea Trio (22/2), M&M’s (28/2),<br />
Beattitude Trio (1/3), Juste un Swing<br />
(8/3), Rémi Abram 4tet (15/3)<br />
06 07 57 55 58<br />
www.inga-des-riaux.fr/music.html<br />
Kawawateï : Chansons d’Amour de<br />
Bagdad à Gr<strong>en</strong>ade (15/2), Nova Zora<br />
(16/2), Les Av<strong>en</strong>tures de Slim<br />
(22/2)<br />
06 <strong>60</strong> 13 15 84<br />
www.mains-libres.org<br />
Latté : Kalliroï Raouzeou & JM Dos<br />
Santos (14/2), Karine Bonnafous-<br />
F<strong>en</strong>ichel-Flor<strong>en</strong>s trio (15/2), Le Hot<br />
du Panier & Mady Rougey-Alcaz<br />
(16/2), Mathieu Pirro chansons (21/2),<br />
Bebop & Beyond LéoTrio (22/2)<br />
09 82 33 19 20<br />
www.lattemarseille.com<br />
Nomad Café : Breakestra (17/2),<br />
RPZ (9/3)<br />
04 91 62 49 77<br />
www.l<strong>en</strong>omad.com<br />
La Machine à Coudre : Arun Tazieff<br />
+ Black Relics (14/2), Farouche Zoé<br />
+ Canebière pression (15/2), Shaddy<br />
and the vemps + Last gun shot<br />
(16/2), Berline 033 + Drive with a<br />
dead girl (18/2), Antonio Negro et<br />
ses invités (21/2 et 7/3), Keith<br />
Richards Od + Accelerator (22/2),
Ori<strong>en</strong>tal Fusion (23/2), Commodore + Calva<br />
(27/2), Cosmonauts (1/3), Nicolas Dick et Virgile<br />
Abela + L’Oeillere (8/3)<br />
04 91 55 62 65<br />
www.lamachineacoudre.com<br />
La Meson : Carte blanche à Sam Karpi<strong>en</strong>ia (15 au<br />
17/2), Atelier chansons françaises avec Mathieu<br />
Ravera (22 et 23/2), Sylvie Paz & Diego Lubrano<br />
(8/3), Tablao Flam<strong>en</strong>co avec Juan Aguirre (9/3)<br />
04 91 50 11 61<br />
www.lameson.com<br />
Le Bicok : Cesar Swing (1/3), Begue Fall (2/3), Two<br />
step (8/3), Maria (9/3), Be Kind rewind (10/3)<br />
04 91 94 50 48<br />
www.lebicok.com<br />
Le Dôme : The Jacksons (13/3), Michel Sardou<br />
(6/3), Stars 80 la tournée (7/3), Lil Wayne (11/3),<br />
Kook & the Gang (14/3)<br />
04 91 12 21 21<br />
Le Gymnase : Andy Emler MegaOctet (6/3)<br />
08 2013 2013<br />
www.lestheatres.net<br />
Le Moulin : Macadam Bazar + Ric (15/2),<br />
Tremplin Class’Eurock (20/2), Les trois accords<br />
(23/2), Wax Tailor (14/3)<br />
04 91 06 33 94<br />
www.lemoulin.org<br />
Le Poste à Galène : Savage Republic (13/2),<br />
Blazing war machine + The Omega (15/2),<br />
Revolution urbaine (22/2), Colorful (1/3), Mai Lan<br />
(7/3), The lost fingers (8/3), Biga Ranx (9/3)<br />
04 91 47 57 99<br />
www.leposteagal<strong>en</strong>e.com<br />
Le Silo : Le Quatuor (14/2), Voca People (6/3)<br />
04 91 90 00 00<br />
www.silo-marseille.fr<br />
L’Embobineuse : Lunatic Toys + Hoax Hoax<br />
(16/2), Corpus Diavolis + Udyr + Malepeste (1/3),<br />
H.O.Z. + Chateau Brutal (2/3), La Colonie de<br />
vacances + Sound of Mars (9/3)<br />
04 91 50 66 09<br />
www.lembobineuse.biz<br />
Rouge : H<strong>en</strong>ri voit Rouge : Jazz Oratorio (24/1), La<br />
Y Ka 4tet (14/2), Ori<strong>en</strong>tal Fusion (21/2), William<br />
Galison 5tet (22/2), Duo Catherine Vinc<strong>en</strong>t<br />
(28/2), JP Trotobas Trio (7/3), Isabelle Castaldi<br />
4tet (14/3)<br />
04 91 07 00 87<br />
www.jazzaurouge.musikmars.com<br />
Roll’ Studio : L.Rom Jazz fusion (9/2), Afrika<br />
Express (16/2), Chollus Trio (23/2), Trio Alamel<br />
(2/3), Nafas (9/3)<br />
04 91 64 43 15 ou 06 86 72 83 96<br />
www.rollstudio.fr<br />
Station Alexandre : Compagnie Arteco (22/3)<br />
04 91 00 90 04<br />
www.station-alexandre.org<br />
Toursky : Opéra Molotov (6/3)<br />
0 820 300 033<br />
www.toursky.org<br />
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MARTIGUES<br />
Théâtre des Salins : Interzone Ext<strong>en</strong>ded<br />
avec Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani<br />
(5/3)<br />
04 42 49 02 00<br />
www.theatre-des-salins.fr<br />
MAUBEC<br />
La Gare : Fatoumata Diawara (22/2), Dupain<br />
(9/3), The Red Rum Orchestra + Hugh<br />
Coltman (14/3)<br />
04 90 76 84 38<br />
www.aveclagare.org<br />
MIRAMAS<br />
Théâtre la Colonne : Camille (8/3)<br />
04 90 50 05 26<br />
www.sc<strong>en</strong>esetcines.fr<br />
NIMES<br />
Paloma : Cali (15/2), Bionic Orchestra<br />
(20/2), Petite Noir + Mykki Blanco + Mekanik<br />
Kantatik + Bionic Orchestra (21/2), Freak Out<br />
Riot Tour (23/2), Mono (26/2), Local Heroes<br />
#5 (1/3), Ornette + Woh Lab Dj’s (2/3), La<br />
colonie de vacances (8/3), Peter Doherty<br />
(9/3)<br />
04 11 94 00 10<br />
www.paloma-nimes.fr<br />
SAINTE-MAXIME<br />
Le Carré : Que<strong>en</strong>s of V<strong>en</strong>us Madday (1/3)<br />
04 94 56 77 77<br />
www.carreleongaumont.com<br />
SALON-DE-PROVENCE<br />
Portail Coucou : The H.O.S.T + The Hy<strong>en</strong>es<br />
(1/3), Carrém<strong>en</strong>t blues (7/3), Tremplin<br />
Class’Eurock (9/3)<br />
04 90 56 27 99<br />
www.portail-coucou.com<br />
SETE<br />
Scène Nationale : Surnatural Orchestra (15/2)<br />
04 67 74 66 97<br />
www.theatredesete.com<br />
TOULON<br />
Oméga Live : Gallon Drunk + Hound Mouth<br />
+ Molly G<strong>en</strong>e (15/2), Tremplin Class’Eurock<br />
(16/2), Slam poésie (8/3), Guillaume Perret<br />
& the Electric Epic (15/3)<br />
04 98 070 070<br />
www.tandem83.com<br />
VENELLES<br />
Salle des fêtes : Pauvre Martin (9/3)<br />
04 42 54 93 10<br />
www.v<strong>en</strong>elles.fr/culture<br />
VITROLLES<br />
Moulin à Jazz : Gebhart Ullmann’s<br />
Basem<strong>en</strong>t Research (16/2), Pierrick Pedron<br />
Kubick’s Monk (2/3)<br />
04 42 79 63 <strong>60</strong><br />
www.charliefree.com<br />
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38<br />
A<br />
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ENCONTRES<br />
Libraires du sud /Libraires à Marseille<br />
- 04 96 12 43 42<br />
R<strong>en</strong>contres : avec Perrine Griselin, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat<br />
avec la cie Jeux de mains jeux de vilains<br />
et le théâtre Isle 80 le 13 fév à 19h à la<br />
librairie Mémoire du monde (Avignon)<br />
avec Patrick Mouton pour Marseille, 1720 la<br />
Grande Peste <strong>en</strong> 12 Questions (Gauss<strong>en</strong>) le 14<br />
fév à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille)<br />
avec Elisabeth Martinez-Bruncher pour son<br />
livre La Petite cuisine (L’Harmattan) le 14 fév<br />
à 18h30 à la librairie La Carline (Forcalquier)<br />
avec Olivier Decosse le 15 fév de 14h à 16h<br />
à la librairie Prado Paradis (Marseille)<br />
avec Jean Maltese pour son livre Itinéraire ;<br />
du Souk à la télévision (Editions Persée) le 16<br />
fév de 10h à 12h30 à la librairie Charlemagne<br />
(Fréjus)<br />
avec Minna Sif autour de son roman Massalia<br />
blues (Alma édituer) le 16 fév dès 11h à la<br />
librairie Maupetit (Marseille)<br />
avec François Hulbert pour son livre En finir<br />
avec l’organisation c<strong>en</strong>tralisée du territoire : 40<br />
ans d’exception, ça suffit ! (L’Harmattan) le 16<br />
fév dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille)<br />
avec Thierry Galibert autour de son livre Le<br />
mépris du peuple : Critique de la raison d’État<br />
(Sullivre) le 23 fév dès 16h à la librairie Maupetit<br />
(Marseille)<br />
Itinérances littéraires : avec Jeanne B<strong>en</strong>ameur<br />
autour de son roman Profanes (Actes<br />
Sud) le 12 fév à 19h à la librairie Actes Sud<br />
(Arles), le 14 fév à 19h à la librairie l’Orange<br />
bleue (Orange)<br />
avec Thomas Vinau pour son ouvrage Bric à<br />
brac hopperi<strong>en</strong> (Alma) le 24 fév à 11h à la<br />
librairie Le Carré des mots (Toulon), le 14 mars<br />
à 19h à la librairie Histoire de l’œil (Marseille)<br />
avec Yassaman Montazani autour de son<br />
roman Le meilleur des jours (Sabine Wespieser<br />
éditeur) le 7 mars à 19h au Forum Harmonia<br />
Mundi (Aix) et le 8 mars à 18h à la librairie<br />
Masséna (Nice)<br />
Escales <strong>en</strong> librairies : avec Catherine Cusset<br />
autour de son dernier livre Indigo (Gallimard)<br />
le 14 mars à 18h à la librairie Voyage Au Bout<br />
de la nuit (Saint-Rémy) et le 15 mars à 17h30<br />
à la librairie Prado Paradis (Marseille)<br />
AIX<br />
Fondation Saint-John Perse – 04 42 91 98 85<br />
Apollinaire et la Méditerranée : exposition qui<br />
fête le c<strong>en</strong>t<strong>en</strong>aire d’Alcools, jusqu’au 23 mars.<br />
Librairie Goulard – 04 42 27 66 47<br />
R<strong>en</strong>contre avec Robert Vigouroux et Serge<br />
Scotto autour de leur livre Les Sil<strong>en</strong>ces rompus<br />
(La Part Buissonière) le 13 fév à 18h.<br />
R<strong>en</strong>contre avec Pierre-Emmanuel Danan<br />
pour son livre Une histoire de l’allumette<br />
(Ref.2C.) le 15 fév à 17h30.<br />
R<strong>en</strong>contre avec Boris Cyrulnik pour son<br />
ouvrage autobiographique Sauve-toi, la vie<br />
t’appelle (Odile Jacob) le 22 fév à 18h.<br />
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GUDGI Galeries d’Aix – www.gudgi.org<br />
Inauguration de PAPer’ART PROJECT : confér<strong>en</strong>ce<br />
par François Ch<strong>en</strong>g, de l’Académie<br />
Française, sur L’av<strong>en</strong>ir du papier dans le monde<br />
<strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir, le 19 fév à 18h à La Cité du Livre.<br />
Confér<strong>en</strong>ce par Anne Mailloux sur Les papiers<br />
et les <strong>en</strong>cres dans les docum<strong>en</strong>ts d’archives<br />
médiévales, le 13 fév à 18h30 aux Archives<br />
Départem<strong>en</strong>tales.<br />
3bisf – 04 42 16 17 75<br />
Atelier Objet-action animé par Caroline Le<br />
Mehauté, tous les jeudis de 13h30 à 16h30.<br />
Atelier Urbanité Idiotopique (construction<br />
d’une ville imaginaire où se croiseront tous les<br />
fantasmes de chacun) animé par B<strong>en</strong>jamin<br />
Marianne, tous les mardis de 14h à 16h30.<br />
ALLAUCH<br />
Musée – 04 91 10 49 00<br />
Exposition Figures du mythe, Kachina et tissus<br />
précolombi<strong>en</strong>s : collection et créations de<br />
l’artiste perpignanais Claude Par<strong>en</strong>t-Saura.<br />
Jusqu’au 25 mai.<br />
ARLES<br />
Atelier Archipel – 06 21 29 11 92<br />
Exposition des œuvres d’Amandine Artaud,<br />
Chutes, jusqu’au 10 mars.<br />
Association du Méjan – 04 90 49 56 78<br />
Hommage à H<strong>en</strong>ry Bauchau : exposition H<strong>en</strong>ry<br />
Bauchau et Lionel, parcours de création, du 1 er<br />
au 24 mars ; r<strong>en</strong>contre-lecture avec Myriam Wathee-Delmotte<br />
pour son essai H<strong>en</strong>ry Bauchau,<br />
sous l’éclat de la Sibylle (Actes Sud), le 1 er mars<br />
à 18h30 ; lecture, par Frédéric Duss<strong>en</strong>ne, de<br />
Boulevard périphérique, le 1 er mars à 20h30.<br />
BARJOLS<br />
Zone d’Intérêt poétique – 04 94 72 54 81<br />
5 e édition de Un max’ de poésies : exposition,<br />
lectures, atelier de poésie, résid<strong>en</strong>ce d’écrivains…<br />
Du 24 fév au 2 mars à Saint-Maximin-la-<br />
Sainte-Beaume.<br />
BRIGNOLES<br />
Le Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63<br />
Exposition des dessins et peintures de<br />
Jérémie Eyraud, et des sculptures d’Ivan<br />
Mathis, du 13 fév au 1 er avril.<br />
CABRIES<br />
Avant Cap – www.plan-de-campagne.com<br />
Exposition des œuvres de Pascal Marcel,<br />
jusqu’au 28 fév.<br />
CAVAILLON<br />
Médiathèque La Durance – 04 90 76 21 48<br />
2 e édition de Esprit Bulle, manifestation sur la<br />
bande dessinée avec exposition, dédicaces et<br />
stands, concert… jusqu’au 2 mars.<br />
ESPARRON<br />
Mairie – 04 94 80 47 83<br />
2 e édition du Salon du livre sur le thème Du<br />
texte à l’image : r<strong>en</strong>contres avec les auteurs,<br />
concours, remise des prix de la nouvelle<br />
2012… Le 24 fév.<br />
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HYÈRES<br />
Médiathèque municipale – 04 94 00 11 30<br />
Confér<strong>en</strong>ce par Daniel Aranjo, professeur à<br />
l’Université du Sud Toulon-Var, Prix de la<br />
critique de l’Académie française 2003, sur<br />
Saint-John Perse et ses musici<strong>en</strong>s, le 19 fév à<br />
17h30.<br />
LA VALETTE<br />
Espace d’art Le Moulin – 04 94 23 36 49<br />
Exposition Cadere / la barre de bois rond et ses<br />
avatars, conçue par Hervé Bize, du 15 fév au<br />
27 avril.<br />
MANE<br />
Salagon, musée et jardins – 04 92 75 70 50<br />
Exposition Un loisir érudit. Le Marquis François<br />
de Ripert-Monclar, photographe amateur<br />
(1844-1921), du 16 fév au 30 juin.<br />
MANOSQUE<br />
C<strong>en</strong>tre Jean Giono - 04 92 70 54 54<br />
Exposition littéraire et artistique C<strong>en</strong>tre Jean<br />
Giono, 20 ans de création : rétrospective qui<br />
r<strong>en</strong>d hommage aux artistes contemporains qui<br />
ont su faire approcher les territoires intérieurs<br />
de l’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au 31 mars.<br />
MARSEILLE<br />
ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00<br />
Exposition César et les secrets du Rhône,<br />
jusqu’au 24 mars. Autour de l’exposition :<br />
lecture jeune public par Louiza B<strong>en</strong>toumi et<br />
Stéphanie Louit sur La Naissance d’Aphrodite,<br />
le 13 fév à 14h et Protis m’a dit / Arion et les<br />
dauphins le 20 fév ; lecture jeune public par<br />
Jean-Marc Fort de Le navire Argo / Ulysse et<br />
les périls de la mer le 27 fév à 14h ; confér<strong>en</strong>ce<br />
par Jean-Luc Martinez, directeur du départem<strong>en</strong>t<br />
des antiquités grecques, étrusques et<br />
romaines, musée du Louvre, César ou pas<br />
César ? L’art du portrait dans l’Antiquité romaine,<br />
le 5 mars à 18h30.<br />
Hors cadre, les coulisses du musée : exposition<br />
de photos de Gilles Rondeau, jusqu’au 24 mars.<br />
Réfugiées à Marseille p<strong>en</strong>dant la seconde<br />
guerre mondiale, lecture d’archives et d’extraits<br />
du roman Transit d’Anna Seghers par<br />
Clém<strong>en</strong>tine Célarié, le 11 mars à 18h30.<br />
Confér<strong>en</strong>ce par Yvan Gastaut, maître de<br />
confér<strong>en</strong>ces à l’Université de Nice Sophia<br />
Antipolis, sur Histoire et représ<strong>en</strong>tations des<br />
immigrés <strong>en</strong> Prov<strong>en</strong>ce au XX e siècle le 12 mars<br />
à 18h30.<br />
Espaceculture – 04 96 11 04 86<br />
Expositions : Marseille et ses voiles de Robert<br />
Tomassian, photographies sur bâche, jusqu’au<br />
23 fév ; Les sonnettes marseillaises, photographies<br />
d’Eric Breitbart, jusqu’au 23 fév.<br />
R<strong>en</strong>contres : Cocteau et Desbordes, La voix du<br />
sang, prés<strong>en</strong>tée par Pierre-Marie Jonquière<br />
et Robert Badani, le 21 fév à 17h ; La mémoire<br />
de l’exil – Approches artistiques avec<br />
Ulrich Fuchs, dir. artistique de MP2013,<br />
Olivier Moulai, réalisateur audiovisuel, Elise<br />
Olmedo géographe, et Fredo Valla, docum<strong>en</strong>tariste,<br />
le 22 fév à 17h30 ; La mémoire de<br />
l’exil – Approches artistiques II, dans le cadre
de l’Atelier europé<strong>en</strong> de Grundtvig, le 23 fév à<br />
15h.<br />
La Marelle – 04 91 05 84 72<br />
Dans le cadre de Cirque <strong>en</strong> capitales, cycle de<br />
r<strong>en</strong>contres À l’air livre : r<strong>en</strong>contre avec<br />
François Cervantes, auteur, metteur <strong>en</strong> scène<br />
et directeur de la cie L’Entreprise, prés<strong>en</strong>tée<br />
par Pascal Jourdana : François Cervantes<br />
interroge la place du corps dans l’écriture, le<br />
rapport de l’auteur au collectif, la relation au<br />
réel, l’articulation de l’écrit avec les autres<br />
disciplines artistiques… Le 17 fév à 11h aux<br />
Grandes Tables de La Friche.<br />
Échange et diffusion des savoirs<br />
- 04 96 11 24 50<br />
Confér<strong>en</strong>ces à 18h45 à l’Hôtel du départem<strong>en</strong>t :<br />
-Ni rêve, ni cauchemar, la mondialisation comme<br />
dev<strong>en</strong>ir par Jacques Lévy, géographe :<br />
«afin d’appréh<strong>en</strong>der ce phénomène de<br />
mondialisation, il convi<strong>en</strong>t donc d’abord de la<br />
banaliser pour le r<strong>en</strong>dre comparable et donc<br />
p<strong>en</strong>sable.» Le 14 fév.<br />
-L’av<strong>en</strong>ir de la justice internationale par<br />
Tzvetan Todorov, histori<strong>en</strong> et essayiste :<br />
«quelle justice peut contraindre les Etats, et<br />
notamm<strong>en</strong>t les plus puissants parmi eux ?» le<br />
7 mars.<br />
Tzvetan Todorov © E. Fougere - VIP Images Corbis<br />
J1 - 04 91 88 25 13<br />
Spectacle Chacal, la fable de l’exil par la cie<br />
Manifeste Ri<strong>en</strong>, dans le cadre de MP2013, suivi<br />
d’une r<strong>en</strong>contre avec Tassadit Yacine-Titouh,<br />
anthropologue, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec l’exposition Méditerranée.<br />
Le 16 fév à 15h30.<br />
À la gitane : exposition du Muséon Arlat<strong>en</strong><br />
hors les murs sur le quotidi<strong>en</strong> des gitans<br />
arlési<strong>en</strong>s, du 19 fév au 17 mars.<br />
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ESADMM – 04 91 82 83 10<br />
Journées portes ouvertes : visites des ateliers,<br />
performances, r<strong>en</strong>contres, projections,<br />
concerts… Les 9 et 10 mars.<br />
Les épreuves du concours d’<strong>en</strong>trée auront lieu<br />
les 13, 14 et 15 mai, la date limite d’<strong>en</strong>voi des<br />
dossiers est fixée au 5 avril.<br />
FAI AR – 04 91 69 74 67<br />
Panorama des chantiers qui clôture les 18 mois<br />
de cursus de la 4 e promotion de la formation<br />
supérieure : prés<strong>en</strong>tation publique des<br />
recherches artistiques de 14 chantiers, du 12<br />
au 16 mars.<br />
Planète Emerg<strong>en</strong>ces – planetemerg<strong>en</strong>ces.org<br />
Femmes de Marseille : racontez-moi votre<br />
histoire : exposition photographique et sonore<br />
orchestrée par Bernard Pesce, du 7 mars au 6<br />
avril aux loges de la Bastide St Joseph<br />
(Marseille, mairie du 13/14).<br />
Couleurs Cactus – 09 54 20 15 85<br />
Atelier d’écriture mis <strong>en</strong> place par la mairie du<br />
1 er secteur intitulé Vu d’ici, ouvert à tous à<br />
partir de 16 ans. Ce sera l’occasion de déambuler<br />
dans les quartiers Dugommier, St Charles,<br />
Belsunce mais aussi sur la Corniche ou vers les<br />
Catalans. La restitution finale aura lieu<br />
p<strong>en</strong>dant le 5 e festival du Livre de la Canebière.<br />
Le 23 fév à 10h30 au C<strong>en</strong>tre Dugommier.<br />
Road Art Gallery – 04 91 52 32 56<br />
Exposition La Vie géométrique par Claverie X<br />
Zorg, jusqu’au 10 mars.<br />
Maison de v<strong>en</strong>te aux <strong>en</strong>chères Leclere<br />
– 04 91 50 00 00<br />
Confér<strong>en</strong>ces prés<strong>en</strong>tées par Jean-Noël Bret, à<br />
18h : La Prov<strong>en</strong>ce des rois de France. 1481 –<br />
1789, par Régis Bertrand, histori<strong>en</strong>, le 25<br />
fév ; 2013. La r<strong>en</strong>aissance des musées de<br />
Marseille par Christine Poullain, directrice des<br />
Musées de Marseille, le 11 mars.<br />
MARTIGUES<br />
Musée Ziem – 04 42 41 39 <strong>60</strong><br />
Exposition Résonnances, jusqu’au 21 avril.<br />
SAINT-CHAMAS<br />
Office de tourisme – 04 90 50 90 54<br />
Exposition de Fabrice Nesta, Figures abstraites,<br />
du 8 mars au 28 avril.<br />
TOULON<br />
Théâtre Liberté – 04 98 00 56 76<br />
Dans le cadre du Théma #8 Frères et sœurs, le<br />
hall du théâtre accueille l’exposition de<br />
photos de Gilles Favier, jusqu’au 30 mars.<br />
Maison de la photographie – 04 94 93 07 59<br />
Exposition L’Opéra <strong>en</strong> coulisses, photo<br />
d’Olivier Pastor, du 16 fév au 13 avril.<br />
TRETS<br />
Maison de la culture et du tourisme<br />
– 04 42 61 23 78<br />
19 e édition de la Journée des écrivains de<br />
Prov<strong>en</strong>ce : r<strong>en</strong>contres et dédicaces avec Gilles<br />
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Ascaride, Frédérique Banzet, Charles<br />
Bottarelli, Jean-Pierre Cassely, Jean Darrig,<br />
Marie-Françoise Delarozière, Raphaële<br />
Frier, Christian Maria, Pierre Mér<strong>en</strong>dol,<br />
Robert Monetti, Martine Pilate, Sophie<br />
Rigal-Goulard, Serge Scotto... Le 10 mars.<br />
VITROLLES<br />
Cinéma Les Lumières – 04 42 77 90 77<br />
Festival pluridisciplinaire Polar <strong>en</strong> lumières :<br />
projections-r<strong>en</strong>contres avec Massimo<br />
Carlotto, écrivain et scénariste, et Marco<br />
Tullio Giordana, réalisateur, concert de Gari<br />
Greu, théâtre avec Don FaccioMacco de Gilles<br />
Azzopardi… Jusqu’au 17 fév.<br />
CONCOURS<br />
Dans le cadre de la manifestation Lire<br />
Ensemble, la Communauté d’agglomération<br />
Agglopole Prov<strong>en</strong>ce lance un concours de<br />
nouvelles ouvert aux adultes sur le thème<br />
G<strong>en</strong>s d’ici et d’ailleurs. La date limite d’<strong>en</strong>voi<br />
des manuscrits est fixée au 1 er mars<br />
(Agglopole Prov<strong>en</strong>ce – Service culture,<br />
Concours Lire Ensemble adulte, 281 Bd<br />
Maréchal Foch – BP 274, 13666 Salon-de-<br />
Prov<strong>en</strong>ce).<br />
Dans le cadre du 29 e r<strong>en</strong>dez-vous des jeunes<br />
plastici<strong>en</strong>s, du 17 mai au 8 juin, l’association<br />
Elstir – Passerelle pour l’art lance un appel<br />
à candidature ouvert aux artistes plastici<strong>en</strong>s<br />
de toutes disciplines, sans limite d’âge et<br />
ayant moins de 10 ans de pratique. Le dossier<br />
de candidature, téléchargeable sur<br />
www.elstir.fr et www.saint-raphael.fr, est à<br />
adresser au Service culturel – pôle exposition<br />
– Sophie Bergeron – Hôtel de ville 83700<br />
Saint-Raphaël avant le 30 mars.<br />
Le CAUE13 lance un appel à candidature pour<br />
le Grand Prix départem<strong>en</strong>tal de l’architecture,<br />
de l’urbanisme et du paysage : peuv<strong>en</strong>t être<br />
prés<strong>en</strong>tées toutes opérations réalisées dans<br />
les Bouches-du-Rhône depuis moins de 3 ans<br />
pour l’architecture et moins de 6 ans pour le<br />
paysage et l’urbanisme. Les inscriptions et<br />
l’<strong>en</strong>voi des docum<strong>en</strong>ts peuv<strong>en</strong>t se faire sur<br />
www.caue13.fr, par la poste ou sur<br />
grandprix1.13@caue13.fr avant le 18 mars.<br />
Le recrutem<strong>en</strong>t de la 5 e promotion de la<br />
formation supérieure de La Cité des Arts de<br />
la rue FAI AR est ouvert, la date limite de<br />
dépôt des candidatures est fixée au 31 mars.<br />
Téléchargeable sur www.faiar.org<br />
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ENCONTRES
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Depuis le 12 janvier deux nouvelles librairies ont<br />
ouvert à Marseille. La Salle des machines s’est<br />
installée à l’<strong>en</strong>trée de La Friche. Cette librairie<br />
pér<strong>en</strong>ne offre un large choix d’ouvrages <strong>en</strong> li<strong>en</strong><br />
avec les expositions prés<strong>en</strong>tées dans ce lieu de<br />
création contemporaine et avec les artistes qui y<br />
résid<strong>en</strong>t ; une sélection plus généraliste y est<br />
égalem<strong>en</strong>t proposée. La deuxième s’est ancrée<br />
dans le bel espace du J1 ; cette librairie boutique<br />
accompagnera la programmation du lieu durant<br />
toute l’année 2013. On doit ces deux nouvelles<br />
machines à lire aux trois libraires qui se lancés<br />
dans cette av<strong>en</strong>ture unique : Roland Alberto<br />
(l’Odeur du temps), Dami<strong>en</strong> Bouticourt (Maupetit)<br />
et Nadia Champesme (Histoire de l’Œil).<br />
<strong>Zibeline</strong> a r<strong>en</strong>contré deux d’<strong>en</strong>tre eux.<br />
Salle des machines La Friche © Damaris B<strong>en</strong>tz<br />
Machines à lire<br />
<strong>Zibeline</strong> : Comm<strong>en</strong>t l’idée de créer <strong>en</strong>semble ces<br />
deux librairies est-elle v<strong>en</strong>ue ?<br />
Dami<strong>en</strong> Bouticourt : L’équipe de MP2013 avait<br />
fait appel à l’association Libraires à Marseille<br />
(dont les trois libraires font partie, ndlr) afin d’organiser<br />
la v<strong>en</strong>te des catalogues des expositions<br />
qui aurai<strong>en</strong>t lieu dans le cadre de l’année capitale.<br />
Très vite il a été question d’ouvrir les deux librairies<br />
; et très vite le nombre des libraires intéressés<br />
s’est réduit à trois, nous. Nous avons alors décidé<br />
de créer une <strong>en</strong>tité commune, qui permet de<br />
dépasser l’idée de concurr<strong>en</strong>ce, et nous situe<br />
quelque part <strong>en</strong>tre le commercial et l’associatif.<br />
Nadia Champesme : À La Friche, il y avait depuis<br />
longtemps un projet de librairie sur le site.<br />
Le nouveau directeur, Alain Arnaudet, y t<strong>en</strong>ait<br />
aussi. Comme Histoire de l’Œil collabore très<br />
régulièrem<strong>en</strong>t avec les structures résid<strong>en</strong>tes, je l’ai<br />
contacté et on a décidé de créer une librairie qui<br />
ressemblerait au lieu. On espère qu’on pourra la<br />
financer grâce aux subsides recueillis au J1.<br />
Quels sont vos objectifs ? Quel est votre intérêt ?<br />
DB et NC (<strong>en</strong> chœur et <strong>en</strong> riant) : L’av<strong>en</strong>ture humaine<br />
!<br />
NC : Plus sérieusem<strong>en</strong>t, nous nous sommes associés<br />
dans ce projet assez unique, mais nous<br />
sommes tous les trois différ<strong>en</strong>ts dans nos structures,<br />
nos choix, nos ori<strong>en</strong>tations. C’est cette<br />
mise <strong>en</strong> commun de nos savoir-faire, de nos<br />
expéri<strong>en</strong>ces singulières qui est passionnante.<br />
DB : Être à trois permet aussi d’être plus forts<br />
face aux distributeurs : Maupetit apportant sa<br />
caution de «grosse» librairie, la «petite» librairie<br />
est mieux prise <strong>en</strong> considération.<br />
Trois semaines après l’ouverture, quel est votre<br />
premier bilan ?<br />
DB : Pour l’instant, c’est une fréqu<strong>en</strong>tation ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
marseillaise. Au J1, il y a beaucoup<br />
plus de monde qu’à La Friche, particulièrem<strong>en</strong>t<br />
le week-<strong>en</strong>d. Et on v<strong>en</strong>d surtout des livres, sur<br />
Marseille, la région, beaucoup de livres de photographie<br />
aussi. La librairie du J1 permet d’ailleurs<br />
la mise <strong>en</strong> avant massive d’éditeurs locaux comme<br />
Par<strong>en</strong>thèses, Le bec <strong>en</strong> l’air, Jeanne Laffitte…<br />
qui ont ici l’occasion de prés<strong>en</strong>ter et de v<strong>en</strong>dre<br />
leur fond. Cela modifie nos relations commerciales<br />
avec ces éditeurs et crée une véritable<br />
synergie <strong>en</strong>tre eux et nous.<br />
NC : La Salle des machines de La Friche connaît<br />
une fréqu<strong>en</strong>tation tout à fait honorable pour une<br />
ouverture. La librairie est idéalem<strong>en</strong>t située, tout<br />
près de la billetterie. On v<strong>en</strong>d surtout des ouvrages<br />
pointus <strong>en</strong> architecture et <strong>en</strong> art. La<br />
jeunesse et le street art se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> aussi.<br />
Comm<strong>en</strong>t vous organisez-vous pour gérer à la<br />
fois vos librairies et les deux nouvelles ?<br />
DB : On a créé huit emplois à temps partiel,<br />
trois à La friche, cinq au J1, et on y va finalem<strong>en</strong>t<br />
assez peu nous-mêmes.<br />
Avez-vous des projets de manifestations dans ces<br />
librairies, comme dans les vôtres ?<br />
NC : Bi<strong>en</strong> sûr ! Dans le cadre du wee-k<strong>en</strong>d Made<br />
in Friche des 16 et 17 février prochains, la Salle<br />
des machines proposera un atelier pour les<br />
<strong>en</strong>fants, à partir d’images projetées de Bruno<br />
Munari. Et <strong>en</strong> mars, elle accueillera Arno Bertina<br />
à propos de son nouveau livre à paraître dans la<br />
collection Collatéral du Bec <strong>en</strong> l’air.<br />
Dami<strong>en</strong> Bouticourt, vous avez aussi un autre<br />
gros chantier <strong>en</strong> cours…<br />
DB : Effectivem<strong>en</strong>t. J’ai obt<strong>en</strong>u début janvier la<br />
concession de la librairie boutique du MuCEM.<br />
Un espace de 330 m 2 , une dizaine d’employés et<br />
une sélection de 20 000 titres <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec la<br />
Méditerranée que j’ai confiée à Molly Fournel<br />
(de feue la librairie Regards, de la Vieille Charité<br />
ndlr) car c’est son rayon. Plus que quatre mois<br />
pour tout faire, jusqu’à la ligne de papeterie et<br />
aux produits dérivés…<br />
PROPOS RECUEILLIS PAR FRED ROBERT<br />
J1 © Dami<strong>en</strong> Bouticourt<br />
La librairie de La Friche est ouverte du mardi<br />
au dimanche de 11 à 19h ;<br />
celle du J1 tous les jours de 12 à 18h<br />
Made in Friche<br />
les 16 et 17 février
La mer, l’OM et les lycé<strong>en</strong>s<br />
«Madame, quand vous serez morte, vous p<strong>en</strong>sez<br />
qu’on vous lira <strong>en</strong>core ?» «Madame, sans être<br />
impolie, s’il n’y a pas de message dans vos livres, à<br />
quoi ça sert de les lire ?» «Vous avez déjà sauté de la<br />
corniche dans la mer ?» Dominant les petits rires<br />
étouffés Maylis de Kérangal répond méthodiquem<strong>en</strong>t<br />
et avec doigté aux mots parfois maladroits<br />
des élèves, nés d’une curiosité spontanée, et<br />
aborde <strong>en</strong> douceur des notions comme la postérité<br />
de l’œuvre ou les subtilités du réalisme... Un<br />
Prix Médicis dans la classe «c’est classe» jubile<br />
Simon <strong>en</strong> essayant avec d’autres d’obt<strong>en</strong>ir une<br />
dédicace pour son Corniche K<strong>en</strong>nedy, malgré les<br />
rétic<strong>en</strong>ces éclairantes et g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t pédagogiques<br />
de l’auteure !<br />
Quittant le bord de mer «à peine arp<strong>en</strong>té mais<br />
un si beau théâtre à ciel ouvert» pour le 12 e arrondissem<strong>en</strong>t,<br />
Maylis de Kérangal avec une tranquille<br />
assurance fait à plein ce week-<strong>en</strong>d là son métier<br />
d’écrivain à Marseille : r<strong>en</strong>contrer de jeunes lecteurs<br />
au lycée de La Fourragère, de plus vieux au<br />
J1, puis aller au Stade Vélodrome, semble relever<br />
du même mouvem<strong>en</strong>t tout comme écrire des<br />
romans, appart<strong>en</strong>ir au comité de rédaction de la<br />
revue Inculte et r<strong>en</strong>dre sa copie hebdomadaire au<br />
journal La Marseillaise dans le cadre des Mystères<br />
de la Capitale, série de feuilletons initiés par<br />
MP2013 !<br />
Après sa résid<strong>en</strong>ce d’écriture à la Commanderie,<br />
Maylis de Kérangal avoue malicieusem<strong>en</strong>t au<br />
journaliste Pascal Jourdana être «une intermitt<strong>en</strong>te<br />
du foot» s<strong>en</strong>sible à l’empreinte imaginaire<br />
de ce sport dont elle s’étonne qu’il n’ait pas plus<br />
de place <strong>en</strong> littérature. Et le titre donné aux 4<br />
épisodes <strong>en</strong> cours de parution, loin de refroidir<br />
les curiosités, témoigne de ce déplacem<strong>en</strong>t du<br />
regard qui sans nier le mythe le distille et le transforme<br />
; ces Ferv<strong>en</strong>ts qui vont se croiser dans le<br />
temps et l’espace éphémères du roman-feuilleton<br />
n’honor<strong>en</strong>t ni les mêmes dieux ni les mêmes<br />
lieux : Agnieska la novice polonaise (pas Anelka<br />
n’est-ce pas ?) débarque au couv<strong>en</strong>t de la Serviane<br />
Maylis de Kerangal © X-D.R.<br />
(ses Filles du Cœur de Jésus, son jardinier anarchiste-assassin<br />
et ses querelles de voisinage avec<br />
l’OM) tandis que Cosmo campe littéralem<strong>en</strong>t<br />
sur les bords de la pelouse sacrée... C’est avec<br />
plaisir et aisance, semble-t-il, que la commande<br />
est honorée : l’écriture fractionnée à l’intérieur<br />
de la continuité, l’espace restreint du feuillet<br />
invit<strong>en</strong>t à une certaine «réforme» de l’écriture et<br />
<strong>en</strong> tout cas à une évolution de la langue au fil des<br />
épisodes, vitalité et remises <strong>en</strong> question qui ne<br />
lui sont pas étrangères.<br />
À la fin de la r<strong>en</strong>contre dans le territoire flottant<br />
du J1, après avoir évoqué la nécessité de se<br />
«déboiter» et de «lever ses propres mythographies»,<br />
l’auteure toujours souriante affirme modestem<strong>en</strong>t<br />
que «la fiction est le moy<strong>en</strong> de se construire<br />
soi-même à partir de l’altérité», et se prête sans<br />
rétic<strong>en</strong>ce appar<strong>en</strong>te cette fois à une nouvelle<br />
séance de dédicaces... Belle connaissance du<br />
terrain, madame !<br />
MARIE-JO DHO<br />
La lecture-r<strong>en</strong>contre avec Maylis de Kérangal<br />
animée par Pascal Jourdana a eu lieu le 19 janvier<br />
dans le cadre de MP2013 <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat<br />
avec La Marseillaise et Libraires du Sud<br />
Le roman-feuilleton est lisible sur l’édition<br />
internet de La Marseillaise<br />
www.lamarseillaise.fr<br />
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Quand l’Arche fait<br />
escale au Lièvre<br />
Pierre S<strong>en</strong>ges était tout récemm<strong>en</strong>t<br />
l’invité des Escales <strong>en</strong> Librairies ; à<br />
Marseille, la r<strong>en</strong>contre eut lieu au<br />
Lièvre de mars, ce qui était tout<br />
indiqué pour évoquer son dernier<br />
opus, Zoophile contant fleurette, qui<br />
revisite de façon jubilatoire l’histoire<br />
de l’Arche de Noé (le brave patriarche<br />
dev<strong>en</strong>ant ici le zoophile dont il<br />
est question dans le titre). Cet écrivain<br />
fort peu académique, auteur<br />
d’une quinzaine de livres qui mêl<strong>en</strong>t<br />
allègrem<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>res et distill<strong>en</strong>t<br />
une érudition décalée, a t<strong>en</strong>u tout<br />
d’abord à r<strong>en</strong>dre hommage à<br />
l’éditrice de Cadex ; c’est elle qui lui<br />
a proposé d’<strong>en</strong>trer dans sa collection<br />
«texte au carré», consacrée à<br />
des textes courts dont les auteurs<br />
choisiss<strong>en</strong>t eux-mêmes le préfacier<br />
et l’illustrateur. Dans le cas prés<strong>en</strong>t,<br />
Stéphane Audeguy, qui donne un<br />
plaisant avant-goût du livre, et<br />
Sergio Aquindo, dont le trait n’est<br />
pas sans évoquer les planches des<br />
<strong>en</strong>cyclopédies anci<strong>en</strong>nes. Le texte<br />
s’est construit à partir d’un extrait<br />
que S<strong>en</strong>ges offre <strong>en</strong> prélude et qu’il<br />
attribue à Giordano Bruno. Si les<br />
questions concernant le nombre<br />
d’animaux que pouvait abriter l’Arche<br />
ont été de vraies questions, que<br />
des g<strong>en</strong>s très sérieux se sont posées<br />
autrefois, la réponse que le prélude<br />
apporte est tout aussi blasphématoire<br />
que les écrits de son auteur<br />
prét<strong>en</strong>du. De cette hypothèse loufoque<br />
(et zoophile) S<strong>en</strong>ges s’empare<br />
pour une de ces variations qu’il affectionne,<br />
autour de «quatre-vingtdix-neuf<br />
espèces classées dans le plus<br />
beau désordre». Où l’on découvre<br />
comm<strong>en</strong>t Noé fit l’amour avec la<br />
baleine, le lièvre (ti<strong>en</strong>s donc) et<br />
même la mangue ! Quatre-vingtdix-neuf<br />
fragm<strong>en</strong>ts, dont chacun<br />
joue avec ceux qui précèd<strong>en</strong>t ou qui<br />
suiv<strong>en</strong>t, créant des effets de contrastes<br />
ou d’échos. Un texte <strong>en</strong> forme<br />
de liste, dans l’esprit des bestiaires.<br />
Pierre S<strong>en</strong>ges au Lievre de Mars © L.P.<br />
Avec à l’habitude des sources sci<strong>en</strong>tifiques<br />
sérieuses, que la fiction vi<strong>en</strong>t<br />
décaler, comme un jeu nécessaire<br />
pour éviter les livres «gravés dans le<br />
marbre». Deux temps de lecture par<br />
l’auteur ont permis de savourer<br />
l’humour et la subtilité de ces petits<br />
textes «animaliers».<br />
FRED ROBERT<br />
Pierre S<strong>en</strong>ges était au Lièvre de mars<br />
(Marseille) le 29 janvier et au forum<br />
Harmonia Mundi (Aix) le 30 janvier<br />
À lire<br />
Zoophile contant fleurette (éditions<br />
Cadex, 12 €) mais égalem<strong>en</strong>t<br />
La réfutation majeure, disponible<br />
<strong>en</strong> poche (Folio)
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Deux mamans<br />
Elles n’eur<strong>en</strong>t pas tant d’<strong>en</strong>fants que ça…<br />
mais fur<strong>en</strong>t quand même très heureuses<br />
Myriam Blanc croit aux vertus de<br />
l’exemple. C’est sans doute ce qui<br />
l’a poussée, <strong>en</strong> 2005, à écrire Elles<br />
eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants… histoire<br />
d’une famille homopar<strong>en</strong>tale, un des<br />
premiers témoignages sur le sujet.<br />
Qui évoque <strong>en</strong>tre autres le choix de<br />
l’Insémination Artificielle avec Donneur,<br />
peu fréqu<strong>en</strong>t car la procédure<br />
est compliquée et onéreuse. Qui<br />
pose aussi toutes les autres questions<br />
des homos qui devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />
par<strong>en</strong>ts. Un récit alerte, s<strong>en</strong>sible,<br />
drôle, comme <strong>en</strong> témoigne la «petite<br />
chronologie lesbi<strong>en</strong>ne, homopar<strong>en</strong>tale<br />
et subjective» qui clôt l’ouvrage. Au<br />
mom<strong>en</strong>t où la loi sur le mariage<br />
pour tous est discutée à l’assemblée,<br />
© Assia Blanc-Boekholt, Elles eur<strong>en</strong>t beaucoup d'<strong>en</strong>fants… et se marier<strong>en</strong>t, Le Bec <strong>en</strong> l'air<br />
le livre vi<strong>en</strong>t d’être réédité sous le<br />
titreElles eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants…<br />
et se marièr<strong>en</strong>t. Dans une introduction<br />
d’une tr<strong>en</strong>taine de pages<br />
qu’elle a ajoutée au texte originel,<br />
Myriam Blanc dresse le bilan de<br />
sept années de bonheur familial<br />
avec Astrid «sa chérie» et leurs deux<br />
filles, Augustine et Assia, âgées aujourd’hui<br />
de 12 et 11 ans. Que les<br />
cassandres se rassur<strong>en</strong>t, ces presque<br />
adolesc<strong>en</strong>tes élevées par deux mères<br />
ont l’air d’aller très bi<strong>en</strong> ! Une famille<br />
heureuse, donc. Et qui le serait<br />
plus <strong>en</strong>core si elle était <strong>en</strong>fin «reconnue<br />
comme une vraie famille». Car<br />
là est la question ess<strong>en</strong>tielle, sur laquelle<br />
l’auteure est rev<strong>en</strong>ue lors de<br />
la r<strong>en</strong>contre organisée à la librairie<br />
L’Histoire de l’œil. Interrogée par<br />
son éditrice Fabi<strong>en</strong>ne Pavia, elle a<br />
redit son att<strong>en</strong>te d’une nouvelle loi<br />
sur la famille, qui ti<strong>en</strong>ne davantage<br />
compte des réalités. Celle qu’elles<br />
ont fondée, Astrid et elle, repose «sur<br />
l’amour exclusivem<strong>en</strong>t et non sur la<br />
génétique». Le donneur, dont elle<br />
souligne la générosité, n’est pas un<br />
père ; il n’y a pas de place pour lui<br />
dans la cellule familiale. De fait<br />
celle-ci ne s’est pas construite sur<br />
une abs<strong>en</strong>ce, les filles connaiss<strong>en</strong>t<br />
depuis toujours l’origine de leur naissance<br />
et viv<strong>en</strong>t très naturellem<strong>en</strong>t<br />
avec leurs deux mamans. Être une<br />
famille homopar<strong>en</strong>tale, «nous n’y<br />
p<strong>en</strong>sons pas à chaque minute de notre<br />
vie», répète Myriam Blanc. Quant à<br />
se marier, elle reconnaît <strong>en</strong> riant<br />
qu’il est «curieux d’être obligée d’<strong>en</strong><br />
passer par là» mais «pourquoi pas<br />
nous ?». Et puis surtout, le mariage,<br />
un symbole fort pour les <strong>en</strong>fants,<br />
leur permettra d’adopter leurs filles.<br />
À l’image de son livre, cette femme<br />
généreuse figure l’homopar<strong>en</strong>talité<br />
heureuse, et n’érige pas son expéri<strong>en</strong>ce<br />
<strong>en</strong> modèle : elle veut juste la<br />
faire partager. Pour que cess<strong>en</strong>t<br />
l’ignorance et la peur qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t<br />
une haine dont elle a souffert<br />
ces derniers temps...<br />
FRED ROBERT<br />
Elles eur<strong>en</strong>t beaucoup d’<strong>en</strong>fants…<br />
et se marièr<strong>en</strong>t<br />
Myriam Blanc<br />
Le Bec <strong>en</strong> l’air, 14 €<br />
Voix <strong>en</strong> miroir<br />
Comm<strong>en</strong>t les écrivains <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t-ils <strong>en</strong> amitié ?<br />
Question intéressante à laquelle les Écrivains <strong>en</strong><br />
dialogue donn<strong>en</strong>t quelques réponses. Cette fois<br />
c’est Laur<strong>en</strong>ce Tardieu qui a eu un coup de<br />
cœur pour l’écriture de Camille Laur<strong>en</strong>s.<br />
Pourquoi ? «Son œuvre me percute, sa langue<br />
m’atteint», dit-elle. Elle avoue s’être trouvée dans<br />
une sorte d’hébétude à la lecture de Philippe, le<br />
premier livre totalem<strong>en</strong>t autobiographique et<br />
terriblem<strong>en</strong>t douloureux où Camille Laur<strong>en</strong>s <strong>en</strong><br />
1995, racontait la perte de son <strong>en</strong>fant. Elle y a<br />
ress<strong>en</strong>ti l’expéri<strong>en</strong>ce du deuil et trouvé les mots<br />
pour compr<strong>en</strong>dre sa propre douleur, la mort de<br />
sa mère et le sil<strong>en</strong>ce de son père. C’est ainsi que<br />
le désir d’écrire La confusion des peines (voir p. 45)<br />
s’est peu à peu imposé, celui d’aller au plus près<br />
de la vérité, au plus près de la chair des mots.<br />
Chacune retrouve dans l’autre la solitude,<br />
l’impuissance, la douleur. Toutes deux affirm<strong>en</strong>t<br />
ne plus pouvoir ni vouloir «raconter des<br />
histoires». Camille Laur<strong>en</strong>s préfère parler<br />
d’«écriture de soi» plutôt que d’autofiction. Pour<br />
autant ni l’une ni l’autre ne tombe dans la<br />
déploration ou le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>talisme fade. Elles<br />
sav<strong>en</strong>t garder une fermeté et même un certain<br />
humour, surtout Camille Laur<strong>en</strong>s qui manie le<br />
Laur<strong>en</strong>ce Tardieu © Francesca Mantovani<br />
calembour avec délectation. Chacune a une<br />
dynamique personnelle, une voix. Laur<strong>en</strong>ce<br />
Tardieu raconte d’ailleurs que dans son <strong>en</strong>fance<br />
elle avait l’impression de ne pas sortir sa voix ;<br />
c’est par l’écriture qu’elle l’a trouvée : <strong>en</strong><br />
regardant son père dans les yeux et <strong>en</strong> lui offrant<br />
Camille Laur<strong>en</strong>s © Helie Gallimard<br />
son livre. Toutes deux rev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t la portée<br />
universelle de leurs écrits, évoqu<strong>en</strong>t Proust qui<br />
affirmait que l’intime t<strong>en</strong>d à l’universel, que c’est<br />
là qu’il pr<strong>en</strong>d tout son s<strong>en</strong>s. Chacune nous<br />
propose des extraits de ses romans. Leurs voix<br />
sonn<strong>en</strong>t juste et se rejoign<strong>en</strong>t. Et résonn<strong>en</strong>t <strong>en</strong><br />
nous.<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Cette r<strong>en</strong>contre a eu lieu le 18 janvier<br />
aux ABD Gaston Defferre, Marseille.<br />
Modérateur : Pascal Jourdana de l’association<br />
La Marelle
L’Est<br />
le vrai<br />
L’universitaire Robert Lefort qui l’interrogeait ce jour-là l’a très justem<strong>en</strong>t<br />
défini comme un écrivain voyageur. De fait, Christian Garcin n’<strong>en</strong> finit<br />
pas de parcourir la planète. Avec une prédilection pour les «bouts du<br />
monde». Tout juste rev<strong>en</strong>u de Patagonie, il a déjà d’autres destinations <strong>en</strong><br />
tête, d’où il rapportera sans doute carnets, notes et personnages, <strong>en</strong> vue<br />
d’un prochain roman. Mais les lieux qui, pour lui, ont le plus «appelé la<br />
fiction», ce sont les imm<strong>en</strong>sités de l’est et du sud de la Russie. Ces confins<br />
désertiques russes, proches de la Mongolie et de la Chine, on les retrouve<br />
dans le récit qu’il a écrit avec Eric Faye (En desc<strong>en</strong>dant les fleuves-Carnets de<br />
l’Extrême-Ori<strong>en</strong>t russe, Stock), mais égalem<strong>en</strong>t dans ses trois derniers<br />
romans, La piste mongole, Des femmes disparaiss<strong>en</strong>t et Les nuits de Vladivostok<br />
(voir p. 46). Celui-ci, tout récemm<strong>en</strong>t paru, lui a été inspiré par un voyage<br />
Christian Garcin © Herve Thouroude<br />
<strong>en</strong> Sibérie. On y r<strong>en</strong>contre à<br />
nouveau Zuo Luo (version<br />
chinoise de Zorro), un<br />
détective du Sichuan qui vi<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> aide aux jeunes filles<br />
v<strong>en</strong>dues par leurs familles. Un<br />
personnage «int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t romanesque»<br />
quoique issu de la<br />
réalité, comme beaucoup<br />
d’autres chez Garcin, tel Oleg,<br />
qui a traversé la Russie à pied<br />
(9 000 kms <strong>en</strong> deux ans ! prénom<br />
fictif mais auth<strong>en</strong>tique<br />
fait divers), ou les chamanes<br />
de l’île d’Olkhon-sur-Baïkal…<br />
Cela fait du monde dans ce<br />
roman, qui convoque égalem<strong>en</strong>t<br />
Balzac, Cervantès,<br />
Dostoïevsky et bi<strong>en</strong> d’autres<br />
<strong>en</strong>core. Garcin est friand de<br />
cette prolifération, ainsi que<br />
du mélange des g<strong>en</strong>res et des<br />
récits <strong>en</strong>châssés. Il rev<strong>en</strong>dique<br />
«la dissémination comme principe<br />
de construction», et un<br />
traitem<strong>en</strong>t particulier du temps,<br />
que l’on remonte, un temps<br />
cyclique, plié comme celui des<br />
chamans, car ce sont «tous les<br />
temps qui se mêl<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous<br />
lorsque nous écrivons».<br />
Lors de cette passionnante<br />
r<strong>en</strong>contre, l’écrivain a aussi<br />
insisté sur la notion de «mécanique<br />
de la fiction», qui se<br />
met <strong>en</strong> œuvre et dépasse le<br />
romancier, comme l’écrivait<br />
déjà Blanchot. Ce «mécanisme<br />
de l’écriture qui parfois <strong>en</strong> sait<br />
plus que l’écrivain lui-même»<br />
n’a pourtant ri<strong>en</strong> à voir avec<br />
une quelconque écriture automatique.<br />
Garcin se montre<br />
très soucieux de l’architecture<br />
de ses textes, comme de la<br />
langue dont il veille à suivre la<br />
logique rythmique et poétique,<br />
au point de choisir certains<br />
noms de personnages <strong>en</strong><br />
fonction de leur insertion sonore<br />
dans la phrase ! Un guide<br />
de choix pour un voyage au<br />
bout des mots.<br />
FRED ROBERT<br />
Christian Garcin était invité<br />
à la librairie Maupetit<br />
le 26 janvier<br />
L’un,<br />
sans l’autre<br />
J.B Pontalis © Hélie Gallimard<br />
Dans Borges, de loin, Christian Garcin<br />
livre des pages lumineuses sur<br />
l’œuvre de l’écrivain arg<strong>en</strong>tin, mais<br />
cherche aussi dans les labyrinthes<br />
borgési<strong>en</strong>s l’indéfinissable familiarité,<br />
conniv<strong>en</strong>ce pourrait-on dire, qui<br />
le relie à la fois à Borges et à sa propre<br />
écriture. Il r<strong>en</strong>ouait ainsi <strong>en</strong> 2012<br />
avec la collection L’un et l’autre, où<br />
avait été publié son premier manuscrit<br />
Vidas, et recevait, son éditeur<br />
J.-B. Pontalis à ses côtés, le prix<br />
Roger Caillois.<br />
J.-B. Pontalis est mort le 15 janvier<br />
dernier. Figure emblématique des<br />
éditions Gallimard, romancier et<br />
psychanalyste illustre, le fondateur<br />
de la remarquable Nouvelle Revue de<br />
Psychanalyse, était un passeur formidable<br />
: <strong>en</strong>tre les auteurs qu’il éditait,<br />
autant qu’<strong>en</strong>tre les frontières perméables<br />
et fécondes de la littérature<br />
et de la psychanalyse, de la fiction et<br />
de l’inconsci<strong>en</strong>t. Et c’est bi<strong>en</strong> cette<br />
circulation, d’un auteur à l’autre, d’un<br />
éditeur à un auteur, d’un lecteur à<br />
un auteur, qui fait la vraie vie littéraire,<br />
ou pour repr<strong>en</strong>dre une métaphore<br />
borgési<strong>en</strong>ne, le cercle littéraire. Non<br />
pas tant la sociabilité des prix et des<br />
r<strong>en</strong>contres, que la continuité souterraine<br />
<strong>en</strong>tre des œuvres, l’intimité<br />
profonde qui fait qu’on reconnaît<br />
des œuvres et qu’on s’y reconnaît,<br />
les filiations mystérieuses et les<br />
«souv<strong>en</strong>irs circulaires» <strong>en</strong>tre des<br />
hommes et des livres.<br />
AUDE FANLO<br />
Borges, de loin<br />
Christian Garcin<br />
L’un et l’autre, Gallimard, 20 €<br />
43<br />
L<br />
ITTÉ<br />
R<br />
A<br />
T<br />
U<br />
RE<br />
RetrouveZ sur notre site ces critiques r<strong>en</strong>contres et découvreZ les autres !<br />
www.journalzibeline.fr<br />
- Brahim Hadj Slimane à la librairie Transit, Marseille<br />
- Serge Halimi aux ABD, Marseille<br />
- Mauvignier/preljocaj à la Cité du Livre, Aix
44<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
De corps <strong>en</strong> corps<br />
Comme ses contemporains, au mom<strong>en</strong>t de mourir,<br />
Ramiro Olivares a eu le choix. Après l’état dit<br />
«de flottem<strong>en</strong>t» qui mainti<strong>en</strong>t l’activité cérébrale<br />
au sein d’un modèle informatique et permet de<br />
préserver les «<strong>en</strong>tités individuelles», certains continu<strong>en</strong>t<br />
de flotter sur internet (on peut facilem<strong>en</strong>t<br />
communiquer avec eux), d’autres conserv<strong>en</strong>t leurs<br />
corps originel (ils sont considérés comme malades),<br />
d’autres <strong>en</strong>core refus<strong>en</strong>t la procédure (ceux-là<br />
n’<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t même pas dans les statistiques). Mais la<br />
plupart des morts préfèr<strong>en</strong>t migrer vers un nouveau<br />
support; on appelle cette opération «brûler»<br />
un corps. Ramiro, un des premiers de sa génération,<br />
l’a fait: il avait <strong>en</strong>core un certain nombre de<br />
choses à régler sur Terre. C’est ainsi qu’au début<br />
du récit, le narrateur se retrouve dans le corps rebondi<br />
d’une femme (ce ne sera d’ailleurs pas sa<br />
dernière migration). Ramiro/Rama cohabite donc<br />
désormais avec ses petits-<strong>en</strong>fants, dont il devi<strong>en</strong>t<br />
le confid<strong>en</strong>t ; son fils Théo, bi<strong>en</strong> plus âgé que lui et<br />
sénile, le pr<strong>en</strong>d pour sa grand-mère ; il dialogue<br />
souv<strong>en</strong>t avec Véra, sa fille morte restée <strong>en</strong> flottem<strong>en</strong>t…<br />
On l’aura compris, Les corps de l’été,<br />
du jeune Arg<strong>en</strong>tin Martin Felipe Castagnet, est<br />
un roman d’anticipation. Composé de douze<br />
chapitres courts, eux-mêmes subdivisés <strong>en</strong> paragraphes<br />
numérotés, comme autant d’élém<strong>en</strong>ts d’un<br />
puzzle que le lecteur recompose au fil du texte, le<br />
récit est rapide, quasi factuel, ce qui <strong>en</strong> acc<strong>en</strong>tue<br />
le caractère fantastique. Cette fiction un brin<br />
délirante interroge avec pertin<strong>en</strong>ce la condition<br />
humaine actuelle -c’est le rôle de toute bonne<br />
littérature d’anticipation-, et <strong>en</strong> particulier les<br />
notions de g<strong>en</strong>re et de famille. Pour ce bref<br />
roman qui secoue énergiquem<strong>en</strong>t le cocotier<br />
généalogique et met la mort au tapis, l’auteur a<br />
reçu le Prix de la Jeune Littérature Latinoaméricaine<br />
2012. La prés<strong>en</strong>te édition, bilingue,<br />
permet de le lire <strong>en</strong> VO.<br />
FRED ROBERT<br />
Plongée <strong>en</strong> eaux sombres<br />
Mémoire externe<br />
Le dernier ouvrage d’Anne-Marie Garat, Programme<br />
s<strong>en</strong>sible, nous fait <strong>en</strong>trer dans la consci<strong>en</strong>ce<br />
d’un personnage nourri de mythes, anci<strong>en</strong> interprète<br />
international, dev<strong>en</strong>u traducteur professionnel.<br />
Son nom déjà convie à la quête, Jason. Divorcé,<br />
il a quitté le bel appartem<strong>en</strong>t de Vinc<strong>en</strong>nes pour<br />
un deux pièces de la banlieue parisi<strong>en</strong>ne. Cet<br />
espace étroit lui ouvre paradoxalem<strong>en</strong>t d’autres<br />
univers : il est att<strong>en</strong>tif au monde qui l’<strong>en</strong>toure, ses<br />
voisins, la plupart sans-papiers à la merci de rafles,<br />
mais surtout, depuis que sa fille, Alix, lui a installé<br />
Google Earth, il parcourt le monde (inter-argonaute<br />
?), se faisant «l’effet de l’astronaute <strong>en</strong> orbite<br />
dans la stratosphère»…Il survole la planète, retrou-ve<br />
les lieux de son passé, abusant des travellings<br />
optiques, avec la t<strong>en</strong>tation de Big Brother qui «<strong>en</strong><br />
chaque internaute, sommeille». Itinéraire qui par<br />
ses aléas le replonge dans son <strong>en</strong>fance oubliée, <strong>en</strong><br />
Estonie, bi<strong>en</strong> avant la chute du mur de Berlin, au<br />
Xavier-Marie Bonnot se plaît à faire voyager ses<br />
lecteurs. Le pays oublié du temps (2011) les conduisait<br />
jusqu’<strong>en</strong> Papouasie par le biais d’une<br />
intrigue très ethnographique avec meurtres rituels<br />
sur fond de trafic d’objets d’arts premiers et<br />
d’anci<strong>en</strong>nes histoires de famille. Un voyage dans<br />
le temps autant que dans l’espace finalem<strong>en</strong>t.<br />
Car Bonnot est passionné d’histoire (et même<br />
titulaire d’un doctorat), ce qui explique sans<br />
doute pourquoi chacune des <strong>en</strong>quêtes de son flic<br />
récurr<strong>en</strong>t, Michel de Palma, est une plongée dans<br />
le temps, et l’occasion pour le lecteur de découvrir<br />
des époques et des civilisations lointaines.<br />
Avec Premier homme, on retrouve avec plaisir<br />
l’érudition de l’auteur ainsi que le personnage<br />
attachant du Baron. On plonge avec délices et<br />
frissons à la poursuite d’un meurtrier psychopathe<br />
jusqu’aux âges premiers de l’humanité,<br />
lorsque les chamanes du paléolithique dessinai<strong>en</strong>t<br />
sur les parois des grottes aujourd’hui immergées.<br />
Une histoire de préhistoire, de crimes et de folie<br />
donc. Qui se teinte de nostalgie : pour le Baron,<br />
à quelques semaines de la retraite, cette ultime<br />
<strong>en</strong>quête est une façon de «boucler la boucle».<br />
L’affaire comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> effet par un étrange accid<strong>en</strong>t<br />
de plongée dans la grotte sous-marine Le<br />
Gu<strong>en</strong> ; à l’<strong>en</strong>droit même où le Baron a failli être<br />
tué par Paul Autran (alias Premier Homme) dans<br />
Première empreinte, premier roman de Bonnot<br />
(2002) et première apparition du flic mélomane.<br />
Dix ans plus tard, de Palma se retrouve confronté<br />
à cet adversaire à la fois terrifiant et attachant, à<br />
ses démons personnels aussi. À l’issue d’une<br />
traque éprouvante, il est temps pour lui de tirer<br />
cœur des révoltes paysannes et de la mort des<br />
proches. Seule Dee, sa vieille tante, pourrait évoquer<br />
ce passé, mais, sénile, sa mémoire est fragm<strong>en</strong>taire,<br />
incertaine. Entre ces souv<strong>en</strong>irs, l’actualité<br />
tragique, Fukushima, le réchauffem<strong>en</strong>t climatique,<br />
son divorce, de vieux films, il arp<strong>en</strong>te les<br />
divers degrés de la réalité, où l’inconsci<strong>en</strong>t se<br />
mêle. Dans ce «vertige métaphysique» l’imagination<br />
devi<strong>en</strong>t l’objet même du roman. L’ordinateur<br />
dépasse le statut d’objet, de médiateur même,<br />
pour dev<strong>en</strong>ir un personnage grâce à sa «plasticité<br />
synaptique», et sa capacité de récupération dont<br />
nul humain ne dispose : sa «mémoire externe» !<br />
L’écriture romanesque s’adapte à l’hétéroclisme<br />
des sources évoquées, varie son vocabulaire,<br />
l’image de styles divers, et les temps, les lieux, les<br />
s<strong>en</strong>sations, les émotions se catapult<strong>en</strong>t à plaisir.<br />
Un <strong>en</strong>trelacs qui place cette œuvre à la frontière<br />
des g<strong>en</strong>res poétique et romanesque, construisant<br />
Les corps de l’été<br />
Martin Felipe Castagnet<br />
Éditions de la MEET<br />
(Maison des Écrivains<br />
Etrangers et des Traducteurs),<br />
collection Les bilingues, 15 €<br />
M.F. Castagnet est <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce à La Marelle<br />
Villa des auteurs jusqu’au 25 février.<br />
En prélude au festival CoLibris, qui se ti<strong>en</strong>dra<br />
cette année du 24 au 30 avril, il sera prés<strong>en</strong>t<br />
le 12 février à la r<strong>en</strong>contre organisée au studio<br />
AKDmia à partir de 19h, autour des fictions<br />
de l’imaginaire <strong>en</strong> Arg<strong>en</strong>tine.<br />
www.villa-lamarelle.fr<br />
sa révér<strong>en</strong>ce. Signe que Bonnot veut changer de<br />
héros ?<br />
F.R.<br />
Premier homme<br />
Xavier-Marie Bonnot<br />
Actes Noirs chez Actes<br />
Sud, 22 €<br />
une mythologie contemporaine à bord de<br />
nouveaux vaisseaux.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Programme s<strong>en</strong>sible<br />
Anne-Marie Garat<br />
Actes Sud, 19,50 €
Sauver sa peau<br />
Le livre de Laur<strong>en</strong>ce Tardieu retrace un cheminem<strong>en</strong>t<br />
qui va de la sidération à la libération.<br />
Histoire aussi d’une réconciliation : d’une fille<br />
avec son père, mais aussi d’une jeune fille avec<br />
son <strong>en</strong>fance et ses désirs de femme. Tout cela<br />
passe par la nécessité absolue dans laquelle elle se<br />
trouve de compr<strong>en</strong>dre et de briser le sil<strong>en</strong>ce, au<br />
s<strong>en</strong>s littéral, à savoir celui de mettre <strong>en</strong>fin des<br />
mots sur les situations et les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts. Le récit<br />
autobiographique dévoile peu à peu, avec des<br />
allers-retours du prés<strong>en</strong>t au passé, la particularité<br />
de la relation de Laur<strong>en</strong>ce et son père, dans le<br />
respect et l’affection, mais aussi dans l’inexprimé.<br />
À la mort à la vie<br />
Pour ses quatre-vingt-dix ans, Octave Lassalle<br />
s’offre un drôle de cadeau : «une équipe pour la<br />
vie» car «pas question qu’on me colle n’importe qui<br />
pour s’occuper de ma carcasse quand il sera trop tard<br />
pour choisir.» L’anci<strong>en</strong> chef de service cardiologie,<br />
qui est aussi un anci<strong>en</strong> chasseur, a toujours su<br />
anticiper et organiser. Alors, pour accompagner<br />
sa fin de vie, il a sélectionné sur annonce quatre<br />
personnes, trois femmes et un homme. Ils se<br />
relaieront auprès de lui dans la grande demeure,<br />
chacun à des horaires précis, et disposeront d’une<br />
clé de la maison et d’une chambre. La réunion de<br />
ces quatre personnes très différ<strong>en</strong>tes est la dernière<br />
av<strong>en</strong>ture de la vie d’Octave. Une façon<br />
pour lui d’att<strong>en</strong>dre la mort <strong>en</strong> vie. Car, de fait,<br />
son exist<strong>en</strong>ce change, portée par l’énergie de «ces<br />
quatre-là». Grâce à eux, le vieillard va <strong>en</strong>fin pouvoir<br />
tirer un trait sur son passé douloureux. Grâce<br />
à lui, les quatre autres vont repr<strong>en</strong>dre, chacun à<br />
sa manière, le fil de la vie. La maison elle-même<br />
va r<strong>en</strong>aître de cette étrange cohabitation. Le<br />
nouveau roman de Jeanne B<strong>en</strong>ameur, tout <strong>en</strong><br />
s<strong>en</strong>sibilité et jamais mièvre, est un hymne au<br />
désir sous toutes ses formes. Il est aussi action de<br />
Fauviste<br />
Une t<strong>en</strong>tation d’écriture crue <strong>en</strong> larges aplats,<br />
viol<strong>en</strong>te, semble animer Minna Sif dans<br />
Massalia Blues. La parole des personnages hauts<br />
<strong>en</strong> couleur issus du lump<strong>en</strong> même plus<br />
prolétari<strong>en</strong> est rapportée par la narratrice,<br />
écrivain public aux abords de la Poste Colbert à<br />
Marseille. Défil<strong>en</strong>t les misères, les destins<br />
écorchés, les vieillards abandonnés dans leur pus,<br />
les prostitué(e)s, les petits dealers, les marchands<br />
de sommeil. Émerge Brahim, «clochard céleste»<br />
qui pousse son caddie dans les bas quartiers, et<br />
refuse de se r<strong>en</strong>dre à la préfecture pour demander<br />
ses papiers. Il se raconte, évoque son <strong>en</strong>fance de<br />
l’autre côté de la Méditerranée, nous fait croiser<br />
son père qui a perdu son pied à la guerre, sa mère,<br />
qui insulte le feu qui ne veut pas pr<strong>en</strong>dre, Leïla,<br />
la putain aux canines d’or…<br />
Note bleue, idées noires d’une musique faite<br />
pour chanter les douleurs de la vie, ce Blues tisse<br />
des mots sur ces trajectoires humaines. Le style<br />
travaillé au corps cherche à r<strong>en</strong>dre par un<br />
Car ce père brillant s’est trouvé condamné <strong>en</strong><br />
1996 pour corruption, au bout de quinze années<br />
à un poste important de la Générale des Eaux.<br />
Au même mom<strong>en</strong>t sa femme est atteinte d’un<br />
cancer. Soudain l’univers de la famille se craquelle,<br />
mais ri<strong>en</strong> ne sera dit. Laur<strong>en</strong>ce évoque<br />
cette «matière lourde, poisseuse» qui l’étouffe, ce<br />
monstre qui l’<strong>en</strong>traîne dans un trou. Des années<br />
plus tard elle décide de briser le sil<strong>en</strong>ce par l’écriture<br />
de ce livre <strong>en</strong> train de se faire sous nos yeux,<br />
bravant l’interdiction de son père d’étaler leur<br />
histoire. Dans les dernières pages Laur<strong>en</strong>ce et son<br />
père sont fictivem<strong>en</strong>t face à face ; elles sont écrites<br />
grâces : à la beauté de la nature, à l’art, à l’homme<br />
surtout. Dans cette espèce de paradis retrouvé,<br />
<strong>en</strong>tre ess<strong>en</strong>ces rares, haïkus et portraits du<br />
Fayoum, c’est la vie qu’il s’agit de sauver. Malgré<br />
le doute, malgré la mort. Les cinq «profanes»<br />
embarqués dans cette histoire s’emploi<strong>en</strong>t de<br />
toutes leurs forces à faire palpiter «le sacré, le vif<br />
de la vie», sans recourir à un dieu quelconque.<br />
«Ri<strong>en</strong> que des hommes et des femmes.» Une<br />
émouvante profession de foi… <strong>en</strong> l’humanité.<br />
FRED ROBERT.<br />
Profanes<br />
Jeanne B<strong>en</strong>ameur<br />
Actes Sud, 20 €<br />
vocabulaire riche, émaillé d’expressions, de<br />
trucul<strong>en</strong>ce, ce monde déshérité. Mais on n’y<br />
croit pas, les personnages parl<strong>en</strong>t une langue trop<br />
littéraire, les images fortes s’épuis<strong>en</strong>t dans leur<br />
<strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t systématique. On a l’impression<br />
de ne pas progresser dans ce roman qui sans<br />
doute aurait gagné à être allégé, à ne pas chercher<br />
des trouvailles de style, mais à raconter plus<br />
simplem<strong>en</strong>t une histoire forte, hélas plus<br />
vraisemblable que la langue qui la rapporte.<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Massalia Blues<br />
Minna Sif<br />
Alma Éditeur, 18€<br />
dans un flux large et pr<strong>en</strong>ant de phrases amples,<br />
juxtaposées, allant jusqu’au bout du souffle, pour<br />
effacer la honte et trouver le goût de la vie.<br />
CHRIS BOURGUE<br />
La confusion des peines<br />
Laur<strong>en</strong>ce Tardieu<br />
Stock, 16 €<br />
Stèles<br />
Laur<strong>en</strong>ce Tardieu<br />
était aux ABD avec<br />
Camille Laur<strong>en</strong>s pour<br />
Écrivains <strong>en</strong> dialogue<br />
(voir p. 42)<br />
D’abord un chiffre, inaugural, obsédant, glissé partout,<br />
sous toutes ses formes comme une note<br />
insistante dans une sonate pour piano : le 29 qui<br />
accompagne chacune des «visions dans l’exil» du<br />
titre, ouvre et ferme chaque chant, le scande et<br />
sans doute le fonde dans la terreur des «29 trépassés»<br />
«29 victimes» «cataclysme des 29» ou<br />
«sacrifice des 29». Le poète algéri<strong>en</strong> Brahim Hadj<br />
Slimane semble fixer un nombre et l’arrêter<br />
comme l’allégorie définitive du malheur, de la<br />
déc<strong>en</strong>nie noire et de la litanie arithmétique des<br />
morts. 29 corps se confond<strong>en</strong>t avec l’écriture et la<br />
typographie du poème tout <strong>en</strong> colonnes de mots<br />
dressés.<br />
Dans sa préface, véritable guide de lecture, Bernard<br />
Noël évoque un «Hermès verbal» : borne<br />
placée aux carrefours et surmontée de la tête du<br />
messager des dieux, constituée au départ d’un<br />
empilem<strong>en</strong>t de pierres déposées par les passants.<br />
Le lecteur reconnaît là sa nécessaire contribution<br />
à l’élaboration d’une «vision» (davantage du côté<br />
de l’instantané et de la saisie du réel que du soufisme<br />
visionnaire) qui ne pr<strong>en</strong>d forme que dans<br />
le ressassem<strong>en</strong>t, le va-et-vi<strong>en</strong>t de la navette qui<br />
trame une figure qui apparaît doucem<strong>en</strong>t ou<br />
reste sous-jac<strong>en</strong>te. Le matériau s’accumule :<br />
référ<strong>en</strong>ces, noms de personnes et de personnages<br />
(au milieu de tant d’autres Jean Sénac et Scipion<br />
l’Africain), mythe, lég<strong>en</strong>de, histoire, la Bakhta de<br />
Cheb Khaled, le raï ou les feuilletons oranais. Et<br />
cela s’élabore <strong>en</strong> vers libres souv<strong>en</strong>t courts, ciselés<br />
et elliptiques, qui laiss<strong>en</strong>t le lecteur dans l’exil et<br />
le conduis<strong>en</strong>t à ne se saisir que ce qui fait s<strong>en</strong>s,<br />
c’est-à-dire l’éternel algéri<strong>en</strong> : mer, soleil, sang,<br />
sacrifice et couteau... Appauvrissem<strong>en</strong>t immérité<br />
sans doute, mais comm<strong>en</strong>t faire pour <strong>en</strong>trer dans<br />
un lyrisme si lacunaire ?<br />
MARIE JO DHO<br />
Vingt-neuf visions dans l’exil<br />
Brahim Hadj Slimane /<br />
dessins d’Abdellaziz Zodmi<br />
La courte échelle / éditions<br />
transit, 9 €<br />
45<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES
46<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
Zorro est de retour !<br />
«Le monde est plié comme peut l’être un<br />
tissu : les points les plus éloignés d’une<br />
nappe, d’une pâte feuilletée ou d’un drap<br />
pliés peuv<strong>en</strong>t être directem<strong>en</strong>t voisins <strong>en</strong><br />
franchissant l’épaisseur de la coupe.»<br />
«Zuo Luo», Zorro chinois, traque un malfrat au<br />
compte des mafias chinoises et russes, <strong>en</strong> compagnie<br />
de son auteur -un jeune chinois qui a écrit<br />
un livre sur lui à son insu dans un précéd<strong>en</strong>t<br />
roman de Christian Garcin- et de l’un de ses<br />
lecteurs français, r<strong>en</strong>contré à la suite d’une succession<br />
de méprises. Ils sont aidés par un russe<br />
solitaire qui a parcouru 9 000 kilomètres à pieds,<br />
un anci<strong>en</strong> figurant de nanars ninja et une ravissante<br />
prostituée coré<strong>en</strong>ne. Mais dans cette intrigue<br />
policière subtile et maîtrisée à l’humour impeccable,<br />
la logique minutieuse du scénario relève<br />
Un de Manosque<br />
L’Association des Amis de Jean Giono vi<strong>en</strong>t de<br />
sortir le n° 6 de sa revue qui clôture l’année 2012,<br />
année gioni<strong>en</strong>ne (voir Zib’56). Une revue annuelle<br />
qui s’attache à publier des textes rares et<br />
inédits de l’auteur, mais aussi des témoignages,<br />
docum<strong>en</strong>ts iconographiques, correspondances,<br />
articles critiques autour de son oeuvre gigantesque...<br />
Ce dernier numéro réserve bi<strong>en</strong> des<br />
surprises ! Ainsi on lira une prés<strong>en</strong>tation et des<br />
comm<strong>en</strong>taires de La flûte <strong>en</strong>chantée pour le<br />
Festival d’Aix de 1958 ; Giono, comme le rythme<br />
de sa prose l’indique mais pas forcém<strong>en</strong>t ses<br />
thématiques, écoutait des flots de musique, surtout<br />
Mozart. Un inv<strong>en</strong>taire de sa discothèque<br />
montre son omniprés<strong>en</strong>ce et l’abs<strong>en</strong>ce des Romantiques,<br />
des Modernes et de la musique<br />
française. Giono aimait à dire que la musique<br />
Le chant des livres<br />
Pour Francine Zubeil, chaque livre se concrétise<br />
«après un long travail de maturation». Philadelphie<br />
Philadelphia, conçu lors d’une résid<strong>en</strong>ce à<br />
la Maison Dora Maar à Ménerbes <strong>en</strong> avril<br />
2010, est sorti de presse <strong>en</strong> novembre 2012. Gris<br />
pâle, couverture plastifiée, papier tramé, il ressemble<br />
à un long travelling d’images et de mots :<br />
«J’ai écrit dans le train au retour de Philadelphie<br />
vers NY après avoir vu la Mariée mise à nue… de<br />
Marcel Duchamp. Ce sont les impressions de ce que<br />
j’ai vu dans et à travers les f<strong>en</strong>êtres du train.» On<br />
le feuillette indifféremm<strong>en</strong>t de gauche à droite<br />
ou de droite à gauche car l’alternance de pages<br />
blanches, d’images floutées et de phrases sibyllines<br />
écrites <strong>en</strong> rouge et gris est propice au<br />
vagabondage. D’autant que l’incision du texte<br />
laisse apparaître comme une cicatrice au dos de<br />
la feuille, mince comme du papier à cigarettes.<br />
L’œil fait donc une pause, se saisit de ces «hiéroglyphes»<br />
avant de poursuivre son exploration…<br />
moins des mobiles et des preuves que de la mécanique<br />
mystérieuse des coïncid<strong>en</strong>ces et des<br />
simili-tudes, dans «les mondes pliés de la fiction et<br />
de la réalité» (voir p 43)... Elle nous emmène<br />
dans des <strong>en</strong>tre-mondes vides et pleins, qui sont<br />
les points de converg<strong>en</strong>ce de niveaux de réalités<br />
qui s’imbriqu<strong>en</strong>t et se superpos<strong>en</strong>t : Vladivostok,<br />
<strong>en</strong>tre Russie, Chine et Corée, où cohabit<strong>en</strong>t les<br />
traces des guerres sino-russes et le langage<br />
standardisé des serveuses -<strong>en</strong>joy your drink!- ; une île<br />
au trésor, dont les morts <strong>en</strong>sevelis tiss<strong>en</strong>t un li<strong>en</strong><br />
mystérieux <strong>en</strong>tre les personnages ; l’année 1937,<br />
point commun incongru <strong>en</strong>tre une vieille chamane<br />
d’Irkoutsk, un mafieux lettré, Blanche-neige<br />
et quelques autres catastrophes historiques tragiquem<strong>en</strong>t<br />
banales. Autant de mondes dilatés dans<br />
des échelles de temps et d’espaces différ<strong>en</strong>tes, et<br />
qui sont des points de passages que le lecteur,<br />
l’aidait à trouver «inconsciemm<strong>en</strong>t des architectures<br />
littéraires». Elle occupe une place particulière,<br />
directe, dans Un de Beaumugnes : c’est grâce à<br />
son harmonica qu’Albin libère Angèle de sa<br />
prison et de son sil<strong>en</strong>ce au cours de trois nuits de<br />
musique (communication d’Andrée Lotey).<br />
Des peintures retrac<strong>en</strong>t quelques épisodes de<br />
l’amitié de Giono et du peintre Eugène Martel<br />
dont le neveu, Charles, photographe, a immortalisé<br />
les prom<strong>en</strong>ades sur le plateau d’Albion. On<br />
appréciera les dessins que Paul Lemagny pour la<br />
réédition de Regain <strong>en</strong> 1947 et on lira aussi avec<br />
émotion les souv<strong>en</strong>irs d’Élise, l’épouse. On le<br />
compr<strong>en</strong>d, les amis de Giono sont <strong>en</strong>core loin<br />
d’avoir épuisé les docum<strong>en</strong>ts inédits du Paraïs, la<br />
maison de Giono !<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Semblable à un cahier de dessins et de broderies<br />
(la tranche est réellem<strong>en</strong>t cousue), Mythologie intime<br />
est le prolongem<strong>en</strong>t de l’exposition de<br />
Christine Millerin à l’Atelier Archipel (Arles)<br />
<strong>en</strong> juin 2012. L’artiste y dévoile ses recherches<br />
autour du textile, dessins au crayon, pastels : un<br />
vrai canevas, de fil <strong>en</strong> aiguille. Certaines pages<br />
sont saturées, presque noircies, d’images, de lignes,<br />
de photos, de traces, de matières ; d’autres respir<strong>en</strong>t<br />
à pleins poumons, à peine «<strong>en</strong>tachées» de<br />
brisures de lignes grises. Mythologie intime est<br />
vierge de toutes informations qui pourrai<strong>en</strong>t parasiter<br />
notre immersion dans l’œuvre : pas une<br />
ligne sur l’artiste ou sur son travail, pas de texte<br />
critique ni d’index bibliographique. Seules quelques<br />
phrases écrites à la première personne serv<strong>en</strong>t<br />
de fil rouge : «Ils écriv<strong>en</strong>t et tiss<strong>en</strong>t une mémoire<br />
s<strong>en</strong>sible, une mythologie intime, celle d’un monde<br />
retrouvé…»<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
éconduit par le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’une totalité qui lui<br />
échappe, empruntera avec délectation, pour peu<br />
qu’il se prête à l’art consommé des visions<br />
chamaniques, du tao, ou des fictions ironiques…<br />
AUDE FANLO<br />
Les nuits de Vladivostok<br />
Christian Garcin<br />
Stock, 20,50 €<br />
Revue Giono n° 6,<br />
2012-2013<br />
Association<br />
des Amis de<br />
Jean Giono<br />
04 92 87 73 03<br />
Philadelphie,<br />
Philadelphia<br />
Francine Zubeil<br />
Mythologie intime<br />
Christine<br />
Millerin<br />
Livres d’artistes<br />
publiés par<br />
La Fabrique<br />
s<strong>en</strong>sible, Arles
Non-lois dans la jungle<br />
Calais. Sangatte. Migrants. Demandeurs d’asile.<br />
Chasse aux sans papiers. Répression des humanitaires.<br />
Squat, Jungle… La presse s’<strong>en</strong> fit l’écho.<br />
2002 : «fermeture» de Sangatte, ratiboisé. Dix<br />
ans après ? Les problèmes rest<strong>en</strong>t d’une criante<br />
actualité.<br />
À partir de 2009 Marion Osmont s’est r<strong>en</strong>due<br />
de nombreuses fois à Calais. Sa maîtrise de l’amharique<br />
(langue sémitique usitée <strong>en</strong> Ethiopie) et les<br />
contacts noués sur place et avec ce pays lui ont<br />
permis de partager le sort de plusieurs de ces<br />
indésirables. En 2010, à son retour d’Ethiopie et<br />
du Soudan, elle propose à deux migrants r<strong>en</strong>contrés<br />
à Calais de raconter leur parcours. L’ouvrage<br />
s’organise sans marquer la différ<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> deux<br />
parties principales. D’une part deux histoires<br />
individuelles, d’Ammanuel restituée principalem<strong>en</strong>t<br />
à travers son propre récit et d’Haroon dont<br />
témoigne une importante série de photographies<br />
prises à Calais. À ces témoignages effroyables<br />
succèd<strong>en</strong>t les contributions apportées par des<br />
acteurs sociaux et humanitaires. Des représ<strong>en</strong>tants<br />
du GISTI, Migreurop, Salam, Elus Hospitaliers,<br />
Médecins du Monde, Amnesty International<br />
permett<strong>en</strong>t de compr<strong>en</strong>dre le parcours de ces<br />
hommes vivant dans les jungles calaisi<strong>en</strong>nes et<br />
ouvr<strong>en</strong>t plus largem<strong>en</strong>t sur les questions de<br />
migration, de politique et droits nationaux, eu<br />
ropé<strong>en</strong>s et internationaux, démontr<strong>en</strong>t l’inanité<br />
de dispositifs comme les accords de Dublin II ou<br />
l’Eurodac. Des Hommes viv<strong>en</strong>t ici se lit dans la<br />
perspective abordée par Europa inch’allah de S.<br />
Le roman-photo d’une vie<br />
Surréaliste invisible<br />
L’histoire de l’art s’écrit aussi par les femmes ! Au<br />
côté des figures emblématiques d’André Breton,<br />
Max Ernst ou Marcel Duchamp les éditions<br />
TFV-Aube poursuiv<strong>en</strong>t avec la collection Phares<br />
la découverte d’artistes moins illustres ayant<br />
travaillé pourtant dans l’aura du groupe surréaliste.<br />
Encore moins connue que Leonora Carrington<br />
(voir Zib’47) mais comme cette dernière et nombre<br />
d’artistes europé<strong>en</strong>s, dont les surréalistes,<br />
Alice Paal<strong>en</strong>, puis Rahon, (1904-1987) a constamm<strong>en</strong>t<br />
m<strong>en</strong>é de front création poétique et<br />
peinture. Celle qu’Éluard avait baptisée l’abeille<br />
noire avait trouvé refuge au Mexique à la fin des<br />
années tr<strong>en</strong>te, et a construit son œuvre dans un<br />
City Life<br />
François Grether, Grand Prix de l’Urbanisme<br />
2012 s’impose comme un lauréat s<strong>en</strong>sible aux<br />
conv<strong>en</strong>ances urbaines de l’humain in situ, loin<br />
d’une standardisation monotone et impersonnelle.<br />
Agrém<strong>en</strong>té de nombreuses illustrations<br />
couleurs, l’ouvrage, sous la direction d’Ariella<br />
Masboungi, s’articule autour des réalisations et<br />
projets de l’architecte-urbaniste (ZAC Lyon<br />
Conflu<strong>en</strong>ce, Berges de la Maine à Angers, ZAC<br />
Pierre-Jean Amar n’<strong>en</strong> est pas à son premier<br />
recueil de photographies ou traité de l’histoire de<br />
la photographie. Mais La nature, le corps et<br />
l’ombre est unique car il retrace 50 ans de sa vie.<br />
Moins riche iconographiquem<strong>en</strong>t que l’exposition<br />
(voir p. 58) à la Cité du livre à Aix -120<br />
reproductions contre 230 tirages exposés-, l’opus<br />
s’accompagne d’un texte de Jacques Terrasa,<br />
professeur d’arts visuels hispaniques à l’université<br />
d’Aix-Marseille. En 2001, son regard critique<br />
accompagnait déjà le livre Auréli<strong>en</strong> (éd. Filigranes)<br />
consacré aux vingt premières années du fils<br />
de Pierre-Jean Amar. Ici l’auteur évoque la<br />
gestation de l’œuvre, les techniques de laboratoire,<br />
l’isolem<strong>en</strong>t du photographe, son itinéraire<br />
personnel à l’ombre d’une mère dépressive (voir<br />
Zib’25), sa révélation à l’art de l’arg<strong>en</strong>tique qui<br />
le poussa vers la création, mais égalem<strong>en</strong>t vers<br />
l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et l’étude… Il éclaire la transformation<br />
«d’un être touché par la photographie»<br />
qui fréqu<strong>en</strong>ta Willy Ronis, le plastici<strong>en</strong> Louis<br />
Pons ou <strong>en</strong>core le psychothérapeute Noël Salathé<br />
dont il fit de saisissants portraits. Ce sont 50 ans<br />
de travaux personnels, de recherches formelles,<br />
de commandes, d’inv<strong>en</strong>taire du paysage et des<br />
natures mortes. Et 50 ans de contemplation. À<br />
l’instar de ces gargouilles à tête d’oiseau et de<br />
singe photographiés à Notre-Dame de Paris <strong>en</strong><br />
syncrétisme d’univers mythiques ou merveilleux<br />
puisés dans le magique régional (Franche-Comté,<br />
Bretagne), les mythologies des grandes civilisations<br />
(Inde, Mexique, Indi<strong>en</strong>s d’Amérique du<br />
nord), la préhistoire (Altamira), le conte (par<br />
conniv<strong>en</strong>ce avec l’héroïne de Lewis Carroll).<br />
«L’invisible nous parle et le monde qu’il dépeint pr<strong>en</strong>d<br />
la forme d’apparitions ; il éveille <strong>en</strong> chacun de nous<br />
la soif du merveilleux et nous montre le chemin<br />
pour y retourner, celui de la grande conquête de l’<strong>en</strong>fance<br />
qui se perd lorsqu’on nous impose un système<br />
d’éducation rationnel.»<br />
C.L.<br />
de Clichy Batignolles…), successeur du paysagiste<br />
Michel Desvigne. L’hommage r<strong>en</strong>du au<br />
géographe iconoclaste Marcel Roncayolo vi<strong>en</strong>t<br />
corroborer la ville sur mesure, slogan sous forme<br />
de p<strong>en</strong>sée unique mais applicable à chaque projet,<br />
du mom<strong>en</strong>t qu’il épouse les contraintes et organisations<br />
du site. Une publication explicite !<br />
FRED ISOLETTA<br />
Mangriotis, à propos des migrants installés dans<br />
le port grec de Patras, chez le même éditeur (Zib’<br />
45). L’histoire continue, insupportable.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Des hommes viv<strong>en</strong>t ici<br />
Marion Osmont<br />
Images Plurielles, 25 €<br />
1962 qui, <strong>en</strong> ouverture du portfolio, fix<strong>en</strong>t d’un<br />
œil perplexe les toits de la capitale.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
La nature, le corps<br />
et l’ombre<br />
Pierre-Jean Amar<br />
Le Bec <strong>en</strong> l’air, 35 €<br />
Alice Rahon,<br />
L’abeille noire<br />
Dominique<br />
et Juli<strong>en</strong> Ferrandou<br />
Édition TFV-Aube<br />
Elléouët-Breton, DVD<br />
La ville sur mesure<br />
François Grether<br />
Par<strong>en</strong>thèses, 14 €<br />
47<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES
48<br />
Premier XX e<br />
Difficile de réunir au sein d’un même ouvrage la<br />
totalité d’un vingtième siècle musical plus que<br />
pléthorique ? Guillaume Kosmicki et les<br />
éditions Le Mot et le Reste s’<strong>en</strong> sont chargés. En<br />
att<strong>en</strong>dant le second volume qui couvrira les années<br />
soixante à nos jours, Musiques Savantes, de<br />
Debussy au mur de Berlin (1882-1962), offre de<br />
multiples portes d’<strong>en</strong>trées à tous les amateurs<br />
curieux et mélomanes soucieux de parfaire leurs<br />
connaissances. Articulé <strong>en</strong> cinq grandes parties<br />
introduites par un préambule historique, l’ouvrage<br />
fonctionne par <strong>en</strong>trées prés<strong>en</strong>tant œuvres<br />
remarquables, emblématiques ou indisp<strong>en</strong>sables<br />
à la compréh<strong>en</strong>sion d’une époque, d’un courant<br />
artistique. Avec ce type de lecture ludique et<br />
ingénieuse, la multiplicité des musiques dites<br />
savantes ne s’impose pas comme un kaléidoscope<br />
complexe mais comme un puzzle sonore facile à<br />
composer et à compr<strong>en</strong>dre. Une belle réussite.<br />
FRÉDÉRIC ISOLETTA<br />
Musiques savantes<br />
Guillaume Kosmicki<br />
Le Mot et le Reste, 23 €<br />
L<br />
I<br />
V<br />
R<br />
ES<br />
Le danger des liaisons<br />
Pierre-Ambroise Choderlos de Laclos a publié<br />
Les Liaisons Dangereuses <strong>en</strong> 1782. Militaire de<br />
carrière et homme d’un seul livre (mais un chefd’œuvre),<br />
il a marqué la littérature par ce roman<br />
épistolaire de stratégie amoureuse. Dans son<br />
étude, Biancamaria Fontana aborde sa façon<br />
unique de traiter la complexité tragique des<br />
motivations s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tales. Cep<strong>en</strong>dant l’ess<strong>en</strong>tiel<br />
de son propos porte sur la dim<strong>en</strong>sion politique et<br />
idéologique de l’ouvrage : il est question de<br />
liberté, de sujétion, de morale et de religion.<br />
Probablem<strong>en</strong>t athée, Laclos semble considérer la<br />
foi comme une crédulité malsaine. Il est aussi<br />
att<strong>en</strong>tif à la condition féminine : un an après la<br />
publication de son roman, il exposait clairem<strong>en</strong>t<br />
dans un essai que l’éducation ne suffirait pas à<br />
changer le sort des femmes, qu’il leur faudrait<br />
une révolution... Le personnage de la Marquise<br />
de Merteuil est particulièrem<strong>en</strong>t intéressant, et à<br />
plusieurs niveaux : elle a dû se battre pour atteindre<br />
une relative indép<strong>en</strong>dance, pourtant lorsqu’elle<br />
domine, elle aussi veut régner sur des esclaves.<br />
Reste à méditer la conclusion de Laclos : «Notre<br />
raison, déjà si insuffisante pour prév<strong>en</strong>ir nos<br />
malheurs, l’est <strong>en</strong>core davantage pour nous <strong>en</strong><br />
consoler.»<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Du boudoir à la Révolution.<br />
Laclos et les Liaisons dangereuses dans leur siècle<br />
Biancamaria Fontana<br />
Agone, 20 €<br />
Cerner la viol<strong>en</strong>ce<br />
La collection Savoirs à l’œuvre repr<strong>en</strong>d les cycles<br />
de confér<strong>en</strong>ces Échange et diffusion des savoirs<br />
à l’Hôtel du Départem<strong>en</strong>t 13, rassemblant <strong>en</strong><br />
un volume la thématique d’une année. Dans ce<br />
recueil, c’est la période 2008-2009 : Emprises de<br />
la viol<strong>en</strong>ce, regards sur la civilisation contemporaine<br />
qui nous est prés<strong>en</strong>tée. Le plaisir de retrouver sur<br />
papier le texte des interv<strong>en</strong>tions passées n’<strong>en</strong>lève<br />
ri<strong>en</strong> à celui d’assister <strong>en</strong> direct au cycle <strong>en</strong> cours ; au<br />
contraire, les deux sont complém<strong>en</strong>taires, et<br />
stimul<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>vie d’aller plus avant dans la<br />
réflexion, de se procurer certains des ouvrages<br />
cités <strong>en</strong> bibliographie.<br />
On peut voir ce «florilège» de confér<strong>en</strong>ces<br />
comme on ti<strong>en</strong>drait un paquet de cartes <strong>en</strong><br />
mains, pour mieux compr<strong>en</strong>dre la brutalité de<br />
l’hyperconsommation (avec Jean-Pierre Lebrun<br />
ou Dany-Robert Dufour), la mise <strong>en</strong> place<br />
insidieuse d’un appareil de surveillance (Jacques<br />
Donzelot) ou les conséqu<strong>en</strong>ces terribles de<br />
l’appauvrissem<strong>en</strong>t du langage.<br />
Lorsque le linguiste Alain B<strong>en</strong>tolila nous dit<br />
l’importance de la grammaire «libératrice,<br />
subversive» pour articuler ses p<strong>en</strong>sées et «ne pas se<br />
faire avoir», quand Bernard Stiegler nous livre le<br />
mot de Kant sapere aude (ose savoir), tandis que<br />
Marcel Gauchet conclut <strong>en</strong> suggérant que «ri<strong>en</strong><br />
de ce qui est facile n’est intéressant», ils aiguis<strong>en</strong>t<br />
notre <strong>en</strong>vie de les suivre sur les chemins du<br />
savoir…<br />
G.C.<br />
Emprises de la viol<strong>en</strong>ce<br />
Par<strong>en</strong>thèses, 18 €
Tomasi reconnu ?<br />
H<strong>en</strong>ri Tomasi (1901-1971) a longtemps souffert<br />
d’une réputation de «musici<strong>en</strong> du passé», lui qui,<br />
chef d’orchestre, connaisseur de l’équilibre et des<br />
timbres instrum<strong>en</strong>taux, n’a pas abandonné la<br />
préémin<strong>en</strong>ce de la mélodie. Il <strong>en</strong> fallait moins<br />
pour être mis au ban dans la France des Tr<strong>en</strong>te<br />
Glorieuses ! Son importante production, diverse,<br />
connait depuis quelques années (grâce au combat<br />
que mène Claude Tomasi, son fils, pour sa redécouverte)<br />
un intérêt grandissant. Les <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts<br />
qui fleuriss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> sont la preuve. Ce sont les pièces<br />
concertantes qui sont les plus connues, à l’image<br />
de son Concerto pour violon joué récemm<strong>en</strong>t au<br />
Silo par Laur<strong>en</strong>t Korciaet l’Orchestre Philharmonique<br />
de Marseille (voir www.journalzibeline.fr).<br />
Un nouveau disque du label Indés<strong>en</strong>s, fidèle souti<strong>en</strong><br />
du compositeur corse né à Marseille, prés<strong>en</strong>te<br />
ses Concertos pour trompette & trombone datant<br />
de 1949 et 1957. On y <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d deux excell<strong>en</strong>ts solistes<br />
Eric Aubier (trompette) et Fabrice Millischer<br />
(trombone) secondés par l’Orchestre d’Harmonie<br />
de la Garde Républicaine. Au fur et à mesure<br />
de son évolution, Tomasi, d’un tempéram<strong>en</strong>t<br />
profondém<strong>en</strong>t libre, «anarchiste de cœur» et plutôt<br />
marxiste, a «rejoint son temps» <strong>en</strong> écrivant des<br />
pièces <strong>en</strong>gagées qui témoign<strong>en</strong>t des événem<strong>en</strong>ts<br />
du siècle. On <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d aussi Noces de C<strong>en</strong>dres, dénonciation<br />
<strong>en</strong> forme de ballet (1952) de l’absurdité<br />
de la guerre.<br />
Chez Ad Vitam Records on s’attache à des opus<br />
qui attest<strong>en</strong>t de son <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t humaniste et de<br />
son li<strong>en</strong> avec des auteurs contemporains : Le<br />
Sil<strong>en</strong>ce de la mer, drame lyrique sur les mots de<br />
Vercors (1959), Symphonie du Tiers monde inspiré<br />
d’Aimé Césaire (1967) et Retour à Tipasa,<br />
cantate avec récitant sur le texte d’Albert Camus<br />
(1966) : une œuvre lumineuse qui vi<strong>en</strong>t d’être représ<strong>en</strong>tée<br />
au Festival Prés<strong>en</strong>ces de Radio France<br />
au Grand Théâtre de Prov<strong>en</strong>ce (voir p. 19).<br />
JACQUES FRESCHEL<br />
CDs H<strong>en</strong>ri Tomasi<br />
Indés<strong>en</strong>s INDE050<br />
www.indes<strong>en</strong>s.fr<br />
Ad Vitam Records AV<br />
121115<br />
www.advitamrecords.com<br />
49<br />
C<br />
D<br />
Correspondances<br />
Sobrem<strong>en</strong>t intitulé Tina, le nouvel album du<br />
duo marseillais Catherine Vinc<strong>en</strong>t est né <strong>en</strong><br />
hommage à la militante révolutionnaire et<br />
photographe Tina Modotti, pour un voyage à la<br />
fois musical, épistolaire et poétique. Les chansons<br />
de Catherine Estrade (à la basse, l’harmonium<br />
indi<strong>en</strong>, les percussions et surtout au timbre de<br />
voix clair, suave et soyeux) et Vinc<strong>en</strong>t<br />
Commaret (guitares acoustique et électrique,<br />
voix) laiss<strong>en</strong>t la part belle à la correspondance de<br />
la photographe. Chantés <strong>en</strong> français, anglais,<br />
espagnol et itali<strong>en</strong>, ils font écho à ceux d’un autre<br />
photographe à travers son journal mexicain,<br />
Edward Weston. Balades et chansons à textes<br />
nous plong<strong>en</strong>t dans un univers intimiste, tantôt<br />
mélancolique et/ou rock’n’roll, mais toujours<br />
pulsé et soucieux de mettre <strong>en</strong> valeur les<br />
correspondances qui uniss<strong>en</strong>t ce très bel opus aux<br />
voyages, aux combats et à l’itinérance de la muse<br />
militante.<br />
FRED ISOLETTA<br />
Tina<br />
Catherine Vinc<strong>en</strong>t<br />
Musicast distribution<br />
L’alto voyageur<br />
Ferv<strong>en</strong>t déf<strong>en</strong>seur de la musique improvisée, le<br />
label marseillais émouvance prés<strong>en</strong>te le nouvel<br />
opus solo de l’altiste Guillaume Roy. From<br />
scratch est un album brillant, capture d’instants<br />
de création <strong>en</strong>registrés sur deux séances à un an<br />
d’intervalle. Onze titres où Guillaume Roy<br />
sublime la poésie qui l’habite, fait naître onze<br />
s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts de son alto parfois rageur<br />
et incisif, parfois mélancolique ou langoureux.<br />
Le musici<strong>en</strong> explore son instrum<strong>en</strong>t qui frotte<br />
ou sonne, à contremploi ou dans le son, pour<br />
«saisir l’éphémère, juste un état particulier, trouver<br />
l’état… être libre».<br />
KEVIN DERVEAUX<br />
From scratch<br />
Guillaume Roy<br />
www.emouvance.com<br />
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
L’Étranger<br />
Voilà une merveille qui ravira les amateurs<br />
d’opéras français oubliés ! C’est à Montpellier, au<br />
Festival de Radio France <strong>en</strong> 2010, qu’on a<br />
représ<strong>en</strong>té cet Étranger, composé par Vinc<strong>en</strong>t<br />
d’Indy d’après Ibs<strong>en</strong>, opus contemporain de<br />
Pelléas, proposant à sa manière une alternative au<br />
wagnérisme t<strong>en</strong>taculaire. L’histoire de ce pêcheur<br />
étranger, récoltant plus de poissons que ses<br />
congénères, suscitant leur jalousie malgré sa<br />
générosité, aimé de Vita qui sera emportée avec<br />
lui par une déferlante, est chanté par un<br />
formidable couple lyrique, et marseillais :<br />
Cassandre Berthon et Ludovic Tézier. Le tout<br />
dirigé par celui qui est dev<strong>en</strong>u, depuis, le<br />
directeur musical à l’Opéra de Marseille :<br />
Lawr<strong>en</strong>ce Foster !<br />
J.F.<br />
2 CD Accord -<br />
Universal 481 0078<br />
/////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
Mystérieuse fusion<br />
Voix interdites est un opus d’Ahmed Essyad créé<br />
<strong>en</strong> 2005. À l’occasion de sa réc<strong>en</strong>te reprise au<br />
Festival Prés<strong>en</strong>ces à Aix au GTP (voir p. 19), le<br />
label L’empreinte digitale propose un<br />
<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t de ce cycle pour voix et musique<br />
de chambre. C’est l’<strong>en</strong>semble Accroche Note<br />
qui grave trois poèmes soufis d’Hussein Mansour<br />
Al-Hallaj (857-922). La soprano Françoise<br />
Kubler interprète des textes qui accompliss<strong>en</strong>t<br />
une fusion spirituelle <strong>en</strong>tre le corps et l’âme,<br />
trait<strong>en</strong>t de l’effacem<strong>en</strong>t du moi et du<br />
détachem<strong>en</strong>t… Une large place est laissée au<br />
septuor instrum<strong>en</strong>tal qui alterne des musiques<br />
arabes, des inflexions «jazz», des solos<br />
instrum<strong>en</strong>taux de facture contemporaine,<br />
cherchant une symbiose <strong>en</strong>tre ori<strong>en</strong>t et occid<strong>en</strong>t,<br />
tradition et modernité.J.F.<br />
CD L’empreinte digitale<br />
ED13234<br />
www.empreintedigitalelabel.fr
50<br />
C<br />
I<br />
N<br />
É<br />
M<br />
A<br />
Le complexe de Jo(caste)<br />
«Poussez, poussez, tout va bi<strong>en</strong> se passer !». Le film comm<strong>en</strong>ce <strong>en</strong><br />
voix off sur ces paroles rassurantes d’un gynécologue et le<br />
halètem<strong>en</strong>t canin d’une parturi<strong>en</strong>te. Suit l’image de quatre angelots<br />
sur fond bleu. Et par une brutale ellipse, on se retrouve 40 ans plus<br />
tard, à Milos dans les Cyclades. La matriarche Jo (Nicole Garcia) la<br />
soixantaine dynamique et épanouie débarque sur l’île pour organiser<br />
son festival de théâtre annuel. Prétexte pour réunir sur le sol grec<br />
toute sa tribu : sa mère, ses quatre angelots dev<strong>en</strong>us hommes, ses<br />
brus et ses petits-<strong>en</strong>fants. Las ! Crise oblige, ledit «festival» a été<br />
annulé et la maigre subv<strong>en</strong>tion de Culture France <strong>en</strong>gloutie dans<br />
l’installation d’un tout à l’égout. Jo n’étant pas du g<strong>en</strong>re à se<br />
Tu honoreras ta mère de Birgitte Rouan © Stéphane Sartorious-Ad Vitam<br />
soumettre à un destin contraire à son désir, met tout son monde à<br />
contribution pour créer un nouveau spectacle. Ce ne sera plus<br />
vraim<strong>en</strong>t Oedipe-roi mais une fête dionysiaque. Et il faut voir pour le<br />
croire l’exquise Emmanuelle Riva, une granny-pythie aux sombres<br />
prophéties, peindre <strong>en</strong> bleu et rose des phallus géants de carton tout<br />
<strong>en</strong> chantant l’Internationale et téléphoner aux Dieux de l’Olympe sur<br />
son portable ! Pour explorer les rapports mère-fils, Brigitte Roüan<br />
s’amuse avec la mythologie grecque, caricature, décline, répète de<br />
façon trop appuyée parfois, les motifs de l’inceste, du fratricide, du<br />
matricide, passant d’une génération à l’autre (NTM comme<br />
injonction œdipi<strong>en</strong>ne par excell<strong>en</strong>ce !). Jo (caste), hortator de galère,<br />
aurige céleste, gardi<strong>en</strong>ne de mirador, tragédi<strong>en</strong>ne imprécatrice au<br />
haut de la terrasse-rempart de la villa squattée, mère caressante,<br />
poule et louve, dévouée et casse-pied (Oedipe n’a-t-il pas les pieds<br />
<strong>en</strong>flés ?) reste la figure c<strong>en</strong>trale du film, à honorer deux fois selon le<br />
commandem<strong>en</strong>t du titre, Laïos le père ayant depuis longtemps été<br />
éliminé. Mais le scénario sait pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte chaque personnage<br />
avec s<strong>en</strong>sibilité et justesse. Les ados, fils des fils qui secou<strong>en</strong>t pour<br />
la première fois le cordon t<strong>en</strong>u par leurs génitrices et les quatre fils<br />
de Jo tous différ<strong>en</strong>ts. Le «premier de cordon» aîné responsable (Eric<br />
Caracava), le puîné sarcastique et flambeur (Patrick Mille), le<br />
troisième de la série, nounours roux qui ne cesse de chuter (Michaël<br />
Abiteboul) et le b<strong>en</strong>jamin solaire, séduisant comme une icône<br />
Chanel (Gaspard Ulliel). Casting et direction d’acteurs impeccables<br />
pour cette comédie sympathique, à aller voir <strong>en</strong> famille car chacun<br />
y reconnaîtra quelque chose de soi ou des si<strong>en</strong>s.<br />
ÉLISE PADOVANI<br />
Le film Tu honoreras ta mère et... ta mère de Brigitte Roüan<br />
est sorti <strong>en</strong> salles le 6 février<br />
Femme fatale<br />
Une femme, veste longue ouverte sur son<br />
corps nu, fume et manipule de l’arg<strong>en</strong>t dans<br />
une chambre puis donne r<strong>en</strong>dez-vous à un<br />
homme à l’hôtel Kon Tiki. On ne saura que<br />
plus tard les raisons de ce r<strong>en</strong>dez-vous. En<br />
effet, Good Bye Moroccco, le dernier film de<br />
Nadir Moknèche ne suit pas une narration<br />
linéaire et le spectateur est longtemps <strong>en</strong><br />
interrogation sur les motivations et relations<br />
des personnages, <strong>en</strong> particulier celles de<br />
Dounia Abdallah (Loubna Azabal). Divorcée,<br />
ayant perdu la garde de son <strong>en</strong>fant, elle vit<br />
avec un architecte serbe (Rasha Bukvic) à<br />
Tanger et dirige un chantier immobilier, où<br />
sont découvertes des tombes chréti<strong>en</strong>nes du<br />
IV e siècle, ornées de fresques dont une orante,<br />
une femme <strong>en</strong> prière. Une aubaine pour<br />
elle qui, voulant faire quitter le pays à son<br />
fils, va se lancer dans un trafic de pièces archéologiques.<br />
La disparition d’un ouvrier<br />
clandestin nigérian, Gabriel (Ralph Amoussou),<br />
qui a des rapports avec le directeur du<br />
cinéma de Tanger (Grégory Gadebois) va tout<br />
bouleverser, y compris ses rapports avec Ali,<br />
son chauffeur, ami d’<strong>en</strong>fance (Faouzi B<strong>en</strong>saïdi).<br />
Dans ce film noir, le passé resurgit sans cesse<br />
dans le prés<strong>en</strong>t : la fresque, la photo de<br />
l’<strong>en</strong>fance de Dounia et Ali <strong>en</strong>fants, l’ex-mari,<br />
le corps de Gabriel, mettant les personnages<br />
sous le poids de la fatalité tragique. À travers<br />
le personnage de Dounia, la «femme fatale»,<br />
Nadir Moknèche amène le spectateur à s’interroger<br />
sur le statut de la femme, sur les<br />
rapports de classe, sur les tabous autour du<br />
mariage interreligieux, tout naturellem<strong>en</strong>t,<br />
sans didactisme.<br />
La photographie d’Hélène Louvart restitue<br />
à merveille l’atmosphère du film noir : la<br />
moiteur, le brouillard, et la lumière blanche<br />
de Tanger. Un film réussi.<br />
ANNIE GAVA<br />
Le film a été prés<strong>en</strong>té <strong>en</strong> avant-première<br />
au cinéma Les Variétés le 1 er février,<br />
<strong>en</strong> collaboration avec AFLAM, suivi d’un débat<br />
animé par Tahar Chikhaoui, critique de<br />
cinéma. En salles depuis le 13 février.<br />
Les Variétés<br />
09 75 83 53 19<br />
www.cinemetroart.com<br />
Goodbye Morocco de Nadir Mokneche
L’exil et le royaume<br />
Frêle, flottant dans un vêtem<strong>en</strong>t trop grand, se balançant d’un pied<br />
sur l’autre comme pour chercher un appui, les phrases tout aussi<br />
susp<strong>en</strong>dues que le corps, Kiye Simon Luang est v<strong>en</strong>u prés<strong>en</strong>ter <strong>en</strong><br />
avant-première à l’Alhambra, ce 24 janvier, son dernier film Tuk tuk,<br />
un moy<strong>en</strong>-métrage distribué par la désormais «frichiste» Shellac<br />
sud/Film flamme et produit par Thomas Ordonneau. Né au Laos<br />
<strong>en</strong> 1966, accueilli à 10 ans par une famille française, le réalisateur<br />
n’est retourné dans son pays que 17 ans plus tard et n’<strong>en</strong> finit pas de<br />
dire, film après film, avec pudeur et délicatesse, l’exil et le retour. Ce<br />
dernier opus pr<strong>en</strong>d la forme d’un road movie. Hèk (interprété par<br />
Kiyé lui-même), rev<strong>en</strong>u au pays natal après 35 années passées <strong>en</strong><br />
France, <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d avec son frère de transporter les c<strong>en</strong>dres de leur<br />
père jusqu’au village natal de ce dernier. Moy<strong>en</strong> de locomotion prisé<br />
<strong>en</strong> Asie, le tuk tuk, emblème des laoti<strong>en</strong>s selon Kiyé, pour la<br />
souplesse de conduite qu’il exige sur des routes-pistes défoncées et<br />
le détachem<strong>en</strong>t z<strong>en</strong> qu’il nécessite pour souffrir son inconfort,<br />
devi<strong>en</strong>t une allégorie du film. Modeste et ambitieux (jamais un voyage<br />
dans les montagnes ne serait possible avec cet <strong>en</strong>gin !), jouant sur<br />
le concret du docum<strong>en</strong>taire et la liberté d’une fiction, allant son train<br />
par sauts successifs le long d’un trajet-trajectoire parfois elliptique,<br />
Tuk tuk <strong>en</strong>traîne les spectateurs dans un Laos intime, pays d’origine<br />
universel. Un «quelque part» auquel tous aspir<strong>en</strong>t. La silhouette de<br />
Hèk <strong>en</strong> costume noir, improbable dans ce contexte, voulu «comme<br />
un coup de pinceau dans l’image», la caresse de la mère sur les<br />
cheveux de son fils, les corps des frères <strong>en</strong>dormis, le rire de l’ivresse,<br />
le partage des repas. Peu d’informations sur ces personnages définis<br />
comme «la mère», «le petit frère», une française de hasard croisée<br />
à l’aéroport, qui s’affirm<strong>en</strong>t par l’évid<strong>en</strong>ce seule de leur prés<strong>en</strong>ce<br />
dans le champ, sans bavardages. Le cinéma comme royaume fictif<br />
«où chacun peut apporter son histoire» a conclu Kjié Simon Luang,<br />
avant d’<strong>en</strong>gager le public à aller goûter dans le hall, le plat national<br />
du Laos, un laap géant.<br />
ÉLISE PADOVANI<br />
Tuk tuk de Kiye Simon Luang<br />
Movies qui<br />
mouv<strong>en</strong>t<br />
Le groupe artistique Les Pas perdus, «association<br />
nomade adepte des jeux de mots et des couleurs<br />
vives» proposait le 29 janvier aux Variétés une<br />
«soirée mouvem<strong>en</strong>tée», relevée au jus de gingembre<br />
offert <strong>en</strong> fin de projection. Mouvem<strong>en</strong>tée, la<br />
soirée ne le fut -et c’est heureux- qu’au travers des<br />
trois «movies» proposés. Tous trois témoignant<br />
d’une belle énergie créative pour faire «bouger» le<br />
monde et, sous des dehors farfelus, d’un sacré<br />
travail ! La balle au bond, réalisé par le plastici<strong>en</strong><br />
Guy-André Lagesse dans le cadre du projet Footsak,<br />
<strong>en</strong>chaîne dix micro-fictions nées des échanges<br />
autour du ballon rond avec des africains r<strong>en</strong>contrés<br />
p<strong>en</strong>dant la préparation de la Coupe du monde de<br />
2010, <strong>en</strong> Afrique du sud. D’Alger à Durban, d’un<br />
shoot sahraoui impossible devant des poteaux <strong>en</strong><br />
perpétuel mouvem<strong>en</strong>t, se transformant <strong>en</strong> tir à<br />
balles réelles à la fabrication d’un ballon froufroutant<br />
créé à partir de sacs plastique glanés dans<br />
les buissons, <strong>en</strong> passant par les extravagants maquillages<br />
et costumes des supporters, se dessine<br />
une Afrique effervesc<strong>en</strong>te, inspirée, inv<strong>en</strong>tive. Là où<br />
les ancêtres mèn<strong>en</strong>t la danse, un film «plus ou<br />
moins» de l’architecte Doung Answaaar Jahangeer<br />
et du même Lagesse, se définit comme un «walk<br />
movie». Marche des deux réalisateurs <strong>en</strong>tre les<br />
squats de Cato Manor et le c<strong>en</strong>tre de Durban. Entre<br />
passé ségrégationniste et prés<strong>en</strong>t post apartheid,<br />
des écrans s’ouvr<strong>en</strong>t dans les murs, les ancêtres<br />
apparaiss<strong>en</strong>t, disparaiss<strong>en</strong>t dans le ciel ou le<br />
caniveau. Subtilité des impressions croisées, des<br />
superpositions, dynamisme de la ville <strong>en</strong>tre visible<br />
et invisible. La prom<strong>en</strong>ade du jardin des souhaits<br />
bricolés de Catherine Terrier et de Lagesse, autodocum<strong>en</strong>taire<br />
sur l’expéri<strong>en</strong>ce du groupe dans<br />
l’anci<strong>en</strong>ne cité minière de Bruay-La-Buissière, se<br />
dit «une œuvre de presque ri<strong>en</strong> et de pratiquem<strong>en</strong>t<br />
tout». Accoucher les habitants de la région dev<strong>en</strong>us<br />
«des occasionnels de l’art» de réalisations plastiques<br />
visuelles et sonores abouties, libérer les regards<br />
sur ce lieu traversé de souv<strong>en</strong>irs, faire surgir dans le<br />
paysage un art brut qui transforme, bouleverse,<br />
étonne jusqu’aux auteurs eux-mêmes des projets,<br />
orchestrer avec humour, bonhomie, respect, les<br />
idées de chacun, créer un jardin commun cultivé de<br />
désirs, d’histoires, d’émotions. Un parti-pris poétique<br />
drôle, émouvant, optimiste et jubilatoire !<br />
E.P.<br />
Cette soirée a marqué le lancem<strong>en</strong>t<br />
des réalisations du groupe artistique<br />
Les Pas Perdus dans le cadre de MP2013.<br />
À suivre sur www.lespasperdus.com<br />
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RetrouveZ sur notre site ces critiques cinéma et découvreZ les autres !<br />
www.journalzibeline.fr<br />
- ÉCRANS VOYAGEURS À MARTIGUES<br />
- RENCONTRES DE MANOSQUE<br />
- POLAR ET LUMIÈRES À VITROLLES
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INÉMA<br />
Écrans Voyageurs 3<br />
Une fois que tu es né de Marco Tullio Giordana<br />
Du 12 au 17 fév au Cinéma Les Lumières, 3 e<br />
escale des Écrans Voyageurs, <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />
de Marco Tullio Giordana. Seront prés<strong>en</strong>tés<br />
plusieurs films du réalisateur itali<strong>en</strong> : Pasolini,<br />
mort d’un poète, Une Fois que tu es né,<br />
Les C<strong>en</strong>t pas, Une Histoire itali<strong>en</strong>ne, Nos<br />
meilleures années ainsi que son dernier<br />
opus, Piazza Fontana.<br />
Le 16 fév à 18h15, discussion avec Jean Gili,<br />
rédacteur de Positif et Marco Tullio Giordana<br />
qui prés<strong>en</strong>tera sa Carte Blanche, La<br />
Règle du jeu de Jean R<strong>en</strong>oir.<br />
Les Lumières, Vitrolles<br />
04 42 77 90 77<br />
www.cinemaleslumieres.fr<br />
www.ecransvoyageurs.fr<br />
Les Écrans d’Aflam<br />
Le 14 fév à 14h et 19h à la Maison de la Région,<br />
Les Écrans d’Aflam propos<strong>en</strong>t Nous<br />
sommes ici, un docum<strong>en</strong>taire d’Abdallah<br />
Yahya. Après la révolution du 14 janvier, un<br />
groupe de jeunes chanteurs de rap Tunisi<strong>en</strong>s<br />
essaye de faire <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sa voix à partir des<br />
chansons qui exprim<strong>en</strong>t la souffrance quotidi<strong>en</strong>ne<br />
des g<strong>en</strong>s. En parallèle, des lycé<strong>en</strong>s<br />
cherch<strong>en</strong>t à atténuer cette souffrance, <strong>en</strong><br />
pr<strong>en</strong>ant une initiative qui dépasse leur <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t<br />
étroit, et leur permet de prouver<br />
leurs exist<strong>en</strong>ces comme acteurs positifs de<br />
la société. Entrée libre.<br />
Aflam, Marseille<br />
04 91 47 73 94<br />
www.aflam.fr<br />
Musique [s], on tourne !<br />
Le 16 fév à 18h au Polygone Étoilé, dans le<br />
cadre de Musique [s], on tourne !, Peuple et<br />
culture, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Association<br />
Française des Anthropologues, propose<br />
d’explorer la Mégapole avec deux films : We<br />
don’t Care About Music Anyway de Cédric<br />
Dupire et Gaspard Ku<strong>en</strong>tz, vision kaléidoscopique<br />
de Tokyo, confrontant musique et<br />
bruit, sons et images, représ<strong>en</strong>tation et réalité,<br />
fiction et docum<strong>en</strong>taire ; puis Saudade<br />
do Futuro de Marie Clém<strong>en</strong>ce et César Paes,<br />
le São Paulo des rep<strong>en</strong>tistas nordestins.<br />
Peuple et Culture, Marseille<br />
04 91 24 89 71<br />
www.peuple-culture-marseille.org<br />
We don’t Care About Music Anyway de Cedric Dupire et Gaspard Ku<strong>en</strong>tz<br />
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Afrique et émancipations<br />
Le 19 fév à 14h au Cinéma du Merlan, dans<br />
le cadre du cycle Afrique et émancipations,<br />
Aflam propose 3 courts métrages algéri<strong>en</strong>s :<br />
Goulili de Sabrina Draoui, Cousines de Lyes<br />
Salem et Garagouz d’Abd<strong>en</strong>our Zahzah.<br />
Aflam, Marseille<br />
04 91 47 73 94<br />
www.aflam.fr<br />
Garagouz d’Abd<strong>en</strong>our Zahzah<br />
Cinémathèque<br />
Les Mardis de la Cinémathèque propos<strong>en</strong>t à<br />
19h le 19 fév, à l’Espace Cézanne du CRDP,<br />
Baby Doll d’Elia Kazan avec Carroll Baker,<br />
le 26 ce sera Carm<strong>en</strong> Jones le film musical<br />
d’Otto Preminger avec Dorothy Dandridge,<br />
Harry Belafonte, Pearl Bailey. Le 5 mars,<br />
Casque d’or de Jacques Becker avec<br />
Simone Signoret, Serge Reggiani, Claude<br />
Dauphin, Raymond Bussières ; <strong>en</strong>fin le 12<br />
mars, Le Cheval d’orgueil de Claude Chabrol,<br />
adapté du récit de Pierre Jakez Hélias.<br />
Cinémathèque de Marseille<br />
04 91 50 64 48<br />
www.cinemathequedemarseille.fr<br />
Les minots, au Château<br />
V<strong>en</strong>t de folie à la ferme d’Abdollah Alimorad, Ahmad Arabani et Aviz Mirfakhrai<br />
Du 20 fév au 2 mars à 14h30 et à 16h, La Buzine<br />
propose une programmation dédiée aux<br />
<strong>en</strong>fants. Le Gruffalo, dessin animé de Jacob<br />
Schuh et Max Lang, Le Kid et Le Cirque de<br />
Charlie Chaplin, V<strong>en</strong>t de folie à la ferme<br />
d’Abdollah Alimorad, Ahmad Arabani et<br />
Aviz Mirfakhraï, Le petit monde de Bahador<br />
d’Abdollah Alimorad, Ali Asghar-zadeh et<br />
Behzad Farahat, Le défi de Bianca Li.<br />
La Buzine, Marseille<br />
04 91 45 27 <strong>60</strong><br />
www.chateaudelabuzine.com<br />
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Si puo fare<br />
Le 26 fév à 18h, à l’Institut Culturel Itali<strong>en</strong>,<br />
projection de Si puo fare de Giulio Manfredonia,<br />
avec Claudio Bisio, Anita Caprioli,<br />
Giuseppe Battiston… Nello, homme d’affaires<br />
milanais qui vi<strong>en</strong>t de perdre son travail,<br />
se retrouve à la tête d’une coopérative d’anci<strong>en</strong>s<br />
malades m<strong>en</strong>taux transférés après<br />
que l’État itali<strong>en</strong> a clos les hôpitaux psychiatriques<br />
du pays <strong>en</strong> application de la Loi Basaglia.<br />
En ferv<strong>en</strong>t partisan de la dignité dans le<br />
monde du travail, Nello <strong>en</strong>courage les<br />
membres de la coopérative à appr<strong>en</strong>dre un<br />
métier et inv<strong>en</strong>te pour chacun d’eux un rôle<br />
remarquablem<strong>en</strong>t adapté à leurs capacités.<br />
ICI, Marseille<br />
04 91 48 51 94<br />
www.iicmarsiglia.esteri.it<br />
Kino Fada Kabaret<br />
Le 28 fév à 20h au cinéma Les Variétés,<br />
séance spéciale Kino Fada Kabaret, programmée<br />
dans le cadre de Marseille 2013<br />
Off : projection de films écrits, tournés et<br />
montés durant le Kino Kabaret du 16 au 22<br />
février.<br />
Les Variétés, Marseille<br />
www.kino-fada.fr/kino-fada-kabaret-2013<br />
L’Odyssée du cinéma grec<br />
Du 6 au 26 mars, dans le cadre d’Escales<br />
d’Ulysses, l’Institut de l’image propose<br />
L’Odyssée du cinéma grec avec les films de<br />
Théo Angelopoulos, Le Voyage des comédi<strong>en</strong>s,<br />
L’Apiculteur, Le Pas susp<strong>en</strong>du de la<br />
cigogne, Le Regard d’Ulysse… ainsi que Stella<br />
femme libre de Cacoyannis, Canine de<br />
Yórgos Lánthimos, Att<strong>en</strong>berg d’Athina<br />
Rachel Tsangari.<br />
Institut de l’Image, Aix<br />
04 42 26 81 82<br />
www.institut-image.org<br />
Bus 678<br />
Le 8 mars, à l’occasion de la Journée<br />
Internationale des Femmes, Art et Essai<br />
Lumière propose, au cinéma Lumière, Les<br />
femmes du bus 678 de Mohamed Diab. Le<br />
film sera prés<strong>en</strong>té par Jeanne Baumberger,<br />
responsable de programmation de Sous le<br />
Signe d’Averroès et sera suivi d’un débat.<br />
Trois femmes aux vies totalem<strong>en</strong>t<br />
différ<strong>en</strong>tes, s’uniss<strong>en</strong>t pour combattre le<br />
machisme et les attouchem<strong>en</strong>ts impunis qui<br />
séviss<strong>en</strong>t au Caire dans les rues, dans les<br />
bus et dans leurs maisons…<br />
Art et Essai Lumière, La Ciotat<br />
04 42 83 20 57.<br />
www.artetessailumiere.fr/<br />
Les femmes du bus 678 de Mohamed Diab
Écrans Voyageurs 4<br />
Les 9 et 10 mars au cinéma Le Méliès, Escale 4 des Écrans<br />
Voyageurs <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de Rabah Ameur-Zaïmeche, accompagné<br />
d’Elise Dom<strong>en</strong>ach, rédactrice de Positif. 4 longs métrages du<br />
réalisateur né à B<strong>en</strong>i Zid (Algérie)<br />
Bled Number On de Rabah Ameur-Zaimeche<br />
seront prés<strong>en</strong>tés : Wesh wesh,<br />
qu’est-ce qui se passe ; Bled<br />
Number One ; Dernier maquis ;<br />
Les Chants de Mandrin.<br />
Le Méliès, Port de Bouc<br />
04 42 06 29 77<br />
www.cinemeliesportdebouc.fr<br />
www.ecransvoyageurs.fr<br />
Classe de neige<br />
Le 14 mars à 20h Cinépage, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Cinéma Pathé<br />
Madeleine, propose La Classe de neige de Claude Miller, adaptée du<br />
roman d’Emmanuel Carrère, Prix spécial du jury au festival de<br />
Cannes 1998. Dans une classe de neige, Nicolas, un <strong>en</strong>fant grave,<br />
fragile et perturbé, est assailli de souv<strong>en</strong>irs douloureux et de<br />
fantasmes parfois terrifiants. Il <strong>en</strong>traîne peu à peu son ami Hodkann<br />
dans sa dérive m<strong>en</strong>tale <strong>en</strong> lui racontant de terribles histoires…<br />
Cinépage, Marseille<br />
04 91 85 07 17<br />
www.cinepage.com<br />
Nous sommes ici<br />
Le 14 mars à 14h et le 15 mars à 19h30, dans le cadre du cycle<br />
Afrique et émancipations, Aflam propose Nous sommes ici, un<br />
docum<strong>en</strong>taire du réalisateur tunisi<strong>en</strong> Abdallah Yahya.<br />
Aflam, Marseille<br />
04 91 47 73 94<br />
www.aflam.fr<br />
Sud-américain<br />
Du 15 au 23 mars se<br />
ti<strong>en</strong>dront à La Friche<br />
les 15 e R<strong>en</strong>contres de<br />
cinéma sud-américain,<br />
autour du thème<br />
Errances et racines :<br />
45 films inédits dont 9<br />
longs métrages et 12<br />
courts <strong>en</strong> compétition. Invité d’honneur, le réalisateur mexicain<br />
Jorge Fons qui prés<strong>en</strong>tera son film El callejón de los milagros<br />
adapté du roman de l’écrivain égypti<strong>en</strong> Naguib Mahfouz. Une<br />
rétrospective sera consacrée à Juan Pablo Zamarella, réalisateur<br />
arg<strong>en</strong>tin.<br />
ASPAS, Marseille<br />
04 91 48 78 51<br />
http://aspas-marseille.org<br />
Léo Ferré<br />
Le 18 mars à 20h au cinéma Les<br />
Variétés, à l’occasion du Festival<br />
Avec le temps (voir p. 11) projection<br />
du Récital Leo Ferré, Sur<br />
la Scène... Olympia 1972 : chansons<br />
connues (Avec le Temps,<br />
Pépée, Vingt ans, Les Poètes...),<br />
chansons méconnues ou rares<br />
(Les Souv<strong>en</strong>irs, Rotterdam, Les<br />
Étrangers, La Fleur de l’Âge,<br />
Vitrines).<br />
Les Variétés, Marseille<br />
09 75 83 53 19<br />
www.cinemetroart.com<br />
El callejon de los milagros de Jorge Fons<br />
Récital Léo Ferré, Sur la Sc<strong>en</strong>e
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Femme <strong>en</strong> noir, <strong>en</strong>cre de chine sur toile de jute, 102 x 175cm, Sophie Degano © Sophie Degano<br />
Hélène et Rachel Theret<br />
D’énigmatiques paysages, des silhouettes d’arbres vaporeuses<br />
dans les photographies de Rachel ; des textures raffinées, des<br />
matières organiques dans celles d’Hélène. Les sœurs Theret,<br />
connues pour leurs portraits depuis le début des années 70,<br />
transc<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t leurs photographies <strong>en</strong> visions poétiques<br />
saupoudrées de lumière. Des paysages et des objets, leurs<br />
regards ne reti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que l’ess<strong>en</strong>tiel. M.G.-G.<br />
Nomade avec son aigle, 1932 © Ella Maillart<br />
jusqu’au 30 mars<br />
Les Chantiers de la lune, La Seyne<br />
04 94 06 49 26<br />
www.leschantiersdelalune.com<br />
Femmes <strong>en</strong> noir<br />
Les <strong>en</strong>cres sur toile de jute de Sophie Degano expos<strong>en</strong>t<br />
les souffrances des femmes, leur courage face aux guerres,<br />
déportations, viols, exils… Hommage à toutes ces femmes du<br />
Rwanda, du Kosovo, de Sierra Leone ou de Syrie, son travail<br />
graphique et pictural met <strong>en</strong> lambeaux leurs corps meurtris<br />
et déchire l’espace de la feuille. Mais son «expressionnisme» n’est<br />
jamais désespéré. M.G.-G.<br />
Sophie Degano<br />
jusqu’au 23 février<br />
Galerie Françoise Estran, Marseille 6 e<br />
04 88 04 59 38<br />
www.galeriefrancoiseestran.com<br />
Sans titre © Hel<strong>en</strong>e et Rachel Theret<br />
Photographes voyageurs<br />
Ella Maillart et Nicolas Bouvier avai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> commun l’amour des<br />
voyages initiatiques, une curiosité du monde, le goût des<br />
expéri<strong>en</strong>ces nomades. Tous deux, décédés, sont les témoins d’un<br />
monde disparu mais jamais oublié grâce à leurs œuvres<br />
photographiques et littéraires. Avec eux, la galerie du Théâtre<br />
inaugure une collaboration avec le Musée de l’Élysée à Lausanne<br />
qui déti<strong>en</strong>t les fonds photographiques de ces deux artistes et<br />
amis. M.G.-G.<br />
Le Monde pour horizon<br />
Ella Maillart<br />
jusqu’au 2 mars<br />
L’œil du voyageur<br />
Nicolas Bouvier<br />
du 12 mars au 4 mai<br />
Théâtre La Passerelle, Gap<br />
04 92 52 50 20<br />
www.theatre-la-passerelle.eu<br />
© Cyril Hatt et Eve Maillot<br />
180 degrés<br />
L’illusion est totale ! Cyril Hatt et Ève Maillot ont investi Territoires<br />
partagés d’une manière singulière : l’un, sculpteur-photographe,<br />
<strong>en</strong> reconstituant à l’échelle 1 une cuisine et ses objets ; l’autre <strong>en</strong><br />
emprisonnant les matières ou les déchets (bananes, feuilles de<br />
salade, torchon, serviette jetable…). Un premier temps fort qui<br />
annonce un cycle très prometteur autour de la cuisine dans l’art<br />
contemporain. M.G.-G.<br />
Cyril Hatt & Ève Maillot<br />
jusqu’au 30 mars<br />
Galerie Territoires partagés, Marseille 6 e<br />
09 51 21 61 85
L’Âge noir<br />
Avec cette série, Pierre Pellizon poursuit son travail singulier où la terre cuite prête forme<br />
à la tragédie humaine : «L’Âge noir est un travail sur les charniers et le li<strong>en</strong> qui nous unis,<br />
celui de la mort. Aucun corps n’est seul, ils sont tous emmêlés comme un ultime acte<br />
d‘amour..!» L’<strong>en</strong>semble prés<strong>en</strong>té est constitué d’une tr<strong>en</strong>taine d’œuvres réc<strong>en</strong>tes<br />
complété de plusieurs pièces <strong>en</strong> bronze de la galerie. C.L.<br />
Pierre Pellizon, sculptures<br />
jusqu’au 16 mars<br />
Galerie Sordini, Marseille<br />
04 91 55 59 99<br />
www.galerie-sordini.com<br />
Pierre Pellizon, L'Âge noir © Christophe Iliou<br />
SIAC<br />
Amateurs éclairés ou néophytes, passionnés et collectionneurs de toutes t<strong>en</strong>dances,<br />
la 13 e édition du Salon International d’Art Contemporain prés<strong>en</strong>tera comme<br />
à l’accoutumée les multiples modes d’expression artistiques à travers près<br />
de c<strong>en</strong>t cinquante exposants dont les lauréats du Prix Public 2012 Yann Letestu<br />
dans la catégorie peinture et Vinc<strong>en</strong>t Magni pour la sculpture.<br />
Inauguration le 8 mars à 10h, vernissage à 18h. C.L.<br />
du 8 au 11 mars<br />
Parc Chanot, Marseille<br />
www.siac-marseille.com<br />
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Miami Face of Geisha 2013 © MILA<br />
Femmes !<br />
Pour la Journée Internationale de la Femme, Reg’Art s’<strong>en</strong>gage<br />
auprès d’Amnesty International et <strong>en</strong> profite pour s’ouvrir au<br />
regard des hommes bi<strong>en</strong>veillants pour une exposition commune.<br />
Vernissage le 8 mars à 18h, visites guidées les 9 et 10 à 16h.<br />
Débat La viol<strong>en</strong>ce faite aux femmes, le 9 à 17h.<br />
Pour le droit des femmes et contre l’ignominie partout<br />
dans le monde et à Aubagne : mobilisation ! C.L<br />
Marius Millo pour Reg'Art 2013 © Marius Millo<br />
Reg’Art sur les viol<strong>en</strong>ces faites aux femmes<br />
les 8, 9 et 10 mars<br />
Salle du Bras d’Or, Aubagne<br />
04 42 18 17 17<br />
http://regart-aubagne-8mars.over-blog.com<br />
Rifle, Arroyo Grande 2012 © Caroline Chevalier<br />
V<strong>en</strong>t d’Hiver<br />
Bi<strong>en</strong> qu’installés dans un modeste estanco, les Comptoirs<br />
Arlési<strong>en</strong>s de la Photographie propos<strong>en</strong>t depuis 2011 une<br />
programmation d’auteurs remarquable. À découvrir <strong>en</strong> ce début<br />
2013, deux séries inédites de Caroline Chevalier, Wild Horse/CA<br />
2012 et celle que Sophie Zénon vi<strong>en</strong>t de réaliser <strong>en</strong> Italie. Quant à<br />
Faustine Ferhmin elle prés<strong>en</strong>te une sélection de son travail très<br />
remarqué sur le Marais Poitevin. C.L.<br />
jusqu’au 21 mars<br />
CAP, Arles<br />
06 07 78 94 71<br />
www.comptoirsarlesi<strong>en</strong>s.com
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Point final<br />
«Arp<strong>en</strong>ter un espace numérique luxuriant,<br />
toucher du doigt des algorithmes, éprouver<br />
la matière de la lumière», tel est le projet de<br />
XYZT, Les paysages abstraits qui emprunte<br />
son titre aux mathématiques. X Horizontalité,<br />
Y Verticalité, Z Profondeur, T Temps :<br />
quatre lettres qui serv<strong>en</strong>t à positionner un<br />
point dans l’espace. L’argum<strong>en</strong>taire de<br />
Claire Bardainne et Adri<strong>en</strong> Mondot est<br />
parfaitem<strong>en</strong>t huilé et leurs dispositifs interactifs<br />
ou immersifs, au design graphique<br />
minimaliste, sont accessibles à tous : «Tout<br />
est à vue, on n’est pas des magici<strong>en</strong>s.» Mais<br />
quelle déception quand on les expérim<strong>en</strong>te !<br />
XYZT, Champ de vecteurs © Laur<strong>en</strong>ce Fragnol<br />
On est très loin des effets visuels et sonores<br />
produits par l’Electronic Show de Naziha<br />
Mestaoui et Yacine Aït 1 qui réalisait la fusion<br />
<strong>en</strong>tre la matière et l’immatériel, ou de<br />
l’installation Méditations Méditerranée du<br />
Studio Azzurro 2 qui proposait un voyage<br />
s<strong>en</strong>sible à travers cinq paysages instables…<br />
Issu du spectacle vivant, le duo d’artistes<br />
déf<strong>en</strong>d l’idée du «numérique vivant» dans<br />
cette exposition conçue «comme la<br />
traversée d’une nature revisitée». Avec des<br />
haltes, des horizons, et plusieurs territoires.<br />
Là <strong>en</strong>core, Nicole et Robert Corsino avai<strong>en</strong>t<br />
montré la voie lors d’une expositionmanifeste<br />
au [Mac] de Marseille… <strong>en</strong> 2001 !<br />
Dans leurs spectacles, leur démarche, id<strong>en</strong>tique,<br />
mêle étroitem<strong>en</strong>t interprètes munis<br />
de capteurs électroniques, images numériques,<br />
création sonore. Resté sur votre faim,<br />
vous pourrez <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ter l’expéri<strong>en</strong>ce le 16 fév<br />
au Théâtre Liberté avec Un point c’est tout,<br />
«show multimédia poétique exploitant les<br />
imm<strong>en</strong>ses possibilités des univers virtuels».<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
1<br />
Exposition Futuréalismes au musée Granet <strong>en</strong><br />
2010 (voir Zib’36)<br />
2<br />
Exposition au C<strong>en</strong>tre de la Vieille Charité <strong>en</strong> 2003<br />
XYZT, Les paysages abstraits<br />
jusqu’au 3 mars<br />
Hôtel des arts, Toulon<br />
04 94 91 69 18<br />
www.hdatoulon.fr<br />
Effeuillons au Panier<br />
Le Préau des Accoules s’est transformé <strong>en</strong><br />
musée-jardin. Des fleurs s’y épanouiss<strong>en</strong>t<br />
sur des vêtem<strong>en</strong>ts, des céramiques, des<br />
peintures ou se faufil<strong>en</strong>t sur les murs. Dès<br />
l’<strong>en</strong>trée dans la superbe salle d’architecture<br />
néo-classique, les <strong>en</strong>fants sont accueillis<br />
par des fleurs géantes dont ils démonteront<br />
avec délice pétales, coeur ou étamines.<br />
Partout des motifs fleuris, sur des vases, des<br />
chaussures, des vêtem<strong>en</strong>ts ; on apprécie la<br />
par<strong>en</strong>té <strong>en</strong>tre un caraco prov<strong>en</strong>çal du XVIII e<br />
siècle et une veste de Christian Lacroix, on<br />
s’amuse d’une t<strong>en</strong>ue balnéaire des années<br />
<strong>60</strong> comme d’un bonnet chinois brodé qui<br />
protège le bébé des mauvais sorts. L’<strong>en</strong>fant<br />
découvre les variétés et les couleurs des<br />
fleurs, les cycles de la vie, du bouton à la<br />
flétrissure, et appr<strong>en</strong>d la notion de symbole.<br />
Il s’initie aussi à la décoration <strong>en</strong> composant<br />
des frises à l’aide de magnets, et appr<strong>en</strong>d à<br />
reconnaître les parfums grâce à des<br />
ess<strong>en</strong>ces naturelles cachées dans des<br />
arrosoirs. Sur un livret illustré qu’il gardera,<br />
il pourra dessiner un bouquet, compléter<br />
une liste d’expressions dans lesquelles les<br />
fleurs ont le premier rôle, s’amuser du pot<br />
aux roses ou rougir comme une pivoine !<br />
Ludiques et pédagogiques, les expositions<br />
Exposition, Un peu, beaucoup, passionnem<strong>en</strong>t © Francois Moura<br />
du Préau sont préparées minutieusem<strong>en</strong>t<br />
par une équipe soucieuse d’exploiter, pour<br />
les <strong>en</strong>fants, les richesses des Musées de<br />
Marseille. Promesse t<strong>en</strong>ue !<br />
CHRIS BOURGUE<br />
Un peu, beaucoup, passionném<strong>en</strong>t…<br />
jusqu’au 26 mai<br />
Le Préau des Accoules, Marseille<br />
04 91 91 52 06<br />
www.marseille.fr
Karim Ghelloussi, Sans titre (Au desert j'ai du me r<strong>en</strong>dre), 2012 2013 © X-D.R.<br />
Ondes de chocs<br />
Deux générations, quatre pratiques,<br />
des origines multiples : un<br />
quatuor improbable est dev<strong>en</strong>u<br />
réalité grâce à la galerie Martagon<br />
à Malaucène et la galerie<br />
du Château de Servières à<br />
Marseille qui ont œuvré <strong>en</strong>semble.<br />
Étrangem<strong>en</strong>t les voix des<br />
artistes résonn<strong>en</strong>t dissonantes<br />
et euphoniques à la fois car chaque<br />
salle, conçue comme une<br />
mini-exposition personnelle,<br />
laisse <strong>en</strong>trevoir une échappée<br />
belle vers l’autre. Il <strong>en</strong> résulte<br />
une fluidité qui nous fait circuler<br />
comme un aimant <strong>en</strong>tre les<br />
œuvres.<br />
Entre chi<strong>en</strong> et loup comm<strong>en</strong>ce<br />
avec les inv<strong>en</strong>taires et les objets<br />
d’Akram Lee saupoudrés dans<br />
l’espace avec délicatesse, subtil<br />
travail qui pourrait faire l’effet<br />
d’une bombe ! Dans 100 ml, l’alignem<strong>en</strong>t<br />
de flacons transpar<strong>en</strong>ts,<br />
à priori inoff<strong>en</strong>sifs, est accompagné<br />
d’une liste des possibles<br />
cont<strong>en</strong>us interdits par l’aviation<br />
civile à tout le moins explosifs…<br />
Oubliant la métaphore, Akram<br />
Lee pose discrètem<strong>en</strong>t dans les<br />
recoins de petites bombes à retardem<strong>en</strong>t,<br />
comme d’une main<br />
de fer dans un gant de velours.<br />
En écho, d’appar<strong>en</strong>ce tout aussi<br />
fragile, le dessin mural réalisé<br />
par Jérémie Delhome dévoile<br />
une autre facette de son tal<strong>en</strong>t<br />
de coloriste : les impressions<br />
tamponnées compos<strong>en</strong>t une<br />
mer bleue froissée, volatile. Bel<br />
aperçu d’une série d’empreintes<br />
exposées plus loin, où l’on<br />
retrouve les formes compactes<br />
habituellem<strong>en</strong>t peintes, ici<br />
légères comme des plumes.<br />
Comme lui, le néo-zélandais Bill<br />
Culbert offre une installation in<br />
situ, à la luminesc<strong>en</strong>ce «brutale»,<br />
née du contraste <strong>en</strong>tre 10<br />
néons et 10 vieux guéridons servant<br />
de support. Une fois cette<br />
allée sculptée traversée et le<br />
passage par les coulisses, on<br />
tombe nez à nez avec le groupe<br />
sculpté de Karim Ghelousssi<br />
(Au désert j’ai dû me r<strong>en</strong>dre) :<br />
assis, <strong>en</strong> marche, visages muets,<br />
corps lourds, les boat-people ne<br />
sont pas prêts de disparaître.<br />
C’est un coup de massue <strong>en</strong><br />
pleine face : le temps est souv<strong>en</strong>t<br />
incertain <strong>en</strong>tre chi<strong>en</strong> et loup.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
Entre chi<strong>en</strong> et loup<br />
jusqu’au 23 mars<br />
Galerie du Château de Servières,<br />
Marseille 4 e<br />
04 91 85 42 78<br />
www.chateaudeservieres.org
Nicolas Clauss, Ilots, installation 2012,<br />
version pour casques et 3 écrans,<br />
composition musicale Uriel Barthelemi.<br />
© C. Lorin/<strong>Zibeline</strong><br />
58<br />
A<br />
U<br />
P<br />
R<br />
O<br />
GR<br />
A<br />
M<br />
M<br />
E<br />
A<br />
RTS<br />
V<br />
ISUELS<br />
Dans la suite de Nam June Paik<br />
et avec l’avènem<strong>en</strong>t du numérique<br />
nombre d’artistes de tous<br />
bords retravaill<strong>en</strong>t à l’<strong>en</strong>vi images<br />
et son. Sans r<strong>en</strong>ier ses fondem<strong>en</strong>ts<br />
de plastici<strong>en</strong> c’est ce à<br />
quoi s’emploie depuis plusieurs<br />
années Nicolas Clauss avec la<br />
complicité du musici<strong>en</strong> Uriel<br />
Barthélémi, avec prolongem<strong>en</strong>ts<br />
improvisés et performances participatives.<br />
On avait pu voir Ilôts<br />
et Fès lors des précéd<strong>en</strong>ts Instants<br />
Vidéo. Tandis que Fès cond<strong>en</strong>se<br />
une scène quotidi<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> de<br />
multiples micros évènem<strong>en</strong>ts<br />
Vertiges<br />
Chez Seconde Nature quatre installations de<br />
Nicolas Clauss se jou<strong>en</strong>t de la déconstruction, du<br />
hasard et de la narration. Plasticité, samples visuels<br />
et sonores, algorithmes : vertiges !<br />
répétitifs incitant à scruter faits<br />
et gestes individualisés dans<br />
une foule, à l’autre bout, les trois<br />
écrans d’Ilôts nous plong<strong>en</strong>t<br />
dans un maelström plastique et<br />
sonore, revisitant le g<strong>en</strong>re du<br />
paysage et de l’errance jusqu’à<br />
des abstractions fulgurantes<br />
sans cesse r<strong>en</strong>ouvelées. Deux<br />
créations vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tempérer la<br />
s<strong>en</strong>sation de vertige bi<strong>en</strong> que<br />
leur dispositif impose des volteface<br />
fréqu<strong>en</strong>tes. In Amarcord,<br />
inspiré du film de Fellini, dédouble<br />
une séqu<strong>en</strong>ce pour extraire<br />
la plasticité, des détails, une<br />
narration r<strong>en</strong>ouvelée très esthétique.<br />
Avec Entraves, l’écriture<br />
aléatoire répétitive sur de grands<br />
formats <strong>en</strong> vis-à-vis soulign<strong>en</strong>t<br />
une étrange proximité avec le<br />
corps de deux danseurs et leur<br />
id<strong>en</strong>tité r<strong>en</strong>due inquiétante.<br />
Soirée performance/improvisation<br />
le 12 à 20h.<br />
CLAUDE LORIN<br />
Nicolas Clauss, photogramme extrait d' Entraves, dyptique video, 2013 © Nicolas Clauss<br />
Nicolas Clauss/Vidéographies<br />
jusqu’au 15 mars<br />
Seconde Nature, Aix<br />
04 42 64 61 01<br />
http://second<strong>en</strong>ature.org<br />
De l’arg<strong>en</strong>tique à l’i-phone<br />
«Toutes les photos sont d’époque, que du<br />
vintage, mais je suis aussi pour la modernité !»<br />
s’exclame Pierre-Jean Amar à propos de sa<br />
rétrospective qui inclut des tirages numériques.<br />
Pour ses 50 ans de création, le photographe<br />
a extrait de ses archives quelques beaux<br />
spécim<strong>en</strong>s : micro-pays, pays et paysages<br />
des années <strong>60</strong> à 80 (c’est la vision rapprochée<br />
des choses et non pas le panoramique<br />
qui l’intéresse), portraits graphiques d’artistes<br />
et d’amis (dont celui, impressionnant, de<br />
François Nourrissier), nus féminins à partir<br />
des années 80, époque marquée par la<br />
naissance de son fils qui le poussera vers la<br />
voie de la photographie familiale et intime.<br />
Une autre série rarem<strong>en</strong>t exposée, consacrée<br />
aux commandes de photographies<br />
d’architecture et de patrimoine, démontre la<br />
perfection des cadrages qui ne doiv<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong><br />
au hasard. Aujourd’hui commissaire de son<br />
exposition, Pierre-Jean Amar s’offre la liberté<br />
d’introduire son récit par une proposition<br />
composée d’autoportraits <strong>en</strong>fant, jeune, <strong>en</strong><br />
La Déesse Mère, 1979 © Pierre-Jean Amar<br />
famille, avant d’ouvrir sur de plus vastes<br />
horizons. Comme ces Inondations marquées<br />
par les intempéries, photos sauvées des<br />
eaux mais maculées de moisissures et de<br />
bactéries ; ces rares photos <strong>en</strong> couleurs<br />
d’affiches de métro déchirées, clins d’œil à<br />
Villeglé. Et, tout aussi inatt<strong>en</strong>dus, ces tirages<br />
noir et blanc colorisés au mom<strong>en</strong>t du tirage<br />
à l’image irréelle. Ouvrages et vidéo complèt<strong>en</strong>t<br />
ce parcours dont on admire l’éclectisme<br />
des sujets et l’unité formelle : toutes les<br />
photographies sont traversées par une<br />
lumière solaire qui irradie les objets, les<br />
paysages, les corps et les visages.<br />
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI<br />
La nature, le corps et l’ombre<br />
(titre d’un ouvrage publié aux éditions<br />
le Bec <strong>en</strong> l’air)<br />
jusqu’au 2 mars<br />
Cité du livre, Aix<br />
04 42 91 98 88<br />
www.citedulivre-aix.com
<strong>60</strong><br />
R<br />
E<br />
N<br />
C<br />
O<br />
N<br />
TRES<br />
Optimisme désespéré<br />
Jean-François Bayart l’annonce d’<strong>en</strong>trée de jeu :<br />
«J’ai une position critique vis-à-vis de l’interprétation<br />
néo-libérale de la globalisation, mais je ne me<br />
fais pas que des amis chez les alter-mondialistes, car<br />
je dis que ce n’est pas une simple aliénation : on y<br />
participe tous.» Puis il réclame de la nuance : tout<br />
le monde n’est pas mondialisé de la même manière,<br />
selon qu’on vit à la Déf<strong>en</strong>se ou <strong>en</strong> Ardèche,<br />
à Pékin ou <strong>en</strong> Arizona. Il récuse l’idée que l’État<br />
est la victime des marchés : selon lui, l’État-Nation<br />
est le produit de la globalisation, tout comme<br />
les «id<strong>en</strong>tités», et le communautarisme. Un exemple<br />
irrévér<strong>en</strong>cieux ? Le terroir gastronomique :<br />
«Le camembert n’est pas issu de la «normanditude»<br />
comme aurait dit Ségolène Royal, mais de la possibilité<br />
de le v<strong>en</strong>dre massivem<strong>en</strong>t aux Halles de Paris.»<br />
Une illusion s’écroule, là où l’on p<strong>en</strong>sait avoir<br />
connu le pire <strong>en</strong> découvrant une publicité<br />
McDonalds pour le hamburger au foie gras.<br />
De la nourriture, il passe au poil : «Politiquem<strong>en</strong>t<br />
très intéressant. Les islamistes ont une vision très<br />
précise de ce que doit être la pilosité.» Puis aux att<strong>en</strong>tats<br />
suicides, «une technique du corps inv<strong>en</strong>tée par<br />
les Tamouls, qui s’est globalisée.» Et à la lutte<br />
contre les narcotiques : «L’herbe devrait coûter<br />
moins cher que les radis, on aurait moins intérêt<br />
à la cultiver.» Charmant orateur, déployant son<br />
humour avec générosité, ce qui ne l’empêche<br />
pas de prés<strong>en</strong>ter une vision lucide de la situation.<br />
À la question du public, «Êtes-vous optimiste<br />
ou pessimiste ?», il répond avec un sourire «Un<br />
ami graphologue m’a dit que je suis un optimiste<br />
désespéré, comme Louis XVI. Les choses vont vraim<strong>en</strong>t<br />
très mal. Ce qui est désespérant, c’est notre<br />
bêtise collective.» Selon lui, le rôle des sci<strong>en</strong>ces<br />
sociales est de dissiper quelques idées reçues. Par<br />
exemple celle-ci : la mondialisation est c<strong>en</strong>sée<br />
uniformiser, alors qu’<strong>en</strong> réalité elle clive.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
La confér<strong>en</strong>ce Globalisation, culture matérielle<br />
et individu a eu lieu le 24 janvier à l’Hôtel du<br />
Départem<strong>en</strong>t 13 dans le cadre d’Échange et<br />
diffusion des savoirs<br />
Jean-Francois Bayart © X-D.R.<br />
La Liberté guide nos pas<br />
À l’invitation d’Approches, Cultures &<br />
Territoires, le Lycée Saint-Exupéry accueillait le<br />
7 février l’histori<strong>en</strong> Michel Vovelle pour une<br />
confér<strong>en</strong>ce intitulée L’an II des Révolutions : France<br />
1793, Monde arabe 2013. Remonter jusqu’à ce<br />
XVIII e siècle où l’on est passé de la monarchie à<br />
la République, et faire <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> résonance cette<br />
période avec les printemps arabes du XXI e siècle,<br />
voilà qui promettait d’être passionnant. Cep<strong>en</strong>dant<br />
d’<strong>en</strong>trée de jeu, l’orateur a prév<strong>en</strong>u des<br />
«avantages, ruses, et risques» de l’analogie. La<br />
Révolution Française est «la 1 ère dans le temps<br />
d’ambition et de portée universelle, ce qui est positif<br />
pour les uns et lui a été reproché par les autres. En<br />
tous cas elle proposait un modèle élaboré de rupture,<br />
de subversion viol<strong>en</strong>te, politique, économique, sociale<br />
et culturelle». Depuis, les mouvem<strong>en</strong>ts populaires<br />
d’insurrection partout dans le monde ont quelque<br />
chose à voir avec les droits de l’homme tels<br />
qu’ils ont alors été formulés. Que ce soit lors des<br />
insurrections arabes, ou lorsque la contestation<br />
«fait un retour sur la rive europé<strong>en</strong>ne, dans le contexte<br />
des crises qui taraud<strong>en</strong>t l’Europe méridionale».<br />
En bon p<strong>en</strong>seur familier de la grille d’interprétation<br />
marxiste, Michel Vovelle reproche aux<br />
Indignés leur manque de cadre conceptuel, leurs<br />
mots d’ordre flous : «Ils veul<strong>en</strong>t juste «changer le<br />
monde».» Et revi<strong>en</strong>t inlassablem<strong>en</strong>t à l’importance<br />
des rapports de force <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce, soit dans<br />
les pays arabes le poids de l’armée et l’influ<strong>en</strong>ce<br />
des Frères Musulmans. En insistant sur l’imprédictibilité<br />
des phénomènes révolutionnaires.<br />
Lorsqu’un membre du public lui demande<br />
«Qu’est-ce que la Révolution Française <strong>en</strong> juillet<br />
1791, 25 mois après le début ?», il répond : «Nous<br />
sommes alors au cœur de ce que François Furet<br />
appelle «l’année heureuse»... Oui,<br />
sous réserve d’inv<strong>en</strong>taire ! Car ça<br />
bouillonne depuis les provinces,<br />
tout le Sud Ouest est <strong>en</strong> feu, il y a<br />
des affrontem<strong>en</strong>ts ouverts <strong>en</strong>tre les<br />
deux confessions, c’est une poudrière.<br />
Alors on peut dire qu’<strong>en</strong> 91<br />
la Révolution est terminée, mais...»<br />
Mais le sort des révolutions ne se<br />
joue pas <strong>en</strong> deux ans, et nul ne<br />
peut prédire à quoi aboutira l’histoire<br />
qui se construit aujourd’hui<br />
<strong>en</strong> Tunisie et <strong>en</strong> Égypte.<br />
GAËLLE CLOREC<br />
Eug<strong>en</strong>e Delacroix,<br />
La liberte guidant le peuple<br />
Derrière<br />
l’ordinateur<br />
Elle était mal partie, cette confér<strong>en</strong>ce du 29<br />
janvier : l’interv<strong>en</strong>ante principale, malade,<br />
a annulé sa v<strong>en</strong>ue. De plus, prévue initialem<strong>en</strong>t<br />
dans une salle de l’IEP d’Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce<br />
réquisitionnée au dernier mom<strong>en</strong>t par le<br />
débat Maryse Joissains/Patrick M<strong>en</strong>nucci<br />
sur la Métropole, elle a dû se replier dans<br />
une partie des bâtim<strong>en</strong>ts où il n’était pas<br />
possible de diffuser les élém<strong>en</strong>ts multimédias<br />
prévus. Elle y a aussi certainem<strong>en</strong>t perdu<br />
une bonne partie de son public, attiré par<br />
le spectacle de ces deux «bêtes» politiques.<br />
Tout cela n’aurait cep<strong>en</strong>dant pas été rédhibitoire,<br />
si les membres du collectif organisateur<br />
Technologos, une fédération nationale créée<br />
l’an dernier, n’avai<strong>en</strong>t pas eu recours pour<br />
remplacer Hélène Tordjman à Christian<br />
Araud, maîtrisant manifestem<strong>en</strong>t mal son<br />
sujet : Défier l’algorithme, repr<strong>en</strong>dre le contrôle<br />
de la cité. À tel point que finalem<strong>en</strong>t, on<br />
se demande s’il ne valait pas mieux que peu<br />
de monde assiste au débat, dans la mesure<br />
où cette thématique cruciale mérite d’être<br />
approchée autrem<strong>en</strong>t qu’à la va-vite.<br />
C’est dommage car leur cycle de confér<strong>en</strong>ces<br />
(les prochaines portant sur la crise de la<br />
gouvernance et celle des valeurs) semblait<br />
prometteur. C’est dommage surtout parce<br />
que leur objectif : pr<strong>en</strong>dre du recul par<br />
rapport à la technique, et derrière elle, la<br />
sci<strong>en</strong>ce, est on ne peut plus pertin<strong>en</strong>t. Il est<br />
à espérer que les interv<strong>en</strong>tions à v<strong>en</strong>ir se<br />
feront dans de meilleures conditions.<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
www.sci<strong>en</strong>cespo-aix.fr
L’an passé, les R<strong>en</strong>contres Déconnomiques 1 ère<br />
édition taquinai<strong>en</strong>t g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t la traditionnelle<br />
réunion juillettiste du Cercle des Economistes à<br />
Aix-<strong>en</strong>-Prov<strong>en</strong>ce. Il faut dire que lorsque ces<br />
derniers quitt<strong>en</strong>t leur Faubourg Saint-Honoré,<br />
ils le font avec un aplomb irritant d’experts <strong>en</strong><br />
terrain conquis. Que leur reproch<strong>en</strong>t les Déconnomistes<br />
? Principalem<strong>en</strong>t d’aveugler les citoy<strong>en</strong>s<br />
par un discours répercuté inlassablem<strong>en</strong>t au<br />
service de l’oligarchie financière, laquelle les<br />
rétribue grassem<strong>en</strong>t pour leurs services.<br />
Ce 16 janvier, le Théâtre Toursky réunissait<br />
donc une ribambelle de Déconnomistes <strong>en</strong> nez<br />
de clown, prêts à <strong>en</strong> découdre pour «vider leurs<br />
salles au profit des nôtres» lors de l’édition prochaine,<br />
qui aura lieu cette année du 4 au 7 juillet.<br />
Après la projection du docum<strong>en</strong>taire de Vinc<strong>en</strong>t<br />
Lucas sur les précéd<strong>en</strong>tes R<strong>en</strong>contres, comme<br />
une mise <strong>en</strong> bouche au son des cigales, c’est le<br />
film de Gérard Mordillat, Le grand retournem<strong>en</strong>t,<br />
qui était programmé. Une avant-première<br />
idéale pour cette soirée de lancem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong><br />
prés<strong>en</strong>ce du réalisateur et de Frédéric Lordon<br />
(auteur de la pièce dont le scénario est adapté).<br />
Le long métrage faisant rejouer <strong>en</strong> alexandrins la<br />
crise de 2008 par une galerie d’acteurs magnifiques<br />
(Jacques Weber, François Morel, Edouard<br />
Baer…) a <strong>en</strong>thousiasmé le public marseillais,<br />
non moins que l’intellig<strong>en</strong>ce avec laquelle ces<br />
deux hommes justifi<strong>en</strong>t leurs choix artistiques et<br />
politiques. Car s’il est bon d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre dire<br />
Ce système périt<br />
sous trop de déshonneur<br />
clairem<strong>en</strong>t que nous vivons tous prisonniers du<br />
discours néo-libéral, il est meilleur <strong>en</strong>core de<br />
l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> vers : «Utiliser la langue aristocratique<br />
met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le ridicule de ce que l’on veut<br />
nous imposer. L’alexandrin a cette vertu insoupçonnable<br />
d’affûter notre capacité d’écoute et au-delà<br />
notre esprit critique, car il est compréh<strong>en</strong>sible par<br />
tous, mais demande de l’att<strong>en</strong>tion.»<br />
GAËLLE CLOAREC<br />
Le grand retournem<strong>en</strong>t, sorti le 23 janvier,<br />
n’est pas diffusé à Marseille.<br />
Il reste la possibilité de le voir à Aix,<br />
au cinéma Mazarin.<br />
Équipe des R<strong>en</strong>contres Déconnomiques<br />
avec Frederic Lordon et Gérard Mordillat<br />
© Gaëlle Cloarec<br />
61<br />
R<br />
E<br />
N<br />
C<br />
O<br />
N<br />
TRES<br />
Les ados ont l’espoir au coeur !<br />
Le Théâtre Liberté de Toulon a<br />
accueilli le dernier Forum des lycé<strong>en</strong>s<br />
et des appr<strong>en</strong>tis de la<br />
Région PACA pour cette année<br />
scolaire. Toujours nombreux et <strong>en</strong>thousiastes<br />
les élèves ont posé des<br />
questions pertin<strong>en</strong>tes qui étonn<strong>en</strong>t<br />
parfois les auteurs... Cette fois<br />
étai<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>ts trois auteurs de BD<br />
(dont deux couples scénariste/dessinateur)<br />
et trois auteurs de fiction<br />
dont deux romancières. Apparemm<strong>en</strong>t<br />
pas de li<strong>en</strong> particulier <strong>en</strong>tre<br />
leurs oeuvres. Mais à y regarder de<br />
près les lycé<strong>en</strong>s y ont vu des<br />
par<strong>en</strong>tés. Tout d’abord, ils se sont<br />
montrés intéressés par le processus<br />
de création des oeuvres, ce qu’ils appel<strong>en</strong>t<br />
«inspiration». Pour certains<br />
il y a de toute évid<strong>en</strong>ce l’impact de<br />
l’Histoire et de la politique comme<br />
L’art de voler qui retrace la vie d’un<br />
jeune paysan espagnol au sein de la<br />
guerre civile et du franquisme, et<br />
Zahra’s paradise qui plonge le lecteur<br />
au sein de la répression sanglante à<br />
Téhéran <strong>en</strong> 2009. Si Antonio Altarriba<br />
déclare qu’il avait un devoir<br />
de mémoire <strong>en</strong>vers son père, Amir<br />
rev<strong>en</strong>dique son appart<strong>en</strong>ance au<br />
peuple irani<strong>en</strong>.<br />
La BD de Gilles Rochier est davantage<br />
c<strong>en</strong>trée sur le quotidi<strong>en</strong><br />
puisqu’il y évoque les désoeuvrem<strong>en</strong>t<br />
et dérapages de son adolesc<strong>en</strong>ce<br />
dans les années 80, <strong>en</strong> banlieue<br />
parisi<strong>en</strong>ne. Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />
déclare qu’il faut avoir un s<strong>en</strong>s aigu<br />
de l’observation pour capter certains<br />
détails ; son récit glacial vi<strong>en</strong>t<br />
d’un fait divers parmi tant d’autres.<br />
L’irlandaise Claire Keegan évoque<br />
la colonisation anglaise et le poids<br />
du catholicisme qui ont asphyxié les<br />
couches pauvres de la société tandis<br />
qu’Anne Percin dénonce les conv<strong>en</strong>tions<br />
et les fractures sociales<br />
dans la France rurale des mêmes<br />
années. On le voit, les récits des unes<br />
et des autres pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t racine dans<br />
le vécu plus ou moins proche, et à<br />
des degrés divers.<br />
Les lycé<strong>en</strong>s ont aussi questionné les<br />
auteurs sur l’exist<strong>en</strong>ce ou non d’un<br />
message dans leurs productions. Si<br />
Laur<strong>en</strong>t Mauvignier a catégoriquem<strong>en</strong>t<br />
répondu que «s’il y <strong>en</strong> a un<br />
c’est à (son) corps déf<strong>en</strong>dant», les autres<br />
se sont montrés plus nuancés,<br />
désirant responsabiliser le lecteur <strong>en</strong><br />
Prix litteraire lyce<strong>en</strong>s © C.B.<br />
lui ouvrant les yeux, lutter contre<br />
l’indiffér<strong>en</strong>ce. La question de l’espoir<br />
interpelle les ados ? C’est<br />
ras-surant... et on leur emboîte<br />
volontiers le pas !<br />
CHRIS BOURGUE<br />
L’art de voler<br />
Antonio Altarriba (scén.)<br />
& Kim (dessin)<br />
D<strong>en</strong>oël Graphic, 23,50 €<br />
Zohra’s paradise<br />
Amir (scén.) & Khalil (dessin)<br />
Casterman<br />
TMLP-Ta mère la pute<br />
Gilles Rochier<br />
6 pieds sous terre, 16 €<br />
Les trois lumières (voir Zib’57)<br />
Claire Keegan<br />
Sabine Wespieser<br />
Le premier été (voir sur le site)<br />
Anne Percin<br />
Le Rouergue, 16 €<br />
Ce que j’appelle oubli<br />
(voir Zib 57 & p. 41)<br />
Laur<strong>en</strong>t Mauvignier<br />
Éd. de Minuit, 7 €
Les métamorphoses de Lascaux est un ouvrage passionnant, et tout à fait<br />
abordable ! <strong>Zibeline</strong> a demandé à son auteur, Pedro Lima, de lui parler des<br />
habitants de Lascaux, et Cosquer…<br />
Il y a 20 000 ans…<br />
62<br />
H<br />
ISTOIRE<br />
Les hommes du<br />
paléolithique ont<br />
tout inv<strong>en</strong>té des<br />
techniques picturales<br />
actuelles. Mieux : ils<br />
fur<strong>en</strong>t aussi<br />
chimistes,<br />
astronomes et<br />
même… soucieux<br />
d’écologie avant<br />
l’heure ! L’oubli de<br />
ces génies,<br />
inv<strong>en</strong>teurs de la<br />
première culture<br />
europé<strong>en</strong>ne, dans les<br />
célébrations de<br />
MP2013, est<br />
regrettable !<br />
Il y a 20 000 ans, des tribus d’Homo sapi<strong>en</strong>s, installées<br />
dans des abris sous-roches situés au pied des<br />
falaises qui bord<strong>en</strong>t la rivière Vézère, dans l’actuelle<br />
Dordogne, ont orné de magnifiques peintures les<br />
parois d’une caverne aux dim<strong>en</strong>sions harmonieuses,<br />
baptisée Lascaux lors de sa redécouverte <strong>en</strong> 1940 par<br />
quatre adolesc<strong>en</strong>ts périgourdins, <strong>en</strong> pleine tourm<strong>en</strong>te<br />
mondiale. Depuis 70 ans, les sci<strong>en</strong>tifiques ne cess<strong>en</strong>t<br />
de s’émerveiller, et avec eux tous ceux qui ont eu<br />
accès à la cavité ou l’admir<strong>en</strong>t à travers ses reproductions<br />
(photographies, films, fac-similés), face au<br />
génie de ces maîtres de la préhistoire, lors de la<br />
période appelée Solutréo-magdaléni<strong>en</strong>. Gravure,<br />
peinture, représ<strong>en</strong>tation du mouvem<strong>en</strong>t et de la<br />
perspective, ces peintres et dessinateurs avai<strong>en</strong>t tout<br />
inv<strong>en</strong>té des techniques picturales qui sont, aujourd’hui<br />
<strong>en</strong>core, <strong>en</strong>seignées dans les écoles des beaux-arts.<br />
Un savoir-faire magistral, qu’ils ont égalem<strong>en</strong>t<br />
appliqué dans la grotte Cosquer décorée il y a 27 000<br />
ans. Pour exemple les membres de certains animaux,<br />
aurochs ou chevaux, sont représ<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> exploitant<br />
la technique de l’anamorphose, volontairem<strong>en</strong>t déformés<br />
lorsqu’ils sont vus de face pour retrouver<br />
leurs justes proportions lorsqu’on les regarde du c<strong>en</strong>tre<br />
de la salle. Autre «truc» employé à Lascaux par<br />
les créateurs préhistoriques : l’emploi du flou pour<br />
figurer l’arrière-plan d’un animal peint, alors que les<br />
parties du corps situées, dans la réalité, plus près<br />
de l’observateur, conserv<strong>en</strong>t leur netteté… Le peintre<br />
paléolithique savait donc retranscrire ce que son<br />
œil percevait… comme le mimera égalem<strong>en</strong>t, 20 000<br />
Diverticule Axial Lascaux II © Philippe Psaila<br />
ans plus tard, le support photographique. Quant à la<br />
stupéfiante représ<strong>en</strong>tation du mouvem<strong>en</strong>t animal<br />
sur les parois par juxtaposition ou superposition<br />
d’images successives (membres, têtes, cous dans des<br />
positions différ<strong>en</strong>tes), elle a fait l’objet d’une théorie<br />
remarquable, et un ouvrage préfacé par Bertrand<br />
Tavernier, qui réconcilie artistes contemporains et<br />
pré-cinéastes de l’âge de pierre… qui avai<strong>en</strong>t même<br />
inv<strong>en</strong>té un ancêtre de la caméra, sous la forme d’un<br />
disque de pierre sculpté sur ses deux faces générant<br />
l’illusion du mouvem<strong>en</strong>t grâce au phénomène neurobiologique<br />
de persistance rétini<strong>en</strong>ne.<br />
Ce savoir-faire, permettant aux artistes de représ<strong>en</strong>ter<br />
magistralem<strong>en</strong>t des animaux comme bondissant<br />
sur la paroi, nous apparait d’autant plus extraordinaire<br />
que le support sur lequel ils travaillai<strong>en</strong>t, une<br />
paroi rocheuse, était la plupart du temps sinueuse,<br />
aux reliefs très tourm<strong>en</strong>tés... et mal éclairée. «Nous<br />
n’avons ri<strong>en</strong> inv<strong>en</strong>té», a ainsi pu déclarer le maître<br />
andalou Pablo Picasso lors de sa visite, dans les<br />
années 1940, dans le sanctuaire paléolithique périgourdin.<br />
Les chefs-d’œuvres de Lascaux, aujourd’hui<br />
protégés derrière une lourde porte de bronze, sont<br />
transmis au grand public grâce à des versions successives,<br />
et de plus <strong>en</strong> plus perfectionnées, de<br />
fac-similés faisant appel à la s<strong>en</strong>sibilité d’artistes<br />
contemporains aidés de techniques de pointe (3D,<br />
fraisage numérique…). La réc<strong>en</strong>te exposition Lascaux,<br />
prés<strong>en</strong>tée à Bordeaux, a ainsi attiré plus de<br />
100 000 visiteurs <strong>en</strong> trois mois. De quoi raviver les<br />
regrets face à l’abs<strong>en</strong>ce, sur le territoire marseillais<br />
à l’occasion de la Capitale europé<strong>en</strong>ne de la Culture,<br />
d’une restitution de la grotte sous-marine Cosquer,<br />
m<strong>en</strong>acée, de plus, par la l<strong>en</strong>te montée des eaux. Ce<br />
qui aurait constitué un hommage mérité à ces hommes,<br />
inv<strong>en</strong>teurs de la première culture europé<strong>en</strong>ne.<br />
Résolum<strong>en</strong>t modernes !<br />
En réalité, les Paléolithiques fur<strong>en</strong>t les premiers modernes.<br />
Ainsi, les tribus de chasseurs-cueilleurs qui<br />
ont occupé le contin<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> au cours de longues<br />
migrations, de l‘Oural à l’Atlantique, <strong>en</strong>tre -40 000 et<br />
-10 000 ans, fur<strong>en</strong>t certainem<strong>en</strong>t les premiers hommes<br />
à posséder une connaissance intime de leur<br />
milieu naturel, fait de toundras sèches et froides, au<br />
point d’y puiser les ressources nécessaires à leur<br />
survie et à la perman<strong>en</strong>ce de pratiques sociales élaborées,<br />
avec un mode d’exploitation que l’on<br />
pourrait qualifier de raisonné.<br />
Exemple avec le prélèvem<strong>en</strong>t de faune, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />
du r<strong>en</strong>ne et des mammifères herbivores,<br />
qui a conduit les tribus d’Homo sapi<strong>en</strong>s, desc<strong>en</strong>dantes<br />
de nomades v<strong>en</strong>us de l’est de l’Europe et<br />
précédemm<strong>en</strong>t d’Afrique, à suivre le gibier au cours
de ses migrations saisonnières. Cette chasse<br />
itinérante obligeait les hommes à disposer de<br />
systèmes de mesure du temps, leur permettant<br />
d’anticiper les changem<strong>en</strong>ts de saisons annonciateurs<br />
des déplacem<strong>en</strong>ts animaux, fonction<br />
vraisemblablem<strong>en</strong>t remplie par des plaquettes<br />
de taille réduite, gravées et sculptées de nombreuses<br />
<strong>en</strong>coches et cupules, certainem<strong>en</strong>t<br />
marqueurs de phases lunaires et de décomptes<br />
diurnes, correspondant à nos cal<strong>en</strong>driers<br />
modernes.<br />
Une fois l’animal chassé, l’<strong>en</strong>semble de son<br />
anatomie était exploitée, pour des utilisations<br />
très variées : viande bi<strong>en</strong> sûr, mais aussi cordages<br />
(t<strong>en</strong>dons), vêtem<strong>en</strong>ts (peaux), instrum<strong>en</strong>ts de<br />
musique (os), parures (d<strong>en</strong>ts et vertèbres),<br />
éclairage et liant pictural (graisse), pinceaux<br />
(poils)... Quant aux artistes, ils avai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t<br />
inv<strong>en</strong>té les premiers rudim<strong>en</strong>ts de la<br />
chimie minéralogique, puisqu’ils étai<strong>en</strong>t capables,<br />
par une cuisson contrôlée des pigm<strong>en</strong>ts<br />
d’ocre prélevés au sol, d’<strong>en</strong> faire virer la teinte<br />
originale, obt<strong>en</strong>ant par exemple des violets ou<br />
des rouges à partir de jaunes, comme le font<br />
<strong>en</strong>core aujourd’hui les ocriers prov<strong>en</strong>çaux dans<br />
leurs fours.<br />
Inv<strong>en</strong>teurs d’une culture homogène millénaire,<br />
qui fut la première à tout l’échelon europé<strong>en</strong>,<br />
parfaitem<strong>en</strong>t adaptés à un milieu dont ils<br />
connaissai<strong>en</strong>t la moindre ressource, les nomades<br />
du paléolithique supérieur nous rappell<strong>en</strong>t<br />
que l’humanité actuelle s’est construite sur la<br />
base de migrations incessantes et complexes.<br />
Une leçon brûlante, alors que des frontières<br />
ne cess<strong>en</strong>t de s’ériger, sur les terres et dans<br />
les esprits.<br />
PEDRO LIMA<br />
À lire<br />
Les métamorphoses<br />
de Lascaux l’atelier<br />
des artistes de<br />
la préhistoire<br />
à nos jours<br />
Pedro Lima (textes)<br />
et Philippe Psaïla<br />
(photographies)<br />
Synops, 27,90 €<br />
www.synopseditions.fr<br />
L’Europe de la culture est née il y a 36 000 ans<br />
Pedro Lima<br />
La revue des deux mondes, avril 2012<br />
La préhistoire du cinéma, Origines paléolithiques de<br />
la narration graphique et du cinématographe<br />
Marc Azéma, préface de Bertrand Tavernier<br />
Errances, 2011<br />
//////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />
Des yeux au<br />
bout des doigts<br />
Nouvelle av<strong>en</strong>ture<br />
du Musée de Quinson<br />
<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le<br />
Préhistosite de Ramioul<br />
<strong>en</strong> Belgique !<br />
Après Neandertal l’Europé<strong>en</strong> de l’an<br />
dernier, l’exposition proposée depuis<br />
le 1 er février propose des savoirs<br />
savants concernant la vie quotidi<strong>en</strong>ne<br />
des hommes du mésolithique<br />
(des chasseurs de 9 000 à 5 300<br />
ans av. J.-C. Mais aussi une approche<br />
radicalem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>te, voire<br />
déconcertante : Ferme les yeux pour<br />
voir la Préhistoire. Le musée est le<br />
lieu où l’on ne touche pas, ici, les<br />
mains guid<strong>en</strong>t cette «visite» où<br />
l’on ne voit pas ! Après avoir lu<br />
les panneaux d’introduction, on<br />
pose un bandeau sur les yeux, un<br />
casque audio sur la tête, un boitier<br />
<strong>en</strong> collier, et l’on suit la rampe<br />
composée de tubes pvc. À intervalles<br />
réguliers une balle de t<strong>en</strong>nis<br />
nous arrête, et l’on <strong>en</strong>voie nos<br />
mains <strong>en</strong> face de nous. Elles découvr<strong>en</strong>t<br />
les objets, les explor<strong>en</strong>t.<br />
Les matières, les s<strong>en</strong>sations qu’elles<br />
produis<strong>en</strong>t, accompagnées par les<br />
sons décl<strong>en</strong>chés dans les boitiers,<br />
nous invit<strong>en</strong>t à une reconstitution<br />
m<strong>en</strong>tale que vi<strong>en</strong>t corroborer ou<br />
rectifier le comm<strong>en</strong>taire explicatif.<br />
On devine par les formes le<br />
porte-bébé, la botte de cuir, la<br />
Ferme les Yeux pour voir © Prehistosite de Ramioul<br />
«table de cuisson», le harpon,<br />
l’arc et sa flèche, la nasse, les bois<br />
de cerf ou… un appareil photo <strong>en</strong><br />
fin de parcours ! et un texte écrit<br />
<strong>en</strong> Braille. On vous appr<strong>en</strong>d succinctem<strong>en</strong>t<br />
à reconnaître les<br />
groupes capables de cont<strong>en</strong>ir<br />
jusqu’à six points, base de<br />
l’alphabet.<br />
L’exposition est ouverte aux<br />
scolaires (à partir de 8 ans, il est<br />
nécessaire de mesurer une certaine<br />
taille pour tout atteindre !) le<br />
matin, à tous les publics l’aprèsmidi.<br />
Les <strong>en</strong>fants manifest<strong>en</strong>t<br />
parfois une certaine appréh<strong>en</strong>sion,<br />
ils n’ont pas l’habitude de découvrir<br />
avec leurs mains, ont un<br />
peu peur. Ils sont invités <strong>en</strong> fin<br />
de parcours à découvrir les photographies<br />
des objets puis à un<br />
retour sur l’exposition avec leurs<br />
yeux pour un comm<strong>en</strong>taire plus<br />
précis, un partage des s<strong>en</strong>sations<br />
et des connaissances. Pédagogique<br />
à plus d’un niveau, celui de la<br />
connaissance, de la conc<strong>en</strong>tration,<br />
de la construction m<strong>en</strong>tale, de la<br />
découverte du handicap, cet itinéraire<br />
atypique incite à être<br />
att<strong>en</strong>tif aux autres ; le travail sur<br />
les s<strong>en</strong>s pousse à l’empathie.<br />
La mise <strong>en</strong> place d’une telle exposition<br />
demande une réflexion<br />
approfondie non seulem<strong>en</strong>t sur<br />
les savoirs, mais la manière de les<br />
transmettre <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte du<br />
handicap particulier de la vue.<br />
Cette expéri<strong>en</strong>ce devrait dev<strong>en</strong>ir<br />
norme et s’ét<strong>en</strong>dre au parcours<br />
muséal dans son <strong>en</strong>semble explique<br />
Caroline Luzi, l’archéologue<br />
médiatrice de l’exposition. «Le<br />
Musée est un petit laboratoire de<br />
la vie <strong>en</strong> société, s’y crois<strong>en</strong>t toutes<br />
les contraintes, toutes les postures.<br />
Il est impératif de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce<br />
du rôle sociétal important<br />
des musées, ils établiss<strong>en</strong>t un li<strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>tre sci<strong>en</strong>tifiques et grand public.<br />
La collectivité r<strong>en</strong>d au citoy<strong>en</strong> ce<br />
qu’il lui donne. Le musée a une<br />
utilité sociale, politique, citoy<strong>en</strong>ne,<br />
il est un li<strong>en</strong> privilégié d’expression.»<br />
Une spl<strong>en</strong>dide mission !<br />
MARYVONNE COLOMBANI<br />
Ferme les yeux pour voir la Préhistoire<br />
jusqu’au 12 mai<br />
Musée de la Préhistoire, Quinson<br />
04 92 74 09 59<br />
www.museeprehistoire.com<br />
63<br />
H<br />
ISTOIRE
64<br />
P<br />
H<br />
ILOSOP<br />
H<br />
IE<br />
À l’heure<br />
où le cinéma et le<br />
théâtre choisiss<strong>en</strong>t<br />
la domination masculine<br />
comme thème<br />
et titre, une mise au<br />
point s’impose<br />
On n’a pas att<strong>en</strong>du Pierre Bourdieu pour analyser la<br />
domination. «Comme la force est toujours du côté des gouvernés,<br />
les gouvernants n’ont ri<strong>en</strong> pour les sout<strong>en</strong>ir que<br />
l’opinion» constatait David Hume <strong>en</strong> 1752 dans son<br />
Essai sur les premiers principes du gouvernem<strong>en</strong>t. Il suffit de<br />
remplacer gouvernants et gouvernés par domi-nants et<br />
dominées pour que la modernité de Hume saute aux yeux.<br />
En revanche l’implacable sexisme des plus grands peseurs<br />
est un invariant dans l’histoire, Olympes de Gouges<br />
exceptée évidemm<strong>en</strong>t ! Les préjugés sexistes et aussi<br />
racistes sont les plus imprégnés dans les m<strong>en</strong>talités, parce<br />
que véhiculés depuis des millénaires comme des vérités.<br />
En revanche les inégalités sociales et la croyance <strong>en</strong><br />
dieu(x) ont souv<strong>en</strong>t été attaquées, analysées, depuis la<br />
condamnation de Socrate par exemple.<br />
V<strong>en</strong>ons-<strong>en</strong> aux femmes. En nous demandant d’abord,<br />
puisqu’elles sont assez grandes et nombreuses pour se<br />
déf<strong>en</strong>dre, pourquoi un homme (andros 1 ) s’intéresse à<br />
leur domination. Tout comme le combat pour le mariage<br />
gay il est des causes aux appar<strong>en</strong>ces particulières qui<br />
<strong>en</strong> fait dégag<strong>en</strong>t des possibilités d’émancipation pour<br />
l’humanité <strong>en</strong>tière : le combat pour l’égalité n’est pas<br />
seulem<strong>en</strong>t un combat de principe, il ouvre la voie à des<br />
formes de vie meilleures. Que serait une société où tous<br />
pourrai<strong>en</strong>t théoriquem<strong>en</strong>t se marier ? Une société où la<br />
femme serait l’égale de l’homme ? Une société où la<br />
bêtise et les truismes, prét<strong>en</strong>dues vérités d’évid<strong>en</strong>ce, reculerai<strong>en</strong>t.<br />
Plus de sexe faible, plus de «un papa une<br />
maman»…<br />
Car qu’est-ce que la domination masculine telle que les<br />
hommes (anthropos) la viv<strong>en</strong>t ? C’est l’androc<strong>en</strong>trisme,<br />
les principes masculins posés comme base sociale. Soit la<br />
dévolution à la femme de tâches familiales supplém<strong>en</strong>taires<br />
et ingrates. Soit <strong>en</strong>core le plafond de verre pour les<br />
diplômées et le plancher collant pour les sans diplômes,<br />
qui font qu’elles n’accèd<strong>en</strong>t jamais aux directions et<br />
occup<strong>en</strong>t massivem<strong>en</strong>t les emplois les moins payés.<br />
L’androc<strong>en</strong>trisme c’est aussi att<strong>en</strong>dre des femmes qu’elles<br />
parl<strong>en</strong>t moins et moins fort, qu’elles n’interromp<strong>en</strong>t pas,<br />
qu’elles s’intéress<strong>en</strong>t à la santé et l’éducation mais pas à<br />
la politique et aux idées, à moins de r<strong>en</strong>oncer à leur<br />
féminité…<br />
Mais il s’agit là des structures visibles ; l’apport de Bourdieu<br />
dans la sociologie est l’insistance sur le symbolique :<br />
tout comme dans la reproduction des classes sociales ce<br />
n’est pas tant la richesse transmise qui cause la reproduction<br />
des inégalités, mais l’invisible, à savoir le capital<br />
culturel : c’est la manière dont les par<strong>en</strong>ts parl<strong>en</strong>t à la<br />
maison, et dont les représ<strong>en</strong>tations sociales prolong<strong>en</strong>t<br />
les clichés qu’elle véhicule, qui détermine la position des<br />
<strong>en</strong>fants.<br />
L’ordre symbolique<br />
Dans l’ordre de la domination masculine, la véritable<br />
viol<strong>en</strong>ce symbolique est son intériorisation par les dominants,<br />
c’est-à-dire par les hommes qui ne peuv<strong>en</strong>t vivre<br />
Rosie la riveteuse, 1943, J. Howard Miller<br />
Andros,<br />
ça c’est fort de...<br />
autrem<strong>en</strong>t leur relation aux femmes, et par les dominées,<br />
c’est-à-dire les femmes, de l’ordre androc<strong>en</strong>trique hérité<br />
depuis des millénaires : Andros va jouer à la pétanque et<br />
sa femme débarrasse. Normal, se dit-il, elle n’aime pas la<br />
pétanque ; normal se dit-elle, je nettoie mieux que mon<br />
andros, c’est naturel.<br />
Comme dans le combat contre l’homophobie, l’<strong>en</strong>nemi<br />
principal est toujours l’illusion que la Nature existe. Ri<strong>en</strong><br />
n’est moins naturel aux hommes (anthropos) que le naturel.<br />
C’est une grille de référ<strong>en</strong>ce produite par les hommes<br />
(andros ?). On y a mis des valeurs, le fort-le faible, et Spinoza<br />
a très vite vu qu’on l’avait personnifiée : Deus sive<br />
natura, la nature ou dieu, c’est la même chose.<br />
Ainsi le corps des femmes sert de support à des procédés<br />
de légitimation de la viol<strong>en</strong>ce symbolique. Le regard<br />
croit voir dans le corps féminin des élém<strong>en</strong>ts objectifs<br />
comme l’intériorité, l’abs<strong>en</strong>ce (de pénis), la pénétration,<br />
la fragilité… Les descriptions médicales du Moy<strong>en</strong> Âge,<br />
des tapisseries, décriv<strong>en</strong>t le vagin comme un phallus<br />
inversé ; le corps ainsi construit devi<strong>en</strong>t une légitimation<br />
de comportem<strong>en</strong>ts «naturels», des positions sociales, protectrices,<br />
sexuelles. La viol<strong>en</strong>ce symbolique est alors cette<br />
relation de causalité circulaire : visiblem<strong>en</strong>t, le dominant<br />
est dominé par sa domination, ne peut <strong>en</strong> sortir, et la<br />
domination n’est possible qu’avec la complicité de la<br />
dominée.<br />
Pourquoi <strong>en</strong> est-on là ? Par la déshistoricisation : mot<br />
barbare qui exprime le rejet de l’histoire pour la transformation<br />
de l’arbitraire social <strong>en</strong> naturel prét<strong>en</strong>du. La<br />
domination masculine ne va pas de<br />
soi ; par delà le très subjectif droit du<br />
plus fort démonté par Rousseau,<br />
objectivem<strong>en</strong>t, il semble que ce soit<br />
la femme qui ait le pouvoir suprême :<br />
celui de mettre au monde l’humanité.<br />
D’où cette viol<strong>en</strong>ce des hommes<br />
à leur égard, pour masquer ce privilège<br />
ou le faire passer pour une tare.<br />
Ainsi depuis des siècles cet ordre de<br />
domination doit se reproduire artificiellem<strong>en</strong>t<br />
; comme le disait Hume<br />
pour les gouvernants, l’androc<strong>en</strong>trisme<br />
s’appuie sur les institutions,<br />
l’opinion, l’État, l’École pour se recomm<strong>en</strong>cer<br />
sans cesse.<br />
«Ce sont ces forces, et non l’unité domestique<br />
à laquelle s’attaque un certain<br />
féminisme, qu’il faut neutraliser pour<br />
libérer les forces de changem<strong>en</strong>t» expliquait<br />
Bourdieu. L’égalité doit se<br />
poursuivre par la loi, et dans les<br />
institutions.<br />
RÉGIS VLACHOS<br />
1<br />
Le mot homme <strong>en</strong> français, trop<br />
ambigu, confond le mâle et le g<strong>en</strong>re<br />
humain ; on emploiera donc ici<br />
andros et anthropos
66<br />
S<br />
C<br />
IE<br />
N<br />
C<br />
ES<br />
Les chercheurs<br />
médiateurs publics ?<br />
La maison de la Région accueillait les 31 janvier et 1 er février un<br />
colloque organisé par l’IRD : les sci<strong>en</strong>ces sociales et la diffusion des<br />
savoirs dans l’espace public. La première matinée était consacrée aux<br />
formes de diffusion du savoir (ouvrages, muséographie) puis aux <strong>en</strong>jeux<br />
politiques de la communication sci<strong>en</strong>tifique. Les retours d’expéri<strong>en</strong>ces<br />
très divers des interv<strong>en</strong>ants -anthropologues, géographes- ont permis<br />
de faire émerger des questionnem<strong>en</strong>ts communs sur la médiation<br />
sci<strong>en</strong>tifique dans l’espace public. Les sci<strong>en</strong>tifiques ont aujourd’hui une<br />
responsabilité sociale et politique et dispos<strong>en</strong>t d’une image d’experts<br />
leur permettant de constituer des lobbies très efficaces. Ils sembl<strong>en</strong>t<br />
investis d’une nouvelle fonction d’interface et de vulgarisation qui se<br />
traduit par le souci d’associer les bénéficiaires de la recherche à la<br />
définition même des problématiques de recherche.<br />
Cep<strong>en</strong>dant, quel que soit l’utilisateur final des connaissances produites<br />
par la communauté sci<strong>en</strong>tifique, une communication efficace est<br />
indisp<strong>en</strong>sable pour r<strong>en</strong>dre ces informations compréh<strong>en</strong>sibles et<br />
accessibles. Dès lors, une série de questions émerge : certains registres<br />
de la sci<strong>en</strong>ce échapp<strong>en</strong>t-ils à la possibilité de vulgarisation ? Y a-t-il<br />
une utilité à diffuser auprès d’un large public tous les résultats de la<br />
recherche, même appliquée ? Le sci<strong>en</strong>tifique lui-même peut-il jouer ce<br />
rôle de médiateur ? Cette mission est-elle reconnue par l’institution ?<br />
Des organisations de transfert de technologies (publiques ou privées)<br />
doiv<strong>en</strong>t-elles exister, dotées de médiateurs capables d’interpréter, de<br />
transcrire et de transmettre ces informations ?<br />
Tous ne se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pas l’âme de passeur de «réalité complexe», de<br />
démystificateur s’adressant au profane ou aux décideurs et tout reste<br />
à inv<strong>en</strong>ter <strong>en</strong> la matière… Car il ne s’agit pas de résumer mais de<br />
réécrire. Le message doit être clair, validé, disponible et réutilisable par<br />
des non-spécialistes. Il eût d’ailleurs été intéressant d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre sur le<br />
sujet, <strong>en</strong> plus des sci<strong>en</strong>tifiques, des professionnels de la médiation<br />
sci<strong>en</strong>tifique, voire de la médiation culturelle…<br />
La tâche est ardue mais c’est justem<strong>en</strong>t le défi que s’est lancé<br />
l’association Les Petits Débrouillards, associée à des organismes de<br />
recherche publique, qui propose des Bars des sci<strong>en</strong>ces chaque<br />
deuxième mardi du mois jusqu’<strong>en</strong> mai : petits débats critiques autour<br />
d’un verre au Point de Bascule (voir p. 6). Ce projet est né d’une<br />
volonté de susciter le débat autour des fondam<strong>en</strong>taux de la sci<strong>en</strong>ce, de<br />
dénouer la complexité des sci<strong>en</strong>ces et des technologies, et de replacer<br />
le citoy<strong>en</strong> au c<strong>en</strong>tre des choix de société. Prochains r<strong>en</strong>dez-vous le 12<br />
février : Médecine(s) : des alternatives? et le 12 mars : En marche vers<br />
les changem<strong>en</strong>ts (globaux).<br />
CHRISTINE MONTIXI<br />
Les Bars des sci<strong>en</strong>ces sont organisés par Les Petits Débrouillards PACA, le collectif<br />
CorteX, l’IDEP (CNRS, EHESS, AMU) et l’Institut Pythéas (CNRS, AMU, IRD), au Point<br />
de Bascule à Marseille, de 18h30 à 20h30 les 2 e mardis du mois<br />
AGENDA<br />
AIX-EN-PROVENCE<br />
P<strong>en</strong>dant les vacances, du 18<br />
février au 1 er mars, séances de<br />
planétarium tous les soirs à<br />
18h, suivies d’observations de<br />
la Lune et de Jupiter.<br />
Planétarium<br />
www.aix-planetarium.fr<br />
ARLES<br />
Le 14 février à 20h30, Café des<br />
sci<strong>en</strong>ces Les secrets de la grotte<br />
Cosquer avec Luc Vanrell,<br />
responsable sci<strong>en</strong>tifique de la<br />
Grotte.<br />
Café Malarte, 2 bd des Lices<br />
AVIGNON<br />
Le 13 février à 20h30 En amour<br />
sommes-nous des bêtes ? La<br />
biochimie de l’amour, avec<br />
Moustafa B<strong>en</strong>safi, chargé de<br />
recherche au Laboratoire de<br />
neurosci<strong>en</strong>ces s<strong>en</strong>sorielles de<br />
l’université Lyon 1, et Pierre<br />
Clém<strong>en</strong>t, universitaire retraité.<br />
Restaurant Françoise,<br />
6 rue Général Leclerc<br />
BORMES-LES-MIMOSAS<br />
Exposition Les inv<strong>en</strong>tions de<br />
l’évolution, jusqu’au 24 février,<br />
par l’association de diffusion<br />
de la culture sci<strong>en</strong>tifique Mer<br />
Nature et le Muséum d’Histoire<br />
naturelle de Toulon et<br />
du Var.<br />
Musée Arts et histoire,<br />
Vieux Village<br />
CAVAILLON<br />
Le 13 mars, dans le cadre du<br />
festival Sci<strong>en</strong>ces et Fictions,<br />
l’association Pesco Luno propose<br />
une après midi astronomique<br />
avec observation du soleil et<br />
balade à la découverte d’une<br />
comète.<br />
Office du tourisme<br />
04 90 71 32 01<br />
www.pescoluno.phpnet.org<br />
MARSEILLE<br />
Compr<strong>en</strong>dre la Matière noire et<br />
l’énergie noire dans l’univers -<br />
Cycle Les r<strong>en</strong>contres de l’université<br />
: confér<strong>en</strong>ce le 19<br />
février à 17h30, par Arnaud<br />
Chapon, chercheur <strong>en</strong> postdoc<br />
au CPPM.<br />
Jean-Louis Pons, l’aimant des<br />
comètes, dans le cadre du cycle<br />
Si Marseille m’était contée :<br />
confér<strong>en</strong>ce le 22 février à 17h.<br />
Né <strong>en</strong> 1761, et embauché<br />
comme Anci<strong>en</strong> concierge de<br />
l’Observatoire, Jean-Louis Pons<br />
s’est intéressé au travail des<br />
astronomes ; il a construit sa<br />
propre lunette, et a ainsi<br />
découvert... 37 comètes ! Par<br />
Michel Marcellin, chercheur<br />
au Laboratoire d’Astrophysique<br />
de Marseille.<br />
BMVR Alcazar<br />
www.bmvr.marseille.fr<br />
Le plan cancer, 10 ans déjà,<br />
confér<strong>en</strong>ce le 12 mars à 18h15<br />
<strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec le Cancéropôle<br />
PACA. Interv<strong>en</strong>ants :<br />
Dominique Maraninchi, directeur<br />
général de l’Ag<strong>en</strong>ce<br />
nationale de sécurité du<br />
médicam<strong>en</strong>t et des produits de<br />
santé, et Catherine Cerisey,<br />
blogueuse.<br />
Maison de la Région<br />
61, La Canebière<br />
SAINT-MICHEL<br />
L’OBSERVATOIRE<br />
Le 15 février à 21 h, observation<br />
de l’univers lointain. À<br />
partir de 12 ans, durée 3h.<br />
Tarif : 29 €, sur réservation au<br />
04 92 76 69 69<br />
C<strong>en</strong>tre d’astronomie<br />
www.c<strong>en</strong>tre-astro.fr<br />
M<strong>en</strong>suel gratuit paraissant<br />
le deuxième mercredi du mois<br />
Edité à 32 000 exemplaires<br />
imprimés sur papier recyclé<br />
Edité par <strong>Zibeline</strong> SARL<br />
76 av<strong>en</strong>ue de la Panouse | n°11<br />
13009 Marseille<br />
Dépôt légal : janvier 2008<br />
Directrice de publication<br />
Rédactrice <strong>en</strong> chef<br />
Agnès Freschel<br />
agnes.freschel@wanadoo.fr<br />
06 09 08 30 34<br />
Imprimé par Rotimpress<br />
17181 Aiguaviva (Esp.)<br />
photo couverture<br />
El Cid de Philippe Car<br />
Agnès Mellon<br />
095 095 61 70<br />
photographeagnesmellon.blogspot.com<br />
RetrouveZ <strong>Zibeline</strong> et vos invitations sur notre site<br />
www.journalzibeline.fr<br />
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Hoyet, Clarisse Guichard,<br />
Christine Montixi,<br />
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