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Zibeline n° 60 en PDF

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Le sil<strong>en</strong>ce du monde, installation magique,<br />

compagnie Monstre(s) © Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />

Installer la magie<br />

Dans Le soir des Monstres, Eti<strong>en</strong>ne Saglio<br />

s’était intéressé aux li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre le cirque et la<br />

magie. Avec Le Sil<strong>en</strong>ce du monde, il réitère et<br />

bouleverse les codes de la magie grâce à une<br />

installation fascinante et surpr<strong>en</strong>ante.<br />

Comm<strong>en</strong>t ? En faisant tout simplem<strong>en</strong>t<br />

disparaître le magici<strong>en</strong> ! Entre magie et arts<br />

plastiques, le jongleur-manipulateur a réussi à<br />

supprimer non seulem<strong>en</strong>t le prés<strong>en</strong>tateur, mais<br />

aussi la scène, les sièges et les coulisses ! La<br />

durée du tour de magie n’apparti<strong>en</strong>t qu’au<br />

spectateur. Dès l’<strong>en</strong>trée dans cette salle<br />

obscure, toutes les barrières <strong>en</strong>tre le réel et la<br />

magie tomb<strong>en</strong>t. Les seuls repères possibles<br />

sont ses petits modules poétiques. Le public<br />

est plongé dans cet univers rempli d’objets<br />

mystérieux, hors du temps et du réel. Sous le<br />

halo de lumière, une cloche de verre<br />

emprisonne une petite forme cotonneuse<br />

jouant avec son ombre, des petites figurines<br />

<strong>en</strong> papier dans<strong>en</strong>t un tango interminable et<br />

des cordes étranges s’<strong>en</strong>trelac<strong>en</strong>t infinim<strong>en</strong>t<br />

tels des serp<strong>en</strong>ts. Le spectateur voyage à son<br />

rythme et <strong>en</strong> toute liberté au milieu de ses<br />

objets ludiques, immobiles ou mobiles, à<br />

l’allure parfois très rapide et parfois très l<strong>en</strong>te.<br />

Le Sil<strong>en</strong>ce du monde invite petits et grands à<br />

vivre une expéri<strong>en</strong>ce unique <strong>en</strong> dans un tout<br />

autre rapport au temps, à l’espace et aux<br />

objets. Magique !<br />

ANNE-LYSE RENAUT<br />

Nouveau souffle<br />

Ils nous cueill<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>trée de jeu, délicatem<strong>en</strong>t,<br />

à l’image de ces ampoules progressivem<strong>en</strong>t<br />

allumées par deux Augustes mystérieux et<br />

sil<strong>en</strong>cieux, qui s’<strong>en</strong> vont délimiter la piste, une<br />

arène pour tout dire, au cœur de laquelle<br />

cirque et théâtre forain vont se confronter.<br />

En scène des artistes hors pair : Titoune,<br />

Bonav<strong>en</strong>ture et Mads du Cirque Trottola et<br />

Nigloo et Branlotin du Petit Théâtre Baraque,<br />

unis par une amitié de longue date et l’<strong>en</strong>vie<br />

de réunir leur univers, burlesque et<br />

expressionniste. Tout dans Matamore<br />

surpr<strong>en</strong>d, de la mise <strong>en</strong> scène des numéros -<br />

portés, clowns, voltige, jonglage- à leur<br />

cont<strong>en</strong>u. Car la complém<strong>en</strong>tarité des artistes<br />

permet une liberté de ton qu’ils déploi<strong>en</strong>t sans<br />

ret<strong>en</strong>ue dans leur tour de piste singulier et<br />

minimaliste : des déclamations incessantes<br />

d’un monsieur Loyal <strong>en</strong>glué dans ses prises<br />

de consci<strong>en</strong>ce peu compréh<strong>en</strong>sibles mais<br />

irrésistibles aux numéros d’équilibre<br />

vertigineux, <strong>en</strong> passant par le jonglage d’un<br />

cow-boy avec ses pistolets, la voltige<br />

maitrisée, toujours gracieuse, de Titoune au<br />

bout des bras de Bonav<strong>en</strong>ture, la scène<br />

drôlissime de clowns grincheux et vieillissants<br />

(ah ! Boudu !)… et des numéros d’une poésie<br />

r<strong>en</strong>versante, comme celui qui fait faire à un<br />

pantin plus vrai que nature des figures sur une<br />

barre fixe manipulée à vue. Enfin, Bonav<strong>en</strong>ture,<br />

Matamore fier et indétrônable, redesc<strong>en</strong>d sur<br />

terre. Et nous avec.<br />

DOMINIQUE MARÇON<br />

Matamore © Yves Glorian<br />

Carnages © J. Hierholzer - C. Raynaud de Lage<br />

X<br />

Pour un nez<br />

Soir après soir, les spectacles de François<br />

Cervantes empliss<strong>en</strong>t la Cartonnerie de la<br />

Friche. Avant d’accéder à la salle, un petit<br />

crochet vers l’armoire ouverte sur la<br />

gauche, bi<strong>en</strong> fournie de docum<strong>en</strong>tation<br />

sur ses précéd<strong>en</strong>tes œuvres, achève de<br />

nous r<strong>en</strong>seigner sur sa popularité. Pour<br />

préparer Le Prince Séquestré, il a travaillé<br />

avec Hassan El Geretly et Boutros Raouf<br />

Boutros-Galhi, tous deux hommes de<br />

théâtre égypti<strong>en</strong>s. Sur scène, une<br />

palissade, un lampadaire, et un plot <strong>en</strong><br />

béton. Se noue <strong>en</strong>tre les acteurs un<br />

dialogue mystérieux c<strong>en</strong>tré sur un 3 e<br />

personnage, et habité par la peur «du<br />

dehors», où l’on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d de vagues<br />

rumeurs de guerre civile. Avoir une<br />

maison, un abri, un ami, telle est la<br />

grande affaire de ces inadaptés au grand<br />

nez, clowns sans domicile fixe. Entre<br />

fantasme et dures réalités, ri<strong>en</strong> n’est<br />

tranché à la fin de la représ<strong>en</strong>tation. Ce grand dadais à<br />

la voix molle qui <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t des relations conflictuelles<br />

mais très affectives avec son geôlier figure-t-il un Prince<br />

Séquestré <strong>en</strong> chacun de nous ?<br />

L’appréh<strong>en</strong>sion face au monde extérieur est aussi au<br />

cœur de Carnages, où un théâtre désaffecté accueille<br />

une troupe dépareillée de clowns affreusem<strong>en</strong>t grimés.<br />

Les deux personnages emblématiques de la cie<br />

l’Entreprise sont arrivés là au gré de leurs divagations :<br />

on pr<strong>en</strong>d plaisir à retrouver Arletty (Catherine Germain), sa<br />

démarche inimitable de bambin, et sa façon cavalière de<br />

dominer le pauvre Zig (Dominique Chevallier). Ils font peu<br />

à peu connaissance avec les occupants du lieu,<br />

occasion de scènes jouissives, poursuites et<br />

couinem<strong>en</strong>ts compris, flingue au clair et humour<br />

décapant. Clou de l’action, un chi<strong>en</strong> passe de l’état de<br />

serpillière à celui de bestiole bi<strong>en</strong> vivante, et si la<br />

prestation ne connaissait pas quelques passages un<br />

peu verbeux, on passerait une heure du tonnerre, <strong>en</strong>tre<br />

grincem<strong>en</strong>ts de d<strong>en</strong>ts et franche rigolade.<br />

GAËLLE CLOAREC

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