Etude archéologique et historique de l'Arc boisé - Conseil général ...
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L’homme <strong>et</strong> l’eau<br />
La végétation a changé, au moins dans sa répartition<br />
géographique ; les plantes habituelles <strong>de</strong>s marais, comme les joncs,<br />
se sont concentrées en queue d’étang 437 . Les bords se sont couverts<br />
d’une ripisylve proche <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s rivières. C’est cependant la faune<br />
qui connut les modifications les plus importantes. Si les palmipè<strong>de</strong>s<br />
ont continué à fréquenter les étangs comme ils fréquentaient les marais,<br />
en revanche, <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s transformations ont touché la population <strong>de</strong>s<br />
poissons. En eff<strong>et</strong>, la présence d’étangs accroît la production d’algues,<br />
en particulier à la fin <strong>de</strong> l’hiver - moment <strong>de</strong> frai pour <strong>de</strong> nombreuses<br />
espèces -, ce qui facilite la reproduction. La présence d’algues nourricières<br />
se fait même sentir jusque dans les cours d’eau, à l’aval <strong>de</strong>s digues, <strong>et</strong><br />
crée un milieu très favorable au développement <strong>de</strong>s poissons vivant en<br />
eau libre 438 .<br />
L’établissement <strong>de</strong> ces étangs a pu avoir aussi <strong>de</strong>s<br />
conséquences sur les zones situées en amont, particulièrement<br />
sur les sites boisés où l’écoulement naturel <strong>de</strong>s eaux s’effectuait<br />
difficilement. Quand l’apport aqueux fourni par le ru ou la rivière n’était<br />
pas suffisant, <strong>de</strong>s drainages ont été réalisés afin d’améliorer le débit<br />
<strong>de</strong> la rivière <strong>et</strong> <strong>de</strong> maintenir un certain niveau d’eau dans les étangs,<br />
notamment en pério<strong>de</strong> sèche.<br />
3. 2. L’exemple <strong>de</strong>s augustins d’Yverneaux<br />
Un exemple remarquable en est donné par l’abbaye d’Yverneaux<br />
(augustins) à Lésigny. Les étangs, établis sur <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> l’abbaye,<br />
étaient alimentés par un réseau <strong>de</strong> drains creusés dans les forêts<br />
avoisinantes dont la longueur totale approche plusieurs kilomètres. Ce<br />
circuit hydraulique, qui a été prospecté, se compose <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its fossés <strong>de</strong><br />
drainage <strong>et</strong> <strong>de</strong> collecteurs plus importants qui rejoignent les ruisseaux<br />
<strong>et</strong> alimente, au final, les étangs 439 .<br />
L’association <strong>de</strong> ces religieux avec, notamment, les chanoines<br />
du chapitre Notre-Dame <strong>de</strong> Paris <strong>et</strong> les moines du prieuré <strong>de</strong> Marollesen-Brie,<br />
a permis la réalisation d’ensembles <strong>de</strong> collecteurs drainant un<br />
plateau sur lequel se trouve actuellement une forêt <strong>de</strong> 2860 ha 440 . Il<br />
est difficile <strong>de</strong> r<strong>et</strong>racer la chronologie du développement <strong>de</strong> ce réseau,<br />
même s’il est certainement, à l’origine, médiéval puisque les sources<br />
les plus anciennes mentionnent quelques uns <strong>de</strong> ces aménagements<br />
dès le XIII e siècle. Les drains aboutissent dans <strong>de</strong>s étangs aménagés aux<br />
franges <strong>de</strong> la forêt, comme ceux <strong>de</strong> Boissy, <strong>de</strong> Marolles <strong>et</strong> du Buisson<br />
à Lésigny. Le drainage instauré par ces établissements religieux, en<br />
assainissant un milieu marécageux, a permis un enrichissement <strong>de</strong> la<br />
forêt initiale par l’introduction <strong>de</strong> chênes <strong>et</strong> <strong>de</strong> hêtres, arbres qui n’y<br />
poussaient pas primitivement car ce sont <strong>de</strong>s espèces qui supportent<br />
mal d’avoir les pieds dans l’eau.<br />
A partir du XVIIe siècle, <strong>de</strong>s étangs disparaissent, faute<br />
d’entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> jugés peu rentables. C’est le cas <strong>de</strong> l’étang <strong>de</strong> Marolles<br />
qui ne sert plus qu’à l’abreuvage <strong>de</strong>s animaux <strong>et</strong> qui est désormais<br />
rarement pêché 441 . Des moulins, alimentés par une r<strong>et</strong>enue d’eau,<br />
ne le sont plus désormais que par la décharge <strong>de</strong> l’étang. Sur le plan<br />
d’intendance d’Ormesson, l’étang <strong>de</strong> Touillon est asséché.<br />
4. Abreuvoirs <strong>et</strong> lavoirs<br />
Bien que présentes au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> médiévale, ces<br />
constructions sont <strong>de</strong> simples aménagements <strong>de</strong> berge, les lavoirs en<br />
dur ne semblent apparaître qu’à partir du XVIIIe siècle. On trouve <strong>de</strong>s<br />
abreuvoirs à proximité <strong>de</strong>s ponts, comme celui <strong>de</strong> La Queue-en-Brie 442 .<br />
438<br />
BENOIT (P.), BERTHIER (K.), BILLEN<br />
(G.), GARNIER (J.), 2001.<br />
439<br />
La prospection a été conduite<br />
par Karine Berthier au cours <strong>de</strong><br />
l’automne 2007.<br />
440<br />
La forêt <strong>de</strong> 2860 ha se compose<br />
<strong>de</strong>s massifs forestiers <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong><br />
Notre-Dame <strong>et</strong> <strong>de</strong> Grosbois, du bois<br />
<strong>de</strong> la Grange.<br />
441<br />
Arch. nat., S 1862.<br />
442<br />
ROBLIN (J.), 1994, p. 93.<br />
443<br />
ROBLIN (J.), 1994, p. 133.<br />
444<br />
ROBLIN (J.), 1994, p. 134.<br />
95