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6 france<br />
MERCREDI 23 AOÛT 2006<br />
FAITS DIVERS<br />
Bébés congelés,<br />
le couple nie<br />
Le couple français<br />
résidant à Séoul et<br />
dans le congé<strong>la</strong>teur<br />
duquel ont été<br />
retrouvés fin juillet<br />
les corps de deux<br />
bébés, a annoncé<br />
hier à Tours qu’il<br />
ne retournerait pas<br />
en Corée du Sud.<br />
« Nous ne sommes<br />
pas les parents<br />
des bébés »,<br />
ont-ils déc<strong>la</strong>ré,<br />
contrairement<br />
à ce qu’affirme<br />
<strong>la</strong> police coréenne.<br />
Convoquée pour<br />
ivresse, elle boit<br />
Une automobiliste<br />
de 50 ans<br />
a été contrôlée<br />
lundi à Gourlizon<br />
(Finistère) avec<br />
un taux d’alcoolémie<br />
de 1,30 g/l, alors<br />
qu’elle se rendait au<br />
tribunal de Quimper<br />
pour une affaire<br />
de conduite<br />
en état d’ivresse.<br />
Rottweilers abattus<br />
Trois rottweilers<br />
qui avaient agressé<br />
deux personnes,<br />
près de Rouen,<br />
ont été abattus<br />
par <strong>la</strong> police hier.<br />
Leur propriétaire<br />
n’a pas été identifié.<br />
Une demi-tonne<br />
de cuivre dérobée<br />
Cinq cents kg<br />
de cuivre ont été<br />
volés entre vendredi<br />
et dimanche sur<br />
un site de <strong>la</strong> SNCF<br />
à Chalindrey (Haute-<br />
Marne). Les vols de<br />
métaux non ferreux<br />
(cuivre, aluminium,<br />
zinc) se multiplient<br />
en raison de <strong>la</strong><br />
f<strong>la</strong>mbée des cours.<br />
Immigration Le 23 août 1996, des sans-papiers occupant une église étaient évacués à Paris<br />
Il y a dix ans, le choc Saint-Bernard<br />
C’est le jour où les<br />
sans-papiers ont surgi dans<br />
l’actualité pour ne plus <strong>la</strong> quitter<br />
depuis. Le 23 août 1996 à<br />
l’aube, des gendarmes mobiles<br />
brisent à <strong>la</strong> hache <strong>la</strong> porte<br />
de l’église Saint-Bernard, et<br />
les trois cents Africains qui<br />
l’occupent sont évacués. Dix<br />
ans après, une manifestation<br />
nationale pour <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation<br />
de tous les sans-papiers,<br />
dont ceux récemment délogés<br />
du Crous de Cachan, se<br />
tiendra samedi à Paris. Son<br />
parcours débutera sur le parvis<br />
de l’église.<br />
A l’été 1996, avant d’atterrir<br />
à Saint-Bernard, les sans-papiers<br />
ont déjà occupé plusieurs<br />
sites parisiens. Principalement<br />
d’origine malienne<br />
et sénéga<strong>la</strong>ise, ils réc<strong>la</strong>ment<br />
<strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation de leur situation<br />
après des années de<br />
présence en France. Beaucoup<br />
d’entre eux ont des enfants<br />
nés en France et ne sont,<br />
alors, pas expulsables. Quand<br />
une dizaine d’hommes entament<br />
une grève de <strong>la</strong> faim, <strong>la</strong><br />
presse et le grand public<br />
s’émeuvent. Une médiation<br />
aboutit à une centaine de régu<strong>la</strong>risations,<br />
accordées par<br />
Jean-Louis Debré, alors ministre<br />
de l’Intérieur.<br />
Hamady Camara : « Les anciens sont bien intégrés »<br />
Dix ans après,<br />
les trois cents personnes en<br />
situation irrégulière qui occupaient<br />
l’église Saint-Bernard<br />
ont toutes été régu<strong>la</strong>risées.<br />
Hamady Camara, l’ancien<br />
porte-parole des grévistes de<br />
<strong>la</strong> faim, explique que « les<br />
démarches se sont faites progressivement<br />
», dans les mois<br />
qui ont suivi l’été 1996. Seule<br />
une famille aurait quitté <strong>la</strong><br />
France cette année-là.<br />
Si Hamady Camara a abandonné<br />
officiellement son<br />
rôle de leader, il aide encore,<br />
dès qu’il en a le temps, le<br />
mouvement de tous les sanspapiers,<br />
qui continue sans<br />
lui. Il a d’ailleurs l’intention<br />
I. SIMON / SIPA<br />
de se rendre samedi à <strong>la</strong> manifestation<br />
nationale organisée<br />
à Paris. Les « Saint-<br />
Bernard » sont aujourd’hui<br />
dispersés mais « bien intégrés<br />
». Selon Camara, leur<br />
situation s’est améliorée :<br />
« Tous travaillent. Il n’y a à<br />
proprement parler aucun<br />
précaire parmi eux, d’après<br />
ce qu’on sait de leur situation<br />
aujourd’hui. »<br />
Quand on lui demande quels<br />
métiers ils exercent, il répond<br />
avec le sourire : « Ceux que<br />
les Français ne veulent pas<br />
faire : nettoyer les gares, travailler<br />
en cuisine dans <strong>la</strong> restauration…»<br />
« En fait, dit-il,<br />
nous sommes tous des sortes<br />
S. POUZET / 20 MINUTES<br />
Cependant, <strong>la</strong> mobilisation<br />
s’accroît et l’intervention des<br />
gendarmes mobiles à l’église<br />
Saint-Bernard met le gouvernement<br />
Juppé en porteà-faux.<br />
La violence de l’évacuation<br />
et le symbole du<br />
refuge attaqué marquent<br />
l’opinion publique. Si certains<br />
sont reconduits dans leur pays<br />
d’origine, ils en reviennent<br />
c<strong>la</strong>ndestinement. D’autres<br />
sont incarcérés puis relâchés.<br />
Naît alors un vaste mouvement<br />
de soutien. Il durera jusqu’à<br />
ce qu’une circu<strong>la</strong>ire du<br />
gouvernement de Lionel<br />
Jospin, arrivé au pouvoir<br />
en juin 1997, permette <strong>la</strong><br />
régu<strong>la</strong>risation de 87 000 à<br />
d’ouvriers. » Si les années<br />
1997-1998 ont constitué pour<br />
eux une « bonne période »,<br />
grâce aux régu<strong>la</strong>risations<br />
massives, <strong>la</strong> situation a<br />
Le 23 août 1996, à l’église Saint-Bernard.<br />
100 000 étrangers en situation<br />
irrégulière, selon l’évaluation<br />
de l’Institut national d’études<br />
démographiques (Ined), sur<br />
140 000 dossiers déposés à<br />
l’époque. A. S.<br />
associations La situation des sans-papiers<br />
a vu l’éclosion d’un puissant mouvement associatif,<br />
composé de nombreux collectifs de sans-papiers,<br />
re<strong>la</strong>yés par les associations d’aide aux personnes sans<br />
logement comme le DAL ou le Comité actions logement.<br />
« maintenant empiré » : « La<br />
droite réagit comme en 1996.<br />
C’est dur, il n’y a aucun humanisme.<br />
»<br />
Lorsqu’on évoque les changements<br />
qui sont intervenus<br />
dans le monde des sans-papiers<br />
en une décennie, Camara<br />
observe qu’un plus<br />
grand nombre d’Asiatiques<br />
est aujourd’hui à <strong>la</strong> recherche<br />
de régu<strong>la</strong>risation. Il précise<br />
néanmoins que parmi les<br />
« nouveaux » expulsés de <strong>la</strong><br />
tour de Cachan, « certains<br />
étaient déjà dans cette situation<br />
avant l’époque de<br />
Saint-Bernard. Preuve que<br />
<strong>la</strong> situation est loin d’avoir<br />
été réglée. Arnaud Sagnard