Vienne - Magazine Sports et Loisirs
escapade pour un week-end mais encore...
Résidence impériale pendant
6 siècles, la capitale
de l’Autriche et ses 1,6 million
d’habitants ne s’est
pas pour autant figée dans
le passé. Forte de ses atouts
romantiques rétro, Vienne
sait aussi jouer la carte de
la modernité hype. À la
fois conformiste et ultrabranchée,
disciplinée
comme les écuyers de son
école d’équitation espagnole,
bourgeoise comme
les patientes du docteur
Freud, « Wien », biotope
artistique, entraîne le visiteur
dans une valse à
mille temps.
CULTURE & EVASION
CAPITALE AUTRICHIENNE
Claire Buart
Photos : Claire Buart,
WienTourismus et
Hôtel MÉRIDIEN
VIENNE
Une valse à mille temps...
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Harmonie
des contraires
Il faut dire que la capitale de l’ex-empire
austro-hongrois éclaté (aujourd’hui 3e siège
des Nations Unies après Genève et New
York) en a vu de toutes les couleurs : or de
l’empire des Habsbourg, rouge des révolutions,
noir du nazisme, vert de l’écologie
bien avant d’autres métropoles. Les espaces
verts représentent aujourd’hui la moitié
de la superficie de la ville qui compte
également 1000 km de voies cyclables !
De cet arc-en-ciel historique Vienne tire
une parfaite harmonie des contraires distribués
sur 23 arrondissements. Il suffit
d’aller sur la place Saint-Etienne (Stephansdom)
pour s’en rendre compte. Face à face,
la cathédrale gothique et baroque du XV ème
siècle, qui dresse sa flèche à 137 m au-dessus
de la vieille ville, et la Haashaus, centre
commercial dont le design
est un manifeste de la modernité
viennoise. Point de
rencontre entre les deux,
les baies vitrées de la
Hasshaus où se reflètent
l’immense toiture bariolée
et vernissée de la cathédrale.
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Du haut des 343 marches dans la tour
sud, ancienne salle des guetteurs, on
plonge sur la ville et les alentours. À
nos pieds, art baroque et style Biedermeier
des zones piétonnières ; plus
loin les toits des appartements impériaux
où résidaient l’empereur François-Joseph
et la légendaire Sissi, son
épouse. Véritable ville dans la ville, la
Hofburg (2 e plus grand complexe
après le Vatican), abrite aujourd’hui la
présidence la République, la Bibliothèque
nationale, le Manège espagnol
et de très riches collections. De la tour
nord de la cathédrale, à 60 m de hauteur,
on embrasse par temps clair un
large panorama : les crêtes du Kahlenberg
(sur cette colline campèrent les
Turcs en 1663) et la plaine orientale
du Danube. On mesure à quel point le
paysage est associé aux thèmes aquatique
et végétal. Le Danube, longtemps
tenu à distance à cause de ses crues,
a repris tous ses droits dans l’expansion
urbaine.
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Les bras morts du fleuve sont des
espaces de loisirs et de farniente
tandis que le nouveau Danube invite
aux croisières romantiques
de luxe.
Outre l’aspect sportif de cette ascension
de la tour sud de la cathédrale,
c’est aussi un bon point de
départ pour découvrir la ville si
vous êtes en Autriche pour la première
fois. Autre moyen pour cerner
Vienne : en tramway (ligne 1
ou 2) le long du Ring, artère qui
court autour de la ville. De ce
pompeux boulevard circulaire
(Ringstrasse) autrefois « vitrine de
la monarchie », on assiste au défilé
des gloires monumentales, piliers
de la mémoire de l’ancienne
Wien : la Hofburg, l’Opéra national,
le Musée des Beaux Arts et celui
d’Histoire Naturelle, le Burgtheater,
le Musée des Arts Appliqués
(MAK), l’Université, l’Eglise
Votive, l’Ancienne Bourse, le
Stadtpark et son monument doré
du roi de la valse Johann Strauss
et le Parlement.
On passe devant la Rathausplatz,
place riche en attractions de
l’Hôtel de Ville, balise du centre
géographique de la cité et point
culminant du Ring. En périphérie
de la ville, là encore les
contraires se répondent. À
l’ouest, le raffinement impérial
de la Vienne baroque avec le château
de Schönbrunn (patrimoine
de l’humanité de l’UNESCO). À
l’est, les trains fantômes, la
grande roue (64 m) et les manèges
du parc d’attractions du Prater.
D’un côté un Versailles autrichien
bâti en 1696 (on pouvait y
loger 1000 personnes, chaque
couple ayant droit à 10 pièces
!), de l’autre un parc forain vieux
de 200 ans où les calèches ont
cédé la place aux joggers et au «
Liliputbahn », petit train qui parcourt
une partie des 4 km de l’allée
principale.
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Tempête artistique
Encyclopédie architecturale, partition musicale,
berceau de la psychanalyse, Vienne a
longtemps été le langage de la liberté d’esprit
et continue aujourd’hui à agiter le bocal de
l’Europe en matière de design et de mode.
« Laboratoire d’apocalypse joyeuse », avait-elle
été surnommée au XX ème siècle. C’est toujours
le cas. Ici, on continue d’aller au bal (en hiver,
un bal en chasse un autre : 300 bals sur l’année)
et l’on fait son shopping dans la Lindengasse,
centre trépidant des jeunes créateurs.
On passe d’une exposition d’art contemporain,
aux meubles du Biedermeier et de l’époque
baroque jusqu’à l’Art Nouveau viennois.
Le café reste une institution où l’on prend le
temps de lire son journal et de vivre. Nombre
de ces cénacles indolents sont chargés d’histoire
comme le café Halle dans le quartier des
Musées, ancienne loge où François-Joseph regardait
sa femme monter à cheval dans le manège
devenu musée. Le « vrai » café viennois
se reconnaît aux serveurs en nœud papillon
alors que dans les pâtisseries, vous serez servis
par des femmes. On brunche au très élitiste
Standbad Hermann sur une plage mais aussi
au mythique café Central. On va à l’Opéra et
l’on danse dans les clubs ultra-branchés.
Vienne la mélomane est un patchwork où
passé et présent s’entrelacent dans une valse
endiablée. Avec ses 120 musées, la ville est un
sanctuaire à elle seule. Le quartier des Musées
(MQ), qui fait partie d’un des 10 plus grands
complexes culturels du monde, accueille sur
ses 60 000 m2 plus de 40 institutions.
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Illustration réussie de cette harmonie
des contraires, cet ancien hôtel
particulier devenu l’hôtel 5 étoiles
le Méridien. Grâce à Yvonne Golds
(designer entre autres de la rénovation
du British Museum), le bâtiment
a gardé l’élégance de l’histoire
tout en s’affranchissant des
codes traditionnels de l’hôtellerie
de luxe. À la fois technologique et
technicolor, cet hôtel répond à un
concept unique sur Vienne. Exposer
des œuvres d’art en partenariat
avec des musées de la ville, faire découvrir
des talents, initier le public
à l’art contemporain essentiellement.
Plus qu’un hôtel, le Méridien
est à la fois théâtre, musée, galerie,
lieu de transmission et de sensibilisation
à des cultures et des idées.
Place à l’espace, à la lumière et aux
couleurs. Ici, peu de murs. On circule
d’un univers à un autre : l’entrée
s’ouvre sur les lumières de l’exposition
permanente d’Irene Andessner.
À droite, un espace rouge
est dédié au Theater Museum. Un
simple voile sépare le lobby du restaurant
Shampala (14 au Gault et
Millau et une toque), sorte de salle
de théâtre où le chef Michel Rostang
célèbre ses pièces. L’espace explose
en couleurs acidulées jusqu’au bar
très hype. Une ligne lumineuse au
sol guide jusqu’à un autre espace
réservé aux jeunes créateurs. Le café
Boulevard rappelle la tradition des
cafés. Des bouquets d’ampoules en
forme de lustres ont remplacé les
chandeliers et le vert amande signe
le parti-pris du designer. On a
même recréé un coin bibliothèque où
chacun peut laisser librement une
de ses lectures. Verre dépoli, bois
d’érable et chrome satiné, cubes en
guise de fauteuil... Les lignes et matériaux
impriment au lieu une atmosphère
très pop art. Dans les
chambres, tradition, œuvres
contemporaines et haute technologie
se partagent une décoration épurée.
Seul pan vertical de l’espace, les
têtes de lits en verre dépoli aux motifs
autrichiens, comme des traits
d’union avec les salles de bain. En
jouant la carte des musées, des galeries
et de jeunes créateurs, le Méridien
est aujourd’hui un acteur incontournable
dans la vie artistique
viennoise.
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Aller à Vienne, c’est prendre le pouls
du temps : entre tradition et modernité,
nostalgie et vent nouveau. Et
l’on se prend à rêver d’un lipizzan
cabriolant sur fond d’opéra rock et
nous, dans les bras du Danube.
Que faire en trois jours :
Vendredi : Tour du Ring en tramway
ou balade en calèche dans la vieille
ville.
Détente, jacuzzi et massage aromatique
à l’hôtel. Dîner au Shampala.
Samedi : marché au Naschmarkt.
Balade dans la galerie du palais
Ferstel puis spectacle de la fanfare
des Original Hoch-Und Deutschmeister
vers le Kohlmarkt.
Déjeuner au Chameau-Noir ou au
Hansen (sous l’ancienne Bourse) ou
en haut de Haashaus (vue sur la cathédrale)
au DO&CO ou à la Palmenhaus
entre papillons et plantes
du jardin du palais.
Après-midi : un musée ou visite du
Château de Schönbrunn.
Goûter dans un café : café Central,
Landtmall, Demel, das Möbel, Sacher.
Dîner : Maison de la musique ou au
Vestibule ou au Steirereck.
Dimanche : Visite du Belvédère (exposition
de Klimt).
Déjeuner : buffet au Musée des
Beaux Arts et visite du Musée.
Guide pratique :
Quand partir ; préférez les demi-saisons.
L’été n’est pas la meilleure saison
car certains musées sont fermés,
l’opéra fait relâche tout comme l’école
d’équitation et le chœur des petits
chanteurs à la Hofburg.
Où loger :
Hôtel Méridien : Opernring
13-15 43 (1) 588900.
info.vienna@lemeridien.com
www.vienna.lemeridien.com
Vienna Card :
Une carte avantage de 18,50 euros qui
donne accès à la ville pendant 72 heures
dans les transports en commun et
des réductions dans les musées, boutiques,
cafés, restaurants et les heurige.
Guides :
www.vienna-guide-service.com
Informations générales :
Office National Autrichien, du Tourisme
6 av. Pierre I er de Serbie 75116 Paris
T 01 53 83 95 32
www.vienne-autriche.info
Office du Tourisme Zurich
Zurlindenstrasse 60
T 41 44 457 10 40
www.austriatourism.com
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